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Full text of "L'anatomie de l'homme, suivant la circulation du sang, & les nouvelles découvertes : démontrée au jardin royal"

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YallœnlOeiyJ^iJU^ 


■}.o 


^     c^^e^^vw^.'/   .^vZx     ^Mx^^x^*^      tAU.c^     yfu^u^ 
4.V.      /7ô3. 


LANATOMIE 

D    E 

L'  H  O  M  M  E, 

SUIVANT    LA    CIRCULATJON 

du  Sang  ,  &  les  dernières  Découvertes. 

DE'MONTRE'E  AU  JARDIN  ROYAL, 

Par    M\   d  ion  1  S\  premier  Chirurgien  àe  feifé 

M  ad  Ame    U    Dauphi»e  ,     chirurgien    ordinaire 

de  U  feue  Reine  ,  é"  ^^*^^  ^  Paris, 

SIXIE'ME     EDITION, 

Exa£l:ement  revue  &  augmentée  par  l'Aureur  ;  avec  une 
ample  Diirertation  fur  la  Généranon  ,  ôc  plu/ïeurs  ex- 
plicarions  nouvelles  de  faics  particuliers  ,  accompagnez 
4e  Figures, 


A      PARIS, 

Chez  Laurent    d'Houry,   rue   faînt    Severin , 
vis  à  vis  la, rue  Zacharie  ,  au  faint  Efprir. 

^— llll_L_| 

M.     D  C  C  X  X  I  I  I. 

tAvçG  approbations  &  Privilège  du  Roy. 


Digitized  by  the  Internet  Archive 

in  2010  witii  funding  from 

University  of  Ottawa 


littp://www.arcli  ive.org/details/lanatomiedelliommOOdion 


AU  ROY 


IRE, 


V application  continuelle  que  Votre 
Majesté'  donne  à  la  grandeur 
de  fes  Etats  ,  ne  l'empêche  pas  de  pen^ 
Jer  imejjafnment  à  tout  ce  qui  peut  con- 

a  ij 


E  P  1  s  T  R  E. 

trihuer  au  bien  particulier  de  fes  Su- 
jets. Votre  règne  ,  S  l  R  B  y  e  ter  mile- 
ment  rnémorMe  par  de  Ji  glotieujts  Con- 
quêtes 3  ne  le  fera  pa^  moins  par  la 
perftSiwn  où  il  a  poné  les  Sciences  O* 
les  Arts  :  Ces  lUa/ires  Acadtmits  proté- 
gées O*  fondées  par  Votre  Majesté*  , 
en  feront  des  rnonurnen:  aufji  dur  Me  s 
que  la  mémoire  de  fes  Triomphss  ,  O* 
s\l  faut  défendre  a  des  chojes  de  moin- 
dre éclat  5  quoique  peut-être  plus  utiles  , 
ces  Ecoles  d' Anaiorme  ouvertes  (i  Ubtra- 
lernent  à  tout  le  monde  ,  conmhuëront 
encore  à  faire  pafjer  jufqùa'<x  fitcles 
les  plus  reculez.  5  les  foins  paternels  dont 
Votre  Majesté'  eji  occupée, 
Ctft  à  cet  établijfement ,  S  l  K  E  ^  que 
la  Médecine  ç^  la  Chirurgie  doivent 
leurs  lumières  les  plus  parfaites  :  Q  efl 
là  que  la  circulation  du  fang  O*  les 
now-velles  Découvertes  nous  ont  heu- 
reufement  defabufez^  de  ces  erreurs  5  dont 
nous  nofïom  prefque  forîir  ?  0*  ou  l'an- 


E  P  I  s  T  R  E. 

iorité  des  Anciens  nous  a'uoit  (i  iono- 
Ums  reienus,  Je  fus  choifi  tour  démon- 
trer à  Votre  jfardm  Koyal  les  Veritez^ 
AnAtomiques  y  çy*  je  m  acquits  de  cet 
emploi  a-utc  toute  l  ardeur  (tr  toute 
[exj,Cîitudt  qui  font  dâëà  aux  ordres 
de  V  ô  r  KE  Majesté*,-  mais  faï 
cru  y  SI  R  E  ,  que  pour  répondre  enîie- 
rerntîit  à  ^otre  intention  ,  jV  de'vois 
rendre  publiques  par  l'imprcjfon  mes  Dé- 
monliraîions  d  Anatorme  >  afin  ou  elles 
pujfent  de'-uemr  utiles  à  ceux-mémei  5  à 
qm  l  éloignement  des  lieux  na  pas  per- 
mis d^y  ajfjier.  Votre  Ma;este' 
a  paru  approuver  ce  dejfttuy  elle  a  bien 
<uoulu  m' accorder  la  pcrmiffon  de  met- 
tre fon  nom  à  la  tête  de  cet  Ou-vra- 
ge  ;  O*  ceft  à  ce  Nom  augjAfîe  quil 
doit  fa  réàffife.  f'ofe  donc  ^  S  l  R  Ey 
rifous  prefenter  encore  cette  trotfiéme 
Edition  3  que  fai  taché  de  rendre  plus 
Achetée  que  les  précédentes  ;  trop  heu- 
reux que  ino7i  foihle  talent  m  ait  procH- 

â    iij 


E  P  I  s  T   R  E. 

rè  ces  occajions  de  marquer  le  zjle 
ardent  ?  O*  le  profond  refpeSi  a-vec 
lequel  je  fuù  ? 


SI  KEy 


De    Vôtre    Majesté^ 


Le  tiès  -humble ,  trcs-obéifTant , 
(5c  très-fidele  fcrviteiu-  &  fujec, 
D  I  o  N  I  s. 


tt:^  <    >ic  *       *  *  *        *  *  j|c   ^^     -^^;<ç  *  -^i 

T     R     Ê     F     ^     C     E. 

I  les  Anciens  Philofophes  ont 
donné  à  l'Anatomie  ,  toute  im- 
parfaite qu'elle  écoît ,  le  pre- 
mier rang  entre  les  Sciences 
naturelles  ,  à  caufe  de  l'excellence  de  fbn 
objet  5  quelle  coniideration  ne  merite-c- 
elle  pas  aujourd'hui  qu'elle  efl:  devenue  la 
plus  certaine  de  toutes  les  parties  de  la  Mé- 
decine ,  par  le  grand  nombre  des  Décou- 
vertes que  l'on  y  a  faites  ôc  que  l'on  y  faic 
encore  tous  les  jours. 

Ceux  qui  fe  font  heureufement  défaits 
de  la  prévention  qu'ils  avoieut  pour  les 
Anciens,  &  qui  fuivenc  des  principes  fon- 
dez fur  l'expérience  àc  la  railon,nous don- 
nent des  explications  claires  Se  mécaniques 
de  tout  ce  qui  a  paru  jufqu'ici  de  plus  obf^ 
cur  &  de  plus  caché  dans  l'Anatomie. 

Je  dis  heureufement  parce  que  les  An- 
ciens ignorant  le  cours  du  fang  ,  &  cro- 
yant que  le  foye  l'envoyoit  par  les  vénes 
à  toutes  les  parties  du  corps  pour  leur 
nourriture  :   il  étoit  impoffible  qu'ils  ne 

•  a  iiij 


PREFACE. 

fufTcnt  pas  dans  Terreur  ,  &  que  des  con- 
féqacnces  qu'ils  tîroient  ,  fuflenc  juftes , 
pulfque  le  principe  dont  ils  écoient  Ci  per- 
fliadez  ,  n  eft  pas  véritable  ,  de  qu'il  fe 
trouve  au  contraire  détruit  par  un  autre  , 
qui  cft  la  circulation  du  fang. 

Je  ne  prétends  pas  vous  la  prouver 
dans  cette  Préface  5  la  difpofition  des 
parties  que  je  vous  ferai  voir  dans  cette 
Anatomie  ,  vous  en  convaincip  beaucoup 
mieux  que  tout  ce  que  je  pj^urrois  vous 
en  dire  i  je  veux  feulement  fvous  avertir 
que  c'efh  la  Circulation  du  fang  que  nous 
etabliiTons  pour  principe  cfans  tout  le 
cours  de  ces  Démonftrations  ,  tant  pour 
confirmer  les  fentimens  des  Modernes  , 
que  pour  détruire  les  erreurs  des  An- 
ciens. 

C'en  par  fon  moyen  que  nous  décou- 
vrons les  fonctions  les  plus  cachées  dti 
corps  humain  ,  6c  que  nous  connoifTons 
que  les  facultez  que  les  Anciens  attri- 
buoient  à  différentes  parties ,  comme  aux 
mammelles  de  faire  le  laict,  &  aux  tefticu- 
Jes  la  femence,ne  font  fîmplementque  des 
réparations  de  ces  liqueursjefquelles  étant 
mêlées  avec  le  fang  fe  filtrent  ôc  fe  déga- 
gent de  les  autres  parties  dans  les  mam- 
melles ,  ou  dans  les  tefticules. 


PREFACE. 

II  ne  faut  auffi  que  concevoir  que  cette 
Circulation  fe  fait  du  centre  à  la  circon- 
férence par  les  artères ,  &:  de  la  circonfé- 
rence au  centre  par  les  vénes  pour  croire 
que  non  feulement  ces  deux  liqueurs, 
mais  même  toutes  les  autres ,  font  fepa- 
rées  du  fang  par  la  feule  difpofition  des 
parties  ,  qui  font  figurées  d'une  manière 
à  laiifcr  échapper  une  liqueur  plutôt 
qu'une  autre-.C'eft  ainfi  que  le  fuc  animal 
efl  léparé  par  les  glandes  du  cerveau  j 
que  la  fdive  efl  feparée  par  les  parotides 
èc  les  maxillaires  j  la  bile  par  les  glandu- 
les  du  foye5  l'urine  par  les  reins  ,  le  fuc 
pancréatique  par  le  pancréas ,  5c  ainfî 
des  autres. 

Ce  qui  fait  voir  encore  que  toutes  ces 
liqueurs  fe  féparcnt  de  la  maife  du  fang 
par  le  moyen  de  la  Circulation  c'efl  qu'il 
efl:  certain  que  ce  que  nous  appelions 
fang,  n'efl qu'un  mélange  de  plufieurs  li- 
queurs différentes,  qui  étans  portées  par 
les  artères  à  toutes  les  parties  du  corps , 
s'échapent  aux  endroits  où  elles  trou- 
vent des  porofîtez  figurées  d'une  maniè- 
re à  les  laiffer  paffer  i  que  cette  féparation 
efl  une  fuite  de  la  flruclure  des  parties  j 
&  qu'ainfi  elles  n'ont  pas  befoin  de  ces 
facultcz  attra^ruts,  retentrices^  èc  tx^aliri- 


PREFACE. 

ces  ,  que  les  Anciens  admettoienc  fi  inuti- 
lement. 

On  a  été  plufieurs  fiecles  dans  une  foû- 
mîlîion  tellement  aveugle  pour  ces  pre- 
miers Anatomiiles  qu'il  n'étoît  pas  per- 
mis de  s'éloigner  de  leurs  fentimens  :  Se 
l'on  n'admettoit  pour  vrai ,  que  ce  qui  fe 
trouvoit  dans  leurs  écrits  ,  &  principale- 
ment dans  ceux  de  Ga.ten  ,  pour  lequel  on 
avoit  une  eftime  &:  une  vénération  toute 
particulière.  Mais  il  s'efi:  trouvé  dans  ce 
fiecle  des  Anatomifles  plus  curieux  & 
plus  hardis ,  qui  fe  font  affranchis  d'une 
loi  (i  dure  &:  fi  oppofée  à  la  raifon  ,  &  au 
progrès  des  Sciences  ;  Ils  ont  plublié  leurs 
découvertes,  &:  les  ont  démontrées  malgré 
les  entêtemens  &  lesoppofitions  des  Par- 
tifans  de  l'antiquité  ,  qui  les  traitoient  de 
novateurs  ÔC  de  téméraires. 

Quoique  je  vienne  de  vous  entretenir 
de  quelques  erreurs  àzs  Anciens ,  je  ne 
prétends  pas  pourtant  qu'on  leur  aie 
moins  d'obligation  qu'aux  Modernes  j  au 
contraire  j*avoLxe  que  ce  font  ceux  qui 
nous  ont  donné  les  premières  connoif- 
fanccs  de  l'Anatomie  :  En  éfet  peut-on 
nier  que  Ga.lnn  n'y  ait  été  plus  fçavanc 
que  qui  que  ce  ioit  avant  lui ,  &  que 
s'il   n'a    pas    tout    trouvé  ,   c'eft  qu'un 


PREFACE. 
feul  homme  ne  le  pouvoir  faire  ? 

Il  en  efl  de  même  des  découvertes  des 
Modernes  j  car  il  eft  certain  que  quelques 
nombreufes  qu'elles  foient ,  il  refte  enco- 
re tant  de  chofes  à  connoîcre  ,  que  nous 
devons  faire  de  nouveaux  éforts  pour 
étendre  nos  lumières  :  D'ailleurs  la  diffi- 
culté qu'il  y  a  de  bien  diftinguer  tous  les 
reflorts  de  notre  machine  eft  fi  grande, 
qu'elle  laifTera  toujours  aflez  de  matière 
à  l'efprit  &  à  la  main  de  ceux  qui  vien- 
dront après  nous ,  s'ils  veulent  expliquer 
mécaniquement  toutes  les  actions  qui  en 
dépendent. 

Il  ne  faut  pas  croire  que  les  nouvelles 
Découvertes  que  l'on  a  faites  ayent  rien 
changé  à  la  compofition  de  l'homme  ,  ni 
que  les  Modernes  y  ayent  rien  ajouté  de 
nouveau.  Il  efl  tel  qu'il  a  toujours  été  :  ils 
y  ont  feulement  trouvé  nouvellement  ce 
que  Ton  n'avoit  pas  encore  découvert  ;  Il 
en  efl  arrivé  de  même  qu'à  ces  terres  que 
l'on  a  découvertes  depuis  quelques  fiecles 
dans  l'Ameriques  Ton  fçait  qu'elles  ne  font 
pas  produites  depuis  peu  ,  mais  de  tout 
tems ,  comme  le  refte  du  monde,  elles 
étoient  feulement  inconnues  aux  autres 
hommes,de  même  que  ces  parties  l'étoient 
aux.  premiers  Anatomifles. 


P    R    E   F    A    C    E.    _ 

Les  partifans  des  anciennes  opinions 
allegaenc  contre  les  découvertes  des  Mo- 
dernes qu'il  eft  inutile  de  fçavoir  ,  (î  le 
chilc  efl:  porté  au  foye  par  les  vénes  me- 
faraïqucs ,  ou  au  cœur  par  les  vénes  lac- 
tées &  le  canal  thorachique,  puifque  ce- 
la ne  change  en  rien  la  pratique  ,  &  que 
les  médecins  faignent  &  purgent  com- 
me auparavant  >  mais  quand  il  feroit  vrai 
que  ces  connoifTances  ne  changeroient  pas 
la  cure  de  quelques  maladies ,  il  cft  tou- 
jours confiant  qu'elles  nous  empêchent  de 
nous  tromper  fur  beaucoup  d'autres ,  èc 
qu'elles  font  que  nos  raifonnemens  (onc 
plus  juftespuiiqu'ils  font  appuyez  fur  des 
fondemens  plus  certains  6c  plus  folides  que 
ceux  des  Anciens. 

SiTAnatomie  a  beaucoup  d'obligation 
à  Harvée  qui  a  découvert  la  Circulation  ; 
à  rirftiff^'i-j  qui  a  trouvé  le  canal  Pancréa- 
tique 5  a  A\tllui6  qui  a  fait  voir  les  vénes 
lactées  jà  Pequet  qui  le  premier  a  démon- 
tré le  canal  Thorachique,  &:  à  plu  (leurs 
modernes  qui  y  ont  travaillé  avec  fuc- 
cès  i  elle  n'en  a  pas  moins  au  rétablilTe- 
ment  que  fa  Majefté  a  eu  la  bonté  d'or- 
donner, îj^^i  Dèmonftrations  publiques  ai*  Jar- 
din Royal,  où  elle  a  voulu  que  T  Anatomie 
de  l'Homme  y  fût  démontrée  celle  que 


PREFACE. 

nous  la    connoiilbns   aujourd'hui. 

Ce  fut  en  l'année  1672.  c\\i  les  exer* 
cices  du  Jardin  Royal,  qui  regardent  l'A- 
natomie  ,  &;  qui  avoient  été  interrompus 
pendant  plulieurs  années ,  recommencè- 
rent :  Moniieur  de  la  Chambre  ,  qui  en 
étoit  le  profeiTeur  ,  ne  pouvant  exercer  (a 
Charge  ,  à  caufe  qu'il  étoit  premier  Mé- 
decin de  la  Reine  ,  commit  Monfieur 
CrefTé  Médecin  de  la  Faculté  de  Paris , 
pour  faire  les  Difcours  Anatomiques5&  je 
fus  nommé  pour  en  faire  les  Ditlcclions  ôc 
les  Démonftrations. 

Cet  établiiTement  ,  quoique  des  plus 
miles  pour  le  public,  ne  laifla  pas  de  trou- 
ver des  oppofitions  qui  furent  formées 
de  la  part  de  ceux  qui  prétendoient  qu'il 
n'appartenoit  qu'à  eux  feuls  d'enfeigner 
&:  de  démontrer  l'Anatomie  :  mais  le  Roi 
par  une  Déclaration  particulière  qu'il  fît 
vérifier  6c  enregiilrcr  en  Parlement,  Sa 
Majefté  preiente  dans  le  mois  de  Mars 
de  l'année  1673.  ordonna  que  les  Dé- 
monftrations de  l'Anatomie  &:  des  Ope- 
rations  de  Chirurgie  fe  feroienc  au  Jardin 
Royal  à  portes  ouvertes  ,  6c  gratuite- 
ment ,  dans  un  Amphiteatre  qu'elle  y 
avoit  fait  conftruirc  à  cet  éfet  ;  &c  que  les 
fujecs  qui  feroienc  neceiTaires  pour  faire 


PREFACE. 

'  CCS  Démonfti-citîons ,  feroient  délivrez  a 
{es  ProfelTeurs  par  préférence  à  tous  au- 
tres. 

C*eft  en  exécution  des  ordres  de  Sa 
Majeflé  ,  que  j'en  ai  fait  les  Démonftra- 
tions  publiques  pendant  iiuit  années  con- 
fecutives  j  Içavoir  depuis  le  commence- 
ment de  l'année  1673.  julqu'en  1680. 
que  j'eus  l'honneur  d'êtr-e  choifî  par  le 
Roi  pour  être  premier  Chirurgien  de  Ma- 
dame la  Dauphine  :  Alors  je  fus  obligé  de 
les  finir  ,  parce  que  la  Charge  dont  je  ve- 
nois  d'être  honoré,  ne  me  permettoit  plus 
de  les  continuer. 

Le  nombre  des  fpeclateurs ,  qui  mon- 
toit  toujours  à  quatre  oit  cinq  cens  per- 
fbnnes ,  étoit  une  preuve  qu'elles  ne  dé- 
piaifoient  pas ,  &:  qu'elles  fe  faifoient  avec 
utilité  pour  le  Public.  Ce  qui  m'embar- 
rafîbît  dâvanta^ie  dans  ce  ^rand  nombre 
d'Ecoliers ,  étoit  que  la  plupart  me  de- 
mandoient  quel  Auteur  ils  fuivroient 
pour  apprendre  les  nouvelles  Découver- 
tes ,&;  y  voir  les  parties  que  je  leur  de- 
montrois  :  mais  comme  elles  ne  font  point 
décrites  avec  ordre  dans  aucun  de  nos 
Livres  (  que  je  fçaché  ,  )  j'avoue  que  j'a- 
vois  peine  à  décider  lequel  ils  dévoient 
prendre  5  car  bien  que  Riola/^  &  Bartolm 


PREFACE. 

femblcnr  convenir  de  la  Circulation  du 
iang,  néanmoins  il  leur  rell:e  un  vieux 
levain  des  anciennes  opinions  qui  paroîc 
dans  tous  leurs  écrits,  Ainfî  ne  pouvant 
leur  donner  de  guide  afTuré  pour  les  con- 
duire dans  les  routes  que  je  leur  avois  ou- 
vertes ,  ils  me  prièrent  de  faire  imprimer 
mes  Démonftrations  Anatomiques,  à  quoi 
j  auroi^  fatîbfait  dès-lors/i  je  n  eufîe  été  ap- 
pelle à  la  Cour 

Depuis  ce  tems  un  des  plus  célèbres 
Anatomiftes  ayant  rempli  la  place  de 
Proflireur  Anatomique  vacante  par  la 
mort  de  Monfieur  de  la  Chambre  ,  de 
Tes  lumières  étant  infiniment  au-defTus 
des  miennes  5  j  ai  crû  que  je  devois  me 
repofer  de  ce  travail  fur  les  promefTes 
qu'il  failoit  de  furpalTer  dans  Tes  Démon- 
ftrations  tous  ceux  qui  Tavoient  précédé  , 
&  de  donner  au  Public  une  Anatomie  tel- 
lement parfaite  ,  &:  fi  différente  de  celles 
qu'on  a  eues  jufqu'à  prefentjqu'on  avoue* 
roit  que  perfonne  n'étoit  plus  capable  que 
lui  de  travaillera  un  Ouvrage  de  cette  im- 
portance. 

Ses  grandes  &  continuelles  occupa- 
tions dans  l'Académie  des  Sciences  lui 
ont  fans  doute  dérobé  le  loifir  de  met- 
tre en  exécution  les  projets  qu'il  a  faits 


PREFACE. 

fur  une  fi  vaftè  madère ,  puifque  pin- 
fleurs  années  fe  font  écoulées  ,  pendant 
lefquelles  le  Public  fe  voie  fruflré  des 
grandes  efperances  qu'il  lui  avoir  don- 
nées j  c'eft  ce  qui  a  fait  que  je  me  fuis 
déterminé  à  fliire  imprimer  mes  Démon- 
ftracions ,  afin  de  faciliter  aux  Etudians 
en  Médecine  &:  en  Chirurgie  les  con- 
noilfances  qu'ils  doivent  acquérir  dans 
l'Anatomie, 

Je  fuis  perfuadé  qu'un  autre  fe  feroîc 
mieux  acquité  de  cet  emploi ,  &  j'avoue 
franchement  que  c'eft  la  principale  rai- 
Ion  qui  m'a  fait  tant  différer.  D'ailleurs 
la  qualité  d'Auteur  me  paroît  fi  dange- 
reufe ,  que  je  ne  la  prends  qu'avec  ré- 
pugnance i  mais  enfin  l'intérêt  public,  de 
le  befoin  qu'on  a  d'un  Livre ,  où  l'on  trou- 
ve de  fuite  tout  ce  qui  fe  voit  dans  \qs 
Démonftrations  publiques ,  font  que  je 
lui  donne  celui-ci  au  hazard  de  toutes  les 
cenfures. 

Je  commence  d'abord  par  l'OfteoIogîe, 
parce  que  c'efl  par  elle  que  nous  ou- 
vrons nos  Exercices  au  Jardin  Royal  ,  de 
que  c'eft  la  connoilfance  des  Os  qui  doit 
précéder  celle  de  toutes  les  autres  par- 
ties: J'en  fais  huit  Démonftrations ,  deux 
des  Os  en  général,  deux  des  Os  de  la  tête, 

deux 


PREFACE. 
deux  de  ceux  du  tronc  ,  6c  deux  de  ceux 
des  extrémicez. 

Je  continue  par  Hîx  Pémonftratîons 
Anatomiques  ,  j'en  fais  quatre  des  parties 
contenues  dans  le  bas-ventre  ,  deux  de 
celles  de  la  poitrine  j  deux  de  celles  de  la, 
tête  5  deux  des  extrémîtez. 

Au  commencement  de  chacune  de  ces 
Démonflrations ,  il  y  a  une  planche  qui 
reprefente  les  parties  que  l'on  y  tait  voir  , 
di  le;,  mêmes  lettres  alpiiabetiques  qui  y 
font  i^ravées ,  Te  trouvent  à  la  marche  de 
l'endroit  du  dilcours  qui  exphque  ces  par- 
ties ,  pour  y  avoir  recours. 

Je  conviens  avec  quelques-un?,  qu'il 
efi:  plus  avantageux  de  connoître  une 
partie  par  l'infpeclion  des  corps ,  que  par 
celle  des  planches  j  mais  outre  que  celles- 
ci  iont  tres-juftes  ,  6c  autant  dorrecT:es 
qu'il  y  en  ait ,  c'ell  que  les  Anatomics  (e 
font  (i  rarement  dans  la  plupart  des  Pro- 
vinces ,  qu'à  peine  les  Chirurgiens  quis'y 
trouvent ,  en  peuvent-ils  voir  une  en  tou- 
te leur  vie  :  C'eft  particulièrement  en 
Jeur  faveur  que  j'ay  f\it  graver  ces  plan- 
ches ,  afin  qu'elles  puifTent  luppléer  au 
défaut  des  Anatomies.  Elles  n'excèdent 
pas  la  grandeur  du  Livre  ,  6c  quoi  qu'elles 
loient  petites ,  elles  ne  font  pas  moins  uti- 


PREFACE, 
les  ,  parce  quon  a  aporcé  toute  l'exaclîtii- 
de  poiïîble   pour  placer  dans  une   petite 
étendue  toutes  les  parties   que  renferme 
chaque  Démonftratîon. 

Je  n'ai  point  divifé  mes  Démondra- 
tions  par  Chapitres  ,  elles  contiennent  de 
fuite  toutes  les  parties  que  l'on  fait  voir 
dans  le  même  jour  à  chaque  Démonftra- 
tion  ,  èc  dont  les  noms  fe  trouvent  à  la 
marge.  J'ai  crû  que  cette  manière  feroic 
plus  commode  pour  ks  Etudians ,  afin 
qu'ils  n'eufTent  pas  la  peine  d'aller  cher- 
cher en  difFerens  Chapitres  les  parties 
qui  appartiennent  à  la  même  Démonflra- 
tion  5  ôc  ainfî  ils  verront  en  dix  journées 
toutes  les  parties  qui  compofent  l'Hom- 
me ,  par  ce  moyen  ils  découvriront  fa- 
cilement tout  ce  que  TAnatomie  a  de  plus 
curieux. 

Les  réflexions  que  je  fais  continuelle- 
menc  fur  les  matières  de  ma  profefTion  , 
ôc  la  ledure  des  Livres  nouveaux  de  mé- 
decine que  j'ai  foin  de  recueillir  ,  m'onc 
donné  lieu  de  redifier  en  cette  dernière 
Edition  plu/ieurs  de  mes  premières  pen* 
fées ,  6c  d'inférer  quelqties  Syftêmes  mo- 
dernes qui  m'ont  paru  des  plus  raifonna- 
bles. 

]'ai   augmenté   cetce  dernière  Edition 


P  R  E  F  C  E. 
d*une  DifTertation  lur  la  Génération  ,  qui 
prouve  ropinion  des  œufs  &  qui  l'expli- 
que d'une  manière  nouvelle.  Si  l'on  fe 
donne  la  peine  de  la  lire  avec  attention  , 
l'on  verra  que  tout  mon  raifonnement 
n'eft  fondé  que  fur  la  ftrudure  des  par- 
ties, êc  fur  des  faits  qui  font  voir  que 
l'Homme  &  tous  les  animaux  font  en^en- 
drez  par  le  moyen  des  œufs. 

J'y  ai  encore  ajouté  un  fait  particulier 
que  Ton  m'a  envoyé  de  Breft  ,  c'efl  une 
oreille  du  cœur  extrêmement  dilatée  qui 
furprendra  ceux  qui  la  verront ,  je  l'ai  faic 
graver  au  naturel ,  Ôc  la  relation  en  efl 
fidèle. 

Enfin  fi  le  rétablifTcment  des  Exercices 
du  Jardin  Royal  a  produit  juqu  a  prefenc 
tous  les  bons  éfets  qu'on  s'en  étoic  propo- 
lé,que  n'en  doic-on  point  attendre  doref- 
navant ,  que  le  Roi  en  a  commis  le  foin  à 
Monfieur  Fagon  ,  que  Sa  Majesté',  a 
choifi  pour  ion  premier  Médecin  ? 

La  Santé  du  Roi  ,  qui  eft  la  chofe  la 
plus  précieufe  de  TEtat ,  ne  pou  voit  pas 
être  confiée  en  de  meilleures  mains  :  c'eft 
aufii  ce  qui  a  fait  donner  à  ce  choix  un 
aplaudidemcnt  général  ,  ôc  qui  faic 
qu'un  chacun  dort  en  repos ,  aflliré  que 
Monfieur     Fagon     confetvera     les  jours 

é  ij 


PREFACE. 
d*Lin  Roi  qui  faic  tout  le  bonheur  de  Ces 
Peuples.  En  éfet,  où  trouvera- 1  on  un 
plus  habile  Médecin  ?  En  eft-il  quelqu'un 
qui  pofTcde  mieux  la  Science  &  la  ma- 
tière Medecinalc,  &  qui  en  ait  une  prati- 
que plus  confommée  ?  A-t-on  mieux  que 
lui  connu  le  fort  6c  le  foible  de  tous  les 
Remèdes ,  6c  peut  on  mieux  développer 
&  expliquer  tous  les  Secrets  de  la  Natu- 
re :  Il  joint  encore  à  ce  fublime  fçavoir  , 
toutes  les  vertus  qui  rendent  les  Eiom- 
mes  parfaits. 

Nous  avons  veu  Monfieur  Fagon  dé- 
montrer les  Plantes  au  Jardin  Royal ,  &  y 
profcfTer  la  Chymie  pendant  plufieurs  an- 
nées, ayant  été  choifi  comme  le  plus  capa- 
ble d'exercer  l'un  &.  l'autre  emploi,  £t  fî 
luî.même  s'eft:  donné  la  peine  d'y  inflrui- 
re  les  autres  ,  que  ne  fera  t-il  point ,  afin 
que  les  Démonftrations  s'y  fafTent  avec 
exactitude  ,  à  prefent  que  tout  s'y  réglera 
par  Tes  ordres ,  èc  que  ce  fera  lui  qui  en 
nommera  les  ProfeiTeurs  :  La  brigue  6c 
Tinterêt  n'en  feront  point  le  choix, le  mé- 
rite feul  l'emportera  ,  &:  fon  exemple  6c 
fes  foins  feront  avouer  que  le  Jardin  du 
Roi  eft  véritablement  Ja  plus  belle  Ecole 
du  monde. 


TABLE 

DES    TITRES   ET  SECTIONS 

de   ce  Livre ,  concenanc  huit  Démon- 
flrations  Osteologiç^lies. 

Do^t  laPREMIERE  explique 

LE  S  rdfons -pourquoi  II  ne  faut  commencer  la  con- 
nçljfance  de  l  Homme  par  les  Os.  Page  i.  &    i. 
Ce  que  c'ej}  que  Squelette,  ,  3  •&  4 

La  définition  des  os.  4.&  5 

Les  différences  des  os.  -  6 

Les  articulations  des  os.  8 

LA    IL   DEMONSTRATION 

contient 


Les  caufes  des  os. 

Page 

i(>.  &  17 

Les  parties  éminentes 

des  os. 

20 

Les  parties  caves  des 

os. 

^5 

La  grandeur  des  os. 

^5 

La  couleur  des  os. 

2é. 

La  nourriture  des  os. 

là-même. 

Eefentiment  des  os. 

^7 

Le  nombre  des  os 

28 

Les  cartilages  en  gênerai. 

30 

Les  liaamens  en  çene-i 

^al. 

31 

LA    IIL    DEMONSTRATION    TRAITANT 
de  la  Tête  en  général ,  on  y  décrit  les  os 
du  Crâne. 

Vc  la  Tète  en  gênerai.  Page  3  5  .&  fuiv. 

é    ïij 


TABLE    DES    TITRES 

DIX    DEMONSTRATIONS 

Anatomiques. 

Dont  la  Première  explique 

LA  définition  &  àïvïfion  de  l'Anatomîe,     P.  1 2  3 
&  124. 
Les  utUitez.de  l'Amtomie.  là-méme 

La  divifion  du  corps  humain,  1  27.  &  1 28 

Le  ventre  inférieur,  150. 

La  membrane  charnue  ,  félon  les  Anciens,  132 

La  membrane  commune  des  7mifcles.  1  3  3 

L'épiderme,  i  ,  -, 

La  peau,  22^ 

Lagraijfe,  139 

Les  rnufcles  du  bas  ventre»  1 4  -. 

La  ligne  blanche,  1^2 

LA    II.    DEMONSTRATION 

découvre  les  parties  qui  fervenc  à  la 
Chilifîcation. 

^îi  péritoine,  Pa-^e  1  54 

Du  nombril,  -■                                                    j  ^  ^ 

Des  vaijfeaux  umbilicaux,  i  e  y 

De  l'épiploon.  i  ^q 

ip'u  ventricule.  j^^ 

pes^  boyaux,  j  ^  j, 
l)^t  duodénum. 
Du  jéjunum. 
De  l'ilion. 

Du  cœcum,  j  _  - 

Du  colum.  j  _  g 

pure^um.  j__ 


173 
174 
175 


DE    C  E    LIVRE 

, 

Dîi  mefentere. 

178 

Des  vén^s.  lacées. 

i8i 

Des  'vaijfeaux  lîmphatîques. 

i8j 

th    III,   DEMONST 

R 

AT  I  0  N 

montre  les  parties  qui  fervent  à 

la  purifica- 

tionduSang. 

Dufoye, 

Page  188.&  189 

De  U  vejficule  du  fiel. 

195 

Ou  choit  que. 

197 

De  la  rate. 

200 

Du  fanerez. 

207 

D  es  glandes  en  général. 

20 /&  208 

Des  caf fuies  atrabilaires. 

2IO 

Des  reins. 

212 

Des  uretères. 

xxG 

De  la,  vejjîe. 

217 

Dîjirlhutîon  de  la  grojfe  artère. 

220 

Diflrïbution  de  la  véne  cave  afcendante.  110.8c   221 

LA     IV.    DEMONSTRATION 

Sedion    première   fait    voir  les  parties   de 

THomme  qui  fervent  à  la  génération. 

Djes  artères  fperrnatîques,  225 

D  es  véne  s  fpermatîques.  2 1  j 
Des  tefllcules.                                            2  2  8  .&  2 1 9 

Des  epi dîmes.  234 

Des  valjjeaux  défère  n  s,  23/ 

D  es  vcjficules  femînalres.  1 5  (> 
Des  vaijfeaux  éjaculatolres,  237 

Desproflates.  l^j 

De  la  verge,  ,  239 

THtffland.  14-Z 

Des  corps  caverneux,  244 

De  l'urètre.  245 


T  AELE    DES    TITRES 

Suite  de  la  IV.  DEMONSTRATION. 
Sedtion  1 1.  qui  traite  des  parties  de  la  Femme 
deftinées  à  la  ecnéiation, 

*Des  artères  Jpermati^ues,  Pa  ge  2  4  8 

Des  vénes  fpermatiqiies»  là- même, 

IDei  tefticules.  2jo 

Des  trompes,  x^l 

De  la  matrice  en  gênerai,  254 

De  [on  orifice  externe,  261 

Des  nimphes,  161 

Dh  clitoris,  163  &  264 

Des  caroncules  mirtiformes,  z  6  7 

Du  col  de  la  matrice,  268 

D^  l'hymen.  là-même, 

Dififiertation  fur  la  génération  de  V  Homme,  273 

LA    V.    DEMONSTRATION 

inftruit  des  parties  de  la  Poitrine. 

De  la  defcription  de  la  Poitrine.  Page  3  j  5 

Des  mammelles,  356 

D^  la  plèvre.  361 

Du  mediaflin.  388 

Du  péricarde.  37c 

Du  cœur  en  gênerai.  373 

Des  oreilles  du  cœur.  3  84 

Du  ventricule  droit,                                    .  387 

Du  ventricule  gauche,  388 

Dufieptum  médium  y  389 

De  la  véne  cave^  391 

De  l'artère  des  poumons,  392 

X)e  la  véne  des  poumons,  392 

D^  l'aorte.  395 

Comment  fefait  la  circulation  du  fang.  5  9  j 


L  A 


DE    CE    LIVRE. 
VI.     DEMONSTRATION 


fait  connoicre  les  organes  de  la  rcfpiration. 

Des  poumons.  3  99 

De  la  trachée  artère.  404 

Comment [e  fait  la  refpiration,  4^9 

Pu  col.  421&42t 

Ppi  larink^en  gênerai.  là-mème, 

L  es  cartilages  an  larinkj  411 

Des  mufcles  dularinkj  4^7 

Du  pharlnx.  429 

De  l'œfophage.  432 

Du  nerf  vague  &  fa  dîflrlhutîon*  435 

L  €  l'aorte  &  fa  difribution.  43^ 

I.£  la  qrojfe  artère  afcendente.  là-même. 

De  la  véne  cave  defcendante,  4  3  S 

De  la  fa  a  eue.  439 

Du  canal  thorachique.  440  6c  44 1 

LA  VII.   DEMONSTRATION 
reprcfente  le  Cerveau  &  les  parties. 

De  la  tête  en  général.  ^^%^  444 

Des  cheveux.  44J 

Du  péri  crâne.  44^ 

Duperiofie.  ^60 

De  la  dure  mère»  462 

Df  la  f aulx.  465 

\^e  la  pie  mère.  464 

T>u  cerveau,  465 

Des  deux  ventricules  fuperieurs.  465 

D«  ventricule  moyen  ,&  de  fes  parties»  j^.66 

Du  cervelet.  472 

Du  quatrième  ventricule  du  cervelet,  47  5 

Des  dix  paires  des  ne  fs  qui  fartent  de  la  hafe  du  cer" 

veau.  i^-j^,  èc  fuiv» 


TABLE    DES    TITRES 

^e  la  moelle  allongée  &  fpinde,  48  3. &  4S4 

Du  rets  admirable.  485 

*De  la  glande  phultalre^  487 

LA     VII L     DEMONSTRATION 

fui-  riiiftoire  de  là  Face  ,  &  des  organes 
des  cinq  fens. 

Vêla  Face,  Page  488 

De  l'œil  e/7  gemral,  49  1  &  ^91 

Des  paupières.  45>  4 

Des  mujcles  des  yeux.  497 

Des  turàques  des  yeux,  500 

Des  humeurs  des  yeux.  J  o  z 

De  l'oreille  externe^  }o6 

'De  r oreille  interne  &  fes  cavitez.  507 

Dh  nez.  &  de  toutes  fes  parties.  5  n  .3c  j"  i  3 

Vies  lèvres  &  de  leurs  rnufcies,  $  1 9 
De  la  bouche ,  &  des  parties  quelle  renferme.         5  1 9 

Des  vaijfeaux  falivaîres.  J  2  9 

LA     IX.     DEMONSTRATION 

Expofe  la  ftrudlure  des  Extrémitez  rupevieurcs. 

Des  généralités  des  mufcles.  Page  j  3  i 

Des  mufcles  de  la  mâchoire  inférieure,  S  44 

Des  mufcles  de  Vos  hyôide,  J  47 

Des  mufcles  de  la  tête,    '  '^48 

Des  mufcles  du  cou,  J  5  o 

Des  mufcles  de  l'omoplate,  S 5^ 

Des  mufcles  du  bras.  J  5  3 

Des  mufcles  dit  coude,  /  J  (j 

Des  mufcles  du  rayon.  S $7 

Des  mu' cl  es  du  carpe,  ^$9 

Des  mufcles  des  dolats,  j6i 

Des  nerfs  cjui  vont  au  hroi,  J  6  7 


DE    CE    LIVRE. 
Des  artères  qui  portent  la  nourriture  aux  bras,  570 

&J71. 
Des  vénes  qui  Ce  trouvent  dans  les  bras,  572 

LA    X.  &  DERNIERE  DEMONSTRATION 

fait  voir  les  Excrémitcz  inférieures. 

Des  mufcles  de  la  poitrine.  Page  5  75- 

Du  diaphragme.  jSo 

Des  mufcle^  des  jambes,  584 

Des  mufcles  de  la  cuijfc,  587 

Des  mufcles  de  la  jambe,  590 

D  es  Mufcles  du  pied.  5  5>  5 

Des  mufcles  des  orteils,  ^96 
Dénombrement  des   ?mfcles    de  tout  le  corps ,  Jèlon 

les  Anciens.  jç9.&  600 

Des  nerfs  en  gênerai,  601 

Des  nerfs  de  l'extrémité  inférieure,  60  5 .  &  604 

Des  artères  en  général.  606 

Des  artères  des  cuijfes  &  des  jambes.  6oy.  ÔC   608 

Des  generalitez,  des  vénes.  6 1 3 

Des  valvules  en  gênerai,  6 1  ^ 

Des  varices.  6i6 

Des  vénes  des  cuijfes  ,  des  jambes  &  des  pieds  ,618 

Des  vaijfeaux  lymphatiques.  610 

Des  ongles.  6iz 

Defcription    d'une    oreille    du    cœur  extraordinaire' 

ment  dilatée,  62.7 


F.    I    N. 


APPROBATION 

fDe  Monjieur  Bourdelot  Premier  Médecin  de  Mada^ 
me  la  "DpwheJJe  de  Bourgogne  ,  Confeiller ,  Médecin 
ordinaire  du  Roi ,  &  de  Monfeigneur  le  Chancelier 
&  Douleur  de  la  Faculté  de  Médecine  de  Paris. 

JE  (oufîigné  Confeiller  du  Roi,  Dodeur  en' 
Médecine  de  la  Faculté  de  Paris  ,  Médecin  or- 
dinaire du  Roi^Sc  premier  Médecin  de  Madame 
la  DuciieiTè  de  Bourgogne  ,  &  de  la  Chancelerie; 
certifie  avoir  lu  &:  examiné  avec  beaucoup  de 
foin  j  par  l'ordre  de  Monfeigneur  le  Chancelier 
les  T>érnonJlrations  Anatomiques  faites  au  jardin 
Royal ,  ^ar  Monjieur  Dionis  premier  Chirurgien  de 
Adadame  la  Duchejfe  de  Bourgogne  :  dans  lefquel- 
les  je  n'ai  rien  trouvé  qui  en  pût  empêcher  l'im- 
prefîîon ,  &  qui  ne  R\z  au  contraire  très  utile  pour 
tous  ceux  qui  veulent  étudier  en  Médecine  &  eu 
Chirurgie  ,  F  a  i  x  à  Paris  le  8.  Janvier  1690. 

Bourdelot. 

A  P  T  R  O  B   A  T  I  O  N 
De  la  Faculté  de  Médecine  de  Paris. 

LA  Faculté  de  Médecine  de  Paris  ,  après  avoir 
oiii  le  raporc  de  Mefficurs  Poirier  &  Douart 
le  jeune  ,  commis  pour  examiner  les  Démonfira- 
tîons  Anatomiques  faites  far  Aionfieur  Dionis  pre- 
mier Chirurgien  de  Madame  la  Duchejfe  de  Bour- 
gogne ^  a  p^é  qvte  ce  Livre  étoit  très- utile  &  tres- 
dignc  d'être  imprimé.  A  Paris  le  30.  jour  de  Jan- 
vier 1690.  L  E  G  I  E  R  , 

ProfelTeur  du  Roi  ,  Se  Doyen  dé  la 
Faculté  de  Médecine  de  Paris, 


APPROBATION 

De  la  Compagnie  des    Maîtres    Chirurgiens  furez. 
de  Paris, 

NOus  Prévôts ,  Jurez  &  Gardes  de  la  Com- 
pagnie des  Maîtres  Chirurgiens  Jurez  à  Pa- 
ris 5  certifions  avoir  lu  un  Manufcrit  qui  nous  a 
été  mis  es  mains  par  Monfiear  Dionis  premier 
Chirurgien  de  Madame  la  Duchelle  de  Bourgo- 
gne ,  qui  contient  les  'Démonfirations  Anato7niques 
qu'il  a  faîtes  au  Jardin  Royal  pendant  plnfieurs  an- 
nées 5  dans  lefqu elles  après  les  avoir  foigneufe- 
raent  examinées  ,  nous  avons  trouvé  que  la  ftruc- 
turc  de  toutes  les  parties  qui  compofent  le  corps 
humain ,  eft  décrite  avec  beaucoup  d'cxadittrde  , 
fuivant  les  Découvertes  des  Anatomiftes  moder- 
nes ,  &  que  fes  conjeûures  fur  Tufage  de  tous 
fcs  organes  font  déduits  de  tous  les  meilleurs 
fyftêmes  que  nous  ayons  jufqu'ici  fur  laPhyfique 
&  fur  la  médecine  j  En  foi  de  quoi  nous  avons 
fîgné  la  prefente  Approbation  en  nôtre  Maifon  de 
Saint  Côme,  ce  22.    Février  16^0, 

Devaux.  Chevalier, 

Poignant,  Dalibour. 


ri*   *  *    ,Trt>K  *   •^^'»jr*  *  *.*   «Ta*  ■''.■♦'   Ei 
F/  *    *  5^- '^    *  >♦-  î<-  ?    î*-  5*-  *  *^   *  >pf  >t  r^ 

AVIS 

DU    L  I  B  R.  A  I  R  E- 

CEtte  /'natomie   ayant   été  fi  bien  reçue   du 
Public  dans  les  Editions  précédentes,  qu'on 
Va  déjà  traduire  en  Latin  ,  contrefaite  &  imprimée 
en  plu  (leurs  endroits  ,  j'efpere  que  cette  troifiéme 
Edition  fatisfcra  entièrement  ceux  à    qui    cette 
Science  eft  ncceiraire;  puilque   TAutcar   a   revu 
lui-même  Ton  Livre    avec  une  tres-grandcexa6ti- 
tude  pour  le  faire  imprimer  de  nouveau  ,  Se  qu'il 
l'a  accommodé  au   fentiment  des  plus  Modernes 
fur  la  génération  des  animaux  ,  ôc  fur  plu  (leurs 
autres  matières  principales    fur  la    Nevrologie  , 
fur  la  Myologie  ,  &  fur  l'Oftcologie  ,  où  il  a  fait 
divers   changemens  condderables  en  réfutant  la- 
do<5trine  des  Anciens. 

Monfieur  Dionis  promet  qu'il  donnera  dans 
peu  de  tems  les  Opérations  de  Chîrur^c  qu'il 
a  faites  plufieurs  fois  en  dix  journées  au  Jardin 
Royal ,  fuivant  la  même  façon  de  démontrer  qui 
eft  fl  généralement  aprouvée. 


DEMONSTRA 


DEMONSTRAnONS 

AN  ATOMIQUE  S, 

FAITES   AU  JARDIN   DU  ROY. 


DES     OS 

E  N     G  E  N  E  R  A  L. 
Première  Dêfnorîjîraùon» 

Jl  O  U  S  fcavez,  Meffieiirs,  que  la  Chijui-2;ie   ,  ^=  <3uc 
i  eit  une  Opération  de  i  entendement  ^  qui  chumgic. 
i.^t^-  (.Qj-j„Q^[  [e5  maux  du  Corps  humainj  &  en 
même  tems  une  Opération  de  la  main, qui  y  porte 
les  Inftrumens  &  les  remèdes  pour  les  guérir  :  de 
manière  que  pour  bien  exécuter  ce  qu'elle  deman- 
de, il  fàutnon  feulement  que  la  connoiilancedece 
qui  eftiain  précède  celle  de  ce  quieftmalade:mais 
il  ftiit  aufli  que  le  Chirurgien  connoille  Thommb 
dans  un  état  parfait,&  qu'il  Içache  la  bonne  con- 
formation de  toutes  les  parties,afin  qu'il  puiifelui 
rétablir  fa  fantéjquand  elle  aura  été  altérée  ou  dé« 
truite  par  quelque  maladie  ,  ou  quelque  accident 
fàcheux.C'efl:  par  l'AnatoiniejMeflieurs.qu'il  peur     V'"'^^^„ 
acquérir  cette connoiilance.  puis qu  elle  cilla  oalc  nue. 

A 


Senti- 
ment de 
Banholin. 


Raîfons 

âc  («alieo 


z  De  Os  en  gênerai, 

ëc  le  fondement  de  la  Chiruigic;  c'cfi:  par  elle  que  1 
developanc  &  difTequât  jufques  aux  moindres  par-  ! 
tieSjdonc  ce  Tout  fi  admirable  eft  compofé;,  il  en  t 
démêle  tous  les  refTors  &  les  raouvemens  ,  &  pe-  "^ 
netre  dans  tout  ce  que  la  Nature  a  de  plus  beau 
&c  de  plus  cache'. 

Ce  feroit  ici  l'endroit  de  vous  faire  l'éloee  de 
rAnatomiCj&:  de  vous  marquer  en  même  tems  la 
necefïîtê  indifpenfable  qu'il  y  a  de  la  favoirjfi  Ton 
prétend  devenir  habile  Chirurgien.  Mais  comme 
je  Tuis  perfuadé  que  toute  l'AIÎemblée  ;  quoique 
nombreufe  ,  eft  entièrement  convaincue  de  cette 
vérité  ,  j'ai  crû  qu'il  étoit  à  propos  d'entrer  d'a- 
bord en  matière  ,  &  d'examiner  par  quelles  par- 
ties on  doit  commencer  pour  parvenir  à  la  con- 
noiftance  de  l'Homme. 

Les  fenrimens  des  Auteurs  font  partagés  fur  cet 
anïclc.BarthoUn  e(k  d'avis  que  l'on  commence  par 
les  tegumens,que  l'on  continue'  par  les  vifceres  & 
les  mufcle.s,&  que  l'on  finifle  par  les  os.La  railou 
qu'il  en  apporte^eft  que  l'on  ne  peut  examiner  les 
os  que  loiTqu'ils  fe  prefentent  à  la  vue  ,  &  que 
cela  nefe  peut  faire  qu'après  que  toutes  les  autres 
parties  ont  été  feparées  du  fujet. 

Galien  au  contraire  veut  que  l'on  commence 
par  les  os  :  il  donne  même  plufieurs  raifons  pour 
prouver  Ton  fentiment.  Il  dit  qu'ils  donneur  à 
l'homme  cette  figure  droite  qu'il  a  par  excellence 
fur  tous  les  animaux  ;  &C  qu'en  fervant  de  fonde- 
ment &  d'appui  à  tout  le  refte  du  corps,ils.  fervent 
aulTî  d'attache  aux  mufcles:  Il  avance  même  qu'il 
cftimpoiïible  de  fçavoir  la  Myologie,que  l'on  ne 
connoifl'e  les  os,&  que  l'on  ne  fçachc  ce  qui  leur 
donne  leur  origine  6c  leur  infertion.  Il  fait  voir, 
par  exemple, que  (î  le  Chirurgien  ignoroitce  que 
c'eft  que  l'humerus,l'omoplate  &c  la  Claviculc,eu 


Première  Démonfiration,  5 

lui  démontrant  le  mufclc  Deltoide,qui  eft  un  de 
ceux  qui  fervent  à  lever  le  bras  en  haut  ,  il  ne 
comprendroic  rien  lorfqa'on  lui  diroit  que  ce 
mufcle  prend  fon  origine  de  la  moitié  de  la  cla- 
vicule,de  l'acromion  ,  &  de  toute  l'épine  de  l'o- 
moplate ,  &  qu'il  va  s'inférer  à  la  partie  moyen- 
ne de  l'humérus.  Enfin  il  ajoute  que  les  os  étant 
percez  en  beaucoup  d'endroits  pour  donner  paf- 
faç^c  à  des  nerfs ,  à  des  artères  &  à  des  vénes,  on 
ne  peut  expliquer  les  cReminspar  où  partent  ces 
vaKfeauXjqu'on  ne  connoiffe  auparavant  la  ftruc- 
ture  de  la  difpofition  des  os. 

Dh  Laiirens  ajoute  à  cesraifonSjque  dansl'Ecole     Pourquoi 
d'Alexandrie  on   propoioit  d'abord  un  fquelette  on  pt' pofe 
auxEtudians  en  Medecine&  enChirurgie,comrae  j^^j^j  y^' 
le  feul  moyen  de  parvenir  à  la  connoilTance  du  iqucllettc. 
corps  de  l'homme, :3«c  à  la  pratique  de  la  Chirurgie 
dans  toutes  fes  operations.En  éfet  le  Chirurgien 
peut- il  faire  aucune  reduétion  tant  des  fradtares 
.  que  des  luxations ,  s'il  ne  connoit  la  ftrud:ure  de 
l'os  qui  eft  rompu  &  difloqucjs'il  ne  fçait  que  les 
os  de  la  jambe  ou  du  bras    étant  fra6turés  ,  font 
quarante  jours  avant  que  le  cal  en  Toit  fait  ;  qu'il 
en  faut  trente  pour  la  clavicule  ,  &  vint  pour  les 
cc>tes;(Sc  qu'aux  cnfansil  fe  fait  plutôt  qu'aux  per- 
fonnes  avancées  en  âge,parce  que  les  os  en  lont 
plus  raous,&:  par  coaïequenr  plus  humides.  Et  en- 
fan  que  pour  guérir  une  plaie  où  l'os  fera  décou- 
vert ou  aheréjil  doit  connoître  la  fubftance  des 
os,  &  favoir  que  les  uns  l'ont  plus  molle,  &  s'ex- 
foli-nt  plus  tard  ,  &  que  l'exfoliation  qui  arrive 
aux  extrémités  d'un  os  ,  fe  fait  en  moins  de  t^ms 
que  celle  qui  arrive  a  la  partie  moyenne  ,  parce 
qu'elle  efl:  toujours  plus    folide  que  ne  font  les 
cxtrémitez  des  os. 

Les  laifons  de  Gal'ien  5c  de  D/^  Laurens  font    Raifônsdc 

A    il 


4  Des  Os  en  gêner  aI, 

comrnen-  fortifiées  par  ce  qui  arrive  dans  les  Anatomîes  pu- 
ccr  par    le  i  ,.  *■  ^.  •      :.  11  r    r  c 

rquclctrc.     cliques  ,  nous  voions   que  quoiqu  eues  ne  le  tai- 

fenc  que  pendant  les  hyvers  ,  l'on  a  beaucoup  de 
peine  à  conlcrver  les  rujets,&  que  parce  que  l'on 
n'a  que  trop  de  parties  à  examinei-jOn  ne  doit  pas 
attendre  pour  lors  à  s'inftruire  de  l'Olteologie, 
puis  que  l'on  peut  la  dcmontrer  fur  un  fquclerte 
dans  tous  Ifs  tems  de  l'année.  Toutes  d^  raifons 
doivent  donc  nous  convaincre  qu'il  faut  commen- 
cer par  la  démonftratîon  du  fquelette  avant  que 
venir  à  celle  de  l'Anatomfe. 

pu'cfl  ce     Le  fquelette  eft  unallemblase  de  tous  les  os  d'un 
quunfque-  \,  j     j         r  p  1  • 

ler:c?  corps.  Il  y  en  a  de  deux  lortes  ;  l  un  naturel ,  qui 

,/^r       ell  alfemblé  par  itî,  propres  liCTamens,  &  dont  les 
Unique-  ,        .      ^.     /   ,  f     t   ,       P     .  n 

Ictte  naïu-  OS  n  ont  jamais  ete  iepares;tel  qu  elt  ce  petit  que 

rel.  vous  voies  rcprefenté  fur  la  première  de  ces  Ta- 

Un  fquc-  blés  ;  &  l'autre  artificiel ,  dont  les  os  font  alTem- 

Icttc  arcifî-  [)le2  &  joints  enfemble  avec  du  fil  de  leton  ,  tel 

qu'eft- ce  grand,  fur  lequel  nous  continuerons  la 

démonftration  de  nôtre  Ofteologie. 

Etimolo-      La  fcience  qui  traite  des  os  eftapellée  Oileo- 

fofteolo-    logie  î  ^  caufe  è^Ojïeon,Q^\  fignifie  os,  &  de  logos^ 

gie.  qui  veut  dire  difcours. 

Deux  cho-      Tout  ce  que  cette  fcience  renferme  fe  réduit  à 

fci  à  cxa-    examiner  ce  que  les  os  ont  de  commun  enfem- 

minéraux      ,  ^ 

0$.  ble  ,  <x  ce  qu  us  ont  de  particulier. 

Ce  quils      i>4ous  connoîtrons  tout  ce  que  les  os  ont  de 

ont  ûC  com-  ,  ^ 

mua.  commun  entre-eux  ,  après  que  nous  aurons  exa- 

miné fix  chofes  ,  qui  font  leur  définition  ,  leurs 
difFcrences,leurs  articulations,leurs  caufes ,  leurs 
parties  &  leur  nombre. 

Ce  qu'ils       Je  yQus  ferai  aulîi  remarquer   ce  qu'ils  ont  de 
ont  de  par-       "^ .      1 .  ,  ,         ^  1  r 

ticuhcr.       particulier  ,  en  vous  démontrant  chaque  os  lepa- 

remcnr. 

Deux  Dé-     Je  me  fuis  propofé  de  faire  deux  démonft rations 


Première  Démonfiratîon.  ^ 

des  Os  en  gênerai  ;  dans  la  première  je  ne  vous     Monflra- 
parlerai  que  de  leur  définition  ,  de  leurs  difercn-  c°°2cn"al^ 
ces  &  de  leurs  articulations  ;  &  dans  l'autre  je 
vous  entretiendrai  de  leurs  caufes  ,  de  leurs  par- 
ties &c  de  leur  nombre. 

L'Os  eft  défini  par  Gal'ien^  la  partie  la  plus  du-    Qii*cft-cc 
re,la  plus  féche  &:  la  plus  terreftre  de  coût  le  corps. r^^pport  des 
Vh  Lmirens  ajoute  à   cette   définition  ,  emenàrée  A.Rcicnj. 
far  la  faculté  formatrice ,  ait  moyen  d'une  grande 
chaleitr,  de  La  portion  la  plus  crajfe  &  la  plus  terre- 
fire  delafernenceypourfer'vir  de  fondement  a  tout  le 
corps  ,  &  pour  lui  donner  la  retiitude  &  la  figure. 

Nous  ne  pouvons  pas  admettre  cette  dernière 
définition  ,  parce  qu'elle  comprend  beaucoup  de 

chofes  qui  nous  paroiirentinutiles.&  que  ce  mot  ,  ^^ '"ot 
J    /•       ;   /  ^  •  V    u- 1  /  ^  ds  faculté 

QQ faculté  ne  convient  ni  a  1  idée  que  nous  avons  n'cil  plus 
de  la  formation  des  os,ni  à  leurs  ufages.ll  eft  vrai  ^"  ufagc. 
que  les  Anciens  s'en  fervoient  pour  expliquer  tou- 
tes les  adions  qui  fe  font  dans  le  corps.  Et  lorf- 
qu'on  leur  dcmandoit  comment  fe  formoit  le 
chile  ou  le  fang?comment  fe  formoient  les  os  ou 
les  cartilagesrcomment  fe  faifoient  la  vue  &  l'ouïe? 
ils  répondoienr  que  l'eftomac  avoit  une  faculté 
chilifique  ,  &:  le  foye  une  fanguifique;  que  les  os 
fe  formoient  par  une  faculté  ofîifique,  &c  les  car- 
tilages par  une  faculté  carcilaginifiquci  que  l'œil 
voyoit  par  la  faculté  vifive  ,  èc  l'oreille  enten- 
doit  par  l'auditive  ,  6c  ainfi  de  toutes  les  autres. 
C'étoit  une  rcponfe  generale,par  laquelle  ils  élu- 
doient,auiïi-bien  que  par  leurs  qualitez  occultes. 
toutes  les  difficultés  qu'on  leur  propofoitjde  force 
que  les  Ecoliers  n'étoient  pas  plus  fçavans  après 
qu'auparavant. Mais  aujourd'hui  que  l'on  explique 
toutes  ces  mêmes  allions  par  une  manière  pure- 
ment machanit^ue  ,  je  vous  ferai  voir,  en  vous  de  . 

A    iij 


6  Des  Os  en  gêner  aï. 

montrant  chaque  partie  avee  exaâ;itiicle,que  l'ac- 
tion qu'elle  fait  dépend  abfolument  de  fa  ftruc- 
ture  j  étant  une  fuite  necefTaire  de  fa  difpolîtion 
naturelle  ;  en  forte  qu'elle  ne  doit  faire  autre 
chofe  que  ce  qu'elle  fait. 

Pour  revenir  donc  à  la  plus  raifonnable  défi- 
nition qu'on  peur  donner  de  Tos  ,  je  vous  dirai 
que  c'efl  la  partie    la  plus  dure  &  la  plus  folide 
du  corps  de  l'Animal. 
Ici  difé-      Les  diférences  qui  fc  remarquent  aux  os  fe  ti- 

^^j"^"ji^ç^j  rent  de  neuf  chofes  ,  favoir  de  leur  fubftance  , 

àz  reuf      quantité,  figures,  fituation^,  ufages  ,  mouvement^ 

choies.        fentimcnt ,  génération  &  cavitez. 
De  leur        ^^  première  diférence  qui  fe  tire  de  leur  fubf- 

fubftancc.  tancCjeil:  parce  qu'il  y  a  des  os  qui  l'ont  trcs-dure 
comme  le  tibia  :  d'autres  moins  dure,  comme  les 
vertèbres  ;  6c  enfin  d'autres  qui  l'ont  plus  molle 
&:  fpongieufe  ,  comme  les  os  du  flernum. 
De  leur  La  féconde  fe  prend  de  leur  quantité  ,  dont  le 
nombre  n  elr  pas  aile  a  déterminer,  parce  qu  il  elt 
fort  grand  ,  &  que  tous  les  os  ne  font  pas  égaux. 
Car  il  y  en  a  de  grands  ;  comme  ceux  des  bras  & 
des  jambes  ;  de  moyens, comme  ceux  de  la  têtc,& 
de  petits ,  comme  ceux  des  doigts. 
De   leur       La  troiiîéme  fe  tire  de  leur  figure  ,  qui  cfl:  au- 

figurc.  faj^f  diferentc  qu'il  y  a  d'os  au  corpsi  les  uns  font 
longs,  comme  le  feraur  ouïe  tibia  j  les  autres 
courts,  comme  les  os  du  carpe  &  du  tarfe  j  les 
uns  ronds ,  comme  la  rotule  ;  les  autres  plats, 
comme  les  os  du  paiai-s  :  les  uns  quarrez  ,  com- 
me les  pariétaux  j  &  les  autres  triangulaires  , 
comme  le  premier  os  du  fternum. 
De  Icnr        La  quatrième  eft  marquée  par  leur  (îtuation  , 

iTituai  on.    p^j-^e  qu'il  y  a  des  os  placez  à  la  tête,  d'autres  au 
tronc,&  enfin  d'autres  aux  extrémitez.Mais  il  faut 


Première  Démonflratîon,  y 

remarquer  qu'entre  les  os  de  la  tête,  il  y  en  a  de 
plus  profondemcnc  fitués  ,  comme  les  rrois  olTe- 
îets  de  l'ouie  ,  &  d'aurres  plus  fuperhciellemenr, 
comme  ceux   du  crâne. 

Le  cinquième  vient  de  leurs  ufages  ,  en  ce  que     ^    . 
les  uns  fervent  à  foùtenir  le  corps  ,  comme  les  os  ufajjçj. 
des  cuilles  &  des  jambes  ,  d'autres  à  contenir  des 
parties,commelescôtesqui  renferment  le  cœur  oC 
les  poûmons;&  d'autres  à  contenir  &  à  d;ifcndre, 
comme  font  les  os  du  crâne  à  l'égard  du  cerveau, 

La  fixiéme  fe  connoit  par  leur  mouvement  ,     De  leur 

parce  que  les  uns  ont  un  mouvement  raanifefte,  "^^^J^c- 
*  ^]  1  j  ,     .    ,       1  mène, 

comme  les  grands  os  des  extrémités  ;  les  autres 

en  ont  un  caché  ,  comme  ceux   du  carpe  &  du 

tarfc  y  &  les  autres  n'en  ont  point  du  tout,  com- 

mes  les  os  de  la  tête. 

La  fepticme  diférence  efl:  aifée  à  remarquer.  De  leur 
parce  que  tous  les  os  généralement  n'ont  point  '^'"^"^'^'^^ 
de  fenriment  ,  excepté  les  dents. 

La  huitième  fe  prend  du  tems  de  leur  gênera-  Dc  leur, 
lion  &  de  leur  perfeâiion,  parce  qu'il  y  a  des  os  gcncracion 
qui  font  parfaits  dés  le  ventre  de  la  mcre  ,  com- 
me les  trois  petits  os  que  nous  trouvons  dans  les 
cavitez  de  l'oreille  ;  &  d'autres  qui  n'acquierenc 
leur  perfection  qu'à  mefure  que  l'on  avance  en 
âge  ,  comme  tous  les  os  du  corps  :  De  ceux-ci 
les  uns  s'offitient  plutôt,  comme  les  os  de  la  mâ- 
choire inférieure  ,  &  d'autres  plus  tard,  comme 
ceux  de  la  fontaine  de  la  tête. 

La  neuvième  &  dernière  diférence  fe   tire  de     D;  leurs, 
leurs  cavitezjil  y  a  des  os  qui  en  ont  de  grandes  ci'itez. 
qui  contiennent  de  la  moëllejCommeceux  des  ex- 
trémités;&  il  y  en  a  d'autres  qui  n'ont  que  despo- 
rolîtés  qui  renferment  feulement  un  fuc  medul- 
laire,comme  le  calcaneum.  De  plus  \  les  un.  ont 

A   iiij 


8  Des  Os  en  général. 

des  trous  par  où  paflsnt  des  vailTeaux, comme  Ie> 
os  de  la  baie  du  crâne  &  les  vertèbres  ;  d'aucres 
ont  des  folfes  feulement ,  comme  les  os  du  fter- 
num;  d'autres  ont  des  finus.  comme  les  os  fron- 
taux &  petreux  :  enfin  l'on  en  voit  quelques-uns 
de  percés  par  plufieurs  petits  trous,  en  manière 
de  crible  ,  comme  eft  l'etmoide. 
Lcsârricu-  Il  y  a  tant  d'art  ôc  d'induftrie  dans  les  articula- 
os  fcntad  tîons  &  conjondlions  des  os,qu'elles  ont  fervi  de 
reir^blcs,  modèle  à  une  infinité  d'artifans  ,  qui  ont  reconnu 
qu'ils  ne  pouvoient  mieux  faire  que  de  copier  la 
nature  en  cette  occafion^  comme  ils  font  en  plu- 
fieurs autres.Et  quoi  qu'il  y  ait  prcfque  autant  de 
diférentes  articulation,  que  vous  voyez  d'os 
joints  enfemble  :  Cependant  elles  font  toutes 
lî^efiTaires  ;  parce  que  iî  tous  les  os  eulTent  été 
articulés  de  la  même  manière ,  l'homme  n'au- 
loit  pu  fe  mouvoir  commodément.  Nous  allons 
examiner  toutes  ces  articulations. 
Les  os         Gallen  nous  enfeigne  que  tous  les  os  font  arti- 

fonc  içîiitj  culés  en  deux  manières  ,  ou  par  artron  ,  ou  par 

par   art>on    ^       ,  .^     _  .  n  ^  u 

ou  \_^;irjïm  Jirnphije:  Lz  première  eit  une  naturelle  compo- 

paje.  iiùon  d'os  ,  comme    lorfque   deux  os  s'enrretou- 

chent  par  les  bouts  j  &  la  féconde  une  naturelle 

union  d'os  ,  comme  lorfque  les  os ,  quoique  di- 

vifez  ,  fcmblent  continus. 

^H^A  ^°'^"      L'Artron  contient  fous  elle  deux  efpeces  d'ar- 

tron.  ticulations  ,  dont    l'une     s'appelle    diartrofe ,  & 

Vàux.XQfi,iartrofe. 
L  s  noms       Tg  ^^  doute  point  que  ces  mots  ne  vous  paroif- 

mie  font      i^ut  rudes  &  barbares  :  mais  parce  que  1  Anato- 

dcriv-cz  du  mie  &  la  Chirurgie  empruntent  la  plupart  de  (ts 
termes  du  Grec,&  qu'il  feroit  dificile  d'en  trouver 
dans  notre  Lanpue  qui  fulll-nt  plus  propres  pour 
/ignificr  la   mt-me  chofe  ,  nous  iommes  obligés 


c 


D 

Artrodie. 


Pre?nlere  Démonjîratlon,  ^ 

3c  nous  en  fervir^je  les  retrancherai  néanmoins  le 
plus  que  je  pourrai ,  quoi  qu'il  y  ait  airurément 
moins  de  difficulté  à  le  retenir  qu'à  les  entendre 
prononcei.Vous  en  conviendrez  avec  moi ,  pour 
peu  que  vous  vous  donniez  de  peine  à  les  étudier, 

La    Diartrofe  eft    une  efpece  d'arziculacion  ,    Qu'cfi:-ce 
dans  laquelle  le  mouvement  eft  manifefte.    Elle  t^^^i. /^'■' 
fe  divife  en  trois  ,  qui  font   l'Enartrofe  ,  VArtrê- 
die ,  6c  le  Gînglîme. 

L'Enartrofe  eft  une  efpece  d'emboctement  , 
ou  articulation  ,  dans  laquelle  une  profonde  ca- 
vité reçoit  une  gr<jire  &  longue  tête  ,  comme 
la  cavité  qui  reçoit  la  tête  du  fémur  dans  les  os 
innominez. 

L'Artrodie  eft  une  autre  efpece  d'articulation, 
en  laquelle  une  cavité  fuperficielle  reçoit  une 
tête  plactc,comrae  vous  voies  que  la  rcrc  de  l'hu- 
mérus eft-  reçue  par  la  cavité  glenoidc  de  l'omo- 
plate, ou  que  les  tètes  des  os  du  métacarpe  ou  du 
metatarfe  (ont  reçics  dans  les  cavités  qui  font  aux 
os  de  la  première  phalange  des  doigts. 

Le  Ginglime,cft.unetroîiîéme  elpece  d'articu- 
lation, en  laquelle  deux  os  fc  reçoivent  mutuel- 
le,nent  5  de  manière  qu'un  même  os  reçoit  &c  eft 
reçu  ,  comme  l'os  du  coude  ,  qui  eft  reçu  par  ce- 
lui du  bras  ,  en  même  tems  que  celui  du  bras  eft 
reçu  dans  celui  du  coude. 

Suivant  les  Auteurs,il  y  a  trois  fortes  de  Gingli- 
me;ui  première  eft  lorfque  le  même  os  eft  reçu  par 
un  ieul  os  qu'il  reçoit  réciproquement ,  comme  ^^^S^irac. 
nous  venons  de  le  remarquer  dans  les  deux  os  du 
bras  «Se  du  coude  :  La  féconde  eftjorlqu'un  os  en 
reçoit  un  autre  par  une  de  les  extrémiccz,&  qu'il 
eft  reçu  dans  un  autre  os  par  fon  autre  extrémité, 
comme  vous  pouvés  remarquer  aux  vertèbres  , 


E 

Ginglime 


F 
Autre 


-ï  o  Des  Os  en  général. 

«dont  l'une  reçoit  celle  qui  lui  eft  rapeneure,&  eft 

_  Ç^,      reçue  par  celle  qui  lui  ell  inferieure.La  tioifiéme 
Troilierrc     ,^       ^j    /-•      i-  a      11       ^  a 

GiDgUn.c.    eipecc  de  Ginglime  elt  celle  ou  un  os  elt  reçu  en 

forme  de  roue  ,  ou  d'aiflîeu  ,  comme  la  féconde 
vertèbre  eft  reçue"  par  la  première. 
Qu*cft-cc     L^  Sinartrofe  eft  une  forte  d'articulation  fî  fer- 
j^o^j.  5         me  oc  II  étroite    qu  il   n  y  a  point  de  mouve- 
ment. Elle  a  auflî  trois  efpeces,  qui  font  \z.  futu- 
re ,  V harmonie  ,  &  là  gomphofè. 
Qucft-cc      La  Suture  eft  une  articulation  ou  deux  os  font 
"^^        ^'  joints  enfemble  comme  par  une  couture  :  elle  eft 
H         de  deux  fortes,ou  vraye.ou  faulfc.La  future  vraye 
Si,turc      eft  quand  deux  os   font  joints  en  forme  de  deux 
fcies  ,  dont  les  dents  s'enriafient  les  unes  dans  les 
autreSjComme  font  les  pariétaux  avec  le  coronal. 
I  La  future  fauife  ou  bâtarde  eft  lorfque  deux  os 

*^ncure  font  articulés  en  forme  d'ongles,ou  d'écaillés  po- 
fccs  les  unes  fur  les  autreSjComme  font  les  parie- 
taux  avec  les  os  petreux.Je  me  referve  à  vous  ex- 
pliquer plus  au  long  les  autres  efpeces  de  futures 
dans  la  Démonftration  fuivante,  en  vous  parlanc 
des  os  qui  compofent  le  crâne. 
iç  L'Harmonie  eft  une  articulation  où  les  os  font 

H-rmo-  joints  par  une  iîmple  ligne  droite  ou  circulaire, 
comme  les  os  de  la  face,du  nés  &  du  palais.Si  l'on 
démonte  les  os  de  la  mâchoire  fuperieure  ,  on 
trouvera  de  petites  dentelures  qui  enfont  la  jonc- 
tion :  mais  parce  qu'elles  font  trop  petites  ,  ôc 
qu'elles  neparoiftent  point  au  dehors  ,  comme 
celles  des  futurcs,c'eft  ce  qui  fait  que  nous  diltin- 
guons  l'harmonie  d'avec  la  future,  &  que  nous 
en  faifons  la  féconde  efpecc  de  fmartrofe, 
L  La  Gomphofè  eft  une  articulation  ferrce,ou  em- 

î,;-hofc.  boëtement  qui  fcfair  quand  un  os  eft  enfoncé  dans 
un  autre,comme  un  cloudans  unmorceau  de  bois. 


LJ  .1 


il'e 
moîca 


Première  Démorjftratlon,  i  r  ' 

ou  plutôt  comme  les    dents  font  dans  leurs  al- 
véoles. 

On  ajoute  une  troîfiéme  efpece  d'articulation,      MM 
que  l'on  appelle  neutrejOU  doùteufejparce  qu'elle  lion^^ùo*^ 
n'eft  pas  tout- à- fait  diartrofe^n'aiant  pas  un  mou-  Kurc. 
vement  manifeftejni  tout-à-  fait  finartrofe  ,  parce 
qu'elle  n'en  eft  pas  ablolument  privée.Telle  eft  l'ar- 
ticulation des  côtes  avec  les  vcrtebres,&  celle  des 
os  du  carpCj&  du  tarfe  entr'eux  ,  laquelle  tenant  ' 

de  l'une  &  de  l'autre  ,  eft   apellce  Amphîrtrofe  , 
&  félon  quelques-uns  àiartrofe  fmartroidale. 

Lafimphife  ,  que  nous  avons  dit  être  une  na-  De  j^ 
turelle  union  d'os ,  eft  de  deux  fortes ,  ou  fans  ûiuphifc, 
moyen  ,  ou  avec  moyen. 

Celle  que  nous  apcllofis  fans  moyen, eft  lorfque  N 
nous  ne  voyons  rien  qui  fafte  l'union  de  deux  os»  r,„i'^^ 
comme  de  1  epiphile  avec  l  os  prmcipal  ou  tels 
que  font  les  os  de  la  mâchoire  inférieure.  Cerre 
union  fc  fait  à  peu  prés  comme  celle  de  la  greffe 
&  de  l'arbre  ,  qui  s'uniffent  tellement  enfemble 
qu'ils  ne  fonc  plus  qu'un  corps  ;  de  même  la  na- 
ture endurcilfanc  les  os  de  la  mâchoire  inférieure 
ô:  les  épiphifes  ,  les  joint  d'une  manière  qu'ils  ne 
font  plus  qu'un  os  continu. 

La  fimphife  qui  fe  fait  avec  moyen,eft  de  trois     t,ai  (7^, 
fortes, qui  font  ^finevrofe  j/ifarcofe  ,  ôcjincondrofe.  phiic  avic 

La  finevrofe  eft  une  efpece  de  (imphife  .,  qui        q 
unit  des  os  par  le  moyen  des  ligamcns  ;  telle  eft     Sincvro- 
l'arciculation  de  la  rotule  avec  les  os  de  la  jambe. 
La  fifarcofe  eft  une  féconde  efpece  de  fimphi- 
fc^qui  joint  les  os  par  le  moyen  des  chairs  ,  com- 
me le  font  l'os  hyoïde  &  l'omoplate.  p 

La  hncondrofe  eft  une  troifiéme  efpece  de  (îm-     Sifarcofe. 
phife,qui  unit  deux  os  enfemble  par  le  moieu  d'un     ..'^ 
cartilage^comme  le  font  les  deux  os  du  ^enil  j  ce  drolc 


Scr 

menr  (de 


1  a    Des  Os  en  gênerai  Première  Dérnonfiration. 
qui  rend  cecte  arcicQlacion  \\  force  ,  qu'il  eft  im- 
poffible  que  ces  deux    os  fe  feparem    dans  l'ac- 
couchement ,  comme  quelques-uns  l'ont  crû, 
Bartholln  n'admcr  point  de  fmartrotejil  dit  feu- 
Banhoîin     ^smcrnt  que  la  ilmphife  eft  de  deux  fortcs;ou  fans 
moyen.dontil  en  fait  de  trois  efpeccs,qui  font  la 
furuie  ,  riiarmonie    &  la    gomphofe  ,  ou  avec 
moyen»  qui  font  auffi  trois  ;  favoir  j  fînevrofe  , 
iIfarcofe,&  fincondrofe  ;  comme  nous  avons  dit, 
Ainli  il  ditfere  peu  du  fentiment  des  autres. 

Vous  remarquereZjMellîeurSjen  fîniirant  cette 
Demonflracion  ,  que  la  fimphife  fe  rencontre  en 
toutes  les  trois  cfpeces  de  diarcrofe,  &  qu'elle  ne 
fe  trouve  dans  aucune  des  efpeces  de  Hnartrofe. 


BJ2, 


DES      os 

EN     GENERAL. 

/  /.   Démo-rifiration. 
5^  E  que  j'ai ,  Meffieurs,  à  vous  dcmonrrer  au-    Fautcon- 
®^  jouidliui  n'eft  pas  de  moindre  confcquence  par[[«  des 
que  ce  que  je  vous  fis  voir  hier  ,  paifqu'on  ne  os. 
peut  réduire  aucune  luxation  ,  que  l'on  ne  fçachs 
comment  les  os  font  articulez  ,  &  qu'on  ne  peuc 
guérir  aucune  fracture  foit  fimple  ,  loit  compli- 
quée ,  que  l'on  ne  fçache  comment  l'os  ell  fair, 
&  quelles  font  les  parties  qui  le  compofenr. 

Lorlqu'il  arrive  des  plaies  à  ces  parties  ,  foie 
qu'elles  foient  caufées  ou  par  des  boulctSjdcs  gre- 
nades &  autres  inftrumens  à  feu,ou  par  des  chu- 
tes &  des  coups  épouvantables,  qui  en  chanoenc 
l'économie  naturelle  par  le  grand  fracas  qu'elles 
y  caufent  ,  il  eft  de  l'adrelîe  &  de  la  prudence  à\x  '   . 

Chirurgien  de  rétablir  ,  tout  autant  que  faire  fe 
peut, ces  parties  dans  leur  première  conformation 
&  de  corriger  ,  par  la  connoitïance  qu'il  a  de  fon 
Art,&  des  parties  dont  l'os  cil  compofé,les  dsfor- 
dres  que  de  pareils  malheurs  y  ont  aporrés. 

Je  vous  dis  hier  que  les  caufes,lcs  parties  &  le  .  ^^^9^  ^' 
nombre  des  os  feroient  le  fujec  de  la  Démonilra-  ftration 
tion  d'auiourd'hui;i'ai  trouvé  à  propos  de  vous  y  'J!f"!°"^" 
entretenir  aulii  des  cartilages  cC  aesligamcns  en 
geiicral,parce  que  les  cartilages  font  inleparablcs 
des  os  ;  qu'ils  n'en  différent  que  du  plus  ou  da 
moins,&  qu'ils  eafôimcnt  fouvent  la  plus  gran- 


Toute 
dcfinicioi 
doit  être 
claire  & 
courte. 


14  T)es  Os  en  gemral, 

de  partie:&  que  les  ligamens  les  lient  &  les  tien- 
nent joints  enlemble. 
Du  Lau-     Je  commence  par  Les  eau  Tes  des  os,que  nous  re- 
qu'il  y  a    duirons  à  deux  feulcment,quoique  Du  Laurens  en 
quatre  ca'7'  ait  compris  quatre  dans   la  définition  ,   ou  pour 
'  mieux  dire,dans  la  defcription  qu'il  nous  en  a  don- 
née.Il  efl;  vrai  que  tous  les  Philofophcs  ont  recon- 
nu quatre  eau  Tes  de  chaque  chofe, (avoir  l'efficien- 
te,la  materielle,la  formelle  &:  la  finalejraais  outre 
que  ces  termes  ne  font  plus  gueres  en  ufage,  on 
peut  dire  que  ces  favans  hommes  ont  été  trop  é- 
clairez  pour  les  comprendre  toutes  quatre  dans 
une  définition, qui  félon  les  règles  qu'ils  en  ont  laif- 
féeSjdoit  être  claire  &  courte,fi  l'on  veut  expliquer 
la  nature  de  la  chofc  définie  &  fa  compoficion  pai* 
fes  parties  e{îentielles:Or  il  eft  confiant  qu'elle  cç^(^ 
feroit  d'à  voirtoutes  ces  conditions,fi  elle  étoitcom- 
pofce  d'autres  chofes  que  de  genre  (Se  de  diférence, 
qui  font  comme  la  matière  &;  la  forme.  Ainfi  pour 
expliquer  la  nature  des  os,il  efl;  inutile  de  recourir 
à  quatre  caufes.comme  a  fait  Du  Laurens, ^m{(\w'i\ 
n'y  en  a  que  deux  qui  contribuent  à  les  former  , 
(avoir  la  liqueur  ferainalc  de  l'œuf,&  la  chaleur. 

Vcrita-        Maintenant ,  puifqu'ileft  certain  que  le  o-ermc 
blés  caulcj  ,r  j--ri  J 

des  os.        de  l  œut  (  qu  on  lous-entend  ici  lous  le  nom  de 

liqueur)  fert  de  matière  aux  os,il  vous  fera  beau- 
coup plus  facile  à  concevoir  qu'il  ne  faut  que  de 
la  chaleur  pour  les  pcrfe6tionner ,  que  de  vous 
aller  embaralïèr  à  chercher  nne  idée  ou  vertu 
oflifique  ;  autrement  il  faudroit  multiplier  ces 
vertus  ,  &  en  faire  d'autant  de  manières  ,  qu'il  y 
a  de  diférentes  parties  au  corps,  '* 

Une  mj.-     j^  ç^^^  remarquer  que  ce  ne  font  pas  feulement 

me  cauiï  •  r  r  \     \  r       •      \ 

fert  à  for-    les  OS  qui  iont  faits  de  la  liqueur  ieminale  ,  mais 
f '"  '*'^,'"  encore  ocRites  les  parties  qui  compofent  l'homrsïc, 

ics   parties.  ,         ^  1  111  ri         ■  -  -■    C 

«e  qui  arrive,parcc  que  la  chaleur,  ieule  agi  liât  lu  r 


//.  Dépîonflrntîon*  if 

cette  même  liqueiirjcn  devclopc  &  fepare  chaqtte 
particule,  qui  prenant  la  figure  qu'elle  doit  avoir 
par  fadifpofitiondela  matiere,en  forme  un  animal. 
Mais  fi  l'on  m'objcde  qu'il  eft  difficile  de  com- 
prendre cornent  tant  de  diférentes  parties  peuvent 
être  faites  par  une  même  caufc,je  réponds  que  le 
Soleil,qui  eft  un  principe  de  chaleur,produit  bien 
diférens  éfetSjfuivant  les  diférentes  matières  qu'il 
échaufe;  car  nous  voions  qu'il  fond  lacire;&  qu'il 
defleche  la  terre  :  Et  comme  ces  diférens  éfets  ne 
viennent  que  de  la  difpofition  de  la  matière  fur 
laquelle  ilagirjde  même  on  doit  concevoir  que  la 
chaleur  naturelle  agifîànt  fur  la  liqueur  de  l'œuf, 
en  develope  &c  fepare  chaque  parncule,&met  en 
mouvement  celles  qui  font  le  fang,en  même  tems 
qu'elle  feche  &  endurcit  celles  qui  font  les  os. 

Nous  ne  connoiirons  donc  que  deux  caufes  aux  os 
favoir  la  materielle,qui  eft  la  liqueur  de  l'œuf,(3cla 
formelle,qui  eft  la  chaleur;&  nous  ne  favos  ce  que 
c'eftque  la  faculté  ou  vertuofIifiquej&  mêmepour 
détruire  cette  opinion  d'Idole  &  d'idée  de  celui  qui 
cngendre,&  faire  voir  qu'elles  n'ont  point  de  parc 
à  ce  qui  fcpalTe  danslageneration,quoique  quel- 
ques Auteurs  les  falïent  entrer  comme  caufes  dans     E^'perv: 
la  formation  des  parties,  il  n'y  a  qu'à  faire  refle-  pouycnt 
xionfur  ce  qui  arrive  lorfque  l'on  met  des  œufs 
de  diférens  animaux  couver  fous  une  mêmepou- 
le,fi  vous  y  en  mettez  de  cannes,de  perdrix  3c  de 
poules,vous  verrez  que  la  même  chaleur  produi- 
ra des  canards,des  perdreaux  «Scdes  pouiets.Si  l'on 
pouvoir  pénétrer  dans  l'idée  de  cette  poule  ;,  l'on 
vcrroit  qu'elle  n'avoir  dclfein  que  de  produire  des 
poulets  ,  mais  la  matière  qui  eft  renfermée  dans 
ces  œufs  ,  eft  le  principe  d'où  dépendent  les  di- 
férens éfets  qui  le  fuivent. 
Je  ne  vous  parlerai  poinc  de  lacaufe  finalenl  eftin- 


ï  ô  Des  Os  en  gêner aL 

utile  d'en  faire  ici  u  ne  dilîertation  pour  vous  l'explL 

5eptimcns  quer;&  vous  connoitiés  ailes  ce  que  chadue  partie 
difteicns       ^  .  ,.  -  c  •        ■  w       d 

fur  iacaufe  ^^^^  quand  je  vous  autai  tait  voir  comment  elle  eil 

Énalc.  faite.  Jeme  contenterai  de  vous  dire  que  la  eau  ie  fil 
naleactélelujetd'unegrandedifputeentredeuxfa* 
meux  Médecins  de  la  FacuitédeParisjtous  deux  tre's 
célèbres  Anatomiftes^l'un  étoit  M.Creiréjqui  faisât 
lesDifcoursAnaromiquesauJardinRoialjalaplaçe 
de  M. de  la  Chambre  premier  Médecin  de  la  Reiftej 
^ProfclTeurAnatomiquedansce  même  lieu,  avâce 
que  l'ondevoit  en  parlât  dcqu>.4que  partie  lui  don- 
oerune  fin, parce  qu'il  ellcertain  qu'elles  en  ont  tou- 
t.es,&  que  Dieu  n'aiât  rien  crcéd'inutilejil  faloiten 
démontrant  quelque  partie, dire  qu'elle  a  été  fairq 
pour  tellcou  tellea<5lion,piiirqu'ellelafait;parexé- 
plcquel'on  pouvoitdirealfurémentquerœllalvpit 
etc  fait  pourvoirjamainpourprendiejepied  peur 
marcher,&  ainfi  des  autres. M. Lami,au  contraire, 
pretendoit  qucceiVétoitpointànousadéterHiiner 
la  fin  pour  laquelle  une  partie  étoit  faite  jqu'iléto'c 
bien  vrai  que  l'Auteurde  la  nature  n'ayqitiien fait 
en  vain,&  qu'il  avoit  donné  une  fin  à.t-o'uf  ce  qui 
copofe  l'homme:mais  lorfque  nous  voulions  nous 
mêlerdelamarquer,nousnousmetiôsauhazard  de 
noustromper,parcequ'ilpouvoits'cnêtrepropofce 
une  autre  quecellequenousdifions,&qu'ainhl'on 
ne  dcvoit  jamaisdirequecettepartieavoit  été  faite 
pour  cela,maisquecettepartiefairoit  cela.lldemeu- 
roit  d'accord  que  l'on  voioit  avec  l'Œil,que  l'on  pre- 
noitavec  la  main, que  l'on  marchoicavec  les  pieds, 
mais  ilfoûtcnoît  que  ce  n'étoit  pointa  l'hommeà 
vouloir  pénétrer  dans  les  fecrets  nilesinrentionsde 
Dieu,qu'il  devoir  feuleméradmirerfes  ouvragcs,n'é- 
tant  pasimpoffible  que  Dieu  fe  Toit  propoléd'aiitres 
fins  dans  ce  qu'il  a  fait, que  celles  nous  voionsi  &C 
il  ajoûtoitquepourbienconnoîcreuncpartic,il  n'é- 
toit 


/  /.    Dêmonflratîoru  1 7 

&  que  cçs  mêraLï  ligamens  s'attachent  plus  faci- 
lement aux  Epiphifes  ,  qui  font  d'une  lubftance 
molle  ,  qu'aux  os  qui  font  fort  durs. 

Toutes  les  Epiphifes  ne  font  pas  femblables  les  Différence 
unes  aux  autres ,  &  l'on  remarque  qu'elles  dirfc-  ÇcsEpiphi- 
rent  entr'elles  en  quatre  maniereSjen  figure  ,  en 
quancitéj  en  nombre  &  en  iituation. 

Elles  font  tellement  diférentes  en  figure,  que  la 
vue  même  les  difting[ue  ailément.  On  les  réduit 
toutes  fous  trois  elpeces ,  que  l'on  appelle  tefte, 
col  ,  &  pointe. 

Quand  l'os  s'élcve  en  une  groflfe  bolTe  ronde,oa 
la  nomme  véritablement  tefl:e,comme  celle  du  fe-     Tcfte. 
murjôc  h  elle  efl:  petite5on  l'appelle  condilcjCom- 
mc  eft  celle  de  la  mâchoire  inférieure,  qui  entre  Gondile. 
dans  les  cavités  de  l'os  petreux  pour  les  articuler 
cnfcmble. 

Le  col  eft  la  partie  la  plus  étroite  de  l'os  ,  qui  ^^ 
d'étroit  qu'il  eft  dans  fon  commencement,fe  di- 
late peu  à  peu. Il  eft  toujours  placé  fous  unetefte. 
En  voila  un  fous  la  rcfte  du  femur.Il  eft  à  remar- 
quer que  le  col  &  la  tefte  diiferent  entr'eux  en 
ce  que  la  tcftc  eft  prefque  toujours  Epiphife  ,  & 
le  col  Apophife. 

La  pointe  eft  quand  l'os   fait  une  éminence 
pointue,  que  l'on  apoclle    coroné.  Ces  pointes 
ont  pludcurs  hgurcsjon  leura  donné  les  noms  des 
chofes  au fquelles  elles  reiremblent  le  plus  j  il  y 
en  a  une  à  l'os  petreux,  que  l'on  appelle  ftiloide, 
parce  qu'elle  eft  faite  comme  un  ftilctjune  autre        ^ 
maftoide,  parce  qu'elle  rellemble  à  un  mammc-Coroné  ou 
lon^une  autre  qui  eft  à  l'omoplate, qu'on  appelle  *^'-""-cil=. 
coracoide,  à  caufe  qu'elle  rellemble  au  bec  d'un 
corbeau  ;  &  enfin  celles  de    l'os  Iphenoioe  ,    le 
nomment  ptcrigoides,  parce  qu'elles  ont  la  vevi- 

B 


iS  Des  Os  en  gênerai, 

table  figure  des  ailes  de  chauve- fou  ris. 

La  grandeur  des  Epiphifes  n'cft  pas  égale  dans 
tous  les  osi  le  tibia,  par  exemple,  qui  cil  un  gros 
os,en  a  de  gro(Tes5&  les  petits  os,comme  ceux  des 
doigts,en  ont  de  fort  pccîtcs.On  voit  auffi  qu'un 
même  os  en  a  de  différente  çrofrcur  ,  comme  le 
fémur,  qui  en  a  une  grande,que  l'on  nomme  le 
grand  trocanter,(Sc  une  autre  plus  pctice,aulTi  de 
même  figure  ,  appellée  le  petit  trocantcr, 
H  Le  nombre  des  Epiphiles  n'eft  pa-s    réglé  pour 

ttocanter     chaque  os  j  il  y  en  a  même  qui  n'en  ont  point, 
comme  les  os  de  la  mâchoire  inférieure, iSc  d'autres 

Lepctictro-  ^^"  en  ont  plulieurs.    Les  côtes   en  ont  chacune 

caoïcr.        une,  les  os  de  la  jambe  &  des  bras  en  ont  deux, 
ceux  des  îles  trois,  ceux  de  la  cuilfe  quatre  ,  <Sc 

dc$Epk>hi^  chaque  vertèbre  en  a  cinq.Ce  font  les  os  aufquels 

fc».  nous  en  trouvons  le  plus. 

-.      .        La  fituation  des  Epiphifes  efl:  différente  ,  en  ce 
Situation       ,  ,,  ^  t  r  ,  '         . 

dcsEpiphi-  qu  elles  ne  lont  pas  toutes  placées  aux  extremi- 

^"'  tez  des  os  ,  puifque   l'on  en  trouve  dans  leur 

partie  moyenne. 

Outre    ces   quatre  différences  efl'entielles  que 

nous  avons  remarquées  aux  Epiphifes ,  il  y  en  a 

dcsEpiphi-  ^"^ore  une  que  l'âge  leur  donne,en  rendant  leur 

fcï.  fubftance  plus  ou  moins  dure;aux  cnfans  elle  clt 

cartilagineufe,  mais  elle  s'epdurcit  à  melure  que 

l'on  avance  en  âge ,  &:  elle  ne  devient  tout-à-faic 

olîîfiée  qu'après  la  vingtième  année:  ce  que  j'ai 

remarqué  en  faifant   le  iquelete  d'un  garçon   de 

dix-huit  ans,  dont  toutes  les  Epiphiles  le  fepare- 

rcnt  par  l'ébullition. 

Il  faut  encore  remarquer  que  les  Epiphifes  font 

^     ..        couvertes  par  leurs  extremitez  d'an  cartilage  qui 

.iej    £pi     facilite  le  mouvement  des  articulations, &  qu'ou- 

phifes.         [j-e  j-g  cartilage  qui  écoit  necefi'aire  pour  empêcher 


/  /.    Démonfiratiom  icj. 

diiz  les  os  ne  fe  frotafTent  les  uns  contre  les  autres^ 
la  nature  a  encore  mis  dans  toutes  les  jointures 
une  humeur  glaireufe  ,  qui  faifant  le  même  effet 
que  le  vieux-oing  aux  roues  des  carofles,  empê- 
che conjointement  avec  le  cartilage  que  les  ex- 
iremitez  des  os  ne  s'ufent  &  ne  s'échauffent 
dans  leurs  mouvemens  continuels. 

Les  parties  caves  des  os  font  ,  comme  je  vous  Cavités dci 
ai  dit ,  de  trois  fortes  ,  trous,  foffes  &  finus.      °*' 

Le  trou  eft  une  cavité  qui  a  entrée  &c  fortiej  K 
ce  qu'on  peut  voir  dans  les  cavitez  qui  font  à  la  ^^^'^ 
bafc  du  crâne,  dont  il  y  en  a  quelques-unes  qui 
donnent  entrée  à  des  artères  ,  &  d'autres  qui 
îaiJent  fortir  des  nerfs  &  des  veines.On  nomme 
aufîi  trou  cette  grande  cavité  que  vous  voyez  à 
l'os  ifchion. 

La  folle  eft  une  cavité  qui  a  une  entrée,&  qui        L 
n'a  point  de  fortie,  &  dont  les  bords  font  élevez  ^' 

par  de  petites  éminences  comme  montagneufes: 
ces  cavitez  fervent  pour  donner  quelque  figure, 
ou  pour  contenir  quelque  partie  ;  telle  eft  la 
cavité  de  l'orbite  qui  contient  l'œil. 

Le  finus  eft  une  efpece  de  cavité  en   l'os  dont       M 
l'orifice  ou  entrée  eft  fort  étroite  ,  &  le  fond  lar-     S"'^" 
ge;  il  fe  trouve  de  ces  finus  dans  la  bafe  de  l'os 
coronal,  où  les  Anciens  leur  ont  attribué  pour  ^ 

ufage  de  rendre  ces  os  plus  légers  ,  ce  que  je  ne 
croi  pas,  je  me  referve  à  vous  en  dire  ma  penfée 
en  vous  les  démontrant. 

Outre  ces  trois  fortes  de  cavitez  que  je  viens 
de  vous  expliquer,  il  y  en  a  encore  d'autres,  que 
l'on  divilcen  internes  &  en  externes. 

Les  internes  font  àt  deux  manieres,ou  grandes  Ca  irczin- 
&  apparcntcs,commc  celles  qui  font  de  long  des  ^«"^^c*. 
gros  os  qui  renferment  la  moelle  j   ou  petites  6c 

B  ij 


Cavités  ex- 
tcrnei. 
N 


O 

Ca  virez 
glcnoïics. 

P 
Petites  ca- 
vitcz. 


lo  Des  Os  en  gé?ieraL 

poreufes  ,  comme  celles  qui    fonc  aux  corps  des 

vertèbres  &des  EpiphifeSjqui  contiennent  nn  fuc 

médullaire. 

Les  externes  font  de  trois  fortes:ou  grandes  &: 
environnées  de  bords  épaisj&  le  nommentcoriles 
Cavitczco-  ou  cotiloïdes,du  nom  d'une  mcfure  des  Anciens, 
^  ^^  ^*'  comme  celles  de  l'ifchion  qui  reçoit  la  tclte  du  fé- 
mur ,  ou  moyennes  &  moins  profondes  ,  &  s'ap- 
pellent glénes  ou  glenoides ,  comme  celle  de  Vo^ 
moplatCjqui  reçoit  la  tefte  de  l'humérus  ;  ou  pe- 
tites &  plattes  ,  comme  celles  qui  (ont  aux  bouts 
des  os  de  la  première  phalange  des  doigtSjlefqucls 
reçoivent  les  teftes  des  os  du  métacarpe. 

Ces  cavitez  font  (impies  ou  doubles  :  les  ore- 
mieres  ne  reçoivent  qu'une  tefte^comme  celle  du 
bout  du  radîus;&  les  doubles  en  reçoivent  deux, 
comme  le  bout  d'enhaut  du  tibia  ,  &  ceux  des  os 
des  deux  dernières  phalanges  des  doigts.Il  y  en  a 
encore  ce  différente  fiçuredes  unes  font  faites  en 
forme  de    poulie  ,  comme  celles  de   rextremité 
d'enbas  de  l'humérus  ,  qui  reçoivent  les  cubitus, 
les  autres  en  manière  de  croiflant,  ou  de  (îgma, 
comme  celles  de  la  partie  fuperieure  des  cubitus, 
^_ ...      ,    &  ainfi  de  plufîeurs  autres, 
ligamens      1  outes  ces  cavitcz  externes  qui  iervcnt  aux  arti- 
ciiculaircj,  culations  ,  ont  chacune  à  leur  circonférence  une 
émincnce,  que  l'on  appelle  lèvre  ou  fourciljà  la- 
quelle ed:  attaché  un  ligament  circulaire  ,qui  en 
embralVant  la  tefte  de  l'os  qu'elles  reçoiventXerc 
à  fortifier  l'articulation  ,&  îj  empêcher  que  les 
luxations  n'arrivcni  aulïî  fouvent qu'elles  fcroicnt 
s'il  n'v  étoic  pas.- 

Quarre  ^^  '""^^  ^^'^^^  ^  ^^^^  ^''^''^  "^''^''■'  ^^  dénombrement 

choies    à     des  os  pour  en  finir  le  gênerai  ;  mais  auparavant 
aux'oî"/'^     je  trouve  à  propos  de  vous  faire  obfervcr  quatre 


Cavucz 
fimples. 

R 
Cavitcz 
doubles. 


//.    Vémonfiratlo'/i.  Ir 

chofeSjquI  fonc  la  grandeurjla  couleur,Ia  nourri- 
ture &:  le  fencimenc  des  os. 

Tous  les  os  ne  font  pas  de  même  grofiTeur  dans  Grandeur 
rous  les  fiijcts  ,  je  ne  dis  pas  feulement  dans  les  '*^*°*' 
hommes  qui  font  de  différence  taîlle,raais  encore 
dans  les  perfonnes  qui  font  d'égale  grandeur  ;  il 
arrive  même  fou  vent  que  parmi  ces  derniers  quel- 
ques-uns ont  les  os  plus  petits  que  les  autresrEtfi 
la  beauté  dépend  de  la  delicatefle  des  os,  on  peut 
dire  que  ceux-là  lonc  de  plus  belle  taille  ,  &:  les 
mieux  faits.  En  eftet ,  c'cft  une  des  raifons  pour- 
quoi les  femmes  font  ordinairement  plus  belles 
que  les  hommes^parce  qu'elles  ont  les  os  du  vifa- 
geplus  fins  que  ne  font  ceux  des  hommes:  c'eft  ce 
qui  faitaulîîque  l'on  diftingue  facilement  le  fque- 
Icte  d'une  femme  d'avec  celui  d'un  homme. Mais 
il  ya  encore  entre  l'un  &  l'autre  une  fort  grande 
diffèrence^en  ce  que  dans  l'homme  les  os  des  iles 
font  plus  petits  &  plus  ferrez,&:  que  dans  la  fem- 
me ilsfont  plus  écartez^afin  déformer  le  bafîînec 
plus  grand  pour  y  mieux  contenir  l'enfantjde  là 
vient  aulîî  que  les  femmes  ayant  les  os  des  iles 
plus  en  dehors,&  l'os  facrum  plus  en  dertiere,ellcs 
ont  les  hanches  &  les  felTes  plus  grolïes  que  les 
hommes. 

L'on  doit  encore  obferver  k  grolTeur  des  os 
dans  les  differensâges-.car  ils  groiïîirent  depuis  la 
nailTànce  jufqu'à  vingt  ans  ou  environj&:  depuis 
vingt  ans  jufqu'à  foixante.ils  fubfiftent  dans  une 
même  grolTeur  :  mais  après  foixante  ans  ils  vont 
toujours  cndiminuantice  qui  arrive  parce  que  les 
libres  olFeufes'fe  defiechent  &  s'approchent  plus 
les  unes  des  autres. 

La  couleur  des  os  n'eft  pas  égale  en  tous:il  y  en     CquIcuï 
a  qui  les  ont  fore  blancsjd'autrcs  moins  blancs,6«:  dejoj, 

B   ii) 


'il  Des  Os  en  gênerai. 

d'autres  qui  les  ont  d'une  couleur  gniatren'I  efl:  Ci 
vrai  que  la  diveriîté  de  ces  couleurs  dépend  delà 
première  matière  dont  les  os  font  formez  ,  que 
quoique  l'on  prenne  les  mêmes  foins  pour  blan- 
chir deux  ou  trois  fqueletes,il  y  en  atoûjoursquel- 
qu'un  qui  ne  le  devient  pas  tant  que  les  autres, 

Kourtiturc  L'on  a  crû  pendant  un  long-tems^quc  la  moelle 
^  °*'  &  le  fuc  nerveux  fervoient  de  nourriture  aux  os, 
mais  les  découvertes  que  l'on  a  faites  de  leurs  au- 
tres ufages,ont  prouvé  qu'ils  fe  nourrilfoientdes 
parties  du  fang,  comme  le  rcftedu  corps.ll  eft  vrai 
que  la  moelle  peut  bien  les  entretenir  en  les  hu- 
me6lant,de  même  que  la  grailfe  fait  à  l'égard  des 
parties  molles, mais  elle  n'en  eft  pas  le  véritable 
lue  alimentairejpuîfqu'il  ne  fe  trouve  .que  dans  le 
fang,  qui  circulant  dans  la  fubftance  des  os  ,  y 
porte  àes  particules  propres  à  les  nourrir,comme 
il  fait  dans  routes  les  autres  partics^cequi  marque 
aufn  qu'ils  ne  font  pas  nourris  par  anpofîtion  de 
matière  fur  matière  comme  les  pierres,  mais  par- 
une  liqueur  qui  s'infinuant  &  entrant  dans  leurs 
porofitcz,  &  coulant  de  long  de  leurs  fîbiTS,  en 
augmente  le  volume:car  il  y  a  une  infinité  de  ca- 
naux dans  les  corps  des  os,((emblablesàceuxdes 
troncs  des  arbres  qui  y  conduifent  le  fuc  )  dans 
lefqucls  la  nourriture  eft  portée  parles  arreres,& 
dont  le  fuperflu  fortant  par  les  extremitez  de  ces 
canauXjCft  reçu  par  des  véinilcs  qui  le  reportent 
à  la  ma fte.D'ail leurs  il  eft  aifé  de  voir  en  trépa- 
nant ,  qu'il  V  a  du  fang  entre  les  deux  tables  du 
crane,&  que  fi  vous  caliez  l'os  d'un  animal  nou- 
vellement tuéùl  en  fort  des  gouttelettes  de  fane: 
ce  qui  ne  permet  pas  de  douter  qu'il  n'entre  du 
Tauslçf  fang  dans  les  os. 

îT ineiiUe.       L'on  trouve  en  tout  rems  de  la  m.oëlle  non  feu- 


xtr 


F   '  2.% 


5^"'^*x 


M 


#• 


•4f     '' 


1^ 


/  /.    Démonjiratlon,  Xè 

lement  dans  les  os  de  ThommCj  mais  encore  dans 
ceux  de  toLis  les  animaux.Il  eft  vrai  qu'il  y  a, des 
tems  qu'ils  en  font  pleins,&  d'autres  qu'il  n'y  en 
a  que  tres-peu;  &c  c'eft  une  erreur  de  croire  que 
ce  foie  la  Lune  qui  en  augmente  ou  diminue  la 
quantité:cette  diminution  de  la  moelle  eft  plutôt 
un  effet  de  quelque  maladie,  de  quelque  fatigue, 
ou  de  quelque  grande  diette:  Et  comme  nous  vo- 
yons la  grailfe  diminuée  après  une  maladie  ,  un 
grand  travail  ou  une  abftinencCjde  même  lamoël- 
le  fe  confume  par  l'une  ou  l'autre  de  ces  trois 
caufes, d'autant  qu'elleeft  aux  os  ce  que  la  grailFe 
eft  aux  autres  parties  du  corps. 

Il  eft  vrai  que  les  os  n'ont  point  de  fentîment,  gentiment 

•   M    r  o  I  1  •   /r      des  o$. 

mais  ils  iont  couverts  &  enveloppez  du  penofte , 

qui  eft  une  petite  membrane  fort  déliée,  &C  d'un 
fentiment  exquis.Ceux  qui  (ont  fujets  à  la  goutte, 
ou  à  qui  l'on  a  fait  quelque  opération  fur  les  os, 
nous  en   peuvent  rendre  un  témoignage  airùré, 
puifque  les  douleurs  que  l'on  relfent  dans  ces 
Opérations  font  très- grandes,  lorfqae  l'on  tou- 
che cette  membrane. 
Le  nombre  des  os,qui  eft  la  fixiéme  &  dernière      Nomb'^e 
chofe  que  nous  avons  à  confidereraax  os  en  ^ene-  des  os. 
ral,eft  fort  grand.  Dans  la  première  Démonftra-    u„  grand 
tion  je  vous  ai  fait  voir  le  Iquelette  de  face  ,  &  fquektc  ^ 
dans  celle-ci  je  vous  prefente  ce  grand  de  côté,&  ^"^^  -p  '°^ 
ce  petit  par  derriere,afin  que  vouslepuilîiez  voir    Un  pctig 
de  toutes  les  manieres.Il  ne  faut  pas  vous  étonner  ^^^  p-^ 
s'il  eft  compofé  de  tant  d'os,&  s'il  y  en  a  jufques  dcrricrc. 
au  nombre  de  deux  cens  quarante-neuf:par  exera- 
ple,on  en  compte  foixante  à  la  tête,  foixante  &c 
fept  au  tronc  ,  foixante  &  deux  aux  bras  &  aux 
mains  ,    &  foixante  aux  jambes  &  aux  pieds.  Si 
l'Auteur delaNaturc  en  avait  mismoins  à  la  main, 

B  iiij 


14  Des  Os  en  gênerai. 

auroit-clîepû  prendre  comme  elle  faîc?  Si  l'epinc 
nVcoit  pas  compofée  d'autant  de  vertèbres  qu'elle 
cftj  auroit-elle  pu  fe  fléchir  comme  elle  a  beloia 
de  le  faire  :  Enfin  (îla  jambe  &  lacuille  n'eullent 
été  faites  que  d'un  os,  auroit-onpû  marcher  aullî 
^  commodément  c|uel'onfait?lléLoit  doc  neccllàire 

pour  la  perfedtion  de  l'homme  ,  &:  pour  Tes  fonc- 
tionSjquelenombre  desos  fût  aulîigrand  qu'il  efr. 
Soixante  es    ^^^  loixante  de  la  tête  il  y  en  a  quatorze  au  cra- 
a  iatcftc.     ne,&;  quarante- fîx  à  la  face,y  comptant  l'os  hyoi- 
de  ;  les  quatorze  du  crâne  font  le  coronal ,  l^oc- 
cipital ,  deux  pariétaux  ,  deuxj temporaux  ,,  Tet- 
moide,lefphenoïde  &  lesfîx  os  de  l'ouye,qui  font 
les  enclumeSjles  étriers  &  les  martcaux.Des  qua- 
rante-iîx  de  la  face  ,  il  y  en  a  vingt-fept  à  la  mâ- 
choire fuperieure,  qui  (ont  l'os  de  la  pomettCjl'os 
unguis,le  maxillaire,l'os  du  nezj'os  du  palais  ,  & 
autant  de  l'autre  côte;le  onziéme^qui  cft  impair, 
cft  le  vomer,avec  feize  dents  fuperieures,&  dix- 
huit  à  la  mâchoire  inférieure,  fçavolr  deux  os  &: 
leize  dentSjaufquels  ajoutant  l'os  hyoidejccla  fait 
le  nombre  de  foixante  à  la  tefte, 
Seiianrc-    ^ks  foîxante-fept  au  tronc,il  y  en  a  trente  deux 
fcpt  au        ^  l'épine  ,  &  vincjt-neuf  à  la  poitrine.    Ceux  de 
1  epme  lont  lept  au  col  ,  douze  au  aos,.cmq  aux 
lombes  ,  cinq  à  l'os  facrum  j  &  trois  au  coccix. 
Ceux  de  la  poitrine  font  vini^t-quatre  côtes,deux 
clavicules,^;  trois  au  fternum.ll  y  a  encore  lîx  os 
înnominez,qui  font  deux  ileon,dcux  ifchion  ,  &C 
deux  pubis  ;  le  tout  enfcmble  fait  le  nombre  de 
„  .  foixantc-fept  au  tronc. 

'jeux  aux       i^î^s  loixante-deux  des  extremitez  luperieures,il 
feras  &  iui  y  en  a  trente  &  un  à  chacune, qui  font  l'omopla- 
re,rhumerus,le  cubitus,  le  radius,  huit  au  carpe, 
quatre  au  metacarpcjôc  quinze  aux  doigts^^  au- 


/  /.   Dé/nonfiratiofj.  25 

tant  à  l'autre  exri-emicé,cela  fait  foixante  &  deux. 

Des  foixante  des  extremicez  inférieures,  il  y  en      Soixante 

,  ,-  .    t    r  1  11"    *"^  ïambes 

a  trente  a  chacune,lçâvoir  le  temur,la  rotule,le  ti-  &  aui  pieds 

hla. ,  le  péroné;  fept  au  tarfe  ,  cinq  au  metatarfe. 
Se  quatorze  aux  doig;ts  ,  de  autant  a  l'autre  extré- 
mité ^c'eft  en  tout  foixante. 

Ce  nombre  des  os  fe  pourroit  augmenter   par   Deuxcens 

ceux  qui  en  feroient  plufieurs  de  Tos  hyoïde,  ou  quarante 

•       .    ^  •         \       r  r         •  1       tI  •         /T"  neuf  os  CQ 

qui  yajouteroient  les  leiamoides.U pourroit  auiii  jq^^ 

être  diminué  par  ceux  qui  n'en  feroient  qu'un  des* 
deux  de  la  mâchoire  inferieurCj&qui  reduiroient 
les  cinq  de  l'os  facrum  à  un  feul.Mais  comme  il 
faut  s'en  tenir  à  un  nombre  fixe,jevous  confcillc 
d'en  demeurer  à  celui  de  deux  cens  quarante- 
neuf,qui  eft  leplusuniverfcUement  reçu  par  tous 
les  Auteurs. 

Quoique  les  cartilages  &  lesligamens  foient  fe-    F^utccn- 
parezdu  fquelete  par  l'ébalition^neanmoins  notre  noitrc  le» 
OIteologie  feroit  imparfaite  11  nous  les  paillons  *^*^"^^sc<. 
fous  {îlencc,&  fi  nous  ne  vousinftruilions  pas  au- 
jourd'hui de  ce  qu'il  en  faut  fçavoir  en  general^me 
rcfervant  de  vous  les  faire  voir  chacun  en  leur  par- 
ticulier dans  nos  Démonftrations  Anatomiquès. 
Les  cartilages  font  les  parties  les  plus  dures  après  Des  cârti- 
les  os  ;  ils  font  prefque  de  même  nature  ,  &  n'en  1*8^^* 
digèrent  que  du  plus  au  moins.L'on  en,fait  de  trois 
fortes,les  uns  font  durs  ôc  deviennent  o(ïeux  avec 
le  tems,comme  ceux  qui  font  le  fternum,&;  ceux 
qui  lient  les  epîphlfes  avec  l'os  principal  ;  les  au- 
tres font  plus  mous,&  compofent  même  des  par- 
tieSjComme  ceux  du  nez,des  oreilles  ,  du  xiphoi- 
de  &  du  coccix,  &  enfin  d'autres  font  tres-moas, 
&  tiennent  de  la  nature  du  ligament  :  ce  qui  les 
a  faitappeller  cartilaaes  lÏCTamenceux. 

Il  y  a  des  cartilages  de  plufieurs  figures  ,  à  qui  carnlae^ 


X^  Des  Os  e'/}  gétjeral, 

l'on  a  donné  le  nom  des  choks  aiirquellcs  ils  ref- 
femblenri  l'un  cft  appelle  annulaire ,   parce  qu'il 
eft  faic  comme  un  anneau;  un  autre  xiphoîcie,   à 
caufe  qu'il  a  la  figure  de  la  pointe  d'un  poianard  j 
&  un  autre  fcutiform?,  qui  efl:  fait  comme  un 
bouclier,  &  ainii  de  plulîeurs  autres.  Ils  accom- 
pagm^nt  ordinairement  les  os;on  en  trouve  néan- 
moins qui  ne  les  touchent  pas,  comme  ceux  du 
larinx  &  des  paupières. 
Lcscartila-     Les  cartilages  n'ont,  point  de  Tentimentjn'aianc 
Sbfc»!"'  "^  membranes  ni  nerfs  5  ce  qui  eft  d'autant  plus 
avantageux  à  l'homme  qu'il  a  aiïez  d'autres  par- 
ties fu  jettes  à  ladoulcur/ans  avoir  encore  celles- 
ci  qui  lui  en  cauleroient  de  continuelles  dans  les 
mouvemens  qu'il  eft  obligé  de  faire  ;    ils  n'ont 
point   de  cavitcz  ,  &:  par  confequent  point  de 
moelle:  mais  à  Ton  défaut   ils  ont  une  mucofiré 
d'une  fubftance  vilqueufe  &  flcxibilcjqui  les  en- 
vironne &  qui  les  conferve. 
UfapiM  àe%     Les  ufa|[îes  des  cartilages  font  d'empêcher  que 
carmagc8.  les  os  ne  foient  blellez  par  un  traiment  mutueljde 
\çs  joindre  en  plulîeurs  endroits  par  lîncondrofe, 
&c  decontribuer  beaucoup  àbicn  former  plulîeurs 
parties,  comme  le  nez, les  oreilles,  la  trachée  ar- 
tère, les  paupières,  &  quelques  autres. 
..  Tous  les  os  que  vous  voyez  à  ce  fquelette  ,  ne 

mrni  ne  pourroient  point  tenir  cnfembk,  s'ils  n'étoicnc 
{01  c  plus  a  JQJn[5  pa,.  jjes  hVamcns  :  mais  comme  je  vous  ai 
ccfqucktc.  \  ,.     r-  ^  -1  '   '  r 

déjà  tait  remarquer  qu  ils  en  ont  ete  leparezpatr 

^ébuiition,il  y  a  du  ^1  de leton  qui  tient  leur  place, 
&du  liège  qui  remplit  celle  des  cartilages  du  fter- 
num  ;  il  ne  feroir  pas  néanmoins  impolTible  de 
confei'vcr  uti  fquelete  avec  les  cartilages  &  les  li- 
gamens  ,  puifqu'il  n'y  auroit  qu'à  le  décharner: 
mais  quelque  foin  que  l'on  prît,les  vers  s'y  met- 


//.  Dêmonflratîo/i.  27 

tioîcntjSi  Tonne  pourroit  le  conferver  aufli  bien 
&ç  aufli  long  tcms  que  Ton  a  fait  celui-ci. 

Le  ligament  eft  d'une  fubllance  folide  &:  blan-     j^çj  Hga. 
che  ;  il  eft  plus  mou  que  le  cartilage,&  plus  dur  mens, 
que  le  nerf  &  la  membrane  j   il  n  a  ni  cavité  ,  ni 
fcntlmcnt,  ni  mouvement  :  ce  qui  fait  qu'il  ne 
fouffre  pas  plus  que  le  cartilage. 

Les  ligamens  font  faits,  comme  les  autres  par-       Maricre 
ries,  du  serme  ou  liqueur  feminalc  de  l'œuf;  il  y  ^f*  'ig*- 
en  a  de  fortes  qui  (ont  mtcneurement  entre  les  osj 
d'épais  &c  de  ronds  que  Ton  appelle  cartilagineux, 
Ôc  d'autres  déliez  &  membraneux  qui  couvrent 
extérieurement  les  os. 

Il  y  en  a  de  plufieurs  figures ,  les  uns  font  lar- 
ges, que  Ton  appelle  membraneux  ,  &c  les  autres  j-L^ç^j 
font  ronds,  que  Ton  nomme  nerveux  j  ces  noms 
ne  leur  font  donnez  que  par  la  reflTemblance 
qu'ils  ont  avec  des  membranes  ou  des  nerfs  ,  ôc 
non  pas  parce  que  le  ligament  eft  effectivement 
membraneux  ou  nerveux. 

Le  feul  &  véritable  ulage  que  Ton  donne  aux   ufage  cet 
ligamens,  eft  de  lier  ,   comme  feroit  une  corde,  Uiaiiicns. 
les  parties  du  corps  ,  Se  principalement  les  os . 
qu'ils  confervent  joints  &c  unis  enfemble  ,    afin 
qu'ils  ne  puiftent  fortir  de  leur  place. 

Te  finis  cetteDémonftration  en  vous  difant  deux    ^ 

r      I     r  -1         1     TT         /-  Comn-cnt 

mots  iur  la  tormation  du  cal  :  Vous  Içavez  que  letaukcii 

l'on  appelle  caljCe  nœud  qui  joint  un  os  fracturé: 
il  fe  fait  de  cette  manière.  Le  lue  qui  nourrit  les 
os  coulant  le  long  des  fibres  olfcuies,  fuinte  par 
l'endroit  où  ces  fibres  fe  trouvent  rompues, &  ve- 
nant à-r'arrtter  &  à  r'amaller  autour  des  extrémi- 
tez  de  Tos  fraéluré  ;  il  s'y  delleche  ,  &  les  unit 
çoiTïmc  Cl  c'étoit  de  la  colle  forte  ,  de  manière 


2  8  Des  Os  en  gêner d. 

qu'il  ii*y  refte  pins  qu'une  petite  inégalité  à  l'en- 

dioit  où  le  cal  s'cfl  formé. 

Voilà  ,  Mclîîeuis  ,  ce  que  j'avoîs  à  vous  dé- 
montrer aujourd'hui  :  demain  nous  entrerons 
dans  le  détail  de  tous  les  os  ,  en  commençant 
par  ceux  de  la  tcte. 


iir 


P'^S^ 


2^ 


*    *    *      t  *    *     M      f  *    *    *    *       »  *    *    *    k^ 


I 


*       *   *    jfc    *    * 


DE    LA    TESTE 

EN     GENERAL. 


DES     OS 

DU    CRANE. 

/  /  /.    Déjnonfiration» 

OuR  faire  avec  ordre  le  détail  des  Os, 

comme  je  vous  1  ai  promis.  Meilleurs, 

il  faut  diviferle  fquelete,  en  telle  ,  eu 

tronc ,  <k.  en  extremitez. 

Quoique  les  Auteurs  ne  conviennent  pas  entre-  ^^^^  ^°^~ 
^^       ^        ,,  •     j     r       1  j    •  menccrpar 

eux  par  quelle  partie  du  Iquelete  on  doive  com-  la  [«;c. 

inencer. pourvu  qu'on  les  connoilTè  toutes,ncan- 

moins  je  fuis  perfuadé  que  l'on  doit  commencer 

par  la  tête  ,  parce  qu'elle  fe  prefence  la  première, 

&  qu'elle  cft  la  partie  la  plus  noble  &  la  plus  con- 

Iiderable  ducoipï. 

Te  ne  prétens  pas  ici  faire  l'élooe  du  cerveau  ,    /"'"^'•'^'^ 

nous  vous  en  entretiendrons  dans  le  cours  de  nos  delà  cêcc. 

Demonftrations  Anacomiques;)e  veux  (euleraenc 

vous  faire  obferverque  les  os  qui  forment  la  tête 

ne  font  pas  de  h  petite  confequcnce  au  cerveau, 

qu'il  n'en  tire  des  urilitez  ccuiûderables ,  puilque 


$o  De  la  tête  en  gênerai, 

ce  font  eux  qui  lui  forment  un  domicile,  Se  qui 
lui  fervent  de  rempart  contre  toutes  les  injures 
externes. 
Définition  Jslous  entendons  par  ce  mot  de  tête  tout  ce  qui 
elt  depuis  le  vertex  julqu  a  la  première  vertèbre 
du  cou,  y  comprenlint  le  crâne  &  la  (àce.fJlppo- 
crate  la  coniîdere  comme  le  domicile  du  cerveau, 
&  la  définit  une  partie  ofleufe  compofée  de  deux 
tables  entre-tiffuës  du  diploé,  couverte  par  de- 
hors du  pericrane,  &  garnie  par  dedans  de  la  du- 
re-mère. 
Subftancc  Vous  remarquerez  que  la  fubftance  de  la  tcte 
dclâteic.  g^  toute  olTeufe  ,  en  quoi  elle  diffère  de  la  poi- 
trine &  du  bas-ventre,l'un  étant  tout-àfait  char- 
nu, 6c  l'autre  en  partie  olfeufe  oc  en  partie  char- 
nue .  Cette  fubftance  toute  folide  lui  eft  d'un 
grand  fecours  ,  non  feulement  pour  contenir  le 
cerveau  qui  a  befoin  d'être  enfermé  dans  une 
boe'te  auffi  forte  ,  mais  encore  pour  le  défendre 
contre  tout  ce  qui  pourroit  lui  nuire, 
Sîtuatioo  La  tête  eft  la  partie  la  plus  é.ninente  du  corps; 
la  raifon  que  plufîeurs  Auteurs  donnent  de  fa  fi- 
tuation,  nemeparoît  pas  la  véritable:  Ils  dilcnc 
que  c'eft  à  caufc  des  yeux  qui  y  font  placez,&  que 
leur  aétion  étant  de  voir  &c  de  découvrir  toutes 
chofes,il  faloit  qu'ils  fulfent  au  plus  haut  lieu  du 
corps:mais  la  meilleure  raifon  eft,  que  le  cerveau 
ayâtà  envoyer  le  fuc  animal  par  les  nerfs  à  toutes 
les  parties  du  corps  pour  le  mouvement  &  le  fen- 
timent,il  ne  pouvoit  ie  faire  plus  aifcment  que  de 
haut  en  bas ,  l'inapulfion  en  étant  plus  facile  de 
cette  manière  que  de  bas  en  haut  ,  étant  d'une 
fubftance  auffi  molle  qu'il  eft.  On  peut  ici  com- 
parer le  cerveau  à  un  refervoirqui  fournit  de  l'eau 
à  plufieu.rs  fontainesjil  eft  toujours  placé  au  plus 


///.    Vémorjjlratmu  31 

haut  îieii  du  jardin  ,  arin  d'en  pouvoir  envoyer 
plus  commodément  :  ce  qu'il  ne  pourroit  faire, 
s'il  e'toit  fitué  pins  bas  que  les  fontaines. 

La  grandeur  de  la  tefle  doit  être  proportionc'e  -^^      j^_ 
à  celle  du  cerveau,  puifqu'elle  eft  faite  pour  lui:  dcur  de  le 
Il  y  en  a  de  groflès   &  de  petites,  &  les  unes  &  ""'^' 
les  autres  marquent  également  un  vice  de  con- 
formation.Les  grodès  font  fu jettes  à  une  infinité 
de  fluxions  &  d'incommoditez  .    &  les  petites 
tendent  beaucoup  à  la  folie  ,   le  cerveau  étant 
î^éné  dans  Tes  fonctions  ;  néanmoins  ileft  à  fou- 
iiairer  que  la  tête  pèche  plutôt  en  grofleur  qu'en 
petited'e  \   car  l'on  remarque  que  ceux  qui  l'ont 
groflè  ,  ont  beaucoup  plus  d'efprit  quç  ceux  qui 
l'ont  petite. 

La  figure  naturelle  de  la  tefte  eft  ronde,&  un-  Ygatz  de 
peu  applatie  par  les  cotez,  tant  pour  mieux  con^  la  tdtc. 
tenir  le  cerveau  que  pour  en  faciliter  le  mouve- 
ment: Elle  eft  oblongue  dans  fa  partie  anteridlte 
&  dans  fa  pofterieure  ,  pour  lailfer  un  grand  ef- 
pace  au  cerveau  ,  &  au  cervelet.  Si  elle  n'étoit 
pas  platte  par  les  côtez,&  qu'elle  fut  abfolumént 
ronde  ,  les  tempes  auroicnt  été  trop  avancées, 
&  elle  n'auroit  pas  été  fi  bien  dans  l'équilibre 
qu'elle  y  eft. 

Il  y  a  des  teftes  qui  font  de  figure  dépravée  & 
non  naturelle  j  aux  unes  la  tuberofité  ou  êmi- 
nencc  antérieure  manque,  aux  autres  c'eft  la 
pofterieurc ,  &  à  d'autres  Tune  &  l'autre  ne  s^y 
trouvent  point.  Ceux  qui  ont  le  malheur  de  l'a- 
voir d'une  figure  pointué,comme  wn  pain  de  fu- 
crc  ,  n'ont  pas  le  cerveau  trop  bien  réglé  dans 
Tes  fonârions. 

Les  afages  delà  tefte  font  ccnfidcrableSjCar  en 


5  2  De  la  Tcjte  en ghieraL 

Ufsgcâe  rre  Tes  parriculierSjCjui  font  de  concenir  &  de  de-  ' 
fendre  le  cerveau  ,  elle  a  encore  l'ufagc  commun 
de  cous  les  os  ,  qui    eft  de  fervir  d'attache  à  plu- 
fîeurs  mufclcs, 
htlte!  ^^  ^^^^ ^^ divife  en  deux  parcies.donc  l'une  eft 

couverte  de  cheveux  ,  que  l'on  appelle  le  crâne, 

6  l'autre  eft  ians  cheveux ,  que  l'on  nomme  la 
face. 

Les  os  qui  compofcnt  ces  deux  parties  font  en 
aflez  grand  nombre  &  allez  confiderables  ,  pour 
nous  occuper  pendant  deux  Démonftrationsx'eft 
pourquoi  nous  commenccronspar  ceux  du  crâne. 
ôc  nous  fiiiironspar  ceux  de  la  face. 

u  ranc.  j^^  cranc  eft  l'allemblage  des  os  qui  contiennent 
le  cej*vcau  &  le  cervelet  :  il  fe  divife  en  deux  ta-^ 
bles,qui  font  comme  deux  lames  appliquées  l'une 
fur  l'aurrc,entre  lefquelks  il  y  a  le  diploé,  qui  eft 
une  fubftance  moëîleufe  ,  laquelle  eft  pleiâie  de 
cellules  de  différence  grandeur,qui  reçoivent  leurs 
arcerioles  du  cerveau  ,  &  qui  donnent  ilTuë  à  des 
vénules  qui  vont  ie  rendre  dans  les  finus  de  la  du- 
re-mcre.C'eft  entre  ces  deux  tables  que  fe  porte  le 
fang  qui  nourrit  le  crâne  ,  ou  il  circule  comme 
partout  ailleurs  ;  &  c'eft  ce  même  fang  que  l'on 
voit  fortir  dans  l'Opération  du  trépan  ,  lorlque 
l'on  a  coupé  la  première  table  de  l'os. 

Lcdchors  La  fuperficie  externe  (Se  fuperieure  du  crâne  eft 
unie  ôc  polie ,  mais  l'inférieure  eft  fort  raboteule, 
&  încç;ale  ,  à  caufe  des  diverfes  pioduâiions  &C 
appendices  qui  s'y  rencontrent. 

Le  dedans       Sa  fupcrficie  interne  &  fuperieure  eft  pareil - 

ducranc.     Jument  unie  &  égale  ,  à  la  referve  de  quelqucs" 

canelures  qui  y  font  faites  par  les  vaiileaux  qui 

rampent  fur  la  dure-mere,  lorfque  ,  le  crâne  eft 

encore 


///.    Démonflratîon,  35 

encore  mou  &:  cartilagineux  5  mais  il  a  fa  fuper- 
ficie  interne  de  inférieure  inégale  ,  à  caufe  des 
produdions  &  des  cavitez  qui  s'y  trouvent. 

Le  crâne  a  plufîeurs  trous  qui  font  de  diférente  Trouida 
grandeur^ils  donnent  palfage  à  la  moelle  de  l'épi-  "^""'• 
ne,  aux  nerfs,aux  artères  &  aux  veines  qui  rem- 
pHlfent  ces  trous  ;  &  qui  les  bouchent  fi  exadte- 
ment,  qu'il  n'y  a  ni  vapeurs,  ni  fumées  qui  puif- 
fent  y  entrer  ni  en  foriir ,  fi  ce  n'eft  par  les  vaif- 
fcaux.  Nous  ferons  voir  tous  ces  trous  en  dé- 
montrant chaque  os  en  fon  particulier. 

Dans  le  doute  où  l'on  eft  de  fçavoir  fi  c'eft  le  ^^  '^^  J^- 

.    ,  ,  ,  *  r    ,   a  cerveau  qui 

crâne  qui  donne  la  grandeur  anK:erveau,ou  li  c  eit  fait  la 
le  cerveau  qui  fait  celle  du  crane,il  eft  aifé  de  con-  ^"j"*^^.''"^ 
dure  que  la  grandeur  du  crâne  dépend  de  celle 
du  cerveau  ,  pour  deux  raifons  :  la  première  eft 
que  la  matière  qui  environne  le  cerveau  ,  &  qui 
doit  former  le  crane,s'étend  plus  ou  moins^quc  le 
cerveau  eft  plus  ou  moins  grandj&  la  féconde  eft 
que  le  crâne  n'eft  formé  qu'après  le  cerveau  ;  ce 
qui  eft  fi  vrai  que  nous  voyons  dans  l'enfant  qui 
vient  de  naître, que  le  cerveau  eft  dans  fa  perfec- 
tion, lorfque  le  crâne  n'eft  encore  que  cartilagi- 
neux &  à  demi  oiTeux  aux  endroits  des  futures  , 
&  en  la  région  moyenne  &  fuperieurc  de  la  têre, 
que  l'on  apelle  la  fontaine  ,  laquelle  ne  s'ofîîfie 
que  quelques  années  après:  De  là  vient  que  dans 
les  accouchemens  ces  os  n'étans  pas  encore  durs, 
ils  prêtent  &  cèdent  un  peu  à  la  compreffion , 
pour  aider  à  la  fortie  de  l'enfant. 

Cependant  les  Modernes  font  encore  partagez 
là-deftus.  Il  y  en  a  qui  orétendent  que  la  nature 
formant  en  même  tems  toutes  le$  parties  d'un 
corps,  on  ne  peut  décider  certainement  h  c'eft  le 
cerveau  ou  le  crâne  qui  fe  communiquent  leur 

C 


34  De  la  Tête  en  gênerai, 

figure  l'un  à  l'autre  ,  puifqu'elle  dépend  fouvcnt 
des  mouvemens  qui  arrivent  dans  la  formation 
du  fetusjfoit  naturellement  ou  par  accident. 
Lcjoj  du      Le  crâne  eft  compofé  de  plufieursos,diflingués 

£ranc.  pjjj.  jç^  jointures  ,  que  l'on  apclle  futures. 

Dejfuturej  Après  avoir  donné  la  définition  des  futures,& 
de  quelques-unes  de  les  efpeces  ,  en  parlant  de  la 
ilnartrofe  .,j>age  doHzJàme  ;  il  fuM(  de  les  divifer 
ici  en  propres  &  en  communes.  Les  propres  font 
celles  qui  fervent  à  divifer  les  feuls  os  du  crâne: 
elles  font  vraycs  ou  faudes. 
Sutures        Les  vrayes  font  celles  qui  s'uniflent  en  manière 

^  ^"*  de  dents  de  fcie.  Il  faut  remarquer  qu1l  y  a  de 
petites  pièces  d'os  qui  entrent  les  unes  dans  les 
autres,lefquelles  ne  font  pas  pointues  comme  les 
dents  de  fcie,mais  faites  comme  des  queues  d'hi- 
rondelle :  ce  qui  enchart'e  les  unes  dans  les  au- 
tres ,  &  empécke-qu^ellcs  ne  puillént  s'écarter  & 
fe  feparer.Ellcs  font  trois,la  coronale  ,  la  lamb- 
doide  ,  &  la  fagictale. 
4  La  coronale  eft  celle  du  devant  de  la  tctejellc 

Suture  co-  eft  ainfi  nommée.ou  parce  qu'elle  eft  à  l'endroit 

KOOalc.  \    1,  r   '     \  1  • 

ou  1  ©n  portoit  autrerois  les  couronnes,  ou  bierï 

parce   qu'elle  a  la  figure  circulaire  ;  elle  s'étend 

depuis  un  tempe  jufqu'à  l'autre  ,  &  joint  l'os  du 

front  avec  les  deux  pariétaux.    - 

B  La  lambdoïde  eft  ainfi  apellée  j  parce  qu'elle 

i,^k7")    eft  faite  comme  un  A  ^vec  j  elle  eft  opofce  à  la 

précédente  -,  elle  unit  1  os  occipital  avec  les  deux 

pariétaux  par  leur  partie  pofterieure. 

C  La  fagîttale  eft  ainfi  nommée,parce  qu'elle  eft 

Suture  fa  droite  cotnmeune  fléche,quel'on  nomme  en  La- 

nnfaqttt a. hWe  eft  placée  a  la  partie  iuperieure  de 

la  tèce.  Elle  va  de  la  coronale  jufqu'à  lalambdoi- 

.     de,ôc  joint  les  deux  pariétaux  par  leurs  parties  fu- 


///.  DémonftrAtlon,  3  y 

peneures.Cecte  future  dceend  quelquefois  jufqu'à 
la  racine  du  nez  ,  &  alors  elle  divifc  l'os  frontal 
en  deux  :  ce  qu'elle  fait  aulli  en  quelques  fujecs 
à  l'os  occipital. Ces  trois  futures  font  quelquefois 
fi  bien  unies  à  des  crânes  de  vieillards ,  qu'ils  pa- 
roiflent  n'être  faits  que  d'une  feule  pièce. 

Les  futures  faulTes  font  celles  qui  fe  joignent     suturci 
en  forme  d'écaillés  de   pollfon  5  c'cft  pour  cela  fauiFcs. 
qu'on  les  apelle  écailleufes   ou    fquammeufcs: 
Elles  font  deux  ,  une  de  chaque  côté  ;  elles  joig-     Sgtufct 
nent  les  parties  fuperieures  &  les  plus  minces  des  fquammca* 
os  petreux  avec  les  pariétaux. 

On  apelle  futures  comrMines  celles  qui  fepa- 
rent  les  os  du  crâne  d'avec  ceux  de  la  face  :  Elles 
font  quatreja  tranfverfalcjl'etmoidale ,  la  fphe- 
noidale  ,  Sclazigomatique. 

La  tranfverfale  cft  ainli  nommée,  parce  qu'el-        % 

le  traverfe  la  face  d'un  côté  à  l'autre  ,  elle  com-     ^""^""^^ 

j  .  1       1    1.    M     o        ,T       rrailvcrla* 

mence  a  un  des  petits  angles  de  l  œil ,  &  palianc  iç, 

par  le  fond  des  orbites  &  par  la  racine  du  nez, 

elle  va  finir  à  l'autre  petit  angle  .^  c'eft  elle  qui 

fepare  l'os  coronal  d'avec  ceux  de;  la  face. 

L'Etmoidale  prend  fon  nom  dfj  ce  qu'elle  tour-       F 
ne  tout  autour  de  l'os  Etmoide  j  c'eft  elle  qui  le  ^Q-jaic^^* 
fepare  des  os  qui  le  touchent. 

La  fphenoïdalc  eft  ainfi  app'£llée,parce  qu'elle       G 
environne  tout  l'os  fphenoide  ;  elle  le  fepare  de  fph"^o[jâ- 
l'ûs  coronal  ,  des  os  petreux,  &  de  l'occipital.    .  le. 

La  Zigomatique  fe  nomms  aînfi,parce  qu'elle 
cft  toute  dans  le  Zigoma  -,  dlc  eft  fort  petite  ,  ôi  gy-me  ni- 
elle fepare  l'os  petreux  paj:  ion  apophife  d'avec  goai.-ciq^c 
l'os  de  la  pomette.Ces  fuci.ircs  ne  font  pas  il  apa- 
rentes  que  les  premières  ,  car  il  les  faut  regarder 
de  prés  pour  voir  les  petites  pièces  d'os  qui  en» 
trent  dans  les  efpaces  des  unes  Se  des  autres. 

C    ij 


3  5  De  U  Tète  en  gênerai. 

Ufages       Les  ufages  des  futures  fe  rcduifent  à  trois  prin- 

deslucuics.  çjp^yx  .   le  premier  de  donner  atache  à  plu/îeurs 

petits  filets  ligamenteux  qui  fufpendent  la  dure- 

mcre;  le  fécond  de  permettre  le  palïage  aux  vaif- 

feaux  qui  entrent  &  qui  fortent  du  diploé,  &:  le 

troifiéme  d'aider  à  la  tranfpiration  :  car  il  n'y  a 

pas  apparence  de  croire  que  ces  futures  ayent  été 

Faites  pour  empêcher  que  la  fradlure  d'un  des  os 

du  crâne  ne   pafsât  à  un  autre  :  Il  eft  bien  vrai 

qu'elles  le  font;  mais  que  c'ait  été  le  dellein  de  la 

nature  en  les  faifant ,  cela  ne  fe  peut  pas  foûtenir, 

non  plus  que  de  dire  que  les  epiphifes  ayenc  été 

faites  pour  empêcher  que   les  fradlures  des  os 

n'allallent  jufqucs  dans  les  articles. 

Obrcrvâ-     On  a  obfervé  que  ceux  qui  ont  les  futures  des 

tion  fur  les  q^  J^  ^rane  trop  fcrrées.font  fuiets  à  des  douleurs 

futurcstrop   .      a      .    r         ^  li  i  r  •      • 

ferrées.       de  tête  niluportables  -,  parce  que  la  tranlpiration 

ne  fe  peut  pas  faire.  C'cft  ce  que  j'ai  remarqué  à 
Monfieur  Rainlfant  Médecin  &  Garde  des  Mé- 
dailles du  Roi  ;  il  avoit  les  os  du  crâne  tellement 
unis,  que  les  futures  en  étoient  éfacécs  ,  de  ma- 
niere,qu'une  fevolité  acre  ne  pouvant  tranfpîrer, 
elle  avoit  rongé  le  crâne  en  fept  ou  huit  endroits 
du  coronal  &:  des  pariétaux  pour  fe  faire  jour  & 
fortir  au  dehors  ;  ce  qui  lui  caufoir  de  tems  en 
cems  des  douleurs;  de  tète  très  cruelles,  &  l'obli- 
geoit  de  prendre  fouvent  de  l'opium  qu'il  portoic 
continuellement  fur  lui  ;  c'eft  aufïï  ce  qui  fut 
caufe  de  fa  mort;  cir  fe  promenant  dans  les  Jar- 
dins de  Verfailles  ,  ayant  voulu  prendre  un  peu 
d'eau  pour  délaier  de  fon  opium  ,  il  tomba  dans 
le  baflin  où  il  fe  noia. 
Aurrcob-  J'^i  ai<^é  à  faire  les  ouvertures  des  corps  de  trois 
fcryation.  enfans  du  Roi,  Içavoir  de  deux  Ducs  d'AnjOu,&: 
de  Madame  de  France  ;  le  premier  mort  âgé  de 


1 1 1,  Démonflratlon,  37 

trois  ans  ,  le  fécond  mort  âgé  de  fept  mois ,  & 
Madame  morce  âgée  de  quatre  ans. On  leur  trou- 
va les  TiKures  du  crâne  tellement  ferrées  qu'il  ne 
fe  pouvoir  faire  aucune  tranfplration.  Tous  les 
Médecins  &c  les  Chirurgiens  prefens  à  ces  ouver- 
tures, convinrent  que  cette  difpofition  naturelle 
àts  futures  avoit  été  la  caufe  première  de  leur 
mort. 

Les  os  du  cranc  font  propres.ou  communsrles     ^"*^  ®* 
r         .   r  r     r      '  ^  auaanc. 

propres  (ont  amli  nommez  ,  parce  qa  ils  ne  ler- 

vent  qu'au  crâne  :  ils  font  lixjçavoir  le  coronal, 
l'occipitaljesdeux  pariétaux,  6l  les  deux  tempo- 
raux. Les  communs  font  ceux  qui  fervent  au 
crâne  &  à  la  face  :  Ils  font  deux,  fçavoir  le  fphe- 
noide  &  l'Ermoide.Tous  ces  os  feront  le  fujet  de 
la  Démonftration  d'au)ourd'hui,aprés  vous  avoir 
fait  remarquer  que  tous  les  crânes  ne  font  pas 
également  épais  en  toutes  leurs  parties,  &  dans 
tous  les  fujets  :  c'eft  à  quoi  le  Chirurgien  doit 
principalem.ent  s'attacher  ,  de  peur  qu'il  ne  fe 
trompe  dans  les  trépans  &  dans  les  autres  Ope- 
rations  qu'il  doit  faire  à  la  tête  :  car  il  y  a  des 
perfonncs  dans  lefquclles  le  rrane  n'eft  épais  que 
d'un  écu  ;  &  d'autres  où  il  l'eft  de  deux  &  de 
trois,&même  vous  verrez  que  les  fix  os  du  cra^ 
ne  font  tous  de  différente  épailVeur. 

Le  premier  de  ces  Os  eft  le  coronal ,  ou  fron-  ^ 
tal,il  eft  le  plus  dur  des  os  de  la  tête  après  l'oc-  tonal, 
cipital  ,  fa  figure  efl  demi  circulaire,  particuliè- 
rement en  fa  partie  fuperieure  &  latérale  ;  il  efl 
uni  par  dehors,&  inégal  au  dedans;il  eft  iîtué  ea 
la  partie  fuperieure  de  la  face  ;  &  antérieure  da 
crâne  ,  d'où  il  forme  le  front  \  ce  qui  lui  a  fait 
donner  le  nom  de  frontal. 

Cet  os  eft  borné  en  haut  par  la  future  coronale,     Circoal- 

C    iij 


3  S  De  la  Tète  en  gênerai. 

cription  de  ^  en  bas  par  la  tranfveiTalei  la  première  la  joint 
naf.  ^^"^  "    ^^^  ^^  pariétaux  &  aux  pctreux,&  la  féconde  aux 
os  du  nezj&  à  ceux  de  la  pomette.Il  y  a  encore  la 
future  fphenoidale,  qui  le  joint  à  Tos  fphenoide. 
Parties  de       ^^^  parties  de  cet  os  font  folides  ou  caves  :  les 
Tes  euro-    folides  font  quatre  apophifes,  dont  il  y  en  a  deux 
****•  aux  grands  angles  des  ycux,&;  deux  aux  pe:its,qui 

fervent  à  former  les  cavitez  des  orbites:  Les  par- 
ties caves  font  de  trois  fortes ,  trous,foflcs,  &c  il- 
nus.Les  trous  du  coronal  iont  au  nombre  de  trois: 
deux  externes  qu'on  apelle  furciliersjparce  qu'ils 
font  placez  à  l'endroit  des  fourcils  i  ils  laifTent 
pader  une  branche  de  la  cinquième  paire, qui  fc 
diihibucdans  les  deux  mufcles  frontaux  ,  &  au 
releveur  propre  de  la  paupière  fuperieure.Letroi- 
lîéme  trou  du  coronal  eft  interne  ,  &  litué  audef- 
fus  du  Crifta  galli  :  On  l'apcUe  borgne  ,  à  caufe 
qu'il  n'a  point  d'iiru'èic'eft  dans  ce  trou  que  s'ata- 
che  la  racine  du  fmus  droit  de  la  dure-mere,  qui 
fait  un  petit  repli;qui  s'y  enfonce  en  le  bouchant. 
Les  folles  du  coronal  font  quatre,fçavoir  deux 
externes  qui  font  la  partie  fuperieure  de  chaque 
orbite  ;  &  deux  internes,  qui  forment  les  petites 
cavitez  antérieures  du  crâne  ,  &  fervent  à  loger 
un  grande  portion  du  cerveau  avec  les  deux  apo- 
phifes mammillaiies. 

Les  finus  du  coronal  font  deux  apellez,  furcî- 
liers  parce  qu'ils  font  placez  à  la  partie  inférieure 
decet  os  proche  les  fourciis.Onadonné  plufîeurs 
ufages  à  ces  finus  j  les  uns  difent  qu'ils  fervent  à 
la  voix  ,  d'autres  veulent  qu'ils  contiennent  un 
air  qui  fert  de  véhicule  aux  odeurs,  d'autres  qu'ils 
fervent  de  rcfervoir  tant  aux  humeurs  aqueufes 
qui  forment  les  larmes  ,  qu'à  une  humeur  mocU 
ieufe,qui  ruid  l'ail  gUildui: ,  d'autres  qu'ils  font 


///.  Démonflratlon,  39 

les  magaiîns  d'une  humeur  mucilagineufe  ,  qui 
eft  proprement  la  morve  qui  découle  par  le  nez; 
&.  enhn  d'autres  ,  qu'ils  ne  lont  faits  que  pour 
rendre  cet  os  plus  léger. 

Mais  quelques  ufages  que  l'on  donne  à  ces  fî-  cc  qui  for- 
nus  j  je  ne  fçaurois  croire  que  la  Itruélure  méca-  me^^csdcm 
nique  de  l'os  coronai  n'ait  plus  de  part   à  leur    "'*** 
formation  ,  qu'aucune  de  ces  utilitcz  :  car   fi  orv 
le  remarque  bien,  on  verra  qu'ils  font  faits  par 
l'éloignement  des  deux  tables  du  coronai  ;  dont 
l'externe  s'avance  en  dehors  pour  former  le  four- 
cil  fuperieur  de  l'orbite  ,  &  l'interne  fe  retire  en 
dedans  pour  faire  la  rondeur  des  cavitez  anté- 
rieures du  crâne  ,  autrement  il  y  auroit  un  angle 
qui  incommoderoit  le  cerveau  :  C'eil:  ce  qui  me 
perfuade  que  ces  iînus  pourroicnt  bien  avoir  l'u- 
lige  que  je  leur  attribue.    Mais  cela  ne  doit  pas 
empêcher  qu'on  ne  les  regarde  comme  deux  four- 
ces  qui  fourniircnc  allez  abondamment  des  hu- 
midirez  au  nez,caril  eft  d'expérience  que  ces  ca- 
vitez iinueufes  font  par  tout  revêtues  de  la  mem- 
brane qui  lapilïe  le  nez  j  &  comme  elle  eft  gian- 
duleufe  ,  on  peut  croire  que  ces  petites  glandes 
doivent  filtrer  une  limphc  qui  s'épailîlt  bien-tôr^ 
à  caufe  de  l'air  de  la  refpiration  qui  entre  par  les 
ouvertures  des  linus.  Pour  les  cinq  ou  lix  autres 
ufages  que  leur  ont  donné  les  anciens ,  ils  font 
imaginaires. 

Le  fécond  des  os  du  crâne  eft  l'occipitaljqui  eft        lL 
opofé  à  l'os  coronai:  C'eft  le  plus  dur  de  tous  les    .^'?*  °***^ 
os  du  crâne.   La  railon  que  les  auteurs  en  don- 
nent,eftque  n'y  ayant  point  d'yeux  au  derrière  de 
la  tête,la  nature  l'a  fait  plus  fort  ,  ahn  qu'il  reft- 
ftât  mieux  aux  coups  qu'il  pourroit  recevoir. 

Cet  os  eft  moins  grand  que  le  précèdent  j  il  eft  figure  de 

C  iiij 


4©  De  la  Tête  en  général. 

l'os  occipi-  d'une  figure  oblongue  ;  aprochanre  de  celle  d'un 
turbot,ayant  cinq  côrcz  ou  deux  lignescirculaiies 
qui  fe  terminent  en  pointe,il  eft  liruc  à  la  partie 
pofterieure  de  la  tête  ,  qu'il  occupe  toute  ;  il  ell 
borné  par  la  luture  lambdoide,&  par  la  Iphenoi- 
d^ale  ,  l'une  le  joint  aux  pariétaux  ,  l'autre  l'atta- 
che à  l'os  fphenoide. 
Parties  de      L^g  parties  de  cet  os  font  folides  ou  caves;  les 
tal)     '       folides  font  deux  apophifes  ,  apellées  coronées, 
qui  font  reçues  dans  les  cavitez  glenoides  de  la 
première  vertèbre  ;  elles  joignent  la  tête  avec  l'é- 
pine par  artrodie  :  Les  parties  caves  font  de  deux 
fortes  ,  ou  trous  ou  folfes. 

Trous  de      Lcstrous  font  ou  communs  ou  propres  :  les 
J  os  occipi-  ri  j      1  •    '  1 

tal.  communs  lont  deux,  un  de  chaque  cote  avec  les 

os  petreux,  ils  donnent  pallage  aux  nerfs  vagues 
&  aux  vénes  jugulaires  internes.Les  propres  font 
cinq,lc  prcmieieft  impair,&  fort  grand  :  c'eftlui 
qui  donne  pafiage  à  la  moelle  de  l  épine,&:  laifle 
entrer  les  artères  vertébrales  qui  coulent  dans  une 
petite  échancrure  quitft  derrière  les  condiles  de 
l'occipital  ,  en  perçant  la  dure- mère.  Les  deux 
autres  donnent  pallage  à  la  neuvième  paire  des 
nerfs  du  cerveau  ,  qui  va  fe  diflribuer  toute  en- 
tière à  la  langue.  Les  deux  derniers  lailfent  fortir 
les  vénes  vertebialcs  ,  qu'on  apellc  autrement 
cervicales  ,  à  caufe  de  la  nuque. 
PcfTe»  de  L'occipital  a  quatre  folles  ,  deux  en  bas  qui 
occipua  .  ç^^_^^  1^^  ^j^^^  gi-andesjkrquelles  fervent  à  loger  le 
cervelet;  &  deux  fuperieures  plus  petites, pour 
contenir  les  lobes  pofteiieurs  du  cerveau,qui  font 
feparez  du  cervelet  par  une  cloifon  tranfverfale 
que  forme  la  dure  mere,&  qui  eft  fortement  ten- 
due J  pour  empêcher  que  le  cervelet  ne  (oit  com- 
prime j  ce  qui  poarroit  interrompre  le  cours  des 
e/]:.rit5  animaux. 


///.  DémonflrAtion',  41 

Le  troinéme  &  quatrième  des  os  qui  compofent      MVÎ 

kr  y  •  •     (-  I  Les  os  pât* 

ciane,  lont  les  pariétaux,  ainli  nommes,  parce  rieca^x. 

qu'ils  forment  les  parois  de  la  tète:  Ils  font  d'une 

fubftance  plus  déliée  ,  plus  mince ,  moins  dure 

que  ceux  que  je  viens  de  vous  faire  voir. 

La  figure  des  pariétaux  eft  quanée,leur  gran-  Figure  des 
deur  furpalle  celle  des  autres  os  de  la  tête  :  leur  -"-'•*"*• 
Situation  eft  aux  parties  larerales  qu'ils  occupent 
toutes  ,  la  future  fagitale  les  joint  enfemble  par 
leur  partie  fuperieure  ;  la  coronale  les  unit  par 
leur  partie  antérieure  à  l'os  du  frmit  ;  la  lambdoi- 
de  les  joint  par  leur  partie  pofterieureà  l'os  occi- 
pital ;  &  enfin  la  future  fquammeufe  les  unit  par 
leur  partie  inférieure  aux  os  petreux.  Ces  os  ont 
leur  fiiperficie  externe  fort  polie  5  mais  l'interne 
eft  inégale, à  caufe  des  imprefîions  qui  reprefen- 
tenCjledcIîus  de  la  feuille  du  fi<^uier,&  qui  ont  été 
faites  par  un  rameau  de  la  caiotide  externe  ,  qui 
forme  un  feuillacze  fur  ladure-meie.en  couvrant 
tour  ce  qui  répond  au  pariétal. 

Chaque  parierai  eft  percé  d'un  petit  trou  pro-    Trous  des 
che  de  la  (ucure  fagittale  par  où  pallent  des  ra-    ^'^'^^'^"^* 
mcaux  qui  iont  des  branches  de  la  jugulaire  ex- 
terne ,  pour  reprendre  le  fupcrflu  du  fang  qui  n'a 
pu  être  employé  à  la  nourriture d^s  tegamens,&: 
le  veifer  dans  le  finus longitudinal  de  la  dure-me- 
re.Sur  quoi  l'on  doit  remarquer  que  tous  les  vaif- 
féaux  qui  s'ouvrent  dans  le  grand  Imus  droit  de 
la  dure-mere  qui  eft  le  fuperîeur  ,  ont  une  direc- 
tion contraire  au  courant  de  la  liqueur  ,  car  ils 
s'ouvrent  du  derrière  au  devant  dans  l'homme, 
ce  qui  ne  fe  trouve  pas  de  même  dans  les  ani- 
maux.   Cette  infertion  eft  d'une  grande  impor- 
tancejpuifqu'elle  fcrt  à  ralentir  le  cours  trop  ra- 
pide du  iaag  qui  ne  va  que  trop  vite  dans  le  iinus 


trcux 


41  De  la  tête  en  général. 

à   caufe  de  la  pente  du  devant  au  derrière  ,  les 
hommes  étant  dans  une  fituation  droite. 
NM  Le  cinquième  &  le  lixîéme  des  os  du  crâne, 

rcux*^*^^'  ^"-'"'-  ^""^  ^^^  tempesjque  l'on  apelle  ainfî  a,  tem- 
foribmi^  caufe  qu'ils  inontrcnt  l'âge  de  l'homme, 
6c  que  les  cheveux  qui  font  (ur  cestempes,blan- 
chiflTcnt  les  premiers  ;  leur  partie  fuperieure  eft 
apelléc  fquammeufe,  ou  écailieufe,  parce  qu'elle 
cil  fore  minccj  &  leur  inférieure  eft  nommée  pe- 
treufc  ou  pierreule  ,  à  caufe  qu'elle  eft  fort  dure. 
Gran  ^e.  r     Ce  font  les  plus  petits  des  os  propres  du  crâne, 
de-  "Tpc-  "^  pour  bien  remarquer  leur  figure,  il  faut  les  di- 
ire_x.         vifer  en  partie  fuperieure  ,  qui  eft  demi-circulai- 
re, (3c  en  partie  înftrrieuie,  qui  rellemble  à  un  ro- 
cher :  ils  font  fitiiez  aux  parties  latérales  &  infé- 
rieures de  la  tête,  &  font  bornez  en  haut  par  une 
future  qu'on  apelle  faullc,  c]uoi  qu'elle  ne  le  foit 
pas,  &  qui  les  unit  aux  pariétaux,  par  derrière,  la 
iuture  lambdoide  les  unit  à  l'occipital  ;  &:  parde- 
vant  &  en  bas  ,  la  fphenoidale  les  joint  avec  la 
fphenoide.  Les  Ouvriers  apellent  entr'eux  une 
future  pareille  à  celle  de  l'os  des  tempes,future  à 
joints  recouverts,  à  caufe  d'un  rebord  qui  cache 
les  dcnteleiues  qui  font  en  dedans.  Quelquefois 
auffi  il  fctiouve  des  crânes  où  tout  le  bord  circu- 
laire de  la  partie  écailieufe  des  tempes  eft  dentelée 
par  dehors  ;  &  le  bord  inférieur  du  pariétal  qui 
s'y  joint  eft  aulTi  dentelé  de  même  :  Ce  qui  fait 
une  future  aparente  par  dehors ,  dans  le  niveau 
de  deux  pièces,  toute  femblable  aux  autres  futu- 
res qu'on  aptlle  vraves  ,  qui  joignent  les  princi- 
paux os  du  crâne  eniemblc.  J'ai  un  crâne  que  je 
garde  par  curiofité,  où  la  future  de  l'os  des  tem- 
pes eft  de  cette  maniere-là  ,  en  demelle  ;  ce  qui  eft 
très-rare  ,  puilque   parmi  un  grand  nombre  de 


///.  D.émonftratlon.  4J 

crânes-,  il  ne  s'en  trouve  prefqae  pas  un  où  la 
future  des  os  des  tempes  foitaînli  figurée. 

Il  y  a  plufieurs  parties  à  vous  faire  voir  à  ces  Les  émi- 
os  :  ciîes  font  éminentes  ou  caves.  Les  parties  ^^  p^^ç^" 
éininemes  des  os  petreux  font  les  apophifes  in- 
ternes ou  externes  ;  les  externes  font  deux  ,  une 
de  chaque  coté  ,  qui  eft  comme  un  gros  rocher, 
dans  lequel  font  les  cavitez  de  l'ouie ,  &  les  qua- 
tre oflelets  qui  y  fervent.Les  externes  font  trois. 
la  maftoide.ainfi  apellée ,  parce  qu'elle  relfemblc 
à  un  mammelon  ;  la  ftiloide  ,  parce  qu'elle  a  la 
figure  d'un  ft^let  ;  &  la  zigomatique  qui  s'avan- 
çant  en  dehors  ,  &  fe  joignant  à  une  éminence 
qui  eft  à  l'os  malum ,  forme  le  zigoma. 

Les  parties  creufes  ou  caves  des  os  petreux  font 
de  trois  fortes  ,  trous ,  foifes ,  &  finus. 

Les  trous  des  os4estempes  font  au  nombre  de  '^'^^y^^  -'«^s 
cinq,lçavon"  quatre  externes  oc  un  interne  ;  Le-  pcj. 
lui  ci  eft  en  dedans  ,  ôc  s'apelle  l'auditif  interne; 
c'eft  par  où  palfe  le  nerf  auditif  qui  vient  de  la 
fepriéme  paire,&  qui  fe  divife  en  deux  branches 
ou  portions ,  l'une  molle  &  l'autre  dure.La  pre- 
mière eft  apellée  molle,  parce  que  quand  on  la 
manie  ,  elle  paroit  plus  molle  que  l'autre  ,  qui 
femble  au  toucher  &  plus  fibreufe  &  plus  ferrée. 
Le  premier  des  trous  externes  eft  l'auditif  exter- 
ne, qu'on  apelle  autrement  le  conduit  de  l'oiiie, 
parce  qu'il  porte  l'air  de  dehors  à  la  membrane 
du  tambour,  qui  en  reçoit  les  tremblemcns. 

Le  deuxième  eft  un  trou  qu'on  nomme  oblique, 
il  eft  grand  &  d'une  figure  comme  ovalaire  ,  il 
s'ouvre  obliquement  dans  le  canal  ,  ou  fmus  of- 
feux.  C'eft  lui  qui  laiffe  entrer  la  carotide  inter- 
ne. Le  troifiéme  eft  un  petit  trou  qui  fe  trouve 
au  bas  de  deux  apophifes  encre  la  maftoide  &l  U 


44  ^^  ^^  '^"'^^  en  géneraL 

ftilo!de,par  où  (on  la  portion  dure  du  nerf  audi- 
tif, hnfinle  quatrième  des  trous  externes,  c'cft 
le  canal  de  communication  ,  qui  s'ouvre  dans  la 
quailledu  tambour.Une  partie  de  l'air  que  nous 
reipirons  entre  par  ce  canal  dans  la  quaille,  fans 
en  pouvoir  (ortir  quand  il  y  eft  une  fois  entré  ,  à 
caufe  de  Tubliquite  du  conduit ,  qui  tient  lieu  de 
valvule. 

Les  folles  font  auffi  internes  ou  externe<:  ;  les 
internes  font  deux,  elles  font  les  cavitez  moyen- 
nes de  la  baie  du  cerveau:  les  externes  ,  qui  font 
anfli  deux  ,  fervent  à  articulation  de  la  mâchoi- 
re inférieure. 

Les  fnuis  lont  deux  ,  il  y  en  a  un  dans  chaque 
apophile  maftoide.  Or  croit  que  ces  (înus  parta- 
gezcn  plulîeurs  peiircs  cellules, font  deflinez  pour 
recevoir  Tair  de  la  quaifle  du  tambour,lequel  s'y 
retire  pour  faire  place  à  l'autre  qui  vient  par  l'a- 
queduc. 
Le^  os  de      Je  vous  ai  dit  que  dans  ce  rocher    qui  forme 

iouic.  Yo<^  perre.'X  ,  il  y  avoir  quatre  oildets,  dont  l'un 
eft  apellé  le  marteau,  l'autre  l'enclume,le  troifié- 
me  l'étrier,&  le  quatiieme  Toibiculaire.  On  leur 
a  donné  ces  nnm^  àcaule  de  la  rciremblance  qu'ils 
ont  avec  ces  inflruniens.Ces  os  font  auiïi  grands 
èc  aufli  durs  des  la  première  conformation,qu'ils 
le  font  pendant  route  la  vie  -,  toutefois  avec  l'âge 
ils  ne  laiflènr  pas  de  fe  foràher  toujours  de  plus 
en  Dlus,ce  qui  les  rend  pkis  durs  fur  la  fin  qu'ils 
ne  le  font  au  commencement,  étant  prefque  tous 
cartilagineux. 
. Trois ca-       H  y  a  dans  ce  rocher  trois  cavitez  ,  fçavoir  le 

les  es.  *  tambour,le  labirinthe,&:  la  coquille.C'eft  dans  la 
première  de  ces  cavitez  où  font  placez  ces  quatre 
olièlets  qui  font  joints  <5c  articulez  ,iie  manière 


/  /  /.    Demonfirat^on.  4^ 

que  l'apophîne  du  maireau  eft  attachée  au  tam-     ^  O 
bour  ,  &  articulée  par  la  tête  dans  la  cavitc  de  tc^u. 
■    l'enclume.  Vous  remarquerez  à  cecrc  enclume     ..^, 
;    deux  jambes,  dont  la  courte  eft  pofce  lur  le  tam-  me. 
bour,  ôc  la  plus  longue  furl^étrier.  Entîn  Têtrier       ,i^. 
dont  les  deux  branches  font  pofées  fur  une  bafc 
large  ,  reçoit  le  petit  tubercule  de  Tenclume  par 
fa  partie  iupeiîeure  -&  pointue. 

L'on  trouve  aux  enfans  un  os  que  l'on  apelle  ^  R. 
circulan-e,  ilelt  bit  comme  un  anneau  lur  lequel  \^^^ç^ 
cette  membrane,  que  nous  apcllons  tambour,  eft 
tendue  de  même  que  la  peau  d'un  tambour  eft 
tendue  fur  une  quailfe,  &  c'cft  ce  qui  hii  en  a  faic 
donner  le  nom.  L'orbiculaire  qui  eft  le  quatriè- 
me des  petits  os  de  l'oreille  renfermez  dans  la 
quaiftc  ,  a  été  trouvé  pour  la  première  fois  par 
Sîlvhis  Delehoè.W  eft  ataché  par  un  petit  ligament 
à  la  partie  fuperieure  &  latérale  de  l'écrier. 

Ces  olfelets  ainli  articulez  ,  font  attachez  au   .Articula- 

..        L  1         \       1  '!•  '  •    r        V    1        rions  dcsos 

tambour  par  une  corde  tres-deliec  qui  lert  a  les  de  l'ouie. 
bander,  &  à  les  lâcher  cnfuite  avec  le  fecours  des 
petits  mufclcs  qui  y  font  :  Ces  parties  étant 
ainfi  difpofées  &  frapées  par  l'impullîon  de  l'air 
qui  y  entre  ,  reprefenrenr  au  cerveau  par  leurs 
petits  mouvcmens  les  fons  tels  qu'ils  y  ont  été 
portez. 

Le  premier  des  deux  os  commun  au  crâne  &  S 
à  la  face ,  eft  le  fphenoide.  On  \m  donne  difFe-  nJ^^g*^'^'^' 
rens  noms,  tant  à  caufe  de  fes  diférentes  figures, 
qu'à  caufe  de  fa  fituation.  Il  eft  apeilé  par  quel- 
ques-uns poliforme  ,  ou  multiforme  ;  d'autres  le 
nomment  cunéiforme ,  parce  qu'il  eft  enfoncé 
dans  les  autres  ,  comme  un  coing  dans  du  bois, 
ou  bafilaire,  parce  qu'il  eft  à  la  bafe  du  cerveau, 
^  d'autres ,  l'os  coUtoirc,  à  caufe  que  la  glande. 


4^  ^^J"  Os  du  Crâne, 

pituitaire  eft  pofée  fur  lui ,  &  qu'il  fert  à  faire 
écouler  la  pituite  du  cerveau  :  mais  ce  dernier 
ufage  eft  faux,&  ne  s'accorde  pas  avec  les  nou- 
velles expériences  d'Anatomie.  L'os  fphenoidal 
eft  épais  dans  la  bafe  ;  &  fort  mince  à  la  cavité 
des  tempes  :  il  eft  aflez  grand  &  dur  :  l'on  n'en 

Remarqae.  fait  qu'un  os,quoiqu'aux  enfans  il  fe  puifte  divi- 
fer  en  quatre.Il  eft  d'une  telle  étendue  qu'il  tou- 
che à  tous  les  os  de  la  tête  ,  &  à  plufieurs  de  la 
mâchoire  fuperieure,  avec  lefquelsil  eft  uni  par 
une  partie  de  fa  future. 

phifc$    de      Cet  os  a  des  apophifes  internes  &  externes. 

Vos  i^-hc-  Les  internes  font  trois.appellées  clinoides, parce 
qu  elles  rormcnt  comme  une  lelle  a  cheval ,  ou 
qu'elles  reftemblent  aux  pieds  d'un  lit.  Il  y  en  a 
deux  anterieurcs,&:  une  pofterieure,  qui  font  en- 
femble  une  petite  cavité,  dans  laquelle  eft  placée 
la  glande  pituitaire.  Les  apophifes  externes  font 
deux  ,  appellées  pterigoides ,  parce  qu'elles  font 
.  faites  comme  des  aîles  de  ehauve-fouris. 

CM  M.  Les  parties  caves  du  fphenoide  font  de  trois 

fortes  y  car  il  a  des  trous.des  folles ,  &  des  iînus. 

Leuri  trous.  Les  trous  de  l'os  fphénoide  font  lîx  de  chaque 
côté.Lc  premier  eft  l'optique  par  où  pafle  le  nerf 
optique.  Le  fécond  eft  la  grande  fente  orbitaire, 
appellée  par  quelques-uns  la  fendaire,par  où  paf- 
fent  des  rameaux  de  nerfs, qui  font  des  branches 
de  latroifiéme^quatriéme  ,  cinquième  &  fixiéme 
paire,avec  des  rameaux  fanguins  de  la  carotide  & 
de  la  jugulaire.Le  troilîéme  eft  au  deftbus  de  la 
,  fente  orbitaire  ,  c'eft  un  trou  rond  qui  donne 

paftage  à  des  branches  de  la  cinquième  paire  qui 
en  font  les  rameaux  inférieurs.  Le  quatrième  eft 
un  canal  olTeux  crenlé  dans  l'os  des  tempes  qwî 
va  obliquement  à  la  fcUe  du  fphenoide:c'eft  dans 


R"' 


XI7Z 


E..4^y 


///.   Vemonflratton»  4.7 

ce  canal  ou  fînusolTeux  qu'efl:  couchée  la  carotide 
interne  qui  remonte  en  fe  relevant  contre  le  coté 
de  la  Telle  du  cheval.  Le  cinquie'me  trou  eft  la 
fente  ovale  pour  lailfer  fortîr  la  grofTe  branche 
de  la  chiquiéme  paire,  qui  eft  la  pofterieuve.En- 
fîn  le  fixiémc  des  trous  de  Tos  fphenoide  eft  uii 
petit  trou  rond  par  011  paflè  un  rameau  de  la  ca- 
rotide externe,qui  fait  la  feuille  de  figuier  fur  la 
dure- mère  à  l'endroit  du  parietaljC'eft  aulîî  cette 
branche  qui  trace  un  feuillage  fur  la  table  incerne 
du  pariétal  ,  &  qui  l'y  marque  fî  bien. 

Les  folfes  font  trois  j  une  interne,  qui  eft  fur  t-cwsfoiTcs 
la  felledu  rpKénoide,&  qui  fcrt  debafeàla  glan- 
de pituitaire;  &  deux  externes,  qui  font  dans  les 
apophifes  pterigoidcs. 

Dans  le  milieu  de  l'os  fphénoïdejfous  la  felle 
du  cheval  ,  fe  trouvent  deux  fînus  iéparez  par 
une  lame  oficaife,  lefquels  s'ouvrent  dans  le  nez. 
Ces  deux  finusfont  garnis  d'une  membrane  toute 
glanduleufe,  qui  eft  toujours  couverte  de  morve, 
parce  que  les  petites  glandes  de  cette  membrane 
réparent  du  fan^  une  fcrofité  qui  acquiert  de  la 
confiftenceparlc  fejour  qu'elle  fait  dans  le  fînus, 
&  c'eft  lorfqu'ils  en  font  pleins>que  cette  muco- 
fîté  fort  par  les  ouvertures  qui  répondent  dans 
le  nez,en  fe  mêlant  avec  la  morve  qu'elle  y  ren- 
contre. 

Le  fécond  &:  dernier  des  os  communs  au  crâne        f 
&  à  la  face ,  eft  l'etmoide  ,  appelle  par  quelques-  LoiEcmoï- 
unsos  cribleux,parce  qu'il  eft  percé  dans  fa  partie  ' 
fuperieure,comnie  un  criblej  &  par  d'autres  ,  os 
fpongieux  ,  à  caufc  que  la  partie  inférieure  eft 
toute  fpongieufe  :  Il  eft  fîtué  au  milieu  de  la  baie 
du  front  ,  èc  remplit  la  cavité  des  narines. 

Cet  QS  eft  le  plus  petit  de  tous  ceux  qui  cpm-  ,  Grandeur 


ce;  01. 


4^ ,  Les  Os  du  Cram. 

pofcnt  le  cranejil  efl:  joint  à  l'os  coronal  dans  la 

partie  fupcrieiue  par  une  future  commune  ,  que 

l'on  apelle  etmoïdalei  &  à  l'os  fphenoide  par  la 

fphenoïde. 

Sa  divi-       L'on  divife  l'os  etmoide  en  trois  parties;  en  fu- 
uon.  .  ,,  M  I     r         •    n 

pericure,  que  1  on  nomme  cribleule,  qui  cit  per- 
cée d'une  infinité  de  petits  irousj  en  inférieure, 
qui  efl  fpongieufe,  &  qui  fépare  la  cavité  des  na- 
*  rines  en  deux  ,  &  en  partie:,  latérales  ,  qui  font 
plaines  &  plates  ,  &  qui  font  partie  de  l'orbite. 
Ap-^phifc     Vous  voiez  à  cet  os  une  éminence  qui  avance 

CnJiaGiaUt.   ,  i  •    /  j  o    v  r         ,   n  11 

dans  la  cavité  du  crane,&  a  caule  qu  elle  a  de  la 

refTemblance  avec  la  crefte  d'un  coq,on  lui  a  don- 
né le  nom  deCrlfiaGallr,e\[ç  efl:  fort  dure,&:  c'eft 
à  cet  endroit  que  s'attache   la  partie  de  la  dure- 
mere  ,  qui  fépare  le  cerveau  en  deux,  &  que  l'on 
nomme  la  faulx,  parce  qu'elle  en  a  la  figure, 
Ufagej       L'on  donne  deux  ufages  aux  trous  cribleux;  l'un 
dc*lV  "*     de  donner  paHage  à  plufieurs  petites  fibres,qui  ve- 
moïdc.        nant  des  produ(5tionsmammillaires,vont  fe  répan- 
dre dans  les  tuniques  qui  tapilfent  les  cavitez  des 
narines  ;  &  l'autre  de  filtrer  les  ferofitez  abon- 
(  dantes  du  cerveau  ,  lefquelles  coulant  le  long  de 

ces  mêmes  fibres  ,  tombent  dans  les  narines. 
Remarque.  Mais  à  cette  orcafion  on  doit  remarquer  qu'il 
eft  faux  que  les  lerofitez  coulent  dans  le  nezjc'eft 
une  erreur  de  Uvillls.  Car  ces  petits  trous  du 
crible  font  trop  bien  bouchez  par  les  nefs  ôc 
par  la  dure- mère  pour  laifler  écouler  la  moindre 
goutte  de  limphe. 

Voila,  Meflîeurs,  tous  les  os  qi  e  j'avois  à  vous 
démontrer  aujourd'hui  ,  demain  nous  verrons 
ceux  de  la  face. 


QUATRIE'ME 


4S> 

D   E   S     O   S 

DE     LA     FACE. 

Quatrième    Démonjtratlon. 

I  vous  avés  trouvé  ,  Meilleurs,  dans     Eloge  de 
la  compolîtion  du  Crâne  une  (Iruc^  laFacr, 
ture  digne  de  vôtre  admiration,  vous 

nj  ne  ierés  pas  moins  furpris  de  celle 

des  os  de  la  face  :  &  fi  le  crâne  mcrite  des  louan- 
ges ,  à  eau  le  qu'il  renferme  le  cerveau  ,  qui  eft  la 
partie  la  plus  noble  du  corps^je  fuis  perfuadé  que 
la  Face  n'en  mérite  guère  moins, puisqu'elle  con- 
tient tous  les  fens ,  qui  la  font  appeller  avec  jufte 
raiion  l'im.age  de  l'ame, 

C'eft  elle  auiïi  qui  nous  en  reprefente   toutes    ^a    Fice 

les  pallions  par  des  caractères  fi  infâillibleS;qu'el-  etl  le  Jicgs 

kr  •  '  •     •  1         •  de  la  bcau- 

nous  rait  paroitre  généreux  ou  tUBides  ,  joyeux  ^^^ 

ou  triftes,  &  enfin  tels  au  dehors  que  nous  lom- 
mes  au  dedans  :  Et  comme  elle  eft  le  fiege  de  la 
beauté ,  &  qu'elle  attire  par  fcs  charmes  les  yeux 
de  tous  les  hommes,  dont  elle  captive  aufli  les 
cce'.us,  on  doit  fçavoir  que  rien  ne  contribue  da- 
vantage à  ■  fa  beauté  ,  que  les  os  dont  elle  eil 
compofée  ,  puifque  c'ell  de  leur  jufte  proportion 
que  dépaid  celle  des  parties  de  la  face  ;  car, 
par  exemple  ,  fi  le  coronal  gâte  le  front ,  ii  les  os 

D 


5  o  Des  Os  de  la  Face. 

du  nez  le  rendent  difforme ,  &  que  les  os  de  la 
mâchoire  inférieure  falfenc  le  menton  pointu  ,  il 
eft  certain  que  le  vifage  ne  fera  jamais  beau, quoi- 
qu'on ait  d'ailleurs  des  lèvres  vermeilles,  une  pe- 
tite bouche ,  un  teint  de  lis  &  de  rofes  ,  &  une 
peau  blanche  6c  fine. 

fonda°uiI-      ^^  ^"^  )^  '^^^  ^"  faveur  des  os  de  la  face  ,  (e 
If.  doit  aulli  entendre  de  ceux  de  tout  le  corps  ^  car 

une  clavicule  trop  avancée  rend  la  gorge  defa- 
greablej&  un  os  de  la  jambe  trop  gros,ou  courbé 
la  rend  mal  faite  j  de  manière  que  les  os  ne  font 
pas  feulement  la  belle  taille,  mais  encore  ils  con- 
tribuent à  la  beauté. 
Divifion       La  face  eft  compofée  de  deux  mâchoires  ,  fça- 
r"°*  ^^^  voir  une  fuperieurc  ,  qui  comprend  depuis  l'œil 
jufqu'à  l'extrémité  de  la  lèvre  fuperieure  ;  &  une 
infcrieure  qui  s'étend  depuis  le  bord  de  la  lévrc 
inférieure  jufqu'à  la  pointe  du  menton. 
Il  n'y  1         La  mâchoire  fuperieure  eft  immobile  jl'înfe- 
choirck^c-  ^îeure  au  contraire  eft  rout-à-fait  mobile,  pui(- 
ticurc  qui    que  la  maftication ,  qui  eft  une   adion  li  nccel- 

vcmcnT^^'  ^^'^^^  ^  ^^  ^'^  '  "^  ^^  ^^'^^  ^"^  P^^*  ^^^^  '  "^  qu'elle 
fuffit  pour  bien  broyer  les  alimens  j  de  même 
qu'il  fuffit  à  un  moulin  pour  bien  moudre  le  bled 
qu'une  feule  des  deux  meules  ait  du  mouvement, 
avec  cette ditîerenceneanmoins,que  c'eft  la  meu- 
le de  deifus  qui  appuyant  fur  celle  de  delfouSjbri- 
fe  facilement  les  grains  de  bled,  &  les  rend  en 
farine  j  &  que  c'eft  au  contraire  la  mâchoire  cic 
delTous  ,  qui  fe  ferrant  par  le  moyen  de  plufieurs 
mufcles  contre  celle  d'enhaut  ,  mâche  &  broyc 
les  alimens  ;  c'eft  en  quoi  nous  devons  admirer 
la  fagcdc  du  Très  -  haut  ,  qui  n'a  pas  juge  à  pro- 
pos de  donner  du  mouvement  à  la  mâchoire  fu- 
perieurc ,  parce  qu'étant  forcement  attachée  au' 


IF',  Démonflrmon,  /i 

crane^  elle  l'auroic  obligé  de  faire  autant  de  mou- 
vemcns  qu'elle  ,  ce  qui  auroit  d'autant  plus  in- 
commode le  cei-veau  j  qu'il  a  befoin  de  lepos 
pour  faire  fes  fonclioas:Dailleurs  ,  fi  Dieu  avoit 
donné  du  mouvement  à  la  mâchoire  fuperieure 
de  l'homme  ,  comme  il  a  fait  à  celle  des  Perro- 
quets ,  il  auïoir  fajlu  qu'il  l'eût  feparée  des  os  du 
crâne  ,  &:  qu'elle  eût  avancé  en  dehors  ,  comme 
elle  fait  aux  Pcrroquets:Mais  comme  cette  diffor- 
mité eut  été  très-grande  ,  l'Auteur  delà  Nature  y 
a  remedié,en  donnant  tout  le  mouvement  à  Tin- 
fcrieure. 

Il  y  a  onze  os  qui  compofent  la  mâchoire  fu- 1^  machoi* 
pcrieure,  fçavoir  cinq  de  chaque  côtéi&  un  dans  re  fupcricu> 
le  milieu  j  le  premier  eft  celui  du  nez  ;  le  fécond  '^^' 
efl:  l'os  unguis  ,  le  troifiéme  l'os  de  la  pomette,le 
quatrième  l'os   maxillaire  ,  le   cinquième  l'os  du 
palaiSj<Sc  le  onzième  ,  qui  eft  impairjeil  le  yomer. 
Ces  os  font  féparez  du  crâne  par  les  futures  com- 
munes ,  6c  joints  enfembie  par  harmonie  ou  en- 
gainure  ,  qui  eft  une  efpece  de  fniartrole  j  ce  qui 
tait  qu'ils  n'ont  point  de  mouvement  :  il  faut  les 
examiner  les  uns  après  les  autres.  . 

Les  os  du  nez  qui  fc  prefencent  les  premiers     Les  os  ci^ 

à  vous  démontrer  ,  font  d'une  fubflance  lolide.  ^^^ 

quoi  qu'ils  i oient  minces  j  ils  font  allez  petits,t$c 

ont  une  figure  piramidale  j  ils  font  lituez^comme 

vous  voyez,  à  la  partie  fuperiçure  du  nez^dont  ils 

compolcnt  ce  que  nous  appelions  le  dos  du  nezj 

car  les  ailes  qui  en  font  la  partie  inférieure,  étant 

cartilagineufes  ,  fe  trouvent  féparécs  parl'ébulli- 

tion. 

Ces  os  font  bornez  en  haut  par  la  future  tranf-     ^^,^  ^^i- 
r  \  ....  .  ^        .     ,-  •  .    ne$  ce-  o» 

vcrlalc  ,  qui  les  jouit  par  leur  partie  lupcncure  a  au  ncx. 

l'os  coronal^tSc  oar  les  cotez  par  deux  futures  hav- 


5  2  "Des  Os  de  la  Face. 

monieufes  j  fcavoir  l'une  qui  les  articule  enfem- 
ble,qui  eft  au  milieu  du  nez,&  l'autre  qui  les  unie 
avec  les  deux  os  maxillaires.  Il  faut  remarquer 
que  ces  os  font  plus  polis  au  dehors  qu'ils  ne  le 
font  au  dedans,&  l^ue  leur  partie  inférieure  eft  iné- 
gale &  découpée  ,  afin  que  les  cartilages  s'y  atta- 
chent mieux. 
B  Les  deux  os  qui  fuivent  font  appelles  un^uis. 

Les  Q$  parce  qu'ils  onc  la  grandeur  &  la  figure  d'un  ongle 
^"*^"  ils  font  d'une  fubfiftance  mince  comme  une  écaille 
ce  font  les  plus  petits  os  de  la  mâchoire  fupericu- 
re,lcur  (îtuation  eft  au  grand  angle  de  l'œil,ils  ont 
été  appelles  par  quelques-uns  lacrimaux, mais  mal 
à  propos  j  puifqu'll  n'y  a  point  dans  l'homme  de 
glande  lachrymale  au  grand  angle  de  l'oeil.Qiiel- 
ques-autres  les  ont  nommés  orbitaires. 
Ces  o»  fc     ^^^  ^^  netiennent  pas  beaucoup  aux  âutres,d'où 

perdent  fa-  -vient  qu'ils  fe  perdent  facilement,'&  que  l'on  ne 

cilcmcnt     les^trouve  point  à  beaucoup  de  fqueletes:Ils  cou- 
chent à  quatre  os^fcavoir  au  coronal  :  à  celui  du 
nés,  au  maxillaire  ,  (Se  à  la  partie  de  l'os  etmoide 
qui  forme  l'orbite. 
G  Les  cinquième  6i:fixiéme  font  les  os  de  lapomet- 

-  Lc$o»de  tejils  font  aflés  grands  Se  d'une  fubftance  dure  &C 
pom  ^*  fQii(^£.{i5  ont:  une  figure  triangulaire  ;  leur  partie 
moyenne  eft  un  peu  avancée  en  dehors,  &  ronde 
comme  une  pomme.Je  croi  que  cette  figure  &  les 
couleurs  vermeilles  qui  font  à  ces  endroits  aux 
belles  personnesjes  ont  fait  appeller  les  os  de  la 
pomctte. 
Tro«    ^     Ce  font  ces  os  qui  formenfla  joue',&quî  font  la 

^^^j^^^*  partie  inférieure  del'orbitsjils  font  au  (fi  attachés  à 
quatre  autres  os,qui  font  le  coronal,le  fphcnoide, 
le  maxiliaire,&l'os  pstreuxrL'on  remarque  à  cha- 
cun trois  apephifesjl'une  qui  forme  une  éi-ninencç 


7  J^\    Démonfiratlon.  5  3 

qui  montant  en  haut ,  fait  le  petit  angle  de  l'œil^ 
Tautre  quis'avançant  vers  le  nez, fait  la  plus  gran- 
de partie  du  lourcil  inférieur  de  l'orbite:&  U  troi- 
fiéme  qui  Te  joignant  avec  une  éminencc  de  l'os 
petreux  fait  une  grande  partie  du  zigoma. 

Le  feptiéme  &  huitième  lont  les  os  propres  de       d 

la  machoire,appellez  maxillairesxe  font  les  os  les     ^^?,°.* 

1      r         •     ^  1        I  j    j    1    £•  r       maxUiaucs 

plus  Ipongieux  &  les  plus  grands  de  la  racejce  lont 

eux  qui  font  une  partie  de  la  jou'e,qui  contribuent 
à  former  l'orbire  par  fa  partie  iuferieure,qui  com- 
pofent  la  plus  grande  partie  du  palais,&  qui  arti- 
culent toutes  les  dents  d'enhaut. 

Il  eft  difficile  de  leur  prefcrlre  une  fîgure,parce  Figurcdç 
qu'ils  en  ont  une  extraordinaire;  ils  font  iltuez  à"*  °** 
côté  &c  au  delfous  de  l'os  de  la  pomettejOccupanc 
la  partie  inférieure  de  la  mâchoire  d'enhaut.  On 
remarque  qu'ils  touchent  à  quatre  os  difFerens,à 
ceux  du  nez  ,  du  palais,de  la  pomette,&  aux  orbi- 
laires. 

On  trouve  à  ces  os  trois  fortes  de  cavitez  ,*  des     Cavircz 
trous ,  des  foffes  ,  &  des  finus.  ^^  ^^^  °^' 

Les  trous  font  internes,ou  externesjles  externes 
font  quatrejfçavoir  deux  que  Ton  l'appelle  incilîfs 
parce  qu'ils  font  diredtcment  fous  les  dents  inci- 
lives;&  deux  autres  aux  parties  latérales  &  pofte- 
rieures:ceux-ci  font  communs  avec  les  os  du  pa- 
lais :  Les  externes  font  deux,  on  les  appelle  trous 
orbitaires, parce  qu'ils  font  htaez  à  la  partie  iupe- 
rieure  &  moyenne  de  ces  os  proche  l'orbire.  Ils 
lallfent  fortir  un  cordon  de  nerfs  de  la  cinquième 
paire,  qui  fe  diftribaë  aux  parties  de  la  face. 

Les  folles  font  au  nombre  de  leize  à  chaque 
inachoire,ce  font  des  alvéoles  dans  lelquellesfonc 
emboëttées  feize  dents. 

Les  linus  font  deux,  un  dans  chaque  os  qui  eft 

D   iij 


^"4  I^ss  Os  de  la  Face , 

le  long  des  extrémirezdes  racines  des  dents.L^ur 
ufage  c'efl  de  fournir  de  la  morve  ,  à  caufc  de  la 
membrane  qui  les  revct  en  dedans, 

^  ^  z  Les  neuvième  &  dixième  os  de  la  mâchoire  Ai- 
pauis.  perieure  fonr  ceux  du  palais  ;  qui  font  fort  durs, 
mais  fi  petits  qu'ils  ne  font  que  la  moindre  partie 
du  palais;  la  plus  grande  partie  de  la  voûte  étant 
formée  par  les  os  maxillaires  ,  qui  vont  jufqu'a  la 
ligne  qui  les  fépare  les  uns  des  autres. 

Figure  Ces  os  étant  un  peu  plus  larges  que  longs  ,  ont 
des  os  du  ley^  fijTure  prefque  quarrée  :  leur  fituation  eft  au 
fond  du  palais  ,  ils  forment  la  partie  la  plus  en- 
foncée de  la  voûte^ils  font  joints  enfemble  par  la 
future  du  palais ,  qui  s'avançant  proche  les  dents 
incihves,  unit  aulîi  L's  deux  os  maxillaires.  lis 
fontencoie  attachez  aux  apophifes  pterigoides 
par  la  future  fphenoidale  :  ils  font  appuyez  lur  le 
vomer,&font  percez  chacun  d'un  trou  ,  que 
l'on  appelle  gufl:atif,par  où  fort  une  branche  de  la 
cinquième  paire. 
■p  Le  onzième  os  de  la  mâchoire  fuperieure  eft 

Le  vomcr  le  vomer ,  il  eft  ainfi  appelle  ,  parce  qu'il  relTcm- 
ble^u  foc  d'une  charuc:cet  os  eft  impair,n'ayanc 
point  de  compagnon,il  eft:  placé  dans  le  milieu  au 
delïiis  du  palaisiil  eft  dur  &  petit;  il  eft  joint  avec 
les  os  fphcnoide  &  ctmoide,qui  ont  tous  deux  de 
petites  èmincnces  qui  entrent  dans  les  cavitcz  de 
cet  os,  6c  qui  par  ce  moyen  l'afFermiffent  dans  fa 
place  ;  c'eft  lui  qui  fépare  la  partie  inférieure  des 
narines  cr.  deux. 

LeToIbi-       Les  orbites  font  deux  grandes  cavitez  qui  font 

ic$.  fituées  à  la  partie  infeiieuie  du  front ,  qui  fervent 

de  domicile  aux  yeux,  &  qui  les  défendent  contre 

tout  ce  qui  leur   pourroit  nuire  :  leur   figure  eft 

piramidaiCiayan:  au  dehors  une  grande  ouverture 


nxof 


/  V,    Démonflratîon.        ,  j  j 

qui  fe  rétrcciUant  à  mefure  qu'elle  s'enfonce  , 
forme  le  point  de  perfpeclivc  j  elles  font  percées 
dans  leur  fond  pour  donner  palîage  aux  nerfs 
optiques. 

"  Ces  cavitez  font  compofées  de  Cix  os  difFerens,  ^. 
qui  tous  eafemble  en  forment  la  grandeur  &  la  compolcnr. 
profondeur  :  de  ces  Ci\  os  il  y  en  a  un  propre  &  ^^*  caviccz, 
cinq  communs, le  propre  cft  Torbitairc'jqui  ne  ferc 
qu'a  l'orbite  :  il  efl:  fîtué  au  grand  angle  de  l'œiL 
Des  communSjil  y  en  a  trois  du  crane^S:  deux  de 
la  face,le  premier  de  ceux  du  crâne  efl  le  coronal. 
qui  en  forme  la  partie  fupericure  ,  &  qui  fert  de 
voûte  à  l'orbite  :  le  fécond  eft  l'etmoïde  .  qui  faic 
la  paràe  latérale  du  côté  du  nez3&  le  troifiéme  eft 
le  fphenoide  qui  en  forme  la  partie  la  plus  en- 
foncéedes  deux  os  de  la  face  cn^bnt  la  partie  in- 
férieure, dont  l'os  de  la  pomette  fait  celle  qui  eft 
proche  le  petit  angle  del'œil,&  le  maxillaire  celle 
qui  approche  du  grand  angle. 

Avaat  que  de  palfer  aux  os  de  la  mâchoire  in-  t»  > 
1-crieure  ,  je  veux  vous  {-aue  vou'  ce  que  c  elt  que  ma. 
le  Zigoma  .  appelle  par  quelques-uns  os  Jugaljce 
n'eft  point  un  os  particulier  ,  mais  une  union  de 
deux  cminences  d'os,dont  l'une  vient  de  l'os  tem- 
poral,&  l'autre  de  l'os  de  la  pomette  :  Ces  deux 
éminences  ou  apophifes  font  jointes  par  une  petite 
future  oblique,que  j'ai  appellée  zigomatiquejlorfl 
que  je  vous  l'ai  démontrée. 

Il  faut  remarquer  que  ces  deux  os  font  enfem-    .Ufagedu 
ble  une  arcade  ou  avance  qui  a  deux  ufages  confî-    '^°'^^" 
derablcsil'un  eft  de  donner  palfageau  mufcle  cro- 
taphite,&  lui  lervir  de  rempart  ;  &:  l'auire  eft  de 
donner  origine  au  mufcle  malTeter  ,  dont  l'adion 
avec  le  crotaphitc  eft  de  faire  mâcher  les  alimens        H 
La  mâchoire  infcrieuie  eft  compofée  jufqu'à  la      "■^'^"^* 

D   iiij 


5  6  Des  Os  de  la  Face, 

rc  înfcticu-  feptîéme  année  de  deux  os,  qui  par  la  faire  ne  dé- 
viennent qu'un  ,  fe  joignans  enfemble  dans  leur 
partie  antérieure  &  moyenne  par  fimphife  fans 
moyen,  comme  font  les  epiphifes ,  qui  de  cartila- 
ges deviennent  os  par  fucceffion  de  tems. 

Lci  deux  o$  ^^^  '^^'■'^  °^  ^°"^  ^^^'^  grandsj&  autant  qu'il  le 
<ic  ia  rr..-  faut ,  pour  fervir  de  bafe  à  feize  dents  qui  y  font 
ticniV'^^^  articulées jleur  fubftanceeft  folide  &tres-  dure^afin 
qu'ils  ioient  allez  forts  pour  mordre  &  pour  mâ- 
cher: Us  font  enfemble  une  plus  belle  figure  dans 
l'homme  que  dans  tout  autre  animal  j  car  elle  eft 
demi-cirçL'laire  ôc  reflemblante  a  un  arc  :  ils  font 
unis  ôc  polis  par  dehors ,  &  un  peu  raboteux  par 
dvdans  &  à  leur  partie  infcricure,afin  de  faciliter 
l'origine  &  l'infertion  des  mufcles.  Ce  qui  eft  ar- 
rondi en  devant  Ce  nomme  la  barc,&  les  bords  en 
font  appeliez  levres,dont  il  v  ^n  ^  i-in  interne  ^  & 
l'autre  externe  ;  ils  font  attachez  en  haut  aux  os 
petreuxravec  lefqucls  ils  fonç  articulez  par  artro- 
■  die  ,  &:  bornez  en  bas  par  le  menton,  qui  fait  leur 
partie  inférieure  &  antérieure. 

Pour  bien  examiner  ces  os,il  en  faut  remarquer 
les  parties ,  qui  font  folides ,  ou  caves. 

Les  cmi-     Les  r>arties  folides  font  fuperieures ,  ou  infe- 
ncnccs  de       .  ^     i       r  .  r        ^  r  •     ^ 

la  mâchoire  ^'^^''^s  i  i<?s  luperieures  iont  quatre, içavoir  dcux 

•nftiicLrc.  apophifes  ou  telles  ficuées  fur  un  petit  col,  appel- 
lées  condiloidcs  ,  qui  en  font  l'avticulation  avec 
les  os  petreux  :  &  deux  autres  apophifes  ou  poin- 
tes,nomméescoronoides, qui  fcrventa  attacher  les 
mufcles  crotaphites.  Les  inférieures  font  trois, 
nne  anterieure,appellée  le  menton, &  deux  pofte- 
rieures  qui  fs  nomment  les  angles,dont  l'un  eft  à 
droite  ,  &  l'autre  a  oauche  ,  où  s'attachent  exté- 
rieurement le  miifcle  maftererj^  interieurcaient 
-leprerigoidicn  ,qui  fervent  à  ia  mafticaiion. 


IF.    Dêmonfiration.  ^7 

Les  parties  caves  font  trous  ,  fofles ,  &  finus  :    ^^^  "vi- 
,  '^    /-        .  1      .  t-z  de  la 

les  trous  lont  internes  ou  externes,  les  internes  mâchoire 

font  deux  ,  iîtuez  aux  angles  qui  donnent  entrée  i"*^^^!^":^- 
à  un  nerf  de  la  cinquié  ne  paire  ,&  a  une  artère 
qui  vont  à  toutes  les  racines  des  dents  inférieures. 
Ils  permettent  auffi  la  (ortie  a  une  veine  qui  en 
raporte  le  fang.  Les  externes  ,  qui  font  aufîi 
deux  ,  font  placez  vers  la  partie  antérieure  Sc 
moyenne  de  la  mâchoire  inférieure;  c'eft  par  eux 
que  fort  une  portion  du  nerf  qui  ell  entré  par  les 
internesjdont  les  rameaux  vont  fe  diftribuer  dans 
les  parties  externes  du  menton. 

Les  folles  font  au  nombre  de  feize  ,  comme 
dans  la  mâchoire  fuperieure  ,  ce  (ont  des  cavirez 
ou  alvéoles  dans  Icfquelles  font  cnchairéfs  Icizc 
denrs.  Il  y  a  des  alvéoles  qui  n'ont  qu'une  folî'e, 
d'autres  deux  ;  d'autres  trois  ,  &  d'autres  quatre, 
félon  que  les  dents  ont  plus  ou  moins  de  racines. 
Les  finus  font  deux  ,  un  de  chaque  coté  ;  ce 
font  des  cavités  internes  qui  font  le  long  de  la 
mâchoire,  &  qui  contiennent  la  matière  dont  les 
dents  font, formées. 

La  mâchoke  inférieure  à  plufieurs  ufages  ,  le     Ufagcs 
premier,  quieft:  pour  l'ornement  &  la  beauté,lui  cho^re^'^n- 
cfl:  commun  avec  les  autres  parties  de  la  fdce,puif  fcncure. 
qu'elles  y  contribuent  toutes;  le  fécond  eft  pour 
la  maftication  ;  &  le  troifîéme  eft  pour  la  forma- 
tion de  la  voix. 

On  ne  fait  pas  ordinairement  fur  un  fquelete  la  Lç.*  dcntf 
démonftration  de  toutes  les  dents^  tant  de  la  mâ- 
choire fuperieure  que  de  l'inférieure,  parce  qu'il 
y  a  peu  de  fujcts  à  qui  il  n'en  manque  quelqu'une 
D'ailleurs  il  faut  obfcrvsr  qu'elles  ne  fortent  pas 
hors  des  mâchoires  dans  l'homme  vivant  comme 
dan:;  le  fquelete,parce  que  dans  l'un  il  y  a  des  gen- 


5  8  Des  Os  de  U  Face, 

cives  qui  les  tiennent  fermes  dans  leurs  alvéoles, 

6  que  dans  tous  les  fqucletes  elles  en  font  tou- 
jours féparées  par  l'cbullicion. 

Défini-         Lçg  dents  font  Aç.  petits  os  durs.blancs  &  polis 
deius.         articulez  aux  mâchoires  par  gomphofe  ,  qui  fer- 
vent à  mâcher  &  a  broyer-  lesalimens. 

Les  dents  différent  des  autres  os  en  ce  qu'elles 
17 'ont  point  de  perrofte,  ce  qui  fait  qu'elles  n'ont 
de  fenciment  qu'a  l'endroit  de  leur  racine  où  le 
nerf  entre  j  car  il  faut  demeurer  d'accord  que  la 
partie  de  la  dent  qui  fort  dehors,  en  eft  touc-à- 
fait  privée. 

Les  'îfnts      Quoique  les  dents  foient  des  os  très- durs  ,  & 
ï'uicnc&  le      ,>,     \~        ..,-  •  ,         ,  ,  1 

rcp^icQc.     ^^  ^^^^^  iurpalfent  même  en  dureté  tous  les  os  du 

corps, néanmoins  elles  ne  lailïmt  pas  de  s'ufer  par 

leur  action  continuelle,&  par  le  frottement  même 

des  unes  contre  les  autres. La  preuve  en  eft  li  évi- 

dente,que  lors  qu'une  dent  manque,  celle  qui  lui 

eft  oppofée  ;  ne  la  rencontrant  plus  en  mâchant, 

croie ,  &  furpalfant  la  longueur  de  celles  qui  font 

a  côté  d'fllc,entre  dans  le  creux  de  celle  qui  man- 

que,c'€ft  pourquoi  lanaturene  pouvant  e  npecher 

qu'elles  ne  s'ufent,quelque  précaution  qu'elle  aie 

prife,leura  donné  des  vailléauxqui  leur  apportent 

une  matière  qui  les  nourrit  &  les  repare. 

Lcsdenrj      L^^  dents  font  faites  de  la  liqueur  feminale  de 

Vm  princi-  ^  œut,comme  toutes  les  autres  parties,  des  la  pre- 

pe  djns  ia  miere  conformatiouion  les  trouve  dans  les  cavi- 

Jinirur  de  i         i         i  />  r  -     , 

l'œuf.  tez  des  aiveoles,meme  aux  toctus  qui  n  ont  pas  en- 
core neuf  mois  accomplisjil  eft  bien  vrai  qu'elles 
n'y  ont  pas  leur  perfection,  puifqu'il  n'y  a  que  la 
plus  grande  paitie  de  la  tabfette  qui  foit  formée. 
Mais  on  remarque  dans  ces  mêmes  alvéoles  une 
mocoluc,qui  fe  deiTechant  avec  le  tems,noa!rc  le 
rclte  de  la  dent  au  dehors  à  mcf  ure  qu  elle  [c  for- 


IF,    Démonflratiorî.  /9 

me-Le  tcms  n'eft  pas  déterminé  pour  la  fortie  aes 
dcntsjil  y  a  des  enfans  qui  en  onc  eu  dés  le  vsucrc 
de  la  mère  ,  d'autres  dés  les  premiers  mois,  d'au- 
tres à  fept  ou  huit  mois,qui  eft  le  terme  ord>nai- 
rej&  d'autres  enfin  qui  ne  commencent  â  enavoir 
qu'à  un  an  ou  deux. 

Les  dents  ne"  fortent  pas  toutes  à  la  fois ,  ce  „oiffent?cs 
font  les  incifives  de  la  mâchoire  fupcricurc  qui  unes  aptét 
percent  les  premières,  parce  qu'étant  les  plus  pe-  ^^  *"  ^"' 
tites  de  toutes  ,  elles  ont  plutôt  acquis  leur  per- 
fection 5  &  qu'ayant  leurs  tablettes  tranchantes  , 
elles  ont  aufli  plutôt  coupé  la  gencive.  Enfuite  ce 
font  les  incifives  de  la  mâchoire  inférieure  qui 
paroillentjpuis  les  canines  ,  &  enfin  les  molaires. 

Comme  la  fartie  des  dents  caufe  de  grandes  doa-    ^Ues  eau. 

leurs  aux   enfans  ,  &  quelquefois  même  de  très-  fcnc  des 
ri  •  I  1  I  rr    \  douleurs  en 

racheux  accidens  ,  la  nature  les  poulie  les  unes  forunc. 

après  les  autres,  ou  tout  au  plus  deux  à  deux;par- 
ce  que  fi  elles  fcrtoicnt  toutes  à  la  fois ,  les  en- 
fans  ne  pourroient  fupporterles  convulfions  qui 
leur  arriveroientjfans  en  être  extrêmement  mala- 
des, ou  fans  en  mourirjcomme  on  l'a  fouvent  vu 
dans  ceux  à  qui  il  en  perçoit  feulement  trois  ou 
quatre  à  la  fois. 

Loifque  les  dents  font  parvenues  au  nombre  de  ,  ^"  /''-"'"^ 
.  ^  -         '  ,  les  cntaoî 

vingt  ,  les  autres  celîcnt  de  paroître  durant  plu-  quan.^  i:s 

fleurs  années  ;  néanmoins  on  ne  laille  pas  de  dire  °J^^  ^'■'"'lî* 
que  l'enfant  a  toutes  fes  dents  ;  ce  qui  fe  doit  en- 
tendre de  celles  qu'il  doit  avoir  à  fon  âge,dont  le 
nombrccftpour  l'ordinaire  de  vingt  à  vingt  mois, 
c'cftdans  ce  tcms  là  qu'il  faut  fevrer  les  enfans,& 
non  pas  plutôt, parce  que  la  nourriture  du  lait  eft 
propre  non  feulem.ent  à  la  formation  des  dents, 
niais  encore  a  humecter  les  gencives  ;  principale- 
ment lorlque  les  dernières  dents  foitcnt ,  je  dis 


(5o  Des  Os  de  la  Face, 

les  dernières,  parce  qu'ayant  leurs  tablettes  -plus 
larges ,  elles  percent  beaucoup  plus  difficilement 
que  les  premières. 
U:  livé         Lorfque  les  dcncs  veulent  venir  aux  cnfans,OM 
que  fcir   ^^""^  attache  aucou  un  hochet  ,  tant  pour  les  di- 
doinc  aux  vertir  par  le  bruit  des  grelots  qui  y  fontjque  pour 
eu  ans.       j^^  exciter  à  le  porter  à  leur  bouche  ,  &  fe  pro- 
curer par  ce  moyen  deux  avantageS;,dont  l'un  eft 
de  rafraîchir  leurs  gencives  qui  font  enflammées 
par  les  douleurs  que  caule  la  fortie  des  dents;  ce 
qui  fe  fait  par  le  froid  du  criftal  qui  efl:  un  bouc 
du  hochcrjiSc  l'autre  eft  de  faciliter  la  fortie  d'une 
dent  qui  eft  prête  à  perccrjce  qui  fe  fait  par  Ten- 
fant^qui  fentant  de  la  douleur  ,  &  prclîànt  le  ho- 
chet contre  ces  deux  gencives,aide  par  ce  moyen 
la  dent  à  les  couper  plùrôt. 

Les  qu3-       Les  vinot  premières  dents  étant  fortics^Venfant 
tre  demie-    ,  '^   ^       ,  -    r     ,^    ^       r      ■ 

m /ont  ^  demeure  en  cet  état  julqu  a  la   leptieme  année  : 

apeiitcs      alors  il  lui  en  perce  quatre  autres  derrière  les  pré- 
sents de  fa-       -AMI.- 
gciic.  mieres.A  quatorze  ans  il  lui  envient  encore  qua- 

tre ;  &  en-fin  vers  la  vingtième  année  il  en  poulTe 
encore  quatre  aurresjque  l'on  appelle  dents  de  fa- 
geilèiparcc  qu'elles  viennent  dans  un  âge  où  l'on 
doit  être  fage  ;  ce  qui  fait  en  tout  le  nombre  de 
trente  deux. 

les  nou-       L'on  appelle  dents  de  lait  les  vinpt  premières; 
vclitsdcntî     11  L*  1-      •  1      r    •  ' 

on:    leur    ^"^^  tombent  ordmairement  vers  la  iixieme   ou 

jiifirredans  feptiéme  année  ,  parce  qu'elles  font  doubles  dés 

"la  première  conformation,  &  que  celles  qui  font 

deflous  les  alvéoles  pondent  dehors  les  premières 

vers  cetems  la  :  cela  eft  facile  à  remarquer  puif- 

qu'il  eft  certain  que  quand  unedenc  eft  tombée  à 

un  enfant ,  l'on  en  trouve  une  autre  deflous  qui 

Ta  pouflée  dehors.    U  faut  ôrcr  aux   enfans  ces 

dents  de  lait  aufli-tot    qu'elles    commencent  à 


IV.   Démonftratîon.  èi 

branler  ,  afin  que  celles  qui  viennent  defTous ,  & 
qui  doivent  y  demeurer  pendant  la  viefoient  droi- 
tes &  bien  placées.L'on  remarque  encore  que  ces 
premières  dents,  quand  elles  tonibe!ît,ne  font  pas 
parfaites  ,  &  qu'il  leur  manque  une  partie  de  la 
racine,parce  que  les  dents  de  dellous  en  occupent 
la  pUce,&  qu'en  croilîant  elles  obligent  les  pre- 
mières detomber,&  fi  on  a  vu  venir  quelque  denc 
nouvelle  à  des  perfonnes  dans  un  âgé  avancé  , 
comme  à  cinquante  ou  foixante  ans,  ou  qu'il  en 
foît  revenu  quelqu'une  dans  ces  âges  à  la  place 
d'une  que  l'on  auroit  arraché,je  dis  que  ces  dents 
avoientleur  principe  dés  la  première  conforma- 
tîonjcar  comme  l'on  n'arrache  point  de  dent  par- 
faite,que  l'on  ne  rompe  les  vaifïeaux  qui  font  à  la 
racine  j  je  fuis  perfuadé  qu'il  n'y  en  peut  jamais 
revenir  qu'il  n'yaitun  fécond  germe  deiîc)us,puif- 
qu'il  faut  aux  dents,  comme  à  toutes  chofes  ,  un 
premier  principe  qui  dépend  de  la  dilpolîtion  de 
la  matiere,qui  manquant ,  ne  fe  régénère  jamais.     Un  dou- 

Toutes  les  dents' font  arrangées  aux  deux  ma-  ^l'^'^a^^de- 
cnoires  ,  les  unes  a  cote  des  autres ,  quoiqu'il  ar-  commode, 
rive  allez  fouvent  d'en  avoir  un  double  rang^nean- 
moins  on  doit  le  regarder  comme  un  vice  de  con-     ^ 
rormation,parce  que  cela  efl:  ditforme  Ôc  incom- 
mode,principalement  lorfqu'il  envient  au  dehors 
car  quand  il  n'en  vient  qu'en  dedans  on  en  cil 
moins  incommodé. 

Quelques-uns  s'imaginent  que  le  trop  grand    Quelques 

nombre  de  dents,  on  que  leur  fortie  prématurée,  eaf^nsnaïf- 

Ip  ta  fi"*       icnc  3VCC 

orlqu  on  en  aporte  au  monde  en  naillant  des  dcncs. 

font  des  Hgnes  de  bonheur  &  de  predeftination; 

mais  c'cft  une  erreur,puifque  le  plus  ou  le  moins 

de  dentSjdépend  du  plus  ou  du  moins  de  matière 

qui  je  trouve  dans  les  alvéoles  à  la  première  con- 


6i  Des  Os  de  la  Face» 

formation  ;  je  croi  feulement  qu'on  eft  heureux 
d'en  avoir  trente-deux,&  de  les  avoir  bonneSjpar- 
ce  que  c'eft  une  occahon  de  fe  bien  porter,  en  ce 
que  la  mafticarion  fe  fait  mieux  dans  les  perfon- 
nes  qui  les  ont  toutes  ,  que  lorfqu'il  eu  manque; 
car  il  on  ne  peut  pas  bien  mâcher  les  viandeS;,&: 
qu'on  les  avale  pa-r  morceaux  ;  l'eftomac  ayant 
de  la  peine  à  les  bien  digérer  ,  la  diftriburion  de 
l'aliment  ne  Te  fait  pas  (i  bien, que  lorfque  la  pré- 
paration s'ell  bien  faite  dans  la  bouche  par  le 
moyen  de  toutes  les  dents. 

Il   n  y  a       Lorique  i'ai  dit  que  tous  les  os  avoîentdes  ca- 
poiac  de         .    ,       .  '     ,  ■*.  ^         ,  ,       , 

▼ers  dans     VKes  ,  le  n  ai  pas  prétendu  en  excepter  les  dents, 

Icidcnti.  puifqu'elles  en  ont  une  dans  leur  partie  moyenne 
où  aboutit  le  nerf  j  c'eft  dans  cet  endroit  que  fc 
porte  quelquefois  une  ferofité  acre  ,  qui  ronge  Sc 
qui  gâte  la  dent  d'une  manière  fi  fenfible  ,  qu'on 
eft:  obligé  alors  de  la  faire  arracher,parce  que  cet- 
te ferolîcé  ayant  commencé  a  creufcr  la  dent,ellc 
continué  jufqn'à  ce  qu'elle  l'ait  fait  tomber  par 
morceaux.  Il  y  en  a  qui  ont  cru  qu'il  fe  fonnoit 
de  peti's  vers  dans  les  dcnts.maîs  ils  fe  font  trom- 
pez ,  puifque  ce  n'eft  qu'une  manière  de  parler  , 
fondée  fur  la  relfe  mblance  qu'ont  les  trous  de  ces 
dents  avec  ceux  que  font  de  petits  vers^lorfqu'ils 
rongent  quelque  chofe. 

Leî dents      II  eft  rare  que  l'on  oui îTe  conferver  fes  dents 
rorr.bcnt  ,  '■  ■       .      ^  ,.•    ^  r 

parvicilkf-  pendant  toute  la  vicjcar  outre  qu  il  s  en  gateiou- 

^^'  vent ,  ce  qui  oblige  de  les  faire   arracher  ,  elles 

tombent  encore  en  vieiUiHant ,  parce  qu'edes  fe 
deflechent  ;  &  que  les  s;encives  fe  détachent  de 
leurs  racines.  Il  y  a  des  vieillards  dont  les  genci- 
ves s'endurcilfent  tellementjqu'elles  fupplécntaa 
défiut  ies  dents ,  &  qu'elles  fervent  a  mâcher  les 
alircens ,  ce  qui  ne  fe  fait  pourtant  jamai.  li  bien 
qu'avec  les  dents  mêmes. 


IV,  Dêmofifiratiofi.  ■       é^ 

Les  dents  ont  trois  ufages  ,  dont  le  premier  &  Ujàges 
le  principal  eft  pour  la  maftication  :  le  fécond, 
pour  l'articulation  de  la  voix  j  je  ne  prétends  pas 
qu'elles  foicnt  abfolument  necelïaires  pour  par- 
ler, mais  feulement  pour  bien  parler  ,  d'où  vient 
que  les  cdentez  ont  de  la  peine  à  articuler  de  ccr» 
taines  lettres  ,  6c  à  prononcer  de  certaines  paro- 
les :  le  troiliérae  enfin  eil  pour  rornciucnr  ;  car 
c'efl:  une  grande  difFormité,lors  qu'elles  font  noi* 
res  oC  gâtées  ,  ou  qu'il  en  manque  quclqrj'une,& 
principalement  de  celles  du  dcvaut.Ôcft  au  con- 
traire un  grand  agrément  pour  une  belle  pcrlon- 
ne  de  les  avoir  bien  taillées ,  bien  arrangées  ,  ÔC 
fort  blanches. 

Quoique  je  vous  aye  déjà  fait  remarquer  que  Nombre 
le  nombre  des  dents  eft  ordinairement  de  trente-  ^*  '^"'" 
deux  i  fçavoir  fcize  à  chaque  mâchoire  ,  cepen- 
dant il  y  en  quelquefois  davantage  ,  &  quelque- 
fois bien  moins.  L'on  a  vu  quelques  piîrfonnes 
qui  n'en  avoient  que  deux  ,  fçavoir  un  os  conti- 
nu à  chaque  mâchoire  qui  leur  tenoit  lieu  de 
dents.  On  divife  ces  trente-deux  dents  en  incifi- 
ves,  en  canines,  &  en  molaires. 

Les  inciiîves  font  ainfî  appellées^parcc  qu'elles      ^'^^i 
tranchent  &  coupent  les  viandes  comme  un  cou-  dcmsinciû- 
teau;  d'autres  les  nomment  rieufcs,à  caufe  qu'el-  ^"' 
les  paroi ifent  quand  Ton  rit.  Elles  font  huit,qua' 
tre  à  chaque  mâchoire  ,  iituées  à  la  partie  ante- 
rieure,&  au  milieu  des  autres^leur  fuperficie  ex- 
térieure eft  faite  en  forme  de  voate,&:  l'intérieu- 
re eft  cave  :  Elles  font  plus  aigue's,plus  tranchan- 
tes &  plus  comtes  que  les  autres,  elles  [ont  plan- 
tées dans  les  alvéoles  par  des  racines  fîmples   qui 
le  terminent  en  pointe^  c'eft  pourquoi  elles  tom- 
bent ailément,  fur  tout  celles  d'enhaur. 


^4      <  ^^^  Os  de  la  Face, 

,,N  ,         Les  canines  font  ainfi  appellees  ,  parce  qu'elles 
Uncdcnt^  v    ^  i    -r     i  '  r  ^ 

canine.        lervent  a  rompre  ce  a  bnler  les  corps  durs;c<;  qai 

fait  que  Ton  porte  ordinairement:  fous  ces  dents 
les  os  qu'on  veut  ronger.Llles  font  quatre  ,  fca- 
voir  deux  à  chaque  mâchoire  ;  elles  font  fîtuées 
auprès  des  inciaves  ,  une  de  chaque  coté  ,  elles 
font  épallfes ,  fortes  &  fo  idesi  Elles  font  emboëc- 
tées  dans   leurs  alvéoles  par  de  limples  racines, 
comme  des  incidves,  mais  plus  profondem-*nt  Sc 
plus  ferrement ,  car  elles  fjroallenr  toutes  les  au- 
tres en  longueur.Lesdentsd'enhauc  font  nommées 
œillères  ,  à  caufe  qu'une  portion  du  nerf  qui  fait 
mouvoir  les  yeux  ,  fe  porte   vers  ces  dents  j  d'où 
vient  que  pluiîeurscroyent  qu'il  ell  dangereux  de 
les  arracher. 
OO  Les  dents  molaires  font  aind  appellees ,    parce 

Deuxdcntf  qu-'cHes  fervent,  comme  des  meules  de    moulin, 

molaires,     r*,    .^     „    <  ,  .  ,,  ,.  ,,         ' 

a  briier  &  a  broyer  toutes  lo' tes  d  aamensjU  y  en 

a  vingt ,  fçavoir  dix  à  chaque  michoii  e,qui  iont. 
cinq  de  chaque  coté.  Elles  fon'  dures, grandes  5c 
larges  ;  celle  qui  efl:  proche  la  dent  canine  ,  eft 
plus  petite  que  les  autres ,  lefquelles  deviennent 
plus  grandes  ,  à  mefure  qu'elles  s'enfoncent  dans 
la  bouche.Ces  dents  ontplulieurs  racines  qui  fer- 
vent à  les  mieux  enchalTer  dans  leurs  alveolts.On 
remarque  que  celles  d'en  bas  n'enonrque  deux  ou 
trois,&  que  celles  d'enhaut  en  ont  trois  ou  quatre, 
ce  qui  n'eil  pas  fans  rai  Ion  ,  car  celles-ci  étant 
fufpenduësjclles  en  ont  befoin  d'une  plus  grande 
quantité  pour  le  tenir  fermes. 
P  Nous  ferons  prefentement  la  Démonftratioii 

Loshioi-  de  l'os  hioid&pour  accomplir  le  nombre  de  foi- 
xante  os  de  la  tête  ,  dans  lequel  il  eft  compris, 
il  efl  ainfi  appelle  à  caufe  de  la  lettre  Grecque, 
qu'il  reprefeme:  ce  qui  fait  qu'on  le  nomme  aufîi 

ypfuoide  ; 


IF.  Dêmonflmtî0?r.\  <>.f» 

ypfiloideic'eft  cec  os  que  l'on  .tioiiv^  er»  mangeant-    -'i  • 
une  langue  de  bœuf.    Il  cft  ikuc/à  la  b^fe  de  la 
langue  fur  le  larinx.    Il  a  dix  mufcks  qui  le  tien- 
nent à  fa  place  ,  comme  dix  cordes  tiennent  un 
mat  de  navire  élevé  \  il  ne  touche  à  aucun  autre 
os,mais  il  lient  en  haut  par  les  os  que  l'on  appel- 
le Tes  cornes  fupcrieures,  aux  dents  apophifts  fti- 
loides  des  os  des  tempes  par  de  petits  ligamcns  qui 
les  tiennent  attachés,  «Si  en  bas ,  qui  eft  ce  qu'oa 
appelle  les  cornes  inferieures^il  eft  joint  aux  deux, 
ailes  du  cartilage  tiroidcs  du  larinx  par  des  liga- 
iiiens  de  la  même  nature  que  ceux  qui  le  tiennent: 
attaché  en  haut ,  en  forte  que  fa  véritable  articu- 
lation n'eft  pas  une  fifatfcofe  ,  comme  le  preten- 
doient  les  Anciens ,  mais  une  véritable  finévroie,. 
puifqu'il  eft  uni  par  des  ligamens  ,  &  que  les  dix 
raufcles  qui  le  garniftent  ,  ne  fervent   qu/à  le  re-, 
muer  avec  la  langue,en  le  tirant  en  haut ,  çtj  bas, 
&  latéralement,  "il  eft  compofé  de  cinq  os  ,  dçnt  ^        ,   ..^f 
le  plus  grand  en  fait  la  bafe  ,  qui  eft  la  partie  an-  -^ 

terieure  &  moyenne  de  cet  os. Cette  baie  eft  vou-  ,l 

téc  en  dehors ,  &:  cave  en  dedans  •■,  deux  autres 
plus  petits  os  font  attachés  à  celui-ci  >  un  declTta-; 
quecôréjSc  deux  très-petits  font  joints  aux  ex4^vc-!i    Les  cor- 
mités  de  ces  dcrnicrs:ces  quatre  petits  os  font  é^J-Ç]^.']=^  ^'^^ 
femble  les  parties  latérales  de  l'os  iiiflide,qu.e  ,l,^pi^/ 
appelle  les  cornes.  '  :  ;:.!  Iv.'  r-  uy.r  >  mi'h 

Le  principal  ufagc  de  cet  os  n  eft  pas  de  fervirî  ufagej 
d'appui  a  la  langue'',  comme  plufieurs  l'ont  ^^'''^^i'^-j,-j^^^ 
car  elle  feroit  appuyée  trop  foiblement ,  mais^d^» 
faciliter  l'entrée  dé  l'air  dans  la  trachée-artere ,  ^tj. 
celle  du  boire  &  du  manger  dans  l'œfophage  ,  eiij 
tenknt  le  pharinx  dans  cette  jufte  largeur  qu'il  ooiç, 
avoir  pour  laifTer  palier  librement  les  alimens,-.  -j: 
Comme  toutes   les  cavitîs  de    la  tête  font  ep; 

E 


66  Des  Os  de  la  Face. 

Repeti-    grand  nombre  ,  &  qu'elles  font  fort  difficiles  à 

Kcs^TtI-  retenir  j  je  croi  qu'il  n'eft    pas  inutile  d'en  faire 

jezdclaïc-  ici  une  répétition  avant  que  de  les  finir,  &  de  di- 

^'  te  encore   une  fois  qu'elles  font  de  trois  fortes, 

fcavoir  trous  ,  fofTes  ,  &  finus, 
.  Diztroui       Pour  bien  examiner  les  trous  de  la  tête  ,  il  faut 
♦haquc"cô-  ^^^  divifer  en  internes,quî  font  au  nombre  de  dix 
*c  de  la  lé-  de  chaque  côté  fans  compter  les  petits  trous  de  l'os 
**  cribleux  ,  &  le  grand  trou  de  l'occipital.  Le  pre- 

mier eft  l'optique  ,  le  fécond  eft  la  grande  fente 
orbitaire ,  qu'on  appelle  aufli  la  fendade  ,  le  troi- 
fîéme  eft  le  grand  trou  rond  ,  le  quatiiéme  eft  le 
grand  canal  ou  iînus  ofleux  ,  le  cinquième  eft  la 
fente  ovale  ,  le  iîxiéme  eft  le  petit  trou  rond  ,  le 
fcptiéme  eft  l'auditif  interne  ,  le  huitième  eft  le 
trou  appelle  grand  jugulaire  ,  le  neuvième  eft  le 
trou  de  la  neuvième  paire  que  l'on  appelle  latéral. 
Enfin  de  dixième  eft  le  cerveau, 
iDozerious      H  y  a  onze  trous  externes  de  chaque  côté.    Le 

jixteraci  de  premier  eft  le  furcilier;  le  fécond  eft  le  canal  na- 
lihaque  co  ^  ,  i       i       •       i         •    a         r 

féàlacécc.  ^^1  î^^f'^e^i^"^   le    lacrmial   qui  eft  prelque  tout 

creufé  dans  la  partie  fuperîeure  de  l'os  maxillaire; 
à  l'endroit  qu'il  eft  joint  avec  l'os  unguis:  le  troi- 
fièmc  eft  l'orbitairc  interne  ,  c'eft  un  trou  dans 
l'orbite  qui  fe  trouve  placé  contre  l'os  planum:  le 
quatrième  eft  l'orbitaire  externe  ,  c'eft  la  forrie 
«'un  canal  gravé  dans  la  partie  du  maxillaire  qvû 
fait  le  bas  de  l'orbitejCe  trou  eft  place  extérieure- 
ment au  bord  de  l'orbite  à  l'os  maxillaire:  le  cin- 
quième eftrincifif  qui  s'ouvre  par  deux  ouvertu- 
res différentes  dans  le  nez  ,  il  eft  commun  aux 
deux  maxillaires  &  fîtuè  au  deftbus  des  deux  pre- 
mières dents  incifîves.C'eft  par  ce  trou  que  les  lar- 
mes qui  fe  font  vuidèes  par  le  fac  nafal  dans  le  nés 
dit  rendant  cnfuitc  dans  la  bouche^c'eft  d'où  vient 


/  î'^.    Démoriflratîon,  (?7 

que  quand  on  pleuie  on  crache  beaucoup,à  cau- 
le  de  l'abondance  des  larmes  qui  viennent  dans  la 
bouclie  ,  &:  qui  irritent  par  leur  acrimonie  les 
lources  de  la  (alive  :  le  hxiéme  cft  le  trou  de  l'os 
du  palais  que  l'on  appelle  guftatif ,  par  où  palTe 
un  cordon  de  nerf  de  la  cinquième  paire  \  le  fe- 
priéme  eft  l'auditif  externe  ,  ou  le  conduit  de 
î'ouie  :  le  huitième  efl:  l'oblique  qui  s'ouvre  dans 
le  canal  olTeux  :  le  neuvième  eft  le  petit  trou  qui 
eft  entre  l'apophife  maftoide  &  la  ftiloide  :  le  di- 
xième eft  le  canal  de  communication  ou  l'aque- 
duc ,  ainli  appelle  parce  qu'il  a  quelquefois  fervi 
d'égoût  aux  feroliltez  purulentes  des  abfcez  du 
fonds  de  la  gorge  ,  &:  qui  fe  font  vuidées  par  le 
trou  de  l'oreille  j  Enfin  l'onzième  qui  eft  le  der- 
nier ,  eft  un  petit  trou  au  pariétal  tout  proche  ia 
future  faCTiralc. 

Les  folfes  font  plus  faciles  à  voir  que  les  trous,  jj,  fo^ç, 
elles  iont  internes  &  externes.  Les  internes  font  inteinci. 
iix,&  que  l'on  apperçoit  aufïi-tôt  que  l'on  ouvre 
un  cranc  j  elles  font  fituèes  à  fa  bafe  j  il  y  en  a 
deux  plus  petites  que  les  autres ,  qui  font  dans  la 
partie  antérieure  du  crâne  ,  c'eft-à-dtre  ,  dans  l'os 
coronal  :  deux  moyennes  qui  font  dans  les  os  pe- 
ireux  ,  &  deux  plus  grandes,placèes  dans  l'os  oc- 
cipital ,  aufqucUes  nous  ajouterons  les  deux  fupe- 
ricures. 

Lesfolfcs  externes  font  quatorze  :  fcavoir  fept     ^ 
de  chaque  cotc,dont  la  première  reçoit  le  condi- foiFcicxur. 
le  de  la  mâchoire  inférieure  pour  l'articuler  avec  ""• 
les  os  petreux  i  la  féconde  cft  dans  les  apophiles 
pterigoidcs  \  la  troilième  eft  vers   le  trou  déchiré 
par  où  palle  le  vague  ^  la  quatrième  fur  le  palaisj 
la  cinquième  fait  la  voùie  du  palais  j  la  (ixièmc  eft 

E    ij 


Huit 
£nus. 


6S  Des  Os  de  laFace. 

fous  le  zigoraa  j  &  la  feptiéme  eft  la  cavité  qin 
forme  l'orbite. 

Les  fînus  font  huit ,  deux  dans  la  mâchoire  fu- 
perieure  ,  deux  danî  la  partie  inférieure  de  l'os 
coronal  ,  deux  aux  os  petrcux  dans  les  apophifes 
maftoides  ,  &  deux  dans  la  fclle  de  l'os  Iphenoi- 
de. 

Voilà,  Meilleurs,  toutes  les  cavités  du  crâne  & 
de  la  face  ,  dans  le  nombre  defqucllcs  je  n'ai  pas 
compris  celle  de  la  mâchoire  inférieure  ,  parce 
qu'elles  fe  feparent  du  rcfte  de  la  tête.  Dans  les 
deux  Demonftrations  fuivantes  je  parlerai  des  os 
du  tronc ,  qui  fait  la  féconde  partie  du  fquelette. 


V 


69 

D  E  S    O  S 

DE      L'    E    P    1    N    E. 

Cinquième   T)émonflration, 

^pl  Ous  avez  vu,  Mefïieurs,  tous  le  os  qui  com-     Lcsof  du 

'^W&  pofenc  le  crane;mais  maintenant  l'ordre  veut  1-'^°?*^  "^ 

f  r  rr  •  -   c  i    ^iV"cnt  en 

que  nous  vous  rallions  voir  ceux  qui  rorment  le  trois. 

tronc.    Ils  fe  divifent  en   trois  ,  qui  font  les  os  de 

l'epine,les  os  de  la  poitrine,&  ceux  des  hanches.  Je 

commencerai  aujourd'hui  par  ceux  de  l'épine  ,  me 

rcfcrvant  à  faire  voir  les  os  de  la  poitrine,  &  ceux 

des  hanches  dans  la  Démonftration  fuivante. 

La  ftrudure  admirable   de  l'épine  ne  fait  pas 

moins  éclater  la  fagcfle  de  Dieu,  que  la  compolî- 

tion  du  crâne  :  car  comme  il  l'a    fait  tout  ofleux 

pour  contc=nir  &  défendre  le  cerveau  ,  il  falloit 

aulîî  qu'il   ht  l'épine   toute    oiVeufe,  afin  que  fa 

moelle  ,  qui  cft  une    continuité  du  cerveau  ,  pût 

erre  confervée    &  défendue   dans  le  long  chemin 

qu'elle  avoir  à  faire.  Elle  efr  percée  à   droite  &  à 

gauche  ,,  comme  le  crâne  ,  de    plufiours  trous  qui 

laillent  échapper  des  nerfs  qui  vont  porter  le  fuc 

animal  dans  toutes  les  parties  :  En  effet  ,  il  feroîr 

inutile  au  cerveau  de  feparcr  ce  fuc  ,  &  d'en  être 

pour  aînh  dirCjla  fourcc,s'il  n'y  avoic  un  aqueduc 

comme  l'épine  ,  pour  le  cor.uuire  dans  toutes  ces 

parties  par  le  moyen  des  nerfs, 

Pourconnoître  exactement  la  composition  de    L'cpinc 
Icpine  il  la  faut  conhJcrer  en  c;e!i?tal  &:  en  parti- 
culier.   Il  y  a  fcpt  chofes  à  examiner  en  gênerai , 
fçavoir  fon  nom,  fa  définition  ;  fa  ditifion,  fa  fi- 
gure ,  fes  connexions  ,  fes  ufages  &  fes  parties, 

0\\  appelle  épine  tous  les  os  qui  font  depuis  k 

E    ii) 


7©  Des  Os  de  VEpl/ie. 

Le  nom  première  vertèbre  da  cou  ,  julqa'à  l'cxtremîré  du 
coccix,  elle  eft  ainiî  nommée,  parce  que  fa  parric 
pofterieiire  eft  aigiic  ,  ou  bien  parce  que  fi  vous 
feparés  eiitieremenc  les  vertèbres  des  autres  os 
qu'elles  touchent  ,  elles  auront  toutes  enfemble 
_,c  •  ^^  figure  d'épine. 
lion  Hc  £^^^  ^ft  défînie,un  afTemblage  de  plufieurs  os  ar- 

Icpinc.        ticulés  enfemblejpour  lervir  de  domicile  &  de  rem- 
part à  la  moelle, comme  le  crâne  fait  au  cerveau. Si 
elle  n'eût  été  faite  que  d'un  feul  os,elle  auroit  été 
toûjom's ^droite  comme  une  quille/ans  fe  pouvoir 
fléchir,&  fi  elle  ne  l'eût  été  que  de  deux,de  troisou 
de  quatre  ,  il  y  auroit  eu  dans  les  flexions  qu'elle 
auroit  faites,des  angles  aîf^us  aux  endroits  des  arti- 
culations  qui  auroicnt  prellé  la  moelle, &  qui  au- 
roient  empêché  le  cours  du  fuc  animal  dans  les  ex- 
trémités des  nerfs:Mais  étant  compoléc  de  plufieurs 
os  joints  &:  articulés  enfemble  par  de  forts  liga- 
menSjelle  fc  meu:  facilement  de  toutes  parts, (ans 
incommoder  la  moelle  qu'elle  contienr,ni  les  par- 
ties de  la  poitrine  &  du  bas  ventre  qu'elle  touche 
Divifion        On  divife  l'épine  en  cinq  parties  ,  qui  font  le 
dclcpmc.    ^^^  ^  1^  j^g^  l^g  lombes  ,  l'os  facrum  &  le  coccix. 
La  figure        La  figure  de  l'épine  eft  une  des  principales  cir- 
cn  gcDcuI.  <^oi^ftances  qu'il  y  faut  obferverjfi  vous  la  regardés 
par  fa  partie  anterieure,ou  pofterieure,  elle  paroîc 
droite^mais  fi  vous  laconfiderés  par  une  des  parties 
laterales,vous  verres  Qu'elle  fe  jette  tantôt  en  de- 
dansi&  tantôt  en  dehors^tant  pour  le  mieux  foûte- 
nir^que  pour  s'éloigner  ou  s'aprocher  des  parties 
qui  font  dans  !a  poitrine  ,  &  dans  le    bas  ventre. 
paScuIierc       ^^  poinie  de  l'épine  ,  à  l'endroit  du  cou,  entre 
ducou.        en  dedans,il  y  en  a  qui  prétendent  que  c'eft  pour 
apuïer  la  trachée-artere  &  l'ccfophagejCe  que  je  ne 
croi  if  ;  y.-iiirque  la  proximité  depludcurs  os  auflî 
durs  que  ic  fûju  les  veitcbrcs  du  cou  incommo- 


y,   DémonfiratloN,  yt 

deroit  l'œrophagc,&:  nuiroit  à  la  dégluntion/ plu- 
tôt que  de  la  facilitci'.ll  y  a  bien  plus  d'apparence 
de  croire  que  celt  pour  mieux  porter  latêce,quiy 
cft  placée  comme  fur  un  pivot  ;  car  ii  l'épine  eût 
monté  toute  droite,elle  fe  {eroit  jointe  à  la  partie 
pofterieure  de  la  tête  ,  qui  n'étant  pas  bien  loûte- 
nuë  tomberoit  en  devant  par  fon  propre  poids. 

Les  vertèbres  du  dos  au  contraire  fe  jettent  en  ,  ^igureidu 
II  I  ./,]..       dot  8c  oet 

dehors  pour  augmenter  la  capacité  de  la  poitrme,  l«mbc$. 

parce  que  le  cœur  &  les  poumons  qui  y  font  con- 
tenusjétant  dans  un  mouvement  coniinuel,ne doi- 
vent pas  être  preirés.Celles  des  lombes  fe  portent 
un  peu  en  dcdans,non  pas  pour  fcrvir  d'apui  à  la 
grollc  artere,&  à  la  veine  cave,  comme  quelques- 
uns  l'ont  pretendu,mais  pour  mieux  contre-balan- 
cer  la  pefanteur  du  corps,en  fervant  comme  d'arc- 
boutans  aux  parties  qu'elles  foùtiennentj  car  Ci  el- 
les Te  fulfent  jettées  en  dehors  ;  comme  celles  du 
doSjle  corps  qui  n'cft  foûtenu  que  par  elles,  bien 
loin  de  fe  tenir  droit  ,  fcroit  courbé  continuelle- 
ment en  devant.L'os  facrum  fort  en  dehors,pom: 
former  la  cavité  ,  que  l'on  appelle  le  baflin ,  plus 
ample,  afin  que  le  redtum  ,  la  vefîîe  &  les  parties 
de  la  génération  y  fulfent  à  leur  aife,&  principale- 
ment celle  des  fjmmes,qui  en  ont  befoin  dans  le 
rems  de  la  grollcirc.  Le  coccix  entre  en  dedans  , 
afin  qu'il  ne  foit  pas  offenlé  ,  lorfque  nous  nous 
adeyons  ,  ou  que  nous  montons  à  cheval. 

Pour  bien  examiner  les  connexions  de   l'épine,     Conncxi- 
M  r  n  '  \    •  r  'onsgcnera- 

11  raut  remarquer  celles  qui  lui  lont  communes,  icsdei'cpi- 

&  celles  qui  lui  font  particulières  ;  les  communes  ^^- 
font  celles  qu'elle  a  avec  les  parties  qui  y  (ont  at- 
tachées; la  première  eft  avec  latcte,à  laquelle  elle 
cft  jointe  par  artrodie  ,  l'os  occipital  ayant  deux 
cminenccs  qui  entrent  dans  deux  cavités  glenoidcs 

E  iiij 


'       7 1  Des  Os  de  l'EpLie. 

de  la  première  vertèbre  du  coupla  féconde  efl;  avec 
les  côtes  quifont  articulées  avec  les  douze  vertè- 
bres du  dos  par  une  double  artrodicjl'une  au  corps 
delavertebre5&  l'autre  à  Ton  apophife  tranfverfei 
la  troiiîéme,  avec  l'omoplate  par  lifarcorcj  y  aianc 
desmufclesquinaillentdes  apophifesépineufes  des 
vertèbres  du  cou,&  de  celles  du  dos,  qui  vont  s'in- 
fercra  la  bafe  de  l'omoplatCjla  quatriéme,eft  avec 

^  lesosdes  hanches,  qui  font  attachés  fortement  à 

Connf-  ^  '  ^     .  .  11.'. 

xion.  parti-  l  os  lacrum.Les  connexions  particulières  dclepine 
c.lKret  ^(^j^j.  (-e}lc5  qLie  les  vertèbres  font  enfemble  ;  elles 
iont  de  deux  ou  de  trois  fortesjl'une  fe  fait  par  leurs 
corps  ,  qui  efl:  une  fimphilc  ,  apellée  fincondrofe, 
parce  qu'elle  fe  fait  par  le  moicn  d'un  cartilacre  5 
Tautre  fe  fait  par  leur  apopliileobliqueiqui  efl:  une 
aitrodied'on  y  en  ajoute  une  troifiéme,qui  efl:  une 
efpece  de  ginglirae,parce  qu'en  même  temps  qu'u- 
ne vertèbre  efl:  reçue  par  celle  qui  lui  efl:  infé- 
rieure ,  elle  reçoit  celle  qui  lui  efl:  luperieure. 
Ligamens  Les  ligamens  qui  font  aux  articulations  des  ver- 
bfcs  '^^'^  tcbres  font  tres-forts,pour  empêcher  qu'elles  nefe 
luxent  dans  les  mouvemens  violens  qu'elles  font. 
Ils  font  de  deux  fortesilesuns  font  épais  &  fibreux 
faits  en'  forme  de  croiflant  ,  qui  les  lient  par  haut 
&  par  bas  ;  &  les  autres  qui  font  membraneux  , 
fervent  à  les  lier  avec  plus  de  fermeté.  Ils  naîilent 
des  apophiies  tranlvcrfes  &  aiguës. 

Ufa:!cj  de     L'épineades  ufa^cs  communs  &  particuliers.Les 
1  epinc.  r  i^^-jrj  ^ 

premiers  lont  de lervirderonctemcnt  au  corps,com- 

me  font  tous  les  autres  os  ,  &  de  fervir  d'attache  à 

plulieurs  mufcles:  les  féconds  font  de  conduire  la 

moëlle,de  la  défendre  contre  toutes  fortes  d'injures 

rant  internes  qu'externes  &  de  fervir  d'apui  à  latê- 

tCjà  la  poitrine,aux  c6t£S,aux  jai-qbes  ,  &  aux  bras; 

de  manière  cw'c^n  peut  dire.qy'cUé'efl:  comme.-ia 

quille  d'un  navire  où  les  ccurbesda  poupe/laproue' 


/  T^.    Démorjflration,  7J 

,&  toutl'afTemblage  du  vailleau  eft  attaché. 

Les  parties  qui  compofenc  l'épine  fonc  appcliées  .L«  par-   ' 
fvondïlot ,  5c  ordinairement  vertèbres  ,  d'un  mot  pine.*^  '^' 
qui  fignifîe  tourner,  parce  que  le  corps  fc  tourne 
diveriement  par  leur  moyen. 

Avant  que  d'examiner  les  vertèbres  en  particu-  Ce  que 
lier,  il  faut  obferver cinq  chofes  ,  qu'elles  ont  de  [,t.„  onren 
commun  &  qui  fe  rencontrent  dans  toute  leurftru-  commun. 
(fturejla  premiere,eft  que  chacun  a  Ton  corps  dans 
fa  partie  interne, c'eft  l'endroit  le  plus  large  fur  le- 
quel elles  s'apuient  les  unes  fur  les  aatrcs:là  fccon- 
de,eft  qu'elles  ont  toutes  un  grand  trou  par  où  paife 
la  moelle  de  l'épine:latroifîéme,eft  qu'elles  ont  tou- 
tes trois  fortes  d'apophifcs  \  fçavoir  quatre  obli- 
qucs,deux  tranlverfes,&  une  épineufe,  la  quatriè- 
me, elt  qu'elles  ont  toutes  chaque  cinq  epiphifes; 
fçavoir  deux  à  leur  corps,deux  aux  extrémitez  de 
leurs  apophiles  tranfverfes  ,  &  une  au  bout  de 
l'apophife  épnieufe  :  la  cinquième  6c  la  dernière 
chofe,cft  qu'elles  font  toutes  percées  par  leurs  par- 
ties latérales  pour  donner  palfage  aux  nerfs  qui  en 
fortentill  faut  remarquer  qu'elles  ne  font  pas  per- 
cées dans  leur  partie  moicnne  ,  ce  qui  les  afFoibli- 
roit  trop,mais  quedeux  vertèbres  contribuent  à  fai- 
re le  trou, de  forte  qu'il  ne  paroît  à  chacun  qu'une 
échancrurc,la  plus  grâdepaitie  du  trou  fe  prenant 
dans  le  cartilaçre^qui  en  attache  deux  enfemble. 

Pour  bien  examiner  les  vertèbres  en  particulier     Eximcn 
vil  faut  reprendre  la  divifion  que  nous  avons  faite  P^";^"'''^'^ 
de  I  epine  zn  cmq  parties  ,  qui  iontle  col  ,  le  dos, 
les  lombes  ,  l'os  facrum ,  «Se  le  coccix. 

Le  col  cft  compofé  de  fept  vertèbres  ;  qui  font        R 
plus  folides  &  plus  dures  que  celles  do  dos, parce     Lccol. 
qu'elles  ont  à  fupporter  la  tête,  qui  etl  d'un  grand 
poidsiDTais  elles  font  aufîi  plus  pccircs  ,  parce  que 
il  elles  étoicnt  auffi  grolTes  que  celles  du  dos  ,  ^ 


74  -D^^  Os  de  l'Efhie. 

des  lombes  ,  le  col  auroît  cté  trop  gros  ,  &  il 
n'auroit  pu  ie  mouvoir  aifemertt. 
Cincciio-     Deux  ou  trois  de  ces  vertèbres  ont  quelque  cho- 
v?rtcbirs^  fe  de  particulier  ,  que  je  vous  dcmontrerai  après 
du  col  ont  que  je  vous  aurai  fait  remarquer  ce  qu'elles  ont  de 
cntr'cîîés""  commun  cntr'ellcs;je  me  retranche  à  cinq  chofes 
qui  font  à  obferver  :  la  première  ,  eft  qu'outre  les 
fcpt  apophilcs  que  nous  avons  dit  fe  rencontrer  à 
toutes  fes  vertebres,cellcs-ci  en  ont  deux  de  plus, 
qui  font  le  nombre  de  ncufjlefquelles  font  placées 
à  la  partie  fuperieure  de  leur  corps, l'une  à  droite, 
l'autre  à  gauche;  elles  embrallent  le  corps  de  la 
vertèbre  iuperieure  ,  qui  eft  a  (les  pctit;&  en  em- 
pêchant qu'il  ne  s'échaped'un  côte  ou  de  l'autre, 
ellcsle  tiennentferme  &  allure  daub  les  mouvemés 
du  cou.  La  féconde  eft  que  le  corps  de  ces  vertè- 
bres eft  plus  aplati  au  devant  que  celui  des  autres, 
afin  qu'elles  n'incommodent  point  la  trachée  artè- 
re ,  ni  l'œfophagc.  Plufieurs  Aureiirs  ont  crû  que 
ces  vertèbres  s'^vançoient  en  devant  pour  foûtenir 
ces  parties  ;  mais  cela  n'eft  pas  vrai ,  puifqu'elles 
n'ont  pas  bcloin  du  voifmage  de  ces  os  j  qui  ne 
manqucroicnt  pas  de  nuire  dans  leurs  a6lions,en 
\cs  prell'ant  de  trop  prés.La  troifiéme  eft  que  leurs 
apophifcs  tranfvcrfes   font  percées    pour  donner 
pallage  aux  artères  cervicales,  qui  font  conduites 
par  ce  chemin  julqiies  dans  le  cerveau,    La  qua- 
trième ,  eft  que  leurs  apophifcs ,  tant  rranfverfes 
qu'épîneufes ,  iont    fourchues  pour  faciliter  les 
attaches  des  mnlcles.    Et  enfin  la  cinquième,  eft 
que  leurs  apophîles  épîneules  font  un  peu   cou- 
chées en  embas  pour  la  facilité  du  mouvemciit. 
C  La  première  de  toutes  ces  vertèbres  eft  nommée 

Atlas.  Atlas, parce  qu'elle  fouticnc  immédiatement  la  tê- 
te ,  qui  étant  d'une  risrure  ronde  relî'emble  à  celle 
^u  monde ,  que  l'on  a  feint  être  porte  par  Atlas; 


V.    DemonflratîoTi.  yr 

Cette  vertèbre  n'a  point  d'apophife  éplneufe,parce 
<jue  les  mouvemens  de  la  tête  ne  fe  font  point  fur 
elle,mais  fur  la  feconde;&  e'tant  obligée  de  fe  tour- 
neiLtout  autant  de  fois  que  la  tête  fe  meut  circulai- 
rementjfi  elle  eût  eu  une  apophife  épineafe,elle  au- 
roit  incommodé  les  mufcles  pofterieuis  de  la  cête 
dans  fes  mouvemens  circulaircs;&  principalement 
les  deux  petits  droits  qui  nailfcnr  de  la  féconde  ver- 
tèbre ,  &c  qui  s'inlerent  à  l'occiput.  Elle  eft  d'une 
fubftance  déliée  Se  plus  dure  que  les  autres  verte- 
bres.Elle  en  diffère  cncore,en  ce  que  les  autres  ver- 
tèbres reçoivent  d'une  part,&  font  reçues  de  l'au- 
trejau  contraire  celle-ci  reçoit  par  fes  deux  extré- 
raitéSjCar  deux  éminences  de  l'occiput  encrent  dans 
fes  deux  cavités  fuperieures,  qui  font  articulation 
avec  la  tête,&:  en  même  tems  deux  autres  éminen- 
ces de  la  féconde  vertèbre  entrent  dans  fes  deux 
cavités  inférieures  ,  qui  les  articulent  enfemble. 

Il  faut  remarquer  que  l'articulation  de  la  tête  fe     Rcmar- 
faitfur  la  partie  antérieure  de  cette  vertèbre  ,  &  ?,*!?  "5-    "^^ 
non  pas  lurU  polrerieure  ,  ahn  qu'elle  loit  mieux  dcktccc. 
fuportée  par  le  corps  des  vertcbreSj«5c  qu'elle  foit  ' 
ainfî  plus  dans  (on  équilibre.ll  faut  encore  obfer- 
ver  que  l'ouverture  qui  eft  dans  le  milieu  de  cette 
vertèbre  eft  plus  grande  que  celle  de  toutes  les  au- 
tres^car  outre  le  pailage  qu'elle  donne  à  la  moelle 
de  l'épine ,  comme  toutes  les  autres  font,  elle  re- 
çoit de  plus  la  dent  de  la  féconde  ,  qui  palfant  par 
fon  ouverture  ,  va  s'attacher  à  l'os  occipital. 

La  féconde  des  vertèbres  eft  apellée  tournoïan-        D 
te  ,  parce  que  c'eft  fur  elle  que  h  tête  Se  la  pre-  noyincc*""^* 
miere  vertèbre  tournent  comme  fur  un  pivot  ,  &C 
que  du  milieu  de  fon  corps,  il  s'élève  une  apophi- 
fe qui  reprcfente  en  quelque  manière  une  dentjcc 
qui  a  fait  donner  le  nom  ifodoiitoidc  a  cette  apo- 


7^  Des  Os  de  l'Epine. 

phife,  dont  la  ruperficie  eft  en  quelque  façon  iné- 
gale ;  afin  que  le  ligament  qui  en  fort ,  &c  qui  la 
lie  ,  avec  l'occiput  ,  s^attàche  mieux. Elle  efl:  aufli 
environnée  par  un  ligament  folide  &  rond,<^ui  eft 
fait  d'une  manière  induftrieufe  .  pour  empêcher 
que  la  moelle  de  l'épine  ne  foit  comprimée  par 
cette  apophile.  Cette  vertèbre  &  la  première  font 
jointes  a  l'occiputjclles  le  (ont  auiîi  entr'elles  par 
des  ligamens  particuliers  ,  qui  les  attachent  for- 
tement à  la  tête. 
^  La  troihéme  eft  nommée  axe  ou  aiiïîeu  ,  parce 

AifficL".  que  c'eft  elle  qui  commence  à  former  un  corps  fur 
lequel  les  deux  premières  vertèbres  &  la  tête,font 
portées  comme  fur  un  aiiïieudes  quatre  fuivantes 
n'ont  point  de  nom  particulier;  on  remarque  feu- 
lement que  la  dernière  n'a  point  fon  apophifc  épi- 
neufe  fourchue  comme  les  autres,  &:  qu'elle  com- 
mence à  prendre  la  figure  de  celles  du  dos, 
F  11  y  a  douze  vertèbres  qui  forment  le  descelles 

Lcdoj.  font  plus  grofies  que  celles  du  col,&pluspetitesque 
celles  dcslombcsjil  faut  remarquer  qu'elles  ne  font 
pas  toutes  égalcsj&  qu'elles  deviennent  plusgrolles 
&  plus  foricSjà  mcfure  qu'elles  defcendent  en  bas 
par  la  raîfon  que  ce  qui  porte  ,  doit  être  plus  fort 
que  ce  qui  eft  porté  ;  &  qui  formant  toutes  une 
figure  piram'dale  ,  elles  en  ont  plus  de  force:Elles 
ont  leurs  apophifes  épincufcSjfimples  &  poivitucs, 
qui  fe  couchent  en  embas  les  unes  fur  les  autresj 
leurs  apophifes  tranfverfes  font  fort  groiFcs  pour 
l'articulation  des  côtes  qui  y  font  attachées  ,  car 
chaque  verte bre  du  dos  articule  deux  côtes  ,  tant 
par  Ion  corps,que  par  les  apophifes  tranfverfes. 

»T       ,  La  première  de  ces   vertèbres  eft  appcUée  émi- 

Ui-ic  des  A  11     1    n     1  1  I 

^tcmiercs    nentc  ,  parce  qu'elle  1  eft  plus  que  les  autres  ,  la 

cr.corcj      féconde  s'appelle  axilUire  ,  à  cauie  qu'elle  eft  la 


plus  proche  de   l'aiirelle  ,  les    huit  qui  fuivenc  (e 
nomment  coftales  ou  plévrltes;  parce  qu'elles  arti-        ^ 
culent  les  côtes  qui  font  tapi  liées  intérieurement     Une  des 
delà  plevre.Uonziéme  vertèbre  du  doscft  appcllée  dernières. 

f  ,  r  i    T       '     •  r         '    /X   du  dos. 

la  droite  ,  à  caule  que  Ion  apophiie  epmeule  n  elt 
pas  couchée  comme  celles  des  autres.La  douzième  ^ 

le  nomme  ceignante  ,  à  caufe  qu'elle  eft  placée  à 
Tendroit  où  Ton  porte  ordinairement  les  ceintures.         ^ 

Les  lombes  font  compotes  de  cinq  vertèbres.  Les  lom- 
qui  font  plus  cpaiires  &  plus  grandes  que  celles  du  ^cs. 
dos,parce  qu'elles  leur  fervent  de  bafe  ;  leurs  arti- 
culations ne  font  pas  fi  ferrées  que  celles  du  dos  , 
afin  que  les  mouvemens  que  les  lom.bes  font  obli- 
gés de  faire  foient  plus  libres,^  que  l'on  puifTe  fe 
courber  plus  aifément;  elles  ont  leurs  apophifes 
tranfvcrfes  plus  longues  ôc  plus  déliées  que  celles 
du  dos  ,  ce  qui  leur  fert  en  quelque  manière  de  cô- 
tes ,  exceptés-en  néanmoins  la  première  &  la  cin- 
quième qui  les  ont  plus  courtes,ce  qui  fait  qu'elles 
ne  nuifent  point  aux  mouvemens  &  aux  flexions 
que  les  lombes  font  vers  les  côrez.  Elles  ont  neuf 
apophifes,car  les  afcendantes  qui  fervét  à  les  arti- 
culer enfemble  font  doublesj  enfin  elles  ont  leurs 
épines  plus  épaiifes  &  plus  larges  ,  ce  qui  fert  à  y 
mieux  attacher  les  mufcles  &  les  ligamens  du  dos.        ^ 

La  première  de  ces  vertèbres  eft  nommée  néphrite  Unc  de 
ou  renalcjà  caufe  que  les  reins  font  couchés  à  côté  "^1^'[^^^" 
d'elle,&  qucc'cftà  cet  endroit  que  commence  à  fe 
faire  fentir  la  douleur  nephretique,les  trois  quifui^ 
vent  n'ont  point  de  nom  particulier  j&  la  ci  nqaiéme 
eft  confiderée  comme  l'apui  &  le  foùtien  de  toute 
l'épine ,  c'eft  pourquoy  on  l'a  nommée  afphalite,^ 

L'os  facrum  eft  un  gros  os    large  de  immobile     ^0»  fa- 
qui  fcrc  de  bafe  &  de  pied  d'eftal  à  l'épine.    Je  ne  crum. 
fçai  pourquoi  on  l'appelle  ainfi^lcs  uns  dificnt  que 


7  s  Des  Os  de  l'Epine. 

c'eft  parce  que  les  Anciens  l'offroient  en  facrifice 
aux  Dieux  5  les  autres  à  caufe  qu'il  eft  grand  ,  & 
d'autres  parce  qu'il  enferme  les  parties  honteufes. 
Tîeurcde  ^^  fiaure  eft  trineulaire  :  il  eft  cave  par  dedans, ce 
qui  aide  a  former  cette  cavité    qui  eit  au  bas  de 
rhipogaftre,que  l'on  nomme  le  baflinjileft  poli  & 
égal  par  (a  partie  antérieure  ,  ce  qui  empêche  que 
les  parties  qu'il  contient  ne  foient  bleirées  ;  il  eft 
convexe  &  inégal  par  fa  partie  pofterieure,  ce  qui 
fait  que  les  mufcles  s'y  attachent  facilement. 
•  *"j*^^!*"     Cet  os  a  trois  différentes  articulations:la  premic- 
facrum.       re,qui  eft  avec  la  dernière  des  vertèbres  des  lom- 
bes,eft  femblable  à  celle  de  toutes  les  veriebres^fa 
féconde  eft  avec  le  coccix,elle  fe  fait  par  fîncondro- 
fcj&  la  rroifiéme  avec  les  os  des  hanches  le  fait  par 
engrainure;  c'cft  pourquoi  il  faut  remarquer  à  la 
partie  fuperîeure  de  cet   os  deux  apophifes  afcen- 
dantcSjdont  chacune  a  une  cavité  glenoïdc  qui  re- 
çoit les  defcendantcs  delà  dernière  vertèbre  des  16- 
bes,&:  qui  fait  la  premierearticulationjà  fapartie  in- 
ferieure,deux  petites  apophifes  defcendances  qui  fe 
joign-;nt  au  coccix,&  font  la  fecondc,&  à  fes  parties 
latérales  plufieurs  finuofités  entre-mêlées    d'émi- 
nences,  qui  reçoivent ,  &  qui  font  reçues  des  os 
des  hanches  ,  éc  font  la  troiliéme  articulation. 
Y»  ^  r        Les  parties  qui  compofent  l'os  facrum/ont  mi- 
crumendc-  fes  au  rang  des  vertebres,non  pas  à  raifon  de  leur 
vant.  ufage,maisà  caufe  de  leur  reftemblance.On  divife 

l*os  lacrum  en  cinq  vertèbres  de  diférente  grofteur, 
dont  la  fuperieure  eft  la  plus  grandejelles  diminu ënt 
à  mcfure  qu'elles  defcendcnt;  car  la  dernière  eft  la 
plus  petite  de  toutes  ces  vertèbres  fe  feparent  faci- 
lement aux  cnfanSjparce  que  les  cartilages  qui  les 
joignent  n'étant  pasofïifiez,  s'en  vont  par  Tcbuli- 
rion;  mais  aux  adultes  elles  font  fi  fortement  unies 


y.   Dêmonfiratien,  75) 

qu'elles  ne  font  plus  qu'un  feul  os,lequel  doit  être 
fort  folide  pour  fourcnir  toute  répine,&  pour  arti- 
culer les  os  des  hanches  auflî  fortement  qu'il  fait. 

C'eft  à  l'os  facrum  que  finit  la  cavité  qui  con-     l'Jj  f^, 
duit  la  moelle  de  l'épine,il  faut  remarquer  que  les  cmm  en 
trous  qui  y  font  pour  la  fortie  des  nerfs  ,  ne  font  """"^* 
pas  /îtuez  latéralement  ;  comme  aux  autres  vertè- 
bres, mais  en  devant  &  en  derriercjparce  qu'étant 
articulé  par  fes  parties  latérales  aux  os  des  han- 
ches ,  il  ne  pouvoir  pas  être  trop  percé.  Les  trous 
de  devant  font  plus  grands  que  ceux  de  derrière, 
c'eft  par  les    premiers  que  fortent  ces  dernières 
paires  de  la  moelle  de  l'épine,qui  vont  fe  diftribuer 
aux  parties  antérieures  des  cuilles  &  des  jambes,il 
ne  fort  rien  par  les  trous  de  derricre  ,  parce  qu'ils 
font  bouchez  par  une  membrane  tendineufe.    Ses 
apophifes  tranfverfes  font  fort  petites  ,  ce  qui  fait 
qu'elles  n'aportent    aucune    incommodité  à  fon 
articulation  avec  les  os  des  hanches. 

Cet  os  a  cinq  ufages  ;  le  premier  eft  de  fervir  Ufagcsdc 
de  fondement  &  d'appui  à  l'épine  5  le  fécond ,  de 
contenir  les  parties  de  l'hipogaftre  j  en  leur  for- 
mant une  capacité  proportionnée  à  leur  grandeur 
le  troilîéme  de  les  défendre  j  le  quatrième  d'arti- 
culer les  os  des  hanchesj  i^C  le  cinquième  de  don- 
ner origine  &  inferiionà  plufieurs  mulcles. 

Lecoccix  eft  la  paicie  extrême  de  l'épine  :  on  lccocox 
l'apelle  ainfi  parce  qu'il  reflcmble  au  bec  d'un  cou- 
cou j  il  eft  fitué  à  la  pointe  de  l'os  facrum  ;  il  eft 
compofé  de  trois  os,dont  le  plus  grands  touche  l'os 
facrum^  le  fécond  eft  plus  petite  &c  le  troiliéme,  qui 
«ft  très-petit ,  cû  celui  au  bout  duquel  eft  arraché 
un  petit  cartilage  Us  font  tous  trois  joints  enlem- 
ble  par  une  connexion  fort  lâchcj  ce  qui  fait  qu'ils 
obcillcnt  ÔC  qu'ils  fe  reculent  facilemc:  en  derrière 


/  So  Des  Os  de J' Epine. 

Aux  femmes  ces  os  fe  portent  plus  en  dehors 
qu'aux  hoiTjmeSj  parce  qu'elles  ont  befoin  d'une 
grande  cavité  pour  renfermer  la  matrice  ,  &  pour 
contenir  l'enfant  pendant  la  groffelfc.  La  pointe 
de  ces  os  regarde  toujours  en  dedans  ,  afin  de  ne 
Q,       point  incommoder  ,  lorfque  l'on  veut  s'a(leoir,ils 

en  devant'^  le  reculent  un  peu  en  arrière  polirlailler  forcir  les 
gros  excremens,  &  aux  femmes  pour  donner  paf- 
lage  à  l'enfant  dans  l'accouchement. 
R  J'ai  tâché  ,  Meilleurs  ,  de  ne  rien  oublier  de  ce 

endcrTicrc'  qui  regarde  l'épine  ,  &  toutes  fes  parties,  afin  que 
le  Chirurgien  inftruit  de  fa  véritable  conforma- 
tion j  la  puilïè  conferver  dans  fon  état  naturel;  ce 
qui  ne  lui  eft  pas  toujours  facile  à  faire  j  car  étant 
compofée  de  plufieurs  os  attachés  les  uns  anx  au- 
tres ,  il  arrive  iouvent  qu'elle  fe  porte  tantôt  en 
dedans,tantôt  en  dehors  ,  &  tantôt  vers  les  côtés: 
alors  elle  caufe  non  feulement  une  tres-^rande 
difformité  au  corps  ,  mais  encore  quelquefois  la 
mort,parcc  qu'elle  comprime  le  cœur  &  les  pou- 
mons dans  leurs  mouvemens,  &  qu'elle  empêche 
que  la  moelle  de  l'épine  ne  diftribuë  le  fuc  ani- 
mal à  toutes  les  parties. 

Je  vous  entretiendrai  dans  la  Démonftration 
fuivante  ,  des  os  de  la  poitrine  ,  &  de  ceux  des 
hanches. 


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DES 


8i 


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D   E  S     O  S 

DE    LA    POITRINE 

ET   DE    CEUX    DES    HANCHES. 

Sixième  Démonjiratlon, 

Prés  vous  avoir  fait  voir,MeflîcursJes 
premiers  os  du  tronc,qui  font  ceux  de 
l'cpine,  il  refte  à  vous  démontrer  ceux 
de  la  poitrine  &  des  hinches. 
Le  cerveau  &  le  cœur  ont  de^  actions  fî  nobles 
&  il  necellaires  à  la  vie, que  les  Anatcmiftes  n'ont 
encore  pii  décider  juiqu'a  prefenrjaquelle  de  ces 
deux  parties  devoit  l'emporter  fur  l'autre  :  Mais 
fans  nous  embaralfer  plus  avant  dans  cette  quef- 
tion,nous  fuivrons  l'ordre  que  nous  nous  fommes 
prclcrit,  &  nous  trouverons  ,  en  examinant  bien 
la  poitrine  ,  que  fa  compoluion  n'eft  pas  moins  Srruéhirc 
digne  d'admiration  que  celle  du  crane^  elle  eft  en  ^{^;^f^^' 
partie  olleufe  ,  &  en  partie  charnue,  parce  qu'elle 
feit  non  feulement  à  contenir  &:  à  défendre  le 
coeur  &  les  poumons  ,  mais  il  faut  encore  qu'elle 
puilfe  s'étendre  &  fe^relTerrer  félon  le  mouvement 
de  ces  parties, 

La  poitrine  (  que  l'on  appelle  thorax  ,  d'un     Fig»ire  de 
mot  qui  fignifie  faillir  ,  parce  que  le  cœur  qu'elle  la  poitnnc. 
enferme,  ne  celle  poiut  de  battre  &  de    faillir  ,  ) 
eft  d'une  figure  ovale  ,  princicalement  lorfque  .e 

F 


8 1  Des  Os  de  la  P  oit  ri  ne  y 

diaphragme  fe  porte  en  bas.  Elle  eft  borne'e  en  haut 
par  les  clavicules  j  par  devant ,  du  fternum  ;  par 
derrière  ,  des  vertèbres  du  dos  j  par  les  côtez,des 
vingt-quatre  côtes  ;  dc  en  bas  par  tous  les  cartila- 
ges des  fauiles  côtes  &  par  le  cartilage  xiphoidc, 
où  s'attache  le  grand  mufcle  ,  que  l'on  apcllc  dia- 
phragme. 

.  H  falloit  que   cette  cavité  fût  erande  ,  lar^e  &: 

Grandeur         r      i      c  ^  •  •     r  ^     .. 

ic  la  poi-  prot-onde,ann  que  les  parties  qui  y  lont  contenues 

ttinc.  pufTent  Te  mouvoir  plus  à  leur  aife;&:  l'on  remar- 

que que  ceux  qui  l'ont  grande  ,  vivent  beaucoup 
pluslong-temsjque  ceux  qui  l'ont  petite  &  ferrée. 
pivifîon       Les  os  qui  compofent  la  poitrine  font  le  fter- 

oc.  num  5  les  cotes  &  les  clavicules.  Nous  en  allons 

prefenrement  faire  la  démonftration,au(îî  bien  que 

celle  des  os  des  hanches,  qu'on  appelle  autrement 

os  innominez. 

-  A  Le  fternum  ôc  toute  cette  partie  antérieure  du 

num,  '  thorax  ,  qui  touche  en  haut  aux  claviGules,&:  qui 
finit  en  bas  au  cartilage  xiphoide,  &  latéralement 
tant  à  droite  qu'à  gauche,aux  extreminés  antérieu- 
res des  côtes. Elle  s'avance  en  devant ,  &  fe  cour^ 
be  fur  les  côtés  pour  former  la  figure  ronde  ce  ova- 
le de  la  poitrine,fur  laquelle  elle  eft  comme  cou- 
chée j  ce  qui  fait  qu'on  l'apelle  fternum. 
Subftanee  Pour  bien  connoître  la  fubftance  du  fternum, 
il  faut  l'examiner  fuivant  les  differens  âges  :  Aux 
enfâiis  il  eft  tout  cartilagineux,  excepté  le  premier 
os  où  s'attachent  les  clavicules  ;  aux  vieillards , 
il  eft  tout  olleux  j  &  à  peine  peut-on  feparer 
avec  le  fcalpel  les  cartilages  qui  le  joignent  avec 
les  côtes  5  &  à  ceux  qui  font  entre  ces  deux  igcs, 
on  le  trouve  en  partie  ofïcux ,  &  en  partie  cartila- 
gineux. 
Je  vous  ai  dit  qu'aux  enfans  k  fternura  étoîc 


V I.  Demonfiratlon.  85 

coût  cartîlaeincux  ,  &  qull  ne  s'endiircîfToic  que     Leftci^- 
par  luccemon  de  tems ,  la  partie^luperieiue  s  olli-  s'cflific 
fiaiK  plùrôc  que  la  moienne,&:  la  moitnne  plutôt  qu'après  I* 
J-   f    '         r^  •      1-     •       1  tuiffaucc. 

que  Ijinreneure.On  ne  peut  point  hmiter  le  nom- 
bre ^es  os  qui  compofent  le  fternum  ,  àiiKÛns 
qu'ils  ne  foient  parfaitsicar  à  quelques  enfans,  on 
en  a  compté  jufqu'à  huit  qui  s'uni liant  après  la 
fepciéme  année  ,  n'en  forment  plus  que  quatre, 
ôc  pour  l'ordinaire  que  trois. 

Il  y  a  des  Auteurs  qui  en  ont  fixé  le  nombre  à 
fept  ,  à  caufc  que  l'on  voit  entre  chaque  efpace 
des  cotes ,  une  petite  ligne  qui  femble  Ceparer  le 
fternum  en  autant  d'os  qu'il  y  a  de  côtes  qui  s'y 
articulentjmais  nous  en  demeurerons  au  nombre 
de  trois  ,  qui  eft  celui  qui  s'y  trouve  le  plus  ordi- 
nairement. 

Le  premier  des  trois  os  du  fternum  eft  le  fu-         B        / 
perieur  ,  il  eft  plus  ample  &  plus  épais   que  les  ^j  ^^^  ^^j.^, 
autres  j  il  eft  fait  en  forme  de  petit  croiflant    par  num. 
en  hauti  Je  croi  que  c'eft  pour  ce  fujet  que  quel- 
ques uns  l'ont   appelle  la  fourchette  fuperieure. 
L'on  voit  à  chaque  côté  de  fa  partie  luperieure  un 
llnusqui  reçoit  la  tête  de  la  clavicule  avec  laquel- 
le il  eft  joint  par  le  moyen  d'un  cartilagej  il  a  en- 
core une  autre  fînuofité  au  milieu  de  fa  partie 
interne   &   fuperieure  ,  qui    fait  place  à  la  tra- 
chée artère. 

Le  fécond  de  ces  Js  eft  fitué  au  deffous  du  prc-       C 
mer ,  il  eft  plus  étroit  &  plus  mince  ,  mais  il  eft  j^'^ej'jf^fjj 
plus  long.    L'on  voit  à  fes  deux  cotez  plufieurs 
finuofitez ,  qui  reçoivent  les  cartilages    des  côtes 
qui  s'y  viennent  articuler. 

Le  troifiéme  eft  encore  plus  petit  que  le  fécond,  7^^^^- 
maîs  il  eft  plus  large  ,  il  eft  fitué  au  dellous  des  me  os  du 
deux  premiers  ,  il  finit  par  un  cartilage  que  l'on  ^ttrnum. 

F    ij 


84  Des  Os  de  la  Poitrine  , 

appelle  xiphoïde ,  ou  pointu  ,  à  caufe  qu'il  eft  ai- 
gu comme  la  pointe  d'une  épée. 
E  Ce  cartilage  eft  ordinaiiemcnc  tiiangulaire  6c 

xiphoSe,  oblong  ;  quelquefois  il  eft  rond,  &  d'autre  fois  fe- 
paré  en  deux;  ce  qui  Ta  fait  apellcr  par  quelques- 
uns  la  fourchette.LorfquH  eft  enfoncé  en  dedans 

Ulagcsdu  par  quelque  coup  ,  ou  par  quelque  chûte.il  cauic 
xiphôidc.     j  -ir  •  fv  •  .-1         -  . 

des  vomiHemens  qui  ne  cèdent  pomr  qu  il  ne  ici: 

remis  en  fa  place.Cc  cartilage  fcrc  à  défendre  i'ef- 

tomac,  à  attacher  le  diaphragmej&:  à  foûtcnir  le 

foyc  en  devant  par  le  moyen  d'un  ligament  large 

qui  y  eft  attaché. 

Articula-       Ces  trois  os  font  joints  enfemble  par  des  carti- 

tion  de  CCS  lages  qui  en  occupent  les  entre-  deux  ,  &  qui  leur 

fervent  de  ligamens  ;  ils  forment  aulïi  une   cavité 

qui  paroît  extérieurement  ,  6c  que  l'on  appelle  la 

folfete  du  cœur. 

Uiagcsdu       Les  ufages  du  ftexnum  font  quatre;  le  premier, 

ftcrnum.      eft  de  former  la  partie  antérieure  &  moyenne  de  la 

poitrine  3  le  fécond,  de  joindre  &  d'articuler  les 

côtes  &  les  clavicules  ;  le  troifiéme,  de  défendre 

&  de  contenir  le  cœur  ,  &  les  parties  de  la  reipi- 

ration  ;  &  le   quatrième  ,  de  fervii  à  attacher  le 

long  de  fa  partie  moyenne  6c  interne  ,  le  mediaf- 

tin  ,  qui  eft  une  membrane  qui  fepare  la  poitrine 

en  deux. 

_^^ .  Les  côtes  n'ont  été  ainfi  appellccs ,  que  parce 

Descotes       ,  ,,       r        ri  -     ^^1    1         •    •       j 

qti  elles  (ont  lituees  aux  cotez  de  la  pûitrme,aonc 

elles  forment  les  parties  latérales  tant  a  droite  qu'a 

gauche. 

Six  chofcs     Nous  ferons  parfaitement  inftruits  de  tout  ce  qui 

a  *^^colte"  ^^%^^^^  les  côtes,  après  que  nous  y  aurons  exami- 

•     né  leur  fubftance  ,  leur  figure  ,  leurs  connexions, 

leur  nombre  ,  leurs  parties ,  &  leurs  ufages. 

Subilance        La  fubftance  des  cotes  eft  eji  partie  olfeufe ,  &c 
des  côkcs. 


VL    Dêmonfiratîon,  8  y 

en  partie  cartilagineufe; l'extrémité  de  la  côte  qui 
s'articule,  la  vertèbre  ,  étant  plus  menue  que  celle 
qui  le  joint  à  la  poitrine,  eft  d'une  fubftance  pluÇ 
dure,afin  qu'elle  foit  moins  fujette  à  fe  callerjl'au- 
tre  extrémité  au  contraire  eft  d'une  lubftance  plus 
rpongieufc  ,  6«:  la  partie  moyenne  tient  le  milieu 
entre  ces  deux  extrémitez,tant  en  fubftance  qu'en 
groiFeur. 

Toutes  les  côtes  finiflent  antérieurement  par  des 
cartilages  qui  leur  fervent  d'épiphifes  ,  &  qui  de- 
viennent quelquefois  il  durs,  en  vieillidânt ,  que 
l'on  ne  peut  plus  les  feparer  du  fternum  avec  le 
fcalpel.  L'on  obferve  que  les  cartilages  des  côtes 
lupcricures  font  plus  durs  que  ceux  des  inférieures 
parce  qu'ils  font  attachez  immédiatement  au  fter- 
num,&  que  les  autres  n'y  font  joints  que  par  d'ati- 
tres  cartilages  ,  &  par  confequent  plus  obligez 
d'obéïr  aux  mouvemens  de  la  poitrine. 

La  figure  des  côtes  eft  d'un  demi-ceicîe  ,  ou  J 
d'un  croidant  fi  vous  n'en  coniîderez  qu'une  ^  °^^^* 
mais  Cl  vous  les  examinez  deux  cnfemble  ,  com- 
me elles  font  au  fquelete  ,  elles  font  le  cercle 
entier  :  Elles  font  caves  en  dedans  pour  former 
la  capacité  de  la  poitrine  ,  &  convexes  en  dehors 
pour  mieux  rchfter  ;  plus  elles  s'éloignent  du 
fternum  ,  plus  elles  font  étroites  &  rondes  i  mais 
elles  s'applaiilfcnt  &  deviennent  plus  larges  à 
mefure  qu'elles  en  approchent  :  Elles  ne  font 
pas  toutes  également  grandes  ,  car  les  fuperieu- 
res  font  courtes,  les  moyennes  fout  les  plus  gran- 
des de  toutes  ,  &  les  inférieures  iont  forts  petites. 
Ces  difterences  grandeurs  étoicnt  neceflaires 
pour  former  la  voûte  de  la  poitrine  :  &  quoique 
les  Tupcrieures  ôc  les  inférieures  foient  les  plus 
petites  j  elles  ne  laiifent  pas  de  différer  entr'elleSj 

F    iij 


$6  Des  Os  de  la  Poitrine  , 

en  ce  que  les  rupeiieiues  font  plus  larges  que  les 

inférieures. 

Go-ne-        Les  côtes  font  articulées  à  d'autres  os  par  leurs 
non  des  ,     .  ,  .         ^     .  in. 

c6.cs.         extremitez,par  leur  partie  antérieure  avec  le  Iter- 

num  par  (incondrofe,  &  par  leur  pofterieure  avec 
les  vertèbres  par  artrodie  ;  cette  dernière  articula- 
tion eft  double  aux  fept  premières  cotes  ,  l'une  fe 
fait  avec  le  corps  de  la  vertèbre  ,  Se  l'autre  avec 
Tapophife  tranfverfe  ;  car  les  cinq  dernières  ne 
font  jointes  que  par  une  fimple  tuberofitéou  émi- 
nence. 

Nombre      Le  nombre  des  côtes  change  rarement  .  il  eft 
des  core».         ■..  ,       .  i  i      i  '^    / 

toujours  de  vingt-quatie  ;  douze  de  chaque  cotej 

G         elles  fe    divifent    en  viaycs  &    en    faulles  :  Les 

^Fremicrc  vrayes  font  les  fept  (upeiieures  ,  que  l'on  appelle 
cote.  .    u  .11^1  111^ 

ainii  5  parce  qa  elles  achèvent  le  cercle  plus  par- 
faitement que  les  autres  ,  &  qu'elles  touchent  au 
Grand  s   ^^'^""^'''^  j  ^^^^  lequel  elles  ont  une  ferme  articu- 
«ôccs,  lation  :  Les  deux  premières  de  chaque  côte  ,  en 

comptant  par  en  haut ,  fe  nomment  recourbées  j 
Movcn-  ^^s  deux  fuivantes  folides,  &  les  trois  autres  pe- 
n«  côtes.    (ftorales.Les  cinq  dernières  s'appellent  fauffes  cô- 
tes,  parce  qu'elles  font  plus  petites,  plus  molles 
&  plus  courtes  que  les  autres  ,  &  qu'elles  ne  vont 
pas  jufqu'au  fternum  ;  ce   qui  fait   qu'elles  n'ont 
qu'une  articulation   fort  lâche  :  Elles  font  atta- 
chées pofterieuiement  aux  vertèbres,  &  en  devant 
elles  fc  terminent  en  des  cartilages  longs  &c  mous, 
qui  fe  recourbent  au  haut  ,  &  s'unillent  aux  cô- 
tes fuperieures  ,  comme  s'ils  y  croient  collez  ,  ex- 
cepté la  dernière  ,  qui  étant  la  plus  petite  de  tou- 
^  .       tes  ,  n'eft  point   adhérante  par  devant  à  aucune 
côte.  autre. 

Les  p:x       L'on  confidere  aux   côtes   deux  fortes  de  par- 
rics  des  co-    .        I  o      i  '     •  1 1 

tes.  ties ,  leur  corps ,  oc   leurs  extremitez  3  on  appelle 


V  L  Démonflratton.  8  7 

corps ,  ce  qui  en  fai:  la  partie  moyenne  &  princi- 
pale j  on  y  remarque  encore  la   partie  fuperieure 
qui  a  deux  lèvres  ;  l'une  interne  ,  &  l'autre  exrer- 
nejaufquelles  s'attachent  les  mufcles  intercoftaux; 
&  l'inferieurc,qui  a  aufîi  deux  lèvres  qui  font  fc- 
parées  par  une  finuofité  qui  eft  le  long  de  la  côiQ 
ôc  qui  difparoit  à  mefure  qu'elle  s'éloigne  de  la 
vertèbre.  Cette  iinuofité  fert  à  lo^er  l'artère  ,  & 
la  véne  intercoftale  ,  les  extrémités  font  doubles, 
l'une  fe  joint  au  fternumj&:  l'autre  aux  vertèbres, 
comme  je  vous' l'ai  fait  voir.    A  l'extrémité  anté- 
rieure il  y  a  une  petite  cavité  dans  le  bout  de  la 
côte.qui  fert  à  recevoir  la  pointe  du  cartilage, qui 
y  eft  par  ce  moyen  plus  fortement  attaché^que  s'il 
n'étoit  que  pofé  deirous,^  à  l'autre  extremité,ou- 
tre  la  double  articulation  pas  artrodiejil  y  a  enco- 
re un  ligament  qui  l'attache  8c  la  lie  avec  la  ver- 
tèbre. 

Les  côtes  fervent  à  trois  choies:  premièrement   Lcjufagct 
\    r  I  -'ji         ••  r  j  des  co.Ci. 

a  rormer  la  capacité  de  la  poitrnîe  :   en  lecond 

lieu  ,  à  défendre  les  parties  qu'elle  contient  :  &L 
enfin  à  donner  origine  &  infertion  à  pluiieurs 
mufcles. 

Les  clavicules  font  ainlî  nommées ,  ou  parce       jji 
qu'elles  font  comme  des  clefs  qui  ferment  le  tho-     Lcsclavi- 
rax  par  la  partie  lupeneure,  ou  bien  parce  qu  el- 
les affermilTenr  l'épaule  avec  le  i1crnum:D'ailleurs 
les  bras  n'ont  point  d'autres  os  qui  les  attachent 
à  la  poitrine  que  ceux-ci. 

Elles  font   deux  ,  une  de  chaque  côté  ;  elles     Articula- 
font  fituées  tranfverfalement  à  la  partie  infcrieu-  c\°vicJeî. 
re  du  col ,  &  à  la  partie  fuperieure  de  la  poitrine 
un  peu  au  dellus  des  premières  cotes  ;  elles  ionc 
articulées  par    leurs    extremitez  ,  dont  l'une  eH 
jointe  à  l'apophife  luperieure  de  l'épaule  par  une 

F   iiij 


s  s  Des  Os  de  la  Pohrhre  , 

tête  large  &  oblongue  ,  &  ce  par  le  moyen  d'an 
^  cartilage  ,  qui  néanmoins  ne  lui  eft  pas  adhèrent, 
afin  qu'il  cède  un  peu  dans  les  mouvemens  des 
bras  (Se  de  répaule^mais  qui  eft  attaché  feulement 
par  des  ligamens  qui  envelopent  l'article  j  &:  l'au- 
tre avec  le  fternum  ,  comme  nous  avons  déjà  dit. 
Outre  ces  deux  articulations  l'on  en  trouve  fou- 
vent  une  troihéme ,  qui  fe  fait  avec  les  deux  pre- 
mières cotes ,  par  deux  petites  éminences  ,  donc 
l'une  s'élève  de  la  paitie  (upericure  de  la  côte  ,  de 
l'autre  de  la  partie  inférieure  de  la  clavicule  ,  6c 
qui  fe  joignent  enfemble  par  le  moyen  d'un  petit 
cartilaire, 
j^^^'.,t\l'^,^  Li  fubftance  des  clavicules  eft  épailfe  .  mais 
les  poreufe  &  fongueufe,  d'où  vient  qu'elles  fe  rom- 

peut  fouvent,&  que  quand  il  leur  arrive  quelque 
fraftiire  ,  la  réunion  &  le  col  en  font  plutôt  faits 
qu'aux  autres  os. 
Urc  cU-     Leur  figure  eft  femblable  à  celle  d'une  co   fai- 
ricuit  fcpa  te  de  deux  demi-cercles  conjoints  &  oppofezjelle 
'■^'■^*  eft  convexe  par  dehors  vers  le  col,  &  un  peu  cave 

interîeureraent,afin  que  les  vailTeaux  qui  font  def- 
fous  ,  ne  foient  pas  comprimez.  L'on  remarque 
que  les  hommes  les  ont  plus  courbéesjc'eft  pour- 
quoi ils  ont  les  mouvemens  des  bras  plus  libres: 
les  femmes  au  contraire  les  ayant  plus  droiteSjel- 
les  ne  peuvent  avoir  la  même  agilité  des  bras ,  ni 
jetter  une  pierre  avec  la  même  force  que  les  hom- 
mes ;  mais  ce  petit  défaut  eft  récompenfé  par  la 
beauté  de  leur  gorge,qni  eft  plus  élevé  ,  plus  unie 
&  moins  remplie  de  foflés  &  de  creux  que  celle 
des  hommes. 

Ufagcs        j^g„  clavicules  fervent  pour  les   divers  mouvc- 
descUïJCU-  ,    ^  r 

les.  mens  des  bras  qui   le  meuvent  plus  ailement  en 

devant  &  en  derrière,  à  caufe  qu'ils  font  appuyés 


V  L  Démonflratîon.  89 

fur  ces  os  comme  fur  des  pieux:  Elles  font  encore 
d'une  grande  utilité  pour  empêcher  que  les  bras  ne 
fe  portent  trop  en  devant ,  c'elt  pourquoi  les  ani- 
maux qui  avoient  befoin  que  leurs  extrcmitez  fu- 
perieures  avançairent  en  devant ,  pour  marcher 
commodément ,  n'ont  point  de  clavicules. 

Les  derniers  os  que  i'ai  à  vous  démontrer  pre-   ,  ^^  , 
i-  r  11  1  •  r  Les  o*  des 

Jentement  lont  ceux  des  hanches  ,  qui  compolcnt  hanckcs. 

la  dernière  partie  du  tronc  ,  ils  font  apellez  os  in- 
nominezjOU  os  fans  nom  ,  parce  que  cous  enfem- 
ble  n'en  ont  point  de  particulier  ,  mais  quand  on 
les  a  divifez  ,  ils  en  ont  chacun  un  qui  les  diftin- 
gue  les  uns  des  autres  ,  comme  vous  le  verres  par 
la  fuite. 

Les  os  des  hanches  font  deux  ,  un  de  chaque     Articula- 
côté  ,  fituez  à  la  partie  inférieure  du  tronc  ;  ils  "«"^/^'^s  es 
lont  articulez  par  leur  partie  polterieure  a  1  os  la-  chc$. 
crum  ,  &  par  leurs  latérales  avec  les  femmes  :  la 
première  de  ces  articulations  fe  fait  par  ginglime;  ' 

car  plufieurs  petites  éminences  tant  de  l'un  que  de 
l'autre  de  ces  os,enrrent  dans  des  cavitez  propor- 
rionnces  à  leur  giolTeur  j  aind  ces  os  reçoivent  & 
font  reçus  reciproquement.La  féconde  fe  fait  par 
enartrofe;  car  la  tête  du  fémur,  qui  eft  fort  grof- 
fe  ,  eft  reçue  par  une  grande  cavité  ,  qui  eft  à  la 
partie  latérale  &  externe  de  ces  os.L'on  remarque 
au  fond  de  cette  cavité  une  petite  inégalité  ,  qui 
eft  l'endroit  où  s'attache  le  ligament  ;  qui  tenant 
la  tctc  du  fem  ir  fortement  actacuée  dans  fa  place, 
empêche  qu'elle  n'en  forte  que  par  de  grands  ef- 
forts ,  comme  il  arrive  dans  les  luxations  de  cette 
partie. 

Lorfque  l'on  examine  de  prés  ces  os  dans  un     L^»f<?ni- 
iqueletCj  on  voit  ailement  la  dirrcrencc  qu  il  y  os  pius 
a  encre  ceux  des  hommes  ,  &  ceux  des  femmes,  "^«rccz. 


()  o  *Dei  Os  des  Hanches , 

ils  font  plus  forts  &  plus  petits  aux  hommes  ,  & 
plus  grands  &  plus  minces  aux  femmes  ,  de  forte 
que  cette  cavité,  que  Ton  nomme  le  bafïïn,  &  que 
ces  os  forment  conjointement  avec  l'oslfacrum^eft 
beaucoup  plus  grande  au  fqueletede  lafemme,par- 
ce  qu'elle  ne  contient  pas  feulement  le  redtum  & 
la  vefîîe  comme  dans  l'homme ,  mais  encore  la 
matrice  qui  a  befoin  d'un  grand  efpacc ,  princi- 
palement lorfqu'ellc  renferme  un  enfant. 
Ufagr  de»      Ces  OS  fervent  d'attache  aux  mufcles,  &  de  fon- 
os  d^cs  han  dei-^ent  à  tout  le  corpsj  comme  tous  les  autres  os: 
Mais  outie  ces  ufages  communs ,  ils  font  encore 
utiles  pour  lier  les  extrémitez  inférieures  avec  le 
tronc  ,  pour  foûtenir  &  apuyer  l'épine^pour  aider 
à  former  la  capacité  du  bas  ventre  ,  &  pour  fervir 
de  bafe  &  de  lit  aux  parties  contenues  dans  l'hy- 
pogaftre. 
Lcsosdcs      Les  os  des  hanches  font  compofez  de  trois  os , 
dfvifent  en  4^^  ^^^^  joints  enfemble  par  des  cartilages ,  qui 
rroif.  avec  le  tems  fe  deirechent ,  &  même  s'ofîifient  de 

telle  manière,  qu'ils  femblent  ne  plus  faire  qu'un 
même  os  dans  les  adultes.Ces  cartilages  (ubliftent 
jufqu'à  la  dixième  ou  douzième  année  j  &  néan- 
moins ils  ne  s'effacent  pas  tellement  qu'il  n'en  relte 
encore  quelques  veftiges,  ou  quelques  lignes,par 
le  moyen  desquelles  on  puifle  feparer  les  os  des 
-  hanches  en  trois ,  qui  font  l'os  ilion  ,  l'os  ifchion, 
&  l'os  pubis. 

L'os  ilion  eft  ainlî  appelle,  parce  qu'il  contient 
L'oj  ilion  le  boyau  ileum  ;  c'eft  celui  qui  fe  prel'ente  le  pre- 
mier,parcc  qu'il  eft  le  plus  grand;  il  eft  auiïï  ficué 
au  deifus  des  autres  :  il  fait  l'articulation  avec  l'os 
facrum  par  ginglime  ,  laquelle  eft  fortifiée  par  un 
cartilage,  &  par  un  ligament  membraneux  qui  eft- 
tres-forr. 


VI.  'Démonftratîon.  91 

Lafigure  de  cet  os  cft  demi  circulaircjon  y  con-  .  Figure  de 
(îdere  fes  deux  faccsjl'unc  interne,  qui  eft  remplie 
par  un  des  mufcles  fléchideurs  de  la  cuiffc,  apellé 
iliaquejà  caufe  du  lieu  qu'il  occupe  ;  &  l'autre  ex- 
terne ,  où  s'inferenc  les  mufcles  extenfeurs  de  la 
cuifle  ,  que  l'on  nomme  les  feiîiers. 

Ce  qui  eft  entre  ces  deux  faces  ,  eft  la  côte  qui 
eft  bordée  de  deux  lèvres  ,  dont  Tune  eft  pareille- 
ment interne  ,  ^  l'autre  externe  :  les  deux  extré- 
jTiicés  de  cette  côte  fimlFent  par  deux  éminences, 
appellées  épines ,  dont  la  fuperieure  eft  beaucoup 
plus  grande  que  l'inferieure.Proche  cette  dernière 
qui  eft  placée  antérieurement  Ton  voit  une  échan- 
crure  qui  facilite  le  paftage  aux  tendons  des  muf- 
cles iliaques  &  pfoas  ,  aux  artères  &  vénes  crura- 
les ,  &  aux  vaillcaux  fpermatiques. 

Pour  ne  rien  oublier  de  ce  qu'il  faut  examiner  a 
ces  os,  vous  obferverez  qu'il  forme  par  fa  partie 
inférieure,  une  partie  de  cette  cavité  qui  reçoit  la 
tête  de  l'os  de  la  cuifte. 

Te  vous  ai  dit  que  cet  os  étoit  plus  ample  à  la  ,  ^."^f;^"'" 
remme  qu  a  l  homme,  parce  qu  il  ralloit  qtic  1  en- 
fant fut  bien  appuyé  dans  la  matrice  ;  c'eft  ce  qui 
fait  aulîi  que  les  femmes  grolfes  fentent  fouventà 
cette  partie  une  douleur  qui  eft  caufée  parle  poids 
de  l'enfant. 

L'ifcbion  eft  le  fécond  des  os  qui  compolent  les     ^   . . 

1  t         ^^  r  \  •  •         1    V  .     .         L  os   UC- 

nanches.On  y  conddere  trois  parties;  la  iupeneu-  j^jo^. 
re  eft  celle  qui  fait  la  plus  grande  partie  du  cotile: 
l'antérieure  fait  une  partie  du  trou  ovalaire  :  & 
l'inférieure  cft  celle  à  laquelle  on  remarque  deux 
apophifes  :  l'une  pofterieure,apellce  épine,  &  l'au- 
tre antérieure  &  inférieure  :  on  y  voit  aulïi  une 
finuolité^ou  fcifTure,  qui  donne  pa liage  au  tendon 
de  l'obturateuj:  interne. 


9 1  Des  Os  de  Hanches , 

Articula-       Q^^  ^^  e{^  ][^  avec  Tos  facrum  par  un  double  li- 

irchioa.  gamcnt  qui  en  tort ,  1  un  s  inlere  a  1  apophile  ai- 
guë de  la  hanche,  &  rautre  po'  erieurement  à  fou 
CDiphife  j  qui  (ert  d'apui  à  l'intcftin  droir.Son  ex- 
trémité fe  nomme  la  cuberohté  de  rifchion  ,  qui 
donne  origine  aux  mufclcs  de  la  verge  ^  aux  rele- 
veurs  de  l'anus  ,  6c  à  beaucoup  de  fléchiileurs  de 
la  jambe. 

L'ospubi^  L'os  pubis  efl;  le  troifiéme  &  le  dernier  des  os 
de  la  hanche  ;  il  cfl:  appelle  auiîi  os  du  penil  ,  ou 
peFhen  ;  c'cft  lui  qui  eft  (îcué  à  la  partie  antérieure 
&  moyenne  du  tronc.  Il  a  quatre'parries  ditferen- 
tes]  qu'il  faut  examiner  ;  l'antérieure  ,  qui  fe  joint 
par  fincondrofe  avec  fon  compagnon  pai  le  moyen 
d'un  cartilage  ;  la  pofterieure,qui  étant  l'extrémi- 
té de  derrière  de  cette  épine  ,  forme  une  partie 
du  cotile  :  c'eft  entre  cette  partie  &  l'extrémité  . 
de  l'os  ilion  qu'eft  cette  finuoiité  par  où  palîenc 
les  tendons  des  mufcles  lombaires  &  iliaques  ;  la 
fuperieure  ,  autrement  dite  l'épine  ,  eft  celle  où 
s'attachent  les  mufcles  de  l'abdomen  :  &  enfin  l'in- 
férieure eft  celle  qui  fe  joint  avep  une  avance  que 
fait  la  tuberofité  de  l'ifchion ,  lefquelles  deux  à- 
vancesfont  le  trou  ovalaire ,  appelle  aufli  tiroide, 
qui  forme  une  avance  où  s'attachent  plufieurs 
mufcles.  Ce  trou  eft  exadement  fermé  par  une 
membrane  tendineufe  très- forte  ;  à  laquelle  s'atta- 
chent les  raufcles  obturateurs  ,  qui  fervent  à  por- 
ter la  cuilfe  demi-circulairement  en  dedans  ,  ou 
en  dehors.  Un  célèbre  Anatomifte  nous  dit  que 
ce  grand  trou  de  l'os  du  pubis  n'a  point  d'autre 
ufas"  que  de  diminuer  le  volume  de  l'os  innomi- 
né.  Mais  fans  vouloir  le  contredire  ,  on  peut  ku 
en  trouver  un  autre  ;  Ceft  qu'il  fert  à  faciliter 
les  mouvemens  des  obturateurs  j  car  fi  l'on  con- 


V  7.  Démonfiratmi.  93 

fîdcre  bien  de  quelle  manière  ils  font  atcacHez 
contre  ce  trou  ,  on  verra  qu'ils  n'auroient  pu- 
agir  s'ils  euflent  été  pofez  liir  une  fuperficie 
toute  plarte  &  oilcufe  ,  qui  leur  auroit  apporté 
beaucoup  de  reiiftance  j  au  lieu  que  n'ayant  rien 
qui  leur  refîfte  ,  ils  peuvent  tous  les  deux  fe  ra- 
courcir  en  s'enfonçant  dans  lemilieUjpour  poufTer 
en  dedans  &  en  dehors  :  ce  qu'ils  n'auroient  ja- 
mais pu  faire  autrement ,  s'il  n'y  eût  eu  un  vuide 
derrière. 

Les  os  pubis  font  plus  déliez  &  plus  amples    Lcsospu- 
aux  femmes  qu'aux    hommes  ;  &  celles    qui  les  n'/s^au^  ^" 
ont  plus  avancés  en  dehors   en  accouchent  plus  femmes, 
aifément. 

Te  finis  ,  Meilleurs ,  cette   Démonftration  en  ,  îçavoirfi 

^  f.      .  ,  les  01  pubis 

vous  raportant  deux  dirrerens  lentunens  touchant  fe  fcparcnc 

l'articulation  que  les    os  du    pubis  ont  entr'cux.  damlcicms 
T)      ;    ;.  I       i       >'\     r   r  j        1.  ^^  laccou- 

Bartholm  prétend  qu  ils  le  leparent  dans  1  accou-  chcmcm. 

chement ,  &  qu'on  les  peut  même  feparer  avec  le 
dos  d'un  couteau  aux  femmes  nouvellement  accou- 
chées 5  ce  qui  ne  fe  peur  faire  fi  aifément  dans  un 
autre  tems.  Ceux  qui  font  de  l'opinion  contraire, 
qui  eft  la  véritable  ,  foûtiennent  que  ces  os  étant 
joints ,  comme  ils  le  font  ,  ne  fe  peuvent  point 
feparer  dans  l'accouchementj&  que  s'il  s'eft  trou- 
vé quelque  femme  à  qui  on  les  ait  feparez  facile- 
ment^c'eft  un  pur  effet  de  la  difpofition  naturelle  Remarque, 
y  ayant  des  perfonnes  qui  ont  les  articulations  plus  Gos  osnc  fc 
lâches  les  unes  que  les  autres  ,  &  non  pas  parce  ulilu^ 
qu'elle  étoit  nouvellement  accouchée,  car  j'ai  ou» 
vert  &  dilTequc  plufieurs  femmes  nouvellement 
accouchées  ,  à  qui  je  n'ai  pu  feparer  ces  deux  os 
qu'avec  bien  de  la  peine.    L'autorité  d'un  célèbre 
Anatomifte  ,.  comme  étoit  celle  de  Bartholin  ,  a 
fait  que  cette  opinion  i'eft  multipliée  ;  mais  je  me 


Autre  re- 
marque. 


P4  Des  Os  des  Hanches  i 

trouve  obligé  de  vous  alFurer  que  lui  &  ceux  qui 

Tonr  fuivî,  fe  font  trompez  dans  cette  occafioni 

Il  faut  encore  remarquer  que  le  cartilage  qui 
joint  enfemble  les  deux  os  du  pubis  eft  d'une  fub- 
ftance  capable  de  prêter  :  c'eft  pourquoi  dans  les 
accouchemens  difficiles  &  laborieux  ,  il  peut  bien  ' 
arriver  que  ce  cartilage  s'étende  un  peu  :  Mais  de 
fe  perfuadcr  qu'il  n'y  ait  que  cela  feul  qui  facilite 
la  fortie  du  fœtus ,  c'eft  oublier  le  plus  confidera- 
ble  Ne  fçait-on  pas  que  la  tête  d'un  enfant  à  ter- 
me eft  fi  molle  qu'elle  peut  aifément  changer  de 
iîgurex'eft  la  même  chofe  pour  la  poitrine  &  pour 
les  hanches  :  ainfi  l'on  voit  par-là  que  c'eft  plutôt 
le  grand  changement  de  figure  qui  arrive  à  ces 
trois  fortes  de  parties  ,  qui  permet  une  libre  fortie 
au  fœtus  par  le  bafïïn  ,  qui  ne  peut  guère  être 
agrandi   par  l'extenfion  du    cartilage  du  pubis  , 
qui  ne  pourroit  prêter  que  de  trois  ou  quatre  li- 
gnes au  plus. 


t-Tr^-vïI 


f-J)^ 


■^    ï 


DES     OS 

DES      MAINS. 

Septième  Démonfiratîon, 

m^  E  vous  ai  démontré  ,  Meffieurs ,  tous  les  os  ^^D.uxfc.^ 

Wi  qui  compofent  les  deux  premières  parties  du  ^^^^^ 

fquelete ,  il  ne  me  refte  plus  qu'à  vous  faire  voir 

ceux  de  l'extrémité  qui  en  font  la  dernière  partie, 

par  laquelle  nous  finirons  nôtre  Oftcologic. 

^  Ces  extrémitez  font  fuperieures,ou  inférieures,  j^EIoge^d, 

les  unes  &les  autres  font  comme  autant  de  bran^ 

ches  qui  fortent  du  tronc,&  qui  y  font  attachées: 

les  premières  font  les  mains  ,  &  les  fécondes  fonc 

les  pieds,ie  vous  ferai  voir  dans  cette  Demonftra- 

tion  les  os  des  mains ,  &  dans  la  fuivante  ceux  des 

^'Viloiqu'il  n'y  ait  pas  une  partie  qui  rie  fournîiTe 
quelque  fujet  d'admiration  ,  néanmoins  il  tauc 
demeurer  d'accord  que  la  main  l'emporte  lur  tou- 
tes les  autres  ;  &  que  c'eft  avec  juftice  que  tous 
les  Auteurs  ,  &  principalement  Anfiote,  lonc 
appellée  l'organe  des  organes  &  l'inftrument 
dcsinftrumens:  Et  fi  lalNature  a  donne  à  chaque 
animal  quelque  chofe  de  particulier  ,  ou  pour  le 
défendre  contre  les  autres  ,  ou  pour  h  garantir 
des  injures  externes  ,  on  peut  dire  quel  homme 


$ 6  Des  Os  des  Ma'ws  , 

en  a  reçu  deux  chofcs  preferablement  aux  ani- 
maux j  fçavoir  la  raifon  ,  &  la  main  ;  l'un  pour  ic 
confeil  &  la  conduite  ,  &  l'autre  pour  l'exécution 
la  première  le  diftingue  &  le  met  infiniment  au 
deiïus  de  tous  les  animaux;  c'eft  elle  qui  lui  donne 
l'empire  qu'il  a  fur  eux,  qui  conduit  toutes  fes 
a6tions,&  qui  ayant  inventé  tous  les  Arts,lui  four- 
nit les  moyens  de  s'en  fervir:  Cependant  tous  ces 
avantages  au  voient  éii  de  peu  d'utilité  à  l'homme 
s'iln'avoit  eu  des  mains  ponr  exécuter  ce  que  la 
raifon  lui  dide  ,  &  pour  profiter  de  tout  ce  que 
l'Auteur  de  la  Nature  a  fait  en  fa  faveur.  Ce  font 
elles  qui  fabriquent  toutes  fortes  d'armes  pour  fe 
défendre  ,  &  pour  maîtrifer  tous  les  animaux  ;  ce 
font  elles  qui  font  les  vêtemens  qui  fupléent  au 
défaut  du  poil  oc  des  plumes  que  la  Nature  leur  a 
accordées  :  enfin  c'eft  par  elles  que  l'on  met  en 
pratique  la  Chirurgie  ,  qui  eft  un  Art  fî  noble  &: 
il  ncceflaire  à  la  vie. 
mairsr.cce-      L'adion  delà  main  eft  l'aprehenfion  ,  l'homme 

flaires  pour  a  deux  mains  afin  de  la  mieux  fâre.ll  faut  remar- 
tairc  1  ap-  i      •    •  j      l        o     i 

prchcnfion  4^^^  que  toutes  les  jomtures  des  bras  &  des  mains 

fe  fléchilTent  en   dedans,  afin  qu'elles  embralfenc 
mieux  &  qu'elles   puifTent  fe  fecourir  mutuelle- 
ment dans  leur  a6tion,qui  ne  pourroitêtre  qu'im- 
parfaite avec  une   feule  main. 
L'homme      Tous  les  hommes ,  &  même  les  enfans    font 

eft  porté  à  naturellement  difpofez  à  fe  fervir  également  des 
ic  Icrvir  c-   ,  .  „       /.i  •     r    c  -    J«  1^ 

gaiement     deux  mams  :  6:  s  il  y  en  a  qui    le  lervcnt  de  la 

des  deux    droite  ,  plutôt   que  de  la  gauche  ,  il  faut  croire 

que  cela  ne   vient  que    de  l'habitude  qu  ils  ont 

contradée ,  6c  parce  qu'on  le  leur  a  apris,*3^  non 

pas ,  parce  qu'il  y  a  plus   de  chaleur  de  ce  côté  la 

qui  les  détermine  à  s'en  fervir  ,  plutôt   que  de  la 

gauche  ,  puifque  la  plupart  de  ceux  que  \o\-\  ne- 


V  l  L  Démonjtrailoiu  97 

crljgc  d'infti'uîre/e  fervent  d'eux-mêmes  aufli  toc 
de  ia  crauclie  que  de  la  droite  ;  &:  qu  étant  avan- 
cez en  ■à?z  ,  ils  ne  peuvent  plus  fe  défaire  de  cette 
méchante  habitude. 

Ces  extrémitez  fupecieures  qui  font  le  fujec  de  .  DiviGon 
cette  Démonftration  ,  fe  divifent  en  trois  ,  en 
bras,  en  ayant  bras_,  &  en  la  main  proprement  di- 
te ;  le  bras  eft  compofé  d'un  leul  oSjl'avant-bras 
de  deux  j  &;  la  main  de  vingt-fept.Nous  les  allons 
voir  tous  dans  leur  rang  5  après  que  nous  aurons  \ 

examiné  les  omoplates  que  nous  avons  compriles 
dans  le  nombre  des  foixante  &  deux  os  qui  com- 
pofent  ces  extrémitez. 

L'omoplate  efl:  cet  os  qui  forme  l'épaule;  on  l'a     j^.  ^ 
défini  un  os  large  &  mince  ,  fur  tout  au   milieu  plaLC  ,  ea 
&  épais  aux  apophifes  ;  elle  eft  fituée  à  la  partie  '^"^"*- 
poftcrieure  des  côtes  fuperieures,oii  elle  ferc  com- 
me  de  bouclier  5  il  y  faut  obferver  quatre  chofes,  choîcs  à 
qui  (on:  la  figure,  fes  connexions  ,  fes  parties^  &:  examiner  à 
es    uiages. 

La  figure  de  l'omoplate  eft  triangulaire  ,  dont         g 
deux  angles  font  poilerieurs  ,  ^  le  croiliéme  an-   L'omopla* 
terieur  :  Elle  eft  convexe  en  dehors  ,  &  cave  en  v^ms. 
dedans,tant  pour  s'accommoder  aux  côtes  fur  lel- 
quelles  elle  tft  pofée,  que  pour  contenir  un  muf* 
de  dont  nous  parlerons  tout  à  l'heure. 

Elle  a  trois  fortes  de  connexions  ,  dont  l'une  .  Conne- 
fc  fait  par  artrodie  avec  l'humérus  ,  ayant  à  fon  mopUcc.  °^ 
angle  antérieur  une  cavité  glenoide ,  qui  reçoit 
la  tête  de  l'humérus  ;  cette  cavité  eft  enduite 
d'un  cartilage  qui  facilite  le  mouvement ,  &  elle 
a  un  bord  ligamenteux  ,  qui  formant  la  cavité 
plus  profonde  ,  6c.  embrallant  la  tête  de  l'hu^ 
mcius  ,  eu  fortifie  l'articulation  j  l'autre  fe  fait 
par  fmcondrofe  avec  la  clavicule  ,  par  le  moien 

G 


5)8  'Des  Os  des  ^aîns  , 

d'un  cartilage  qui  unie  cet  os  avec  la  clavicule,& 
la  troifîéme  fe  fait  par  fifarcofe  avec  les  vertèbres 
&  les  côtes  ,  n'y  ayant  par  toute  la  partie  pofte- 
rieure  que  des  mufcles  qui  la  joignent  avec  les  os 
voifins. 
Farrie  Ae  Les  parties  que  nous  avons  à  confidcrer  à  cet  os 
omoplate,  ^^j^j.  ^^  oxznà  nombrcjnous  commencerons  par  fa 
bafe,  qui  eft  fa  partie  poftcrieure  ,  &  la  plus  pro- 
chaine des  vertèbres  du  dos.  Cette  bafe  finit  par 
deux  angleSjdont  l'un  eft  apellé  l'angle  fuperieur, 
&  l'autre  l'inférieur.  Les  parties  qui  viennent  de 
ces  angles  vers  fon  col  font  nommées  les  cotes  de 
l'omoplate  ,  dont  il  y  en  a  aufli  deux,  l'une  apel- 
lee  la  côte  d'en  haut ,  qui  eft  la  plus  délicate  de 
la  plus  courte  ;  &  l'autre  la  côte  d'en  bas ,  qui  eft 
la  plus  épaiffe  &:  la  plus  longue. 
Les  deux      Les  deux  faces  de  cet  os  font  différentes  l'une 

faces  de  l'o- Je  pautre;  l'interne  eft  cave  pour  lo^er  le  muf- 
raoplatc.        ,    r-        ,  .  ,.  A    '1      '  c 

cle  Icapulane  ,  &  1  externe  eu  élevée  ,  pour  tor- 

mcr  une  éminence  confîdcrable ,  qui  du  bas  de 
la  bafe  monte  droit  en  haut  ;  elle  s'apelle  l'cpi- 
iie  de  l'omoplate  ,  dont  l'extrémité  fe  nomme  a- 
cromion ,  à  caufe  qu'elle  reflemble  à  un  ancre. 
Quelques-uns  ont  prétendu  que  c'étoit  un  os  dif- 
tingué  des  autres ,  parce  que  ce  n'eft  durant  l'en- 
fance ,  qu'un  cartilage  qui  s'ofïîfie  peu  a  peu  ,  &, 
qui  après  l'âge  de  vingt  ans  eft  tellement  dur  ôc 
uni  au  refte  de  cette  épine ,  qu'il  ne  paroît  qu'un 
même  os. 

A  chaque  côté  de  cette  même  épine^il  y  a  deux 
foftès  ,  l'une  au  defliis  qui  fe  nomme  fus-épi- 
neufe  ,  elle  contient  le  mufcle  fus-cpineux  ,  ôc 
l'autre  au  delîbus ,  que  l'on  apelle  fous-épincufe, 
qui  eft  plus  grande  que  la  prccedcnte,parce  qu'ou- 
tK  les  mufcles  fous-épineux,  elle  en  contient  en- 


M 


0 

"''i 


XV^ 


f:  99 


V  t  î»  Demonflratlortc  5>^ 

core  quelques  autres  qui  fervent  aux  mouvemens 
des  bras  ;  &  dans  le  milieu  de  l'épine  j  il  y  a  une 
éminence  tortue  &  courbée  qu'on  nomme  la  crê- 
te ,  ou  l'aîle  de  chauve-fouris,à  caufe  de  fa  relîèm- 
blance. 

L'apophife  qui  efl:  placée  à  la  partie  fupcrieure  L'apoph;- 
du  col  ,  <Sc  qui  s'avance  au  defifus  de  la  tête  de  l'os  "^^  -^^oicc 
du  bras  ,  fc  nomme  coracoide  ,  parce  qu'elle  ref- 
fe.r.ble  au  bec  d'un  corbeau:Elle  affermit  l'articu- 
lation de  l'épaule  ,  &  donne  origine  à  an  des  muf- 
clcs  du  bras  >  que  l'on  nomme  pour  cet  etfet  cora- 
coidicn. 

Il  faut  encore  obferver  deux  cavîtez  ou  échan- 
crureSjdont  l'une  eft  entre  le  col  &  l'acromion,&: 
l'autre  entre  la  côte  fuperieure  Se  l'apophife  cora- 
coide;elles  fervent  toutes  deux  pour  le  paCïàge  des 
vai (féaux;  &  enfin  le  creux  qui  eft  au  bout  de  l'an- 
gle extérieur  j  fe  nomme  la  cavité  glenoide  de 
l'omoplate  ,  dont  nous  avons  déjà  parlé. 

L'omoplate  a  plufieurs  ufages  ,  elle  donne  cri-  Ufagcdc 
gine  Se  infercion  aux  mufcles,  comme  tous  les  au-  ^o™**?^^'®* 
très  os  ,  elle  attache  le  bras  au  corps  ,  elle  lui  ferc 
d'appui  ;  afin-qu'il  falfe  commodément  tous  fes 
mouvemens  ;  elle  forme  l'épaule  ,  &  défend  les 
parties  internes  par  fa  partie  la  plus  large  ,  qui  eft 
apliquée  fur  les  côtes. 

Le  bras  n'eft  compofé  que  de  l'humérus ,  qui       C 
eft  l'os  leplus  grand  Se  le  plus  fort  de  tous  ceux  de  ^^^^  ^^^' 
cette  extrémité;  pour  le  bien  connoître  il  faut  exa- 
miner fes  connexions  Sc  fes  parties. 

Il  eft  articulé  par  fes  deux  extrémitez  ,  par     Anicu- 
celle  d'enhant  avec  l'omoplate  par  artrodie,  com-  [^hù"mcru$, 
me  je  vous  l'ai  déjà  fait  voir  ;  &  par  celle  d'en- 
bas    doublement  ,  fçavoir  par    ginglime  avec  le 
cubitus  ,  &  par  artrodie   avec  le  radius.    Il  fawc 

G    ii 


iûo  Des  Os  des  Adalns  , 

obfervei*  que  le  ginglime  eft  ici  parfait,  en  ce  que 
ces  deux  os  s'cntrc-recoiveiu  éf^alemcnc  par  la  me-  ' 
me  extrémité  ;  ayant  l'un  &c  l'autre  des  éminenccs 
&  des  cavitez  qui  forment  cette  articuUtion.il  fc 
joint  auflî  avec  le  radius  par  amodie  ,  ayant  une 
éminence  à  fon  extrémité  ,  qui  eft  reçue  dans  la 
cavité  qui  eft  an  bout  du  radiustc'eft  cette  articu- 
lation qui  fait  les  mouvemcns  de  l'avant-bras  en 
dedans  &  en  dehors,  que  l'on  apelle  de  pronation 
&  de  fupination. 

Pour  examiner  les  parties  de  l'humérus  ,  il  faut 
le  diviter  en  fon  corps  «S:  en  fes  extréinitez  ;  elles 
font  deux  ,  Tune  fuperieure  ,  de  Tautre  inférieure. 

^^  Le  corps  de   Thumcrus  eft  lone  &  rond  ,  il  a 

Le  corps  .  f .  •     n.  j  ''ri  o 

de  l'hamc-  une  cavité  niterne  qui  elt  de  toute  la  longueur,tk: 

•^os.  qui  renferme  de  la  moelle  ;  fa  figure  n  eft  pas  ab- 

foluracnt  droite  ,  mais  un  peu  cave  en  dedans,  & 
élevée  en  d£hors,pour  la  fortifier  dans  fesaéttons. 
L'on  y  remarque  une  ligne  qui  delcend  &  qui  fe 
termine  en  deux  condiles  ;  elle  fert  -à  attacher 
plus  fcurement  les  mufcles  qui  s'infèrent  à  cet 
os. 
E  L'extrémité  fuperieure  de  l'humérus  eft  beaii- 

dc  l'h^c- ^^"P  P^"^^  grolle  de  plus  fpongieufe  que  l'infé- 
ras, rieure  j  elle  contient  un  fuc  médullaire;  cette  par- 
tie fe  nomme  la  tête  ;  elle  eft  non  feulem.ent  en- 
tourée de  tous  côtes  de  lîgamens  &  de  membranes 
qui  partent  de  la  cavité  glenoide  de  l'omoplate; 
mais  elle  eft  encore  enveloppée  de  quatre  aponc- 
vrofes.des  m^ufcles  qui  l'environnent.  Un  peu  au 
defîbus  de  cette  tête  ,  il  y  a  une  partie  ronde  ,  uii 
peu  plus  étroite ,  que  l'on  nomme  le  col  ;  &  U 
partie  antérieure  de  cette  tête  ,  il  paroit  une  fen- 
te ,  ou  fcillure  afîez  longue, qui  va  jufqu'à  la  par- 
tie moyenne   de  l'os  ,  çUc  eft  faite  en  forme  do 


VIL  DémoriflrAtton.  i  o  i 

qoiuiere  ,  pour  faire  place  à   un    des  tendons  du 
mulcle  biceps. 

L'exciémité  inférieure  de  cet  os  efl:  plus  petite,        ^ 
plus  plate  j  Se  plus  dure  que  l'autre  \  elle  eft  aulïï  rhumcruy.* 
plus  largCjparce  qu'elle  s'articule  avec  les  deux  os 
de  l'avant-bras, qui  font  placés  à  coté  l'un  de  l'au- 
tre, &  qui  font  deflus  elle  deux  mouvemens  diffe- 
rcnsjl'on  voit  à  cette  partie  trois  apophifes  &  deux 
cavités  ;  la  première  des  apophiies  eft  la  fuperieu- 
re  ,  qui  eft  la  plus  grolTe  ;  c'eftune  tête  ronde  qui 
s'articule  avec  le  radius:  la  féconde  eft  l'inférieure, 
ou  incerne  ,  elle  eft  plus  petite  que  la  précédente: 
onl'apelle  condiloidejelle  ne  s'articule  à  aucun  os, 
parce  qu'elle  ne  fcrt  que  pour  l'origine  des  mufcles 
fléchiileurs  de  la  main.Au  milieu  de  ces  deux  con- 
diles  eft  la  troifiéme  apophife,qui  eft  unie,  oblon- 
gue,&  faite  en  forme  de  poulie  ,  autour  de  la- 
quelle le  cubitus  fait  fes  mouvemens;  les  deux  ca- 
vités-font  proche  cette  apophife  ,  l'une  eft  interne 
&plus  petite,&  l'autre  eft  externe  ^c  plus  grande; 
elles  reçoivent  les  deux  apophifes  coronoides  du 
cubitus ,  &  la  poulie  eft  reçue  dans  la  cavité  fig- 
matoide  du  même  cubitus. 

L'avant -bras ,  que  d'autres  appellent  le  coude,  Y^^^^anc 
eft  compofc  de  deux  os,à  caufcdes  difïerens  mou- 
vemens contraires  qui  s'y  font,  qui  n'auroienc 
pu  être  faits  par  un  (eul  os  ,  joint  par  ginglime  , 
qui  auroit  bien  à  la  vérité  permis  au  bras  de  fe 
fléchir  &  de  s'étendre  ,  &  non  pas  de  fe  renverfer 
en  dedans  &  en  dehors;  ce  qui  le  tait  par  le  moi'cn 
du  radias  ,  qui  pour  cet  etfet  eft  articulé  pir  ar- 
trodie 

Ces  deux  os  ne  font  pas  lî  longs,  ni  fi  gros  que  Cci  dcajc 
celui  du  bras,  mais  ils  ont  entr'cux  a  peu  prés*?*^"""^^^^^ 
la  même  grandeur,  neanmoms  le  cubitus  eft  un 

G    iij 


loz  Des  Os  des  A^ains  , 

peu  plus  grand  que  Tauti-e  ,  c'eft  ce  qui  les  a  ù.h 

apellerpar  quelques-uns  le  grand  &le  petit  focile, 

ils  font  éloignez  l'un   de  Taucre  par  leur  partie 

moyenne^pour  la  fîtuation  commode  des  mufcles 

pour  le  partage  des  vailfeaux  ,  àc  principalement 

pour  la  facilité  du  mouvement^  &  de  plus  il  étoic 

jufte  qu'étant  diftinguez  d'action ,  ils  le  fuirent 

aulïi  de  corpsûls  s'entre-touchent  par  leurs  extrê- 

mités,etant  même  articulés  l'un  avec  l'autre^com^ 

me  je  val  vous  le  démontrer  tout  à  l'heurCjl'un  Te 

nomme  le  cubitus  ,  &  l'autre  le  radius, 

G    _         Le  cubitus  ,  ou  l'os  du  coude  ^  cil:  ainlî  apçllé  , 

i,ccubi-  ^2lxcq  que  c'eft  lui  qui  forme  le  coude.    Il  y  en.  a 

d'autres  qui  lui  ont  donné  le  nom  à'ulna  ,  parce 

qu'anciennement  il  fervoit  d'aulne  &:  de  mefure  , 

éc  quoique  cette  mefure  ne  ioit  pas  bien  jufte.y  en 

ayant  de  plus  longs  &  de  plus  courtSjnousvoions 

néanmoins  qu'encore  aujourd'hui  plufieurs   pei% 

fonnes  fe  fervent  de  la  longueur  de  leurs  bra?pour 

aulner  quelque  chofe.   \\  faut  confiderer  à  cet  os 

deux  chofes  ,  fes  articulations  &  fes  parties, 

.  Arricula-      \\  e{\  articulé  par  fes  deux  extrémités  ,  par  la 
eionsduca-/-        .  ,     "^  .  ,,         ,    \   , . 

iîiim.  lupcneure  en  deux  manières,  avec  1  extrémité  m-^ 

fericure  de  l'humérus  par  ginglime,&  avec  la  par- 
tie fuperieure  du  radius  par  artrodie  ^  &  par  l'ex- 
trémité inférieure  aufîi  en  deux  façons  ,  avec  les 
os  du  carpe  par  fon  bout ,  &  avec  le  bas  du  radius 
par  fa  partie  latérale  5  ces  deux  articulations  fe 
font  par  artrodie. 

du  cubit*^.      ^'on  ne  peuç  pas  bien  examiner  les  parties  du 

cubitus  que  l'on  ne  le  divife  en  trois  ,  qui  font  fa 

partie  fuperieure  ,  fa  moyenne,  &  foii  inférieure, 

H  On  remarque  à  la  partie  fuperieure  du  cubitus 

du  Ciibiws.  ^^^^  apophifes  &:  deux  cavitez  ,  la  plus  petite  de 
ces  apophifes  ell  iîtuée  antérieurement  j  elle  n'a 


VIL  Demonflratlon.  lOj 

point  de  nom  particulier,  mais  feulement  celui  de 
coroné  ,  qui  Te  donne  en  gênerai  à  ces  fortes  d'é- 
niinences  j  l'autre  eft  fituée  poftcrieurement ,  elle 
eft  plus  groife  ,  &:  s'apellt  oiecrane  ;  c'eft  fur  elle 
que  l'on  apuye  \c  coude  j  elle  forme  un  angle  aigu 
iorfque  Ton  ployé  le   bras  j  elle  empêche  qu'il  ne 
fe  puilîe  fléchir  en  arriere.Ces  deux  apophifes  en- 
trent dans  les  deux  caviccz  qui  font  à  la  partie  in- 
férieure de  l'os  du  bras. Des  deux  cavitez  qui  font 
à  la  partie  fuperieure  du  cubitusj'une  qui  eft  fore 
grande^eft  lituée  entre  les  deux  apophifes  :  on  l'a- 
pelle  ligmatoide,parce  qu'elle  rcflèmble  à  un  figma 
Grec  :  c'eft  elle  qui  reçoit  la  pointe  de  l'humérus: 
Il  y  a  au  milieu  de  cette  cavité  une  ligne  ou  émi- 
nence  qui  va  d'une  apophife  à  l'autre  ,  &  qui  en- 
tre dans  la  llnuofité  de  la  partie  qui  eft  au  bas  de 
rhumerus  :  l'autre  cavité  eft  fort  petite  i  elle  eft  à 
la  partie  latérale  &  interne  du  cubitus  :  c'eft  elle 
qui  recevant  le  radius  ,  les  articule  enfemble. 

On   remarque  à  la  partie  ],noyenne  du  cubitus     Len^ilieu 
trois  angles,  dont  l'intérieur  que  l'on  appelle  epi-  du  cubitu». 
ne ,  eft   fort   tranchant  j  les  deux  autres  ne  font 
pas  fi  aigus  ,  l'un  eft  antérieur  ,&  l'autre  pofte- 
rieur. 

A  la  partie  inférieure  il  y  a  deux  éminences  &  Lcbaida 
une  cavité:  la  première  des  éminences  eft  fituée  à  cabituii 
le  partie  latérale  &  inférieure  ,  elle  eft  reçue  dans 
la  cavité  glenoide  du  radius  :  la  féconde  eft  àl'ex- 
tremiré  de  l'os  ,  elle  s'apelle  ftiloide  ,  elle  fert  à 
fortifier  l'article  ,  c'eft  pourquoi  elle  eft  placée 
dans  (a  partie  externe;  la  cavité  qui  eft  au  bout  de 
l'os  ,  aide  à  faire  l'artrodie  avec  le  carpe. 

Le  iccond  os  de  l'avant-bras  eft  apellé  radias  ,     Lciadiu* 
ou  rayon  ,  à  caufe  que  l'on  veut  qu'il  reftembie  à 
un  des  rayons  d'une  louc  :  l'on  y  conliderô  deux 

G    iiij 


IC4  Des  Os  des  Aiahjs  , 

choies  comme  aux  autres  os  ,  fçavoir  fes  connc- 

.    .    ,     xions  &  fes  parties. 

Articiila-        ^  cC       •      \  '  i  i  •  r 

rons  du  ra-.       ^^^  OS  elt  articule  comme  le  cubituSjen  la  pav- 

diui.  tje  luperieure  ,  &  en  fun  inférieure  j  par  fa  partie 

fuperieure  en  deux  manières  par  artrodie  ,  l'une 
avec  le  condile  externe  de  l'humérus  ,  &  l'autre 
avec  le  cubitus  :  par  fà  partie  inférieure  il  eft  aufli 
articulé  en  deux  façons  ,  ou  avec  les  os  du  carpe, 
ou  avec  le  cubitus  ,  ce  font  encore  deux  artrodics; 
car  le  cubitus  &  le  radius  font  joints  enfemble  en 
haut  &  en  bas  ,  avec  cette  différence  que  le  cubi- 
tus reçoit  en  haut  le  radius ,  &  que  celui-ci  reçoit 
le  cubitus  par  en  bas. 
iDivifion  Si  nous  voulons  être  inftruics  de  tout  ce  qui  con- 
cerne le  radius,il  faut  le  divifcr  aufli  en  trois  par- 
ties 5  qui  font  la  fuperieure  ,  la  moyenne  ,  &  Tin- 
ferieure, 
M  On  remarque  à  fa  partie  fuperieure  trois  chofes 

Le  haut  fcavoir  une  tête,  un  col  ,  &  une  tuberofité;Ia  tête 
^u  radius.    Jn  <    Q.       1-  •         r  •       -1 

elt  ronce  oc  polie  pour  mieux  le  mouvoir  i  li  y  a 

deflus  cette  tête  une  cavité  glenoide  qui  reçoit  le 
condile  fuperieur  de  l'humerus:le  col  eft  fort  long 
pour  les  mouvemens  obliques;  la  tuberofité  ou  é- 
minsncc  eft  lituée  fous  le  col ,  c'eft  en  cet  endroit 
où  s'attachent  le  mufcle  profond  ,  &  un  des  fié- 
chiiîeurs  du  pouce, 
■j^ç^.,.  A  la  partie  moyenne  ,  il  faut  obferver  qu'elle  a 

du  ru'diuj.  un  angle  trcnchant ,  que  l'on  appelle  épine  ,  & 
qu'elle  va  toujours  en  groflîlîant,'  à  mefure  qu'el- 
le aproche  du  poignet ,  à  la  différence  du  cubi- 
tus ,  qui  diminue  en  s'éloignant  du  coude  :  C'eft 
en  cela  qu'il  faut  admirer  la  nature  qui  ne  pou- 
vant fe  difpenfer  de  faiie  ces  deux  inégaux  os 
dans  leurs  extrémitez  ,  a  trouvé  moyen  de  tendre 
le  bras  également  fort  dans  fa  longueur  ,  en  pU- 


VIL    Démonjlratïo/1.  105 

çant  la  partie  la  plus  forte  de  l'un  avec  la  pliisfoi- 
ble  de  l'autre. 

L'on  remarque  à  la  partie  inférieure  placeurs        O 
iînuoiitez  &  inégalitez  qui  font  comme  autant  de  ^^^'[^5*^ 
petites  goutieres  qui  font  faites ,  afin  de  ne  pas  in- 
commoder les  tendons,  qui  vont  particulièrement 
à  la  partie  externe  de  la  main.  Il  y  a  aufïi  deux  ca- 
vitez ,  dont  Tune  ,  qui  eft  à  fon  extrémité  ,  reçoit 
les  os  du  carpe  ,  &  l'autre  plus  petite  qui  eft  à  fa 
partie  latérale  &  interne  ,  dans  laquelle  eft  placée 
une  ém.inence  du  cubitus.    H  ne  faut  pas  oublier 
cette    éminence   qui  eft   à   fon  extrémité  ,  par- 
lie  externe  ,  laquelle  forme  conjointement    avec 
Tapophife  ftiloide  une  grande  cavité  qui    reçoit 
les  os    du    carpe  ,  &  qui    en  empêche   la  luxa- 
î  ion, 

La  main  prooremcnt  dite  eft  faite  du  carpe  ,  ou     ^^  ^* 
r     i  _  .  r    '        main. 

poignet  j  du  métacarpe  ,  &  des  doigts  ,  elle  com- 
mence où  finit  l' avant-bras ,  &  elle  fc  termine  à 
l'extrémité  des  doigts. 

Le  carpe    eft  la  première  partie    de  la  main  ;     Le  carpe 
c'eft  un  amas  d'osfituez  entre  l'articulation  infe-        Q_ 
rieure  du  coude  6c  le  mcracarpe.Ccs  os  font  huit,  .,h5i?if^ 
dilpolez  en  deux  rangées  ,  quatre  a  ciiacun  ■.    il  rcz. 
faut  examiner  la  iituacion  de  ceux  de  la  premiè- 
re rangée  ,  &c  puis  nous    verrons  ceux  de  la  fé- 
conde. 

Le  premier  rang  eft  compofé  de  quatre  os  ,  j-an^^*^^'" 
dont  les  deux  plus  grands  font  reçus  dans  la  ca 
vite  du  radius  par  leur  partie  funciicure  pour  le 
Hicuvemcnt  de  la  main  j  &  par  leur  inférieure 
ils  touchent  les  trois  premiers  os  du  fécond  rangj 
le  troifiéme  ,  qui  les  fuit  en  grandeur  ,  eft  fituc 
ciius  la  cavité  du  bout  du  cubitus  joignant  ion 
ft^..>miife  ftiioidei  &  en  fa  partie   inférieure  ,  il 


10^  Des  Os  des  Afalns , 

eft  uni  avec  le  quatrième  du  fécond  rang  ;  le 

quatrième  du  premier  rang  ,  qui  eft  le  plus  petit 

de  tous ,  eft  fitué  fur  le  troifîéme  au  dedans  de 

la  main  ,  faifant  une    érainence  qui  eft  pareille  à 

l'apophile   crochue  du  quatrième  os  du  fécond 

rang. 

Second         Le  premier  os  du  fécond  rang  eft  placé  plus  en 

^"8.  dedans  de  la  main  qu'en  dehors ,  ce  qui  fait  qu'il 

foùtient  mieux  le  pouce  ,  &:  qu'il  répond  à  l'apo- 

phife  ciochuc  du  quatrième  os  du  même  rang  :  le 

îccond  &  le  tioifiéme  foûtiennent  le  premier  ,  8c 

\ç  (econd  os  du  métacarpe  ;  &  le  quatrième  ôC 

dernier  os  du  carpe  foùtient  le  troiiième  &  le 

quatrième  os  du   métacarpe  par  [es  deux  petites 

cavitez  glenoides. 

Il  faut  remarquer  qu'il  y  a  à  la  partie  interne 
de  tous  CCS  os  une  apophife  crochue",  qui  fait  une 
cmincnce  d'un  côté  ,  &  que  de  l'autre  le  premier 
os  du  fécond  ran^  s'avance  en  dedans  de  la  main  , 
&  qu'aînfi  l'cfpacc  qui  eft  entre-deux  étant  fait 
comme  une  gouticre,  fert  de  palîage  aux  tendons 
des  mufcles  flèchifteurs  de  la  raain  ,  qui  palFent 
par  ce  vuide  en  toute  feureté    avec  le  fecours  du 
ligament  annulaire  qui  les  couvre  j  &  qui  joint 
enfemble  tous  ces  os  dont  je  viens  de  vous  par- 
ler. 
Figure  du      La  fieure  des  os  du  carpe  joints  enfemble  eft 
'         ronde  &  élevée  en  dehors,  mais  elle  eft  inégale  & 
cave  en  dedans  pour  la  facilité  de  l'action. 
Articula-       Il  y  a  trois  fortes  d'articulations  aux  os  du  car- 
rions du      pe  ;  la  première  avec  les  os  de  l'àvant-bras  par 
^^'■^'         amodie  ,  comme  nous  avons  déjà  dit  ;  la  féconde 
avec  les  os  du  métacarpe  par  amphiartroie  ;  &  la 
troiiîème  par  finevrofe  entr'eux  ,  c'eft-à-dire  ,  par 
des  ligamens  tres-forls,qui  les  uniflTent  enfemblejde 


VIL  Démonff ration,  107 

ces  trois  articulations  il  iVy  a  c^ie  la  première  qui 
ait  un  mouvement  manifcftej  car  les  deux  autres 
n'en  ont  point  ,  ou  du  moins  il  eft  extrêmement 
obfcur. 

Le  métacarpe  eft  la  féconde  partie  de  la  main  ,  L/mcta- 
jl  en  forme  la  paume  par  fa  partie  interne  ,  &  le  cirpe. 
dehors  par  fa  partie  externe,il  eft  compofé  de  qua- 
tre os  longs  ,  grefles  &  inégaux  :  ils  ont  chacun 
une  cavité  qui  contient  de  la  moelle:  Il  y  en  a  qui 
en  mettent  cinq  ,  &  qui  pour  cet  effet  y  ajoutent 
le  premier  os  du  poûcc  :  mais  il  ne  doit  pas  être 
mis  au  nombre  des  os  du  métacarpe ,  parce  qu'il 
a  un  mouvement  manifefte,  &:  que  les  autres  l'ont 
fort  obfcur. 

Ces  quatre  os  font  ioints  avec  le  carne  par  une   .  Articuk- 
connexion  rorte  ,  par  le  moyen  de  plulieurs  hga-  métacarpe, 
mens  cartilagineux  qui  ne  leur  permettent  qu'un 
mouvement  cache  :  &  avec  les  doigts  par  artro- 
dis  ,  ayant   chacun  une  tête  ronde  à   leur  extré- 
mité 5  qui  entre  dans  la  cavité  glenoïde  qui  eft  au 
bout  du  premier  os  des  doigts  :  Et  outre  ces  deux 
articulations  qui  fe  font  par   leurs  ^xtremitez  , 
ils  s'cntre-touchent  &  font  encore  unis  enfemblc 
par  leur  partie  latérale  ,  tout  proche  l'endroit  où 
ils  fe  joignent  au  carpe,  &  ce  pour  une  plus  gran- 
cic  force:  ils  s'écartent  enfuire  vers  le  milieu  pour 
■   laillerune  efpace   commode  aux  mufcles  inicrof- 
feux. 

Ils  ont  une  figure  ronde  par  leur  milieu,  qui  eft 
un  peu  convexe  en  dehors  pour  la  force  ,  &  cave 
en  dedans  pourl'apieheniion.  Leur  extrémité  fu- 
peiieure  eftla  partie  la  plus  grolfe  qu'ils  ayenr. 
C  wft  elle  qui  les  unit  avec  le  carpe  :  t<.  l'inférieur 
tit  la  plus  petite  ,  qui  finit  par  une  tète  qui  les  ar- 
ticciic  avec  les  doii^ts. 


1  o8  Des  Os  des  Mains , 

Ces  rma-  Qç^  quatre  os  ne  ionr  pas  rous  éî^alement  "vos. 
rcnccngref-  celui  qui  loQtient  le  doigc  index  Teil  plus  que  les 
fcur.  autres  ,  le  Tecoud  eft  moindre  ;  le  troihcaie  dimi- 

nue' encore  ;  de  cnfirf  le  quatrième  eft  le  plus  petic 
de  tous.  Je  vous  ai  dit  que  ces  os  n'avoient  poinc 
de  mouvement  5  ou  bien  qu'ils  en  avoient  très- 
peu  ,  puifqu'il  n'y  a  que  le  dernier  (  qui  eft  celui 
qui  fertà  foûtenirle  petit  doigt  )  qui  en  ait  un  peu 
plus  que  les  autres  j  ce  qui  fe  voit  aifément ,  loif- 
qu'il  s'éloigne  d'eux. 

-     ^  .  H  rcftc    encore  à  vous  démcHirrer  les  doîcrcs  , 

Lcj  cioigrs  -  o      -' 

qui  font   plulieurs ,  afin  que  Taclion  de  la  main 

qui  eft  l^apprehenlîon  ,  fe  fit    mieux  ,  îk  que  l'on 

T        pût  prendre  les  cliofes  les  plus    petites;  ils  font  y 

Lcfouc:,  j^jj^q  .  [[^  ditfersnc  les  uns  des  aucres,tant  en  grof- 
feur  qu'en  longueurjle  premier  fe  nonime  le  pou- 
ce ,  parce  qu'il  eft  le  plus  gros  &  le  plus  fort ,  c- 

, .  V,  tant  oppofé  lui  leul  aux  quatre  autres  doigts  dans 
l'aprehenfion  ;  le  fccond  s'apelle  l'indicateur,  par- 
ce que  nous  nous  en  fcrvons  quand  nous  voulons 
montrer  quelque  cliofe  ,  le  troihéme  eft  appelle  le 
doigt  du  milieu  ,  à  raifon  de  fa  lituation  ;  c'eft  lui 
qui  eft  le  plus  long  de  tous;  le  quatrième  eft  nom- 
X*       mé  annulai ic. parce  que  c'eft  celui  où  on  met  l'an- 

T  '1*  ' 

Lc^uieu  j^g^j^^ .  jg  cinquième  eft  le  plus  petit   de  tous  ,  on 
L'annulai-  l'appelle  auriculaire  ,  parce  qu'étant  pointu  on  en 
^^'  peut  aifément  nettoyer  les  ordures  des  oreilles. 

2  Les  os  des  doigts   font  quinze  ,  trois  à  chaque 

Le  pccic  doiet,ccs  os  font  difpofez  en  trois  ordres,  que 
Quinze  o$  1  on  appelle  phalanges  ,  parce  qu  il  iemble  qu  ils 
a.x  doigts,  foient  comme  rangez  en  bataille  :  la  première  ran- 
gée eft  plus  grofle  que  la  féconde  ,  &  la  féconde 
que  la  troiiîcme  ,  qui  eft  la  plus  petite  ,  &  dont 
l'extrémité  des  os  qui  la  compjic nt  finit  en  demi 
rond  ,  ou  en  croilïant. 


VII.  Démonflratlon.  lô^^ 

La  figure  de  ces  os  efl:  cave  en  dedans  pour  la 
commodité  de  la  flcxionjConve»e  par  dehors  pour 
la  force  j  un  peu  apiatie,  en  dedans  pour  ne  pas  in- 
con-imoder  les  tendons  des  fléchiiréurSj&:  pour  fa- 
ciliter rempoignement. 

Ils  font  joints  enicmble  par  ginglîme  ,  ayant  Articula- 
tousde  petites  tètes  èz  de  petites  cavitez  qui  fe  re-  acs"ddgw?^ 
çoivent  réciproquement  les  unes  les  autres  ;  leur 
articulation  avec  le  métacarpe  fefait  par  artrodie; 
chaque  doigt  a  auiîides  ligamensà  fa  partie  inter- 
ne ,  félon  (a  longueur.  Ces  ligamens  font  comme 
des  canaux  qui  attachent  ces  os  mutuellement  en- 
femble. 

Je  ne  vous  parlerai  àcs  os  fefamoides  qui  fe  trou- 
vent aux  jointures  des  os  des  doigts  ,  qu'en  vous 
expliquant  ceux  des  pieds. 

Je  finis,  Meffîeurs  ,  en  vous  faifant  remarquer     obferva- 
que  de  la  manière  que  les  os  des  doigts  font  articu-  tions  furies 
lez  enfemble,ils  ne  font  capables  que  de  fe  fléchir  SS^Joig^T^ 
&c  de  s'étendre  ;  &  que  s'ils  fe  courbent  d'un  côté 
ou  d'un  autre  pour  s'aprocher  ou  s'éloigner  les  uns 
des  autres,  (  ce  que  l'on  apelle  addudion  &  abdu- 
ction, )  cela  dépend  de  l'articulation  de  leurs  pre- 
mières phalanges  avec  le  métacarpe  ,  auquel  elles 
font  jointes  en  cet  endroit  par  artrodie  ,  comme 
nous  avons  fouvent  dit. 


IIÔ 


'Vn  '^    ^     ■¥■ 


_        *    *    *    * 


5t-     >*■     5*-     jt-llP      ^  * 


DES     OS 

DES      PIEDS. 


Huitième  Démonjiration* 

P  R  £■"  s  vous  avoir  amplement  explî^ 
que  les  os  de  la  main,il  eft  juftcjMef- 
fieurs  ,  que  nous  finifîions  nos  Dé- 
monftrations  Ofteologîques,par  cel- 
De  l'extré-  le  des  OS  qui  compofent  les  extrémités  inférieures: 
initc  mfc«  je  f^jj  pcrfuadé  que  vous  ne  ferés  pas  moins  fur- 
pris  de  leur  ftrudure,  que  vous  Pavés  été  de  celle 
des  autres  parties.  Ce  font  elles  qui  étant  les  or- 
ganes du  marcher  ,  font  que  l'homme  peut  avec 
facilité  aller  d'un  lieu  à  un  autre^ce  font  elles  aufîi 
qui  contribuant  principalement  à  lui  donner  la 
figure  droite  ,  font  qu'il  a  un  air  majeftucux  que 
n'ont  pas  les  autres  animaux. 

On  entend  par  le  pied  tout  ce  qui  eft  compris 

depuis  les  os  desiles  jufqu'à  l'extrémité  des  doigts 

du  pied  que  nous  divifons  comme  la  main,en  trois 

parties  ;  qui  font  la  cuifTe  ,  la  jambe  ,  &c  le   pied 

promptement  dit. 

A  La  cuifTe  eft  faite  comme  le  bras  d'un  feul  os 

Lckmur.  ^^^j  ^^  j^  P^^^  grand  &  le  plus  fort  de  tous  les  os 

du  corps  de  l'homme,parce  qu'il  en  porte  lui  feul 

tout  le  fardeau.    C'eft  auiïi  ce  qui  lui  a  fait  don- 

.  ncr  le  npm  de  feraur  ,  du  mot  Latin  fero ,  qui  fi- 


Divlfion 
de  l'extré- 
mité infé- 
rieure. 


vnr 


2jU0, 


D. 

mit 
rici 


'j\\ 


^. 


tn; 


V IIL  Démonftratîon.  1 1 1 

onifie  porter  ;  il  faut  examiner  à  cet  os  fes  conne- 
xions &  fes  parties ,  de  même  qu'au  bras.  ^      ^ 

Cet  os  a  des  articulations  proportionnées  a  la  ^j^^^dafc- 
erandeur  &  à  fa  grofleur  ,-puifqu1l  en  a  deux  for-  mur. 
?esparfes  deux   extrémitez  i  la  première  eft  par 
celle  d'enhaut,  qu'on  apelle  enartrofe  ,  elle  fe  fait 
parie  moyen  d'une  tres-grollè  tête  ,  qui  eft  reçÛe 
dans  une  grande  cavité  ,  la  tête  eft  au  bout  du  fe-, 
mur    &  la  cavité  eft  dans  la  partie  latérale  des  os 
des  iles  ;  cette  cavité  a  un  bord  cartilagineux  pour 
mieux  embraffer  cette  tête  ,  &  pour  empêcher 
qu'elle  ne  forte  de  fa  place.   Il  y  a  de  plus  un  fort 
ligament  qui  attache  cette  tête  au  fond  de  la  cavi- 
te^  mais  avec  toutes  les  précautions  que  la  Natu- 
re a  prifes  pour  affermir  cet  article  ,  il  ne  lailîc 
pas  de  fe  luxer  quelque  fois.  La  féconde  connexion 
fe  fait  à  fon  extrémité    inférieure  par  ginghme  , 
ayant  deux  têtes  qui  font  reçues  dans  deux  cavi- 
tez  qui  font  à  la   partie  fuperieure  &  extrême  du 
tibia  5  Entre  ces  deux  têtes  il  y  a  une  cavité  qui 
reçoit    une  éminence  du  même  tibia  ,  &  qui  la 

fait  par  ginglime.  .    r        •  r. 

Les  parties  du  fcmeur  font  troisjfçavoir  une  lu-    Troi.par-' 
perieure  ,  une  moyenne  ,  &  une  inférieure.  u«  au  fe- 

A  la  fuperieure  il  faut  examiner  une  tête  ,  un       g 
col  ,  &  deux  apophifes  i  la  tête  eft  groffc  &  ron-  ^Lehautda 
de ,  elle  fe  forme  de  l'appendice  qui  s  infère  dans   ' 
la  boëte  de  la  hanche  j  la  petite  foffe  qui  eft  dans 
fon  miUcu  eft  l'endroit  d'où  fort  le  ligameat  qui 
le  lie  avec  l'os  des  ilcs.  Cette  partie  mente  rnieux 
le  nom  de  tête  ,  qu'aucun    autre    qui  loïc  an 
corps  ,  elle  en  a  même  plus  la  figure  ,  étant  plus 
orofe  que  le   col   qui  la  foÛtient ,  quoiqu  il  ioM 
fort  2ros&  fort   long, il  fe  jette  en  dehors  non 
feulement  pour  la  fituation  commode  des  parties 


I  î  1  Des  Os  des  Pie  as , 

qui  font  firuées  entre  les  cuiflesjmais  encore  pour 
la  fei-meté  du  marcher.  Ce  col  eft  oblique  ,  pci;ce 
que  la  cavité  de  l'ilchion  n'étant  pas  en  ligne  droi- 
te,la  tête  du  Fcmur  n'auroit  pu  y  entrer  ;  d'ailleurs 
le  col  le  ponant  ainli  en  dehors,^  écarte  ces  deux 
os  les  éns  des  autres  ,  &  fait  que  tout  le  refte  de 
l'os  d^cendant  en  ligne  droite  ,  le  corps  eft  porté 
commodément  &  feurement. 

Les  deux  apophiies  qui^  Tout  derrière  le  col  du 
fémur  ,  font  nommées  trocancers,  d'un  mot  Grec 
qui  hgnifie  toiuner,parce  que  les  mufcles  qui  font 
les  mouvemens  de  la  cuiffe  ,  &  particulièrement 
ceux  qui  la  font  tourner, s' attachent  à  ces  apophi- 
feSjdonr  la  fuperieure  ôc  la  plus  grande  fe  nomme 
le  grand  trocanter  j  elle  donne  infertion  aux  muf- 
cles extenfeurs  de  la  cuille  ^  c'cft  pourquoi  elle  a 
fa  partie  externe  inégale  ôc  raboteufe  ,  afin  qu'ils 
s'y  attachent  mieux  5  &  à  fa  partie  internc,qui  re- 
garde le  col,  il  y  a  une  cavité  au  defiTus  de  laquelle 
fe  trouve  une  imuofîté.  La  féconde  apophilc  eft 
plus  petite  ôc  placée  au  defiTous  ;  elle  fe  nomme 
le  petit  trocant en-. 

,  C  .,.  Il  faut  remarquer  qu'il  y  a  à  la  partie  interne 

Leraiheii   1      r  1.  >     ..  ^       •    r  ^,•    r      - 

iu  fémur.    ^^  remur  une  ligne   aigue    qui  lert  a  1  mlerrion 

des  mufcles.  11  faut  encore  obferver  que  la  par- 
lie  moienne  du  fémur  eft  ronde  ,  qu'elle  eft  polie 
ôc  unie  dans  fa  partie  antérieure  ,  &  inégale  dans 
fa  pofterieure  ,  où  l'on  remarque  une  ligne  tout 
le  long  de  l'os  ,  comme  nous  l'avons  déjà  dit  ci- 
dcfîus.  Cet  es  a  une  grande  cavité  dans  route  fa 
longueur  ,  qui  contient  de  la  moelle  comme  tous 
les  autres;  ce  qui  le  rend  plusleger.ll  eft  convexe 
en  dehors ,  &  un  peu  courbé  en  dedans  >  de  forte 
qu'il  fert  d'arcboutant  à  notre  corps ,  poui  empê- 
cher qu'il  ne  tombe,  &  ne  fe  porte  trop  en  devant. 

C'eft* 


V IJJ.&  dernière  Démonjlratlon.  115 

C'eft  ce  qu'il  faut  que  les  Chirurgiens  remar- 
quent dans  les  fradures  qui  s'y  font,ils  ne  doivent 
pas  s'efforcer  à  lui  donner  une  figure  droirc;  puif-  ♦ 

qu'il  ne  l'a  pas  nacurellcraenc. 

A  la  partie  inférieur?  du  femur,il  y  a  deux  aoo-     .  9     , 
phifes ,  qu'on  apelle  condiles ,  elles  font  le  gingii-  fémur. 
me  dont  nous  avons  parlé.    Elles  (ont  couvertes 
d'un  gros  cartilage  comme  toutes  les  autres  extre- 
micez  des  os. Il  y  a  entre  ces  deux  condiles  une  ca- 
vité qui  reçoit  l'éminence  du  tibia.    L'on  trouve 
auUi  a  la  partie  luperieure  du  lemur  un  efpace  qui 
donne  padage  aux  vaiQeaux  qui  vont  à  la  jambe* 
Cette  elpace  eft  revêtu  j  comm;^  toutes  les  aiities 
cavitez  ,  aufîi-bien  que  les  apopliites  qui  fervent  à 
l'articulation  dcsos;elles  font  condaites  d'un  car- 
tilage  lilfe  &  poli ,  dans  l'épailleur  duquel  il  y  a 
de  petites  glandes  qui  ont  chacune  un  canal  excré- 
toire par  où  coule  cette  liqueur  glaircufe  qui  ferc 
à  faciliter  le  mouvement  de  la  jointure.    Lorfque 
cette  glaire  vient  à  s'épailîir  par  fon  abondance  , 
elle  colle  les   têtes  des  os  avec  leurs  cavitez  ,  <Sc 
cette  union  s'appelle  anchylofe  ,  qui  efi:  une  ma- 
ladie des  os  tres-dimcile  à  guérir  dans  les  ancien- 
nes luxations. 

La  partie  qui  e'I:  à  rextrémité  de  la  cui{re,&  au       NN 
À  iv     1    \    •      \       1       111  ^    I  ^  La  roîule, 

dellus  de  la  jambe,s  apelle  le  genou  ,  ou  l  on  trou- 
ve un  os  particulier ,  que   Ton  nomme  la  rotule, 
parce  qu'il   redémbleà  une  roulette  ,  d'autres  l'a- 
pcllent  la  molette  du  genou.   C'eft  un  os  rond  &: 
large  ,  qui  eft  couché  fur  l'articulation  du  fémur  a 
avec  le  tibia.    Sa  fubftance  eft  cartiiaoineufe   aux 
cntans  pendant  quelques  mois ,  après  lelquels  elle 
devient  olVeufe  \  fa  figure  eft  femblable  à  celle  de. 
la  bolle  circulaire  d'un  bouclier  ;  fon  milieu  étant 
plus  épais  ^  plus  éminent  que  fes bords. 

H 


114  l^^s  Os  des  Pieds , 

Articula-      La  rcrnle  eft  niobiIe,&  articulée  par  une  efpece 
tions  de  la  ,       .      ,.         rli       a  j  r  ^  . 

rotule.         ae  ginglime.  hlle  elt  couverte  desaponevroles  des 

quatre  mufcles  extenfeurs  xie  la  jambe  ,  lefquelles 
font  attachées  à  fa  partie  externe    &c  à  Tes  bords. 
Elle  cil  revêtue  par  (a  partie  interne  d'un  cartilage 
glilHint  ,  afin  de  faciliter  le  mouvement  q-u'elle  efl: 
obligée  de  faire  furies  extrémitez  du  fémur  &  du 
j^^Q^j^"°*^cibia.Eile  fert  non  pas  pour  affermir  Particulacion 
de  l'os  de  la  cuilTe  avec  celui  de  la  jambe,ni  pour 
empêcher  la  trop  grande  flexion  par  devant  ;  mais 
pour  donner  plus  de  force  aux  mufcles  extenfeurs 
de  la  jambe ,  aufquels  elle   fcrt  d'apui ,  oc  comme 
de  poulie    pour  faire    glilTer  fur  fon   cartilage  la 
corde  tendineufe  des  mêmes  mufcles.    La  fiadrure 
de  cet  os  ell:  très-difficile  à  guérir  ,  &  Ton  en  eil 
fou  vent  eftropié. 
Dci'xos  a       L^^  jambe  eft  la  féconde  partie  de  l'extrémité  in- 
ferieure  ,  elle  comprend  depuis  le  genou  julqu  au 
pied  i  elle  eft  compofée  de  deux  os,  dont  l'un  eft 
fort  gros ,  que  l'on  apelle  le  tibia  ,  &  l'autre  plus 
petit,  que  l'on  nomme  le  péroné. 
Ce  que  cti      Ces  deux  os  ne  différent  qu'en  groflcurjils  ont  la 
dc"com-°"^  même  iongueurjcar  file  tibia  monte  plus  haut,  le 
ir.un.  péroné  defcend  plus  basj  ils  ont  tous  deux  une  figu- 

re triangulaire ,  celle  du  péroné  eft  plus  irregulie- 
reiils  font  articulez  enfemble  par  leurs  extrémitez, 
ils  font  fcparez  par  leur  milieu  pour  faire  place  aux 
mufcles,&  pour  laifTer  palFer  les  vailleaux  :  ils  ont 
tous  deux  le  nom  de  focile  ,  avec  cette  différence 
^ue  le  tibia  eft  apelle  le  grand  focile  ,  &  le  péroné 
le  petit  focile.Us  font  aulTi  tous  deux  chacun  une 
malléole  ,  qui  eft  ce  que  l'on'apelle  autrement  la 
cheville  du  pied;  Ce  font  ces  deux  cminences  qui 
font  aux  parties  latérales  du  pied  ,  donc  le  tibia 
forme  la  malléole  interne  ,  &  le  péroné  l'eiternç. 


VI 1 1.  &  dernière  Démonflration.  ii^ 

Le  ribia  eft  le  plus  gros  des  os  de  la  jambe  ,  il        F 
cft  cave  dans  fa  long'.'.eur    pour  contenir  de  la        '  '^' 
moelle  i  il  eft  ikué  en  dedans  de  la  jambe  ,  nous  y 
confiderons  deux  cliofes,  içavoir  les  articulations 
&  fes  parties. 

Il  eft  articulé  par  fes  deux  extremîtez,  par  gin-  Articula- 
glime,celle  denhaut  en  fait  un  avec  l'os  de  la  cuif-  f'o"*  '^^  'i- 
[e  ,  iSc  celle  d'enbas  en  fait  une  autre  avec  un  des 
os  du  tares, que  Ion  nomme  aftragale.Il  eft  encore 
joint  avec  le  péroné  par  artroidie  par  fes  deux  ex- 
ircmîtez  ,  mais  latéralement.  Le  péroné  a  une  pe- 
tirécavitéà  fa  partie  fnperieure  qui  reçoit  le  ti- 
bia, (Se  par  en  bas  il  a  une  petite  éminence  qui  eft 
reçue  dans  le  tibia. 

Ce  dernier  os  a  trois  parties  ,  fçavoir  une  fnpe- 
rieure ,  une  moyenne  ,  &c  une  inférieure. 

La  partie  fupcrieure  ell:  la  plus  cri-odè  détour  t.u  .j 
1  os  ,  elle  a  dans  ion  milieu  une  apophile  ,  qui  elt  c.oia. 
reçue  dans  la  cavité  qui  eft  au  bout  de  l'os  de  la 
cuille.ll  y  a  aux  deux  cotez  de  cette  apophife  deux 
légères  cavitez  qui  reçoivenc  les  têtes  du  fémur. 
Leur  profondeur  eft  augmentée  à  chacune  par  uii 
cartilage  lunaire  ,  qui  ne  laifte  pas  d'être  mobile, 
quoiqu'il  foir  jittaché  par  des  ligamensjil  eft  mou, 
gUlfant  ,  &  abreuvé  d'une  humeur  gluante  ;  il  eft; 
épais  au  bord  ,  &  délié  vers  le  centre  j  ce  qui  lui 
a  fait  donner  le  nom  de  lunaire, 

La  partie  moyenne  du  tibia  eft  prefque  trian-  H 
gulaire,  ayant  trois  angleSjdont  le  plus  remarqua- j^^j^^^'*^'^ 
ble  ,  que  l'on  apelle  crête  ,  ou  épine  ,  eft  long  &C 
aigu  par  devant  ,  comme  le  taillant  d'un  couteau^ 
d'où  vient  que  les  coups  que  l'on  reçoit  à  cette 
partie  font  tres-fenfibles ,  à  caufe  que  la  peau  & 
le  periofte  qui  la  recouvrenCjen  font  foirvenr^-ôa- 
pez  i  à  meiure  que  cet  os  auroche  du  pied  ,  il  di- 

H    ij 


iï6  Des  Os  des  Pieds, 

minuc  en  groflTeur ,  mais  auiîi  en  recompenfe  il 
devien:  plus  dur. 
j  La  partie  inférieure  du  tibia  fe  termine  en  deux 

Le  bas  du  légères  cavitez  qui    reçoivent  les  éminences  de 
cibia.  i'dllragale  ;  &  du  milieu    de  ces  cavitez  ,  s'élève 

une  pctire  éminence  qui  eft  reçue  dans  la  cavité 
qui  le  trouve  à  la  partie  fuperieure  de  l'aftraç^a- 
le  }  (5c  à  coté  de  cette  cavité  ^  il  y  a  une  éminence 
allez  groife  qui  forme  ïa  malléole  interne  ,  laquel- 
le empêche  la  luxation  du  pied  en  le  tenant  fer- 
me. 
K  Le  péroné  eft  le  plus  menu  des  os  de  la  jambei 

Lcpcrone.  cependant  il  arrive  (ouvent  dans  les  fradures  de  la 
jambe,que  le  tibia  fe  cairej&  que  celui-ci  demeu- 
re dans  Ton  entier ,  parce  qu'étant  plus  délié  ,  il 
obéit  mieux,  3c  que  ployant  un  peujîl  ne  fe  rompt 
pas  Cl  facilement  que  i'autre.U  eft  fitué  à  la  partie 
externe  de  la  jambe. 
Articuln-       ^'^^  °^  ^^  articulé  parfes  deux  extremitez  avec 
fions  du  pc- le  tibia  par  iine  efpecc  d'artrodie  terrée  ,  qui  eft 
ronc.  fortifiée  par  un  ligament  tant  en  haut  qu'en  bas. 

Cet  os  a  trois  parties ,  qui  font  une  fuperieure  , 
^         une  moyenne  ;  ôc  une  inférieure. 
Le  haut  du      La  fuperieure  eft  une  tête  ronde  qui  ne  touche 
péroné.         p^g  ^u  g^niou  ,  fini  {Tant  un  peu  au  delFous ,  à  l'en- 
droit où  elle  s'articule  avec  le  tibia. 
M  La  moyenne  eft  grelle  &c  longue,  &  de  figure 

Le  milieu  triangulaire ,  comme  le  tibia,  mais  un  peu  plus  ir- 
dttPCione.  P.  ^        ^ 

rçguhere. 

N  L'inférieure  a  encore  un  condile  qui  fait  une 

pcroné!^  "  apophife  ,  que  l'on  apelle  la  malléole  externe.Ellc 
eft  un  peu  cave  en  dedans ,  pour  lailTer  la  hberté 
à  l'aftragale  de  fe  mouvoir  librement,  &  un  peu 
voûtée  en  dehors,  pour  avoir  plus  de  force  à  rete- 
nir l'aftragale.    Il  eft  à  remarquer  que  l'extrémité 


V l  IL  &  dernière  Démonflratlori,  1 1 7 
inférieure  de  cet  os  defcend  un  peu  plus  bas  que 
celle  du  tibia. 

Touc  ce  qui  eft  compris  depuis  l'articulation  in-        O 
fcrieure  de  la  jambe  jufqu'aa  bout  des  doigts,  s'a-      '-^Pie'l' 
pelle  le  pied  proprement   dit  ,  il  eft  compofé  du 
tarfc  ,  du  metatarfe  ,  &  des  orteils. 

Le  pied  eft  de  figure  oblongue  pour  mieux  faire         p 
fon  action;  &  pour  fe  tenir  plas  ferme.  Il  cft  plus  ^^  P'<^d  rc- 
long  que  large ,  afin  que  l'homme  ne  tombe  pas  pUnte'^'^^^ 
fur  Le  nez  en  marchantjiSc  qu'il  ne  foie  pas  oblio-é 
de  trop  écarter  les  janibes. 

Sa  partie  iuperieure  5c  externe  eft  convexe  pour 
aider  à  former  la  cavité  qui  fe  trouve  dans  la  partie 
inférieure  <5-:  interne  ,  apeilée  la  plante  du  pied: 
cette  cavité  a  fes  ufages  y  car  outre  qu'elle  donne 
beaucoup  de  commodité  à  marcher  &  à  fe  tenir 
ferme  ,  elle  laillc  encore  le  palFage  libre  aux  ten- 
dons qui  vont  aux  doigts,  èc  elle  loge  un  de  leurs 
flechilleurs. 

Le  tarfe  ,  qui  cft  la  première  &  la  plus  grolle        CL 
partie  du   pied  ,  eft  un   airemblage   de   fept  os,     Leurre, 
dout  il  y  en  a  quatre  qui  ont  des  noms    particu- 
liers, &  trois  autres  qui  n'ont  que  celui  de  cunéi- 
formes. 

Le  premier  eft  l'aftragalejil  fert  comme  de  bàfe  j^ 
aux  os  de  la  jambe  ,  fous  lefquels  il  eft  articulé  ;  L'^iflragaie. 
on  y  coniîdere  hx  faces.  La  première  ,  qui  eft  la. 
fuperieure  ,  eft  polie  £-:  faite  en  forme  de  poulie, 
fur  laquelle  le  gros  os  de  la  jambe  eft  pofé. 
Cette  partie  a  la  figure  de  la  noix  de  l'arc  des 
Anciens  ;  c'eft  ce  qui  la  fait  appcUer  l'os  de 
l'arbalefte  ;  la  féconde  face  ,  qui  eft  l'antérieure, 
elt  une  grolFe  tète  qui  entre  dans  la  cavité  de 
l'os  naviculaire  ,  avec  lequel  l'aftragale  eft  for- 
tement articulé  \  la   troiftérae  ,  qui   eft  la    pofte- 

H   iij 


1 1 8  Des  Os  des  Pieds  , 

rîeure,  s'anît  forteraenr  avec  le  calcaneum  ,  dont 
il  reçoit  la  ccte  :  la  qnatriéinc,  qui  eft  l'infeiieu- 
xe  ,  cil  rabotcufe  &:  inégale  ■■,  elle  fe  relevé  en  des 
endroits  ,  &  fe  rabaifle  en  d'autres.  La  cinquiè- 
me <:<:  la  lîxiéme  face  de  l'aftragale  ionc  les  deux 
latérales  ,  qui  Ion:  renfermées  par  les  deux  mal- 
léoles. 

,    ^  ,  il  fe  trouve  dans  ces  parrics  une  humeur  elaircu- 

Le  caica  ^        .  ,  „  ^  f ,  .  ,    ^    .      „ 

neum.         le,qui  humecte  non-leulement  cet  article  qui   elt 

dans  un  ntouvement  continuel  ,  mais  encore  les 

rendons  des  mulcles  qui  Vvont  au  pied  ,  &  qui  paf- 

fent  par  de  Hou  s  les  malléoles. 

Le  fécond  os  du  tarte    cfl  le  calcaneum  ou  l'os' 

du  talon  ;  c'eft  le  plus  grand  ,  le  plus  épais   &   le 

plus  poreux  de  tous  les  os  du  tarfe  ,  c'eft  lui   fcul 

qui  empêche  que  le  corps    ne  tombe  en   arrière  , 

étant  iicué   à  la  partie  pofterieure  du  pied  ,&  les 

antres  a  l'antérieur  ;  c'eft  pourquoi  il  eft  appelle 

par  quelques-uns  Tos  de  l'éperon  ;  c'eft' à  lui  que 

s'infère  le  tendon  d'Achille,   qui  eft  le  plus  gros 

&  le  plus  fort  de  tous  les  tendons  ,  étant  compo- 

fé  du  folitaire  6c  des  deux  jumeaux  ,  qui  font  les 

trois  mulcles  principaux  qui  forment  le  gras  delà 

'jambe;  cet  os   eft  doublement  joint  avec  l'aftra- 

gale ,  quoi-qu'il  le  foit   aufîi  par  une  tête   plate 

avec  l'os  cuboide  ,   l'on    reraarque  qu'il  y  aune 

cpiphîfe  à  fa  partie  pofteriçure  qui  ne  s'unit  avec 

lui  qu'avec   le  rer  s  ;  enfui    cette  avance  pofte- 

rieure  eraoêche  que  le  corps  ne  fe  porte  trop  en 

derrière. 

^T     .,        Le  troifiéme  eft  le  fcaphoide  .  ou    naviculai- 

jç^  rc  ,  amd  areile  ,  parce  qu  il  rcHemble  a  un  petit 

navire,  il  a  une  cavité  alVcz  grande  ,  qui  va  d'un 

de  {es  bouts    à   l'autre ,   dans   laquelle   la    grolFe 

tète  de  l'aftragale  eft  reçue  ,  ce  qui  les  joint  for- 


VIII-  &  dernière  Demonflratlon.  119 

tcmenr  cnfcmble  j  &  de  Tautre  coté  de  cette  cavi- 
té il  a  troiséminencesoLi  les  trois  derniers  os  du 
taiTe  s'aiticulent. 

Le  quatrième  eft  le  cuboïde  ,  ainfi  nommé  par  y 
«|uclcju'iin  ,  parce  qu'étant  quarré  ,  il  a  prefque  ^*  *^'^^^i^<^- 
la  forme  d'un  cube  ,  &  par  d'autres  multiforme  , 
il  eft:  plus  grand  que  les  trois  que  nous  avons  en- 
core à  déraontrer  ,  il  eft  fit ué  au  devant  dti  catca- 
neum,  auquel  il  cfl:  joint  par  une  fuperficie  inéga- 
le^il  s'articule  encore  avec  le  feptiéme  os  du  tarie, 
&  fi  on  l'examine  ieuljon  lui  trouve  iix  faces  com- 
me à  un  dé.  VYY 

Les  cinquième  ,  fixiéme  ,  &  feptiéme  os  du  rar-  Leicuneï- 
fe  font  appeliez  cuneiformes.parcc  qu'ils  ont  la  fi-  f->nijcs. 
gure  d'un  coing  à  fendre  du  bois.Qiioiqu'ils  folent 
entr'eux  femblables  en  figure,  néanmoins  ils  diffé- 
rent en  grandeur  ;  il  y  en  a  un  plus  grand  que  les 
autres,  un  autre  moyen  ,  &  l'autre  plus  petit  ;  ils 
font  articulez  tous  trois  à  l'os  fcaphoïde  par  une 
de  leurs  extrémitcz  ,  8c  par  l'autre  ils  foucicnnent 
chacun  un  des  os  du  metatarfe  ,  les  deux  autres 
étant  foûtenus  par  le  cuboide. 

Le  metatarfe  ou  avant  pied  eft  compofe  de  cinq         ^ 
os  fituez    à  côté  les  uns  des  autre»;  pour  foûtenir  fc. '"^^^''*'"' 
chacun  un  doigt  ;  ces  os  font  fort  ferrez  par  leur 
extrémité,  qui  (e  joint  avec  le  tarfe  pour  la  ferme- 
té de    l'articulation  j  mais  ils  s'écartent  par  leur 
partie  moyenne  pour  loger  les  mufcles  inrerof-    T\gmcAn 
faux.  Ils  font  convexes  en  dehors  ,  &  caves   en  metatarfe. 
dedans  pour  y  recevoir  plus  facilement  les    ten- 
dons  des  mufcles  ;  ils   font  longs  &  grefles  j  ils 
finillent  par  une  petite  tête  ,  qui  entrant  dans  la 
cavité  qui  eft  au  bout  des  os  de  la    première  pha- 
lange des   doigts  les    unit  enfembîe  par  artrodie. 
Celui  qui  foûcient  le  poiice  eft  le  plus  gros  ,    le 

H    liij 


îjo  \-^..^^^es  Os  des  Pieds, 

plus  fort ,  &  le  plus  court  dcj  cinq;  le  fécond  n'cft 
pas  il  gros  :  le  troiliéme  l'eft  encoie  moins;de  for- 
te qu'ils  vont  toujours  en  d!minuantj&  que  celui 
du  petit  doigt  eft  le  plus  petit  de  tous,  ils  ont  a 
leur  extrémité  la  plus  grcfle  une  tcte  endirite  d'un 
petit  cartilage  pour  la  facilité  du  mouvement  des 
doicrts. 

T   ^    ,         Aux  os  des  orteils  ,  ou  doiçts  du  pied  ,  on  con^ 
Le  oîdcs  ;-  ,        ,  ,     ,-         ,    ^         j    1  • 

«irtciis.  iiuere  les  menées  choies  qu  a  ceux  de  la  main  ,  ex- 
cepte leur  nombre  ,  qui  n'eft  que  de  quatorze  au 
pied  ,  &  de  quinze  à  la  main  ,  a  caufe  que  le  pou- 
ce du  pied  n'en  a  que  deux  3  &  que  celui  de  la 
main  en  a  trois. 

La  railon  eft ,  que  le  premier  os  du  pouce    du 
pied  cil:  mis    au  nombre    de  ceux    du  mcratarfe  , 
n'ayant  pas  plus  de  mou  veinent  que  les  quatre  au- 
tres ;  ce  qui  fait    que  le  metatarle  eft  compofé  de 
cinq  os  ,  à  la   dilferencc  du  métacarpe  qui  n'en  a 
que  quatre,  parce  que  le  mouvement  du  premier 
ou  du  police  de  la    main  fe  fait  fur  un  des  os  du 
carpe  ,  comme  je  vous  Tai  fait  remarquer  en  le 
démontrant, 
Quarci?e      Des  quatorze  os  des   doigts  du  pied  ,  il  y  en  a 
os  :^u.\ei-    (jetjx  pour  le  poûce,&  trois  pour  chacun  des  qua^ 
leurs  ani-    tre  autres  doigts;  ils  lent  diltribuez  en  trois  ran- 
cuiaiions,     gées ,  ou  phalanges  ;  comme  ceux  de  la  mainjceux 
du  premier  ordre  font  plus  grands  que  ceux  du  fé- 
cond j  &  ceux  du  troifîéme  plus  petits  que  les  au- 
tres ,  &c  aîniî  du  refte  ;  ils  ont  la  même  figure  que 
ceux  de  la  main^  car  ils  font  convexes  en  dehors^, 
&  caves  en  dedanspls  ont  aufli  les  mêmes  conne- 
xions 3  fcavoir    par  artrodie  avec  les  os  du  meta- 
tarfe,  &  par  ginglime  entr'eux. 

L'on  trouve  aux  jointures  des  os  des  mains  & 
des  pieds  quelques  pllelets  fort  petits  ,  qu'on  ap^ 


VI  ï  I.&  àermere  Demonflratlon.  m 

pelle  feramoides  à  caufe  de  îa  relVeinblance  qu'ils 
ont  avec  la  graine  de  fefameàls  fonî:  adherans  aux 
tendons, fous  k-lqucls  ils  lont  cachez  &  envelopez 
dciiis  des  lîganiens  ,  de  manière  qu'on  ne  manque 
point  de  les  ôter  ,  lorfqu'on  nettoyé  les  os  pour 
en  faire  un  fquelete  ,  à  moins  que  l'on  n'y  prenne 
garde  de  bien  prés. 

Leur  figure  eft  ronde  comme  un  petit  poîs,étant  osleiamo^^ 
i\n  peu  aplatis,  &  même  caves  du  coté  qu'ils  tou-  des. 
client  les  autres  os ,  &  ronds  du  côté  qui  recrarde 
la  partie  externerceux  de  la  main  font  plus  grands 
que  ceux  du  pied,  à  la  teferve  de  ceux  du  pouce 
du  pied  ,  qui  font  les  plus  grands  de  tous;  nean- 
n^ioins  ceux  de  la  main  ne  font  pas  tous  de  même 
groifeur  ;  car  ceux  des  grands  doigts  font  plus 
grands  que  ceux  du  petit  doigt;  ceux  qui  font  aux 
jointures  des  os  de  la  première  phalange  font  aufîi 
plus  gros  que  ceux  de  la  féconde  ,  &  de  la  troi- 
iiéme. 

Leur  nombre  eit  incertain,quoi- qu'on  en  com-  Nombre 
pte  ordinairement  douze  à  chaque  main,&  autant  ^..?^  ^'^*" 
a  chaque  picdjil  y  en  a  quelquerois  plus ,  <x  quel- 
quefois moins  ;  L'on  en  trou%#  davantage  aux 
vieillards  qu'aux  perfonnes  moins  avancées  en 
âge ,  parce  qu'ils  commencent  par  des  petits  carti- 
lages qui  s'olîihent  avec  le  tems. 

Ces  os,  quoique  petirs ,  ne  font  pas  inutiles  ,    U'agc  drs 
•  1  r  r     \  .-r        •    '      •      •   os  Icramoi- 

car  ils  ne^lervent  pas  leulement  a  atrcrmir  les  arti-  des. 

clés  j  (Se  à  empéclier  la  luxation  ;  mais  leur  princi- 
pal ufage  eft  de  fervir  de  poulie  aux  taidons  des 
mufcles  qui  vont  aux  doigts  ,  afin  de  les  retenir 
dans  leur  place  ,  &c  d'empêcher  qu'ils  ne  tombent 
de  deflus  l'article ,  y  ayant  pour  cet  effet  des  os 
fefamoides  à  droite  &  à  gauche  des  tendons. 
Voilà  ,  Meliieurs ,  tous  les  os  que  l'on  a  accoû- 


1  i  1  Des  Os  des  Pieds  , 

Nombre  tiinié  de  démop.ircr  au  corps  de  l'homme.  Il  y  en 
ijy.os  iW-'''^>-ii  ajoutenc  encore  quelques  oflelcts  qui  fe  ren- 
y  coiiiPicn  contrent  tantôt  à  la  main  ,  tantôt  au  pied  ,  &  tan- 
nici  îrs  3c  ^^z  rai  jaret  ;.  mais  comme  us  ne  s  y  trouvent  que 
Di-l/j'iïJc.  rarement,  ils  ne  méritent  pas  d'être  mis  au  nom- 
bre de  deux  cens  trente  -  neuf  qui  compofent  le 
rquelc;c. 

Nous  continuerons  dans  la  fuite  nosDémonf- 
trations  Anatomiques  dans  le  même  ordre  que 
noas  a\'ons  gardé  pour  les  Os;  &  nous  accommo- 
dant aux  nouvelles  découvertes  ,  nous  tâcherons 
de  vous- faire  voir  l'homme  tel  que  nous  le  con- 
noiflTons  aujourd'hui. 


^r, 


IX 


pi^'3 


1  X 


L'ANATOMIE 

D  E 

UH  O  M  M  E' 

SUIVANT    LA    CIROTLATION 
du  San^,  6c  les  dernières  Découvertes. 


PREMIERE  DE'MONSTRATION. 

Des  Parties  contena'ites. 

S^^  E  ne  rne  fuis  point  piopofé  dans  ces  Démon-  Anrrop'ïlo- 
^pm  Ih-arions  ,  Mcffieurs,  de  vous  faire  l'Eloge  f'!^.vs%"*'" 
de  l'homme  ,  ni  de  m'érendre  fur   les  avantages-  Tniiinme. 
qu'il  a  fur  le  reftc  des  animaux  ,  parce  que  ceite 
matière  nous  mcneroic  trop  loin.Sans  nous  anccer 
dune  à  vous  faire  remarquer  ce  qui  Téleve  au.def- 
fus  de  tout  ce  que  nons  voyons  dans  l'Univers;  je 
commencerai  d'abord  par  vous  dire,  que  la  Scien- 
ce qui  nous  conduira  la  connoiiTance  de  l'hom- 
me ,  s'apelle  Antropologle. 

Cette  Science  renferme  deux  parties;  la  premiè- 
re traite  de  l'ame  ,  qu'on  nomme  Pfycholoî^ie, 
dont  je  ne  vous  parlerai  point  ;  &  la  féconde  fait 
connoître  le  corps  (Se  tout  ce  qui  en  dépend  ,  c'ell 
ce  qu'on  apellc  Anatomie. 


124  Anatom'te  de  l'Homme  y 

Tt-fîniron  On  la  définit,  une  direction  arcihcielle  que  l'on 
de^  ana£o.  £,jj.  ^.^^^^  corps  pour  connoître  les  parties  qui  le 
compûfent.  Elle  fe  divile  principalement  en  deux 
parties  ,  qui  font  i'Ofteologie&  la  Sarcologie  j  la 
première  traite  des  os  &  des  cartilages  \  &  celle-ci 
des  chairs  Se  autres  parties  molles. 

Après  avoir  amplement  expliqué  tout  ce  qui  re- 
garde les  osjdaus  les  huit  Demonftrations  que  j'en 
ai  faiti-'S  :  if  Jie  meretie  prcfentement  qu'à  vous 
'  démontrer  les  parties  molles  ;  mais  pour  le  faire 

avec  ordre  ,  Il  faut  diviier  la  Sarcologie  en  trois; 
en  plancimologie  »  en  Myologie,   &  en  Angeiolo- 
gie.La  première  fait  l'hiftoire  de  toutes  les  parties 
internes  ,  &  particulièrement  des:\'ilccrcs  i  la  fé- 
conde iniiruît  des    muicle.  5  6l  la  .troiliéme  ,  des. 
vaiiïeaux  ,  qui  (onz  les  nerfs,  les  artères  ,  les  vei- 
nes Se  \i:-y  va)lic;aux  lymphaciques.C'ell  de  ces  trois 
parties  dont  j'clpere  vous  entretenir,  &  que  je  tâ- 
cherai de  vous  Faire  connoître  à  fond  dans  le  cours 
de  nos  Demoiiftrations. 
L'Anato.       La    Science  de  l'Anatomie   eft   fi  utile  &   fi 
foiumcnt     svantageufe  a  tous  les  hommes  ,  &  principaîe- 
nec.fl^irc    ment  a  ceux  qui  pratiquent   la    Médecine  &c   la 

aucM.'ff-  Chirureic  ,   qâ'ils  ne  peuvent  la    ne^lig;er  fans 
ti  s  (5^  aux  D      ^      1  r  t-.      r  r-  -r 

C-rar-       renoncer  entièrement    a  leur    Prorcilion  ,   puil- 
§icnî.  qu'elle  en  eft  la    bafe  &  le   fondement  i  &   qu'il 

eft  absolument  impofiible  qu'ils  puilTent  jamais 
guérir  aucune  maladie  ,  ni  faire  aucune  Opéra- 
tion ,  s'ils  ne  connoillfnt  auparavant  la  partie 
aftligée ,  car  à  quels  dangers  les  blcflez  ne  fe- 
roknt-ils  pas  expofez  ,  fi  le  Chirurgien  qui  doit 
leur  faire  une  ,  incihon  ,  ou  un  trépan  ,  ou  re- 
tirer du  corps  une  baie  ou  an  éclat  de  grenade, 
ne  Içavolt  pas  commentées  parties  font  faites? 
pourroic-on  fans  cela  guérir  tant  de  blcifez  ,  <Sc 


Première  Démonjiratlûn,  12 y 

faire  d'aufli  belles  cures  que  \'o\\  en  fait  à  l'Ar- 
mée ,  où  il  arrive  tous  les  jours  des  playes  fur- 
prenantes. 

Celt  pour  cette  raifon  ,  Mefïïeurs ,  que  le  Roi  J^"^;fjj^! 
qui  connoît  mieux  que  perfonne    de  quelle  utilité  i,atomic»du 
lont  les  Chirurgiens  habiles,  a  voulu  que  les  exer-  ^^^^° 
cices  du  Jardin  Royal ,  qui  avoient  été  interrom- 
pus pendant  plu(ieurs  années,  fullent  renouveliez, 
afin  que  l'on  y  fit  gratuiremenc  des'Anatomies  pu- 
,bliques,&  que  l'on  y  enfcignât  toutes  les  Opéra- 
tions de  Chirurgie,pour  faciliter  aux  Etudians  les 
moyens  de  fe  perfedbionner  dans  un  Art  auquel 
fa  Majefté  doit  la  confervation  de  fes  plus  grands 
Capitaines. 


qui  11  avoit  deja  confie  le  loin  de  la  lante  ,  choi-  rcçc 
fit  alors  Monfieur  Daquin  fon  premier  Médecin  ,  '^^^ï^^  ^^ 
pour  y  rétablir  les  Sciences  ;  ce  qui  fe  continue 
encore  aujourd'hui  avec  tout  un  autre  fuccez 
fous  les  ordres  du  fameux  Monfieur  Fagon  ,  que 
fa  Majefté  a  exprcffément  choifi  pour  fon  Pre- 
mier Médecin ,  de  forte  qu'on  peut  dire  que 
cette  Ecole  eft  à  prefent  la  plus  belle  <5<:  la  plus 
florilfante  du  monde.Le  choix  même  que  ce  grand 
homme  a  fait  des  Profefieurs  habiles  ,  tant  dans 
l'Anatomie  &  dans  les  Opération?  ,  que  dans  la 
Chymie,  &  dans  les  Démonftrations  des  Plantes  , 
nous  fait  connoître  quel  eft  fon  amour  pour  ces 
Sciences ,  &  combien  il  a  de  bonté  pour  ceux  qui 
s'y  apliquent. 

C'ell  pour  nous  conformer  à  fes  ordres  que  nous  ^"  ordre» 
vous  rerons  remarquer  dans   cette  Anatomie  tou-  cutez. 
tes  les  curieufes   Découvertes  des   Modernes  ,  &: 
que  nous  réfuterons    l'erreu^r  des    Anciens ,  qui 


i  2(j  Anatomie  de  l'Homme  , 

croyoient  que  le  iang  le  mcuvoit  du  milieu  cîiî 
corps  vers  les  ^xtrcmitez  ,  îans  jamais  rcrourner 
en  aniererqu'il  n'avançoit  qu'a  melinc  que  quel- 
que portion  s'en  cchapoïc  par  les  extremitez  de  Tes 
vâilîeaux  pour  noi'.nii  l'animal, ts:  que  le  cliile  ëtoic 
porte  au  foie  par  les  vénes  mefeiueriques ,  comme 
au  principe  de  la  (auguihcaiion.Ces  Icntimensonc 
éré  reçus  des  Anciens  fans  aucune  preuve  ,  en  des 
tems  où  l'on  faifoir  Iciupule  de  douter,  que  les 
premiers  Anatomifte^  eulfent  été  capables  de  (e  mé- 
prendre. Maisàprefcnt  que  l'on  ne  fe  ioûmec  plus 
aveuglement  à  l'autorité  dans  ces  fortes  de. matiè- 
res ,  &  que  l'on  recherche  les  railons  que  les  pre- 
miers Auteurs  de  certaines  opinions  onr  pu  avoir 
pour  les  rétablir  ;  Cette  dodrine  ne  paroîc  plus 
qu'une  pure  imagination  fans  fondement ,  a  la- 
quelle on  ne  doit  point  s'arrêter. 
Le  corps  ce  Pour  venir  donc  au  Sujet  qui  nous  airemble,& 
jj^'^J"g^^^^l^*^  vous  donner  les  lumières  que  vous  attendez  de 
l'Anacomie.  moi  dans  cette  Anatomie  ;  je  croi,  Meffieurs,  que 
vous  conviendrez  avec  tous  les  natom'llics  ,  que 
le  corps  de  l'homme  eft  le  plus  propre  qu'on  puille 
ie  propofer  dans  ces  fortes  de  Démondrations,  non 
feulement  parce  qu'il  e(V  le  chef  d'œuvre  de  la 
Nature  ,  &  par  conlequcnr  le  plus  parfait  de  tous 
les  corps  ,  mais  encore  parce  qu'il  eft  beaucoup 
plus  avantageux  aux  Médecins  &aux  Chirurgiens 
deJe  connoître,  que  tout  autre. 

Dans  l' Anatomie  il  y  a  deux  manières  de  con- 
noître l'homme  ,  fçavoir  par  les  lens  &  par  le  rai- 
fonnement  :  mais  l'on  peut  dire  que  celui  ci  dé- 
pend en  quelque  façon  de  l'autre  -,  c'cft'  pourquoi 
nous  commencerons  par  les  parties  fenlibles, parce 
qu'elles  donnent  toujours  occahon  au  raifonne- 
ment  de  porter  fon  jugement  fur  ce  qu'il  y  a  d  ih- 
fenhble  dans  l'homme. 


Première  DémO'iJlrat'iOfj.  127 

Ces  parties  font  externes  ou  internes  ,  sk.  quoi-  Lei  psmes 
,     r  ,  r        1       f  qui  corn  po- 

que  les  unes  &  les  autres  tombent  tous  les  lens  ,  knciccorpi 
il  y  a  néanmoins    cette    différence  ,  que  les  pre-  i^^i'i^ala. 
mieres  fe    prefentent    d'elles-mêmes  à  nos    yeux, 
comme  une  tère ,  des  bras  oC  des  jambes  ,  &:  que 
les  autres  ncfe  découvreat  qu'après  quelque  pré- 
paration. 

On  ne  remarque  aux  pavnes  externes  que  la  Proportion 
^,11.-  .  >  w  <i^s  parties 

propc^cion  qu  elles  doivent  avoir  enrr  elres  ;  par  cxccrncs. 

exemple  ,  la  tête  doit  être  d'une  grolfeur  propor- 
tionnée au  refte  du  corpsjmais  pourcantplus  groG» 
fe  que  petite  ,  d'une  figure  ovale  ,  aplatie  par  les 
côtes  ,  &  avancée  en  devant  &  en  dertriere  ,  par- 
ce qu'elle  ne  doit  être  ni  ronde  ,  ni  pointue  ;  il 
faut  que  le  front  (oit  grand  ,  les  traits  du  vifage 
forts,peincipalement  aux  hommes,C]ai  ne  doivent 
pas  fe  piquer  de  beauté.  Le  col  doit  être  long  & 
point  trop  grosda  poitrine  large  ,  ample  ^c  élevée 
en  forme  de  voûtCjparce  que  (i  elle  étoic  pointue  , 
plate  ou  enfoncée ,  le  cœur  &  les  poumons  n'au- 
roient  pas  la  liberté  de  fe  mouvoir.  Les  mammel- 
Ics  des  hommes  doivent  être  moins  élevées  que 
celles  des  femmes  ou  des  filles,  il  faut  que  le  ven- 
tre foit  un  peu  élevé  &  en  rond  :  L'épine  du  dos 
doit  être  droite  \  les  felfes  un  peu  CTrolfeç  ;  les  han- 
ches avancées  ;  les  cuî(îes  rondes  &  fermes  ;  les 
jointures  iarcres ,  les  jambes  bien  tournées  &  un 
peu  grolfes  ;  le  pied  lari^e  ,  les  bras  charnus  ,  point 
trop  longs,  bien  proportionnez  au  corpsjmais  fur 
tout  que  les  mufcles  &  les  vénes  y  paroilfent  :  &C 
enfin  que  les  mains  foient  fortes  pour  mieux  refif- 
ler  au  travail. 

Les  parties  de  l'homme  fe  divifent  mieux  en  fi-  DmCondcj 
•1   ♦  o  iT^     M    •  T  r     M    •         /r         parties  en 

m!laires,&  en  dillimilaires.    Les   limiUires  lont  i;ixiijajrrs^r 

toiles  qui  ne  font  point  compofées  de  particules  ^".  J  ■  «i- 


I  io  Anatomle  de  l'hlomme^ 

de  différente  nature.  On  en  compte  dix,qui  font 
les  os ,  les  cartilages  ,  les  ligamens  ,  les  membra- 
nes ,  les  fibres,  les  nerfs  ,  les  artères  ,  les  \'iwts  , 
les  chairs  ik  la  pean. 
dcj  psrcies        ^"  prerendoit  autrefois  que  ces  parties  ctoîent 
finuiaires     OU  fpermatiques  ,  ou  fanguines  ,  ou  mixcesjon  ap- 
mTicls!     peJloit  parties  Tpcrmaciques^  celles  dans  lefqueU 
Ics  on  cioyoit  qu'il  y  eu:  plus  de  femence  que  de 
fang  ,  comme  dans  les  huit  premières  :  on^nom- 
moit  languines  ,  celles  dans  lefqucUes  on  faîfoic 
dominer  le   fang  ,  comme  dans   les  chairs  j   & 
Ton  donnoit  le  nom  de  mixtes  à  celles  que  l'on 
croyoit  être  compofées  également  de  femence  Se 
de  fang  ,  comme  la  peau.Maîs  les  recherches  des 
Modernes  nous  ont   aprisquc  ces  parties  étoienc 
toutes  fpermatiques  ,  parce  qu'elles  fe  trouvent 
dans  l'œuf,  comme  nous  vous  ferons  Voir  dans 
la  fuite. 
Parties  d'à-      Les    parties  dilîiinilaites    font  celles  qui  font 
imiair    .    compofées  d'autres   parties  de  différente  nature  , 
comme  le  doigt  qui  fc  peut  diviier  en  os.en  nerfs, 

„    .         en  artères ,  &c 

Parties  or-        -^  .      .1  , 

gam^ucs.         Outre  toutes  ces  parties  il  y  en  a  encore  qu  on 

appelle  organiques ,  parce  qu'elles  nous  fervent 
d'organes  &z  d'inftrumens  pour  certaines  allions 
que  nous  ne  pourrions  faire  fans  elles  ,  comme 
le  pied  qui  nous  lert  à  marcher  ;  &  la  main  à 
écrire. 

Quelques-uns  ont  prétendu  qu'il  n'y  avoît  que 
les  parties  dilîîmilaires  qui  fuffcnt  organiques  :  Ils 
les  ont  même-fouyent  confondués,mais  mal  à  pro- 
pos ,  puifque  les  artères  ,  les  vénes,  les  nerfs  ,  dc 
les  os  qui  font  des  parties  fimilaires  ,  ne  font  pas 
moins  organiques ,  à  raifon  de  leurs  fondions  , 
que  le  pied  &c  la  main. 

t    Tour 


Première  'Démonflratîort.  iiç) 

Pour  bien  faire  la   Démonftration  de  toutes  ces  Divifion  da 
1  '1  Ti  r  \4    r   corps   de 

parties  les    unes  après  les     autres  :  Il  tant  ,  Met-  l'hommc, 

lleurs,  cUviferle  corps  en  tronc,  &c  en  extremicez: 

quoique  cette  divilîon  foit  fort  commune,  elle  ne 

iailfc  pas  d'être  la  meilleure  ,  &  la    plus  claire  de 

toutes.    Les  autres  à  la  vérité  font  plus  étendues  , 

mais  tres-cmbarrairées  &  fort  obfcures. 

Par  le  tronc  ,  on  entend    trois  parties  ou  trois     Qu'cft-ce 
régions  principales  ,  qui  font   la  tête  ,  la  poitrine,  ^"^  '**^"'=" 
&c  te  ventre  5  la  tête  eft    au   lieu  le    plus  élevé  du 
corps  y  la  poitrine  eft  au  milieu  ,  &;  le  ventre   en 
ocupe  la  partie  inférieure. 

Les  extrémitez  font  quatre  ;  fçavoir  deux  fupe-     Qudics 

rieures  ,  que  Ton  apelle  les  bras  ;  &  deux  inferieu-  ^'^^^  lecefV 
•  r         1       •       I         -KT  1  j       1  trcn)uezdu 

res  ,  qui  (ont  les  jambes.  Nous  parierons  des  bor-  corps. 

nés  que  la  Nature  a  données  à  toutes  ces  parties, 

en  les  démontrant  chacune  en  particulier. 

Les  fcntimens  des  Anatomiftes  font  partagez     Trois  or- 

fur  le  choix  de  la  partie  par  laquelle  on  doit  corn-  miquci. 

mencer  j  les  uns  difent   qu'il  faut  que  ce  foit  par 

le  cerveau  ,  parce  que  c'eft   la  partie  la  plus  noble 

du  corps ,  &  que  c'eft  lui  qui  commande  à  toutes 

les    autres  :  ceux  qui  font  du    fentiment  contraire 

prétendent  que  toutes  les  parties  de  l'homme  font 

égales  ,  ayant  été  formées  en  même  tems,&:  ne  fe 

pouvant  palier  les  unes  des  autres  \  &  qu'ainlî  on 

doit  commencer     par  la  partie   qui  fe  prefente  U 

première  j  les  uns  fui  vent  l'ordre  de  dignité,  &  les 

autres  celui  de  fituation  ;  Nous   lailferons  l'un  &C  * 

l'autre  pour  nous  alfujettir  à  l'ordre  de  necciîlté, 

fuivant  lequel  nous  commencerons  par  le  ventre, 

à  caufe  qu'il  renferme  les  excremens,&  les  parties 

les  plus  fujettes  à  fe  corrompre,  &  qu'on  ne  pour- 

roit  faire  une  Anatomie  enticre,fi  on  ne  commen- 

çoit  par  les  ôter. 

I 


1 3  o        Des  Parties  contenantes  communes, 

Dcfinîticn       Le  vcntre  ell  toute  cette  cavité  qui  s'étend  de- 
du venue.  •    i    j*     l  -    c     ^^  u  l-      ^      • 

puis  le  diaphragme  juiqu  a  l  os  pubis.  Quoique  ce 

mot  de  ventre  convienne  à  tout  ce  qui  eft  creux  , 
néanmoins  cette  partie  en  retient  le  nom  par  ex- 
cellence, e'tant  la  plus  grande  cavité  qui  foit  au 
corps.  On  l'apelle  ventre  inférieur  pour  le  diftin- 
guer  des  deux  autres  fuperîeurs. 
îubftancc.       La    fubftance  du  ventre    eft  molle  &  charnue 

du  ventre,  p^^.  (J^ya^n-  ^  ^q^  Vient  qu'il  peut  s'étendre  &  fe 
relîerrer  librement ,  tant  pour  faciliter  la  co6lion 
des  alimens  ,  &  l'expuliloii  des  excremens  ,  que 
pour  donner  de  l'efpaceàla  matrice  pendant  les 
groiïèires.  Il  eft  borné  en  haut  par  le  cartilage 
xiphoide  &  par  le  diaphragme  ,  par  les  cotez  ,  des 
fauiVes  côtes,  par  en  bas  en  devant  ,  de  l'os  pu- 
bis ;  par  les  cotez,  des  os  des  hanches  j  &  par  der- 
rière ,  des  vertèbres  des  lombes  &  de  l'os  {a.^ 
cru  m. 

I5i7!^on  du  Le  ventre  fe  divile  ordinairement  en  partie  an- 
terieurc  oc  en  polterieure  ,  i  antérieure  ,  qui  elt  ce 
que  nous  apellons  abdomen ,  fe  divife  en  trois  ré- 
gions, dont  la  partie  fuperieure  s'apelle  Epîgaftri- 
queja  moyenne  Umbilicale ,  &  l'inférieure  Hypo- 
gaftrique;  la  première  commence  au  cartilage 
xiphoide  ;&  finit  deux  travers  de  doigts  au  deliiis 
de  l'umbilicj  la  féconde  commence  où  finit  la  pre- 
mière ,  &  fe  termine  environ  deux  travers  de 
doiec  au  delïous  de  l'umbilic  ;  &  la  dernière  dé- 
ccnd  jufqu'à  l'os  pubis. 
AA  Chacune  de  ces  trois  régions  fe  divife  encore 

Lrpigaftre,  çj^  j.j.qJ^  parties  ,  fçavoir  une  moyenne  ,&  deux 
latérales.  La  partie  moyenne  de  la  région  épi- 
gâftrîque  eft  appellce  Epigaftre ,  &  les  latérales 
Hvpocondres ,  dont  l'une  eft  à  droite ,  6c  l'autre  à 
gauche. 


Première  Vémonflratîon  Anàtomi         131 
Comme  il  cfl:  nccellaiie  que  le  Chirurgien  fea-    LcChirUU 
che  diftinguer  les  différentes  parties  qui  fon.  con-  i^'avo^r^es 
tenues  dans  ces  trois  régions ,  il  eft  à  propos  de  les  parties  con- 

r  .  1  '     1  1  tenues  aart 

t-aire  remarquer  les  unes  après  les  autres  tan:  dans  ce.  roisrc;- 
la  partie  moyenne  ,  que  dans  les  latérales  \  l'épi-  giom. 
gaftre  renferme  le  petit  lobe  du  foye,&  une  partie 
du  ventricule  avec  fon  orifice  inférieur;  &  là  par- 
tie moyenne  du  colon  ;  l'hypochondre  droit  con- 
tient le  grand  lobe  du  foye  &  la  veflîcule  du  fiel; 
&  le  gauche  la  plus  grande  partie  du  ventricule  , 
6l  la  rate» 

Le  partie  moyenne  de  la  res,ion  umbilicaîe  fe       ^^,  .,•- 
^  1  .1.'  1    •!    r  •       1  1         L'urabuie 

nomme  umbihc  ou  nombril  ;  les  parties  latérales 

font  les  deux  lombes, un  de  chaque  côtéjl'umblliç 

renferme  la  plus  grande  partie  de  l'intcîtin  jéjunum 

&  le  meienrere;  le  lombe  droit  contient  le  rein 

droit-,  l'intcflin  cœcum  ,  &  une  partie  du  jéjunum 

&  du  colon;  &  le  gauche  le  rein  gauche  &  encore 

une  partie  du  colon  èc  du  jéjunum. 

Le  milieu  de  la  région  hypogaftrîque  s'appelle       qq 
Hvpogaftre  ;  fes  cotez  font  les  Iles  \  ou  les  flancs;  L'hypog*? 
fous  Phypogaftre  on  y  trouve  le  redtura  ,  la  vciîie 
&  la  matrice  aux  femmes  ;  les  Iles  font  ainh  apel- 
Icz  ,  parce  qu'ils  contiennent  Tinteftin  ileum. 

La  partie  balfe  de  la  région  hypogaftriquc  fe  di-  DD  .^ 
vife  aufîi  en  trois  ;  en  la  moyenne,  que  l'on  nom- 
me le  penil  ;  &  aux  deux  latérales  ,  que  l'on  apel- 
le  les  aines.  Le  penil  commence  à  le  couvrir  de 
poil  à  l'âge  de  quatorze  ans  ;  les  aines  donnent 
paffage  aux  vailfeaux  fpermatiques-.c'eft  à  ces  par- 
ties où  il  ne  vient  que  trop  fou  vent  des  rumeurSj 
qu'on  nomme  bubons. 

La  partie  poftericure  du    ventre  s'étend  depuis^-  cicrrîcrô 
1       j    '^  .         ^    ,  .    r      ,      1     r       11,       r        ^        du  vealtc 

les  dernières  cotes  julqu  a  la  nn  de  l  os  lacrum  : 

Elle  fe  divife  en    fuperieure  que  l'on  nomme  le 


13^  *T)es  Parties  contena/ites  communes, 

rable  ,  &  en  infcneure  qu'on  appelle  les  fefl'es  , 

enrre  lefquelles  il  y  a  une    raye  &  un  trou  apellé 

Tanus ,  qui  eft  régoùc  des  plus  gros  excremens  à\i 

corps. 

Divifion  da      Le  ventre  cil  cctue  cavité  qui  contient  &  renfer- 
ventrcen  ,  .  -  ,   \  .  , 

partie  con-  nic  les  parties   qui  lervent  a  la   nourriture  Cc  a  la 

tenantes  &  vénération.    Il  eft  coraporé  de  deux  (ortes  de  par- 
tiesjuont  les  unes  lont  externes  ce  contenantes,  oC 
les  autres  internes  &  contenues. 
Quelles        Les  premières  font  communes  ou  propres  ;  les 
parcks^con-  P^^^^^s  contenantes  communes  ,  que   l'on  apelle 
icnanics.     autrtment   les  tégumcns  ,  iont  l'épiderme  ou  fur- 
peau  ,  la  peau  &  la  graiife.  Les  parties  contenan»- 
tes  propres  font    les  mufcles  de  rabdomen  &  le 


péritoine. 


Ce  qu'en      Avant  que  de  de'couvrir  les  mufcles  du  ventre , 

appelloiL     il  efl;  i^  propos  de  vous  dire  que    tous  les  /anciens 
membrane:   o    .       ,\     *•     ,      ,,     ,  ^  o     j' 

charnue.      t>^  la  plupart  des  Modernes    comptent  ùC  demon- 

ticnt  encore  cinq  tégumens  :  ils  regardent  le  pan- 
uicule  charnu  ,  comme  la  quatrième  eiivelope  du 
corps  ;  c'eft  félon  eux  ,  une  membrane  épailfe  qui 
couvre  tout  le  corps  &:  qui  devient  même  mufcu- 
leufe  en'quelques  endroits.Mais  ce  pannicule  char- 
nu ne  doit  point  être  compté  pour  une  partie  con- 
tenante du  ventre  j  puilqu'il  n'y  en  a  poin.r  dans 
l'homme,  &  que  ce  que  l'on  montre  ,  n'cft  autre 
chofe  que  la  membrane  de  la  grailTe. 

Sennnens      ^^^  Anciens  lui  ont   donne   l'uia^e  de  rider  la 
des  Anciens  .  ^  t> 

furlanicm-  peau  ;  mais  par  tout  ou  nous  voyons  que   la  peau 

branc  char- [g  fide,  il  y  a  des  mufcles  particuliers  que  l'on 

nue.  '        -^  r  1     r  1    ' 

nomme    cutanez ,  comme  au  rront ,  le  rrontalj  a 

l'occiput ,  l'occipital  ;  au  fcrotum  ,  le  dartos.  Ils 

ont  dît  que  ces  mufcles  faîfoient  des  mouvemens 

parc!culicrs,mais  non  pas  par  tout  le  corps ;&  qu'oi^ 

neles  rcmarquoit  qu'aux  endroits  où  il  n'y  avoù- 


Première  Démontrât  ion  Anatom.  135 

point  de  graiffe  encre  le  pannicule  charnu  ^  la 
peau  ,  ce  qui  eft  faux  j  car  on  ne  rencontre  feule- 
ment pas  de  graillé  en$i.e  lui  &  la  peau  ,  connue 
au  front  &  à  l'occiput ,  <Sc  même  dans  les  ani- 
maux qui  remuent  leur  peau,on  trouve  de  la  gra{^ 
fe  entre  le  pannicule  charnu  &  la  peau.  D'ailleurs, 
ce  pannicule  charnu  dans  les  animauxell  un  muf- 
cle  cutané,  aulîi  bien  que  le  darcosdont  nous 
avons  parlé. 

La  cinquième  &  dernière  enveloppe  du  corps    erreur  fur 
écoit  encore,  félon  les  anciens,  la  me  mbrane  com-  ne^ommu- 
mune  des  muicies  j  ils  la  nommoicnt  de  la  force  ,  ««^desmal- 
parce  qu'ils   difoicnt   qu'elle  lesconcenoit  tous  :  *"  ^** 
mais  c'ell  une  erreur  ;  chaque   mufcle  a  fa  mem- 
brane propre  ,  &  l'on  içait  que    cette  prétendue 
membrane    commune  ne  fe    trotive  point  dans 
l'homme  ni  dans  les  animaux  ,  à  moins  ne  qu'on 
prenne  pour  elle,  quelque  aponevrofe,oa  la  mem- 
brane propre  du  mufcle,  comme  on  a  coutume  de 
faire  au  ventre  inférieur. 

L'épiderme  eft  une  membrane  très  déliée  ,  &:  ee 
fortement  attachée  à  la  peau  qu'elle  couvre,  d'où  L'cpidc: 
vieiK  qu'elle  ell;  un  tégument  comme  les  autres  j 
Q^uelques-uns  la  nomment  la  première  peau  j 
d'autres  la  cuticule, à  caufe  qu'elle  elt  mince  com- 
me une  pelure  d'oignon  ,  &  d'autres  enfin  l'épi- 
derm.e,  parce  qu'elle  eft  lîtuée  immédiatement  lur 
le  derme  ,  qui  n'cft  autre  chofe  que  la  peau. 

La  plupart  des  Auteurs   difent  que  l'épiderme   Origincfîc 
eft  fait  d'une  vapeurhuilcufe,  gluante  &  humide  ^^^^  f^^*^ 
qui  exhale  de  la  peau  &:  des  parties  qui  font   fous  Anciens, 
elle  ;  &  que  cette   vapeur  s'endurcit  par  l'air  qui 
frape  continuellement   nôtre  peau  ;  ils  nous  don- 
nent en;même  tems  la  comparaifon  de  cette  peti- 
te peau  qui  fe  fait  fur  la  boiiillie  aufli-tôt  qu'on 


terme 


154  Des  Parties  contena-ntes  communes , 

la  laifTc  repofer  :  Mais  ce  fentimcnr  a  bien  cîe  îa 
peine  à  s'accorder  avec  Texpeiience,  qui  nous  fait 
voir  que  les  enfans  qui  Tont  encore  dans  la  matri- 
ce,  &  qui  par  confequent  n'ont  point  été  touchez 
de  l'air  ,  ne  laillent  pas  d'avoir  un  épidémie  ;  cela 
eft  li  vrai  ,  que  lorfqu'une  femme  avorte  \  (  queU 
que  âge  qu'ait  l'enfant  )  on  le  trouve  allez  épais 
pour  le  diftinguer  de  la  peau.  On  le  voit  même 
s'en  leparer  à  des  avortons  qui  font  reliez  quel- 
que tems  morts  dans  la  matricei  ^infi  l'on  ne  doiç 
pas  douter  que  l'épiJerme  ,  comme  toutes  les  au- 
tres parties ,  ne  fe  trouve  toujours  renfermé  dans 
Vceuf. 

Ce  qui  doit  confirmer  encore  dans  cette  opi- 
nion ,  c'ert  que  ces  mêmes  Auteurs  lui  donnent 
l'ulage  de  boucher  les  orifices  des  vailTeaux  qui 
aboutilîent  a  la  peau  ,  afin  d'empêcher  par  ce 
moyen  l'écoulement  qui  fe  fcroit  par  ces  mêmes 
orifices  ,  ce  qui  ne  pourroit  fe  faire  dans  un  fœtus 
lorfqu'il  eft  encore  dans  la  matrice  ,  parce  qu'il 
n'auroit  point  d'épiderme  ,  faute  d'avoir  été  tou" 
ché  par  le  froid  de  l'air. 
V:gi:re  Hc      L'Epidcrmea  la  même  figure  &  la  même  gran- 

ÎEpidcrmT  ^^'^^  ^"^^  ^^  P^^^^  '  P^'^^c   qu'il  en    fuit    les  dimen- 

fions  ,  lorfque  le  corps   groflit  ,  ou  diminue  :  Il  fe 

fepare  de  la  peau  dans  les  brûlures,  mais  il  fe  ren- 

gendre  auffi.  très-facilement ,  fans  qu'il  y  paroiir© 

après. 

VEpiJe'ire      Qiielque  adrelFe  qu'ait    un  Anatomifte  ,  il  ne 

neie:-ieut     peut  dilfequer  cette    cuticule,  ni  la  feparer  de  la 

raj  diflc-     ^  ^  I       r  •  .  '        1     k  ^1 

quex.  peau   pour  la    raire  voir  ,  qu  en   la  brûlant  avec 

Ja  fiame  delabouc^ie,  C'eft  elle  qui  fait  ces  giof- 
Çts  puftules  ,  lorfque  l'on  applique  d.s  vefica- 
toires  en  quelque  p,.rtie  du  corps  j  quand  elle  fe 
fepare    d'elle  même  de  la  peau  a    &    fai|s  caufe 


Première  Dêmonfiration  Anatom.  i  3  j 

externe  ,  c'efb  figne  qu'il  y  a  de  la  difpofition  à 
le  morcificadon  &  à  la  gangrené:  Je  dis  fans  caa- 
fe  étrangère  ,  parce  qu''un  erefypcle  ,  ou  U  gran- 
de ardeur  du  Soleil  la  fait  feparer  de  la  peau  af- 
fez  fouvcnt  ,  mais  la  nature  la  repare  prompte- 
ment. 

Sa  couleur  eft  différente  en  differens  pais  ;  car  Ço«jj"t  de 
les  François  Tout  blanche,  les  Efpagnols  bafanée,  ^^^' 

les  Maures  l'ont  noire  ,  &  ainfi  des  autres.  Cette 
couleur  de  l'épiderme  vient  toujours  de  la  peau 
qui  efl:  au  dellous.  Ceux  qui  iontd'un  tempéra- 
ment fanguin  ont  la  peau  vermeille  ,  mêlée  d^ 
blanc  &  de  rouçe:  les  bilieux  l'ont  feche  &  tirant 
fur  le  jaune  palej  les  pituiceux  l'ont  molle  &  blan- 
chei&  enfin  les  mélancoliques  l'ont  molle  &  blan- 
che 6<:plombce;Ces  mêmes  couleurs  s'impriment  à 
l'épiderme,  qui  n'étant  qu'une  pellicule  fort  min- 
ce j  &  ordinairement  blanche  ,  reçoit  facilement 
la  couleur  de  la  peau  qu'elle  couvre. 

Cette  partie  contribue  beaucoup  à  la  beauté  ;  L'Epi<Jcrmc 
car  plus  elle  eft  déliée  ,  diafane  &  polie  ,  plus  lej^^'^^Jf  ^ 
teint  eft  beau  \  elle  devient  quelquefois  épailîè 
&  calleufe ,  &:  alors  le  fentiment  du  toucher  en- 
eft  moins  vif.Elle  eft  percée  en  pluiîeurs  endroits 
du  corps  comme  la  peau  \  car  outre  fes  gran- 
des ouvertures  elle  a  encore  une  infinité  de  petits 
pores  dans  toute  fon  étendue,  tant  pour  les  fueurs 
&  l'infenfible  tranfpiration,  que  pour  la  fortie  des 
poils. 

Les  ufages    de  l'Epiderme  font  de  couvrir  la  .Ufagede 
peau  ,  de  la  rendre   unie  &  égale  ,  d'empêcher  la   ^»'^^^^'®^ 
fortie  des   humeurs  par   les  cxtremitez  à.ts  vaîf- 
fcaux  qui  s'y  terminent,  &  enfin  d'émouft'er  le  fen- 
timent du  toucher  ,  qui  ne  fe  pcurroit  faire  fans 
douleur;  fi  l'imprelîion  de  objets  fe  faifoic  imme«» 

1   iiij 


1^6  Des  Parties  contenatjtes communes  , 

diatemenr  fur  les  fibres  &   (ur  les  nerfs  qui  abou- 
tilletit  a  la  peau. 

La   féconde  cnvelope  de   tout  le  corps  eft  la 
La  peau.  P^^u  ,  cjuî  cft  appellée    derme  par  les  Anciens. 
C'eft   la  membrane  la  plus  garnde  du  corps  ;  elle 
ell  fore  épaide  ,  principalement  au  dos,  aux  reins, 
^  aux  excremitez  ;  elle  eft  ires-Hne  au  vifage  ,  & 
très  mince  aux  lèvres  i  les  animaux  l'ont   beau- 
coup plus  forte  que  l'homme  ,  &  c'eft  aulîi  pour 
cette  raifon  qu'ils  font  moins  fenfibles  aux  injures 
de  Tair, 
Origine  de      Les  Anciens  prétendent  que  la  peau  eft  faite  en 
^      '       partie  de  iemencc,  &:  en  partie  de  fang,  &  qu'elle 
eft  la  feule  membrane  c[ui  foit  compolée  du  mé- 
lange   de  ces  deux  matières  3  mais  il  eft  certain 
qu'ils  fe   trompent ,  &  que  (î  l'on  remarque  qu'il 
s'y  porte  du  fang  par  plufîeurs  petits  vaillcaux  ,  ce 
n'eft  que  pour  la  nourrir  &  l'augmenter  ;  fon  véri- 
table principe  étant  comme  celui  des  autres  par- 
ties dans  l'œuf. 
Struflurc     ^^^  recherches  de  quelques  curieuxAnatomiftes 
^c  la  peau-  nous  ont  fait  voir  que  la  peau  étoit  formée  de  fi- 
bres entre- la  liées  enfemble  en  forme  de  rets,qui  en 
faifoient  rcpallfeur  ;  qu'il  y  avoit  un  million   de 
petites  glandes  fituées  au  delfous  de  ces  rets;  qu'à 
chacune  de  ces  glandes  il  y  venoit  une  petite  artè- 
re j  qu'il  en  fortoit  une  venule  ,  &  qu'un  vailfeau 
lymphatique  partant  de  la  glande  perçoit  ce  rets  , 
&  fe  terminoit  à  la  fuperhcie  de  la  peau, 
La  connoilTànce   de  cette  ftru<fture  nous  a  dé- 
dor?Çf  K  ^""v^i't  ^^  quelle  manière  fe  font  les  fueurs  i  que 
ï'infcrf^ble  c'eft  aveç  juftice  que  l'on  regarde  la  peau  comme 
Sn^^^'^^'    ^'^goût  univerfel  du  corps,  &  que  l'évacuation 
qui  le  fait  par  l'infenfibletranfpiration    eft   trés" 
faiutaire. 


Première  Dernonjiratîon  Anatom,  157 

On  voit  donc  qu'un  allez  grande  quantité  de  La  marfcrc 
faner  étant  portée  par  autant  d'ancres  qu'il  y  a  ^'^  ^*  ^"^"'^• 
de  glandes  ,  cft  raportée  par  autant  de  petites 
vénes  j  que  palfant  par  les  pôrofitez  des  glan- 
dules  ,  ils  s'en  filtre  une  férocité  ,  qui  fortant  par 
le  vaill'eau  excrétoire  ,  fait  la  matière  de  la 
fueur. 

Il  faut  remarquer  que  quand  cette  ferofité  eft  Comtncng 
en  petite  quantité  ,  elle  fe  delleche  fur  la  peau,  &  ^^  &^^  ^* 
fait  ce  que  nous  nommons  la  cralîe.  La  premiè- 
re de  ces  évacuations  qui  cft  la  Tueur ,  fait  des 
crifes  qui  guerilîént  une  infinité  de  maladies  très- 
dangereuies.  La  féconde  qui  eft  l'infenûble  tranf- 
piration  ,  n'eft  pas  moins  avantageufe  ,  parce  que 
fe  faifant  fans  celfe  ,  clic  purifie  &  rafraîchit  le 
fang  ,  &  en  fait  une  diffipation  qui  eft  nccelfaire 
pour  la  fanté. 

Cette  humidité  qui  fort  continuellement  par  les  Ut-JUtç- j 
pores  de  la  peau, des  vailîeaux  excrétoires  ou  lîm-  cctcckimi- 
phaciqueSj  fert  encore  à  humeder  la  peau  ,  &  la       " 
furpeau  ,  qui  fans  cela  deviendroient  trop  iéches, 
ce    qui  nuiroit  alors  au  fentiment  du  toucher. 

La  peau  a  une  infinité  de  petits  trous  infen- Trous  delà 
fibles,  que  l'on  nomme  les  pores,  &  d'autres       ** 
tres-fenfiblcs  ,  comme  font  ceux  de  la  bouche,  du 
nez  ,  des  oreilles  ,  des  yeux  ,  &c  des    parties  natu- 
relles. 

La  peau  eft  une  membrane  qui  peut  s'étendre 
te  fe  rellerrer  facilement  ;  nous  voyons  qu'elle     ^'^  ?r^'' 
S  allonge  aux  remmes  groUes ,  aux  hydropiques  ,  dic  &  Te 
ÔC    à     ceux  qui    deviennent    excraordinairement  lefTerrcr. 
gros  &  erras  :  ainfi  ceux  qui  out  cru  qu'elle  fer- 
voit  de  borne  au  corps  ,  fe  font  trompez.  En  Efté 
elle  eft   plus  rare  &  plus  molle  qu'eu  Hyver  j  fes 
porcs  en  font  aalTi  plus  ouverts  ,  d'où  vient  que 


1  $  8  Des  Parties  contenantes  communes, 

la  tranfpiradon  fe    fait  mieux  l'Efté  que  i'Hyver. 
Ellccft  attachée  dans  toute  fon  étendue  aux  par- 
AdKcraricc  jjcçj  qa'elle  touche  j  mais  plus  à  la  paume  de  la 
main  ,  &  à  la  plante   du   pied  ,  qu'au  fient  &  au 
ventre.    Elle  eil  plus  adhérante    à  liiomme  qu'à 
certains  animaux  ;  Ce  qui  fait  auiîi  qu'ils  la  meu- 
vent plus  aifémcnt. 
ta  per.M  fe       5i  1^  peau  fouffre  une  folution  de  continuité  en 
ir.oycn  d'u- S"^'^'^^  ^"droitque  ceioit ,  elle  ne  le  réunit  ja- 
neciMtiicc.  niais  que  par  une  cicatrice  dont  il  refte  une  mar- 
que toute  la  vie.  Elle  efc    moins  difforme  aux  en- 
fans,  parce  qu'ils  ont  la  peau  humide,  qu'aux  per- 
foiines  âgées  ,  à  qni  elle  cft:  plus  feche. 
peau  cil  ^^  ^eàu  de  l'homme  eft   toute  velue  ;  celle   de 

coiivertc  de  la  femme  l'eit  moinsril  y  a  même  des  hommes  qui 
^'  ont  pins  de  poils  les  uns  que  les  autres.  L'on  dé- 

couvre aik'ment  ceux  de  la  tête  ,  du  vifage  ,  des 
aiiTelles ,  &i  des  parties  naturelles  ;  mais  très-diffi- 
cilement ceux  qui  font  à  toute  la  fuperficie  de  la 
peau  ■■)  celle  qui  paroît  la  plus  uniCja  dans  chaque 
poroiitéun  petit  poil  qui  en  fort ,  &  qui  a  fa  raci- 
ne dans  une  de  ces  petites  glandes,dont  la  peau  eil 
parfeméc.  Ce  petit  poil  fe  voit  plus  ou  moins,  fé- 
lon qu'il  eft  blond  ou  brun. 

Il  eft  inutile  de  vous  dire  qu'il  s'eft  trouvé  des 
pcrfonnes  qui  avoient  la  peau  aulîî  velue  que  des 
ours  5  puifque  c'cft  un  prodige  qui  ne  fert  point 
de  règle.  Je  ne  vous  raporterai  point  non  plus 
les  raifonncmens  de  quelques  Auteurs,pour  prou- 
ver que  l'homme  n'avoic  pas  befoin  de  poils  , 
ni  de  plumes  ,  ayant  la  raifon  Se  les  mains  pour 
fe  faire  des  vêtemins  quifuppléallent  à  leur  dé- 
faut. 
U^cai?  ^  Tous  les  hommes  n'ont  pas  la  peau  également 
blanche,  quoique  ce  foit  fa  couleur  naturclle;elle 


PretnUre  Démorr(iration  Anatomîcfue.  135) 
change  félon  le  tempérament  S^  l'huraeiir  qui  do- 
mine ,  comme  nous  l'avons  fait  voir  en  parlant  de 
l'épiderme.  Les  perfonnesgrafles  l'ont  plus  blan- 
che ,  parce  que  la  grailTe  qui  fe  trouve  au  dcflous 
d'elle  étant  blanche  ,  lui  donne  un  éclat  de  blan- 
cheur. Les  maigres  au  contraire  l'ont  plus  rouge, 
^  caufe  que  la  chaii'  qui  la  touche  immédiatement 
lui  imprime  fa  couleur. 

Tout  ce  que    l'on  coupe   pour  féparer  la  peau  Une  infîni- 
dcs  autres  membranes  font  autant  de   petits  vaif-  yaifl"ea^"" 
icaiix  qui  vont  à  la  peau  ,  ou  qui  en  viennent;  car  qui  fe  croa- 
outre  ceux' des  glandules  dont  je  vous  ai  parlé  ,  il  p*^"'  ^  ^ 
y  en  a  encore  qu'on  appelle  cutanez  ,  qui  font  des 
artères  &  des  vénes  capillaires:  Il  y  a  aufïi  une  in- 
finité de  petits  nerfs  qui  y  viennent  aboatirj&  qui 
font  le  lentiment  du  toucher. 

Nous  remarquerons  trois  ufages  confiderablcs  Ufagcsdc 
à  la  peau.  Le  premier  eft  de  couvrir  &  d'envelo- 
per  toutes  les  parties  du  corpsjle  fecond^d'être  l'or- 
gane de  l'attouchement  ,  &  le  troiiiéme  eft  de  fcr- 
vir  d'émon6toire  aux  humeurs  qui  foirent  par  les 
fueurs  &  par  la  tranfpiration.  Nous  n'ajoutons 
point  de  foi  à  celui  que  lui  donnent  les  Phvfiono- 
miiles,qui  eft  de  fervir  de  regiftre  à  nos  deftinées, 
s'imamnant  connoître  nôtre  bonne  ou  mauvaife 
fortune  par  les  traits  du  vifage  ,  bc  par  les  lignes 
des  mains  &  des  pieds.  ^ 

Le  troîfîéme  des    teaumens    communs  eft    la  La  graiffc 
grailfe  ;  qui  couvre  &  environne  tout  le  corps , 
c'elt  dans  les  efpaces  des    fibres  de  la  membrane 
adipeufe  ou  grailleule  ,  &  dans  les  petites  cellules 
qu'elle   forme,  que    la  graillé  s'embarralTe  &   fe 

T  ^  ^^  .,r      a  Li         j  Défini-.ioa 

La  graille  elt  un  corps   hlanc  de  moyenne  coi>  tlciagraklc 

fiftance  ^  elle  eft  faite  de  la  partie  on6lueufe  & 


1 40        Des  Parties  coritc/iantes  communes  , 
huileiife  du  Tang,  &  épaiffiepar  un  froid  modéré, 
ou  plutôt  par  un  certain  degré  de  chaleur,  qui  n'é- 
tant point  allez  fort  pour  la  diflbudre,  ne  peut  em- 
pêcher qu'elle  ne  foit  produite. 
Quanefcr-      On  ne  peut  pas  nier  que    cette   matière  graiT- 
tcs  cfcc^- -  fj^^fg    n'acquicre  fa  confîftance  par  la  dureté  & 
le  fi-old  des  membranes  qui  la  figent  ,  &  que  la 
gran  ie  chaleur  ne  puifTe  la  fondre  ;  mais  comme 
il  y  en  a  de    p,lus  ou  moins  folide  ,  nous  fommes 
obligez  d'en  obferver  de  quatre  fortes  ;  l'une  que 
l'on  appelle  luif,  qui  fe  fige  &  devient  tellement 
dure  qu'elle  eft  aiféc  à  rompre  lorfqu'cUe  eft:   re- 
froidie  :  Elle    fe  trouve  en  abondance  dans  les 
bœufs  &:  dans  les  moutons  au  ventre  inférieur 
&  autour  des    reins  :  La  féconde  ,  qui  eft  celte 
dont  nous  parlons ,  eft  moins  folide  ,  elle  fe  fige 
plus  difficilement  que  les  autres  :  La  tioifiéme  , 
que  l'on  nomme  axonge  ,  eft  la  plus  liquide  &  la 
plus  molle  ,  elle  ne  paroît  qu'une  huile  épaifîîe  ? 
c'cft  celle  qui  fe  rencontre  aux  articles  ;  Et  enfin 
une  quatrième  ,  qui  eft  un  fuc  moelleux  qui  fe 
fond  à  la  moindre  chaleur  ,  &  alors  il  coule  com- 
me de  l'huile. 
Ufaget  de       Ces   quarre   fortes  de  grailfes  ont  des  ufages 
la^r^iflc.     diiterens  ,  félon     les  différentes  parties  où-  elles 
font.    Celle  qui  environne  tout  le  corps  l'échauf- 
fe  ,  &  en  entretient  la    chaleur  naturelle  \  c'eft 
pourquoi  ceux  qui  en  ont  plus  ,  font  moins  itw- 
fîbles  au  froid.  Celle  qui  eft  autour  du  cœur,  ferc 
à  I1iume(5lcr    dcins  fon  mouvement.   Celle    des 
reins  fert  à  prefcrver  leur  baflinet  contre  les  fels 
de  l'urine  ;  &  celle  qui  fe  trouve  prés  des  anicles, 
en  facilite  le  mouvement  par  fa  lubricité.  Qiiel- 
ques    Auteurs  veulent  que    U  graille  contribue 
noji/eulemencà  la  nourriture  de  toutes  les  partie-s 


Première  Démonflration  Arifitom.  141 

dans  une  grande  abfl:incnce,niais  encore  à  la  beau- 
té j  car  les  perlonnes  qui  n'ont  point  de  graille  , 
ont  la  peau  feche  &  ridée. 

Il  faut  obrerver  que    l^on  ne    trouve  point  de     i\   p/y  ^ 

^raiife  dans  le  cerveau  ,  aux  lèvres  ,  dans  la  partie  pomt  de 
^        .  ,    1,       -u        V  1  •  /!•         graille  dans 

luperieure  de  l  oreille  ,  a  la  verge  ,  ni  aux  telticu-  ^  ccrycau. 

leSjnous  en  dirons  les  raifons  en  tems  &  lieu ,  mais 
il  y  en  a  toujours  quelque  peu  dans  toutes  les  au- 
tres parties ,  &  beaucoup  autour  du  cœur ,  au^ 
reins  ,  aux  felTes  ,  5é  aux  articles. 

Nous  venons  de  voir  que  la  graifïè  fervoit  à 
humedler  les  parties  pour  en  faciliter  le  mouve- 
ment,  d'où  vient  qu'il  s'en  trouve  beaucoup  aux 
endroits  où  les  mouvemens  font  grands  &  vio- 
lens ,  comme  au  cœur  &  à  l'œil.  Elle  fert  aufli  à 
les  ramollir  &  à  les  défendre  de  la  dureté  des  corps 
où  elle  fe  trouve  renfermée  ,  comme  l'œil.  Elle 
fert  encore  principalement  à  adoucir  l'acrimonie 
du  faug  en  fe  mêlant  avec  lui,  &  à  empêcher  l'ex- 
xaltation  des  fels ,  d'où  vient  que  les  gens  gras 
font  plus  joyeux  ,  moins  inquiets  que  les  maigresi 
ils  dorment  fans  infomnie ',  au  lieu  que  les  maigres 
font  toujours  trilles  ,  dans  des  inquiétudes  jour  &c 
nuit ,  à  caufe  de  la  pointe  des  fels  de  leur  faug 
qui  les  picote  &  qui  les  brûle.  Cette  huile  ell  re- 
prife  par  les  véncs  &  par  les  vaiireaux  limphati-- 
qucs.On  remarque  que  les  phtifiques  ont  peu  de 
graille ,  &  qu'ils  ont  la  plupart  l'epiploon  gâté, 
ce  qui  contribué  beaucoup  à  leur  delTéchement , 
les  fels  venant  à  s'exalter  faute  de  cette  huile  bal- 
famique. 

La  grallFc  fe  change  quelquefois  en  nourriture, 
&  c'eft  la  raifon  pourquoi  les  ours  ,  les  marmotes^ 
Sec.  ont  avant  que  de  fe  renfermer  dans  la  rené, 
aniaflc  quantité  de  graille  pour  rHyver,qu'ûu  leur 


142  Des  Parties  cofjtenantes  communes  , 
trouve  particulièrement  à  l'épiploon  &  au  mefcil- 
tere  ,  qui  en  font  comme  les  refervoirs  ,  au  lieu 
qu'après  l'Hyver  ils  font  fort  maigres  ,  Se  ont  l'e- 
pîploon  il  le  mefentere  dellèchez  ,  confumez  &: 
fans  grailïè.  Ne  vous  imaginez  pas  cependant  q^e 
cela  Fik  tuffîfant  pour  faire  fubiiiter  ces  animaux 
dans  root  le  tems  de  leur  retraite;  s'ils  n'ctoîent 
pas  comme  dans  un  repos  continuel  ,  fi  le  mouve- 
ment de  leur  fang  n'étoit  fort  lent,  comme  on  l'a- 
peiçoir  en  les  dilîequant  en  ce  tems  là,  parce  que 
n'agiffant  pas  il  ne  fe  fait  pas  beaucoup  de  difîîpa- 
tion  ,  &  par  conleqiient  ils  n'ont  pas  befoin  de 
beaucoup  de  nourriture. 

D'ailleurs  l'huile  graiireufc  contenue  dans  les  vef- 
ficules  de  la  graille  fe  mêle  avec  le  fang  en  entrant 
immédiatement  dans  leurs  vénes  par  leurs  petites 
embôuchuresrEt  Mr.  Mahighi  prétend  avoir  trou- 
vé des  vaiflTeaux  graifleux  qui  s'embouchent  & 
s'ouvrent  dans  les  vénes  ;  d'où  vient ,  dit-il  ,  cette 
grande  connexion  entre  les  vénes  &  la  graille  ,  car 
elle  en  fuit  toutes  les  ramifications  ,  comme  on 
peut  le  remarquer  au  cœur  &  à  l'epiploon.  Mais 
cette  expérience  nouvelle  de  ce  célèbre  Anatomif- 
tc  attend  une  plus  furc  confirmation  ;  car  nous  a- 
vons  des  étrangers  Hollandois  dont  le  mérite  elc 
fort  connu  ,  &  qui  font  leur  unique  aplication  de 
l'Anaromie  ,  lefquels  pourtant  nous  alfeurent  n'a- 
voir rien  trouvé  de  femblable  après  beaucoup  de 
„  recherches. 
Dclamem-  Ceux  qui  admettent  encore  la  membrane  char- 
b«nc  char-  fju^-  ^  prennent  ces  fibres  membraneufcs  qui  foû- 
tiennc-nt  la  graille  ,  &C  qui  lui  forment  des  cellu- 
Ifcs  qui  la  contiennent  ,  pour  cette  membrane  :  ils 
veulent  que  dans  les  fièvres  ,  eUc  (oit  le  fiege  des 
frilfons  qui  font  eau  fez  par  quelque  ferofité  acre 


nue. 


Première  Ibémonfiration  A'Mtom,  143. 

qui  le  picote  ,  &  que  c'eft  celle  qui  par  le  moyen 
de  Tes  fibres  charnues  ,  fait  faire  à  la  peau  les 
mouvemens  que  nous  appercevons.  Les  plus 
éclairez  entre  les  Modernes  prétendent  au  con- 
traire, que  les  fibres  charnuifs ,  que  l'on  trouve  au. 
front  ,à  l'occiput ,  au  cou ,  &  au  fcrotum/ont  des 
mufcles  :  que  fi  l'on  meut  le  front  &:  le  derrière 
de  la  tétc  ,  c'eft  par  le  moyen  des  mufcles  fron- 
taux &  occipitaux  :  que  s'il  y  a  du  mouvement  à 
la  peau  du  coû,c'eft  le  mufcle  peaucier  qui  le  fait; 
S^  qu'enfin  fi  l'on  voit  mouvoir  à  quelques-uns  le 
fcrotum  &  les  tefticules,  c'eft  l'effet  du  mufcle 
cremafter. 

Ceux  qui  tiennent  la  membrane  commune  Aqs  Dclamem- 
mufcles  pour  un  des  tegumcns  communs,démon-  brane  com- 
»       -  «111  1  ri     munc  dc- 

trent  une  partie  de  la  membrane  propre  du  mulcle  nmfdes. 

oblique  defcendant ,  qu'ils  difent  être  blanche  , 
déliée  ,  tranfpajente  ,  &  faite  d'un  tiflu  de  fibres 
&  de  nerfs  qui  la  rendent  d'un  fentiment  fi  ex- 
quis ,  qu'elle  caufe  des  frifibns  incommodes  ,  & 
des  rhumatifmes  infuportables  ,  lorfqu'elle  eft  pi- 
cotée de  quelque  acide;  ils  lui  trouvent  même  un 
ufage  qui  eft  d'empêcher  que  dans  lesmouvemens 
violens  les  mufcles  ne  fe  déplacent ,  comme  s'il 
éroit  pofTible  qu'un  mufcle  attaché  par  fes  deux 
bouts  à  deux  parties  folides  pût  fortfr  de  fa  place. 
Mais  laifiànt  à  part  ces  différentes  opinions  ,  nous 
avons  affez  fait  cormoître  qu'il  n'y  avoit  ni  mem- 
brane charnue,  (  autrement  nommée  panniculo 
charnu  )  ni  membrane  commune  des  mufcles.  Ve- 
nons donc  maintenant  aux  parties  contenantes 
propres. 

Les  tegumcns  étant  levez  ,  on  découvre  plu-   ,  ®i^  ^^^- 
heurs  mufcles  qui  occupent  toute  la  partie  antc-  domcn. 
rieure  du  bas-ventre.    Ces  mufcle*  font  dix  ,  cinq 


144  T)es  Parties  contenantes  commune  s  y 

de  chaque  cote.    Il  s'en  trouve  quelquefois  mom<j 

lorfquei'on  ne  compte  point  les  deux  piramidau?; 

de  Fallope  ;  iSv  quelquefois  plus  ,  lorfqu'on  en  fait 

pluiieur*<.lcs  mufcU's  droits  ;  mais  je  m'en  tiendrai 

au  nombre  de  dix  ,  qui  lont  quatre  obliques,  deux 

tran(verles ,  deux  droits  ,  &  deux  piramidaux.  Ils 

prennent  tous  leui  nom  de  la  fituation  &  de  Tar- 

rangement  de  leurs  fibres. 

^^e  que  Je  ne  vous  parlerai  des  mufclesen  gênerai, que 

niuf?"'^    lorfque    je  \ousen    démontrerai  un    plus  grand 

nombre.  Je  veux  ieulement  dire  ici ,  que  les  muf- 

cles  font  des  parties  organiques,&  les  inftrumens 

du  mouvement  volontaire,&:  que  ce  n'eft  que  par 

leur  moyen,  que  le  ventre  peut  s'étendre  &  fe  ref- 

ferrer. 

I^  Des  quatre  obliques  il  y  en  a  deux  defcendansi 

ObliqufS  ou  externes  :  &  deux  afcendans  ou  internes  ;  ceux 
dciccndans.        .  ^  r  ,  •  r        i  i  i* 

qui  le   prelentent  les  premiers    lont  les  obliques 

delcendansiîls  iont  nommez  ainfi,  parce  que  leurs 
fibres   dciccndent    obliquement   de  haut  en  bas. 
On  les  appelle  auffi    ex'cernes ,  à  la  différence  des 
autres  qui  font  lituez    fous  eux  ;  &   enfin  grands 
obliques,  parce  que  leur  grandeur  excède  celle  des 
autres  obliques.  Leur  figure  eft  prefque  triangu- 
laire. 
Origine  &     Us  prennent  leur  origine  pardigitation  du  grand 
ccs^rauiclef.  <^£ntclc  ,  c*eft-à-dire,  de  la  fixiéme  &  fepriéme  des 
vrayes  côtes  ,  de  toutes  les  faulfes,  &  de  la  pointe 
des  apophiles   tranfverfes  des  vertèbres    des  lom- 
bes ;  ils  vont    s'attacher  à  la    cote  externe  de  Tos 
ilion  ,  &   de  Tos  pubis  ,  &  finilfent  par  une  large 
&  forte  aponevrofe  à  la  ligne  blanche. Les  grands 
dentelez  ,  qui    font  des    mufcles  de   la   poitrine, 
ont  autant   de  dentelures    que    ces  mufcles  ,  lef- 
quellcs   s'entrelafl'ent  les  unes  dans  les  autres ,  de 

même 


Première  Demonfiratîon  Anatom^  f  4  j" 

•tî'jêmé  que  les  doigts  d'une  main  entrent  dans  les 
cfpaces  des  doigts  de  l'autre.  A  chacune  de  ces  den- 
teluies,qui  y  font  au  nombre  de  fcptjil  y  a  un  pe- 
tit nerf  qui  y  entre  j  ce  qui  fait  que  ces  mulcles 
font  des  plus  difficiles  à  diiTequer  ,  lorfqu'on  veut 
les  faire  voir  tous.  Ces  nerfs  nous  marquent  auiîi 
leur  origine,parce  que  les  nerfs  q'.ii  vont  aux  muf- 
cles ,  y  entrent  plutôt  vers  leur  origine  que  pair 
leur  infertion. 

Les  obliques  afcendans  font  ainfi  nommez, par-  Obliques 
€C  que  leurs  fibres  montent  de  bas  en  haut  ,  ils  afcendans 
font  fîtuez  immédiatement  fous  les  autres  ,  c'eft 
pourquoi  on  les  apelle  obliques  internes.  Ils  font 
beaucoup  plus  petits  que  les  premiers ,  ^  font 
comme  eux  de  figure  triangulaire.  Ils  prennent 
leur  origine  de  la  partie  fuperieure  de  l'os  pubis, 
le  continuent  à  toute  la  partie  moyenne  de  la  crê- 
te des  os  des  hanches,  ils  s'attachent  aux  extrê- 
mirez  de  toutes  les  côtes  jufqu'au  cartilage  xiphoï- 
de  ,  &  s'inlerent  par  une  large  oC  double  apone- 
vrofe  à  la  ligne  blanche  ;  ils  reçoivent  des  nerfs  à 
l'endroit  où  ils  font  attachez  aux  vertèbres  des 
lombesé 

De  ces  deux  a'ponevrofes  l'une  pafTe  pardelTu*;,     Pourquoi 
o,  1,  j    ,V         1  r  1       j      •  l:  '•\  "S  mu.cles 

Oc  1  autre  par  délions  le  mulcle  droit  ,  ahn    qu  il  onrl-rursa- 

foit  également   fortifié  tant   delTus  que    dellbus  \  ponevroks 

les  fibres  de  ces  mufcles    &  celles  des  preceden's  , 

s'entre-croifent  en   forme  de  Croix  de  S.   André  j 

ce   qui  fait  le    même  effet  ,  que  lorl qu'on    veut 

pre;îer    quelque  endroit  ;  par    exemple  ,    h    une 

main  n'cll  pas  allez  forte  :  l'on  y  met  l'autre  ,  qui 

croiiîant  fur  la  première,  fait  que  l'on  apuye  plus 

fortement. 

Les  rranfverfes  font    ainfi  nommez  ,  parce  4"^^  L.jjj^fclcs 

leurs  fibres  vont  de  travers  ^ils  font  fituez  fous  les  rran:vcïlcs. 

K 


14^         t2)(î  j  Parties  contenantes  communes, 

obliques  5  &  placez  fur  le  péritoine  auquel  ils  font 

fî  adherans,qu'on  a  de  la  peine  à  les  en  feparer  fajis 

,        _         le  déchirer  ;  ils  font  d'une  figure  quadrangulaire. 

Origine  &      Qç^^  mufclcs  prennent  leur    onVine  des  apo- 
3Pierr  on  ,  .^  r       r         i  i        i  m 

de-  tianf.     pniles  traniverles    des  vertèbres    des  lombes  ;  ils 

vcrfcs.         s'attachent  à  la  côte  interne  des  os   6qs  ileSj6c  à  la 

partie  interne  des  cartilages  des  côtes  inférieures; 

puis  palfant  par  delFous  le  mufcle  droit ,  ils  vont 

fe  terminer  par  une  large  aponevrofe  à  la  ligne 

blanche. 

Rcrnar-        Qç^  qqjs  fortes  de  mufcles  ont  des  aponevro- 
ques  (urccs  n  .  .  .  i-         i  i  q  • 

rroii  mul-  l^s  qui  leur  tiennent  lieu  de  tendons,  cl   qui  vont 

cicï.  chacune    s'attacher  à  celle  du  mufcle    qui  eft  de 

l'autre  côté  ;  ce  qui  les  unit  lî  bien  qu'elles  n« 
paroilîent  qu'une.  Elles  font  percées  à  leur  par- 
tie moyenne  ,  pour  donner  palfage  aux  vaifleaux 
umbilicaux  ;  &  à  leur  partie  inférieure  ,  pour 
laillèr  fortir  aux  hommes  les  vaifTeaux  fpermati- 
ques  qui  vont  aux  tefl:iculcs,&  aux  femmes  les  li- 
gamens  ronds  de  la  matrice  qui  vont  s'inférer  dans 
les  cuiffes. 
Mecani-        Les  trois  trous  qui  font  aux  aponevrofes  de  ces 

q'iedeces  rnufcles  font  fî  induftrieufement  faits  ,  qu'ils  me- 
ritent  d  être  remarquez  ;  celui  du  muicle  tranl- 
verfe  cft  le  plus  haut  de  tous  ;  celui  de  l'oblique 
afcendant  eft  un  travers  de  doigt  au  dclîous  ;  & 
celui  de  l'oblique  externe  encore  plus  bas  :  en 
forte  que  ces  trois  trous  ne  le  trouvent  poins 
vis-à-vis  les  uns  des  autres  ,  &  l'aponevrole  de 
l'un  couvre  l'ouverture  de  l'autre  ,  afin  d'empê- 
cher que  les  parties  internes  ne  fortent  au  dehors; 
cependant  il  ne  lailTe  pas  d'arriver  trop  fouvent 
àts  hernies  par  la  (ortie  de  l'Epiploon  &  des  in- 
teftins. 

La  quatrième  paire  des  mufcles  de  l'abdomen 


Première  DémoMftratlon  Anatomlque,        1 47 

font  les  droits  i  ils  font  ainfi  appeliez  ,  parce  que        O 

leuis  fibres  vont  en  ligne  direde  de  haut  en  bas,  droits. 

ou  de  bas  en  haut;car  les  uns  veulent  qu'ils  naiilent 

du  fternum  ,  ôc  les  autres  de  l'os  pubis;  mais  il  eft 

i  ndifferent  que  leur  origine  ou  leur  infertion  foit  à 

l'une  ou  à  l'autre  de  ces  parties  ,  pourvu  que  l'on 

fçache  qu'ils;font  attachéspar  un  bout  au  fternum; 

&  aux  côtés  du  cartilage  xiphoidc  ,  &  par  l'autre 

à  la  partie  tuperieure  de  l'os  du  penil. 

Ces  mufcles  n'ont  pas  de  fibres  qui  aillent  d'une   .  Obferva- 

.    -■      1,  •    M    r  ""^ns  a  Lire 

extrémité  a  1  autre;  mais  ils  lont  entre-coupez  par  ç^^  ^^^  ^^ 

des  endroits  nerveux   que  les  Anciens  ont  appelle  cicj. 
énervations ,  quoi- qu'ils  foient  de   véritables  ten- 
dons.   Leur  nombre  n'cft  pas  toujours  le  même, 
puifque  les  uns  en  ont  trois  ,  d'autres  quatre,  & 
quelquefois  plus. 

Il  y  en  a  qui  ont  voulu  faire  autant  de  mufcles  piuf°"'j'^^°* 
qu'ils  voyoient  de  ces  intervalles  membraneux  ,  i.erfs  à  ce 
parce  qu'ils  avoient  remarqué  qu'il  entroit  plu-  "^w^^^^* 
ïieurs  nerfs  dans  ce  mufcle;mais  cela  doit  d'autant 
moins  furprendre  que  ce  raufcle  eft  long,  &  qu'il 
fait  une  action  très- forte  ,  à  laquelle  un  feul  petit 
nerf  n'auroit  pas  été  fuffifant. 

Quelques  Auteurs  ont  rapporté  que  l'hoiTHTie    Scntimen* 
>    î        j  /  .       rt         ,    /,-       ,  de  quelques 

avoit  plus  de  ces  enervations  au  delius  du  nom-  Anciens. 

bril  qu'au  dellous  ;  par-ce  qu'étant  gourmand  6c 
débauché  ,  foVi  eftoiiaaç.avoit  plus  befoin  de  s'é- 
tendre;&  que  la  femme  au  contraire  en  avoit  da- 
vantage au  deflous  ,  à  caufe  que  ce  mulcle  étoit 
obligé  de  s'étendre  dans  cet  endroit"  pour  donner 
plus  d'efpace  à  la  matrice  dans  le  rems  de  la  giof- 
fefte.  Mais  cette  obfervation  ne  fe  trouve  pas  vé- 
ritable, puifque  les  hommes  &  les  femmes  en  ont 
également  par  tout.^     ,  ^  ^  uflgc  df '*" 

Pour  bien    connoître  à  quoi   fervent  ces  éner- leuriéacr- 

K    ij  ^'^"°"'- 


1 4^         Des  Parties  contenantes  propres  , 
vations  ,  il  faut  fçavoir  que  touc  mufcle  en  agif- 
fanc  fe  racourcit  ;  &  qu'en  fe  racourcUTant  il    Te 
gonfle  dans  fon  milieu  plus  ou  moins, félon  que  fes 
libres  font  plus  ou  moins  longues. Or  il  eft  certain 
que  fi  les  fibres  du  mufcle  droit  eulTent  été  d'une 
extrémité  à  l'autre,fans  être  entre-coupées  par  ces 
intervalles  membraneuxje  gonflement  de  ce  muf- 
cle eût  été  fi  grand   dans  fa  partie  moyenne,  qn'l 
auroit  meurtri  les  parties  contenues  ,    au  lieu    de 
leur  aidera  l'expulfion  des  excremens  par  une  com- 
preiïion  égale  &  douce  ;  Ce  qui  ne  fe  peut  faire 
que  par  ces   entre-ncuds  ,  qui  coupans  ce  mufcle 
en  quatrejfont  qu'au  lieu  d'une  tumeur  il  s'en  fait 
quatre  ,  lefquelles  compriment  également  le  bas- 
ventre  ,  &  facilitent  la  fortie  des  fuperfluitez  des 
intefl:ins  &  de  la  veflîe. 
poimd'A-        Ce  n'eft  pas  iculement  fur  l'ufage  de  ces  éncr- 
naltsmofcj  vations  que  je  ne  fuis  pas  du   fentiment  de  beau- 
fcauxficccs  coup  d  autres,  mais    encore  lur  celui  des    venes 
mufclcs.      Mammaire   &  Epigafl:riquç  :  plu  fleurs  ayant   cru 
qu'une  des  branches  de  la   véne  Mammaire  que 
l'on  trouve  fous   fe  mufcle  ,  lorfqu'on  le  retour- 
ne ,  s'abbouchoit  avec   la  véne  Epigaftrique  ;  que 
cette  communication  faifoit  la  grande  fimpathic 
qu'il  y  a  entre  les  mammelles  &  la  matrice,&  que 
c'étoit  le  chemin  par  où  le   lait   aux  femmes  ac- 
couchées fe  vuidoit  par  la  matrice;  Mais  la  circu- 
lation  nous  fait  connoître  que   ces  vénes  n'ont 
point  d'autre  ufage  que  ceux   de    toutes  celles  du 
corps  \  qui  eft  de  raporter  le  fang  au  cœuricar  j'ai 
elTayé  en  fcringuant  des  liqueurs  dans  l'une  &  l'au- 
tre de  ces  vénes  d'en  faire  pafl'er,  fans  avoir  jamais 
pu  V  réiiffir  :  ce  qui  nous  fait  voir  que  cette  belle 
Anaftiomofe  qui  a  fait  tant  de  bruit ,  n'eft  qu'unq 
pure  chimère. 


Première  Démonflratlon  Anatom.  149 

La  figme  piramidaie  qii'onc  les  deux  derniers  Lesmufclci 
mufcles  du  bas  ventie  ,  les  a  fait  appeller  pirami-  d^ux. 
daux  ;  ils  font  couchez  far  les  tendons  inférieurs 
des  droits   :  c'eft  ce  qui  a  fait  croire  à  quelques- 
uns  ,  qu'ils  en  faifoient  partie  ;  mais  ce  iont  deux 
mulcles  diftin(5ts  &  feparez  des  autres. 

Ils  prennent  leur  origine  par  un  principe  char-  pjnf'^^n'^ 
nu  &  tort  étroit  de  la  partie  fuperieure  &  exter-  leraon. 
ne  de  l'os  pubis ,  &  montant  en  haut  ils  s'étrc- 
cilTcnt  peu  à  peu  ,  &  vont  fe  terminer  par  une 
pointe  a  la  licrue  blanche,  trois  ou  quatre  doigts 
au  dellus  de  Tos  pubis  ,  &  quelquefois  julqu'au 
nombril, 

Fallope  .  Rlola-n^àc  Gelée  leur  ont   donné  plu-     C«muf- 
r  r  n  j  .-y      c      'C  \      cle?  ont  un 

lieurs  uiages.  Us  prétendent   qu  us  rortihent  les  uugf  oj^fé 

tendons  des  mufcles  droits  ,  qu'ils  fervent  à  l'ex-  ^  cdmdes 

autres 

cretion  de  l'urine  ,  &  qu'ils  contribuent  à  l'ère- 
^ionde  la  verge  ;  mais  ce  ne  font  pas  là  leurs 
véritables  ufagcs  ;  je  croî  au  contraire  qu'ils  fer- 
vent à  élever  le  péritoine  ,  àc  à  empêcher  que  la 
région  de  la  veiïie  où  ils  s'inferenc  ne  foit  pref- 
fée,  &c  que  l'on  ne  foit  obligé  de  pilfer  tout  aufli 
fouvenc  que  les  autres  mufcles  compriment  les 
parties  internes  :  ces  deux  mufcles  font  très-  ^ 
petits  >  &  ils  ne  font  jamais  égaux  ;  celui  qui  eft 
plus  long  que  l'autre,  s'infère  un  travers  de  doigc 
au  dellu*.  :ce  qui  contribué  encore  à  me  perfua- 
der  qu'ils  élèvent  le  péritoine  en  cet  endroit,qui 
ne  comprimant  pas  la  vefîîe  ,  la  rend  capable  de 
comenir  une  plus  grande  quantité  d'urine  qu'elle 
ne  feroit. 

L'on  peut  confiderer  les  obliques  &  les  tranfver- 
faux  comme  des  mains  polées  les  unes  fur  les  au- 
tres en  differens  fens  ,  &  les  droits  comme  deux 
groilés  barres  (ituées  au  milieu  de  l'abdomen  qui 

K  iij 


I J  o  De^  parties  contenantes  propres  , 

Uf'agcveri-  empêchent  que  les  autres  en  aoiifant  ne  bandent 
ta>;c  des      o,  ^  t  1     •       /?  !.  '  • 

muk'csdu   ^  "^  compruiient  trop  lesinceltms  contre  1  epnie 

bai'venîrc.  èc  les  vertèbres  des  lombes.  Les  mufcles  droits  re- 
tiennent encore  les  autres ,  &:  les  font  agir  des 
deux  cotez  pour  comprimer  les  parties  de  l'abdo- 
men ,  pour  les  raifons  que  nous  dirons  dans  la 
fuite. 

Par-là  on  voit  que  les  parties  du  bas-ventre 
font  comprimées  également  par  tout  j  &  que  les 
inteftins  &  les  vifceres  ne  peuvent  fe  mettre  à 
couvert  de  cette  compreflion  en  quelque  endroit 
qu'ils  fe  cantonnent  ;  car  les  mufcles  droits  agif- 
fant  compriment  direilcment  en  devant  de  haut 
en  bas  ,  &  obligent  les  vifceres  de  fe  jetter  vers 
les  cotez  ,  à  caufe  qu'ils  trouvent  de  la  refiftance 
vers  répine.  Mais  alors  les  raulcles  obliques  font 
comme  des  barres  diagonales  qui  les  repoullent 
fortement  ;  &  comme  les  cotes  par  en  haut  ,  &C 
les  os  innominez  par  en  bas  refiftent  beaucoup, 
les  parties  du  bas  ventre  pourroient  fe  jetter  en 
dehors  vers  les  flancs  \  la  nature,  pour  y  remédier, 
a  fait  les  mufcles  obliques  fort  épais  &  fort  char- 
nus en  cet  endroit  ,  &  pour  contrebalancer  da- 
vantas:e  cette  refiftance  ,  elle  v  a  encore  mis  les 
tranfverfaux  ,  qui  tirent  comme  deux  lerviettes  le 
nombril  vers  les  lombes. 

Ow  comprend  allez  que  le  nombril  eft  la  réii- 
nion  des  tendons  de  prefque  tons  les  mufcles  du 
bas-ventre  ,  &  que  par  conîequent  c'eft  l'endroit 
où  toutes  les  puilfances  agiifent  plus  fortement; 
ce  qui  fait  qu'il  s'applatit  pour  rendre  le  ventre 
égal  5  &  cela  s'accommode  fort  bien  aux  ufages 
des  parties  du  bas-ventre,  qui  font  fituées  en  cet 
endroit  ;  car  on  y  remarque  les  boyaux  ileum  &c 
jéjunum  ,  &  le  mefemere  ,  qui  font  les  parties  de 


Première  Démonflratlon  Anatom,  i  j  i 

tout  le  bas  ventre  qui  ont  le  plus  de  befoin  d'être 
fortement  comprimées  :  car  dans  les  premières  le 
chile  doit  fe  perfe6tionner,re  feparer  des  gros  ex- 
cremcns,  &c  enfin  enfiler  les  ouvertures  des  vénes 
ia6tves;ce  qui  demande  une  comprefïïon  très- forte 
&  très  vigoureafe  ;  le  mefcncere  n'en  a  pas  moins- 
befoin  pour  la  diftribution  du  chile. 

Le  Colon  qui  eft  encore  pareillement  fitué  en 
cette  region,âvoic  auffi  befoin  d'une  grande  com- 
prefïionjcar  les  matières  fccâles  à  l'endroit  que  ce 
boyau  traverfe  le  ventre  ,  ont  de  grandes  diffi- 
cukez  à  pader  ,  tant  parce  qu'il  faut  qu'elles 
montent  ,  au  lieu  que  par  tout  ailleurs  elles  det. 
cendent  ,  que  parce  qu'ici  elles  font  plus  fe- 
elles. 

On  ne  demeure  point  d'accord  dans  quel  tems 
ces  mufcles  agilfent  ,  il  eft  pourtant  fort  vrai- 
femblable  qu'ils  font  en  contradtion  dans  l'expi- 
ration. Il  y  a  cependant  un  tems  qu'ils  agif- 
fent  dans  l'înfpiracîon  ,  comme  quand  nous 
fommes  à  la  fclie  :  voici  comment  cela  fe  fait* 
Ayarjt  une  fois  reçu  l'air  dans  nos  poumons  ,  nô- 
tre poitrine  s' étant  dilatée  ,  &  nôtre  diaphragme 
applani  ,  nous  venons  à  retenir  nôtre  haleine  j  & 
faifons  a?ir  les  mufcles  du  bas- ventre  pour  com- 
primer avec  plus  de  force  nos  vifceres  ,  qui  étant 
aînfi  comme  entre  deux  prcllolrs ,  font  contraints 
de  fe  décharger  des  matières  qu'ils  contier^ 
nenr. 

Remarquez  qu'en  retenant  fon  haleine  on  con- 
traint le  diaphragme  de  rcfter  bandé  &  aplani  j  la 
poitrine  ne  pouvant  fe  reilarer ,  à  caufe  que  l'air 
n'en  peut  fortir,  le  diaphragme  ne  fçauroit  fe  voû- 
ter ;  d'où  vient' que  comme  c'eft  un  mouvement 
violent  ôc  forcé  il  ne  peut  durer  long-tems. 

K   iiij 


ï  j  1  Des  parties  contestantes  propres, 

-  O  .  La  ligne  blanche  eft  un  concours  de  toutes  les 

blanche?"^  aponcvrofes  des  miifclcs  qirc  je  viens  de  vous  faire 
voir  ;  on  Tapelle  ligne  ,  parce  qu'elle  efl:  droite  & 
blanche  ,  parce  qu'elle  n'a  point  de   chairs  :  Elle 
s'étend  depuis  le  cartilage  xiphoide  jufqu'al'os  pu- 
bis.ll  faut  obferver  qu'elle  elt  plus  étroite  au  def- 
fous  du  nombril  qu'au  delïus ,  &  qu'elle  divife  les 
mufcles  du  côté  droit  d'avec  ceux  du  coté  gauche, 
Ce  feroit  ici  ,  Melîieursje  lieu  d;.^  vous  démon- 
trer le  Péritoine  ,  étant  la  féconde  &  dernière  des 
parties  contenantes  propres  ,  mais  comme  il  faut 
avant  que  de  l'ouvrir ,  préparer  &  dilFequer  les 
vaidéaux  umbilicaux  pour    vous  les  montrer  en 
même  tems ,  je  remets  à  vous  le  faire  voir  dans  la 
Démonltration  fuivante» 


.'*' 


p'ISJ 


IJ3 

!H*5t->t-TIP     jk-    *    ^    if     +**Tlr-K->'     .     vil 


l?T^- 


SECONDE 

DEMONSTRATION 

P^i    Parties    contenues    dans  le    bas   ventre  ,  qui 
fervent  a  la  Chilificatîon, 

^yl'  Est  dans  cette  Démonftration  ,  Meflîeurs,     Tourcs 
Ssrs^  que  nous    commencerons    à    examiner  les  j"^^"'^* 

1  tiu  corps 

Parties  qui  font  renfermées  dans  le  bas- ventre,  fon  é^a.'f- 
QLioiquc  ce  lieu  foit  la  cuifîne  où  le  prépare  la  f^fj-^l^  ^^^ 
nourriture  pour  tour  le  refte  du  corps,&  qu'il  foit 
l''égout  par  où  toutes  les  impuretez  s'écoulent  : 
néanmoins  fa  ftrudure  n'eft  pas  moins  admira- 
ble que  celle  des  autres  parties.  L'Architedre 
qui  entreprend  un  grand  édifice  eft  quelquefois 
autant  embaraflTé  à  placer  la  cuifîne  &  les  offices 
dans  les  endroits  convenables  ,  qu'à  difpofer  les 
plus  fuperbes  apartemens  ;  &  fait  autant  voir  la 
force  de  fon  génie  dans  leur  conftruction  ,  que 
dans  celle  d'une  chambre  ,  ou  d'un  cabinet.  Dieu 
n'a  pas  vrioins  fait  paroître  fa  grandeur  &  fa  puiC- 
fance  dans  la  formation  des  parties  les  plus  viles 
de  l'Homme,que  dans  celles  des  plus  nobles,ayant 
donné  aux  unes  &  aux  autres  un  degré  de  perfec- 
tion qui  furpalTetout  ce  que  i'efprit  humain  pour- 
roit  imaginer. 

Comme  il  eft  impofïlble  de  faire  voir  toutes  les      r)ivi/ion 
parties  du  bas  ventre  dans  une  feule  Dcmonftra-  ,o?.tei"ës* 

tiop  i  nous  en  ferons  trois  ,  à  caufe  des  trois  for-^^^s  ic  bas 

^        ventre. 


1 5"  4       ^^-f  P^^rtîes  qui  fervent  a  la  Chilifc, 
tes   de   parties  qui  y  font  renfirméts  ,  les  unes 
fervent  a  la  Chiliricatioii  j  les  autres  à  la  Purifi- 
cation du  lang  ,  &z  les  autres  enfin  à  la  Généra- 
tion, 
î-t  Lcri-       Mais  avant  que  de  vous  démontrer  aucune  de 
toinc.         ces  parties  j  il  faut ,  Mcfîieurs,  que  j'achève    de 
vous  faire  voir  la  dernière   des  parties   contenan- 
tes propres ,  qui  eft  le  Péritoine  ,  par  lequel  on 
commence  ordinairement  la   leconde  demonilra- 
tion. 
Dénni-         Le  Péritoine  eft  une  membrane  déliée  ,  molle  , 
von  t.u  pc-  q^^,•  renferme  comme  dans  un  (ac  tous  les  vifceres 
ritûuie.  A  111  c     r        r  ■     ■ 

contenus  dans  le  bas  ventre.  î>a  luperhcie  mterne 

eft  polie  ik  enduite  d'une  hun:ienr  ,  afin  de  ne  pas 
bleflerles  intcftins  &  les  autres  parties  qu'il  ton» 
che.  L^cxterne  au  contraire  eft  fibreule  Se  inégale, 
afin  de  mieux  s'attacner  aux  mufcles. 
Ti?urcdu       II  a  la  mêaie  figure  &  la  même  grandeur  que  le 
bas  ventre  qu  il  tapiile  par  tout  :  il  s  étend  tout 
autant  que  le  peut  cette  capacité  dans  une  grolîel- 
fe,  dans  une  hypropifie  ,  ou  dans  une  timpanite, 
&  fe  refterre  aifémcnt  lorfque  l'enfant ,  l'eau   ou 
les  vents  qui  groiïilïoîent  le  ventre  n'y  font  plus. 
Sylv'ms  croit  avoit  remarqué  qu'il  eft  plus  fort  aux 
hoinmes  au  dedus  du  nombril,  &  qu'aux  femmes, 
il  eft  plus  épais  au   delîous  ;  mais  cette  opinion 
n'eft  pas  plus  vraye  que  celle  des  énervations  du 
mufcle  droit ,  puifqu'il  eft  certain  qu'il  eft  égale- 
ment épais  par  tour, 
tics  AnScns      Selon   les  Anciens  ,  le  péritoine  eft  fait  d'une 
l'i:r  le  pe.i-  double   membrane  ,  dans   la  doublure  de  laquelle 
tome.         palîtnt  les  vailî'eâux  umbilicaux  ,  qui  lont  la  vé- 
Ç.Ç  ne  ,  les  deux  artères    &  l'ouraque.    Mais  aujour- 

c'ertau-      d'iuii  l'on  fçait  que  le   péritoine  n'a  point  de  du- 
joàird  hui    pjicacurc ,  &  que  bien  loin  de  prendre  fon  oiigii:!^ 


//.  'Démavflratlon  Anatom»  ij^ 

des  vertèbres  des  lombes,  il  n'y  eft  pas  feulement 
attaché  j  Ce  que  Ton  peut  voir  par  la  defcription 
de  la  route  ,  il  s'attache  par  devant  aux  mufcles, 
par  en  haut  au  diaphragme  ,  par  en  bas  au  pu- 
bis,&  palTant  par  delTus  la  veflic  &  le  rcdum  aux 
hommes  ,  &  par  delfus  la  matrice  aux  femmesjk 
il  couvre  les  vailTaux  fpermatiques  &  les  défe^ 
rens  ,  fans  pourtant  les  envelopper.  Il  pafle  enfin 
par  delTus  les  mufcles  iliaques  6c  pfoas  ,  &:  par 
deflus  l'aorte  &  la  véne  cave,  en  couvrant  de  tous 
cotez  les  reins,oii  il  forme  cette  membrane  qu'on 
nomme  adipeufe  j  à  caufe  qu'elle  a  beaucoup   de 


graille. 


Le  péritoine  que  l'on  croyoît  percé  en  fept  ou    Trous  du 
huits  endroits  ,  n'a  tout  au  plus  que   deux  trous,  P""°'"*^* 
l'un  en  haut  ,  pour  donner  entrée  à  l'œfophage  , 
&  l'autre  en  bas  pour  laiirer  fortir  le  reârum.  Les 
fix  autres  trous  que  Ton  lui  donnoît ,  ne  fe  trou- 
vent point  ,  fçavoîr  deux   à  la    partie  fbperieure 
pour  lai irerpafTer  la  grofle  artère  &  la  véne  cave; 
un  en  devant  pour  lepalFagedes  vaidèauxumbi- 
licaux  j  un  autre  pour  la  matrice  ,  &  deux  pour 
laiiTer  fortir  les  vaKfeaux  qui  vont  aux    cuifTes, 
Ceux  qui  fuppofoient  une  dupHc^ure  au  péritoi- 
ne  avoient  imaginé    ces  trous  ;  mais  comme  la 
gvolîe  artère  ,  la  véne  cave  ,  les  vailfeaux  umbili- 
caux  &  la  matrice  font  placez  hors  le  peritoine,il 
eft  inutile  de  leur  chercher  des  entrées  &  des  for- 
ties. 

Le  péritoine  dans  l'homme  a  deux  productions  froduafon 
ou  allongemens  ,  un  de  chaque  cote  qui  condui-  ^c. 
fendes  vailFeaux  fpermatiques  aux  tefticules.Dans - 
la  femme  il  ne  couvre  que  jufqu'à  moitié  chemin 
les  ligamens  ronds.  Loifque  ces  produârions  font 
parvenues  aux  tefticules ,  elles  s'clargiirent  pour 


1^6  Des  Parties  qui  fervent  a  la  Chili  fie, 
les  envelopcij&  former  leur  (econdc  membrane 
propre  ,  apcilée  clytroide  ou  vaginaie,pàrce  qu'el- 
le relîemble  a  une  guainc. 
y-iffeau  11  reçoit  de  petiicb  branches  de  nerfs  de  ceux  qui 
^u^  pci.toi'  Çç  diltiibuenc  aux  mufcles  de  l'abdomen  j  les  artè- 
res viennenc  des  Phreniques ,  des  Mammaires  ôc 
des  Epigallriques,&  fes  vcnes  reportent  le  fuperfla 
de  fa  nourriture  aux  vcnes  phreniques  Ôc  epigaC- 
triques. 

Ufnge        L-^  ufages  du  péritoine  font  de  contenir  &  de 
du  ,>eritoj-         ,  o         ,  t  .         i      i  ,-x 

^^^  renfermer  quelques  parties    du  bas  ventre.    Ou 

cioyoic  qu'il  leur  donnoic  à  chacune  une  tunique, 
car  outre  les  propres  qu'elles  ont,  elles  dévoient 
félon  les  Anciens  en  recevoir  encore  une  com- 
mune du  péritoine  ,  c'eft  ce  qui  l'avoit  fait  apeU 
1er  la  mère  de  toutes  les  membranes  qui  font  dans 
le  bas-vent'e. 

Le  aom-       LXnombril  eft  un  nœud   formé  de  la  réunion 
bru.  des  vaiffeaux  umbilicaux  ;  que  l'on  coupe  à  l'en- 

fant auili  tôt  qu'il  eft  né  ;  on  l'apelle  aulli  umbilic 
du  mot  Latin  umbo  ,  qui  fignifie  milieu  ,  parce 
qu'il  n'eft  pas  feulement  place  au  milieu  du  ventre: 
mais  encore  au  milieu  du  corpsicela  eft  (i  vrai  que 
fi  l'on  étend  les  deux  bras  ,  éc  que  l'on  écarte  les 
jambes  ,  on  trouvera  que  ces  quatre  extremitez 
font  un  cercle. 
Qiî'eft-ce  11  raut  coniidercr  l'umbilic  ou  à  l'enfant ,  lors 
don.  ^  ^^^'  4*^'^'^  ^^  encore  dans  la  matrice  ,  ou  à  l'homme 
parfait  :  à  l'enfant  c'eft  un  cordon  de  la  longueur 
d'une  aune,  ou  environ  ,  qui  va  de  l'arriére  faix 
jufqu'au  ventre  de  l'enfant,  &  qui  renferme  alors 
quatre  vaiiïeaux  qui  font  une  véne  ,  deux  artères 
&  l'ouiaquc. 

ufagcs         Ce  cordon  fert  à  conduire  ces  vailTcaux  quiau- 
rolent  été  trop  foibles  d'eux-mêmes  pour  faite  ce 


c  ce  cor 


//.  Démonflratîon  Anntom,  157 

long  chemin,  &  pour  pouvoir  refîfter  aux  moiivc- 
mcns  de  Tenfant  ;  Sa  longueur  eft  utile  à  l'enfant, 
afin  qu'il  puille  fe  remuer  commodément  dans  la 
matrice  j  &:  que  l'entant  &  l'arriére  fait  puiilent 
fortir  l'un  après  l'autre.  Aufîi-tôt  que  l'enfant  eft 
né,l'on  fait  une  ligature  à  ce  cordon  deux  travers 
de  doigts  proche  le  ventre  de  l'enfant  ,  &  on  le 
coupe  au  de(Tus  de  la  Hgature,enfuitc  la  nature  fe- 
pare  ce  qui  en  refte,  de  manière  qu'il  n'en  demeu- 
re plus  qu'un  nœud  ,  tel  que  vous  le  voyez, &  tel 
que  nous  devons  le  coniiderer  à  l'homme  parfait, 

Lesr  quatre  vaiifeaux  que  nous  appelions   umbi-     Ç^"^''''<= 
licaux  y  lont  attachez  ;  i  un  qui  elt  la  vene  monte  umbilicauSi 
en  haut ,  &  les  trois  autres  ;  fçavoir  les  artères  ^ 
l'ouraquedefcendent.  Ces  vailFeaux  font  conduits 
du  nombril  jufqu'à  leur  infertion  entre  les  mufcles 
&  le  péritoine. 

La  véne  umbilicale  va  s'inférer  dans  le  (înus  vé-  G 
neux'dela  cave,  pour  y  porter  le  fang  &  le  chyle  umbilicale. 
tout  enfcmblejcar  il  eft  conftant  que  ce  fang  doit 
être  plein  de  chyle;  c'eft  celui  de  la  mère  qui  s'eft 
filtré  abondamment  dans  les  glandes  de  la  matrice, 
&  dans  celles  du  placenta ,  qui  d'imperceptibles 
qu'elles  étoient  d'abord,  deviennent  dans  la  luite 
fi  prodîgieirfement  grolTes  qu'on  ne  peut  trop  s'e- 
tonner  de  cet  etfet  furprcnanr. 

Les  deux  artères  vont  on  plutôt   viennent    des       DO 
iliaques  ;  l'ouraque  qui  eft  au  milieu,  va  s'attacher  u^bUica-*^* 
au  fond  de  la  velîie.  les 

Je  ne  conviens  pas  des  ufages  que  l'on  donne  a  L'o^j-aque. 
ces  vaifleaux;  l'on  prétend  ,  par  exemple  ,  que   la 
véne  fert  de  ligament  au  foye,  ce  qui  ne  peut  pas  Ufages  des 
être  par  trois  railonstla  première  eft  qu'elle  lui  nui>  ^^'^^r^f  ^ 
roit  plutôt   quelle  ne  lui  lerviroit ,  puncju  elle   le  i-nsThoin- 
tjreroic  cubas  :  la  féconde  eft  qu'elle  ne  peut  pas  ^^' 


ijS     Des  -parties  qui  fervent  à  la  Chîltfîc, 
le  foùtenir  en  devant  ,  éranc  attachée  au  nombril^ 
qui  obéit  à  tous  les  mouvemens  du  ventre  :  &  la 
troifiéme  eft  ,  que  le  foye  a  fufKfamment  de  liga- 
mens  à  fa  partie  fuperieure' ,  fans   qu'il  ait  befoin 
de  celui-ci  ;  à  quoi  l'on  peut  ajouter  que  ce  ieroic 
mal  afl'urer  un  ligament  que   de  l'attacher  à  une 
véne  comme  eft  la  porte ,  dont  la  membrane  eft 
mince  comme,  du  papier, 
Errcurfiir       Quelques  Auteurs  veulent  que  les  artères  ilia- 
Ifs  artcrcf    qugs  fervent  à  appuyer  la   vefîie  ;  mais  c'cft  mal  à 
propoSjpuilqu  elles  en  lont  éloignées  de  deux  tra- 
vers de  doigts,  &  que  ces  vaillcaux  ,  aufîi  petits 
qu'ils  font,  feroicnt  un  foible  appui  pour  la  vefïie, 
qui  d'ailleurs  n'en  doit   point  avoir  pour  fe   pou- 
voir étendre  félon  Tes  befoins. 
rcur"fur  ^'^'       A  l'égard  de  l'ouraque  ,  l'on  a  prétendu  qu'il 
l'ouraqucs.   fervoir  de  conduit  pour  vuider  l'urine  de  l'entant 
dans  les  membranes  ;  mais  comme  je  ne  l'ai  jamais 
trouvé  cave  ,  je  ne  croi  point  qu'il  ait  ces  ufages. 
Outre  cette  cxpcricnce,la  raifon  veut  que  l'enfant 
n'urine  point  dans  le  ventre  de  la  mère  ,  puifquc 
le  chile  qui  lui  eft  porté  avec  le  fang  pour  fa  nour- 
riture ,  eft  purifié  avant  que  d'y   alleK,&  que  d'ail- 
leurs l'on  trouve  d'autres  caufes  des  ferofitez  dans 
lefquellcs  nage  le  fœtus  fans  les  chercher  dans  les 
urines  ;  mais  le  véritable  ufagc  que  l'on  doit  don- 
ner à  l'ouraque,eft  de  fufpendre  le  fonds  de  la  vef- 
fie ,  &  d'empêcher  qu'il  ne  tombe  vers  fon  col , 
afin  de   la  rendre  capable  de  contenir  une  plus 
grande  quantité  d'urine. 
àSlW         ^^  fentiment  des  Modernes  n'eft  pas  feulement: 
Icaur  umbi-  différent  de  celui  des   Anciens  fur  î'ufage  de  ces 
fœcas.  *"     vaiffeaux  à  l'homme  parfait ,  mais  encore  à  l'é- 
gard de  ceux  du  fœtus  ;  l'opinion  ancienne  étoit 
que  les  artères  lui  portoient  le   lang  artériel ,  &c 


//.  Demonfiratlon  Aaatom.  i$9 

les  venes  le  fang  vénal  ;  &  comme  cela  répugne 
à  nôtre  principe  &:  à  l'expérience  ,  voici  en  peu 
de  mots  comment  cela  Ce  faîtjles  artères  de  la  mè- 
re portent  une  certaine  quantité  de  fang  dans  le 
placenta  ,  qui  y  étant  verfé  ,  eft  reçu  par  les 
branches  de  la  véne  umbilicale ,  qui  le  conduit 
dans  la  véne  porte  pour  êtrs  filtréà  travers  la 
fubftance  du  foye  de  l'enfant  avant  que  d'entrer 
dans  la  véne  cave ,  qui  le  porte  dans  le  vencri- 
cule  droit  de  ion  cœur,  d'où  il  paflè  dans  la  gau- 
che parle  trou  Botal ,  pour  être  enfuice  diUri- 
bué  à  toutes  les  parties  du  corps  par  les  artères, 
le  fuperflu  de  ce  iang  eft  reporté  par  les  deux  ar* 
teres  umbilicales  à  l'arriére  -  faix  ,  où  étant  répaiv- 
du  ,  il  eft  reçu  par  les  vénes  de  la  mère  qui  y  font 
difperfées  ,  &:  qui  le  reportent  dans'  les  greffes 
venes  pour  circuler  avec  toute  la  mafle  ;  oC  ainfî 
il  fe  fait  continuellement  une  circulation  du  fan^ 
de  la  mère  à  l'enfant ,  &  de  celui  de  l'enfant  à  la 
mère.  Une  marque  afl'urée  qu'elle  fe  fait  de  cet- 
te manière  ,  c'eft  qu'en  touchant  le  cordon  d'un 
enfant  nouveau  né,  l'on  y  fcnc  le  même  batte- 
ment qu'à  fes  artères  j  ce  qui  fait  voir  que  le 
fang  qui  remplit  les  artères  umbilicales ,  eft  le 
même  qui  vient  du  cœur  de  l'enfant ,  &  non  pas 
celui  de  la    mère  ,  comme  on  l'a  cru    fort  long- 

tems.  . 

r^  •  j      r         j     1  *-3  circu- 

C^e  mouvement  réciproque  du  Iang  de  la  mère  lation  delà 

à  l'enfant ,  Se    de  l'enfant  à  la  mère  eft  manifcfte  mcreiâ  ^cn- 
1     n      f  i  1  •  •      r  •  I     ;>       "OC  cit  ma- 
parla  Itructure  des  parties  qui  y  lervenc  :  il  n  y  a  jyfcftc. 

qu'à  faire  la  diftetlion  d'un  fœtus  ,  pour  en  de- 
meurer d'accord. 

Aulîi-tot  que  l'on  a  coupe  le  péritoine  ,  êz  que        fP 
on  en  a  relevé  les  quatre  angl^S5Comnic  ceux  des  pîoon. 
tcgumens  ,  on  découvre  une  membrane  graifleuf; 


i<?o     Des -parties  qpiî  fervent  a  la  Chtlljic* 
qui  nage  fur  les  boyaux  ,  que  Ton  apelle  épipiooiî 
d'autres  la  nomment  ornentum  parce   qu'elle  ferc 
de  couverrure  aux  intelb'ns. 
d/fépi!°"      Cette  membrane  eft  Tous  le  péritoine,  &  fur  les 
picoa.         boyaux  ;  elle  va  même  dans  leurs  finuollcez  j  elle 
s''etend  depuis  le  fond  du  vencricule  jufqu'au  nom- 
bril ,  où  elle  finit  pour  l'ordmaite  j  il  arrive   quel- 
quefois qu'elle  décend   jufqu'au  bas  de  l'hypoga= 
ftre  j  &  même  qu'elle  rombe  au^  hommes  dans  le 
fcrotum  j  alors  elle  eau  le  l'hernie  épiplocelle  ,  qui 
fe  forme  phis  fouvent  du  coté  gauche  que  du  droit, 
parce  que  l'épiploon  décend  plus  bas  de  ce  cote- 
là.  Et  loi^ue  cette  membrane  le  glillc  aux  fem- 
mes enfre  la  matrice  &  la  veiîie  ,  elle  prelïe  l'ori- 
fice de  l'utérus  ,  &  empêche  par  ce   moyen  la  gé- 
nération ,  félon  que  l'a  iema.Tqué  Hippocrate»    Sa. 
i  pefanteur  eft  ordinairement   de  demi-livre,  quoi- 

que rgfale  rapporte  qu'il  en  a  vu  un  de  cinq  li^ 
vres. 
crig'i^^^dc  ^^  figure  de  l'épiploon  eft  femblable  à  une  gib- 
lepipleon  beciere  ,  d'autres  la  font  relTcaibler  à  un  filet  de 
pêchrur  ,  c'eft  ce  qui  la  fait  apeller  rete  ;  en  Fran- 
çois un  refcau.  Il  a  a  fa  partie  moyenne  une  gran- 
de cavité  qui  eft  formée  par  deux  membranes  qui 
lont  éloignées  l'une  de  l'autre  ;  dont  l'externe  ou 
antérieure  eft  attachée  au  fond  du  ventricule  de  x 
la  ratte,&  l'interne  &c  pofterieure  à  l'inteftin  co- 
lon de  au  dos  fous  le  diaphragme. 

GraifTcde       En  examinant  de  prés  cette  partie,  l'on  v  troir- 
Icpipiaon,         j         A  »•   1  1  j-        r     j' 

ve  de  même  qu  a  la  membrane  adipeule,  de  petits 

vailTeaux  ^railt'eux  qui  fe  terminent  en  des  globu- 
les ,  qui  fervent  d?  canaux  à  la  graifte  que  l'on  y 
voit  ,  laquelle  fc  fond  fouvent  à  ceux  qui  ont  la 
fièvre  hectique.  Il  y  a  aulîi  une  infinité  de  vénes 
limphatiques,  qui  par  leur  rupture    caulent  une 

hyJiopihe 


/ /.  Démonftmtîon  Anatom,  iGi 

hycîropide  dans  cette  cavité ,  laquelle  ne  fe  gtie* 
lit  que  par  la  ponélion. 

L'épiploon  fe   corroiiipt  facilement ,  lorfqu'il     L'épi'- 
cft  altéré  par  l'air  ;  c'eft  pourquoi  dans  les  biefl  v^^"^  ^* 
^iLues  du  bas-ventre  ,  on  cil  oblige  d  en  couperja  par  l'air» 
partie  qui  eft  fortie  dehors  :  Il  y  a  aufîi  des  ma- 
ladies qui  le  gâtent  &  qui  le  corrompent ,  com- 
me il  ell  aifé  de  l'obferver  aux  fcorbutiques  ,  aux 
phtilîques  ,  aux  hipocondriaqucs  ,  &  à  quelques 
autres. 

Il  a  plulieurs  vailTeaux  qui  fe  répondent  par  VaifTeauS 
toute  fa  fubftance  ;  &:  il  en  a  même  plus  qu'au- '^f '^P^' 
cuneautrç-membrane  a  proportion  delà  grandeurj 
il  reçoit  de  petits  nerfs  du  rameau  intercoftal  de  là 
huitième  paire  ,  il  a  pluiicurs  artères  qui  viennent 
de  lacœliaqne,&  plulieurs  vénes  qui  vont  fe  ren- 
dre dans  la  porte  :  l'on  y  trouve  aufli  une  grande 
quantité  de  petites  glandes  qui  n'y  font  pas  fânS 
quelque  utilité  particulière* 

Les  ufages  que  l'on  donne  à  l'épîploon  font  Ufagcsdc 
d'échauffer  le  fond  du  ventricule  ,  afin  de  lui  ^'épiploon* 
aider  par  fa  chaleur  à  faire  la  digeftion  ^  &  d'y 
exciter  la  fermentation  des  alimens  ;  de  couvrir 
les  boyaux  ,  &  enfin  de  conduire  le  rameau  fple- 
nique  &  les  autres  vailleaux  qui  vont  au  ventri-» 
cule  ,  au  duodénum ,  ou  au  colon.  Galîen  rap- 
porte qu'un  Gladiateur  à  qui  l'on  avoir  coupé  de 
l'épîploon ,  étoit  fort  fenfible  au  froid  ,  &  qu'il 
etoît  obh'sé  d'avoir  fon  ventre  couvert  de  laine; 
pour  faciliter  la  digeftion.  Riolan  8c  quelques  au- 
tres nous  affurent  au  contraire  que  des  perfonnes 
à  qui  on  l'avoit  coupé ,  fe  portoient  fort  bien* 
Cette  contrariété  de  fentimens  nous  fait  doutéi* 
de  fes  véritables  ufages ,  d'autant  plus  que  nous 
fommes  certains  du  mal  qu'il  fait  par  les  hernîes 

L 


ï6i     Des  parties  qui  fervent  a  la  Chllific, 
qu'il  eau  Te  ,  &  que  nous  ne  connoillons  point  en- 
core le  bien  qu'il  piocure  à  l'homme. 

Le  corpj        Depuis  la  bouche  iufqu'à  l'anusil  y  a  un  corps 
Cf^nnna  des  .  i        j,  i  i  i  ^  ^ 

boyiux.       continu    oc  très  long  ,  dont  le    commencement 

donne  entrée  aux  alimens ,  le  milieu  les  reçoit  & 

les  garde  pendant  un  [cmSj&  la  fin  en  laitle  lortir 

,.r  les  excremensice  jTrand   cheniin  par  où  palî'e  tout 
Nomsdif-  ^  j  "^      j-rr^  , 

fercDs  de  ce  ce  que  nous  prenons  a    des    noms  dirrercns.  La 

corps  con-  partie  qui  eft  depuis  la  bouche  jufqu'au  diaphra- 
gme fe  nomme  l'œfophage  ou  gofier  j  Celle  qui 
cft  plus  large  &  plus  capable  de  contenir  ,  s'ap- 
pelle le  ventricule  ou  la  pance:  celles  qui  font  ces 
cîrconvoluiions  font  les  inteftins,  ou  les  boyaux, 
&:la  membrane  qui  les  tient  tous  ,  ei.1;  le  mefcnrc- 
■  re.  Je  ne  ferai  point  la  deraonftration  de  I'olTo- 
phage  qu'en  faifant  celle  de  la  poitrine  dans  la- 
quelle il  eft  renfermé.Je  commenceray  par. le  ven- 
tricule, qui  eft  une  des  principales  parties  du  bas-  . 
ventre  ,  ëc  celle  qui  paroit  la  première  après  que 
l'on  a  levé  l'épiploon. 
Le  vaitri-       -^^  ventricule  ,  ou  petit  ventre,  eft  ce  q':e  nous 

«uic.  appelions  la  pance  ou  l'eftomac  ;  c'eft  une  paitie 

organique  ,  qui  eft  le  receptable  du  boire  (Sv  da 
mangcr,&  le  principal  inftrument  de  la  Chilihca- 
tion. 

&^grandcur      ^^  fituation  naturelle   eft  dans  l'épigaftre  ,  im- 

duvcntri-     mediatement  fous  le  diaphragme  entre  le  foye  &c 
-  la  ratte  :  Il  devroit  être  au  milieu  du  cops  ,  étant 

une  partie  unique  ;  mais  comme  le  foye  eft  plus 
grand  que  la  rattc  ,  il  le  poufTe  v^rs  l'hypocon- 
dre  gauche  ,  qu'il  occupe  prefquc  tout  par  la  par- 
tie la  plus  ample  6c  la  plus  large  ;  il  tient  plus 
ou  moins  de  place  ,  félon  qu'il  eft  plus  ou  moins 
grand  ;  car  il  n'eft  pas  égal  en  tous.  On  dit  que  - 
.ceux  qui  vivent  robrcmenc  ,  l'ont   mediocjc  ,  C^ 


/  /.  ^émonfiration  Anat'om,  163 

que  ceux  qui  fonc  gourmands  &  yvrognes  ,  l'ont 
au  contraire  fore  grand  ;  cela  n'eft  pas  toujours 
vrai,  puifqa'ona  dillequé  de  grands  buveurs  &  de 
grands  mangeurs,  dans  lefquels  on  l'a  trouvé  fore 
petir;,mais  en  recompenfe  deux  fois  plus  épais  que 
ceux  des  autres  hommes.  Les  femmes  l'ont  pour 
Tordinaire  plus  petit  que  les  hommes  parce  qu'- 
elles mangent  moinsj  &  ainfi  on  ne  lui  peut  don- 
ner une  grandeur  déterminée  :  d'ailleurs  étant 
membraneux,  il  peut  s'étendre  &  {e  refl'errer  fort 
facilement  ,  puifqu'il  peut  contenir  à  la  fois  juf- 
qu'à  trois  pitucs  de  vin  ou  d'eau  mefure  de  Paris, 
&  trois  ou  quatre  livres  de  viande. 

Sa  figure  eft  ronde  &  oblonaue,  elle  relTemble    Figure  & 
a  une  cornemule  ,  particuhercment  lorlque  lon^yyçpjj^. 
y  lalife  l'œfophagc  ,  &  une  portion  de  l'inteftin  cule. 
duodénum.  Il  eft  également  convexe  &  rond  par 
devant  ,  mais     par  derrière   il   fait  comme  deux 
bolTcs  e|ui  font    ieparécs  par   l'épine  ,  parce  qu'il 
faut  qu'il  i»'accommode  à  la   figure  du   lieu  qu'il 
occupe.  Sa   fuperficie   externe  eft  polil^y-&  blan- 
châtre ,  &  l'interne  eft  ridée  &  rougeatre  :  il  eft 
attache  en  haut    au  diaphagme  5  en  bas  à  l'épi- 
ploon  y  du    coté  droit  au    duodénum  ,  &  du  gau- 
che à  la  ratte. 

Le  ventricule  eft  compofé  de  trois  membranes,  Troismem- 
fçavoir  une  commune  ,  éc  deux  propres.  ventrTcuIe 

La  membrane  commune  ou  l'extérieure  du  ven-       H 
tricule  eft  beaucoup  moins   épaiflc  que  les  deux  nfyne|^" 
propres  qu'elle  renferme;  fes  fibres  vont  d'un  ori- 
fice a  l'au:re,elles  font  très- fermes  &  tendineufcs, 
afin  d'empêcher  les  deux  autres  membranes  defe 
trop  dilaterjC'eft  elle  qui  foûtient  &  qui  renferme 
toutes  les  raraificatiotis  des  vaifteaux  qui  rampent 
fur  le  ventricule  . 

L  ii 


I  (3  4         -D^-^"  Pi^rtles  (jut  fervent  a  la  Chili  fie, 
I  La  féconde  qui  eft  celle  du  milieujeft  la  premic- 

micrcdes"   ^^  ^^^  tuniques  propres  j  elle  eft  charnue  afin  de 
propres,       mieux  s'étendre  &  fe  rellerrer  ;  elle  a  une  infinité 
de  fibres  droites ,  obliques  &  tranfverfes  diverfe- 
ment  arrangées;les  premières  vont  en  droite  ligne 
depuis  l'orifice  fi.iperieur  jufqu'à  l'inférieur,  que 
l'on  nomme  pilorciles  autres  deicendent  oblique- 
ment des  cotez  du   ventricule  vers  le  fond  en  fa 
fuperficie  convexej&  les  tranfverfes  en  embralfenc 
tout  le  corps  de  haut  en  bas.Toures  ces  fibres  fer- 
vent à  rétrécir  le  ventricule  de  toutes  parcs  ,  afiw 
d'exprimer  par  ce  moyen  le  fuc  des  petites  glandes 
de  la  troifiéme  tunique  ,  6c  de  faire  couler  les  ali- 
mens  liquéfiez,  &  tout  ce  qui  y  eft  contenu  par  le. 
pilore  dans  les  inteftins. 
Lafccor-      ^^  troiliéme  membrane  ,  qui  eft  rinterieure,eft 
de  &  dcr-  toute  nerveufe,&par  confequent  tres-fenfiblejflle 
prow«       ^  quantité  de  plis  &  de   rides  qui  la  rendent  plus 
ample  que  les  autres  ,  &c  qui  empêchent  qu«  les 
alimens  ne    s'échappent  &  ne  coulent  avec  trop 
de  facilité  dans  les  inteftins  avant  que  d'être  par- 
faitement digérez. 
Opinion       II  y  en  a  qui  prétendent  qu'un  rcfte  de  ces  mé- 
rmcntdcîâ  ^""^^^  alimcns  demeuré  d'un  repas  à  l'autre  dans 
taira  &  de  ces  rides  s'aigrilîant  &  picotant  cette  merabiane 
iiioit.        excite  la  faim,&:  qu'il  fcrt   de  ferment  pour  la 
digeftion  des   nouveaux  alimens  ;  &    que  ce  qui 
caufe  la  foif  eft  ia  iecherellè  des  fibres  de  cette 
même  membrane, 
UcUitédu      L'expérience  nous  fait  voir  que  cette  membrane 
aciac.    ^^  parfemée  de  plufieurs  petites  glandes,  qui  font 
comme  autant  de  lources  qui  verfent  continuel- 
lement dans  l'eftomac  un  fuc  acide  ,  qui  fert  de 
levain  pour    faire   fermenter  les  alimens  j  &  de 
menftruë  pour  les  diftoudre. 


/  /.  Béwovflration  AnatQm,  1 6$ 

Le  ventricule  fe  divife  en  partie  convexe  ,  éc     DiVifion 
en  partie  cave  ;  la  première  regarde-les  intcftins,  culc.'^"'"^^" 
&  l'autre  le  diaphragme.    Outre  ces  deux  parties 
on  y  confidere  encore  fes  deux  orifices  &  Ton 
fond. 

L'orifice  fuperieurcft  au  côté  gauche;  il  eft  j.^c 
appelle  par  quelques-uns  la  bouche  du  ventricule  fupciïeur. 
&  par  d'autres  l'ellomac.  Il  commence  où  l'œfo- 
phage  finit,  il  eft  d'un  fentiment  tres-vif  à  caufe 
de  la  quantité  des  nerfs  qui  l'environnent  :  il  eft 
plus  ample  que  celui  qui  eft  au  côté  droit ,  parce 
que  c'cft  lui  qui  reçoit  les  alimens  ,  &  leur  donne 
enfrce,quoi  qu'ils  ne  foient  quelquefois  qu'à  demi 
mâchezrll  eft  fitué  vis-à-vis  l'onzième  vertèbre  du 
dosiil  eft  exadement  fermé  par  une  infinité  de  fi- 
bres charnues  &  circulaires  dans  le  temps  qu'il  ne 
reçoit  point  d'aliment  ;  ce  qui  étoit  necelfaire  non 
feulement  pour  en  mieux  faire  la  codion ,  mais 
encore  pour  empêcher  que  les  alimens  ne  regor- 
geaftent  dans  la  bouche  ,  &  que  les  fumées  eau- 
fées  par  la  digeftion  n'incommodallent. 

L'orifice  inférieur  eft  au  côté  droit,  il  eft  ap-     ..^.^ 
11  /    .1  5  n  '    j-  •  j  A.     L orifice 

pelle  pilore  ;  c  elt  a  dire  portier  ,  parce  que    c  elt  iofcrieur. 

lui  qui  laide  fortir  les  alimens  du  ventricule, 
après  qu'ils  y  ont  été  digérez  &  changez  en  chile; 
Q^ioiqu'on  le  nomme  inférieur,  ce  n'eft  que  par 
rapport  au  premier,  qui  eft  placé  un  peu  au  def- 
fus  de  lui ,  &  non  pas  par  rapport  au  fond  ,  puif- 
qu'îls  en  font  preique  également  éloignez  ;  il  eft 
un  peu  courbé  ,&  quelquefois  cartilagineux  :  Il 
eft  foit  étroit ,  parce  qu'il  eft  rempli  de  fibres 
tranlverfes,  &  environné  d'un  cercle  épais,  com- 
me fi  c'étoit  un  rajiifcle  circulaire,  ou  un  fphin- 
â:er  qui  le  fermât  :  cependant  fon  adtion  diffère 
de  celle  des  fphin(^ers  de  l'anus  ,  &  de  la  veirie, 

L    iij 


j66  Des  Parties  qui  ferve/it  a  la  Chlllfia. 
en  ce  qu'elles  font  volontaires,  &  que  celle-ci  cft 
naturelle,  puifqu'il  ne  dépend  pas  de  nôtre  volon- 
té  d'arrêter  on  de  lailTeu  fortir  le  chile.  Je  l'ai 
trouvé  à  un  Officier  de  la  Mufique  du  Roy  telle- 
ment dur  <Sc  retrcllî  ,  que  les  alimens  après  avoir 
été  digérez  j  ne  pouvant  fortir  par  le  pilore  ils 
croient  obligez  de  revenir  par  le  vomillèmenr, 
c'eft  ce  qui  fut  cauff  de  fa  mort.  On  remarque 
au  pilore  une  éminence  intérieure  qui  tient  lieu 
de  valvule. 
Le  fo  d  du  ^^  ionà  du  ventricule  eft  cette  partie  ronde  & 
ventricule,  charnue  qui  eft  entre  les  deux  orifices  ;  c'eft  l'en- 
droit où  eft  le  Magalln  du  boire  &  du  manger  ,  <?c  ' 
où  fe  fait  la  fermentation  cC  la  diçreftion  des  ali- 
mens  :  Ce  fond  s'étend  &  fe  lellerre  à  proportion 
des  alimens  qu'il  reçoit  ;  car  il  en  embrafle  auffi 
bien  une  petite  quantité  qu'une  grande.  H  eft  uni- 
que,&  s'il  s'eft  trouvé  quelquefois  feparé  en  deux^ 
cela  eft  rare  &  contre  nature, 
P?  Le  ventricule    reçoit  des  nerfs  de  la  huitième 

j       -^?v;*pai'-'c  i    il    V  en  a  deux  qui  forment  un  plexus  à 
du     ventii- r  '  /.  ^  ,t 

culc.  i  orihce  luperieur  ,  ce   qui  le  rend  extrememene 

/enfible  ;  il  en  reçoit  encore  du  plexus  hépati- 
que &  de  l'intercoftal ,  c'eft  pourquoi  il  ne  faut 
pas  s'éronher  fi  le  ce  rvcau  aiant  été  ébranlé  ;,  il 
arrive  des  vomîiremcns  ;  ni  de  ce  que  le  ventrî- 
c'^\q  étant  difposé  ,  tout  le  refte  du  corps  s'en 
refTent  :  Il  reçoit  des  artères  de  la  cœliaque  ,  qui 
iui  portent  du  fang  pour  fa  nourriture  ,  lequel 
eft  enfuite  reporté  dans  la  vêne  porte  par  les  vé- 
nes  gaftriqucs  &  gaftrepiploiques  \  ces  vaifteaux 
nous  prouveit  que  le  ventricule  eft  nourri  de 
fang  Si  non  pas  de  chile  ,  comme  quelques-uns 
l'ont  crû. 

L'on  trouve  encore  au  fond  du  yentiiçulc    un 


IL   Démey^cration  AnAtom»  lèj 

vaideau  que  l'on  appelle  vas  brève  ,  parce  qu'il  Lev»s 
cil  fort  coure  ;  il  a  plufieurs  petits  rameaux  qui  '^^'^^' 
vont  du  fond  du  ventricule  à  la  ratte  ,  ou  bien 
fuivant  l'ufagc  que  les  Anciens  ont  voulu  leur 
donner  de  la  ratte  au  ventre  i  car  ils  croyoient 
que  la  ratte  luy  envoyoit  par  ces  vaifTeaux  un  fuc 
acide  j  qui  agiiTant  fur  la  membrane  intérieure  de 
l'cftomac  ,  y  caufoit  le  fentimenr  de  la  faim  ;  qu'il 
y  arrêtoit  les  alimens  autant  de  temps  ,  qu'il  étoic 
ncce(raire;&  que  ce  même  fuc  par  Ton  acidité  ai- 
doit  à  leur  dilTolLitionjmais  ce  raifonnement  fe  dé- 
truicjors  qu'examinant^les  rameaux  de  ce  vaiileau, 
l'on  voit  qu'ils  ne  percent  point  dans  l'eftomac,& 
que  ce  ne  font  que  des  branches  de  vénes  qui  re- 
portent le  fang  dans  le  rameau  fplenique,  d'où  il 
paire  à  la  vcne  porte. 

L'ufage  du  ventricule  étant  de  recevoir  les  alî-     Ufsgcdu 
mens  ,  de  les  cuire  &  de  les   convertir  en   chile  ,  ^'^^^'^iculc. 
il  faut  vous  expliquer  comment  ie  fait  ce  te  con- 
verfion,  qui  ell  ce  que  l'on  appelle  ordinairement 
Chiliticaticn. 

L'opinion  commune  a  efté  que  la  chaleur  na-    Sentiment 
tiirelle  en-étoit   le  principal  inftrumcnt   ,&  q^ g  des  An- 
non  feulement  la  chaleur  propre  du  ventricule  y 
contribuoit,  mais  encore  celle    des  parties  voi- 
iînesjque  tous  les  alimens  y  étoient  comme  dans 
une  marmite  ,  fous  laquelle  on  met  beaucoup  de 
bois  pour  les  faire  cuire  5  &  que  le  foye  ,  la  ratte, 
le  pancréas  &  l'épiploon  étoient  auunt  de  bûches 
allumées  a  i'entoiir  du  ventricule  ,  pour  faire    la 
co£tion  &   la  di^eftion  de  ces  alimens.    D'autres 
pretendoient  qu'il  y  avoit    dans  le  ventricule   de 
chaque  animal  ,  une     faculté   qu'ils  appelloient 
Chiiifique  ,  ^  que  c'étoit  cette  même  faculté  qui 

L   iiij 


ï6î      Des  parties  qm  fervent  a  la  Chlllfic, 
faifoît  la  digcftlon  des  alimensj&  qui  les  convcr- 
tilToit  en  chile. 
târnanic-        Ce  feroit  ignorer  la  ftrudlurc  de  i'eftomac  que 
f*Madr-     ^  déférer  au  fentimcnt    des  Anciens  fur  la  di. 
gcftiondcs   geftion  des  alimens  ,  puifqu'il  n'y  a  qu'à  fçavoir, 
alimcns,      ^  pour  l'expliquer  d'une  manière  méchanique  & 
naturelle  )  que  les  membranes  internes  de  rœfo- 
phage  &  du  ventricule  font  toutes  perfemées  de 
glandes  qui  y  verfent  continuellement  un  fuc  aci- 
de, qui  eft  un  dilTolvant  aulîi  puilîant  à  l'égard 
des  alimens ,  que  l'eau    forte  l'eft  à  l'égard  des 
métaux  :  cependant  il  ne  faut  pas  s'imaginer  que 
CQS  glandes  foient  l'unique    fource    de  ce  diiIbU 
vaut,  y  en  ayant  une  autre  dans  les  glandes pa- 
rotides  &  maxillaires  ,  d'où  naiffent  de  petits  ruii- 
ièaux  de  falive  ,  qui  coulant   par  les  conduits  fa- 
livaires,  vont  fe  rendre  dans  la  bouche  ,  pour  y 
détremper  les  alimens ,  &c  y  commencer  leur  fer- 
mentation par  le  fuc  acide  ,  &  par   les  fels  vola- 
tiles dont  la  falive  eft  remplie,  lorfqu'elle  n'eft  nî 
trop  épaiffe  ni  trop  aqueule:car  alors  elle  ne  peut 
ni  détremper  les  alimens  ,  ni  procurer  leur  difïo- 
lution  ,  fes  efprits  &  fes  fels  étant  ou  embarraiTez 
dans  une  liqueur  trop  grofiierCjOU  noyez  par  une 
trop  grande  quantité  de  phlegme.  Les  alimens  les 
plus  folides  après  avoir  été  broiez  dans  la  bou- 
che &  pénétrez  de  la  falive,  font  conduis  par  l'œ- 
fophage  dans  I'eftomac  ,  ou  par  le  fecours  du  fuc 
acide  ,  tant  de  celui  qu'ils  y  trouvent ,  que  de  ce- 
lui qui  y  diftillefans  celfe  ;  ils  deviennent  très-li- 
quides, alors  cette  liqueur  ne  pouvant  remonter 
par  l'œfophage  à  caufe  de  fa  fituation  ,  de  du  dia-, 
phragme  qui  comprime  I'eftomac,  coule  par  le  pi- 
îore  dans  les  inçcftins  ,  où  elle  eft  encore  perfeç-» 


/  /.  Demonflratlon  Anatom.  i  ^9 

tionnée  par  le  mélange  Je  la  bile  &  da  fuc  pan- 
créatique ,  comme  nous  vous  le  ferons  voir  par 
la  fuire  en  parlant  des  vénes  lactées. 

Voilà  comment  fe  fait  la  diirolution  de  l'aliment  Lcj  chiens 
dans  l'Homme  :  Elle  fe  fait  encore  plus  prdmpte-  &  •"  '«upi 
mcnt  aux  animaux  qui  ont  ce  diUolvanc  plus  rort,  ^cftion. 

comme  aux  chiens  &:  aux  loups,  qui  digèrent  raê-  prou  px- 

I  /-»  •        1  •  j-,r  I     •       me.it. 

me  les  os.  On  convient  bien  que  cette  dillolution 

eft  aidée  par  la  chaleur  naturelle  ,  tant  du  ventri- 
cule que  des  parties  voifines ,  &  qu'elle  facilite 
même  la  pénétration  du  diflblvant  \  mais  on  ne 
tombe  pas  d'accord  qu'elle  en  foit  le  principal 
inllrument,comme  on  l'a  crû  ,  ni  qu'on  ait  beloiii 
d'aucune  faculté  chilifique, 

La  faim  &  lafoîffont  les  deux  fentimens  qui    Comment 
agitent  alternativement  le  ventricule  :  la  faim   eft  f^im  ^  \^ 
caufée  par  une  liqueur  acide  qui  diftilLe  fans  celTe  fo'f- 
dans  la  cavité  de  l'eftomac  ,  de   fes  glandes  pro- 
pres j  &  de  celles  de  l'œfophage.    Quand  cet  aci- 
de ne  trouve  point  d'alimens,  il  agite  &  picote  les 
membranes  de  l'eftomac  ,  &  fait  ce  que  nous  ap- 
pelions la  faim^&  quand  il  s'élève  quelque  vapcut 
qui  échauffe  l'orifice  fuperieur  du  ventricule,  ce 
qui  pour  lôrs  nous  porte  &  nous  détermine  à  le 
rafraîchir  par  la  boilïon  ,  c'eft  ce  que  l'on  nom- 
me la  fbif. 

Les  înteftins  ou  boyaux  font  des  corps  longs  ,  t^^ 
rondSi  creux  &  continus  depuis  le  pilote  jufqu'au  yaux. 
fondement:  Ils  font  ainfi  apellez  du  mot  Larin  'm- 
tus  ,  qui  fignifîe  dedans ,  parce  qu'ils  font  placez 
au  dedans  du  corps  ,  &  qu'ils  reçoivent  dans  leur 
cavité  le  chiie  &  les  excremens  de  la  première 
co6tion. 

Ils  font  fituez  fous  l'épiploon  dans  le  ventre  in-  (^£5^"^"°" 
ferieur  dym  ils  rempliirent  prefque  toute  la  capaci- 


aux. 


1 70  Des  parties  quî  fervent  a.  la  Chlllfic» 
té,  qui  eft  depuis  le  ventricule  jufqu'a  l'os  pubis;.^ 
ils  font  attachez  au  dos  pariemoïen  du  mefenrere 
qui  les  lie  enfcmble  ,  de  manière  que  les  grc-fles 
font  au  milieu  du  ventre  a  la  région  umbilicalej& 
les  qros  à  la  circonférence. 
Grandcuc  Les  înteftins  n'ont  pas  tous  la  même  grofTeur, 
*  ^y^**^*  ni  le  même  diamètre  ;  mais  ils  ont  pour  l'oidi- 
lîjire  fept  fois  la  longueur  du  coips  dont  on  les  4 
tirez  ;  cette  grande  étendue  ,  &  les  différentes  cir- 
convolutions que  la  nature  a  été  obligée  de  leur 
donner  à  caufcde  la  petitefTe  de  l'efpace  qu'ils  oc- 
cupent,écoicnt  necfciïaircs,  tant  pour  y  retenir  plus 
long-tems  les  alimenSj&  les  faire  fermenter  parle 
mélange  de  la  bile  &  du  fuc  pancréatique,  qui 
pour  feparer  le  chi'e  d'avec  Tes  excremens,  &:  le 
rendre  par  le  moien  de  ces  deux  liqueurs  plus 
coulant  &  plus  fubiil ,  &par  confequenc  plus  ea 
état  de  paflerdans  lesvénes  laftées. 

D'ailleurs  fi  l'homme  n'avoit  eu  qu'un  boyau,  il 
auroit  été  obligé  de  mander  fans  cetre.comme  font 
les  loups  cerviers  &  les  cormorans ,  à  caufe  qu'ils 
ont  les  boyaux  fort  courts  j  c'eft  par  cette  même 
raifon  qu'un  homme  more  hydropiqne  dont  j'ai 
fait  l'ouverture  ,  oc  dans  lequel  je   n'ai  trouvé  de 
boyaux  qu'autant  qu'il  en  falloir  pour  aller    du 
ventricule  à  lanus,  mangeoir  à  toute  heure  pen- 
dant fa  vie  ,  ôc  avoir   même  foin  de  mettre  tous 
les  foirs  du  pain  auprès  de  lui,  afin  de  manger  la 
nuit  lorfqu'il  s'évcilloif. 
.  -       Les  inteftîns  font  couverts  de  (yrailTe  par  dehors, 
des  boyaux  ^  P^^'  dedans  us  font  enduits  d  une   mucoiice  qui 
cil  uc:ie.      les  défend  contre  l'acrimonie  de  la  bile  &  des  hu- 
meurs qui  y  pafîcnt  incellammenr. 

La  fubftance  des  boyaux  efl  membraneufe,  afin 
jubitancc  ^^..|^  puiffent  s'étendre  ,  lorfqu'ils  font  pleins  ou 


1 1.  DcîKO/^ftratlon  yhiaîom,  iji 

de  chile  ,  ou  d'excreinnis  ,  ou  de  vencohrez:&  fe  des    bo- 
reiïcner  pour  faire  que  le  chile  entre  dans  les  ex-  ^^'~^- 
trémitez  des  vénes  la6léesj&  obliger  les  excremens 
de  continuer  leur  chemin  vers  l'anus. 

Elle  eft  composée  ,  comme  celle  du  ventricule,  Tro-jrr^ 
de  trois  tuniques,  fçavoir  d'une  commune  &;  de  biaocs  au< 
fdeux  propres?  oyaux. 

La  première  3   eft  la  membrane  que  l'on  apel-        ^ 
le  commune ,  parce    qu'elle    eft  continue  avec  la     La  com- 
membrane  extérieure  de  reftomac,&:  avec  le  me-  ""^^^• 
fenrere  &  le  péritoine  j    elle  eft  pins  dure  &   plus 
ieche que  les  deux    autres  qu'elle   renferme,  & 
ç^eft  ce    qui  fait  qu'elle  les   empêche    de  fe  trop 
dilater  lorfqueles    boyaux  font  pleins  de  ventofi- 
tez. 

La  féconde  tunique  des  inreftins  eft  charnue  Se        s 
tîlVuë  de  différentes  petites    fibres  ,  mais  particu-  '-^  Pi'cm'C' 
iierement  de  deux  fortes,dont  les  unes  font  circu    près. 
laircSjSc  les  autres  droites,  les  circulaires  font  pla- 
'cées  fous  les  droites  ,  &  aboatillent  à  la  partie  du 
mefentere  ,  qui   touche  les  inteftins ,  &c  les   fi- 
bres   droites  traverfent   les  circulaires  à  angles 
droits,  &fe  rendent  à  la   membrane  externe  des 
inteftins, 

Le  mouvement  periftaltiquc  des  inteftins  fe  fait  Lemou^e- 

\)^ï  la  contraction  de  fes  fibres  de  haut  en  bas, com-  ',"^"^  P'^''!- 
^1  •        -n.  1  •  •  1  (îaltiquc  &: 

me  le  mouvement  antiperiltaltique  arrive  par  iour  ^  ti  ?cri- 

contradtionde  bas  en  haut.  T'ai  fouvent  obfervé  ft^lique 
dans  des  animaux  vivans  que  j  ai  ouvert  ,  pour  y  f^^jj^ 
voir  la  diftnbutiou  du  chile, que  la  contraction  qui 
arrive  dans  le  mouvement  periftahique  ,  (  que 
quelques-uns  apellent  vermiculaire,parce  qu'il  eft 
fcmblab.le  à  celui  des  vers ,  )  ne  fe  fa't  pas  de  tou- 
tes les  parties  del'inteftîn  en  même  tems,  mais  des 
V,iK\".  après  les  autres.  Ce  mouvement  fe  fait    toii- 


1 7  i  D^s  parties  qui  fervent  a  U  Chllîfic, 

jours  de  haut  en  bas  ,  cane  pour  la  diftribucion  du 
chiie  ,  que  pour  chafler  dehors  les  grofl'es  matiè- 
res :  dans  le  mouvement  au  contraire  qui  fc  faic 
de  bas  en  haut ,  les  matières  remontent  6c  forccnc 
par  la  bouche  ,  au  lieu  de  fuivre  leur  cours  ordi- 
naire :  c'crt  ce  qui  arrive  dans  le  miferere  &  dans 
les    etranglcmens  de  boyaux  qui  fe  font  dans  les 
aines. 
Lafccnn-      ^^  troifiéme  tunique  des  inteftins  eft  nerveufe 
dcdcsprc-  comme  ccile  du  ventricule^  elle  ell  environ  trois 
P^"*  fuis  plus  longue  que  les  deux  autres  qui  la  cou- 

vrent :  elle  a  beaucoup  de  rides  &  de  piisqui  for- 
ment encore  plufieurs  petits  cercles  membraneux 
qui  fervent  à  retarder  le  mouvement  du  chile  ,  & 
la  defcente  des  excremens  :  les  artères ,  les  vcnes, 
ôc  les  vailîcaux  ladtez  qui  font  répandus  par  tout 
le  mefentcre  ,  fe  terminent  à  la  fuperficie  inté- 
rieure de  cette  tunique  :  fa  fuperficie  extérieure 
ell  remplie  auffi  d'une  infinité  de  petits  rameaux 
d'artères  &  de  véncs,&  de  petites  glandes,qui  font 
rangées  par  de  pe  its  paquets  de  dillance  en  diftan- 
cc  dans  les  inteftins  grefles.  Chacune  de  ces  glan- 
des eft  percée  par  un  petit  tuiau  ,  qui  rend  une  li- 
queur blanchâtre  ,  quand  on  les  prelTe:  mais  dans 
les'gros elles  font  femées  une  à  unedanstoute  leur 
furface  j  elles  ont  la  figure  d'une  lentille  >  &  fonc 
pareillement  percées  pour  fournir  une  liqueur  qui 
fcrt  à  faire  couler  les  matières  les  plus  grolïieres. 
Le  grand  nombre  des  nerfs  qui  forment  cette  troi- 
fiéme cunique,la  rend  tres-fenfiblejc'effc  pourquoi 
fa  partie  interne  ell  toujours  remplie  d'une  vifcofi- 
té  giaireufe  qui  l'a  fait  appeller  membrane  velou- 
tée,elie  humecte  &  défend  fes  fibres  contre  l'acri- 
monie de  la  bile  ,  &  la  dureté  des  excremens. 
Vs-TTcaux.      Les  boyaux  ont  beaucoup  de  nerfs  ,  d'artères. 


/  /.  Dêmonftratton  Amtom,  173 

&  de  vénes  qui  Te  répandent  entre  leurs  membra-  ^^^  t»e- 
nes,les  nerrs  viennent  de  la  huitième  paire.Us  por- 
tent le  lue  animal  qui  cft  necelfaire  aux  mouve- 
mens  des  fibres  charnues  de  la  féconde  tunique  : 
Les  artères  viennent  de  la  mefentetique  fuperieu- 
re  &c  intérieure  \  elles  leur  apportent  quantité  de 
râng,t*nf  pour  leur  nourriture,que  pour  le  filtter 
à  travers  les  glandes  ;  Les  vénes  vont  à.  la  porte  \ 
elles  raportent  au  tronc  de  cette  véne  le  lang  fu- 
perflu  de  la  nourriture  des  boyaux. 

Quoique  les  inteftins  ne  foient  qu'un  corps  con-    Divifion 
tinu  depuis  l'eftomac  jurqu'à  l'anus, néanmoins  on  ^^  ^"^^" 
ne  laiiîe  pas  de  les  divifer  en  grêles  &  en  gros;les 
grêles    font  trois ,  le  duodénum  ,  le  jéjunum  & 
l'iléon  :  les  gros    font  pareillement  trois ,  fçavoir 
le  cœcum  ,  le  colon  ,  &  le  redum. 

Les  inteftins  2;rêles  ou  menus  boyaux  font  ainfî  Lcsinte- 
nommez,  à  caufe  de  la  ténuité  de  leur  membrane.  "i"sgreks. 
Ils  font  fituéSjComme  je  vous  l'ai  déjà  fait  remar- 
quer>dans  la  région  moyenne  du  ventre  ,  aux  en- 
virons du  nombril,parce  que  leur  principal  ufage 
étant  de  perfectionner  &  de  diflribuer  le  chile  ,  ils 
le  font  plus  commodément  étant-auprés  du  me- 
fentere  ,  qui  les  tient  attachez  comme  à  leur  cen- 
tre,que  s'ils  en  étoient  éloignez:  d'ailleurs  les  vé- 
nes laélées  n'ayant  pas  tant  de  chemin  à  faire  ,  la 
diftribution  du  chile  s'en  fait  mieux  ,  &  beaucoup 
plus  promptement. 

Les  gros  inteftins  font  ainfi  appellez,à  caufe  que  Les  gros 
leurs  tuniques  font  beaucoup  plus  épaiftes  que  i^tcltius. 
celles  des  autres.  Ils  font  fîcuez  tout  autour  des 
grêles  ,  aufquels  ils  fervent  comme  de  rempart. 
Leur  ufage  eft  de  retenir  quelque  tcms  la  partie 
la  plus  groffiere  des  alimens  ,  &  de  fervir  de  ma- 
gaùn  aux  exciemens. 


174  Des  parties  qui  fervent  à  la  ChUific, 
Lc^uode-  Le  premier  de  inreftins  grêles  eft  ledaodenurn^ 
il  eft  ain(î  appelle  ,  parce  que  fa  longueur  eft  de 
dopze  travers  de  doigts  :  ce  quon  a  pouirant  pei- 
ne a  trouver  ,  à  moins  que  l'on  ne  comprenne  le 
pilore  dans  cerre  longueur.ll  commence  au  pilorc, 
«Jui  efl:  l'orifice  dvolt  du  ventricule;&  defccndant 
vers  l'épine,  il  finit  où  les  circonvolutions  des  au- 
tres inteftîns  commencentjil  eft  plus  épais  5c  plus 
étroit  que  les  au-res.ll  eft  d'une  figute  droice,par- 
ce  que  s'il  eût  été  courbé.ce  qui  fort  du  ventricule 
auroîr  eu  de  la  peine  à  entrer  dans  ce  boyau.L'on 
trouve  fur  la  fin  de  cet  inteftin  ,  ou  vers  le  com- 
mencement du  jéjunum  ,  deux  trous  qui  font  les 
extrêmitez  des  deux  canaux  ,  dont  l'un  s'appelle 
Cholidoque  ,  &  l'autre  Pancréatique  :  le  premier 
décharge  dans  la  cavité  de  l'un  ou  de  l'autre  de 
ces  inteftins  la  bile  qui  vient  de  la  veflîcule  du  fiel 
&  du  foye  ,  &  celui  ci  le  fuc  pancréatique  qui 
_  .  .  vient  du  pancréas, 
nurn.  Le  fécond  des  inteftins  grêles,  eft  le  jejunum,que 

l'on  appelle  ainfi  ,  parce  qu'on  le  trouve  toujours 
moins  plein  qneles  autres,ayant  une  grande  quan- 
tité de  vénes  ladtées  qui  reçoivent  fans  celle  le  chi- 
le.L'on  peut  encore  ajouter  que  la  bile  de  le  fuc 
pancréatique  fe  mêlant  au  commencement  de  ce 
boyau  ,  ou  à  la  fin  du  duodénum,  précipiteroient 
trop  promptement  non  feulement  la  partie  groffie- 
re  des  cxcremens,mâis  même  le  chile  ,  s'il  n'avoir 
des  plis  &  replis  dans  fa  partie  interne  pour  le 
retenir  &  l'empêcher  de  couler  avec  tant  de  vio- 
lence. Il  occupe  le  delfus  de  la  région  umbilicale. 
Il  commence  a  l'extrémité  du  duodénum  ,  &  va 
fe  terminer  a  l'ilion  ,  après  avoir  fait  plu  fi  eu  rs 
tours  en  bas  &  vers  les  cotez.  Sa  lonoueur  eft 
d'une  aune  &  demie  racTarede  Pari". 


//.  Dêmonjiratlon  Anntom.  lyy 

Le  troiiîéme  des  inceftins  grêles  eft  l'iléon  ,  ou  L'Ifcon. 
le  boyau  des  hanches  ,  ainfi  nommé  ,  parce  qu'il 
eft  placé  en  cet  endroit. Sa  couleur  eft  un  peu  plus 
noire  que  celle  du  jéjunum  ,  c'eft  à  quoi  on  le  re- 
connoit  :  Il  com.rience  immédiatement  où  finit  le 
jéjunum,  &  va  le  terminer  au  cœcum  j  il  eft  plus 
long  lui  fcul  que  tous  les  autres  enfemble  ,  ayant 
pour  le  moins  vingt  pieds  de  longueur;  il  a  moins 
de  siwt^  ladtées  que  le  jéjunum,  c'eft  pourquoi  il 
fe  trouve  plus  plein. Il  occupe  prefque  toute  la  par- 
tie inférieure  de  l'umbilic  ,5c  s'étend  par  les  cir- 
convolutions jufqu'aux  îles  de  côté  &  d'autre  ;  ce 
boyau  n'étant  pas  lî  étroitement  attaché  aux  parties 
voihnes  que  le  colum&:  le  ccccum,tombe  fouvenc 
dans  le  fcrotum  ,  &  fait  la  hernie,  qu'on  nomme 
Enterocelle:  Ceft  auffi  dans  lui  que  fe  fait  le  vol- 
vulus  &  le  mirerere,qu'on  appelle  palïion  iliaque, 
dans  laquelle  on  vomit  les  excremens  par  la  bou- 
che, parce  qu'alors  les  membranes  de  cet  inteftin 
rentrent  l'une  dans  l'autre,  &  font  des  nœuds  qui 
empêchent  le  cours  des  matières. 

Le  premier  des  gros  boyaux  eft  le  cœcum  ,ou  LcCœ- 
l'aveugle  j  on  l'appelle  ainfi,  à  çaufe  qu'étant  fait 
comme  un  rac,il  n'a  qu'une  ouverture  qui  lui  ferc 
d'entrée  &:  de  fortie  j  ou  bien  félon  Bartholin  , 
parce  que  fon  ufage  eft  inconnu.Il  eft  ficuc  dans 
rhypocondre  droit  plus  bas  que  le  rein  droit ,  où 
il  eft  étroitement  attaché  au  péritoine  j  il  a  une 
appendice  en  forme  d'un  ver  oblong  faite  de  la 
jonction  des  trois  ligamcns  du  colon,que  Bartho- 
lin prend  pour  le  cœcum;  elle  eft  plus  grande  aux 
enfans  nouvellement  nez  ,  qu'à  ceux  qui  font 
avancez  en  âge  ;  ce  qui  embarraffe  extrêmement 
les  Anatomiftes  à  fe  déterminer  fur  fon  ufage. 
Pour  ce  qui  eft  du  cœcum,l'on  prétend  qu'il  lert 


cum. 


lj6         Des  Parties  ejuifervefit  a  la  Chtlijic, 
d'un  fécond  ventricule  pour  cuire  quelques  par- 
ties de  l'aliment  qui  fe  font  échappées  delà  prc- 
miere  co6tion. 

Le  colon  eft  le  fécond  des  gros ,  &  le  plus  am- 
ple de  tous;  il  efl:  ainfi  appelle  ,  parce  que  c'ell  en 
lui  que  fe  font  fentir  les  douleurs  de  la  colique. 
Sa  longueur  efl:  de  huit  ou  neuf  pieds  ;  il  com- 
mence à  la  fin  du  cœcum  vers  le  rein  droit  auquel 
il  efl:  arraché  ,  &  remontant  à  la  partie  cave  du 
foye  où  il  s'attache  aufîi  quelquefois,  il  touche  la 
vefîîcule  du  fiel  qui  le  teint  en  cet  endroit  de  fa 
couleur  jaune:de-là  il  palfe  le  long  de  la  partie  infé- 
rieure du  ventricule,&:  s'attache  à  la  ratte  &c  au  rein 
gauche  d'où  il  defcend  en  forme  d'une  S  jufqu'au 
,  deflus  de  l'os  facrum,&  va  fe  terminer  au  rectum, 
de  manière  qu'il  environne  tout  le  bas- ventre;  au 
défaut  du  mcfentere  il  efl:  arrofcde  plufieurs  peti- 
tes appendices  grallfeufes/il  a  trois  ligamens  dont 
-  deux  l'attachent  en  haut  5c  en  bas  ,  &  le  troiliéme 

forme  pluiîeurs  petites  cellules  qui  fervent  à  rete- 
nir quelque  tems  les  matières  &  les  ordures  qui 
doivent  fortit  par  le  fondement.    Il  a  à  fon  com- 
mencement une  valvule  membraneufe  &c  circulai- 
re 5  pour  empêcher  que  les  excremens ,  les  vents 
&  les  lavemens  mêmes  ne  palfent  des  grosintefl:ins 
dans  les  grêles  ;  on  la  peut  voir  après  avoir  lavé 
&:  retourné  cet  inteftin. 
Peinar-        Il  faut  remarquer  qu'outre  la  valvule  du  Colon 
ftr^ftu^re  d   ^  ^^^  cellules  qui  font  dans  cet  intefl:in,  lefquellcs 
la  valvule    fervent ,  comme  nous  avons  dit  ,  à  retarder  la 
du  coJon.     defcente  des  excremens ,  il  v  a  encore  des  valvu- 
les d'efpace  en  efpace  ,  qui  fe  trouvent  non  feu- 
lement dans  le  colon,  mais  aum  dans  le  jéjunum. 
Ces  dernières  valvules  ,  dont  perfonne  n'avoit 
pa.tlé  avant  /î-Zr  Kerhjyi*?  ne  foriT^ent  pas  entiere- 
'-  ment 


I h  Démonflratlon  Anatom.  177 

ment  la  cavité  de  l'intcftin  j  &  parce  qu'elles  font 
toujours  un  peu  cntr'ouvertes  ,  cela  fait  que  les 
excremens  delcendent  peu  à  peu  j  car  n  oecupant 
chacune  qu'environ  la  moitié  de  la  cavité  ,  & 
étant  plus  larges  d'un  coté  que  de  l'autre,  elles  fe 
reçoivent  toutes  j  de  forte  que  la  partie  la  plus 
large  de  la  valvule  de  deflbus  répond  à  la  partie  la 
plus  étroite  de  celle  de  delfusjce  qui  empêche  que 
les  excremens  ne  tombent  &  ne  Te  précipitent 
tout  d'un  coup  dans  les  inteftins  inférieurs. 

Ces  valvules  font  plus  grandes  dans  le  colon 
que  dans  le  jéjunum  j  elles  diminuent  routes  in- 
fenfiblement  a  mefure  qu'elles  defcendent.  Il  faut 
de  l'adrelfe  pour  les  découvrir,  mais  pour  y  réiillir 
on  ne  doit  pas  foufler  dans  les  inteftins ,  parce 
qu'on  ne  verroit  rien,  il  faut  feulement  les  ouvrir 
pour  en  voir  le  dedans  i  mais  on  les  verra  encore 
mieux  fi  on  laillé  auparavant  deflécher  les  inte- 
ftins. 

Le  troihéme  &  dernier  des  gros  boyaux  cft  le  LewaHm 
redum  ou  droit,  ainft  nommé  à  caufe  qu'il  dcf- 
cend  en  ligne  droite  de  l'os  facrum  au  fondement 
où  il  fe  termine  j  il  eft  long  d'un  pied  &  large  de 
trois  doigts  :  Ses  tuniques  font  épaiftés  &  folides  j 
elles  font  recouvertes  d'une  envtlopc  particuliè- 
re qui  lui  fert  à  chafler  les  excremens  avec  plus 
de  force.Il  eft  attaché  au  col  de  la  veflie  aux  hom- 
mes ,  &  à  celui  de  la  matrice  aux  femmes.  Sa 
partie  extérieure  eft  humedée  d'une  grande  quan- 
tité de  graiife  ,  c'eft  pour  cela  qu'on  l'appelle  le 
boyau  gras.  L'anus  ,  qui  eft  formé  par  fon  extré- 
mité inférieure  ,  a  trois  mufcles  ,  fçavoir  un 
fphinder  &  deux  releveurs  \  le  premier  fe  nomme 
le  fphinder  de  l'anus ,  fa  figure  eft  femblable  à 
celle  d'un  anneau  ^  il  eft  large  de  deux  travers  de 

M 


1 7  s  Des  Parties  qui  fervent  a  la  ChîUfic. 

doigtsjil  tient  pardevant  à  la  verge  aux  hommes, 
&  au  col  de  la  matrice  aux  femmes  ;  par  derrière 
au  coccix  5  &  latéralement  aux  ligamens  de  l'os 
facrum  &  des  hanches  ;  il  fert  pour  ouvrir  &  fer- 
lïier  l'anus,  félon  notre  volonté.  Les  deux  autres, 
que  l'on  appelle  rcleveuis  de  l'anus  ,  nai lient  de 
la  partie  inférieure  &  latérale  de  l'os  ifchion  ,  & 
s'inlerent  au  fphindter  de  l'anus  pour  le  relever 
après  la  fortie  des  cxcremens. 

En  feringuant  de  la  liqueur  dans  les-  artères 
hemorroidales  ,  j'ai  trouvé  qu'il  y  avoit  pins  de 
branches  d'artères  qu'il  n'en  falloit  pour  porter 
la  nourriture  à  ce  boiau  ;  j'ai  oblervé  que  beau- 
coup de  ces  arterioles  finillbient  aux  glandes  , 
dont  il  eft  tout  parfemé ,  &  que  cet  inteftin  n'é- 
toit  pas  feulement  l'égoût  par  où  fortent  les  ex- 
cremens  les  plus  grolliers  ;  mais  encore  qu'il  fer- 
voît  à  féparer  &  conduire  dehors  la  plus  grande 
partie  des  impuretez  du  fang.  Ce  grand  nombre 
de  vaill'eaux  étoit  néceirairc  pour  purifier  le  fang; 
mais  nous  paions  cher  ce  fervice  par  les  hémor- 
roïdes qu'ils  nous  caufent. 
Lc^Me-  Le  mefentereefl:  une  double  membrane  fitue'e 
fcntcrc.  Jans  le  milieu  du  ventre  ;  d'une  figure  à  peu  prés 
circulaire,  (î  l'on  en  excepte  l'alongemcnt  du 
colon  &;  du  redtum;  il  a  environ  quatre  travers  de 
doigt  de  diamètre  ,  &  trois  aunes  ,  de  circonfé- 
rence ,  autour  de  laquelle  les  inteftins  font  plif- 
fez.  Lorfqu'ils  en  font  feparez  il  reilcmble  à  ces 
fraifes  que  l'on  portoit  anciennement  au  col  ,  & 
que  portent  encore  aujourd'hui  les  Suiiresi&  c'eft 
cette  partie  que  l'on  mange  lous  le  nom  de  fraife 
de  Veau. 

Il  y  a  dans  cette  partie   une  infinité  de   petites 
glandes  &  de  vailléaux  qui  ont  été  découverts  de 


V 


//.  Démonftration  AMtowi  17^ 

nôtre  fiecle  :  ces  vailfeaiix  font  les  vcnes  ladléesi 
qui  portent  le  chile  des  inteftins  aux  glandes,  qui 
font  en  plus  grand  nombre  dans  le  centre  du  me- 
lenccrc  ,  qu'a  fa  circonlerence  :  de  ces  glandes  Ici 
chile  va  par  d'autres  vénes  lattées  au  relervoir  , 
&  de-là  dans  le  canal  thorachique  ,  pour  être 
verlé  dans  l'axillaire  gauche.  Les  autres  vaîireaux 
du  mefenterc  font  les  limphatiques  qui  vont  ver- 
fer  icur  limphe  dans  le  refervoir  pour  augmenter 
la  fluidité  du  chile.  Les  vénes  lactées  font  de  ved- 
tables  limphatiques  par  où  paiïe  la  limphe  ,  lod- 
qu'ii  n'y  coule  point  de  chile.  Cette  limphe  les 
entretient  toujours  ouvertes  ,  atîn  qu'aiant  été 
quelque  tems  fans  manger  le  chile  trouve  tou- 
jours ces  conduits  ouverts  ,  pour  y  palfer  plus  fa- 
cilement. 

La  grailfe  s'amalîe  au  mefentere  ,  comme  à  Lagraifls 
répiploon,d'un  lang  huileux  &  fulphuré  qui  exu-  ^u^mcfea- 
de  des  vailïeaux  ,  &c  qui  eft  retenu  par  Pépaiffeur 
des  membranes.  Cette  graille  y  étoit  neceiraire 
tant  pour  conferver  la  chaleur  naturelle  de  ces 
parties,  que  pour  humeâ:er  les  vénes  la6tées  ,  qui 
n'ayant  qu'une  membrane  très-fine  ,  &  n'étant 
remplies  que  dans  le  tems  de  la  diftribution  du 
chile  ,  fe  deifecheroient  facilement. 

Les  glandes  du  mefentere  ont  chacune  une  arte-        X 
tiole  qui  leur  porte  du  fang,  une  venule  qui  le  re-  j  ,5  d*i^rn>' 
porte,&  un  vailïeau  excrétoire  qui  décharge  dans  tenterc 
les  boyaux  ce  qui  a  été  filtté  par  ces  glandeSj<5c  fi 
elles  e  gro(ri{îent,iS<:  deviennent  fchirieufes  ,  c'eft 
parce  que  les  humeurs  les  plus  grolîieres  ,  qui  fe 
portent  au  melentere  comme  à  leur  égoùtjnatuiel, 
trouvent  les  porolirez  de  ces  glandes  très-étroites 
.  pour   s'en  pouvoir   échaperjde  manière  qu'elles 
s'y  arrêtent  6<.  y  caufcnc  des  duretez  qui  croiilenç 

M    ij 


1 8o         Des  Parties  qui  ferverit  a  la  Chllijlc, 
avec  le  tems  :  &  comme  on  a  de  la  peine  à  refou- 
dre  ces  tumeurs  qui  font    de  longue  durée  ,  qiieU 
eues  uns  ont  appelle  le  meièntcre  ,  la  mère  nour- 
rice des  Médecins. 
r7r,r.-.j        L'ufaCTe  du  mefentere  eft  d'attacher  les  inccftins 

mcfcntcrc  enlemble  aux  vertèbres  des  lombes,&  d  empêcher 
qu'il  n'arrive  aucun  defordre  dans  leurs  circonvo- 
lutions j  celui  de  Tes  deux  membranes  eft  ,  afin 
que  les  vaillèaux  palfant  dans  leur  duplicature 
aillent  fe  rendre  aux  inteftins  ,  &  en  revenir  fans 
être  offenfez. 

mdcmcrc  ^^^  nerfs  du  mefentere  fortent  des  vertèbres 
des  lombes  ,  il  en  reçoit  auiïi  des  rameaux  de 
Tintercoftal ,  ils  font  tous  fi  bien  entre-ladez  en- 
femble  au  milieu  du  mefentere  qu'ils  y  font  un 
plexus  ,  d'où  fort  une  très- grande  quantité  de 
ligamens  nerveux  ,  déliez  comme  des  cheveux  , 
qui  fe  répandem  fur  les  membranes  de  tous  les 
inteftins. 

mefentere.  Les  artères  qui  font  renfermées  dans  la  dupli- 
cature des  membranes  du  mefentere  viennent  de 
la  mefentcrique  fuperieure  &  inférieure  ,  qui 
font  deux  gros  rameaux  qui  fortent  du  tronc  de 
l'aorte ,  &  qui  vont  fe  terminer  à  tous  les  in- 
teftins. Un  des  plus  gros  rameaux  eft  celui  qui 
fe  traînant  le  long  du  reBum  ,  va  finir  à  l'anus  ; 
Ce  rameau  eft  l'arterc  hemorroidale  ,  qui  porte 
un  fang  groflier  à  ces  parties  pour  y  être  puri- 
fié j  &  lorfque  ce  fang  ne  peut  remonter  par  les 
vénes  hemorroidales ,  comme  il  arrive  quelque- 
fois à  caufe  de  fa  pefanteur  ,  il  y  caufe  cette  ma- 
ladie fi  inconiânode ,  qu'on  appelle  les  hémor- 
roïdes. 
ni:(critcrc.  ^^  ^^  nombre  des  vénes  qui  fe  trouvent  dans  le 
mefentere  paroît  furpalfer  celui  des  autres  vaif- 


/  /.  Démonflratlon  Anatom.  1 8 1 

fcauxqui  y  fonc ,  c'eft  que  ces  vénes  étant  plei- 
nes de  fang  font  faciles  à  voir  ;  &  que  les  autres 
vaiilcaux  au  contraire  étant  vuides  ,  ne  fe  peu- 
vent pas  difcerner.A  mefure  que  toutes  les  vénes 
-approchent  de  la  bafe  du  mefentere  \  elles  s'unîf- 
fent  &  en  font  de  tres-grolï'es  ,  Icrquelles  for- 
ment un  tronc  de  vénes,  que  l'on  appelle  méfen- 
teriquCjqui  le  joignant  avec  un  autre  qu'on  nom- 
me rplenique  ,  font  enfemble  une  très  grolfe  vé- 
ne  ,  qui  dk.  h  porte  ^  ainfi  nommée  par  les  An- 
ciens ,  à  caufe  qu'ils  croyoient  qu'elle  appor- 
roit  au  foye  le  chile  pour  y  être  converti  en 
fang. 

Ces  deux  troncs,  dont  le  fuperieureft  le  fpleni-  Ufagcidc 
que  ,  qui  vient  de  la  ratte  ,  &  l'inférieur  le  me-  porte, 
fenterique  qui  vient  du  mefentere  ,  reportent  au 
tronc  de  la  porte  le  fang  qui  avoit  été  porté  à  ces 
parties.  Il  y  a  quatre  vénes  qui  s'infercnt  au  pre- 
mier de  ces  troncs  ,  fcavoir  l'épiploïdc  pofterieu- 
re  j  la  coronaire  ftomachique  ,  l'épiploïque  ,  Se 
la  gaftrique  majeure  :  &  au  fécond  il  n'y  en  a  que 
deux  ,  qui  font  l'hemorroiadale  ,  ôc  cœcale. 

Je  viens  de  vous    faire    remarquer  que  c'étoit 
de  la  jonction    de  ces   deux  troncs  que    la  véne 
porte  écoit  faire  ,  &  qu'elle  entroit  dans   la  par- 
tic  cave  du    foye  ;  mais    il    eft    bon  de  fcavoir     Qy^"e 
qu  avant  que  de  s'y  perdre  u  y  a  quatre  venes  qui  qui  voncà 
viennent   s'y  joindre  ,  qui    font   l'inceftinale  ,  la  ^^^^'^«^po-^'- 
gartrcpiploique  ,  U   petite  gaftrique  ,  ôc  la  cifti- 
que. 

L'on  donnoic  à  toutes  ces  vénes    deux  ufages   Sencimîer 
tout-à-fait  oppofcz  ,  ôc    même  impofTibles  ,  un  ciensJ 
étoit  d'apporter  le  chile  des  inteftins  au  foye  ,  ÔC 
l'autre  de  reporter  le  fang  du  foye   aux  inteftins. 
Cette  opinion  a  été  fuivie  jufqu'à  ce  Siècle  j  que 

M  iij 


k 


1 8  2  T^es  Parties  qui  fervo/t  a  la  Chlllfic, 

l'on  adecoavciT  les  vénes  lactées  ,  cjui  poicent  le 
chile  des  intertins  aux  glandes  du  mefentere  j  & 
ainfi  la  véne  porte  n'a  point  d'autre  ufage  que 
celui  qui  eft  commun  avec  toutes  les  vénes  du 
corps,  qui  eft  de  reporter  le  fang  au  cœur.  Nous 
dirons  ,  en  vous  démontrant  le  foyë  ,  pourquoi 
elle  ne  va  pas  plutôt  s'inférer  à  la  véne  cave  ,  que 
dans  la  fubftancc  du  foie:  Mais  à  prefent  il  s'agit 
de  parler  des  vénes  la6bées  ,  &  des  vailFcaux  lim- 
phatiques. 
Véncjlac-       Il  eft  impoiïible  devoir   les  vénes  ladées  fur 

tçcj,  un  fujct  mort ,  parce  qu'elles  difparoiflent  aufîi- 

tôc  qu'elles  font  vuide-«;.  Lorfqu'on  les  veut  voir, 
il  faut  faire  beaucoup  manger  un  chien,  &  qua- 
tre heures  après  il  faut  le  lier  fur  une  table  ,  & 
lui  ouvrir  le  ventre  promptement;  alors  vous  ver- 
rez les  vénes  laftées  difperfées  par  tout  le  mefen- 
tere ,  pleines  du  chile  qu'elles  portent  au  refer«^ 
voir  de  Pequet, 
Pourquoi       Ces  vénes  font  ainfi  appellées  ,  à  caufe  qu'eU 

fadldcs?*  les  contiennent  une  fubftance  blanche  &  liqui- 
de ,  femblable  à  du  laict  ;  elles  étoient  entière* 
ment  inconnues  aux  Anciens  ,  elles  n'ont  même 
été  découvertes  qu'en  l'année  i6z2.par  AfelUus. 
qui  rapporte  que  ces  vailleaux  ont  une  fubftance 
&  une  ftrudure  de  véne  ;  qu'elles  ont  une  mem- 
brane fimple ,  où  l'on  remarque  trois  fortes  de 
fibres  ;  des  droites  ,  des  tvanfverfes,  &  des  obli- 
ques ,  &:  que  certe  membrane  5  quoique  fimple, 
eft  oourtant  allez  R-rte  ,  parce  qu'elle  eft  placée 
entre  les  deux  tuniques  du  mefentere  qui  la  for- 
t-ificnr. 
ie  nom-:       Leur  nombre  eft  infini  ,  y   en   aiant   une  fois 

vSct  lac-  p^us  que  de  meferaiques  ,  elles  font  prefque  tou- 

tçes,    '       tes  dans  les   inteftins  grêles ,  parce  que  ce  foni; 


/  /.  Démonflratlon  An  •tom.  1 8  5 

eux  qui  font  la  dillribacioii  du  chile,&  en  le  fépa- 

ranc  de  Tes  excreniens.    Je  vous  ai  déjà  dit  que  le 

jéjunum  enavoit  plus  qu'aucun  autre    des  grêles,- 

&  que  les  gros  en  avoient    tres-peu  ,  leur  ufage 

'étant  de  challer  dehors  les  excremens  ,  &  toutes 

les  impuretés  du  bas  ventre. 

Pour  bien  comprendre ,  la  route   que  le  chile  Le  ch-mi» 
1  11  o,  r  de»  véncs 

prend  pour  aller  au  cœur,  oc   non  pas  au  roye  ,  lactées. 

comme  les  Anciens  l'ont  prétendu  :  Il  faut  fça- 
voir  qu'il  y  a  de  deux  fortes  de  vénes  lactées  :  les 
unes  que  l'on  appelle  premières  ,  &  les  autres 
fecondaires  ;  les  premières  (ont  celles  qui  por- 
tent le  chile  des  inteftins  à  des  glandes ,  qui 
font  répandues  en  tres-grandè  quantité  par  tout 
le  melentere  ,  mais  principalement  vers  fon 
centre. 

Les  vénes  laârées  fecondaires  ,  font  celles  qui  Autres  vê- 
portent  le   chile  de   ces  mêmes   glandes  ,  après  ^^*  ^^'^^'^^' 
qu'il  y  a  été  rendu   plus    liquide  par  la    limphe 
qu'il  y  reçoit ,  dans  le  rcfcrvoir  de  Pequer.    On 
lui  a  donné  ce  nom  ,  parce  que  c'eft   Mr  Pequet 
fameux   Médecin    qui  le    premier    en  a    fait  la 
découverte  en  l'année  165  i.  ce  refcrvoir  eft  pla- 
cé entre    les  deux    origines   du    diaphragme ,  à 
l'endroit  où  l'on  trouve  des  glandes  que  l'on  ap- 
pelle lombaires ,  parce    qu'elles  font  iituées  fur 
les  vertèbres  des  lombes.    Les  deux  ram.eaux  qui 
fortent  de  ces  glandes  \  fe  joignant  enfemble  font 
le  canal  thorachique ,  qui  fc  trouve  fort  fouvent 
double  ;  ce  canal  monte   le  long  de  l'aorte  ,  en- 
tre les  cotes  &  la    plèvre ,  &  va  aboutir  par  un  , 
deux  j  ou  trois  rameaux  ,  dans  la  véne  foûclaviere 
gauche  proche   l'axillaire  ,  d'où  le  chile  eft  porté 
dans  le  ventricule  droit  du  cœur  par  la  véne  cave 
defcendante. 

M    iiij 


184         Des  Parties  <jîù  fervent  a  la  Chllific. 
Ce  canal      Ce  canal  &  toutes  ces  vénes  ladées ,  ont  des 
onc^rval*  valvules  d'efpace  en  efpace  ;  dilpolécs  de  manie^ 
vulcs.  re  qu'elles  permettent  facilement  l'entrée  du  chi- 

le,  &  empêchent  le  retour. 
On  cro-       La    découverre  des  vénes  ladlées  a  été  d'an 
^éncslac-*  g^'^"^  lecours  dans  l'Anatomieiquoiqu'on  n'en  ait 
tées  aloicnt  pas  tiré  d'abord  tous  les   avantages  que  l'on  de- 
*"  "^y^*      voit  en   retirer  ;   parce  c]ue  les  Anatomiftes   de 
ce  tems-là  ,  &  même  AÇellius  ,  qui  en  a  été  l'in- 
venteur, étoient  tellement  prévenus  que  c'étoïc 
le  foie  qui  faifoit  le   fang  ;  qu'ils  ont  crû  que 
le  chile  ne  pouvoit  être  porté  ailleurs  :  &  maU 
gré  toutes  les  découvertes  qu'on  a  faites  depuis, 
tio?d^'"^'  il  s'eft  encore  trouvé    des    Partifans  de  l'Anti- 
cijclques     quité  ,  qui  étant  obligez  d'en  croire  leurs  yeux 
Ançicnj.      avoiioient  que  cela  étoit  aind  dans  l'animal  qu'on 
leur  montroir  ,  &  non  dans  l'homme.    Pour  moi 
je  fuis  convaincu  que  cela  fe  fait  dans  Thomme, 
de  la  même  manière  que  dans  les  animaux  ;  car- 
il   y  a  environ    dix- huit    ans  qu'un  faux   mon- 
noyeur  aiant  été  condamné   à  mort  :  je  lui  en- 
voyai dans  la   prifon    dequoi    boire  &   manger 
quatre  ou  cinq   heures  avant  qu'on  le   fit  mou- 
rir; &   comme  l'exécution   fe  faifoit  à  la  Croix 
du  Tiroir ,  qui  n'étoit  pas  fort  éloignée  de  mon 
logis  ,  je  fis  tenir  un  caroffe  tout  prêt  ,  dans   le- 
quel on  mit  le   corps  auiîî- tôt  qu'il  fut  étranglé, 
on  me    l'apporta    promptemcnt ,  &  à  l'inftant  je 
l'ouvris,  &  découvrant  le  mefentere  ,  je  vis  en- 
core une  allez  grande  quantité  de  vénes  laclées 
pleines  de  chile  ,  pour  me   convaincre    que  la 
diflribution  s'en  fait  dans   l'homme  de  la  même 
manière  que    je    l'ai    veuë    dans    plufieurs    ani- 
maux. 

Les  vailfeaux  limphatiques  du  mefentere ,  font 


/  /.  Démonflration  Anatojm  185 

de    petits    conduits    très- déliez  ,  qui    portent  la    Vaifl"eauï 
limphe  dans  le  rcfervoir  de  Pequet ,  afin  dy  ren-  '"^t^li»fi- 
dre  le  chile  plus  adif  &  plus  coulant.    Q^ioique  icnccre. 
ces  vailTeaux  foient  en  très  grande  quantité  dans 
le  mefentere  ,  néanmoins  on  ne  les  y   peut  voir, 
que  lorfqu'ils  font  pleins  de  cette  limphe  ,  qui  eft 
une  liqueur  claire  comme  de  l'eau  ;  il  en  vient 
des  glandes  du  foie  ,  de  la  ratte  ,  &  de  celles  des 
antres  parties.    C'eft   ce  qui  a  trompé  li  long- 
tems  les  Anciens ,  qui  les   prenant  pour  des  vé- 
nes  laârées  ,  croyoienc  qu'elles  portoient  le  chilc 
du  mefentere  au  foie   &  à  la  ratte  :   Mais  Bar- 
/;W/«  fit  voir  en  l'année  1652.    que  ces  conduits 
qu'on  prenoit  pour  des  vénes  la6bécs  étoient  des 
vaiflTeaux  qui  apportoient  la  limphe  dans  le  re- 
fervoir.  ^ 

L'aftîon  de  ces  parties  c'eft  la  Chilification.  Comment 
Quoi  qu'en  vous  démontrant  le  enrricule  >  j'aye  ty^  '* 
commencé  à  vous  donner  une  idée  de  la  manière  tion. 
qu'elle  fe  fait  :  néanmoins  il  eft  à  propos  d'en  rap- 
porter ici  quelque  chofe,  afin  qu'en  finiiFant  cette 
Demonftration  ,  vous  en  remportiez  une  connoifi 
fance  parfaite.  Je  vous  ai  expliqué  tantôt  com- 
ment la  faim  fe  faifoît  fentir;lors  donc  que  l'hom- 
me en  eft  prelfé,  il  cherche  des  alimens ,  il  les  por- 
te à  fa  bouche  ,  il  les  mâche  ;  les  dcnrs  avec  le 
fccours  de  la  falive  les  aiant  broyez,  il  les  avale, 
en  fuite  étant  tombez  par  l'œlophage  dans  le  ven- 
tricule ,  ce  même  lue  acide  qui  a  caufé  la  faim  ,  fe 
mêlant  avec  les  alimens  ,  &  tournant  fon  adlion 
conrr'eux  ;  il  les  pénètre  &  les  fepare  en  de  fi  pe- 
tites particules.qu'ils  ne  paroilïent  plus  qu'une  li- 
qLieur  ,  laquelle  comprimée  par  l'eftoniac  qui  la 
rellerre  pour  l'cmbraffer  de  toutes  paits  ,  eft  obli- 
gée de  foi  tir  par  le  pilore ,  &  d'entrer  ainli  dans 


1 8  6  Des  Parties  qui  fervent  à  la  Chil'ific, 

îesinteftîns.  Là  deux  autres  diirolvans  ,  qui  font 
la  bile  6:  le  fuc  pancréatique  ,  &  qui  ne  font  pas 
moins  puillans  que  laralive&  le  fuc  acide,  achè- 
vent de  liquider  ces  alime ns,&  de  briler  ce  qu'ils 
en  trouvent  encore  d'uni  ;  alors  en  coulant  dans 
lesintcftins ,  ce  qu'il  y  a  de  plus  fubtil ,  que  nous 
nommons  le  chik  ,  entre  dans  les  orifices  des  vé- 
nes  laélécs  premières  ou  radicales  ,  dont  tout  le 
mefentere  eft  parfemé  ,  lefquelles  vont  ou  feules, 
ou  accompagnées  de  vcnes  m«:?faraiques ,  les  unes 
en  droite  ligne  ,  les  autres  s'cntre-croifant,  fe  ren- 
dre à  des  glandes  qui  font  à  ia  bafe  du  menfentere, 
puis  ce  chile  cil:  repris  par  les  vcnes  ladtécs  fecon- 
daires ,  &  porté  à  des  glandes  qui  font  entre  les 
deux  tendons  du  diaphragme  ,  que  l'on  a  toujours 
connues  fous  le  nom  de  glandes  lombaire i>,iS:  que 
nous  appelions  aujourd'hui  le  refervoir  de  Pec^uet , 
c'cft  là  où  nous  lailferons  repofer  quelque  tems  ce 
chile  ,  pour  l'y  reprendre  dans  trois  jours  ,  &  le 
conduire  dans  le  coeunce  fera  en  vous  démontrant 
le  canal  Thorachique. 


-"^■'ft«Û'<' 


i8- 


T  R  O  I  S  1  L*  M  E 

DEMONSTRATION. 

Des  Parties    contenues    dans  le   hoi    ventre ,    t^ul 
fervent   à  la  Purification  dn  fang. 


I  O  u  R  fçavoir  ,  Meffieurs 
il  fe  fait  le  fan»  j  il  ne  fuffic 


rs  j  comment 
ifHc  pas  d'avoir 
examiné  les  parties  qui  fervent  à 
changer  les  alimens  en  chile  ,  &  à  le 
féparer  de  Tes  cxcremens  ;  il  faut  encore  connoi- 
tre  celles  où  le  fang  fe  fait ,  ôc  celles  qui  le  puri- 
fient. 

Je  vous  ai  déjà  dit  que  le  chile,  qui  eft  la  veri-     Le  fang 
table  matière  du  fane  3  étoit  préparé  dans  la  bon-  ^|\,  "*^  '^^ 
che  par  le  moien  de  la  lalive  ;  qu'il  ecoit  cuit  oC 
digéré  par  le   ventricule  par  le  difFolvant  qu'il  y 
trouve  j  &  qu'étant  enfuite  pcrfedionné  dans  les 
inteftîns  par  la  rencontre  de  la  bile  ,  &    da  fuc 
pancréatique  y  il  fe   cribloit  par  les  petits  orifices 
des   vénes  ladtées  qui  font  en  très-grand  nombre 
dans  le   mefentere  ;  que  de   ces  vénes  il   entroit 
dans  le  refervoir  de  Pequet ,  d'où  il  inonte  par 
le    canal  thorachique  dans    la  vénc  foûclaviere 
gauche ,  par  où  il  eft  porté  dans    la  vcnc    cave 
aefcendante  ,  &  de  là  dajns  le  ventricule  droit  du 
cœur,  où  il  commence  principalement  à  fe  chan- 
ger en  fang. 

il  faut  remarquer  que  la  falive  ,  le  fuc  acide,  la 


1 8  8  Des  Parties  qui  pm-ifiem  le  fang , 

bile  &  le  fuc  pancieanqae,  qui  font  des  liqueurs 
abiolumenc  neceflaîrcs  pour  faire  le  chile  ,  luy 
de.'iennent  inutiles  ,  &:  même  préjudiciables, 
lorfqu'il  eft  changé  en  fangjcar  il  efl:  certain  que 
le  fang  ,  qui  doit  être  bon  &  doux  pour  nourrir 
les  parties  ,  ne  pourroit  avoir  aucune  de  ces  deux 
qualitez  ,  fî  toutes  ces  liqueurs  reftoient  mêlées 
a,vcc  lui  :  Par  exemple ,  fi  cet  acide  dillblvant  ; 
qui  par  fes  pointes  aiguës  &  tranchantes  pénètre 
^  dillout  les  alimens  les  plus  folides ,  étoit  porté 
Plufîrurs  avec  le  fan?  &  épanché  fur  une  membrane  pour 

liqueurs         ,  .      ^\  '.v         r  ii  m     r 

réparées      1^  nourrir  ,  alors  agiliant  lur  elle  ,  comme  il  te- 

dufang.       loit  iur  l'aliment,  il  y  cauferoit  un  fenriment  de 

douleur  ,  comme  il  arrive  quelquefois  dans   les 

douleurs  des  rhumatifmes  :Sila  mélancolie  n'en 

étoit  feparée  ,  le  fang  feroit   trop  épais  :  enfin  fi 

l'urine  n"'étoit  évacuée  ,  il   feroit  trop  fereux  ;  & 

aînfi  il  faut  que   le  fang ,  qui   eft  une  liqueur  fi. 

précieufe  &  fi  neceiraire  à  la  vie  ,  foit  purifié  par 

le  foye  ,  par  la  veflicule  du  fiel  ,  par  la    ratte  ,  le 

pancréas  ,  les  reins,  &  la  vefïîe. 

Des  r.Tr-      C'eft  de  toutes  ces  parties  ,  MefTieurs  ,  dont  je 

tiej  jui  pu-  vous    entretiendrai  dans  cette   Démonftration  , 

rihcnt  le        /^         ^  r      >        i  y      \  ' 

fang.  étant  toutes  lituees  dans  le  bas-ventre  ,  excepte 

celle  qui  fepare  la  falive,  de  laquelle  je  vous  par* 
lerai  auffi  dans  fon  lieu. 
^^  Le  foye  eft  un  vifcere  d'une   grandeur  confi- 

derable  ,  qui  eft  fitué  dans  Thypocondre  droit  , 
fous  le  diaphragme  ,  dont  il  eft  éloigné  environ 
d'un  travers  de  doigt  ,  afin  de  ne  lui  pas  nuire 
dans  fon  mouvement.  Dans  le  fœtus  il  s'étend 
jaicju'au  coré  gauche  ,  parce  que  le  ventricule 
n'eft  jamais  fi  plein  d'alimens,  c'eft  ce  qui  l'obli- 
ge à  céder  au  foye  ,  mais  après  la  nailïance  il  eft 
placé  prefque  tout  dans  le  côté  droit.  On  le  trou- 


/  /  /  Démorijîratlon  Anatoyn*  i  85) 

ve  quelquefois  au  côté  gauche  j  mais  cela  arrive 
fort  rarement. 

Il  ell  envclopc  d'une  membrane  mince  6^  dé-  ^f^'f'^^- 
liée  qui  lui  clt  propre  ;  on  trouve  quelquerois 
-fous  cette  membrane  des  vefïicules  pleines  d'eau, 
qui  ne  ion:  ancre  ciiolc  que  des  iimphatiques 
gonflées  entre  deux  valvules  ,  qui  venant  a  fe 
rompre  ,  font  cette  efpece  d'hydropilie  3  qu'on 
nomme  i«/ciffx. 

La  figure  du  foie  eft  prefque  ronde  &  alfez  ^gurc  du 
reflémblante  à  un  pied  de  bœuf;  il  eft  convexe  du 
côté  du  diaphragme ,  pour  s'accomiiioder  à  la 
figure  du  lieu]  qu'il  occupe  :  &  concave  du  côté 
du  ventricule  \  c'cft  en  cette  partie,' qu'on  appelle 
la  voûte  du  foie  ,  qu'eft  attachée  la  veilicule  du 
fiel. 

Le  foie  eft  unique  dans  l'homme  ,  mais  il  eft  c}a   V^ 
divite  en  deux  lobes  ,  dont  l'un  ,  qui  eft  rond  &  pluficurs 
ample  ,  eft  à    droite  ,  &   l'autre  ,  qui  eft  étroit  &:  ^'^^^' 
pointu  ,  eft  à  gauche  j  ces  lobes   font  feparez  par 
une  fcilTure  par  où  entre  la  véne  umbilicale.  Ou- 
tre ces  deux  lobes ,  l'on  y  en  trouve  un  croifîéme 
fort  petit ,  litué  à  la  partie  pofterieure  du  fove  , 
dont  la  chair  eft  plus  molle,  &  qui  eft  envelopé 
d'une    membrane  déliée ,  qui   s'étend  jufqu'à  l'e- 
piploon. 

Il  eft  attaché  par  deux  ligamens  ,  le  premier  ^^'f^^^"* 
qui  eft  le  plus  fort  &  le  principal  ,  le  tient  fulpen- 
du  au  diaphragme  j  il  pénètre  dans  la  fubftance 
du  foie  pour  le  tenir  plus  fortement  :  le  fécond 
eft  lâche  ,  mais  large  &  fort  \  il  vient  de  la  tuni- 
que du  foie  j  &  s'attache  au  cartilage  xiphoide. 
Je  ne  conviens  pas  du  troiiiéme  ligament  qu'on 
lui  donne  ,  qui  eft  la  véne  umbilicale  dcllechée  ; 
car    comme  elle   tireroit  le   foie  en  en-bas  ,  6c 


ipo  Des  Parties  qui  purifient  le  fang^ 

par  confequeiu  le  diaphragme  ,  auquel  il  eft  atta- 
ché ,  elle  en  empêcheioît  le  mouvement ,  princi- 
palement dans  l'expiration. 
Couleur  i  I  n        1-      •  1 

du  fùye.  ^^  couleur  clt  ordmanement  rouge  ,  cependant 

on  le  trouve  quelquefois  pâle  &  blanchâtre  ■■,  cet- 
te rougeur  étoit  une  des  raifons  dont  les  Anciens 
fe  fervoient  pour  prouver  qu'il  faifoit  le  fang  \  ce 
que  nous  réfuterons  en  parlant  des  autres  ulages 
qu'ils  lui  donnent. 

Varîtable       Les  Anciens  artribuoîent  au  foie  une  fubftance 
mudtiucdu  ^  •     !•  ^M  11   •  1 

foyc.  toute  particulière  qu  us  appelloient  parenchyme, 

&  qu'ils  croioient  n'être  autre  choie  qu'un  épan- 
chement  ou  etfuiion  de  fang  caillé  qui  occupoic 
&  remplilfoit  les  elpaces  qui  { mt  entre  les  vaid 
feaux.Mais  les  Modernes  qui  ont  recherché  avec 
foin  la  ftruélure  du  foie,  ont  remarqué  qu'il  étoit 
tillu  de  quantité  de  petits  lobes  de  figure  conique, 
que  ces  petits  lobes  étoient  compofez  de  plu- 
lieurs  petits  corps  glanduleux  ,  qui  ont  des  mem- 
branes particulières  qui  les  unilTent  ,  &  les  atta- 
chent les  uns  aux  autres  ;  &  que  chaque  lobe  du 
foie  ,  quelque  petit  qu'il  loit  ,  ne  laiffe  pas  de 
recevoir  un  rameau  de  la  porte  ,  un  du  vaiileau 
hilaire  ,  &  un  de  la  cave  ;  de  manière  qu'on  peut 
dire  que  toute  la  fubftance  du  foie  n'eft  qu'un 
amas  &  un  alfemblage  d'une  infinité  de  petits 
corps  glanduleux  ,  &C  de  ramifications  diverfes  de 
vallfeaux, 

'-çCinq  for-       H  y  ^  dans  le  foie  cinq  fortes  de  vaiireaux,fça- 
res  de  vaif.        .     •'    ,  _     ,  ^        ,  ,  ,  * 

fcaux  au     voir  ,  des  nerfsjdes  artères  ,  des  venes  ,  des  con- 

^^^^'   f  A    '^^^^^  bilaires  ,  &  des  limphatiques» 

^■jl?  *    "       Le  foie  reçoit  deux  nerfs  de  la  huitième  paire, 

un  du  rameau  ftomachique,  &  l'autre  de  l'inrer- 

coftal.    On  ne  veut  pas  qu'ils  pénètrent  dans  la 

fubftance  ,  mais  feulement  qu'ils  fe  perdent  dans 


///.  Démonjiratlon  Anatom,  191 

fa  tunique  ;  d'où  vienc  qu'il  n'a  pas  le  fentîmenc 
auffi  vif,  que  les  parties  qui  en  reçoivent  un  plus 
grand  nombre. 

L'arterc  cœlîaque  en  fortant  de  l'autre  fe  divi-  ,  Artères 
fe  en  deux  branches  ,  dont  l'une  va  au  foie  ,  &: 
l'autre  à  la  ratte  ;  la  première,  qui  ellla  plus  peti- 
te ,  jette  la  gaftrique  ,  les  deux  ciftiques  ;  l'épi- 
ploique  ,  l'inteftjnale,  &:  la  gaftrepiploiquc  avant 
que  d'entrer  dans  le  foie  ,  où  elle  le  perd  enfin  en 
fe  divifant  prcfque  en  autant  de  petits  rameaux 
que  la  vcne  porte.  Il  y  a  même  des  Anatoniiftes 
qui  prétendent  faire  voir  que  les  rameaux  de  cet- 
te artère  (ont  enveloppez  avec  ceux  de  la  véne 
porte  ,  &  avec  les  branches  du  canal  hépatique 
dans  une  même  membrane. 

Les  principaux  vatffeaux  du  foie  fant  la  véne  ^^^"<^s '^'^ 
cave  &  la  véne  porte  ,  qui  (ont  répandues  en  pa- 
reil nombre  dans  toute  la  fubftance  du  foie  j  de 
forte  que  chaque  lobule  ,  &  tous  ces  petits  corps 
glanduleux  qui  forment  la  partie  cave  &  la  con- 
vexe de  ce  vifcerc,  font  également  fournis  de  ces 
vailfeaux  \  ainlî  il-  ne  faut  pas  croire  <jue  la  porte 
ne  foit  qu'en  la  partie  concave  ,  &  que  la  véne 
cave  ne  foit  que  dans  la  partie  convexe  du  foie  , 
puifque  l'on  conduit  leurs  rameaux  dans  toutes 
les  parties  de  ce  vifcere.Ceux  de  la  véne  porte  ne 
fe  déchargent  point  dans  ceux  qui  reçoivent  la 
bile  ,  ni  dans  ceux  de  la  véne  cave,par  des  anafto- 
mofes  qu'ils  aient  les  uns  avec  les  autres,  comme 
fe  croient  quelques  Anatomiftes,  mais  au  travers 
de  ces  petits  grains  glanduleux  dont  le  foie  eft 
compofé  ,  &  qui  fervent  de  moyen  entre  les  ra- 
meaux qui  donnent  &  ceux  qui  reçoivent  ,  de 
manière  que  tout  le  foie  efl:  parfemé  des  ramiH- 
'mtionsdc  la  véne  porte  ,  6c  de  celles  ds  la  véne 


I5>i  Des  Parties  qui  purifient  lefarig^ 

cave  ,  avec  cette  difFcience  néanmoins  que  ceiks 
de  la  porte  y  entrent ,  &  que  celles  de  la  vénc  ca- 
ve en  fortent. 
Conduits       Les  conduits  bilaircs  font  en  auffi  grand  nom- 
dàn^^c       ^^^  ài2i\\%  le  foie  ,  que  les  rameaux  de  la  ve'ne  por- 
fojc,  te  \  puilquc  par  tout  où  il  fe  trouve  une  branche 

de  l'un  ,  il  y  en  a  toujours  une  de  l'autre,&  qu'ils 
font  enfermez    dans  la  capfule  de  Glijfon  :    Ces 
conduits  tervent  à  porter  la  bile  dans  la  velîîcule 
du  fiel,  ou  dans  le  duodénum  ,  comme  nousl'ex- 
y  -fT        plîque^onspliis  amplement  ci-aprés. 
limphati-         Les  Anatomiites  remarquent  que   les  vaifleaux 
qucs  du       limphatiquesdu  foie  tirent  leur  origine  des  peti- 
tes glandes  conglobéesj  que  l'on  découvre  fous  la 
tunique  de   fa  partie  cave  ,   veis  l'encrée  de  la 
véne  porte  j  dans  la  capfule  de  laquelle  Glijf  n  dit 
qu'on  voit  entrer  ces  vaill'eaux  ,  fans  qu'ils  ayeut 
pour  cela  aucune  communication  avec  le  foie:Ce 
qui  fait  alTez  connoître  qu'ils  n'ont  pas  leur  prin- 
cipe dans   fon  parenchime  ,  comme  l'a  cru  Bar- 
thoVin  qui  les  a  découverts. 
iM^lncicnj      L'ufage  de  ces  vaifTeaux  eft  de  porter  la  lim- 
donnoienc    phe  de  ces  glandes  dans  le  refervoir   de  Pequet , 
*"  **^*^*       &  non  pas  d'apporter  le  chile    au  foie  ,  comme 
l'ont  prétendu  ceux  qui  les  prenoient  pour  des 
vénes  ladlées. 

Les  Anciens  fe  font  imaginez  que  c'étoît  le 
foie  qui  faifoic  le  fang,  qui  le  diftribuoit  aux 
parties  pour  leur  nourriture ,  &  que  le  chile  ne 
pouvoic  être  porté  ailleurs ,  &  pour  cet  effet  ils 
vouloient  qu'il  y  fût  conduit  par  les  mêmes  vénes 
qu'ils  difoienc  porter  le  fang  du  foie  aux  inte- 
ftins. 

Pour  détruire  cette  opinion  ,  il  ne  faut  qu'exa- 
miner les  m^uvcmens  oppofez  qu'ils  donnoienr 

au 


■/  /  /.  Vemonfiratîon  Anatom,,  1 5?  5 

âii  cliile  &  au  fang^n'y  ayanc  pas  aparence  de  croi- 
re que  deux  liqueurs  dont  l'une  félon  eux  ,  mon- 
toir,  &  l'autre  defcendoic ,  pulïènt  palTer  en  même     ^^  ^a^jg 
tems  par  un  même  canal ,  d'ailleurs  la  circulation  ne  pcuvcng 
du  fang  que  l'on  a  découverte  de  nos  jours  ,  s'eft  paircr  o^r 
trouvée  (i  opofée  à  cette  diftribution  du  fang  par  cndroi[?^ 
les  vcnes  ,  que  bien  loin  de' la  porter  aux  parties, 
elles  n'ont  au  contraire  point  d'autre  ufage  que  ce- 
lui de  raporter  au  cœur. 

Ce  qui  me  confirme  encore  dans  cette  opinion,  ff,   -'^*  '^^ 
>   n         j  .  ,     -         -^      .         ^  point  ay 

c  cit  qu'aiant  fait   l'ouverture  de  pluiieurs  chiens  foyc. 

en  vie  quarante  heures  après  les  avoir  fait  manger 
j'ai  aufTi-tot  découvert  le  foye  ,  que  j'ai  feparé  du 
corps  du  chien,&  ayant  en  même  tems  imbibé  tout 
le  fang  épanché  dans  la  place  qu'occupoit  le  foye 
je  n'ai  point  vu  qu'il  y  eût  une  goutte  de  chile  ré- 
pandu dans  cet  endroit,ni;dansune  partie  du  foye, 
quoique  les  véncs  lactées ,  le  refervoir  &  le  canal 
thorachique  en  fulfent  alors  tout  remplis  5  ce  qui 
fait  voir  alfurément  que  le  chile  va  droit  au  cœur, 
&  non  pas  au  foye.  ^ 

Ce  n'efl:  pas  que  le  foye  ne  contribué'  ,  corn-  ble  u  agï*' 
me  plufieurs  autres  parties  ,  à  purifier  le  fang  :  du  foye. 
mais  il  faut  ici  vous  expliquer  comment  fe  faic 
cette  purification  ,  ou  pour  mieux  dire  comment 
le  foye  peut  être  le  filtre  de  la  bile  \  car  quoi-que 
les  vaiiTcaux  qui  s'unifTent  au  tronc  de  la  porte 
fallcnt  la  fondion  de  vénes  ,  puif qu'ils  rappor- 
tent le  fang  ,  la  véne  porte  néanmoins  ,  contre 
cette  loi ,  diftribuë  le  fang  dans  tout  le  foye, 
comme  fi  elle  étoit  une  artère  ,  &  cela  fans  dou- 
x^  pour  y  porter  la  matière  de  la  bile  j  car  quelle 
apparence  y  a-t  il  que  l'arrere  hépatique  ,  qui  tft 
fi  petite  ,  put  fufïire  à  cet  effet.  Outre  que  l'oii 
f^âit  qu'elle  cft  deftinée  à  porter  &:  à  fournir  la 

N 


194  1)es  Parties  qui  furlfient  le  fang, 

nourriture  à  ce  vifcere  ,  qui  ne  pourroic  recevoir 
de  la  véne  porte  ,  puifqu'il  n'y  a  point  de  partie 
dans  tout  le  corps  qui  ne  fe  nourrilîe  du  fang  ar- 
tériel. Ainfi  quoique  le  poumon  ait  de  grands 
vaifleaux  répandus  dans  toute  fa  fubftance ,  néan- 
moins il  a  Ton  artère  propre  appeliée  bronchiale. 
De  mcmc  le  cœur  qui  a  qnatre  fort  grands  vaif- 
fcaux  à  Tes  ventricules  ,  ne  laifTe  pas  d'avoir  (on 
artère  coronaire  pour  la  nourriture  de  fa  propre 

fubftance. 
Comment       -r^-r         -s  \    r         i     \       '  > 

le  foye  pu-       Dilons  donc  que  le  iang  de  la  vene  porte  après 

lifîelc  fang.  avoir  paifc  par  toutes  ces  ramifications ,  fe  jertc 
dans  les  glandes  où  aboutilfent  aulîi  les  extremi- 
tez  du  conduit  biliaire ,  la  capillaire  de  la  vene 
cave ,  &  celles  de  Tartere  qui  y  porte  auffi  du 
fang  \  &  que  tout  ce  fang  s'y  filtre  ,  de  manicre 
que  {z^  particules  proportionnées  aux  petites  bran- 
ches des  extrémitez  des  conduits  biliaires  ,  y  cou- 
lent continuellement ,  pour  s'aller  jetter  les  unes 
dans  le  canal  hépatique,  &  de-là  dans  le  duodé- 
num 5  les  autres  dans  la  vefficule  ;  au  lieu  que 
celles  dont  la  figure  &  la  grolfeur  ne  permettent 
pas  qu'elles  pafl'ent  par  ces  petites  embouchures  , 
font  reportées  par  les  capillaires  de  la  véne  cave 
dans  le  gros  tronc3&  enfin  dans  le  ventricule  dioic 
du  cœur. 

L'on  dira  peut-être  que  fi  la  véne  porte  failoit 
i'ofice  d'artère  ,  elle  devroit  aulîi  pour  aidera  la 
filtration  dans  les  glandes  avoir  un  battement  pa- 
reil à  celui  qu'ont  les  atteres;  mais  on  répond  que 
fi  elle  n'a  pas  le  mouvement  de  diaftole  &  de  fif- 
tole,  elle  ne  lailfe  pas  d'en  avoir  alfez  pour  cet 
effet  ;  puifiqu'elle  eft  renfermée,  comme  nous  a- 
vons  dit ,  dans  une  capfulc  mufculeufe  capable  dq 
fc  dilater  &  de  fe  reiferrer.    D'ailleurs  elle  eft 


/  /  /.   DêjnonflrMîon  Amtorn,  1 9  / 

toujours  accoaipagaée  de  Vautre  donc  le  batrc- 
menc  continuel  lui  eft  fans  doute  d'un  grand  le- 
cours. 

Mais  parce  qu'il  ne  fe  peut  faire  de  filtration 
que  le  fan  g  ne  foit  pouiï'é  avec  force  ,  tant  par 
l'impulfion  du  cœur  j  que  par  celle  des  atteres , 
comme  nous  l'ayons  dit  en  expliquant  la  généra- 
tion des  efprits  animaux  ,  &  qu'ain(î  le  fang  qui 
cft  dans  la  porte  fe  trouve  grollier  &  non  artériel, 
la  nature  a  eu  foin  de  coller  immediarement  à  cet- 
te véne  Taitcre  hépatique  ,  afin  que  par  fon  con- 
tinuel battement  elle  fit  avancer  de  couler  plus 
promptement  le  fang  de  la  porte.  Elle  a  aufÊ  en 
foin  d'enveloper  ces  vaiffeaux  d'une  capfule  ca- 
pable de  mouvement,  afin  que  comprimant  conti- 
nuellement cette  véne  5  elle  augmentât  le  cours 
du  fang  qui  y  eft  contenu.Enfin  cette  fage  mère  a 
mis  le  foye  fous  le  diaphragme,  &  fous  les  mutcles 
du  bas  ventre,  afin  que  par  leurs  battemens  conti- 
nuels ils  rendillènt  le  cours  du  fang  plus  vite  &C 
plus  facile. 

En  levant  le  foye  en  haut ,  on  voit  la  vefîicu-        E 
le  du  fiel  ,qui  eft  le  refervoir  de    la  bile  ;  c'eft  ^J  ^jf  *^"^® 
une  efpece  de  poche  ronde  ,  &    un  peu   longue  , 
qui  a  la  figure  d'une  petite  poire.  La  vefïicule  du     Q;iatrc 
fiel  eft   compofée  de  quatre  membranes  comme  àtavcfficu! 
les  intcftins;  la  première  en  commençant  par  celle  le  duùcl. 
de  dedans  ,  eft  un  velouté  qui  eftnn  compofé  dcfs 
canaux  excrétoires  des  glandes  i  la  deuxième   eft 
nerveufe  &  mince  ;  la  troihéme  cft  faite  de  fibres 
charnues  j  enfin,  la  quatrième  eft  commune  à  la 
vcllicule  &  au  foye  \  n'étant  autre   chofe  que  la 
membrane   du  foye  qui  palfe  par   dcilus  la  vCiîî- 
cule. 

Cette  petite  vefîie  n'excedej  cas  pour  l'ordi- 

'  N    ij 


ip(>  Des  Parties  qui  purifient  le  fa'/ig  i 

GrandcHr  naire  la  grolFeur  d'uiî  petit  œuf  de  poule  j  nean-' 

de  h"vcin-  ^"'O'*^^^  ^^^^  4"^  ^^^'^^  ^^^^  bilieux,  l'ont  plus  giolle 
cilodafiel.  6c  plus  grande  que  ceux  qui  le  font  moins:Sa  lon- 
gueur ell  environ  de  dewx    travers  de  doigt ,  &  (a 
largeur  d'un  pouce.    Elle  efl:  fîtuée  au  dellbus  du 
grand  lobe  du  foye  dans  fa    partie  concave,où  elle 
eft  comme  enfoncée  dans  la  fubftance,elle  eft  uni- 
que, &  rarement  il  s'en  trouve  deux. 
VaifTcaux       £a  vefîicule  du  fiel  reçoit  un  petit   nerf  d'une 
culedufid.  branche  de  l'intercoftal.  Elle  a  deux  artères  Kifti- 
ques  ,  qui   viennent  de  la  cœliaque ,  &  qui  après 
s'être  divifées  en  plufieurs  petits  rameaux  ,  vont 
.    enfin  fe  terminer  aux  petites  glandes,qui  font  en- 
tre ces  deux  tuniques:Elle  a  aufH  deux  vénes ,  qu« 
l'on  nomme  Ki{liques,lefquelles  reçoivent  le  refi- 
du  du   fang  que  les  artères  y  ont  aporté ,  pour  1§ 
reporter  dans  la  véne  portejenfin  elle  a  un  vaiffeau 
limphatique  qui   va  fe  rendre  avec  ceux  du  foyc 
dans  le  relervoir  du  chile, 
C  On  confidere  à  U  vefîicule  du  fiel  fon  fond  5c 

de  la  Tcffi-  fon  col  j  le  fond  eft  rond  àc  placé  à  la  partie  infe- 
culc.duficl.  rieure  du  foye  j  lorfqu'ileft  dans  fa  fituation  na- 
turelle. Ce  fond  eft  teint  de  la  couleur  de  la  bile 
qu'il  contient.  Il  renferme  fouvent  de  petites  pier- 
res formées  par  la  partie  la  plus  limoneufe  de  la 
bile  ,  qui  par  le  fejour  &  la  chaleur  du  lieu  s'y  pe- 
trifiej  j'en  ai  trouvé  julqu'au  nombre  de  cinquan- 
te-deux dans  la  velHcule  de  Mr  le  Marquis  de 
Louvois. 
D  Le  col  eft  au  deftus  du  fond  j  il  s'allonge  &  fc 

Le  col  de  la  rétrécit  de  manière   qu'il  fe  termine   en  un  canal 
veflîculc  du   ,,„,,,. ,  .  T-       ,        .  .   . 

fiel,  étroit  &  délie  ,  qui  va  aboutir  au  conduit  com- 

mun ,  ce  canal  eft  appelle  pore  bilairc.  A  Ten- 
droit  où  ce  col  forme  ce  canal ,  il  y  a  un  petit 
«nneau  fibreux  qui  le    dilate  &  fe  relTerre  com- 


///.  Démonftratîon  Anatom,  1^7 

me  un  Tphindter ,  pour  lâcher  ou  pour  retenir 
la  bile  dans  la  vefîicule  ,  &  pour  empêcher  qu'el- 
le ne  remonte  d'où  elle  vient  :  cet  anneau 
fait  la  le  même  office  que  le  pilore  au  ventri- 
cule. 

Le  cholidoque  'eft  un  vailTeau  oblong  ,  deux  ,  ^  ,  . 
fois  plus  large  que  le  col  de  la  vcfîîcule  ,  qui  s'en  doquc! 
va  droit  au  foye  par  le  canal  commun  dans  l'in- 
teftin.  L'on  croyoit  qu'il  portoit  la  bile  du  foye 
dans  la  velîîcule ,  mais  l'inteftin  enflant ,  &  non 
pas  la  vefîicule  ,  lorfqu'on  foufle  dans  ce  conduit, 
cela  fait  vpir  que  la  bile  de  ce  canal  va  droit  dans 
l'intcftin  ,  &  en  même  tcms  fait  prefumer  que  cel- 
le que  l'on  trouve  dans  la  velîicule  ,  y  eft:  aportée 
d'ailleurs. 

Le  canal  commun  de  la  bile  eft  formé  par  la  .  ^ 
jonition  du  cholidoque  &  du  pore  biliaire ,  il  va  commun, 
le  terminer  obliquement  à  la  fin  du  duodenum^ou 
quelquefois  au  commencement  du  jéjunum  ,  & 
rarement  au  ventricule.  Il  fe  coule  entre  les  deux 
tuniques  de  l'inreftin ,  &  en  perce  l'extérieure 
deux  travers  de  doigt  plus  haut  que  l'intérieure  : 
Cette  manière  d'entrer  dans  Tinteftin  ,  fait  qu'il 
n'a  pas  befoin  de  valvule  qui  permette  l'entrée 
de  la  bile  ,  &  qui  empêche  Ton  retour  ,  étant  im- 
poGible  par  cette  dilpohtion  que  la  bile  ,  &  même 
le  chile  ,  puilfent  monter  par  ce  conduit  lorlqu'il 
y  a  quelque  obllrudion  à  ce  canal  ,  la  bile  ne 
peut  poinc  être  verlce  dans  les  inteftins  ^  &  alors 
elle  regorge  dans  le  fang  i  &  caufe  cette  maladie 
qu'on  appelle  jauniire  cjui  devient  fouvent  mor- 
telle. 

Les  pigeons,  &  beaucoup  d'autres  animaux  qui     Toas  le* 
n'ont  point  de  velTiculc  du  Hel ,  ne  laiiTent  pas  ce-  oqj"^"^^. 
pendant  d'avoir  de  la  bile ,  leur  foye  fe  trouvant  bile. 

N    iij 


19  s  Des  Parties  cjhî  purifient  le  fm^g, 

amer ,  mais  ils  onr  le  cholidoque  qui  faifant  la 
fondion  de  la  veflicule  ,  porte  la  bile  tout  droic 
dans  l'inii^ftin. 
Deuifor-  Pour  bien  concevoir  les  ufages  de  ces  parties  , 
tesdebiie.  jl  J^auc  fcavoir  qu'il  y  a  deux  (ortes  de  bile  ,  l'une 
fubtile  ,  qui  ell  portée  par  les  conduits  biliaires 
dans  la  veflicule  ,  qui  la  dégorge  enfuite  dans  les 
imeftins  ,  i^'  l'autre  qui  eft  groffiere  ,  laquelle 
avant  été  feparée  par  les  glandes  du  foye  qui  font 
aux  extremitcz  des  rameaux  de  la  véne  porte  ,  eft 
portée  par  de  petits  canaux  dans  le  cholidoque  ,  & 
de-là  dans  le  canal  commun,où  l'une  &:  l'autre  fe 
rencontrent,  &:  vont  de  compagnie  ie  rendre  dans 
les  boyaux. 
rh^^'^r  II  V  a  des  Modernes  qui   prétendent  que  la  bile 

dmit  en      iubtile  eft  apportée    dans  le  tond  de    la  vellicu- 
nois.  \q  p^j.  ^.,.QJ5  endroits  difterens  ,  &  que  même  elle 

eft  compofée  du  mélange  de  trois  biles  différen- 
tes. La  première  eft  celle  qui  y  eft  apportée  par 
les  conduits  biliaires  ,  c'eft  celle  dont  nous  ve- 
nons de  parler  ;  la  féconde  eft  celle  qui  y  eft 
portée  par  un  conduit  que  Blafius  appelle  i'îngu- 
.lier  ,  &  qu'il  dit  fe  glilfcr  entre  les  deux  tuni- 
ques pour  s'inférer  dans  le  fonds  de  la  veflicule  ; 
il  affure  qu'il  a  une  valvule  qui  permet  à  la  bile 
d'en  fortir ,  &  qui  empêche  qu'elle  ne  regorge 
dans  le  même  conduit.  Et  la  troifiéme  fuivant 
Malphigi,  eft  celle  qui  eft  filtrée  &  feparée  par  les 
glandules  qui  font  entre  les  deux  tuniques  de  la 
veflicule. 
Labilcçft  Si  là  bile  n'étoit  qu'un  excrément  ,&  qu'elle 
por.'  I.,  ver.  n  eut  Ion  conduit   dans  les  mceltms  que  pour  être 

fecT-.on  àd   évacuée  avec  les  impuretés  du  bas- ventre  ,  la  na- 
tmic.  .      ..        ^  j   •     j         1 

tiire   auroit  du  mettre  ce  conduit  dans  les    gros 

boyaux  y  ôc  non  pas  au  commencement  des  grêles. 


~    1 1 1.T)êrnonflratlon  Anatom.  199 

où  la  plus  grande  partie  de  la  bile  fe  mêlant  avec 
le  chile  ,  eft  reportée  dans  le  fang  ,  dont  toute  la 
malle  fecorromproit  infailliblement  fans  ellejCom- 
nie  il  arrive  dans  le  plupart  de  ceux  qui  font  hy- 
dropiqueSjaprés  avoir  eu  la  jauniirejd' ailleurs  étant 
un  dilîolvant  tres-puiflant  ,  elle  achevé  de  rompre 
&  de  brifer  dans  ces  premiers  intcftins,les  parties 
de  l'aliment  qui  ne  l'avoient  pas  été  fuffifammenc 
dans  Teftomac;  &  ainfi  bien  loin  d'être  un  pur  ex- 
crément 5  comme  on  l'a  toujours  cru  ,  on  doit  au 
contraire  être  perluadé  par  les  ufages  importans" 
que  la  nature  lui  a  donnez  ,  que  c'eft  une  liqueur 
necellaire,  fans  laquelle  le  chile  ne  pourroit  jamais 
acquérir  le  degré  de  perfedion ,  dont  il  a  iDefoiii 
pour  devenir  fang. 

De  plus ,  la  bile  ,  &  fur  tout  celle  de  la  veffi- 
cule  du  fiel  lorfqu'elle  fe  décharcre  dans  le  duo- 
dénum ,  picote  par  fon  acrimonie  les  fibres  Aes 
inceftins  ,  &  ainfi  elle  excite  un  mouvement  pro- 
pre à  poufler  le   chile  dans  les  vénes  ladées  ,  &C 
à  jetter  les  excremens  par  l'anus.    Son  acrimonie 
eft  fort  bien  prouvée  en  ce  qu'on  la  coagule  par 
des  acides  ,  &  qu'on  la  rend  plus    fluide  par  les 
huiles  Alcalines.  L'acide  de  la  bile   rend  aufïi  le 
chile  plus  fluide  ^c  plus  fubtil ,  il  facilite  fon  en- 
trée dans  les  laélees  -,  il  fert  même  encore  de  clyf- 
teres  naturels  ;  &  la  partie  huileufe  de  la  bile ,  en- 
grailfant   les  inteftins  ,  facilite    anfli   la  defcente 
&  le  mouvement  des  gros  excremens.    L'on  fcait 
allez  que  la  bile  qui  pafle  par  le  canal  cholido- 
quc,  coule  fans  cédé  dans  le  duodénum  ^  mais  on 
n'eft  pas  fi  afluré  du  tems  auquel  celle  de  la  veflî- 
cule  s'y  décharge.  Il  y  a  aparence  néanmoins  que 
cela  arrive  principalement  dans  le  tems  de  la  dige-' 
ftion ,  parce  qu'alors  le  ventricule  fe  comprime 

N    iiij 


200  Des  Parties  qui  pmfient  le  fang^ 

pour  vuîder  le  chile  dans  les  inteftinsj  ce  qui  s'ac- 
çoide  fort  bien  avec  la  raifon  ,    puifque  c'cft  dans 
ce  temps-là  qu'on  a  befoin  de  la  force  fubtilifante 
&  picorante. 
G  j  Le  ratte  eft  fituée  dans  l'hypocondre  gauche  ,  à 

Laratcc,  poppoùte  du  foyc,rous  le  diaphragi"ne,entre  les  cô- 
tes &  le  ventricule.Elle  eft  aux  uns  plus  haut,&  aux 
autres  plus  basjmais  en  tout  elle  eft  à  la  partie  la- 
térale &  pofterieurejétant  apuyéc  fur  les  vertèbres 
&  les  fâuftes  côtes. 
Situation      On  trouve  fort  rarement   la  ratte  dans  l'hypo- 

de  la  ratte.  tondre  droit,quelques-uns  l'ont  appellée  le  vicaire 
du  foye,parce  qu'ils  ont  crû  qu'elle  pouvoit  fupléer 
à  fondéfauti  mais  l'adion  de  ces  deux  vifceres  eft 
il  opofée,(Sc  leur  difpofition  naturelle  tellement  dif- 
ferente;qu'il  eft  impolTible  que  l'un  fafle  la  fonction 
de  Tautie. 

,  Sagran-       Quoi  que  l'homme  l'ait  alFez  grofte  ,  elle    eft 

acw.  néanmoins  beaucoup  plus  petite  que  lefoyerfa 

longueur  eft  de  demi  pied/a  largeur  de  trois  tra- 
vers de  doigts  ,  &  fon  épailïeur  d'un  pouce.  Ceux 
qui  font  naturellement  mélancoliques,  l'ont  plus 
grande  ;  parce  qu'étant  rare  &  lAchejelle  groffir  à 
,>^  mefure  que  la  partie  la  plus  grofîlere  du  fang  y  eft 

reçûcjmaisil  eft  plus  avantageux   de  l'avoir  petite 
que  de  l'avoir  grolîè. 
rig'irc  de       La  ratte  eft  faite  coinme  une  langue  de  bœuf^ 

la  ratte.  elle  eft  un  peu  convexe  du  côté  des  côtes,  &  con- 
cave du  côté  du  ventricule  j  Elle  a'  dans  le  milieu 
de  (a  longueur  une  certaine  ligne  blanche  ,  qui  a 
quelques  tuberofitez  3  c'eft  Tendroit  011  les  artères 
lont  iccûës. 
Sa  cou-        JLa  couleur  de  la  ratte  eft  différente  ,  fuivant 

i"or.  j^^  2,gcs  ;  aux  fœtus  elle  eft  rouge  comme  le  foye, 

aux'adultes  elle  eft  nûiràtre,a  caufe  du  fuc  mélan- 


/ /  /.  Dérnonflratîon  Anatom,  io\ 

colique  qui  l'emplit;&  à  ceux  qui  lont  plus  avan- 
cez en  âge,elle  aproche  de  la  couleur  livide  \  cnhii 
elle  eft  plus  ou  moins  brune  ,  félon  que  rhumcur 
qu'elle  reçoit  eft  plus  ou  moins  noire. 

Outre  qu'elle  attachée  au  péritoine ,  au  rein  Ligamcns 
gauche  :  &  quelquefois  au  diaphragme  par  des  ûcl^r^^e. 
membranes  qui  font  fort  déliées  ,  elle  l'eft  encore 
par  fa  partie  cave  à  la  membrane  fuperieure  de  l'é- 
piplooniElle  eft  aujG!i  attachée  à  l'eftomac  par  deux 
ou  trois  vénes  rcmarquableSjqui  font  apeiléesî;^y4 
hrevîa ,  ou  vaiileaux  courts  ,  parce  qu'ils  font  peu 
de  chemin.  ' 

Les.  nerfs  de  la  ratte  viennent  de  Tintercoftal  ;  î:?"f!'!?^ 
ils  ne  s'arrêtent  pas  a  la   membrane  ,  comme    on  de  la  ratte. 
Ta  crû  i  mais  ils  le  diftribuent  en'plulicurs  petites 
branches  dans  toute  la  fubftance  de  la  ratte.  Ses 
artères  font  les  extremitez  des  rameaux  intérieurs 
de  lacœliaque  ,  qui  après  avoir  pénétré  toute  la 
ratte  par  une  infinité  de  ramifications  ,  en  fortent 
pour  s'inférer  dans  cette  membrane:c'eft  pourquoi 
lorfqu'on  l'enlevé  de  forcCjOny  voit  paroîrre  une 
infinité  de  petits  points  rouges,  qui  font  autant  de 
petites  gouttes  de  fang  forties  par  les  orifices  de 
ces  ramifications  d'artères  qui  ont  été  déchirées. 
Ses  vénes  après  avoir  rampé  fur  cette  membrane, 
te  y  avoir  diftribué  un  grand  nombre  de  petits  ra- 
meaux entre-lacez  en  fornie  de  rets  ,  fe  réimiiTent 
<Sc  forment  le  rameau    fplenique  ,  enfin  elle  aune 
ti  es-grande  quantité  de  petits  vaifteaux  limphati- 
ques ,  qui  s'entortillant  autour  des  vénes  &  des  ar- 
tcres  qui  entrent  dans  ce  vilcere  ,  vont  fe  rendre 
dans  le  rcfervoir  du  chile,  pour  y  porter  la  limphe 
dont  ils  ménagent  le  cours  par  une  infinité  de  val- 
vules.La  couleur  de  cette  limphe  eft  jaune5&  quel- 
quetois  rouftatie. 


10  2  Des  Parties  qm  purifient  le  fang , 

Larren^bra-       Dans  l'homme  la   rartc   n'a  qu'une  membrane 
rc  danV"*^"  ^^^^  epailTcDe  fa  furface  intérieure  forcent  des  fi- 
rhonriK.     bres  dures  qui  la  tiaveifenr.  Toutes  ces  fibres  for- 
ment un  tilîu  dont  les  efpaces  fonr  de  différente 
hguie  ,  on  ne  (çauroit  enlever  la  membrane  de  la 
ratre  fans  les  déchirer  ,  c'eft  ce  qui  la  rend  toute 
inégale.   Ces  fibres  font  charnues  comme  celle  des 
poumons. 
Sentimcns      ^"  "*-"-^^  ^  toujours  décrit  la  racte  comme  un 
des  Ar.cicLs  parenchime  fait  de  fang  coagulé  ,  &  épaifîi  entre 
poVuion^dë  ^^^  fibres  &  Ics  vaiffeaux,  &  on  a  voulu  qu'elle  ne 
fa  raue.       fût  différente  du  foye  que  par  fa  fubftance  ,  &  par 

fa  chaleur. 
Sa  vcrirable  Mais  les  Modernes,  après  avoit  recherché  exa- 
élement  fa  ftrudure  ,  nous  ont  fait  voir  qu'elle  efl: 
compofée  d'une  très-grande  quantité  de  membra- 
nes ,  qui  foimient  de  petites  cellules  de  diftcrentes 
figures,  qui  s'entretiennent  &  qui  font  jointes 
enfemble  par  des  fibres  &  de  petits  vailfeaux  qui 
les  traverfent  ;  ces  cellules  ont  communication  les 
unes  avec  les  autres,  &  contiennent  toutes  de  pe- 
tites glandes  de  figure  ovale  ,  &  de  couleur  blan- 
che ,  où  aboutilïent  les  extrémitcz  des  nerfs  &  des 
artères.  Les  membranes  qui  forment  ces  cellules, 
viennent  de  la  tunique  de  laratte  ,  n'étant  toutes 
qu'un  même  tiffu  &  une  produdion  continuelle 
de  la  membrane  qui  envelope  immédiatement  ce 
vifcere. 

La  ratte  a  des  vaiffeaux  confidcrables  y  elle  a 
deux  nerfs  qui  accompagnent  les  rameaux  de  l'ar- 
tère ,  &  qui  ont  tous  deux  la  même  enveloppe  ; 
Parrere  cœliaque  lui  fournit  un  très-gros  vailleau, 
qui  fe  divife  en  trois  ou  quatre  branches  ,  qui 
vont  fe  rendre  dans  ces  cellules  ,  &  enfin  fc  ter- 
miner aux  petites    glandes  dont   nous  venons  de 


111,  lyémonjîratîon  Anatom.  205 

parler  :  De  ces  glandules  parrem  de  petites  vénes 
qui  le  joignant  enlcmblc  en  forment  de  giofles  ; 
ces  groifes  enfuite  en  fortant  de  la  ratte  fe  léiinif- 
fent  &:  font  la  véne  fplenique,  qui  après  avoir  re- 
çu quatre  rameaux  en  chemin  ,  va  finir  à  la  véne 
porte. 

Si  vous  fouhaittez  voir  la  diftribution  de  tous       n 

ces  vaifleaux  dans  une  ratte  ,  au0i-bîen  que  dans  ,V^^  r^ffe 
c  ,  >■    J  ■       •■•Il       \>         c,  l^         aepoiiilléc 

un  roye  ,  vous  n  avez  qu  a  dépouiller  i  un  oc  1  au-  de  (a  mem- 
tre  de  leurs  membranes  ,  &  enfuite  les  fouetter  branc. 
fur  une  planche  ,  en  verfant  de  Teau  continuelle- 
ment deflus  y  ayant  ainlî  dilfout  &  lavé  tout  ce 
qui  occupe  les  efpaces  qui  font  entre  les  vailîeaux 
vous  aurez  lieu  d'admirer  la  prodigieufe  quantité 
de  ces  vailïèauXjSpl'induftrie  avec  laquelle  ils  font 
fabriquez. 

Les  fentiment  des  Anatomiftes  font  fi  opofez  fur     DifFcrens 
1  ulage  qu  on  donne  a  la  ratte,  que  pour  être  trop  nczàlarat- 
contcfté  on  pourroit  dire  qu'il  eft  inconnu.    Les  ^^• 
Anciens  ont  voulu  que  ce  fût  le  refervoir  de  l'hu- 
meur mélancolique  ,  à  caufc  que  le  fan^  qui  s'y 
trouve  eft  fort  noirjde  même  qu'ils  ont  dit  que  la 
vefficule  étoit  le  refervoir  de  la  bile:Mais  on  n'en- 
tend gueres  ce  qu'ils  veulent  dire  par  leur  mélan- 
colie,&  l'on  ignore  s'il  fe  trouve  ici  une  cavité  pour 
contenir  cette  humeur  ,  comme  dans  la  velîicule, 
ni  à  quoi  elle  feroit  propre. 

D'autres  ont  crû  qu'elle  fervoît  à  filtrer  quel- 
que humeur  aigre  &  acide  ,  &  qu'ils  font  verfer 
dans  le  ventricule  par  les  vallfcaux  courts  pour 
aider  à  la  digeftion  ,  fervir  de  levain  aux  alimcns, 
&  exciter  l'appétit.  Mais  cette  opinion  ne  peut 
être  foûtenuë  ,  puifque  les  vailfeanx  courts  n'é- 
tant autre  chofe  que  des  artères  &:  des  vénes  qui 
fe  détachent  du  tronc  comme  les   artères.,  ou  qui 

/ 


204  Des  Parties  qui  purifient  le  fangy 

s'unifFent  au  rronc  comme  les  vcnes  avant  que 
d'entrer  ou  de  fortir  de  la  fubftance  de  la  ratte , 
ils  ne  peuvent  établir  aucune  communication  ni 
de  commerce  entre  la  ratte  &  l'eftomac,  £n  effet, 
les  altères  lerviront  bien  à  la  vérité  à  porter  le 
fang  au  ventricule,pour  communiquer  la  nourri- 
ture qu'elles  reçoivent  au  tronc  fplenique  j  mais 
ce  raiig  ne  venant  pas  de  la  ratte,  puifque  le  tronc 
n\  ecoit  pas  encore  entré  quand  les  rameaux  s'en 
font  détachez  ,  ces  vailîeaux  ne  peuvent  rien  cha- 
rier  de  la  rate  au  ventricule.  Les  vénes  y  en  con- 
duiront encore  moins  ;  car  elles  viennent  du  ven- 
tricule fe  jetcer  dans  le  tronc  fpleniqnc  ,  après 
être  forties  de  la  ratte  pour  y  verlcr  le  fang  qu'el- 
les rapportent  du  ventricule  ;  &  ce  fang  ne  peut 
être  porté  à  la  ratte  ,  puîG^ue  le  tronc  Iplenique 
en  rapporte  le  fanj^ ,  &  le  va  vcrfer  dans  la  porte 
d'où  il  faut  conclure  neceirairement  que  ces  vaifl 
féaux  qu'on  nomme  courts  ,  n'ont  point  du  tout 
les  ufages  qu'on  leur  a  attribuez  ,  &  même  qu'ils 
n'en  peuvent  avoir  d'autres  que  ceux  qu'ont  tous 
les  autres  vailfeaux  par  tout  ailîeurs,&  dont  le  plus 
eircntiel  eft  aux  artères  de  porter  le  fang  aux  par- 
ties pour  leur  nourriture,&  aux  vénes  d'en  rapor- 
ter  le  refidu. 

Enfin  une  preuve  convaincante  que  la  ratte  n'eft 
pas  fans  ufage  ,  eft  que  les  chiens  derattez  loiij  de 
manquer  d'apetit,  au  contraire  ils  mangent  beau- 
coup plus  que  lesautres.Mais  on  demandera  peut- 
être  d'où  vient  que  les  rateleux  mangent  beaucoup 
&  ont  grand  appétit. La  raifon  eft  que  l'acide  qui 
domine  dans  leur  fang  venant  à  fe  répandre  dans 
leur  vencricule,picote  fes  membranes;  ce  qui  leur 
donne  le  grand  apetit  qu'ils  ont ,  &  c'eft  cet  acide 
répandu  dans  tout  leur  fang ,  qui  yenajit  picoter 


I  î  I,  'Démon^ratlon  Anatom.  loj' 

leurs  neifs  ;  caufe  des  douleurs  inruporcables  auf- 
quelles  ils  font  fi  fujcts. 

Aurefte,  quoique  nous  ne  trouvions  point  de 
glandes  dans  la  ratte  pour  y  faire  quelque  filtra- 
tion,il  ne  faut  pourtant  point  croire  que  cette  par- 
tie foit  inutile,  &  que  le  fang  n'y  reçoive  quelque 
alteration,qui  peut-être  contribue  à  le  faire  mieux 
filtrer  dans  le  foye  pour  la  feparation  de  la  bile.Eii 
eifet,  la  précipitation  doit  toujours  précéder  la  fil- 
trjtion  ,  c'eft-à-dire ,  que  les  molécules  doivent 
être  déjà  feparées  avant  que  de  venir  lur  les  cou- 
loirs. Celles  de  la  bile  ;  par  exemple  ,  doivent  de'ja 
être  feparées  de  celles  du  fang  ,  avant  que  de  par- 
venir aux  glandes  du  foye, 

Oeft  peut-être  fur  ce  fondement  que  les  Chymi- 
ftes  admettent  des  levains  par  tout  où  il  fe  fait  des 
fîltrationSj&  qu'ils  ont  nommé  celui  du  foye  ,  Sa- 
lin fulphureux ,  parce  que  dans  la  bile  ils  ont  re- 
marqué deux  fortes  de  principes,un  falin  ,  &  l'au- 
tre huileux  ,  fondez  fur  cez  a.xiomç ,  falina  falîms, 
oleofa  oleofîs  folvuntur.  Mais  il  n'eft  pas  nece0aire 
d'admettre  des  levains  pour  les  précipitations  qui 
fe  doivent  faire  dans  les  parties  de  nôtre  corps  j  car 
par  tout  où  il  fe  fait  des  filtrations  nous  trouvons 
excepté  ici ,  la  grande  impulfion  du  cœur  ,  le  rei^ 
fort  des  artères ,  &c.  qui  dans  leur  grand  chemin 
foUectent  continuellement  le  lang,  &  font  defunir 
les  différentes  molécules  qui  en  dévoient  être  fepa- 
rées. 

Mais  comme  cela  ne  fe  fait  ici  que  tres-foi- 
blement ,  la  nature  en  recompcnfe  fait  faire  cet- 
te précipitation  ;  &  tire  cqs  deux  principes  de^la- 
bile  de  deux  différentes  origines.  La  première  , 
par  exemple  ,  fçavoir  la  partie  huileufe  ,  vient  de 
l'épiplooiï  où  toutes  les  véne$  ont  une  fort  gian- 


2o5  Des  Parties  qnl  purifient  lefang  , 
de  connexion  avec  la  fjraifle  dont  elles  reçoivent 
cette  huile  ,  &  l'autre  principe  viendra  de  la  rat- 
te  ,  à  caufe  de  l'abondance  des  efprits  qui  s'y 
mêlent  avec  le  fang.  En  effet ,  nous  y  voyons  a« 
boutir  deux  gros  cordons  de  nerfs  ;  ajoutez  à  ce- 
la que  le  fang  en  féjournant  donne  occafion  à  cet- 
te partie  faline  de  fc  développer,  d'o^ii  vient  qu'el- 
le a  à  la  veritc  une  fort  grolle  artère  ;  mais  parce 
quelavénc  eft  beaucoup  plus  confiderable,&  que 
les  cellules  font  capables  de  tenir  beaucoup  pUts 
de  fang  que  fon  artère  n'en  peut  fournir  ,  il  ar- 
rive que  le  fang  étant  verfé  par  les  capillaires  de 
l'artère  dans  ces  grandes  &  vaftes  cellules,  il  y 
doit  fejourner  quelque  tems  ,  par  cette  règle  de 
mécanique  ,  qui  ell;  que  lorfqu'une  liqueur  cou- 
le d'un  petit  vailfeau  dans  un  grand  ,  elle  doit 
perdre  de  fon  mouvement  ,&  couler  plus  lente- 
ment :  Or  en  y  féjournant ,  &  outre  cela  y  étant 
continuellement  broyé  &  battu  par  les  fibres  de  la 
ratte  ,  qui  tiendront  ici  lieu  de  l'impulfion  du 
cœur  ,  &  du  reflort  des  artères  ,  il  doit  s'y  altérer 
&  recevoir  quelque  préparation  ,  d'où  vient  que 
lorfque  la  nature  veut  préparer  quelque  liqueur-, 
file  la  fait  couler  par  de  longs  &  tortueux  chemins 
afin  qu'en  féjournant  davantage  ,  elle  puilîe  être 
mieux  altérée. 

Les  efprits  animaux  qui  coulent  inceirammenr 
dans  la  ratte  par  ces  deux  gros  cordons  de  nerf^ 
qui  nous  y  avons  remarquez  ,  contribuent  à  cette 
préparation  en  deux  mnnieres  :  La  première  ,  en 
îe  mêlant  avec  le  fang  ,  ils  le  fubiililent  &  l'atté- 
nuent j  car  ce  font  les  outils  les  plus  tranchans 
de  la  nature  :  La  féconde  ,  en  faifant  mouvoir  les 
fibres  mufculeufes  de  la  ratte  ,  lefquelles  comme 
des  mules  de  mouli^î  broyem  le  fang.  Par  tout  ce 


1 1 1.  Demonflratlon  Amtom.  ^o?  . 

iqiie  nous  venons  de  dire  ,  il  faut  conclure  que  l'u- 
fage  le  plus  vrai  fcmblable  qu'on  peut  donner  à  la 
ratte  ,  efl  de  préparer  le  fang  pour  être  facilement 
filtré  dans  le  foye  ,  &  cette  préparation  confifte  à 
atténuer  ,  fnbtilifer  &  broyer  le  fangA  à  en  fepa- 
rer  les  molécules  falines  de  la  bile.  Ceft  pourquoi 
la  ratte  &  Tépiploon  qui  contribuent  à  cette  filtra- 
rion  fe  rencontrent  dans  les  animaux,  &  toujours 
les  vénes  de  l'un  &  de  l'autre  vont  fe  décharger 
dans  la  porte  ,  quoique  bien  fouvent  elles  foienc 
plus  prés  de  la  cave. 

Le  Pancréas  eft  un  corps  compofé  d'une  grande     ^^  p^^^. 
quantité  de  glandes  envelopées  d'une  même  mem-  crcas 
brane.ll  eft  iîtué  Tous  la  partie  pofterieure  &  infé- 
rieure du  ventricule  vers  la  première  vertèbre  des 
lombes  :  Il  s'étend  depuis  le  duodénum  jufqu'à  la  gj  grandei;'r 
ratte  ,  ayant  fa  principale  partie  dans  l'hypocon-  du  pancrcas 
dre  gauche  j  il  efl:  fortement  attaché  au  péritoine. 
Sa  pefanteur  eft  de  cinq  onces.  Il  eft  long  pour 
l'ordinaire  de  dix  travers  de  doigts,  laro-e  de  deux, 
Repais  d'un. 

Les  Modernes  ne  reconnoiftent  que  deux  efpe-    Deux  for- 
ces de  glandes ,  aufquelles  ils  reduifent  toutes  les  des  au 
autres  ^  excepté  les  rénales  :  Ils  appellent  les  unes  corps, 
conglobées,&  les  autres  conglomérées.   Je  pren- 
drai occafion  de  vous  les  expliquer  ici  toutes  deux 
à  caufe  du  pancréas  qui  eft  au  rang  des  conglomé- 
rées. 

Les  glandes  conçlobées  font  celles  qui  n'étant  ^i  j 
pomt  diviiees  j  ont  une  lubltance  &  une  compoil-  Gonglobces 
tion  qui  en  paroîr  plus  ferme  &  plus  continue, 
dont  la  fuperficie  eft  égale  &  fore  unie  :  Elles  ont 
toutes  une  artère  qui  leur  apporte  du  fang,& 
une  vene  qui  le  reporte  après  avoir  été  filtré  dans 
ces  glaindes.    Elles  ont  auiE  uu  ou  pluiîeurs  vaif- 


^  o  8  Des  Parties  qui  purifient  hfang, 

féaux    excrétoires  qui  conduifent  &  verfent    ért 

quelque  endroit  ce  qui  en  a  été  feparé.    Il  y  en  a 

qui  ont  une  cavité  dans  leur  milieuj&:  des  vailfeaux 

limphatiques  qui  vont  fe  rendre  dans  le  refervoir, 

ou  dans  le  canal. 

Glandes        ]_cs  conçlomcrces  font  celles  qui  font  corapo- 
congloinc-   r'      J       i    r  •  •         i      j    i 

rect.  l^es  de  plulieurs  petits  corps  ou  grains  glanduleux 

joints  enfemble  fous  une  même  membrane  ,  com- 
rne  les  glandes  falivales ,  fudorales  ,  lacrimales  , 
&  le  pancréas  ;  ces  glandes  outre  des  artères  ,  des 
vénes  &  des  nerfs ,  font  encore  fournies  chacune 
d'un  vaiffeau  excrétoire  ,  ramifié  dans  leur  propre 
fubftance  ;  par  le  moyen  duquel  elles  déchargent 
dans  des  refervoirs  les  liqueurs  qu'elles  ont  fil- 
trées. 
Ufage  des  L'ufage  des  glandes  étoit  inconnu  aux  Anciens, 
g.andcs.  puifqu'ils  croyoient  qu'elles  ne  fervoienc  qu'a  ap- 
puyer la  dîftribution  des  vaiifeaux  j  apparemment 
qu'ils  ne  fe  donnoient  pas  la  peine  d'examiner  li 
ces  vaiffeaux  entroient  ou  non  dans  les  glandes  : 
car  ils  auroient  connu  comme  les  Modernes  qu'il 
n'y  a  pas  une  glande  quinefepare  quelque  liqueur 
par  fa  difpofition  nacurellei  de  même  qu'un  crible 
laîlfe  palfer  par  fes  trous  des  particules  qui  en  ont 
la  figure, 
Ufagc  de?  Les  liqueurs  qui  font  feparées  par  les  glandes,ont 
liqueutî.  ^^^  ufages  differensiles  unes  fervant  a  diiroudre,les 
autres  à  humederjôc  les  autres  étant  deftinées  pour 
être  évacuées. 

Le  pancréas  étant  ,  comme  nous  le  venons  de 

Le  pan-    dire,  de  la  nature  des  glandes  conglotnerées,il  re- 

un?glandc  ^^^^  toutes  fortes  de  vailfeaux;il  y  a  un  nerf  de  l'in- 

congiomc-  tercoftal ,  des  artères  de  la  cœliaque,des  vénes  qui 

vont  à  la  fplenîque  ,  &  des  vaiifeaux  limphatiques 

qui  vont  au  referyoïr. 


///.  Vémonflratlon  Anatonté  lo^ 

Le  pancréas ,  outre  tous  ces  vaifTeaux  ,  a  un        !• 
conduit    particulier  ,  que    l'on  nomme   pancrea-  pancr.?a- 
tique  ,  il    fut  découvert   en  l'année    1642.    parque 
f^irfungtts    célèbre     Anatomifte  à    Padouc.     Ce 
canal  efi:    membraneux  :  Après    qu'on  l'a  ouvert 
on  y  remarque  une  cavité  dans  laquelle  on  intro- 
duit facilement  une  petite  fonde  ^  que  l'on  con- 
duit jufqucs  dans  le  duodénum  ,  où  il  entre  alTez 
proche  de  l'ouvciture  du  conduit  de  la  bile  ,  qui 
e(l  quelquefois  le  même  pour  ces  deux  canaux. 
La  facilité   avec  laquelle  la    fonde  avance ,  lorf- 
qu'on  la  poulie  dans  cette  cavité  vers  l'inteftin  , 
Ce  la  difticuké  qu'on  a  de  la  faire  entrer  en  la 
pouffant  du  côté  de  la  rattc,  nous  fônt^voir  que 
fon  véritable    chemin  eft  d'aller  à  l'inteftin  ,  où  il 
porte  une  liqueur  jaune  ,  autant   qu'on  le  peut 
remarquer  par  la  couleur  dç  la  fonde  que  l'on  en 
retire. 

Ce  canal  ne  vient  pas  de  la  ratte  i  à  laquelle  il     r^  ,    i 
«e  touche  point ,  mais   des  rameaux  des  petites  percé  dins 
glandes  qui  comnofent  le  pancréas  ,  de  manière  ^^  <iuode- 
qu  il  groilit  a  melure  que  ces  rameaux  s  uniHent, 
il  vient   fc  terminer  dans  le   duodénum  ,  où  il  a 
une  petite  valvule  qui  permet   la  fortie  de  la  li- 
queur qu'il  contient  ,  «Si  em.pêche  que  le  chile  & 
les  autres  matières  ne  pall'ent  des  inteftliis  dans  la 
petite  ouverture.    Il  eft  unique  &  rarement  dou- 
ble i  fa  groifeur  eft  comme  celle  d'aine  petite  plu- 
me,quand  il  eft  dans  fon  état  natuirel;  car  il  grolîit 
qulquefois  par  excès. 

L'ufage  du  pancréas  n'eft  pas  de  fervir  de  couf-     ufagedû 
fî'i  au  ventricule  ,  ni  d'appui  aux  vailîeaux  qui  fe  Pf^""^ 
diftribuent   dans  l'abdomen  ,  mais  de  féparer  &  pincrcati- 
de  filtrer  par  le    movcn  des   glandes    dont  il  eft  q-c. 
compofé ,  un  fuc  acide ,  qui  eft  porté  enfuiic  par 

O 


z  I  o  Des  parties  qui  -purifent  le  fang, 

fon  canal  dans  le  duodenum,OLi  ce  fuc  iert  de  dif- 
folvant  conjointement  avec  la  bile  ,  pour  y  don- 
ner au  chile  fa  dernière  perfedbion. 
fuies  atia-        Avant  que  de  palîer  aux  reins  ,  il  y  a  deux  par- 
bilaircs.      tîes  à  vous  faire   voir  ,  que   quelques-uns  appel- 
lent capfuies  atrabilaires ,  à  caufe  que  l'on  trou- 
ve quelquefois  dans    leur    cavité    une    humeur 
fcmblable  à  de  l'atrabile  j  d'autres    les  nommeiit 
Reins  fuccenturiaux  ,  parce    qu'elles   ont  pour 
l'ordinaire  la  figure  de  Reins  ;  enfin   d'autres  les 
appellent  glandes    Re'nales  ,  à  caufe  qu'elles  ont 
la  fubftance  de  glandej&  qu'elles  font  fituées  pro- 
che les  Reins. 
Situation       q^^  capfuies  font  deux  ,une  de  chaque  côté  : 
Ici  acrab;-    elles  font  placées  tantôt   delius  le  rein  ,  &  tantôt 
laixc».         entre  le  rein  &  la  grolîe  artère  ;  elles  font  enve- 
lopées    d'une  membrane  fort    déliée  ,  &:  embar- 
raflees  dans  la    graifle  ,  ce  qui  donne  de  la  peine 
à  les  trouver.    Celle  qui  eft  à  droite  eft  ordinaire- 
ment plus  petite  que  celle  qui  cil:  à  gauche  ,  elles 
font  chacune  de  la  grolfeur  d'une   noix  applatie  , 
ayant  une  cavité  alfez  ample  pour   leur  grolfeur  ; 
dans  le  fœtus  elles  font    toûjoqrs    prefque  aufîi 
_  grandes  que  les  reins, 

ftam!?.  "  "  Leur  fubftance  ne  diffère  gueres  de  celle  des 
reins ,  excepté  qu'elle  eft  un  peu  plus  molle  ,  & 
plus  lachej  elle  fe  rompt  facilement  en  dilïequanc 
ces  capfuies ,  lorfqu'on  les  veut  fcparer  de  la 
membrane  extérieure  des  reins ,  à  laquelle  elles 
font  fortement  attachées. 
Leur  figu-  Leur  figure  eft  aufîi  changeante  que  leur  fitua- 
"'  tion ,  étant  quelquefois  rondes  ,  ovales,  quarrées, 

triangulaires  ,  &  n'en  ayant ,  pour  mieux  dire,  au- 
cune d'affurée, 
Lettsjcou".      Leur  couleur  eit  tantôt  rouge,  &  tantôt  fembla. 


/  //,  Démonflratîon  Anatont,  it  i 

ble  à  la  graiire  de  laquelle  elles  font  cnvelopées  j 
elles  ont  dans  leur  cavité  de  petits  trous  qui  pé- 
nètrent leur  fubftance. 

Elles  ont  un  nerf  qui  leur  vient  de  l'intereoftal.  Leurs 
<x  qui  y  rorme  un  plexus  j  l  artère  emulgente  ,  èc 
quelquefois  l'autre  leur  envoycnt  un  ou  deux  ra- 
meaux j  elles  ont  un  petit  conduit  qui  va  s'inférer 
dans  la  véne  éraulgente  à  fa  partie  luperieure.  Il 
y  a  dans  leur  cavité  une  valvule  ,  qui  s'oUvre  du 
coté  de  l'émulgenrei 

Quoiqu'on  n'ait  pas  encore  connu  jufqu'à  pre-  L'ufagé 
fent  l'ufage  de  ces  capfules  j  cela  n^empêchc  pasj""^ 
qu'on  ne  doive  leur  en  donner  un  par  rapport 
à  leur  ftrudure  ,  &  à  la  liqueur  que  l'on  trouve 
dans  leur  cavité  -,  ainfi  je  dis  qu'il  y  a  lieu  de 
croire  qu'étant  des  glandes ,  elles  fervent  à  fé- 
parcr  quelque  humeur  du  fang  que  les  artères  leur 
portent  :  &  ce  qui  prouve  que  cette  humeur  eft 
enfuîte  verfée  par  leur  petite  véne  dans  l'émul- 
gente  j  où  elle  eft  mêlée  avec  le  fang  à  qui  elle  eft 
utile ,  c'eft  la  difpofition  de  la  valvule  dont  je 
viens  de  vous  parler,  qui  eft  faite  de  manière 
qu'elle  permet  l'écoulement  de  cette  humeur 
dans  l'émulgente  ,  &  empêche  que  le  fang  ne  re- 
monte de  l'émulgente  dans  la  cavité  de  a:s  glan- 
des. 

La  connoiilànce  de  la  ftrudture  des  glandes 
rénales  m'a  fait  avancer  une  opinion  fur  leurs 
ufages  j  que  je  croi  la  véritable.  Je  dis  qu'elles 
n'ont  plus  de  fondions  aulli-tôt  que  l'enfant 
eft  né  j  qu'au  fœtus  elles  font  l'office  de  rcinSj 
en  fepàrant  la  ferofité  du  fang  qui  leur  eft  por- 
tée par  les  artères  ,  &  la  verfant  enfuite  dans 
les  véncs  cmulgentes  par  ce  conduit  qui  y  va 
aboutir*    Si  l'on   examine  bien    cette  opinion  , 

O   ij 


2 1  z  Des  Punies  cjitl  ptrîfient  le  fang  , 

on  trouvera  que  tout  concourt  à  la  prouver. 
Ces  glandes  font  tres-grofles  au  fœtus  ,  parce 
qu'alors  elles  font  en  action  \  elles  diminuent 
à  mefuie  que  l'on  avance  en  âge  ,  parce  qu'el- 
les deviennent  inutiles.  Les  reins  dans  le  fœtus 
ne  doivent  point  féparer  de  ferofitez  pour  deux 
raifons.  La  première  ,  c'eft  qu'il  feroit  obligé 
d'uriner  \  ôc  l'autre ,  c'eft  que  le  fan^  devien- 
droit  trop  épais  ,  cette  ferohté  ne  pouvant  ctie 
reparée  par  la  boiflbn  ,  les  glandes  rénales  fup- 
pléent  à  ces  deux  inconveniens  ;  elles  féparent 
la  ferofité  avant  qu'elle  pullfe  être  portée  aux 
reins  ,  &  elles  la  verfcnt  dans  les  vénes  émulgen- 
tes ,  afin  qu'étant  mélangée  avec  le  fang  ,  il 
foit  auili  coulant  qu'il  doit  être  pour  bien  cir- 
culer. 

Les  parties   qui  épurent  le   fane   de  la  ferofité 
Les  partiel  r        a    ■■  ^        t  \P  ■         r  j 

qui  {epa-     iupernue  ,  que    nous  appelions  i  urnie  ,  lont    de 

rcntruri-    trois  fortes  ;  fcavoir   les  reins  ,  les  uretères,  &  1« 
vellie  \  les  premiers  féparent  cette  feroficé  ,  les  fé- 
conds la   charient  dans  la  vefïie  aufli-tôt  qu'elle 
efl  féparée,  &  la  vefïie  lui  fert  de  refervoir  pour  la 
earder  quelque  tems  ,  &  la   chalTer  dehors, lors 
qu'il  y  en  a  une  quantité  fuffifantc. 
Les  reins.      Les  reins  font  des  corps  d'une  condftance  beau- 
coup  plus  dure  que  le   foye  &  la  ratre  :  Ils  font 
ainfi  appeliez  du  verbe  Grec    f'é/v ,  qui    lignifie 
couler  ,  à  caufe  que  l'urine  coule  fans  cefîe  dans 
leur     baiïinet  :  Ils   font     deux  ;  la    raifon  que 
quelques   Anatomiftes     aportent   de    leur  dupli- 
cité; eft  afin  qu'un  étant   indifpofé,  l'autre  puilïe 
foppléer  à  fon  défaut  ;  mais   cette  raifon  ne  doit 
pas  iatisFaire  ;  car  fî  la  nacure  avoir  eu  cette  in- 
tention,  elle    auroit  fait   toutes  les  parties  dou- 
bles ,  puifqu' elles  font  toutes  fajettes  à  être  ma* 


ne. 


///.   Demonfiratîon  Anatom.  113 

lades  :  par  exemple  ,  elle  auroit  fait  deux  cœurs, 
afin  que  l'un  cefl'ant  de  nous  faire  vivre  ,  l'autre 
eût  fuppléë  à  Ton  défaut  j  ainfî  la  caufe  de  la  du- 
plicité àcs  parties  n'eft  pas  la  raifon  qu'ils  en  ont 
aportée  ;  mais  plutôt  la  perfedion  des  actions 
de  ces  mêmes  parties  ;  car  il  n'y  a  qu'un  foye 
pour  réparer  la  bilc,qu'une  ratte  pour  fubrilifer  le 
fang,  qu'un  pancréas  pour  filtrer  le  fuc  pancréati- 
que, &c  qu'il  y  ait  néanmoins  deux  reins ,  c'eft 
que  ces  fortes  d'humeurs  ne  font  pas  en  aufÏÏ 
grande  quantité  que  la  ferofité  ,  qui  n'auroît  pu 
être  féparée  toute  par  un  feul  rein  j  voila  la  rai- 
fon pourquoi  il  y  en  a  deux.  Cependant  il  y  a  en- 
viron dix  ans  que  je  dilfequai  un  homme  dans  le- 
quel je  n'en  trouvai  qu'un;  mais  il  étoit  plus  gros 
qu'à  l'ordinaire  ;  &  placé  dans  le  milieu  du  bas- 
ventre. 

Ils  foru:  fituez  dans  les  régions  lombaires  ,  l'un  Situatiou 
à  droite  fous  le  foye,  &  l'autre  à  gauche  fous  la  '^"^^i'^*- 
ratte  j  ils  font  couchez  fur  le  mufcle  pfoas  ,  aux 
cotez  de  l'aorte  &  de  la  véne  cave  ,  hors  du  pe« 
ritoine  ;  d'où  vient  qu'on  ne  le  peut  voir  qu'on 
n'ait  auparavant  ouvert  cette  membrane  :  ils  ne 
fo.nt  pas  directement  fituez  vis-à-vis  l'un  de 
l'autre  ,  parce  qu'ils  fufpendroient  la  ferofité 
que  les  artères  émulgentes  leur  portent ,  &c 
l'empêcheroient  de  couler  :  mais  le  droit  eft  or- 
dinairement plus  bas  que  le  gauche  ,  non  feule- 
ment pour  cette  raifon  ;  mais  encore  parce  qu'il 
cft  placé  fous  le  foye  ,  qui  occupant  plus  d'efpace, 
&  defcendant  plus  bas  que  la  ratte  ,  ne  lui  permet 
pas  de  monter  fi  haut  que  le  gauche  :  ils  font 
éloignez  l'un  de  l'autre  environ  de  quatre  travers 
de  doigts. 

Ils  iont  attaclisz  à  la  véne  cave ,  &  à  la  çroffe 

O   iij 


X  1 4  De^  Parties  cjuî  pmfient  le  fir2g, 

Leurcon-  artère  par  les  vénes  &  les  artères  cmulî^entes  ;  Ôé 
■  a  la  veille  par  les  uretères.   Le  ron  droit  elt  a:ta- 

ché  au  cœcura    ,  &  quelquefois   au  foye  ,  &   le 
gauche  au  colon  ,  &c  quelquefois  aulli  à  la  ratte, 
ïigurcdcj      Leur  figure  approche  de  celle  d'un  croiflànt, 
ïcins.  e'tant   fait  à  peu  près  comme  une  feuille  de  caba- 

ret, ou  comme  une  fcve  :  Ils  font  caves  par  la  par- 
tie qui  regarde  les  vailTeaux,  &  convexes  &  ronds 
parcelle  qui  regarde  les  cô'^ez, 
'GrantJcur      Les  reins  font   d'une  grolTeur  médiocre  ;  il  ar- 
«ics'rcins'^    rive  fouvent  que  l'un  eit  plus, gros  que  l'autre  ,  & 
îndifferemmenr  tantôt  le  droit  ,   &  tantôt  le  gaui 
che  j  leur  longueur  ordinaire  eft  de    quatre  ou 
cinq  travers  de  doigt  ,  leur  laigeur    de  trois,  ^ 
leur  cpaiffeur  de  deux.    Leur  fuperficie  eft  polie 
&  douce  ,  comme  celle  du  foye  ,  &  leur  couleur 
eft  d'un  rouge  obfcur ,  &  rarement  d'un  vif  écla- 
tant. 
Lamcm-      Ils  font  couverts  du  péritoine  &  ont  une  mem- 
prc^^^JesT"   t)râ"c  propre  qui  couvre  directement  leur  fubftan- 
tcins,  ce  ,  &  retient  toutes  les  glandes  qui  lacompofenç 

dans  leur  état  naturel  ;  elle  eft  fort  délicate  :  On 
prétend  qu'elle  eft  une  conformité  de  la  tunique 
des  vaifleaux  qui  y  entrent,  lefquels  fe  dilatant  ta- 
pifTent  intérieurement  les  reins ,  &  fe  refléchif- 
fant  en  dehors  ,  viennent  les  environer  par  tout  : 
Ils  font  toujours  couverts  de  beaucoup  de  grailTe^ 
Nerfs  des  Les  reins  reçoivent  chacun  deux  nerfs  ,  l'un 
î'^iQS.  q^^j  jçyj.  YJeijj-   ^^  yamcau  ftomachique ,  qui  fe 

diftribuë  dans  leur  membrane  ;  &  l'autre  qui 
,  vient  des  environs  du  mefentere,  qui  entrant  par 
la  partie  cave  du  rein  ,  va  fe  perdre  dans  fa  fub- 
fiance  ;  ce  font  ces  nerfs  qui  caufent  les  vomille- 
mens  qui    furviennenc   aux    douleurs  nephreti- 


/  /  /.  Démonflratîon  Anatom,  1 1  j 

Il  y  a  deux  ^rolfes  artères  qui  forcent  da  tronc  PP 
de  l  autre  ,  bc  qui  vont  chacune  a  un  rem  j  mais  de$  tenu, 
auparavant  que  d'y  entrer  ,  elles  fe  divifcnt  cha- 
cune en  trois  ou  quatre  branches  ,  qui  après  avoir 
pénétré  la  fubftance  du  rein  par  fa  partie  cave  , 
vont  fe  rendre  à  une  infinité  de  petites  glandes  , 
où  elles  portent  confufément  le  lang  &  la  fero- 
lîté. 

Le  fang  qui  a  été  porté  à  ces  glandes  par  les     yP^i 
artères ,  &   qui  n'a  pu  paffer   par  les  orifices  de  rein». 
CCS  pecits  tuyaux  ,  efl:  repris  par  les  rameaux  de 
la  véne  émulgente ,  qui  le  porte  dans  la  vénc 
cave. 

T'ai  ouvert  ce  rein  fuîvant  fa  longueur  ;  afin  de  Un  reîn 
vous  taire  voir  la  Itruclure  intérieure  ,  la  lub- 
ftance  eft  rouge  ,  dure  &  particulière  ,  n'y  en 
ayant  point  de  femblable  dans  tout  le  corps  ,  vous 
pouvez  examiner  la  diftribution  des  artères  qui 
vont  à  toute  fa  circonférence ,  &  qui  retournent  x 
à  ces  petits  corps  mamillaires  que  vous  voyez  au 
nombre  de  huit  ou  dix  :  On  les  appelle  mammil- 
laires,  à  caufe  qu'ils  relTemblent  à  un  mammelon: 
Ils  avancent  pourtant  un  peu  en  pointe  à  l'endroit 
où  ils  font  percez,pour  lailïer  tomber  l'urine  dans 
le  balîiner. 

Le  baffinet  cft  une  cavité  faite  de  l'extrémité  de  Qu'cft.ee 
l'uretercjqui  le  dilate  dans  la  partie  cave  du  rein:  *î.iic  le  baf- 
à  mefure  qu'il  s'étrecit ,  il  forme  la  figure  d'un 
entonnoir  ,  dont  la  partie  la  plus  étroite  fort  du 
rein  ,  ^  fait  le  commencement  de  i'tiretere  :  5on 
ufage  eft  de  recevoir  l'urine  qui  diftille  de  ces 
iuammelons. 

Les  fentimens  ne  font  point  partagez  fur  l'ufage  Ufagc 
des  reins ,  tous  conviennent  qu'ils  feparent  l'u-  ""^' 
linc  du  (angjil  ne  s'agit  que  de  fçavoir  au  vrai 

b    iiij 


Lci  urcte 


tci. 


2 1 6  Des  Parties  qui  pmjicnt  le  fang  , 

comment  cela  fe  fait.  Je  ne  vous  raporterai 
point  les  différentes  opinions  des  Anciens  lur  ce 
lujetjje  vous  dirai  feulement  que  les  glandes 
dont  prefque  toute  la  fubftance  des  reins  eft  corn- 
pofée  i  ayant  reçu  le  fang  par  les  rameaux  des  ar- 
tères émulgentes  qui  s'y  terminent  ,  en  féparenc 
l'urine  par  la  configuration  de  leurs  pores  ,  &  la 
déchargent  dans  plulîeurs  petits  tuyaux  qui  fe 
réiinilî'ant  forment  de  petites  piramides  mammil- 
lâires  qui  la  diftillent  dans  le  bafîinet  ;  d'où  elle 
coule  enfuite  par  les  uretères  dans  la  veflîe. 
SS  Les  uretères  font  deux  canaux  particuliers  qui 

forrcrit  de  chaque   côté  du   bafîinet  des  reins  ,  & 
qui  font  couverts  du  péritoine  :  ils    vont  fe  ter- 
miner dans  la  ve(ïie  affez  prés  de  fon  col  :  Mais  il 
efl:  à  remarquer  que  ces  canaux  ont  des  fibres  an- 
nulaires qui  les  rendent  capables   de  contraction  , 
&  qui  par  ce  moyen  facilitent  le  cours  de  l'urine 
dans  la  vefîle. 
leur  gran-        ^^^  ^"'^  autant  de  longueur,  qu'il  y  a  de  chemin 
dcur  &  leur  depuis  les  reins  jufqu'à  la  veflîe  i  leur  grolfeur  or- 
dinaire approche  de  celle  d'une  plume  à   écrire  j 
car  dans  ceux  qui  ont  été  fujets  aux  douleurs  né- 
phrétiques, l'on  y  trouve  quelcjuefois  leurs  cavités 
dilatées  à  y  mettre  le  petit  doigt  :  leur  figure   eft 
femblable  à  celle  d'une  S. 
braneaf"''       ^^^   font  compofez  d'une  membrane  qui  leur  eft 
leurs  vaif.    propre  ,  laquelle  eft  très -forte  :   ils  reçoivent  des 
fcâux.  nerfs  qui  viennent  de  l'intcrcoftal  ,  qui  leur  don- 

nant un  fentiment  très- exquis  ,  font  fouffrir  de 
cruelles  douleurs  à  ceux  qui  font  atteins  de  la  gra- 
ytllc.  Ils  ont  auflî  des  branches  d*arteres  qu'ils 
reçoivent  des  parties  voiiincs  ,&  des  petites  vénes 
qui  y  retournent. 

Quelques-uns  prétendent  que  ces  canaux  prcn- 


///.  Dé?nonfiration  Ana  07n.  i.ij 

nent  lear  origine  de  la  velfie  ,  parce  qu'ils  difenc  '  ©rigincj 
qu'ils  ont  une  fubftance  blanche   &  membraneu-  nons  des 
fe  comme  elle  i  mais  mon  fenciment  eft  qu'ils  la  urccercs. 
prennent  des  reins  ,  puifque  tous    les  conduits 
ont  leur  principe  où  ils  reçoivent  ce  qu'ils  con- 
duifent ,  &   leur  fin  où  ils  le    déchargent  j  c'eft 
pourquoi  nous  dirons  qu'ils  commencent  à  la  fin 
du  bafîinet  j  en  fortant  du   rein  j  que  leur  milieu 
eft  tout  ce  qui  eft  entre  les  reins  &  la  vefîie  j  ÔC 
que  leur  fin  eft   l'endroit  où  ils   entrent  dans  la 
vellie  5  qu'ils  percent  adroitement  ;  car  ayant  pé- 
nétré la  membrane  extérieure  ,  ils  fe  traînent  en- 
viron de  la  longueur    de  deux  çravers  de  doigts 
entre  les  deux  membranes  ,    &  percent  l'interne 
proche  de  Ton  col  j  de   manière  que  l'urine  étant 
une  fois  entrée  ,  ne  peut  plus  remonter  dans  ces 
canaux  5  à  caufe  que  l'ouverture  d'une  membrane 
eft  bouchée  par  l'autre. 

L'ufa^e  des  uretères  eft  de  recevoir  l'urine  qui  .  Ufages 
a  ete  leparee  dans    les  rems  ,  oc  de  lui  Icrvir  d  a- 
queduc  pour  la  conduire  dans  la  veiîîe. 

La  vefïîe  eft  une  partie  membraneufe  qui  forme     »  "^   -- 
une  cavité  confiderable  &  propre  à  contenir  l'u-  ^^   '^ 

rine ,  &  même  des  corps  folides  qui   s'y  engen- 
drent contre  nature ,  comme  des  pierres. 

Elle  eft  ficuéeau  milieu  de  Thypogaftre,  &•  cou-     La  ficua- 
verte  du  péritoine  dans  cette  grande  cavité  ova-  ""^'^^  ^^ 
laire  formée  par  Tos  facrum  ;  l'os  des  iles  &  le 
pubis. 

La  figure  de  la    veflie  eft  ronde  ,  oblongue  ,  &     Sa  figure 
fcmblable  à  celle  d'une  bouteille  renverfée  j  elle  ^  ^*  ^'^'*"" 
n'cft  pas  également  grande  dans  tous  les  fujets  ; 
néanmoins  elle  Teft  allez  pour  recevoir  une  quan- 
tité raifonnable  d'urine  :  Quand  il    arrive  qu'elle 
eft  trop  petite  ,  on  eft  obligé  de  piiter  fouvent. 


a  I S  Des  Parties  quî-purifiem  le  fana, 

Subftancc      La  fubftance  de  la  vefhe  eft  meiribraneufejpour 

/-jç  "^  '  pouvoir  s'érendre  ,  &  fercffcrrer  feioii  les  befoins; 
Elle  eft  compofée  de  deux  membranes  propres  \ 
car  celle  que  l'on  appelle  commune  ,  n'eft  que  le 
péritoine  qui  la  couvre  :1a  première  des  propres 
eft  fore  épaiire,  folide,  dure  &  lilHië  de  fibres  char- 
nues, par  le  moyen  defquelles  elle  fe  referrc  & 
s'étrecit  dans  le  temps  de  l'expulfion  de  l'urine  :  la 
féconde  des  propres ,  qui  eft  l'interne,  eft  la  plus 
mince  ôc  la  pins  délicate  ;  elle  a  un  fentiment  trés- 
exquis  ;  elle  eft  pleine  de  rines  pour  en  faciliter  la 
dilatation  &  la  contraction  j  elle  eft  enduite  d'une 
cipece  de  mucofité  \  qui  empêche  l'adion  des  fels 
de  Turine. 
VaifTeaui      La  vellie  reçoit  deux  nerfs ,  l'un  qui  vient  de  la 

^f^^^  huitième  paire,&  qui  va  s'inférer  dans  fonfondi 

&:  l'autre  ;  de  la  moelle  de  l'os  facrum  ,  &  qui  va 
fe  perdre  dans  fon  col.  Elle  a  des  branches,  des  ar- 
tères hypogaftrîques  qui  lui  portent  du  fang  pour 
fa  nourriture,  &  de  petites  vénes  qui  portent  dans 
la  véne  hypogaftrique  le  refidu  du  fang. 
V  On  conftdere  deux  parties  à  la  velfie ,  fçavoîr 

\ovA  de    le  fond  &  le  col.  Le  fond  eft  la  partie  la  plus  ani- 

lavcite.  p|ç  ^  ^  1^  pjjjj  propre  à  contenir  l'urine:  Aux 
hommes  il  eil; placé  furie  redum,  &  aux  femmes 
fur  la  matrice  :  Il  eft  d'une  largeur  &  d'une  gran- 
deur raifonnablc  ,  ils'etrecit  peu  à  peu,(3v:  vient  fe 
terminer  au  col. 
Son  col.  Le  col  eft  la  partie  la  plus  étroite  ,  la  plus 
épaille  &  la  plus  charnue  delà  veffie  :  Il  eft  beau- 
coup plus  long  ,  plus  tortueux,  &  moins  large 
dans  les  hommes  ,  que  dans  les  femmes  :  Il  a  un 
petit  mufcle  circulaire  ,  appelle  le  fphinder  de 
lavelTic  ,  qui  fert  à  ouvrir  ou  fermer  fon  orifice 
félon  nôtre  volonté. 


J I L  Démonflration  Anatom,  219 

Le  fond  de  la  veiîie  eft  attaché  au  nombril  par    .Conne- 
Touiaque  qui  le  ti^nt  fufpendu  ,  de  peur  qu'il  ne  vcffic.^  ^ 
tombe  fur  fon  col.  Le  col  de  la  vefîîe  tient  à  l'in- 
teftin  droit  aux  hommes  ,  §c  d,\i\  femmes  au  col 
de  la  matrice, 

La  vefïie  a  trois  trous  ,  deux  internes,  qui  font     Trous  do 
faits  par  les  uretères,  proche  de  fon  col,  &  un  çx-       ^   ^* 
terne  ,  par  lequel  l'urine  a  fon  iiruë 

L^ufage  de  la  velïie  eft  de  recevoir  &:  de  conte-    Ufages  de 
nir  l'urine  qui  y  eft  apportée  goutte  à  goutte  par     ^^"•^^' 
les  uretères  ,  de  lui  fervir  de  refervoir  ,  6c  de  s'en 
décharger  de  rems  en   tems  par  le  moyen  d'un 
fphinéler  qui  l'ouvre  6ç  la  ferme  félon  le  defir  de 
l'animal, 

Qiioique  je  me  fois  acquité  ,  Meffieurs  s  <^e  ce 

que  je  vous  ai  promis ,  en  vous  démontrant  les 

parties  qui  contribuent  à  la  perfection  du  (àng  , 

<3<:  qui  féparent  de  fa  mafte  tout  ce  qui  peut  lui 

nuire  i  néanmoins  comme  ie  me  fuis  propofé  de     ^^  gfojfc 

raire  un  Anatoitiie  partaite  ,  je  iuis  bien  aile  de  rénccavc. 

vous  faire  voir  encore  dans  cette  Démonftratîon 

les  deux  gros  vaifl'eaux  du  bas- ventre,  qui  font 

la  ^rofte  artère  &  la  véne  cave. 

L'artère  eft  compofée  de  plufîeurs  membranes   Différence 
,  V     r  ,  u  '  r  -r  o    des  artères 

tres-tortes  ,  parce  qu  elle  contient  un  lang  vit  &  i'avcc  les 

fubtil ,  qui  eft  dans  une  agitation  continuelle  ;  &  ▼énes. 

qu'elle  a  befoin  de  force  pouf  refifter  aux  mouve- 

mens  que  ce  fang  reçoit  fans  celfe  du  cœur  y  ait 

contraire  la  véne  n'en  a  que  de  très-déliées  ,  parce 

que  le  fang  qu'elle  renferme  eft  tranquille,  &  que 

fon  ufage  eft  leulemenr  de  le  reporter  au  cœur. 

Cette  grolTè   artère  a  un   nom  particulier  ,011     t  ^     /r 

l'apelle  Aorte  ,   elle   vient  direétement    du  ven-  arccrc. 

tricule  gauche  du  cœur,  où  elle  reçoit  le  fang 

pour  le  diftribuer  à  tout  le  corps.  Je  ne  vous  de- 


210  Des  Parties  qui  furlfient  le  fang  , 

montrerai  ici  que  les  artères  qu'elle  jette  dans  le 
bas-ventre  après  qu'elle  a  percé  le  diaphragme  ; 
Elles  font  fept  ,  dont  la  première  eft  la  cœliaque 
qui  fe  divife  en  deux  ,  en  droite  qui  va  au  foye  , 
&  en  gauche  qui  va  à  la  racte  j  la  féconde  eft  la 
mefenrerique  fupericure  qui  va  à  la  partie  fupe- 
rieure  du  mefemere  :  la  troifiéme  ,  font  les  émul- 
gentes  qui  vont  aux  reins  :  la  quatrième  les  fper- 
raatiques  ,  qui  vont  aux  parties  de  la  génération  : 
la  cinquième  la  mefcnterique  inférieure  ,  qui  va 
aux  inteftins  ,  &  à  la  partie  baflé  du  mcfentere  : 
la  fixiéme ,  les  lombaires  qui  vont  aux  mufcles 
des  lombes;  &  la  fepriémc  ,  les  mufcuUires  fupe- 
rieures  qui  fe  perdent  dans  les  chair--. 
Divilion  Lorfque  l'aorte  eft  parvenue  a  l'os  facrum,  elle 
arc-c  en  monte  lur  la  vene  cave  ,  &  le  divile  en  deux  groi- 
ilia^iucî.  feg  artères  ,  que  l'on  appelle  iliaques  :  il  y  en  a 
une  de  chaque  côté  qui  fe  divife  encore  en  in- 
terne &  en  externe  ;  l'Iliaque  interne  &  plus  pe- 
tite jette  quatre  artères,  qui  font  la  facréeja  muf- 
culaire  inférieure  ,  l'umbilicale  ,  <Sc  l'hypogaftri- 
que  ;  l'externe  &  plus  grolfc  eft  celle  qui  après 
avoir  jette  l'arcere  epigaftrique  &  la  honteufe  ;  fe 
porte  dans  les  cuiftes  où  elle  change  de  nom  ,  èc 
s'appelle  alors  artère  crurale  ;  nous  la  laillerons 
là  pour  la  démontrer  en  fon  lieu. 
Z  Dans  le  même  endroit  o'ù  finit  l'arcere  iliaque, 

La  vcne  {\  y  ^  ^^j-^e  yène  de  t?areîlle  grolTeur  ,  que  l'on  ap- 
dame.  pelle  iliaque  externe  ,  a  laquelle  viennent  le 
rendre  non  leulement  trois  autres  plus  petites  vè- 
nes  ,  qui  font  la  mufculaire  inférieure  ,  la  hon- 
teufe ,  &  l'èpigaftrique  -,  mais  encore  l'iliaque  in- 
terne ,  qui  eft  faite  de  deux  vènes  ,  qui  font  l'hy- 
pograftrique  ,  &  la  mufculaire  moyenne;  ces  deux 
vènes  iliaques  d'un  côté,  avec  les  deux  autres  ili^i- 


II J.  Bémonflrmon  Anatom.  211 

ques  qui  viennent  de  l'autre  (  car  il  y  en  a  qua- 
tre j  deux  de  chaque  côté  )  commencent  à  for- 
mer à  Tendroit  de  l'os  facrum  une  trés-groire  vé- 
ne  ,  que  l'on  nomme  la  véne  cave  afcendante  ;  il 
y  a  encore  deux  vénCi  qui  viennent  s'y  rendre,  & 
qui  la  groffillent ,  qui  font  la  facrée  &  la  mufcu- 
laire  fuperieure. 

Ne  croyez  pas,  Mefïïeurs,  que  je  me  fois  trom-     Cette  yc- 

pé  ,  quand    i'ai  nommé  cette  véne  afcendante  -neetoitap- 

1  u  ^  I  •    '  11  '      j   r  pcleeautrc- 

tous  les  auteurs  1  ont  a  la  vente  appellee  delcen-  fois  defccn- 

dante  ,  parce  qu'ils  croyoient  que  le  fang  defccn-  dantc. 
doit  du  foye  par  cette  véne  ,  pour  nourrir  les 
parties  qui  font  au  deflous  du  diaphragme  j  mais 
comme  nous  fommes  aiTurez  qu'elle  a  un  ufage 
tout  contraire  ,  qui  eft  de  porter  le  fang  des  par- 
ties inférieures  au  cœur  ;  c'eft  avec  jufticc  que 
nous  la  nommons  afcendante  :  Elle  commence  à 
prendre  le  nom  de  véne  cave  fur  l'os  facrum ,  où 
les  quatre  iliaques  fe  joignent  enfemble.En  mon- 
tant en  haut ,  elle  reçoit  quatre  fortes  de  vénes  ; 
les  premières  font  les  lombaires  qui  viennent  des 
mufcles  des  lombes^les  fécondes,  les  fpermatiques 
qui  viennent  des  parties  de  la  ger^rationjles  troi- 
fiémes  ,  les  émulgentes  qui  viennent  des  reins  j  & 
les  quatrièmes ,  les  adipeufes  qui  viennent  de  la 
membrane  CTrailfcufc  des  reins.  Enfuite  cette  vénŒ 

o 

cave  afcendante.perce  le  diaphragme  pour  entrer 
dans  la  poitrine  ,  &  va  finir  au  ventricule  droit  du 
cœur.  C'eft  là  ,  Meflîeurs  ,  où  nous  finirons  cette 
Démonftration  ,  &  où  nous  la  lafffons  pour  la  re- 
preadre  &  l'examiner  5  lorfque  nous  expliquerons 
les  parties  contenues  dans  la  poitrine. 


î-v 


lit 

QUATRIE'ME 

DEMONSTRATION 

Des  Parties  naturelles  de  l'homme  ,  qui 
f/  ^  'f*c*.  fer^vent  à  la  génération* 

SECTION    PREMIERE» 

I  OuR  fiiivre  l'ordre  de  la  divifion  que 
j'ai  faite  des  trois  fortes  de  Parties  coii-- 
tenues   dans  le  bas-ventre  ,  il  eft  ne- 
^  celfairc  ,    Meffieurs  ,    qu'après    vous 
avoir  fait  voir    dans  les    deux  dernières    Démon- 
ftrations  les  parties  qui  fervent  à  la  Chilification 
&  à   la  Purification  du  fang  ,  je  vous  fafle  voir 
auflî  celles  qui  font  deftinées  à  la  génération*  J'en 
ferai  deux  Démonflrations;  afin  de  ne  pas  confon- 
dre les  parties  qui  font  propres  à  l'Homme  ,  avec 
celles  qui  le  font  à  la  femme  :  &  auili  afin  q'ie  les 
Chirurgiens  puilTent  choifir  celle  qui  conviendra 
au  fujet  qu'ils  auront  à  dilfequer. 

L'homme  ne  vient  au  monde  que  pour  mourir, 
c'eft  une  vérité  fi  confiante  que  tous  les  pas  qu'il 
fait  le  conduifent  à  la  mort  •■,  rien  ne  le  peut  ren- 
dre immortel ,  &  tous  les  fecours  qu'il  implore 
de  la  Médecine  ne  font  tout  au  plus  que  retar- 
der la  mort  de  quelques  jours,  fans  la  pouvoir 
éviter.  La  feule  confolation  qu'il  a  dans  cette 
ûecciîitc  indifpenfable  de  mourir  ,  c'eft  de  fe  voir 


î  F.  Démonftratlon  Anat,  Seft.T.  12} 

revivre  dans  un  fils ,  ce  font  les  parties  de  la  gé- 
nération qui  lui  procurent  cet  avantage  j  car  c'efl: 
par  leur  moyen  que  la  nature  fe  perpétue  ,  en 
produifant  de  nouvelles  créatures  qui  rempliirenc 
les  places  de  celles  qui  periircnt;&  afin  que  riiom- 
me  fût  excité  à  produire  fon  femblable ,  elle  a 
mis  aux  parties  qu'elle  deftinoit  à  cet  effet  un 
fentiment  fi  exquis  &  un  chatoiiillement  fi  vo- 
luptueux ,  que  n'écoutant  point  la  raifon  il  cher- 
che à  fe  fatisfaire  ,  &  c'eft  fouvent  l'idée  de  ce 
plailîr  plutôt  que  le  defir  de  s'éternifer  ,  qui  é- 
chauffe  tellement  fon  imagination  ,  qu'elle  caufe 
cette  palîion  furiedfe  de  s'embralfer. 

Les  parties  qui  fervent  à   la  génération  font     Plufieiirs 
i-  ^  1  r  J    partie»  de 

communes  ,  ou  propres  j  les  commîmes  ionc  cel-  [^  généra- 
les qui  fe  trouvent  dans  l'un  &  l'autre  fcxe  ,  com-  "on. 
me  les  vaifTeaux  fpermatiques  ,  les  tcfticules  ,  & 
les  vaifleaux  déferens  ,  les  parties  propres  font 
ou  particulières  à  l'homme  ,  comme  les  paradâ- 
tes ou  epidimesjles  \eflîcules  fcminiares  ,  les 
proftates  &  la  verge  j  ou  à  la  femme  ,  comme  la 
matrice. 

Voila ,  Meilleurs ,  toutes  les  parties  de  la  gé- 
nération, dont  j'ai  à  vous  entretenir  dans  les  deux 
Démonftrations  que  je  vous  ai  promifes  :  Je  com- 
mencerai par  celle  des  parties  de  l'homme,  dans 
laquelle  je  ferai  voir  non  fealemcnt  celles  qui 
lui  font  propres ,  mais  encore  celles  qu'il  a  de 
communes  avec  la  femme ,  afin  qu'on  voyc  en 
quoi  elles  ditferent:Je  fuivrai  ce  même  ordre  d^ns 
la  Démonftration  fuivante. 

Piufieurs  Auteurs  ont  prétendu  que  toutes  ces 
parties  meritoient  le  titre  de  parties  nobles  ,  auffi 
bien  que  le  cerveau  &  le  cœur.  Il  y  en  a  même 
t^ui    cncheriflcnt ,  &  qui  leur  d«nn&nt  la  préfe- 


i  24         Des  Parties  naturelles  de  VHomnie, 
rence  far  toutes  les  autres  parties  ,  difaiic  que  le 
cerveau  &le  cœur  ,  ne  tendent  qu'à  la  conferva- 
tion  de  Pindividu  ,  &  que  ces  parties  travaillent 
à  celle  de  i'efpece. 
vaiff  ^^'^^        Les  parties  qui  paroilTcnt  les  premières  à  l'Hom- 
fpermati-     "^^  >  font  les    vailTeaux  fpermatiques  ,  qui  font 
^^^\k        4^^fre  ,  fçâvoir  deux  artères  &  deux  vénes. 

Deux  ar-       Les   deux  artères  fpermatiques    viennent    du 
^res  fpcr-    fronc  de  Taorte  \  celle  du  côté  droit  en  fort  en- 
viron un  travers  de  doigt  au  detlus  de   celle  du 
côté  gauche  ,  elles  s'étendent  obliquement  fur  les 
uretères  ,  ^    defcendent  le  long  du  mufcle  pfoas 
jufqu'aux  aînés,  où  elles  trouvent  une  produârion 
du  péritoine  qui  les  reçoit  &  les  conduit  jufqu'aux 
tcfticules ,  en  padant  par  les  anneaux  des  aponé- 
vrofes  des  mufclesde  l'abdomen. 
Dcuxvé-      ^^^  à^Myi  vénes  fpermatiques  fortent  des  teftî- 
ncsfperma-  cules  pour  aller  aboutir  à  la  véne  cave  ,  au  tronc 
tiqacs.        jg    laquelle  celle  du    côté  droit    va  immédiate- 
menti  au  lieu  que  celle  du  côté  gauche  ne  va  qu'à 
l'émulgente  ,  pendant  que  ces  vénes  avancent  ,  il 
y  a  de  petites  branches  de  vénes  qui  viennent  du 
péritoine  &  des  mufcles  voifms  fe  joindre  a  elles, 
&  leur  rapporter  le  refidu  du  fang  de  ces  parties 
pour  le  conduire  dans  la  véne  cave. 
_'-'  L'artère  &  la  véne,  dont  l'une  monte  &  l'au- 

pampiûi-  tre  defcend  de  chacjus  côté,  s'approchent  l'une 
forme.  jje  l'autre ,  &  font  couvertes  du  péritoine.  Les 
differens  rameaux  que  la  véne  y  produit  en  re- 
montant fe  refléchi flènt  &  ferpentent  de  manière 
qu'elles  forment  leules  ce  corps  ,  qu'on  appelle 
variqueux  ou  pîramidal ,  Vartere  n'y  contribuant 
en  rien  ,  puifqu'elle  delcend  prefqu'en  ligne  droi- 
te dans  le  tefticule  ,  fans  fe  divifer ,  excepté  a  l'en- 
droit de  fon  infeition  ,  oii  elle  fe  divile  alors  en 

deux 


IK  Tihmnflr^tlon  Anat.  Sed.I.  ix$ 

deux  rameaux  ,  dont  le  plus  petit  va  fe  terminer  ' 
Tous  Tcpididime  ,  &:  l'autre  au  tefticulc  ,  &  ainfi  il 
ne  faut  pas  dire  comme  ceux  qui  ont  écrit  de- 
puis peu, que  la  véne  &  l'artère  s'entre  lacent  par 
plulieurs  circonvoluciûnSj&  qu'elles  font  le  pam- 
pinifbrme. 

Les  vailfeaux   fpermatîques  font    plus  grands     ^^3^^^^ 
aux  hommes    qu'aux  femmes  ,  &   tant   aux    uns  cJes  7  if. 
qu'aux  autres  les  avtcres  font  toujours  plus   a™- maî^ucs.^*^" 
pies  que  les  vénes  :  ils  ne  percent   point  le   péri- 
toine ,  comme    aux  chiens  ,  mais   font    conduits 
dans    la  produdion  ,  accompagnez  de   quelques 
rameaux  des  nerfs  intcrcoftaux,  &  de  ceux  de  la 
vingt  &  unième    paire  de  l'épine  ,  qui    s'en  vont 
aux  tefticulcs  pour  y  porter   l'efprit  animal  ,  ou 
luivant  quelques-uns  ,  la    matière  de  la  femence  ; 
ce  qui  ne  peut  pas  êtrCjparce  que  les  nerfs  n'ayant 
pas  de    cavité  ,  ne   peuvent  fervir  de  conduits  , 
qu'à  une  liqueur  aulTi  fubcile  ,  que  le  fuc  animal^ 
&  non  pas  à  une  matière  aufli  épaifle  que  la  fe- 
mence. 

L'on  a  cherché  la  raifon  pourquoi  la  véne  fper-  ^  ^^   ^enc 
matique  gauche  n  ailoit  qu  a  i  emulgente  ,  o:  non  que  gai^che 
pas  au  tronc  de    la   véne   cave    comme  la  droite  ;  ^^  a  Icmul- 
mais  on  ne  l  a  pas  trouvée  julle  ,  loriqu  on  n  a  rait 
que  dire    que    c'cft  à  caufe  qu'elle  auroit   pu  fe 
rompre  par  le  battement   continuel  de  cette  artè- 
re ,  en  pailanc  par  dcllus  i  puifqu'il  eft  plus  vrai- 
femblable    de   croire ,  que   la  grolTeur  de  l'aorte 
auroit  empêché  le  retour  du  lang  de  la  véne  Iper- 
matique  dans  la  véne  cave  ,  avant  encore  allez  de 
peine  avec  cette   précaution  ,  d'être  porté  jufqu'à 
l'émulgente  ,  quoique  la  nature  ait  mis  dans  les 
vénes  fpermatîques  plu  heurs  valvules  de  di  fiance 
en  dirtance ,  qui    fervent    comme    d'échelons  au 
fang  pour  monter.  P 


ii6         Des  parties  naturelles  de  V Homme  , 
fcvâxé  ^^^  <^Qiix  artères   &  ces  deux  venes  ipermatî- 

roicnt    ap-  ques  ont  été   nommées  vaiflèaux   preparans  par 
vaiffea'"    les  Anciens  ,  parce  qu'ils  croyoient  que  la  femen- 
preparaiij.   ce  commençoic  de  s'y  préparer  ;  ôc  pour  cela  ils 
fuppofoient  que  ces  vailleaux   s'unilïent  par  des 
.   ouvertures  fenfibles ,  que  l'on  appelle  anallomofes 
parle  moyen   defquelles  ils  difoient  qu'il  fe  fai- 
foit  un  mélange  du  fang  artériel  avec  le  vénal  ,  ôc 
qu'étant  arrêté  quelque  tems  dans  ces  corps  pam- 
piniformes ,  il  y  recevoit  la  première  teinture  de 
la  femence. 
II  n'y  a       Mais  le  principe  que    nous   fuivons  cft  bien 
naftomofc   oppofé  à   leur   erreur  ,   puifqu'il  nous  apprend 
encre  leiar-  que  le  fang  cft   direétement   poité  par  les  deux 
"■^^çj^^J*  artères  aux  tefticules  ,  &  que   fi  elles  fe  divifenc 
matiqucs.    chacune  en  deux  petites  branches  un  peu  aupa- 
ravant que  d'y  entrer  ,  c  eft  afin  d'en  mieux  pé- 
nétrer la  fubftance  ,  en  y  entrant  par  plusieurs  en- 
droits ,  &  que  les    particules  de  la  femence  ,  que 
ce  fang  artériel  porte  avec  lui ,  en  foient  exacte- 
ment feparées  :  d'ailleurs  la  circulation  nous  fait 
voir  que  le  refidu    de  ce  fang  eft  reporté  par  les 
vénes  fpermatiques  à  la  véne  cave  ,  &    qu'il  n'y 
a  point  d'anaftomofc   des  artères  avec  les  vénes  , 
non  feulement  en  cet  endroit,  mais  encore  dans 
pas  une  partie  du  corps  ,  car  il  eft  certain  que  fi 
le  fang  palloit  des  extrémitez  des  artères  dans  cel- 
les  des  venes  ,  comme   il  arriveroir  s'il    y  avoic 
anaftomofe  ;  la   nourriture  des   parties  ni  la  (èpa- 
ration  des  liqueurs  ne  fe  pourroit  faire  j  &  ce  fe- 
roic  en  vain  que  la  nature   auroic   fait  des  artères 
fi   fortes  pour  contenir  le  fang  artériel  ,  li  elle 
avoit  mis  des  embouchures  de  ces  artères  ,  avec 
les  vénes,  qui   n'ont    que  des  membranes  fore 
minces  i  car  alors  ce  ne  feroic    plus  qu'un  même 


/  V.  Démonfimnon  Anai,  Sed.  I.  ±ij 

vailfcauiOn  peut  encore  ajouter  à  ces  raifons,  qui 
font  toutes  trés-convainquantes  ,  que  ii  le  fang  , 
aufli  violent  qu'il  eft  dans  les  artereSjavoit  la  liber- 
té d'entrer  dans  les  vénes  ,  il  les  dilateroit  &  les 
romproif  infailliblement. 

Si  la  raifon  eft  oppofée  à  h  doflnne  des  An-    Eip«»ca^ 

t,  .  U   Cl  '  o,  .    .  ce  qui 

ciens  ,  1  expérience  ne  l  eit  pas  moms  ,  oc  en  voici  piouve 

une  qite   j'ai  faite  plufieurs  fois  :  pour  la  faire  je  ^^'.>I  n'y  a 

^.     ,'       ,.  .  r  •  J    poincd'â- 

prenois  deux  liqueurs  que  je  compolois  avec  de  naitomo^ 

Piiuile  $<i   de  la  cire  fondues  enfemble  ;  à  l'une  ^c. 
j'y  mélois  un  peii   de  vermillon  ,  ôc  à  l'autre  une 
teinture  verte  poui"  les  rendre  de  diferentes  cou- 
leurs ;  j'en  feringuois  fort  aifément  une  dans  l'ar- 
tère fpermatique  j  il  les   faut  feringuer  chaudes. 
J'avoue*  que  je  ne  pouvois  venir  à;  bout  de  faire 
entrer  l'aune  dans  la  véne  ,  parce  que  les    valvu- 
les ,  qui  regardent  de  bas  en  haut ,  s'oppofoient: 
Mais  lorfque  j'allois  chercher  le  principal  rameaii 
de  cette  véne  proche  le  tefticule  ,  &  que  je  ferin- 
guois ma  liqueur  ,  elle  y    enrroit  facilement ,  & 
emplilTok  toutes  les  branches  ,  &  dégorgeoit  dans 
la  véne  cave*    Ces  liqueurs  étant  refroidies  ,  elles 
fe  conçeloient  de  me  donnoient  une  grande  facili- 
té  d'en  diflequer  jufqu'aux   moindres  rameaux  ;  je 
trouvois  la  Hqueur  rouge  dans  toutes  les  branches 
des  artères  ,  &  la  verte  dans  toutes  celles  des  vé- 
nes, fans  m'être  jamais  apperçû  qu'il  y  en  ait  paffé 
de  l'une  dans  l'autre  ,  &  ainfi  je  conclus  avec  cer- 
titude qu'il  n'y  a  point   d'anaftomofe  ,  &  que  lé 
fang  de  l^arterc  fpermatique  eft  porté  au  tefticule;j 
&  celui  de  la  véne  reporté  au  trône  de  la  cave  fans 
aucun  mélangCi 

Il  faut  oblerver  en  faifant  cette  expérience  ,  de      OWcrvas 
ne  dilTequer   ces  vaifleaux  qu'à  l'endroit  où  vous  ^'°"'  ^^'^ 
les  voulez  ouvrir  pour  y  conduire  le  bout  de  la  àcnce  ^^° 

P   ij 


2  i  8  Des  Parties  naturelles  de  l'Homme, 
feringue,  paice  qu'en  les  découvrant  davanta- 
ge ,  on  poLuroic  en  couper  quelque  petit  rameau, 
par  lequel  la  liqueur  s'échaperoit  en  feringuant^ 
Et  (î  vous  faîtes  cette  expciience  ,  vous  n'aurez 
point  de  regret  à  la  peine  que  vous  vous  ferez 
donnée  ,  parce  qu'eii  vous  convainquant  de  la 
vérité  ;  vous  verrez  encore  les  circonvolutions  & 
les  entrclacemcns  des  vcnes  ,  qui  méritent  d'être 
examinez. 

Ufage  dcj       Te  luis  perfuadé  que  ces  circonvolutions  de  vc- 
<•i-.-or.vo-  ^    .  ■       t         ^         ^    .   Il 

lucionî.        nés  aident  au  lang  qu  elles  contiennent  a  monter 

en  haut ,  &  que  la  nature  s'eft  fervie  de  la  même 
indulhie  dont  nous  nous  fervons  5  lorfque  nous 
voulons  monter  une  montagne  ,  nous  n'allons  pas 
direâiement  au  fommct  ,  mais  tantôt  à  droite  ,  & 
tantôt  à  gauche  ;  &  faifant  un  chemin  en  forme 
de  zigzague  ,  nous  parvenons  enfin  jufqu'au  lieu 
le  plus  haut. 
Utilircz        Les  valvules  qui  font  dans  la  cavité  des  vénes, 
des  valvu-    font  auffi  d'un  grand  fccours  au  fang  pour  le  fai- 
re monterj  elles  y  font  difpofées  d'efpace  en  cfpa- 
ce  ,  afin  de  le  foûtenir  &  de  l'empêcher  de  tom- 
ber, de  manière  que  cette  difpolition  naturelle  le 
conduit  dans  la  véne  cave  ,  pour  peu  qu'il    y  foit 
pouffé  par  le  nouveau  fang  qui  entre  dans  la  véne 
Ipermatiqne. 
L'iifage         La  dcfcription  que  je  viens ,  de  vous  faire,  des 
r!cs  va:i-      vailieaux  fpermatiques,  nous  enfeiçne  leur  veri- 
lîiaciques.     table  ulage  ,  le  lang  eit  porte  par  les  artères  a  la 
partie  fuperieute  de  chaque  telticule,là  les  parties 
feminaiies  en  ayant  été  feparées,  le  rel]:e  du  lang 
entre  dans  les  branches  des  vénes  &  eft  raporté 
dans  la  véne  cave. 
DD    .        Les  teflicules  font  ainfi  appeliez  du  mot  Latin 
tefies ,  qui  fîgnihe  témoins ,  parce  qu'ils  le  font 


L.Q.  ccfti- 

-S. 


IF.  Démonflratîvn  yinat.  Se<5t.I.  229 

de  la  force  &  de  la  vigueur  de  l'homme  :  On  les 
appelle  encore  didimes ,  c'eft  à  dire  gémeaux  ,  à 
caufe  qu'ils  font  ordinairement  deux^car  ileft  rare 
d'en  trouver  trois,ou  de  n'en  trouver  qu'unjcepen- 
dap.t  l'on  nous  aflure  que  tous  ceux  d'une  famille 
illuftre  d'Allemagne  en  avoient  trois ,  de  qu'ils  a- 
voient  aulTî  plus  d'ardeur  pour  le  fexe.  J'en  ay  vu 
trois  à  une  perfonne  de  qualité  qui  m'a  alFuré  que 
la  plus  grande  partie  de  ceux  de  fa  famille  en  avoient 
trois  comme  lui. 

H  y  a  des  Auteurs  qui  rapportent  que  les  tefti- 
cules  &  la  verse-même  font  demeurez  cachez 
dans  l'abdomen  ^ufqu'à  l'âge  de  puberté  à  quel- 
ques perfonnes,  à  qui  ces  parties  ne  font  forties 
dehors  que  par  quelque  effort  violent  qu'elles 
ont  faits ,  &  qu'ayant  palfé  pour  des  filles  jufqu'a- 
lors,  ces  parties  ont  rendu,  témoignage  que  c'étoic 
des  hommes. 

Ils  font  fituez  à  l'homme  hors  de  l'abdomen  Situa-ion 
à  la  racine  de  la  verge  dans  le  fcrotùm  qui  cft  une  i^j^  ^  ^*'^" 
bourfe  faite  de  deux  membranes  qu'on  nomme 
communes  ,  à  caule  qu'elles  entourent  également 
les  deux  tefticules.  La  raifon  de  cette  fituation 
n'eft  pas  comme  on  fe  l'eft  imaginé,  afin  -que  les 
vailfeaux  qui  portent  la  "rcmcnce  falTent  plus 
longs  ,  ni  que  le  fang  y  reliant  plus  long-temps  , 
la  préparation  de  la  femence  s'y  fift  mieux  ; 
car  ils  n'ont  point  de  part  à  fa  formation  ,  que 
parce  qu'ils  charient  le  fang  dont  elle  eft  fe- 
paréc.  D'ailleurs,  fi  la  nature  avoit  eu  dellein 
de  faire  le  chemin  de  ces  vaxdeaux  plus  long  , 
elle  pouvoir  les  faire  fortir  d'un  endroit  plus 
haut  de  l'aorte  :  Mais  il  y  a  plus  lieu  de  croire 
qu'ils  font  placés  dehors  pour  empêcher  que  leur 
chaleur    naturelle     ne  fut   augmentée  par  celle 

P    îij 


13°  D^^  Parties  naturelles  de  l'Honi^ne^ 

des  parties  du  bas  ventrCjCc  qui  auroit  rendu  l'hom- 
me trop  lafcif;  car  l'expérience  fait  voir  que  les  ani-r 
TTiaux  qui  les  ont  en  dedans/ont  plus  chauds  &  plus 
féconds  que  les  autres. 
Figure  &       Les  tefticules  font   de  figure  ovale  ,  &  de  la 
des  tefticu-  groUeur  d  un  ceur  de  pigeon  :  On  prétend  nean- 
i^5-  moins  que  le  droit  eft  toujours  un  peu  plus  gros 

que  le  gauche  ,  que  la  femence   qui  s'y  filtre  ,  eft 
plus  cuite  ,  ôc  que  c'eft  lui  qui  engendre  les  mâ- 
les. 
Brrcttrdes      Ce  qui  a  donné  lieu  à   cette  erreur  5  c'eft  que 
Ançiçns,      j'on  croypit  que  le  fang  étoit  apporté  par  les  vé^ 
nés  fpermatîques  :  que  celle  du  côté  droit  venant 
immédiatement  du  tronc  delà  cave,  en  fournif- 
foit   de  plus   chaud  ,  que  celle   du  coté   gauche 
qui  vient  de  l'émulgente  ;  &  ainfî   que  c'étoit  le 
tefticule    gauche    qui     engendroit   les   femelles. 
Iviais  cette  opinion  fe  détruit  d'elle-même  ,  parce 
que  les  vénes  ne  portent  rien  aux  tefticules  ,  que 
les  artères  qui  leur  diftribuent  le    fang  s  viennent 
toutes  deux  du  tronc  da   l'aorte  ,  &c  que   ceux  à 
qui  l'on  a  ôté  un    tefticule  ,  foit   le  droit   ou  le 
gauche  ,  engendrent  égaleinent  des  mâles  ôç  des 
femelles, 
brants^a-jx       Les  tnniques  qui  envelopent  les  tefticules  font 
tçftîçu]cs,     cinq  ;  fcavoir  deux  communes  ,  qui  font  le  fcro- 
•*  tum  &  le  dartos  ;   &  trois  propres  ;  qui  font  l'cri- 

fioidej  rélitiofde  ;  &  l'albugineufe.Les  deux  pre- 
nneres  font  apellées  communcs,parce  qu'elles  ren- 
ferm.cnt  les  deux  tefticules  ;  &  les  trois  autres  font 
nommées  propres^à  caufe  qu'elles  n'en  envelopent 
que  chacune  un. 
tum^"**'  La  première  des  membranes  communes  eft  le 
fcrotum  ,  ou  la  bourfeiclle  eft  compofée  de  la  cu- 
ticule ,  &:  de  la  peau  ,  qui  eft   plus  déliée  &  plus 


IV.  Vémonflratîon  Anat.  Seél.I.  231 

mince  en  cet  endroit  qu'aux  autres  parties  du  corps 
elleeft  molle,  ridée;  àc  fans  graille,  elle  fe  couvre 
de  poils  à  quatorze  ou  quinze  ans ,  elle  eft  divifee 
en  partie  droite,  &:  en  partie  gauche  par  une  ligne 
ou  future  ,  qui  commence  à  l'anus,qui  palTe  par  le 
périnée  ,  &  qui  finit  au  gland. 

La  fécond  membrane  commune  s'appelle  dar-  Le  Dartos. 
tos.    Selon  les  Anciens  ,  c'étoit  une  continuation 
du  pannicule  charnu jmais  à  prefent  l'on  reconnoîc  ^a. 

que  c'cft  un  m.ufcle  cutané,  tiffu  de  beaucoup  de  :l3^ 

fibres  charnues  :  C'eft  par  le  moyen  de  ce  mufcle,  ^'J 

que  le  fcrotum  fe  referre,&;  devient  tout  ridé;il  a 
plufieurs  vaifîeaux  qui  lui  viennent  des  artères 
honteufcs  ;  il  n'enveloppe  pas  feulement  les  deux 
tefticules  ,  comme  le  fcrotum ,  mais  il  s'avance 
cntre-eux  pour  les  feparer  l'un  de  l'autre  ,  &  em- 
pêcher par  ce  moyen  qu'ils  ne  fe  froilfent  en  s'en- 
tre-tou  chant. 

La  première  des  tuniques  propres,  eft  l'critroî-     L'E  rro' 
de  ,  c'eft  à  dire  rouge  ;  elle  eft  parfemée  de  fibres  de. 
charnues  qui  la  font  paroître  rougeàtre  ;  elle  eft 
produite  parlemulclc  fufpenfeur  des  tefticules , 
qui  eft  le  crcmaftcr. 

La  féconde  eft  l'elitroide  ;  elle  reftemble  à  une  F 
guaine  ;  c'cft  ce  qui  l'a  fait  nommer  vaginale  ,  j^  '°'' 
elle  eft  formée  par  la  dilatation  de  la  produc- 
tion du  péritoine  ;  elle  a  fa  fupcrficîe  interne 
égale  &  polie  ,  <3>:  l'externe  rude  èc  inégale  ;  ce 
qui  la  rend  fort  adhérente  à  la  première  des  pro- 
pres. 

La  troihéme    eft    Talbugineufc  ,  que  l'on  ap-  '   ,G 
pelle    ainfi  ,  parce  qu'elle    eft    blanche  ;  elle  eft  *  t-j/ilbug^ 
ncrvcufe  ,  forte  &  épaille  ;  c'eft  elle   qui  couvre 
imi-nediatemcnr  la    fubftance   du  tefticule ,  dont 
elle  a  la  même    figure  ,  ou  plutôt  c'eft   elle  qui 

P   iiij 


231  Des  Parties  naturelles  de  l'Homme  , 

lui  donne  celle  qu'il  a  j  elle  prend  fon  origine  des 

tuniques  qui  renferment    les  vaifleaux  rpermaci- 

ques. 

.y^  „.        On  n'a  pas  plûtôi:  coupé    cette  dernière  tuni- 

culeou-      que,  que  ion  découvre  la  lubltance  du  tetticule 

^"'^-  qui  efl:  blanche  ,  molle  &   lâche  ,  parce  qu'elle  eft 

compofée  de  plufieurs  petits  vaiffeaux  feminaires, 

•        ■  6c de  quantité  d'autres  capillaires,  qui  font    des 

Nran-eaux  ,  d'artères ,  de  véncs  ,  de  nerfs  ,  de  vaif- 
feaux  limphatiques ,  &  des  racines  des  vaifTeaux 
que  l'on  appelle  déferens,  de  manière  que  toute  la 
fubftance  des  tefticules  n'efl:  qu'un  tilFu  &  uiîj?(ïïs 
d'une  infinité  de  petits  vaîlleaux,  dont  la  ftrufbure 
eft  furprenante  ;  on'àvoit  crû  qu'elle  étoit  mocl- 
Icufe  ôc  glanniîLnfcj parce  qu'on  ne  s'étoit  pas  don- 
né la  peine  de  l'examiner. 
j  Deux  muicles  que  l'on  nomme  cremaflers  ou 

Le  mufclc  furpenfeurs ,  tiennent  les  tefticules  fufpendus.   Ils 
creroa  ter.    pj-gj^^ent  leur  orgine  d'un  ligament  qui  eft  à  l'os 
du  penil ,  où  les    mufclcs    tranfverles    de    l'ab- 
^j.  domén   finillent ,  defquels  ils  paroifl'ent  être  une 

continuité  j  ils  fortent  par  la  prodnâion  du  pé- 
ritoine, &  envclopent  les  tefticules  comme  une 
membrane  ;  ce  qui  fait  que  quelques-uns  les  con- 
.  fondent  avec  la  première  des  propres.  QLiand. 
ces  muicles  cutanez  fe  tiouvent  plus  forts  qu'ils 
n'ont  accoutumé  d'être ,  l'on  peut  mouvoir  les 
tcft:icules  ;  ce  qui  fe  voit  à  quelques-uns ,  qui  les 
font  monter  &  les  laillent  defcendre  félon  J[e\ii: 
volonté.  -' 

Ufa$;cdçs      Pour  bien  comprendre  l'ufage  des  tefticules  ,  il 
tefticul^l^Paut  remarquer  que  l'artère  fpcrmatîque  va   tou- 
jours entre  les  circonvolutions  de  la  véne ,  &  cela 
afin  que  le  (à'.io  qu'elle  contient    foit  échauffé, 
raréfié  &  mis  en  mouvement  par   la  chaleur   de 


'fljr 


IV.  Démonftrat'ion  Anat.  Sect.  I.  255 

la  véne  ,  ce  qui  le  dilpore  a  être  filtré  dans  le  te- 
fticule  où  il  comi-ncnce  à  faire  la  précipitation  , 
&  c'eft  pour  cette  raifon  que  dans  les  bétes  ,  l'ar- 
tère fait  plulieurs  détours  comme  la  vene  ,  afin 
de  recompenfer  par  la  longueur  du  chemin  ,  qui 
eft  beaucoup  plus  court  dans  les  bêtes  que  dans 
l'homme  la  tiltration  qui  fe  doit  faire  dans  le  te-  ^ 
IHcule.  :;" 

La  partie  la  plus  délicate  ,  la  plus  fine  ,  la  plus 
fubtiie  &  la  plus  pénétrante  du  lang  eft  filtrée  6c 
feparée  du  refte  dans  le  tclliicule  par  fa  moelle 
gbnduleufc ,  laquelle  ne  permet  qu'à  la  partie 
la  plus  fine  du  fang  de  palier  ,  &  le  refte  eft  re- 
pris par  les  vénes.  Cette  partie  du  fang  aînfi  fil- 
trée j  eft  perfeèlionnée  par  lalongucttr  des  tu  vaux 
où  elle  palle,car  plus  une  liqueur  coule  lentement 
plus  les  parties  ont  de  tems  pour  fe  fubtilifer.Elle 
eft  encore  rafinée  par  les  détours  &  les  anfra6luo- 
fitez  de  ces  tuyaux  ,  les  particules  étant  brilées  à 
tous  momcns  ,  en  fc  defuriilfant  ,  en  bricolant  & 
en  piroiicttant  continuellement  les  unes  fur 
les  autres.     Mais  elle    eft  encore'  épurée   davan-  "^ 

ta^e  dans  le  canal  excrétoire  du  tcfticule  &:  dans 
Tepididime.  Elle  fe  trouve  encore  plus  parfaite 
dans  le  canal,  défèrent  qu'ailleurs.  En  effet  c'eft-là 
où  elle  con  mcncc  à  blanchir  ,  à  être  écinneufe, 
au  lieu  qcc  dans  le  tefticule  elle  étoit  encore  gri- 
fl^iie  &  fluiac  :  elle  reçoit  enfin  Ton  dernier  denic 
de  perfection  ,  c'eft  à  dire  les  traits  &:  fes  caractè- 
res defemencepar  l'influence  des  efprits  dans  les 
pallions  amoureufes  j  car  les  folies  &:  jeux  d'a- 
mour ne  mettent  pas  feulement  la  femence  en 
mouvement ,  mais  encore  ils  l'altèrent  de  forte 
qu'ils  la  perl-cftionnenr ,  eii  ia  faifant  pétillera 
mettre  en  aélion. 


2  34  T^^^  parties  naturelles  de  l'Homme, 

Cette  femencc  eft    confervée  pour  le  befoin 
dans  la  dilatation  du  canal   défèrent ,  èc  celle  que 
les  veflicules  feminales  ont  filtrée   refte  dans  leur 
propre  capacité,  d'où   elle   fort  quand  une  fois 
l'imagination  s'eft  échauftée  par  une  penféc  d'a- 
moun  aii^fi  qi-'c  nous  dirons  en  parlant  du  fens  de 
Tamour.Alors  la  paiïion  la  met  en  mouvement  &C 
la  raréfie  de  telle  manière  qu'elle  force  les  foupa- 
pes  qui  garnilient  ces  ouvertures  &  ces  conduits. 
Klais  ce  qui  contribue  encore  plus  à  fa  fortie,c'efl 
la  compreiïion  des  membranes  charnues   qui  en 
couvrent  les  rcfervoirs  ,  te  qui  fe  contractent  par 
LL        l'affluencc  des  efprits. 
\  Les  cpidi-       Dans  le  même  temps  les  protaftes  poullent  une 
dîmes.         liqueur  grallè  ^.^  oleagineufe  qui  enveloppe  &  em- 
barafTe   cette  femence  li  pénétrante  &  h  fubtile  , 
qui  fans  cela  fe  dilîiperoit  &    s'évaporeroit  j  c'ell: 
ce  que  nous  enfeignc  l'artifice  dont  les  parfumeurs 
fe  fervent  11  avantageufement  pour  conferver  leurs 
effences  ,  en  y  mêlant  des  huiles  pour  retenir  les 
•    paitiesles  plus  pénétrantes  &   les  plus  volatiles, 
car  cette  liqueur  coule  toujours  un  peu  dans  l'urè- 
tre pour  la  garentir  des  pointes  &  de  l'acrimonie 
de  l'urine. 
Ufagcdcs      Les  epididimes  ou  paraftates  font  de  petits  corps 
epiflidi-       ronds  ,  qui   fortcnt  d'un  des  bouts  du  tefticule  , 
fur  lequel    ils  fe  refléchillent  dans  toute  fa  lon- 
gueur j  ils  fout  ainfi  nommez  ,  à  caufe  qu'ils  font 
couchez  fur  les  tefticules  ,  qu'on  appelle  didimes; 
ils  font  (emblables  à  des  vers  à  foye  ,  &  font  for- 
tement attachez  à  la  tunique  albugineufe  du   te- 
■fticulc. 

On  donne  beaucoup  de  differens  ufages  aux 
epididimes,  mais  leur  véritable  eft  de  recevoir  la 
ftmence  feparée  dans  le  tefticule ,  &  de    la  verfer 


IV".  Démonftration  Anat.SQÙ..!,  135 

dans  le  troiiç  du  vaiire^u  défèrent   auquel  ils  font 
continus. 

Les  vaifTeaux  défcrens  font  ainfi  apcllez  à  caufe  M 
de  leur  ufage  \  d'autres  qui  croyent  que  la  fe-  j^f^Jcifs*"^ 
nience  dans  le  temps  des  aproches  eft  ejaculée  par 
ces  vaifTeaux  ,  les  appellent  ejaculatoires ,  mais  ils 
ne  méritent  pas  ce  nom  ,  pufqu'ils  ne  font  que 
conduire  la  femcnce  soute  à  goûte  dans  les  vefU- 
çulcs  Icmmaires. 

La  fubftance  de  ces  vaifleaux  eft  blanche  &  ncr-  ^"^^^^  ^^" 

verfejeur  figure  eft  ronde  ,  leur  grofteur  eft  com-  leur  figure. 

çne  un  tuvau  de  plume,leur  cavité  eft  obfcure  dans 

leur  coriimencemcntjplus  fenfible  dans  leur  jnilieii 

&  très  aparente  dans  leur  fin. 

Leur  fituation  eft  en  partie  dans  lefcrotum,  &  ,  Situation 
•     1        1.  1   1  ^         -1  1  .des  vaif- 

çn  partie  dans  1  abdomen  ;  car  us  ont  leurs  racmes  ieauï  dcfc- 

dans  le  tefticule  même  d'où  ils  fortent  par  un  bout  '^^"*' 
&  montent  en  haut  par  la  même  produétion  du 
péritoine  qui  envclopc  les  vallFeaux  Ipermatiques: 
Lorfqu'ils  font  parvenus  à  la  partie  fuperieure  du 
penilj  ils  fe  courbent  par  deiTus  les  uretercs,&  vont 
w^en  s'approchant  l'un  de  l'autre  fous  la  partie  fupe- 
rieure de  la  veffic  ,  où  ils  communiquent  avec  les 
vefîîcules  feminaires. 

Les  deux  extrémitez  des  vaiftèaux  défcrens  étant 
parvenues  entre  la  veflîe  &  le  redtum  ,  fe  dilatent  v-fficnlcs 
&  forment  de  petites  cellules  que  l'on  nomme  feminairei. 
veflicules  feminaires  \  ce  font  ces  extrémitez  que 
du  Laurens a^i[>e\\e  paraftates,  quoique  Bartholin  ne 
donne  ce  nom  qu'à  leur  commencement.  On  ne 
fçauroit  mieux  comparer  ces  veflicules  qu'à  une 
grape  de  raifin,  de  leurs  cellules  qu'aux  cavitez  des 
grains^de  grenade  ,  dont  ils  imitent  parfaitement 
l'ordre  &  la  figure. 

Il  y  en  a  qui  les  font   refterabler  à  des  inteftins 


1^6       1)es  Parties  naturelles  de  l'Homme  , 

Figure  des  d'oifeaux  ,  qui  fe  dilatent  en  quelques  endroits  de 
rclTicuIri       ,  .         ^      ,      .  -  •   r  .,t- 

fciinnaueî.  ^^'--'rs   ciiconvolutions  ,  OC  qui  le    rctiecillenc  en 

d'autres ,  elles  font  longues  6c  plus  CTioifes  dans 
un  des   cotez  cjue  dans  l'autre  :  Leur  largeur  eft 
environ    d'un   pouce  à   l^endroit-méme   où  elles 
iont  le  plus  dilatées  j  leurs   cavicez  font   inégales, 
car  iî  f  en  a  de  plus  grandes  les  unes  que  les  au- 
tres ;  &  quoi  qu'on   les  compai-e  à  une  grappe  de 
raihn  ,  elles  ne  font  pas  pour  cela  fcparées  chacu- 
ne par  une  membrane  ,  comme  les  grains  ,  avans 
communication  les  unes  avec    les  autres  :  Celles 
du  ZQ^é.  droit  font  fcparées  de  celles  du  côté  ^auv 
Lcurufa-  che  ;  elles  font  Htuées  entre  la  veffie  &  le  reétum 
proche  les  proftates  j  elles  fervent  de  refervoir  à 
la  femence. 
titî  con-  ^^  ^'^^^  ^^  ^^^   veiïiculcs  deux    petits  conduits 

duitj  que     qui  n'ont  pas  plus  d'un   pouce  de  longueur  :  ils 
i^^éffcaL-  ^*~'"'-  ^^l'g^s   proche    les    vefîîcules  ,  &:  diminuent 
icircs.         à  mefure  qu'ils  approchent  de  l'urètre  qu'ils  per- 
cent enfemble  \  ils  forment  en  dedans    de  Turetre, 
à  l'endroit  par  où  ils  entrent ,  une  petite  caruncu- 
le  ou  crcte,  que  l'on  appelle  Verurnontamrm  :  C'eft 
une    efpece   de  petite  valvule   qui  empêche  que 
l'urine  en   palTant   par  l'urètre,  ne  puiflc  entrer 
dans  les   ou\ertures  de  ces  deux  petits  conduits. 
Elle  a  encoie  un   autre  ufagCjqui  eft  de    dcrer- 
mîner  la  limence  quand  elle  fort  de  ces  conduits, 
a  prendre  le  chemin  de  la  verge  ,  &  non  pas  celui 
de  la  veflie. 
Avcrti/Tc-      ^^  y   ^  beaucoup  de   Chirurgiens  qui  ont  pris 
rî'.tnt  ponr  ccttc  caruncule  pour  une  carnolité  ,  à  caufe  de  la 
*/iens^      "^   refiilance  qu'ils  ont  feniie  en   introduifant  la  lon- 
de  dans   l'urètre  :  c'eft  a    quoi  l'on    doit   prendre 
garcîc. 

C'eft  avec  jufte  raifoa  que  l'on  doit  appelki- 


IF.  Demonflratîon  Amt,Se:ô:.l„         137 
ces  deux  conduits  ,  vailleaux    ejaculacoires  ,  puif-    ^5?S^°" 
que  ce  lont  vericablemenc    eux  qui  dans  le  cems  éjaculawi- 
de  l'action    éjaculenc  la  fcmence   des  vefliculcs  r". 
dans  l'urètre  5  il   faut   qu'ils   ayent  un   fentiment 
exquis  ,  parce  que  ce  font  eux  principalement  qui 
iont  ienlibies  au   plaillr  que  l'on  rcirent  dans  l'é- 
jaculation. 

Ces  vailleaux  éjaculatoires  ont  été  inconnus  Erreur  fur 
aux  Anciens  qui  difoient  que  la  femcnce  êtoit  ^^f'^^^' * 
portée  des  vefficules  dans  deux  glandes  que  l'on 
nomme  proftates  ;  que  de  ces  glandes  la  femen- 
ce  palîoic  par  plulicurs  petits  trous  impercepti- 
bles dans  l'urètre  :  &  que  ce  qui  faifoit  le  plailir, 
c'étoic  la  violence  que  la  femcnce  faifoit  pour 
palier  par  les  porolitez  de  ces  glandes  ,  mais 
ces  deux  conduits  dont  je  vous  viens  de  parler, 
détruifent  cette  opinion,  &  nous  font  connoîcre 
la  vérité. 

Les  proftates  font  deux  corps  glanduleux ,  00 
blanchâtres,  fpongieux  ,  &  plus  durs  que  les  au-  n^^^P'°"' 
très  glandes  j  11  y  en  a  qui  les  appellent  petits  te- 
fticules  j  parce  qu'ils  prétendent  qu'ils  feparcnt 
une  femence.  qui  eft  plus  glaireufe  &  plus  grife 
que  l'autre  :  ils  fcparent  à  la  vérité  une  humeur, 
mais  on  ne  peut  pas  dire  que  ce  foit  de  la  femen- 
ce, puifque  les  châtrez  ont  cette  humeur  «S:  n'en- 
gendi-^nc  poinr. 

Ils  tonc  placez  a  coté  l'un  de  l'autre  ,  d<.  tîtuez  ,  Situation 
à  la  racine  de  la  verge  fur  le  fphindter  de  la  vef-  tes. 
lie  au  commencement  de  l'urètre,  qui  palle  mê- 
me entre-eux  deux  à  l'endroit  où  il  y  a  cette  petite 
caruncule,  que  nous  avons  appcUée  yerumontA- 
hurn:  Us  ont  dans  toute  leur  iubftance  beau- 
coup de  veiïicides  pleines  d'une  humeur  glai- 
rtule  i  qu'ils  déchargent   dans  la  cavité  de  l'ure- 


Tr^usdcs 
proftatcs 


158        Des  Parties  naturelles  de  l'Homme, 
tre  par  plufieurs  petits  tuyaux  q^ui  vont   s'y  reri-*' 
dre. 
VaiiTeaux      L^j  ptoftates   ont    des  artères   qui    leur  vieil-' 

des  prolta-  ,   t  ,  ^         _      ,  ,  ^  . 

tes.  nent  des  hontcules  ,  c^  des  vencs  qui  retournent 

à  d'autres  qui  portent  ce  nom  -,  de  ces  vaiffeaux 
les  uns  y  portent  le  fang  ,  dont  cette  humeur  eft 
féparéc  ,  &  les  autres  ,  qui  font  les  vénes  ,  en  re- 
portent le  fuperflu.  Ils  ont  aufli  de  petits  nerfs 
qui  les  rendent  fenlîbles  au  plailir  &  à  la  dou- 
leur. 

Les  orifices  de  ces  petits  tuyaux  qui  apportent 
l'humeur  glaireufe  de  ces  corps  glanduleux  dans 
l'urètre  ,  font  autour  du  trou  par  où  fort  la  fe- 
mence.  Il  n'y  en  a  jamais  dans  l'homme  moins  de 
dix  oQ  douze.  Ces  orifices  ont  chacun  une  petite 
caruncule  qui  fert  à  les  boucher  ,  ôc  qui  empêche 
l'écoulement  continuel  de  cette  humeur,  qui  pré- 
cède toujours  celui  de  la  femence  :  ces  caruncules 
fervent  aulîi  à  faire  couler  l'urine  par  deilus  ces 
orifices,qui  par  ce  moyen  ne  font  point  irritez  par 
fon  acrimonie. 

L'on  prétend  que  le  fîcge  ordinaire  des  gonor- 
rhées  eft  en  cet  endroit,  à  caufe  que  quelques 
fels  volatils  s'y  attachant  ,  ils  y  caufent  des  ulcè- 
res qui  ayant  rongé  ces  caruncules  ,  ôc  les  orifices 
de  ces  tuyaux  qui  verfcnt  l'humeur  glaireufe  ,  en 
font  un  écoulement  qui  dure  quelquefois  toute  la 
vie. 

L'ufage  des  proftates  eft  de  féparer  du  fang 
une  humeur  glaireufe  &  huileufe  ;  de  la  garder 
quelque  tems  dans  les  velîîcules  ;  &  de  l'expri- 
mer peu  à  peu  dans  l'urètre  par  ces  dix  ou  douze 
Ufascs  de  petits  tuyaux  qui  y  aboutilfent.  L'ufage  de  cer- 
'îi'T^Tc  te  humeur  eft  de  graifier  ,  d'hum-eder ,  &  c'en- 
duire  l'urètre  ,  afin    qu'il  ne  le  dcHeche  point  > 


Le  ficge 
à^s  gonor- 
rhés  c(t 
dint  les 
proltatcs. 


Ufage  des 
proftatcs. 


/  K  Démonflratlon  Anat.  Sed.  I.  239 

qu'il  ne  fe  flécrille  pas ,  &:  qu'il  demeure  au  con- 
traire toujours  glillant.  Elle  fait  en  cela  deux 
bons  effets  i  le  premier  eft  ,  qu'elle  empêche  qu'il 
ne  foie  ofFenfé  par  l'acreté  de  l'urine  qui  y  palfc 
continuellement ,  &  l'autre  ,  qu'elle  fert  de  véhi- 
cule à  la  femcnce  dans  le  tems  de  l'ejaculation  5 
car  il  eft  certain  que  fi  l'urètre  n'étoit  pas  hu- 
medlé  par  quelque  liqueur ,  la  femence  venant 
à  fortir  ,  il  s'en  arrêteroit  cuclque  partie  à  fes 
parois  ;  de  manière  que  n'étant  pas  portée  à 
l'ovaire  aufli  rpiritueufe  qu'elle  l'étoit  au  fortîr 
des  vefîicules  feminairesja  génération  ne  fe  pour- 
roi  t  faire. 

L'on  ne  peut  pas  difconvenir  de  cet  ufage , 
fi  l'on  obferve  que  c'cft  particulièrement  dans  les 
fortes  érections  que  cette  humeur  eft  exprimée 
dans  l'urètre  ,  dont  on  en  voit  même  quelques 
gouttes  paroître  à  l'extrémité  du  gland  ,  parce  qu'- 
alors étant  necelfairejes  proftates  font  comprimées 
par  la  tenfion  de  la  verge,  ce  qui  l'oblige  de  fortir 
dans  l'urètre. 

La  peine  que  la  nature  s'eft  donnée  pour  faire 
une  femence  qui  eût  toutes  les  qualitez  necef-  La  Verge 
faires  pour  former  un  homme  ,  en  dévelopanc 
l'œuf  dans  l'ovaire  ,  auroit  été  inutile  ,  h  elle  ne 
lui  avcit  donné  quelque  partie  pour  la  porter 
dans  la  matrice  :  c'eft  par  le  moyen  de  la  verge 
qu'elle  eft  conduite  &  verfée  dans  ce  lieu.  La  ver- 
ge eft  appellée  affez  communément  le  membre 
viril,  parce  que  c'eft  elle  qui  diftingue  l'homme 
d'avec  la  femme jon  lui  donne  encore  pluficurs  au- 
tres noms  que  la  bien-féance  ne  nous  permet  pas 
de  raporter. 

La  verge  eft  placée  à  la  partie  inférieure   &:  ex-     Simation 
terne    du   bas  ventre ,  elle  eft  adhérence  &  atta-  ^^  '*  ^"ê^- 


14-0  Des  Parties  naturelles  de  l'Homme, 

chée  aux  racines  de  l'os  pubis  ;  cette  (îtLiatlon  lai 
eft  d'autant  plus  avantageufe  qu'elle  n'incom- 
mode pas  les  autres  parties  dans  les  embrailè- 
mens. 

La  fubftance  de   la  verge  cft  particulière  ,  eile 
fe  divife   en    parties   contenantes  ,  &  en  parties 

contenues  ,  les   premières ,  qui   font  l'épiderme  , 
Si;bf tance  ç.i  \    •  r  j^i  t 

de  u  ver-     *^  ^^  P^^"  >  *^^  lervcnt   d  envelope.     Les    parties 

S^-  contenues    font    les    vailTcaux  ,   les  mufcles  ,  le 

gland  ,  les  deux  corps  caverneux  &:  l'urerre.L  on 
remarque  que  la  peau  en  eft  plus  fine  qu'aux  au- 
tres parties ,  ce  qui  contribue  à  la  rendre  aui'îi 
fcnfiblc  qu'elle  reft.tllc  n'a  point  de  graillcjparce 
que  i\  elle  engrailïoit  comme  les  autres  parties  , 
elle  deviendroit  trop  groflè  ,  trop  lourde  &  trop 
molle  ,  &  auflî  parce  que  la  grailTc  étant  infenli- 
ble  &  ondtueufe ,  elle  émoulTeroit  le  fentimcnt 
qu'il  faut  qu'elle  ait  pour  déterminer  l'homme  à 
cette  aciilion.  Il  y  a  des  animaux  qui  ont  la  verge 
ollcule ,  comme  les  chiens  y  les  loups  &c  les  re- 
nards. 

La  verge  a  beaucoup   de   nerfs ,  d'artères  &  de 

vénes  j  «Se  même  plus  qu'il    n'en  faudroit  ,  li  nous 

„  en  jugions  par  fa  grolTeur  ,  mais  par  rapport  à  fon 

Va:iicaux  3<^^ion  )  elle  n'en  a   pas  plus  qu'il  n'en   faut  ;  Elle 

de  ia  Ver  a  deux  nerfs  qui  la  rendent  tres-fendble  ,  ils  vien- 
nent de  la  moelle  de  l'épine  ,  &  fortent  par  les 
trous  de  l'os  facrum  ,  ils  montrent  par  le  milieu 
de  la  bifurcation  ,  &  fe  diftribuent  à  tout  le  corps 
de  la  verge  ,  au  gland  ,  &  aux  mufcles ,  fes  plus 
petites  branches  vont  à  la  peau.  Elie  reçoit  des 
artères  des  hypogaliriqnes  ôc  des  honteules  ;  les 
deux  qui  viennent  des  hypogaîlriques  font  les 
plus  confiderables  i  elles  s'inlcrent  au  commen- 
cement de  l'endroit  oi  fc  fait  l'union    des   deux 

corps 


IK  Démonfvratton  Anat.  Seâr.  I.  241 

corps  caverneux  ;  leurs  plus  gros  rameaux  entrent 
dans  ces  corps  ,  &  les  moindres  fe  diftribuenc  le 
ionf^  de  la  verge  :  Celles  des  honteufes  ne  font  que 
des  rameaux  qui  Te  perdenc  dans  fa  circonférence. 
Les  vénes  ionc  en  aufîi  grand  nombre  que  les  artè- 
res; elles  reçoivent  le  reftc  du  fang  qui  a  été  épan- 
ché dans  la  verge  ,  tant  pour  la  nourrir  que  pour 
l'enfler  ,  &  le  reportent  dans  les  vénes  hypogaftri- 
qncs  Se  honteufes.  Quarir 

Q:iatre^  mufcles  ,  fçavoîr  deux  érecfleurs  ,  d;  "^"rdcs  a  la 
deux  éjaculateurs  fervent  à  la  verge  à   faire  tous  ^"^^' 
fesmouvemens  >  les  deux  éreâeurs  prennent   leur       j^^ 
origine  de  la  partie  interne  de  la  tuberofité  de  l'if-  ,  Les  dcuz 
chion  ,  «Se  vont  s'inférer  laceialement    aux  corps  ^''^  ^""* 
caverneux  ,  &    répandre  leurs    fibres  dans   leurs 
membranes  j    les    deux    éjaculateurs  font    plus 
longs  que  les  precedens  ,  ils  nailîent  du  fphinc*        S$' 
ter  de  l'autre  ,  ils  s'avancent  le  Ions;  de  l'uretrc  \ll,,u^I'^^^2 
julqu  a  Ion  miheu  ,    ou   us  s  mlercnt    latérale- 
ment. 

Les  noms  que  l'on  a  donnez  â  ces  mufcles,nous     Vfagesdc 
marquent  leur  adion  ,  les  premiers  aident  à  l'ère-  ^iJ^^dc '^**^' 
6tion  de  la  verge  ,  &  ceux-ci  à  l'éjaculation  de  la  ycrgc. 
fcmence,  parce  qu'en  fe  gonflant  dans  leurs  corps 
&  fe  lacoinciilant,  comme  font  tous  les  mufcles^ 
ils  compriment  les  veiîîcules  feminaires  ,  3c  obli- 
gent la  femence  d'entfer  dans  l'urètre  ,  d'où  elle 
fort  enfuite  avecimpetuofité. 

La  ver^e  a  un  ligament  fort,  qui  l'attache  aux  j   i^^^'*jl^ 
,  ^1      o        -^         1    r  •   •       1  .1      "  la  vcrgg. 

os  du  penil  ,  «x  qui  prend  ion  ongme  du  cartila- 
ge qui  ioint  ces  os  enfemble  ,  &  va  s'inférer  à  la 
partie  fuperieure  &  moyenne  delà  verge  j  ce  li- 
gament lui  eft  d'un  grand  fecours  ,  non  feule- 
ment dans  le  tems  de  l'érection  ,  mais  encore 
lorfqu'elle   s'amolit  £v  fe  relâche:  car  il   la  fui- 


a4 1  Des  parties  naturelles  de  l'Homme  , 

pend  &  empêche  qu'elle  ne  tombe  trop  fur  les 
tcfticules. 

k  Tcrhe.  ^  ^"  confidere  à  la  verge  Ton  corps  &  ks  extre- 
mitez  ;  Ton  corps  cfl  cette  partie  moyenne  ,  qui 
n'eft  pas  tout- à- fait  ronde  :  il  y  faut  obferver  qua» 
tre  parties  ,  une  fuperieure ,  qui  fe  nomme  le  dos 
de  la  verge  ,  deux  latérales  qui  font  faites  des 
corps  caverneux  6c  une  inférieure  par  où  palle 
l'urètre.  Se»;  ejctremîtez  font  deux  ,  l'une  où  cft  le 
glandjque  l'on  apelle  la  tête  du  membre  viril ,  6c 
l'autre  qui  tient  au  ventre,  que  l'on  nomme  la  ra- 
cine delà  verge,  cette  extrémité  eft  environnée  de 
poils,principalement  à  fa  partie  fuperieurCjque  l'on 
nomme  lepenil. 

,    T*  j  Le  balanus  ou  gland,ainfi  nommé,à  caufe  de  ia 

relfemblance ,  efl:  ce  que  nous  avons  appelle  la 
tête  du  membre  viril  ^  c'eft  la  feule  partie  qui  foie 
chaniie  dans  la  verge  ,  elle  eft  polie  &  douce,  afin 
de  ne  point  blclTer  la  matrice  :  Il  fe  termine  un 
peu  en  pointe  ,  afin  d'y  entrer  plus  facilement  ,  il 
cfl:  couvert  d'une  membrane  fort  déliée  &  fort 
fine  ,  qui  le  rend  fenfible  au  chatouillement  caufé 
par  la  friélion.  Qiiand  le  fang  6c  les  efprits  y 
affluent,  comme  dans  le  tcms  de  l'éreâiion,  il  s'en- 
fle ôc  devient  vermeil ,  mais  quand  ils  (e  retirent 
il  pâlit  6c  fe  ride,il  eft  environné  d'an  cercle  com- 
me d'une  couronne,  fou  extrémité  eft  percée  pour 
laiiler  fortîr  la  fcmience  d>c  l'urine.  Qiiand  les  en- 
fans  viennent  au  monde  fans  y  avoir  d'ouverture, 
comme  cela  arrive  quelquefois  ,  il  ne  faut  pas 
manquer  d'y  en  faire.  Et  lorfque  l'ouverture  efl: 
naturellement  trop  petite  ,  il  faut  l'agrandir  ,  afin 
que  l'on  ne  foit  pas  trop  long-tems  à  pilîer,  &c  afin 
que  la  femence  puifle  être  jettée  promptemcnt 
dans  la  matrice. 


/K  'Démonftratlon  AnM.  SedJ.  145 

Le  prépuce  efi;  l'extrémité  de  l'enveloppe  qui  V 
couvre  la  verge  ,  il  eft  fait  de  la  peau  même  de  la  P^^^P**^» 
verge  ,  qui  eft  lâche,  afin  de  s'allonger  pour  cou- 
vrir le  gland  ,  ou  de  fe  redoubler  pour  le  décou- 
vrir. Il  eft  attaché  fous  le  gland  par  un  petit  liga- 
ment fort  délié  ,  qu'on  nomme  le  frein  ,  ou  filet, 
lorfqu'il  eft  trop  court ,  il  tire  en  bas  l'ouverture 
du  glandj  &  alors  il  le  faut  couper  comme  on  fait 
celui  de  dellousla  langue,parce  qu'il  empêche  que 
la  fcmence  ne  foit  éjaculée  en  droite  ligne  dans  le 
vagin. Il  arrive  quelquefois  que  l'extrémité  du  pré- 
puce eft  il  lerrée  ^que  l'on  ne  peut  pas  découvrir 
le  gland,aiors  on  apelle  cette  incommodité  phlmo- 
Jïs  ;  &z  quand  on  le  coupe  ,  ou  par  maladie,ou  par 
ordonnance  de  quelque  loi  ,  cette  opération  fe 
nomme  circoncifion. 

L'ufage   du  prépuce  eft  de  fervir  de  chaperon     Ufsgeda 
6c  de    couverture   au    gland  ,  &   d'augmenter  le  P^'^pwc. 
plailir  dans    l'adion.    C'cft  ce  qui  a  fait  dire  à 
Riolan  ,  que    les  femmes   des  pais  où    les  hom- 
mes iont  circoncis  en  avoient  moins  que  les  au- 
tres. 

Les  corps  caverneux  font  deux  ,  un  de  chaque       ^ 
côté,  ce  font  eux  qui  compofent  la  partie  la    plus    Les  corps, 
'grande  6c    la  plus  conftdcrable   de  la    veige -,  ils 
naiftent  des  parties  inférieures  de  l'os  du  penil  bc 
de  l'ifchion  ,  comme    d'un  fondement  ferme  6c 
inébranlable  :  ils  y  font  attachés   par   deux  liga- 
mens  ,  l'un  à  lacommiiTuie  de  l'os  pubis  &:  l'au- 
tre s'étend  d'une  des  tuberofitez  de  l'os  ifchion  à 
l'autre  ;  dans  leur  origine  ils  font   feparez  l'un  de 
l'autrcj  mais  s'aprochant  peu  à  peu  ils  fc  joignent, 
&  font  la  figure  de.  la  lettre    Y.    Ces    deux  corps 
couvrent  &  embrallcnt  le  conduit  de  l'urine  ,  (5c 


cavernem. 


vont  Unir  au  ^land. 


Q.  îj 


244         ^^^  Parties  naturelles  de  l'Homme. 
Subftance       Ces  deux  corps  ou  nerfs  caverneux  ont  deux 
carcrncux.   fubftances  :  l'une  externe  ,  qui  eft  epailTe  ,  dure, 
nerveufe  ,  &  femblable  aux  membranes  des  artè- 
res :  &  l'autre  interne  ,  qui  eft    fongueufe  ,  rare  , 
fpongieufe  &   femblable  à  la   moelle   de  fureau, 
excepte  qu'elle  eft  d'un  rouge  tirant  fur  le  brun, 
&  que  celle  de  fureau  eft  blanche.   Je  vous  ai  die 
que  les  deux  principales  branches  des  altères  hy- 
pogaftriques  entroient  dans   ces  corps ,   qu'elles 
alloicnt  finira  leur  extrémité  proche  le  gland,  & 
qu'elles  diminuoient  à  mefure  qu'ellçs  avançoient, 
parce  qu'elles  jettent  une  infinité  de   branches  à 
droite  3c  à  gauche  ,  qui  verfent  le  fang  dans  ces 
parties. 
Ce  qui  fait      Lorfque  la  verge  fe  roidit ,  ce  font  ces  corps 
|?jj'^-^ç  caverneux  qui  s'enflent  en  s'empliftant  ,  non  pas 

d'efprits  feulement ,  comme  le  vouloient  les  An- 
Expericnce  ^'^"^  ,  mais  de  fang  ;  car  en  ferînguant  quelque  li- 
queur dans  les  artères  hypogaftriques ,  je  l'ai  fore 
bien  fait  entrer  dans  les  corps  caverneux  ;  ce  qui 
m'a  fait  croire  que  c'étoit  le  fang  artériel  qui  y 
éroit  épanché,  qui  en  faifoit  la  tenlion  ,&  que 
la  verge  devenoit  lâche  &   molle,  quand  ce  mê- 
me fang    fe    vuidoit  par    les    vénes  hypogaftri- 
ques. 
Autre  expe-       J'^^  encore  fait  plufieurs  expériences  qui  m'em- 
ticnce.         pèchent  de  douter  que  ce  ne  foitle  fang  qui  fafle 
cette  tcnhon  j  car  ayant  coupé  la  verge   à   des 
chiens  ,  lorfqu'elle  étoit  tendue,  j'en   voyois for- 
tir  tout    autant  de    fang    qu'il  en    falloit  pour 
faire  la  grofteur  qu'elle  ayoit ,  lors  qu'elle  éto^t 
roide. 

Confirma-       D'ailleurs ,  la  fubftance  fpongieufe  qui  emplît 
tion  de   CCS  c       ^     i         ^  ^  • 

tperienccs.  les  corps  caverneux  meconnrme  dans  cette  opi- 
nion ;  car  s'il  n'y  avoit  eu  qu'une  cayicé  fimple  ,  le 


exf 


IF".  Démonfiratîon  Amt.  Seâ;.I.  i4j 

fan^  arccriel  y  étant  porté,  fe  feroit  trop  prompte- 
mcnt  vuidé  par  les  vénes  ,  mais  cette  fubftance  l'y 
arrête  quelque  tems ,  &  fait  que  l'ére(5fcion  en  e(t 
plus  forte.  De  plus  ,  la  couleur  rougeacre  de  cette 
fubftance  eft  un  effet  du  fang  qui  y  étant  entré  &c 
forti  dans  les  éreâ:iuns,y  a  imprimé  cette  couleur: 
car  ks  enfans  ont  cette  fubftance  prefque  toute 
blanche.  Je  ne  prétends  pas  nier  qu'il  ne  s'y  porte 
aufîî  des  efprits  ,  &  qu'il  ne  foit  même  neccflàire 
qu'il  y  en  (oit  verfé  par  les  nerfs  ,  mais  je  dis  que 
ce  qui  fait  principalement  l'ércâiion  ,  c'ell;  le  fang, 
cet  efprit  étant  en  trop  petite  quantité  pour  la 
faire. 

Ce  qu'il  faut  donc  avouer  ici ,  c'eft  que  h'ma-  -a  r^*^*^'°." 

•       '        c      •  \       iT     •  j      t  -r    y   ^''^  ^= 

gmation  étant  hapee  parle  rellentimcnt  du  plai/ir,  fang&d'cf. 

l'efprit  animal  s'excite  ,  fe  détache  ,  &  court  ^'•"'' 
avec  impetuoiité  vers  les  nerfs  aux  parties  de  la 
génération  ,  qu'il  gonfle  en  fe  mclant,avec  le  fang 
artériel ,  qui  y  eft  porté  par  les  artères,  6:  que  par- 
le mélange  de  ces  deux  liqueurs  ,  il  s'y  fait  une 
fermentation  ,  ôc  comme  une  ébulition  qui  caufe 
l'éredlion. 

L'urerrecft  un  canal  ncrveux,qui  s'étend  depuis  t-,,  ., 
le  col  de  la  veliic  julqu  au  bout  delà  verge  ;  Il  cft 
litué  au  dclTous  &c  au  milieu  des  corps  nerveuxjfa 
fubftance  eft  fpongieufe  ,  afin  de  fc  pouvoir  écen- 
dre  :  Sa  capacité  eft  prefque  égale  depuis  le  com- 
mencemen-:  jufqa  à  la  fin. 

L'urètre  eft  compolée  de  deux  membranes,dont  Deuxmcm- 
l'extérieure  eft  charnue  &  tiftuc  de  fibres  tranfvcr-  ^^^'^"^i'»- 
fcs  -,  c'eft  pourquoi  l'urètre  étant  ouvert  par  quel- 
que opération  ,  il  fe  cicatrife.  L'interne  eft  dehée, 
ncrveufe  &  enduite  d'une  humeur  onâ:ueufc,donC' 
je  vous  ai  fait  remarquer  ci-dcllus  les  deux  bonj 
etfets  qu'elle  pioduit. 


1^6  Des  parties  naturelles  de  l'Homme, 
Figure  de  La  figure  de  ce  conduit  eft  cc^ume  une  S  ;  car  il 
dccend  de  laveffie  pour  palier  pardeiïîis  les  os  du 
penil,  puis  il  remonte  en  haut  pour  accompagner 
la  verge  jufqu'à  fon  extrémité  où  il  finit.Les  Chi- 
rurgiens doivent  bien  obferver  cette  figure,  pour 
introduire  la  fonde  avec  adrelle  dans  la  velîie. 
l'urctrc.^  ^  L'ufage  de  l'uretrc  eft  de  fervir  de  conduit  com- 
mun à  la  femence  &  à  l'urine  ,  &  non  pas  comme 
quelques-uns  l'ont  voulu, à  Thumeur  glaireufe; 
qui  y  vient  des  proftates  par  ces  petits  tuyaux  dont 
je  vous  ai  parlé  :  parce  que  l'urètre  n'eft  pas  fait 
pour  cette  humeur  j  mais  cette  humeur  eft  faite 
pour  l'urètre. 

Voilà  ,  Meilleurs  ,  toutes  les  parties  que  nous 
trouvons  dans  Thomme  qui  foient  deftinées  à  la 
génération  5  je  vous  ferai  voir  celles  de  la  femme 
dans  la  Démonftration  fuivante. 


'i'ypT' 


^MÂ 


247 

SUITE    DE  LA  QUATRIE'ME 

DEMONSTRATION 

Des  Parties  naturelles  de  la  Femme  ,  qui 

fervent  à  la  génération.  ^i 

SECTION    SECONDE. 

U  o  I  Q^u  E  je  vousaye  amplement 
démontré  ,  Meilieiirs ,  les  parties  de 
l'Homme  qui  fervent  à  la  genera- 
^^^^  ^  tion  j  cela  ne  fuffit  pas  pour  appren- 
dre comment  elle  fe  fait ,  il  faut  pour  y  parvenir 
vous  faire  tout  de  fuite  une  Démonflration  par- 
ticulière &  de  celles  de  la  Femme  ,  non  feulement 
parce  qu'elles  font  très  utilcsjleur  nombre  n'étant 
pas  moins  confideiablc  ,  que  celui  des  parties  de 
l'homme. 

C'eftavec  jufte  raifon  que  la  journée  d'aujour- 
d  huî  s'appelle  la  belle  Dcmonftrarion  ,  le  nombre 
des  fpe6tatcurs  eft  toujours  plus  grand  le  jour  que 
l'on  démonftre  les  parties  de  la  génération  de  la 
Femme,  &  leur  curiofité  s'augmente  à  la  vûë  de 
ces  partieSjCet  emprellemcnt  eÔ:  excufable  ,  tant  à 
caufe  que  les  Anatomiesdes  femmes  font  plus  ra- 
res que  celles  des  hommes  ,  que  parce  qu'il  n'y 
a  rien  de  fi  naturel  a  l'homme  que  de  vouloir  fça- 
voir  où  &  comment  il  a  été  formé  :  mais  quel- 
que diligence  qu'il  falfe  pour  pénétrer    le  fecret 

C^iiij 


248  Des  parties  naturelles  de  la  Femme. 

de  la  nature  fur  le  fait  de  la  génération  ,  il  faut 
qu'il  convienne  qu'il  y  a  beaucoup  de  circonftan- 
ces  qui  font  inconniies  ,  fur  Icfquelles  la  raifon  ne 
peut  pas  décider  quand  les  fens  lui  refufenc  leur 
lecours  :  ces  difïicultez  néanmoins  plûioc  que  de 
nous  rebuterjdoivent  nous  encourager  à  bien  exa- 
miner à  fonds  CCS  parties  ,  puifque  la  connoif- 
fance  de  leur  ftrudure  cft  le  feul  moyen  qui  puif- 
fe  nous  en  donner  les  lumières  que  nous  cher- 
chons. 
Ouaîrcvaif-  J^  commencerai  parles  vailfeaux  fpermatiques, 
féaux  f.er-  afin  de  fuivre  le  même  ordre  qne  j'ai  obferve  dans 
matiques.  j^  defcription  que  je  vous  ai  faite  des  parties  de 
rhomme.  Ils  font  quatre,  deux  artères  &  deux  vc- 
nes.  Il  y  a ,  comme  dans  les  hommes ,  une  artère 
&  une  véne  de  chaque  côté. 

Les  artères  fortent  de  la  partie  antérieure  de 

^^        l'aorte  à    quelque  diflance  l'une  de  l'autre  ,  leur 

tes  fpcinia-  origine  eft  fcmblable  à  celle  des  hommes  ;  Biais 

tiques,         Jem-  infertion    eft    différente  ,  au   milieu  àc  leur 

chemin  elles  fe  divifent  en  deux  branches.dont  la 

plus  grolle  vaau  tcPdcule  après  avoir  fait  pluhcurs 

détours;  &  la  plus  petite  à  la  matrice  ,  où  elle   le 

divife  en  quantité  de  rameaux  dont  les  uns  vont  à 

fes  côrez,à  Tes  trompes  (3c  à  fou  col  ,  &  les  autres 

à  la  partie  luperieure  du  fond. 

P„  Cette  diftribution  d'artères    eft  accompagnée 

Deux  véncs  d'autant  de  branches  de  vénes,  qui  remontant  de 

fpcrtrati-     la  matrice  &  du  tefticule,  Te  ioio;nent  cnrem.ble,& 

cucs 

font  deux  vénes  conlidevabies  qui  vont  fe  termi- 
ner, fcavoir  celle  du  côté  droit  a  la  véne  cave ,  6c 
celle  du  côté  gauche  à  l'émulgente. 

Les  vaifleaux  fpermatiques  des  femm.es  diffé- 
rent de  ceux  des  hommes  en  deux  manières  ;  car 
premiei  entent  ils  ne  font  pas  fi  longs  ,  à  caufe  qu  c 


IV.  Démonfiratîon  Anat.  Se6î:.II.  249 

les  artères  &  les  véncs  ont  moins  de  chemin  à  flai- 
re dans  les  femmes  que  dans  les  hommes  ,  depuis 
leur  origine  jufqu'à  leur  infertion  ,  foie  que  les 
artères  décendent  de  l'aorte  dans  les  tefticulesi  ou 
que  les  vénes  remontent  des  tefticules  dans  la  véne 
cave,  puifque  les  femmes  ont  leurs  tcfticules ,  que  r^ 
1  on  appelle  ovaires ,  comme  nous  l  exphquerons  féaux  diffè- 

ci-aprés,  dans  la  capacité  du  bas-ventie  ,  &  que  J^"^^^'^^'J'c 
111  ^j        \    c  cri  ^" 'mom- 

ies hommes  les  ont    dans  le  Icrotura^    tn  lecond  mes. 

lieu  ,  ils  différent  encore  en  ce  que  les  artères 
fpermatiques  ne  defcendent  pas  en  droite  ligne 
aux  tefticules  dans  les  femmes  comme  dans  les 
hommes  ,  mais  en  ferpentant  &  fe  refléchurant  de 
côté  6^  d'autre,  afin  d'empêcher  par  ces  circonvo- 
lutions ,  &  par  ce  corps  variqueux  qu'elles  for- 
ment avec  les  vénes  qui  remontent  ,  que  le  fang 
artériel  ne  fe  porte  avec  trop  de  précipitation  au 
tefticule. 

Je  vous  ai  déjà  dit  que  les  Anciens  appelloient 
ces  vaiffeaux  préparans  j  j'ai  même  refacé  les  rai- 
-fons  qu'ils  avoient  de  les  appeller  ainfi  ,  lorfque 
je  vous  ai  entretenu  des  artères  &  des  vênes  fper- 
matiques des  hommes  ,  mais  leur  opinion  me  pa- 
roit  encore  plus  jnal  fondée  à  l'égard  de  la  fem- 
me ;  car  premièrement ,  s'il  étoit  vrai  que  l'arte- 
re  fpermacîquc  ,  qui  fe  divife  en  deux  rameaux  , 
dont  l'un  va  au  tefticule,  &  l'autre  a  la  matiricc, 
préparât  le  iang,  &  commençât  à  le  changer  en 
femence,il  s'enfuivoit  non  feulement  qu'il  n'y 
auroit  qu'une  partie  de  ce  "fang  ainli  préparé  qui 
fut  portée  au  tefticule  :  mais  encore  que  la  matri-  ?-'^'/'"f"« 
ce  leroit  nourrie,  pour  ainii  dire  ,  de  iemence  ,  d  analto- 
puifque  l'aurre  moitié  y  eft  pour  la  nourrir,  j^''^"  ^^'cc 
D'aillairs  ,  j'ai  déjà  fait  voir  qu'il  n'y  a  p':^nt 
d'auaftomofts  entre  les  artères  ôc  les  vénes  fper- 


250  Des  parties  naturelles  de  la  Femme , 

matiques  ;  de  force  que  ce  prétendu  mélange  du 
fang  artériel  avec  le  vénal ,  auparavant  que  d'al- 
ler au  tefticule  ,  ne  le  fait  point  ;  Se  ainlî  il  faut 
remarquer  que  les  vailFcaux  fpermatiques  n'ont 
point  d'antre  ufage  que  celui  qu'ont  toutes  les 
aneics  6:  les  vénes  du  corps  ,  fçavoir  qu'une  ar- 
tère porte  par  une  de  fes  branches  du  fang  au  tef- 
ticule pour  en  leparer  la  femcnce  ,  &c  par  l'autre 
du  fang  à  la  matrice  pour  fa  nourrtrure  ;  ôc  que  le 
fang  qui  n'y  a  pas  été  employé  ,  eft  reporté  par 
des  branches  de  vénes  ,  donc  l'une  vient  du  tef- 
ticule; ôc  l'autre  de  la  matrice ,  ces  deux  bran- 
ches fe  joignant  enfcmblc  font  la  véne  fpermati- 
que. 
ce  Les  femmes  ont  deux  tefticulesaufïï  bien  que  les 

Leur  fitua-  hommes  :  c'tft  ce  que  les  hommes  apellent  ovai- 
lon,  res  :  ils  font  lîtuez  dans  la  capacité  du  bas-ventre 

aux  cotez  du  fond  de  la  macricc,duquel  ils  ne  font 
éloignez  que  de  deux  travers  de  doigts. 
Raifonsdc      On  nous  a  voulu  perfuader  que  la   nature  ne 
:ccte  (itua-  les  avoir  placez  ainfi  ,  qu'a  dclîcin   d'échauffer  la 
:10a.  ^  *■     .M  •  c,  '    1       • 

icmence  qii  us  contiennent ,  ex  de  la  mieux  per- 
fectionner que  s'ils  avoif;nt  été  dehors  comme 
ceux  des  hommes  :  d'autres  ont  dit  que  c'étoit 
afin  de  rendre  les  femmes  plus  portées  à  la  géné- 
ration ;  mais  fans  trop  pénétrer  dans  les  delleins 
delà  nature,nous  pouvons  dire  que  la  place  qu'ils 
occupent  leur  cH:  plus  commode  qu'aucune  autre; 
parce  qu'ayant  beaucoup  de  comaierce  -Sc  de  ra- 
port  avec  la  matrice  ,  ils  n'en  dévoient  pas  être 
éloignez. 

En  quoi  ils      ^^^  tefticulcs  des  femmes  ne  différent  pas  feule- 
l-.rtcrent  oc  ,  ,        ,  r         •  • 

:cuxdcs      ment  de  ceux  des  hommes  en   htuation ,  mais  cn- 

lommct.     ^Qj.g  £1-1  grandeur  ,  en  figure,cn  connexion  ,  en  te- 
gumens  ôc  en  fubftance. 


IV.  Démonflraîion  Anat.  Sect.II.  ij  i 

Leur  grandeur   elt  différente ,  ftlon  la  difFeren-    Leurgran- 
ce  des  âges ,  de  manière  qu  on  ne  la  peut  marquer 
precifcment  :  elle    n'excède  néanmoins    pas  pour 
Tordinaire  la   gvofleur  d'un  très- petit  œuf  de  pi- 
geon. 

Leur  figure  n'eft  pas  abfolu ment  ronde  ,  mais  ^^"^"^  ^surc 
large  j&  aplatie  dans  leur  partie  anteiieure  &  po- 
flerieure;  &  dont  la  fuperficie  externe  eft  inégale, 
&  non  pas  abfolumcnt  unie  comme  cft    celle  des 

hommes.  r 

Ti    r  I         o  1  Leurconnc- 

11s  iont  attachez  oC  tenus  par  quelque  morceau  xicni. 

du  pavillon,d'un  ligament  apellé  mal  à  propos  par 
les  Anciens,  vailTeau  défèrent  ,  puifqu'il  n'eft  au- 
cunement creux  ,  ils  font  encore  comme  liez  des 
vailTeaux  fpermatiques  ,  &  par  une  membrane  ap- 
pellée  aîle  de  chauve-fauris,  qui  n'eft  autre  chofe 
que  le  péritoine  qui  va  delà  trompe  aux  tcfticules 
&  qui  lui  ferc  comme  de  mefenterc. 

Ils  font  couverts  du  péritoine,  aulïï-bîen   ^ue  j^^^^^^*^™" 
les  vaifTeaux   que  l'Antiquité  a  toujours  appelle 
fpermatiques.    Leur  membrane   eft  faite  de  libres 
charnues. 

Il  faut  remarquer  que  les  tefticules  des  fem-  Lcurfab- 
mes  font  bien  différents  de  ceux  des  hommes 
dans  leur  fubfiance,  car  ce  n'eft  autre  chofe  qu'un 
amas  de  vcflicules  qu'on  prend  communément 
pour  des  œufs  ;  d'où  vient  qu'on  appelle  les  tef- 
ticules des  femmes  des  ovaires.  L'herilfon  femel- 
le &  la  truyc  ont  ces  petites  veiîicules  feparées 
les  unes  des  autres ,  comme  le  font  tous  les  œufs 
dans  une  poule.  Qiiand  on  examine  les  veflicules 
contenues  dans  l'ovaire  de  la  femme  ,  on  y  voit 
un  million  de  vailTeaux  fanguins   d'une  extrême 

o 

délicatelle    qui  fe    ramifient  fur   leurs  tuniques. 
Sans  doute  qu'il  y  a  auiïi  de  petites  glandes  im- 


-     2/1         Des  parties  naturelles  de  la  Femme, 

perceptibles  à  la  vue ,  qui  fervent  à  filtrer  une  li- 
queur Jaiteufejlaquellc  en  fe  perfectionnant  dans 
la  cavité  de  ces  veflicules  ,  compofe  la  matière  de 
l'œuf  qui  renferme  le  germe  où  le  fœtus  eft  con- 
tenu. 
j)  Ces  parties  que  vous  voyés  à  droite  6c  à  gauche 

Lcstiom»  de  la  matrice,  fe  nomment  les  trompes,  a  caufe 
qu'elles  approchent  de  la  figure  des  trompettes, 
ciies  nailîentde  fon  fond  par  une  produclion  fort 
petite ,  &  fe  dilatent  enfuite  infeniiblcment  juf- 
qu'a  leur  extrémité  :  Elles  ont  autour  de  leur  ori- 
fice ,  qui  eft  toujours  ouvert ,  de  petites  membra- 
nes déchirées  ou  déchiquetées  à  peu  prés  comme 
de  la  frange  ;  c'eft  cet  endroit  que  l'on  apeile  le 
morceau  du  diable  ,  &  qui  eft  nommé  le  pavillon 

_.        ,    de  la  trompe. 

FigHredcs       t  r  \   >  a  iv        ^         n- 

trompes.  Les  trompes  iont  attachées  au  deiious  des  tefti- 

cules  par  des  membranes  larges  &  déliées  qui  ref- 
ferablent  aux  ailes  de  chauve-fouris.Le  dedans  de 
ces  trompes  eft  ridé.  Leur  grandeur  n'eft  pas  tou- 
jours la  même  dans  toutes  fes  parties  j  leur  lon- 
gueur eft  de  quatre  à  cinq  travers  de  doigts  ,  & 
leurgroifcur  eft  d'un  petit  tuyau  de  plume  j  elles 
ont  les  mêmes  vailleaux  que  les  tefticulesj  fçavcM'r 
des  vénes  \  des  aitcres ,  des  nerfs  &  des  limphati- 
ques  qui  vont  aux  ovaires. 
Subftancc  L^  fubitùnce  des  trompes  eft  charnue,  pour  a- 
pci.  voir  du  m.ouvemcnt  ,  ahn  que  1  œur  dccendc  plus 

facilement  dans  la  matrice  :  car  elles  fervent  à 
conduire  l'œuf  depuis  l'ovaire  jufques  dans  la  ca- 
pacité de  la  matrice  ,  6c  non  à  donner  in'uë  aux 
vapeurs  de  la  matrice  comme  les  Anciens  Pont 
cru. 
L'opinionli  La  partie  la  plus  volatile  de  la  femence  de 
^r'ks^Sufs l'homme  pafle  des  trompes  jufqu'à  l'ovaiie  pour 


I K  Demonjiratîon  AnatStôiM,  255 
rendre  les  œufs  féconds.  Cet  efpric  feminal  ne 
fcauroit  pénétrer  les  trompes  fans  leur  donner  du 
mouvement,  c'eft  ce  qui  fait  que  le  morceau  dé- 
chiré vient  cmbralîèr  Tovaire  de  tous  cotez  ,  de 
manière  que  ,  l'œuf  que  les  efprits  de  la  femence 
ont  fermenté,  fe  détache  infenfiblement  de  l'o- 
vaire en  rompant  la  membrane  pour  entrer  dans 
la  trompe ,  5c  pour  décendre  enfin  dans  la  ma- 
trice. L'œuf  a  deux  membranes  parfcmées  de 
vailîeaux  tres-délicats  dans  les  premiers  tems , 
mais  qui  augmentent  toujours  dans  la  fuite  ,  lorf- 
que  l'œuf  a  pris  racine  dans  la  matrice  ,  &  que  le 
placenta  commence  à  groilir  &  à  recevoir  le  fuC 
nourricier  que  lui  apportent  les  vaiïTcaux  de  cet 
organe  :  ainfi  toutes  les  parties  du  fœtus  croif- 
fent  par  la  nourriture  qu'il  reçoit  par  le  cordon, 
&;  lorfqu'il  fera  un  peu  plus  grand,  il  fe  nourrira 
encore  par  la  bouche  du  fuc  laiteux  qui  fe  trouve 
dans  l'amnios. 

Les  gémeaux  viennent  toujours  de  deux  œufs 
qui  fe  font  détachez  en  même  tems  de  l'ovaire, 
QLielquefois  l'œuf  ne  fcauroit  defcendre  dans  la 
matrice  j  quand  cela  arrive  j  il  prend  de  la  nour- 
riture dans  la  trompe  ,  &  l'enfant  croît  jufqu'au 
troifieme  ,  &  quelquefois  même  jul qu'au  qua- 
trième mois,  que  la  trompe  fe  déchire  ,  parce 
que  le  fœtus  manquant  de  nourriture  ,  fait  des 
efforts  extraordinaires  qui  caufent  des  convul- 
fîons  à  ces  parties  qui  les  font  déchirer.  On  voit 
bien  que  cela  n'arrive  pas  fans  un  détachement 
du  placenta  ,  c'eft  pourquoi  l'hémorragie  eft  Ci 
confiderable  qu'il  faut  que  la  mère  &c  l'enfant 
meurent. 

Le  principal  organe  de  la  génération  eft  la  ma-  , 
trice ,  qui  eft  appellée  par  quelques-uns  utérus. 


2  y  4         Des  parties  naturelles  de  la  Femme, 

Situation  de  Elle  efl  fîtuée  au  bas  de  l'hypooaftre,  entre  le  rec- 
la  matrice.    ^  0,1         /r       j  ^    •   /  ,, 

tum  ot  la  veille ,  dans  une  cavice  que  1  on  nomme 

le  bafîin  qui  ei;  plus  ample  aux  femmes  qu'aux  hom- 
mes ,  afin  de  donner  à  cet  organe  la  liberté  de  s'é- 
tendre dans  les  groirelles. 
de iai^atn-       ^^  grandeur  de  la  matrice  ne  fc  peut  pas   bien 
«e.  déterminer  ,  étant  ditferente  félon   les    differens 

états  où  fe  trouvent  les  femmes  ôc  les  filles  : 
Qi^iand  elle  vuide  ,  par  exemple  ,  elle  n'eft  pas 
plu<:  greffe  qu'une  noix  dans  les  filles  ,  ôc  dans  les 
femmes  elle  ell  comme  la  plus  petite  courge  ;  au 
lieu  que  lorfqu'elle  efl:  pleine  ,  elle  eft  d'une 
grandeur  prodigieule.  Il  faut  pourtant  remarquer 
ici  que  le  col  ne  fuit  pas  la  dilatation  de  foji 
fond  ,  confervant  toûiours  fon  premier  érat  ,  fa 
forme  &:  fa  figure  ,  non  feulement  dans  les  fem- 
mes ,  mais  même  dans  plufieurs  efpeces  d'ani- 
maux. Cn  ne  peut  pas  non  plus  marquer  preci- 
femencfa  longueur  ni  fa  largeur  ;  car  étant  mcm- 
braneufe  elle  peut  s'allonger  ou  s'étrecir  félon  la 
neceiïîté. 
IpaifTcur  A  l'égard  de  fon   épaiffeur  ;  elle    eft  aufli  fort 

delaniairi-  différente  ;  dans  les  vierges  elle  eft  mince  ,  mais 
elle  s'épaiffit  dans  celles  qui  ont  des  enfans  à  me- 
fufe  qu'elles  en  ont  ;  elle  eft  fort  épaifte  proche 
fon  orifice  interne,  qui  eft  fon  endroit  le  plus 
étroit  a  ce  qui  fait  qu'il  peut  s'étendre  &  fe  dilater 
tout  autant  qu'il  le  faut  pour  le  paftage  de  l'enfant 
L'épaifleur  de  la  matrice  change  encore  ,  ^  de- 
vient très-  con/idera'ole  dans  le  tems  des  ordinaires ^ 
parce  que  le  fang  qui  coule  dans  ce  tems-là  étant 
verfé  dans  toute  la  fubftance  ,  la  tuméfie  j  mais 
elle  diminué  à  mefure  qu'il  s'écoule  par  les  purga- 
tions. 

Les  membranes  de  la  matrice  ont  cela  de  par- 


ce. 


IV,  Dêmonflratîon  AMt.Stù:.ll.  2_fy 

ticulier,  qu^en  quelques  endroits ,  comme  vers  Biverfîtéde 
Ion  fond  ,  plus  elles  fe  dilatent ,  ainfi  quil  arrive  f  ""T  ^'' 
dans  la  grolfeire  ,  plus  elles  deviennent  épaifï'cs  à  delà  matrV 
caule  de  l'augmentation  confidcrable  qui  fe  fait  "* 
des  vailïeaux  fpermatiques ,  &  autres  qui  doivent 
y  former  le  placenta  pour  la  nourriture  du  fœtus. 
tz  même  plufieurs  d^entre  les  Modernes   préten- 
dent qu'au  tems  de  la  groIfelTe  ces  membranes  au- 
gmentent de  tous   cotez  dans  toutes  leurs  dimen- 
lions.    Cetoit  aufli  le  fentiment  de  tous  les  An- 
ciens,  qui  s'écrioient  fur  la   faaelfe  de  la  nature 
quiiesavoit   faites  ainfi   pour   donner  à  l'enfant 
pendant  qu'il  eil  dans  la  matrice  ,  par  l'abondance 
des  efprits  &  du  fang^tous  les  fecours  dont  il  avoit 
beiom, 

larte  o^uTS?^  Tf  ^  oHongue,car  d'une  bafe  F,g,.e  de  la 
iaige  qui  eft  fon  fond,elle  fe  termine  peu  à  peu  en  m.rru:c. 
pointe  vers  fon  orifice  interne,  qui  cft  ibn  endroit 
le  plus  étroit,  ce  qui  la  fait  rclfembler  à  une  petite 
ventouie  ,  ou  bien  à  une  poire. 

Et  fi  on  y  joint  fon  col  ;  elle  a   la  figure  d'une     Ce  qu'on 
fiole    renverfec  j  elle  n'eft  pas  exadement  ronde  f"^^"'^  P^^ 
mais  un  peu  applatie  par  devant  &  par  derrière;  ïc  Sri- 
ce  qui  la  rend  plus  ftable  ,  &  l'empêche  de  vaciU  «' 
1er.  ^ 

On  voit  deux  petites  c'minences  aux  parties  laté- 
rales &fupeiieures  de  fon  fond,  que  Ton  apelleles 
cornes  de  la  matrice  ,  parce  qu'elles  reffemblem  a 
celles  des  verrues,lorfqu'elles  commencent  a  pouf- 
ler.Ces  petites  éminences  ne  font  autre  chofc  que 
iesextremitezdes  trompes  qui  s'inlerent  dans  le 
fond  de  la  matrice. 

U  fubftance  de  la  matrice  eft  membraneufe,  Subfîanrc 
ann quelle  puilTe  s'ouvrir  pour  recev-ir  la  fe  ^^^^m^i'"- 
nience  ;  fe  dilater   &  s'érendre  pour     i'accroillc-  "' 


^S^  *2)f  j"  parties  naturelles  de  la  Femme. 
ment  de  l'enfanr  ;  fe  leflbircr  pour  Taider  à  fortir 
dans  le  tcms  de  l'accouchement ,  &  après  lui  Tat- 
riere-fait,&;  enfin  fe  remettre  après  dans  fon  état 
naturel. 
Membranes  La  matrice  cit  couverte  du  péritoine  comme 
g|^  *  macu-  Qjj  1'^  f^jj  remarquer.  Sa  membrane  propre  efl 
tiiruë  de  trois  fortes  de  fibres  ;  fçavoir  de  droites, 
de  tranfverfes  ,  &  d'obliques  j  par  le  moyen  def- 
quelles  elle  peut  fe  dilater  fuffifamment  pour  con- 
tenir pluficurs  enfans  ,  &  fe  reflerrer  enfuice  : 
Cette  membrane  tapTlfe  toute  la  matrice  ,  elle  efl: 
lilTe  &  égale  dans  fon  fond  ;  &  s'il  arrive  qu'elle 
foi't  quelquefois  ridée  &  inégale  ,  ce  n'eft  que 
dans  le  tems  des  menftrues  ,  à  caufe  des  orifices 
des  vaiffeaux  qui  s'ouvrent  dans  la  inarricc,  &  qui 
y  forment  de  petites  éminences.  On  la  trouve 
toujours  ridée  dans  fon  col  :  elle  a  connexion  avec 
la  tunique  interne  du   vagin  ,  &  avec   celle  àts 

^„  trompes. 

Connexion         r  •         n  i   /  r  i  r 

dclamatri-      -La  matrice  efl:  attachée  par  ion  col  &  par  Ion 

*^^'  fond  j  le  col  qui  efl:  couvert  du  pericoine  ,  efl:  atta- 

ché à  la  vefîîe  &  aux  os  pubis  par  devant ,  &c  par 
derrière  au  redum  &  à  l'os  facrum.  Le  fond  n'efl; 
pas  fi  fortement  attaché  que  le  col,parce  qu'il  doit 
être  plus  libre  ,  afin  de  fe  mouvoir  ,  de   s'étendre 
&Me  fe  relTcrrer    félon  les  occafions  ;  néanmoins 
pour  empêcher  qu'il   ne   change  de  fituation ,  &c 
qu'il  ne  foit  pas  agité  par  des  mouvemens  conti- 
nuels;on  lui  donne  quatre  ligamens  j  fçavoir  deux 
fuperieurs  ,  &  deux  inférieurs. 
LcsXuxIî-       ^^^  fuperieurs  ,  que  l'on  appelle  ligamens  lar- 
gamcuslar-  ges ,  à  caufe  de  leur  llrudure  membianeufe  ,  ne 
$"•  font  autre  chofe  que  des  produdtions^du  péritoi- 

ne qui  viennent  des  lombes  ,  &    vont   s'inlercr 
aux  parties  latérales  du  fond  de  la  matrice,  pour 

empcvhcr 


ÎV.  Démo'nflrationA-riat,  Seâr.II.  2j7 

empêcher  que  le  fond  ne  tombe  fur  le  col,  comme 
il  arrive  lorfque  ces  ligamens  font  trop  relâchez: 
On  les  compare  aux  ailes  de  chauve-fouris  ,  dont 
ils  imitent  la  figure  ,  ils  fervent  encore  à  condui- 
re les  vailfeaux  qui  vont  fe  rendre  à  la  matrice  ^  & 
à  affermir  les  tèfticules  dans  leur  fituation  natu^ 
relie. 

Les  inferieurs.que  l'on  nomwie  ligamens  ronds*  r     9*^  .. 
r    ^      \  r  i  1  .  '  Les  dc^xh  ^ 

a  caule  de   leur  figure  ronde ,  prennent  leur  on- gamenj. 

gine  des  cotez  du  fond  de  la  matrice  vers  les  cor-  ^°^^*' 

nés  ,  &  vont  pairer^par  les  anneaux  qui  font  aux 

aponevrofes  des    mufcles  de  l'abdomen,  pour  fe 

rendre  aux  aines  ,  où  étant  arrivez  ,  ils  fe  divifent 

en  forme  d'une  patte  d'oye    en  pliifieurs  petites 

branches,  dont  les  unes  s'infèrent  aux  os  pubis,& 

les  autres  aux  cullfes  ,  en  fe   confondant  avec  les 

membranes  qui  couvrent  la  partie  antérieure  &fu-. 

pcrieure  de  la  cuilTe  i  c'eft  de-là  que  viennent  les 

douleurs  que  les  femmes  grolfes  relfentent  dans  les 

cuilïès,&:   qu'elles   fentent  augmenter  à  mefure 

que  la  matrice  srofïît  &  montent  en  hautx'eft  auffi 

la  raiion  pourquoi  elles  ne  peuvent  pas  être  long- 

tems  à  genou,  parce  que  les  jambes  étant  pîoyées, 

elles  tirent  la  peau  de  la  cuille  en  bas  ,  &  par  con- 

fequent  la  matrice  par  le  moyen  de  ces  ligamens, 

il  arrive  encore   que  les  boyaux  &  l'épiploon  fe 

glilfant  par  les  mêmes  anneaux  par  où  palTent  les 

ligamens  ronds  ,font^  les  defcentes  en    tombant 

dans  les  aines. 

Ces  deux  ligamen^  font  longs, nerveux  ,  ronds,     Stfuâuffi 
&:  alTcz   gros  proche  de  la  matrice  ,  où    Von  les  ^l^^^^^i, 
trouve  caves,  auflî-bien  que  dans  leur  chemin  , 
jufqu'aux  os   pubis  ;  auquel   endroit    ils  devien- 
nent plus  petits ,  &    s'applatillcnt   pour  s'inférer 
comme    nous    venons  de  dire  i  l'on  prétend  que! 

R 


258  Des  parties  naturelles  de  la  Fem^ne» 

ce  font  ceux  qui  empêchent  que  la  matrice  ne  mon- 
te trop  haut  :  Si  c'étoit  le  feul  ufage  qu'ils  euf- 
fent ,  ils  ne  feroient  gueres  neccllaircs,  car  le  fond 
de  la  matrice  eft  trop  proche  de  fon  col ,  pour 
croire  qu'il  s'en  pullFe  beaucoup  éloigner  :  D'ail- 
leurs, fi  la  nature  ne  s'étoit  propofé  que  de  rete- 
nir la  matrice  dans  l'hypogaftrc  par  leur  moyen  , 
elle  feroit  fort  trompée  ,  puifqu'iîs  lui  permettent 
de  monter  jufques  dans  l'épigadre  pendant  la. 
groflelfe  ;  &  ce  n'eft  pas  feulement  durant  la  grof- 
ielîe  que  ces  ligamens  ne  peuvent  pas  l'aiïujetit: 
dans  un  même  lieu  ,  mais  encore  dans  les  mouve- 
mens  qu'elle  eft  capable  de  faire  ;  qui  font  ,  quel- 
quefois n  grands  qu'ils  ont  fait  dire  à  Platon  ,  &à 

11.  «-n..,  ^rîftote  y  que  la  matrice  étoit  un  animal  enfermé 
lis  ne  peu-  ^        '  -1  , 

vcQtpasaf-  dans  un  autre  animal  \  car  elle  le  meut  tantôt   en 

lu)ctcu  U    j^jjLU  ,  tantôt  en  bas ,  &:  fait  des  mouvemens  H  ex- 
matncc.  1.     .        ,        1  01         1  1    .. 

traordmaires  dans  les  vapeurs  oC  dans  les  malaaies 

hifteriques,  qu'il  eft  impoffible  de  ne  pas  s'aperce- 
voir qu'alors  ces  ligamens  ne  font  pas  capables  de 
la  retenir ,  &:  qu'ainfi  il  faut  qu'ils  ayent  un  antre 
ufage  j  puifqu'une  bonne  ou  méchante  odeur  peut 
la  mettre  même  en  mouvement  :  &  la  faire  chan- 
ger de  place  nonobftant  ces  ligamens. 

Ncrls  de  la      l^^  nerfs  de  la  matrice  lui  viennent  de  deux  en- 
matricc,        ».        1  1    i  •  ni  1      ' 

droits,  les  uns  de  l'interçoftal ,  oc  les  autres  de 

ceux  qui  fortent  par  l'os  facrum.Tous  ces  nerfs  le 

vont  répandre  tant  à  fon  fond  qu'à  fon  col  ,  ils  la 

rendent  fulceptible  de  plaifir  &  de  douleurs,  &  ils 

la  font  fympathifer  avec  toutes  les  parties  du  corps 

quand  elle  eft  bien  difpofée  ,  ou  quand  elle  fouf- 

fre,  le  refte  du  corps  s'en  reftént,c'eft-ce  quia  fait 

apeller  la  matrice  l'horloge  qui  marque  la  fanté  ou 

la  maladie  des  femmes. 

Les  artères  qui  vont  à  la  matrice;  font  de  deux 


tî^.  Démonjiratîon  Ami.  Sed.II.  ijp 

foftesjles  unes  font  partie  de  l'artère  Tpermatique,  Artcresdâ 
que  je  vous  ai  demontiée  j  &  les  auttcs  partent  des  ^^"^'^^» 
artères  hypogaftriques  ;  les  premières  fe  perdent 
toutes  dans  le  fond  ^  d^  ces  dernières  qui  font  les 
plus  grolFes  ,  fe  diftribuenc  principalement  dans 
fon  col  &  dans  fes  parties  j  de  forte  que  la  matri- 
ce eft  arrofée  de  toutes  parts  par  le  fang  qu'elle  re- 
çoit de  ces  artères* 

Il  n'eût  pas  fallu  tant  d'artères  à   la    riiatrîcc      Pourquoi 
fi  elles  n'eulrent  porté  du  fan^  que  pour  fa  nour.  ^^^\  f  arte^ 
riture  \  mais  elles  portent  encore  celui  qui  elt  ne-  tcicc- 
celTaire  pour  charier  le  chile  dans'  l'enfant  ;  elles 
le  verfent  par  une  infinité  de  petits  rameaux  dans 
tout  le  corps  du  placenta  ,  pour  être  conduit  par 
le  cordon  de    l'enfant.    Voyez   ci-dclïus  de  quel- 
le manière  j'ai  expliqué  la  nourriture  du  fœtus  , 
en  parlant  des    ufages  des  vaiireaux  umbilicaux  , 
&  lorfque  la  femme   n'eft  pas  grofle  ,  ce  même 
fang  s'échappe    par  plufieurs   petits    tuyaux  qui 
s'ouvrent  dans  toute  la  circonférence  de  fon  fond, 
&  tombe  dans  fa  cavité ,  d'où  il  fort  par  le   va- 
gina  i  c'eft  ce  fang  qui  coule  tous  les  mois  ,  que 
l'on  appelle  les  menftrucs ,  ou  les  ordinaires*    Ces 
tuyaux  fe  voyent  manifellement  en  celles  que  l'on 
ouvre  peu  de   temps  après   qu'elles  font   accou- 
chées i  ou  dans  le   tems  que    coulent  les  menf- 
iruës. 

Il  y  a  des  rameaux  de  ces  artères  qui  vont  à  l'o-  Artcrçsqtif 
nhce  interne  y  porter  du  lang  pour  la  nourriture;  fi^e  incaac. 
Ils  lailTent  quelquefois  échapper  de  ce  fang  dans 
le  tems  de  fa  groflclle  ,  particulièrement   lorfque 
les  femmes  en  ont  plus  qu'il  n'en  faut  pour  la  nour- 
riture de  l'enfant  ,  C'eft  pourquoi  il  ne  faut  pas' 
s'étonner  s'il  y  a  des  femmes  qui  ont  eu  leurs  ordi- 
naires plufieurs  fois  durant  leur  ^rolfeilc  ,  &  qui 

^  R    ij 


iGo  Des  parties  naturelles  de  la  Femme, 

ont  porté  leur  cnfaiit  à  terme  ;  parce   qu'alors  ces 
purgaclons  viennent  des  vallfeaux  qui  font  au  col 
de  là  matrice  :  &  non  pas  de  ceux  de  Ton  fond,qui 
feroit  obligé  de  l'ouvrir  pour  les  lailTer  paflèr  ,  ce 
qui  cauferoit  Pavortemcnt. 
VcnesdcU       Le  nombre  des  vénes  n'ed  pas  moindre  que 
matrice.       celui  des  artères  ,  il  y  en  a  deux  principales  ^  qui 
font  une  fpcrmacique  &  une  hypogaftrique  ,  qui 
accomoacznent  les  artères   du  même    nom.    Elles 
font  faites  d'une   infinité  de  branches  qui    vien- 
nent de   toutes  les  parties  de  la  matrice,  &   qui 
reportent  le  Tang  dans  le  tronc  de  la  véne  cave; 
ces  vénes  s'entr-ouvrent  en   plufieurs  endroits  les 
unes    dans  les   autres,  de  manière  qu'elles    s'a- 
bouchent par  nn  grand   nombre  d'anaflomofes  , 
ce  qui  ell  plus  facile  à  voir   que    dans    les    artè- 
res ,  car  en   foufflant   dans  une   feule  véne  de  la 
matrice,  on  voit  enfler  non  feulement  toutes  les 
autres  ;  mais  encore   celles  du  col  &  des  tefticu- 
les. 
Se:%  yaif-      L'on  remarque  encore  à  la  matrice  plufieurs 
phaciqùc*"    vailîcaux   limphatiques  qui  rampent  fur  fa  partie 
extérieure  ,  &  qui  vont  Ce  décharger  dans  le  refer- 
voir  du  chile  ,  après  s'être  réunis  peu  à  peu  en  de 

oros  rameaux, 
o 

Examen  de  Après  vous  avoir  démontré  tout  ce  qui  regarde 
en'partîcu-  ^^  matrice  en  gênerai  ,  il  faut ,  pour  en  avoir  une 
lier.  parfaite  connoidance  ,  entrer   dans  le  détail   des 

parties  qui  la'  compofent  ;  puifque  nous  l'avons 
comparée  à  une  fiole,  elle  doit  avoir  comme  elle 
un  fond  ,  un  col ,  &c  deux  orifices  ;  l'un  interne  , 
qui  eft  celui  du  fond ,  &  l'autre  externe ,  qui 
eft  celui  du  col  :  nous  commencerons  par  l'o- 
rifice externe ,  parce  qu'il  fe  prefente  le  prer 
mier. 


IF.  Déraonfjtratîon  Anat.  Seâi.II.  2(ji 

Je  ne  reporcerai  point  les  diiferencs  noms  que        H 
l'on  a  donnez  à  cetce  parde,  je  me   contenterai  gj^^'^"^^*^ 
de  vous  dire  qu'elle  le  nomme  ordinairement  la  là  matrice- 
partie    honteule ,  je   ne   fçai   ii   elle  a  ce    nom  , 
parce   qu'elle  fc    cache     d'elle    même  ,  ou  bien 
parce   qu'on  efl:  honteux  de  la   montrer ,  elle  eft 
compofée  de  pluheurs  pairies  ,  dont    les  unes  pa- 
roifl'enc  d'elles-mêmes  à  l'extérieur  ,   comme  le 
penil ,  la    motte ,  les   lèvres  ,  &  la  grande  fente  , 
&  les  autres  au    contraire  ne  fe    peuvent   voir 
qu'en   écartant  les   lèvres ,  comme   les   nimphcs 
le  clitoris  ,  le  meac  de  l'urine  ,  &  les  caroncu- 
les. 

La  première  de  toutes  ces  parties  eft   le  penil;         l 
il  eft  litué  à  la  partie  antérieure  des  os  pub's  ,  ce     Lcpçnil. 
n'eft  autre  chofe  que  le  dcllus  de  la  partie  honteu- 
fcjileft  un  peu  élevé,  parce  qu'il  efl  Fait  de  graille, 
quifert  comme  de  petit  couiïin  ,  pour  empêcher 
que  la  dureté  des  os  ne  bielle  dans  l'aftîon. 

La  motte  eft  lltuée  un  peu  au  delfus  du  pe-  K 
nil  ?  c'ert  ce  qu'on  appelle  le  mont  de  Venus  \  ^•^"'o"*' 
elle  eft  élevée  comme  une  petite  colline  au  def- 
fus  des  grandes  lèvres  ;  elle  eft,  aulFi  bien  que 
le  penil  ,  couverte  de  petits  poils  qui  commen- 
cent à  y  croître  a  l'âge  de  quatorze  ans.  Ce  poil 
empêche  que  les  parties  de  l'homme  ne  fe  froif- 
fent  contre  celles  de  la  femme  dans  les  embraft'e- 
mens. 

De  la  motte  delcendcn,t  deux  parties ,  l'une  à        ^t 
droite  ,  ^  l'autre  à  gauche,  qui  fe  joignent  au  pe-  Le? grandes 
rinée  \  ce  font  ces  parties  que  l'on  apelle  les  gran-  ^^^'^"• 
des  lèvres  j  elles   iont  faites  de  la  peau  redoublée, 
de  chair  fpongieuie  ,  &  de  graille,  ce  qui  les  rend 
allez   épailTes  \  elles    font    plus  fermes  aux  filles 
qu'aux  femmes  \  elles  font  molalTcs  &:  pendantes  à 

R  iij 


%6i  D?s  Parties  nat  tir  elles  de  la  Femme, 

celles  qui  ont  eu  beaucoup  d'cnfans  j  elles  font  re,- 
vêtues  de  poils,  qui  tont  moins  forts  que  cçu}{  du 
penil  &  de  la  morte. 
tagran«c  L'efpace  qui  eft  entre  ces  deux  lèvres  s'appelle 
la  grande  tente  ,  parce  quelle  elt  beaucoup  plus 
grande  que  l'entrée  du  col  de  la  matricejque  l'on 
nomme  la  petite  fentc.Elle  va  depuis  la  motte  juf- 
qu'au  périnée. 
MM  En  écartant  les  caifles,  &  ouvrant  les  deu:x  lé* 

fhcs.  vreSjOn  découvre  deux  productions  ou  excroiflàn- 

ces  charnuëSj  molles  &  fpongieufeSjque  l'on  apeU 
îc  nîmphes  ,  parce  qu'elles  prefident  aux  eaux  en 
conduifant  l'urine  dehorsielles  font  deux,  l'une  à 
droite,rautre  à  gauchej  elles  font  fituées  entre  les 
deux  léA'res. 

nifnplics.  ^'  Leur  figure  eft  triangulaire  ,  &  femblablc  à 
cette  membrane  qui  pend  au  defTous  du  gofier 
des  poules  \  leur  couleur  eft  rouge  comme  la 
crête  d'un  coq  i  leur  fubftanceeft  en  partie  char- 
nue ,  &  en  partie  membraneufc  étant  faite  dç 
Ja  peau  redoublée  &  interne  des  grandes  lèvres. 
Leur  grandeur  n'cft  pas  toujours  égale  ,  car  il 
arrive  quelquefois  qu'une  eft  plus  grande  que 
l'autre  :  il  y  a  même  des  femmes  qui  les  ont  plus 
grandes  les  unes  que  les  autres  j  elles  croilTent  à 
quelques-unes  de  telle  forte  ,  qu'elles  excédent 
les  grandes  lèvres  ,  &  qu'on  eft  obligé  de  les  cou- 
per. 

des  Nim-^     t lies  s'avancent  vers  la  partie  fupcrieure  de  la 

ihci.  grande  fente  ,  où  en  fe  joignant  elles  forment  une 

petite  membrane  qui  fert  de  chaperon  au  clitoris; 
Les  filles  ont  les  nimphes  fi  fermes  &  il  folides,que 
lorfqu'elles  pi{rent,l'urinc  fort  avec  fifflement.  Les 
femmes  les  ont  molles  &  flafques  ,  &  principale- 
ment apréi  avoir  eii  des  enfans. 


/  F.  Demonftratîon  Anat.  Sed.  II.  2^5 
On  prétend  que  les  ufaees  des  nimphes  font  Uiagci  des 
de  conduire  1  urine  comme  entre  deux  parois ,  ce 
d'empêcher  que  l'air  n'encre  dans  la  macricejmais 
je  crois  que  leur  ufagc  ell  plutôt  de  s'étendre,  afin 
de  permettre  aux  grandes  lèvres  de  prêter  tout 
autant  qu'il  le  faut  pour  le  pallage  de  l'enfant 
dans  le  tems  de  l'accouchement  :  &  cela  cft  fi  vrai 
qu'en  ouvrant  quelques  femmes  mortes  peu  de 
tems  après  être  accouchées,je  les  ai  trouvées  pref- 
que  effacées  ;  parce  qu'étant  faites  de  la  peau  re- 
doublée &  interne  des  grandes  lèvres  ,  elles  s'é- 
toient  tellement  étendues  qu'elles  ne  paroifioient 
plus. 

On  voit  à  la  partie  interne  de  la  grande  fente  ,  jsjnj 
au  delîus  des  nimphes,  un  corps  glanduleux  rond.  Le  clitoris 
longjtS.:  un  peu  gros  à  fon  extrémité  ,  que  l'on  ap- 
pelle clitoris  :  Il  eft  inutile  de  rapporcer  tous  les 
noms  que  Ton  a  donnez  à  cette  partie,  que  l'on 
dit  être  le  ncge  principal  du  plaifir  dans  les  embraf- 
fcraens  ,  i'  ell  vrai  qu'elle  ei-l:  fort  fenfible  ,  &  il  y 
a  des  femmes  qui  font  d'un  tempérament  fi  amou- 
reux ,  que  par  la  faction  de  cette  partie ,  elles  fe 
procurent  du  plaifir  qui  fuplée  au  défaut  des  hom- 
mes ;  c'cll  ce  qui  l'a  fait  aoeller  par  quelques-uns, 
le  mépris  des  hommes. 

Le  clitoris  eft  pour  l'ordinaire  atîez  petit  ^  c'eft  Grandeur 
ce  qui  fiit  qu'il  ne  paroît  prefque  point  aux  fcm-  cluonii 
mes  mortes  :  Il  commence  à  paroi tre  aux  filles  à 
l'âge  de  quatorze  ans  ou  environ,  &  groflît  à  me- 
fure  qu'elles  avancent  enàge,&:  félon  qu'elles  font 
plus  ou  moins  amoureufcs  :  Il  enfle  &  devient  dur 
dans  l'ardeur  des  approches  ;  ce  qui  fe  fait  par 
le  moyen  du  fang  &  des  efprits  dont  il  fe  remplit 
dans  cette  aftion  ,  de  la  même  manière  que  fait  la 
verge  de  l'homme  dans   l'éret^ion  \  c'eft  pourquoi 

R    iiij 


%6^  Des  parties  naturelles  de  la  Femmç , 

on  l'apelle  aulfi  la  verge  de  la  femme, parce  qu'eU 
le  lui  rellemble  en  beaucoup  de  chofes  :  Il  y  a  des 
femmes  qui  l'ont  extrêmement  gros,&  à  qui  il  foit 
hors  des  lévres.ll  y  en  a  d'autres  qui  l'ont  li  long, 
qu'il  a  la  grandeur  de  la  verge  d'un  homme,  & 
celles-là  peuvent  en  abufer  avec  d'autres  fem- 
mes. 
Gompofi-      Les  mêmes  parties  qui  entrent  dans  la  çompo- 

loris.'^'^  '  ^'  iî'^io"  ^^  la  verge  de  l'homme  ,  entrent  dans   celle 
du  clitoris  \  Ton   excrémité   reifemble  au   gland  , 

Le  2la  à  A   ^^^^^P'^^  qu'elle  n'eft  pas  percée  ,  quoique  l'on  y 

chcoris.       voye  les  veftigçs  d'un  conduit  :  Il  a  une  membrane 
d'un  même   nature  que  celle  qui  tapllfe    la  fur» 

' Le  prépuce  ^a^?  cjes  côtez  de  la  grande  fente  ,  cette  mem- 

iucliçcris.    brane  fe  joignant  à   angle  aigu  dans  la  partie  fu- 
perieure  de  la  fente  forme  une  produ6lion  mem- 
braneufe ,  &    toute  ridée,  qu'on  appelle  le  pré- 
puce du  clitoris ,  à  caufe  qu'elle  en  recouvre  l'ex- 
,  irémité,  &  a    fa  partie  inférieure  il  y  a  un  petit 

frein  ,  comme  à  la  verge.  Il  y  a  deux  nerfs  ca- 
verneux ,  un  de  chaque  côté  ,  qui  viennent  de 
l'os  ifchion  \  ce  font  ces  nerfs  qu'on  apelie  avant 
que  de  fe  joindre  ,  les  jambes  du  clitoris  ,  «Se  qui 
QQ      fe  réjunifTant  ,  en  font  le  corpsjon  les  trouve  pleins 

Icj  jambes  d'un  fang    no'r  ,  &    épais  cmbaraile    dans  leurs 

ducluorij.  fibres. 

ûiiacre  11  y  a  quatre  maifcles  qui    vont  s'attacher  aii 

dico  i$ *    ^  ^^^^^l'^s  ;  fçavoir   deux   êredcurs;  &  deux    éjacu- 

latcurs  ;  les  deux   premiers  prennent  leur  orio;inc 
T?R  11/.  ,      \,.r  I  • 

Dtuïcre-  '^'^'"^'^'^'''^  VOUS  vovcz  ,  de   i  emmcnce  de  liichion: 

âccrs.         Ils  font  couchez   fur  les  nerfs   caverneux  ,  pour 

Dcuxé  acu-  ^'^^^^^^f  ^^^^  parties  latérales  du  clitoris  i  les  deux 

JatcLis-        autres  ,  que  l'on  appelle   honteux,  font  larges  & 

piats  ;  Ws  forrent  du  iphinCler  de  l'anus,  &  s'avan- 

çanr  latéralement    le  lone   des   lèvres  s'inferenc 


IF,  Démonflration  Anat.  Se6t.II.  i^y 

à  côté  du  clitoris ,  tout  proche  le  conduit  de  Tu- 
rine, 

Qiioîque  ces  quatre  mufclcs  fimlfent  au  cli-     U^agcde 
toris  i  ils  ne  fervent  pas  reulement  à  le  relever  àc  '^"  ni^fclcs 
à  le  roidir  ,  mais  encore  à  relFerrer   &  à  rétrécir 
l'orifice  du  vagina ,  parce  qu'en   fe  gonflant   ils 
obligent  les  lèvres  de  fc  ferrer  l'une  contre   l'au- 
tre ,  de  manière    qu'elles    compriment  extrême- 
ment la  verge  dans  le  tems  des  aproches  ;  c'cft 
aufli  par  le  moyen  de    cts  mufcles  que  quelques 
femmes  font   mouvoir  ces   lèvres  félon  leur  vo- 
lonté. 

Le  clitoris  reçoit  un  nerf  alTez  confiderable  Vaiiïcaux 
qui  vient  de  l'intercoftal  j  les  artères  honteufes  du  cluoris. 
lui  fourniirent  du  fang ,  &  les  ve'nes  du  même 
nom  reportent  ce-même  fang  dans  la  véne  cave, 
tous  ces  vaill'eaux  font  plus  gros,que  ne  le  deman- 
de une  partie  aufli  petite  que  le  clitoris.  Ce  qui 
perfuadc  qu'y  étant  porté  plus  d'efprit  &  de  fang 
qu'il  n'en  faut  pour  fa  nourriture,  le  refte  eft  em- 
ployé à  quelqu'autre  ufage  ,  que  pour  fervir  à 
l'ércdlion. 

l.e  clitoris  étant   d'un  fentiment   aufîl   ^'^q^is  ^i^rfs^    ** 
qu'il  eft  ,  ne  peut  avoir  d'autre  ufage  que  d'être 
le  fiege  du  plaifir  que   les  femmes  reil'entent  dans 
l'adtion, 

Au  dcirous  du  clitoris  on  voit    un  trou  rond  ,        y 
qui  eft  l'endroit  du  conduit  de   l'urine  j  il  eft  plus  Le ';<^n^ui' 
large  &  plus   court  que  celui  des  hommes  ;  c'çft   ^   '-^''^'^^• 
pourquoi  les  femmes  ont  plutôt  vuidé  leur  urine: 
Elles  en  reçoivent  encore  un  autre  avantage  ,  qui 
cft  que  l'urine  fortant  promptcment  entraîne  avec 
loi  les   petites  pierres  ,  le    fable   &    gravier    qui 
rcfte   (oLivenr  au  fond  de  la  veflie  des  hommes  ; 
ce  qui  empêche  qu'elles  ne  foient  aulîi  fujettes  à 


I 


2.66,       1)es  Parties  naturelles  de  la  Femme  , 
la  pierre  qu'eux.    Ce  conduit  eft  environné  d'un 
fphin6ter,qui  cftunmufcle  quifert  à  retentir  ou  à 
lâcher  Turine  quand  on  veut, 
te?  proRa-       Viy  ^  entre  les  fibrcs.charnuës  de  l'urccre  &    la 
tcsdcsf.  n>  membrane  du  vagîn,un  corps  blanchâtre  &  glan- 
"^"'  duleux  ,  épais  d'un  travers  de  doigt,    qui  s'étend 

le  long  &  autour  du  col  de  la  veffie  j  11  a  plufieurs 
conduits  qui  font  autant  de  canaux  excrétoires  que 
Cnî^î/apelle  lacunes,  qui  fe  terminent  à  la  partie 
inférieure  de  la  vulve  ,    où  ils  verfent  leur  hu- 
meur glaireufe ,    qui  fe  mêle  avec  la  fcmence  dit 
mâle. 
VVVV         En  defcendant  plus  bas,  &  écartant  les  deux  lé- 
oncu'cj"'  vres ,  on  voit  une  cavité  oblongue  ,  qu'on  appelle 
nJrnfor-      la  follcnaviculaire  ,  au  milieu  de  laquelle  paroif- 
^^^-  fcnt  quatrecaroncules^apellces  mirtiformes  ,   par- 

ce qu'elles  relTemblent  aux  graines  de  mirte  ;  elles 
font  fituées  de  manière  que  chacune  occupe  un 
angle  j  &  qu'elles  forment  toutes  enfemble  un 
quarré  :  Ce  font  quatre  petites  éminences  char- 
nues qui  environnent  la  petite  fente;  la  plus  gran- 
deeft  au  delTous  du  conduit  de  l'urine  ,  les  deux 
moyennes  aux  parties  latérales  ,  &  la  plus  petite 
eft  placée  poftericuiement  à  l'opofite  de  la  pre- 
mière. 

Ces  caroncules  font  rougeâtres ,  fermes  ,  & 
relevées  aux  vierges  ,  dans  lefquelles  elles  font 
jointes  l'une  à  l'autre  par  leurs  parcies  latérales, 
par  le  moyen  de  quelques  petites  membranes, 
qui  les  tenant  ainlî  fujettes  ,  leur  font  avoir  la 
fiauic  d'un  bouton  de  rofe  à  demi  épanoliy  j  mais 
aux  f-''"i^*'''^cs  elles  font  feparces  les  unes  des  autres, 
&  particulièrement  à  celles  qui  ont  eu  des  enfans, 
parce  que  les  membranes  qui  les  unillent  ,  étant 
une  fois  rompues  ,   ou  par  l'entrée  de  la  verge. 


IF.  Dêmonflratlon  Anat,  Sed.  II,  267 

ou  par  U  fortie  de  Tenfaut  ne  fe  rejoignent  ja- 
mais. 

Elles  font  faites  des  rides  charnues  du  vadna,  j^^"  !!'^"*^*^ 
ce  qui  en  rend  1  entrée   plus   étroite   j  elles  ont  cJes  nuru' 
deux  ufages  ,  i'un  d'embrairer  &  de  ferrer  la  ver-  *°^™^5. 
ge  5  lorfqu'elle  eft  entrée,  ce  qui  augmente    le 
plaifir  mutuel  dans   l'adion  ;    &    Tautre  de  pou- 
voir s'étendre    facilement    ;  afin    de  faciliter  la 
fortie  de  Tenfant  dans  les  temps   de    Taccouche- 
ment   \  l'on  a  même  obfervé  qu'elles  ne  paroif- 
{ç.\Vi  plus  dans   les  premiers   jours  après  l'enfante- 
ment ,   à   caufe  de  la  grande  dilatation  du  vagina, 
&  qu'on  ne  les  revoit  qu'après  que  cette   par- 
tie efi:    retrefîie ,    &   revenue  dans  fon  premier 
état. 

Lé  col  de  la  matrice  eft  un  canal  rond  &  long      XX 
qui  eft  fitué  entre  l'orifice  interne   &    l'externe,  nfatncc^ 
il  reçoit  la  verse  &  lui  fert  de  fourreau    ;    c'eft 
pourquoi  on  l'appelle  vagina ,    qui  fignifie  une 
guaine. 

Le  col  eft  d'une  fubftance  nerveufe  ,    &  un    Subftâncc 
peu  fpongieufe  ,    ce   qui  fait  qu'il  peut  fe    dila-  ;^J°cc 
ter  &  s'étreffir    \    il  eft   compofé  de  deux  mem- 
branes 5  l'une  extérieure  ,  qui  eft  rouge  &  char- 
nue comme  un  fphindter  j  c'eft  elle  qui  attache  la 
matrice  avec  la  vefîie  &  le  reitum  :  &  l'autre  in- 
térieure ,  qui  eft  blanche  ,  nerveufe  ,6c  ridée  or-     Grandeur 
biculaîrcmcnt  comme  un  palais  de    bœuf.    Aux  du  col  de  la 
femmes  qui  n'ont  point  eu  d'enfant  ,     ce    col  a  '^^'"*^^' 
environ  quatre  pouces  de  longueur  ,    &  un  pou- 
ce &  denii  de   largeur    ;   mais  à  celles  qui  en  ont 
eu  ,  on  ne  peut  en  limiter  la    grandeur   j  les  rides 
qui  font  à  la  membrane  interne  de  ce  col  fervent 
à  le  rendre  capable  de  s'allonger  ou  de  fe  racour- 
çir,  de  fe  dilater  ou  de  fe  relferrer  ,  pour  s'accora- 


i6$  Des  Parties  naturelles  de  la  Femme, 

moder  à  la  longueur  &  la  grolîcur  de  la  verge ,  &: 
pour  donner  le  palï'age  à  Tenfanc  quand  il  fort  de 
la  matrice. 
Ce  que  Ton     Ofi^W^i^s  Anatomîftes  prétendent  qu'il  y  a  une 
appcile  hy.  membrane  quils  apellent  hyirien,fituée  dans  le  va- 
"^-  •  gina, proche  les  caioncules;  ils  veulent  qu'elle  foit 

placée  en  travers  ,  qu'elle  foit  percée  dans  (on  mi- 
lieu pour  laillér  couler  les  mois ,  qu'elle  demeure 
iinfi  tendue  jufqu'à  ce  que  par  l'aproçhe  de  l'hom- 
me ou  autrement  ,  elle  foit  rompue  &  dcchiréejôi 
qu'enfin  c'eft  cet  hymen  qui  eft  la  marque  du  puce- 

fc  cf^Tc ^^^  Quelque  diligence  que  j'aie  faire  pour  chercher 
poiiiC.  cette  membrane,  je  ne  l'ai  point  encore  vûc,quoi- 
que  j'aye  ouvert  des  filles  de  tous  âges ,  c'eft  pour- 
quoi je  ne  puis  pas  en  convenir  :  on  peut  avoir 
trouvé  le  col  de  la  matrice  fermé  d'une  membrane 
à  quelques-unes  ,  comme  on  l'a  trouvé  à  l'endroit 
des  caroncules  à  quelques  autres  j  mais  ce  font  des 
faits  particuliers  &  extraordinaires,  d'où  il  nefauc 
pas  conclure  que  cela  doive  être  ainfi  à  toutes  les 
filles. 
Lc$yeritn.      J^  "*^  prctcns  pas  nier  qu'il  n'y  ait  quelque 

blcf  (î^ncs  maroue  de  la  virginité  ;  que  la  première    copula- 
dapuccia-      .       ^         ,  f  /,     i     ^    •       ^  i.        %,  x 

gc/  tion  ne    donne  louvcnt  delà   peme  a  1  un    oc  a 

l'autre  fexe,  qu'il  ne  s'y  puilTe  répandre  quelque 
goûte  de  fang  ^  &  que  les  filles  vierges  ne  rellcn- 
tent  un  peu  J.e  douleur  dans  les  premières  appro- 
ches :  mais  je  rie  croi  pas  que  cela  arrive  comme 
ils  prétendent  \  par  là  rupcion  &  le  déchirement  de 
cette  membrane  Imaginaire  ,  y  ayant  bien  plus 
lieu  de  croiie  que  c'eft  par  l'effort  que  la  verge 
fait  pour  entier  en  forçant  ces  caroncules  mirti- 
formes,&  en  rompant  &  divifant  les  petites  mem- 
branes qui  les  tiennent  jointes  enfemble  j  ce  qui 


ly.  Démo'/jfiraten  Ant.  Sed.  II.  %(><) 

rend  ecrte  ouverture  fort  étroite  \  voila  en  quoi 
confifte  la  véritable  marque  du  pucelagCjIl  n'arri- 
ve pourtant  pas  toujours  que  toutes  les  filles  don- 
nent ces  foibles  témoignages  de  leur  vertu  ,  y  en 
ayant  à  qui  la  nature  a  épargné  cette  petite  dou- 
leur, en  difpofant  ces  caroncules,  de  manière  que 
la  verge  peut  entrer  fans  f^ire  effort  ,  quoi- qu'el- 
les ayent  toujours  été  fort  fages,  &  ainfi  l'on  ne 
doit  pas  être  fî  prompt  à  décider  fur  l'honrieur  des 
filles ,  puifque  d'ailleurs  ni  l'étrccilfement  de  l'o- 
rifice du  vagina,  ni  le  linge  taché  de  fang  ne 
font  pas  des  marques  alfurées  de  la  défloration  des 
filles. 

L'orifice  interne  de  la  matrice  efl;  un  trou  fem-         y 

blable  à  celui  qui  eft  au  bout  de  la  veree  de  l'hom-      L,orificc 

,  n   \         ^  u  j    •.  f    ^   '     interne  de 

me  ;  c  elt  le  commencement  d  un  conduit  rort  e-  ja  matrice. 

troit,qui  s'ouvre  pour  donner  entrée  à  ce  qui  doit 

être  reçij  dans  la  matrice,ou  pour  laifler  paiTer  ce 

qui  en  doit  fortir.Cette  partie  relTemble  tout-à-faic 

bien  au  mufeau  d'un  petit  chien  nouveau  né,ou  à 

celui  d'une  tanche. 

Cet  orifice  eft  fort  cpaîs ,  parce  qu'il  eft  corn».     Subftar.ce 

pofé  de  membranes  foncées  &   ridées,  qui  peu- î^^  ^'o*^'  • 
r    j-1  o        >/        1        1  ^       i          interne, 

vent  le  dilater  oc    s  étendre    beaucoup  ;  quoique 

cette  ouverture  vous  paroilTc  fort  petite  ,  néan- 
moins elle  s'œuvre  fufHfamment  pour  lailTer  paf- 
fcr  un  enfant  :  je  croi  que  cela  ne  fe  fait  pas  fans 
peine,  puifque  c'efl.  cette  partie  qui  retarde  le  plus 
l'accouchement,  en  ne  s'ouvrant  que  peu  à  peu 
par  les  efforts  que  l'enfant  fait  pour  l'obliger  à 
fe  dilater.  Quand  les  accoucheurs  touchent  cet 
oi-ifice ,  ils  trouvent  qu'il  ceint  la  tête  de  l'enfant 
Comme  une  couronne  ,  ce  qui  fait  appeller  pour 
lors  le  couronnement  ;  mais  après  que  l'enfant 
^ï  paifc ,  cet  grifice  difparoît .,  &  toute  la  matrî- 


l^o  lyes  Parties  riMurelles  de  la  Femyné^ 

cen'eft  plus  qu'une  grande  cavité  depuis  Tentre'e 
du  col  jufqu'à  (on  fond  ,  ce  qui  ne  dure  pas  long- 
temps ;  car  immédiatement  après  l'accouchements 
ces  parties  fe  retrecilTent  comme  une  boui Te  ynide, 
&C  prennent  leur  état  naturel. 
L'arificein-      L'orifice  interne  s'entr'ouvre  pour  recevoir  la 
fermé  pcn-  Ic^ience  dans  le  moment  de  1  ejacuiation  ,  il  le  re- 
daot  toute   ferme  enfuite  fi  exademenc  après  1  avoir  reçue  ^ 
c.  q^ç  j^  fonde  la  plus  petite  n'y  pourroit  entier  :  il 
demeure  en  cet  état  jufques  vers  les  derniers  mois 
de  la  grofleire  ,  qu'il  s'abreuve  d'une  humeur  vif- 
queufe   glaîreufe ,  qui  tranfudant    des  porofitez 
internes  de  la  matrice  découle  par  cet  orifice  ,  ce 
qui    ferc  à  l'amollir    &:  à  l'humeder  ,  afin    qu'il 
puilîe  s'étendre  plus  facilement  pour  laiiler  foi  tir 
l'enfant. 
Aâiondc      L'ad:ion  de  l'orifice  interne  eft  purement  ttatu- 
te°nc'^*^  ^^~  ^^^^^  »  puifqu'il  agit   neccflfairement  fans  qu'il  dé- 
pende de  nous  de  le  faire  agir  autrement ,  au  lieu 
que  Cl  fon  mouvement  étoit  volontaîre,il  fe  pour- 
roit trouver  des  femmes  qui  lui  en  feroicnt  faire 
de  tout-à-fait  opofez  à  ceux  qu'il  fait. 
22  La  dernière  partie  que  j'ai  à  vous  démontrer  eli 

Le  fond  de    le  fond  de  la  matrice  ,  qui  eft  fon  propre  corps  Se 
amamcc,   j^  partie  principale  pour  laquelle  toutes  les  autres 
font  faites  i  elle  eft  plus  ample,plus  large  ,  &  plus 
élevée  que  les  ^utresje  l'ai  ouverte  de  fa  longueur 
afin  que  vous  voyiez  fa  capacité  ,  qui  eft  l'endroit 
où  fe  pafte  ce  qu'il  y  a  de  plus  furprenant  &c  de  plus 
admirable  dans  la  nature. 
Lecolcourc      L^  conduit  qui  eft  depuis  l'orifice  interne  iuf- 
deiamatn-       ,,  ,         .      .     ,  .    ;  f    i  •         n.        U'  l 

ce.  Ç[^  a  13  principale  cavité  de  la  matrice,  elt  apelle  le 

col  court,  pour  le  diftingucr  du  véritable  col,  qui 
eft  le  vagina.  Il  eft  de  la  longueur  d'un  pouce  ou 
environ  ;  il  eft  aflez  large  pour  laiifer  entrer  une 


{ 


/K  T)émonftration  Anat.  Secft.  IL  171 

plume  d'oye;  fa  cavité  eft  inégale  &  ridée.  Ce  col 
aufli-bien  que  l'orifice  interne  fe  ferme  après  la  •, 

conception  ,  &  demeure  fermé  pendant  tout  le 
tems  de  la  groffeire. 

La   fubftance  de    ce  fond  eft  membraneufe  &     jubflanro 
épaifîc  d'un  travers  de  doigt,  ce  qui  fait  qu'il  peur  du  fond  de 
s'étendre  commodément  j  fa  fuperficie  externe  eft:  l*''^^^"^"-' 
polie  de  égale,excepté  fes  deux  cotez  ,  où  l'on  voit 
deux  éminences  que  Ton  nomme  les  cornes,  où 
s'attachent  les  ligamcns  ronds.    L'interne  eft  par- 
feméc  de  beaucoup  de  petits  pores  ,  &  de  petits 
vailleaux  qui  diftilent  tous  les   mois  le  fang  ,  qui 
doit    être  évacué ,  c'eft    ce  qu'on  appelle  menf- 
trues. 

La  matrice  des  femmes  n'a  qu'une  cavité,non  La civitéde 

plus  que  celle  des  bêtes  ,  dont  les  deux  cornes  fe'^macnce 
i-i     ^      «    r  1      r  •      1-  •  cfl  unique 

dilatent  &  torment  des  lacs  particuliers  qui  en  con- 
tiennent chacun  un  petit.  Ce  n'eft  pas  la  même 
chofe  dans  la  femme ,  dans  la  cavalle,  &c.  La  ma- 
trice ne  forme  qu'une  grande  cavité  qui  s'élar- 
git plus  ou  moins  félon  la  grolFeur  du  fœtus ,  6c 
félon  le  nombre  des  enfans  ;  comme  lorfqu'il  y  a 
des  îïemeaux.  Les  cotiledons  de  la  matrice  font 
plus  petits  dans  les  femmes  que  dans  les  femelles 
des  autres  animaux. 

Cette  cavité  eft  (ï  petite  ,  qu'on  a  de  la  peine  à  Lacavkéde 
comprendre  qu'un  enfant ,  &  quelquefois  même  '^.niarricc 
plulieurs  ,  puiftént  être  formez  dans  un  fi  petit  ef-  t;tc, 
pacc  ;  mais  il  ne  falloit  pas  qu'elle  fût   plus  grande 
pour  pouvoir  embrafter  étroitement  l'œuf. 

Pour  expliquer  la  génération  alFcz  au  long  j'ai 
cru  en  devoir  faire  une  diflertation  particulière  , 
où  l'on  vetra  les  différentes  opinions  qu'on  a  eues 
fur  ce  fujec  en  divers  temsjes  uns  enfeignar.t  que 
l'homme  (Se  la  femme  y  contribiioient  égalemvnt 


l-ji  Des  parties  naturelles  de  la  Femme  , 
les  autres  attribuent  tout  à  la  femme  par  le  Sifté- 
me  des  œufs  ;  &  quelques  Phyficiens  au  contraire 
fugerant  aujourd'hui  la  penféc ,  que  fî  l'homme 
fait  le  principal  dans  cette  a6tion,la  femence  qu'il 
jette  renfermant ,  à  ce  qu'ils  prétendent  ,  de  petits 
fatus  tout  formez. 


=•> 


DE 


,'t'yi 


rfeiiiicre.    lablo 


■J^a^e,     0L7  3 


i73 


\*^^    ^     *       ^„  ¥    Ai^     ^  Y     ^    ^  ^'**>ij 

DISSERTATION 

SUR    LA    GENERATION 

DE   L'  H  O  M  M  E 

U  o  1  Qjj  E  nous  foions  fufifammenc 
inftruits  de  la  dirpofition  des  parties 
naturelles  de  l'homme  &  de  la  femme, 
ôc  que  nous  en  connoiffions  les  prin- 
cipaux rellorts ,  toutefois  nôtre  curiolîté  ne  feroic 
pas  fatisfaite  fi  nous  ne  pénétrions  plus  avant  , 
nous  allons  donc  tâcher  d'éclaircir  le  myftere  de 
la  génération  ,  qui  eft  encore  à  prefent  fort  envc- 
lopé  de  nuages:Mais  après  vous  avoir  expliqué  la 
manière  dont  on  croit  aujourd'hui  que  l'animal  fe 
produit,  je  fuis  aduré  que  vous  conviendrez  qu'- 
elle eft  beaucoup  plus  intelligible  &  plus  confor- 
me à  la  nature  qu'aucune  opinion  qui  ait  été  avan- 
cée julqu'à  ce  fiecle  fur  ce  lujet. 

Avant  que  d'entrer  en  matière  j'ai  crû  qu'il 
ëtoit  à  propos  de  raporter  quatre  faits  particuliers, 
dont  j'ai  eu  connoilTance  ;  Le  premier  ,  eft  l'A- 
natomie  d'une  matrice  extraordinaire  que  j'ai 
dilfequée.  Le  fécond  eft  une  grofteiîe  de  vingt- 
cinq  ans  décrite  par  Mr  Baile  Dodteur  en  Méde- 
cine à  Touloufe.  Le  troifiéme  eft  une  autre  grof- 
fclle  de  vingt-trois  ans  arrivée  à  Pont  à  Moulfon. 
£t  le  quatriéme:eft  encore  d'une  femme  enceinte 


a  74  Btjfertatîbn 

qui  fut  ouverte  l'année  dcrnicie  à  l'Hôtcl-Dieu 

de  Paris. 

Un  Anatô-      Je  fçai  qu'un  Anaromifte  doit  examiner  tout  ce 

mifte  ne      q^}    arrive  dans  la  nature  ,  &  que  tout    ce    qui 

doit  railon-   ^      ,      .        ,r  ,.  j-r  -r 

r.er  que  (ur  tombe  lous  les  lens  doit  conduire  Ion  railonnc- 

dejfaus.     ment  :  c'eft  ce  qui   m'a  fait  raportcr  ici  ces  quatre 
hîfloires  rares,  afin  qu'elles  puiflent  nous  fcrvir  de 
guide  dans  tous  les  raifonnemens  que  nous  ferons 
fur  lagéncration;je  commence  parl'Hiftoire  Ana- 
tomiquè  d'une  matrice  extraordinaire  que  j'ai  déjà 
donnée  au  public  en  l'année  1685. 
Lcpeudc      Si  le  jugement  eft  difficile  &  le  pronoftic  dou- 
ec  du'' de-  ^^"'^  ^'^"^  ^^  plupart  des  maladies  ,  ce  n'eft  pas  que 
dans  des    Ton  ne  connoillè  prefque   tous  les  organes  qui 
corps  rend  compofent  cettc  machine  admirable  du  corps  hu- 
qu'onen      main  :  maisc'eft  que  nos  corps  ne  font  pas  toû- 
uïn  "^^""  jours  alfez  femblables  ;  on  y  rencontre  fouvenr  de 
\a  diverfité  non  feulement  dans  le  nombre  &  dans 
lafituation  des  partics,mâis  encore  dans  leur  tem- 
pérament &  leur  contexture  ;  ce  qui  les  différen- 
cie tellement  les  uns  des  autres,  qu'on  peut  dire 
avec  le  Chancelier  Bacon.que  le  dedans  des  corps 
n'eft  pas  moins  diftingué  que  le  dehors,&  qu'il  eft 
aufli  rare  de  trouver  deux  perfonnes  dont  les  vif» 
ccres   foient  entièrement  conformes  les  uns  aux 
autres,qu'il  cft  extraordinaire  de  rencontrer  deux 
vifages  qui  fe  reftémblent  abfolumenr. 
LesMedc       Si  cette  diverlîté  des  parties  internes  embaralfe 

«insnc  dei-  les  iMedecîns  &  les  Chiiureicns  les  plus  habiles,6<: 

vent  pas  r  1  /■•  .M 

négliger  les  rompt  louvent  les  mcfures   qu  ils   prennent  pour 

faits  fingu-  la  guerifon  des  maladies, elle  leur  fait  voir  en  mê- 
me tems  les  obligations  indifpenfables  qu'ils  ont 
de  travailler  fans  celle  à  la  connoiftance!  exa6te  Ac 
toutes  ces  parties ,  &  de  faire  part  au  public  des 
découvertes  qu'ils  auront    faites  ,  ^    des  liiigu- 


far  la  génération  de  V  Homme,  2  7  j 

larîrcz  împortanues  qu'ils  auront  rencontrées. 

Ocft  pour  m'acquicerde  ce  devoir  que  je  donne  la 
relation  fuccincte  &  fidde  de  Touverture  du  corps 
d'une  Dame  morte  grolle  de  fix  mois  ou  environ. 
On  y  verra  une  matrice  d'une  ftrudture  particuliè- 
re ,  &  des  plus  fur  prenant  es. 

Cette  Dame  ârréede  vincjt  ans  devint  grolTe  le 
deuxième  mois  de  Ton  mariage,elle  douta  qielquc 
tems  de  fa  groffeire  ,  parce  qu'elle  avoir  les  ordi- 
naires ,  quoiqu'en  petits  quantité  ;  néanmoins 
comme  Ton  fein  lui  faifoit  de  la  douleur,  &  qu'el- 
le vomilloit  fouvent ,  ayant  des  envies  &c  des  dc- 
■  goùtS;,  &  Ton  ventre  gtoffilfant  ,  (es  doutes  celFe- 
rent ,  fur  tout  à  quatre  mois  &  demi  qu'elle  fen- 
tit  remuer  Ton  enfant.  Le  cinquième  mois  les  or- 
dinaires furent  fuprimées  ,  il  ne  coula  plus  que 
quelques  ferofitez  en  une  quantité  tres-mediocie. 
Pour  lors  elle  commença  à  paroître  plus  groir'e^&l 
continua  de  fentir  fon  enfant  comme  font  toutes 
les  femmes ,  excepté  qu'elle  le  fentoit  entièrement 
dans  le  cote  gauche^c^c  qu'elle  le  poaoit  plus  hauc 
que  ne  font  les  autres. 

La  nuit  du  cinquième  Juin  1681.  elle  fat  (ur- 
prile  d'une  ç^rande  douleur  dans  le  bas-ventre,qui 
dura  trois  ou  quatre  heures  fi  cruellement  ,  qu'on 
aprchendoit  qu'elle  n'en  acouchàt.  Depuis  ce  tems- 
la  elle  ne  grollit  plus,5c  ne  lentit  plus  remuer  fon 
enfant. 

Douze  jours  après  fur  les  huit  heures  du  fo!r 
elle  rellentit  des  douleurs  fi  violentes  qu'à  fes 
cris  fes  hmmes  accoururent  qui  la  trouvèrent 
dans  des  contorfions  &  des  èforts  qu'elle  faifoit 
pour  vomir  :  elles  la  mirent  au  lit  où  elle  rendît 
tout  ce  qu'elle  avoit  dans  l'eftomach.Un  des  Chi- 
rurgiens de  la   Cour  logé  dans  fon  voilinage  lui 


17^  lyiprtmon 

tic  donner  tous  les  remèdes  qu'il  crut  capables  de 
la  foulager  :  cependant  les  convulfions  furvin- 
'rent  avec  un  Ci  grand  froid  aux  extrémités  ,  qu'il 
fut  impolTible  de  les  échaufFeré  Tous  ces  acci- 
dens  continuèrent  jufqu'à  cinq  heures  du  matin  , 
que  fc  fcntanr  affoiblir  de  moment  en  moment;  & 
ne  pouvant  refpirer  qu'avec  beaucoup  de  pei- 
ne ,  parce  que  Ton  ventre  s'empHlfoit  à  vue  d'œil, 
on  la  mit  dans  un  fauteuil  où  elle  mourut  en  un 
quart  d'heure.  Quelque  tems  après  fa  mort  le 
même  Chirurgien  qui  l'avoit  fecouruë  lui  fit  l'o- 
pération Céfarienne,  pour   tâcher  de   fauver^  oa 

Ce  qui  fc  ^'°"'^oy^';  ^'^«^f^»^"^- 

rrouva  à  Le  biuit  de  cet  accident  fc  répandit  par   toute 

^aTJZT  ^  Cour.  La  Reine  ,  &  Madame  la  Dauphinc 
me  commandèrent  de  raire  i  ouverture  du  corps 
de  cette  Dame ,  pour  découvrir  la  caufc  d'une 
mort  fi  prompte.  J'allai  aufîi-tôt  roue  difpofer 
pour  l'heure  donnée  par  Monfieur  Daquin  pre- 
mier Médecin  de  la  Reine  ,  qui  voulurent  y  être 
préfens. 

Meffieurs  les  premiers  Médecins  étant  arrivez, 
je  commençai  l'ouverture  en  la  manière  ac- 
coutumée. Ayant  coupé  les  tegumens  ,  les  muf- 
cles  &  le  peritoirte  ,  je  découvris  les  parties 
contenues  ;  ce  qui  fc  prefenta  le  premier  à  nos 
yeux  fut  un  enfant  couché  fur  les  boyaux  ,  en- 
core attaché  par  le  cordon  à  (on  arrière  faix  , 
ncgeant  dans  une  très-grande  quantité  de  flmg  , 
qui  rcmplilfoic  toute  la  capacité  du  ventre.  Après 
avoir  levé  l'enfant  ;  féparé  une  partie  de  l'arriére - 
faix  ,  qui  tenoit  encore  au  lieu  d'où  il  étoit  forti  , 
6c  l'avoir  mis  dans  un  baiîin  ,  j'ôtai  beaucoup  de 
caillots   de    fang  ,  dont   quelques-uns  tenoient 


fur  U  génération  de  l'Homme.  277 

aux  membranes  du  placenta ,  que  je  mis  dans  le 
même  baffin  :  je  vuidai  avec  des  éponges  tout  le 
fang  épanchéjCe  qui  donna  lieu  d'examiner  toutes 
les  parties  contenues. 

Je  ne  trouvai  rien  de  particulier  à  l'eftomac  ,     ^^  jj 
aux  inteftins  ,    au   mefentere  ,    au  foye  ni  aux  d'où  l'c  •,- 
reins  ;  mais  la    ratte  étoit    feparée    en    plulleurs  fj^lj^^*^^ 
lobes ,  comme  le    font    ordinairement    les  pou- 
mons.   Ayant  enfuite  poulFé  les  boyaux  vers  le 
partie  fupericurc  de  l'abdomen,  je    découvris  un 
corps  de  figure    ronde  ,  ouvert   par  fa    partie  fu- 
perieure  de  grandeur    proportionnée  à    l'enfant 
&  qui    paroiffoit    être  le    fonds    de    la  matrice, 
Oétoit  à    la    vérité    dans    ce   lieu  que   l'enfant 
avoit  été  contenu  ,  &  d'où    il   étoit  forti  :  mais 
c'étoit    une  partie  furnumeraire  iituée  au  codé 
gauche  du  fond  ordinaire  de  la   matrice  ;   qui  en 
étoit    diftante  de  deux    travers  de  doigt  ;  &  qui 
avoit  à  la  partie  latérale  gauche  tout  ce  qui  cft 
attaché    pour  l'ordinaire    au  fond  de  la  matrice  ; 
fçavoir  les  vailfeaux  fpermatiqucs  ,  un  tcfticule  , 
une  trompe  ,  un   ligament  large  &  un   rond  ,  ne 
trouvant  pas  les    mêmes  parties  à  fon  côté  droit  ; 
je  continuai  de  les    chercher  j  elles  étoierit  atta- 
chées à  u  ri    corps  moins  gros  que  le  précèdent , 
fitué  dans  la  partie  moyenne   de  l'hypogaftre ,   ti- 
rant un  peu    vers  Tilaque   droite  ,  &:  de  figure 
femblable  au   fond  de  la  matrice  ,  excepté  qu'il 
étoit  un  peu  plus  gros  ,  &  un  peu  plus  long,  qu'il 
n'a   accoutumé    d'être    darts  fon    état    naturel;     'OowUc 
c'étoit    effeélivcment  le   fond  de  la  matrice  ,  que  fonn  à  u 
je  démontrai  à  Mcfïieurs  les  premiers  Médecins  ;  "'^'^"'==* 
qui  ne  furent  pas  moins  furpris  que  moi  de  voir 
deux  parties  toutes  femblables  au  ,  fond  de  la  ma- 
trice ;   avec   cette  différence  que  celle  du  côté 

S    iij 


lyB  1>ljfertatïon 

droit  reflcmbloit  à  un  fond  éten(^u,qLn  avoir  con- 
tenu un  enfant  ;  &  Vautre  à  un  fond  prefque  dans 
fa  grofleur  natureliejelles  étoient  toutes  deux  atta- 
chées &  continues  au  col  de  la  matrice. 

Dans  l'impatience  de  reconnoître  laquelle  des 
<leux  étoit  de  furcroit ,  ou  la  naturelle  ,  je  décou- 
vris la  veffie  ,  &  je  fis  une  inci/ion  longitudinale 
à  la  partie  fuperieure  &:  interne  du  vagina  ,  par 
laquelle  on  vit  l'orifice  interne  de  la  matrice  qui 
étoit  formé  :  mais  non  pas  aufïï  exactement  qu'il 
l'cft  pour  l'ordinaire  dans  la  grolleile.  Je  conti- 
nuai mon  incifion  vers  le  fond  de  la  matrice  ,  le- 
quel j'ouvris  tout  de  fon  long  ,  après  avoir  coupé 
l'orifice  interne  :  Il  y  avoit  dans  ce  fond  un  faux 
germe  de  la  grotlèur  d'un  petit  œuf;  dont  les, 
membranes  peu  folides  fe  déchiroient  facilement: 
Elles  étoient  toutes  parfemées  de  petites  glandes 
conglobées  de  grofïeurs  différentes,  les  plus  grof- 
fes  n'excédant  pas  celle  d'un  petit  pois.  L'ori- 
lîcc  interne  étoit  cmbarrallé  &  comme  bouché 
par  une  matière  glaireufe  ,  jaunâtre  &  fort  def- 
fechée. 

Après  avoir  ôté  ce  faux  germe  qui  remplif- 
foit  tout  le  fond  de  la  matrice  ,  l'on  vit  facile- 
ment le  trou  de  la  trompe  droite  qui  y  per- 
çoit ,  il  étoir  queftion  de  fçavoir  fi  ces  deux 
corps  fe  communiquoicnt  \  Pour  en  être  éclairci 
je  fis  une  incifion  au  premier  qui  avoit  contenu 
l'enfant ,  coupant  depuis  la  partie  fuperieure  juf- 
qu'à  l'endroit  où  ce  corps  étoit  attaché  au  col  de 
la  matrice  ,  il  ne  nous  y  parut  aucun  conduit  con- 
fiderable ,  n'ayant  pas  même  d'iffuë  dans  l'orifi- 
ce interne,  ni  dans  le  vagina  :  ce  qui  fit  voir 
manifeften^ent  que  de  ces  deux  cavitez  la  droite 
qui  contenoit  le  faux  germe  étoit  la  naturelle  ,  & 


Jur  U  génération  de  l' Homme.  279 

que  la  gauche  où  avoir  été  l'enfant  étoit  la  fiiper- 
uumeraire. 

Mais  comme  il  eft  împofllble  dans  le  peu  de 
tems  que  l'on  efi:  oïdinaitement  à  l'ouveiture 
d'un  cadavre  ,  de  bien  examiner  ce  qui  s'y  trouve 
de  iîngulier  \  l'on  a  accoutumé  de  le  fcparer  du 
corps,  de  l'emporter,  &  le  dilîequant  à  loifir  d'en 
remarquer  jufqu'aux  moindres  particules  :  on 
s'avifa  donc  de  faire  la  même  chofe ,  je  levai 
ces  deux  corps  qui  tenoient  au  col  de  la  matrice 
avec  les  tellicules ,  les  trompes ,  les  ligamens  ,  & 
une  partie  des  vaîlTeaux  fpermatiques  ,  &  je  mis 
le  tout  dans  une  ferviette  que  je  fis  porter  chez 
moi. 

Je  continuai  par  l'ouverture  ,  de  la  poitrine  ; 
après  avoir  levé  le  fternum  ,  je  trouvai  le  poul- 
mon  du  côté  droit  adhérant  aux  côtes.  Je  fis  l'ou- 
verture des  ventricules  du  cœur  ,  il  y  avoit  dans 
le  droit  un  de  ces  corps  étranges,  que  l'on  y  trou- 
ve allez  fouvent  apcllcz  polipesdu  cœur  ,  qui  en 
ocupoit  toute  l'oreille ,  &  fe  continuoit  cinq  ou 
iix  pouces  de  longueur  dans  la  vcne  cave.  Nous 
en  trouvâmes  un  pareil  dans  le  ventricule  gauche 
qui  n'étoit  pas  de  moitié  fi  gros  que  celui  du  ven- 
tricule droit. 

,  Meflieurs  les  premiers  Médecins  n'ayant  pas 
trouvé  à  propos  d'ouvrir  la  tête  ,  je  remis  les 
parties  en  leur  place  ,  je  fis  les  futures  ordinai- 
res ,  &  le  foir  chez  moi  je  m'attachai  3  diffequer 
exa(5tcment  cette  matrice  ,  fans  néanmoins  la 
trop  découper  ,  voulant  la  conferver  dans  fon 
entier  le  plus  que  je  pourrois  pour  la  faire  def- 
ligner. 

Le  lendemain  la  Reine  me  commanda  de  la  lui 
porteri  Elle  étoit  poot^ors  cliez  Madame  la  Dau- 

S    iiij 


i8o  Dljferratlon 

phinc,Sa  Majefté  eut  aifez  de  curiofité  pour  l'exa- 
miner tres^long-rcms.Monlîeur  Daquin  &  Mon- 
fîcur  Façon  lui  en  dirent  leur  fentimcnt  aufîî  bien 
qu'à  Madame  la  Dauphine  ;  &  à  quelques  aunes 
Dames  de  la  première  qualité. 

Ce  même  jour  la  Reine  étant  dans  Ton  cabinet 
accompagnée  d'une  feule  Dame  ,  m'envoya  dire 
par  un  valet  de  pié  de  venir  lui  remontrer  cette 
partie.  Elle  l'examina  derechef,  &  je  repondis  à 
toutes  les  queftions  qu'elle  me  fît  là-delï'us.  Sa 
Majefté  n'avoit  pas  les  mêmes  répugnances  qu'ont 
Toutes  les  autres  femmes  pour  les  Dcmonflra- 
tions  Anatomiques  ,  j'ai  eu  l'honneur  de  lui  en 
faire  àlTez  fouyent  fur  différentes  parties  d'ani- 
n^aux. 

Voila  l'hifloirc  fidèle  de  tout  ce  qui  s'efl  palfë 
tant  à  la  mort  de  cette  Dame;qu'à  l'ouverture  que 
j'ai  faite  de  fon  corpsjEt  avant  que  d'expliquer  les 
tables  ,  il  eft  à  propos  de  faire  cinq  ou  fîx  remar- 
ques efTentîelles. 

La  première  eft  que  cette  Dame  vers  le  quatrième 
mois  de  fa  grolfcAe  ,  commença  de  fentir  une  in- 
commodité  qui  lui  dura  jufques  à  la  mort,  &  ce 
mal  augmentoit  à  mefure  qu'elle  grofîîiroitjclle  ne 
pouvoit  aufTi  demeurer  couchée  fur  le  côté  droit: 
&  fî-tôt  qu'elle  y  étoitjelle  rclïèntoit  des  douleurs 
infuportables  jufqu'à  tomber  en  folblefTc. 

11  faut  fecondement  obferyer  que  cts  douleurs 
Jfî  violentes  qui  la  tourmentèrent  depuis  les  huit 
heures  du  foir  jufques  au  lende.rain  matin  cinq 
heures  qu'elle  mourut ,  n'étoient  point  continuel- 
les comme  le  font  ordinairement  celles  qui  font 
eau  fées  par  une  matière  répandue  dans  les  inte* 
ftins  j  mais  elles  prenoient  par  intervalles  comme 
font  celles  qui  viennent  de  la  matrice,ces  douleurs 


fur  la  génération  de  l'Homme.  iSr 

commençoient  <lans  les  reins  -,  &  répondoienc  en 
bas ,  aiiili  qu'il  arrive  aux  fenmes  qui  font  en  tra- 
vail d'enfant ,  avec  cette  différence  que  rien  ne 
couloit  par  la  matrice. 

Il  eft  necefl'aire  de  remarquer  en  troifiéme  lieu 
la  nature  dès  caillots  de  fang  qui  étoicnt  d'une 
coniiftance  tres-folide,  &  d'une  couleur  fdrt  noi- 
re: Ils  ne  fc  rompoient  pas  avec  la  même  facilité 
que  ceux  qui  font  formez  d'un  fang  nouvellement 
extravafe  ;  mais  ils  avoient  la  même  folidité  que 
ceux  defquels  la  ferofité  ayant  été  feparée  par  un 
long  féjour  ,  il  ne  refte  que  les  fibres  les  plus  noi- 
res &  les  plus  groiîîeres. 

On  doit  encore  prendre  garde  que  l'ouverture 
qui  s'eft  trouvée  à  ce  corps  qui  avoir  renfermé 
TenfantjU'a  point  été  faite  par  aucun  inftrumenr, 
mais  par  déchirement,  ainfî  qu'il  paroît  par  les  ta- 
bles ,  autrement  les  deux  lèvres  de  la  partie  cou- 
pée feroient  égales  ,  au  lieu  qu'elles  font  toutes 
dilaccrécs:  Plufîeurs  petites  portions  de  membra- 
nes en  forme  de  frange  que  Ton  voit  à  la  circon- 
férence de  cette  ouverture  ,  marquent  trop  la  vio- 
lence que  cette  partie  a  foufferte  en  fe  crevant. 
Mefîîeurs  les  premiers  Médecins,  après  avoir  bien 
confideré  cette  ouverture  ,  demeurèrent  d'âcord 
qu'elle  s'étoit  faite  d'elle-mêmexe  qui  fut  confir- 
mé par  le  Chirurgien  qui  avoit  fait  l'opération  ce- 
farieime  ,  il  alTura  qu'il  avoit  laifTé  l'enfant  au  mê- 
me endroit  on  il  l'avoit  trouvé  ,  c'eft  à  dire  dans 
la  capacité  du  bas- ventre  fur  les  boyaux  ,  hors  de 
la  cavité  où  il  avoit  été  contenu  ,  comme  nous  le 
rencontrâmes  nous-mêmes. 

La  cinquième  obfervatîon  eft  ,  qu'il  falloit 
qu'il  y  eût  plus  de  quinze  jours  que  l'enfant  fût 
mort  ;  il  étoir  d'an  rouge  brun  6c  livide  ,  il  avoic 


l8z  Dîjfertation 

les  bras  &  les  jambes  maigres  &  attenuées,&ccqui 
ne  laifTe  aucun  doute  ,  c'eft  que  l'épidermc  s'enle- 
voic  pour  peu  que  Tony  touchât.  Cet  enfant  n'é- 
toit  pas  encore  tout-à-fait  pourri,  parce  que  la 
matrice  eft  un  lieu  clos  où  il  nage  dans  les  eaux 
qui  lui  fervent  de  laumurc  ,  &  parce  qu'il  fe  cor- 
rompt moins  en  un  mois  dans  la  matrice  qu'il  ne 
feioit  dans  un  jour  s'il  en  étoit  forti. 

On  doit  enfin  fe  relTouvenir  que  cette  Dame  fut 
réglée  tant  qu'il  n'y  eut  que  la  cavité  gauche  d'o- 
cupée  par  l'enfantjCar  la  cavité  droite  étant  vuidc 
laiiToic  échaper  par  fcs  vailfeaux  le  fang  qui  s'y 
portoit  aux  tems  acoùtumcA  ,  mais  du  moment 
qu'elle  a  été  remplie  par  le  faux  germe  ,  ce  qui  eil 
arrivé  entre  le  quatrième  &  le  cinquième  mois  , 
cette  évacuation  a  ceiré  ,  &  l'on  ne  doit  pas  être 
furpris  qu'il  fe  foit  fait  un  faux  germe  dans  cette 
cavité  droitc.Il  eft  même  facile  de  concevoir  qu'il 
n'y  pouvoir  former  un  fécond  enfant  encore  mieux 
que  dans  la  gauche.  C'eft  dans  une  pareille  occa- 
fîon  que  l'on  peut  admettre  la  fupeifétation  ,  puif. 
qu'elle  fe  faifoit  dans  deux  cavitez  féparées ,  & 
qu'elle  n'efl  impolTible  que  dans  une  même  cavi- 
té :  mais  tans  entrer  en  queilion  &  en  raifonne- 
ment  fur  un  fait  qui  demande  une  longue  difcuf- 
fionjil  eft  conftant  qu'il  y  avoit  eu  un  enfant  dans 
la  cavité  gauche  de  la  matrice  qui  étoit  la  naturel- 
le, &  étoit  occupée  par  un  faux  germe. 

Apres  un  récit  aulU  véritable  que  celui  que  je 
vî'^ns  de  faire  de  tout  ce  qui  s'eft  palfé  à  cette  dil- 
fcdîon  Anatomiquei&  après  les  obfervations  que 
j'ai  crû  necedaires  pour  en  avoir  une  parfaite  con- 
noitTance ,  rinfpedion  des  deux  tables  achèvera 
é'Qn  donner  une  idée  aufîi  claire  que  11  Ton  avoit 
été  prefcnt  à  l'ouverture. 


fur  la  génération  àc  l'Homme,  ^83 

La  première  démontre  cette  matrice  telle  qu^eU  f  ipHcation, 
1      ,  n.  '     j         1  •       '       •     •  .    .    /  de  la  prc 

le  s  elt  trouvée  dans  le  corps  ;  je  n  y  ai  ncn  ajoute  micrc  table. 

ni  diminué ,  j'ai  fait  feulement  une  incifion  à  la 
partie  profonde  &  fuperieure  du  vagina  pour  faire 
voir  l'orifice  interne,qui  ne  change  rien  de  la  dif- 
poûtion  naturelle  des  parties,AA  font  voir  l'artère 
&  la  veine  fpermatiques  droites.  B  Le  tcfticule.  C 
La  trompe ,  D  Son  ouverture.  EE  le  morceau  dé- 
chiré. F  Le  ligament  large.  G  Le  li^ment  rond  : 
H  La  cavité  naturelle  de  la  matrice.  I  L'union  de 
la  cavité  naturelle,  avec  lalupernumeraire.  K  La 
cavité  fupernumeraire  de  la  matrice.  L  L'ouvertu- 
i;e  par  où  l'enfant  eft  forti.  MMMM  Plufieurs 
morceaux  en  forme  frange  qui  marquent  que 
cette  cavité  s'ell;  crevée  :  NN  L'artère  &  la  veine 
^ermatiques  gauches.  O  Le  teflicule.  P  La  trompe 
Q^Son  ouverture.  RR  Le  morceau  déchiré.  SS  Le 
liçrament  lar^c.  T  le  ligament  rond.VV  Une  ou- 
verture  faite  au  vagina.  X  L'orifice  interne.  Y  fon 
ouverture  qui  n'eft  pas  fermée  aufîi  exactement 
qu'elle  le  doit  être.  Z  Le  vagina  avec  fes  rides. 

Dans  la  féconde  t^ble  j'ai  fait  graver  l'orifice  in- 
terne &  le  fond  de  la  matrice  ouverts  tout  de  leur 
long  ,  la  cavité  de  l'orifice  eft  plus  vafte  qu'elle  ne 
doit  être,parce  qu'elle  contenoic  une  matière  glai- 
reufe  endarcie  »Sc  fcmblable  à  de  la  colle  forte  ;  le 
fond  de  la  matrice  eft  plus  fpacicux  ,  parce   qu'il 
renfcrmoit  un  faux  germejl'ouvercure  de  la  trom- 
pe droite  y  eft  aparente.    Je  n'ai  point  remarqué 
que  ce  fond  différât  des  autres  matrices,  fi  ce  n'eft 
qu'il  n'a  pas  à  fa  partie    gauche  les  mêmes  vaif- 
feaux  &:  ligamens  qui  font  à  la  droite ,  il    n'éroit 
pas  fitué  dans  le    milieu  de  l'hypogaftre  comme 
il  devoit   être  naturellement ,  car  le  corps  (uper- 
numeraire    du   côté  gauche  qui  contenait  l'en- 


%Î4  *Differtat'ion 

fane  étant  plus  gros  le  prelToit  &  Pobligeoit  cle  fe 

reculer. 

Cette  cavité  qui  a  contenu  l'enfant  eft  repre- 
fentée  ouverte  jufqu'à  l'endroit  où  elle  eft  atta- 
chée au  fond  de  la  matrice  ,  avec  qui  elle  n'a  de 
communication  que  par  trois  ou  quatre  petits 
vaifleaux  tres-déliez  que  je  n'ai  découvert  qu'a- 
prés  les  avoir  cherchez  &  dilTcquez  avec  beau- 
coup de  patience,  ce  corps  eft  d'une  fubftance 
femblable  à  celle  du  fond  ,  c'eft  à  dire  toute  feiiil- 
iecée  &  parfemée  d'une  infinité  de  porohtez  qui 
ne  partent  point  de  la  partie  interne  à  l'externe:  Il 
cft  beaucoup  plus  épais  vers  la  partie  inférieure 
que  vers  la  fuperieure  qui  va  toujours  en  dimi- 
nuant, ^  qui  cft  tres-mince  à  l'endroit  où  elle  s'eft 
crevée  ,  on  y  voit  quelques  reftes  du  placenta  qui 
font  encore  attachez  dans  cette  cavité.  J'ai  fait  gra- 
ver un  ftilet  dans  l'ouverture  de  la  trompe  gau- 
che ,  laquelle  perce  dans  cette  cavité  ,  les  mêmes 
vailTeaux  &  ligamens  qui  fe  trouvent  à  l'autre  fe 
rencontrant  à  celle-ci.  Ainii  elles  partagent  à  elles 
deux,  ce  qui  ne  devroit  être  naturellement  qu'à 
une  feule.  , 
îifîa  fc^'^-  ^^'^^^  l'explication  de  la  féconde  table.  A  A  mon- 
de Table,  trent  l'artère  &  la  véne  fpermatiques  droites.  BB 
Les  rameaux  qui  vont  au  tefticule.  CC  Ceux  qui 
vont  à  la  matrice.  DD  Les  rameaux  qui  vont  au 
fond  de  la  matrice.EE  Ceux  qui  vont  au  col.F  Une 
arteriole  qui  arrofe  le  ligament  rond.  G  La  trompe 
H  Son  ouverture.  K  L'ouverture  de  la  trompe  du 
côté  du  ventre.LL  Les  ^morceaux  déchirez.  M  Le 
ligament  large.  N  Le  rond.  O  La  cavité  naturel- 
le de  la  matrice  ,  avec  plulîeurs  petites  ouvertu- 
res fort-aparentes.   P  L'extrémité  de  l'orifice  in- 


fur  ta  génération  de  l'Homme.  2  S  y 

terne,  Q^PIufieurs  feuilietures  le  long  de  l'orifice 
interne  qui  retenoienc  une  humeur  glaireufe  qui 
l'cmplilloic.  R  Une  manière  de  rofetce  qui  s'eft 
rencontrée  à  l'entrée  de  l'orifice  interne.  S  Le 
bord  de  l'orifice  interne.  T  Une  partie  du  vagina 
VVVV  L'incifion  faite  le  long  du  fond.  Y  L'at- 
tache des  deux  cavitez.YYY  Piufieurs  petits  vaif- 
feaux  qui  vont  de  l'un  à  l'autre  ZZZZ  Les  ou- 
vertures de  ces  vaiffeaux.  i  1 1 1  L^icrfion  faite  à 
la  cavité  fupernumeraire.  1  Cette  cavité  qui  con- 
tenoit  l'enfant.  3  3  Quelques  reftes  de  l'arriere- 
faix  qui  y  font  encore  attachez.  4444  Les  pièces 
déchirées  par  où  elle  s'eft  crevée  ,  dc  par  où  l'en- 
fant eft  forti.  j  L'ouverture  de  la  trompe  gauche 
6  Un  ftilet  qui  eft  dedans.  7  La  trompe  gauche.S 
Son  ouveraue  du  côté  du  ventre.  95)  Le  morceaa 
déchiré  ou  le  morceau  dil  diable.  10.  Le  ligament 
large.  1 1  Le  rond.  1 2  Le  tefticule.  i  3  L'artère  ^ 
la  véne  fpermatiques. 

Après  avoir  fait  delîîgner  toutes  ces  parties  par 
un  peintre  fort  habile  ,  j'en  fis  voir  les  delTeins  a- 
vant  que  de  les  donner  au  Graveur,  à  Mciïieurs 
Daquin  &  Fagon  qui  avoient  été  prefens  à  l'ou- 
verture ,  &  à  Monfieur  Félix  premier  Chirurgien 
du  Roi  ,  qui  vint  chez  moi  où  il  examina  cette 
matrice  exadlcment ,  ils  m'ont  tous  dit  qu'on  ne 
devoit  pas  mieux  imiter  le  naturel  i  &  que  tout 
étoit  femblable  à  l'original. 

On  fuppofe  allez  fouvent  des  faits  extraordinai- 
res pour  avoir  le  plaifir  d'exercer  les  raifonne- 
mens  des  fçavans  &  des  curieux. Il  n'en  eft  pas  de 
même  de  celui-ci, il  eft  véritable  &  tres-fidele 
dans  toutes  fes  circonftances.Je  ne  penfe  pas  qu'on 
en  puilTe  douter  après  l'atteftation  qui  fuir  de  Mr 
Fagon ,  qui  eft  préfentemeut  premier  Médecin 
du  Roi. 


1^6  Dijprtatfon 

Nous  Meflîre  Gui  Crefcenc  Faîjon  Confeîller  du 
Roi  en  les  Confeiis  ,  &  Premier  Médecin  de  Sa 
Majefté  ,  cerrifions  avoir  été  prefenc  à  l'oaverture 
du  corps  dans  lequel  s'ell  trouvée  la  conformation 
d'une  matrice  extraordinaire  dont  Mr  Dionis  Pre- 
mier Chirurgien  de  Madame  la  Duchefle  de  Bour- 
hiftou°c"i'u  §°§'^^  donne  l'hiftoire  Anatomique  au  public  ,  «Se 
ne  gro/Tclfc  nous  aillirons  que  le  récit  Se  les  figures  font  trcs- 
conformes  a  la  vérité.  Sitiné,  FAGON. 

Oeil:  Monlicur  Bayle  Docteur  en  Medccine,qui 
nous  a  laiiré  par  écrit  THiftoire  Anatomique  d'une 
grolFeire  de  vingt  cinq  ans  i  il  dit  qu'a  Toulouze 
la  femme  d'un  Tondeur  de  drap  nommée  Mar- 
guerite Matlilcu  étant  devenue  grolTe  d'un  onziè- 
me enfant  en  l'année  lôj-'j.  &  vers  le  neuvième 
mois  de  fa  grolfcire  fe  trouvant  dans  l'Eglite  des 
Minimes  ,  elle  fc  fcntit  fort  prcilée  des  douleurs 
de  l'enfantement  ,  &  qu'ayant  même  rendu  une 
partie  des  eaux  ,  elle  dit  à  celles  qui  étoicnt  avec 
elle  qu'elle  aprehendoit  d'acoucher  dans  la  Cha- 
pelle où  elle  êtoit  ,  on  la  conduilit  dans  la  mailon 
la  plus  prochaine  le  plus  promptement  que  l'on 
put ,  où  ayant  trouvé  quelque  allégement  à  (es 
douleurs  par  les  foins  que  l'on  prit  de  la  fccou- 
rir  ;  fon  mari  la  ht  porter  dans  fa  raaifon  ,  où  les 
douleurs  étant  revenues  plus  violentes  qu'aupara- 
vant ,  on  apella  Meflîeurs  Cartier  &c  Mulatier  fa- 
meux Médecins ,  Se  le  Sieur  Cortade  très- habile 
Chirurgien  ,  qui  s'éforcerent  de  la  fecourir  en  lui 
donnant  tous  les  remèdes  qu'on  met  ordinaire- 
ment en  ufage  dans  ces  occafions  j  mais  ils  furent 
inutiles  ,  Se  deux  mois  fe  partèrenc  pendant  lel- 
quels  elle  fouffrir  de  violentes  douleurs  :  elle 
rendit  des  grumeaux  de  fang  qui  n'avoient  au- 
cunes  fibres  ,  ni  rien  de  charnu.    Elle  eut  enluitc 


fur  la  génération  de  l'Hamme .  lîy 

'des  pertes  blanches  qui  étoienc  quelquefois  mê- 
lées avec  un  peu  de  fang ,  &  fcs  mammelles  fu- 
rent remplies  d'une  quantité  extraordinaire  de 
lait.  Vers  le  cinquième  mois  les  pertes  blanches 
celferent  j  elle  reprit  fcs  forces  peu  à  peu  ,  étant 
toujours  incommodée  d'un  fâcheux  fardeau  qu'el- 
le avoit  dans  le  ventre  ,  &:  elle  ne  trou  voit  point 
de  foulageraent  entier  que  lors  qu'elle  étoit  cou* 
chée  fur  les  reins. 

Depuis  l'accident  arrivé  à  cette  femme  en  l'an- 
née 165-3.  j^rqu'à  celle  de  1678.  elle  a  foufferc 
de  tems  en  tems  des  douleurs  aufîi  violentes  que 
celles  de  l'enfantement  :  Lorfqu'elle  en  étoit  Iç 
plus  prcflee  elle  prioit  le  Chirurgien  de  lui  ouvrir 
le  ventre  pour  mettre  fin  à  fa  miferc.  Elle  avoit 
fouvent  des  foiblellès  ôc  des  envies  étranges  de 
manger  de  certains  alimens.  Si  l'on  en  croit  quel- 
ques femmes  elles  ont  vu  diverfes  fois  les  mouve- 
snens  de  l'enfant  ;  mais  le  Chirurgien  6c  l'Apoti- 
caire  qui  l'obfervoient  de  prés,  &  qui  étoicnt  fou- 
vent  apellez  ,  n'ont  jamais  pu  reconnoître  aucun 
mouvement  d'enfant,  que  celui  qui  fc  faifoit  lors- 
que la  mère  fe  tournoit  d'un  côté  fur  l'autre  ,  car 
alors  le  fardeau  fe  jettoit  fur  le  coté  fur  lequel  la 
femme  fe  couchoit.Pendant  cet  cfpace  de  tems  qui 
fut  de  vingt-cinq  ans  &  quelques  mois,  cette  fem- 
me eut  diverfes  n)alaJies,&  enfin  lui  étant  furvena 
une  fièvre  continue  ,  elle  mourut  le  17.  Janvier 
i678.âgée  de  foixante  &  deux  ans. 

Le  lendemain  l'ouverture  du  corps  fut  faîte  par     Ce  qui  fc 
Monfieur  Cortade   fon   Chiiji^rgicn  ordinaire  ;  en  ^'^•^'*^'»- 
prelence  de  MefTieurs  Gaillarc ,  Bayle  ,  Laborde  ,  coj^!"     * 
»!n:  Grangeron  fameux   Médecins  ,  &  de  Mcflîcurs 
Labat  &  Carboneau    habiles  Anatomiftes:  ayant 
coupé  les   raufclcs  &c    le   péritoine  on  découvrir 


:i88  Dljfertatlon 

l'epîploon,qui  écoic  fquiirheux  &  un  peu  charnu* 
de  répailTear  de  deux  grands  travers  de  doigt  ;  il 
couvroit  cette  malle  qu'on  cherchoit  ,  fur  laquel- 
le il  étoic  étendu ,  &  à  laquelle  on  trouva  qu'il 
étoit  adhérant.  Qiiand  on  voulut  la  lever  pour  la 
voir,  on  renverfa  tout  cet  afTemblase  du  coté  de 
la  poitrme  du  cadavre  ,  &  alors  on  eut  quelque 
idée  que  cette  grande  maïTe  informe  étoit  un  en- 
fant i  ce  qui  en  fit  douter  quelque  tems ,  c'étoic 
parce  qu'on  l'avoic  trouvée  hors  de  la  matrice  : 
maison  en  fut  certain  lors  qu'ayant  donné  quel- 
ques coups  de  fcalpel  on  fentit  des  os,  &  que  l'on 
vit  des  ongles  &  des  doigts  à  un  pied  ,  que  l'on 
fépara  delà  malfe. 

Avant  que  de  toucher  davantage  à  cette  maiïe 
on  voulut  Voir  en  quel  état  étoient  les  parties  du 
bas  ventre  ,  &  particulièrement  la  matrice  fur  la- 
quelle on  trouva  un  corps  dur  comme  de  la  pier- 
re qui  formoit  an  grand  ulcère  qui  ocupoit  le 
fond  de  la  matrice  ,  il  avoir  une  cavité  du  côté  de 
la  matrice  pleine  d'un  pus  blanc  &  épais,  qui  n'a- 
voit  aucune  mauvaife  odeur  ;  ce  corps  étoic  con- 
vexe en  la  partie  oppofée  ,  &  relTembloit  allez 
bien  à  la  partie  convexe  d'une  huitrc  ;  le  rcfte  de 
la  matrice  étoit  dans  fon  état  naturel ,  &  l'on  ne 
remarqua  rien  de  conlîderable  dans  les  parties 
voifines. 

L'on  détacha  la  mafTe  ,  dont  nous  venons  de 
parler  ,  de  ce  corps  ,  &  l'on  la  porta  chez  Mon- 
fieur  Cortadc  pour  la  diilequer  à  loifir  ;  avant  que 
d'y  rravailler  Monfieur  Bayle  en  fit  delTigner  les 
quatre  figures  qui  font-dâils  fon  livre  ,  &  enfuitc 
à  mefure  que  l'on  ôtoit  une  matière  callcute  qui 
environnoit  toute  cette  malFe  ,  l'on  découvroic 
toutes  les  parties  d'un  enfant   endurci  èc  à  demi 

pétrifié 


fur  ta  génération  de  l'fJomrnt.  1 85? 

tiîfié ,  qui  pefoit  huit  livres,  à  leize  onces  la  livrej 
l'on  dîilcqua  toutes  les  parties  qui  compofoienc 
Gcc  cnfani  &  tous  les  viiccres  contenus  dans  les 
trois  vcncres,mais  comme  ce  détail  eft  d'une  trop 
grande  crcnduc  ,  je  renvoyé  le  Icéleur  à  ladefcri- 
ption  qu'en  a  donné  Monfieur  Bayle  :  d'autant 
plus  qu'il  ne  fait  lien  pour  les  conlquences  que 
je  pretens  tirer  dans  la  iuite;&  qu'il  me  fuffit  d'a- 
voir fait  oblerver  que  cet  enfant  a  été  trouvé  dans 
la  capacité  du  bas-vctitre. 

Ce  n'eft  pas  la  !e  feul   exemple  que  Monfieur      a  ^  - 
Bayle  nous  rapporte  ,  il  parle  d'une  autre  grolîellc  exemples» 
dont  plulieurs  Médecins  &c  Hiftoiiens  font  men- 
tion ,  qui  furpalle  en  durée  celle  de  Marguerite 
Mathieu  ,  elle  arriva  à   Colombe  Caritat    de  la 
ville  de  Sens  ,  laquelle  porta  Ion  enfant  dans  fon 
corps    pendant  vingt-huit  ans  ,  &  à  qui  après  fa 
mort  on  trouva  le  corps  de  l'enfant  dut*  comme 
nne  pierre.    Il  ajouta  que  le  Journal  des  Sçavans 
d'Allemagne  imprimé  à  Bre/lau  ,  dit  qu'iui  enfant 
bien  forme  fut  trouvé  dans  le  ventre  d'une  femme, 
hors  de  la  matrice  .,  entre  le  boyau  reclum  &  cet 
organCjdans  lequel  on  ne  put  remarquer  ni  ulcè- 
re ni  cicatrice,    Et  enfin  il  aiîure   que  des  enfans 
ont  été  trouvez  dans  les  trompes  de  la  matrice  paf 
Riolanjpar  Harvée  ,  &:  par  beaucoup  d'autres  •■,  ôC 
même  il  parle  de  celui  qui  fut  trouvé  à  Paris  dans 
cette  partie  ,  il  y  a  quelques  années. 

Ce  n'eft  pas  feulement  à  Sens  &  à  Touloufc 
que  l'on  a  vea  des  enfans  fejournet  plufieurs  an- 
nées dans  le  corps  de  leur  mère  :  J'ai  vu  à  Pont  à 
Moulfon  un  enfant  quiavoit  demeuré  vingt-deux 
ans  dans  la  capacitc:  du  bas  ventre  de  fa  mère  ,  fé- 
lon ce  qui  en  vint  à  ma  connoiflance  ,  de  la  mâ- 
nicic  quiiuit. 

T 


Foetus 
trouvé 
dans  le 
ventre 
hors  de  la 
nuciice. 


x^o  Dijfertatîofi 

En  l'année  mîl  fix  cens  foixantc-dix-hiiitjla  Cour 
qui  faifoic  un  voyage  dans  la  Lorraine, devant  cou- 
cher a  Pont  a  MoulFon  ,  la  Reine  alla  entendre  le 
falat  aux  Jefuites  qui  y  ont  un  très- beau  Collège, 
'après  le  falut  Sa  Majefté  entra  dans   le  Couvent 

four  en   voir  toutes  les  bcautez  ,  on  lui  fit  voii- 
Apoticairerie  qui  eft  rrés-belle  (5c  bien  fournie; 
celui  qui  en  avoit  foin  pour  lors  lenommoit  Frcrc 
Balbilart  ,  il  étoit  en  réputation  par  toute  la  Pro- 
vince ,  voulant  montrer  à  la  Reine  ce  qu'il  avoic 
■de  plus  rare  ,  il  lui  fit  voir  une  peau  d'homme 
corroyée  qui  rclîembloit  allez  à  du  chamois,  &z  i\ 
lui  apporta  une  grolïb    bouteille  pleine   d'cfpric 
de  vin  dans  laquelle  il  y  avoit  un  enfant  qu'il  gar- 
idoit  depuis  quelques  années  ,  il  le  tira  de  la  bou- 
teille, &  le  montrant  à  la  Reine  ,  il  lui  en  fit  l'hi- 
ftoirc  qui  parut  furprenante  ,  il  lui  dit  qu'il  avoit 
vu  pendant  plufieurs  années  une  femme  qui  avoic 
une  gvofleur  extraordinaire  au  ventre ,  pour  la- 
quelle il  avoic  fait  quantité   de  remèdes  lans   l'a- 
voir pu  foulager,  que  cette  groffeur  n'augmentoic 
ni  ne  dirainuoitjmais  qu'elle  incommodoit  furieu- 
fement  cette  femme  ,  en  forte  qu'elle  fouhaittoit 
fouvent  la  mort  plutôt  que  de  fouffrirles  douleurs 
qu'elle  lui  caufoitjque  la  malade  étant  morte  après 
vingt  trois  années  qu'il  y  avoit  qu'elle  poitoît  une 
telle  grofTeur  dans  fon  ventre,  on  l'avoic  ouverte. 
Se  que  l'on  avoit  trouvé  cet  enfant  dans  la  capa- 
cité du  ventre,  lans  que  les  autres  parties  de  cette 
région  ni  la  matrice  fu lient  endommagées,qu'il  y 
avoit  feulement  plus  de  deux  pintes  d'eau   dans 
laquelle  nageoit  l'eaifant ,  &   où  il  s'étoic  con- 
fcrvé  fans  pourriture. 

La  Reine  après  avoir  vîfité  le  refte  de  la  maifoa 
forcit,  ôc  je  demeurai  pour  examiner  de  plus  pif»- 


fur  i.i  géûératlon  de  V Homme.  iç)i 

cet  enfant  que  je  trouvai  d'une  conhllance  très  du- 
re,il  avoit  la  figure  d'une  boule.car  il  retenoit  cel- 
le  qu'il  avoit  eue  dans  le  ventre  de  ta  mère  ,  les 
bras.  Tes  jambes  Se  Ton  épine  écoient  tellement  re- 
tirez &:  delfechez  qu'ils  ne  pouvoient  pas  s'éten- 
dre ,  fon  vifage  étoit  ideux  ,  &  (a  couleur  d'un 
rouge  trés-brun.Je  fis  pluficurs  queftions  au  Frère 
Balbilart  j  mais  il  ne  put  pas ,  ou  ne  voulut  pas 
m'inftruire  du  c  ommencement  de  cette  grolTeire, 
me  difant  pour  excufe  qu'il  n'étoit  pas  pour  lors 
à  Pont  à  Mouiïbn.  Je  m'en  informai  à  des  gens 
de  la  Ville  qui  me  dirent  que  cette  femme  avoit 
eu  quelques  enfans  avant  cette  groflefle  ,  qu'il  y 
avoit  vingr-fept  ans  qu'ayant  fcnti  de  grandes 
douleurs  pour  accoucher  ,  elle  n'avoit  pourtaiic 
point  accouché,  que  vingt-trois  ans  après  étant 
morte  de  maladie  on  l'avoit  ouverte  ,  &  qu'on  a- 
voit  trouvé  cet  enfant  dans  fon  ventre  ,  &  qu'il 
y  avoit  quatre  ans  qu'elle  était  morte.  P^j^^ 

Je  ne  puis  pas  m'erapêcher  de  raporter  ici  la  mcncdu 
penfée  du  Frère  Balbilart  fur  ce  fujet ,  après  lui  ^^'^.^^^  J^* 
avoir  demandé  ce  qu'il  en  penfoit ,  &  comment  il 
croioit  que  cet  enfant  pouvoit  avoir  été  placé  où 
on  l'avoic  trouvé  ;-il  me  die  qu'il  ne  doutoit  point 
que  cet  enfant  ne  fur  jumeau  ,  avec  celle  que  l'on 
croioit  fa  mère  ,  qu'a  la  vérité  deux  enfans  ju- 
meaux croient  pour  l'ordinaire  feparez  6c  hors 
l'un  de  l'autre,  mais  qu'il  y  en  avoit  un  qui  avoir 
été  formé  dans  le  corps  de  l'autre  ,  &  que  cet  en- 
fant étoit  au (11  vieux  que  la  femme  qui  l'avoît 
confenu:je  voulus  lui  faire  voir  l'impolTibilité  qu'il 
y  avoit  que  cela  fut  ainii ,  &  lui  dire  qu'il  étoit 
bien  plus  vrai  feniblable  qu'il  eut  été  formé  dans 
une  des  trompes  ,  &  qu'enfuite  il  étoit  tom- 
bé   dans  la   capacité  de  l'abdomen:  Mais  il    ne 

T    ij 


2  92.  Dijfertation 

voulut  point  fe  rendre  à  mes  raifons  ,  ^  je  le  laif- 

fai  dans  fon  opiniâtreté. 

J'ai  promis  de  raporter  encore  un  fait  prefque 
femblable  aux  trois  precedens  ,  qui  eft  arrivé  de- 
puis peu  de  tems,  &  qui  a  été  donné  au  public  , 
avec  le  titre  de  Récit  exact  d'une  ^roiïellc  extra- 
ordinaire  obfervée  à  l'Kotel-Diea  de  Paris  en  l'an- 
née 1696. 
duarrié-  La  femme  d'un  Marchand  d'or  &  d'araent  de 
conforme  la  rue  lamt  Dcnis  ^  agee  de  trente-quatre  ans, 
aux  ?rc-  d'un  tempérament  allez  délicat,  aiant  déjà  eu  qua- 
tre  enf:ins,Cv:  le  trouvant  gro'ie  d  un  cmquieme  hit 
pblîgée,  par  le  mauvais  état  de  Tes  affaires,  d'avoir 
recours  à  la  charité  de  l'Hôtel- Dieu  où  elle  fut 
reçue  le  24.  Septembre  1696.  Elle  étoit  fui'  fon 
neuvième  mois  &  très  incommodée ,  car  elle  ne 
pouvoir  être  couchée  ni  fur  le  dos ,  ni  fur  les  cô- 
rezjmais  elle  étoit  contrainte  de  fe  lever  inceifam- 
mcnt  ou  dans  un  fauteuil  ,  ou  fur  fes  genoux  dans 
fon  lit ,  la  tête  panchée  fur  fon  eflomac. 

Les  plaintes  continuelles  que  faifoit  cette  fem- 
m.ea  caufe  des  grandes  douleurs  qu'elle  fouffroit  , 
firent  que  la  Maîtreire  Sage-Femme  qui  chcrchoic 
à  la  loulager,l'interrogea  fur  le  tems  &  les  circon- 
ftances  de  fa  grolïèffe  j  elle  lui  dit  que  des  les  pre- 
mières fix  fcmaines  qu'elle  fe  connut  grolîe  ,  elle 
entra  dans  des  douleurs  au fli  grandes  queconti- 
'  nuelles  qui  fe  terminoient  toutes  vers  l'ombilic  } 
que  ces  douleurs  durèrent  jufques  au  troiliéme 
mois ,  Se  que  depuis  jufqu'au  iixiémc  mois  elle 
avoir  été  agitée  de  convulfions  ôc  d'efpeces  de  le- 
rargies,  ét^nt  fou  vent  tombée  dans  des  foiblefTes 
&  des  défaillances  extrêmes;  ce  qui  fit  que  fes 
parens  lui  firent  recevoir  fes  derniers  Sacremens, 
defefperant  de  fa  vie.    Que  depuis  le  fixiéme  mois 


fpir  la  génération  àe  V Homme.  25?  5 

jufqiies  au  huiuéme  ,  elle  reprit:  des  forces  &  Te 
trouva  dans  un  meilleur  état  ,  que  les  douleurs 
qu'elle  avoit  fenties  depuis  ce  tems-la  ccoient  eau- 
fées  par  les  iecoulfes  &  les  efforts  que  l'enfant  fai- 
foin  en  poalï'ant  fa  tefte  à  l'endroit  de  l'ombilic  où 
paroiiloic  une  trés-groile  tumeur  ;  &  de  fait  ,  les 
tcsu'iiens  en  cet  endroit  étoicnt  tellement  dilatez 
5c  émincez  que  l'on  diftin2;uoit  fenliblement  la 
tefte  de  1  enfant. 

Le  récit  de  cette  femme  fit  croire  à  la  Saçre-Fem- 
me  qu'il  y  avoit  quelque  chofe  de  particulier  dans 
cette  grolfelle  ,  elle  en  fut  alïûrée  en  la  touchant  , 
car  elle  ne  put  trouver  l'orifice  interne3&  elle  fen- 
tit  au  travers  du  vagina  un  pied  de  l'enfant  ploie 
contre  la  cuifle  qui  étoit  dans  une  membrane  ten- 
duif,  épaiiîe  &  pleine  d'eau.  Ce  fait  qui  lui  parut 
nouveau  lui  ht  aprehender  des  fuites  facheufcs  de 
cette  groiïeiîè  ,  parce  que  l'enfant  n'étoir  point 
où  il  devoit  être  ,•  ce  qui  lui  fit  redoubler  fes 
foins  pour  cette  femme, &  la  recommander  à 
Monfieur  Hemmerez  un  des  Médecins  de  l'Hô- 
tel-Dieu ,  qui  par  des  potions  cordiales  &  fom- 
niferes  calma  pour  quelques  jours  la  véhémence 
de  ces  douleurs.  Il  la  fit  faigner  du  pied  ,  après 
quoy  l'enfant  ne  fit  plus  les  mêmes  eftorts  vers 
l'ombilic  ,  comme  auparavant  ,  &  l'on  remarqua 
qu'il  ne  formoit  plus  de  tumeur  au  ventre  ,  parce 
qu'avant  apparemment  perdu  la  vie,il  étoit  tom- 
bé dans  le  fond  de  l'hypogaft:re5&  il  ne  reftoic  plus 
dans  toute  la  région  du  ventre  qu'une  difpolition 
hydropique  que  l'on  recojinoilîoit  au  fiotement 
de  eaux  ,  dont  une  partie  s'écoula  pendant  quel- 
ques jours  par  l'ouverture  delà  faignée  ,  ce  qui 
diminua  beaucoup  de  fa  grofièur.  Et  enfin  elle 
mourut  le  zi.Odobre  luivant. 

T    iij 


'194  Diffgytafion 

Monfieur  de  Joiii  Chirurgien  de  l'Hôtel  -  Dieu 
En  prefence  de  Monfieur  Colignon  Maître  Chi- 
rurgien ,  &  de  Madame  de  Goiiey  Maîtrcire  Sa- 
ge-Femme du  même  Hôpital,  en  fit  l'ouverture,& 
voici  comme  il  en  parle.  D'abord  que  j'eus  ouvert 
les  tegumens  il  forcit  environ  deux  ou  trois  pintes 
tant  d'eau  que  de  fang  ,  au  même  inftant  la  tête 
de  l'enfant  qui  étoit  mort  parut  à  nud  ,  &  dé- 
gagée de  toute  envelope  ,  ce  qui  nous  fit  croire 
que  la  matrice  étoit  percée  :  j'ouvris  les  tegumens 
depuis  le  cartilage  xiphoide  jufquesà  l'hypogaftre, 
afin  de  mieux  diitinguer  toutes  chofes.  L'enfant 
étoit  encore  en  partie  dans  une  envelope  qui  lui 
fervoit  &  de  matrice  &  de  membranes,  n'en  ayant 
point  apperçù  d'autres.  Je  tirai  l'enfant  hors  du 
ventre  attaché  à  fon  cordon  que  je  fuivis  jufques 
à  une  groflè  mafle  de  chair  qui  étoit  le  placenta 
où  il  dcmeuroit  inferé:Une  portion  de  cette  maire 
fe  tenoit  fortement  attiïienfentcrc  &  au  colum  du 
côté  gauche  ,  dont  je  le  détachai  avec  peine  pour  ~ 
ne  point  rompre  le  cordon  ,  ce  pour  tout  enlever 
avec  l'enfant  :  A  côté  de  cette  rnafîe  il  y  en  avoic 
une  autre  plus  petite  de  la  grofi'eur  d'un  rein^dans 
laquelle  fe  traînoient  des  branches  du  cordon  de 
l'enfant  ;  elle  ayoit  aufîi  fa  principale  adhérence 
au  menfcntere. 

Il  faut  remarquer  que  la  greffe  maflfe  étoit  toute 
ronde,  &  que  par  là  plus  grande  portion  elle  étoic 
eues  fTifes  ^'^^^chée  intérieurement  à  l'envelope  ou  poche  , 
3,     l'oavcr- dans  laquelle    l'enfant  éroit    refté  ;  que  la  même 
corpi  envelope  étoit  corrompue  en  partie ,  principale- 

ment du  coté  du  nombril 'de  la  mère  ,  où  fe  trou- 
voie  la  tête  de  l'enfant ,  &  contre  lequel  elle  fe 
pou(foitfans  ceife  par  des  fecoulfes  qui  doivent 
tivoir  contribué  à  la  mortification  de  cette  enve- 
lope. 


fuy  la  aénérctt'iondeU'Hêmme.  i^^ 

Cette  poche  ou  membrane  commençoit  aux 
bords  de  U  trompe  droite,&  alloit  en  ligne  obli- 
que du  côté  gauche  ,  fe  terminer  au  fond  de  la 
cavité  que  forme  l'os  facrum  par  fa  cour- 
bure,&  aux  cotez  de  la  vefîie  ,  de  la  matrice  5c 
du  ledum  ,  decendant  ^  s'infînuant  par  une  pe- 
tite portion  ou  allongement  entre  la  matrice  &c 
le  recium ,  parce  que  le  pied  de  l'enfant  l'avoit 
dilatée  &:pouffée  jufques  là  j  la  même  poche  en 
ferrant  &  comprimant  les  autres  parties  voKînes  , 
s'étoit  fait  à-cUe-méme  une  place  allez  conlidera- 
ble  dans  la  cavité  que  je  viens  de  dîrcjcn  forte  que 
la  plu*  grande  partie  du  corps  de  l'enfant  ctoit  au 
fond  de  cette  cavité  entine  pofture  un  peu  ployée, 
!&  non  pas  à  genoux  ,  tandis  que  U  poitrine  &  la 
tête  s'êlevoieut  &  fe  portoieat  obliquement  du 
côté  droit  où  la  tête  enfin  formoit  vers  le  nom- 
bril l'éminence  dont  on  a  p*rlé. 

Je  remis  l'ouverture  de  la  matrice  à  l'aprétf 
midy  ,  que  je  la  fis  en  prefcnce  de  Monfieur 
Hemmeres  Médecin  de  Monlieur  Mauriceau  fa- 
lAieux  Accoucheur  ,  &  de  Meffieurs  Duverney  & 
Mery  célèbres  Anatemiilcs*  Elle  fut  trouvée  à 
l'extérieur  dans  fon  entier  &  dans  Ton  état  natu- 
rel ,  excepté  qu'elle  étoit  un  peu  plus  groiîe  qu'à 
l'ordinaire  ,  (Se  en  l'ouvrant  elle  parut  inté- 
rieurement dans  la  conftitution  où  elle  a  de  cou- 
tume d'être  dans  les  femmes  qui  ne  foût  point 
enceintes.  L'on  inrroduiht  par  la  corne  droite 
un  ftilet  long  &C  menu  qu'on  fit  aifément  palier 
dans  la  trempe  du  même  côté  jufques  à  trois 
travers  de  doigts  de  longueur  ;  mais  on  ne  put 
le  faire  avancer  au  delà  ,  parce  que  cette  trom. 
pe  étoit  bouchée  par  le  retrécillement  &  le  ref- 
lerremenc  qu'elle  avoit  foutfert  un    peu  au  delTus 

\      lllj 


^^6  .   Dtjfertatîon 

de  l'encîroic  où  devoir  commencer  le  pavillon 
que  l'on  ne  prit  pas  connoicre  ,  parce  qu'il  s'écoic 
prodigieufement  dilaré  pour  former  en  is  con- 
fondant avec  le  chorion  &  l'amniosqui  couvrent 
naturellement  le  fœtus, une  envelope  alfez  mince 
qui  s'étcndoit  depuis  la  trompe  droite  dont  ou  la 
détacha,  ulques  au  milieu  delà  trompe  du  côté 
gauche  où  l'on  en  trouva  une  portion  qui  s'y  étoit 
cole'e  i  cette  même  membrane  ou  tunique  ,  s'étant 
aufli  attachée  à  quelques  vifceres  du  bas-ventre  , 
au  redtum  ,  &  à  la  partie  extérieure  de  la  ma- 
trice ;  ainfî  qu'on  le  remarqua  à  des  lambeaux 
qui  tenoienc  encore  à  ces  endroits  j  enfin  la  con- 
cluiionde  toute  la  compagnie  fut  que  l'enfant 
dont  il  efr  quefiion  n'avoit  ni  lejourné  ni  ité  for- 
m:  dans  la  matiice,  &  il  n'y  eut  point  deux  fenti- 
Autrefa't     mcnsia-deîîus 

lue  la  mé.       Le  même  Monfieur  de  Touy  ,  à  la  fin  de   cette 
çç,  relation,  dit  qu  il  y  a  environ  (ix  ans    qu  une  pcr- 

fonne  âgée  de  vingt-deux  ans  fut  apportée  à  l'Ho- 
tei-Dicu  pour  une  maladie  conhdcrable  dont  elle 
mourut  ;  c^ue  iur  la  fin  de  fes  ouis,  ayant  décla- 
ré qu'elle  le  croioic  grofle  de  trois  mois  ,  il 
fe  tint  preft  pour  en  faire  l'ouverture  auffi-toc 
qu'elle  auroit  expiré  ,  &  qu'aiant  ouvert  le  bas- 
ventre  il  inirodullit  ia.  main  pour  chcrciicr  la  ma- 
trice qu'il  trouva  aulîi  petite  qu'elle  eft  aux 
filles  qui  n'ont  poi;-;:  eu  d'en  fans  ,  mais  il  fentit 
à  la  corne  droite  de  la  matrice  une  groiitur  com- 
me d'un  œuf  qu'il  prit  d'abord  pour  une  tumeur 
carcinomateufe  ,  il  la  coupa  avec  fon  fcalpel 
proche  de  la  matrice  pour  la  tirer  &  l'examiner  : 
Il  trouva  au  dedans  les  ollemens  d'un  enfant  delTe- 
chéjcivec  ion  cordon  qui  étoit  enduit  tout  autour 
d'une  humeur  blanche  de  ^laftreure  comme  d'un 


fiir  la  génération  de  l'Homme.  t<)j 

vernisjtoutes  les  autres  parties  de  la  matrice  étant 
fort  faines, Il  fit  voir  ce  fœtus  à  Monfieur  Daver- 
ney  à  qui  ce  fait  parut   très- rare 

Si  je  voulois  feuilleter  nos  Auteurs  je  trduve- 
rois  beaucoup  de  faits  hiftoriques  femblablc^  à 
ceux  que  je  viens  de  rapporceri  mais  ceux-ci  ct-inr 
arrivez  de  nos  jours,  &  y  ayant  une  inhnire  de 
perfonnes  qui  en  ont  efté  témoins ,  je  ne  croi  pas 
que  l'on  puilîe  les  contefter  comme  on  pourroît 
faire  ceux  des  (îecles  palfez  ,  c'eft  ce  qui  nie  fait 
croire  qu'en  voila  fufïiramment  pour  nous  pcr- 
fuader  que  l'opinion  la  plus  vrai-femblable  fur  la 
génération  ,  eft  celle  qui  l'explique  par  les 
œufs. 

Exempt  de  toute  prévention  pour  les  anciens , 
&  ne  me  Conformant  aux  modernes  qu'autant  que 
leurs  raifonnemens  me  paroifl'enc  apniez  fur  une 
ftructure  de  parries  que  je  voi  &  que  j'examine 
moi-même,  &  fur  des  expériences  certaines  ,  ^e 
vas  tâcher  de  mettre  dans  tout  fon  jour  ce  fyftê- 
me  des  oviftes  ,  qui  eft  un  des  principaux  fruits 
des  découvertes  que  l'Anatomie  a  faites  en  ce 
fîecle. 

Pour  produire  un  animal  il  faut  être  deux  ,  le  Le  mà'e 
mâle  &  la  femelle, fans  quoi  la  génération  eft  im-  j^'  ^,^j^~^ 
poffiblc;chacun  d'eux  contribuant  de  fa  part  à  \.\\\  cohcoi:rir  à 
œuvre  fi  admirablc:commencons  par  examiner  ce  it„''^^^°""* 
que  l'homme  fournit  de  fon  côté  ;  &:  enuiite  nous 
ferons  nos  efforts  pour  découvrir  ce  qui  fepafTe 
chez  la  femme 

Les  diftîcultez  les  plus  grandes  fur  le    fait  de  la  Ce   que  le 
génération  ne  fe  trouvent  pas  d^ns  l'homme  ;  on  ™^.^' 7  ^^^' 
voit  allez  ce  qu'il    donne  ,&  comment  il  le  don- 
ne j  ce  qui  fe  réduit  a  deux  chefs  ,   le  premier 
eft   de  produire    de  la  femence  ,    &  le  feconi 


19S  Dijferlatun 

de  porter  cette  femence  dans  la  matrice. 
Il  eft  certain  que  dans   tous  les   animaux  il    Ci 
0^0-5^  °"  P'-'oduit  une  femence  capable  de  faire     naître    un 
far  ce  Ai/cr.  autre  animalfcmblable   a  celui  dont  clic  efl:  for- 
îie  :  Mais  il  n'eft  pas  facile  de   fçavoir  comment 
elle  fe  faic.  Je  trouve  quatre  opinions  fur  la  na- 
ture de  la  femence.  Les  uns  difent  qu'elle  eft  une 
cotlion  &  converlion  de    fang  en  femence.   Les 

o 
autres  que  c'eft  un   fuc  apporté   par  les  nerfs  aux 

parties  de  la  génération.  Les  troifîémes  enfeig- 
ncnt  qu'elle  elt  une  feparation  &  hltration  des 
particules  feminaires  qui  fe  fait  par  le  moyen  des 
tefticules  i  &  les  derniers ,  qu'elle  cil:  un  compofé 
d'une  infinité  de  petits  animaux  que  l'on  ap- 
pelle feminaires.  Il  faut  expliquer  cous  ces  fenti- 
inens. 
Premietc      ^^^  premiers  Anatomifles  ont  crû  que  le   fang 

opinion,  étoit  la  matière  de  la  femence  ,  qu'il  ctoit  apporté 
aux  tefticules  par  quatre  vaillcaux  fpermaciques  5 
fçavoir! ,  deux  artères  &  deux  vénes  jque  lavcne 
&  l'artère  du  même  côté  fe  communiquoient 
l'une  l'autre  par  plufieurs  anaftomofes  ;  qu'il  fe 
faifoit  par  ce  moyen  un  mélange  du  fang  artériel, 
ftvec  le  vénal  ;  ce  qu'ils  difoicnt  être  une  pré- 
paration à  cette  humeur  pour  être  changée  en 
femence  ;  (Se  c'eilU  raifon  pourquoi  ils  ont  nom- 
mé ces  vailîeaux  ,  prépârans ,  ils  croioicnt  que 
ce  fang  mélangé  étoit  porté  au  tefticule  ,  &  que 
là  il  étoit  cuit  &  converti  en  femence  par  une 
vertu   ou    faculté    particulière  de     cet    organe, 

La  réfuta-  Cette  opinion  fe  détruit  par  trois  raifons,la  pre- 
mierc.c'eft  que  la  vcinc  ne  porte  point  de  lang 
au  teil:icule,&  la  circulation  nous  apprend  qu'elle 
î-aporre  à  la  maiîe  celai  que  les  artères  avoient 
porte  à  rctte  partie.  La  féconde  ,  c'cft  qu'il  n'y 


tjDn 


/«f  la  génération  de'  l'Homme,  299 

a  point  de  communication  de  l'artère  avec  la  vé- 
ne,ôc  que  même  il  ne  doit  point  y  en  avoir,  com- 
me j'ay  fait  voir  dans  mon  Anatomie  ,  en  démon- 
trant ces  canaux  ,  ainiî  ce  prétendu  mélange 
ne  fe  fait  point;  d<.  la  troi(îéme  ,  c'eft  que 
l'on  ne  trouve  point  dans  le  tefticule  de  cavité 
où  cectc  coction  fe  pullfe  faire  ,  les  artères 
lînillànt  à  la  partie  fuperieure  du  ttrlHcule  où 
il  n'entre  du  fâng  que  ce  qu'il  en  faut  pourle 
nourrir* 

Les    Auteurs  de  la  féconde  opinion    ont  cru 

/  JT  I  •     Deuxième 

avoir  mieux  rencontre   en  dilant ,  que  la  matie-  opinion. 

re  femînale  étoit   un  fuc  apporté  par   les   nerfs 
aux    parties  de  la  génération  ,  qu'elle    étoit   un 
écoulement    du  cerveau  qui  fe  faic  fur   ces  par- 
ties ;  que  même   dans   le   rems    de    l'ejaculation 
on  la  fentoit  venir  le  loûg    de   l'épine    du  dos  ; 
qu'après  l'adion  ,  l'animal    fe    fentoit  foîble   & 
abatu  par  la  grande  diflipation   des    cfprits  ani* 
maux  ,  que    la    femence     entrai noit    avec  elle  , 
&  qu'enfin   la   couleur   de    la     femence   fembla- 
ble  à    celle   du  lue   animal  3  qu'on    peut    expri- 
mer des  nerfs, devoir  faire  voir  le  peu  de    diffé- 
rence qu'il  y  a  entre  ces  deux  liqacurs   Cette  opi-       Rcfurii- 
lîion  eft  au(tî;détruite  par  trois    raifons  ;  La  pre-  f*^.;^^,  '* 
nixere  ,  c  elt  que  tes    nerts   n  ont    point  de  cavi-  opinion, 
té  capable   de    porter   une    matière  femblable  à 
la  femence  ,  ils  font  feulement  difpofez   de    ma- 
nière   que  le  fuc  animal  peut   couler  le  long  de 
leurs    fibres,   parce    qu'il    eft  trés-fubtil  :    Mais 
n'étant  pas  creux  ils  ne  peuvent  pas  conduire  de 
la    femence.    La    féconde  ,  c'eft   que  les   feftîcii- 
Ics   feroient  abfolumcnt    inutiles  ,  puifque  la  fe- 
mence viendroit  d'ailleurs  que   par    leur  moyen  : 
^  la  troificme  ,  c'eft  qu'il  n'cft  pa»  vrai  que    les 


joo  Differtatlon 

nerfs  puilTent  apporccr  une  femence  prolifique  , 
puifque  ceux  à  qui  l'on  a  ôté  les  tefticules  ne 
peuveni;  point  engendrer  ,  quoique  les  nerl^s  qui 
vont  aux  vefïicules  feniinaiLes  &  aux  protafîes 
fubfiftent  encore. 
Troihc-  Y,^  rroiliéme  opinion  qui  nous  dit  que  la  fe- 
wea.  menceelt  un  compole  de  piulieurs  particules  le- 

minaiies  filtrées  &  fcparées  du  fang  par  le  refcicu- 
ie  eft  la  plus  vrailcmbliible  ,  parce  qu'elle  cil  fon- 
dée lur  un  principe  certain  qui  eft  la  circulation 
qui  nous  apprend  que  les  artères  fpermatiques 
portent  au  tefticule  du  lang  que  les  vénes  repor- 
tent au  cœur  pour  être  diltribué  au  refte  de  la 
malie  j  que  la  (emcnce  qui  (e  trouve  dans  le  fang 
de  ces  altères  eit  criblée  &  icp.iréc  dans  les  tefti- 
cules lôrfqu'il  y  palTe  ,  &:  quelle  eft  cnfuite  por- 
tée par  les  vaiftéaux  dtferens  aux  velTicules  iemi- 
iiaires  pour  lervir  dans  le  bcloin. 
Preuves  Les  expericpiccs  anaromiqnes  jointes  à  la  con- 
c  cette  j-ioifTàncc  que  nous  avons  de  la  ft  ru  dure  du  te- 
uici.ie  ,  nous  enicignent  que  la  production  de 
la  femcrjce  eft  une  hltiation  continuelle  de  plu- 
sieurs particules  qui  amaflées  enfemble  font  une 
liaueur  pronre  à  former  un  homme  :  Mais  il  eft 
diffid'ede  concevoir  comment  tant  de  parties 
diff-^ix-nres  dont  l'homme  eft 'compole  ,  peuvent 
s'alfembler  fi  exactement  dans  la  femence  qu'el- 
les ne  manquent  jimaîs  de  proi^uire  un  corps  or- 
j^aivifé  feinblable  à  celui  doi^t  elle  eft  émanée. 
Monlieur  Lami  dans  fes  difcours  Anatomiques  3- 
dit  que  la  même  nccefïité  qui  fait  que  les  plantes 
après  un  certain  tems  ,  poulîcnt  des  femcnces 
dont  il  s'en  engendre  de  femblables ,  fait  au (îî 
que  les  animaux  ont  dans  un  certain  âge  de  la 
femence  qui  doit  abiolument    produire  un    être 


fitr  la  céneration  de  l'Homme»  3  d  1 

Bc  même  naciuc  qu'eux ,  &  voici    comment  il 
explique  que  cela  fe  fait. 

L'humidiré  de  Tcnf^nce  étant  confumée  pa» 
la  chaleur  qui  a  plus  de  force  ,  il  fe  trouve  dans 
le  fangplus  de  ccrpulculcs  propres  à  nourrir  les 
parties  ,  &  à  reparer  la  perte  qu'elles  font  ,  qu'il 
n'en  faut  pour  cet  ufage  j  de  forte  qu'un  trej- 
grand  nombre  de  ces  particules  ne  trouvant  point 
où  fe  placer,  font  obliç^ées  de  retourner  avec  ie 
lang  :  il  revient  de  la  tète  des  particules  propres 
à  recompalTer  toutes  les  parties  diiTcrentes  dont 
elle  eft  faite  ,  Ik  ain(i  des  antres  ;  Toutes  ces  for- 
tes de  particules  mêlées  avec  le  fang  en  font  ié- 
parées  par  le  moyen  des  tellicules,  au  travers  det. 
quels  elles  fe  criblent  ,  &  en  fe  raffemblant  elles 
font  une  humeur  qui  eft  la  partie  fenhble  &  cor- 
porelle de  la  lemence  ;  il  ajoute  que  fe  faifant 
auffi  plus  d'efprits  qu'il  n'en  eft  befoin  pour  ré- 
parer la  perte  qui  s'en  fait  tous  Ls  jours  ,  il  s^'en 
détache  une  certaine  quantité  qui  fe  porte  avec 
impetuolité  au  tefticule  par  le  moyen  des  nerfs, 
&  qui  fe  mêlant  avec  l'humeur  forme  une  femen- 
ce  féconde  &  vivifiée  ,  qui  pourlors  a  la  vertu  de 
produire  un  homme  ;  en  ce  que  les  particules  qui 
fe  font  détachées  de  tous  les  endroits  de  la  tête  ; 
par  exemple,  ont  des  difpofitions  &  des  mouvc- 
mcns  à  fe  joindre  enfcmblc  ,  de  manière  que  cha- 
cune fe  retrouvant  arrangée  entre  les  autres  com- 
me elle  étoit  en  compofant  cet  organe, il  en  ré- 
sulte une  tête  toute  fcmblable,  quoi  qu'incompa- 
rablement plus  petite,  &  de  l'union  des  autres  or- 
g  in?s  formez  par  les  mêmes  loix  ,  il  fe  fait  un  en- 
h  nt  dont  les  membres  fe  voyent  dans  la  même 
proportion  que  ceux  de  fou  père  ,  ce  qu'on  expli- 
*quera  davantage  dans  la  fuite. 


302  Dljfertatîon 

^^Quirné-       jLa  quatrième  opinion  ,  qui  eft  toute    nouvelle 
uion.  efc  qu'ji  y  a  une  infinité  de  petits  animaux  à  qui 

ils  ont  donné  ie  nom  de  Teminaires ,  qui  nagent 
&c  voltigent  dans  la  liqueur  qui  Fait  le  corps  de  la 
femence  ,  l'on  die  qu'avec  le  microicope  on  le 
découvre  aiiément,  (S>:  l'on  m'a  allure  que  Mef- 
fîeurs  de  l'Académie  des  Sciences  en  avoient  vu 
dans  de  la  femence  d'hommes  ,  de  chiens  ,  de  ca- 
nards ,  &c.  Ceux  qui  appuyent  cette  opinion  di- 
fent  que  l'on  les  voit  en  mouvement  dans  la  fe- 
mence de  même  que  l'on  apperçoît  nager  de  pe- 
tits ferpens  dans  le  vinaigre,  ils  prétendent  que  ces 
animaux  feminaires  font  autant  de  çraines  d'hom- 
meSjqu'ctanf  portez  à  l'ovaire  ,  &  venant  à  fraper 
J'œil  le  plus  piochain  ,  un  de  ces  animaux  en  per- 
ce le  membrane  j  ou  fe  fourre  dans  cet  œuf  par 
une  ouverture  qu'on  y  fuppose  ,  &  qui  fe  refer- 
mant aufli-tot  après  lâiffe  périr  à  la  porte  les  au- 
très  petits  animaux ,  à  moins  que  quelqu'un  d'eux 
n'aille  chercher  à  fe  glifler  dans  un  autre  œuf.L'a- 
nimal  qui  eft  entré  dans  l'œuf  lui  fertde  geime,&: 
le  faifant  enfler  ,  en  le  rendant  fécond  ,il  le  déter- 
-  mine  à  fe  dégaeer  de  l'ovaire ,  &z  tomber  dans  là 
trompe  ,  qui  le  conduit  jufques  dans  la  matrice. 

Une  perfonne  m'aflhrant  d'en  avoir  vu  ,  &  me 
difant  qu'ils  étoient  Ci  petits ,  qu'à  peine  pouvoit- 
on  les  reconnoître  par  le  fecours  du  microicope, je 
lui  dis  qu'il  falloir  donc  qu'il  y  en  eûr  plus  d'un 
cent  dans  trois  gouttes  de  femence  ,  il  me  répon- 
dit qu'il  y  en  avoit  vu  plus  d'un  million.  Surpris 
de  cette  réponfe,je  lui  répliquai  quepuifque  d'une 
il  effroyable  quantité  de  petits  hommes  ,  il  n'y  en 
avoit  qu'un ,  ou  tour  au  plus  deux^  qui  fuflenc 
employez ,  c'étoit  bien  de  la  graine  perdue  :  Il 
ajouta  que  pour  les  pouvoir  dircerner  il  f  alloit  que 


fur  la  génération  de  l' Homm»^  5  »  5 

la  femence  fût  nouvi  llement  ionie  ,  &  encore 
chaude,  à  cela  je  lui  dis  qu'il  en  arrivoit  peutê- 
tre  dans  cette  occafion  comme  lorfqu'il  y  a  quel- 
que fente  à  une  fenêtre, par  où  le  Soleil  entrant 
Ton  voit  une  infinité  de  petits  atomes  voltiger  à 
Tendroit  où  les  rayons  du  Soleil  donneur  ,  qui 
fcmblent  être  de  petits  animaux  que  l'on  croiroic 
vivans  fi  l'on  n'étoit  pas  alfa  ré  d'ailleurs  que  ce 
n'eft  que  de  la  poulïiere,&:  que  quand  on  a  tiré  d.11 
fang  par  la  faignée  l'on  apperçoit  dans  la  palette, 
les  hbres  fe  mouvoir  jufques  à  ce  qu'elles  ayent 
pris  leur  place  en  defcendant  au  fond  de  la  palette 
&  jufqu'à  ce  que  le  fang  foit  refroidii  \  que  dans  la 
femence  il  pouvoit  y  avoir  de  petites  fibres  è^t^i- 
nées  à  former  les  os  i'^  les  parties  les  plus  groffieres 
du  corps  ,  lefquelles  fe  mouvant  quand  elle  étoic 
encore  chaude ,  pouvoient  palfer  pour  des  ani- 
mauxj  &  fur  l'objedion  que  je  lui  fis  que  par  le  pe- 
tit trou  que  l'animal  doit  faire  pour  entrer  dans 
l'œil,  la  liqueur  qui  y  eft  contenue  peut  s'échaper: 
il  me  dit  qu'il  y  entroît  de  la  même  manière  que 
l'on  fait  entrer  de  l'air  dans  un  balon,lequel  on  y 
introduit  aîfément  fans  que  celui  qui  y  eft  renfer- 
mé puillé  fortir  ;  ou  bien  qu'il  y  avoit  à  la  mem- 
brane de  l'œuf  de  petites  valvules  qui  permettoient 
à  l'animal  feminaiie  de  s'y  infinuer  pendant  qu'el- 
les empêchoient  la  liqueur  de  fe  répandre:Les  de- 
couvertes  ne  fe  font  qu'en  cherchant,&  en  exami- 
nant tout  ce  qui  fe  prefente  ;  c'eft  ce  qui  m'a  fait 
raporter  ici  cette  converfationque  je  finis,en  difanc 
.•a  cette  perfonne  que  cela  mcritoit  confirmation. 

Monfieur  Harfou  Kcr  dans  fon  ElTai  de  Dioptri-   Preuve  de 
que  dit  qu'il  croit  être  le  premier  qui'ait  examiné  l'authmrdc 
4a  femence  des  animaux  avec  le  rnicrofcope ,  qu'il  aioa  ^^  " 
^  découvert  «qu'elle  eft  remplie  d'une  infinité  d'au- 


^64  Dtjfertatîdn 

très  animaux  ;  ce  qu'il  Ht  mettre  dans  le  3 1. jour- 
nal des  fçavans  de  l'année  1678.  il  airLive  d'avoir 
obiervé  que  celle  des  hommes  &  des  quadrupè- 
des efl"  pleine  de  plufieurs  petits  animaux  fembla- 
bics  à  des  grenoiiilles  naiilantes  ,  &  que  ceux  qu'il 
a  vus  dans  la  femence  des  oileaux  lont  faits  com- 
me des  vers,ou  des  anguilles  -,  il  ajoute  que  quand 
il  parle  de  la  femence,  il  n'entend  point  parler  de 
cette  matière  gluante  qui  vient  des  proftatcs, 
mais  de  la  liqueur  qui  contient  les  animaux  ,  & 
qui  vient  des  vefïïcules  (eiu'naires  ,  qu  il  ne  fe 
trouve  aucun  animal  dans  cette  matière  gluante 
qui  femble  ne  fervir  qu'à  graifier  le  chemin  par 
où  ces  animaux  doivent  palier ,  afin  qu'ils  n'y 
foient  point  blclTcz  :  Il  dit  encore  qu'ils  vivcnc 
beaucoup  plus  long-tems  s'ils  font  d'un  animal 
jeune  èc  vigoureux  ,  que  s'ils  toncd'un  animal 
dcja  vieux  ,  qu'une  chaleur  allez  modérée  de  feu 
les  fait  mourir  incontinent  ;  mais  qu'on  les  peut 
expofer  pendant  plulieurs  heures  au  froid  fans 
qu'ils  en  meurent  i  qu'une  goûte  d'eau  de  vie,  ou 
d'autre  liqueur  forte  les  tuë  en  un  inftant  ,  qu'il 
n'en  trouva  aucun  dans  la  femence  d'un  homme 
Qu'il  exaiiiina  après  avoir  connu  une  femme  pin- 
ceurs fois  de  fuite  ,  &c  qu'il  n'y  avoit  pas  de  quoi 
s'en  étonner  ,  car  les  vcflicules  feminaires  ,  où  fe 
garde  la  femence  comme  dans  un  reforvoir  après 
être  découlée  des  tefticules ,  ayant  été  épuifée,  il 
ne  venoit  que  cette  matière  gluante  des  proftates 
laquelle  on  appelle  improprement  lemence  ;  &  oit 
il  ne  fc  rencontre  aucun  de  ces  petits  animaux.En- 
fin  il  croit  que  chaque  petit  animal  renferme  & 
cache  aduellement  &  en  petit  fous  une  peau  ren- 
dre &c  délicate  un  animal  mâle  ou  femelle ,  de  la 
même   cl pece  de  celui  dans  U  femence  duquel  il 

fc 


fur  la  génération  de  l'Homme.  5  o  j 

fe  trouve  j  c|ue  iorfqu'un  animal  cft  entré  dans 
f  œuf  que  la  femme  a  jecté  de  Tes  tefticules  ou  ovai- 
re dans  la  macrice  par  des  conduits  que  i'Anato- 
mie  y  découvre  vifiblemenc  ^  cet  animal  s'unit  à 
l'œuf  par  la  partie  la  plus  tendre  de  Ton  corps,  & 
ToEuf  a  la  mat[ice  j  &  qu'enfin  ces  trois  corps ,  la 
femme,  rœuf,(3c  le  petit  animal  ne  doivent  par 
conicquent  être  regardez  que  comme  un  feul,  le 
fang  palîànt  par  la  circulation  de  la  femme  à  l'œuf, 
de  Tœuf  au  pecit  animal ,  du  petit  animal  retour- 
nant à  l'œuf,  &  de  l'œuf  à  la  femme. 

11.  y  a  apparence  que  cette  Obfervation  que 
nous  raporte  Monfieur  HartfocKer,  a  donné  ori- 
gine à  cette  opinion  ,  mais  elle  n'eft  pas  fans  dif- 
ficultez. 

De  ces  quatre  opinions  fur  la  nature  de  la  Te-    jygç^çQj 
mence  ,  la  première  vc  la  féconde  ne  fe  peuvent  dcce.qua- 
pasfoùtenir,  c'eft  la  troiliéme   qui  me  paroi t  la  Jj^^^^^" 
véritable;  car  fur  la  quatrième  jen'oferois  encore 
prononcer  ;  il  faut  atte  dre  que  l'on  en  foir  plus 
aniplement  tclairci. 

Pluùeurs  particules  feminales  ayant  éié  fépa- 
rées  du  fan^  par  la  diipcfitio  naturelle  des  teili- 
çules,  il  y  une  .'.nfinité  de  petites  racines  des  épi- 
didimes  qui  les  reçoivent  &  les  portent  dans  ces 
corps  glanduleux,  d'où  elles  entrent  dans  les  vaif- 
feaux  deferensqui  les  conduifcnt  goutte  à  goutte 
dans  les  vefficules  feminaires,où  toutes  ces  parti- 
cules ramadées  enf^mible  font  cette  liquenr  pro- 
lifique, que  l'on  appelle  femence,  qui  eft  mife  en 
refcrve  dans  ces  pecis  facs. 

Mais  tous  les   foins  que  la    nature  prend    de     De  laça» 
pertectionner  cette    liqueur  ,   Icroient    inucues 
(i    elle  demeuroit    toujours  dans   les  refcrvoîrs, 
il  faut  donc  qu'elle  eu  foxiC,  &  qu'elle  foi;  vei- 

V 


^o6  'Dijfertatton 

fée  dans  un  lieu  capable  de  produire  un  homme  s 
Ce  lieu  eft  la  matrice  ,  &  l'action  qui  fait  cou- 
ler la  femence  dans  ce  lieu ,  fe  nomme  copula- 
tion. 

Les  animaux  n'ont  point  befoin  d'être  incitez 
à  cette  aélion  ,  il  n'eft  pas  même  necefTaire  de 
les  inftruîre  de  ce  qu'il  faut  faire  pour  l'accom- 
plir 3  ils  ont  tous  un  inftinâ:  naturel  qui  les  y 
détermine  chacun  dans  leur  cf  pece  ,  «Se  de  la  ma- 
nière qui  leur  convient  mieuN.  L'homme  com- 
me eux  s'y  porte  deluy-mcmc  ,  quand  il  c'.l  par- 
venu à  un  certain  âge  ,  la  nature  lui  en  trace 
elle-même  le  chemin,  &  quoi  qu'il  foi t  quelque 
fois  élevé  dans  l'ignorance  ,  ôc  qu'il  n'ait  ja- 
mais entendu  parler  de  copulation  ,  il  fçait  com- 
ment on  s'y  doit  prendre  ,  &  il  ne  lui  faut  point 
d'autre  maître  fur  cet  article  ,  que  d'écout{;r 
comme  les  animaux  ce  que  la  nature  lui  infpire, 
avec  cette  différence  néanmoins  que  '  c^^ft  un 
emportement  brutal  qui  y  entraîne  les  animau.x: 
Mais  que  l'homme  ne  doit  ufer  d'une  telle  ac- 
tîon,qu'autant  que  la  raifon  Se  les  loix  le  permet- 
tent. 

Si  je  pavîe  donc  de  copulation  ,  ce  n'eft  pas 
que  je  veuille  rien  montrer  à  l'homme  là  delïus  , 
je  prétens  feulement  vous  en  en  entretenir  en  Phi- 
lîcien  qui  tâche  de  pénétrer  dans  les  ouvrages  de 
la  nature,  ôc  de  dévclopcr  tout  ce  qui  fe  paiîe  fur 
le  fait  de  la  génération.  Je  m.e  fervirai  pour  cela 
des  termes  les  plus  modeltes  ,  me  tenant  dans  les 
termes  d'un  Anatomifte. 

La  copulation  eft  une  jon(Stion  du  mâle  avec 
la  femelle  :  l'un  de  l'autre  s'y  laillènt  fouvcnc 
empoiter  par  une  paffion  farieufe  qui  n'écoute 
point  la  raifon  ,  ôc   qui  cherche  à    fe  fatisfaire  : 


fur  la  génération  de  l'Homme,  507 

cette  paflloa  ell  caiifée  par  une  émotion  meslée  de 
plaîfir  c<  de  douleur  que  l'on  relT^nt  dans  les  par- 
ties  naturelles  ,  &  qui  fait  naitie  Pcnvie  de  s'ac- 
coupler:dans  cette  adion  c'eft  le  mâle  qui  donne, 
&  la  femelle  qui  reçoic  ;  nous  Içavons  que  c'cft  de 
U  femence  qii  il  donnCjmdis  il  faut  rechercher  ce 
qui  eft  necelftire,afin  qu'il  la  donne  ;  c'cil:  ce  que 
nous  allons  faire 

Afin  que  la  femence  du  mâle  puilîe  être  portée 
dans  la  matrice.  Trois  circonftances  font  abfolu-  .^<^yc^«c- 
ment  necellau-cs  ;  &  lans  elles  la  copulation  ne  le  verge. 
pourroit  point  exécuter;  lapremiere,eft  i'éredtion 
de  la  vcree,  la  féconde  eft:  Pintrodudtion  de  cette 
verge  dans  le  col  de  la  matiicc  ;  &L  la  troiiiéme  efl; 
l'éjaculation  de  la  femence, 

La  verge  fe  confidere  en  deux  états  ditferens  , 
ou  quand  elle  eft  mole  &  pendante  ,  &  alors  elle 
ne  peut  point  travailler  à  la  génération  ,  o\x 
quand  elle  eft  roide&  droite  ,  ,&  c'eft  pour  lors 
qu'elle  peut  porter  la  femence  au  lieu  deftïné  j 
ce  fera  au  (Il  dans  ce  dernier  état  que  noL7s  l'exa- 
minerons. Je  vous  ay  fait  voir  dans  mon  Anato- 
mie  que  c'étoit  le  fang  arteiiel  quicnrrant  dans 
les  nerfs  caverneux  en  faifoit  la  tenfion  \  les 
expériences  que  j'en  ay  faites  m'ont  deiabu- 
fé  de  l'opinion  des  anciens  qui  crovoient  qu'elle 
ctoit  gonflée  par  des  efprits  :  mais  outre  la  difpo- 
fition  naturelle  des  nerfs  caverneux  à  recevoir  da 
fan^CT  par  des  artères,  à  l'arrêter  quelque  tems  , 
&  à  le  verfer  enfuite  dans  des  veines  ,  la  raifon 
veut  qu'une  fî  forte  tenfion  ne  fe  puille  pas  faire 
par  du  vent,mais  par  quelque  cliofe  de  plus  grof- 
fier,tel  qu'eft  le  fang.  Cn  obferve  que  les  grolfes 
Verges  ont  plus  de  peine  à  devenir  roides  que  les 
petites  ,  qu8  auand   elles  le  font  elles  ne  fe  fou- 

V  ij 


5  o  8  Dîjfertatlon 

tiennent  pas  C\  bien  ,  parce  qu'il  faut  plus  de  fang 
poux  les  remplir  ;  &:  que  quand  elles  en    font  plei- 
nes elles  font  plus  pefantes,  &  panchent  par  con- 
fequent  bien-tôc  en  bas.  Il  arrive  quelquefois  des 
érections  fi  fortes  j  que  la  Verge    demeure    tou- 
jours tendue  j  ce  font  des  maladies   très  -  incom- 
modes &  dangereufes  ,  que   l'on  appelle  Priapif. 
me  (Se  Satiriahs:Ces  érections  ne  font  pas  propres 
à  la  génération  ,  il  faut  de  celles  où  l'imagination 
étant  échauffée  par  l'idée  du  plaifir  ,  le  (uc  ani- 
mal ,  que  l'on  peut  appeller  efprit,  fc  décachej  & 
court  promptement  par  les  nerfs  aux  parties  de 
la  génération,  où  le  verfant  dans  les  coups  caver- 
neux  5  (Se  fe  mêlant  avec  le  fang  artériel   qu'il  y 
trouve^il  fe  fait  de  ces  deux  liqueurs  une    efpece 
d'ébullition  ,  d'où  la  bonne  éreôlion  efl;  occalîon- 
née,  L'ére6tion  n'efl  utile  que  pour  donner  moien 
à  la  verge  de  s'introduire  dans  le  col  de  la  matrice, 
&  de  répandre  dans  ce  champ  la  femence  du  fruit 
qu'il  doit  porter.  La  nature  qui  a  appris  a  tous 
les  animaux  la  pofture  convenable  pour  y  parve- 
nir ,  a  aulîi  inftruit  l'homme  de   la  manière  qu'il 
devoit  s'y  comporter,  &  chacun  fçait  les  règles 
de  bienfeance  que  la  railon  lui  impofejc'eft  pour- 
quoi je  pallcrai   (ous  filence  cet  article  ;  je  dirai 
feulement  que  l'introdui) ion  plus  ou   moinspro- 
fonde  de  la  verge  ne  caufe  aucun  changement  à  la 
génératioUiparce  que  l'adlion   des  deux  ligamens 
loi.ds  eft  d'aprocher  le  fond  de    la  matrice  au  de- 
vant de  la  verge,  pour  recevoir  la  femence  dans  le 
rems  de  l'éjaculation,&  cet  ufage  me  paroit  plus 
propre  à  ces  deux  ligamens  que  celui  qu'on  lui  a 
donné  jufqu'à  prcfent  ,  d'empêcher  que  la    ma- 
trice ne  monte  trop  haut. 
L'éJACulation  qui  doit  fuîvic  rintrodu^^ionjfe  fait, 


fur  la  génération  de  V  Homme.  509 

lors  que  la  femence  fortanc  des  véhicules  fcminai-  De  l'éja- 
rcs  ,  padc  par  les  vaiileaux  éjaciilacoires ,  oC  encre  u  fclncncc^ 
dans  le  conduit  de  l'uretie  ,  d'où  elle  eft  jercce  de- 
hors avec  élancement  par  les  convul/îons  qui  pren- 
nent à  la  verge.  Je  remarque  en  premier  lieu  que 
cette  émiOioa  fe  fait  plus  promptement  dans  les 
uns  que  dans  les  autres  ;  ce  qui  vient  ou  parce  que 
ceux-là  font  plus  ardens  que  ceux-ci;  ou  parceque 
leurs  veiricules  fcminaires  font  plus  pleines  de  fe- 
xnence-.Secondement  que  la  quantité  de  la  femence 
éjaculée  ne  fe  peut  limiter,  les  uns  en  jettant  plus 
que  les  autres  ;  &  qu'il  fuffit  qu'il  y  en  ait  alTez 
pour  être  portée  jufques  à  l'ovaire:  Comme  Téia- 
culation  eft  la  fin  de  l'adion  dans  l'homme  ,  c'eft 
aulTi  le  but  qu'il  le  propofe, parce  que  c  efl:  le  mo- 
snent  auquel  le  principal  plaifir  eft  attaché,  &:  tout 
ce  qui  précède  ne  fe  fait  que  pour  arriver  à  cet 
inftant  ,  qui  eft  de  très- peu  de  durée. 

C'eft  fouvent  ce  plailir  fi  court  qui  détermine  Duplalfîr 
l'homme,  plutôt  que  le  deiir  d'avoir  des  enfans,  *^^.'^  co?u- 
En  ehet ,  li  la  nature  n  avoit  pas  nus  dans  les  par- 
ties naturelles  une  volupté  finguliere  qui  fe  fait 
fentir  dans  les  embrademens  ,  cette  aélion  auroic 
été  indiftcrente  à  l'homme,  dc  il  ne  s'y  feroit  porté 
que  très-rarement:  mais  la  nature  qui  vouloic 
perpétuer  les  efpecesen  les  renouvellant  fans  ceffe, 
a  attaché  à  ces  parties  un  plaifir  qui  contraint  les 
animaux  de  s'accoupler,  Se  auquell'homme  avec 
toute  faraifon  n'eft  pas  capable  de  rcfifter,  Mr 
Lami  en  fait  un  fixiéme  fens  diftingué  des  autres  , 
il  dit  que  de  mcme  que  l'on  goûte  en  mancreant 
un  plaifir  particulier  ,  dont  aucune  autre  partie 
que  la  langue  &  le  palais  n'eft  fufceptible  ,  aulîi 
dans  l'accouplement  on  trouve  unplaiiir  fin^ulier 
qui  n  e  peut  fe  fentir  que  dans  les  organes  de  la 

V    ï\] 


$  î o  D'tjfertatlon 

génération,  &  que  c'eft  ce  plaîfir  qui  engage  les  - 

animaux  à  fe  makipiierjComme  le  goût  les  oblige 

à  fe  nourrir. 

Delacau-       ^^  ^^    ^"  peine    de  fçavoir  ce  qui    fait   ce 

^^,  ^^  ce     plaifîr    :  Les   uns   l'attribuent  au    kl  de  la  fe- 
plaifir,         *  ,  r    '  ' 

mence  ,  les  autres  aux  elprits  qui   accompagnent 

la  femence.  Je  ne  croi  pas  qu'il  y  ait  dans  la  fe- 
mence  des  fels  en  une  quantité  fultifante  pour  pi- 
coter les  parties  par  où  elle  palïe  ,  &  caaier  un 
plaifir  auffi  agréable  que  celui  que  l'on  relîènt;&; 
il  les  icls  y  abondoient  ,  elle  auroit  trop  d'acreté 
&  de  pointes.  Il  y  a  plus  d'apparence  que  la  titil- 
lation &  le  plaifir  proviennent  des  efprits  mêlez 
avec  la  femence  ,  parce  qu'étant  des  particu- 
les fouples  cv  mobileSjils  affleurent  &  chatouillent 
plus  qu'ils  ne  penctrentrLa  delicatellc  &  iaitenfion 
des  fibres  ncrveufes  des  parties,  contribue  aulîi  a  y 
faire  fentir  un  plaidr  /i  vifanais  comme  il  y  a  des 
perlonnesqui  ont  le  taâ:  plus  délicat,  ou  l'oreille 
plus  fine  que  d'autres,auffi  il  en  efl  qui  ont  à  ces 
parties  un  fcntiment  plus  exquisj&  c'eft  la  raifoii 
pourquoi  les  uns  font  plus  excitez  par  les  objets 
d'amour  que  les  autres. 

De  tous  les  temperamens  les  fan2;uins  font  les 
plus  amoureuxj  le  fang  des  bilieux  efl  trop  acre  & 
trop  fubtil  ;  celui  des  mciancoliques  trop  pefant 
&:  trop  aqueux  pour  produire  une  femence  qui  aie 
toutes  les  qualitcz  requifesrmais  celui  du  fanguiii 
a  une  douceur,une  chaleur  &  une  conliftance  ca- 
pables de  fournir  une  femence  abondante  &  bien 
conditionnée. 

Avant  que  d'examiner  ce  qui  fe  pafiTedansIa 
femme  ,  il  fera  bon   que  je  raporte  ici  trois,  faits 
diterens.    Le  premier   efl:    d'une    fille     devenue       , 
groiïè  fans  avoir  eu  aucun  commerce  d'hom^^^c-j 


Jiir  la  génération  de  l'Homme,  5  i-i 

Le  fécond  ,  d'un  enfant  formé  dans  une  phiole,  le 
tioihenie  ,  d'un  fœtus  trouvé  dans  le  tefticule  d'un 
homme 

Quelques  Auteurs  raportent  une  hiftoirequeje  Pairs  (înea- 
ne  pais  croii;eills  difent  qu'un  garçon  ayant  laiiîe  I'=rs  f«r  U 
de  la  femence  dans  l'eau  d'un  bain  d'où  il  fortoir  S^''^'^^"°^- 
une  lîUe  vint  fe  baigner  «dans  ce  même  bain  ;  &     Première 
que  cette  femence  nageant   dans  l'eau  fut  attirée  cxpcriencc. 
par  la  matrice  de  cette  hlle  ,  qui  en  devint  grof- 
fe.  Deux  circonftances  me  font  douter  de  cette  lii- 
ftoire  :  La  première  ,  eft  que  l'on  donne  à  la  ma- 
trice une  faculté    attradrice  qu'elle  n'a  point  ;  il 
eft  vrai  qu'elle  reçoit  la   femence  ,  mais   elle  n'a 
point  la  vertude  lafacer  de  l'extrémité  extérieure 
de  fon  col ,  pour  la  faire  couler  juiqu'au  dedans  de 
fa  capaciré.La  féconde  ,  c'eft  que  la  femence  étant 
uwQ  liqueur,  elle  fe    fcroit   tellement  mélangée 
avec  l'eau  ,  qu'il  auroit  été  impoffible  que  toutes 
les  particules  enflent  pu  fe  raifemblerjôc  conferver 
julques  dans  i'uterus  fonadivité  &  fa  qualité  pro- 
lifique. 

Il  y  en  a  d'autres  qui  nous  difent   avoir  mis  de     Sccon<^ 
la  femence  humaine  dans  une  phiole,l'avoir  bien  e*'P^"^"cc, 
bouchée,'  ôç  l'avoir  mife  pendant  quelque  tems 
dans  un  fumier  modérément  chaud^puis  avoir  ob- 
fervé  qu'il  fe  faifoit  un  arrangement  des  particules 
de  cette    femence,  par  lequel    prenant    chacune 
place,clles  fembloient  former  un  enfant,que  cela  fc 
faifoit  de  la  même   manière  que  fe  forme  un  poule 
dans  un  œuf ,  où  il  ne  faut  qu'une  chaleur  tempé- 
rée pour  la  faire  éclore  ,  mais  ils  convenoient  de 
rimpoflTibilité  depouvoir  nourrir  cet  enfant ,  qui 
félon  eux  ,  perilîoit  avant  que   d'être  entièrement 
formé.    Cette  obferva.tion  ,  fi  elle  étoit  véritable-, 
pourroic  faire  croire  q^ue  c'eft  l'iionime  qui  donne 

V    iiij 


-^Xl  T)fffertatlon 

route  la  matière  qui  fait  l'enfant ,  maïs  comme 
elle  n'a  point  été  contîi-mée  ^Ton  eft  en  droit  d'en 
douter  ,  &  de  la  regarder  comme  une  imagination 
de  gens  qui  veulent  faire  palTer  pour  des  faits 
réels  de  limplcs  poffibilitez  metaphyiiqucs  ,  qui 
leur  plailent. 
TroiGéme  La  troihcme  obfervation  cft  de  Monfieur  de 
-xpcncncc  j-^jj^j,  Dqyïzi  ,  Chirurgien  major  de  l'Armée  d'Ita- 
lie :  Nous  la  fçavons  par  une  Lettre  qu'il  en  a 
écrite  ,  &c  dont  voici  la  teneur.  Je  fuis  adluelle- 
ment  occupé  auprès  d'un  homme  de  qualité  qui 
ell  venu  de  fort  loin  ,  à  qui  j'ai  amputé  une  mafle 
plus  grolle  que  la  tête  d'un  enfant ,  qu'il  avoit 
dans  le  fcrotum  du  côté  droit ,  &  où  j'ai  liél'arte- 
rc  fpermatique  ;  cela  demande  abfolument  ml 
prefence  ,  &  encore  à  raifon  de  la  grande  playe 
qu'il  a  fallu  faire.  Ce  qui  s'eft  trouvé  dans  cette 
mafiTe  eft  trop  extraordinrire  pour  le  palier  fous 
iîlence  :  C'étoît  une  malfe  de  chair  toute  fperma- 
tique,  tres-foUde  ,  &  des  os  très-durs  dans  toute 
la  maffe  ;  cela  étoit  contenu  dans  un  arriere-faix 
avec  beaucoup  d'eau:Les  vailFeaux  fpermatiques, 
.qui  faifoient  fonélion  de  vailïèaux  umbilicaux  , 
-croient  devenus  tres-groS;,&  beaucoup  au-delà  du 
naturel.  La  cîrconftance  qui  a  donné  lieu  à  cette 
génération  confirme  l'effet  qui  l'a  fuivi  :  Le  Gen- 
tilhomme prit  quelques  libertez  au  mois  de  Juin 
dernier  avec  une  Dame  ,  fans  pourtant  venir  à 
î'adte  :  il  fe  fentit  frapé  d'une  vive  douleur  au 
tefticule  droit ,  qui  fe  rendit  fourde  au  bout  de 
deux  heures ,  &  pallà  entièrement  dans  le  refte 
du  jour  :  cela  forma  infenfiblement  une  tumeur 
jointe  au  telh'cule  ,  qui  étoit  grolTe  comme  un 
CEufde  poule  d'Inde  :  Le  8.  Décembre  dernier, 
ce  Gentilhomme  étanc  venu  ici  incognito ,  &  ayant 


fur  la  génération  de  l'Homme,  3  i  j 

remis  l'opération  jutqu'à  prefent  à  caufe  du 
froid  ,  cette  tumeur  s'étoit  tellement  accrue,  que 
le  fcrotLim  n'étant  pas  capable  d'une  plus  gran- 
de extenfion  ,  occupoit  toute  l'ayne  j  de  forte 
que  j'ai  eu  de  la  peine  à  lier  les  vailTeaux  fperma- 
liques  contre  les  anneaux  du  bas  ventre.  Voila 
une  matière  de  difTertation  qui  fait  voir  que  tout 
l'homme  ell  contenu  dans  la  femence  du  mâle  ,  & 
que  les  femmes  ne  fournillent  que  le  vale  de  la 
iiiaticre  de  Taccroiirement  ôc  de  la  nourriture.J'ai 
contervé  cette  production ,  afin  que  l'on  ne  m'ac- 
cufe  pas  de  rien  lupofer  ,  A  Sifteron,  ce  troifié- 
me  May  165)7. 

Ce  fait  prouveroit    quelque  chofe ,  s'il    étoit 
pofîible  ,  mais  la  difpolition   naturelle  des  vefîi- 
cules    feminaires  qui  reçoivent    par  une  de   leurs 
extremitez  la  femence  apportée    par  le    vaiiTeaa 
défèrent,  «Se   qui  la    verfent  par    l'autre  dans  le 
vailleau    éjaculatoire  ,  nous  fait  voir  l'impofîibili- 
te  qu'il  y  a  qu'elle  puilîe  fortir  par  où  elle  eft  en- 
trée y  car  elle  palTe  d'une  vciïîcule  à  l'autre,  dont 
les    membranes  font  autant  de  valvules   qui  ne 
lui  permettent  point  de  retourner  fur  fcs  pas  : 
Et  quand  même  elle    fcroit  reportée  au  tefticule, 
elle  ne  pourroit    aller  que   jufques  à  l'epididime, 
qui  eft  le  bout  de  la  cavité  du  défèrent  ;  &  il  au- 
roit  fallu  que  l'enfant  prétendu  fe  fût  formé  en 
cet  endroit  ,  &  non  pas  fur  les  membranes  du  te- 
iticule  ,  dans  le   fcrotum ,  qui  eft  le  lieu  où  l'on 
dit  l'avoir  trouvé. Il  y  a  plus  d'apparence  que  c'eft 
un  farcome    engendré  ,  &  attaché    au    tefticule  , 
comme  ils  font  tous ,  dont  la  douleur  s'eft  fait  fcn- 
tîr  pour  la  première  fois  dans  le  tems  que  cette 
perfonne  étoit  échauffée  auprès  de  cette   Dame  ; 
ôc  que  l'ayant  ouvert ,  on  l'aura  trouvé  compofc 


314  Dljfertatlôn 

de  différentes  matières  de  diverfes  couleurs , 
au  {quelles  on  aura  ciû  voir  un  crâne  &  la  ficure 
d'un  enranU;Cora;nc  on  s  imagine  louvent  voir  des 
figures  d'hommes  &  d'animaux  dans  du  marbic 
jafpé  ,  quoiqu'il  n'y  ait  rien  d'approchant  :  c'eft 
pourquoi  nous  n'aurons  pas  plus  d'égard  pour  cet- 
te oblervacion  que  nous  en  avons  en  pour  les  deux 
précédentes. 
De  ce  que  Voilà  ce  que  Thomme  contribue*  de  fa  part  à  la 
U  femme     CTénéranoUjtachons  à  prefent  de  connoître  ce  que 

fournit  a  u  p   ^  j     r  '     '        ^   n.  •     7  n 

gcncracicn  ^^  remme  y  apporte  de  Ion  cote  ^  c  eit  ce  qui  n  eit 

pas  ailé  à  developer,&  qui  a  le  plus  crabarairé  tous 
les  Anaflomilles. 

Je  ne  fuis  point  du  fentiment  de  ceux  qui  croient 
que  la  femelle  eft:  un  animal  imparfait  ,  &  qui  di- 
fent  que  la  nature  fe  propofe  toujours  la  généra- 
tion des  mâles  comme  fou  ouvrage  le  plus  accom- 
pli j  ne  produifant  des  femelles  que  lors    qu'elle 
V  eft  obligée  ou  par  le  défaut ,  ou   par  la  foibleiîè 
de  la  matière.    Il  y  a  eu  des  Philofophes  qui  pré- 
venus de  cette  opinion  regardoient  la  femme  com- 
me un  monftre  dans  la  nature:Ils  étoient  en  quel» 
que  façon  excufables  ,  n'ayant  pas  les  lumières  du 
Chriftianifme  i  qui  nous  apprennent  que  l'homme 
&  la  femme  font  également  l'ouvrage  de  Dieu,& 
qu'il  l'a  créée  aulîi  parfaite  dans  fon  efpece  ,  que 
l'homme  l'eft  dans  la  iîenne. 
Qu'il  cJoit      Si  nous  confiderons  la   femme  en  Phyficiens  , 
y  avoir  p  us  nous  conviendrons  que   le  nombre    en  doit  être 
que  de  ω-  P^i-^s  grand   que  celui  des  hommes  ;  &  ainli  des 
les.  femmes  à  l'égard   des   autres  animaux  ;  car  la  fin 

que  la  nature  fe  peut  propofer  regarde  principa- 
lement ce  qui  eft  le  plus  necelïaire  pour  la  géné- 
ration 8c  la  multiplication  des  êtres  :  or  il  eft  cer- 
tain que    la  femme  l'eft  plus  que  l'homme  pour 


fur  la  génération  de  l'Homme.  ^if 

trois  raifons  j  Li  première  eft  qu'elle  ne  peut  en- 
gendrer que  depuis  quatorze  ans  jafqu'à  cinquan- 
te j  &  l'homrne  le  peut  jufqu'a  la  fin  de  la  vie  :  La 
'leconde,que  pendant  les  neuf  mois  d'une  groiTeire 
elle  eft  inufjîle ,  &-au  contraire  l'homme  peut  tra- 
vailler a  ia  creneration  en  tout  tems  :  Et  la  troiiîé-  ' 
mej  c'eft  qu'un  Teul  homme  peut  fuftue  pour  faire 
des  enfans  à  plulîeurs  femmes  ;  8c  ainfî  l'on  doit 
conclure  que  la  nature  eft  plus  emprcllée  à  faire 
des  femelles  que  des  mâles. 

Qiielques  Auteurs  prétendent  que  les  parties 
de  la  gr-neration  de  la  femme  font  femblables  à 
celles  des  hommes ,  qu'elles  n'en  différent  feule- 
ment qu'en  fituacion  j  que  c'eft  la  chaleur  qui  eij 
Miomme  les  poulTe  en  dehors  ,  ôc  le  froid  qui 
aux  femmes  les  retirent  en  dedans  :  les  yeux  dé- 
truifent  cette  opinion  ;  car  ces  deux  parties  font 
tellement  différentes  qu'il  ne  faut  que  les  voir , 
fur  tout  par  la  dilîcôtion,  pour  en  convenir:  Il 
cft  vrai  qu'il  y  a  eu  des  enfans  que  l'on  a  crû  filles 
pendant  quelques  années  ,  parce  que  la  verge  £c 
les  tefticules  étoient  au  dedans  du  corps  ,  d'où" 
étant  lortis  enluite  ou  par  l'âge  ,  ou  par  quelques 
efîbrts;  on  a  reconnu  ces  enfans  pour  des  garçons, 
mais  cela  ne  peut  pas  rendre  les  parties  de  l'hom- 
me &  de  la  femme  intérieurement  femblables  les 
unes  aux  autres. 

Afin  que  la  femme  puille  recevoir   la  femencc  j,  fç"^^^"' 
de  l'homme  j  il  faut   que   par  l'introdudtion  de  la  reçoit  la  fc- 
verge  dans  le  col  de  la  matrice  elle  y  foit   fcrin-  {^_^"^^  ''"'^^" 
guée  ,  &   qu'elle    aille    arrofer    le  fonds  de    la 
matrice  ,  pour    faire    enfuite    le  chemin  que  je 
vous  dirai  tantôt:  Mais  il  s'y  Uuuvc  quelquefois 
des  empêchemens  ,  &c  l'on  a  prétendu  que  la  na- 
ture  avait  mis  une  barrière  qui  fcrvantd'obfta- 


3 1  <S  T)'iJfertat'ion 

de  à  la  verge  ,  ne  lui  peimectoit  pas  d'encrer  qu'- 
elle ne  l'eût  forcée  &  rompue'  ;  on  Ta  nomme'c 
hymen  ,  &  les  Aurcurs  qui  en  parlent  difenc  que 
c'cft  une  membrane  fituée  au  travers  du  col  de  Ja 
matrice  ,  immediaccmeni:  au-delà  des  caroncules  : 
Mais  comme  je  vous  ait  dit  dans  mon  Anaromie  ; 
cette  membrane  eft  imaginaire  ,  &  je  ne  l'ai  jamais 
trouvé  5  quelque  diligence  que  j'aie  faite  à  la 
chercher. 

Il  eft  bien  vrai  que  les  quatre  caroncules  mir- 
tiformes  font  quelquefois  jointes  enfemble  par 
de  petits  filets  membraneux  ,&  que  loriqae  la 
verge  force  ce  paiTagc  pour  entrer,  ces  filets  ve- 
nant à  fe  rompre  peuvent  jetter  quelques  goute- 
Icttes  de  fang  :  mais  cela  arrive  rarement ,  &  une 
fille  qui  ne  répand  point  de  fang  à  la  première 
vilïte  de  fon  mari,  n'en  doit  point  être  réputée 
moins  chafte  &  moins  viergc.C'eft  pourquoi  l'on 
peut  condamner  cette  Coutume  d'un  des  Royau- 
mes d'Affrique  ,  où  le  lendemain  des  noces  l'on 
met  à  la  fenêtre  les  draps  tâchez  de  fang  pour 
faire  voir  que  l'cpoufe  étoit  pucelle  ,  &  que  l'é- 
poux a  bien  fait  fon  devoir  i  &  s'il  ne  fc  trouve 
point  de  fang  au  linge  ,  le  mary  peut  renvoyer  fa 
femme  à  fes  parens  :  Mais  là  ,  comme  ici ,  elles 
ne  courent  point  le  rifque  d'être  renvoyées  :  car 
il  eft  facile  de  contenter  les  maris  qui  fouhaittcnc 
voir  ces  foibles  témoignages  de  la  virginité  de  cel- 
les  qu  lis  epoalent. 

La  folie  de  prefquetous  les  maris  eft  de  vouloir 
trouver  de  la  difficulté  dans  les  premières  appro- 
ches :  ccft  une  efpece  de  triomphe  pour  eux  que 
de  s'imaginer  d'avoir  forcé  cette  prétendue  bar- 
rière ,  &  plus  ils  y  ont  de  peine  ,  plus  ils  font  per- 
fuadez  de  la  fagefte  de  leur  femme.   Un    jeune 


fur  la  gén  éràtion  de  l'Homme,  5  1 7 

homme  marié  depuis  huic  jours  me  vint  trouver  , 
il  avoir  un  paraphimofîs  ,  fa  verge  étoic  extraor- 
dinairement  enflée,  &;  le  gland  prêt  à  tomber  en 
gangrené  ,  je  lui  fis  des  fcarifications  pour  débri- 
der Pétranglement  ,  &  recouvrir  le  'gland  de  fon 
prépuce,  li  me  demanda  la  caufe  de  cette  mala- 
die qui  lui  étoic  inconnue  ,  sMmaginant  que  c'é- 
toit  quelque  mal  vénérien  que  fa  femme  lui  avoic 
donné  :  Je  lui  dis  qu'au  contraire  c'étoit  une 
preuve  convainquante  que  fa  femme  avoit  fon 
pucelage  ,  &  que  n'ayant  pas  le  gland  naturelle- 
ment découvert  l'eifort  qu'il  avoir  fait  le  premier 
jour  de  fes  noces  pour  entrer  dans  le  vngina  écoit 
caufe  que  le  prépuce  avoit  rebroullc  par  delïus  la 
couronne  du  glançl,&  fait  après  par  fon  rellèrre- 
raene  une  interruption  aux  vailTcaux  qui  vont  du 
corps  de  la  verge  au  glandjMais  que  (î  fa  femme 
avoit  connu  quelqu'autre  homme  avant  fon  ma- 
riage,ellc  lui  auroit  épargné  la  douleur  qu'il  avoic 
endurée.  Il  s'en  retourna  très  content  de  ma  re- 
ponic  ,  qui  l'aOuroit  de  la  vertu  de  fa  femme  ,  6c 
peut  être  fut-il  fâché  de  n'avoir  pas  encore  plus 
foufFert. 

Ce  malheur  arrive  à    très- peu    de  perfonnes  ,  ^^^li^'^,  ^ 
quand  1  orihce  externe  de  la  matrice  eit  ouvert,  qui  fc  trou- 

comme   il    le  doit  être    naturellement  ;  mais  des  ^^/l^r';]"^' 
r  '  ...  r  .         1  T  r^'is  a  1  cn- 

raits  extraordman-es  ne  hmc    pomt  de  règle,  com-  trée  du  va- 

me  celui   d'une  Dame  a  qui  les    lèvres  de  la  ma- S^^^- 

trice    étoicnt    tellement  jointes,  que  fon  mari  ne 

put  jamais   y  entrer.    Il  n'y   avoit  qu'une    petite  v 

ouverture  dans  le  milieu   par  où  l'urine  &  les  or- 

ûlnaiies    fortoient  ;  il  fallut  avoir    recours  à   la 

Chirurgie,  &   féparer  en  haut  ^  en  bas  les  deux 

livres  l'une  de  l'autre^  elle  eut  enfuitc  des  eofans, 


3  ï  S  Dljfertation 

ëc  j'ay  quelquefois  encendu  fon  mary  dire  en  plaî- 

fancant ,  que  le  Ghirurg'en  en  avoit  trop  coupé  , 

mais  aufîi    qu'elle    en   accouchoic     plus  taciic- 

menc. 

Ce  même  défaut  s'eft  rencontré  à  une  jeune  fem- 
me de  Paris  ,  qui  aima  mieux  confentir  à  rom^^^re 
fon  mariage  ,  que  de  fe  réfoudre  à  foutfrir  une 
pareille  opération. 

Il  faut  donc  convenir  que  n'y  ayant  point  de 
preuves  certaines  de  la  virginité  ,  les  Magillrats 
ne  devroient  point  ordonner  que  des  filles  ou  des 
femmes  fullènt  vifitécs  par  des  Médecins  tk  des 
Chirurgiens,  ou  par  des  Matrones  pour  en  ren- 
dre témoignage  ;  car  outre  que  ces  fortes  d'exa- 
mens ne  peuvent  point  découvrir  la  verité^ils  cho- 
quent la  pudeur  ,  Se  fervenr  de  rifce  au  public  j 
Comme  une  femblabie  vifire  qui  fat  faite  il  y  a 
quatre  ou  cinq  ans  par  les  plus  fameux  Médecins 
&  Chirurgiens  de  Paris,  Ôc  qui  donna  occafion  de 
les  peindre  fur  des  éventails  5c  fur  des  tabatières 
dans  les  poftures  tout-à-fait  indécentes. 
Mauvaife  Quand  les  Juges  ordonnent  une  vifite,c'eft 
ccvrumc  pour  fcavoir  fi  une  fille  a  été  déflorée,parce  qu1l 
des  viûccj.  y  aura  quelqu'un  que  l'on  acculera  de  i  avoir  vio- 
lée^ou  pour  s'alfurer  Ci  une  femme  eft  encore  pu- 
celle  par  Timpuillance  de  fon  mary,l'un  &c  l'autre 
font  très-difficiles  à  connoîtrejcar  il  arrive  à  ces 
parties  comme  à  la  bouche  &  aux  yeux,  qu'il  y 
en  a  de  grandes  &  de  peti[es,de  manière  que  celles 
qui  les  ont  naturellement  gvandes,quoique  fages, 
pourroient  erre  accufées  de  libertinage  ,  &c  au 
contraire  celles  qui  par  la  difpohcion  qu'elles  ont 
apportée  en  naillant  fe  trouveroient  plus  étroites, 
quoique  débauchées  ,  feroient  réputées  vierges. 
Ce  fcntiment  eft  confirmé  par  Salpmon  dans  les 


fur  la  génération  de  l'Homme.  3  r  9 

Proverbes,oii  il  dit  qu'il  y  a  trois  chofes  qui  lui  Raisons  <lc 
font  tics- difficiles  à  connoîtie  :  Le  chemin  d'un 
aigle  dans  l'air  j  le  chemin  d'une  couleuvre  fur  la 
terre,  &  le  chemin  d'un  navire  dans  la  mer  j  mais 
qu'il  V  en  a  une  quatrième  qu'il  ignore  entiere- 
menrjc'eft  la  trace  d'un  honime  dans  une  jeune 
fille. 

Ces  vifîtes  devroicnr  donc  être  mifes  au  rang 
des  Congres  que  l'on  a  abolis  avec  juftice  ;  car  il 
falloir  qu'une  femme  qui  avoir  la  hardielTe  d'ac- 
cufer  fon  mari  d'impuiflance,  &  qui  demandoit  un 
Congrès  pour  la  jufl:ifier,fLit  d'une  effronterie  cri- 
minelle pour  fe  reloudre  à  s'cxpofer  nue  en  pre- 
fence  de  plufîeurs  témoins  deflinez  à  obferver  tou- 
tes lescirconftances  qui  accompagnent  cette  ac- 
tion. Le  congrès  étoit  un  moyen  aifé  de  cailer 
les  mariages  j  tar  fouvent  le  mari  e'toir  d'in- 
telligence avec  fafemnie  ,  &  il  y  a  des  exemples 
de  perfonnes  démariees  de  cette  manière  ,  qui  cnt 
eu  des  enfans  avec  d'autres  5  c'eft  ce  qui  en  a  taie 
connoître  l'abus;  &  quand  même  le  mari  voudroit 
donner  des  preuves  de  fa  vigueur  ,  le  pourroit-il 
aux  yeux  de  tant  de  fpectateurs  ,  vu  que  feul  avec 
fa  femm.e  il  n'efl  pas  toujours  dans  le  pouvoir 
d'en  donner  :  S.  Auguftin  dit  auffi  qu'on  ap  ,:,cilc 
les  parties  de  l'homme  deftinées  à  la  génération, 
parties  honteufes^parce  qu'elles  font  voir  fa  hon- 
te ,  en  ce  que  commandant  à  toutes  les  .lutres, 
il  ne  peut  pas  fe  faire  obéir  par  celles-là  :  Enfin 
une  femme  fenfible  à  l'honneur  ne  doit  jamais 
accufcr  fon  mari  d'impuillance  ,  comme  fît  une 
Dame,  qui  apre's  avoir  pallc  trois  ou  quatre  an- 
nées de  mariage  fans  enfans  ,  difoit  que  c'étoit 
la  faute  de  fon  mari  ,  qui  n'étoit  point  ?n  état 
d'en  faire ,  mais  la  cinquième  année  étaiat    de- 


3  îo  T>lJfertanon 

venue  grofle ,  ayant  accouché    d'un   fils  ,  elle  fe 

trouva  dans    la  neceflîté  d'avouer  qu'elle  s'étoic 

trompée,  ou  de  laiirer  croire  qu'elle  avoic  connu 

Superfti-  quelqu'un  plus  habile  que  fon  mari. 

non  des  ne-       C'eft  encore  une  erreur  de  croire  que  le  jour 

daigiiil-      d'un  mariage,dans  le  tems  que  le  Prêtre  pronon- 

^^^^'  ce  de  certaines  paroles,  l'on   puîlfe  par  un  nœud 

fait  à  une  aiguillette,  en  empêcher  la  confomma- 

tion.  Quand  quelqu'un   ne  peut  pas   confommcr 

fon  mariage  ,   examinez  -  en  la   caufe  ,  vous   la 

trouverez   toujours  naturelle  ,  fans  que  le  Diable 

s'en  mêle  jamais.     J'ai  vu  à  S.  Germain   en  Laye 

une  femme  qui  quelques  jours  après  fon  mariage 

venoit  pleurer  à  fa  mère,  en  lui  difant  qu'on  leur 

avoit  noiié  l'aiguillcte     La  mère  me    confia     les 

plaintes  de  fa  fille  ,  que  je  trouvai  mal  fondées  , 

puifque    fon  mari     s'aquitoit    très-bien    de  fon 

devoir  \  mais  la    fille  s'étoit  imaginé  tout   aiuie 

chofe  des  délices  du  mariage  ,  &  ce  qui  fe  padoit 

ne    répondoit    point  à  la    haute  idée   qu'elle  en 

avoit  conçue  :  elle  fut  defabufée  au  bout  de  deux 

mois  ,  elle  devint  grolfe  &  accoucha  heureufe- 

ment. 

De  la  cgm-       Avant  que  de  palfer  plus  loin  il  faut  faire  quel- 

Pofuion  dcj  a      •  r        i  n-      »        J        C  o, 

tcfticulcsdc  4^^'S^^"^x^°"s  l^'^   les  teiticules  des  remmcs,   ùÇ 
la  femme,    vous  raportcr  ici  les  deux  opinions  qui  en    regar- 
dent la  ftrudure:la  première  des  Anciens  ,  &  la 
féconde  des   Modernes. 

J'ay  réfuté  le  fentiment  de  ces  Anciens  ,  q'-ù 
des  Anciens  pe^foient  qu'il  fe  faifoit  dans  le  tefticule  de  la 
femme ,  aufîi  bien  que  dans  celui  de  l'homme  , 
une  co6tion  &  converfion  de  fang  en  lemence  j 
mais  les  plus  vieux  Anatomiftes  de  ce  fiecle  cnfei- 
gnent  que  le  tefticule  de  la  femme  eft  un  compofe 
Àt  petites  glandes  qui  fépatent  la  femence  de  la 

malfe 


fur  la  génération   de  l'Homme.  321 

maffe  du  fanç,&  en  même  tems  un  compofé  de 
velïicules,qui  fervent  de  rcTervoir  à  cette  femence 
jun.]u'à  ce  qu'elle  doive  être  portée  dans  la  ma- 
triccjiis  lui  attribuent  par  confequent  deux  ufages, 
l'un  de  filtrer  la  remence,&  l'autre  de  la  garder/3^ 
de  faire  ainii  l'orifice  des  tefticules  &  des  vellîcules 
feminaires  des  hommes. 

La  lemence  ainfi  féparée  doit  être  portée  à  la 
matrice  ,  &  pour  cet  effet  ceux  qui  fuiyent  cette 
opinion,difent  que  de  chaque  tefticule  ,  il  part  un 
vailfeau,  qu'ils  appellent  déférant  ,  ou  éjaculatoi- 
re  j  qui  va  finir  à  la  corne  de  la  matrice  ,  vers  la- 
quelle il  ne  s'avance  pas  tout  droit  ,  mais  qu'il 
fait  piufieurs  circonvolutions  ,  afin  que  la  brièveté 
du  chemin  foit  recompenlée  par  les  anfra"  uofitez 
qui  y  font  ;  qu'il  eft  gros  &  fort  entortillé  auprès 
du  tefticule ,  qu'il  s'étrefïit  à  mefure  qu'il  s'en 
éloigne,qLi'il  ledivife  en  deux  branches  ,  dont  la 
plus  groffe  &  la  plus  courte  fe  teimii»  a  la  corne 
de  la  matrice  ,  la  plus  petite  &  la  plus  longue 
defcendant  par  les  cotez  de  la  matrice  entre  deux 
membranes  pour  finir  à  fon  col  proche  l'orifice 
interne. 

C'eft/elon  eux, par  ces  vailTeaux  que  la  femence 
cft  éjaculée  dansla  matrice^comme  c'eft  par  l'émo- 
tion qui  s'excite  lorfque  la  femence  fe  détache 
du  tefticule  A  qu'elle  paCfe  par  leurs  cavitez  pour 
être  lancée  dans  la  matrice  ,  que  les  femmes  ref- 
fentent  du  plaifir.  Ils  prétendent  que  quand  une 
femme  n'cft  point  groffe  ,  la  femence  eft  verfée 
dans  le  fond  de  la  matrice  par  le  plus  court  de 
ces  vailfeaux  qui  font  l'office  des  éjaculatoires  de 
l'homme  y  mais  que  quand  elle  l'eft  ,  c'eft  le  plus 
long  qui  conduit  cette  liqueur  jufques  dans  le  col; 
^  ils  ajoutent  que  pat    cette  raifon  les  femmes 

X 


5  2  2  Dîjfertatlon 

enceintes  ont   plus   de  pafïïons    pour  les   carefTes 
que    dans  un  autre  état  ,  parce    que    la  femence 
faifanc  un  chemin  plus  long  &  plus   difficile    doit 
exciter  un  chatouillement  plus  vif  ,  &   qui  dure 
plus  long-tems.  Enfin  ils  admirent  la  fagelFe  de  la 
nature  ,  qui  prévoyant  que  la  femme  n'auroit  pas 
la  même  modération  que  les  animaux  ,  qui  s'abf- 
tiennent  du  çoit  pendant  leur  portée,a  fait  ce  con- 
duit qui  va  au  col  de  l'utérus,  afin  que  la  conce- 
ption ne  fut  point  troublée  par  TefRifion  qui  fe  fe- 
roit  infailliblement  faite  de  tems  en  tems  de  la  fe- 
mence pendant  la   gro/îè/fe. 
d« /v^îodci'-      L'opinion  des  Anaromf /les    plus  réecns  fur  la 
ncî.  ftruéture  du  tefticule  de  la  femme  ,  convient  avec 

celle  que  je  viens  de  raporter  ,  que  ce  font  des 
glandes  qui  criblent  la  femence,  qu'elles  ont  cha- 
cune un  vaifleau  cx-cretoîre  qui  porte  dans  des 
veflicules  la  femence  filtrée:  mais  elle  nie  qu'il  y 
ait  une  communication  de  l'une  à  l'autre  dans  ces 
vciTîcales  ,  de  même  qu'on  en  trouve  dans  les 
veflicules  feminaires  des  hommes  :  ces  Modernes 
alTurent  que  chacune  de  ces  veflicules  dans  les- 
femmes  cft  féparée  de  toutes  fcs  voifines  comme 
un  grain  de  raifin  l'effc  de  ceux  qui  l'environnent 
d^ns  une  même  grapc  j  que  dans  chaque  veflî- 
cnle  il  y  a  une  femence  capable  de  former  uri 
enfant,  de  même  qu'il  y  a  dans  une  œuf  de  poule 
toutes  les  particules  neceffairts  pour  produire  un 
poulet,  &  que  chaque  veflicale  peut  fe  détacher 
du  tefticule,  &  être  portée  dans  le  fond  de  la  ma- 
tricejC'eft  ce  qui  leur  a  fait  appcller  ces  veflicu- 
les des  œufs,en  changeant  le  nom  de  tefticule  en 
celui  d'ovaire. 

Ces   deux    opinions  ne   différent   qu'en  deux 
chofes^fçavoir  en  ce  que   Tanciame    conduit  la 


fur  la  génération  de  l'Homme,  3  2. 5 

femence  en  liqueur  infquesdans  la  matrice  ,  2c    Diff«encç 

I.  \>    c  ■  1         '-    j>  «es  deux 

que  1  autre  l  y  rait  porter  enveloppée  d  une  mem-  opinions» 

brane  fous  la  forme  d'un  œuf.  Et  la  féconde  diffé- 
rence eft  que  les  Anciens  difen''  que  c'eft  par  le 
vaiiïeau  déferant,ou  éjaculatoire  que  la  femence 
va  a  la  matrice;au  lieu  que  nous  aprenons  des  Mo- 
dernes que  le  chemin  de  l'œuf  depuis  le  tefticule 
jufqu'au  dedans  de  la  matrice,eft  par  les  trompesj 
nous  éclaircirons  ces  deux  fentimens  dans  la  fuite 
de  cette  Differtation. 

On  prétend  que  la  nature  a  eu  du  deiïein  dans 
la  fîtuation  des  tefticules  des  femmes  5  qu'elle  ne 
lésa  placez  en  dedans  que  pour  les  échauffer  ,  & 
par  ce  moyen  rendre  la  femme  plus  portée  à  la 
copulation  ,  parce  que  la  femence  étant  plus 
aqueufe  &  plus  froide  que  celle  des  hommes, 
il  faloit  qu'elle  fut  reveillée  par  la  chaleur  du  lieu, 
fans  quoi  la  femme  auroit  été  trop  indifférente 
pour  la  génération  ;  Je  veux  croire  que  les  fem- 
mes tirent  quelque  avantage  de  cette  fituation  , 
mais  les  maux  qu'elle  leur  caufe  l'emportent  fur 
le  plaifir  qu'elles  en  reçoivent  :  car  la  femence  fcnic'licerc* 
y  étant  retenue  ,  elle  s'y  aif^rit  ,  &  leur  caufe  tenue. 
ces  cruelles  vapeurs  aufquelles  nous  les  voyons  fe^^" 
fujettes.  La  femence  eft  une  liqueur  tres-douce  , 
quand  elle  cft  bien  conditionnée  ;  mais  il  en  eft 
comme  de  la  pâte,qui  étant  trop   long-tems    gar-  ' 

dée,  fe  fermente  de  manière  qu'elle  devient  per- 
nicieufe  par  l'aigreur  qu'elle  acquiert,  &  n'cft 
plus  propre  à  faire  de  bon  pain  :  aufïi  la  femen- 
ce, qui  auroit  produit  des  enfans,  Ç\  elle  avoit  été 
verfée  en  fon  tems  ,  &  avec  les  circonftances  re- 
quifes  dans  les  lieux  deftinez  j  fe  fermente  telle- 
ment dans  fes  vailleaux  où  elle  rcfte  trop  ren- 
fermée ,  qu'elle  n\ei  les  femmes  &  les  filles  dans 

Xij 


524  Dijprfarwn 

des  états  déplorables,  d'où  on  ne  les  tire  fbnvenf 
qu'en  leur  procurant  par  le  mariage  révacuation 
de  cette  femence  retenue. 

L'expérience  fait  voir  que  la  plupart  des  filles 
étant  parvenues  à  l'âge  où  la  femence  fe  fepare 
dans  les  teflicules ,  elles  deviennent  jaunes  ,  & 
ont  les  pâles  couleurs,dont  elles  ne  gueriiTent  que 
femmes  :  Cela  arrive  parce  que  la  Icmence  aigrie 
par  un  long  féjour  venant  à  fe  mêler  avec  le  fang, 
elle  en  rompt  le  tiiru  &  en  change  la  conliftance  ; 
&  le  rendant  ainfi  plus  fereux  ,  plus  liquide  ,  plus 
fioid  ,  &  moins  rouge  qu'il  ne  doit  être  ,  il  ne 
peut  donner  à  la  peau  qu'une  couleur  pea  vive. 
Il  y  a  bien  de  l'apparence  que  la  plupart  de  ces 
Religieufe  &  des  autres  filles  que  l'on  a  crû 
poiTedées  du  diable  ,  étoient  fujettes  à  des  va- 
peurs qui  leur  faifoient  faire  toutes  ces  contor- 
lions  ôc  ces  extravagances  dont  les  hiftoires  font 
pleines. 

i  D-ins  les  ^^  ^^  ^'^^  P^^  feulement  chez  les  femmes  que 
iioremej.  la  femence  caufe  du  defordre,  l'on  voit  des  hom- 
mes attaquez  de  vapeurs  qui  les  incommodent 
beaucoup,principalement  ceux  qui  vivent  dans 
la  continence,  quoique  d'un  tempérament  amou- 
reux. L'on  obferve  que  les  Prêtres  Se  les  Reli- 
gieux font  ordinairement  plus  rudes  &  plus  feve- 
res  que  les  hommes  mariez.  La  caufe  de  tous  cas 
effets  coniifte  dans  les  particules  de  femence  qiiî 
corrompent  la  malle  des  humeurs  ,  qui  s'en  foni 
chargées  en  paiîânt  par  les  tefticules  ,  fuivant  les 
loixde  la  circulation  ,&  qui  delà  s'étant  répan- 
due ,  dans  les  organes ,  en  ont  remué  extraor- 
dinairement  les  fibres ,  ce  qui  a  excité  des  coiTs- 
vulfions,  des  dégoucs  ,  &  des  imaginations  déré- 
glées, capables  de  repicfeater  les  objet»  tout   aa- 


fur   la  génération  de  l'Homme,  î2| 

trement  qu'ils  ne  foar.  On  peut  ajouter  une  raï- 
fon  morale  qui  rend  les  Moines  bourus  ^  fçavoir 
que  n'ayanc  pas  droit  d'être  Pères  ,  ils  ionr  iaca- 
pables  de  ces  mouvcmens  de  tendrell'e  querelïen- 
tent  ceux  qui  fongent  à  faire  des  enfans  &  à  les 
élever.  L'on  a  remarqué  encore  que  les  châtrez 
font  plus  chagrins  &  plus  méchans  que  les  autres, 
parce  que  la  fcmence  n'étant  point  fcparée  de 
leur  tangi  faute  d'organes,  ils  fc  trouvent  privez 
de  CCS  particules  vives  &  fubtiles  qui  lui  en  re- 
viennent quand  elle  eft  filtrée  ,  Sc  qui  lai  commu- 
niquent cette  activité  6c  ce  feu  qui  fait  l'affabilité 
èi.  la  joye. 

La  marrice  eft  l'organe  propre  Se  particulier 
de  la  génération  :  Nous  fommes  sûrs  que  c'eft 
chez  elle  que  le  fœtus  eft  produit  de  la  femence  Doârinc 
féconde  qui  y  eft  portée  &:  qu'elle  fomente  5  mais  des  anciens 
pcrfonne  n'a  encore  bien  décrit  comment  il  fe  ja[,on^*^"^" 
formoit.  Si  l'on  cherche  à  s'en  éclaircir  chez  les 
anciens  Médecins ,  ils  diront  tous  que  cela  s'o- 
père par  le  moyen  de  la  faculté  formatrice  ,  qui  eft 
renfermée  dans  l'utérus,  &  dont  ils  ne  don- 
nent aucune  idée  diftincbe  :  mais  aujourd'hui  que 
l'on  n'admet  plus  de  ces  facultez  ,  &  que  l'on 
fçait  que  chaque  partie  aç^it  fuivant  fa  difpohtion 
mécanique  &  naturelle ,  iSc  celle  de  la  matière 
qui  eft  le  iujet  de  l'opération  ,  l'on  s'eftorce  àc 
rendre  raifon  de  tout  ce  qui  fe  pa[ïe  dans  la  natu- 
re ,  en  ne  fuppolant  que  des  figures  Sz  desmouve- 
mens. 

Monfieur  Lamy ,  qui  me   paroît  avoir  le  mieux     £jpiica. 
traité  la  queftion    dont  il  s'agit  ,  dit'  fur    la  ma-  t ion  de  ia 
nicre  dont  fe  forme  l'enfant  dans  la  matrice  ,  que  ^^  "'^^^fc- 
lalemence  étant  recûë  ,  (^    retenue  dans  le  fond  mcoce  fc 
de  la  matrice  ,  fon    orifice  interne    fe  ferme  ,  &  '^^vcope. 

X    iij 


3 1  (5  1)'i(fertatîon 

que  cette  femencc  écaat  enibrafTée  &  prefTe'e  exa- 
d:efrient  par  la  matrice  ,  il  commence  à  s'y  faire 
un  arrangement  de  toutes  les  particules  qui  la 
compoientj  les  plus  fubtiles  demtjurent  au  centre, 
&  par  confequent  les  plus  grolïieres,  &  celles  qui 
furabondent  (ont  poullées  vers  la  fuperfîciej  pour 
y  pioduire  l'arriére  faix ,  le  cordon  &  les  mem- 
branes ,  dont  le  fœtus  eft  envelopé.  Cependant  , 
toutes  les  particules  propres  a  former  les  différen- 
tes parties  du  corps  ,  fe  débarralfent  par  l'effort 
de  leurs  mouvemcns  ,  fe  fcparent  ou  s'aflemblent 
fuivant  la  difl'emblance  ou  la  conformité  qu'elles 
ont  les  unes  avec  les  autres  -,  de  forte  que  celles 
qui  doivent  former  la  tête  vont  s'araalfer  &  fe 
réunir  au  lieu  où  elle  doit  être  ;  celles  du  refte  du 
corps  en  font  autant  ;  &  en  même  tems  ,  entre 
les  particules  qui  doivent  former  la  tête  ,  celles 
qui  font  propres  à  former  les  yeux  ,  fe  raffemblenc 
où  il  faut  pour  cela  ;  &  ainfi  de  celles  du  nez, 
des  oreilles  ,  S>:c.  La  même  chofe  doit  s'entendre 
des  particules  qui  compofent  la  poitrine ,  le  ven- 
tre &  les  extrémités.  La  formation  ,  la  ftra- 
élure  ,  l'arrangement  ,  &  la  connexion  de  toutes 
ces  parties  ,  dépend  principalement  de  l'efpric 
enfermé  dans  la  femence  ,  lequel  fans  connoif- 
fance  ,  &  par  la  neceflité  feule  de  fcs  mouvc- 
mens  débrouille  le  cahos  où  les  parties  étoient 
confondues  ,  &  les  difpofe  de  la  même  manière 
qu'elles  étoient  dans  le  corps  de  l'animal  dont  il 
eft  forti  ,  (3c  dont  il  a  priis  toutes  les  détermina- 
tions. Les  parties  du  foetus  étant  ainfî  formées, 
la  plus  fubtile  portion  de  l'efprit  demeure  dans  le 
centre  de  ce  nouveau  corps  ,  c'eft  à  dire  dans  le 
'  cœur  ,  &  il  y  fait  une  efpece  de  feu  fans  lumière, 
qui  eft  entretenu  par  le  mouvement  circulaire  di^ 


fur  la  génération  de  l' Homme.  317 

fang  qui  y  palVe  lang  celfe  :  c'cft  cette  chaleur  na- 
turelle, dont  la  confervacion  nous  fait  vivre  ,  & 
la  dcftruttion  nous  fait  mourir. 

L'idée  que  nous  donne  Mr.    Lami  de  ce  qui  fe 
pallè  dans  la  matrice  ,  cft  tout-à-fait    ingénieux  , 
èc  fort  vrai-  femblable  j  mais  il  eft    perfuadé  que 
l'enfant  eft  formé  par  le  mélange  qui  fe  fait  dans 
la  matrice  de  la  femence  de  l'homme  avec  celle  de 
la  femme  ,  ôc  que  ces  deux  femences  imprégnées 
*  de  l'efprit    dévie    dont  je  viens  de    parler  ,  font 
l'agent  £c  la  matière  de  la  génération.    Ce  fen-  j'^p^^'^Qj^ 
timcnt  n'eft  pas  généralement  reçu  de  tous  les  fur  la  nature 
Anatomiftes:!!  y    en  a    qui    prétendent  que  la  J^_^^^^'^^°" 
femence  de  l'homme  fuffit  pour  faire  unenfant;& 
d'autres  veulent  au  contraire  que  celle  de  la  fem-    Trois  opi- 

me  en  contienne  la'premiere  &  la  véritable  ébau-  "'^ns  lur  la 
,r,  •         -1  r      •  •\  c  génération. 

che.Pour  mieux  juger  de  ces  lentimens,il  raut  rap- 
porter ici  les  trois  différentes  opinions  qu'il  y  a  fur 
le  fait  de  la  génération. 

Dans  la  première  ,  qui  a  été  fuivie  par  les  pre- 
miers Philofophes  ,  on  enfeigne  que  la  femence 
feule  de  l'homme  eft  capable  de  former  l'enfant,  ^ 
&  que  la  femme  ne  fait  que  prêter  le  lieu  où  il 
s'engendre,  &  fournir  le  fang  neceftaire  pour  la 
nourriture  pendant  qu'il  y  refte  après  fon  entière 
formation, 

La  (econde  ,  qui  a  été  la  plus  commune  ,  ex- 
plique la  foi-mation  de  l'enfant  par  le  mélange  des 
femences  de  l'homme  &  de  la  femme  ,  reçues  dans 
la  matrice  j  foit  que  l'enfant  en  foit  produit  par 
une  vertu  inconnue  jufqu'à  prcfent  ,  foit  qu'il  re- 
fulte  de  l'arrangement  où  fe  mettent  peu  à  peu  les 
particules  qu'elles  renferment,  à  peu  prés  de  la  fa- 
çon que  l'entend  Mr  Lami. 

La  troiftéme  opinion  eft  que  dans  le  tefticule 

X    iiij 


5i8  Dljfertatton 

ilc  la  femme  il  fe  tioave  de  petites  veflîcules  fe- 
minaires  ,  que  l'on  appelle  des  œufs  ,  qui  contien- 
nent dans  elles-mêmes  tout  ce  qui  eft  necellàire 
pour  la  nai(rance  dercnfantj&  la  femence  de 
rhomme  ne  contribue  à  la  génération  qu'en  vivi- 
fiant &  faifant  groflir  celui  qui  eft  le  plus  pioche 
de  la  maturité. 

Ces  trois  opinions ,  quoiqu'oppofées  ,  trouvent 
des  railons  qui  les  appuyent,  &  d'autres  qui  les 
détruifent  ;  il  eil  a  propos  de  commencer  par  cel- 
les qui  les  autorifent  i  &  en  même  tems  je  vous 
rapporterai  celles  qui  peuvent  les  condamner, 
afin  qu'inftruits  des  unes&  des  autres  ,  l'on  puilfe 
fe  determinei:  en  faveur  de  celle  qui  fera  la  plus 
vrai-femblable. 

Les  partilans  de  la  première  opinion  font  par- 
ticulieicment  ceux  qui  regardent  le  mâle  comme 
un  ouvrage  parfait  que  la  nature  fe  propofe  lors 
qu'elle  travaille  à  la  multiplication  des  êtres,  & 
la  femelle  comme  une  terre  fertile  ,  qui  produit 
de  bons  grains  ,  quand  le  laboureur  l'a  bien  enfe- 
mencéc.  Ils  difent  que  li  l'on  compare  la  femen- 
ce de  l'homme  avec  celle  de  la  femme,  l'on  les 
Trouvera  tout-à-fait  différentes  j  que  la  première 
eft  blanche,  épaide,  &  compofée  de  toutes  les 
parties  qui  font  capables  de  former  un  corps; 
raaisque  la  féconde  n'eft  qu'une  ferofité  acre  &c 
jaunâtre,  qui  ne  peut  contribuer  en  rien  à  la  for- 
mation de  l'enfant ,  n'ayant  point  d'autre  ufage 
que  de  donner  du  plaifir  à  la  femme  par  fa  fortic 
dans  le  tems  de  l'adtion  ,  &  ce  chatouillement  é- 
toit  neceffaire  pour  réveiller  la  fenlibilite  de  la 
matrice  ,  &  inciter  la  femme  à  repondre  aux  ca- 
relfes  de  l'homme ,  fans  quoi  on  fe  leroin  moins 
appliqué  à  faire  des  eiifans. 


fur  U génération  âe  VHomwél  529 

Ceux  qui  conibatent  cette  opinion  ,  rejettent 
la  décihon  que  ces  Philofophes  du  tems  palTé  ont 
donnée  en  faveur  des  maies  ,  non  feulement  com- 
me trop  interefTee ,  mais  encore  comme  une 
imagination  qui  n'a  aucun  fondement  dans  la 
nature  :  Car  s'ils  avoient  examiné  la  ftructure  du 
tefticule  de  la  femme  ,  ils  Tauroient  trouvé  en- 
core plus  admirable  que  celle  du  tefticule  de 
rhomiTiejd'où  ils  auroient  fans  doute  conclu  que 
la  femence  qui  eft  feparée  par  celui-là  ,  a  des  uti- 
litez  très  confiderables ,  y  ayant  des  vaifTeaux 
pour  la  conduire  dans  la  matrice.  D'ailleurs  on 
voit  plufieurs  enfans  qui  ont  les  traits  &  les  incli- 
nations de  leur  mère  ;  ce  qui  prouve  que  ce  n'eft 
pas  le  Père  feul,  auquel  louvent  ils  ne  reiremblenc 
point ,  qui  fournit  tout  ce  qui  eft  neceflàirc  à  leur 
formation. 

Les  Defenfeurs  de  la  féconde  opinion  perfua-  ,  ^^^"^cn 

1  1.1  o    1        r  r  /      1  de    la  dciï- 

dez  que  1  homme  oc  la  femme  lont  également  xiéme. 
parfaits  ,  tSc  que  la  nature  n'a  rien  fa. t  inutilement 
chez  eux,  difent ,  que  puis  que  l'un  &  l'autre  ont 
des  tefticules  qui  feparcnt  la  femence ,  il  faut 
bien  que  tous  les  deux  fourniiîent  chacun  leur 
part  de  la  fubftance  necellaire  à  la  produdioii 
d'un  enfant:  Ce  qui  leur  fait  croire  qu'une  des 
conditions  de  Tengioirement  eft  que  l'homme  & 
la  femme  éjaculent  leurs  femences  en  même  tems, 
&  qu'après  l'aélion  la  femme  ne  fe  trouve  point 
mouillée ,  parce  qu'alors  les  femences  cjaculées 
font  retenues  6c  employées  à  la  formation  du 
fœtus.  Ils  fouticnnent  qu'il  y  a  dans  la  femence 
de  la  f:;mclle  auffi  bien  que  dans  celle  du  mâle  , 
ces  particules  propres  à  former  un  corps  &  un 
efprit  capables  de  tous  les  mouvemens  que  produit 
l'animal  dont    elle   -eft  venue ,  &  que   la  raifon 


5  5  o  *jDîJfertatîon 

même  nous  en  à.o\z  convaincre  fans  le  fecours  des 
lens ,  puis  qu>iitremenc  il  efl:  impoffibie  d'expli- 
quer la  relîerabUnce  de  l'enfant  avec  les  père  Se 
mère,  &  l'on  rapporte  là  delfus  l'exemple  des  mu- 
lets ,  qui  tiennent  également  du  mâle  &  de  la  fe- 
melle ,  parce  qu'ils  font  produits  par  l'accouple- 
ment de  la  jument  &  de  l'âne  ,  qui  font  deux  ani- 
maux de  différentes  cfpeces  :  ce  qui  démontre,  fé- 
lon CCS  Auteurs ,  le  mélange  intime  des  deux  fe- 
mences  dans  la  génération. 

Ceux  qui  ne  conviennent  pas  de  ce  mélange  ; 
répondent  qu'il  eft  ,vrai  que  les  hommes  &  les 
femilies  ont  chacun  deux  tefticules  ,  mais  qu'ils 
font  tellement  differens  dans  leur  flruélure,  qu'ils 
ne  peuvent  faire  la  même  fon6tion  ,  ceux  des 
hommes  étant  un  tilTu  &  un  lacis  d'une  infinité 
de  petits  vailTeaux  qui  feparent  fans  celle  la  ma- 
tière fcminale  ,  pour  l'envoyer  dans  les  refervoirs 
de  ceux  des  femmes,  un  compofé  de  glandes  & 
de  vcflicules ,  dont  les  unes  filtrent  une  liqueur  , 
qui  excite  en  s'écoulant  ce  plaifir  qu'elles  relfen- 
tent  dans  l'a6tion  ;  &  les  autres  ayant  feparé  les 
particules  femînaires ,  les  verfent  dans  de  petites 
membranes  rondes  ,  qu'on  appelle  aujourd'hui 
des  œufs.  Ils  nient  au  refte  que  les  patries  de  la 
femme  fe  doivent  trouver  feches  aorés  l'acftion 
toutes  les  fois  qu'elle  devient  grolfe  :  Ils  difent 
qu'au  contraire ,  fi  l'on  s'informe  des  femmes 
pour  fçavoir  ce  qui  en  eft,  elles  avoueront  toutes 
qu'elles  fe  trouvent  toujours  moiiillées  après  l'ac- 
tion ,  foit  qu'elle  les  rende  fécondes  ,  foit  qu'elle 
n'ait  aucune  fuite  ;  &  ils  ajoutent  que  dans  le  fy- 
ftémc  de  ce  prétendu  mélange  de  femcnce,  il  eft 
impolTible  de  deviner  quelles  parties  du  foetus 
viennent  du  mâle  ,  &  quelles  parties  font  celles 


fur  la  génération  de  l'Homme.»  551 

que  la  femelle  fournie  \  Si  l'un  donne  por  ir  faire 
la  tête  ,  &;  l'autre  pour  la  poitrine  ,  pour  le  ventre 
ou  pour  les  extremitez  ;  &  de  dire  comme  nt  il  fe 
pourroit  que  deux  femences  qui  feroient  cîe  deux 
corps  ditfevens,  fetrouvalTenc  d'ordinaire  en  une 
quantité  fi  jufte,  qu'il  n'y  en  eût  précifemt.'nt  que 
ce  qu'il  faudroit  pour  en  compofer  un  animal 
parfait. 

hts  Auteurs  delà    troifiéme  opinion  ,  C]ui   re-    FxDofîrion 
gardent ,  ainfi  que  nous  avons  dit,  les  tellicules  dciacroific- 
des  femmes  à-peu    prés   comme    des  grap  pes  de       ^P^^^^^ 
raifin ,  ou    ruches    de    mouches  à  miel ,    difenc 
que  chaque  veiïicule  qui  les  forme  a  un  calice  oa 
pédicule  ,  dont  elle  fe  peut  détacher  fans  re  pandre 
ce  qu'elle  contient ,  ni    endommager  les    autres, 
&  qu'elle    renferme  en  petit   un  animal  prefque 
achevé  en  toutes  fes    parties  ;  comme  on    le   voir 
dans  les  œufs  des  poules  ,  aufquels  c^s  ve  (îiculcs 
font  juftement  comparées  ;  que  la  vapeur  dte  la  fe- 
mence  mafculine,  qui  arrofe  la  matrice  étant  por- 
tée au  teffcicule,  la    vcfTicuic  la  plus  proche  de  la 
maturité  ,  ou  la  plus  fufceprible   de  ferm<entati<on 
en  eft  groffie ,  fe  dégage  de  l'ovaire  ,  &  tombe  en 
peu  de  tems  dans  la  cavité  de   la  trompe  ,  qui  la 
conduit  incedamment    dans  la  matrice  :  on    com- 
me un  grain  de   bled  ,  que    l'on  a  femé  dams  une 
terre    préparée  ,  elle  jette  de  petites  racines    qui 
conjointement  avec  celles  qui  fortent  de  la  matri- 
ce même  ,  font  un  gros  tilïii  de  vaifléaux  .,  qui  eft 
le  placenta ,  par  le    moyen  duquel   elle  reçoit  le 
fang  necelfaire  pour  fon  accroiflément  &  fa  nour- 
riture ,  le  fuperflu    étant  renvoyé  à  la  mcre.    0\\ 
prétend  que  la   membrane  qui  forme  l'œuf  eft  la 
même  qui  envelope  l'enfant  pendant  tout  le  tems 
qu'il    fejourne   dans  la    matrice  ,    &   laquelle  il 


j  5  i  Dljfevtatîon 

îompc:  dans  l'acouchemeut.  Aînfi  félon  ces  nou- 
N'caux  Naturalises  ,  la  femme  fournie  route  la  fe~ 
mcnce  nccellaire  pour  faire  Tenfant  j  elle  pi  ère 
le  lieu  où  il  eft  conçu ,  Se  donne  tout  le  fang  dent 
il  eil  nourri  pendant  neuf  mois  qu'il  y  demeure, 
ôc  riiomme  ne  contribue  pour  fa  parc  que  quel- 
ques eiprits  ,qui  en  touchant  l'œuf  l'animent  &C 
le  rendent  fécond. 

4  0b)cc-       (^euK  qui  fe  font  élevez  contre  ce  fiftême  y  ont 
nonscon-  ^  ^  .  .-i  j    • 

irc céder-  cru  trouver  plutieurs  nnpombiiitez  quiis  redui- 
nicr  liite-  ç^^-^^  ^  quatre  chefs.  Le  premier  eft  de  conduire  la 
femence  de  l'homme  jafqu'à  l'ovaire.  Il  n'eil  pas 
poiïiblc  5  difcnt-ils  ,  qu'une  humeur  aulîi  tenace 
étant  é)aculée  dans  le  col  de  la  matrice  ,  puilfe  al- 
ler jufqu'au  fonds,  de-là  palier  dans  la  trompe, 
monter  à  l'ovaire  pour  y  porter  la  chaleur  &  les 
corpufcules  propres  à  la  prolification.  Ils  préten- 
dent que  la  trompe  eft  ouverte  d'une  manière  à 
laidèr  rdûtôt  tomber  la  femence  dans  la  capacué 
du  bas  ventre  ,  èc  que  le  mouvement  que  l'on 
donne  à  la  trompe  ,  d'aller  embrallèr  rovairc  , 
pour  en  recevoir  l'œuf ,  n'eft:  fondé  quedans  l'i- 
magination de  ceux  qui  l'ont  inventé.  Le  fécond 
chef  cfl  de  pouvoir  comprendre  comment  la 
membrane  qui  envelope  toutes  ces  velîîcules,  que 
l'on  appelle  des  œufs  ,  fe  rompt  pour  en  laîlîèr 
cchaper  un  ,  &  lui  permettre  de  le  glillcr  dans  la 
trompe  peut-être  auiïi-tôc  tranfporté  dans  la  ma- 
trice. Le  troifiéme  chef  ne  reçoit  pas  moins  de 
difficulté  ;  car  quel  moyen  de  s'imaginer  que  la 
trompe  puiile  aller  cmbrairer  fi  juftement  l'ovai- 
re, que  l'œuf  détaché  ne  puilFe  pas  tomber  dans  U 
capacité  du  ventre  :  Si  c'eût  été  le  dellein  de  la 
nature  de  fe  fervir  de  cette  voye  ,  elle  ne  lui 
auroît  pas  laiifé  courir  ce  rifque ,  &  elle  auroic 


fnr  la  génération  de  l'Homme.  533 

fait  un  vailFeau  continu  de  l'ovaire  à  la  matrice  , 

pour  y  conduire  avec   fureté  Toeuf,  quand  il  au- 

roit  acquis  fa  maturité.  Enfin  le  quatrième   chef 

efl:,que  fuppoféque  la  femence  allât   à    l'ovaire, 

qu'un  œuf  s'en  détachât, &  qu'il  fût  conduit  dans 

la  matrice  ,  il  faudroit    que  cet   œuf  s'y    trouvât 

après  l'a  :^  ion:  Or  ils  prétendent   qu'il  ne    s'y  ei^ 

trouve  point, parce  qu'on  a  ouvert  quantité  de  va- 

cheSjde  brebis  ôc  de  chiennes  après  qu'elles  avoienc 

été  couvertes  ,  dans  la  m.atrice  defquelles  on  n'a 

point  remarqué  d'œufi&  que  la  nature  étant  uni- 

,  forme,  la  génération  fe  doit  faire  dans  les  femmes 

comme  dans  le  refte  des  femmes. 

Après  vous  avoir  expliqué  les  principales  raifons 

qui  peuvent  défendre  ou  détruire   chaque  de  ces 

trois  opinions,il  eft  tems  de  fe  déterminer  en  faveur 

de  quelqu'une.  Pour  moi  je  trouve  l'opinion  de» 

ovarilles  la  plus  vrai-femblable  ;  &  pour  juftifier  la 

préférence  que  je  lui  donne  ,  je  vas  répondre  aux 

objeétions  qu'on  y  a  faites,&  tâcher  de    lever  les 

ddficultezles  plusconfideraLIes  qui  y  reftent. 

Sur  la  première  objection  je  dis  que  la  femence  ja  ^^^^,1^,^ 

eft  portée  fort  aifément   jufqu'à  l'ovaire  ,  incon-  Objcciion. 

tinent  après  que  l'homme  en   a  fait  l'éjaculation 

dans  le  fond  de  la  matrice  ,  qui  s*efl:    avancée  &C    ^ 

I  .  1,     T       •  r      Comment 

ouverte  pour  la  recevoir  j  car  lorihce  mterne   le  j^  femence 

fermente  enfuite,cette  femence  retenue  eft  prelTèe  de  rhommc 

par  les  parois  de  la   matrice  ,  qui   s'approchent  ^^-^  ^^afji. 

l'une  de  l'autre  ;  ce  qui   oblige  la  partie   la  plus  rc. 

fubtile,  quieftapellée  l'efprit  volatile  de    la   fe- 

mencCjd'entrer  dans  le  tuyau  de  la  trompe  ,  donc 

Je  pavillon  s'eft  contradé  de  telle  forte  dans  U 

chaleur    de  l'adion  ,  que  demeurant   aplique    à 

l'ovaire  il  l'embraffe  fi  étroitement  de  toutes  parts, 

^u'il  ne  fc  peut  rien  échaper  de  ect  efprii  feminal 


3  54  Dtjfertatîon 

dont  l'influence  étant  ainli  toute  rafTcmbléc  fur 
l'ovaire,  l'œuf  le  plus  mûr  en  eft  rendu  fécond  ,  il 
fe  fermen  te  ,  il  s'agite,  &  s'étant  peu  à  peu  débar- 
rallé  de  ce  qui  l'environne  ,  il  tombe  dans  l'orifice 
fnperieur  de  la  trompe,  qui ,  par  le  rclferrement 
fuccc (îif  de  fes  fibres  mufculeufes  le  poulïe.vers  le 
fond  de l.a  matrice. 

La  ftrijéture  de  l'utérus  nous  prouve  cette  théo- 
rie. Ex?imincz  la  figure  du  fond  de  la  matrice , 
vous  ffouverez  que  la  cavité  en  eft  plate  ,  que 
quand  par  fa  contraction  générale  les  deux  parois 
applatiics  s'approchent  l'une  de  l'autre  ,  après  que 
l'orifice  interne  s'efl;  fermé  ,  il  eft  neceflaite  que 
toute  la  fcmcnce  ,  ou  fa  portion  la  plus  liquide 
entve  dans  les  orifices  des  trompes.Remarquez  ce 
qui  fe  pade  lorfqae  Ton  avale  une  cuillerée  de  fou- 
pcjon  ouvre  la  bouche  pour  la  recevoir,  on  la  fer- 
me après  l'avoir  reçiië,enfuite  la  langue  la  predant 
contre  le  palais-Toblige  d'entrer  dans  l'œfophage 
qui  la  conduit  dans  l'eftomac.  C'cft  ainfi  que  par 
une  mécanique  peu  ditFerente,&  par  la  difpofition 
naturelle  de  la  matrice  &  des  trompes  la  femence 
eft  portée  à  l'ovaire. 

On  peut  penfcr  auffi  que  le  fang  fert  de  véhicu- 
le à  cette  femence  pour  l'introduire  dans  les  tefti- 
cules  de  la  femme  ,  puifque  par  divers  fympto- 
mes  qui  furviennent  aux  femmes  après  fa  con- 
ception ,  tels  que  font  les  dégoûts,  les  inquietu- 
■  des ,  les  lafïïtudes  ,  l'appétit  dépravé  ,  la  faliva- 
tion  copieufe  ,  &  îa  fupprelîion  des  mois  ,  on  a 
tout  lieu  de  conjedurer  que  la  femence  de  l'hom- 
me en  fe  mêlant  avec  la  mafte  du  iang  de  la 
femme  ,  change  la  tilfuredefes  parties  ,&  caufe 
les  accidens  que  nous  venons  de  rapporter.  Et 
certainement  il  feroic  difficile  de  concevoir  que 


fur  la  qé-nhation  de  l'Homme.  5  5  j 

des  fimptomes  puflènt  arriver  autrement  ;  car 
coimnem,  je  vous  prie,  la  feule  palîion  caulée  par 
le  plailir,  &  par  l'émotion  que  les  femmes  reçoi- 
vent dans  les  approches,  ôc  fur  tout  dans  le  tems 
de  la  conception,  feroit-elle  capable  de  produire 
ces  cfFets^vù  qu'en  mettant  le  fang  dans  un  plus 
grand  mouvemenr^il  devroit,  au  contraire  s'enlui- 
vre  des  accidenstout  oppofez  à  ceux  que  nous  ve- 
nons de  dire,  qui  félon  toutes  les  apparences  ne 
font  caufez  que  par  une  certaine  coniiftance  6c 
acrimonie  produite  dans  le  fang  des  femmes  par 
Tacidc  ôc  le  foufre,donc  la  fcmence  de  Thomme 
abonde. 

Pofé  donc  que  la  femence  de  Thomme  fe  mêle 
dans  le  fang  de  la  femme ,  il  cil  à  croire  qu'elle 
n'y  refte  pas  inutilcmer.t ,  &  que  c'eft  non  feule- 
ment pour  lui  donner  la  confiftance  ,  Se  d'autres 
împreflîons  necelTaires  à  la  produdion  du  fuc  dont 
le  tœtus  doit  fe  nourrir  dans  la  maniceiMais  fpe- 
cialeraenc  pour  être  diftribué  avec  cette  liqueur 
par  la  voye  de  la  circulation  dans  l'ovaire  ,  en  dé- 
tacher quelque  œuf  par  la  fermentation  qu'elle  lui 
donne,  &  le  faire  tomber  dans  les  trompes  de  fal- 
lope,&  delà  dans  la  matrice,  afin  qu'il  s'y  nour- 
rille,  &  qu'il  y  prenne  fon  accroilïèmenr. 

Quant  à  la  féconde  objedion ,  je  conviens  qu'il 
feroit  difficile  que  la  membrane  du  terticule  s'ou- 
vrît il  elle  étoit  abfolument  continue  ;  mais  il  la 
£aut  concevoir  compofée  de  plufieurs  petites  por-. 
tions  de  tuniques  contiguës  les  unes  aux  autres5& 
qui  peuvent  par  confequent  fe  fépar'er  entr'elies 
en  divers  endroits  fans  forcer  les  parties  voi(încs, 
ni  leur  faire  violence  ,  d'autant  plus  que  cette, 
defunion  ne  fe  fait  pas  fubitemcnt,  mais  peu  à 
peu  à  proportion  que    l'œuf  groffic  &  s'avance 


5  5  6  Dijfertatwn 

Quand  cet  œuf  eft  piec  a  tomber  il  ne  tient  plus  à 
1  ovaire  que  par  une  petite  queue,  comme  le  fruic 
à  Tarbre,  lequel  étant  mur  tombe  par  la  moindre 
lecouiTe  que  Ton  y  donne  ;  J'ai  louvent  trouvé  à 
des  femmes  que  j'ay  dilFequéeSjde  ces  œufs  à  demi 
détachez,  &  d'autres  qui  rétoient  tellement,qu'ils 
pendoient  à  l'ovaire  ,  comme  une  perle  fait  a  une 
oreille,  ne  tenant  plus  que  par  quelques  petits  filets 
membraneux. 
Rcponfc  à  11  eft  facile  de  répondre  à  la  troifiéme  j  car  s'il 
la^troiiie-  ^fj-  ^j-^j  ^^g  ^^  pavillon  de  la  trompe  puiilè  aller 
embralTer  l'ovaire  pour  y  porter  la  parrie  la  plus 
volatile  de  la  feraence  ,  il  ell  vrai  auiîi  qu'il  peut 
de  cet  ovaire  qu'il  environne  de  toutes  parts ,  re- 
cevoir l'œuf  qui  s'en  détache,  &  le  faire  pailer  en 
toute  fureté  jufq'i'aa  dedans  de  la  matrice  ,  fans 
•avoir  bcfoin  d'un  autre  conduit  pour  cet  elle:.  Or 
voici  pourquoi  le  pavillon  de  la  trompe  doit  s'a- 
pliquer  à  l'ovaire  lorfque  le  fond  de  la  matrice  eft 
tiré  par  les  deux  ligamens  ronds, pour  aller  au  de- 
vant de  la  verge  ;  les  deux  extremitez  des  trompes 
qui  font  attachées  à  ce  fond  font  obligées  de  le 
luivre  ,  pendant  que  les  deux  autres  qui  font  en 
partie  flottantes  dans  le  ventre  ,  fe  relevent,fe  roi- 
di{rent  par  le  moyen.de  leurs  fibres,&fe  courbent 
en  s'approchant  chacune  de  fon  tefticulc  ,  par  le 
moyen  des  ligamens  larges  qui  unifiant  ces  parties 
eniemble  les  contraint  de  fuivre  les  mouvemens 
de  la  matrice  :  Après  l'a6tion  ,  la  matrice  retour- 
nant en  fon  premier  état  ,  il  arrive  iouvent  que 
les  refïbrts  fe  relâchant  ,  les  trompes  s'âbaiiTenc  , 

6  reprennent  la  même  figure,  &  la  même  place 
qu'elles  avoient  auparavant  ;  Mais  quelquefois 
auffi  l'un  ou  l'autre  des  pavillons  qui  tient  dans 
ion  recQurbcment  le  tefticule  ferré  uc  s'en    de- 

pveud 


fur  la  génération  de  l'Homme.  5  j  7 

prend  qu'après  cet  ovaire   s'eft  defenflé  en  fe  dé- 
chargeant dans  la  crompe  d'an  œuf  fécond. 

Ce  mouvement  du  rellort  de  la  trompe  ell:  con- 
firmé par  un  fait  arrivé  en  Angleterre  il  y  a  envi- 
ron huit  ans.  Monfieur  Seton  Médecin  de  Mon- 
fieur  le  Marquis  de  Louvoy  me  fît  voir  une  lettre 
qu'il  venoit  d'en  recevoir.  On  lui  mandoic  que 
l'on  avoit  fait  l'Anatomie  d'une  femme  exécutée 
depuis  peu  ;  à  laquelle  l'on  avoit  trouvée  une  des 
trompes  attachée  à  l'ovaire  du  même  côté  par  foii 
pavillon  qui  l'embrairoit  tout  entier  ,  &  que  l'on 
avoit  apr^s  par  les  informations  qui  furent  faites, 
que  cette  femaie  avoit  connu  un  homme  dans  la 
prifon  peu  de  tems  avant  fon  exécution. 

Enfin  l'on  répond  à  la    quatrième  Objection  , 'o'urion  de 
que  Cl  l'on  n'a  point  trouvé  d'œufs  dans  la  matrice  mc^ot,iccJ 
des    animaux  dont    on  a    fait  l'ouverture  ,  après  "on. 
avoit  été  couverts,  c'eft  qu'il  ne  s'en  détache  pas  à 
toutes  les  fois ,  ou  qu'il  en  feroit   tombé  iî  l'on 
avoit    attendu  quelques    jours  à  les  ouviii  \  car 
l'œuf  ne  fe   porte  pas  avec  précipitation    dans  la 
matrice  ,  il  faut  qu'il  y  foit  conduit  par  le  mou- 
vement vermiculaire  &  lent  de  la  trompe  dont  le 
canal  eft  fort  étroit  dans  une    grande  partie  de  fon 
étendue.    Mais  ce  qui  prouve  manifeftement  qnc 
la  chofc  eft  ainfi,&  que  chacune  de  ces   vellicules 
àcs,   ovaires  fert  de  fondement  au  fœtus  humain, 
ce  font    les    obfervations  qu'on  a  faites  dans    les 
brutes  :  Monfieur  Graaf  eft  le  premier  qui  les  ait 
reportées  ,  il  dit  qu'ayant  ouvert  plufieurs  femelles 
d'animaux  qu'il  avoit  fait  couvrir  ,  il  y  a  toujours 
remarqué  qu  un  jour  après  la  conception  il  y  a- 
voit  inflammation  à  la  membrane  qui  couvre  ex- 
teri.  urement  l'ovaire  ,  que  deux  jours  après  l'in- 
flammation étoit  plus  grande  j  jufqu'à  ce  qu'enfin 

Y 


3  3  s  Vljfertat'ion 

cette  membrane  fe  rompant,  on  ne  manquok  pas 

de    trouver   une  petite  veflicule  dans  la  matrice. 

Mais  quoi  qu'on  ne  puille  pas  faire  la  même  ex- 
p-:rience  fur  les  femmes  ,  cela  ne  doit  pas  nous 
empêcher  de  croire  qu'il  ne  fe  paiïe  chez  elles  la 
même  chofe  que  dans  les  autre  anîmiux  ;  car 
puifque  les  ovaires  y  ont  la  même  ftrudure,  il  y  a 
toute  apparence  qu'ils  ont  aaiïi  le  même  ufagCjiSc 
qu'ils  renferment  dans  leurs  petits  vefîicules  les 
premiers fondemens  du  fœtus  ,  d'autant  plus  que 
la  nature  ne  fe  fert  pas  de  voyes  différentes  où  elle 
peut  employer  les  mêmes. 

L'opinion  des  œufs,  quoique  nouvelle,  a  néan- 
moins été  indiquée  par  les  plus  fameux  Méde- 
cins de  l'antiquité  :  Hippocrate  dit  qu'il  a  vu  dans 
une  conception  ,  ou  un  faux  germe  de  fix  jours  , 
une  membrane  (emblable  à  celle  qui  couvre  le 
blanc  de  l'œuf,  a  laquelle  on  découvroit  des  tayes 
épaillès  &  pleines  d'une  matière  rougeâtre  :  Or 
une  telle  membrane  ne  pouvoit  pas  être  formée 
tn  fix  jours  ;  c'étoit  donc  apparemment  celle  qui 
enfermoit  la  miatiere  feminale  ,  &:  les  tayes  rouges 
&  épailles  éi oient  les  racines  que  jettoit  cette 
membrane  pour  s'attacher  à  )a  matrice  ;  &  rece- 
voir du  fang.  Et  Galien  a  toujours  foûtenu  que  la 
nature  commcnçoit  la  formation  par  la  fabrique 
des  membranes  qui  envelopenr  le  fœtus, parce  que 
dans  toutes  les  obfcrvations  qu'il  avoic  faites  fur  la 
conception,  ayant  toujours  remarqué  qu'il  y  avoic 
des  membranes  avant  aucune  autre  partie  :  il  les 
croyoic  formées  les  premières  ,  parce  qu'il  igno- 
roit  qu'elles  pufTent  être  apportées  de  l'ovaire  , 
perluadé  que  la  femence  étoit  reçue  de  la  matrice 
toute  en  liqueur. 
U  eft  tems  de  reflécliir  fur  les  quatre  Hiftoires 


fur  la  génération  de  V Homme,,  539 

que  j'ai  raporiées  au  commencemenc  de  ce  rrai-  ^Réflexions 
té,  &  d'y  chercher  des  preuves  pour  la  genéranon  jrc  p^-miçl 
de  l^honime  par  le  moyen  de  l'oeuf.  Sur  la  premie-  res  Hiftoi- 
rcjdonc  j'ai  fait  graver  une  planche  qui  eft  au  corn- 
mc-ncemenc  de  cetce  Diirercation,ie  ne  fuis  pas  du 
fentimenc  de  ceux  qui  croyent  que  ces  deux  fonds 
de  matrice  ont  écé  ainfi  faits  dès  la  première  for- 
ïTiarion5&  qu'ils  onc  été  attachez  fur  un  même  col^ 
de  la  même  manière  que  nous  voyons  fouvenc 
deux  cerifes  fufpenducsà  une  même  queue  ,•  Mais  Explicai 
fans  accu  fer  ici  la  nature  de  bizarrerie  ,.  mon  opi-  p^^^jj^^ç^^ 
nion  eft  qu'un  œuf  aiant  été  détaché  de  l'ovaire 
gauche,  &  s'étant  pouffe  julqu'a  la  matrice  par  la 
trompe  ,  au  lieu  de  tomber  dans  l'utérus, il  'e  fera 
arrêté  entre  fes  deux  membranes  ,peut  être  parce 
que  l'ouverture  de  là  membrane  interne  étoit  trop 
petite  pour  permettre  a  cet  œuf  de  jalVer  en  cet 
endroit  ,  qu'il  y  aura  germé  ,  &  qu'y  ayant  trouve 
des  artères  &  des  veines,comme  il  auroit  fait  dans 
le  fond,  il  s'y  fera  grolîi ,  en  poulfant  peu  à  peu  la 
membrane  externe  ,  qui  aura  forraé  cette  poche 
dans  laquelle  il  étoit  contenu  ,  &  qui  n'étant  faite 
que  d'une  portion  de  cette  fimple  membrane  ex- 
térieure ,  n'aura  pas  pu  s'étendre  autant  qu'acvoit 
fait  la  matrice  toute  entière  •■,  ce  qui  a  du  la  faire 
crèvera  fix  mois  ou  environ  ,  pour  permettre  à 
l'enfant  de  palier  dans  le  vuide  de  l'abdomen  pat 
l'ouverture  que  voyez  à  ce  fac. 

Cette  raifonme  paroit  la  meilleure  qu'on  puîffe 
apporter  de  ce  fait  i  car  il  eft  certain  que  l'en- 
fant a  été  formé  dans  cette  production  :  la  femen- 
ce  y  a  donc  été  portée  en  liqueur  ,  comme  vou- 
loient  les  Anciens  ,  ou  dans  un  œuf,  comi-Q»e  nous 
prétendons  aujourd'hui  :  Mais  il  eft  împoiTiblê 
qu'une  liqueur  ait  pu  refif  r  dans  cet  ensiroif.lî  eUô 

V    îj 


3  4©  Dijfertation 

avoit  été  donnée  par  l'homme  elle  fe  feroic  arrê- 
tée dans  la  marvice,&  fi  elle  étoit  venue  de  la  fem- 
me elle  y  aurok  auili  pu  tomber  ,  quelque  petite 
que  fut  l'ouverture  de  la  trompe  ;  ainfi  il  y  a  couc 
fujet  de  croire  ,  que  c^eft  un  œuf  retenu  en  cet  en- 
<lroit,qui  s'y  étant  grofîî  a  donné  lieu  au  dévelope- 
ment  de  Ton  germe  ,  c'eft-à-dire,  de  l'enfant  qu'il. 
contcnoitj&  formé  cette  partie  que  Ton  a  regardé 
comme  un  fond  de  matrice  fupernumcraire. 
explication  La  féconde  Hiftoire,qui  eft  de  Monfieur  Baile, 
dc'.alcccn-  f^j^  yoir  que  l'enfant  a  été  formé  dans  une  des 
trompes  ,  qu  u  y  a  demeure  jutqu  au  neuvièmes 
mois3&:  qu'alors  faifant ,  félon  la  coutume,  des  ef- 
forts pour  fortir  de  fa  prifon  ,  &  les  membranes 
dans  lelquelles  il  étoit  Contenu  n'étant  pas  alTez 
fortes  pour  refifter  aux  mouvemens  &aux  fecouf- 
fes  que  donne  un  enfant  de  neuf  mois,  elles  fe  fe-, 
ront  rompués,&  il  fera  tombé  dans  la  capacité  dii . 
V£ntre,où  ayant  trouvé  une  humeur  capable  de  le 
preferver  de  pourriture  ,  &  de  le  durcir,il  aura  pu 
refter  vingt-cinq  ans  &c  davantage  fans  donner  ia 
mort  à  fa  mère.  Les  grumeaux  de  fang  qu'elle 
rendit  dans  le  tems  de  fes  grandes  douleurs  ,  qui 
n'avoient  ni  fibres  ,  ni  confiftance  ,  venoienc  pat 
l'ouverture  de  la  trompe  qui  donne  dans  la  matri- 
ce,&  étoient  caufez  par  le  déchirement  de  la  m.ê- 
me  trompe  :  les  pertes  blanches  qu'elle  eut  enfui- 
te  mêlées  de  fang  ,  marquoieiit  la  fuparation  qui 
4e  faifoit  de  cette  membrane  dilacerée  ,  parmi  lel- 
quelles il  s'échapoit  du  fang  de  les  vailfeaux  rom-» 
pus,  Se  le  corps  dur  &  calleux  qui  étoit  à  la  matri- 
ce, s'étoit  produit  par  les  compreflîons  fréquentes 
de  ce  cadavre ,  qui  pendant  vingt-cinq  années 
fatigua  tellement  cette  femme  ,  qu'à  la  fin  il  lui 
caufa  une  fièvre  contimië,  qui  termina  fes  jours. 


fur  la  génération  de  l'Homme.  541 

La  troiliénic   Hiitoire  eft  alfez   femblable  a  U  EipHcà  ion 
j  /         ,  1,     «N    1,      r  ,      ,    ;  de  ia  croi- 

precedeiite,  excepue  qu  en  celie-la  i  enranc  n  a  ece  némc. 

que  vingt  trois  années  dans  la  capacité  du   ventre 
&  que   luivant  l'antre  il  y  a  demeuré  deux  années 
davantage  j  ici'  la  matrice  parut  dans  fon  entier  , 
ce  qui  fait  voir  que   l'enfant  ne  l'avoit  pas  crevée 
pour  s'échaper  dans  le  ventre  ,  comme  quelques- 
uns  pourroienc  croire, &  principalement  ceux  qui 
propofent  l'opération  Cefarienne  j  perfuadez  que 
l'on  peut  faire  uneincidon  au  corps  de  la  matrice 
capable  d'en  tirer  l'enfant  fans  tuer  la  mère  ,  &c 
que  même  elle  peut  guérir  ,  prétendant  qu'elle  fe 
peut  réunir  aufïi  bien  qu'aucune  autre  partie.Mais 
c'cll  une  erreur  populaire  de  croire  qu'il  y  ait  eu 
des  femmes  à  qui  l'on  a  retiré  l'enfant  par  le  cô» 
réjôc  qui  n'en  foient  pas  mortes,  je  réfuterai  cet- 
te opinion  dans  un  autre  endroit.    Je  me  contente 
donc  ici  de  dire  ,  que  puifqae  la  matrice  n'étoic 
point  endommagée ,  il  falloit  que  l'enfant  eûté  té 
formé  ailleurs  que  dans  fa  capacité:  ce  ne  pouvoic 
être  que  dans  la  trompe  ,  où  l'œuf  s'étant  arrêté  , 
il  y  avoit  germé   &  groflî  ;  &  à  neuf  mois  on  en- 
viron il  avoir  rompu  fes  membranes  ,  &  la  trompe 
qui  lui  fervoir  de  matrice  ,  ayant  demeuré  dans  le 
vuide  du  ventre  jufqu'à  la  mort  de  la  mère  :  enfin 
fî  ce  petit  cadavre  ne  s'eft  poLntcorrompu  pendant 
vingt-trois    années    qu'il  y  a  fejourné  ,  c'eft  qu'il 
n'avoic  point  été    touché  par  l'air  extérieur  :  &c 
qu'il  nageoit  dans  deux  peintes  d'eau   qui  lui  fcr- 
voient  de  faumure. 

La  quatrième  hiftoirc  arrivée  à  l'Hôtel  -  Dieu  J^' j^^"°" 

1    T-.     •     /-      1      r      1     1  /  a:ladcrBie- 

deParislurla  hn  de  l'année  iGç)6,    ne  nous  per-  re  hirtoirc; 

met  pas  de  douter  que  l'enfant  dont  il  eft  parlé 

n'ait  été  formé  dans  la  trompe,  la   femme  étant 

morte  peu  de  tems  après  que  l'enfant  eut  crevé  le 

Y   iij 


342  "D'tjfertatîon 

fac  où  il  étoir  contenu  ;  l'arriere-faîx  qui  s*etoîc 
multiplié,  fut  trouvé  par  la  recherche  qu'on  en  fit, 
attache  a  dilertns  organes  :,  comme  le  m-^fentere, 
Tepiploon  ,  6l  la  trompe^  de  même  qu'une  plante, 
qui  cherchant  à  fe  nourrir  ,  jette  des  racines  dans 
toutes  les  parties  qui  environnent.  Les  accidcns 
qui  ac^ompagnuieni  cette  groirelle  maïquoient 
que  i'enFant  n'etoit  poiiic  dans  la  matrice  où  il 
dcvoicetre:  aufh  la  trouva-c-on  extérieurement 
&  intérieurement  dans  fa  dirpoluion  naturelle  : 
tt  a  cette  femme  n'a  pasfuivccu  à  fon  enfant 
comme  les  deux  précédentes,  on  en  doit  attribuer 
lacaule  ou  à  la  mifere  qu'elle  avoir  foufferte  au 
commencement  de  fa  grollelle,  ox  bien  à  la  faute 
qu'on  nt  fur  la  fin  ,  de  ne  lui  pas  ouvrir  le  ventre, 
pour  en  tirer  l'enfant. 

Ces  quatre  hiftoircs ,  qui  font  très-certaines  ,  Sc 
aufqueucs  j^'en  pourrois  joindre  plufieurs  autres, 
foni  autant  de  preuves  convainquantcs,qu'un  en- 
fant pcLtt  être  engendré  hors  de  l'utérus  &  dans  les 
trompes  :  Il  s'agit  a  prefent  d'examiner  comment 
la  iemence  s'y  peut  arrêter  ,  &  ^  croître. 

Ceux  qui  tiennent  l'opinion  du  mélange  des 
deux  femences  ,  ne  pouvant  pas  difconvenir  des 
faits  :difent  que  la  feruence  de  l'homme  pouvant 
entrer  dans  la  trompe  par  fon  oaverture,qui  eft  du 
coté  de  la  matrice  ,  peut  s'y  être  arrêtée;  d'autant 
plus  que  la  femence  de  la  femme  venant  à  la  ren- 
contre ,  les  deux  femences  peuvent  fe  mêler  dans 
la  trompe  comme  elles  feroienr  dans  le  fond  de  la 
matrice, &  y  former  un  enfant  ,  fans  qu'il  foit  be- 
foin  d'admettre  le  fecours  des  œuf?. 

Ce  fentiment  eft  oppofé  a  la  mécanique  des 
trompes  qui  font  étroites  du  coté  de  la  matrice  , 
&  vont   en  s'elaigillanc  à  mefure    qu'elles  s'en 


'   fur  la  génération  de  l'Homme.  34^ 

éloignent ,  car  (i  la  (emence  entre  pai  le  cocé 
étroit: ,  elle  ne  peut  plus  s'arrêter  dans  un  conduit 
qui  iuivanc  la  même  direction  a  un  pallagp  beau- 
coup plus  large  &  plus  ailéiaufîî  prétendons-nous 
que  la  femence  le  glilîe  très  Facilement  parce 
chemin  jufqu'à  l'ovaire  ,  &  qu'au  contraire  cette 
même  ftrud-ure  de  la  trompe  ,  qui  permet  à  un 
œuf,  qui  cil;  pour  l'ordinaire  de  la  grolïeur  d'un 
petit  pois,  d'entrer  dans  la  cavité  par  Ton  ouver- 
rurc  la  plus  large  ,  cft  fu jette  à  s'arrêter  quelque 
fois  eu  chemin,  parce  que  Ion  guverture  du  cocé 
de  la  matrice  fe  trouvera  trop  étroite  pour  le 
laiifer  tomber  dans  cet  organe  \  d'où  je  conclus 
que  les  enfans  qui  ont  été  trouvez  dans  les  trom- 
pes ,  y  font  décendus  du  tefticule  fous  la  forme 
d'un  œuf. 

On  a  été  fi  long-tcms  perfuadé   que  la  genc- Rffijfgjjon 
ration  le    failoit  par     le  mélanfie   de  la  femence  '^"  railbu- 
du  maie   avec  celle    delà  rcmelie  ,  qu  il  ne  faut  ceux  oui 
■pas  s  étonner  fi  cette  opinion  trouve  encore  tant 'i^pncnr  le 
de  défenfeurs.    Ils   objectent  que   s'il  eft  vrai  que  tcs'^jeuj" 
la  femence  foit  un  compofé  de  corpufcules  dcta-  ^i^ineaccs. 
chez  de  chaque  partie  ,  &  capables  de  former   un 
corps    femblable  a  celui  dont  ils    font    fortis  ;  & 
que  pour    produire  un  maie  il  fe  doive    faire  des 
extraits    de    toutes  les    parties  de    l'homme ,  par 
excmple,&;  pour  former  une  femelle  il  en  faille  de 
toutes  celles  de  la  femme  ,  l'homme  ne  pourroic 
fournir  toute  la  matière  de  la  génération  j  com- 
me le  vouloient  ceux  de  la     première  opinion  , 
qu'il  ne  fe    fit  toujours  des  mâles  j  ni  la  femme 
produire    toute    fa    femence    necellaire   ,   com- 
me le  veulent  les    ovarilles  j  qu'il  ne    vint  tou- 
jours des    femelles  :  C'eft    pourquoi  ils  infèrent , 
qu'atin  qu'il  fe  faile  tantôt  des   mâles ,  &  tantôt 

Y    iiij 


344  Dîjfertatîon 

des  femelles ,  il  faut  que  la  femence  que  l'un  ré- 
pand domine  aUernarivement  fur  celle  que  vetTe 
l'autre  ,&  qu'elle  aie  plus  de  vigueur  ,  foie  par  fa 
quantité  ,  foie  par  fa  qualité. 

L'expérience  détruit  tous  ces  rai  fon  ne  mens  , 
quand  on  conhdcre  ce  qui  le  palle  dans  une 
poule  5  car  il  ell  certain  qu'elle  fournit  dans  un 
œuf  tout  ce  qui  eft  neceilaire  pour  la  produdiion 
d'un  poulet,  &  que  toute  la  matrice  de  cet  œuf  eft 
entièrement  de  la  coule  ,  néanmoins  nous  voyons 
que  de  vingt  œufs  qu'elle  couvera  il  naîtra  pref- 
<^ue  autant  de  cocqs  que  de  poule^  ;  quoiqu'ils 
aient  tous  un  même  piuicipe,  &  que  le  cocq  de 
même  que  l'homme  n'y  ait  contribué  de  fa  part 
que  quelque  fubftance  fpiritueulc  propre  à  vivi- 
fier ces  œufs.  La  même  chofe  arrive  dans  iesDoif- 
fons  ;  une  carpe  jette  une  infini'-é  d'œufs  fur  Icf- 
quelsle  maie  ré  and  fa  femence  ,  qui  eft  une  li- 
queur qu'il  exprime  de  fa  laitte,  ponr  les  rendre 
féconds  :  oC  de  ces  œufs  il  en  fort  autant  de  mâles 
que  de  femelles,  quoiqu'ils  ne  foient  tous  remplis 
que  de  particules  détachées  de  la  carpe. 

Ils  rapportent  encore  l'exemple  des  animaux 
qui  participent  du  maie  &  de  la  femelle  qui  les 
ont  entendrez  ,  quoique  l'un  &  l'autre  foît  de  dif- 
férente nature,  comme  le  mulet  qui  vient  par  l'ac- 
couplement de  la  jument  &  de  l'àne  ;  &  qui  tient 
de  tons  les  deux  :  L'on  répond  à  cette  objed:ion 
par  un  autre  exemple  ;  Si  ion  met  couver  jdcs 
œufs  d'une  poule  qui  aura  et  cochée  par  un  cocq- 
faifan  ,  ce  qui  arrive  tous  les  jours,  les  poulets  qui 
en  viendront  tiendront  de  la  nature  du  fai(an,  & 
de  la  poule  ,  &  feront  meilleur  que  les  autres  -, 
néanmoins  cette  production  ne  fe  fait  point  par 
un  mélange  fubftantiel  de  ces  deux   femences. 


fur  la  génération  de  l'Homme.  5  45 

puîfquc  la  poule  avoit  auparavant  tous  les  œufs 
enveloppez  chacun  dans. fa  membrane  propre  ,& 
que  ce  cocq  n'a  pu  que  donner  occafîon  par  la 
fermentation  de  la  femence  dans  le  corps  de  la. 
poule  à  quelque  nouvel  arrangement  des  partîes 
du  poulet ,  qui  y  éroit  déjà  tout  forme  ,  &  alte« 
rer  le  fuc  qui  l'v  devoir  nourrir  encore  quelque 
tems.  Car  la  poule  ne  pond  poini  aufïi-tor  qu'elle 
a  été  cochée  ,  l'œuf  couché  de  la  femence  du  cocq 
rcfte  quelque  ours  à  fe  perfectionner  ,  &  à  fe  dé- 
tacher pour  forcir. 

L'on  objeitc  de  plus  ,  qu'il  ne  fe  peut  pas  faire  ^p^f  autre' 
qu'une  homm.e  lorte  d'un  œuf  fi  .petit,   puifque  objcdion. 
pour  produire  le  moindre  des  oifeaux  la  nature  fe 
fert  d'œufs  beaucoup  plus  gros  ,&que  ceux  d'une 
poule  par  raport  à  un  homme  ,  font  incompara- 
blement plus  gros  que  ceux  dont  on  prétend  que 
les  hommes  font  produits.  Cet  argument  cft  faci- 
le à  refoudre  5  c'eft  que  dans  les  œufs  que  font  les 
femelles  qui  couvent  hors  d'elle  même ,  comme 
les  volatiles,  il  y  a  dequoi  faire  connoîcre  l'ani- 
mal pendant  qu'il  fêjoui  ne  au  dedans  ,  le  blanc  &C 
le  jaune  lui  fervant  de  différente  nourriture  félon 
fon  befoin,  &  fe  confumant  à  mefure  qu'il  grofîit  ; 
&  quand  il  efl:  dé  a  fort  ,  il  fc  tourmente  ,  il  caffe 
fa  coque  avec  fon  bec  ,  &  il  fort ,  pour  chercher  ^^es  ani- 
des  alimcns  ailleurs  :  mais  les  œufs  des  femelles  ^^"^f'^ir*^'^ 
qui  couvent  dans  leur  matnce  ,  comme  celles  des  rcntdcccux 
grands  animaux  terreftres,  contiennent  feulement  dcsoiUaux. 
en  petit  les  particules  propre  à  former  un  corps  , 
&  à  commencer  fon  accroilïement ,  car  aufH-rôt 
qu'ils  font  dans  la  matrice  ils  en  tirent  la  nour- 
riture par  des  racines  qu.ils  y  jettent ,  comme  les 
femcnces  qui  font  d'ordinaire    baucoup  plus  pe- 
tites par  rapport  aux  plantes  qui  en  fortent ,  que 


34^  DljfcrtatloH 

ft'eft  le  corps  humain  à  l'égard  de  l'œuf  qui  le 
produit ,  tire  de  la  terre  par  leurs  racines  le  fuc  qui 
leur  eft  nectUairc. 

Si  l'on  calle  un  œuf  de  poule  ou  de  pigeon  huit 
ou  dix  jours  après  qu'il  aura  été  couvé  »  Ton  verra 
le  jaune  attaché  au  nombril  du  poulet  ou  du  pi- 
geonneau ,  de  la  même  manière  que  le  cordon  efl: 
attaché  à  l'ombilic  d'un  enfant.Si  l'on  en  caife  un 
autre  qui  aura  été  couvé  quinze  ou  feize  jourSjOa 
trouvera  le  jaujie  prefque  tout  confumé  ,  &:  l'on 
fera  convaincu  que  la  nourriture  du  poulet  pen- 
dant qu'il  eft  dans  la  coquille  ,  lui  eft  principale- 
ment fournie  par  le  jaune. 

L'on  fe  tromperoit  encore  ,  fi  l'on  croyoît  trou- 
ver les  œufs  des  animaux  terreftres  femblables  par 
dehors  à  ceux  des  oilcaux  :  les  premieis  ne  font 
proprement  qu'une  vefliculc  ronde ,  qui  renferme 
une  matière  leminale  ;  &  les  autres  ,  outre  la  pel- 
licule qui  contient  le  blanc  &  le  jaune  ,  ont  une 
fubilance  un  peu  feche  &.  folide  qui  les  environne 
&  qu'on  appelle  la  coquille  \  il  falloit  que  les  œufs 
des  animaux  qui  couvent  en  dehors  en  euilént 
pour  les  défendre  des  injures  externes  :  mais  ceux 
des  animaux  qui  couvent  intérieurement  auroienc 
été  embralTez  d'une  couverture  fi  forte  ,  qui  les 
auroit  empêché  de  jetter  des  racines  dans  lamatri- 
ce,par  lefquelles  fe  devoir  nourrir  le  fœtus  :  il  fa- 
loit  donc  qu'ils  futlent  à-pcu-prés  femblables  à  ces 
œufs  lans  coquille  ,  que  l'on  appelle  des  œufs  bar- 
dez 5  &  que  des  poules  pondent  quelquefois. 

Je  refondrai  ici  une  difficulté  que  quelques-uns 
font ,  en  difant  que  les  femmes  ayant  des  œufs  ; 
dans  lefquels  eft  enfermé  tout  ce  qui  peut  produi- 
re un  enfantj  les  filles  en  ont  auffi  qui  contiennent 
une    femence  de  pareille    vertu  .,  &   qu'ainfl  une 


fur  UgénerMt'iqn  de  l'' Homme.  347 

vierge  poiuroic  avoir  des  enfans  ,  u  quelques-uns     P-wquoî 
'de  CCS  œufs  vcnoient  a  fe  4étacher ,  comme  il  ell  nom pasïli 
très-  facile  ,  &  à  comber  dans  la  matrice  ,  Je  cou-  icconaa.er- 
viciio  que  les  femmes  &  les  fiiles  ont  également  rhommene 
des  œufs  j  maib  afin    que  ces    œufs  puiuent  être  peuvent  dc- 
conduits  dans  la  matrice  5  il  faut  que  la  trompe  les  }^^^^  ^'^^^' 
aille  recevoir  ,  ce  qu^'elle  ne  fait  que  par  Tadtion 
d'unrellorr  qui  ne    s'exerce    que  dans  la  copula- 
tion :  Et  fi  Ton  objecte  que  la  matrice  d'une  fille 
échauftee  par  quelque  attouchement  peut  donner 
ce  mouvement  aux  trompes  ,  qui  après  avoir  reçu 
l'œufs  le  peuvent  porter  dans  la  matrice  :  Je  ré- 
ponds qu'en  nn  pareil  cas,  qui  me  lemble  poiîî- 
ble  5  cet  œuf  ne   pourroit  point  produire  un  en- 
fant ,  parce  que   n'ayant  point   été  frapé  de  la  fe- 
mence  du  mâle  ,  c'ell  un  œuf  fubventanée  ,  inca- 
pable d'aucune   produéHon  j  il  eft  pour  lors  fem- 
blable  aux  œufs  de  ces  pouletes  ,  qui  n'ont  jamais 
été  cochées  ,  que  l'on   apelle  des  œnifs  clairs  ,  &c 
dans  lefquels  l'on  ne   trouve   point  de  germe   qui 
puifie  pouflcr.    On  a  b^au  les  mettre  couver  fous 
des  pouleSjils  ne  produilent  point  de  poulets,parce 
qu'ils  n'ont  pas  été  rendus    féconds  par  la  lemen- 
ce  du  coq  5  ainfi  les  filles ,  c]uoiqu'elles  ayent  des 
œufsjne  peuvent  rien  produire,que  l'homme  n'aie 
porté  la  fécondité  chez  elles. 

L'on  demande  h  dans  cette  vefïicule  ou  dans  cet    r».,-i'     r 
c       '  -1  •      •  i     c  ^uelœut 

œur  qui  contient  les  principes    du  rœtus ,  avant  rcnkrmc 

que  la  femence  même  y  arrive  pour  les  féconder,  ^Z^^^l^ 
Si  dls-je  les  premiers  lineamens  du  fœtus  y  font  fi  l'aniiTialqui 
bien  tracez  en  petit  ,  que  la  feiiicnce  du  mâle  ne  ^"iq.'^'^ 
ferve  pour  rendre  ces  œufs  féconds, qu'a  faire  croî- 
tre &  groirir  ces  parties,  qui  auparavant  étoienr 
inlenlibles.    Les  expériences  que  Mr  Malpighi  a 
faites  iur  les  œufs  des  LiLenouillcs  6c  fur  ceux  des 


54§  7)lJfertatioft 

poules  5  avatir  qu'ils  eulîenc  écé  rendus  féconds  , 
ne  nous  permettent  pas  de  douter  que  le  fœtus  des 
animaux  ne  foit  renfermé  en  petit  dans  l'œuf  qui 
luifert  de  femence,  avant  même  que  la  femence 
du  mâle  l'ait  touché  ,  puis  qu'avec  un  miciofcope 
il  y  a  obfervé  la  carine ,  laquelle  n'eft  autre  chofe 
que  la  tête  avec  tout  l'affemblage  des  vertèbres 
du  petit  animal  ;  de  forte  que  puifque  toutes  ces 
parties  fe  trouvent  dans  l'œuf,  il  n'y  a  point  de 
doute  que  les  autres  n'y  foîent  aufïi  ,  mais  elles 
font  Cl  petites  qu'elles  échapent  à  nos  yeux^  même 
armez  des  meilleurs  microfcopes. 

Quand  nous  difons  que  l'œuf  que  contient 
l'homme  en  petit  eft  cette  veflicules  qui  fe  trouve 
dans  l'ovaire,nous  n'entendons  pas  que  cette  peti- 
te figure  remplifTe  toute  la  vefficule  ,  car  elle  n'en 
occupe  qu'une  très-petite  partie ,  &  le  refte  eft 
rempli  d'une  humeur  qui  paroît  aux  yeux,  la- 
quelle dans  le  commencement  de  la  génération 
fcrt  à  faire  croître  le  fœtus ,  en  traverfant  fes  po- 
res ,  jufqu'à  ce  qu'étant  defcendu  dans  la  matrice 
il  en  tire  le  fuc  nourr'cier  ,  comme  on  a  dit  :  Et 
quoique  dans  les  premiers  tems  on  n'apperçoive 
dans  la  veflîcule  qu'une  liqueur  claire,  &  qui  fe 
coagule  au  feu  comme  un  blanc  d'œuf,  fans  dé- 
couvrir aucune  chofe  que  quelques  filamcns  dé- 
liez fous  la  forme  d'un  nuage  ,  il  ne  s'enfuit  pas 
que  le  relief  de  l'animal  n'y  puilfe  être  aufïï  ,  il  y 
a  quantité  de  petits  vers  dans  le  vinaigre^quoiqu'il 
n'y  en  paroille  pas  ,  (1  le  microfcope  ne  nous  les 
y  fait  obferver.  Quelquefois  mêmes  ils  paroiiTcnt 
à  la  vue  .  mais  c'eft  lors  qu'il  y  en  a  beaucoup  ,  & 
qu'ils  font  fort  gros.  Enfin  Ci  nous  avons  de  la 
peine  à  comprendre  comment  il  fe  peut  faire  que 
l'œuf  d'une  femme  renferme   un  fœtus  entier  de 


fur  la  génération  de  V Homme,  5  45r 

bien  organilé  ,  nous  devons  faire  réflexion  fur  les 
chofes  qui  font  dans  la  nature,  donc  nous  ne  dou- 
tons pas  y  &c  qui  furpaffent  pourtant  notre  imagi- 
nation. N'avons-nous  pas  beaucoup  de  peine  à 
concevoir  toutes  les  parties  qui  compofent  un  ci- 
ron,cependant  il  eft  certain  que  ce  petit  animal  a 
des  yeux  ,  puifque  fi  on  lui  prcfente  quelque  ob- 
jet comme  une  épingle,  il  fe  détourne  de  Ton  che- 
min. Mais  il  faut  que  ces  yeux  foient  d'une  pc- 
titelle  extrême,  auflî-bien  que  les  liqueurs  qui  y 
font  renfermées ,  qui  doivent  être  encore  bien 
plus  fubtiles. 

Tout  ce  que  nous  venons  de  dire  tend  à  démon-  Xi-cis  fcnti- 
trer  que  le  fœtus  eft    contenu  dans  l'œuf  j  mais  ™*="* '^^"^  1* 
de  fçavoir  comment  il  s'eft  formé  dans  cet  œuf,  l'œuf. 
c'cll  la  grande  difficulté.     Il  y  a   trois  fentimens  ho'^-r.-Àtt, 
fur  ce  fu;et.    Le   premier  eft   de  ceux  qui  avec 
Swamraerdam  croient  que  tous  les  œufs  qui  font 
&c  qui  feront  jamais  étoient  contenus  dans  l'ovaire 
d'Eve,&  que  le  premier  que  fit  Eve  ,  où  étoit  con- 
tenue une  femelle  ,  renfermoit  les  œufs  des  mâles 
ôc  des  femelles  qui  en  dévoient  fortir  ,  &  les  œufs 
que  ces  femelles  dévoient  avoir  auÛTl  féconds  que 
les  premiers ,  de  ainfi  à  l'infini. 

Cette  opinion,quoique  difficile  à  comprendre  , 
a  caufe  de  la  petitelle  de  nôtre  efpric,  la  divifibili- 
té  de  la  matière  à  l'infini  étant  établie  ,  ne  doit  pas 
paroître  fi  ridicule  qu'on  pourroit  s'imaginer  d'a- 
bord; mais  comme  elle  ne  fçauroit  expliquer  com- 
ment fe  font  les  monftres,  puifqu'il  n'y  a  pas  d'ap- 
parence que  Dieu  en  ait  voulu  faire  par  une  vo- 
lonté pofitive;&  que  ce  que  Dieu  auroit  fait  avoir 
en  formant  tous  les  œufs  dans  le  premier ,  il  oc 
l'auroit  fait  qu'en  arrangeant  &  difpofant  les  par- 
ties d'une  certaine  manière  j  ce  qui  fe  peut  faire 


5;o  Dîjfertatîon 

encore  aujourd'hui  par  les  règles  du  mouvemenr, ' 
il  ne  iembic  pas  qu'il  faille  donner  dans  cette  opi- 
Lciccond.  "^°"  »  ^"-^^  paroit  allez   embarralîante. 

Le  fécond    fentiment  efl:  de    ceux  qui  croyenc 
U    paiifpermie,  c'eft-à-dire  ,  que  Dieu    créa  des 
le  commenccmenr  du   monde  tous  les  œufs  des 
animaux  (5l  d:s  plantes ,  &  qu'il  les  répandit  dans 
Tair  6c  dans  la  terre  :  ils  veulent  que  ces  œufs, 
étant  pris  par  la    bouche  a  ec    les    aiimens  ,  ou 
avec  l'air  qu'on  refpire  ,  ils   fe  filtrent  &  pairenc 
au  trav  .rs  des  pores  qui  fe  trouvent  propres  a  les 
recevoir ,  &  qu  enfuite  '.Is  font  rendus  fcconàs  pai*  " 
la  lemcnce  du  mâle.    Par  la  l'on    peut  voir  que 
quoique  la  femme    puilîe  avaller  plulieurs  œufs  , 
il  n'y  a  que  ceux  qui    renferment  de    petits  hom-' 
mes  qui  ioient  propres  à  s'infinuer  dans  fon  ovai- 
re ,  parce  qu'ils  font  les    feuls  qui  puiirent  entrer 
dans  les  moules  de  cctre  partie.    Cette  opinion  pa-' 
roit  d'autant  plus  vrai-femblable,  qu'on  remarque 
que  la  tcirc  efl:   imbue  de    diverfes    femences  dâ^ 
plantes,  que  l'on  ne  peut  pas  foupçonner  être  ve-' 
nues  d'ailleurs;  car  fi  l'on  creufe  allez  kvant  dans 
la  terre  ,  èc  qu'on  prenne  de  cette  terre  pour  l'ex- 
pofer  à  l'air  ,  elle  produira  des  plantes  fans  qu'on 
puilîe   avoir    raifon  de  croire  que  ces  lemences 
ayent  été  apportées  de  l'air  ,  puifqu'elles  ne  croil- 
fent  pas  a  cinquante  lieues  à  la  ronde.    C'eft  une 
expérience  du  Père  Magnan.  \ 

Lctroific-      Nous  pcnfons  donc  que  le  fœtus  fe  forme  tous 
mcaiio'^cl    ,      .  S        ,  --    ^       ,  ,  rr 

on  s'airêtc,  les  jours  dans  les  œ'urs  ,  que  les  pores  de  ces  velli- 

cules  font  tellement  proportionnez  qu'ils  laillenci 
palier  certaines  parties  qui  ayant  un  certain  mou-- 
vement  peuvent  ,  par  leurs  divers  chocs  ,  fe  flé- 
chir d'une  telle  manière jqu'elles  iront  précilemenc 
fe  placer  en  tels   &  tels  endroits  3  où  elles  produi- 


fur  la  génération  de  l'Homme.  ^j  i 

ront  un  cœai-  ,  un  cerveau  ,  ôcc.  Il  ieroic ,  je  vous 
l'avoue  difticile  d'expliquer  toutes  ces  chofes  dans 
le  détail  :  Mais  li  nous  faifons  reflexion  à  certains 
effets  de  la  nature  ôc  de  l'art.qui  ne  font  produits 
que  par  les  règles  du  mouvementjnous  tomberons 
dans  ce  fentiment  avec  moins  de  peine:  Dans  los 
caves  gOLitrieres  &  fur  les  rochers  on  remarque  de 
certaines  figures  qui  reprefentenc  tantôt  un  che- 
val, tantôt  un  homme,  un  oifeau  ,  une  chaife  avec 
des  ornemens,  comme  une  chaire  de  Prédicateur, 
des  colomnes,  des  chapiteaux  ,  &c.  Cependant  ce 
îi'eft  que  l'eau  qui  en  tombant  fur  ces  rochers  en 
enlevé  des  parties,  en  relevé  d'autres,  qui  produit 
ces  eftecs  farprenans. 
Ceux  qui  font  des  feux  d'artifice  fcavent  Ci  bien  E^Pp»«ccs 
■   a       \  c  c  ^         ,       1         qu/lefa'ro- 

ajulter  leurs  ruless  que  venant ,  après  qu  on  les  a ulenc. 

allumées  ,  à  fe  rencontrer  en  de  certains  points  , 
elles  Ce  lefiéchilîent  d'une  manière  qui  reprefcnte 
tantôt  un  homme  ,  tantôt  un  dragon  volant.  A 
l'exemple  de  toutes  ces  chofes  tant  naturelles  qu'- 
artificielles ,  il  y  a  lieu  de  croire  que  les  colatoires 
des  vciîicules  ont  étédifpofez  d'une  manière  à  ne 
lalifer  palier  que  certaines  particules,lefquclles  aiâc 
ditFerens  degrez  de  mouvement  doivent  Ce  réflé- 
chir d'une  certaine  manière  en  avançant  plus  ou 
moins, félon  que  les  parties  qu'elles  auront  à  for- 
mer devront  être  fituées.  Ce  fentiment  paroic 
d'autant  plus  vrai-femblable  ,  qu'il  fuppofe  Ceulc- 
ment  que  Dieu  fait  la  même  chofe  aijjourd'hui  , 
que  ce  que  les  autres  Jifcnt  qu'il  fit  au  commen- 
cement des  fiecleSjCar  il  nous  eft  facile  d'expliquer 
dans  cette  hypothefe  la  génération  des  monftres; 
Il  n'y  a  qu'à  concevoir  que  quelques  parties  de  la 
matière  qui  doit  former  les  veflicules  ayant  trop 
de  mouvcmcns,  ou  fe  reflêchilî'ant  autrement  qu'- 


3  52  pijjèrtatlon 

elles  ne  doivent    faire  ,  produiront    des  animaux 

contre  nature. 

En  voila  fuffifamment  pour  Te  lailfer  convain- 
cre.de  la  génération  de  Thomme  par  le  moien  d'un 
œuf.  Dans  la  première  Edition  de  mon  Anatomîc 
je  balançois  fur  laquelle  des  trois  opinions  je  de- 
vois  me  déterminer ,  parce  que  je  voyois  dans 
toutes  des  raifons  fort  probables.  Dans  la  féconde 
j'inclinois  beaucoup  plus  pour  celle  des  œufs  que 
pour  les  deux  autres;  &  enfin  dans  la  troifîéme 
Edition  je  me  fuis  entièrement  déclaré  en  fa  fa- 
veur ,  parce  que  plus  j'y  ai  refléchi ,  &  plus  je  m'y 
fuis  confirmé  ,  &  tout  ce  que  j'ay  obicrvé  m'a  faic 
voir  qu'elle  écoîc  la  véritable. 

Ce  n'efl:  pas  feulement  l'homme  avec  les  ani- 
maux terreftres  ,  les  infedtes  ,  les  poiftons ,  8c  les- 
volatiles  qui  font  engendrez  par  le  moyen  des 
œufs,  mais  encore  les  plantes,  &  tout  ce  qui  eft 

Qnetout  compris  dans  l'Univers  fous  le  nom  d'être  vivant; 
vient  d'un  i''  •  1,  Il        j  r 

^y£  car  les  grames  que    i  on  peut    appelier  des  œnts 

renferment  en  petit  les  plantes  dont  elles  ont  été 
détachées  ;  cela  eft  évident  dans  les  pignons  ,  fur 
tout  fi  Ton  leur  ôre  l'écorce  ;  car  l'on  y  verra  dif- 
tinCtem.ent  la  racine  du  pin  ,  fa  tige  ,  fes  bran- 
ches ,  &c.  D*où  nous  conclurons  qu'il  ne  fe  fait 
point  de  génération  fans  œufs  ,  omnlaex  ovo  :  ÔC 
que  l'on  lie  fçauroit  trop  admirer  ici  l'Auteur  de 
la  Nature  ,  qui  par  un  moyen  Ç\  uniforme  produit 
avec  tant  de  confiilance  tous  ces  êtres  fi  differens 
qui  font  le  princieal  ornement  du  monde. 


CINQUIE'ME 


\*", 


xrv 


£^âl. 


355 
C  I  N  Q  U  I  E'  M   E 

DEMONSTRATION 

Des  Parties  de  U  Toitrîne^  O"  princi- 
palement du  Cœur. 

OUR  faire  l'éloge  de  la  Poûrîne', 
je  n'aurois  ,  Mefîieurs  ,  qu'a  vous 
parler  d'abord  du  coeur  qu'elle  ren- 
ferme 5  &c  vous  dire  que  c'eft  lui 
qui  le  premier  faic  fendr  au  corps 
la  prefence  de  l'arae,  que  c'eft  lui  qui  le  vivifie  & 
le  foûtient  par  le  fang  qu'il  pcrfeélionne  fans  celFe, 
&  qu'il  lui  diftribuë  pendant  touc  le  cours  delà  vie, 
&  que  c'eft  lui  qui  ce  ^ant  de  fe  mouvoir  fait  pé- 
rir la  machine  j  ce  qui  a  fait  dire  de  lui  fi  jufte- 
menc  ,  qu'il  étoit  le  premier  vivant  ,  &  le  dernier 
mourant ,  mais  comme  ce  feroit  vous  mener  trop 
loin,que  de  vouloirjfculement  ébaucher  une  fi  belle 
matière  ,  j'aime  mieux  me  reftraindre  à  vous  faire 
voir  dans  cette  Démonftration ,  &  dans  la  fuivan- 
te  ,  toutes  les  parties  de  la  poitrine  avec  le  même 
ordre  &  la  même  exaditude,  que  je  vous  ai  fait 
voir  celles  du  bas-ventre  dans  les  quatre  derniè- 
res Démonftrations. 

La  poitrine  ,  ou  thorax  ,  eft  toute  cette  cavité  r)crcription 
qui  s'étend  depuis  les  clavicules  jufqu'au  dia-  nc/^^""" 
phragmc  i  on  l'appelle  ventre  moyen  ,  non-  feule- 

2 


3J4  De  la  Poitrine  , 

menuàcaufede   fa  Ikuation  quife   trouve  enrre 
le  ventre  fuperieur  ,qui  cilla  tète  ,  Ôc  l'inférieur 
qui  eft  le  bas-ventre  ;   mais  encore  par  rapport  à 
fa   graudeur  ,  la  poitrine   étant   une   cavité  plus 
grande  que  celle  de  la   tête ,  ôc   plus   petite  que 
celle  du  bas-ventre.  Elle  eft  bornée  en  haut  par 
les    clavicules  ,    en  bas  par  le   diaphragme  ,  par 
devant  du  fternum  ,  à  côté  par  les  cotes  ,  &  par 
derrière  des  vertèbres  du  dos.   La  partie    anté- 
rieure fe  nomme  la  poitrine   ôc  la  pofterieure  le 
dos. 
firandcur^     La  figure  delà  poitrine  eft  prefque  ovale  ,  elle 
doit    être  platte  par  derrière  ,    &  large  Sc  voûtée 
par  devant  ,  car   autrement  elle  eft  défedueufe  ,  ' 
&    caufe    beaucoup    de    grandes    incomoditez. 
Sa  grandeur  eft   fort  différente  ,  mais  générale- 
ment parlant,  elle  doit    être     plus    grande  que 
petite  ;  car  lorsqu'elle  eft  étroite'  &  ferrée  ,    le 
cœur  &  les  poumons  n'ont  pas  la    liberté  de  la 
mouvoir. 

Subftancc     5^  fubftancc    eft   en  partie  ofteufe  ,  6c  en  par- 
dclapoun-    .      ,  ..  .         ^  ,  .  .     '  f 

jig^  ne  charnue  ;  ce  qui  peut  bien  avou-  autant  con- 

tribué à  lui  faire  donner  le  nom  de  ventre  moyen 
que  fa  grandeur  &  fa  lîtuation  ;  puifqu'elle  n'eft 
pas  toute  ofleufe  comme  la  tête  ,  ni  toute  char-^ 
nue  comme  le  ventre  ,  mais  compofée  de  Tun  Se 
de  l'autre. 
Sonufage.  L'ufagje  de  la  poitrine  eft  de  renfermera:  de  dé- 
fendre  le  cœur  ôc  les  poumons. 

Les  parties  qui  compofent  la  poitrine  fe  divi- 
fent  comme  celles  du  bas-veutre  en  contenan- 
Divifion  de  ^^^  ^  g,-j  contenues  j  il  y  a  de  deux  fortes  de 
en^pani«  contenantes  ,  les  unes  font  communes,  ëc  les 
contenantes  autres  propres  ;  les]  communes  ,  font  les  tegu- 
conccnuëf"  ^^^^^^  :  je  ne  les  rapporterai  point  ici  ,  les  ayant 


V.  Demonflrmon  Amtom,  35-5 

fiifïîfamment  expliqué  en  parlant  du  ventre  in- 
férieur 3  cy-delfus.  Je  ferai  feulement  remar- 
quer ici  deux  particularitez  ,  l'une  que  la  peau 
de  la  poitrine  eft  fouvent  couverte  de  poils  dans 
quelques  perfonnes  ,  &  qu'elle  en  eli;  toujours 
garnie  dans  tous  fous  les  ailfelles  L'autre  cil  que 
la  grailfe  qui  eft  à  la  poitrine  paroit  toujours 
plus  jaune  qu'ailleurs  ,  &  que  (i  elle  eft  en  pe- 
tite quantité  ,  excepté  aux  •  mamnielles ,  ce  n'eft 
pas  parce  qu'elle  auroit  empêché  la  refpiratioii 
par  fa  pefameur  ,  mais  parce  qu'y  ayant  peu  de 
chairs  Ôc  beaucoup  d'os ,  cette  grailfe  n'y  pou- 
voir être  de  grande  utilité  ,  Texperience  nous  fai- 
fant  voir  que  le  ventre  inférieur  n'eft  fort  gras  , 
que  parce  qu'il  eft  tout  charnu  ;  que  la  poitrine 
l'eft  médiocrement ,  parce  qu'elle  eft  en  partie 
charnue  ,  èc  partie  olfeufc  ;  &  que  ce  qui  fâic 
que  la  tefte  ne  l'eft  point  du  tout ,  c'cft  parce  qu'- 
elle eft  toute  olfeufe. 

Les  parties  contenantes  propres  font  de  quatre  p'"'^,  P-'^tifs 
îortes  ,  elles  lont  ou  glanduleuics  ,  comme  ^es  projTcs. 
mammelles  de  l'un  &:  de  l'autre  fexe;  cartibçineu- 
les  eu  olîeufes,  comme  le  fternum,  les  cotes  ,  les 
claviculesjes  omoplates  ,  6c  les  vertèbres  du  dos  j 
ou  charnues,  comme  les  mufcles  peéloraux^intcr- 
cpftaux,&:  autres  j  ou  enfin  membraneuies  ,  com- 
me la  plèvre  &:  le  mediaftin. 

Les    parties  contenues  dans  la   poitrine    ^ont  Pc'^^l'S^îls 
les  vifceres    &   les  vaiircaux  i  les    vifceres   font  h  poi-.nuc. 
le  cœur  avec  fon  péricarde,  &  les  poumons   avec 
une  partie    de  la  trachée    artère  &  de   l'œfopha- 
ge  ;  les  vailfeaux   font  plulîeurs  nerfs  ,  la  grolTc 
artère  ,  la  véne   cave  ,  &   le  canal  thorachique. 

Nous  démontrerons  toutes  ces  parties  chacunes 
dans  leur  ordre  ,  après  vous   avoir  fait  voir   les 

Z   ij 


35^  -ï^^-f  J^^rtles  de  la  Poitrine  , 

parties  contenantes  propres  ,  en  commençant  par 

les  mammelles. 

Les  hommes  ont  des  mammelles  auffi  bien  que 
Dcimam-  ^^s  femmes  ,  mais  elles  font  bien  différentes  ,  ceU 
melles   des  les  des  hommes  e'tant   plus  petites  &  plus  platces , 
cmiTiCS.      ^  n^ayant  prefque  point  de  glandes  ,  mais  beau- 
coup de  grailTe  ;  ce  qui  les    rend    plus  grofTes    & 
plus  élevées,  quand  l'homme  eft  gras  :  on  ne  leur 
donne  qu'un  feul  ufage ,  &  qui  eft  de  défendre  le 
cœur.  Toutes  ces  circonftances   les    diftingucnn 
beaucoup  de  celles  des  femmes, qui  font  celles  que 
nous  allons  examiner  comme  les  plus  parfaites  & 
les  plus  necelTaires. 
B  Les  mammelles  bien  proportionnées  font  un  des 

mcUc™^d^s  pi-'i"cipaux  ornemens  des    femmes  ,  particulière- 
fcmmcj.      ment  lorfqu'elles  font  accompagnées  d'une  gor- 
ge bien  taillée,  &  recouvertes  d'une  peau    fine  ; 
11  fautaufîi  qu'elles  foient   blanches  ,  rondes  ,  & 
médiocrement  feparécsdans  leur  milieu  ;  qu'elles 
ayent  un  mammellon  vermeil   &  point  trop  gros  ; 
qu'elles  ne  foient  point  placées    ni  trop  haut  ,  ni 
trop  proche  des  ailldes,  &  enfin  qu'elles  ne  foient 
ni  trop  grofTes  >  ni  pendantes  ;  voila  les  conditions 
qu'elles  doivent   avoir  pour  être    belles  ,  &  pour 
être  propres  à  donner  de  l'amour;mais  ce  ne  font 
pas  les  meilleures  ni  les  plus  capables  de  contenir 
le  lait. 
Chaque  perfonne  a  deux  mammelles ,  il  eft  rare 
rmneï"lont  *^'^"  trouver  qui  en  aient  trois  ou  quatre  qui  rcn- 
dcux  pour    dent  toutes  du  lait.  Il  y  a  beaucoup  de  perfonnes 
ordinaire.  ^\  croyent  que  la  nature  n'a  donné  deux  mam- 
melles à  la  femme  qu'a  caufe  des  gémeaux  qu'elle 
a  affez  ordinairement  à  la  fois.  D'autres  préten- 
dent que  c'eft  afin  que  fi  l'une  eft  ofFenléc,  l'autre 
puilTc   fuppléer  à  fon  défaut  ;  pour  moi  je  crois 


V.  Vêmoyijlratton  Afiatom.  3^7 

que  c'eft  parce  que  le  lak  d'une  feule  ne  pourrofc 
fufFire  pour  nourrir  un  enfant,  puifque  l'expérien- 
ce nous  fait  voir  qu'après  qu'un  enfant  a  vuidc 
une  mammelle  ,  il  va  aufîi-rôt  à  l'autre  ,  &  ainfî 
nous  concluons  que  les  femmes  ont  deux  mammel- 
îes  ,  parce  qu'elles  font  toutes  deux  ordinairement 
necelfaircs  pour  donner  tout  autant  de  lait  qu'il  en 
faut  pour  la  nourriture  de  l'enfant. 

Les  raammelles  font  lunées  au  melieu  de  la  Situation 
poitiine  ,  l'une  à  droite  ,  &  l'autre  à  gauche  '  di-  ^"Try^"** 
rcc^tement  fur  les  mufcles  pe6loraux.  On  pre'tend 
que  dans  cette  fituation  la  Nature  a  eu  égard  à 
la  bonne  grâce  ;  je  ne  veux  pas  conrefter  ce  fenti- 
ment  :  mais  comme  elle  les  a  plutôt  formées  pour 
donner  du  lait  que  pour  infpirer  de  l'amour  ,  je 
crois  que  fon  defTein  ,  en  les  plaçant  ainli  ,  a  été 
afin  que  la  mère  en  donnant  à   tetter  à  fon  enfant  ' 

pût  le  voir  &  le  contempler  plus  commodément 
q^ue  (i  elles  avoîent  été  placées  au  ventre  ,  comme 
celles  des  autres  animaux. 

La  figure  des  belles  mammelles  eft  ronde,    ^Figcredcj 
reprefente  un  demi  globe  ,  mais   les  bonnes  au  j^s."^     '' 
contraire  font  avancées  en  dehors,  &  reflTemblent 
à  une  poire  ,  ce  qui  fait   qu'elles  ont    de  la  peine 
à  fe  foûtenir  ,  principalement    quand  elles  font 
pleines  de  lait. 

On  ne  peut  pas  bien  déterminer  leur  grandeur.  Grandeur 
elle  eft  différente  fuivant  le  pais  :  les  Indiennes  mellcs!'"' 
&  les  Sîamoifes ,  par  exemple  ,  les  ont  fi  longues 
qu'elles  peuvent  les  jettcr  par  delTus  leurs  épaules; 
elles  différent  encore  fuivant  les  fujets  ,  y  ayant 
des  femmes  qui  les  ont  naturellement  petites  , 
&  d'autres  grofles  ;  ce  font  ces  dernières  qui  font 
meilleures  nourrices  ,  pourvii  qu'elles  ne  les  ayent 
pas  trop  charnues.  Leur  grofTeur  dépend  aufli  des 

Z   iij 


3  5  s  Des  Parties  de  la  Poitrine  , 

difterens  âges,  car  les- jeunes  filles  n'en  ont  point 
du  tout  y  il  ne  leur  paroît  même  que  le  mammel- 
lon  ;  maïs  elles  leur  croillent  infenliblement  ,  de 
manière  qu'à  l'âge  de  quatorze  ans  elles  ont  la 
figure  d'un  demi  globe  ,  elles  font  alors  dures 
&  fermes  ,  elles  groffillènt  à  mefure  qu'elles 
avancent  en  âge  :  biles  fe  flétriirent  aux  fem- 
mes qui  aprochent  de  cinquante  ans  ;  &  plus 
une  femme  vieillit  ,  plus  elle  les  a  molles  &  fiaf. 
ques  ,  n'y  reliant  plus  à  la  fin  que  des  peaux.  Il  y 
a  encore  des  tems  où  elles  font  plus  grolFes  que 
dans  d'autres ,  car  elles  augmentent  dans  la  grof- 
felle  à  proportion  que  la  femme  aproche  de  fon 
terme;  &  quand  elle  efl:  nourricCjelles  s'enflent  en- 
core davantage. 
Dindon  de  Pour  bien  examiner  le  raammellon  ,  il  y  faut 
la  roamclle.  confiderer  deux  parties,le  mammellon,&  la  mam- 
melle  mêine. 

Le  mammellon  eft"  une  petite  éminence  que 
C  l'on  voit  au  milieu  de  la  mammelle  j  c'cfl:  l'en- 
Kidloln*'^"  ^^^^^  o^  aboutiflent  les  cxrrêmirez  des  nerfs  qui 
viennent  aux  mammelles.  Il  eft  d'une  fubftance 
fongueufe&  fpongieufe  ,  alfez  femblable  à  celle 
du  gland  de  la  verge  i  d'où  vient  qu'il  peut  fe  flé- 
trir ou  fe  relever  en  le  fucçant ,  où  en  le  maniant. 
Il  eft  d'un  fentiment  vif,  afin  que  l'enfant  y  caufe 
en  le  fucçant  un  doux  chatouillement  ,  &:  que  la 
femme  y  relFentant  une  efpece  de  plaifîr ,  Ce  porte 
volontiers  à  donner  à  tetter  à  fon  enfant  auiîi  fou- 
vent  qu'il  en  a  de  befoin. 

II  eft  rouge  &  petit  aux  vierges ,  livide  & 
gros  aux  nourrices ,  &  à  celles  qui  ne  font  plus 
d'enfans.  Il  eft  percé  de  plufieurs  petits  trous  , 
qui  font  les  extrêmitez  des  tuyaux  qui  viennent 
des  finus  des  mammelles  j  ces  petits   trous  font 


.  •  KBêmonflrdtion  Anat,  '^^^ 

faits  pour  laidèi"  fortir  le  lait  qui  doit  feivir  de 
noiirLituueà  l'enfant  ;  celles  qui  ont  ces  trous  plus 
ouverts,  &  en  plus  grande  quantité  palTent  pour 
meilleures  nourrices  ,  parce  qu'elles  peuvent  fa- 
cilement faire  rayer  leur  lait  ,  3c  que  l'enfant  a 
moins  de  peine  à  le  tirer  en  fuçant  le  mani- 
mellon. 

Qiiant  an  choix  d'une  nourrice,  l'on  préfère  cel-  i^  mam- 
le  qui  a  le  plus  petit  mammellon  ,  parce  qu'étant  mellondoic 
gios  il  remplit  trop  la  bouche  de  l'enfant ,  & 
l'empêche  de  bien  tetter  ,  &  non  pas  comme  veu- 
lent quelques-uns  ,  parce  qu'il  agrandit  trop  la 
bouche  de  l'enfant  ,  il  èd  environné  d'un  cercle 
que  l'on  apelle  auréole ,  qui  eft  pâle  aux  pucelles  , 
oblcur  aux  fernmes  crrofles  &  aux  nourrices,  6c 
noir  aux  vieilles.  Enfin  le  mammellon  fcrt  de  ca- 
nal au  lait  ,  pour  être  porté  commodément  de  la 
mammelle  dans  la  bouche  de  l'enfanr. 

La   mammelle  eft  compofée  de    beaucoup   de       d 

îTraifle  ,  ôc  d'une  très  grande  quantité  de  glandes    ^^  "^f"^" 
o  '  o  i  o  melle  ell  un 

d'inégale  grolîeur  ,  &  de  figure  ovale ,  circulaire-  corps  glan- 

ment  arrangées  autour  d'une  cavité  qui  eft  dans  le  dulcux. 

milieu  de  la  mammelle,  &  qui  eft  le  refervoir  du 

lait  :  Ces  glandes  ont  des  nerfs ,  des  artères  ,  des 

vénes  ,  &  un  conduit  excrétoire. 

L'adion  de  ces  glandes  eft  de  féparcr  les  par- 
tics  laiteufes  de  la  maflc  du  fang ,  &  de  les  verfer  gf;^i°J  ^H 
par  le  conduit  excrétoire    que  chacune   de   ces  U  mam- 
glandes  a  dans  cette  cavité,où  le  lait  féjourne  juf-  '""^^'^* 
qu'à  ce  que  par  le   fuccement  de  l'enfant  il  foit 
obligé  de  fortir  par  plusieurs   petits  tuyaux  qui 
aboutiirent  au  mammellon. 

Les  nerfs  des  mammelles  viennent  d  -3  verte-  ^^Jmmcîlcf 
bres  ,  &   principalement  de   la  cinquième  paire  , 
après ,  qu'ils  fe  font  difpcrfcz  par  toute  la  fubftan- 

Z    iiij 


3  (î  o  Des  Parties  de  la  Poitrine, 

ce  des  mammellcs:lls  (e  terminent  au  mammellon. 

qu'ils  rendent  d'un  ientiment  très- exquis. 

Artères  de      Les  mammciles  ont  deux  fortes  d'artères  ,  d'ex- 
la  mam-  .  „,    i,-         .  , 
mcûe.         teneures   &  a  intérieures ,  parce  que  les  unes  ar- 

rofent  la  partie  extérieure  des  mammelies,  &  les 
autres  l'intérieure  j  les  premières  (ont  les  thora- 
chiquesfuperieures,  qui  vieRneiat  des  axillairesi 
&  les  autres  font  les  mammaires  qui  viennent  des 
fouclaviercs ,  &  qui  donnent  un  rameau  à  cha- 
cune de  CCS  glandes  ovales  qui  forment  la  mam- 
melle. 
Véncs  de  la  11  fort  de  ces  mêmes  glandes  plufieurs  rameaux 
mamnjdie.  ^^  yénes  qui  forment  les  vénes  mammaires  ,  lef- 
quellcs  vont  fe  rendre  aux  fouclavieres  :  Il  en  fort 
auiîi  plufieurs  de  la  partie  extérieure  de  la  mam- 
melle  ;  qui  font  les  troncs  des  vénes  thorachi- 
ques  fuperieures  qui  vout  aux  axillaires  ,  les  artè- 
res externes  apportent  le  fangpourla  nourriture, 
&  les  internes  celui  qui  va  à  toutes  les  glandes  où 
elles  aboutilïent.  Ce  fangpaffe  enfuite  dans  les  vé- 
nes qui  leraportent  5  fçavQir  les  mammaires  aux 
fouclavieres,  &  les  ihorachiqucs  fuperieures  aux 
axillaires. 

Vous  voyez  bien   que  le  mouvement  circulaire 
du  fang  fe  fait  parfaitement  bien  par  deux  artères 
qui  apportent  le  fang  j  èc  par  deux  vénes   qui  le 
reportent  de  chaque  mammellç,fans    le   fecours 
de  ces  prétendues   Anaftomofcs  des  mammaires 
avec  les  epigaftriques  ,  qui  ne  font  que  dans  l'idée 
de  ceux  qui  les  ont  imaginées, 
dei  Auteurs      L'opinion  commune  étoit  que   les  mammelies 
fur  la  gène- fervoicnt  à  la  génération  du  lait  pour  la  nourritu- 
raaon  du    j.^  j^  l'enfant ,  après  qu'il  étoit  né  ,  afin  que   l'en- 
fant  qui  s' étoit  nourri  de  fang  dans  la    matri- 
ce ,  fe  nourrît  enfuite  de  lait  >  qui    n'étoit ,  fe- 


V.  *T>emo}iflratlon  Anat.  ^Ci 

Ion  eux,  qu'un  fang  blanchi.  L'on  vouloir,  fui- 
vant  cette  opinion ,  que  le  fang  le  convertît  en 
lait  par  une  vertu  particulière  &  concodlrice  des 
glandes  des  mammelles  ,  &  que  ces  glandes  lui 
communiquafl'ent  leur  blancheur  par  une  faculté 
aiîîmilatricc. 

Pour  peu  que  l'on  foit  éclairé  dans  l'Anatomîe,  Certc  opî- 
on  ne  peut  pas  convenir  de  cette  tranfinutation  de  ^^iop  cft  re- 
fang  en  lait  \  elle  eft  détruite  par  l'expérience  ^^^^* 
journalière  ,  qui  nous  fait  voir  que  quand  une 
nourrice  a  mangé  ,1e  lait  eft  aufli-tôt  porté  aux 
mammelles  5  ce  qui  ne  fe  pourroit  faire  qu'après 
un  tems  confiderable  ,  fî  cette  tranfmutation  avoic 
lieu  \  car  il  faudroit  que  l'aliment  fut  fait  chile 
dans  l'eftomac  ;  que  ce  chile  fût  perfedionné  & 
féparé  dans  les  inteftins^  qu'il  devint  fang  dans  le 
cœur,  &  qu'il  fut  converti  en  lait  dans  les  mam.- 
melles.  D'ailleurs  il  faudroit  que  le  fang  fejour- 
nât  dans  les  mammellesjor  il  eft  certain  que  fî  une 
nourrice  donne  à  tetter  à  Ton  enfant ,  dés  le  mo- 
ment qu'elle  fent  fes  mammelles  s'emplir  ,  il  en 
fucce  un  lait  fort  blanc  &  bien  conditionné,  quoi 
qu'il  n'y  ait  pasTepurné^^  ce  qui  fait  encore  con- 
tre ces  prétendues  coctions  ,  c'eft  que  le  lait  de 
plufieurs  animaux  a  l'odeur  des  alimens  qu'ils  ont 
ont  mangé  les  derniers. 

D'autres  ont  crû  mieux  rcncontrer,s'imaginanc 
que  le  lait  étoit  véritablement  du  chile,  &  qu'il  que  je^cfjj™ 
falloit  qu'il  y  eût  quelque  conduit  qui  le  portât  ^"'^''^  ^"^ 
de  (es  refervoirs  droit  aux  mammelles  ,  pour  pou-  [^^™"^^ 
voir  y  aller  aufïï  promptement  qu'il  y  va  après  la 
digeftion.    Les  raifons  que  je  viens  de  vous  dire , 
avec  les  obfervations  qu'ils  faifoient  ,  fembloienc 
les    fortifier    dans   cette  opinion  ;  il    ne  falloit  , 
pour  achever  de  les  convaincre  ,  que  trouver  ce 


Cc(ï  le 
coeur  qui 


3^1  Des  Parties  de  la  Poitrine, 

conduit  qu'ils  ont  cherché  long  tems  fort  înutî- 
lementj  Je  l'ai  cherché  aufïî  fans  avoir  eu  un  plus 
heureux  fucccs  qu'eux  :  j'ai  ouvert  des  chiennes 
dans  le  tems  qu'elles  nourrifloient  leurs  petits  ,  & 
des  femmes  même  peu  de  tems  après  leur  accou- 
chement j  fans  avoir  jamais  pu  découvrir  cette 
route  ,  quoique  leurs  mammelles  fufïent  encore 
toutes  pleines  de  lait. 

Tous  les  foins  que  j'ai  pris  pour  trouver  ce 
pcrfcdl'ion  conduit ,  m'ont  convaincu  qu'il  n'y  en  avoit 
Bciclau.  point  ;  &  les  reflexions  qiic  j'ai  faites  dans  la  fuite 
m'ont  perfuadé  qu'il  n'y  en  devoit  point  avoir  ; 
car  fi  le  chile  eût  été  porté  des  refervoirs  droits 
dans  les  mammelles ,  ce  n'auroit  été  qu'un  lait  fe- 
rcux  &  imparfait  par  le  mélange  de  la  falive  ,  de 
l'acide  ,  de  la  bile  ,  du  fuc  pancréatique  ,  &  de  la 
limphe  qui  y  auroient  été  portez  avec  lui  j  mais  il 
étoit  à  propos  que  le  chile  allât  au  cœur,  afin  d'y 
recevoir  les  premières  imprelTions  de  la  chaleur  , 
en  pafl'ant  par  (qs  ventricules  \  ôc  qu'étant  mêlé  a- 
vec  le  fang,toutes  les  liqueurs  qu'il  avoir  amenées 
avec  lui ,  en  fullcnt  fcparées  ;  &  qu'il  fût  cnfuite 
porté  par  les  artères  mammaires  aux  mammelles  > 
voici  comment  le  lait  fe  fait. 

Gomment      Le  chile  avant  été  porté  par  le  canal  thoiachi- 
Ic  laitcft  j        1     r       1     •  11»     -n   •  1 

fait.  ^uc  dans  la  louclaviere  ,  proche  1  axillaire ,  couie 

dans  la  véne  cave  ,  d'où  il  e(l  verfé  dans  le  ven- 
tricule droit  du  cœur,  où  étant  mélangé  avec  le 
fang,  il  palTe  av°c  lui  dans  la  grolTe  artère  qui  en 
fait  unediftribution  dans  touces  les  autres  artères 
du  corps.  Et  de  même  que  le  plus  fereux  efl:  porté 
par  les  artères  émulgentes  aux  reins ,  ce  qu'il  y  a 
de  plus  laétée  va  aux  mammelles  par  les  artères 
mammaires  qui  le  conduifent  &  le  diftribuenc 
par  plufieurs  petites  branches  à  toutes  les  glan- 


V.  Dêmonflratlon  Anat.  ^6^ 

des  des  mammelles  ,  qui  le  filtrent  de  même  aue 
les  corps  papillaires  qui  font  dans  les  reins  fil- 
trent l'urine.  Toutes  les  particules  la6tées  étant 
ainfi  reiinics  enfemble  font  le  corps  du  lait ,  qui 
ell  enluire  verfé  par  les  conduits  de  ces  glandes 
dans  le  relervoir  où  il  féjourne  ,  comme  je  vous 
l'ai  déjà  dit  aux  pages  i8i.  i8z  &  les  fuivantes 
jufqu'à  ce  que  par  le  fuccement  de  l'enfant  il  for- 
te par  de  petits  canaux  qui  viennent  de  ce  refer- 
voir  au  mammellon. 

En  l'année  1684.  la  Cour  palTant  par  Cambrai  Srae^^'* 
j'y  vifitai  Monfieur   Bourdon,  célèbre  Médecin  ,  cccre  opi- 
qui  a  écrie  ic    fait   graver  des  planches  d'Anato-  "^°"" 
mie  fort  grandes  &  fort  belles.    Il  me  dit  qu'il  y 
avoità  Valenciennes  une  fille  qui  jettoit  par  une 
de  [çs  cuiifes  beaucoup  de   lait  ,  que  ce  fait  étant 
particulier  il  me  confeilloit  de  la  voir.   Le  lende- 
main y  étant  arrivé  je  fçùs  que   c'étoit  Monfieur 
Bien,  le  plus  ancien  des  Médecins  de  la  Ville ,  qui 
voyoit  &:  qui  traiuoit   cette    fille.    A  ma  prière 
il  la  fit  venir  chez  lui ,  accompagnée  de  fa  mère  : 
Je  l'examinai  &   trouvai  qu'elle  avoir  la  cuilTe  , 
par  où  fortoit  ce  lait ,  un  peu  plus  groife  que  l'au- 
tre ,  qu'elle  en  jettoit  environ  une  pinte  chaque 
iour  ,  qu'il  avoit  commencé  à  en  fortir  dès  l'àse 
de  huit  ans,  ce  qui  avoïc  toujours  continue  ,  quoi- 
que fes  ordinaires  lui  eulFent  pris  au  terme  accou- 
tumé ;  qu'à  chaque  porofité  par  où  il  fortoit ,  il 
y  avoit  une  petite  dureté  femblable  à  une  glan- 
de gonflée ,  &  que  ce  lait   n'étoit  point  différent 
de  celui  des   mammelles  j  J'en  vis  fortir  environ 
undem-i  feptier,quc  j'emportai  pour  l'examiner 
avec  plus  de  loifir.  Ce  fait   prouve  que  le  lait  eft 
un  chile  épais,  qu'il  circule  avec  le  fang  ,  qui  en 
efl  féparé  par  les   mammelles  :  &  qu'il  peut   s'é- 


3  (3  4  ^^-f  parties  de  la  Poitrine  , 

chaper  par  les  autres  parties  du  corps  ,  lorfqu'il 
en  trouve  les  porofîrez  trop  dilatées  pour  le  pou- 
voir retenir,  telles  qu'étoient  celles  des  glandules 
de  la  cuilïe  de  cette  fille. 
Dififîon  du  Le  lait  eft  une  fubftance  moyenne  entre  le 
^*'^'  ^^"o  ^  ^^  ^^  ^^  >  n'étant  pas  fi  épais  que  le  Tang  , 

ni  il  fereux  que  le  chile  :  Il  n'eft  pas  fait  de  Tang, 
comme  plufieurs  Anciens  l'ont  cru  ,  mais  plutôt 
de  chile  qui  circule  quelque  tems  avec  le  fang  , 
fans  y  être  incontinent  mêlé.  Il  eft  compofé  de 
trois  parties,  de  butireufes ,  de  cafeuTes,  &  de 
.  .  fcreufes. 
qucuis  Les  butîreufes  font  la  crème  ,  &  ce  qu'il  y  a 

conipolcnc   d'on6tueux  qui  s'tlcve  au  dellus  du  lait,  les  cafeu- 
fcs  font  les  plus  groflîercs  ,  ce  font  celles  qui  fe 
coagulent,  &  dont  on  fait  les  fromages  ;  &:  les  fe- 
reuics  font  proprement  la  limphe  ,  &  ce  qu'il  y  a 
de  plus  liquide  ,    que  nous  appelions  le  lait  cla  r  : 
Toutes  ces  différentes    fubftances  font  propres  à 
nourrir  les  différentes  parties  du  corps. 
Autrcîufa-      Les  ufages  que  l'on  donne  aux  mammelles  ne 
n^amracl-     ^°"^  P^^  feulement  de  filtrer  le  lait  ,  mais  encore 
ics.  de  défendre  le  cœur  ,  &c  de  fervir  d'ornement  aux 

femmes. 
Réponfc  à     Avant  que  de  parler  des  parties  mufculeufes  de 
Delboc^^"*   la  poitrine,  il  nous  faut  repondre  à  une  objedioii 
que     forme    un    grand     homme  ,  c'eft  Sylvius 
Delboé  i  qui  prétend  que  le  fang  qui  fort  quelque- 
fois des  mammelles  dans  des  maladies  ,   eft  une 
preuve   inconteftable  ,  qui  fait  voir  que  le  lait  ne 
-  s'engendre  pas  du  chile  ;  mais  du  fang.  Mais  af- 
furément  cet  habile   Médecin  fe  trompe,  parce 
qu'il  ne  fort  jamais  de  fang  des  mammelles  ,  qu'il 
n'y  ait  des  vaifteaux  ouverts  ;  ce  qui  eft  peut-être 
occaiionnéjOU  parce  que  l'enfant  aura  trop  fuccé , 


V.  Démonfiration  Anatom.  ^6^ 

ou  par  quelque  coup   jOU  par  quelqu'autrc  caule 

qui  Te  fait  toujours  connoître. 

On  dit  ordinairement  que    les  enfans  prennent 
1  j     1  .  o         .-i  •  •     Erreur  po* 

les   mœurs  de  leurs    nourrices  ,&  qu  ils  partiel- p^i^ij-c/ 

pent  à  toutes  leurs  bonnes  de  mauvaifes  inclina- 
tions. C'eft  pourtant  à  quoi  l'on  ne  doit  pas  tou- 
jours ajouter  foi ,  puifqu'il  eft  certain  que  les  en- 
fans  que  l'on  nourrit  de  lait  de  vache  ,  ou  de  chè- 
vre, n'ont  pas  pour  cela  les  inclinations  brutales 
de  ces  animaux. 

Je  vous  ferai  encore  remarquer  en  pafî'anr,  que    Que    les 
les  nourrices  qui    donnent  trop  fouvent  à  têter  à  "°""'^^s 
leurs  enrans  ,  ront  tres-mal  ;  elles  ont  coutume  de  de  donner 
dire  que  c'eft  un  bon  fîmie,  quand  les  enfans  re-  fropatcttct 
jettent  ,  parce  que  ,  lelon  elles  ,  c  elt  une   marque  fans, 
qu'ils  profitent  ;  mais  au    contraire  ,  cette  abon- 
dance de  lait    les  rend  quelquefois     Ci  gras  ,  qu'il 
leur  furvient  une  petite   fièvre  continue" ,  qui  foa- 
vent  les  fait  mourir  j  C'eft  ce  que  j'ai  vu  alTez  de 
fois  dans  des  petits  enfans  qui  étoicnt  morts  de  trop 
de  grailîe.Lorfque  j'en  faifois  l'ouverture  pour  re- 
chercher la  caufe  de  leur  mort,  je  trou  vois  par  tout 
de  la  graifTe,  en  fi  grande  quantité  ,  que  je  ne  fça- 
vûis  prefque  où  mettre  mon   fcalpel. 

Cette  petite  obfervation  doit  fervir  à  corriger  „55"" 
labuSjOU  l'erreur  des  nourrices,  qui  ne  manquent  A;rle  lait 
pas  de  fe  réjoiiir  quand  elles  voyent  leurs    enfans  ?"^    Vï!^* 
rejetter,  ayant  fans  celfe  ce  proverbe  à  la  bouche,  tenc. 
que  les  enfans  qui  vomiirent  profienr.  Mais  pour- 
quoi,je  vous  prie  ,ces  enfans    vomiflent-ils  ;  n'eft- 
ce  pas  parce  qu'ils  regorgent  de  lait  ;  A-t-on   rai- 
fon  de  dire  que  ce  foit  un  bon  figne  de  voir  vomiu 
un  enfant  plufieurs  fois  le  jour.N'eft-ce  pas  plutôt 
une  marque  que  ce  lait  eft  à  charge  àl'eftomac, 
puifqu'à  tous  momens  ils  le  reyornillcnr. 


^66  Des  Parties  de  la  Poitrine, 

Partiesmuf-  Les  parties  qui  fuivent  font  les  mufculeufes  , 
la  poirrinc.  ^^^  nous  avons  mues  au  nombre  des  contenan- 
tes propies  de  la  poitrine  ;  mais  comme  elles  ne 
font  paî  toutes  pour  fon  ufage  ,  qu'il  y  en  a 
qui  fervent  à  faire  les  mouvemens  des  bras  ^  Se 
de  l'omoplate  ,  je  ne  vous  les  ferai  voir  que  lorf- 
quc  je  vous  ferai  la  Démonftration  des  mufcles  en 
gênerai. 

Parties  of-      Auiïi-tôcque  les  mufcles  font  levez  ,    on  void 

Ici  ics  de  la  1   ^  .         ,r     r      o  «1      •        r  -   r         i 

pouiine-      '^s  parties  oileuies  &  cartilagmeuies  ,  qui  (ont  le 

fternum  ,  &:  les  cotes  que  l'on  met   au   rang   des 
parties  contenantes    propres  :  je  ne  vous  en   par- 
lerai point  ici,  vous   les  ayant   fuffifaminent    fait 
E         connoître,  lorlque  je  vous  ai  fait  la   Demonftra- 
Le  ftcrnum  jion  du  fquelete.  Te  vous  montrerai  feulement  la 

toiK-a-fait  .  f  -  .      1.  11  .     . 

fcpaïc  ciu     manière  donc  on  Uit  1  ouverture    de   la  poitrine.   . 

corps.  D'abord  l'on  coupe  avec  un  fcalpe'  tous  les  car- 

tilages qui  joignent  les  extrémirez  des  côtes  avec 
le  flernumion  fépare  les  bouts  des   clavicules  qui 
s'unifTent  au  premier  os  du  flernum,&  enfuice  on 
levé  tout  ce  qui  a  été   coupé   entre  les  deux  inci- 
fîons^les  uns  lèvent  le  fternum  en  haut,  les  autres 
en  bas ,  Z-c  moi  je  croi  qu'il   vaut  mieux  le  feparer 
tout-à-faic  du  fujet,  parce  que  tenant  ou  en  haut 
ou  en  bas  il  incommode  autant  dans  les  prépara- 
tionSjque  dans  les  démonftrations. 
Panu's        La  quatrième  forte  des  parties  contenantes  pro- 
r.euftidc  ia  prcs  font  les  membraneufes  ,  au  nombre  defquel- 
ffciumc.      les  nous  avons  mis  la  plèvre  &  le  mediaftin  ,•  ce 
font  ces  membranes  que  l'on  découvre  loifque   le 
fternum  eftlevémous  les  allons  examiner. 
La  plèvre  ,  eft  une  membrane  dure  &   épaiflTe 
,^  ^,,       qui  reveft  toute  la  capacité  delà  poitriijc    ;  elle 
■  eft  appellée  par   quelques-uns  foucoftale  ,  parce 
qu'elle  eft    tendue  fous    les  coftçs  i  elle  contient 


V.  Vemonfiratlon  Anatomlque.  y6y 

ôc  renferme  touccs  les  parties  qui  font  dans  la 
poitrine  ,  de  .même  que  le  péritoine  contient 
toutes  celles  de  l'abdomen ,  &  la  dure-mere  le 
cerveau. 

Il  y  a  des   Anatomiftes  tres-celcbres    qui   ont    Scntimcns 
écrit  ,  que  de  même  que  les  parties  externes   du  diffcrcnsfur 

r  A'  1  •     n.  >     l'origine  de 

corps  (ont  couvertes  d  une  membrane  qui  elt  la  [^  plcvtc. 

peau  ;  de  même  aufll  les  parties  internes  font 
revêtues  d'une  membrane  qui  reçoit  difFerens 
noms  fuivant  les  differens  endroits  qu'elles  revêt. 
On  la  nomme  méninge  à  la  tête  ,  péritoine  au 
ventre  inférieur  ,  ôc  plèvre  à  la  poitrine  :  Ces 
Auteui'5  ne  s'acordent  pas  entr'eux  fur  l'origine 
de  cette  membrane  ;  les  uns  veulent  qu'elle  com- 
mence à  la  tête  ,  qu'elle  fe  continue  à  la  poitrine, 
&c  qu'elle  finiffe  au  ventre  inférieur  ;  &  d'autres 
prétendent  qu'elle  prend  fon  origine  au  bas  ven- 
tre ,  &  qu'elle  continue  jufqu'à  la  tête.  Il  fe- 
roit  très-difficile  ,  pour  ne  pas  dire  impoffible  , 
de  faire  voir  cette  continuité  ,  puifqus  les  mem- 
branes qui  tapilTent  intérieurement  ces  trois  ven- 
tres ,  font  tellement  féparces  ,  que  l'on  ne  peut 
pas  foûtenir  qu'elles  prennent  leur  origine  l'une 
de  l'autre  ;  ce  qu'on  peut  dire  de  certain  ,  c'eft 
que  ce  font  trois  membranes  différentes  qui 
trouvent  leur  principe  dans  le  germe  comme  les 
autres  parties. 

La  figure  &  la  grandeur  de  la  plèvre  repondent    Figure  , 
à  celles  de  la  poitrine.  Sa  fubftance   eft    fembla-  Pua*^^'^'^  ^ 
Die  a  celle  du  peritome  ,  c  elt-a-dire  mcmbraneule  de  la  pknc 
<k  capable    de  dilatation  :  fa    partie    interne  eft 
unie  &  polie  pour  ne  pas  blelFer   les  parties  con- 
tinues ;  &  l'externe  eft  rude  ôc  inégale ,  afin  de 
fe  mieux  attacher   au  periofte  des  côtes ,  &  aux 
autres  parties  qu'elle  touche  :  elle  eft  double  , 


368  Des  parties  de  la  Poîtrîng  , 

ce  n'eft  pas  feulement  entre  la  plèvre  &  les  muf- 
cles  que  le  fang  extravafé  fait  la  pieurefîc  ,  mais 
fort  fouvent  entre  les  deux  tuniques  de  cette 
membrane  ,  à  caufe  de  la  quantité  d'artères  , 
de  vénes  ,  &:  de  nerfs  qui  y  rampent  ;  ce  qui  fait 
pour  lors  que  la  fièvre  ,  &  les  douleurs  en  font 
plus  aiguës. 

Attacha  &       £][g  ç(^  ^Qj-f    adhérente  aux  vertèbres    du  dos  , 
trous  de  ja     ,     ,,  ^  .    .  ^  > 

plèvre.,  OU  elle  prend  Ion  origme  ;  elle  s  attache  au  pé- 
riode des  côtes  ,  &  aux  mufcles  intercoftaux  in- 
ternes ,  &c  vient  s'inlerer  à  la  partie  antérieure  «Sc 
interne  du  fternum  :  Elle  a  pluiîeurs  trous  donc 
les  uns  font  fuperieurs  ,  par  où  palfent  la  grolTe 
artere,(a  véne  cave  l'œlophage  ,  la  trachée  -  artè- 
re, Se  les  nerfs  de  la  huitième  conjugaifon  :  Et  les 
autres  inf.;rieurs  ,  qu^alirent  palfer  la  véne  cave 
&  l'œfophage. 

La  plèvre  reçoit  pluiîeurs  nerfs  des  vertèbres 
àz  la  plé-  ^^  "°s  &  de  la  huitième  paire  \  ce  qui  rend  les 
vre.  playes  de  cette  partie  dangereufes  &  douloureufes: 

elle  a    des  artères  de  l'intercoftale  ,  &  de  la  grofife 
artère  j  fes  vénes  vont  à  la  véne  intcrcoftale  fupe- 
neure,&  à  l'azigos. 
^r,      ,        Les  ufages  de  la  plèvre   font  en  premier  lieu  de 
la  plèvre.     tapilTer  intérieurement    le  thorax  ;  fccondemenc  , 
de  contenir  &  renfermer    les  poumons  \  &  enfin 
de  divifer  la  poitrine     en   deux  cavitez  ,  en  for- 
mant uiie  membrane  mitoyenne  que  l'on  nomme 
_        mcHiaftin. 
Le  mcdia-     Le  mediaftin  eft   une    membrane    double  ,  qui 
^''•'  fépare  la  poitrine  en  deux  parties  :  Il  eft  fait  de  la 

plèvre  redoublée  ,  qui  du  corps  des  vertèbres  du 
dos  ,  vient  s'attacher  à  la  partie  interne  &  moyen- 
ne du    fternum. 
On  trouve  aumedi^ftin  un  peu  de  grailTe  qui  en- 
vironne 


y.TyémonflrMiûn  AnatomlqPie,  ^6'^ 

viroiine  fcs  vaiireaux  ,  qui  font  de  quatre  fortes.  ^  ScîvaiD. 
Ses  neifs  font  des  rameaux  que  lui  jettent  les  nerfs 
llomachiques  ;  fes  artères  lui  viennent  des  artères 
mammaires  ',  fes  vénes  vont  aux  vcnes  mammai- 
res 6c  à  l'azigosjil  a  outre  cela  une  véne  particu- 
lière, apellée  mediaftine  ,  qui  va  à  la  véne  cave, 
on  la  trouve  quelquefois  double  :  enfin  il  a  des 
vailleaux  limphatiques  qui  vont  au  canal  thora- 
chique.  ,  O 

Les  Anciens   croyent  qu'il  y  avoit  une  cavité    Eneur  des 
entre  le  replis  delà  plèvre  ,  qui  fait   le  mediaftin  ,  Anciens  fut 
ôc  qu'elle  fervoit  à  l'écho  de   la  voix  ,  mais  il  n'y  a  la  pSvrc. 
point  de  cavité  naturellement  ;  en   levant  le  fter- 
num  on  déchire  le,mediafl;in  ,  le  replis  de  la  plèvre 
s'écartCjC'eft  ce  quî  fait  qu'on  apperçoic  une  efpe- 
ce  de  cavité  ,  &  CjUoi<:^u'il  s'amaile  quelquefois  du 
pus  dans  le  mediartin^ce  n'eft  pas  une  preuve  qu'ib 
y  ait  une  cavité  ,  mais  cela  prouve  feulement  que 
l'abfcés  a  fcparé  les  membranes. 

Les  ufafics  du  mediaftin   (ont  de    fé  parer  la  poi-     ^,?'^'''* 
,^  .  •  r   c  •   r        n.  medialtm. 

trnie  en  deux  cavitez^  ce  qui  le  tait  ii  exactement, 

que  les  humeurs  épanchées  dans  l'une  ,  comme 
du  fang  ou  de  l'eau  ,  ne  peuvent  palier  dans  l'au- 
tre ;  de  fui  pendre  le  péricarde  avec  le  cœur  ,  qui 
lui  eft  attaché  pour  empêcher  qu'il  ne  fe  heurte, 
&  pour  lui  aider  à  faire  fes  mouvemens  en  toute 
liberté,  &  de  foùtenir  les  vailleaux  ÔC  le  diaphrag- 
me dans  l'homme  ,  de  crainte  que  les  vifceres  qui 
y  font  attache/: ,  comme  le  ventricule  8c  le  foye  , 
ne  le  tirent  trop  en  bas.C'elt  pourquoi  il  tient  par 
en  haut  aux  clavicules ,  de  par  en  bas  au  diaphra- 
giiie  dans  fon  uiilicu. 


11  fe  trouve  allez  ordinairement  dans  le  fond  VfiZ^i 
des  cavitezde  la  poitrine  une  humeur  qui  rellcm-  ^cde  l'çai 
blc  a  de    l'eau    fanglante  j  cette  lerofité ,  félon 


A  a 


3  7^  Des  parties  de  la  Toitrme  , 

quicftJ^ns  quelques-uns  j  n'y  eft    pas  inutilement  :  car  eiîe 
a  poi  n  c.  1^^.^  ^  difenr-'ils  ,  à  hnmecler  les  parties  du  thorax 
qui  (ont  dans  un  mouvement  perpétuel ,  &   qui 
fans  ce  petit  rafraîchilï'ement  ne  manqueroient  pas 
de  s'échauffer.  Mais  nous  en  parlerons, 
H  Le  péricarde  eft  une  membrane  épailïe  qui  ren- 

Le  ycricar-  fj-j-j^^g  j^  cœur  dans  fa  caviré  ;  c'eft  l'envelopc  du 
cœur  ,  parce  qu'elle  l'environne  de  toutes  parts , 
elle  a  la  même  figure  que  luijCar  d'une  bafe  large, 
&^gi-n-"^^  elle  fe  termine  en  pointe  ;  elle  a  auffi  fa  grandeur 
ôcur.  à  peu  prés,n'éEant  éloignée  de  lui  qu'autant  qu'il' 

cft  neceflTaîre  pour  ne  le  pas  incommoder  dans  Tes 
mouvemens. 
Subflar^cc      s^  fubftance  eft  plus  dure    que  celle  de  la  plé- 
de.  vrejelle  clt  compolec  de  deux  tuniques  ,  dont 

l'intérieure  eft  une  production  du  mediaftin  ,  èc 
l'extérieure  eft  la  membrane  propre  du  pericaiie, 
que  l'on  veut  n'être  qu'une  continuité  àes  mem- 
branes des  quatre  gros  vaiftcaux  qui  font  à  la  baf» 
du  cœur. 
&  yaîfp'aux  ^^  ^^  attaché  cîrculairement  au  mediaftin  par 
du  tcncai-  pludeurs  libres  :  à  l'épine  du  dos  par  fa  bafe,  & 
par  la  pointe  au  centre  nerveux  du  diaphragme. 
Il  eft  percé  en  cinq  endroits  pour  donner  pallage 
aux  vaifleaux  qui  entrent  &  qui  fortent  du  cœur 
il  a  fa  fiipeificic  externe  fibrcuic  (Sr  dure,  &  l'in- 
terne clillanre  ,  Tune  &  l'autre  font  fans  graifle. 
U  a  de  fort  petits  nerfs  qui  viennent  du  récurrent 
gauche  ,  &  des  rameaux  de  la  huitième  paire.  Ses 
aiteres  font  ii  petites  qu'on  a  de  la  peine  à  les 
voir  ,  elles  viennent  des  artères  phreniques  :  Il  a 
,  une  véne  particulière;  que  l'on  nomme  capfulaire, 
laqiJtUe  raporte  le  fang  aux  axillaires.  Il  y  a  aulK 
quelques  limphatiques  qui  vont  fe  rendre  dans  le 
canal  thorachiqae. 


V.  T)emonJTratîon  Anatomîque,  ^j  i 

Le  pencarde  n'a  point  d'autre  uiage  que  de  fer-  Ufage  cet» 
vir  d'enveloppe  aa  cœur  ;  6c  lorlqu'ou  prétend  ^?*"  i^**  P** 
que  cette  partie  contient  une  liqueur  qui  humette 
le  cœur,&  qui  aide  à  les  mouvemens,  on  avance 
une  chofe  quin'cft  allurément  pas  vraiejpuifqu'oa 
n'en  trouve  jamais  dans  les  animaux  vivans  ,  ni 
dans  tous   ceux   qui  jouilTent  d'une  pleine  fanté. 

Mais  lorfqu'on  fait  l'ouverture  de  ceux  qui  meu- 
rent de  longues  maladies  ,  ou  )>\Qn  lorlqu'on  ou- 
vre des  hommes  qui  ont  été  pendus  ,  ou  àcs  ani« 
maux  qui  ont  été  étranglez  ,  il  efi:  confiant  qu'on 
trouve  toujours  de  l'eau  dans  le  péricarde ,  la- 
quelle eftplus  ou  moins  abondante,  fuivanc  les 
diftcrentes  maladies,&  le  genre  de  more  des  per- 
fonnes  ;  cardans  tous  ceux  qui  meurent  den^ala- 
dies  long;ues  ,  où  les  vifceres  font  ordinairement 
pleins  d'obftrudions  ,  l'on  trouve  qu  Iquefois  le- 
péricarde  tout  plein  d'eau  :  Mais  fi  la  maladie  a 
été  prompte  ,  il  y  en  a  toujours  tres-peu  dans  le 
péricarde. 

Enfin  on  n*ouvre  point  de  cadavres  qu'on   n'en  ^[^    ['^^ 
trouvrc  toujours  quelque  peu  i  ce  qui  a  fait  croire  nez  par  les 
à  quelques  Anciens  qu'elle  étoit  naturelle  ,  &  ils  ;^ucciirs  à 
ont  tous  débite  pluiieurs  Fables  a  i  occalion  de  ion  ricardc, 
ufage:  Les  uns  ont  dit  que  l'eau  du  péricarde   fer- 
voit  à  rafraîchir  le  cœur,les  autres  qu'elle  fervoic 
à  augmenter  la  chaleur  du  cœur  ,  de  même  que 
l'eau  que  losKlaréchaux  jettent   fur  le  charbon  de 
leur  forge  fert  pour  en  reveiller  l'ardeur.  Enfin  les 
autres    ont  ajouté  que  cette   Hqueur  étoit    d'un 
grand  fecours    pour   faciliter  le  mouvement  du 
cœur.  Tout  cela  néanmoins  fe  trouve   faux ,  puif- 
qu'il  n'y  a  point  d'eau   dans  le  péricarde  quand  on 
eft  en  fanté,comme  nous^  l'avons   dit.    . 

Les  anciens  Philofophes  de  Meckcîns  ont   dit  U 

Aa    i) 


^72  T)u  Cœur  &  àe  fe s  parties  , 

Sentimens  même  chofe  deTeau  que  1  on  trouve  dans  \e.  ven- 

<îc<  jncicr.s       •       i        i  j  .  i       r      ,  i 

Medtcins     tricule  diî  cerveau  des  anunaux  ,    loriqu  on   les 
fiir  les  fcro- ouvre  aprés  leur  mort.   Ils  ont   prétendu  qu'elle 

(irez  des         /      .  ,11  o  1-  r       \  :   \ 

V  ntricJcî  ^ïO'C  naturelle  ,  &  que  cette  liqueur  le  dechar- 
■  du  ccrvcAu.  geoit  par  la  glande  pituitaire  dans  le  palais.  Ils 
ont  encore  dit  que  les  ventricules  du  cerveau 
ctoicnt  les  refervoirs  des  efpriis  animaux  ,  &  par 
confequent  que  ct,'S  cavitcz  n'étoient  point  pro- 
pres à  ce  premier  nfage.  Il  faut  avoiier  que  ces 
contradictions  font  voir  que  l'efprît  de  l'homme 
eftfujetà  s'égarer  dans  fes  Vaifonnemens.  N'a- 
t-on  pas  toujours  dit  que  les  humeurs  amafiées 
dans  quelque  partie  étoient  hors  de  leurs  vaîfTeaux. 
C'eft  donc  une  raiion  convaincante  que  les  humi- 
ditez  dont  nous  parlons  ne  font  jamais  dans  les 
ventricules  du  cerveau  ,  ni  dans  le  péricarde  que 
par  des  maladies  longues,où  la  limphe  a  eu  le  tcms 
de  le  débarralfer  de  la  malle  du  fang  ,    à  caufe  de 

l'obftrudion  des  glandes. 
Qu'on  trcu.      \j ^    \  \  rr  •        j 

vcdc  i'eau      ^  ûi-iiez-vous   encore  une  preuve  necellaire  de 

dans  le  pe-  ce  que  j'avance  ,  c'eit  que  dans  les   morts  violen- 

quariff  c'cft '■"^j  comme  dans  celles  de  ceux  que  l'on  étrangle, 

vne  more     ou  qui  fe  noyent,le  fang  eft  empêché  dans  fa  cour- 

fe,par  la  corde  dans  les   uns,  &  par    le    poids  de 

l'eau  dans  les  autres  Dans  les  premiers  les   vénes 

jugulaires,  les  carotides  ,  la  trachée  artère ,  font 

(  xaclcment  ccmpiimées  parla  corc^^.  de  manière 

que  le  cours  du  iang  &  de  l'air  étarS^irerrompus 

les  glandes  fe  gonflent, le  tilTu  à^ts  plus  déhcates  le 

,     ■rompt  d'abord,ain(i  l'on  doit  trouver  de  l'eau  dans 

\Ia  fubftance  du  cerveau,&  dans  les  autres  cavitez 

du  coups  où  il  y  a  des  glande-^. 

Lafiiiface      L'Anatomic  nous  apprend  que  toute  la  furface 

.c  /a    ciire  j^  {^  dure-mere  eft  remplie  de  glandes  &  de  vaif- 

fcmi-iie.       féaux  limphatiques,auffi  bien   que  la   membrane 


V.  Démonflratlon  ÂnMomlquc.  375 

des  poumons ,  la  plèvre  ,  le  peiicarde  ,    Se  les  gros  ^^  vX^uàçç 
vaiireaux.  ^        ^  fcaux  liS-' 

Le  dedans  du   ventre  inférieur  Te   trouve  tout  P^^'^-W"*-- 
moice  ,  parce  que  les  elanies  du  nicfentere  ,    du 
pancréas  ,  du  péritoine  Te  font  gonflées,  ce  qui  a 
donné  lieu  à  la  féparation  de  la  limphe.  Et  ce  qui     Exnerien- 

^     r  •        •  •  jj  CCS  .\>...:' c- 

conhrmc  encore  tout  ce  que  j^  viens  d  avancer ,  anquc  'ô-x 
c'efl:  que  fi  Ton  ouvre  un  homme  qui  vient  d''être  j^s^'ccoi- 
décoUé  ,  on  ne  rencontre  point  de  liqueur  dan^  le 
peiicaïdè  ,  ni  dans  les  venrricules  du  cerveau  ,  ni 
dans  pas  une  des  autres  cavirez  ,  tout  cft  a  Çac.  Si 
vous  ouvrez  aufîî  un  chien  d'abotd  qti'il  eft  af  ta- 
ché fur  la  table,  lans  le  faire  lantruir,  vous  11e  trou- 
verez pas  une  goutte  d'eau  dan:,  ion  péricarde. 

Toutes  ces  expériences  nous  prouvent  cJaiic- 
ment  que  l'eau  du  péricarde  &  des  ventricules  du 
cerveau  ell  toujours  un  accident  de  la  rnaladie,ou 
du  genre  de  mort  qu'on  aura  foufïcrt. 


Ea  voulez- vous  encore    une  preuve  évidente  ,  ^'Hi 


Opir'on 


pa- 


nons la  ;^ pouvons  tirer  de  ce  que  dit  Hipocrate  ,  ca^c  ^i^r  la 
lorfqu'il  parle  de  la  liqueur  du  péricarde.  Il  dit  péricarde*^ 
que  dans  l'état  naturel  elle  eft  lemblable  à  de  l'u- 
rine, &  qu'on  la  trouve  quelquefois  comme  de  la 
lavûre  de  chair  ,  à  caufe  qu'elle  eft.  un  peu  fan- 
glante.  Tout  cela  prouve  invinciblement  ce  que 
j'ai  d'abord  avance  ;  car  l'on  fçait  que  les  eaux  des 
hydropiques  font  quelquefois  fariglantes,  ce  qui 
vient  d'une  obftruclion  confi^icrable  ,  qui  donne 
occafion  à  la  ieparatîon  de  la  limphe  ;  &  foiivent 
au  (Il  à  la  féparation  du  fang  au  travers  de  ces  vaif- 
feaux. 

A  l'ouverture  du  péricarde  en  voie  le  co:^ur  ,  qui        L 
eft   la  partie    la  plus    confiderable  qui  foie    dans       ^  ''^^' 
l'homme  ;   c'eft  lui  que  l'on  regarde  comme    le 
principe  de  la  vie  ;  car  auffi-tôt  qu'il  commence 

À  a  iij 


374  ^^  Cœtir  &  de  fes  parties  , 

fes  mo'tivemens  .,  le  fœtus  commence  à  vivre  ,  êc 
fi  tôt  qu'il  les  finit  la  machine  périt  j  c'eft  ce  qui 
»  a  fait  dire  de  lui  Ci  juftement,  qu'il  e'toit  le   premier 

*  vivant  &  le  dernier  mourant  :  &  c'eft  aufli  ce  qui 

lui  a  fait  donner  le  nom  de  cœur,  dérivé  du  verbe 
Latin  airro  ,  parce  qu'il  eft  dans  une  courfe  con- 
tinuelle ôc  dans  un  travail  fans  interruption  qu'il 
ne  finit  point  depuis  le  premier  moment  de  la  vie 
jufqu'a  celui  de  la  mort. 
Figure  du     La  figure  du   cœur  eft  piramidale  ,  &:  fembla- 

'^''^'  blc  à  celle  d'une  pomme  de  pain  ,  car  d'une  bafe 

large  il  fe  termine  en  pointe  :  la  bafe  du  cœur , 
qui  eft  fa  partie  fupcrieure  ,  eft  large  ;  la  pointe  , 
qui  eft  fa  partie  inférieure,  eft  étroite.  Se  fon  corps 
eft  rond  ,  &  relevé  par  devant  ,  ôc  applati  par  der- 
rière: fRais  il  change  un  peu  de  figure  dans  fes 
mouvemens  de  diaftolc  &  de  fiftole  ,  comme  je 
l'expliquerai  ci-aprés. 
Situation      La  bafe  du  cœur  eft   f^tuéc  au  milieu  de  la  poi- 

du  cœur,  trine  entre,  les  poumons  ,  dont  elle  eft  telle- 
ment environnée  de  toutes  parts,  qu'elle  eft  com- 
me cachée  entre  leurs  lobes  :  fa  pointe  au  con- 
traire tourne  un  peu  du  coté  gauche  ,  ce  qui  fait 
que  Ton  fent  fon  battement  de  ce  côté-là  en  met- 
tant la  main  deftiis.La  raifon  pourquoi  cette  poin- 
te ne  tourne  pas  au(îi-tôt  du  côté  droit  que  du 
gauche  ,  c'eft  que  la  véne  cave  y  étanr ,  la  pointe 
du  cœur  auroit  interrompu  ,  par  fon  mouvement 
continuel  ,  le  cours  du  fang  dans  cette  véne  ,  & 
l'auroit  empêché  de  monter  dans  le  ventricule 
droit  du  cœur. 
RaifonT      Ceux  qui  regardent   le  cœur  comme  la  partie 

tion'clu  "*'  ^*  P^*^^  noble,difent  que  fa  fituation  répond  à  fon 

caur.  rang  ,  &  qu'il  n'en  pouvoit  avoir  une  plus  digne 

de  lui  j  étant  placé  au  milieu  de  tout  le  corps  ,  fi 


Grandeur 

cœur. 


V.  Demonjfration  Andto'inique.  37J 

on  en  excepte  les  extreniitez ,  mais  ielon  mon 
avis  j  la  .véritable  raifon  de  cette  fituation  dépend 
de  fa  fonélion  ;  car  comme  il  falloit  qu'il  envoyât 
du  iang  par  les  artères  à  toutes  les  parties  du 
corpSjil  faloit  auffi  qu'il  fut  dans  un  lieu  d'où  il  le 
pût  faire  fans  peine,  autrement  s'il  eût  été  placé 
plus  bas ,  il  lui  eut  fallu  une  împulfion  trop  forte 
pour  le  pouirer  par  toute  la  tête  5  &  quoiqu'il  foit 
fort  éloigné  des  pieds  ,  il  ne  lui  en  faut  qu'une  mé- 
diocre pour  l'y  faire  aller  ,.  parce  que  le  fang  def- 
cend  alfcz  par  fon  propre  poids  ,  &  ainfi  cette 
fituation  eft  la  plus  commode  qu'il  pouvoit  avoir 
pour  la  diftribution  du  fang  dont  il  arrofe  toute 
la  machine. 

L'homme  a  le  cœur  plus  grand  à  proportion 
que  les  autres  animaux  ;  on  n'en  peut  pas  bien  ^J 
marquer  précifémenc  la  grandeur ,  parce  qu'elle 
efl:  dil"Ference  félon  les  âges  &  les  remperamens  :  fa 
longueur  eft  pour  l'ordinaire  de  fix  travers  de  N^ 
doiots  dans  les  adultes ,  &  fa  largeur  de  quatre. 
Ceux  qui  ont  un  grand  cœur  ont  moins  de  coura- 
ge que  ceux  qui  l'ont  petit ,  parce  que  les  grands 
cœurs  étant  njols  &  flafques ,  &  ayant  les  ventri- 
cules plus  grands,  ont  moins  de  chaleur  ,  &  par 
confequent-  en  communiquent  moins  au  fang. 
Au  contraire  u/i  petit  cctur  étant  ferme  ,  folide  , 
dur,&  ayant  les  ventricules  petits,  renferme 
mieux  ce  feu  fans  lumière  dont  il  eft  le  centre  j  & 
mettant  en  mouvement  par  cette  chaleur  les  e{^ 
prits  du  fang,  rend  l'homme  plus  entreprenant  & 
plus  courageux.  ' 

Le  cœur  eft  fortement  attaché  par   fa  bafe  au     ^,fachfs 
mediaftin  :  Il  eft  encore  fufpendu  &:  affermi  dans  du  cœur. 
fa  place  par  quatre   gros  vailTeaux  qui  s'infèrent  à 
cette  même  bafe ,  dont  detfX  entrent  dans  fes  ven- 

Aa   iiij 


3  7  <>  J^ii  Cœur  &  de  fes  parties  , 

tricLiIes  3  &:  deux  en  fortenr  ;  le  lePte  de  Ton  corps 
h'eil  adhérant  à  aucune  partie,  afin  de    pouvoir 
s'étendre  &  fa  reflerrer  dans  les  mouvemens  de 
dia[lo!e&:  de  (idole. 
^  ,  „  La  fubftance  du  cœur  eft  charnue,  &  pareille  à 

d'un  cccur.  ^^^'^  "^5  ^'■^'^^'^^  muiclcs ,  excepte  quelle  elt  plus 
dure  principalement  à  fa  pointe  ,  &  que  Tes  mou-' 
Vëmens  ne  dépendent  point  de  nôtre  volonté'  : 
Pour  bien  connoître  la  lubO:ance  du  cœur  ;  il  faut 
faire  cuire  celui  d'un  bœuf ,  (!<<:  en  feparer  enfuite 
à  loifir  toutes  les  fibres  j  vous  verrez  alors  aue  le 
cœur  eft  fait  de  deux  fortes  de  fibres  charnue's,dont 
les  unes  font  extérieures ,  &  les  autres  intérieures. 
Les  unes  &  les  autres  ont  leur  origine  &  leur  in- 
fertion  à  la  bafe  du  cœur. 
L  Les   fibres  extérieures  defccndent  de  la  bafe  en 

Les  fibres  hVne  fpirale  ,  de  droite  à  çauche  vers  la  pointe  , 

laircs.  ou  tailant  un  demi  cercle,  elles  remontent  en 
même  ligne  fpirale  de  gauche  à  droite  vers  la 
bafe  Les  fibres  intérieures  font  droites  ,  elles 
delcendent  de  la  bafe  à  la  pointe  ,  &  remontent 
de  la  pointe  à  la  bafe  où  elles  finiirenr.  Ce  font  ces 
fibres  internes  qui  forment  ces  petites  colomnes 
charnues  qui  font  dans  les  ventricules  ;  c'eft  dans 
le  milieu  de  ces  fibres  que  font  les  deux  ventricu- 
les ,  dont  les  orifices  &  les  valvules  font  faites  par 
la  dilatation  de  leurs  rendons.  C'eft  par  la  connoif- 
fancede  la  ftruclure  du  cœur  que  je  vous  expli- 
querai dans  un  moment  de  quelle  manière  il  fait 
tous  fes  mouvemens. 
^'*  ,  Le  cœur  eft  revêtu  d'une  membrane  ;  de  même 

ne  du  cœur.  9"^  fops  les  autres  mufcles  du  corps  ;  elle  eft  fi 
adhérente  ^fa  chair  qu'il  eft  fort  difficile  de  l'en 
feparer.  L'on  trouve  beaucoup  de  graille  fous 
ccttç  membrane,  mais  plus  à  la  bafe  que  vers  la 


V.TtémQnflratîonéinaiomlijUe,  577 

poinre.  Les  ulâgcs  de  cetre  graille  font  d'hiime- 
ûer  le  ccenr  ,  de  peur  qu'il  ne  le  delteche  par  trop 
dans  Tes  inouvemens  ;  &  comme  la  pointe  eft  plus 
humeiStëe  par  l'eau  du  péricarde  que  la  bafe  ;  c'eft: 
peut  -  être  la  raifon  pourquoi  elle  a  moins  de 
graille. 

L'on  a  quelquefois  trouvé  au  cœur  de  l'homme,  Fairs  cx- 
vers  le  haut  du  fepturn  médium  les  tendons  des  ^cs. 
fibres  charnues  offificz  5  on  y  a  trouvé  auffi  des 
lopins  de  grailTe  dans  les  ventricules,  &:  des  caron- 
cnle.s  qui  en  fortoient,  &des  poils  qui  le  renvoient 
tout  velu  :  mais  ce  font  des  faits  particuliers  qui 
arrivent  fi  rarement  c|u'ils  ne  doivent  pas  nous 
arrêter. 

Le  cœur  a  toutes  fortes  de  vailTeaux ,  il  a  des  Nerfs  du 
nerfs  qui  lui  viennent  de  la  huitième  paire  j  ces  *^*"^' 
nerfs  font  fi  petits  qu'on  a  de  la  peine  à  les  trou- 
ver ,  ce  qui  a  fait  dire  à  quantité  d'Anafomiftes  , 
qu'il  n'y  en  avoit  point  au  cœur  :  La  raifon  pour 
laquelle  ces  nerfs  font  fi  petits  c'efb  que  le  cœur 
n'a  pas  befoin  de  beaucoup  d'efprits  animaux 
pour  fon  mouvement ,  parce  qu'il  eft  difpofé  de 
ïTianîere  que  le  fanq  qui  y  entre  ,  l'oblige  allez  de 
fe  dilater  &  de  fe  relTerrer.il  ne  lui  en  faut  pas  non 
plus  davantage  pour  le  fentiment ,  n'étant  pas  ne- 
cefiàîre  qu'il  l'ait  exequis  à  caufe  de  fon  agitation 
continuelle. 

Le   cœur  a  deux  artères   que  l'on  apclle  coro-       t^j 

naires  ,  parce  qu'elles    l'environnent  par  fa  bafe     Ancres  & 

11  j     1  iT   venes  coro- 

comme  une  couronne  ;  elles  partent  de  la  grolie  ,;aixes, 

artère  immédiatement  en  fortant  du  cœur  avant 
même  qu'elle  foit  hots  du  péricarde  ,  (i  bien  qu'il 
fe  partage  le  premier  de  ce  fang  ,  qu'il  a  eu  la  pei- 
ne de  perfc<5tionner  dans  fes  ventricules.  Il  a  une 
véne  nommée  aufli  coronaire,  qui  rampe  fur  U 


\ 


57^  J^«  Cceur  &  de  fes  partie. f, 

partie  extérieure  \  Epe  efl:   faite  de  placeurs  bran- 
ches qui  viennent  de  toutes  les  parties  du  cœur. 

Elle  va  fe  rendre  a  la  véne  cave  ,  où  elle  reporte 
le  fuperflu  du  fang  qui  a  été  aporté  par  les   artè- 
res coronaires.    Il  a  encore  des  limphatiques  ,  qui 
fe  vont  décharger  dans  le  canal. 
Ufagcs         Pirmi  la  grailFe  qui  eft  à  la  bafe  du  cœur ,  il  y  a 

des  glandes  plufieurs  petites  glandes  conglobces  ,  qui  reçoi- 
ucœur.  ygj^j.  jçg  rameaux  des  artères  coronaires  ;  L'ufage 
de  ces  glandes  eft  de  féparer  quelque  liqueur, 
comme  le  font  toutes  les  autres  du  corps  ;  mais 
cette  liqueur  eft  toujours  en  très-petite  quantité, 
cependant  fufnfante  pour  entretenir  la  fouplelle 
des  fibres  du  cœur. 
,        ,        L'ulagc  du  cœur  eft  de  recevoir  le  fang  des  vé- 

eœur.  "cs  dans  fes  ventricules  ,  fçavoir  celui  de  la  véne 

cave  dans  le  ventricule  droit ,  &  celui  de  la  véne 
du  poumon  dans  le  gauche  pour  le  diftribuer  en- 
fuite  par  les  artères  dans  toutes  les  parties  du 
corps  ,  ce  qui  fe  fait  par  fes  mouvemens  de  dilata- 
tion &  de  contraction  ,  qui  font  apellez  diaftole 
^cfiftole. 

La  diaftole  eft  un  allongement  du  cœur  :  ce 
inouvement ,  qu'on  apelle  de  dilatation  ,  fe  fait 
lorfque  le  fang  poulfant  les  parois  des  ventricu- 
les pour  y  entrer,  force  les  fibres  charnues  de  s'al- 
longer ,  &:  alors  la  pointe  s'éloignant  de  la  bafe, 
le  cœur  en  devient  plus  long  ,  &  fes  cavitez  plus 
amples. 

La  fiftole  eft  le  racourciffement  du  cœur  :  ce 
mouvement  de  contradlion  fe  fait  lorfque  ces  mê- 
mes fibres  qui  ont  été  allongées  par  le  fang  qui 
eft  entré  dans  les  ventricules,  fe  racourciirent  & 
contraignent  le  fang  de  s'élancer  dans  les  artères 
qu'il  dilate  en  y  entrant,^  alors  la  pointe  du  cœur 


_  Ce  qijc 
.c'et  que 
diaftole. 


Ce  que 

c  eft  que 
fiftole. 


ï^.  Démonflration  Anatomique»  3  /p 

fe  raprochant  de  la  bafe  ,  il  en  devient  plus  coure, 
&  fes  cavîrez  plus  étroites. 

il    faut    remarquer   que  la  dilatation  fe  fait  en    Les  mou- 

j  .       1       j  ,  •      ■  o,  1  vcmcaï   du 

même  tems  dans  les  deux  ventricules  ,  ce  la  con-  cucur  fe 

tra.ûon  de  même  ,  &  qu'il  y  a  entre  ces  mouve- ^'^^- o^'i- 
mens  des  repos  ,  que  l  on  nomme  penuitoles  , 
aufîi-bien  dans  les  artères  que  dans  le  cœur.Lorf- 
que  le  cœur  fe  relferrc  il  ne  faut  pas  croire  que  fa 
pointe  approche  de  "fa  bafe  en  ligne  droite  ,  com- 
me on  le  croioit  \  ce  qui  rendroit  fes  Cavitez  plus 
grandes ,  mais  obliquement  &  en  manière  de  vis  ; 
caries  fibres  extérieures  du  cœur  dcicendant  de 
la  bafe  vers  la  pointe  en  forme  de  limaçon ,  &  re- 
montant de  même  à  la  bafe  où  ils  finident ,  font 
de  neceflité  faire  au  cœur  un  déni  tour  qui  lera- 
courcit ,  &  qui  approche  les  parois  des  ventricu- 
les les  uns  des  autres ,  &  contraignent  le  fang  qui 
y  eil  entré,  de  s'élancer, dehors 

Tout  le  monde  tombe  d'accord  que  le  cœur  bat;  Mouvc- 
raais  d'où  vient  ce    mouvement  de  dia fiole  &  de  "i*"'^ '^ti 
liftole  5  c'eft  dont  on  ne  convient   pas.  Monfieur  ment^xpiil 
JDefcartes  prétend  qu'il  y  a  dans  chaque  ventricu-  Q^é  par 
le  des  têtes  de  fang  ,  qui  n'aiant  pu  fortir  quand    '  ""'5. 
le  cœur  s'eft  vuidé  s'v  aicriit  ,  Se  devient  comme 
un  levain  capable  de  fermenter  avec  de  nouveau 
fang  ,  comme  l'huile  de  tartre  avec  l'efprît  de  vi- 
triol ,  de  par  ce  levain  il  explique  ainfi  le  mouve- 
ment du   cœur. 

Qiiand  unegrolle  goutte  de  fang  tombe  parfon 
poids  dans  chaque  ventricule,  elle  s'enfle,  fe  gonf- 
le j  fe  raréfie  tout  aufîi  tôt  ,  parce  qu'elle  fe  mêle 
avec  le  levain  ou  le  fang  aigri  qu'elle  rencontre, 
ôc  parce  que  cette  goutte  ainh  fermentéc  occupe 
beaucoup  plus  d'cfpace  dans  le  cœur  ,  que  quand 
elle  y  cft  entrée ,  elle  en  écarte  les  parois ,  grofîîc 


2  8o  Du  Cœur  &  de  fi  s  parties  j 

le    cœur  oblige  la   pointe  de  s'approcher  vêts   ' 
bafe,  de  lors  qu'enfin  le  cœur  ne  peuc  plus  fe  dil 
ter ,  Se  qu'elle   tend  néanmoins  à^  occuper    pj 
d'efpace  ,   elle  force  les   valvules    figmoidcs  , 
s'échape  dans  les  artères.  Voila  ,  dit-il  ,  comme 
fe  fait  la  diaftole.    Mais  lorfque   ce  bouillonn 
ment  cil:  cciré,&:  que  le  fang  qui  s'étoic  beaucoi 
raréfié  a  perdu  fon  grand  mouvement5&  qu'il  s'c 
condenfé  i  le  cœur  par  ion  propre  reiîort  fe  dila; 
ôc  s'allonge,  &  fa  pointe  s'éloigne-.voila  la  fiftole 
alors  une  nouvelle  croutte  de  fançj  tombant  encoi 
dans  chaque  ventricule  ,   parce  que  rien  ne  pief 
ies  valvules  tri^lochines  ,  &   le  fang  qui  n'avo 
pu  entièrement  lortir ,  ayant  acquis  dans  les  vei 
tricules  la  qualité  de  levain  ,  la  fait  fermenter,  t 
l'oblige  à  fe  dilater  ,  en  forte  qu'elle   écarte  le 
ventriculeSj&palfe  dans  les  artères  ,  comme  nous 
^  .      le  venons  d  expliquer, 
voir  que  la      Voila  une  des  plus  belles  imaginations  qu'on 
^"PP°^Iîon  puide  avoir  ,  &:  il  cfl;  certain  que  par  cette  fupo- 
iiCLon  l'on  peut  expliquer  tous  lés  phénomènes  qui 
ic  rencontrent    fur  cette  matière.  Nous   fo'mmes 
oblige  à  ce  grand  homme  d'avoir  rompu  la  glace, 
êc  d'avoir  expliqué  le  premier  par  la  mécanique 
les  mouvemens  du  cœur.    Néanmoins  nous   ne 
pouvons  nous  empêcher  de  dire  que    cette  hipo- 
thefe  cft  contraire  à  l'expérience  &  à  la  raifon,  ÔC 
il  ne  faut  pas  s'en  étonner.   Une  connoiifoit  pas 
alïèz  bien  la  flrudure  du  cœur,  &c  fes  méditations 
l'occupoient  trop  pour  en  avoir  une  plus  grande 
connoiirance.    Toujours   dirons-nous  qu'il  a  fait 
tout  ce  qu'un  homme  pouvoit  faire  ,  ne  fçachant 
du  cœur  que  ce  qu'il  en  fçavoit. 
Raifons         Ce  fentiment  eft  contraire  à  la  raifon  ;  premiè- 
rement j  parce  que  nous  ne  fçavons  que  penfer  de 


K  1)êmon]iranon  Anatomîque,  5  S  i 

la  première  origine  de  ce  levain  qu'il   fLippore;car  ^^."^  ^^'^}, 

.   rL  L    r    r         o  •  \  .,   nyanullc. 

c  ell  une  chcle  iure  &  certamc  que  par  tout  ou^il  vain  dans  le 

fe  trouve  un  levain,il  y  a  des  glandes  qui  font  la  cœur, 
fource  de  ce  levain  ,  comme  dans  l'eftomac  ;  c'efl 
ce  que  nous  ne   trouverons  point  dans  le   cœur, 
Secondcmencpuifque  le  fang  qui    tombe  dans  le 
.  cœur  n'y  fermente  que  parce  qu'il  en  trouve  un  • 
autre  qui  s'y  eft  aigrircomraent  eft  ce  que  la  pre- 
mière goutte  qui  tombera  dans  le  cœur  y  fermen- 
tera au  premier  moment  de  la    circularion  j  II  ne 
ppurroit  pas  encore  y  avoir  de  fang  aigri  pour  le 
faire  boiiillonner  parce  que  fi  cela  étoit,  elle  n'y 
feroit  pas  cnrrée  la  première.  Dira-t-on  que  la  na- 
ture forme  le  premier  ferment  >  mais    c'eft  expli» 
uer   une  difficulté  par  une  autre.    Mais  pofez  en- 
core   que    cela    foit  ,  comment  concevoir  que  ce 
levain  le  confervât  dans  les  ventricules,  n'en  for- 
tira-t-il  pas  aulïî  avec  le  fângj&:  s'il  ne  le  fait  pas 
la  première  fois,' ne  le  fait-il  pas     la    féconde,   la 
troifiéme  ,  ou  la  quatrième  ,  &c.  Ce  qui  fuffira 
pour  interrompre  le  cours  delà   circulation.    De 
dire  qu'il  n'importe  pas  qu'il  forte,  parce  que  ce- 
lui qui  relie  acquiert  aifez  d'aigreur  pour  produi- 
re le  même  effet  i  ccù.  ce  qu'on  a  peine  à  croire  ; 
car  on  ne  peut  concevoir  qu'en  fi  peu  de   tems  il 
acquière  une  allez  grande   vertu  pour  caufer   une 
fi  forte    effervefcence  ;  puifque   par  tout  où    il  y 
a  fermentation  ,  il  faut  que  les  liqueurs  ;  y  reftenc 
quelque  tems.  Or  dans  le  cœur  le  fang  n'y  eft  pas 
fi-tôt  entré  qu'il  en  fort.Qiioi  qu'il  en  foif,il  fau- 
dra fe  rendre  à  l'cxperin  ce  ,  &  nous  voyons  que 
le  fang  n'eft  pas  plus  bouillant  dans  le  cœur  qu'- 
ailleurs, &  que  le  cœur  ne  lui  donne  point  fa  cha- 
leur ,  puifqu'il  emprunte  de  lui  celle  qu'il  a  aufli 
bien  que  toutes  ks  autres  parties  du  corps. 


382  Du  Cœttr,  &  de  fes parties, 

Dcfcartcs     En  fécond  lieu,  dans  la  fuppofition  de  De/cartes 

fctrompc     jg  cœur  fe  dilate  lorfque  fa  pointe  s'approche   de 

lur  la  OiU.  1     1     r  •  1         rt    r  r  r  ■ 

taiiondu      ia  bate,ncanmo]ns  cela  eit    taux,    car  11    on   raie 

cœur.  un  trou  dans  le  cœur  d'un  chien  vivant,  &   qu'on 

y  introduire  le  doigt,  on  fentira  &c  on  reconnoîtra 
facilement  que  toutes  les  fois  que  le  cœur  s'allou- 
gejslors  les  ventricules  s'élargiirent  ,  &c  fe  rem- 
plilfent  de  lang,C:>c:  que  lorfqu'il  fe  ràcourcit  ,  les 
parois  s'approchent  tellement  que  le  doigt  fe 
trouve  fortement  prellé  de  tous  les  cotez. 

Difons  donc  plutôt  que  le  battement  du  cœur 
vient  &  fe  fait  par  les  cfprits  animaux;  car  fi  l'on 
coupe,  ou  (1  on  lie  le  nerf  interv:oflal  ,  &  la  hui- 
tième paire  ,  il  celTe  en  vingt-quatre  heures ,  Ôc 
ce  qui  le  fait  encore  tant  durer  ce  font  les  cfprits 
animaux  qui  viennent  des  vertébraux  ,  qui  fe  joi- 
gnent avec  l'intercoftal.  Il  dépend  auiîi  du  lang  , 
car  fi  on  lie  les  vailfeaux  ,  comme  la  véne  cave  ,  il 
ceffe,&  fi  on  la  délie  il  recommence.  Cela  fe  fait 
par  la  chaleur  du  fang,  car  li  l'on  prend  un  corps 
nouvellement  fuffoqué,  ôc  qu'on  introduife  fon 
haleine  dans  le  canal  thorachique  ,  il  fe  renou- 
velle; &  fi  l'on  prend  un  cœur  encore  palpitant, 
qu'on  l'échauffé  aufli  avec  Thaleine  ,  fon  mouve- 
ment augmente. 
D'où  vient       II  vient  encore    par  l'irritation  des  parties  fali- 

iT)cn"du  "^^  '^^  ^*"&  '  ^^^  ^^  ^'°"  prend  le  cœur  d'une  an- 
cœur,  guille  coupé  par  morceaux,  &c  qu'on  le  picote  , 
il  palpite.  Enlîn  ce  mouvement  arrive  par  le 
poids  du  fans;  ,  car  le  cœur  étant  retrcffi  ,  il^ne 
s'élargiroit  jamais ,  n'aimant  point  d'antagonifte  , 
fî  l'impetuofiré  du  fang  &  fon  poids  ne  l'y  for- 
çoient  :  car  on  voit  dans  les  animaux  mourans  , 
qu'il  fa\it  cinq  battemens  de  la  véne  cave,  pour 
un  de   l'oreillette   droite  ;  de  deux   de  l'oreillette 


/ 


y.  Vémonfiratlon  Anatom.  385 

pour  un  da  cœur,  à  quoi  contribue  dans  l'homme 
ie  mouvemcnt/du  diaphragme  ,  aucjuel  la  pointe 
du  péricarde  en:  attachée.  Voyons  preientemenc 
comment  s'exécute  ce  mouvement.  „ 

Reprefentons  -  nous  donc  cette  double  fpirale  jei  fibres 
qui  forme  les  fibres  du  cœur,  &  comment  elles  Te  ^^  cœur, 
croifent  fur  la  furface  intérieure  des  ventricules   ; 
&  nous  aurons  le  plaifir  de  comprendre   que  tou- 
tes les  fois  que  les  fibres  agiront  ,  elles  feront  un 
effort  dans  toutes  leurs  parties  pour    décrire    une 
ligne    droite  ,  &  par  confequent  la    fpirale   s'ac- 
courcira  6c  tendra  à  devenir  un  double  anneau  ; 
ainfi  le  milieu  du  cœur  fe    groiîira  ,  &  la  pointe 
s'aprochera  de  la  bafe,  pour  en   exprimer  exa6Ve- 
ment,  (Scavec  plus  de  force  tout  ce  qui  icra  conte- 
nu dans  les  ventricules,&  c'eft  ce  que  nous  apel- 
Ions    la  fiflole  ,  lorlqu'il  frape    nôtre  mammellc  Tcanïculc 
gauche  ,  où  il  faut  remarquer  que  le  fang  deman-  gauche  du 
dant  une  force  bien   plus  confiderable  pour  être  piuj    ^.p'^s 
pouiré  du  ventricule  gauche  que  du  droit,lc  cœur  ^^^.  le 
eft  beaucoup  plus  épais,plus  charnu  ,  &  a  plus  de 
fibres  mufculeufes  en  cet  endroit  qu'en    l'autre. 
Mais  lorfque  les  fibres  fe  relâchent  &  celfcnt  de  fe 
bander,  elles  tendent  à  fe  développer  &  à  revenir  à 
leur  premier  état  naturel  ,  idées  de  Timpullion  & 
du  poids  du  fang  qui  vient  des  vénes,  &  du  mou- 
vement du  diaphragm.e  qui  tire  à  lui  la  pointe  da 
cœur,   en   forte  qu'il  s'allonge,&  le  fang  remplit 
les  ventricules  ,  ce  que  l'on  appelle    diaflole. 

Avant  que  de  pafler  outre  ,  il  ne  faut  pas  ou- 
blier que  les  oreillettes  du  cœur  ont  leur  fiftole 
&  diaftole ,  mais  contraires  à  celles  du  cœur  j  car 
quand  elles  vuident  le  cœur  fe  remplit  ,  &  tou- 
tes  les  fois  que  le  cœur  poufle  le  fang  hors  de  fes  ' 

ventricules,    elles  fe  ^onfleiit  ^  ceU  vient  de  ce 


5 §4  Du    Cœur  &  de  [es  part'ès ,  ■ 

qu'elles  font  les  rcfeivoirs  du  cœur.  Le  fang  qui 
vient  des  vénes  Te  décharge  premièrement  dans 
Iciir  vencre,<3<:  ne  fe  jette  dans  le  coeur  que  iorfque 
les  valvules  triglochines  s'abbattent  ;  ce  qui  arri- 
ve juftement  quand  le  cœur  s'eft  vuidé,  &  comme 
Touvcrture  par  laquelle  elles  fe  dégo/gent,e{l  bien 
plus  conhJerable  que  celle  par  laquelle  elles  fe 
rempliflent,il  eft  clair  que  cela  fuifiroit  pour  leur 
donner  le  tcms  de  fe  red'errer  ,  quand  mcmc  leurs 
fibres  miifculeufes  n'agiroient  point  ;  Outre  qu'il 
n'eft  pas  impodible  que  la  partie  mulculeufe  des 
vénes  y  contribue,  puifqu'en  effet  on  y  remar- 
que du  mouvement.  Il  faudroit  prendre  garde 
-  fi  ce  battement  s'accorde  avec  celui  des  artè- 
res. 
Li  mcca-        On  ne  peut  pas  difconvenir    de  ces  faits,   de 

m  iue  uu      vous  en  ierez   entièrement  perfuadez  .  après  que 
cvr.ir  en  elt  .  *      .     ,  ,  ,  ,       ^       .        ,  '  ^     . 

ia  plèvre,     je  vous  aurai   démontre  les  parties  du    cœur  ,  qui 

fout  le<;  oreilles, les  ventricules  ,  lefeptam  mcdlum, 
les  vailïcaux  &  les  valvules  ;  leur  connoillan- 
,  ce  étant  necedaire  pour  venir  à  celle  de  la  cir- 
culation, dont  je  prétends  auffi  vous  convaincre 
aujourd'hui  après  que  je  vous  aurai  fait  voir  ces 
parties, 
O  O  A  la  bafe  du  cœur  il  y  a  deux  petites  bourfBs  , 

i*.^*^^  *^'^^'^'  que  l'on  appelle  les  oreilles  du  cœur  ,  à  caufe  de 
la  rellcmolance  qu  elles  ont  avec  les  orenlesjeUes 
relîèàblent  pourtant  mieux  au  capuchon  d'un 
îvioine  ,  car  d'une  longue  bafe  elles  le  terminent 
en  une  pointe  cmoullée. 
rn    r   .       Ce  (ont   des  produdions  ou  appendices  mem- 

deux.  braneuies  faites  du    redoublement  des    membra- 

nes des  vaillèaux  ,  où  elles  font  placées  j  la  droite 
eft  l'extrémité  de  la  véne  cave  éc  la  gauche  l'cx- 
tremiié  de  la  véne  des  poumons  jde  u^anieie  quç 


V.  Dsmo>7firatlon  Anatomtque.  jSj' 

cbrps  avec  ces  vailleaux  j  leur  fubllance  eft  mem- 
braneufe  de  même  que  celle  de  ces  véaes  ,  ahn  de 
pouvoir  s'emplir  &  le  vuider  librement* 

Les  oreilles  {ont:  proportionnées  aux  vaifTeaux,  Lagran^cut 
fur  lefquelks  elles  font  fituées,  &  aux  ventricules  ^y'^^^j  *^' 
du  cœur  j  car  la  droite  eft  plus  grande  que  la  gau- 
che,à  caufe  que  la  véne  cave  efl  plus  grolïè  que 
celle  des  poumons ,  &  que  le  ventricule  droit  eft 
aulîi  plus  grand  que  le  gauche.  Et  comme  la  vénc 
des  poumons  &  le  ventricule  gauche  font  plus  pe- 
tits ,  leur  oreille  eft  auiïi  plus  petite  ,  mais  elle  eft 
plus  ferme  &  plus  folide  que  l'autre  ,  parce  que  le 
ventricule  gauche  eft  plus  ferme  &  plus  compa<5le 
que  le  droit»  Et  11  l'on  obferve  bien  la  ftru6lurc  de 
ces  orcilleSjOn  connoîtra  que  leur  adion  dépend 
des  mouvemens  du  cœur,  car  en  même  tems  qu'il 
fe  contrad;e,  elles  s'ouvrent  ,  &  lorfqu'il  le  dilate 
elles  fe  rellerrcnt  ,  de  manière  qu'elles  font  Icuï' 
diaftole  quand  le  cœur  fait  [a  fiftole  ,  ainfi  leurs 
mouvemens  font  alternatifs. 

L'ufagc  des  oreilles  du  cœur  eft  en  recevant  des  L'ufagé'déi 
\énc^  le  lang  dans  leurs  cavicez  ,  de  lui  fervir  de  t^r^'llej  à\à. 
melure,  &  d'çmpécher  qu'il  ne  tombe  en  trop 
grande  quantité  à  la  fois,  &  avec  trop  de  précipi- 
tation dans  les  ventricules,  Se  qu'il  ne  fuffoque  l'a- 
nimal. Mais  Ci]  retenant  une  forte  palîlon  le  cœur 
fe  peut  tellement  contracter  que  le  fang  en  étant 
prelfé  dans  les  oreillettes  rompra  leur  relTort  &  les 
relâchant, les  difpofera  à  s'étendre  de  plus  en  plus, 
félon  l'obfervation  qui  fuit.  Ûc.T.at-que 

L'on  a  trouvé  à  Breft  en   ouvrant  le   corps  cîe  finguliac 
Monficur  Dubuilfon  Capitaine  de  Vaillcau  ,  mort  pYjié'au  °' 
peu  de  tems  après  Ion  retour  deCartagene,  à   Ta-  ca-.ir  ct- 
gc  de    quarante  -  deux  ans  ,  que  l'oreille    droite  j-erncï  d# 
da  cœur  ctoit  tellement  dilatée  qu'elle  avoit  la  grof-^  Uilei 

Bb 


3  85  Du  Cœur  ,  &  de  fes  Partie  s, 

feur  de  la  tête  d^in  enfant  nouvellement  né,qu'el- 
le  poiiyoit  contenir  trois  demi  f'eptiers  de  fang,  de 
qu'elle  étoit  tapillée  en  dedans  d'une  fubftance  of- 
feufe  ôc  écailleufe  ,  qui  la  tenoit  toujours  tendue 
comme  un  ballon.Ceux  qui  ont  fait  cette  ouvertu- 
re ,  ont  feparé  du  corps  cette  oreille  ,  &  me  Tonc 
envoyée,avec  une  relation  contenant  ce  qui  s'eft 
pa'Té  dans  fa  maladie  &  à  fa  mort  ;  Il  avoit  une 
difficulté  très-grande  de  refpirer,un  pouls  rude  & 
fréquent,  &  des  bartemens  de  cœur  continuels  êc 
il  violens  ,  qu'ils  fe  remarquoient  à  l'endroit  du 
fèernum.  Il  a  toujours  dit  qu'il  y  avoit  douze  ou 
treize  ans  que  ce  mal  avoit  commencé  ,  à  l'occa- 
lion  d'une  violence  qu'il  fe  fit  pour  retenir  les  pre- 
miers mouvemens  d'une  grande  colère  ,  6c  que 
dans  ce  tems  il  avoit  fenti  pour  la  première  fois  les 
accidens  dont  on  a  parlé^qui  ont  toujours  augmcn- 
Le:v:nm-^y"Vàfamort. 

culcs  du         Ces  deux  menions  que  j  ay  hues  au  cœur  lelon 
cQcur.  fa  longueur,  l'une  à  droite  ,&  l'autre  à  gauche, 

vous  découvrent  fes  deux  cavitez  ,  dont  l'une  ell 
appellée  le  ventricule  droit,  &  l'autre  le  gauche: 
leur  furface  interne  eftrude,  inégale,  &  remplie 
de  petites  fibres,  &  de  prodvdions  charnues  de 
différente  groircur  ,  qui  facilitent  la  dilatation  &c 
la  contraction  du  cœur  &  des  valvules:Il  y  a  en- 
core aux  parois  de  ces  ventricules  plufieurs  petites 
fentes  qui  fervent  à  retenir,à  mélanger  Se  à  broîer, 
pourainfi  dire,  le  fang  j  car  fi  la  partie  interne  des 
ventricules  eût  été  unie  &  égale,  ccfang  en  feroit 
forti  facilement  ,  &  prefque  dans  le  même  état 
qu'il  y  feroit  entré  ,  mais  ces  inégalitez  l'y  arrê- 
tent ,  &  font  que  la  violence  qu'il  reçoit  pour  en 
être  chaiïe  par  la  contraction  de  ces  fibres, le  fub- 
îilifc  6v  lui  donne  une  impreilion  de    chaleur  en 


V.  1)é7nonflranon  Anntom'ique,  387 

le  rendant  plus  moulïeux  ,  plus  vif  ,  &  plus  écu- 
meux  lorfqullen  fore  ,  que  quand  il  y  eft  entcé 
L'eau  qui  fait  moudre  un  moulin,  nous  fournie 
une  preuve  de  ce  qui  fe  palTe  dans  le  cœur  ;  car 
nous  la  trouvons  plus  blanche,  plus  mouffeufe,  S>c 
plus  chaude  au  deifous  du  moulin  ,  qu'elle  n'eroic 
au  delfus,  parce  que  l'agication  qu'elle  reçoit  en 
frapant  la  roué"  ,  &  la  relîftance  que  les  inégalitez 
qui  y  font  ,  font  à  fon  palFage  ,  font  capables  de 
faire  ce  changement. 

Il  faut  remarquer  que  les  ouvertures  qui  font 
à  ces  ventricules,  tant  pout  l'entrée  que  pour  la  ,  Pourquoi 
fortie  du  fang  ,  font  toutes  à  leur  partie  fuperieu-  j-cj  ciej  ven-* 
re, parce  qu'il  falloir  que    celui  qui  y  entre  ,  y  en-  triculeifonc 
trâf  avec  facilité,  &  n'eût  qu'à   être   verfé     dans  qç^^^ 
ces  cavitési&  que  celui  qui  en  fort ,  en  fût  challé 
avec  violence  ,  &^  qu'il  en  fût   jette  dehors   avec 
impetuonté  ;  car  fi  l'entrée  du  fang  eût  été  par  en 
haut,  &  la  fortie  par  en  bas,  comme  il   fembloic 
que  la  mécanique  le  demandoir,  il  auroit  paife  au 
travers  du  coeur  ,  comme  par  un    conJviit  ,  fans  y 
être  ni  mélangé,  ni  fubtilisé  autant  qu'il  le  falloir, 
au  lieu  que  les  efforts    que  le   cœur  fait    pour  le 
faire  fortir  par  les  deux  ouvertures  qui  font  à  la 
partie  fuperieurC' ,  font   deux   effets   abfolumenc 
neceiraires,l'un  d'échauffer  &:  de  fubtiiiler  le  fang, 
&  l'autre  de  l'envoyer  par  l'impulfion   qu'ils  font 
à  touteis  les  parties  du  corps,  &  principalement  à 
la  tête  ,  fans  quoi  il  feroic  impoflible  au  fang  d'y 
monter.  p 

Les  deux  ventricules  du  cœur  ne  font  pas  égaux  Levcntrieu- 
en  grandeur,  le  droit,que  quelques-uns  appellent  ^  "^"^^'^  ^'j 
le  langum,etant  beaucoup  plus  large  que   le  gau- 
che, mais  moins  long,  car  il  ne  dccend  pas  comme 
le  gauche  jufqu'à  fa  poime  j  les  parois    du   droit 

Bb  .ij 


588  Dh  Cœur  &  de  fes  parties , 

font  aafli  plus  minces,  &  il  a  la  figure  d'un  croîf- 

fantj  n'étant  pas  exaftemcnt  rond. 

L'ufagc  du  ventricule  droit    eft  de  recevoir  le 
vcnnfoilc    ^*"§  ^^^  Y  ^^  verfé  de  la  véne  cavej&  de  le  pouilèr 
droit.         enfuitc  par  la  contradion  de  les  fibres  dansl'arte- 
re  despoumans, 
Q.  Le  ventricule  gauche  ,  que    d'autres   ont  nom- 

j  ^"'^jI' mé le  noble  &  le  fpiiitaeux  ,  eft  plus  étroit  ôc 
eft  plus  pc-  plus  long  que  le  droitjfa  cavité  s'étend  jufqu'a  la 
*'^'  pointe  du  cœur  ;  fa  chair  eft   trois  fois  plus  épaif- 

fe  j  plus  durCj  &c  plus  ferme  que  celle  du  droit ,  & 
l'on  prétend,  mais  mal  à  propos  ,  comme  je  le  fe- 
rai voir  ci-aprés,  que  c'eft  parce  que  le  fang  qu'il 
reçoit  étant  plus  vif  6c  plus  fubtil,  il  falloit  qu'il 
fut  plus  folide,  pour  empêcher  que  l'efprit  ne  fc 
diflîpât. 

L'ufaec  du  ventricule  ^auche  çft  de  recevoir  le 
Ufage  du  /■  ^1    •    n  '  1        -       j 

venrricule    f^"S  4"^  ^^^  ^^^  apporte  par  la  vene  des  poumons , 

gauche,       après  avoir  déjà  pafte  par  le  ventricule    droit  ,  Sz 

de  le  pouffer  avec  impetuofité  danslagrolfe  artère 

en  fe  concra6tant,  afin  qu'elle  en  falïe   la  diftribu- 

tion  à  toutes  les  parties  du  corps. 

Deuïvcn-      Je  f^is  peu  de  diftércnce  entre  les  deux  ventricu- 

tricules  é-  [q^  J^  cœur,parce  que  je  fuis  perfuadé  qu'ils  fer- 

cclTaircs.     vent  tous  deux  a  iubtililer  le  iang,en  le  recevant 

•   R         par  leur  dilatation,  &  en   le  chaftant    dehors  par 
Un  cœur  f  ^i  •  i»  '  n.  1  11 

ro«pr    qui  l^ur  contradion^que  1  un  n  eft  pas  plus  noble  que 

fait  voir  une  l'autre  :  &  que  s'il  y  en  a  deux,c'eft  parce  que   le 

raiîic     CCS  r  ,  •  >    >   r   ccr  '■.    ^r  / 

deux  vcn-  lang  n  auroit  pas  ete  luralamraent  vivme  par  un 

tricàiici.  feuii&  qu'il  eft  plus  échauffé  &  mieux  perfediou- 
né  à  deux  reprifes  ,  qu'il  ne  l'auroic  été  par  une 
feule. 
Pourquoi  le  J^  "^  ^"^^  P^^  ^^  fentiment  de  ceux  qui  croycnt 
ventricule  que  l'épailTcur  du  ventricule  gauche  foit  pour  era- 
Sépais!*  pccher  que  ks  efprits  ôc  la  chaleur  du  fang  qui  y 


V.  Démofjfiratlon  Anatomlqtîe.  5S9 

^ft  ponc  ,  ne  Te  ilifîipant,  il  y  féjourne  trop  peu 
de  ccms  ,  pour  croire  que  c'en  foit  là  la  raifon  j 
d'ailleurs  je  fuis  parfuadé  qu'il  u'eft  pas  plus  fub- 
tii  lorfqu'il  entre  dans  le  ventricule  gauche  ,  que 
lorlqu'il  cft  forti  du  ventricule  droit  ,  dont  la  mê- 
me épailfeur  feroit  plus  que  fuffifante  pour  remé- 
dier à  cette  diiïipation.  Il  y  a  plus  lieu  de  croire 
que  l'épaideur  du  ventricule  gauche  ferc  à  aug- 
menter la  chaleur  du  fang  ;  car  il  eft  certain  que 
plus  il  eft  épais  ,  plus  il  eft  capable  de  mouvement 
violent,  &  à  plus  de  force  pour  prelïer  le  fang  ,  &: 
pour  lui  imprimer  plus  de  chaleur ,  que  ne  peut 
faire  le  ventricule  droit  ,  qui  eft  plus  foible  &  plus 
mince. 

Outre  cela  le  ventricule  droit  n'ayant  qu'à  fo^^'^Vc^R 
poulfer  le  fang  dans  l'artcre  des  poumons  ,  qui-épailfcur. 
n'cft  pas  longue  ,  il  n'étoit  pas  necclîàire  qu'il  fût 
fi  épais, ni  qu'il  euft  autant  de  force  que  le  gauche 
qui  a  beloin  d'une  forte  impuKion  ,  non  feule- 
ment pour  envoyer  le  fang  qui  fort  de  chez  lui 
dans  toutes  les  artères  du  corps  ,  &  jufqu'au  haut 
de  la  tète  ;  mais  encore  pour  forcer  ce  fang  à 
pafièrparles  extrémitez  des  artères  dans  toutes 
les  parties  ,  afin  de  les  nourrir  ,  Se  pour  poullèr  ce 
fanf^  cxtravafé  dans  les  orifices  des  vénes  capillai- 
res, 6c  de  ces  venules  dans  de  plus  groftes,  &  enfin 
dans  la  véne  cave  pour  retourner  au  cœur  j  étant 
conftant  que  le  mouvement  circulaire  du  fang  ne 
fe  fait  5  &;  ne  fe  continue  que  par  la  force  de  ce 
ventricule. 

Les  deux  ventricules  du  cœur  font  feparez  par  Le  fepcum 
une    cloifon   moyenne  ,   que   l'on   apelle    feptu-n  "^^<^^^"'' 
médium  ;  cette  feparation  eft  épailTe  d'un  travers 
de  doigt  5  ayant  la  même  épailleur  que  les  parois 
du  ventricule  gauche,  elle  eft  charnue  5:  de  même 

Bb    iij 


39^  i^^  Cœur  &  de  [es  Parties  ^ 

lublTianceque  le  refte  du  cœur,  étant  conpofce  de 
fibres  mufculeurcs  qui  lui  aident  à  faire  Tes  mou\  e- 
mens.  Cette  cloilon  cil  folide  ,  &  n'efl:  point  per- 
cée de  pluileuis  petits  trous  qui  ayent  leur  entrée 
du  côté  du  ventricule  droit,  &  leur  fortic  du  côté 
du  gauche,comme  plulîeurs  Anatomi (les  fêle  foi>c 
pcriuadez  mal  a  propos. 
Lcfcptirm  Ceux  qui  ontcrd  que  cette  cloifon  étoît  percée, 
pas  percé,  prctendoient  que  ces  trous  donnoient  paiiage  a 
quelque  partie  du  fang  du  ventricule  droit  au  gau- 
che pour  la  génération  de  l'elprit  viral  5  qu'il  fe 
faifoit  un  mélange  de  fang  avec  l'air  qui  étoit 
aportc  par  l'artère  veneufe  ,  qu'on  apclle  aujour- 
d'hui la  véne  des  poumons,  dans  ce  même  ventri- 
cule j  &  qu'il  étoit  enfuite  diftribué  par  les  artères 
à  tout  le  corps  pour  y  conferver  la  vie  &  la  cha- 
leur naturelle.  Cette  opinion  étoit  établie  fur  de 
faux  principes ,  ils  ne  connoiiroient  pas  le  mouve- 
ment circulaire  du  fang:  qui  nous  aprend  qu'il  ne 
palTe  point  de  fang  par  le  Icptum  médium,  qui  ell 
trop  foiidc&  trop  épais  pour  permettre  ce  palFage; 
&  ainli  il  ne  faut  pas  chercher  des  chemins  imagi- 
naires au  faner  lorfque  la  circulation  nous  en  dé- 
couvre  de  véritables. 
Quatre  gros  II  y  a  à  la  bafe  du  cœur  quatre  gros  vaiireaux  , 
î'.'^bT  f  ^  Içavoir  la  véne  cave,  l'artcre  des  poûmonsjla  véne 
coeur.  des  poumons  &  l'aorte  :  le  ventricule  droit   reçoit 

la  véne  càse^  &  l'artère  des  poumon  s,&:  le  gauche 
la  véne  des  poumons,  &  l'aorte  y  de  manière  que 
chaque  ventricule  a  une  artère  &  une  véne  ,  con- 
■^        trc  l'opinion  ancienne  ,  qui  vouloir  que  les  deux 
vailTeaux  du  ventricule  droit  fuilcnt  des  vénes,& 
que  ceux  de  gauche  fuifent  des  artères. 
Chaquevfn       Les  Anciens  étoicnr  tellement  prévenus  en  fa- 
re*^arra^e&  veur  de  cette  faulle  dûdrine,  que  quoiqu'ils  con- 
unc  véne. 


V.  Dcmonflrat'içn  Anntoynique,  391 

jinfTentque  c'ëioic  une  arcerc  qui  forcoit  du  ven- 
tricule droit  ,  cependant  ils  vouloienc  que^  ce  fut 
une  véne  ,  &la  nommoient  par  entêtement  v.ne 
arten'eure,au  lieu  de  Tapcller  comme  nous  l'appel- 
ions aujourd'liuijartcre  des  poûmonsills  vouloient 
encore  que  la  véne  des  poumons  qui  va  au  ventri- 
cule gauche  ,  fut  une  artère  ,  quoi-qu'on  ne  lui 
troLi'vaf  que  de  ilmples  membranes  comme  à  une 
vcne  ,  &  qu'elle  ne  battit  pas  comme  une  artère, 
cependant  ils  apelloient  artère  veneufc  ,  au  lieu 
de  l'apeller  véne  des  poiimons. 

La  véne  cave  eft  le  plus  grand  &  le  plus  gros  de  La  vcnc  ea- 
ces  quatre  vaifièaux  :  elle  finit  au  ventricule  droit  ^^• 
du  cœur,  où  elle  eft  il  fortement  attache'e  qu'on  ne 
peut  l'en  feparer  :  elle  s'ouvre  dans  ce  ventricule 
par  une  large  embouchure  ,  pour  y  verfer  le  Hing 
qu'elle  a  reçu  de  plufieurs  rameaux  de  vénes,  elle 
eit  comme  une  rivière,  qui  durant  tout  fon  cours 
reçoit  l'eau  de  plulieurs  ruiileaux  pour  la  porter 
dans  la  mer.  Sa  membrane,  qui  eft  mince  par 
tout  ailleurs  ,  eft  fort  épaifte  en  cet  endroit  ,  &: 
remplie  de  hbres  charnuës,ce  qui  empêche  qu'elle 
ne  puilïe  être  déchirée  par  le  mouvement  conti- 
nuel du  cœur  ;  «Se  qu'elle  ne  s'clargiflb  trop  par  le 
concours  du  fang  qui  lui  vient  de  toutes  parts  en 
abondance:c'eft  auiïi  cette  quantité  de  fibres  char- 
nues qui  rend  cette  véne  capable  de  quelque  con- 
traction,pour  pouifer  le  fang  qu'elle  a  porte  dans 
ce  ventricule. 

A  l'enirce  de  la  véne  cave  ,  dans  le  ventricule        T 
droit,  il  Y  a-  trois  valvules   mcmbraneufes  qu'on ''^^,°'*., 
nomme triglochineSjOU  tricu!pides,à  caufedeleur  vénecarc 
figure  triangulaire. Elles  font  faites  ,  comme  je  l'ai 
déjà  dît ,  de  la  dilatation   des  tendons  des  mufclc« 
qui  compofcnc  le  cœur.ElIes  font  ouvertes  de  de- 

Bb    iiij 


3  9  i  ^^  Cœur  &  de  fes  parties', 

hois  au  dedans  ,  &  difpofces  de  manière  qu'elles 
perniecteni  l'entrée  du  fang  delà  véne    cave  dans 
le  cœur  ,  àc  en  empêchent  le  recour  dans  la  vénc 
cave. 
Ufagci  de       L'ufage  de  la  véne  cave  efl:  de  recevoir  le   fang 
la  vcac  ca-  qui  lui  ell  aporté  de  toutes  les  parties  du  corps  par 
^^*  les  rameaux  des  vénés  j  &  de  le  verler  dans  la  ca- 

vité de  roreillette  ,  d'où  il  tombe  cnfuitc  comme 
par  mefure  dans  le  ventricule  droit  du  cœur. 
L'artrrcdei      L'artère  des  poumons  que  l'on   trouve  décrite 
Poiimonî.   dans  les  Auteurs  ,  fous  le  nom  de  véne  arterieufe, 
ell  effectivement  une  artère  ,  étant  compolée  de 
^      pludeurs  tLiniques,elle  fort  du  ventricule  droit  du 
cœur.mais  Ton  embouchure  eft  bien  moindre  que 
celle  de  la  véne  cave  \  Cette  artère  fe  divife  en 
deux  gros  rameauXjqui  fe  divifant  encore  en  plu- 
fleurs  petites  branches  ;  vont  fe  répandre  à  droite 
&  à  gauche  dans  toute  la  fubftance  des  poumons. 
Troîjvîl-       A  l'orifice  de  l'artère  des  poumons  il  y  a  trois 
vuic^ a  l'ar- valvules   qu'on  apelle  fîgraoides  ,  parce  qu'elles 
poumons     relîemblent  à  un  fîgma  Grec.  Ce  font  de  petites 
membranes  (îtuces  à  côté  les  unes  des  autres  ,  & 
autrement  difpofées  que  celles  de  la  véne  cave, car 
elles  font  ouvertes  de  dedans  en  dehors  pour  laif- 
fer  fortir  le  fang  du  ventricule  droit  dans  l'artère, 
&  pour  en  empêcher  le  retour  de  l'artère  dans  le 
ventricule. 
Ufigc  de      L'ufafre  de  l'artcre  des  poumons  efi:  de  recevoir 
poûSenI"  le  fang  qui  fort  du  ventricule  droit  du  cœur,  & 
le  diftribiier  dans  toute  la  fubftance  des  poumons. 
La  véne  des  poumons  qui  a  été  connue  de  tout 
tcms  fous  le  nom  d'arrere  veneufe,  a  quatre  mem- 
branes comme  les  autres  vénes.    Elle  commence 
dans  les  poumons  par  une  infinité  de  petits  ra- 
meaux qui  fe  rciiniiîènc  eu  un  feul  tronc  pour  h 


V.  Dêmonflratlon  Anatomlqtte.  395 

former  ;  elle  fore  de  la  fubftance  des  poumons ,  & 
vienr  ie  rendre  au  ventricule  gauche  du  cœur. 

Elle  a  fon  à  oiihce  des  valvulesfemblables  à  cel-    Deux  val- 
les  de  la  véne  cave,excepté  que  celles-ci  font  plus  vénVs  de» 
grandes ,  &  qu'elles  ont  leurs  filamens  plus  longs ,  ptumons 
&  plusd'apophifes  charnues    que  celles  de  la  ve'nc 
cavejOn  les  apelle  mitrales  ,  parce  qu'elles  reflem- 
blent  à  la  mitre  dlm  EvèquciCes  valvules  ne  font 
qtie  deux  ,  paycc  que  l'ouverture  de  cette  véne  é- 
tant  ovale,à  caule  du  lieu  où  elle  fe  rencontre,  elle 
peut  être  auffi  exadtement   fermée  avec  ces  deux, 
que  les  orifices  des  autres  vaiifeaux  étant  ronds  le 
peuvent  être  avec  trois.  Leur  fituation  cil  fembla- 
blc  à  celle  des  triculpides  ;  s'ouvrant  de  dehors  en 
dedans  pour  donner  palfage  au  fang  qui  vienr  du 
poumon  dans  le  ventricule  gauche,&:  pour  en  em- 
pêcher le  retour  dans  la  véne. 

La  véne  des  poumons  ayant  repris  par  les  exrre-  Ufagcs  du 
mirez  de  fcs  rameaux  capillaires;  (  qui  font  repan-  poûmon^^* 
dus  dans  toute  la  fubftance  des  poumons  )  le  fano- 
qui  y  a  été  porté  par  l'artère  des  poumons,  le  rap- 
porte dans  l'oreille  gauche  du  cœur:C'eft,  comme 
je  vous  l'ai  déjà  dit  \  de  l'extrémité  de  cette  véne 
qu'il  tombe  comme  par  mefurc  dans  le  ventricule 
gauche  du  cœur.  Elle  y  aporteaufïï  avec  ce  faner 
les  parties  les  plus  fubtiles  de  l'air,  qui  paflent  des 
extremîtez  de  la  trachée- artère  dans  fon  tronc  ; 
comme  je  vous  ferai  voir  en  vous  démontrant  les 
parties  qui  fervent  à  la  refpiration. 

La  grande  artère  apellée  aorte ,  eft  la  fource  &        Y 
le  tronc  d'où  nailîbnt   toutes  les  autres  artères  du     ^^"^^^^ 
corps  ;  excepte    celles  du  poumon  ,   qui  font  les 
branches  de  l'arterc  du  ventricule  droit  :    elle  efb 
forte  ,  ayant  plulicurs  tuniques  dures   &  épallfes  ; 
elle  fort  du  ventricule  gauche  du  cœur,  auquel 


vu 


594  Bh  Cœur  &  àefes  parties, 

endroit  elle  paroit  cartilagineufe  ,  afin  d'être  tou- 
jours ouverte  &  en  état  de  recevoir  le  fang  qui 
fort  avec  iinpetuoiîté  de  ce  ventricule. 

La  grolîe  artère  a  à  fon  orifice  trois  valvules  ou 
Trois  val-  epiphifes  membraneufes ,  qui  font  femblables  aux 
«ne.  trois  ligmoides  qui  lont  a  i  entrée  de  rartere  des 

poumons  i  elles  regardent  de  dedans  en  dehors 
pour  permettre  le  cours  du  fang  du  ventricule  gau- 
che dans  l'aorte,  &  pour  empêcher  fon  retour  de 
l'aorte  dans  ce  ventricule. 
Ufagcde  L'ufage  de  l'aorte  eft  de  diftribuer  «5.:  de  coni- 
in.uniqucr  a  toutes  les  parties  du  corps  le  lang, 
qu'elle  a  reçu  du  cœur. 

Voilk  5  Mef(ieurs ,  toutes  les  parties  que  j'avois 
à  vous  faire  voir   dans   cette   Démonftration  ;  & 
comme  ce  font  ces  mêmes  partiesqui  contribuent 
principalement  au  mouvement  circulaire  du  fang 
t  car  ie  cœur  eft  le  principe  qui  mer  en  mouve- 
ment tous  les  relforts  de  la  machine  ,  &   d'où  dé- 
pendent toutes  les  filtrations  qui  s'y  font  ,    il  faut 
que  je  vous  explique  avant  que  de  finir ,  ce  que 
c'eft  que  la  circulation  du  fang  ,  &  de  quelle  ma- 
nière eUe  fe  fait. 
Ce  qce  cVfl:     La  circulation  du  fang  eft  un  mouvement  du  fang 
qwc  Ja  cir-  (J^  ^Qcur  aux  extremitcz  ,  &  un  retour  de  cz  iang' 
cuJanoncu  .  en     r    c  •      •    r 

iarg.  des  extremitez  au  cœur  :  bile  le  tait  amli. 

^  Le  fang  fortant  avec  impetuofité  du  ventricule 

Comment  i        n  rr-  i  xi-        J  j 

e:icic  fik.  gauche,eit  poulie  par  la  contraction  du  cœur  dans 

la  grande  artère  ;  la  portion  la  plus  fubcile  de  ce 
fane;  monte  en  haut  par  le  tronc  fuperieurde  l'aor- 
te ,  &  fe  diftribuë  aux  bras  par  les  arreres  axillai- 
res,  6t  à  la  tête  par  les  artères  carotides  &  cervi- 
cales. Au  contraire  ,  la  portion  la  plus  groffierc 
décend  en  bas  par  le  rameau  inférieur  de  cette 
même  artère  ,  &:  fc  diftribué  à  toutes  les  parties 


au 


V.  Démofjjîratîon  Anatomlque,  ^9j 

qui  font  au  deiroas  du  cœur  par  les  artères  cœlia- 

ques  ,  mefcnteriqaes  ,  émulgcntes,  rpermatiques, 

iliaques  ,  &  par  une  infinité  d'autres  rameaux. 

Il  efl;  bon  de  vous  faire  remarquer  ici  que  ce    Comment 

qu'il  V  a  de  liqueurs  différentes  dans  la  malTe  du  j.^^  ^'^"^"" 
r  ^        n.  r  '         J-  J      •  1  Li    Ipntkpa- 

lang,  en  elt  lepare  en  divers  endroits  par  la  conh-  lécs  du 

guration  des  pores  des  parties  par  où  ces  liqueurs  ^^"S- 
partent  Par  exemple,  le  fuc  animal  ell:  feparé  dans 
le  cerveau  \  la  falive  dans  les  glandes  parotides  & 
maxillaires  \  la  liqueur  acide  dans  les  glandes  de 
rœfophage  &  de  l'eftomac  ;  le  fuc  pancréatique 
dans  le  pancreasjla  bile  dans  le  foye  ;  Furine  dans 
les  reins  ;  la  femence  dans  les  tefticules  ;  le  lait 
dans  les  mammelles  ,  &  plufieur  autres  liqueurs 
dans  une  infinité  d^autrcs  parties. 

Le  fang  étant  donc  porté  &  diftribué  ,  tant  en  |"g"J  ^^ 
haut  qu'en  bas  par  les  deux  troncs  de  l'aorte  à  rou-  cœur, 
tes  les  parties   du  corpS;,  il  fort  par  les  extrémicez 
des  petites  artères  ,&  s'extravafe  pour  nourir  ces 
parties  ;  &  comme  tour  ce  qui  s'extravafe  de  ce 
fang,  ne  fe  confomme  pas  entièrement,  ce  qui  réf. 
te  rentre  dans  les  orifices  desvénes  capillaires  par 
l'impullion  du  nouveau  lang  ,  qui  fortant   conti- 
nuellement de  ces  arterioles  ,  oblige   celui  qui  le 
précède  de    retourner  par   des  véne  très-petites 
dans  de' plus  grolfes  \  de  manière  que  le  fang  qui  a 
été  diftribué  à  la  tête  ,  revient  au  cœur  par  les  vé- 
nes  jugulaires  ,  &  celui  des  bras  par  les  axillaires^, 
dans  les  foùclavieres ,  &  de-là  dans  le  tronc  fupe- 
rieur  de  la  véne  cave.  Il  en  eft  de  même  aufli  à  l'é- 
gard du  fanr^  qui  a  été  diftribué  aux   parties  rnfe- 
ricuresiil  retourne  au  cœur  par  les  iliaques,  &  par 
toutes  les  vénes  du  bas-ventre  ,  qui  aboutiflcntau 
tronc  inférieur  &  afcendant  de  la  véne  cave  ;  & 
ainfi  tout  le  fang  tant  des  parties  fupeneures,qae 


39^  Tiu  Cœur  &  de  fes  parties , 

des  inférieures,  fe  rencontre  &  fe  joint  enfemblc 
dans  la  véne  cave ,  &  va  fe  dé^or^er  dans  Toveille 
droite  ,  d'où  il  relfort  aufîi-tôi:  par  la  contraction 
du  cœur  ,  qui  l'oblige  d'entrer  dans  l'artère  àw 
poumon  ,  ne  pouvant  retourner  dans  la  véne  cave 
à  caufe  de  la  difpolition  de  Tes  valvules  tiiglochi- 
nes. 
dcTai^^T^  L'artère  des  poumons  ayant  reçu  ce  fan  g  ,  le 
mclc  arec  porte  aux  poumons ,  &  le  diltribuë  dans  toute 
IcuDg.  i^j^^j^.  fubitance,  d'où  il  paife  enluite  avec  la  par-,- 
tie  la  plus  fubtile  de  l'air  qui  y  a  été  raportée 
par  les  cxtremitcz  de  la  trachée-artere  ,  dans 
les  rameaux  de  la  véne  des  poumons ,  qui  le 
conduit  dans  l'oreille  gauche  du  cœur  ,  &  de-là 
dans  le  ventricule  du  même  coté  ;  Et  comme  ce 
lang  ne  peut  rellortir  par  où  il  eft  entré  ,  à  cau- 
fe de  la  difpolition  des  valvules  de  cette  vénef, 
il  fort  avec  impetufîoté  de  ce  ventricule  par  la 
contraction  du  cœur  ,  &  entre  dans  la  grande  ar- 
tère ,  qui  le  diftribuë  derechef  à  toutes  les  parties 
du  corps  i  d'où  il  eft  encore  raporté  à  fa  fource  par 
de  très  petites  vénes  dans  de  plus  grolfes^iS:  de  ces 
dc^hc'^  ™  P^^^  groifes  enfin  dans  les  trous  fuperieur  6c  infe- 
lacion.  rieur  de  la  véne  cave  ,  pour  commencer  fans 
celle  cette  circulation  ,  qui  ne  finit  qu'avec  la  vie 
de  l'animal  ;  ou  pour  mieux  dire  avec  laquelle  la 
vie  de  l'animal  finiroit  ,  fi  elle  cefloit  un  moment 
puifqu'elle  fert  ,  non  feulement  à  renouveller  la 
malle  du  fang  ;  qui  fans  cette  agitation  continuel- 
le croupiroit  &  fe  corromproît  ,  mais  encore  à  la 
fiîbtililer  en  la  purifiant  de  fes  excremens  ,&  enfin 
à  la  rendre  plus  propre  à  nourrir  toutes  les  parties 
du  corps. 

LeChilcrç-       Mais  comme  cette  malfe  diminue  conhderable- 
nouvelle  le  ,  I    r        r    •  •  r  1 

lang.  ment  par  la  perte  de  les  clpritSjqui  ionc  employez 


V»  î)émonflratlon  Afiatomlque,  397 

à  la  nourriture  de  toutes  les  parties  du  corps  ,  ou 
qui  fe  difîîpcnt  continuellement  par  les  pores  de 
la  peau;  elle  s'epuiferoit  enfin,  s'il  ne  ie  faifoit 
tous  les  jours,  par  le  moyen  du-chile  ,  de  nouveau 
fang  &  de  nouveaux  efprics  capables  de' la  repa- 
rer. 

c  II  femble  qu'il  fcroit  à  propos  de  parler    ici    du  Lechileeft 
1  M  •    n.  I  •     \  \  •  j       r  •    li    matière 

chiie,  qui  clt  la  véritable  matière     du  iang  ;  mais  J^  ^^^^ 

comme  je  ne  fçaurois  rien  ajouter  à  ce  que  j'en  ay 
dit  ci  dclîus  ,  en  failant  voir  la  route  qu'il  prend 
pour  aller  au  cœur,  &  à  ce  que  j'ai  propofé  en  ex- 
pliquant de  quelle  manière  il  fc  convertit  en  fang, 
j'aime  mieux  qu'on  y  ait  recours  ,  que  de  redire 
inutilement  trois  fois  la  même  chofe. 

Comme  je  fuis  perfuadé  qu'on    ne   doute  plus 
prefentement  de  la  circulation  du  sang,  je  ne  m'a- 
muferai  point  à  vous  la  prouver  par  la  ligature  que 
l'on  fait  au  bras  dans  la  faignée,cette  preuve  à  la 
vérité  eft  infaillible;  mais  je  ne  la  rapporterai  pas 
parce  qu'elle  cft  commune  ,  «Se  qu'elle  a  été  rap- 
portte  prefque  par  tout  ce  qu'il  y  a  d'Anatoniiftcs 
qui  ont  écrit  depuis  Horrée  ;  je  veux    feulement -^f^p^^^^ 
vous  faire  part  d'une  expérience  que  j'ai  faite  plu-  la  circula- 
iieurs  fois,  èc  je  fuis  sûr  que  ïi  vous  la  faites  vous  "°°' 
ferez  convaincus  comme  moi  de  la  circulation  du 
fang5  c'efi;  de  prendre  un  chien  vivant ,  de  l'atta- 
cher fur  une  table,lui  faire  une  incifion  dans  l'aîne 
pour  découvrir  l'artère  &  la  véne  crurale  qu'on 
Kera  toutes  deux  feparément ,  &  enfuite  faire   une 
ouverture  à  l'une  6c  à  l'autre  au  dellus  de  la  liga- 
ture ;  alors  vous  verrez  fortir  par  la  pondbion  de 
Tartere   quantité  de  fang  ,  &  pas  une  goutte  par 
celle   delà    véne  ;  au  contraire,  fi  vous    piquez 
i'artere  &  la  véne    au  deflous  de  la    même  liga- 
ture ,  vous  verrez  qu'il  ne    foriira  point  de  fang 


39S  2)«  Cœur  &  àe  [es partleSy 

parla  piqueurc   de  rarcere,&  qu'il  en  forcia  beau- 
coup par  celle  de  la  véne.Cette  expérience  ,    que 
vous  pouvez  faire  fur  toutes  fortes  d'animaux, vous 
confirmera  que  ce  font  les  artères  qui   portent  !e 
langdu  cœur  aux  extrémitezdu  corps,&:  que  les 
vénes  le  reportent  des  extrémitez  au  cœur. 
Urilitez        Cette  circulation  ,  MeffieurSjcft  d'autant  plus 
de  licircu   admirable  ,  qu'il  etoit  de  la  prévoyance  de  la  Na- 
ture d'intenter  quelque  artifice  par  lequel  les  ef- 
prits  du  fang  fuflcnt  continuellement  agitez  ;  car 
outre  que  la   malle  du  fang  fe  feroit  corrompuë,il 
eil;  encore  certain  que  le  fang  qui    eft  groflier  & 
pefant,  les  auroin  étoulîPez  par  fon  poids,  fans  le 
mouvement  du  cœur  &  des  artères  ;  qui  les  excite 
&  les  réveille  à  tout  momenti&  s'ils     étoient  de- 
meurez toujours  enfermez  dans  un  même  vailfeau 
fans  retourner  au  cœur  ,  comme  le  croyaient  les 
Anciens. 


599 

S  I  X  I  E*  M   E 

DEMONSTRATION 

Des  Fan ies delà  Foitrine^  O" particu- 
lièrement des  Voûmons, 

^^|:^  U  o  I  Q^u  E  la  refpîrationjMeflîeurs, 
loic  abfolument  neceflaire  pour  vivre, 
ce  n'efl:  pas  cette  feule  neceiîîté  qui 
nous  doit  porter  à  connoître  les  par- 
ties ^^qui  y  fervent:  l'artifice  merveilleux  avec 
lequel  les  poumons  ,  donc  je  vous  entretiendrai 
dans  cette  Démonftration ,  font  fabriquez  ,  doit 
être  encore  un  motif  alfea  puilTanc  pour  nous  y 
engager  ,  n'y  ayant  gueres  de  parties  donc  la 
ftruélurc  foit  plus  furprenamc  &  plus  digne  d'ad- 
miration. 

Les  poumons  ne  font  autre  chofe  qu'un  amas        ^  A  ^^ 
de  petites  veflies  membraneufes  entaflTées  les  unes  mom  vus 
fur  les  autres ,  èc  entre-laffées  de  rameaux  ,  d'ar-  P^"^  dcran:. 
teres,  &  de  vénes,qui  fe  forment    des  extrémitez 
tle  la  tunique  interne  de  la  trachée-arterc  ,  Se  qui 
fe  teriïïînent  toutes  à  la  membrane  qui  les  enve-     Lcs  poû- 
lope  ;  de  minière  que  le  poumon   ell  à  peu  prés  n^o"s  vu» 
comme  une  grappe  de  raifin  qui  feroit   envelopée  ï^^ 
dans  une  toile. 

Ils  font  htuez   dans  la    cavité   de  la  poitrine.    Grandeurs 
qu'ils   remplillenc   toute  entière  avec  le    cœur ,  *^  ^''^"^'i*'"* ' 
quand    ils  foijc  eiiflez  ;  parce  que  le^r  mouve-  mons. 


^00  Des  PoHmo/7S  &  de  leurs  parties^ 

mens    dépendant  de  celui  du   thorax ,  il  ne   faut 
pas  qu'il  y   ait  du  vuide  ,  afin  qu'ils  le   puillenc 
dilater  &  fe  reiTerrer  en   même  tems  que  lui  j  ils 
s'affailTent  au  contraire  dans   les    corps  morts  , 
parce  qu'ils  font  alors  vuides  de    fang  ,  d'air    &c 
d'efpric. 
p.        j         La  hgure  des   poumons  ,  fi  on  les  regarde   par 
poiKnonj.    leur  partie  pofberieure  ,  reiïembïe    à  uu    pied  de 
bœuf,  ils  font  convexes  &  élevez  par  dehors  du 
côté  qu'ils  touchent  aux  côtes,  &  caves  par    de- 
dans, afin  de  mieux  embra' er  le  coeur. 
Divifion        ^^  poûmon  eft  divifé  en   parrie   droite  ,  &  en 
de»  iobcs     partie  gauche  par  le  mediaftin  ,  St  chacune  de  ces 
mons?"*      p*i"ties  eft  encore  diviféc  en  piufieur^j  autres  lobes 
ou  lobules   ,  attachez  de  part  Se  d'autre  aux  plus 
^ros  rameaux  de  la  trachée-artere  5  chaque  lobule 
cftcompoféde  plufieurs  petites  vefficules  rondes, 
qui  ont  toutes  communication  les  unes    avec  les 
autresjc'eft  dans  ces  vefïïculcs  quf  l'air  entre  par 
la  trach'-'e-artere  dans  îe^^ems  de  l'infpiration  ,  ôc 
d'où  il  fort  par  l'expiration. 

Le  poûmon  eft    attaché  au  ftcrniim  &  au  dos 

„  5    ,     par  le  mediaftin,au  col  par  la  trachée-  artère,  au 
VcfEcuIes  t  .,  o,  I        '       1  o  1 

pulmonai-    ccxur  par  1  artcre  oC  la  vene  des  poumons,(X  quel- 

^"-  quefois  à  la  plèvre  &  au  diaphragme  par  des  liga^ 

mens  fibreux. 
Raifons  de     La  caufe    de  cette  dernière    adhérence  a  em- 
des  Pûû-"^^  barraffé  les  Anatomiftes  ;  les  uns  veulent  qu'eU 
monî.         le  ne  puilTe  venir  qu'après  la  naiirance    par  quel- 
que playe  mal  guérie  ,  ou  par  fuppuration  5  d'au- 
tres par  une  pituite  vifqueufe  &  gluante  qui  les 
colle  aux  côtes  ;  &  d'autres  «[uc  cela  ne   fe   faile 
que  dans  le  tems  de  l'agonie  j  de  forte    qu'ils    ne 
regardent  tous  cette  adhérence  que  comme  un  ac- 
cident ,  qui  caufe  une  longue  difiiculté  de  refpi- 

rer 


VI  Démonjlratlon  Anatomîque.  401 

ter.Pour  moi  je  croi  que  quand  les  poumons  font 
adheiens  à  la  plèvre  ,  cela  vienc  dés  la  première 
conformation  ;  car  je  les  ai  trouvé  de  cette  ma- 
nière à  des  perfonne?  bit;  (fées  à  la  poitrine  ,  en  di- 
latant leur  playe  ,  oa  faifant  la  contre  ouverture  ; 
&  j'ai  obfervé  que  bien  loin  que  ces  pcrfonnes-là 
eulFent  de  la  difficulté  à  refpirer  ,  elles  avoient  au 
contraire  plus  de  facilité  quelles  autres  ,  &:  ainfi 
cette  adhérence  eft  plus  utile  que  nuiflble ,  non 
feulement  parce  que  les  poumons  étant  obligez  de 
fuivre  la  dilatation  du  thorax  \  le  font  plus  aifé- 
ment  lorfqu'ils  font  attachez  i  mais  encore  parce 
que  le  cœur  en  cft;  moins  preiré. 

On  ne  peut  aofolument  marquer  la  couleur  des  Couiruc 
poumons  dans  les  adultes  ;  elle  tire  pour  l'ordi-  n^gni!^"' 
naire  fur  le  jaune  ,  &  quelquefois  elle  cft  cendrée 
ou  matb'ée  5  elle  efl;  noirâtre  à  ceux  qui  font 
morts  d'une  longue  maladie  :  J'en  ai  vu  qui  en 
avoient  une  partie  d'une  couleur  ,  &  une  partie  de 
Tautreimais  au  fœtus  elle  cft  rouge  comme  le  foye, 
parce  que  l'air  n'y  entre  point  pendant  qu'il  ell 
renfermé  dans  la  matrice. 

Les  poumons  font  deux  vifcercs  très- gros ,  qui     Cran.^cuc 
fuffifent  pour  contenir  autant  d'air  qu'il  en  faut  à^^  paû- 
pourla  refpiration  &  la  voix  ,  &  qui  remplilTent  "^°'^'" 
toutes    les  deux  cavitez  de  la  poitrine  ,  il  ces  ca- 
vltez  font  amples ,  ils  en  font  mieux  leurs  fonc- 
tîonsjmais  (1  elles  font  petites  ou  mal  conformées, 
ils  en  fouftVent ,  &  par  la  fuite  du  tems  cette  mau- 
vaife  difpofition  peut  cauicr  la  mort.C'eft  la  gran- 
deur du  cerveau  qui  fait  celle  du  crane,car  par  fon 
mouvement  il   poulTc  &  éloigne  la  matière  donc 
le  crâne  el1;  formé  ,  &c  elle  ne  s'endurcit  que  peu  à 
peu  -,  mais  il  n'en  eft  pas  de  même  des  poumons  , 
qui  n'ayant  point  de  mouvement  tant  que  le  foc- 

Ce 


40i  Des  Poumons  ô"  de  leurs  parties  , 

tus  eft  dans  la  matricejfonc  obligés  de  fe  conten- 
ter des  cavités  de  la  poitiine  telles  qu'ils  les  trou- 
vent formées  lois  qu'ils  commencent  à  fc  mou- 
voir,ce  qu'ils  ne  font  qu'après  que  l'enfant  eft  né. 
des"  poli- '^  La  fubftance  des  poumons  eft  tellement  épaif- 
mons»  fc  au  fœtuSj  que  fi  vous  en  coupez  un  morceau  , 
&z  que  vous  le  jcctiez  dans  de  l'eau,  il  va  au  fond, 
au  lieu  que  celui  des  adultes  nage  delïïis  ;  les 
Chirurgiens  ne  doivent  pas  négliger  cette  obfer- 
vationjafin  qu'étant  obligez  de  faire  leur  raport 
iur  un  enfant  trouvé  mort,  ils  puilîcnt  dire  s'il 
étoit  mort  avant  que  de  naître  ,  ou  s'il  n'a  perdu 
la  vie  qu'après  la  nailfance  ;  ce  qui  fe  peut  re- 
connoître  en  mettant  un  morceau  du  poumon 
de  l'enfant  dans  de  l'eau  j  s'il  va  au  fond  ,  c'eft 
une  marque  qu'il  eft  venu  mort  au  monde  ;  mais 
s'il  nage  dclîlis,  il  a  refpiré  ,  Se  par  confequent 
il  a  vécu,- car  l'air  aufîi-tôt  après  l'enfantement 
trouvant  par  la  dilatation  du  thorax  un  chemin 
ouvert,  il  entre  dans  les  poumons  ,  s'infinuc  jui- 
qu'aux  extrémitez  de  la  trachée  artère,  &  emplit 
toutes  les  petites  cavitez  qu'il  y  trouve  j  cet  air 
ne  fort  pas  tout  par  l'expiration  ,  il  en  demeure 
toujours  afttz  pour  faire  nager  les  poiimons  de 
ceux  qui  ont  refpiré.  C'eft  cet  air  qui  rend  leur 
lubftance  rare  ,  lâche  ,  Se  fpongicufc,  qui  fait 
que  leur  chair  en  devient  plus  molle  Se  plus  lé- 
gère. 

Les  poumons   font    couverts  d'une  membrane 
»^        forte  &  épailTe;   quand  on  la  fepare  on    y  remar- 
bran c  des    q»e  les  imprelîions  des  velhcules  qui  reliemblenc 
pcumons.    aux  ruches  des    Abeilles.  Cette  membrane  eft  Ci 
poreufe  qu'elle    ne  retient  pas  l'air  ;  principale- 
ment quand  on  l'introduit  de  force  dans  les  pou- 
mons, il  y  e»  a  qui  prétendent  que  ces  porohcez 


P' I.  Dêmoflration  Anatomîque»  40^ 

peuvent  recevoii  le   pus   &  les    aurres  impuieccz 

épanchées  dans  la  poitrine,  pour  les  vuider  par  la 

trachée  artère. 

L'on  trouve  dans  les  poumons  une  grande  quan-  ,  Vaifleaux 
.   ,   ,        .,T-  1  .     ^   .     .   -^  des  pou- 

tite  de  vaiilcauxicar  outre  les  trois    principaux  ,  ^ons. 

qui  font  l'artère  qui  leur  vient  du  cœur  ,  la  véne 
qui  retourne  au  ventricule  gauche ,  &  la  trachée 
artère  qui  leur  aporte  l'air  ,  ils  ont  encore  des 
nerfs ,  des  artères ,  des  vénes  ,  ik.  des  vaiiTeaux 
limphatiques* 

Ils  reçoivent  plufieurs  rameaux  de  nerfs  de  la  -Mcrtsdes 
paire  vague,  qui  (e  diftribuent  par  toute  leur  fub-  poûn:io«Si 
ftance  ;  ces  rameaux  accompagnent  par  tout  les 
branches  avec  les  autres  petits  vailleaux,  (ix  dila- 
tant leurs  extremitez  ,ils  fourniirent  en  partie  les 
membranes  qui  envelopent  les  pérîtes  veflîes  ; 
ils  portent  les  efprits  animaux  fibres  mufcu- 
leufes  des  tuniques  de  la  trach.e  artère  &  de  fes 
branches, pour  fervir  aux  mouvemens  delà  refpl- 
ration 

Les  poumons  ontune  artère  particulière  ,  que 
l'on  apelle  bronchialc  ;  elle  leut  vient  du  tronc 
dclcendant  de  l'aorte  par  un  ou  deux  rameaux  , 
qui  fe  glilîant  fous  ceux  de  la  véne  du  poumon, 
accompagnent  toutes  les  divîfions  de  la  trachée 
artère  ,  jufqu'a  ce  qu'ils  fe  perdent  en  rameaux 
capillaires.  Elle  porte  aux  ooùnxons  &  a  la  tra- 
chée artère  le  fang  qui  leur  eft  neceifaire  pour  les 
nourrir.  ,      • 

Le  '  fuperflu  de  ce   fang  eft  reçu  par  autant  de  chiaic. 
vénules  qu'il  y  a  de  rameaux  capillaires  de   l'ar- 
tcre  bronchiale  -,  elles  le  portent   dans  la  véne  du 
même  nom  ,  qui  va    fe  rendre  immédiatement 
dans  là  véne  cave  :  Cette  artère  &:  cette  véne,que 
Von  a   découvertes  depuis  peu,  nous   àprennenfc  " 


4^4  ^^^  Poumons  &  de  leurs  parties ^ 

que  les  poumons  auffi  bien  que  le  cœur,  fe  nour- 

lilltnt  de  la  même  manière    que  routes  les  autres 

parties  du  corps,  Ec  qu'ils  ne  con fument   point  de 

cefangqui  palTe  continuellement  dans  leur  fub- 

ftance,  parce  qu'ils  ont  des   vaiireaux    particuliers 

pour  leur  nourriture. 

Il  y  a  pludeurs  vailTèaux  limphatiques-qui  envi- 

Vaiffcaux  ronncnt  les  rameaux  de  l'artère  Se  de  la  véne  pul- 

qusj  d's      i^ionaire  ;  Se  qui  vont  rampant  fur    la  membrane 

poum&as.     txcerieure  des  lobes  des  poûmon3,cù  ils  fe  divi- 

fent  en  plufieurs  branches,  qui  fe  joignant  enfem- 

ble,  en  forment  de  plus  grofles  qui  vont  fe  rendre 

dans  le  canal    thorachique,  pour  y  porter  la  lim- 

plie. 

Avant  que  de  vous  parler  de  l'ufage  des   poû- 
mons,&  de  vous  faire  voir  comment  fe  fait  la  ref- 
piration  ,il  faut  vous  entretenir  de  la  trachée-ar- 
tère, de  l'artère  ,  &:  delà  vene  pulmonaire. 
E  .La  trachée- artcre  eft  un  conduit  qui  va    de  hi 

La  trachée  bouche  aux  poumons  :  elle  eft  fituce  fur  l'œfopha- 
■irtcrc  vue  ^ 

pardcvanr.    g^  qu'elle  accompagne  jufqu'à  la  quatrième  vertè- 
bre de  la  poitrine,où  elle  fe  fepare  en  deux  bran- 

_    F  ,  ,    ches  "qui  entrent  dans  les  poumons  chacune    de 
Larrachec  ,  -    /   /->      i  i         r   j-   -r  r  ■ 

arccre    vue  ^^ur  cote.  Ces  branches  Icdivilent  enluite  en  au- 

par  dmicrc  tant  de  rameaux  qu'il  v  a  de   lobes,&  ces  rameaux 
ou    elle  clt  ,-         ,    .^  ^        ■'  ,,  ,..  j 

mcmbra-      ^^  reduilent  encore  en  autant  d  autres  qu  il  y  a  de 

xicufe.  lobule  en  chaque  lobe  ,  afin  de  donner  des  bran- 

ches à  toutes  les  petites  vefficules  qui  font  à  cha- 
que petit  lobule. 

--  Pour  avoir  une  parfaite  connoiifance  de  la  flru- 

Une  tra-   _,  ,    ,  ,  ,  t  .,     , 

chcc  artcre  cture  de  la  trachee-artcre  ,  il  n  y  a  qu  a  examiner 

ciiiicquée.     celle  que  j'ai  fait   graver  dans  la  planche  prece- 

dente.on  la  voit  entièrement  feparée  des  poumons 

&  toutes  fes  divifions  &c  fubdiyiiîons  y  font  tvcs^- 

bien  marquées. 


VÏ.T)émon(iratîon  Jb^atomlque.  40/ 

Lès  rameaux  des  ancres  &  des  vénes  des  pou-         Ç 

j     I  I    /         Les  bran- 

mons  accompagnent,  par  rout  ceax  de  la  wracnee-  chcs  de  la 

artère  ,  &  von't  enfemble  fe  terminer  dans  ceslo-  trachée  ar- 
...  .  .  :,  J'  tercjdeleir- 

bcs  &  lobules  .  de  manière  qu  on  peut  dire  queccre&dc 

chaque  lobule  'e'ranc  comporé  ,  comme  je  vous  lai  la  vénc  des 

^  .        I     '  •  rr      \  J  n.  P^-umons 

dit  ,  de  plulicurs  petites   veliiculcs   rondes  ,  eit  vonc  de 

un  petit  poumon  -,  comme  il  eft  vrai  de  dire  que  compagnie. 

chaque    grappillon    d'un  raifin     eft  une    petite 

grappe. 

Les  parties  qui  entrent  dans  la  compcfîtion  de  •  ^''"^Pp^- 

la  trachée- artère  lont  plulieurs  cartilages  des  hga-  trachée  at- 

men s  ,&  deux  membranes.  rere. 

-^      .  1  .1  1     1  ^r  /  Les  cartila- 

Qiioique  les  cartilages  de  la  tradhee  artère  pa-.gcs  de  la 

roillent  ronds  &  annulaires  .  ils  ne  le  font  pour- ^'^^'^^^'^  ^^" 

tant  pas  exactement  \    n  étant  que   dimi-circulai-  membra- 

les  :  Ils  font  durs  ,  Se  quelquefois  ofTifiez  par  de-  ^f^^.  ^^^ 
0  ,  t        ^    1       .  ^,       .      dernière, 

varit  &  aux  cotez  ,  mais  membraneux  par  derriè- 
re j  ce  qui  leur  donne  la  figure  d'un  croiirant  ^ 
ou  de  la  lettre  C  La  raifon  pourquoi  ils  ne 
font  pas  exadlement  ronds  ,  c'ell  qu'étant  pofez 
fur  1  œfophage  ,  ils  auroient  empêché  la  déglu- 
tition. - 

Ces  cartilacres  font  arranç'ez  les  uns  deiTus  les  ,  Di'ifion 
1        V,  1       .    J  ^  I      des  c:.rtila- 

autres  -,  plus  ils  aprochent   des  poumons  ,    plus  05$  de  la 

ils  font  petits.  Quaiid  la  trachée-artere  fe  divife  ^"chéc  ar 
en  deux  rameaux  ,  fes  anneaux  font  alors  entiè- 
rement cartilagineux  ,  parce'  qu'ils  ne  couchent 
plus  à  l'œfophage.  Ils  font-  formez  de  manière 
que  le  fécond  étant  plus  petit  que  le  premier  ,  en- 
tre im  peu  dans  fa  cavité  ,  comme  les  écailles  de 
k  qucuë  d'une  écreville  ;  ce  qui  permet  aux  brorr-. 
ches  de  s'allon2;er  dans  l'infpiration  ,  &  de  fe  ra- 
coûrcir  dans  l'expiration ,  &:  dans  l'exDulfion  des 
crachats. 
Tous   ces  cartilages  fonjc  attachez   les  uns  aux     Ligamen* 

Ce  iij 


40 (a  Iks  Poûmans  &  de  fis  partie^:,- 

tic  ecs  car-  autres  par  des  ligamcns  qui  lont  entie-deux  ,  ils 
""^    ■       fonr  plus  charnus  a  l'hornmej  &  plus  membraneux 
aux   anîa.aux  j  c'cil  la  raifon  pourquor  il  y  en  a 
qui  ont  cru  que  c'étoit  de  petits  nufcles. 
Lamcm-      ^^   trachée  artère    a  deux  mcmbraoes  ^   l'une 
brraccxcc-  extérieure  ,&  l'autre  intérieure  ;   la    première    eft 
très- forte  ,  elle   lient  les- cartilages  atachez   les 
uns  aux  autres  ,  ôi  cmpëchç  leur  trop  grande   di- 
laratioD. 
Lamem-       ^^  membrane  intérieure  eft  celle  qui  tapi(Tè  en 
brancince-  dedans  toute  la  trachée  arcere  ,  elle  vient  de  celle 
nciire,        ^^^^j  couvre  le  palais  ,  n'étant  que  la  même  conti- 
nuité :  Cette  tunique  eft  fort  épailfe  au  larinxjelle 
l'eft  médiocrement  dans  le    milieu  de  la    trachée 
arcere  ,  &  fort  mince  aux  rameaux  qui  font  dans 
les  poumons.    Elle  eft  d'un  fentîment  Ci   exquis , 
qu'elle  ne  peut  rien  iouflrir  ;  car  lorfque  quelque 
portion  de  l'aliment  ou  de  la  boilTon    tombe  dans 
la  cavitéj  on  ne  ccfte  point  detoufler  ,  que  ce  qui 
y  étoit  entré  n'en  foit  forti.  Elle  eft  enduite  d'une 
humeur  grafle^qui  la  tient  louple  pour  mieux  for- 
mer la  voix  ,  &:pour  empêcher  qu'elle  ne  fe  deù 
ieche,&  qu'elle  ne  foit  otfenfée  par-les-excremens 
acres  &  fuligineux, qui  pairent  par  la  trachée  ar- 
tereVl^abondancéde  cett.e  ,humeur  caufe  l'enroue- 
ment ;  mais  lorfqu'elle  eft  excêilîve  ,clle  caufe  la 
perte  déjà  voix  ,  qui^  revient  auffi-tôt  aprcs  que 
cette  hAimeqr  eft  confumée.  : 
^     ^  r         Cette  tunique  eft  comoofée   de  trois  couches; 
ïoadccettc  la  première  eft    tiftue    de  deux    rangs   de  nbrcs 
nniquc.       muCciile^fes  ,  fçavoir  de  droites  &  de  ,-çk-GulairçS';^ 
la  féconde   eft  toute   glandulcnfe  ,  il  eh' iort  une 
liamidité  dans  la  cav'të  des  bronches  ;  la   troihe- 
me  n'eft  qu'un  riflu  de  rameaux  de  nerfs  ,  4'arte- 
]?€$,&  dc,vcnes,f  ,  -.: 


IV.  DémonflratJonAnatomîcjue.  407 

La  trachée  artère  reçoit   des  rameaux  de  nerfs  .^^  fl'-aujf 
.  ,    .     .  ,  *  j     1      1     •  •  '  .    d::  la  cri- 

qui  lui  Vtcnncn:  aes  recurrens  de  la  huitième  pai-  chéc  artère 

rc  ;  ils  foiit  répandus  par  tonte  la  membrane  in- 
terne qu'ils  rendent  fort  fenlîble:  Ses  avtercs  vien- 
nent des  carotides,&;  Tes  vénes  vont  fe  rendre  dans 
les  jiigulaires  extejrnes. 

Les  ufages  de  la  trachée  artère  &  de  Tes  bron-     Uiagc  de 
ches  font  de   fervir  de  conduit  à  l'air  ;  afin  qu'il  aictrè,  de 
puilfe  entier  dans  toutes  les  petites  vefficules  des  ^^^^^'°"' 
lobules  dans  le  tems  de  l'infpiration  ,  &  en  fortir  podrnoas!^ 
dans  l'expiration  j  d'où  vient  que  la   trachée  artè- 
re eft  cartilagineufe  ,  &z  non  pas  membraneufe, 
afin  d'être  toujours  ouverte  ,  ik  de  faciliter  par  ce 
moyen  l'entrée  &  la  fortie  de  l'air  qui  eil  necef- 
faire  ,  tant  pour  faire  circuler  le  fangaComme  nous 
l'expliquerons  dansJâ-fnite  ,  que  pour  former  la 
voix  par  les  différentes  impulhons  qu'il  reçoit  en 
s'échapant  de  cet  organe^car  de  même  que  l'orgue 
ne   prodiiiroit    aucun   fon  ,  fi  le    vent  qui  en  eft 
comme  la  matière  ,  ne  rccevoit    quelque  change- 
ment en   palTant   par  ces    tuyaux  ;  ainfi  l'homme 
feroit  fans  voir ,  fi  l'air  qui  eft  chalfé  avec  violen- 
ce par  les  înftrumens  de  la   refpiration ,  n'étoic 
principalement  modifié  par'  l'aélion  des  mufclcs 
de  la  trachée  artère. 

Je  vous  ai  fait  voir  dans  la  dernière  Démon-  Artères  dc« 
ft ration  cette  artère  qui  fortoit  du  ventricule  po^"^^"^* 
<Jroit  du  cœur  ;  aujourd'hui  je  vous  fais  obferver 
qu'au (ïî-tôt  qu'elle  en  eft  fortie  ,  elle  s'incline 
vers  la  trachée  artère,  &:  qu'elle  fe  divife  en  deux 
rameaux  ,  l'un  à  droite  ,  &  l'autre  à  gauche  ,  qui 
s'infinuant  fous  les  bronches  ;  les  accompagnent 
par  tous  les  lobes  &  lobales.^Cette  artère  porte  le 
fang  du  ventricule  dioit  du  cœur  dans  les  pou- 
mons. 

C  c    iiij 


40  s  "Des  Poumons  &  de Jes parties, 

Véncs  des       Les  extremitez  des  rameaux  de  cerce  artère  fe 
poumons.  ai  i         ■•         •         j  j    i        -        i 

meient  avec  les  extremitez  de  ceux  de  la  vene  du 

poumon  ,  ôc  font  enfemble  un  tillu  en  forme  de 
rets  qui  environne  ôc  li  *  toutes  les  vefficulcs  qui 
font  au  bout  des  bronches  ;  ces  extremitez  de  la 
véne  reçoivent ,  à  la  faveur  de  ces  vefîicules  qui 
lui  en  permettent  le'  paflage  ,  le  fang  qui  y  a  été 
aporté  par  les  artères  ;  enfuite  elles  fe  joignent 
plufîeuis  enlemblc  pour  en  former  de    plus  gref- 
fes ^  qui  s'unilTant  encore  font  unegrolfe  véne, 
que    Von    apelle  la   véne  des  poumons ,  qui    va 
reporter  ce  fang  dans  le    ventricule  gauche  du 
cœur. 
danj'ïcT^'^^      Il  cft   certain  que  dans  la  refpiration  ,  la  poitri- 
poùmons      ne  &  les  poumons  fe  dilatent  &c  s'ouvrentjmais  la 
poîmnc*fc    "^'ffi^^^^f^  ^ft  ^^  fçavoir  fi  c'eft  la  poitrine  qui  fe 
dilate.         dilate  ,  parce  que  les  poumons   s'enflent  ,  ou  s'ils 
s'enfl;.^nt,  parce  que  la    poitrine    fe  dilate  par   le 
moyen  de  Çts  mufcles  ,  les  poiàmons  n'étant  d'eux- 
mêmes  capables   d'aucun    mouvement  ,  que  dans 
cette  dilatation  l'air  y  entre ,  ce  qui  les  enfle  &  les 
gonfle  y  ôc  qu'il  en  fort  par  la  compreiïion  qu'elle 
tait  aux  poumons  lorsqu'elle  fe  referre, Je  ne  puis 
mieux  vous  reprefenter  la  manière   dont   cela  fe 
fait  qu'en  .prenant   une  éponge  entre  mes  deux 
mains,  je  compare  l'éponge  aux  poumons ,  ôc  mes 
mains  à  la  poitrine  :  lorfque  j'éloigne  mes  mains 
l'une  de  l'autre  ,  l'air  entre  dans  les    petites  cavitez 
de  l'éponge  ,  qui  s'élargit  en  même  tems  que  mes 
mains  y  mais  lorfque  jcj  les  aproche  ,  ôC  que  je  les 
ferme,  l'air  efl:  chaifé  des  cavitez  de    l'éponge  qui 
fuit  le  mouvement)  de  mes  mains ,  ôc  voila  com- 
ment fe  fait  la  refpiration. 

Onconfiderc    deux  chofes    dans  la  refpiration 
fçavoir  l'infpiration  ôc  l'expiration  :  l'infpiration 


V  L  Démonjiratlon  Anatomlque.  40^ 

eft  l'entrée  de  l'air  au  dedans ,  qui  fe  fait  par  la  di- 
latation du  thorax  «k  des  poumons:  &  l'expiration 
eft  le  tranfport  de  l'air  &  d'une  limphe  vaporeufe 
au  dehors  j  ce  qui  fe  fait  par  la  contradlion  de  ces 
mêmes  parties. 

Pour    expliquer  ces  deux  mouvemens  opofez    Comment 
des  poumons  ,  il  faut  faire  r.^flexion  ,  i.   Qiie  la  icj^g'^jj^"^ 
première  côie  eft  bien  moins  mobile  que  la  fecon-  mouvemens 
de  ,  le  féconde-  que  la  troiliéme  ,  &  ainiî  des  au-  j^tion?  '^^ 
très.  2.  Q^ue  les  cotes  &"les  cartilages  ont  un  ref* 
fort  cjui  les  fait  rcn  h'c  à    fe  remettre  dans  leur 
premiei  état  ,  &  à  l'abailfer   lorfquelles  ont  été 
levées    comme  on  le  voie  dans  un  homme  mort. 
3.     Que  les  côtes   font  tellement  articulées  avec 
les  vertèbres  du  dos  &  avec  le  fternum,  qu'elles 
ne  peuvent   fe  mouvoir  que  de  bas   en  haut ,  & 
prefqu'en  rond.  4.  Il  faut  fe  reprefenter   leur  fî- 
tuacion  &  leur  figure.  Se  comment  depuis  leur  ar- 
ticulation avec  les  vertèbres  elles  defcendent  en  fe 
recourbant  pour  faire  des  arcs  quife  vont  joindre 
au  (lernum. 

Cela  pofé  il  s'enfuit  neceflairement  que  toutes  Ce  quî  ar- 

les  fois  qu'elles  feront  tirées  vers  la  partie  Ça^c- V^'^^°^^^^^ 

111'-  I  I      ^'*  ^'^^^^ 

neurc  j  elles  décriront  un  arc    beaucoup    plus  fonr  tirées 

grand  qu'elles  n'en  faifoient  étant  abailTées  ,  5^  )^."* 'a  par- 
que  par  coniequent  elles  augmenteront  la  capaci-  rc. 
lé  de  la  poitrine  ,  parce  que  les;  cartilages  courbez 
fe  drellanc  ,  l'efpace  qui  étoit  entre  les  côtes  & 
le  mediaftin  deviendra  plus  confiderable ,  outre 
que  par  la  même  aélion  le  fternum  fera  contraint 
de  monter  ,  en  fe  poulfantien  dehors  ,  ce  qui  ren- 
dra la  poitrine  beaucoup  plus  profonde.  Enfin  le 
diaphragme  de  voûté  qu'il  étoit  dans  le  thorax 
s'aplanira  ,  parce  que  fes  fibres  fe  dreflTent  quand 
elles   fe    contradent ,  d'où   il  s'enfuivra  que  la 


413  Des  Poumons  ,  &  de fes parties, 

cavité  de  la  poitrine  s'augmentera  en  tous  fens. 
Cela  ruppofé  examinons  quels  mufcles  font  faire 
cette  action  ,  &  comment  les  intercoftaux  y  con- 
tribuent. 

■    Comp'  fi.      On  avoit  crû  que  cette  chair  mufculeufe  qui  fe 
tion   des  i"        .        •/      .  ,-'     j       j 

mufcics  in- ^^"^^"^''^  ^^'^^'•^  ^^^  coces  etoit  compolee  de  deux 
tcrcoflaux.  mufcles,  dont  l'un  tiroit  en  haut  &  Tautre  en  bas: 
mais  il  cil  confiant  que  le  double  plan  des  fibres 
chainiics  ;  lefquelles  s'étendent  d'un  coté  à  l'autre, 
félon  des  directions  qui  s'entre-croifent,  eft:  defti- 
iié  à  produire  un  feul  &  même  effet ,  fçavoir  d'ap- 
procher les  cotes  les  unes  des  autres.  En  effetjpuJi- 
que  toutes  les  fibres  mufculeufes  y  font  attachées 
parles  deux  boucs  ,  que  peuvent- elles  faire  quand 
elles  fe  gonflent ,  que  de  tirer  a  elles  vers  l'extré- 
mité la  plus  fixe  ,  ce  qui  tieiU  à  la  plus  mobile. 
Cela  s'accorde  fort  bien  avec  l'expérience ,  car  fi 
pour  toucher  le  canal  thorachique  ,  on  pa(le  le 
doiçt  entre  les  côtes  d'un  chien  vivant ,  elles  le 
comprimeront  fi  fort  qu'on  croit  l'avoir  dans  une 
preilejorfque  le  chien  remplira  Tes  poumons  d'air. 
Enfin  elles  ne  peuvent  que  tirer  en  haut,qui  eft  le 
coté  qui  leur  rcfifte  davantage.  La  pie  i^iere  étant 
comme  immobile  leur  fert  d'appui,ce  que  ne  peut 
pas  faire  la  dernière  qui  eft  mobile  ,  &  par  consé- 
quent les  fibres  venant  à  agir  j  &  ne  trouvant 
point  de  refiftance  à  la  dernière  ,  s'élèveront  plu- 
tôt que  d'abbailfer  la  fuperieure, 
r^^gT"^^^'"  On  demandera  peut-être  pourquoiles  fibres  de 
coigtqacnd  ces  mufcles  ont  une    dire6tion  contraire  ,  fi  elles 

on  le  met  ^^j^j.  dgfl-jnées  à  produire  un  même  effet  ?  &:  pour- 
carre  ICJ  1  ^  *■ 
côccsd'un  quoi  elles  ne  s'attachent  pas  aux  cotes  en  tom- 
chicn  Ti-  j^gj^j  defius  à  angles  droits  ;  afin  de  les  tirer  di- 
rectement avec  plus  de  force  ?  Mais  fi  l'on  y 
prend  garde ,  on   verra  qu'elles    tombent  fur  les 


v:;«c. 


VI.  ^Démonftratîon  Anatom,  411 

côres  obliquement ,  afin  de  les  aprocher  davan- 
tage, &  qu'elles  fc  croifent  pour  ne  pas  perdre 
leur  force  ,  &  pour  les  rirer  perpendiculairement 
en  haiiti  de  même  qu'avant  croifé  les  bras  h  or- 
prend  un  bâton  par  les  4e'-ix  bouts  ,  on  ne  le  peut 
tirer  que  perpendiculairement  en  haut  :  les  deux 
bras  agiflani:  cnfemblc  de  la  même  manière  que  (î 
on  l'avoif  pris  par  le  milieu. 

Outre  cela  ,1a  raifon  &  l'expérience  nous  prou- 
vent que  quand  les  mufcles  intercoftaux  {agit 
fcnt ,  les  côtes  s'aproclieut  les  unes  des  autres  , 
en  fe  portant  de  bas  en  haut  ,  parce  que  comme 
nous  avons  dit  ;  les  fuperieures  ont  un  mouve- 
ment moins  feniîble  que  les  inférieures  ,  d'où  il 
s'enfuit  que  la  poitrine  s'agrandit  toutes  les  fois 
que  les  mufcles  interconftaux  agilîent ,  &  cela  fc 
doit  faire  avec  d'autant  plus  de  facilité  qu'ils  font 
aidez  par  d'autres  puilTans  mufcles  ,  à  fçavoîr  les 
deux  foLiclaviers ,  les  deux  grands  dentelez,  les 
d2U:)^<ivUtelez  fuperieurs ,  ô^  les  deux  dentelez 
inferieuirsi 

Le  diauhraizme  contribue  encore  beaucoup  à  la    Commcm 
dilatation  de  la  poitrine  ,  car  lorfque  les  fibres  de  "l^g' ^^ 
fes  deux  mulcles  le  bandent ,  il  s'aplanit  ,  en  forte  concribuëà 

qu'il  poulie  avec  force  le   ventricule  ,  le  foye  &  '^     j.  u" 

\     •       Cl-  '  rn.  '      ''°° .     ^ 

tous  lesmte'tnis,  qui  trouvant  une  telilrance  m-  poictiac. 

vincible  du  côté  des  lombes  &  des  os  des  îles  ,  ils 

doivent  naturellement  foulever  rabdomen,6c  tous 

les  mufcles  ,  ce  qu'on  voit  fort  bien  fur  un  chien 

vivant.  Voici  maintenant  ce  qu'il  faut  conclure  de 

tout  ce  que  nous  venons  de  dire. 

On  efl:  perfuadé  que  le  monde  eft  plein ,    &    FIcr,ituc!c 

qu'à  caufe  de  l'impénétrabilité  des  corps  on  ne  p"oJvc>d/j. 

peut  repouflcr  l'air  ,  fans  lui  ouvrir  un  efpace  oii  Icxcrcpîc. 

il  puîlïe  fe  retirer  ;  C'cft  ainfî  que  pour  tirer  du 


4 1  i  T)es  T^oùmons  &  de  leurs  parties  , 
duvinqu'on  vin  d'uii  tonneau  ,  il  ne  fuffit  pas  de  faire  un  trou 
tocneàu"^  au  bas  ,  il  faut  en  faire  un  autre  plus  haut ,  afin 
que  l'air  qui  ferraoit  le  trou  inférieur  puifle  s'y 
placer  &  céder  à  l'efïort  que  le  vin  par  fa  pefan- 
teur  fait  pour  fortir.  SuWantcela,  quelqu'efForc 
que  'fît  le  diaphragme  à  s'aplanir  pour  repouirer 
les  vifceres  &  la  furface  du  ventre  ,  jamais  il  n'en 
viendroir  à  bout ,  il  en  même  tems  il  n'y  avoic 
quelque  place  pour  recevoir  l'air  circonvoifin , 
qui  fe  trouve  comprimé  :  Aînfi  il  ne  tend  jamais 
à  s'aplatir  que  les  cotes  ne  fe  lèvent  ,  &  que  la 
poitrine  ne  s'agrandifle  ,  &  alors  il  agit  facile- 
ment ,  parce  qu'à  la  moindre  impulfion  l'air  palTè 
neceirairement  dans  la  poitrine  par  le  nez,  ou  par 
la  bouche,  6c  celafe  fait  avec  d'autant  moins  de 
peine,  que  l'adtion  par  laquelle  les  côtes  s'ele- 
ventjContribuent  même  à  repoufTer  l'air  au  dedans 
de  la  poitrine  ;  ainfi  les  poumons  reçoivent  cet  air 
en  cédant  feulement  à  l'impulllon  que  les  autres 
organes  en  font  dans  les  cellules  de  ce  vifcere  , 
qui  ne  contribue  gueresà  l'expiration  ;  que  par 
le  propre  reflbrt  des  fibres  de  des  tuniques  dont  il 
eft  compofé. 
Comment      H  efl  fi  clair  que  le  diaphragme  &  les  côtes  re- 

il  faut  rc-  X.         o  _^  , 

garder  les"    p^'^unenc  leur   état  naturel  ,  ils  poullent  l'air  &: 

poumons     l'obligent   de  fortir  des  poumons  ,   de  manière 
aaiiï    Ja  .  i       i  a  i         i  •    • 

paicrioc.       ^^  ^^  P^^f  regarder  les  poumons  dans  la  poitrme 

comme  une  velîie  qu'on   renfermeix)it  dans  un 

fouflet  y  car  lorfque  vous   écartez  les  panneaux 

d'un  fouflet  vous  comprimez  l'air   extérieur  ,   & 

vous  l'obligez  d'entrer  par  le  trou  dans  la  veffîe  j 

&  lorfque  vous  les  aprochezjvous  faites  fortir  ce 

même  air  avec   effort.     Il  ne  faut  pourtant  pas 

nier  que  les  poumons  ne  contribuent  en  quelque 

façon  à  cette  dfrniere  adion  ,  chacun  fçait  biep 


VL  Démon^ration  Anatomîqitc.  415 

qae  les  côtes  ne  s'aprcchent  pas  auili  prés  du 
dos  que  les  panneaux  du  foufflec  s'aprochenc 
d'un  de  l'autre,  &  elles  ne  peuvent  prin-cipalemenc 
aidées  du  retour  du  diaphragme ,  que  repouirer 
l'air  qui-eftà  leur  fuperhcie  ;  c'eft  pourquoi  la  na- 
ture a  placé  de  petits  mufcles  dans  les  velîîcules 
des  poumons ,  afin  d'en  challer  l'air  qui  eft  engage 
au  milieu  de  leur  corps 

Mais  ne  croyez  pourtant  pas  qu'il  en  forte  toutj     Les  pou- 
car  nous  voyons  que  les  poûmons.qui  n'ont  point  fo'u'  JJ,o^j 
encor  reçu  d'air  ,  comme   ceux  du  fœtus  s'enfon-  ne  vont  au 
cent  dans  l'eau  ;  mais  ceux  qui  en  ont  reçu  feule-  ^^^^  ^^ 
ment  une  fois,  comprimés  les    tant  qu'il    vous- 
plaira  jamais  vous  ne  fçauriez  les  épuifer  d'air,  »Sc 
les  faire  aller  au  fond  de  l'eau. 

On  dira  peut-être  qu'il  n'eft  pas  facile  de  com-  .  ^P^,^^^ 
1  ^  r   r  '  •      •  1=  raie  1  cx- 

prendre  comment  le  lait  cette  expiration;car  nous  piraon. 

n'avons  point  de  mufcles  remarquables  pour  con- 
trebalancer la  force  de  ceux  qui  font  l'infpiration: 
lefquels  n'ont  point  d'antagonill:es  ,  puilqu'il  ne 
fe  trouve  point  de  mufcles  confiderabies  pour  ab- 
bailîér  les  côtes.  Mais  comme  ces  côtes  ne  s'ele- 
vent  que  par  un  grand  effort  que  reçoivent  fur 
tout  les  cartilages  ,  il  ne  faut  que  celfer  de  les  ti- 
rer, afin  qu'elles  reprennent  leur  première  place 
par  leur  relTort  naturel  j  &  par  leur  pefanteur. 
Le  diaphragme  auiïi  par  la  même  raifon  doit  celf 
fer  de  s'aplanir  :  au(îi-tôt  que  les  efprits  animaux 
celTeront  de  gonfler  les  fibres  :  Les  mufcles  du 
ventre  y  contribuent  ;  car  ils  pou  (lent  contre  lui 
les  vifceies.  Le  facrolombaire  &  le  triangulaire" 
ne  lailFent  pas  néanmoins  de  tirer  les  côtes  en  bas; 
mais  on  peut  dire  que  ces  mufcles  ne  font  rien  en 
comparaifonde  ceux  qui  fervent  à  les  relever  dans 
l'infpiration. 


4 1 4  -O^-^  poumons  &  de  leurs  parties. 

On  remarqtie  que  les  grenouilles  èc  les  poilTohs 

n'ont    point    de  diaphragme  3  mais  qu'à  la   place 

celles-là  ont  un  cartilage  mobile  ious  la  ?or^e  ,  & 

les  poillons  ont  à  chaque  côté  de  la  tèie  de  petits 

os   iv.obiics  qui  couvrent  les  ouïes  ,  qui  font  les 

poumons  de    ces  animaux  ,  ce  qui    fait   l'office  de 

d!aphr<ignicj&  comme  les  grenouilles  n'ont  point 

de  cotes  pour  coir.piimcr  leurs  poumons,  elles  ont 

autour   des   velîîcules  de    ces  organes  des    fibres 

charnues  tres-remarquables,  ce  qui   tient  lieu   de 

cotes.  Les  tortues   n'ont  point    de  mufcles  inter- 

collauxjil  n'y  a  que  ceux  de  l'abdomen  qui  fallcnt 

iortir  l'air  de  leurs  poumons. 

Ccqniar-      Si  l'on  fouhaite  de  voir  à  l'œil  ce  qui  arrive  dans 

tivcanx        les   poumons  lorfqu'on  rclpire  ,  il  n'y  a  qu'à  dé- 
poumon» ^   .       .  '       ^  ,,  1  .  .  ^o,  ,-  • 

quinci  la      couvru"    les    cotes  a  un  chien  vivant,  oc  taire  une 
Doimnc  s'a  petite  ouverture  entre-deux  ;  on  aura  le  plaiiîr  de 
remarquer  que  toutes  les  fois  que  la  poitrine  s'ab- 
bailFe  ,  &  que  le  ventre  s'applatit  ,  la  portion   qui 
paroic  du  poumon  devient  toute  flétrie. 
Sçavoir  fi     ^'^  demande  prefentement  Ç\  l'air  renfermé  dans 
l'air  renffr-  les  poumons  fe  mêle  immédiatement  avec  le  fang  , 
me  dans  .'e::         ^.1         r  •    r     \  j  rr'      1  -tV 

poûmon<r  fc  '-^^^  ^  ^^  "^  1^^'f  leulemenc  qu  en  preller  les  vauleaux 

mêle  avec     pour  arrêter  Ton  impetuolité  ,  ou  pour  a^ir  tur  lui 
lelang.         '  •  :  ,      ,  ^.  »        r  t> 

le  quclqu  autre  manière. 

^  „  ,.  .        Sans  s'amufer  à  la  difcuflîon  de  ce  nouveau  Ten- 
tée lair    .  ,  j      p  • 
fctr.èle  im-  î^mcnt,  il  faut  repondre  que  le   mélange    de    l  air 
mcdiare       ,^,^^  ig    ç^        ^     ^^^^  ^  immédiat  ;    car  puifqus 
ment  avec                            &                                      i         •       •       li     / 
le  fang.        tour  le  monde  avoue  que  dans  l'expiration  le  lang 

le  décharae  de  plufieurs  parties  plus  grofïîeres 
que  celles  de  l'air, pourquoi  l'air  le  plus  fubtil,  ne 
pourroit-il  pas  dans  l'infpiration  pénétrer  les  mem- 
branes des  vaifleaux,<5c  fe  mêler  intimement  avec 
le  fangjOutre  que  la  chofe  eft  poflîble  l'expcrien^ 
ce  nous  doit  convaincre  (qu'elle  airive  en  effet* 


V  l.  Ds?nonfiratlon  Anatomîque,  4 1  y 

Percez  l'aicere  véneafe  d'an  chien  vivant, il  en 
fortira  un  fang  noir  &  épais,  femblable  à  celui  fur  ks'  vaif. 
qu'on  a  renfermé  dans  la  machine  du  vuide  dont  ^e.îux  des 
■  on  a  pompé  l'air.  Percez  la  véne  arcerieufe,  vous 
en  verrez  couler  un  fang  beau,  vermeil  &  fort 
écumeux  ;  d'où  peut  venir  ce  changement  fi 
prompt  finon  de  l'aâ;ion  de  Tair  qui  s'eft  mêlé 
avec  cetre  liqueur  ,  comme  on  l'a  remarqué  au 
fang  qu'on  a  renfermé  dans  la  machine  pneuma- 
tique,donc  on  a  pompé  l'airrcar  ce  fang  reprend 
fa  couleur  vive  &  vermeille,  d'abord  qu'on  laif- 
fe  entrer  de  l'air  dans  la  machine.  Voici  encore 
une  autre  expérience  qui  confirme  la  même 
chofe, 

Qiiand  pour  blanchir  un  poûmon,on  y  feringue  raifon^'^quî 
de  l'eau  tiède  par  l'artère  véneufe,on  voit    fortir  prouve  ^u- 
par  la  trachée- artère  une   grolîé  écume  femblable  ^^l^^  Ic'iaug 
à-celle  que  les  épileptiques  jettent  par  la  bouche. 
Or  puifqu'il  y  a  àcs  ouvertures  qui   permettent  à 
l'eau  de  foi  tir, doutera-t- on  qu'il  n'y    en  ait   pour 
permettre  a  l'air    dorii[  les  parties  font  incompa- 
rablement plus  fubtiles  que  celles  de  l'eau  ,  de  ic 
mêler  immédiatement  avec  le  fang  ,  lorsqu'il  fera 
poulie  avec  force  dans  les  poumon^  par  l'infpira- 
tion. 

L'air  fe  mêle  avec  le  fang,  afin  d'entretenir  Ôc  ccz^&^*per- 
d'augmenter  fa  fluidité  ,   de   lui    donner   coûtes  f<^'^i«ns  que 
les  bonnes  qualitez  qui  lui  font   necellàires  pour  c^jr^pf^  fe" 
conferver  l'animal  dans  une  parfaite  fanré  ,    l'air  ^pélanse  de 
produifant  cet  admirable   effet  par  fa   pclsnteur  ,   ^"^' 
par  fa  vertu  du  relTortjpar  ion  aAion  pénétrante, 
&  par  une  infinité  de   corpufcules  &de  fels  donc 
il    fe  charge ,    &  qui  s'écouleiu    inceiïammeiu 
de  tous  les  corps  ,  quelque    durs   qu'ils     puiiîeut 
ctic.  Eu  forte  que  le  fang  ne  pourroit  poin::  avoif 


4 1 6  Des  Poumons  &  àe  fis  parties , 

allez  de  vigueur  &  de  force  pour  circuler  libre- 
ment dans  les  parties  les  plus  éloignées  &  les  plus 
étroites  du  corps  ,  fî  la  propre  iubftance  de  l'air 
extérieure  ne  fe  confondoit  avec  ce  liquide  dans 
les  poumons  par  les  divers  mouvemens  de  la  ref- 
pirarion  ,  qui  rend  encore  la  circulation  du  fang 
plus  facile  ,  en  ce  que  dilatant  les  poumons ,  les 
racines  de  l'artère  qui  va  droit  du  cœur  à  ces  or- 
ganes ont  lieu  de  s'épanoUir  dans  leurs  cellules  , 
ou  les  racines  des  petites  vénes  s'ouvrent  fuffi- 
famment  pour  prendre  l'humeur  que  les  artères  y 
ont  aportée,&  la  reconduire  au  cœur  parle  tronc 
de  la  véne  pulmonaire  ,  auquel  ces  petites  vénes 
fe  réiiniflent  toutes  ,  comme  on  l'a  montré  ci' 
dcffus. 

Objection.  L'on  peut  faire  ici  une  objection  ,  &  dire  que 
la  refpiration  n'eft  pas  neceiraire  pour  entretenir 
le  mouvement  circulaire  du  fang  ,  puifque  le  fœ- 
tus dans  la  matrice  ne  refpire  point  ,  &  que  néan- 
moins le  fang  circule  non  feulement  de  la  mère  à 
luij6c  de  lui  à  la  mere,mais  encore  de  fon  cœur  à 
toutes  les  parties  de  fon  corps. 

Réponfc.  Je  réponds  à  cette  objedion,  qu'il  efl:  vrai  que 

dans  le  fœtus  la  circulation  fc  fait  fans  le  fecours 
de  la  refpiration  ,  puifqu'il  ne  refpire  point  pen- 
dant qu'il  efl;  renfermé  dans  la  matrice  ;  mais  pre- 
mièrement l'on  peut  dire  que  la  mère  refpire  pour 
lui  ;  car  il  faut  confidcrer  que  le  fang  étant  com- 
mun à  l'un  &  à  l'autre  ,  les  préparations  qu'il 
reçoit  dans  les  poumons  de  la  mère  lui  impriment 
toutes  les  qualitez  qui  lui  font  neceiraircs  pour 
circuler  dans  le  fœtus  ,  comme  il.fait  dans  le  foye 
&  dans  les  autres  vifcercs  de  la  mcrc.  Seconde- 
ment l'on  trouve  dans  le  fœtus  deux  ouvertures 
qui  font  aux  quatre  gros  vailï'eaux  du  cœur  ,  par 

lefquels 


IV,  Demônfiration  Anotamiquct  417 

lefqucls  le  fanga  la  liberté  de  palier  d'un  vaif- 
feaii  dans  l'autre  ,  fans  entrer  dans  les  pou- 
mons. 

Ces  deux  ouvertures  font  d'tferentes  ,  l'une  eft 
un  trou  qui  eft  de  figure  ovale  ,  qu'on  apelle 
trou  Sotalydii  nom  de  celui  qui  l'a  découvert  le 
premier  :  &  l'autre  eft  un  canal  qui  par  fa 
conftruélion  paroîc  arterieux  :  Ce  trou  eft  à 
Tembouchure  de  la  véne  cave  ,  dans  le  ventri- 
cule droit  du  cœur,au  dellus  de  l'oreille  droite  , 
c'eft  par  fon  moyen  que  cette  véne  s'entrouvre , 
ôc  s'abouche  avec  la  véne  des  poumons,  du  côté 
de  laquelle  il  y  a  une  valvule  qui  permet  l'écoule- 
ment d'une  bonne  partie  du  fang  de  la  véne  cave 
dans  celle  des  poumons,  ôc  qui  empêche  qu'il  ne 
retourne  de  la  véne  des  poumons  dans  la  cave.Il 
y  a  de  même  une  communication  entre  l'artère 
du  poumon  &  de  l'aorte,parle  moyende  ce  canal 
qui  eft  éloigné  de  deux  doigts  de  la  baie  du  cœur 
éc  qui  fort  de  l'artère  du  poumon  ,  6c  va  s  infeicr 
obliquement  dans  la  grolVe  artère,  pour  y  porter 
le  fang  qui  eft  iorti  du  ventricule  droit  ,  de  ma- 
nière que  le  (ang  ne  pallant  point  dans  le  foetus  à 
travers  les  poumons,il  n'en  entre  dans  le  ventri- 
cule gauche  du  cociuvque  ce  qui  a  pafte  par  le  trou 

Botaî.  Urilitczu 

Le  fang  circule  à  la  faveur  de  ces  deux  paffaQies,  le  f'È:us  ire 
pendant  que  le  foetus  cil  enfermé  dans  la  nutri-  ^"^^^^  ^^"* 
ce,  quoi  qu  il  ne  relpire  point  j  mais  li-tot  qu  il 
eft  ne,  l'air  fe  faifant  un  chemin  dans  les  pou- 
mons^les  dilate.^:  ouvre  par  ce  moyen  au  fano- 
une  autre  route  qui  lui  eft  plus  commode  que  la 
première,  &c  qu'il  continue  le  refte  de  fa  vie. 
Alors  ce  trou  ovale  5c  ce  canal  ne  faifant  plus  de 
fondion  ,  fe  deflechent  ôc  fe  bouchent  ,  de  telle 

D  d 


4 1 8  Des  Popimens  &  de  leurs  parties  , 

manière  qu'on  n'en  voit  plus  aucun  vertige  aux 
adultes.  Il  faut  donc  remarquer  que  c'eft  de  ceux 
qui  ont  vu  le  jour  dont  je  voulois  parler  ,  quand 
j'ai  dit  que  la  relpiracion  étoit  abfolument  necef- 
faire  pour  vivre. 

Lorfqu'il  fc  trouve  des  perfonnes  à  qui  ces  ou- 
vertures ne  font  pas  bien  fermées  ,  comme  il  eft 
arrivé  quelquefois  ,  elles    reftent  fans  incommo- 
dité dans  l'eau    pendant    quelques  heures  ,  com- 
me font  les  pefcheurs  de  perles  dans    les    Indes 
Orientales ,  &;  ces  célèbres  plongeurs   qui  y  de- 
meurent des  heures  entières.  Il  s'efl;  trouvé    des 
mal-fa6teurs    qu'il  étoit  impoflible  d'étrangler  , 
quoi-qu'onles  tint  long-tems   attachez    à  la  po- 
tence. Les  uns  ont  eftimé  que  cette  difficulté  ve- 
noit  du  lahrÎK  ,  qu'ils  croyoicnt  olTeux  ;  les  autres 
s'îmaginans  de  faux  miracles  ,  attribuoient  ces  ef- 
fets à  des  caufes  naturelles  :  mais   ce  n'étoit   ni 
l'une  ni  l'autre  de  ces  raifons ,  l'expérience  nous 
ayant  appris  que  ces  deux  conduits  ne  s'ctant  pas 
bien  bouchez,  le  fang  y  pafToit  d'un  ventricule   à 
l'autre  ,  &  que  le  mouvement    du   fang    n'étant 
point   interrompu  ,  l'homme  vivoit  toujours  mal- 
gré   tous  les  clforts  qu'on  faifoic  pour  le    faire 
mourir. 
Lefangnc       Les  deux    conduits  qui  font  au  fœtus  dccou- 
par^ua^dcs  vrent  l'erreur  des  Anciens  ,  qui  croyoient  que  le 
ventricules    fanc^  pafToit  du  ventricule  droit  du  cœur  dans  le 
fœcu?"'^  ^^  gau'che  par  le  feptum   médium.  Ils    nous  appren- 
nent encore  par  leur  ftrudure  que  le  fang  du  fœ- 
tus nç  paflè  point  par  les  deux  ventricules  de  fon 
cœur,  &  qu'il  fuffit  qu'il  pafle  par  un  de  ces  deux, 
comme  il  fait,  parce  que  le  fang  qu'il  reçoit ,  efi: 
déjà  purifié  &  vivifié  parle  cœur  de  la  mère,' •Se 
que  le  fœtus  dans  la  matrice   n'a  pas  befoiii  des 


VI.  Démonflratîon  Anatomlque,  4 1 9 

avantages  que  nous  tirons  de  la  rerpiration.  Il  y 
a  encore  beaucoup  d'autres  circonftances  que  je 
ne  vous  explique  pas  ,  parce  qu'elles  nous  mene- 
•  loicnt  trop  loin  j  je  vous  en  parlerai  dans  une  au- 
tre occafion. 

Il  faut  néanmoins  que  je  raporte  ici  le  fenti-  Sentiment 
ment  d'un  Anatomifte  Moderne,  qui  a  écrit  de  la 
circulation  du  fang  du  fœtus  par  le  trou  ovale  jii 
avance  comme  un  fait  confiant  que  dans  le  fœtus, 
de  même  que  dans  l'homme  ,  le  fang  circule  par 
l'artère  du  poumon  avec  la  même  vî^elfe  que  par 
l'aorte  ,  &  que  les  canaux  de  ces  deux  artères  font 
proportionnez  à  la  qualité  du  iîmg  qui  doit  cou- 
ler par  leurs  cavitez  ,  d'où  il  infère  que  l'artère 
du  poumon  étant  même  plus  grofle  que  l'aorte  il  y 
doit  par  confequent  pafler  plus  de  fang  j  il  ajoute 
queLouver,  Harvce  &  ceux  qui  les  ont  fuivis, 
foûtîennent  qu'il  y  a  dans  le  tronc  de  la  véne  da 
poumon,  vis-à-vis  le  trou  ovale  ,  une  valvule  dif- 
pofée  de  telle  forte  qu'elle  donne  un  libre  palFage 
au  fang  de  la  véne  cave  dans  celle  du  poumon,  6c 
qu'elle  empêche  le  retour  du  faiig  de  la  véne  du 
poumon  dans  la  véne  cave  :  Mais  il  ne  convient 
pas  de  cette  valvule  ,  &  il  donne  au  trou  ovale  un 
ufage  tout  opofé  \  car  il  prétend  que  le  fang  palFe 
de  la  véne  du  poumon  dans  la  véne  cave  par  ce 
trou'.  Se  fans  nous  faire  voir  les  utilitez  que  le  fœ- 
tus en  doit  recevoir,  ni  nous  donner  d'autres  preu- 
ves que  l'exemple  de  la  tortue,  dans  laquelle  il  dit 
que  cela  fc  fait  ainlî  ,  il  veut  que  nous  quittions 
une  opinion  probable  &  univerfellemcnt  reçue' 
pour  fuivre  la  iîenne,  contre  laquelle  il  y  a  des  faits 
qui  la  détruifent. 

J'en  remarque  quatre  principaux  :  i .  Il  efl:  très-  Rcponfc  au 
difficile  que  le  fan^  paffc  6c  circule  à  travers  les  ^f""9^Vl^ 

Da    ij 


4  î  0  Des  Poàmons  &  de  leurs  parties  , 

poumons  du  fœtus,  parce  qu'ils  (ont  tout  re(îèr- 
rez  ,  6c  que  le  fœtus  n'a  point  de  quoi  lefpirer  ^ 
d'ailleurs  au  fortir  du  ventricule  droit  du  cœur 
le  fang  n'entre  pas  dans  l'artère  du  poumon,  mais 
il  palTc  tout  par  le  canal  de  communication  dans 
l'aorte  ;  ainfî  cet  habile  homme  n'a  pas  raifon  de 
dire  que  c'efl:  un  fait  conftant  que  dans  le  fœ'tus  , 
comme  dans  l'homme  ,  le   fang  circule  par  l'ar- 
tère des  poumons  a.  Si  en  melurant  l'artère  des 
poumons  il  l'a  trouvée  d'un  diamètre  plus  laro;e 
que  l'artère  j  ce  n'eft  pas  une  confquence  qu'il  y 
paiî'e  plus  de  fang  ,  mais  c'eif  que  l'embouchure 
du  ventricule  droit  du  cœur  étant  plus  large  que 
celle  du  ventricule  gauche  ,  il  falloit  ,  félon  les 
règles  de  la  mécanique  ,  que  le  vailleau  qui  re- 
çoit le  fang  qui  en  fort  eût  une  largeur  propor- 
tionnée aux  ouvertures  de  ces  ventricules.  3.  On 
ne  veut  pas  convenir  qu'il  y  ait  une  valvule  au. 
trou  ovale  qui  empêche  le  retour  du  fang  dans  la 
véne  cave  ,  laquelle  a  été  reconnue  de  tous  les 
Anatomiftcs,  parce   qu'elle   s'opofe   à  l'opinion 
qu'on  veut  étabUr  ;  il  faut  donc  donner  un  autre 
nom  à.  cette  portion  de  membrane  qui  pend  fur 
ce  trou,  &  qui  après  que4' enfant  cft  né  ,  en  bou- 
che entièrement  l'ouvert.ure  ,  &  ne  pas  nier  une 
partie  qui  fe  découvre  aufïi    alfément  que   celle- 
là.  4.  Le  palTage  qu'il  donne  au   fang  par  le  trou 
ovale  de  la  véne  du  poumon  dans    la  véne  cave 
doit  être  empêché  ,  parce  que  le  fang  de  la  véne 
cave  ne    permertroit  pas    à  un  autre   d'entrer  , 
pouifaut    fans  celle  pour  aller  dans  le   ventricule 
droit  i  &  de  plus  on  ne  trouvepoinc  de  fang  dans 
retendue  delà  véne  du  poumon  ,  car  elle  ne  re- 
çoit que  celui  qui  y  entre  par  le  trou  ovale,  qu'el- 
le verfe  auiîi-tDt  dans  le  ventricule  gauche  du 


VI.  Dêmonflratlon  Anatomiqm.  411 

cœur  :  enfin  ne  voyant  pas  que  ce  retour  du  fang 
dans  la  véne  cave  pui(re  être  d'aucun  ufage  au  fœ- 
tus, nous  nous  en  tiendrons  à  ce  que  e  vous  en  ai 
dit  j  jufqu'à  ce  que  cette  nouvelle  opinion  foit 
mieux  établie,  Pourfuivons  maintenant  nôtre  fu- 
jet,&  parlons  du  col  que  je  vais  vous  démontrer. 
:  Il  ne  faut  pas  vous  étonner  fi  je  palFe  au  colj&:  LccoIf?.ic 
aux  parties  qii'il  renferme  ,  je  ne  fors  point  pour  pairit  de  la 
cela  de  mon  lujct  ,  puiique  par  la  divilion  que 
nous  avons  fait  du  corps  en  trois  ventres  ^  nous 
avons  compris  le  col  avec  le  ventre  moyen, parce 
qu'il  n'eil  proprement  qu'un  allongement  du  tho- 
rax ,&  que  les  principales  parties  qu'il  contient, 
dépendent  delà  poitrine. 

Le  col  cft  ainfi  apellc  pour  l'une  de  ces  deux  ^"  ^^^' 
raifons  J  ou  parce  que  la  tête  efl:  poféc  delfus 
jcomme  iur  une  colline  ,  &  il  eft  dérivé  de  colUsj 
ou  parce  que  l'on  a  accoutumé  de  parer  cette  par- 
tie ,  &  alors  il  vient  de  colo  ,  qui  iîgnifie  orner:ll 
eft  fitué  entre  la  tête  &  la  poitrine  ;  il  commence 
à  l'atlas  ,  qui  cft  la  première  vertèbre  proche  la 
tête,  &  finit  à  la  première  du  thorax,  qu'on  apellc 
l'eminence. 

Il  cft  plus  long  qu'il  n'eft  large,  ayant  fept  ver-  Fizurc  & 
tebres  qui  en  font  la  longueur  ;  il  ne  doit  être  ni  ^q?  "^  '^^ 
trop  court,  ni  trop  long,  ces  deux  extremitcz 
•  étant  pour  l'ordinaire  fuivies  de  beaucoup  de  ma- 
ladies. Sa  partie  antérieure  cft  apcllée  le  gofier,  &: 
fa  pofterieure  la  nuque.On  divife  encore  le  col  en 
parties  contenantes,  qui  iont  les  mêmes  que  celles 
de  tout  le  corps,  &  en  contenues  ,  dont  les  trois 
principales  font  la  trachée-arterc  ,  le  lariuK  ,  6c 
l'œlophage. 

Je  vous  ai  déjà  démontre  la   trachée-artere  ,       -^^ 
je  vais  prefemement  vous  faire  voir  le  larinx,  qui  Le  laru.fc 

D  d  iij 


42>1  T)ei  Voumom  &  de  leurs  parties^ 

n'eft  autre  choie  que  la  partie  lupcrieure  ,  ou  le 
commencement  de  la  trachée- artère. 
Situation     ■^'^  ^^  ^^^"^  ^  ^^  partie  antérieure  du  col ,  direc- 
du  lariDK.    tement  au  milieu  ,  parce  qu^il  eft  unique,  &  qu'il 
cft  le  principal  organe  de  la  voix.  Sa  figure  eft 
ronde  &  circulaire  ,  à  caufe   qu  il  falloit  qu'il  fut 
cave  pour  le  palTage  d:  l'air  :  Il  avance  pardevanr, 
&:  eft  un  peu  aplati  ;  ar  derrière  ,  pour   ne  point 
incommoder    rœfophage  fur  lequel  il  eft  placé  : 
c'eft  ce  que  le  vulgaire  apelle  le  morceau  d'A- 
dam j  dans  l'opinion  où  il  eft  que  le    morceau  de 
la  pomme  défendue  lui  demeura  au  gofier  ,  &  y 
fit  cette  grolTeur. 
Grandeur     La  lariuK  eft  de  différente  grandeur  ,   fuivant 
u  aiifiK.   |ç^  Agg^  ^  1^^  jeunes  l'ont  étroit ,  d'où  vient  que 
leur  voix  eft  aigucjceux  qui  font  plus  avancez  en 
âge    l'ont   ample  \  c'eft  pourquoi  ils  ont  la  voix 
plus  forte.  Les  hommes    l'ont  plus  gros  que  les 
femmes  ,  ils  ont  aufli  la  voix  plus  grave  qu'elles  : 
S'il  paroît  moins  aux  femmes  qu'aux  hommes  , 
c'efl:  que  les  glandes  qui  font   placées  au  bas  du 
larinK  aux  femmes  font  plus  grolfes  que  celles  des 
hommes  j  ce  qui  leur  rend  le  col  plus  rond  ,  &  la 
gorge  plus  pleine.  Il  fe  meut  dans  le  moment  de 
la  déglutition  ;  car  dans  le  tems  que   l'œfophagc 
s'abaifte  pour  recevoir  l'aliment  ,  ou  la  boifton,  le 
larinK  s'élève  pour  le  comprimer  ,  &  en  faciliter 
la  décente. 
Gompefi-        Nous  trouvons  cinq  fortes  départies  qui  en- 
i-inî.      *'  ^^^^^  ^^ns  la  compofition  du  larinx  ,  fçavoir  des 
cartilages,  des  mufcles,  des  membranes,  des  vaif- 
feaux  &  des  glandes.  Nous  allons  les  examiner  les 
unes  après  les  autres. 
Cinq  carti-      Ses  cartilages  font  cinq  ,  ils  forment  tout  fon 
Ildk!  *"  '*  ^^i^'ps  i  ils  fe  deftechcnt  6c  s'endurciflent  à  mefurc 


V  LTiémonfiratlon  Anatoml^uc,  415 

qu'on  vieillie  ;  ce  qui  a  fait  croire  quelquefois 
qu'il  ctoit  olFeux. 

Le  premier  des    cartilages  fe  nomme  tîroïde ,        j 
ou  fcutiforme  ,  à  caufe  qu'il  a  la  figure  d'un  bou-     Le  tiroï- 
clicr  ;  il  eft  cave  en  dedans  ,  &  convexe  &  boflu     * 
en  dehors ,  mais  plus  aux   hommes    qu'aux  fem- 
mes.   Il  a  une  ligne  qui  le  fepare  dans  Ton  milieu, 
d'où   vient  que  quelques-uns  en  onc  fait  deux  , 
quoiqu'on  ne  le    trouve    double  que    fort   rare- 
ment.   Il  ell  quatre  ,  &  Tes  quatre  angles  ont  cha- 
cun une    production  j  les  deux  productions  d'en- 
hauc  font  les  plus  longues ,  elles  le  joignent  aux 
côtes  de  l'os  hyoïde  par  le    moyen  d'un  ligament, 
&  par  les  deux  d'en-bas ,  il    eft  uni  au  cartilage 
cricoide. 

Le  fécond  des  cartilages  efl;  le  cricoide ,  ou  an-        i^ 
nulaire  ,  ainfi  apells,  parce  qu'il  efl:  rond  comme    Le  cricoï- 
un   anneau ,  de  qu'il  environne  tout  le  lariuK  :  il     * 
rellèmble  à  l'anneau  dont  les  Turcs  fe  fervent  pour 
tirer  l'arc  :  il  eft  étroit   par  devant  ,  &  large  Sc 
épais  par  derrière  ,  il  fert  de  bafc  à  tous  les  autres 
cartilages  ,  &c  eft  comme  enchalïé  dans  le  tiroïde  , 
c'cft  par  fon  moyen  que  les  autres  cartilages  font 
joints  à  la  trachée^ artère  j  c'eft  pourquoi  il  eft  im- 
mobile. 

Le  troifiéme  des  cartilages  eft  l'aritenoïde  ,  qui    , ,  L 

eft  ainli  apellé,  parce  qu'il  rcflemblc  au  bec  d'une  de. 

aignere  ;  il  eft  placé  dans  le  tiroïde,  &  eft  foutenu 

par  l'annulaire  :  Il  forme  la  partie  pofterieure  du 

larinK, 

Le  quatrième  des  cartilages   eft  la  elottc  :  ou     ,  Ht 
1  I  I  r      1  t,     .       La  Glotte 

languette  :  quelques-uns  le  contondent  avec  1  an- 

tenoide  ;  mais  lorfqu'on  le  dépouille  de  fa  mem- 
brane ,  l'on  voit  qu'il  en  eft  feparé  ;  c'eft  lui  qui 
fait  la  partie  pofterieure  &  fuperieure  du  lariuK  » 

Dd   iiij 


'42'4         2?^"^  Tournons  &  de  leurs  parties, 
qui  eft  l'endioic   où  il  eft  le  plus  étroit  ;c*eft  lui 
qui  fuivant  qu'il  ie  relleire ,  ou  qu'il  Te  dilate  , 
forme  la  voix  ou  plus  grêle  ,  ou  plus  grolfe.    Il  y 
a  à  côté  de  la  glotte  une  cavité  formée  des  mem- 
branes qui   lient  les  cartilages  ;  &  s'il  arrive  par 
hazard  C|U'en  riant  ou  en  parlant,  il  tombe  quel- 
que petite  partie  de  Taliment  dans    cette  cavité  j 
rontouilc  JLifqu'à  ce  que  ce  qui  y  éroit  tombé  en 
ioit  forti. 
_,^.^i  Le  cinquième  des  cartilages  eft  l'epiglote,  ainfî 

K.  apellé  ,  parce  qu'il  fert  de    couvercle  a  la  flotte; 

qui  cil;  la  fente  &:  1  ouverture  du  larinK  ,  il  a  la 
figure  d'une  feiiille  de  lierre  ;  fa  fubftance  eft 
plus  molle  que  celle  des  autres  cartilages  :  afin 
qu'il  puidefc  bailler  &  fe  relever  commodément, 
il  eft  attaché  à  la  partie  concave  &  fuperieure  du 
tiroïdie,  L'orifice  du  larinK  eft  toujours  ouvert 
pour  la  refpiration  ,  fi  ce  n'eft  que  l'epiglote  le 
ferme  j  elle  eft  abbaillée  par  la  pefanteur  de  Talî- 
ment ,  afin  que  rien  ne  tombe  dans  la  trachée- 
arcere  \  mais  aufîi-tôt  que  l'aliment  eft  paflé  pour 
aller  dans  l'ocfophage  ,  l'epiglote  fe  relevé  par 
une  action  dc^relfort  qui  lui  eft  naturelle  ,  pour 
laifler  entrer  l'air  dans  la  trachée-artere  :  Elle  fe 
rebaifle  tout  autant  de  fois  que  nous  avalons 
quelque  chofe  par  un  mouvement  pareil  à  celui 
de  ces  petites  trapes  qui  font  aux  comptoirs  des 
Ivîarchands,  &  que  la  pefanteur  de  l'argent  fait 
bailler,  mais  qui  fe  relèvent  aufîi  tôt  qu'il  eft 
_  paflé. 

miî^lcs  au        ^^  lannk  aplulieurs  mulcles  qui  lerventà  mou- 
lariiu.  voir  fes  cartilages  félon  nôtre  volonté  ,  attendu 

que  fon  mouvement  eft  volontaire  ,  &:  que  nous 
formons  la  voix  ,  quand  il  nous  plaît  :  Ses  muf- 
cles  font  quatorze  ,  fept    de  chaque  côté  qui  le 


VI,  'Dfmonfiratîon  Anatomtqtie,  J^i^ 

dilatent  &  le  reirerrcnt  dans  le  befoiixDe  ces  qua- 
torze mufcles  il  y  en  a  quatre  communs ,  &  dix 
propres  j  les  communs  font  ceux  qui  ne  prennent 
pas  leur  origine  au  larinic  ,  mais  qui  s'y  viennent 
inférer  :  &  les  propres  au  contraire  y  ont  leur  ori- 
gine &  leur  infertion. 

Les  deux  premiers  des  communs  font  les  fter-  00 
notiroidicns  ,  on  bronchiques  ,  ils  prennent  leur  ^tcrnoàroï- 
origine  de  la  partie  fuperieure  &  inférieure  du 
premier  os  du  fternum  ;  ils  montent  le  long  des 
cartilages  de  la  trachée-arterc ,  &  fe  vont  inférer 
à  la  partie  latérale  du  tiroide  ;ils  tirent  le  larinK 
en  bas. 

Les  deux  autres  communs'  font  les  hyotiroï-     tt     •   t 
diens  ,  us  naillcnt  de   la   partie  antérieure  de  l  os  diens. 
hyoïde  ,  &  s'infèrent  à  la  partie  externe  &c  infé- 
rieure   du    tiroide  :  Ils    fervent  à  relever    le  la- 
liuK  ,  en  rellerrant  le  haut  &  en  dilatant  le  bas  du 
tiroide. 

La  première  paire  des  propres  eft  firuéc  à  la  par-  Cricotiroi- 
tie  antérieure  &  latérale  du  larinK  :  Ces  mufcles  «^i^"^*- 
fc  nomment  cricotiroidiens  antérieurs, parce  qu'ils 
prennent  leur  origine  delà  partie  latérale  &  anté- 
rieure du  cricoide,  &  vont  s'inférer  à  la  partie  in- 
férieure de  l'aîle  du  tiroide. 

Les  quatre  autres  paires  de  mufcles  appartien- 
nent à  l'aritenoide  ,  deux  fervent  à  le  dilater  ,  &c 
deux  à  le  fermer. 

La  première  paire  des  ouvreurs  font  lescrîcoarî-  Cricoaritc- 
tcnoidiens  pofterieurs  ,  qui  prennent  leur  orioine  noïdicns- 
de  la  partie  polteneure  &  mreneure  du  cartilage 
cricoide;     s'infèrent  à  la  partie  fuperieure  &pof- 
tericure  de  l'aritenoide.  SS 

La  féconde  paire  des  ouvreurs  font  les  crîcoari-  Gncoaritc- 
tenoidiens  latéraux, ils  prennent  leur  origine  du  ccraui. 


4  2.  <3  Des  Poumons  &  de  leurs  parties. 

bords  de  la  partie  latérale  &:  fuperieure  du  ciîcoi- 
de  ,  ôc  s'infèrent  à  la  partie  latérale  &  fuperieure 
,.  de  l'aritenoide. 

dicni.  ^^  première  paire  des  fermeurs  font  les  petits 

arîtenoïdiens ,  nommez  aricenoidiens  ,  à  eau- 
fe  qu'ils  prennent  leur  origine  de  la  partie  pofte- 
rieure  &  inférieure  de  l'aritenoide  ,  6c  s'inferenc 
obliquement  au  même  cartilage  pour  le  relïer- 
rer. 

noidUtts!  "  ^^  féconde  paire  des  fermeurs  font  les  tiroarî- 
tenoidiens  ;  ils  prennent  leur  origine  de  la  partie 
concave  ôc  interne  du  tiroide,&  s'infèrent  à  la 
partie  antérieure  de  l'aritenoide. 

Leimem-      Le  larinx  a  deux  membranes  ,  l'une  extérieure, 
branesdu  .  •      •    '  j         ii  •  • 

laiiûK.  qui  cit  la  continuité  de  celle  qui  couvre  extérieu- 
rement la  trachée  artère  ;  &  l'autre  interieurejqui 
cft  la  même  qui  tapilTe  toute  la  bouche  ,  &  qui  en 
décendant  revêt  intérieurement  le  pharinx  ,  le  la- 
riiiK  j  &  la  trachée-artere, 
Vai(fcux  II  a  deux  branches  de  nerfs  qui  lui  viennent 
u  arinK.  ^^^  recurrens  ,  on  les  nomme  ainfi ,  parce  qu'ils 
remontent  fur  leurs  pas  après  être  décendus  juf- 
qu'à  la  grolfe  artère  ,  qu'ils  embrallent  d'un  cô- 
té ,  &  l'artère  axillaire  de  l'autre  :  Ces  nerfs  fi- 
nilfent  dans  les  mufcles  du  lariuK  pour  les  faire 
mouvoir,  &  pour  fervir  à  la  voix  i  ce  qui  eft  iî 
vrai,  que  Ci  l'on  lie  ou  que  l'on  coupe  ces  nerfs  à 
quelque  animal ,  il  perd  la  voix  iur  le  champ  :  il 
reçoit  des  artères  du  plus  grand  rameau  de  la  ca- 
rotide ,  &fes  vénes  vont  fe  rendre  dans  les  jugu- 
laires externes. 
Quatre  Quatre  grolfes  glandes  fervent  à  humecter   le 

ff""    larinK,deux    fîtuées  au   deifus ,  &  deux  au  def- 
fous. 
Les  deux  fupetieurcs  font  apellées    amygdales 


VI,  Démonflrat'ion  Amtomtcfue,  417 

ou  tonfiles  ;  leur  fubftancc  eft  fpongieufe  j  elles  \^^fl^^^\ 
fonc  placées  à  chaque  côté  de  la  luette ,  pro-  ou  confiics. 
che  la  racine  de  la  langue  ;  elles  font  revêtues  de 
la  tunique  commune  de  la  bouche  ;  elles  ont  des 
nerfs  de  la  quatrième  paire  ;  des  artères  des  caro- 
tides ,ac  des  venes  qui  vont  aux  jugulaires.  Il  fc 
fait  fouvent  dans  ces  glandes  des  ablcés  qui  fe 
meurident  aifément  ,  à  caufe  de  la  chaleur  de  la 
bouche. 

Ces  glandes  filtrent  le  fang  qui  leur  eft  por-  \^:^^;^^^ 
té  par  les  rameaux  des  carotides  j  elles  en  fepa-  ou  loufilei. 
rent  les  ferofitez  ,  &  les  déchargent  dans  le  fond 
de  la  bouche  pour  humeder  lelarinK  ,  de  peur 
qu'il  ne  (oit  trop  defleché  par  l'air  qui  palTe  con- 
tinuellement :  le  larinK  étant  toujours  ouvert  ,  il 
coule  quelque  partie  de  ces  ferofitez  dans  la  tra-» 
chée-artere. 

Les    deux   glandes    inférieures    font  apellces  -     "^^ , 
tiroides  ,  elles  font  fituées  au  defibus  du  larinK  ,  tiroidci. 
à  côté  du  cartilage  annulaire  ,  &  du  premier  an- 
neau de  latrachée-artere ,  une  de  chaque  côté 
elles  ont  la  figure  d'une  petite  poire  ;  leur  cou- 
leur eft  un  peu  plus  rouge  ,  &  leur  fubftance  plus 
folide  y  plus  vifqueufe  ,  &  tirant  plus  fur  la  chair 
des  mufcles  que  les  autres  glandes  :  Elles  ont 
des  nerfs  des  recurrens  j  des  artères  des  caro- 
tides ;  des  vénes  qui  vont  aux  jugulaires  ;  &  des 
limphatiques  qui  fe  rendent  au  canal  thorachi- 
que. 

Ces  glandes  feparcnt  une  hnmidiré  vifqueufe  Ufage  des 
qui  fert  à  enduire  le  larinic  pour  faciliter  les  mou-  fgidei^/  "* 
vemens  de  fes   cartilages  ,   à  adoucir  l'acrimo- 
nie de  l'humeur  falivale  ,  &  à  rendre  la  voix  plus 
douce. 

L'ufage  du  larinK  eft  de  former  la  voix  j  ce  qui  Ufagc  du 

^     larinK. 


4 1  s  Des  Poumons  &  de  leurs  parties , 

fe  fait  par  une  fuite  fréquente  des  baremens  de 
Tair  que  nous  poulTons  pour  exprimer  nos  pen- 
fées.  Il  y  a  trois  fortes  de  parties  qui  y  contri- 
buent différemment ,  fçavoir  le  poumon  la  tra- 
chée-artere  ,  &  la  bouche.  Le  poumon,  poufle 
Pair  qui  fort  fans  bruit  par  la  bouche  &  par  le  nez, 
fans  autre  effet  que  la  iimple  refpiranon  ,  ou  les 
foûpirs  pourvu  qu'il  trouve  des  conduits  libres  & 
ouverts.  Mais  quand  la  fente  qui  eft  au  haut  du 
lariuK  ,  comme  celle  qui  eft  aux  fîutes  ,  s'étrecit, 
&  s'opofe  à  la  fortie  de  l'air  ,  alors  l'air  qui  la 
repoulTe  pour  patler  ,  &  Teffort  que  fait  la  glotte 
pour  retrcffir  ce  pallàge;  caulenc  ce  tremblement 
^  ces  fecoulFes  preifécs  qui  forment  les  fons.  Ce 
bruit  eft  plus  ou  moins  fort,lelon  la  violence  avec 
laquelle  Tair  eft  pouflé  ;  &  il  eft  plus  ou  moins 
aigu  ,  félon  que  les  battemcns  font  plus  ou  moins 
preftezrcct  effet  dépend  de  la  ftructure  du  larinK  , 
que  chaque  perfonne  modifie  pour  prendre  dif- 
ferens  tons  par  le  moyen  des  mufcles  qui  le  ref- 
ferrent ,  ou  qui  le  dilatent  félon  nôtre  volonté. 
La  netteté  de  la  voix  &  les  autres  agrémens  dé- 
pendent de  la  difpofîtion  du  larinîc,ou  de  la  glot- 
,  te  qui  eft  à  fon  ouverture  ;  mais  la  configuration 
de  la  bouche  ,  &  les  mouvemens  de  la  langue  Ôc 
des  lèvres  produifcnt  la  diverfîte  qui  rend  la  voix 
articulée  &  diftinde  par  la  prononciation  des  let- 
tres, des  fillabes,&  des  paroles  dont  le  difcours  eft 
compofé. 
Le  laiink  Si  vous  examinez  une  organe,  vous  verrez 
eft  fait  corn- q^j'gjig  imite  admirablement  bien  l'induftrîe,donc 
d'otijues.  la  nature  s  elt  lervie  pour  former  la  voix.  Les 
fouftlets ,  comme  les  poumons,  pouffent  Tair 
dans  les  tuyaux  ;  la  ftruâiuré  de  ces  tuyaux  eft 
pa  reille  à  celle  de  l'a  trachée-arteie  j  &  enfin  l'a- 


VI.  T)émoyiflrMlon  Anatomlque.  429 

drefTe  &  les  mouvemens  des  doigts  de  i'Oif^anifte 
produifcnt  cette  diverfité  de  tons  qui  rendent  une 
harmonie  parfaite  j  de  même  que  la  difpolition  de 
la  bouche  avec  les  mouvemens  de  la  langue  &  des 
lèvres  ,  articulent  les  mots  qui  forment  un  dif- 
cours. 

Derrière  le  larinK  il  y  a  une  cavité  fort  ample  ,         i 
que  l'on  nomme  pharink  j  qui  n'eft  autre  chofc    ^  ^    "°'^* 
que  l'orifice  de  l'œfophage  fort  dilaté,c'efl:  ce  que 
d'autres  apellent  la  gueule  ;  il  eft  fait    comme  un 
entonnoir, Voyez-le  à  la  dixième  planche  ,  chiffre 
2  où  font   aulîi    les  mufcles  fuivans.   ■ 

Il  eft  fitué  au  fond  de  la  bouche  pour  recevoir  ce  Sic-ationdu 
qui  doit  être  avale,u  a  les  mêmes  membranes  que 
i'œfophage  de  la  bouche  ;  il  a  des  nerfs  de  la  paire     Scpc  m«f- 
vaeue;  des  artères,  des  carotides;  &  ^ts  vénes  vont  ^]^^  ^'^  ^^' 
aux  jugulaires  \  comme   fa  principale  afcion  cft 
la  déglutition,  il  a  fepc  mufcles  qui  lui   font  faire 
içs  mouvemens  de  dilation  &:  de  contradbion.  j^^ 

Le  premier  de  ces  mufcles  eft  l'œfophagien,  ou-    L'oEfopha- 
pharingotiroidien  ;  il  prend  fon  origine  de  la  par-  ^'^"' 
tie  latérale  du  cartilage  tiroide  5  palfant   par  der- 
rière le  pharinxjil  vient  s'inférer  à  l'autre  côté  du 
mê  me  cartilage  :  Cemufcle  n'a  point    de   compa- 
gnon,il  fert  à  pQuffer  l'aliment  en  bas  ,   en  refer»    . 
rant  le  pharinx^comme  un  fphinder  5  il  y  en  a  qui 
Tapcllent  degUuiteur. 

Les^/ix  autres  mufcles  fervent  à  dilater  le  pha-  Ccphalo- 
l'iux  ,  en  le  tenant  tendu  comme  un  voilejles  deux  phaiingitns. 
premiers  le  tirent  en  haut  ,  ce  font  les  cephalo- 
pharingiens  j  ils  prconent  leur  origine  de  l'arti- 
culation de  la  tête  avec  la  première  vertèbre  ,  6i 
viennent  en  defcendant  s'attacher  à  la  partie  fu- 
pcrieure  du  phaiiiix  ,  pour  le  tirer  en  haut  &  en 
arrière. 


430  Des  Poumons  &  de  leurs  parties , 

u  Deux  autres   le  tirent  encore  en   haut ,  mais 

riogîcns  ^^^^  ^^^  côtcz  ,  que  l'on  apcllc  pterigopharin- 
gîens,  ils  prennent  leur  origine  des  apophifes  pte- 
rigoides  de  l'os  fphenoidc  ,  ôc  s'inlerent  à  la  par- 
tie fuperieure  du  pharinx  ,  &  non  pas  à  fa  partie 
latérale. 
_  .f^.         Les  deux  autres  le  tirent  vers  les  côtez.que  l'on 

Stilophâ-  11     n.M       1       •       •  •'  1  •    • 

tingicns.      apellc  Itilopharingiens  ;  us  prennent  leur  onguie 

des  apophiies  ftiloides  &c  fe  vont  inférer  aux  par- 
ties latérales  du  pharinx. 
trfages  du  L'ufaee  du  pharinx  eft  de  recevoir  l'aliment  par 
la  partie  la  plus  ample,  oC  de  1  mtroduu-e  par  celle 
qui  eft  la  plus  étroite  dans  l'œrophage  ,  qui  le 
conduit  dans  le  ventricule  i  ce  qui  fe  kit  lorfque 
les  mufclcs  que  je  vous  ai  montrez  ,  ont  dilate 
le  pharinx, &  qu'il  a  reçu  l'aliment  qui  y  eft  tom- 
bé de  la  bouche  par  la  compvefiQon  de  la  langue 
contre  le  palais  ;  alors  le  mufcle  œfophagien  fe 
relfcrrant,  fait  relever  le  larinx,  &  abailTer  le  pha- 
rinx ,  qui  embralfe  Taliment  de  toutes  parts ,  ÔC 
l'oblige  de  décéndre  par  l'ccfophage  dans  le  ven- 
tricule 

_,   7- ,  L'œfophacre  eft  un  canal  qui  du  pharinx  porte 

Lcclopha.  11.      /  ,  ^  ^-     1       -1 

gc.  le  boire  &  le  manger  au  ventricule  ;  il  commen- 

ce où  finit  le  pharinx  ,  &  finit  à  l'orifice   fupe- 
rîeur  de   l'eftomac  ,  étant  aulîi  long  qu'il  y  a 
d'efpace  entre  l'une  &  l'autre  de  ces  patries  :  Sa 
figure  eft  ronde  ,  ce  qui  fait  qu'il  conduit  mieux 
l'aliment  ,  &  qu'il  ne  blclTe  pas  les  parties  qu'il 
.     touche, 
de  S-°"     Il  eft  fitué  fous  la  trachée-artereA  fous  les  poû- 
phage.        mons  ;  il  eft  couché  fur  les  vertèbres  du  col  &  du 
dos  ,  &  fur  deux  glandes  vers  la  quatrième  vertè- 
bre du  doSj  où  il  fe  range  un  peu  à  droite,  y  étant 
pouflé  par  la  groiïe  artère  ,  puis  il  fe  recourbe  un 


P'L  Dêmonjiratlon  Anatomique.  431 

peu  à  gauche  à  la  neuvième  vertèbre,  &:  ayant  en- 
fin percé  le  diaphragme,  environ  à  l'endroit  de  la 
onzième  vertèbre  du  dos,  il  fe  termine  à  l'orifice 
fuperieur  du  ventricule. 

Il  eftcompofé  de  trois  membranes  ,  ce  qui  fait  buncsT"^" 
qu'il  fe  peut  dilater  aifement  lorfqu'on  avale  quel-  l'ccfo^hagc. 
ques  os  ,  ou  quelque  morceau  mal  mâché  ;  De  ces 
trois  membranes  il  y  eft  à  une  externe  ,  &  deux  l-c^'Crnc. 
propres:la  membrane  externe  eft  une    continuité 
de  celle  qui  couvre  le  ventricule. 

La  première  des  propres, qui  eft  celle  du  milieu,  Laprcmirrc 

eft  charnue ,  épaiire  &:  molle  ,  comme  fi  elle  écoic       Ptop"^". 

un  mufcle  5  elle  a  des  fibres  rondes  &  obliques , 

par  lejmoyen  defquelles  fe  font  les  mouvemens  de 

l'œfophage. 

La  féconde  des  propres  eft  nerveufe  &  continue  \^  S^'^^^^f 
r       11      1    I    I         1       '     1      w  •  r  •  des  propres. 

a  celle  de  la  bouche  &  des  lèvres ,  ce  qui  rait  que 

les  lèvres  tremblent  lorfqu'on  eft  fur  le  point  de 
vomir  :  Elle  a  des  fibres  longues  &  droites  ;  elle 
eft  femblable  à  celle  du  vcntricule,étant  parfemée 
d'une  infinité  de  glandules  qui  feparent  une  hu- 
meur acide  qu'elles  verfent  dans  l'œfophageicettc 
humeur  tombant  dans  le  fond  de  l'cftomac,  y  cau- 
fe  le  fentiment  de  la  faim. 

L'œfophage  reçoit  des  nerfs  de  la  paire  vague,     VaifTcaux 
deux  fortes  d'artetes  y  aportent  le  fang,l'une  d'en  aclarfo- 
haut ,  qui  vient  du  tronc  de  l'aortej&  l'autre  d'en  Glaudcs  af 
bas,qui  eft  envoyée  de  la  cœliaque  :  Elle  a  aufïi  j?^^^*^?  ^ 
deux  fortes  de  vénes,l'une  fuperieure  qui  va  à  l'azi- 
gos,&  l'autre  infcrieure,quife  termine  à  la  coro- 
naire ftomachique. 

Si  les  glandes  qui  font  à  la  partie  poftcrieure 
de  l'œfophage  ne  lui  fervoicnt  que  de  coufîin  , 
comme  on  le  difoit  autrefois  ,  pour  empêcher 
qu'il  ne  fût  bleflTé  par  la  dureté  des  vertèbres  >  U 


. ,  i  Dei  Poîmons  &  de  leurs  partie f, 

nature  lui  en  auroit  mis  dans  toute  fa  longueur  ; 
mais  elles  ont  un  autre  ufage;  puirqu  el  es  fervent: 
à  feparer  une  humeur  vifqueufe  qui  enduit  fa  ca- 
vité&I'hum.de,   afin  de  faciliter  la  defcente  des 
alimens,  en  rendant  le  conduit  plus  ghUant. 
^^'f  '^^       Uadion  de  l'oefophage  eft  animale,&  non  pas 
^*'^^^  natureUe!  puifquJle  te  fait  par  le  moyen    des 
mufcles,&  que  la  déglutition  dépend  de  notre  vo- 

Ufagc  de  ""conufaEceftde  fervirde  canal  pour  poner  le 
ït"'^'  boire  &  le  manger  dans  l'ellomac  ;  fon  mo.ne- 
'  mem  eft  vermiculaire.comrae  celm  desmcelbns 

Il  le  fait  par  les  fibres  obliques  &  circulaires  de  (e 
membranes  charnues:lorrque  ce  mouvement  le  ta.t 
de  haut  en  bas,  on    l^^Ue  periftalnque  :  ma>s 
lorfqu'il  refait  de  bas  en  haut,  on   Upelle  anti- 

,,,,     ''1S:;  remarque  que  la  membrane  nerveu- 

^ft"=K|Uedel-cefophage  eft  le  fiege    '^"YSu   'j^^ 
dulbaaiUc    ne  manque  jamais  d'arriver,  quand  quelque    irri 
—         t^i^n  d'étei'mine    les  efprits  à  y  venir  en  ^«nd 
abondance.  La  caufe  de  cette  irritation  eft  m  e  hu 
„idité  incommode  qui  arrofe  la  memb  an   in- 
térieure  de  !-œfophage;cettehumidite  vKiit  ou 

des  glandes  dont  la  membrane  '"^'n^    ^f} 
mée^udes  vapeurs    acides  qui  s'eleven     de  Uf. 
tomac  con,me  d'un  pot  b»".  knt ,  Muife  co 
denfem  contre  les  patois  de  l'f '^'1'^°   '  '  vTX 
contre  «n  couvercle    ;  alors  les  fib«'  f  ^^^^  ^^ 
de  la  membrane   interne  en  étant  '"■=;"'  '^ ^ 
fient  &  nous  font  baaiUer  ,  en  dilatant      œ^pha 
pe    la  bouche  eft  obligée  de   fnivre    ce  mouve 
^ent ,  parce  qu'elle  eft°tapift-ée  de  la  même  mem- 

U  nerf  «.^Tous  les  nerfs  que  je  vous  ai  fait  voir,  &  qui 


yi,  Véntanjîrdtion  Anatomiqu'e,  43^ 

fe  difttibuenc  à  toutes  les  parties  du  bas-ventre  et 
de  la  poitrine  ,  ne  viennent  pas  de  la  moelle  de  Té- 
pine,comme  ceux  qui  vont  aux  mufcles  ,  mais  dé 
la  paire  vague  qui  fort  diredemeiit  du  cerveau  y 
parce  que  les  vilceres  qui  font  renfermez  dans  ces 
cavitez  ont  befoin  d'un  lue  animal  plus  fubtil  que 
celui  qui  fait  les  mouvemens  des  bras  &  des  jam- 
bes. Je  vous  démontrerai  demain  fon  origine,qui 
eil  à  la  bafe  du  cerveau  ,  &  aujourd'hui  vous  allez 
voir  la  dillribution  qui  s'en  fait  aulîî-tot  que  ce 
nerf  en  eft  forti. 

On  apede  ce  nerf  le  vague  ,  parce  qu'il    pour- ^  ^?w''^''*** 
voit  deçà  &  delà  à  plulieurs  parties ,  &  même  à  gucj 
toutes  celles  qui  font  renfermées  dans  la  poitrine  j^- 
&  dans  le  bas-ventre,  aurqueiles  il  donne  des  ra*»"' 
meaux  ;  il  eft  revêtu  de  membranes  fortes  j   parc^' 
qu'il  fait  un  long  chemin, marchant  toujours  arta- 
chenaux  parties\'oi(înes.  Il  tort  par  le  trou  de  l'oc- 
ciput conjointement  avec  la  véne  jugulaire  inter- 
ne. Il  jette  proche  de   fa  fortie  des  branches  aux 
muicles  qui  font  a  la  nuque  du  col  ,•  &  plus  ijas^il 
envoyé  tranfverfalement  des  rejettons  à  la  mem- 
brane &  aux  mufcles  internes  du  larink,  &  à  ceux 
de  l'os  hyoïde  &  de  la  gorge  ;  6w  puis  décendanc 
entre  la  carotide  &  la  jugulaire,au  coté  de  la  traav- 
chée-artere,  il  fe  divife  fur  le  golîer  en  deux  ta-' 
meaux,  dont  l'un  eft  externe,  &  l'autre  inrernCé         jon  ramc^ 

Le  rameau   externe  incontinent  après   la  divi-  cxccroc. 
fîon  ,  donne  des  branches    aux   mufclés  attachez 
au  fternum  &  à  la  clavicule  ;  il  fait  enluîte  le  ré- 
current qui  décend  &  vient  embralfer  l'artère  axil-j 
laire,  comme  une  corde  fait  une  poulie, &  remon-*' 
te  en  haut  jufqnes  aux  muicles  externes  du  larinkiV' 
à  qui  il  donne  pluiîeurs  rameaux,  &  e'eft  là  où  iï 
finit.     . 


z^^  Des  Poumons  &  de  fes  parties, 

-„  Ge  rameau  externe  continue  fon   chemin  obli- 

cxiernc.  queraent  lous  le  goiier,&  en  padant  il  produit  des 
rameaux  pour  la  tunique  des  poumons,  la  plèvre, 
le  péricarde  &  le  cœur^il  fait  enfuice  un  nerf 
apellé  ftomachique  droit  qui  Te  joint  avec  le  gau- 
che fous  rœfophage  ,  ôc  qui  ayant  palFé  le  dia- 
phragme,change  de  côté,  &c  s'en  va  finir  à  l'orifi- 

ç„„ ce  rauche  du  ventricule 

:°n  rameau       ^  .  n        \\  '    -  ai 

iQtcrnc.  Le  rameau  mterne  ell  apelle  mtercottal  ,  parce 

qu'il  donne  une  branche  aux  racines  de  chaque  cô- 
té j  puis  pallant  par  le  diaphragme  avec  la 
grande  artere,il  diftribué  des  nerfs  à  tout  le  ventre 
inférieur  par  trois  rameaux  ,  dont,  le  premier  en 
donne  à  l'epiploon,au  côté  droit  du  fond  de  l'cf- 
temacj  au  colone,  à  la  tunique  du  foye,  &  à  la  vef- 
fitule  du  fiel  :  Le  fécond  va  au  rein  droit  ,  d'où 
viennent  des  vomiiTemens  dans  les  douleurs  ne- 
phetiques:&  le  troifiéme  ,  qui  eft  le  plus  grand 
de  tous ,  va  au  mcnfentere  ,  aux  inteftins  &  à  la 

-     ,       ,    velîîe  où  il  finit. 

Le  vague  du       ..  i       r   j*   -r  i     j     • 

côté  gau-        La  vague   gauche    le  divile  comme  le  droit,  en 

<hc.  rameaux  externe  &  interne,  l'une   &   l'autre  font 

la  même  diftribution  que  le  droit  ,  à  trois  cir- 
conftances  prés  j  la  première  ,  que  le  récurrent 
décend  plus  bas  que  le  droit  ;  car  il  vient  em- 
bralîèr  le  tronc  de  la  grofie  artère,  &  puis  il  re- 
monte aux  mufcles  gauches  du  larinic  ,  la  fécon- 
de ,  eft  que  le  ftomachique  gauche  va  au  côté 
droit  de  l'orifice  fuperieur  de  l'eftomac  ,  de  ma- 
nière qu'avec  le  ftomachique  droit,  qui  va  agi 
coté  gauche  ,  il  embralfe  cet  orifice  comme  un 
rets  dont  le  refte  va  au  pilore  ;  &  la  troilieme 
circonftance  eft,  qu'une  partie  du  rameau  inter- 
ne gauche  va  à  la  ratte  ,  au  lieu  que  celle  du 
côté  droit  va  au  foye  j    &  fouvent  ces  deux   ra- 


VI  Démonflrattdn  Anatomlque.  45^ 

mcaux  incernes  envoyenc  des  rejettons  à  la  macri- 

Apres  vous  avoir  tait  voir  les  quacre  gros  vail-  &dc  la  vé- 
féaux  qui  font  attachczà  la  bafe  du  cœur  ;&  vous  '*^"^*» 
avoir  démontré  la  diftribution  des  deux  plus  pe- 
rits  ;  qui  fonc  Tartere  &  la  véne  des  poumons,  il 
cfl:  jiifteque  je  vous  faire  voir  prefcntemenc  cella 
des  deux  plus  gros, qui  fonc  la  grolfe  aicere  &c  la 
véne  cave. 

L'aorte  eft  la  mère  de  routes  les  autres  artères  ,     u^q^^ic.  & 

elles   n'eft  pas  plutôt  fortie  du  ventricule  gauche  fa  diftribii^ 

du  cœur  par  un  orifice  fort  ample,qu'elle  produit  *^°'^' 

Tartere  coronaire,  qui    quelquefois    double,  & 

que  va  diftribuer  du  fang  par  tout  le  cœur  pour  fa 

nourriture  ;  enfuire  érant  fortie  du  péricarde,  elle 

fe  divife  en  deux  gros  troncs  ;  donc  l  un,  qui  eft  le 

moindie,  monte  aux  clavicules  &  l'autre  qui  eft 

le  plus  gros,  décend  en  bas;  le  premier  a   foin  de 

nourrir  toutes  les    parties  qui  font  au  dcfTus    du 

cœurj&  le  fécond,  toute*;  celles   qui    ont  en  def- 

fous. 

Le     tronc     fupcrieur  ,   que  l'on  apelle  artère  ^'^°/^^  *^- 
r        .  r     1.   T    I  •  '  1  ceadante. 

aicendante  ;  le  divile  bien  -  tôt  en    deux  autres 

troncs  ,  qui  font  nommez  foùclavîers  ,  parce 
qu'ils  font  placez  fous  les  clavicules ,  l'un  va  à 
droite ,  &  l';iutrc  à  gauche  ,  le  droit  produit  cinq 
artères  confîderables  ,  la  première  eft  l'intercofta- 
le  fupericure  qui  fe  diftribue  dans  les  quatre  cfpa- 
ces  des  côtes  iuperieurcs  ;  les  fécondes ,  font  les 
carocides ,  qui  forcent  toutes  deux  de  la  foûcla- 
viere  droite.  Elles  fe  divifent  chacune  en  exter- 
ne Se  en  interne.  L'externe  nourrit  les  parties 
du  vifage  ,  &  l'interne  entre  par  le  trou  qui  lui 
eft  particulier  à  la  felle  du  Iphenoide,  où  perçant 
la  dure-mere  ,  elle  fc  joint  à  la  bafe  du  cerveau  9 

Ee    \] 


4  5  6  Des  Voûmo'/js  &  de  leurs  parties , 

avec  la  cervicale  ,  pour  fe  diilribuer  enfemble  par 
toute  la  fubftance  du  cerveau  :  la  troiliéme.  eft  la 
cervicale  qui  monte  par  les  trous    qui   font  aux 
apophifes  tranlverfes  des  vertèbres  du  col ,  &  qui 
^  étant  entrée  dans  le  crâne  ,   perce  la  dure-merc  ,  ■ 
&  s'unilîant  avec  fa  compagne  ,  vafe  joindre  aux  - 
carotides  pour  le  répandre    toutes    diverfemenc 
dans  la  pie  &  la  dure-mere,&  de-là  dans  les  ventri- 
cules luperieurs    où  elles  font  le  plexus  choroïde. 
La  quatriéme,eft  la  mammaire,  qui  palîè  à  la  partie 
interne    du  fternum ,   &   envoyé  une  infinité  de 
branches  aux  mammelles  :  Et  la  cinquième  ,  eft  la 
murculaire,qui  fe  diftribuc  aux  mufcles  pofterieurs 
du  col. 
Diftnb  I-       L'artère  foùclaviere    continuant    fon    chemin 

tion  de  iar    ,.n    -i     ••  •  *        >  il 

tcrcfoûda-  diitribue  encore  cmq  autres  artères  avant  qu  elle 

vicrc.  change  de  nom  ;  la  première  ;  eft  la  fcapulaire  in- 

terne i  la  féconde  ,  la  fcapulaire  externe  ;  la  rroi- 
fîéme  ,  la  thorachiquefupcrieure  ;  la  quatrième, 
la  thorachique  inférieure  ;  &  la  cinquième  ,  l'hu- 
merale.  Ces  artères  fe  diftribuent  toutes  aux  par- 
ties qui  leur  font  les  plus  voi fines  ,  le  refte  de  ce 
tronc  étant  parvenu  à  l'aiirellc,  change  de  nom,&: 
s'apelle  axillaire;  il  fe  répand  par  tout  le. bras  nous 
en  verrons  la  diftribution  ,  en  vous  démontrant 
cette  paire. 

L  aorte  dé-  l^  diitribution  de  Partere  foiiclaviere  gauche 
eft  femblable  à  celle  de  la  droite,  excepté  qu'elle 
ne  produit  point  de  carotide  ,  qui  de  ce  c6cé-la 
vient  du  tronc. 

Le  tronc  inférieur  de  la  grafTe  artère  ,  qu'on 
apclle  décendante  ,  avant  que  de  fortir  de  la 
poitrine  produit  les  intercoftales  inférieures  ,  qui- 
le  répandent  dans  les  elpaces  des  huit  côtes  infe- 
►iieures,  (2c  dans  les  mufcles  voifms  j   elle  jette 


Vh T)émonftratîon  Anatomlque,  ^^y 

crtcore  l'arteie  phreniquc  qui  le  didribuc  au 
diaphrai^me  &  au  péricarde  :  elle  perce  enfuice 
le  diaphragme  ,  où  nous  en  demeurerons  ,  vous 
ayant  fait  voir  ci-delTus  de  quelle  manière  fe 
fait  la  diftribution  de  cette  artère  dans  le  bas-ven- 
tre. 

Voilà  toutes  les  artères  qui  fe  rencontrent 
dans  le  thorax  :  il  s'agit  à  prefcnt  de  vous  faire 
voir  toutes  les  vénes  qui  s'y  trouvent ,  dont  le 
nombre  n'eft  pas  moins  que  celui  des  artè- 
res. 

L'on  trouve  aux  ailîèllcs  deux  troncs  de  ve'nes  Li  véne  a- 
que  l'on   apelle  en  ces  endroits    axillaires  :  elles  f '''^'f'^  >  & 
reçoivent  le  lang   qui  leur  elt    aporte  des  bras,  quelle  ic- 
11  y  a  cinq  vénes.  qui  fe  joignent  à    chacune  de  ''^'^* 
ces  axillaires  ,  la  première  eft  une  mufculaire  qui 
vient  du  mAifcle  deltoïde  -,  la  féconde  eft  la  tho- 
rachique  inférieure  ,   la  troilîcme  ,   la   thorachi- 
que  fupericure  :  la  quatrién^e  ,  la  fcapulaiie  ex- 
terne :  ôc  la  cinquième  ,  la  fcapulaire   interne. 
Ces  deux  troncs  enluite  s'avancent   tous   les  cla- 
vicules ,  où  ils  fe  nomment  fouclaviers  .  aufquels 
fe  terminent  huit  vénes  qui  viennent  de  la  tête.  > 

Les  deux  premières  font  les  mufculaires  fupe- 
rieures  ,  qui  viennent  de  la  peau  &c  des  mulclcs 
pofteriears  du  col  :  les  deux  fécondes  font  les  ju- 
gulaires externes  qui  reçoivf^nt  le  fang  de  toute 
la  face  ,  &  des  parties  externes  de  la  tête.  Les 
troiiiéraes  font  les  jugulaires  internes,  qui  fortenc 
du  crâne  ,  &  apovtent  des  finus  de  la  dure-mcre 
tout  le  fanf;  (uperflu  du  cerveau  :  Les  quatrièmes 
&  dernières  font  les  cervicales,  qui  déccndent  par 
les  trous  des  apophifes  tranfverfes  des  vertèbres 
ducoljaufquelles  fe  joignent  les  branches  des  muf- 
clcs  voifins  j  elles  viennent  finir  aux  deux  troncs 

Ë  e    iij 


■458         Des  Tournons  &  de  leurs  parties , 
■foùclavîci's  ,  qui  s'uniirant  enfcmble  font  un  trêS- 
grosrronc  ,  que  Ton  apelle  la  véiie  cave. 
La  vénc       Lqs  vénes  ioùclavieres  fe  joignant  enfemble  re- 
fcuclavicre  coivent  quatre  vénes  :  la  prcniere  cft  lamammai- 
venes  qui  la  re  ,  qui  vient  des  mammaires  :  la  leconde  ,  la  mei- 
joignent,     diartine  qui  vient  du  mediaftin  ;  la  troirieme,rin- 
tercoftale  Tupcrieure  qui  vient  des  quatre  efpaces 
des  quatre  côtes  fupcricurcs  :  &  la  <]uatriémc,  eft 
l'azigos,  ou  fans  paire  ainli  nommée,  parce  qu'el- 
le n  a  point  de  compagne  ;  elle  reçoit  feule  feizc 
rameaux  ,  fçavoir  huit  qui  lui  viennent  des  liuic 
eipaces  des  huit  côtes  inférieures  du  côté  droit,&: 
autant  du  gauche. 
Lavene  ce-      -q^  j^  nême  manière  que  les  ruîlFeaux  aportent 
fice<i  ,:nc     1  eau  dans  une  nviere,de  même  ces  venes  aportent 
«vKic,       le  f^j-jg  j^j-jj  \g^  cave.  Il  y  a  un  gros  rronc  qui 
vient  des  parties  inférieures  fe  joindre  à  cette  vé- 
ne  proche  du  cœur  i  ce  tronc  cft  celui  de  la  venc 
cave,  que  nous  apellons  afccndante  à  caufedefa 
fonction  ,  &  non  pas  décendante  ,  comme  on  le 
vouloit  autrefois  :  Aulîî-tôt  qu'elle  a  percé  le  dia- 
phrac^me  en  moiitant  ,  elle  reçoit  deux  vénes,  qui 
font  les  phrenetiques  ;  &  plus  haut  deux  autres , 
qui  font  les  coronaires  ;  enfuite  elle  fe  termine  aui 
cœur  5  aufîi-bien  que  la  véne  cave  dêcendante,où 
elles  verfent  routes  deux  dans  le  ventricule  droit 
le  fang  qu'elles  raporrent  de  toutes  les  parties  du 
corps.  Je  ne  vous  parle  point  ici  de  la  diftributîon 
de  cette  véne  au  delTous  du  diaphragme  ,  l'ayant 
fufïifammcnt  démontrée  ci  deifus  j  en  parlant  des 
vaifTeaux  du  bas-ventre. 
La  f»gouë.       La  fagouc  eft  une  glande  conglomérée,  un  peu 
plus  molle  que  le  pancréas  ,  (îtuée  à  la  partie  fu- 
perieure  du  thorax  (ous  les  clavicules  ,  à  l'endroit 
où  la  groffe  artère  fe  divife  en  rameaux  foucla» 


VI,  1>émonflratîan  Anatomlqne,  459 

viei'S-,on  la  nomme  thimas  ,  paiçe  qu'elle  reflem- 
ble  à  lafeuilie  de  chim  i  c'eft  elle  que  l'on  trouve 
fi  délicate  daiislei» fagoats,&  que  l'on  mange  fous 
le  nom  de  ris  de  veau. 

Elle  reçoit  des  nerfs  de  la  paire  vague  ,  &  des     „  .^ 
arceres  des  carotides  j  elle  a  une  véne  particulie-  de  U  Fa- 
re  apellée   thiraique  ,  qui    va  fe  rendre    dans  les  S°"^- 
jugulaires  ;  elle  a    auiîi    quelques  vailfeaux  lim- 
phatiques ,  qui  vont.fe   dechaiger  dans  la  véne- 
foûclaviere  :    On.    remarque     qu'elle  a     dans    le 
partie  moyenne  une  cavité  qui  eft  pleine  de  lim- 
phe. 

Cette  glande  eft  grolTe  dans  les  perfonnes  qui  GroiTeur  de 
font  d'un  tempérament  humidcielle  eft:  plus  gran-  ^  *Soue. 
de  dans  les  enfans  que  dans  les  adultes  ;  à  caufe 
qu'elle  fe  dclleche  dans  ceux-ci  à  mefure  qu'ils 
avancent  en  âge  j  ce  qui  me  fait  croire  qu'elle 
n'efl:  pas  faite  pour  fervir  de  petit  coafîîn  à  la  divl- 
[\on  des  gros  vallfeaux^pour  le^  défendre  contre  la 
dureté  des  vertèbres,  comme  l'ont  avancé  prefque 
tous  les  Auteurs  i  (I  elle  eût  eu  cet  ufage  ,  elle 
auroit  augmenté  avec  Tàge  ^  &  à  proportion  que 
les  vaideaux  qu'elle  devoit  foûtenir  auroient 
groffi. 

Si  nous  nous    en    tenions   aux   fentimens  des     Vericahle 
Anciens,  nous  ne  ferions  jamais  aucun    progrés  "^agc  de  1» 
dans  l'Anatomie  :  c'eft  pourquoi  j'ofe  dire  ,  dans  *^°'^^* 
l'Incertitude  où  on  a  été  jufqu'à  prefent  fur  l'ufa- 
ge  de  cette  glande  ,  qu'elle    fert  au  fœtus  à  fepa- 
rer  une  humeur  chileufe  &   ladée  \  pour  la  vcrfer 
enfuite  dans  la  véne  foûclaviere  ;  &  q^e  cette  hu- 
meur   dans  l'enfant  qui  eft  encore  enfermé  dans 
la  matrice  ,  tient  lieu  dii    chile  qui   eft  apporté 
par  le  canal  thorachique  dans  la  foûclaviere  aufli- 
tôt  qu'il  eft  ni  ;di  comme  cette   glande  ne  ferc 

E  e  iiij 


44  "^  ^^^  Poumons  ,  &  di  leurs  parties, 

qu'au  fœtus  ,  je   la  mets  au   nombre  des  vaiflTeaux 
iimbilicaux  ,  du  trou  Botal ,  &  des  glandes  rénales 
<\in  n'ont  plus  d'ufâge  quand  l'enfant  eft  une  fois 
torti  de  la  matrice, 
ObiCiya-- ^   Quoique  cette    opinion   foit  nouvelle  elle  ne 
conrervcnc    "Oit  pas  ecrc  rejettee  ,  parce    que  tout   lemble  la 
cet  ulage.     conhimer  ;  la  giollbur  de  cette  glande  ,  qui  dimi- 
nue a  mefure  que  l'âgé  augmente  i  la  cavité  qu'on 
^  trouvciles  vailïcaux  qu'elle  reçoit  •,  lacommuni- 
carion  qu'elle  a  avec  la  loucUviere,  &  la  neceflîté 
qu'il  y  a  que  quelque  liqueur    loit  mélangée  avec 
le  fang  avant  qu'ail  entre    dans  le  cœur  du    fœtus 
pour  le  détremper, comme  font  la  limphe  &  le  chi- 
le  ,  qui  y  étant  portez  par  le  canal   thorachique,le 
détrempent  aux  adultcs,nous  perfuadent  allez  qu'- 
elle a  l'ufage  que  je  viens  de  vous  dire. 
Le  canal  "     J^  ^"'^  '  Meilleurs,  la  Démonftration  d'aujour- 
t^oraçhi-    -d'hui  par  celle  d'une  partie  que  vous  ne  trouverez 
"■  '  ' point  décrite  dans  les    Anciens  ;  c'ell:  le  canal  tho- 

raclr'que  quia  été  découvert  de  nos  jours.On  l'ap- 
pelle ihorachique  ,  parce  qu'il  monte  tout  le  long 
du  ihorax  :  Il  eft  aulîî  nommé  canal  de  Pequct,da 
nom  du  Médecin  qui  l'a  découvert  le  premier. 
Dcfcription      C'eli  un  petit  conduit  qui  commence  aux  refer- 
me ce  canal,  vôirs  du  cliile  qui  font  entre"  les  deux  racines  du 
diaphragmc.il  monte  le  long  des  vertèbres  du  dos 
entre  les  côtes  &  la  plèvre ,  étant  parvenu  à  la  fe- 
ptiéme  du   huitième  vertèbre,  il  s'incline  vers  le 
côté  gauche  delà  poitrinei&  vajComme  je  l'ai  dé- 
jà dir,aboutir  par  deux  ou  trois  rameaux  à  la  véne 
iouclaviere  gauche. 
Il  n'cftcom^      ^^  canal  n'eft  compofé  qued^une  membrane  af^ 
pofé  que      fez  mincejqui  eft  fortifiée  par  la  plèvre  qui  la  cou- 
bwnc  '^'^"^'  "^^'^  pendant  tout  le  chemin  qu'il  fait  par  la  poitri- 
"ne^il  n'eft  nas  plus  gros  qu'une  petite  plume  d'oye 


VI,  Vêmonflration  Anatomique.  441 

il  a"  des  valvules  d'elpace  en  efpace  ,  qui   fervent 

d'échelons  au  chile  pour  monter,&qui  empêchent 

qu'il  ne  puitfe  tomber  en  bas,  &  recourner  fur  fes 

pasal  reçoit  de  toutes  parts  des  vaillcaux  limpha- 

tîques  qui  lui  apportent  fans  celle  la  limphc  qu^il 

dégorge  avec  le  chile  dans  la  fouclavicre. 

Au  côté  îiauche  de  Touverture  que  le  canal  tho-  _     X 
7  .  r-\  \         '       r       \      '  Ce  canal 

rachique  (ait  dans  la  vene  louclaviere  pour  y  en  encre  dam 

trer  ,  il  y  a  une  valvule  qui  empêche  que  le  chile  ^a  véne 
ioit  porte  vers  le  bras,  oc  qui  le  détermine  a  pren- 
dre le  chemin  de  la  véne  cave  j  où  il  va  conjointe- 
ment avec  le  fang  pour  être  verfé  dans  le  ventricu- 
le droit  du  cœur.  On  pourroit  encore  croire  que 
.cette  valvule  s'abailFant  fur  le  trou  du  canal  par  où 
palfe  le  chile,  empêche  que  le  fang  pallànt  dans  la 
foûclaviere  ,  ne  tombe  dans  la  cavité  de  ce  canal. 

Le  canal  thorachique  n'eft  point  aifé  à  trouver:  Moyens  de 

>   n  «M  r  il  y\        I    I  r  trouver  la 

c  elt  pourquoi  il  ne  raut  pas  s  étonner  s  il  a  ece  li  can-l  tho- 
long-tems  inconnu. Pour  le  découvrir  il  faut  faire  rachique. 
une  petite  incilion  à  la  plèvre  au  côte  droit  des 
vertèbres  du  dos  ,  &  feparer  la  grailTê  qui  eftdef- 
fous  la  plèvre.  On  le  trouve  fort  petit  quand  il  eft 
vuide  ,  &  il  fe  rompt  facilement  fi  l'on  n'y  prend 
garde.  Mais  pour  le  voir  il  faut  ouvrir  un  chien 
quatre  heures  après  l'avoir  bien  fait  manger,&  fai- 
re à  la  partie  fuperieure  de  ce  canal  une  ligature 
qui  arrête  le  cours  du  chile  :  alors  on  le  verra  fore 
bien,&  fuflilamment  gros  pour  porter  tout  le  chi- 
le ,  &  toute  la  limphe  dans  la  foûclaviere. 

L'ufagc  du  canal  'thorachique  eft  de  fervir    de       . 
conduit  au  chile  &  à  lalimphe,&  de  les  porter  des  car-a^i^uio- 
refervoirs  dans  la  véne  fouclaviere,où  il  décharge  rachique. 
fans  celîe  quelqu'une  de  ces  liqueurs  dans  la  malle 
du  fang ,  pour  la  détremper  &  la  rendre  plus  li- 
quide qu'elle  n'cft  ,  lors  qu'elle  revient  des  parties 


44*-  ^^^  Pomnons  &  de  leurs -parties, 

où  le  plusTubtil  a  été  employé  poar  leur  nourrîtii- 
re,ce  qui  étoic  necelTaire  pour  rendre  le  fang  fufce- 
ptible  des  imprefïions  qu'il  devoir  recevoir  en  paf- 
fant  par  les  ventricules  du  cœur. 

Oeft  un  fait  confiant  que  le  chlle  eft  porté  au 
cœur  par  le  canal  thorachique.Si  vous  ouvrez  un 
chien  vivant  dans  le  tems  que  la  diftribution  s'en 
fait  ,  vos  yeux  en  feront  les  témoins  5  &  ceux  qui 
croiront  que  cette  diftribution  ne  fe  fait  pas  dans 
riiomme  comme  dans  les  animaux,  n'ont  pour  s'en 
convaincre  qu'à  ouvrir  le  ventricule  droit  du  cœur 
d'un  homme  mort ,  à  nettoyer  avec  une  éponge 
tout  le  fang  qui  y  fera  ,  &  à  feringuer  enfuite  du 
lait  dans  le  canal  thorachique,  ce  qui  fe  fait  en  in- 
troduifant  le.boutde  laferingucdans  le  canal  qu'il 
faut  lier  fur  le  bout  de  cette  feringue  :  alors  ils 
verront  tomber  le  lait  par  la  vénc  cave  dans  le  ven- 
tricule droit.  Cette  expérience  que  j'ai  faite  plu- 
fieurs  fois  ,  démontre  manifeftement  qu'il  eft  vrai 
que  dans  l'homme  ,  aulïi-bien  que  dans  les  ani- 
maux, tout  le  chile  eft  porté  par  le  canal  thorachi- 
que dans  le  cœur. 

Voila, Me fîîeurs,qu elles  font  les  parties  renfer- 
mées dans  le  ventre  moyen, elles  nous  ont  à  la  vé- 
rité occupé  l'efpace  de  deuxDémonftrations:  mais 
on  ne  peut  y  employer  moins  de  tems ,  particuliè- 
rement lorfqu'on  veut  faire  une  recherche  aufli 
cxaâre  que  celle  que  nous  avons  faite  de  leur  ftru- 
£lure  &  de  leurs  fondionsmous  commencerons  de- 
main à  examiner  avec  la  même  aplication  les  par- 
ties contenues  dans  le  ventre  fuperieur,q_ui  eft  la 
lête. 


44J 


II 

S   E   P  T  I    E'  M   E 

DEMONSTRATION 

De  la  Tcte  çy*  de  fes  Parties. 

I  vous  avez  admiré  jufqii'icî  ,  Mef- 
fieursjdans  les  Demonftrations  que 
j'ai  faites  du  bas-ventre,  &  de  la  poi- 
trine ,  la  ftru6lure  des  parties  qui  y 
font  renfermées  :  j'efpere  que  vous  ferez  encore 
bien  plus  furpris  en  voyant  celles  de  la  tête&  du 
cerveau  ,  que  j'ai  à  vous  démontrer  aujourd'hui 
Je  ne  m'arrêterai  point  à  vous  parler  de  l'ame',  ni 
à  remuer  les  difïerens  fentimens  que  les  Philofo- 
phcs  ont  eus  fur  fa  nature;  les  uns  ayant  cru  que 
c'étoic  une  harmonie  de  toutes  les  parties  du 
corps  :  les  autres  un  air  tres-fubtil  :  d'autres  une 
vertu  divine  ,  d'autres  un  être  détaché  du  corps , 
&  capable  de  fubfifter  par  foi- même ,  d'autres 
au  contraire  ont  dit  ,  que  c'étoit  une  qualité  ou 
quelque  cliofe  d'inleparablement  attaché  au 
corps  :  de  manière  que  cette  diverfité  d'opinions 
nous  feroit  douter  de  fon  eflence  ,  plutôt  qu'elle 
nel'établiroit ,  fi  la  Foi  ne  nous  aprenoit  d'ail- 
leurs, qu'elle  eft  une  étincelle  de  la  Divinité. 
Mais  je  vous  entretiendrai  du  cerveau  ,  qui  eft  la 
partie  la  plus  noble  &c  la  plus  éminente  du  corps 
OÙ  l'ame  fcmbie  principalem,ent  habiter  ,  où  elle 


444  'De  la  Tètt  &  de  fes  parties  , 

envoyé  ,  comme  de  Ton  rrône  ,  Tes  ordres  fouve- 
rains  à  toutes  les  autres  parties  du  corps.  C'eft  ce 
vifcere  fi  précieux  &  fi  neceiîairc  que  je  vais  vous 
démontrer  ,  après  que  je  vous  aurai  fait  voir  les 
parties  qui  l'environnent. 
TL,  •  La  tête  eft  toute  cette  région  quieft  comprifc 
■  depuis  le  vertex  ju(qu'à  la  première  vertèbre  du 

Pigurc  àt       '      -  ..  1      o       1  1 

là  lêcc.  oa   ngure    naturelle  elt   ronde   &  oblongue  , 

ayant  deux  éminences  ,  l'une  par  devant  ,  &  l'au- 
tre par  derrière  5  elle  eft  un  peu  aplatie  par  les 
coftez  ;  toutes  les  autres  figures  en  (ont  vicieufes 
&  troublent  louvent  le  cerveau  dans  fes  fonc 
dons. 
Grandeur  La  grandeur  de  la  tête  de  l'homme  f  urpafTe  ceU 
a  tetc.  le  jçg  autres  animaux  à  proportion  du  corps,  par- 
ce que  fon  cerveau  eft  beaucoup  plus  grand,ceile 
qui  eft  d'une  grandeur  médiocre  palle  pour  la 
mieux  conformée;  cependant  s'il  y  avoit  à  choifir 
d'une  grolfe  têre  ou  d'une  petite  ,  la  grofle  feroic 
préférée  ,  pourviÀ  que  les  autres  parties  y  corref- 
pondiftent. 

Sicuationdc       La  tête  eft  fituéeau  lieu  le  plus  élevé  du  corps; 

la  tecc.  r-  1  •    j    •  r  • 

ann  que  le  cerveau  qui  doit  envoyer  un  lue  ani- 
mal à  toutes  les  parties  par  le  moyen  des  nerfsjle 
puifte  faire  commodément  de  haut  en  bas ,  parce 
qu'étant  d'une  fubftance  peu  folide  ,  &  nullement 
capable  de  forte  impulfion  ,  il  lui  auioit  été  ini- 
pofTible  de  le  faire  autrement^en  quoi  il  diffère  du 
cœur  5  qui  poulTe  fans  peine  le  fang  arceriel  juf- 
qu'au  fommet  de  la  tête,parce  qu'il  eft  au  contrai- 
re d'une  fubftance  folide  &  ferme;&  qu'il  a  des  fi- 
bres tres-fortes. 

Ralfon  de       La  raifon  que    les  Gaîcniftes  ,  &  plufieurs  au- 

cctce  hcua-  tfÇ5  Anatomiftes ,  même  des  Modernes ,  rcndcnc 
lion. 


VIL  Démonjiratlon  Anatornlque.  44^ 

de  cette  fîtuation  ,  ntiï  pas  recevable  ,  lorfqu'ils 
difent  que  c'efl:  afin  que  les  yeux,  qui  font  comme 
les  fentinelles  del'ame  foienc  au  lieu  le  plus  élevé 
du  corps,  &  que  le  cerveau  fût  placé  auprès  d'eux 
parce  qu'ils  n'en  pouvoîent  être  éloignez,  à  caufe 
de  la  moUelîc  de  leurs  nerfs. 

On  confidsrc  deux  parties  à  la  tête  une  cou-  Drnrpir- 
verte  de  cheveux,  que  l'on  apelle  le  crane,&  l'au- "^^  ^ ^^ '^^'^ 
tre  fans  cheveux  ,  que  l'on  nomiie la  face  :  Tou- 
tes les  parties  dont  le  crâne  &  la  face  font  compo- 
fées  font  en  allez  grand  nombre  pour  nous  occuper 
pendant  deux  Démonftrations.  Je  vous  ferai  voir 
dans  celle  d'aujourd'hui  les  parties  qui  font  conte- 
nues dans  le  crâne  ;  &  dans  la  fuivante  celles  quf 
font  comprifes  dans  la  face. 

La  partie  de  la  tête  dont  nous  entreprenons  au-  Dirifioadu 
jourd'hui  la  Démonfl:ration,fe  divife  en  cinq  par-  "anc. 
ties,  dout  trois  font  au  milieu,  &  deux  aux  cotez: 
La  première  eft  le  devant  de  la  tête  ,  apellée  Jîn~ 
clput.  La  féconde  eft  le  fommet  de  la  tête  ,  que 
Ton  nomme  vertex.  La  tvoifiéme  eft  le  derrière  de 
la  réte,  qu'on  apelle  occiput.  Celles  des  cotez  s'ap- 
pellent les  tempes  ,  parce  que  l'on  prétend  que  ce 
font  ces  endroits  qui  marquent  les  tems  &  les  âges, 
à  caufe  que  les  cheveux  y  blanchiiTent  plutôt 
qu'ailleurs. 

La  tête  en  ^encrai  fe  divife  en  parties  contenan-  Diyifion  de 
•  ••1  •  r         la  tête 

tes  ,  &  en  parties  contenues  ;  les  premières  (ont 

de  deux  fortes,communes  &  propres  :  les  commu- 
nes font  les  mêmes  qu'aux  autres  parties,cxccpté 
qu'on  y  ajoute  les  cheveux  :  les  propres  font  le 
pericrane  ,  le  periofte,  le  crâne  ,  la  dure  mère,  & 
la  pie- mere.Les  internes  ou  contenues  font  le  cer- 
veau &  le  cervelet. 
Quelques-uns  mettent  les  cheveux  au  ijombre,     Ljs  chc- 


44^  -D^  '^  Tète  &  de  fes  pa/ties , 

des  parties  concenantcs,  ils  difent  que  ce  font  des 
corps  longs  ôt  déliez  ,  froids  &  (ecs.,  L'on  veut 
qu'ils  ne  méritent  pas  le  nom  de  parties ,  parce 
qu'ils  n'ont  point  une  vie  commune  avec  le  tout  , 
&  qu'ils  peuvent  en  être  retranchez  fans  lui  porter 
aucun  préjudice  L'on  dit  qu'ils  ne  font  que  des  ex- 
cremens  formez  des  vapeurs  fuligineufes  du  (ancr, 
qui  pou  liées  par  la  chaleur  vers  la  Superficie  du 
corpSjfe  condenfent  en  palTant  par  les  pores  de  la 
peau. 

L'on  remarque  qu'il  y  a  trois  chofes  qui  con- 
^J°j:^i.^'J°"^  courent  à  la  formation  des  cheveux  &  des  poils  , 
les  cheveux  qui  ne  différent  entre  eux  que  dans  la  longueur  , 
mrnt  des      ^'^^  pourquoi  ils  font  compris  fous  le  même  gen- 
Ancicni.      re.  La  première  êft    la  matière  j  la  féconde  la  cha- 
Ieurj&  la    troifiérae  le  lieu  convenable.  La  ma- 
tière des  cheveux  &  des  poils  font  des  vapeurs  ex- 
crementeufcs    de  tcrrcftres  qui  font  un  peu  vif- 
queufes.La  chaleur  eft  neceflaire  pour   former  de 
cette  matière  des  poils  &  des   cheveux  ;  mais  il 
faut    qu'elle  foit  modérée  ;  car  lorsqu'elle  eft  trop 
violente  ,  elle  brûle  les  racines  ,  &  les  fait  tomber, 
ou  les  empêche  de  croître,ce  que  nous  obfervons 
aux  Ethiopiens  ,  lorfqu'elle  eft  trop  foible,  elle   ne 
pouffe  pas  affez  les  excremens   à  la    fuperficie,  & 
ne  defTechc  pas  fuffifamment  la  matière   pour  en 
former  des  poils.  Il  faut   outre  cela   un  lieu  con- 
venable comme  la  peau    qui  eft  poreufe  par  tout  , 
afin  que  le  poil    puifte   en  fortir.    Audi  voyons- 
nous  dans   chaque   pore^  un  poil  ,  excepté  à  la 
paulme  de  la    main  ,  &  à  la  plante    du  pied  ,   où 
ils  ne  peuvent  venir  ,  à  caule   que  les  pores  de  ces 
parties  font  trop  ferrez  :  mais  il  y  a  des   endroits 
de  la  peau  ,  où  ils  croilfent  plus  aux     uns  qu'aux 
autres  i  ce  qui  dépend  de  ce  qui  fe  trouve  fous 


V 1 1.  Vémonjlratlon  Anatom,  44^ 

elle.  Par  exemple  ,  au  (încipot  les  chevux  ne  croi- 
(îenc  pas  tant  qu'à  l'occiput,  parce  qu'il  n'y  a  pas 
tant  d'humiditezjni  de  graille  qu'à  l'occiput .  C'efi: 
auiîi  la  raifon  pourquoi  le  devant  de  la  tête  fe  dé- 
garnit de  cheveuxjtk:  devient  plutôt  chauve  qu'au- 
cune autre  partie  de  la  tête. 

On  a  obrervé  qu'aux  corps  morts  les  poils  &  les  croiiTcnc 
ongles  croilfent  après  les  avoir  coupez  ,  parce  que  après  U 
leurs  racines  trouvent  fous  la  peau  une    humidité  "^°^^* 
qui  les  nounit,  de  même  que  les  plantes  que  l'on 
taille  fouvent  ne  laifïcnt  pas  de  repouiîer  ,  parce 
que  la  terre  leur  fournit  une  fève  c[ui  leur  ferr  de 
nourriture.  Il  vient  des  poils   en   d'antres  parties 
qu'à  la  peau,  on  en  a   trouvé  dans  des  abfcés  :  en 
l'année  1  6 84. à  Valenciennes,celui  qui  étoit  Prévôt 
lorfque  la  ville  fe  rendit  au  Roi  m'en  fit  voir  qui 
lui  fortoit  par  la    verge,  il  me  dit  que    de   tems 
en  tems  il  voyoit  paroître  par  l'ouverture  du  bouc 
de  fa  verge  un  poil  qu'il  tiroit ,  &  qui  étoit  de  la 
longueur  defept  du  huit  poulces  ;  il    croyoit  être 
enforcelé,mais  je  le  détrompai  de  cette  opinion  ,  \ 

en  lui  faifant  voir  que  cela  étoit  naturel,&  lui  di- 
fant  que  ces  poils  fortoient  de  quelque  endroit  de 
l'uretrejComme  des  proftates,de  ia  même  manière 
que  l'on  en  voit  venir  au  fein,&  même  croître  tel- 
lement qu'on  eft  fouvent  obligé  de  les  arra- 
cher. 

La  erandeur  des    cheveux  n'eft  pas    é^ale    en  ,  Grandeur 
Y  1  r  .1  ^        •    \  des  che- 

îoutes  joites  de  perlonnes  ;  ily  en  a   qui   les  ont  yeui. 

fprt  longs  j  &  d'autres  fort  courts  ;  ce  qui  dépend 

du  fuc  propre  à  les  nourrir,  qui  fe  trouve  plus  ou 

moins  abondant  aux  uns  qu'aux  autres  :  Les  uns 

les  ont  gros  ,  &c  les  autres  fins    &  déliez  ,  félon 

que  les  pores  par  où  ils  font  fortîs  font    plus    ou 

înoins  larges.U  y  en  a  qui  les  ont  droics,les  autres 


44 s  ^^  ^^  "T"^^^  ^  ^^  fis  parties , 

fiiiez;cc  qui  provient  de  la  formation  des  pores 
de  la  peau  ;  lorfqu'ils  font  droits  ,  les  cheveux  le 
font  auiîi  }  mais  quand  ils  font  courbes   ou  obli- 
ques, les  cheveux  qui  en  forcent  font  frifés  :  L'on 
remarque  que  ceux     qui  font  d'un   tempérament 
hum:de,ont  le  poil  plus  douxj^S^  que  ceux  au  con- 
traire qui  font  plus  fecs,  l'ont  plus  rude. 
Figure  des       La  figure  des  cheveux  nous  paroît  ronde  ;  mais 
cvcux.      |g  l-l-^icJ;ol^;opc  nous  fait  voir  qu'il  y  en  a  de  trian- 
gulaires &  de  quarrez,  aulîl  bien  que  de   ronds  } 
ils  empruntent  leur  figure  de  la  configuration  des 
pores  par  où  ils  ont    paiTé   ,  de  la  même  manière 
que  le  plomb,dont  fe  fervent  hs  VitrierSjprend  la 
figure  du  trou  du  moulin  par  où  on  le  fait  palTer. 
Les  cheveux  le  peuvent  feparer  ,  en  deux  ou  trois 
partiesjcc  qui  fe  voit  à  leurs  extrêmitez  ,  Icrfqu'ils 
fe  fourchent  ;  Le  Microfcopc  nous   découvre  en- 
core qu'ils  font  creux,  comme  de  petits    tuvaux   ; 
ce  qui  ell  confirmé    par   une    maladie    apellée 
pUca  ,  à  laquelle  les  Polonois  font  fujets  ,  &  dans 
laquelle  il  fort  du  fang  par    l'extrémité    des  che- 
veux. 

La  couleur  des  cheveux  eft  différente  ,  (uivant 
Couleur  des  i  •       i  \        ^  sr  \ 

cheveux       ^^^  P^^^  '  ^^^  temperamens  ,  les  âges  ,  oC  les  qua- 

litez  de  l'humeur  qui  les  nourrit.  Ceux  qui  habi- 
tent les  pais  chauds  ,  comme  les  Maures  ,  les  onc 
noirs,  rudes  &c  frifcz.  Ceux  qui  demeurent  dans 
les  païs  tempérez  ,  les  ont  de  différentes  cou- 
leurs ,  &  fouvent  bafanez  &  cendrez.  Ceux  qui 
font  dans  les  pais  froids,  comme  les  Danois  ,  les 
ont  blonds  ,  mois  &c  droits  :  Les  temperamens 
changent  aufïi  la  couleur  des  cheveux  ;  mais  quel- 
que diverfité  que  l'on  remarque  dans  la  couleur 
des  cheveux  ,  foit  qu'elle  foit  caufée  ,  ou  par  les 
pais  ,  ou  par  les  temperamens,  ou  par  les  âges  ,  la 

vieilleir© 


VII.  Dé  fnonjirtitien  Anatomîque.  44P 

vicillcire  ordinairement  cliangc  toutes  ces  cou- 
leurs en  une  qui  eft  blanchcice  qui  arrive  alors 
aux  vic'illaràspar  le  peu  dliumcur  qui  lear  relie. 

Les  poils  font  de  deux  ferres  ,  ou  ils  naillenc  Divifioa 
avec  l'enfant,  comme  ceux  delà  tête  ,  des  four- dci poils, 
cils  &c  des  paupières  ,  ou  ils  viennent  après  que 
lenFant  eft  né  ,  comme  ceux  du  menton  ,  des 
a'iflèlles  &  du  penil.  Ces  derniers  ne  viennent 
après  la  nailïanee  que  dans  le  tcms  environ  que 
la  femencc  commence  à  venir  aux  garçons  ,  bz  les 
purgations  aux  tilles.  Il  ne  vient  point  de  ces  poils 
au  menton  des  filles ,  parce  que  les  menftruës  eu 
évacuent  la    matière. 

Je  necroi  pas  que  les  véritables  ufages  des  poils  ^     k)^^^* 
&  des  cheveux  foicnt  de  défendre,   de  couvrir,  &  &  des  che> 
d'échauffer  les  parties  ,  de  fervir  d'ornement,&  de  ^^"*' 
rendre  l'homme  vénérable.  Mais  je  fuis  perfuadé 
que  nous    tirons  plus  d'a\  antage  de  les  Ôcer  que 
de   les  conferver ,  parce   que  ce  font    autant  de 
particules   excrementeufss  employées  à  leurs    ré- 
génération ,  que  par  ce  raoven  nous  faiioas    for- 
tir  de  nôtre  corpszLietre  opinion  eft  confirmée  par 
l'expérience  de  ceux  qui  après  s'écr^faic  rafer  les 
poils  &  les  cheveux  ,  en  font  foulaô;ez  ,  ôc  qui  fc 
trouvent  incommodez  lorfqu'ils  néeligenu  de  s'en 
aeraire. 

Il   y  a  peu  de    différence  entre  les  tegumcns     Srru(5lure 
communs  de  la  tête  6c  ceux    du  refte  du    corps  j^ucuirche» 
Tépiderme    y  eft  un   peu   plus  épais,     aufli  bicn^'''^' 
que  la   peau  dans  laquelle  tous  les  cheveux    font 
plantez  bien  avant. L'on  y  trouve  aulTi  une  infini- 
té de  glandules  qui    ont  clracune  un    petit  con- 
duit qui   aboutit  à  chaque   pore  i  c'eft  de-là  que 
viennent  les  fueurs  ,  qui  (ont   foiiv.°nt  abondan- 
tes en  cette  parée  ,  6c  qui  fe  delfechant  au(ïi-tôc 

Ff 


45 o  De  U  Tête  &  de  fes  parties  , 

qu'elles  font  forties ,  font  la  crallë  de  la  tére  :  ce 
font  ces  mêmes  glandules  qui  forment  encore  les 
loupes  qui  viennent  fi  fouvent  à  la  tête  ,  lois 
qu'elles  font  engorgées  &  tuméfiées  ;  la  peau  n'a 
pas  le  fentîment  fi  vif  à  la  tête  qu'aux  autres  par- 
ties ,  ce  qui  cft  facile  à  remarquer  en  fe  peignant. 
On  attribuoit  autrefois  le  mouvement  du  front 
&  de  l'occiput, au  pannicule  charnu  5  mais  la 
peau  du  front  &  celle  du  derrière  de  la  tête  fe 
meuvent  par  des  mufclcs  cutanez  qui  font  les. 
frontaux  &  les  occipitaux,  comme  je  vous  le  ferai 
voir  demain. 
Ç  Le  pericrane  eft  la  première  des  parties  conte- 

Le  pcri-  nantes  propres  j  c'cfl:  une  membrane  d'un    fenti- 

crane.  nient  tres-exquis  ,  déliée  ,  &  molle  ,  qui  envi- 
ronne le  cranc  de  toutes  parts  5  c'cfl  pourquoi 
elle  eft  apellée  pericrane  j  l'on  veut  qu'elle  pren- 
ne fon  origine  de  la  dure-mere  ,  &  qu'elle  ne  foie 
qu'une  continuité  de  fes  fibres  qui  forçant  par  les 
futures  fe  dilatent  &  couvrent  le  crâne.  Cette 
opinion  n'eft  pas  vraye ,  quoi  qu'elle  paroiiïè 
vrai  -  femblable  ,  puifqu'elle  eft  une  membrane 
tout  -  à  -  fait  féparée  de  la  dure-mere  ,  qui  a  fon 
principe  dans  le  germe,  comme  toutes  les  autres  ; 
&  qui  revêt  extérieurement  le  crâne  ,  excepté  à 
l'endroit  des  mufcles  crotaphites  ,  par  dellus  lef- 
quels  elle  palïè  pour  aller  s'attacher  à  l'apophifc 
zigomatique. 
Vai/Tcauî      Le  pericrane   reçoit   des  nerfs  de  la   feptiéme 

^u  pcrxra-  p^jj-g  J^  cerveau,  &  de  la  féconde  paire  du  con  , 
ce  qui  le  rend  fi  fenfible  &  fi  douloureux  dans  les 
playes  de  la  tête  :  Il  a  des  artères  qui  lui  viennent 
àçs  carotides  j  &  fes  vénes  vont  fe  rendre  dans  les 
iuî^ulaîres. 
Lcpcno-     Le  periofte  eft    une  membrane  nerveuie  tort 


V 1 1.  Démonftrat'ion  Anatomîque.  451 

<!éliée  &  fort  (enfible  ,  qui  elt  fous  le  peiicrane , 
&  qui  couvre  immediatemeiic  le  crâne  &  cous  le 
aunes  os  ,  excepté  les  dents  ;  la  plupart  des  Au- 
teurs ont  confondu  cette  membrane  avec  le  peri- 
crane  ,  &  n'en  faifoient  qu'une  des  deux.  Elle  eft 
telleraenc  adhérante  au  crâne  ,  que  l'on  a  de  la 
peine  a  l'en  féparer  ;  elle  a  les  mêmes  vailTeaux  ÔC 
le  mêmeufage  que  le  pericrane. 

Je  ne   m'arrêterai    point    à   vous  parler  ici  du  j^^JT^J"" 
crâne  ,  nous  l'avons    fuffifamment  examiné   dans  (riei  le  «a- 
l'Ofteoloeie  ;   ie   vous  ferai   feulement    obferver  "^c* 
que  pour  bien  voir  toutes  les  parties  du  cerveau, 
il  faut  le  fcier  le  plus  bas  que  l'on  peut ,  &  qu'il 
faut   lever  doucement ,  de  peur  de  déchirer  la  du- 
re-mère  ,  qui  y  ell  attachée  aux  endroits  des  fu- 
tures. 

La  première  chofe  que  ie  vous  prie  de  remar-  ,.  P'"^^"''* 
quer  après  avoir  levé  ie  crâne  ,  c  elt  une  inn  1  te  qui  vnc  de 
de  petites  ouvertures  qui  font  à  la  dure- mère  aux  ^*  '^"^" 
endroits  des  lutures  ,   oC  d  ou  on    voit   lorcir  de  crâne» 
nouveau  fang  à  mefure   qu'on  l'elfuye  :  Ce   qui 
fait  voir  qu'il  y    a  des  vailTeaux  qui  vont    de  la 
dure-mere  au  crâne,  &  qui  entrent  par  les  futures 
dans  le  diploé  :  Ces  filamens  font  de   petites  artè- 
res ,  qui  portent  le  fang  dans  la  partie  moyenne  du 
crâne  pour  fa  nourriturc,&  des  vénules  qui  repor- 
tent le  fuperflu  de  ce  fang  dans  les  finus  de  la  dure- 
mere. 

Les  membranes  qui  font  enfermées  dans  le  crâne     rjg.jj 
font  la    dure-mere     &  la    pie-mere  :  Elles    font  membranes 
apellées  méninges ,  &  on  leur  a  donné  ce  nom  de  jjj''^^  ^'^ ^'^*" 
■  mère  j  parce  qu'on  pretendoit  qu'elles  étoient  les 
mères   de  toutes  les  membranes  du  corps  ;  on  a  a- 
jouté  ce  mot  de  dure  à  l'externe  ,  à  caufe  de  fa  for- 
ce &  de  fon  épaiircurj&  celui  de  fie  à  l'interne  à 
caufe  de  fa  delicateire,  F  f  ij 


45 1  De  la  Tête  &  de  fes partîes , 

CGC  Ayant  levé  le  cvane  ,  la  première  partie  qui  le 

^^tr  prefente  à  nos  yeux  eft  la  duie-merc,qui  eft  com- 
S?Ii  poféed'un  double  plan  de  fibres,  qui  s'entre  croi- 
tion.  Çç^^^  en   mille  &  mille  manières  ,  neanmoms    on 

peut  quelquefois  la  divifer  eu  deux  alîbz  facile- 
ment. Elle  eft  beaucoup  plus  épaille  dans  les  jeu- 
nés  fujets,  de  fort  adhérente  au  crâne  par  quantité 
de  petits  vailfcaux  ,  qui  fervent  de  nourriture  a  la 
table  interne  du  crâne  ,  de  même  que  lepericrane 
^  en  a  qui  font  pour  nourrir  la  table  externe.  Mais 

dans  les  vieux  fujets  ,  elle  n  eft  adhérente  qu'eaux 
endroits  des  fmus  &  des  futures  ,  par  où  elle  jette 
pîuheurs  filets  qui  s'atwchent  même  avec  le  pen- 
crâne,  dont  pîuheurs  croyent  que  cette  membrane 
n'eft  qu'une  production. 
De  la  dure-      Dans  la  plupart  des  animaux  ,  comme  dans  le 
^cau'  &  de  veau,la  dure-merc  eft  beaucoup  plus  déliée  &  plus 
fa  differcn-  mince  que  dans  Hiomme  ,  en  forte  que  les  vail- 
'a.  kn^^^^^  féaux  s'y  trouvent  Ci  déliez,  qu'on  n'y  fçauroit  bi- 
wc  re  entrer  de  la  cire  par  les    injedions  ;  &  ils  ne 

s'impriment  point,comme  dans  l'homme  ,  contre 
la  table  interne  du  craneimais  à  la  place  des  vcftiges 
de  ces  vaifTeaux  l'on  voit  toutes  les  traces  des  an- 
fraduofitez  de  la  fuperficie  du  cerveau,  ce  qui  ne 
fe  rencontre  point  dans  le  crâne  humain. 
Des  vaîf-       Tous  les  vaiftéaux  qui  paroifïént  beaucoup  éle- 
fcacxdc  h.  ^ç^  ç^^^  j^  furface  extérieure  de  la  dure-mcre,  qui 
&'commcm  Te  glillént  &  qui   rampent  dans    fa   duplicature , 
iJsJont  a-  (-Q,^^  ^es  artères  &  des  vénes,difpofées  de  telle  (or. 
te,  que  l'aiîere  eft  toujours  fous  la  vcnc  ,  afin  que 
i'artere  dans  fon  mouvement  ne  frappe  point  con- 
tre le  crâne.  Les  artères  du  cerveau  viennent  des 
carotides  internes  ,&  celles  du  cervelet,  des  ver- 
tébrales   Les  vénes  du  cerveau  fc  dégorgent  dans  ^ 
les  jugulaires  internes  ,  ôc  celles  du  cervelet  dans 


tuez. 


^i»€ 


I 


VI 1.  Démonjlrmîon  Anatormque,         45-5 

îes   vertébrales.  Tous  ces  vaillcaux  s'anaftoaio- 

fem  \\zs  arceres  ,  avec  les  artères  ,les  vénes  avec 

les  vénes, afin  que  fi  le  cours  du  fang  eft  empêché 

d'un  coté  ,  il  en  vienne  de   l'autre  iurfîiamment 

1  T-      1  •  1  T      Ingénieux 

pour  tout  le  cerveau  :  ht  de  crainte  que  les  vait-  artifice  de 

ieaux  ne  fulïent  comprimez,  la  nature  a  fait  palFer  '^  nature, 
l'artère  vertébrale  dans  un  canal  ofTcuXjCreufé  dans  péchcrlâ 

les  apophy-res  tranfverfales  des  vertèbres  du  coI,&  compref- 

c  ■  ->  j         1  1     non  dcï  ar- 

a  rait  entrer  cette  même  artère  dans  le  cranc  par  le  ccresduccr- 

letrou  occipital,  où  elle  palTe  dansune  échancrure  veau. 

de  la  première  vertèbre  du  col,  ce  qui  l'emDcche 

d'en  être  comprimé.  On  voit  par  là  que  les  pendus 

ne  meurent  pas  par  la  compreffion  que  la  corde    _ 

r  .  ^1  *■    •  1     r     I  Expcncn^ 

rair  aux  artères  du  cerveau, mais  par  la  leule  com-  ccfai:e  fur 

prefiîon  de  la  trachée-artere.  Car  on  peut  lier  fans  »'"  chien  vi- 

craiute  les  deuxcarotidesrc'cd  ce  qu'on  a  fait  à  un   "    *  • 

chien  vivant  ,  qui  refta  un  peu  alfoupi  pendant 

quelques  jours  ,  mais  après  il  revint  auffi  gaillard 

&  aulîî  agilfant  qu'auparavant.  Outre  ces  quatre 

artères  ,  la  dure-mcre  en  reçoit  encore  de  la  ca- 

rotide  externe  ,  dont  il  y  a  un  rameau  qui    entre 

dans  le  crâne  par  un  trou  du  fphenoide  ,  &  qui  va 

enfuite  fiire  fur  la  dure-mere  la  feuille  de  figuier 

fur  chaque  pariétal. 

Il  faut  remarquer  ici  que  quelques  ai teres  fe     Commu- 

jettent  obliquement  ,  après  avoir  fait  des  détours  "'^^"on'Jcs 
r      1     j  11       •    I    L    •••Il  artères   de 

lur  la  dure-mere  pourrallentir  le  bouillonnement  la  dure- 

du  fane,qui  cauferoit  de  grandes  douleurs  de  tête.  "^«r?avec 
Ces  artères  fc  dégorgent  dans  les  iinus  de  la  dure- 
mere  ,  &:  principalement  dans  le  longitudinal  fu- 
perieur,aprés  avoir  rampé  &  fiitplufieurs  dcrours; 
ce  qui  n'arrive  en  aucun  autre  endroit  du  corps,  • 
car  le  fang  des  artères  ne  fe  mêle  jamais  avec  ce- 
lui des  vénes  ,  qu'il  n'ait  parte  auparavant  dans 
quelques  glandes,  ou  parmi  les  fibres  de  quelques 

Ff  iij 


454  ^^  ^^  '^^^^  ^  àefes  parties, 

parties.  En  effet  on  ne  voie  point  de  commu- 
nication immédiate  des  vcnes  avec  les  artères  en 
aucun  endroit  du  corps  ;  &  la  railon  pour  laquel- 
le cela  fe  fait  ici ,  eft  peut-être  pour  donner  une 
grande  liquidité  au  fang  qui  eft  contenu  dans  les 
lînus  5  lequel  eft  comme  cxtravafé  &:  dépouillé 
de  ce  qu'il  avoic  de  plus  fin  &  de  plus  fubcil  dans 
les  "landes  du  cerveau,  &;  même  de  toute  la  fero- 
fité  qu'il  a  perdue  dans  les  glandes  du  plexus  cho- 
roide  ,  ce  qui  pour. oit  faciliter  fa  coagulation  , 
s'il  n'écoit  ranimé, vivifie,  &  réchauffé  par  le  fang 
artériel, 
i^'^d^^c-  La  dure-merc  revêt  &  envelope  toute  la  fub- 

merc.  ftance  du  cerveau  &  du  cervelet.  Elle  fert  premie- 

rem.ent  à  empêcher  que  le  cerveau  dan';  les  gran- 
des commotions  de  têre  ne  fe  choque  rademenc 
contre  le  crâne  ,  '.n  rompant  la  violence  ci  coup 
qu  il  reccvroit.  Secondement  elle  lui  fert  de  four- 
rure ,  en  retenanE  toutes  les  parties  les  plus  vives 
&  les  plus  fubtilesqui  s'échapent  continuellement 
du  cerveau. Troifiémement  à  remplira  à  boucher 
exaftcment  tous  les  trous  du  crâne  par  où  pailént 
tous  ces  vaiffeaux,  tant  fanguins  quenervcux.Elle 
fert  encore  à  donner  aux  nerfs  une  envelope,&  à 
empêcher  qu'ils  ne  foient  offcnlez  parla  dureté  dc 
l'àpreté  du  crâne  en  palfant  par  fes  trous. 
Le  fcnti-       Elle  eft  d'un  fentiment  trcs-exquis  ,  &  le  cer- 

nicr.c  de  la  ^  fouffre  qu'autant  qu'elle  eft  intereftee,  de 

durf-merc  \  ,      ^ 

cfî  tore  ex-  forte  qu'on  peut  impunément  &:  fans  douleur  con- 
quis, pgj  jg  cerveau  ,  quand  il  eft  une  fois  dépouillé  de 
la  dure  mère:  cependant  on  n'y  remarque  prefque 
point  de  nerfs  j  je  ne  fçay  fi  l'on  ne  pourroit  pas 
dire  que  fa  fenfibilité  provient  de  ce  qu'envelo- 
pant  &  étant  comme  unie  exa6tement  à  tov-.s  les 
îierfs,  elle  leur  communique  jufqu'aux  moindies 


V 1 1.  Démofijiration  Anatomlque.  455- 

împreflions.Ajoùtez  à  cela  qu'elle  reçoit  quelques 
filets  des  dix  paires  de  nerfs  du  cerveau  ,  aux  en- 
droits qu'ils  la  percent,  particulièrement  de  la  cin- 
quième paire. 

La  durc-mere  eft  double  à  l'endroit  où  elle  s'a-    I^s  cn- 
longe  fous  la  future  fagitrale3&  entre  da<is  lafub-  durc"mcr«* 
sftancc  du  cerveau  toujours  en  diminuant  ;  elle  va  eft  double 
en  s'étreciilant  du  cervelet  au  devant  de  la  tête 
s'attacher  dans  l'enfoncement  du  coronal^au   AqÙ 
fus  du  crifta-galli.    Ce  redoublement  s'appelle  la         P 
faux,parce  qu'il  en  a  lafigure.Elle  eft  encore  dou- 
ble vers  la  luture  lambdoide-,oii  elle  eft  quatre  fois 
plus  cpaillepour  divifer  le  cerveau  &  le  cervelet. 

L'ufage  de  la  faux  eft  de  feparer  le  cerveau  par  Ufage  ds 
le  milieu  félon  fa  longueur  ,  en  partie  droite  &  en  '^"U^* 
partie  gauche  ,  pour  empêcher  qu'un  côté  du  cer- 
veau ne  prelTe  l'autre,quaud  on  eft  couché  (ur  un 
côté  de  la  tête,  &  pour  loûtenir  les  féconds  ilnus 
longitudinaux  ,  qui  s'aflfaKreroicnt  fans  elle  ,  & 
enfin  pour  empêcher  que  la  pourriture  d'un  côté 
ne  (e  communique  fi  facilement  à  l'autre  ,  d'où 
vient  qu'on  peut  voir  le  côté  droit  gâté,  le  gauche 
étant  fain. 

Le  fécond  redoublement  de  la  dure-mere,  atta- 
ché à  la  crête  de  l'occipital  ,  fert  à  empêcher  que 
les  deux  lobes  pofterieurs  du  cerveau  ne  compri- 
ment le  cervelet  ,  &  à  foutcnir  les  deux  finus  laté- 
raux dans  les  animaux  féroces.  En  cet  endroit  fe 
trouve  une  avance  olleufe  qui  fortifie  l'ufage  que 
nous  venons  de  donner  à  ce  redoublement.  Re- 
marquez que  c'eft  cet  endroit  qu'on  nomme  tor- 
cular  ou  le  preflbir.  J'ai  pourtant  de  la  peine  à  croi- 
re que  cette  avance  oftcufe  ait  l'ufage  d'empêcher 
que  dans  les  commotions  du  cerveau,  &  dans  les 
adioHs  violentes  de  ces  animaux  ,  comme  dans  la 

F  f  iiij 


45  ^  i^^  i^  '^^f^  ^  ^^  fi^  parties , 

Courfe  ,  le  cervelet  ne  (oie  point  comprimé*  Car 
premièrement  cette  apendice  olfeufe  ne  Te  trou- 
ve point  dans  les  cerfs  qui  (ont  fi  légers  à  la  cour- 
fe, il  femble  même  qu'il  feroit  plus  fâcheux  que  le 
cerveau  vint  à  fraper  contre  ces  os  que  contre  la 
duplicature  de  la  dure-mere.  Enfin  il  y  en  aune 
troiiiéme  attachée  à  l'épine  de  l'occipital  j  elle  fe- 
pare  les  deux  lobes  du  cervelet, 
dans  la  T*  *^"  remarque  dans  la  dure-mere  dix  finus ,  qui 
re-merc.  lont  comme  autant  de  grandes  rivières  où  plu- 
lieurs  petits  ruilîeaux  fe  déchargent.  Ces  finus  font 

■r    ,      .au  nombre  de  quatre  princii-aux  ,  connus  &  dé- 

Lelongi-      .  \  ^      c  •     1     I         •      j-      I 

tudinal  lu-  crits  de  tons  les  Auteurs  :  bçavoir  le  longitudmal 

pcncur.       fiiperieur  ,  les  deux  latéraux  Si.  le  droit.  Les  autres 

ÎF       font  inconnus  aux  Anciens, fçavoir  le  longitudinal 

Les  dfux  inférieur  ,  un  à  la  crête  de  l'occipital ,  deux  fur  l'a- 
laceraux.  ,  t      •  r  i  o    \'  i 

popmlc  pierreule  ,  un  en  haut  <x  1  autre  en  bas  j 

G        qui  communiquent  entre-eux  vers  la  felle  du  fphe- 
ie  droir.        -j     o         •  •  r  •.  j 

noide  (k  qui  communiquent  enluite  avec  ceux  de 

H        l'autre  côté  vers  les  Apophyfes   clinoidcs  pofl-e- 

fctieur.  Le  longitudinal     fuperieur   eft   couche  fijr  la 

faux  le  long  de  la  future  fagitale  ,  &  va  finir  coni- 
du  longi-  nie  la  faux  au-delïus  du  crijia  gallî.  Les  latéraux 
tudinal  iu-  commencent  vers  la  future  lambdoide  ,  où  com- 
dcslatc'  mencent  la  faulx  &  le  longitudinal  poflerieur.  Ils 
laux.  font  faits  du  poftericur  divifé  en  deux  ,  à  l'endroit 

où  il  forme  la  pointe  d'un  arche  de  pont  ou  de  trian- 
gie.Ces  deux  finus  fe  portent  iur  la  féconde  dupli- 
cature ,  chacun  de  fon  côté, 
du  finus"^        Le  droit   prend    fon  commencement  vers  l'u- 
droic.  nion  des  latéraux  ,  ou  la  divifion  du  longitudinal 

fuperieur  ,  &  va  droit  à  la  glande  pineale  qui  fe 
trouve  dans  tous  les  animaux  ,  quoyqu'en  difenc 
les  Anatomiftes    de    Montpellier  :     mais     elle 


y  IL  Démorifiratlon  Anatomlque.  4^7 

cft  plus  petite  &:  plus  difficile  à  trouver  dans  cer- 
tains animaux  que  l'homme.  Le  longitudinal 
inférieur  coule  le  long  de  l'extrémité  de  la  faulx, 
&  aboutit  dans  le  droit  i  il  fe  rencontre  toujours 
dans  l'homme  6c  dans  les  autres  animaux,  ou  bien 
à  fa  place  il  y  a  une  grolïe  véne  qui  fait  le  même 
office  que  le  finus. 

Celui  de  lacrctede  l'occipital  fe  de^orse  dans     Les  finm 
les  latéraux  ,  &   ne  s'étend  pas  plus  loin  que  la  du  cianc 
crête  de  cet  os.  Les  autres  de  la  bafc  du  crâne  fe  verxndc 
dccharg-ent  tous  dans  les  latéraux, les  uns  plus  haut  ,^"u,- ^ 
&  les  autres  plus  bas  ,  6c  pour   l'ordinaire  à  l'en-  raux. 
droit  où  ils  font  le  contour  en  forme  d'S  romaine, 
&  enfuite  fe  déchargent  dans  les  jugulaires,  inter- 
nes &  vertébrales. 

Dans  tous  ces  fînus  fe  trouvent  de  petites  brides  Ufage»  des 
qui  font  des  appendices   membraneufes  &  tranf-  dcs"q^ui  fé' 
verlales,  qui  comme  des  cordes  retiennent  les  pa-  tro»'<^nt 
rois  des  finus  ,  àc  les  empêchent  de  fe  trop  dilater  finus  de  U 
par  l'affluence  du  fang  ,  de  crainte  de  comprimer  ^urc-mcL- 
le  cerveau.  Elles  brifent  le  cours  du  fang  qui  cou-    ' 
leroit  trop  impetueufement  dans  les  linus  lonaû 
tudinaux  qui  vont  beaucoup  en  pente  ,  d'où  vient 
qu'elles  y  font  en  plus  grand  nombre  6c  plus  con- 
(iderables  que  dans  les  autres  ,  èc  principalement 
dans  le  fuperieur.  On  trouve  quelquefois  dans  ces 
finus  des  polypes  ,  qui  font  des  corps  durs,blancs 
&  longs  ,  qui  fe  forment  affez   fouvcnt  dans  les 
ventricules  du  cœur  ôc  dans  les  vénes. 

Ces  dix  finus  fervent  à  contenir  le  faner  quel-    A  quoi 
que  tems  dans  le  cerveau  ,  afin  de  f  cchautfcr  par  j"^/'^   ^^* 
fa  chaleur  douce  6c  bénigne  ;,  Se  propre  à  la  eéné- 
ration  des  efprits  animaux  ,  ^  d'empêcher  qu'ils 
ne  coulent  trop  promptement.  Ils  fervent  aufli  à 
recevoir  le  rehdu  du  fang  des  vénes  capillaires  du 


45  S  De  la  Tête  &  de  fes  parties  , 

cerveau  ,  pour  le  décharger  &  diftiibuer  dans  les 
vénes  jugulaires  6c  vertébrales  pour  la  circula- 
tion. 

DcsTcnes      Ces  finu-s  ne  reçoivent  pas  feulement  le  fan^  de 
qui  rappor-  i,-         .  ,     :       >*  .     -i  j   '  i 

lent  le  fang  ^  luterieur  de  la  tcte  ,  mais  il  y  a  une  vcne  du  de- 

du  dehors   hors  de  la  tète  qui  paife  par  un  trou  marqué  der- 

*    rierel'apophyfe  maltoidc  ,  qui  décharge  dans  les 

fînus  latéraux  le  Tang  qu'elle  raporte  du  dehors. 

il  s'en   rencontre  encore  quelquefois  une  autre 

qui  palTe  par  un  trou  qui  efl:  dans  la  partie  fupe- 

rieure  des  pariétaux,  proche  de  la  future  fagittale, 

&  va  au  finus  longitudinal  fuperieur.  Outre  cela 

il  y  a  plufieurs  vénes  qui  palîent  par  les  interftices 

des  futures,  pour  le  rendre  a  la  durc-mere  :  Par  là 

on  explique  plufieurs  malades. 

Ufagcsdcj      Les  deux  contours  en  façon    d'S  romaine  des 

dcsfinu"la-^^"^  latéraux  ,  empêchent  que  le  fang  ne  fe  pre- 

tcrauz.        cipite  dans  les  vénes  ;  ils  font  gravez  allez  avant 

dans  l'os  occipital  pour  garder  cette  figure, 
les  T?î!«  "^     Toutes  les  vénes  capillaires  ,  avant  que  de   fe 
cipillaires   dégorger  dans  les  finus  s'alîemblent  en  torme  de 
dam7cT     '^'^oï^cs  5  qui  après  avoir  fait  plufieurs  circonvo- 
finus.  lutions  fur  la  dure-mere ,  fe  jettent  dans  les  iî- 

nus  par  des  embouchures  obliques  ,  s'ouvrant 
contre  le  courant  du  fang  ,  afin  qu'il  n'y  entre 
pas  en  trop  grande  quantité  ,  &  que  fon  mou- 
vement foit  ralenti.  Dans  l'homme,  ces  oiitîces 
regardent  le  fmciput  ,  &:  dans  les  bêtes  l'occipat," 
parce  que  l'homme  portant  la  tête .  haute  &c  droi- 
te ,  le  fang  couleroit  avec  trop  d'impetuofué  de 
devant  en  derreire  ;  &  dans  les  bêtes  au  contrai- 
re 5  pour  faciliter  fon  mouvement  «Se  l'aider  à 
monter  dans  les  fmus  &  dans  les  vénes ,  ces  orifi- 
ces, comme  nous  avons  dit  ,  regardent  f  occiput, 
parce  qu  elles   portent  la  tête  en  bas  ,  ^  que  le 


VIL  Demo-fiflration  Anatomîque,  45^ 

fang  y  a  plus  de  pente  de  deriiete  en  devant.  a  quoi 

L'obliquité  de  l'infertion  des  vai  eaux  dans  les  r«t  l'iofcr- 
fïnus  iert  encore  a  empêcher  que  les  hnus  ne  s  en-  g^^  d^ 
gore;ent  ,  parce  qu'étant  une  fois  pleins  ,  le  fang  vaifTeaui 
par  Ton  poids  pefant  fur  la  membrane  intérieure  fim^^ 
des  linus  ,  l'aplique  &  le  colle  contre  l'exteriea- 
re,  ce  qui  bouche  l'orifice  de  ces  vailfeaux  ,  de 
forte  que  ces  vailTeaux  ne  reçoivent  du  fang  qu'à 
mcfure  qu'il  s'en  décharge  dans  les  vénes  jugu- 
laires &   vertébrales  :  d'où  vient  que  fi  ces  gros 
vaiiTeaux  viennent  à  n'en  pas  recevoir  ,  comme 
il  arrive  quand  nous  tenons  notre   tète  fort  pan- 
chée  contre  terre  ,  le  fang  remplit  les  finus  ,  & 
généralement  toutes  les  vénes  du  cerveau;  ce  qui 
fait  que  nous  avons  une    pefanteur  de  tête  >  un 
ctourdilfemcnt,  un  ébloiiiffement,&  le  vifage  fort 
rouge  &  enflamé. 

On  demande  ici  l'explication  d'un  fait  de  pra-  tion^Jù"" 
tique  ,  qui  eft  que  lorfqu'on  a  fait  une  laignée  à  fait  depia- 
la  jugulaire  ,  il  arrive  ordinairement  au  malade  "^'^^' 
une  pelantcur  de  tête  ,   un  aflbupKfement ,  & 
quelquefois  la  rêverie ,  &  qu'après  la  faignée  du 
pied  le  n^alade  tombe  fouvent  en  fincope.  A  cela 
on  répond  premièrement,  que  quand  on  faigne  à 
k  jugulaire  externe,  c'eft  comme  fi  Ton  ouvroit 
rinterne,à  caufe  qu'elles  communiquent  enfem- 
ble  ;  de  forte  qu'on  defemplit  les  fnuis    &  les  vc- 
nes  du  cerveau  ;ce  qui  détermine  lelang  à  y  cou- 
ler par  les  artères  en  plus  (grande  abondance  ;  tc 
ayant  fermé  l'ouverture  de  la  faignée  ,  le  fang  qui 
a  été  déterminé  ,  comme  nous  venons  de  dire  5  a 
y  courir  abondamment ,  continue  ainli  fon  cours; 
mais  alors  les  vénes  jugulaires  n'en  déchargeant 
pas  tant  qu'auparavant ,  les  finus  fe  remplifTent  ; 
les  fînus  remplis  ,  les  vénes  du  cerveau  ne  pou- 


4^o  D^  l^  Tète  &  de  fe s  parties  , 

vant  s'y  dégorgerjComme  nous  avons  die,  fe  rem- 
pliffent  aufîî  &  écartent,  étendent  &  comprimenc 
la  fubftance  du  cerveau  ,•  ce  qui  trouble  la  filtra- 
tîon  &  la  diftribution  des  efprirs  ,  d'où  vient  la 
pefanteur  de  tête. 

Secondement,  la  faignée  du  pied  détermine  le 
fang  à  couler  en   bas  avec   impetaofité  \  &  cela 
d'autant  plus  facilement  que  l'artère  defcend  droit 
en  bas  ;  de  forte  qu'il  fe    porte  peu   de  fang  au 
cerveau  ,  à  caafe  qu'il  trouve  plus  de  refiftance 
&  de  difficulté  à  monter  qu'à  deiccndre;  ce  qui 
fait  qu'il  s'y  filtre  peu  d'efprits,  qui  ne  fufïifenc 
pas  pour  les  forts  mouvements  du  cœur.  Ce  puif- 
fant  mufcle  ne  fait  que  palpiter,(S^  alors  le  malade 
tombe  en  fincope,&  ainfi  vous  voyez  que  fuivant 
la  circulation  du  fang  il  faut  avoir  égard,&choiIlr 
de  certaines  vénes  dans  la  faignée. 
La  dure-       Ladure-merc&  les  Imus  ont  le  mouvement  de 
^nusfonrfa  «^'^^olc  &  de  fiftole,  à  caufe  de  la  grande  quantité 
cliaftoIe,)&  de  fcs  artères.  Il  faut  remarquer  que  les  carotides 
^  ^^-     paffent  dans  un  canal  ofîeux  creufé  dans  l'os  des 
temples  &  qu'elles  entrent  dans  le  ctane  vers  les 
nerfs  optiques,    à  côté  de  la  fclle  du    fphenoide. 
Ainfi  ils  font  deux  contours  pour  empêcher  que  le 
fang  ne  foit  porté  dans  les  pallions  en  trop  gran- 
de  quantité    au   cerveau.  La  même  mécanique 
s'obfcrve  dans  les  vénes  jugulaires  &  vertébrales. 
Ces  dernières  fe  contournent  fur  la  première  ver- 
tèbre du  cou,  &  puis  par  un  autre  contour  elles 
vont  pafler  par  le  trou  qui  eft  derrière  les  apophy- 
fes  de  l'os  occipital  :  Mais  les  artères  vertébrales 
après  s'être  contournées  fur  la  première  vertèbre 
du  cou  ,  où  elles  font  renfermées  avec  la  féconde 
paire  des  nerfs  du   cerveau  dans  une  échancrure, 
pallent  par  le  trou  occipital,  bc  ayant  fait  quel- 


FIL  "Démonflratlon  Anatomîque.  4  C  i 

ques  lignes  de  chemin  ,  elles  s'anaftoraofent  fur  la 

moelle  alongée,  puis  vont  fe  divifer  6c  diftribuer 

chacune  de  (on  côté  ,  &  s'anaftomofent  avec    les 

carotides  qui  ont  eu  communication  enlemble  de 

la  même  manière. 

Ayant  levé  la  dure-mere  ,  l'on  découvre  la  pie-         I 

mere,qui  elt  une  membrane  tres-nne  ex  très  -  de-  ^^^^^ 

Jiée  qu'on  a  peine  à   féparer  de  la  Tubdance    du 

cerveau  ,  dans  les  plis  &    replis  de  laquelle   elle 

s'enfonce  &c  dcfcend  jufqucs   dans  les  anfraduo- 

lïtez  les  plus  profondes, où  elle  conduit  les  vénes 

&  les  arteresj  ce  qui  fait  qu'elle   eft  beaucoup  plus 

grande  que  la  dure-mere. 

Elle  eft  parfemée  d'un  grand  nombre  d'artères  (^^  ij^pfc^.^^ 

■qui   vien;ient  des  carotides  &  des  cervicales  ;  &  mctc. 

d'autant  de  vénes  qui  forment  pluiieurs  labîrin- 

ihes  j  &  qui  vont   fe  décharger   dans    les  fmus. 

/^////j- remarque  qu'elle  eft  remplie  de  quantité  de 

petites  glandes  "qui  fervent  à  féparer  une  liqueur 

aqucufe  qui  humecle  ces   deux  membranes.  L'on 

prérend  que  cette  pie-mere  eft  fort  fcniîble,&  que 

c'eft  dans  cette  membrane  que  les  douleurs  de  técc 

ont  leur  (îege  principal, 

L'ufaee  de  la  pie-mere  eft  d'enveîoper  imme-  ,  ^[^'^  ^^ 
j.  ^    ,  f        .   ;-  1        r       •  I      I^  pic-me- 

diatement  le  cerveau  juiques  dans  les  circonvoiu-  re. 

rions,  &:  de  conduire  tous  les  vaifteaux  qui  entrent 

dans  fa  fubftance  ,  ou  qui  en  fortent. 

Les  oenmges  étant  levées  ,  on  voit  une  grofîe  LL 
maiTe  que  l'on  divife  en  partie  antérieure  ,  qui  eft  ^^^^  "'^* 
proprement  le  cerveau  ,  &  en  pofterieure  ,  qui  eft 
le  cervelet.  Ils  font  tous  deux  féparez  l'un  de  l'au- 
tre par  le  replis  de  la  dure  mère  ,  qui  outre  cela 
iépare  ,  comme  je  l'ai  déjà  dit ,  le  cerveau  en  par- 
lie  droite,  &  en  partie  gauche. 

Le  cerveau  eft  iciiué  au  lieu  le  plus  élevé  du     Situation 


du  cer- 
veau. 


Grân-^eur 
du  ccLveau. 


Fig'jrc  du 
cerrcau. 


M 

Circoti- 
▼olutionj 
du  cerveau. 


Mouvc 
ment  du 
cerveau. 


4(^2  De  la  Tête  &  de  fis  parties  , 

corps  ,  non  pas  a  caufe  de  fa  nobleiîc  leulemcnt , 
comme  quelques-uns  l'ont  prétendu  j  mais  pour 
la  commodité  des  fonélions  animales  dont  il  eft 
la  principal  organe.  Il  eft  enfermé  de  routes  parts 
dans  le  cranc ,  comme  dans  une  bocte  olTèufe , 
afin  que  rien  ne  puiflc  nuire  à  fa  fubftance  qui  eft 
molle. 

Le  cerveau  de  Thomme  eft  non  feulement  plus 
grand  que  celui  d'un  bœuf  ;  mais  il  Teft  encore 
plus  que  celui  d'un  éléphant ,  fencend  à  propor- 
tion de  tout  fon  corps  :  la  railon  qu'on  aporce  de 
fa  grandeur  fi  confiderable  dans  l'homme  ,  c'cft 
qu'étant  le  principe  des  fondions  de  l'ame  ,  fes 
a6tîons  en  iont  d'autant  plus  parfaites  qu'il  eft 
grand. 

La  figure  du  cerveau  eft  femblableà  celle  du 
crâne  ,  c'eft  à  dire  qu'elle  eft  ronde  &  oblonf^ue  , 
ayant  comme  lui  une  éminencepardevant  6c  une 
par  derrière  ,  &  étant  aplati  par   les  cotez. 

On  voit  à  la  furface  extérieure  du  cerveau  plu- 
fieurs  anfradtuofitez  ôc  circonvolutions  ,  fembla- 
bies  à  celles  des  intcftins  greiles  j  elles  fervent  à 
introduire  les  vaifteaux  dans  le  cerveau  par  le 
moyen  de  la  pie-mere  ,  qui  defcend  jufqu'au  fond 
de  ces  filions  ,  qui  font  autant  de  pores  par  où  la 
matière  des  efprits  entre  dans  le  cerveau  ;  de  for- 
te que  ceux  qui  ont  plus  de  ces  anfraduofitez  , 
doivent  former  beaucoup  plus  d'efprits».,  &  par 
confequent  être  plus  vifs  &  plus  capables  de  con- 
cevoir facilement  toutes  chofes  que  ceux  qui  en 
ont  moins. 

Le  cerveau  a  un  mouvement  de  diaftole  &  de 
fiftole  ,  de  même  que  le  cœur  :  quand  il  fe  dilate  , 
il  reçoit  l'efprit  vital  des  artères  j  &  lorsqu'il  fe 
refterre  ,  il  poufte  l'efprit  animal  dans  les  nerfs. 


y  1 1.  Bemonfiratîon  Anâtomlcjue.         4(^5 
Les ufages  du  cerveau  font  d'êtire  l'oigane  prin-    Ufagci  du 
cipal  des  fondions  de  Tame  ,  &  de   filtrer   l'efpric  ^-^"f^^- 
animal'  conjointement  avec  le  fuc  nerveux  qu'il 
diftribuë  à  toutes  les  parties  du  corps  par  le  moyen 
des  nerfs. 

Le  cerveau  eft  compofé  de  deux  fubftances  dif-  P^'^'^  ^^^' 
ferentes;  la  première  eft;  la  fubilance  corticale  ,  au-  cerveau, 
trement  dite  corps  cendre  ^  la  féconde   eii  la  mé- 
dullaire ,  que  l'on  apelle  corps  calleux. 

Il  faut  obferver  que  ces   deux  fubftances   ne     Fn  quoi 
différent  pas  feulement   en  couleur,  niais  encore  <^'™T^'''^ 
en  confiltauce,  par  exemple  ,  la  fubftance  cortica-  £;bfhncsî. 
le  eft  grisâtre  &  fort  molle  ;  la  mocllcufc  eft  blan- 
châtre &■  moins  molle  :  cette  obfervation  eft  ne- 
ceflaire  pour  les  confequences  que  nous  en  tire- 
rons ci-aprés. 

Le  corps  cendré  eft  ainfî  apelle  ,  parce  qvi'il  eft  ,  ^^^-p, 
grisâtre  comme  de  la  cendre  ;  on  le  nomme  aufîi  cendré, 
fubftance  corticale  ,  à  caufe  qu'il  eft  comme  Té- 
corce  du  cerveau  qu'il  environne  de  toutes  parts  : 
cette  fubftance  n'eft  autre  chofe  que  l'alfemblage 
d'une  infinité  de  petites  glandes  rangées  les  unes 
auprès  des  autres. 

Il  faut  vous  faire  remarquer  ici  que  la  fubftan-    _   ^  , 

ce  corticale  a  les  patties  plus   écartées  ,  cc  les  po-  dulcs  4m 

res  plus  ouverts  que  les  autres  fubftances  du  cer- f^^^J^P^'^" 
^     ç,  ^  j  f    .  II-    tiecortica- 

veau  5  &  que  quand    on  y  lenngue    quelque  h- ]e  du  ccr- 

queur  par  les  artères  ,  elle  ne  pénètre  qne  dans  la  veau, 
partie  corticale  ,  &  ne  pafte  point  dans  la  fubftan- 
ce médullaire. 

Ces  glandes  ont  chacune  un  tuyau  particulier,  j^^^  [^^^j. 
par  lequel  couje  l'efprit  animal  qu'elles  ont  filtré  qui  f^r.r  le 
du  fang  qui  y  eft  porté  par  les  artères  carotides  &:  du^if^i";'^" 
vertébrales.  Vvillîs  prétend  qu'elles   fervent  au  (fi 
à  en  filtrer  le  fuc  nerveux  ,   qui  eft  une  liqueur 


4^5  4  De  la  Tête  &  de  fe:  parties , 

huileufe  &  cres-fubcile  qui  ferc  de  véhicule  aux 
efprics  animaux,&  avec  le  fang  de  nourriture  aux 
partiesice  que  Ton  peut  obferveraux  bras  &  aux 
jambes  des  paraliciqueSjqui  ne  recevant  plus  de  ce 
fuc  deviennent  maigres. 
O  Le  corps  médullaire  eft     ainfi  apellé   ,  parce 

Le  corps  qu>j[  ^ft    d'une    fubftance     molle  comme  de  la 

:c.  moelle  :  elle   1  eit  cependant  moms  que    le  corps 

cendré.  Il  eft  fiuué  diredtemcnt  fous  le  cendre  , 
de  forte  que  la  pie-mere  ne  le  touche  point. 
Tous  les  tuyaux  qui  partent  des  glandeSjqui  com- 
pofent  la  partie  cendréejformcnt  tous  enfcmblc 
en  fe  rciinilfant,ce  corps  ou  cette  fubftance  mé- 
dullaire. 
V  Ceux    qui  admettent  le  corps  calleux  ,  difent 

ç^jlç^j^^'^P*  qu'on  l'apelle  ai  ni), parce  qu'il  eft  d'une  fubftan- 
ce plus  ferme  &  plus  folide  que  les  deux  autres  , 
&  que  c'eft  à  proprement  parler  un  aflcmblage  de 
la  fubftance  médullaire,'  &  qu'il  fert  d'aproche 
aux  petits  tuyaux  qui  la  forment  j  ils  veulent  que 
fa  couleur  foit  tout-à-fait  blanche  :  Mais  nous 
avons  remarqué  qu'il  ne  diffère  point  du  corps 
médullaire. 
Q.Q.  En  coupant  cette  partie  ,  que  l'on  nomme  le 

t.iculcs^'fu-  corps  calleux  ,  on  découvre  deux  grandes  cavicez  , 

pcricuri.  que  l'on  apelle.  les  ventricules  fuperieurs  ,  ou  an- 
térieurs i  d'autres  les  apcUent  latéraux  ,  parce 
qu'il  y  en  a  un  au  côté  droit  ,  &  l'autre  au  côté 
gauche:  ils  ont  tous  deux  la  même  grandeur  &  la 
même  figure;  leur  fituation  &  leurs  ufages  font 
aulîi  les  mêmes. 
■Fîg«re  de     £        fiaure  ,  fi  vous  les  confiderez    en  particii- 

culcs.  her  eft  pareille  a  celle  d  un  croiUant  :  c  eft  peut- 
être  ce  qui  a  fait  croire  à  quelques  Anciens  ;  que 
la  Lune  dominoic  beaucoup  fur  le  cerveau  ;  mais 

^  fi 


vu.  'Démonstration  AnAtomique.  y^f  ^ 

fi  vous  les  examinez  cous  deux  enremble,îls  ont  la 

figure  d'un  fer  à  moulin  :  Leur  pointe  qui  eft  vers 

la  racine  dû  nez  où  ils  commencent  eft  trcs-etroi- 

te  ,  mais  ils  s'élargifTent  peu   à  peu  ,  bc  forment 

chacun  une  grande  cavité  vers  leur  fin,  ce  qui  faic 

qu'ils  font  plus  amples  vers  la  partie  inférieure  du 

cerveau  ,  que  vers  la  fuperieure  ,  ce  font  les  deux 

plus  grands  ventricules  du  cerveau. 

Leur  véritable  fituation  eft  dans  la  partie  mo-  LcurCtua- 
,  .,     ^  f,     ,  don. 

yenne  du  cerveau  ;  car  ils  iont  autant  également 

diftans  de  l'os  coronal  que  de  l'occipital,  &  à  peu 

prés  autant  de  la  bafe  du  crâne  que  du  fommet  de 

la  tête. 

Ces  deux  ventricules  font  feparcz  l'un  de  l'au-   Le  fcptuni 

tre  par  une  cloifon  mitoyenne  ,  que   l'on  nomme  l^^^idum. 

feptum  lucidum  ,  à  caufe  qu'elle  eft  tranfparente* 

Il  y  en  a  qui  ont   crû  que  cette  feparation   étoic 

une  membrane  ,  mais  elle  eft  faite  d'une  portion 

très- déliée  de  la  fubftance  calleufe  renfermée  entre 

deux  membranes  ,  lefquelles  font  des  continuitez 

delà  pie-mere,qui  tapilfe  intérieurement  ces  deux 

ventricillcs.  ,  '^^^ 

T  1       r        j  '     •  r       Lcscorpi 

Les  corps  canneiez  iont  deux  emmences  conli-  caniclci. 

derables,qui  font  d'une  couleur  plus  brune  que  le 
refte:  il  y  en  a  une  à  chaque  ventricule. On  les  ap- 
pelle corps  cannclcz,parce  qu'ils  font  raycz.Qiiel- 
ques-uns  prétendent  qu'il  y  a  une  infinité  de  can* 
nelùres  en  forme  de  vis  qui  y  font  beaucoup  de 
filions  ;  &  que  c'eftdans  ces  parties  que  Uvi/lisâ. 
établi  le  fiege  de  l'ame,  étant  perluadé  que  les 
cannelures  font  faites  par  lesimprellions ,  des  ob- 
jets que  l'ame  reçoit.  S 

Il  y  a  dans  la  partie  moyenne  de  ces  ventricules  aoir/"^°^" 
une  cavité  ronde  en  forme  d'entonnoir  ,  qui  dé- 
cend  à  la  bafe  du  cerveau  ,  en  fe  terminaiK  en 


4 ^  (5  De  la  Tète  &  de  fes  parties  , 

pointe  ,  Se  qui  va  finir  fur  Ja  glande  pituitaîre,  qui 
eft  dans  la  felie  de  l'os  fphenoide  ;  c'eft  cecue  cavi- 
té que  l'on  apelle  du  inoc  Latin  w/Hudibnlum:  Elle 
cft  formée  de  la  pie-merc  :  elle  eft  toujouis  pleine 

_^-.        ,     de  iimphe  dans  les  cadavres. 

viniiculcj.  Comme  les  trois  ufages  que  l'on  donne  à  ces 
ventricules  font  fore  ditferens  &  fort  oppofcz , 
je  vous  les  raporterai  l'un  après  l'autre  ,  afin 
que  vous  puiffiez  juger  lequel  des  trois  eft  le  véri- 
table. 
Ufagesdc      Le  premier  cft  des  Anciens,  qui   pretendoient 

CCS  vcntii-  que  l'efprit  animal  y  étoit   perfeétionné  ,  &  que 

cnjc^^leion  ^^  même  que  le  cœur  avoic  des  ventricules  dans 
lelquels  les  efprits  vitaux  fe  fubdlifoient  ;  de 
même  auUi  le  cerveau  en  avoit  pour  la  perfedlion 
des  efprits  animaux  ;  qu'ils  en  étoîent  les  refer-r 
voirs;  &c  que  de  ces  cavitcz  ils  écoicnc  envoyez 
parles  nerfs  à  toutes  les  parties  du  corps,  com- 
me les  efprits  viraux  y  croient  envoyez  par  les  ar- 
tères. 
Leurs ufa-       Le  fécond  eft  des  Modernes  ,  qui  foûtiennenE 

t!t.dcrnM  au  contraire  que  l'efprit  animal  n'y  eft  point  for- 
mé :  la  raifon  qu'ils  en  aportent  eft,  qu'il  eft  trop 
fubtil  pour  ne  pas  s'échaper  par  le  trou  qui  répond 
àl'apophife  crlfia  galll ,  oa  par  les  arcades  de  la 
voûte  qui  va  au  troiiiéme  ventricule  :  D'ailleurs 
ics  ferofitez  donc  ces  ventricules  fe  trouvent  or- 
dinairement remplis ,  la  (Ituation  de  l'entonnoir 
qui  eft  dans  leur  milieu  ,  cS:  qui  leur  ferc  comme 
d'égoût  ;  Ôc  celle  de  la  glande  pituitaire  ,  qtiî  le 
trouve  encore  diredtemenr  au  dcflbus  pour  en  re- 
cevoir les  ferofitez  ,  font  Connoître  qu'ils  lonc 
plutôt  les  refervoirs  des  humiditez  fupcrflucs  du 
cerveau  ,  que  le  lieu  delà  naiftance  des  efprits  ani- 
mau». 


VI ï,  'Démonflrat'ion  Anatomlque,  4(^7 

Le  ci-oiiiëme  eft  de  MoSeur  de  la  Chambre^  qui    Leurs  ufa- 
,.  ,     r  .        o    1  •  j  ri  f^cs  Iclon 

dit  que  la  leparation  &  le  vuide  que  ront  les  ven-  Mrdela 

tricules  dans  le  cerveau  lui   donnent  la  liberté  de  Chambre. 

s'ouvrir  ,  de  s'cleyer  &c  de  s'abailïer  fans  y  caufcr 

aucune  violence  ^  qu'étant  neceiîaire  qu'il  eut  du 

mouvement  pour  faire  -les  fondions  ,  il  n'auroic 

pas  p 11   en  avoir  fi  tout  (on  corps  eiic  été  plein  & 

foiide  :  QLi'il  en   eft  comme  d'un    foufflet  qui  ne 

pourroit  s'élargir    s'il  n'y  avoit  du  vuide   dans  les 

ailes  ,  que  les  animaux  dont  le  cerveau  ne  femeuc 

point  j  comme   celui  des  poilfons   &  des  infectes 

n'ont  aucun  ventricule  ;  d'où  il   conclut  que  les 

ventricules  n'ont  été    faits  que  pour  faciliter  le 

mouvement  du  cerveau. 

Ce  qu'il  y  a  de  rougeâtre  dans  l'un  &:  l'antre  de    Le  plcxuï 
ces   vencricuies  eft  une  partie  du  placi    choroïdei  choroïde», 
mais  comme  fa  plus  grande  partie  occupe  le  troi- 
fiéme  ventricule  ,  je  ne  vous  le  ferai   Vv^i.  q^.  a- 
prés  avoir  levé  la  voûte    triangulaire  qui  le  for- 
me. 

Le  corps  voure  ,  qu  on  nomme  amli  a  caule  voûx. 
qu'il  reflémble  à  une  voûte  ,  eft  une  partie  blan- 
châtre où  le  joignent  les  ventricules  ;  il  eft  porté 
fur  crois  colomnes  ,  dont  la  première  le  foutient 
par  devant  ,  5c  les  deux  atitres  par  derrière  ,  de 
iorte  que  le  delfous  reprefente  un  triangle  :  Il  rend 
le  même  office  au  troifiéme  ventricule  que  font 
les  voûtes  aux  édifices  ;  car  il  porte  &  foutient  la 
lourde  malfe  du  cerveau  ,  de  peur  qu'elle  ne  s'af- 
faîde  trop  fur  cette  partie  ,  le  bord  qui  eft  plus 
mince  que  le  reftc  s'apelle  la  corniche  de  la 
voûte. 

Après  avoir  levé  les  deux  piliers  poftericurs  de    iç^Q-fj 
la  voûte,  &  les  avoir  renverlez  furie  devant  dumevciuriT 
cerveau ,  vous  découvrez  le  troiiiémc  ventricule,       * 


4^8  De  la  Tête  &  de  fes  parties  , 

donc  toute  la  cavité   paroît  remplie  du  lacis  cho- 
roïde. 
Strufîure      Le  plexus  ou  lacis  choroïde  eft  un  tiflu  qui  eft 

ùioïdiàc  ^'^^^  d'une  infinité  d'artères  fort  déliées  ,  qui  vien- 
nent des  carotides,  &  des  vénules  qui  vont  fe  ren- 
dre dans  le  quatrième  finus  de  la  dure-mere.  Il  eft 
auiîi  compolé  de  quantité  de  vaiflTeaux  limphati- 
ques  ,  èc  de  beaucoup  de  glandes  fort  petites,  qui 
feroienc  imperceptibles  fans  le  fecours  du  Microf- 
cope  ;  d'où  vient  que  Stenon  croit  qu'il  fe  fait  là 
une  filtration  d'une  partie  de  la  ferodté  qui  coule 
dans  les  ventricules. 
,  picïus  cho-      ^^  \^z\^  eft  fi  artiftement  fait  que  l'on  a  fujet  de 

rojide.  croire  qu'il  a  des  ufages  conlîderables,  c'eft  pour- 

quoi plufieursfe  (ont  efforcez  de  les  découvrir  j 
en  voici  deux  qu'on  lui  attribue  ,  l'un  de  fcrvir 
comme  de  Bain-Marie,  dont  la  chaleur  douce  con- 
ferve  le  mouvement  des  efprits  dans  le  corps  cal- 
leux qui  eft  immédiatement  au  dedbs  de  lui,&  qui 
autrement  feroit  tiop  froid  ,  n'ayant  que  tres-pcu 
de  vaiflèaux  qui  le  réchauffent  ;  &  l'autre  que  la 
chaleur  de  ce  lacis  entretient  la  liquidité  de  la  fe- 
rofité  dans  ces  ventricules  qui  la  pourroient  épaif- 
iîr  par  leur  froideur  ,  s'ils  n'êtoient  échauffez  par 
ce  grand  nombre  de  vailfeaux  ,  ce  qui  empêche 
que  ces  humeurs  ne  croupiflent ,  &  ne  fallcnt  des 
obrtruAions  dans  l'entonnoir. 

,X  La  glande    pineale   eft  ainfi  apellée  ,   à    caufe 

La  glande  ^  w        \     c  \'  j       •         n       a 

pacsle.       quelle  a  la  hguredune   pomme  de  pm  ;  elle  elt 

pofée  à  l'entrée  du  canal    qui  va    du   troi/icme 

ventricule  au  quatrième  :  Elle  eft  compofée  d'une 

fubftance    dure  ,    jaunâtre    j    &  couverte  d'une 

membrane  déliée.  Sa  groftcur  n'excède  -pas  celle 

d'un  petit  pois  j    cependant  j'ai  trouve  une  petite 

{>icrre   dedans  ^    &  Sylv'ms  raporte  qu'il  y   a  fore 


VIL  Demo'fiflrîit'ion  Anatoimque,  4(^9 

fouvciit  trouvé  de  petits  grains  de  fable  ;  &  une 
fois  entr'autres  une  petite  pierre  ronde  qui  occu- 
poic  plus  de  la  moitié  de  cette  glande  :  Elle  eft  at- 
tachée de  chaque  côté  à  la  partie  pofterieurc  du. 
lacis  choroïde  par  un  petit  cordoii.  Qiielques-uns 
veulent  que  ce  petit  cordon  foit  un  nerf  qui  ac- 
compagne le  nerf  pathetiquCjqui  va  au  mufcle  des 
yeux. 

On  a  donné  des  ufages  bien  difFerens  à  cette  ja  gûnde 
glande.  Defcartes  prétend  qu'elle  eft  le  fîege  de  piocaic. 
l'ame  ;  je  ne  m'amuferai  point  ici  à  réfuter  Ton 
opinion  ,  qui  l'a  été  ce  me  femble  allez  par  Mon- 
iieur  Duncan  dans  le  Traité  qu'il  a  fait  des  allions 
animales  ,où  il  dit,  après  Ariflote^  que  l'ame  n'efi: 
point  bornée  dans  pas  une  partie  ,  &  qu'elle  efl: 
par  tout  où  elle  agit ,  à  la  manière  des  efprits  j 
ainfi  il  eft  ridicule  de  la  mettre  dans  le  cœur  com- 
me Empedocle ;dàns  la  ratte  ou  dans  l'eftomaCjCom- 
me  f'^enhebnotit  :  ou  dans  le  cerveau  ,  comme  la 
plupart  des  Philofophes  ,  qui  font  encore  parta- 
gez quand  il  s'ac^it  de  fçavoir  fi  elle  occupe  tout 
le  cerveau  ,  ou  feulement  quelqu'une  de  fes  par- 
ties. 

D'autres  aloûtent  que  plus  on  a  cette  glande  pe-  ^^''"'"'^'it 
,  1     r     •      •  r  ^    .         f  .     fur  cette 

tite  5  plus  on  a  l  elprit  vir,  parce  qu'un  petit  corps  gUndc. 

efl:  plus  aifé  a  remuer  qu'un  gros  ;  &  qu'étant  le 

tamis  par  où  palle  l'cfprit  animal ,  les  pores  étant 

forts  étroits ,  il  n'en  palle  que  le  plus  fubtil  :  Il  en 

eft  de  même,  difent-ils  ,  des  trous  d'un  tamis  avec 

lequel  on  paiie  la  farine,  plus  ils  font  petits  &  plus 

elle  eft  fine  :  c'cft  pourquoi  on  voit  que  l'homme 

qui  a  les  autres  parties   du  cerveau  plus    grandes 

que  les  bêtes,  à  proportion  du  refte  de  fon  corps,  a 

la  glande  pincale  plus   petite. 

L'ufage  de  la  glande  pincale  eft  de  feparcr  &  de 

Gg    iij 


470  Delà  Tète  &  de  fes  parties  , 

Verîrabic  filtrer,  comme  les  antres  glandes,  quelque  liqueur 

afagc  de      pour  le  verfer  dans  les  ventricules  du  cerveau. 

cctcc  glan-    i  .  .  . 

de.  Pour  découvrir  toutes  les  parties  qui  tormenc 

Le  troific-   jg  troifiéme  ventricule  ,  il  faut  lever  le  lacis  chô- 
me ventn-        .  ,       ,  ,    «  .       /  i  .•         n     • 
culc.           roide  ,  lequel  étant  rejette  vers  la  partie  polteneu- 

re  où  il  e(t  attaché  au  quatrième  finus  de  la  dure- 

mere  ,  fait  voir  le  fond  d*  ce  ventricule  ,qui  n'cft 

Il  cft  aufli  a^ji-ç  chofe  que  l'aboutilkmcnt  des  deux  ventricu- 
spelie  vcn-  .      ^        .    ,  .  , 

tricaic  mo-  les  luperieurs  qui  s  y  terminent  pa;  leur  partie  in- 

yen.  ferieure  On  l'apelle  auffi  ventricule  moyen,  tanc 

parce  qu'il  eft  fitué  entre  les  deux  fuperieurs  ,  & 

le  quatrième  ,  que  parce  qu'il  occupe  le  centre  du 

cerveau  ,  étant   également  éloigné  de  l'os  frontal 

&  de  l'occipital. 

Conduitsde      Ce  ventricule  a  deux  conduits,  l'un  antérieur, 

ccvcucncu-  par  lequel  il  a  communication  avec  la  glande  pi- 

i<^'  •     •  J  \  M     M  j      u  ^ 

ruitaire ,  dans   laquelle  il  décharge  par  ce  moyen 

les  excremens  du  cerveau  ,  &  l'autre  pofterieur  , 
qui  va  au  quatrième  ventricule. 
Pluficurs      £t  dilatant  doucement  ce  ventricule,  l'on  aper- 
f^-'ou  '^  c  Ç^^*-  ^^^^^""^   éminences  ,  deux  fuperieures  &  plus 
dans  ce  ven  grandes  ,  qu'on  apelle  protubérances  orbiculaires  j 
tncuk.        Q^  à&nx   autres  inférieures  &  plus  petites ,  nom- 
mées Epiphifes  des  protubérances   orbiculaires  : 
ces  quatre    éminences  font  prefque  d'une  même 
grolTèur  ,    qui    n'eft  pas    confiderable  dans   les 
hommes,  mais  elles  fe  diftinguent  mieux  dans  les 
bétes. 
Diffcrenï      Les  parties  qui  fe  rencontrent  dans  ces  ventri- 
noms  dcces  cules  font  contenues  fous  d'autres  noms  qu'on  Icir 
a  donnez  à  caufe  de  la  relïem.blance  que  l'on  a  pré- 
tendu qu'elles  avoient  avec  les  parties  naturelles  : 
On  a  nommé  la  glande  pineale  vîrga  \  l'ouvertu- 
re du  conduit  qui  va  à  1  entonnoir  ,    vniva  ;  l'en- 
trée qui  va  au  quatrième  ventricule  ,  amtj },  les 


VII,  Démontrât  ion  Anatomlque  471 

pvoruberançes  orbkulaires  ,  nates  ;  &:les  epiphiies 

des  procubeiances  orbiculaires  ,  têtes. 

Dans  le  fond  du  conduit  qiû  va  au    quatrième'  Uncaoo- 

vencricule  vers  fa  partie  pofterieurp  ,  l'on  voitt  une  p'^;'^  ^'''^- 
,'   .  c  •  i  h        .    (~  .  mirormc, 

eniïuence  raite  comme  de   pluiicurs  pièces  ,  avec 

des  lignes  tiaufverfales  ;  on  l'apcllc  apophife  ver- 

iTîiforme ,  à  caufe  de  la  relTemblance  qu'elle  a  avec 

\M\  gros  ver  à  foyè  ;  c'efl:  elle  qui  ferme  &  ouvre 

cepalïarre  félon   qu'elle  s'allonge  ou  fe  racourcit. 

Elle  ell  hruée  dans  le  cervelet ,  dont  je  vais  vous 

faire  la  Démon ftration. 

Le  cervelet  efl  un  corps  moelleux  &  anfractueux  Lecervckr. 
que  nous  trouvons  fous  le  cerveau  dans  la  partie 
inférieure  &  pofterieure  de  la  tête  \  il  eft  conjoint 
&  continu  au  cerveau  par  en  bas  5  mais  par  en 
haut  il  en  eft  feparé  par  le  replis  de  la  djre- 
mere. 

Duncan  remarque  qu'il  eft  formé  par  deux  bran-     Compofi- 
ches  ,  qui  partant  des  cotez  du  tronc  de  la  moelle  "^'^^  ^  *""* 
allongée,  font  une  cfpcce  de  berceau  en  fe  ren- 
contrant au  milieu  ,  &  laiftant  entre  deux  une  ca- 
vité que  l'on  apelle  le  quatrième  ventricule,  donc 
je  vous  parlerai  ci-aprés. 

La,  figure  du  cervelet  eft  plus  large  que  longue;     p;g^Jyg  f^ 
il  leprei'ente  une  boule  large  &  plate  j  il  eft  fix  fois  grandeur  du 
plus  périt ,  &  fa  lubftance  eft  plus  dure  &:  plus  fo-  ccrvckc. 
lide  que  celle  du  cerveau  ,  on  a   coutume  de  l'ou- 
vrir tant  pour  faire  voir  fa  fubPtancc  interne  ,  que 
pour,  démontrer  le  quatrième  ventricule  qu'il  en- 
ferme tout  entier. 

.  La  fubftance  du  cervelet  dans  les  hommes  eft     Subf^mcc 
grifc  &  traverfée  d'une    autre  fubftance  blanche  ^"  ^^'^^^^'^^* 
qui  eft  fcmbiable  à  celle   du  cervelet  des  bètes  : 
auîH  les  adtions  vitales  &c  naturelles  qui  en   dé- 
pendent ,  fe  font  de  la  même  manière  dans  les 


47  i  2)^  la  Tète  &  défis  parties, 

hommes  que  dans  les  animaux  ,  au  lieu  qu'il  y  Or 
une  difFerence   coniîderable  entre   le  cerveau  de 
l'homme  &c  celui  de  la  bête ,  parce  que  les  fonc- 
tions font  fi  difterentes  dans  l'un  &  dans  l'autre. 
Quatre         Uvillis  remarque  quatre  fortes  d'apophifes  qui 

apophifci    aboutiflènt  au   cervelet  ;  premièrement  deux  late- 
au  cerYcau  r  j  i.  •     j 

raies  ;  en  lecond  lieu  une  moyenne,  puis  deux  pi- 

ramidales  ;  &  enfin  deux  annulaires 
Apophiics      Lg5  apophifes  latérales  font  couchées  le  long  de 
la  moelle  allongée  fur  les  bords  ;  elles  fervent  à 
entretenir  le  commerce   du  cerveau  avec  le  cerve- 
let y  en  conduifant  les  ondulations  des  efprits   de 
l'un  à  l'autre. 
/pophifc       L'apophife  moyenne  fertà  joindre  les  latérales 
moyenne,     gjjç  communique  aux  nerfs  pathétiques  qui  en  ti- 
rent leur  origine  ;  les  ondulations  que  les  paflîons 
imprim.ent  aux  efpiits ,  &  qui  paffent  du  cerveau 
au  cervelet  par  les  apophifes  latérales  j  ces  ondu- 
lations d'efprits     étant  portées   aux  mufcles  des 
yeux  j^leur   font  faire   certains   mouvemcns  qui 
font  propres  à  fignifier    la   paffion  qui  les  a  eau- 
fées  ;  ce  font  les  nerfs  de  la  quatrième  paire,  qui 
portent  ordinairement  ces  ondulations  aux    yeuxj 
c'eft  à  caufe  de  cela  qu'on  les  a  nommez  patheti- 
.   ..   ques. 
Apophi  es      j^     apophifes  piramidales  font  ainfl  nommées  à 

piran  Ida-  ~^  ,    K    ^    r       ^         iir         i         r  -i  r 

ici.  caufe  de  leur  hgure  ;  elles  iont  le  relcrvoir  des  el- 

prits  qui  doivent  couler  dans  la  huitième  paire  des 

nerfs ,  qui  font  les  vagues  ,  lefquels  ne  faifant  que 

desmouvemens  continuels ,  comme  font  ceux  du 

cceur,  des  poumons  ,  du    diaphragme,  &  des  in- 

isftins ,  ontbefoin  de  la  grande  quantité    d'efprits 

qui  font  gardez  dans  ces  apophifes. 

.      ,  .r         Les  apophiles   annulaires    font  ainfi  apellées , 
Apopbilcf  i ,  r  ,       ,      V      ''Il  ••11        11 

annulaucî.   parce  q^u  étant   placées  a  cote  de  la  moelle  allon- 


VIL  "Démonflratlon  Anatomîqite,  47  3 
gée  ,  elles  l'embrafTent  'comme  un  anneau  j  elles 
fervent  de  lefeivoir  aux  erpiits  qui  doivenc  être 
dillribuez  parles  5.  6.  &  7,  paires  de  nerfs  qui 
en  fortenc  immédiatement. 

Comme  je  viens  de  vous  expliquer ,  en  parlant 
de  la  corapofition  du  cervelet  ,  de  quelle  maniè- 
re étoit  formé  le  quatrième  ventricule  qu'il  ren- 
ferme, je  n'ai  maintenant  qu'à  vous  dire  ce  que 
c'eft. 

Le  quatrième  ventricule  eft  une  cavité  plus  .Lcqua- 
petite  que  les  trois  autres ,  qui  elt  lituee  dans  le  meule, 
cervelet ,  bc  qui  fe  termine  du  côté  de  l'épine  ,  en 
façon  de  plume  à  écrire  ;  d'où  vient  qu'on  a  nom- 
mé  Ton  extrémité  cdamus  \  Il  eft  environné  pair 
devant  &  par  derrière  des  apophifes  vermiformes, 
qui  font  deux  j  l'une  antérieure,  placée  au  com- 
mencement de  ce  ventricule  ,  laquelle  en  s'allon- 
gcant  ou  fe  racourcillant  en  ferme  l'entrée  ,  on 
la  tient  ouverte  \  de  l'autre  pofterieure  ,  qui  eft 
couchée  fur  la  moelle  de  Tépine,  à  l'extrémité  de 
cette  cavité. 

Le  pont  de  Varole    eft  le  delfus  d'un   conduit  .î-*^  P.°"ï  de 
qui  le  trouve  dans  ce  ventricule ,  lequel  va  a  1  en- 
tonnoir. 

Ceux  qui  ont  crû  que  les  efprits  animaux  étoient 
formez  dans  les  ventricules  du  cerveau  ,  ont  ap- 
pelle celui-ci  le  noble,  parce  qu'ils  s'imaginoient 
que  c'étoit  lui  qui  leur  donnoit  la  dernière  perfe- 
ction, ôc  qu'il  en  faifoit  la  diftribution  à  toutes  les 
parties  du  corps  par  le  moyen  de  la  moelle  de  l'é- 
pine. 

Après  avoir  vu  les  parties  du  cerveau,il  eft  tems  J^^^J^\(q', 

d'examiner  les    nerfs  qui  en  forrenr.    Outre  les  tcnt  rie  la 

trente  paires  de  la  moelle  de  l'épine,  il  en  fort  dix  j^°^Ï!  ^^' 
j    1  -n       n  '  longée, 

de  la  m.oellc  alionizce. 


i: 


474  De  la  The  &  de  fes  -parties^ 

,.  ,1     .        La  première   paire  eft  rolfaétoire ,  apcllc'e  des 
Lolfactoi-   .      .  1  ,  ./  ....  '5 

fç^  Anciens  apophiies  mammiUaires  \  ces  deux   pro- 

duélions  fonc  creufes  dans  les  animaux  ,  en  faifant 

un  cul  de  fac  du  cocé  de  l'os  cribleux  ;  cela  n'eft 

)as  ainfi  dans  l'homme.  Les  olfadifs  naillent  de  la 

)are  des  corps  cannelez  par  une  fibre  moëlleufe 

qui  eft  plus  grolîe  dans  Tendroic   où  ils  font  un 

contour  auprès  des  optiques. 

Lcs*neifs       ^^  féconde  paire  font  les  optiques  ;  ils  nailTenc 

optiques,  de  l'extrémité  des  corps  cannelez  j  &  de  la  partie 
médullaire,  apellée  les  couches  des  nerfs  opti- 
ques :  en  s'aprochant  peu  à  peu  ils  s'uniffent  cn- 
fembie  au  deifus  de  la  fclle  du  fphenoide  ;  pour  fè 
partager  après  en  deux  cordons  qui  vont  aux  yeux. 
Ces  nerfs  font  entourez  de  petits  rameaux  des  mo- 
teurs.Les  artères  carotides  en  entrant  dans  le  crâ- 
ne font  couchées  fur  le  tronc  des  optiques  ,  de  là 
Mr  Uvlliis  tire  une  confcquence  que  ces  artères, 
après  le  repaSjCaufent  le  fommeîl  lorf^u'eiles/onC 
plus  remplies  de  (ang  ,  parce  qu'elles  compriment 
les  nerfs  optiques. 
Lcs'mo-        La  troiliéme  paire  font  les  moteurs  dès   yeux, 

tcursdcs      entre  lefquels  font    les    artères  carotides  <"<:  l'in- 

yeuîk.  fundibulum.    Ces    nerfs  naillènt  de  la  baie  de  la 

moelle  allongée  prés  de  l'entonnoir  ,  en  pallant 
par  un  trou  au  dclfous  de  l'optique,  que  l'on  ap- 
pelle la  fente  irreguliere  du  fphenoide.  Ils  fe  di- 
vifent  en  quatre  rameaux  qui  fe  diftribucntaux 
mufcles  des  yeux  &  des  paupières.  Souvent  le 
mufcle  croraphite  en  reçoit  aulii  une  branche  , 
c'eft  d'où  vient  la  communication  de  ce  muicle 
avec  les  yeux. 
4  Onapelle  la  quatrième  partie   pathétique  ;  ce 

tiques!*'  ^'  ^°"^  ^^^  P^'^s  petits  nerfs  du  cerveau  ,  ils  viennent 
de  la  partie  inférieure  de  la  moelle  allongée  dcr- 


VIL  Démonflrat'w/t  AnAtomlque.  j^-j ^ 

lîerc  les  nattes  ÔC  les  tejhs.  Ces  nerfs  font  apellez 
pachcciqiies  ,  parce  qu'ils  fervent  à  mouvoir  les 
yeux  dans  les  différentes  pallions,  lis  fe  divifenc 
en  quatre  rameaux  ,  dont  Tim  va  dans  le  grand 
oblique  ,  de  l'autre  aux  mufcles  de  la  lèvre  fupc- 
rieure  ,  au  nez  ,  &  aux  gencives.  Le  troihéme  ra- 
meau fe  diftribuë  à  la  membrane  des  narines,  &  le 
dernier  au  crotaphite. 

La  cinquième  paire  eft  plus  grolle  que  toutes  les         f 
autres  -,  elle  commence    des  cotez  de  l'éminence    ^'^^^'^  "^H 
annullaire  derrière  les  pathétiques  ;   elle  fe  divife  branches , 
en  trois  branches  ;  la  première  eft  appellée  ophtal-  '^^^  ^°"^* 
mique  ;    la  féconde   maxillaire  fuperieure  ;  5c  la 
troinëme  maxillaire  inférieure. 

Le  premier  rameau  ell   nommé  ophtalmique  ,     ^-^Phtal- 
parce  qu  il  va  a  l  oeil  ;  il  le  diviie  en  deux  bran- 
ches ,  après  avoir  donné  plufîeurs  petits  filets  qui 
entourent  le  nerf  optique  ,  &  qui  fc  diftribuent  à 
la  choroïde.  La  plus  groffe  de  ces  branches  fe  di- 
vife encore  en  deux  ,  dont  l'une  fort  par  un  trou 
que  l'on  apcUe  orbitaire  externe  j  &  l'autre  par  le 
trou  furcilier  en  fe  perdant  dans  les  mufcles  du 
front  j&   dans   l'orbiculaire    des  paupières  ,  à  la 
glande  lacrimale  &    au    fac  nafal.   La  dernières 
braiiches  palïant  par  le  trou  orbitaire  interne  ,  va     Lamaxil- 
fe  perdre  lur  les  membranes  des  lames  olTeufes  du  ricurc"&'la 
nez.    La   maxilaire    fuperieure  fe    diftribuë    aux- ^^'4^'*"^ 
dents  d'en  haut  ;  &    l'inférieure  aux  dents  d'en- *"  ^"^'*'^^* 
bas,  en  palTant  par  un  trou  qui  fe  trouve  à  la  par- 
tie fuperieure  ôc   interne  de  la    mâchoire    infé- 
rieure. 

La  fixiéme    paire  ,  apelléc  des  Anciens  gufta-  On  l'appel- 
tive  ,  aftcz  mal  à  proprs  ,  puifqu'ellc  ne  va  pas  à  '^  "i^'  ^ 
la  langue,  mais  à  l'œil  ;  aulîi  bien  que  les  moteurs;  cauvc! 
les  pathétiques  ,   ik  la    troifiéme     branche    de 


'47 5  J^^  ^^  '^^'^^  ^  de  fes  parties  i 

l'ophtalmique,  naît  auprès  de  la  précédente  ,  de  la 
partie  inférieure  de  réminence  annulaire.  Elle  fore 
du  crâne  par  le  même  trou. par  où  palfent  la  troi- 
liéme  &c  quatrième  paire  ;  elle  fc  diftribuc  dans  le 
mufcle  de  l'œil  apellé  dédaigneux ,  après  avoir 
donné  une  petite  branche  pour  former  l'intercoftal 
avec  deux  branches  de  la  cinquième  paire.  L'incer- 
coftal  fe  diftribuc  au  cccur  ,  aux  mammelles ,  &C 
aux  parties  naturelles  C'ell:  par  ces  communica- 
tions que  Mr  Uvillls  explique  plufîeurs  phéno- 
mènes j  par  exemple  ,  d'où  vient  le  plaifir  mutuel 
que  les  amans  reilentcnt  dans  les  carelles  ,  &  dans 
les  baifers  réciproques.  Quelquefois  le  nerf  inter- 
coftal  cfl;  tout-à-fait  formé  par  la  fixiéme  paire  ,  il 
fort  du  crâne  par  le  même  conduit  qui  donne  en- 
trée à  la  carotide  interne  ;  &  un  demi  pouce  après 
qu'il  effc  fortîdu  crâne  ,  vers  Tanglede  la  mâchoi- 
re inférieure  ,  il  forme  une  tumeur  qu'on  nomme 
le  premier  plexus  de  l'intercoftal.  Sa  lituation  le 
fait  encore  apeller  cervical  ,  ou  olivaire  ,  à  caufe 
de  fa  figure. 
Un  paquet  II  eft  bon  de  remarquer  en  palîant  qu'on  trouve 
faic  des  filets  eii  ^et  endroit  fous  le  mufcle  maftoidien  ,  un  oa- 
mepairc.  quet  rait  de  plulieurs  hlets  de  la  huitième  pau-e,  a 
côté  de  la  carotide  interne  ,  de  l'intercoftal  qui  eft 
au  defTous  de  la  huitième  paire;  du  fpinal ,  de  la 
neuvième  paire,  &  de  la  jugulaire  interne  ;  &  qu'an 
delTus  de  ce  paquet  il  y  a  plufîeurs  petites  glandes 
conglobèes  apellées  jugulaires.  D'où  enfuiteil  va 
reprendre  la  route  de  l'intercoftal. 
Chemin  Se  Ce  nerf  reçoit  dans  fon  premier  ganglion  ,  ou 
ce  nerf  avec  j^j-jg  Çq^  plextus  la  dixième  paire  ,  avec  une  bran- 
linccrcol-       1,1^  .  1    ^1       /  •     3  n 

lal,  cne  de  la  première   vertébrale    du  cou  ,  qui  s  elt 

unie  avec  la  dixième  paire    du  cerveau  ,  ôc   une 
branche  de  la  féconde  vertébrale  du  cou.  Enfin  il 


Î^JI  Démonflratlon  Anatomlqne.  477 

fort  de  cette  tumeur  un  rameau  qui  va  au  lariiiK. 
Le  tronc  de  l'intercoftal  décendant  fous  la  huitiè- 
me paire  ,  comme  on  a  dit ,  groiïît  d'efpace  en  et- 
pace  par  plufieurs  filets  qu'il  reçoit  de  chaqrte  ver- 
tébrale. Si-tôt  qu'il  eft  arrivé  fous  la  clavicule  ,  il 
fait  un  fécond  plexus  d'où  partent  deux  filets,  qui  • 
entourent  l'artère  axillaire  ,  &  qui  après  lui  avoir 
fait  un  anneau  ,  vont  fe  rendre  dans  un  troifiéme 
plexus  ,  que  forme  le  tronc  de  l'intercoflal  entre 
la  féconde  &  la  troitiéme  cote  ;  où  il  reçoit  plu- 
fieurs rameaux  des  brachiaux  &  des  dorfaux,  qui 
décendent  lelon^  des  vertèbres,    il  reçoit  encore 

o  > 

à  leur  entre-deux  un  filet  qui  vient  des  petits  gan- 
glions que  les  paires  vertébrales  forment  à  leur 
fortie  vers  la  bafe  du  cœur. 

Ce  nerf  produit  plufieurs  rameaux,  lefquels  avec  ,  '^'^ifton 
d  autres  de  la  huitième  paire  tout  les  nerrs  cardia- 
ques ,  &  ceux  des  poumons  ;  comme  on  dira  en 
parlant  de  la  huitie'me  paire.  Apres  cela,  il  en  fort 
trois  cordons  confiderablcs  qui  fe  joignent  enfem- 
ble  ,  avant  que  de  percer  le  diaphragme  ,  pour  ne 
faire  plus  qu'un  tronc  qui  n'eft  pas  fi-tôt  entré 
dans  le  ventre  ,  qu'il  forme  ce  fameux  plexus  , 
qu'on  nomme  hépatique  au  côté  droit,  &  fpleni- 
que  au  côté  gauche. 

Du  plexus  hépatique  fortent  quantité  de  bran-  plcxu;  he. 
ches  donc  les  unes  vont  au  foye  ,  en  montant  fur  P^^^u^^- 
le  duodénum  &  fur  la  porte.  Il  y  a  des  rameaux 
qui  vonr  au  pancréas  ,  &  au  côté  droit  du  ventri- 
cule ,  d'autres  vont  à  la  capfulede  Glij[oyi\  &  deux 
autres  plus  gros  au  rein  droit,  en  paiîant  fur  l'ar- 
tère émulgeiite.  Tous  ces  rameaux  de  nerfs  font  un 
lacis  auteur  de  cette  artère  ,  en  lui  faifant  comme 
une  capfule. 

Le  plexus  fplenique  fournit  plufieurs  rameaux  V\c'^^i  fple- 


478  lyela  tête  &  de  fes parties  , 

qui  vont  à  la  partie  gauche  du  ventricule  &  (^11 
pancréas  j  d'autres  vont  à  la  ratte  ,  &  à  la  capfule 
atrabilaire  gauche  j  Ô<:  deux  autres  rameaux  con- 
iiderables  vont  au  rein  gauche  ,  en  envelopanc 
Ion  artère  d'une  capfule  ,  comnie  nous  le  venons 
de  voir. 
Plexus  Eofin  plufieurs  rameaux  ,  tant  du  plexus  hepa- 

qyç^  tique  que   du    Iplenique  ,    parcourent  les  artères 

mefenteriques  ,  &  particulièrement  la  fuperieure, 
à  laquelle  ils  font  comme  une  enveloppe  qui  luit 
toute  la  diflribution  des  artères.  Ce  tillu  fe  nom- 
me le  plexus  mefcnterique  ,  qui  refl'cmble  allez 
bien  à  un  Soleil  ,  de  la  circonférence  duquel  par- 
tent en  manière  de  ra\on  pluiieurs  filets  qui  vont 
aux  inteftins  ,  en  accompagnant  toujours  les  ar- 
tères. 

Continua-       Outre  cela  il  a   encore    plufieurs  rameaux  tant 
tiondesplc-    ,        ,  ,  .  j       r  1      •  *  f 

xus  hcpati-  du  plexus   hépatique  que  du    Iplenique ,  qui  font 

due&fple-  ^^^  tronc  chacun  de  leur  coté.  Ce   tronc  dcfcen- 
danr  le  lone  de  Taorte  ,  çroilit  d'intervalle  en  in- 
tervalle  ,  par  des  filets  qu'il   reçoit   du  tionc  de 
Tintercoftal  que  "  Ton   a    laillé   dans  la  poitrine. 
Enfin  il   continue  ainfi  fon  chemin  jufqu'à  la  di,- 
vifion  de  l'aorte  ;  enfuite  il  eft  foûtenu  du  péri- 
toine ,  qui  attache  le   rectum  avec  la  veiîie    dans 
les  hommes  ,  &  avec  la  matrice  dans  les  femmes. 
Après  il  fc  perd  dans  toutes  les  parties  de  l'hypo- 
gaftre  ,  comme  au  redtum ,  à  la  veflie  ,  à  la  ma- 
trice, au  vaoina  ;  &  dans  les  hommes  aux  vefîicu- 
les  feminaires  &  aux   prollates. 
Tronc  de       Au  icfte  le  tronc  de  l'intercollal  ,  après  avoir 
Àj""«o^-     produit  les  trois  rameaux  dont  on  vient  de  pour- 
luivre  la  diftribution  ,  defcend  le  long  des  vertè- 
bres ,  en  donnant  de  temscn  tcms  des  filets  à  cette 
partie  du  même  tronc  qui  accompagne  l'aorte  ,  ^ 


VI I.  Démonjîratlon  Anatomiqiie.  475^ 

de  chaque  entre-deux  des  vertèbres  il  en  reçoit  un 
ou  deux  rameaux.  Enfin  il  fe  perd  aux  capillaires 
qui  Te  diftribuenc  à  toutes  les  parties  de  Tliypo- 
gaftre  j  principalement  a  la  veflîe,au  reclum  ,  à 
Tanus,  tJc  aux  parties  naturelles. 

La  feptiéme  paire  ell  Tauditive  ,  elle  paile   par         7 
le  trou  de  l'apophifc  uierreufe  de  l'os  des  templesi  ^^"'^''V^.» 
elle  vient  du   bord  de  la  partie  micneurs    de  1  e-  {c  en  deux 
minence  annulaire.   Ce  nerf  eft  compofé  de  deux  brancnes 

s  1  ,  1  .  n  M  ■     1  .une  dvirc.X 

branches  dont  la  première  eit  apeilcc  la  portion  l'aurrcraol- 
moile  ;  &  l'autre,  la  portion  dure.  La  molle  cil  ^^• 
employée  à  l'organe  immédiat  de  l'ouie  ;  elle  for- 
me la  membrane  nerveufe  qui  revct  le  limaçon  & 
le  dedans  des  canaux  demi  circulaires.  La  Dortioii 
dure  fort  enfuitc  par  un  trou  qui  eft  entre  l'apo- 
phife  maftoide  &:  ftiloide  ;  elle  va  s'unir  avec  la 
troifîéme  branche  de  la  cinquième  paire. 

Cette  portion  dure  fe  partage  en  deux  rameaux 
dont  Tinferieur  va  aux  mufcles  de  la  langue  &  de  ij^pôj^on* 
l'os  hyoïde  ;  &c  le  fuperieur  ,  après  avoir  parcouru  dure. 
le  conduit  de  l'oreille  ,  fc  divife  encore  en  trois 
branches  ,  dont  la  première  va  aux  lèvres ,  à  la 
bouche  ,  au  vifage  ,  au  nez  ,  la  féconde  ,  aux  muf- 
cles du  front  &  des  paupières  j  &  la  troilîéme  ,  aux 
mufcles  de  l'oreille.  Enfin  il  y  aune  infinité  d'au- 
tres branches  de  la  portion  dure  qui  vont  le  cuta- 
ner  à  la  peau  du  vifage;  c'eft  ce  que  l'on  peut  voir 
dans  la  Névrologie  de  Mr  Uvlenjfens  ,  célèbre 
Anatomifte  de  Montpellier. 

^- La  huitième  paire,  que  l'on    appelle   vague  ,  8 

parce    qu'elle  va   en    ditferens   endroits ,  eft  der-  y^g^^-^a^ii^fi 
riere  les  auditifs  ;  elle  vient  des  coiez  de  la  moël-  appcUéc,  à 
le  allongée.   Son  commencement  eft  compofé  de  "^^^^2  dif- 
plulîeurs  filets  ,  aufquels  fe  joint  un  autre  nerf  ap-  fcrcns  cû- 
pellé  fpinal  j  à  caufe  qu'il  vient  de  la  poëlle  de  '^'^''*"' 


4?  o  De  la  Tète  &  de  fes  parties, 

répine  ;  c'eft  le  nerf  acceiroire  de  Mr  UvUl'is.  Ces 
deux  nerfs  foctent  enfemble  par  le  même  trou  ds 
l'occipital  par  où  palfe  la  jugulaire  interne  j  mais 
des  qu'ils  font  hors  du  crâne  ,  le  fpinal  quitte  la 
huitième  paire  ,  en  fe  perdant  tout  entier  au  muf- 
cle  trapèze, 
h  hmSmc  I>^^bord  que  la  huitième  paire  eft  fortie  du  cra- 
paire.  ne  ,  elle  fait  un  plexus  qui  donne  des  rameaux  au 

larinK  &  au  pharinx  ^  &  pallant  à  côté  de  la  caro- 
tide interne  ,  en  décendant  vers  Taxillairc  ,  elle 
produit  le  nerf  récurrent ,  dont  le  droit  entoure 
î'axillaire  5  60  le  gauche  l'aorte.  Ces  deux  nerfs  re- 
montant le  long  de  la  trachée-artere,  il  en  fort  des 
filets  qui  vont  dans  les  fibres  qui  attachent  les  an- 
neaux. L'œfophage  &:  lesmufclesdu  larinx  en  re- 
çoivent aufli  plu  heurs  branches- 

-,,      .     ,        Cette  paire  de  nerfs  un  peu  \)\xxs  bas   jette  plu- 
Cherain  de  ^  rt  ^  •    /•  .  ^        ^ y     \,'  n    1      „ 

la  huiticmc  heurs  hlets  qui  kiivent    ceux  de  1  mtercoltal  ,  & 

paire  de  qui  vont  au  péricarde,  au  cœur  ,  aux  poûmons,& 
à  la  cave  ,  en  coulant  entre  l'aorte  &  l'artère  du 
poumon  ;  de  lorte  que  l'intercoftal  &  la  huitième 
paire  font  les  nerfs  cardiaques  6c  pneumatiques  , 
dont  les  gauches  font  plus  confiderables  que  les 
droits.Vers  la  bafe  du  cœur  le  tronc  de  la  huitième 
paire  fe  divife  en  deux  autres  qui  font  quelque 
chemin  fur  rœrophage,&  s'uniflant  enfuite,  ils  ne 
font  plus  qu'un  tronc  ,  avant  que  de  percer  avec 
lui  le  diaphragme  ,  auquel  il  donne  en  pafTant  des 
filets  fort  petits.  Le  tronc  gauche  de  la  huitième 
paire  va  s'èpanoUir  en  forme  de  pacte  d'oye  fur  le 
côté  gauche  du  ventricule  j  &c  le  droit  fe  diftribue 
de  la  même  manière  fur  le  côté  droit  du  ventricu- 
le ;  il  en  fort  des  rameaux  qui  vont  à  la  partie  ca- 
ve du  foye  ;  &  qui  communiquent  avec  ceux  de 
Tintercoftal. 

La 


F"  1 1,  Demonjiratton  Amto/nîqîte.         ^%i 

La  neuvic'me  paire  preïid  origine  de  plufîears  fi-         ^ 
blés  au  dcllbs  de  la  huidéme.    Elle  reçoit  deux  ra-  origineTu 
meanx  de  la  première  vertébrale  ,  &z  un  de  la  fe-  'l^'î^!  ^e  la 
conde,  en  pallant  cntie  les  mufcles  de  l'os  hyoïde. 
Ce  rameau  s'uniilant   avec   un  autre  de   /a   dixiè- 
me ,  fe  diftribuë  au  mufcle  fternotlroïdien,  &:  un 
autre  rameau  de  la  neuvième  paire  va  aux  mufcles 
de  l'os  hyoïde.    Enfin  le  tronc  de  la  neuvic'me  pai- 
re va  enfuice  fe  diftribuer  dans  la   bafe  de  la  lan- 
gue ,  en  lui  fourniirant  pluficurs  rameaux. 

La  dixième  &  dernière  paire  cft  faite  auiïi  de   Eiic^çftf^'i, 
plalîeurs  hkts,  elle  dcfcend  le  long  de  la  moelle  te  de  plu- 
de  l'épine  ;  elle  fort  encre  la  première  vertèbre  du  cuïïécend' 
cou  &  l'occipital  j  ayant  percé  la  dure-mere   auldo^gdcU 
même  endroit   que  l'artère    vertébrale  ,  avec  la-  x'cm^ 
quelle  elk  fait  un  contour  dans  l'échancrure   delà 
première  vertèbre  du  cou.  Ce  tronc  donne  d'abord 
des  rameaux  aux  mulcles  obliques  de  la  tête  ,  &  il 
en  reçoit  un  db  la   première  paire  vertébrale  ,  en 
allant  au  premier  plexus  de l'intcrcoflal. 

Dnncan  remarque  que    bien  que  tous  le5  nerfs  Remarque 
partent  du  cerveau  ,  on  peut  neanmoms  dire  qu  il 
n'en  a  aucun ,  puifque  pas   un-  ne  s'y  infère ,  & 
qu'ainfî  fa  propre  fubftance  eft    privée  du  fenti- 
ment  qu'il  donne  à  tout  le  corps. 

Il  faut  couper  la  moelle  de  l'épine  afin  de  retour-    La  raoëUç 
ncr  le  cerveau  ;  ^  afin  qu'après  avoir  vu   tout  ce  ^^  i^Pi^'^ 
qu'il  y  a  dans  la  partie  fuperieure5&  dans  Ion  corps 
nouspuiiîîons  examiner  ce  qu'il  y  a  de  particulier 
dans  fa  baie. 

Le  cerveau  n'cft  pas  moins  curieux  à  voir  par  fa  j^^  ^  ^^^ 
bafe  que  par  fcs    autres  parties  :  il  fait  fix  groflès  icw-iné. 
èminences  qui  entrent  dans  les   fix   grandes   folles 
qui  font    au  crâne  -,  les  quatre  prcmier^^s  &  anté- 
rieures font  faites  du   cerveau  j  il  y  en  a  deux  qui 

H  h 


eau 


481  Dh  CervUH  &  àefes  parties , 

occupent   les  cavitez  de  l'os  frontal ,  &  deux  au* 

très  celles  des  os  pctreux;  les  deux  dernières  &  po- 

fterîeures  font  formées  par  le  cervelet ,  5c  font  (î- 

tuées  dans  les  cavitez  de  l'os  occipital. 

aa  II  y  a  quatre  vaiileaux  qui  font  les  quatre  artères 

Dcuxarce-       •  1    r        j  1  11 

Ks  caroci-     ^^^  portent  le  lang  dans  tout  le  cerveau  j  les  deux 

dej.  antérieurs  font  les  arcer«s  carotides  :  &  les  pofte- 

rieurs  font  les  cervicales  ,  les  premicies  entrent 
aux  cotez  de  la  glande  pituitaire  ,  ik.  les  autres 
proche  de  la  moelle  fpinale  ;  auiîi-tot  qu'elles 
font  entrées  elles  fe  joignent  enfemble  ,  de  forte 
que  de  ces  quatre  artères  il  s'en  forme  un  gros 
tronc  a  la  bafe  du  cerveau  j  d'où  il  part  uue  infi- 
nité d'artercs  qui  fc  répandent  par  toute  fa  fub. 
ftance, 
bb  L'union  de  ces  artères  fert  à  faire  un  mélange 

Dcuiartc- (ju  fans  artériel ,  qui  cft   apporté  par  ces  quatre 

Ici.  vaiilèaux,  avant  qu'il  foit  diftribué  au  cerveau  ,  & 

à  en  arrêter  l'impecuofité  ,  parce  qu'il  feroit  mon- 
té avec  trop  de  précipitation  par  tout  le  cerveau  ; 
ce  qui  auroit  nui  à  la  filtration  des  efprits,  à  caufe 
que  les  parties  qui  la  font  font  il  molles  &  fi  ten- 
dres ,  qu'elles  ne  peuvent  fouffrir  aucune  violence; 
&  qu'un  mouvement  trop  précipité  y  auroit  caufé 
des  apoplexies  de  fang,qui  ne  laiflent  pas  d'arriver 
quelquefois ,  malgré  les  précautions  que  la  nature 
a  prifes  pour  les  éviter, 

La  moelle  de  l'épine,  ainfi  apellée  ,  parce  qu'el- 
Unionde  le  eft  eraboëtée  dans  le  tuyau  de  l'épine  du  dos  , 

CCS  quatre     w'q^  qu'une  produélion  ou   allongement  du  cer- 
arccrcj.  i^,   r>   ij  11  r  1  c      r 

veau  i  C  eft  d  elle  que  lortent  tous  les  nerrs ,  ians 

en  excepter  même  les  optiques. 
Moelle  de      Onladivife  en  deux  ,  dont  l'une  eft  contenue 
TEpinç.       jjans  le    cerveau ,  que  l'on    apellc  moelle    allon- 
gée ,  &  l'autre  cft  enfermée  dans  les  vertebres,quc 


VI L 'Dsmofîjlratîon  AnMomlqm.  48  5 

l'on  nomme  medulle  fpiiiale.  La  première   com- 
mence à  la  partie   antérieure  du  cerveau  ,  où  les 
nerfs  optiques  prennent  leur  origine,  &:  va  finir  au 
f^rand  trou  occipital,  où  commence  celle  de^l'êpine 
qui  fe  continuant  par  les  cavitez  des  vertèbres  va 
finir  àfl'extrémité  de  l'os  facrum. 
■  La  fubftancc  de  la  moelle  allongée  eft  plus  du-  J^h  ^S 
re  que  celle  du  cerveau  ;  elle  eft  forme'e  par  qua-  le  allongée 
tre  racines  dont  les  deux  plus  grandes  fortent  du 
cerveau  ,  &  les  deux  moindres  du  cervelet  :  ces 
parties  s'unillant  en(uiteen  forment  deux  qni  font 
leparccs  par  la  pie-mere  •■y  c'eft     ce   qui  fait  qu'un 
côïé  peut  être  paralitique ,  fans  que    l'autre    le 
foit, 

La  medulle  fpinale  eft  encore  plus  folide  que  la  j^  j   ^**?m° 
moelle  allongée,  étant  comme  un  gros  cordon  de  le  dci'épi- 
fibres  nerveufes  qui  fe  diftribuent  dans  toutes   les  '^*' 
parties  du  corps,  &  qui  leur  donnent  un  fentiment 
exquis,  &  un  mouvement  vigoureux.   Elle  eft  en-  Figure  de  1« 
velopée  de  trois  tuniques  ;  la  première  vient  desi^^^^-'^^ 
ligamens  qui  lont  a    i  endroit  auquel  i,os  occipi- 
tal eft  joint  avec  la  première  vertèbre  \   la  féconde 
vient  de  la  dure-mere  j  ôc  la  troifiéme  de  U  pie- 
mere. 

La  figure  de  la  medulle  fpinale  eft  ronde  & 
oblongue  :  il  y  en  a  qui  prétendent  qu'elle  com- 
mence à  fe  diviler  en  une  infinité  de  petites  cordes 
vers  le  fixiéme  ou  feptiéme  vertèbre  du  thorax  , 
afin  de  mieux  refifter  aux  freqiiens  mouvemens  de 
l'épine  qui  fe  font  en  cet  endroit  \  cependant  elle 
n'eft  pas  plus  divifée  là  qu'ailleurs. 

L*ulaQ;e  de  la  moelle  alloncrée,  aulîi  bien  que  de  UiaH*:<içla 
1    r  •      1        n    1      1  .  -.-*        ^  1  r     '^l'cac  al- 

la tpmale,  clt  de  donner  naillance  a  tous  les  ncrrsj  ioi.géc  & 

car  des  quarante  paires  de  nerfs  qui  vont  par  tou-  ^^  laipitu- 

te  la  machine,  il  y  en  a  dix  qui  prennent  leur  ori- 

Hh    ij 


4^4  Du  Ce?mAu  &ài  fes  fOnîes  , 

gine  de  U  moelle  allongée j  &  trente  de  la  fpinale, 
quiioncnt  le  long  de  Con  chemin  par  foix^nte 
trous  ,  qui  font  entre  chaque  vertèbre  ;  vous  les 
Yerrcz  dans  leut  lieu. 
Lcccrre^a      L'on  fçait  que  le  cerveau  eft  le  pcincip*!  orga- 
feparelefuc  ^^  ^^  j.^^^^     ^  qu'elle  fe  fcrt  de  lui  pour  exercer 
animal.        r     r     o^  ^  .  r    •         •  .  n 

les  roncbofts  i   naais  oanciçait  point  ce  quelle 

eft  ,  ni  où  elle  refidc  pârticulicrement.  Ce  que 
l'Auatomie  nous  aprendà  fon  égard»  c^'eft  que  le 
cerveau  ell  compofc  d'une  infinité  de  petites  glan- 
des àc  de  petits  ruyaax  i  que  ces  petites  glandes 
font  figurées  &  difpciirées  de  telle  manière  qu'elles 
ne  peuvent  fe  difpcnfcr  de  filtrer  une  liqueur  qui 
ne  peut  être  que  trcs-fubtile  \  êc  qu'il  y  a  autant 
de  raillions  de  petits  tuyaux  ou  fibres  creufes,  qui 
formant  des  nerfs  diftribuent  cette  liqueur  fubci- 
le  par  tout  le  corps. 
l'amc  met      La  connoiiTance  de    ces   chofes  nous  fait  tirer 

raouvcm^"  deux  confequences  infaillibles  j  l'une  que  ces  par- 
ties ne  font  pas  capables  d'agir  par  elles-mêmes  : 
ôc  l'autre  qu'il  faut  neccifairement  qu'il  y  air  quel- 
que chofe  d'immatériel  qui  mette  en  mouvement 
-tous  les  r  efforts  de  la  machine,  ôc  c'eft  ce  qu'on 
apelle  l'amc. 
Sentimenï      Plufieurs  Auteurs  fe  font  efforcez  de  nous  don- 

dcs  Anciens,  ner  quelque  idée  de  l'ame  ÔC  pour  cet  éfct  ils  ont 
voulu  la  faire  connoître  par  l'imagination  ,  la 
raifon  ,  &  la  mémoire  ,  qu'ils  nomment  des  facul- 
tez  prince{fes,  parce  qu'ils  prétendent  que  toutes 
les  autres  ,  comme  la  fenfitive  ,  la  motive,2>:  beau- 
coup d'autres  dépendent  de  ces  premières  :  Ils  pla- 
cent l'imaginadon  dans  la  partie  antérieure  du 
cerveau  ;  la  raifon  dans  la  moyenne  ;  ôc  la  mémoi- 
re dans  la  pofterieure  :  Ils  authorifent  ces  iitua- 
tîons  j  en  difant  que  quand  nous  voulons    penfer 


V  J I.  Demoyiftration  Anatomique,  4Sy 

ou  imagluer  quelque  chofc  ,  nous  mctcous  noire 
maiiifur  le  front,  laquelle  apuyanc  la  partie  anté- 
rieure du  cerveau  ,  fait  que  nous  imaginons  plus 
proaipiemcnc  ce  que  nous  clierchons  j  ils  diicut, 
en  faveur  delà  raifon  ,  que  puifque  c'eft  elle  qui 
décide  fouvcrainemcnt  de  toutes  chofes  ,  il  êtoÎD 
jufle  qu'elle  occupât  le  milieu  du  cerveau  comme 
la  place  d'honneur  j  &  cniîn  que  la  mémoire- Çit 
placée  dans  le  cervelet  ;  parce  qu'ayant  une  fub- 
ftance  plus  dure  ,  il  conferve  mieux  ce  qui  y  efl  , 

une  fois  impriméi&  ils  remarquent  qu'on  fc  grat- 
te le  derrière  de  la  têtci  quand  on  veut  fe  fouvcnir 
de  quelque  chofe.  -     . 

Je  croi  que  cette  opinion  elt  plutôt  fondée  fur  des  Modct- 
l'aparence  que  fur  U  vérité  j  mais  celle  des  Mo-  ^"* 
derncs  me  paroit  plus  vrai-fcmblable  jils  placent 
le  fens  commun  dans  la  partie  inférieure  du  cer- 
veau ;  qui  eft  faite  des  corps  canelczrl'imagination 
dans  la  partie  moyenne  ,  qui  eft  la  fubftancc  mé- 
dullaire :  &  la  mémoire  dans  la  fupericure,  quiefl; 
la  fubftance  coracale. 

Quoique  je  vous  aye  raportc  les  raîfons  dont  î^^'"!  ^^^^ 
les  Anciens  le  fervent  pour  apuycr  leur  fcntiment, 
je  ne  prérens  pas  pour  cela  vous  raporter  celles 
des  Modernes,  parce  qu'elles  ont  leurs  difHcultcz, 
ik.  qu'elles  me  paroillént  non-feuicmcnt  trop  phy- 
iiques  ,  mais  mêmes  tres-abftraitcs.  On  les  peut 
voir  toutes  dans  Duncan  ,  qui  en  a  traité  fort  am- 
plemci:r.  Dnrersad- 

Le  rets  admirable  ,  ou  lacis  retiformc  eft  décrit  "^^"^^=' 
par  Galien  ,  qui  l'ayant  trouvé  dans  plufieurs  ani- 
maux qu'il  a  dillequez,  a  cru  qu'il  étoit  auiîi  dans 
l'homme  :  Tous  les  Anatomiftcs  qui  l'ont  crû  in- 
capable de  fe  méprendre  ,  l'ont  fuivi  aveuglément 
mais  les  Modernes  qui  n'ont  voulu  en  croire  que 

H  h    iij 


486  "Du  Cerveau  &  de  fes parties  , 

leurs  yeux  ,  l'ont  cherché  fans  jamais  l'avoir  pu 
trouver,  parce  qu'éfedivemcnt  Thomme  n'en  a 
point,  il  eft  bien  vrai  qu'aux  cotez  de  la  glande 
pituitaire,  où  ils  difent  qu'il  eft,  on  obferve  que  les 
artères  carotides  y  font  une  double  flexion  en  for- 
me de  on  ,  avant  que  de  percer  la  dure-mere,coni- 
me  on  le  peut  voir  aux  arrêtes  carotides  gravées 
dans  la  planche  précédente  ,  &  marquées  aa. 
Ufagcidu  Les  Anciens  fe  font  encore  trompez  fur  les  ufa- 
rabic.  §^s  ^  "S  o"^  donnez  au  rets  admu-able  i  (  car  ils 

lui  en  ont  attribué  plu  (leurs  qu'il  n'a  pasj6«:  que  je 
ne  vous  raporterai  point ,  afin  d'abréger  ,  )  &  ont 
omis  le  veritable,qui  eft  d'arrêter  l'impetuofité  du 
fang  qui  eft  porté  du  cœur  dans  le  cerveau  parles 
artères  carotides. 
UciHtéjquc  Les  animaux  qui  ont  la  teftc  au  niveau  delà 
les  animaux       .    .  o         •  r  u  \        \     rr 

tircn:  du     poitrme,  &  qui  louvent  l  ont  plus  balle  en  man- 

^fî'j^'^'^i-  geantjOU  en  paiftant  ,  avoient  befoin  de  ce  rets, 
qui  empêchât  le  fang  d'être  poulfé  avec  trop  de 
vîtelfedans  le  cerveau  ,  parce  qu'il  les  auroit  fuf- 
foqué  ,  mais  l'homme  quia  par  fa  figure  droite 
la  tefte  au  delFus  de  la  poitrine,  n'eft  pas  expofé  à 
cet  inconvénient ,  c'eft  pourquoi  la  nature  ne  lui 
en  a  pas  donné  :  elle  a  feulement  fait  faire  cette 
flexion  que  je  viens  de  vous  marquer  aux  deux  ar- 
tères carotides  ,  non  pas  pour  empêcher  le  fang 
d'entrer  dans  le  cerveau  ,  mais  pour  faire  retarder 
fon  cours,  de  crainte  qu'il  n'y  fut  porté  avec  trop 
de  précipitation, 
ta  glande      H  eft  difficile  de  bien  voir  la  glande  pituitaire  ,  à 

pituitaire,    j^^^jj^^  qu'on  ne  l'ôte  de  fa  place  ,  comme  je  viens 

de  faire  :  elle  eft  de  la  grolfeur  d'un  très-gros  pois 

elle  eft  fîtuée  dans  la  felle  de  l'os  fphenoide  ,  au 

deflous  de  l'entonnoir. 

Sa  fubftance  eft  plus  dure  que  celle  des  autres 


yi  l.  Démonftration  Anatonûqm,  487 
glandes:elle  eft  revêtuç  d'une  membrane  qui  vienc  dçla  glande 
de  la  pie-mere  :  elle  eft  convexe  en  fa  partie  infe-  P"*^'*^^* 
rieurc  ,  &  cave  en  fa  Tuperieure ,  qui  eft  l'endroit 
par  où  l'extrémité  de  l'entonnoir  entre  dans  fa  ca- 
vité ,  que  l'on  trouve  toujours  enduite  de  quelque 
mucofîté. 

Voilà  ,  MeffieuFS,  toutes  les  parties  qui  font 
renfermées  dans  le  crâne  ,  il  ne  me  refte  plus  prc- 
fentement  qu'à  vous  faire  voir  celles  de  la  face  j 
que  je  refervc  pour  la  Démonftration  de  demain 
dans  laquelle  j'cfperç  finir  tout  ce  qui  regarde  la 
tête. 


Hh   m) 


488 

H  U   I   T   I    E'  M  E 

DEMONSTRATION 

De  la  Face  O*  de  fes  Parties. 

La  Fare  cft  li^.^,.^^1  A  Fâce,que  j'entreprends  de  vous  faire 
I  image  de      iM^^ml        •  ■         j'i     •        x  <    /r  n.    j 

i'amcT  IHi^^S  ^''^^^  aujourd  nui  ,    Meilleurs,   elt    de 

l^^^3  toutes  les  parties  de  PHomme  celle 
^^^^3  qui  mérite  le  plus  d'éloges  ;  c'efl:  elle  où 
font  imprimez  les  véritables  caraclcres  de  la  Divi- 
nité, ôc  qui  étant  l'image  de  l'ame  ,  reprefente  au 
dehors  toutes  les  paffions  qui  régnent  au  dedans. 
Je  lai  (Te  aux  Pauegyriftes  à  lui  donner  les  louan- 
ges qiri  hù  font  ducs  ,  voulant  me  renfermer  f;m- 
plement  dans  le  devoir  d'un  Anatomifte  ,  qui  eft 
de  vous  faire  connoître  feulement  les  parties  qui 
la  compofent  ;  &  peut  être  que  ce  moyen  n'eft 
pas  moins  propre  pour  vous  convaincre  de  fou 
excellence,  que  li  j'emnruntois  le  fecours  de  l'élo- 
quence,  pour  vous  faire  quelque  difcours  à  fon 
avantage,  puifque  j-  n'ai  qu'a  vous  montrer  les 
organes  des  fens  qu'elle  contient ,  pour  vous  faire 
demeurer  d'accord  qu'elle  cfl  au  delî'us  de  tousies 
éloges  que  je  pourrois  lui  donner. 
P  ••  '!■  oi       C'eft  par  le  moyen  des  cinq  fens  ,  qui  font ,  la 

Is;  cirVrcns  veuë  ,  l'oiiie  ,  l'odorat  ,  le  goût  ,  ôc  le  toucher  ; 

fonc   piactz  ç.^^ç  j^  cerveau  efi:  averti  de  toMt  ce  qui  fe  paffe  au 
dehors  ;  c  elt    pourquoi  ils    font  tous   placez  a  la 


rSS^^"'^- 


xvtr 


P    4-88 


V  m.  Dçmon^rAtion  Angitomlque.  489 
face  comme  à  la  partie  la  plus  voifinc  du  cerveau, 
car  de  même  que  les  Miniftres  d'un  Prince  font 
toujours  auprès  de  fa  perfonnc,  pour  l'avenir  plus 
promprement  de  ce  qui  vient  à  leur  comioidancc 
&  pour  veiller  conjointement  avec  lui  aux  affai- 
res de  l'Etat  i  de  même  auffi  ces  fens  étant  com- 
me les  premiers  miniftres  du  cerveau  ^  dévoient 
en  être  proche  pour  l'avertir  de  ce  qui  eft  bon ,  a- 
fin  qu'il  le  cherchât  ;  &:  de  œ  qui  eft  mauvais  j  a- 
fin  qu'il  l'évitât. 

Les  parties  qui  fervent  d'organes  aux  cinq  fens     Quatiede 
fon  l'œil ,  l'oreille  ,  le  nez  ,  la  langue  &  la  peau,à  c"  fr"'/^* 
l'égard  de  la  peau  ,  qui  eft  l'organe   de  l'artouche-  cxaninei-. 
ment  ,  je  vous  l'ai  fait  voir  dans  la   première  Oé- 
monftration  de  cette  Ariatomie  ,  de  forte  qu'il  ne  .      . 

me  relie  plus  à  vous  démontrer  que  les  quatre  au- 
trcsj  c'cft  ce  que  je  vais  faire  aujourd'hui  en  com- 
mençant par  les  parties  de  la  face. 

La  face  ,  ou  le  vifage  fe  divife  en  deux  parties,  ,  r^iW/îon 
dont  l'une    eft    fupcrieure ,  que    Ton    apellc    le       *   ***' 
front  ;  &  l'autre  inférieure  ,  qui  comprend  toutes 
les  parties  qui   font   depuis  les   fourcils  jufqti'au 
menton. 

Le  front  eft  ainfi  nomme  du  mot  Latin /^r<7,qui  Lcfrorc' 
fignifie  porter ,  parce  qu'il  porte  devant  lui  les 
marques  de  l'elprit  \  de  forte  que  ceux  qui  ont  le 
front  petit ,  ont  ordinairement  peu  d'efprît  ;  &  au 
contraire  ceux  qui  l'ont  grand  ,  en  ont  beaucoup, 
parce  que  le  cerveau  n'étant  pas  prclfé  par  un  petit 
front ,  peut  faire  fcs  fondions  commodément  ,•  & 
qùel'efprit  animal  qu'il  fépai-c  ,  peut  fe  mouvoir 
avec  liberté.  Il  eft  borné  en  haut  par  l'endroit  où 
hnllfcnt  les  cheveux  ,  eu  bas  par  les  fourcils  ,  & 
aux  cotez  par  les  temples. 

Les  mouvemcns  du  front  fe    font  par  la  moyen 


49©  ^^  '^  ^^^^  ^  de  fes  parties  ^ 

A  de  deux  mufcleSjque  l'on  apcile  frontaux  j  ils 
clcj^Q™""  prennent  leur  origine  delà  partie  fuperieiire  de 
uux.  la  tête  ,  proche  le  vertex  ,  &  dcfcendanc  par  des  fi- 

bres droites,  ils   viennent  s'inférer   à  la   peau  du 
front  proche  les   fourcils  ;  lorfqu'ils  a^iflcnt ,  ils 
tirent  la  peau  du  front  en  hautj&:  la  font  mouvoir 
avec  eux  ,  parce  qu'ils  y  font  fort  adheren  s,ils  font 
un  peu  féparez  l'un  de  l'autre  dans  le  milieu   du 
front  j  ce  qui  fait  que  la  peau  fe  ride  &  fc   fronce 
en  cet  endroit ,  en  forte  que  les   fomcils  s'entrc- 
touchent  quelquefois,  quand  on  eft  faifi  de  crain- 
_         te  ou  d'admiration. 
Les  muf-      Deux  autres  mufcles  ,  que    l'on  nomme  occipi- 
clfs  occipi-  taux  ,  prennent  leur  origine  du  même  endroit  que 
les  precedens ,  mais  ils  font  un  chemin  tout  oppo- 
fé  ,  allant  de  devant  en  derrière  s'inférer  à  la  par- 
tie inférieure  de  la    peau  de   l'occiput  qu'ils  tirent 
en  haut ,  lorfqu'ils  agilTent.Ces  mufcles  font  plats 
ôc  minces ,  «Se  n'ont  pas  leur  mouvement  aulîi  ma- 
nifeftc  que  celui  des  frontaux. 
Divifidn       La  face  fe  divifc  comme  la  poitrine  &  le  bas- 
dc  la  Fuc  ventre  ,  en  parties  centenantes  &  en  contenues  •■, 
conKnantct  les  contenantes    font  communes  ou    propres  \  les 
&  cii  conte-  communes  font  les  tegumens ,  qui  font  les  mêmes 
"**^*'  qu'au  refte  du  corps,  &  les  propres  font  les  muf- 

cles &  les  os,lcs  parties  contenues  font  les  organes 
des  quatre  fcns,fçavoir  de  laveuc  ,  del'ouye  ,  de 
l'odorat ,  &  du  gouc  ,  car  pour  celui  du  toucher,il 
eft  répandu  par  tout  le  corps. 
ic  V«  }ltl  L^  P^^"  ^^  ^^  ^^^^  ^^  femblable  à  celle  des  au- 
"  très  parties  ,  excepté  qu'elle  eft  percée  en  quatre 
endroits  ,  aux  yeux ,  aux  oreilles,  au  nez  j  &  à  la 
bouche-,  elle  eft  unie  &  déliée  aux  enfans  &  aux 
femmes  ,  mais  aux  hommes  elle  fe  couvre  de  poils 
vers  le  menton ,  lorfqu'ils  ont  atteint  l'âge  de  pu- 


VIII.  'Démonftration  Anatomîejue.  49 1 
berté  ;  de  forte  que  fi  les  femmes  ont  pour  leur 
parcage  une  peau  fine  &  blanche  ,  &  des  traies  dé- 
licats &  réguliers,  on  peut  dire  que  celles  des  hom- 
mes eft  dédommagée  de  ce  petit  avantage  par  une 
majefté  &  une  fierté  qui  le  mettent  au  delîus  de  la 
mollellé  des  femmes. 

L'on   oblerve  que  la  femence  &  la  barbe  ont  Pourquoi  la 
beaucoup  de   raport  enfemble  ,  que  l'une  &  l'au-  [a^'^i^g  ^ 
tre  parolifenc  dans  le  même  âge  ,    qui  eft  dans  le  nenncnc 
tcms  que  les  parties  ne  croiflfent  plus  ,  parce  qu'a-  nfétrTir^" 
vant  l'âge  de  quinze  à  feize  ans  les  particules  qui 
les  forment   font  employées  à  l'acroilfement  du  • 
corps  ;  ce  qui  empêche  pour  lors  qu'elles  ne  pro- 
duifcnt  de  la  femence  &:  de  la  barbe  \  de  manière 
qiîe  c'eft  la  même  matière  qui  fait  l'une  &  l'autre  * 
avec  cette  différence   que  les  particules  les  plus 
fubtiles  filtrées  &:  féparées  par  le  tcfticule  font  le 
corps  de  la  femence,&  que  les  plus  grolfieres  por- 
tées à  la  peau  produifent   la  barbe  -,  ce  qui  fait  que 
ceux  qui  font  Us  plus  abondans  en    femence  fonc 
aufli  les    plus  velus  ,  &  que  les   châtrez -n'ayant 
point  de  femence,  n'ont  point  aufli  de  barbe.  Cet- 
te opinion  eft  confirmée   par  ce  qui  arrive  aux 
femmes ,  on  lein-  voit  paroiftre  des  poils  aux  aif- 
felles  ^  au  pubis  dans  le  tems  qu'elles  commen- 
cent à  avoir  de  la  femence  ;  &  fi  elles  n'ont  point 
de  barbe  au   menton  comme    les  hommes  ,  c'eft 
comme  j'ai  déjà  dit,  que  la  matière  en  eft  évacuée 
par  leurs  ordinaires,  qui  leur  viennent  dans  le  mê- 
me tems  que  lafemcnce}&  cela  eft  fi  vrai  que  l'on 
a  vu  des   femmes  devenir  barbues  faute  d'avoir 
leurs  purgations. 

Je  ne  dis  poij)C  ici  ce  que  c'eft  que  l'œil ,  par-  C 
ce  qu'il  n'y  a  pcrfonne  qui  ne  fçache  ,  &  qui  ^°^'^ 
ne  i^oit  peiTuadé   que  c'eft  la  plus  belle  partie  de 


4S>2.  De  la  Face  &  dcfes  parties , 

l'homme ,  ôc  la.  plus  cligne  d'ddmiration. 

Raifons  de     L'œil  eft  fîtué  au  deflous  du  front  dans  une  cavi- 

fariruatian.  ^^  toute  oilèufe  ,  que  Ton  nomme  Torbice.  ïntre 
les  Anatomiftes  qui  ont  cherché  la  raifon  pour- 
quoi il  étoit  placé  dans  le  lieu  le  plus  élevé  du 
corps,  les  uns. ont  dit  que  c'étoit  afin  de  découvrir 
de  plus  loin  ce  qui  nous  cft  pins  avantageux  ou 
nuiiible  ;  parce  qu'il  eft  comme  une  fcntinelle  qui 
veille  fans  celle  pour  nôtre  confervation  :  &  d'au- 
tres ont  prétendu  avec  plus  de  raifon  ,  que  c'étoit 
afin  de  communiquer  plus  promptemcnt  au  cer- 
.  veau  l'imprcflion  des  objets  qui  le  frapcnt. 
Figure  de      La  figure  de  l'ccil  ,  fi  l'on  regarde  feulement 

lœil.  fon  globe  ,  eft  ronde  :  mais  fi  on  le  confidere  en- 

velopé  de  fies  mufclcs ,  elle  eft  oblongue  &  pira- 
midalc,ayant  fa  bafe  en  dehors,  &  fa  pointe  ea  de- 
dans. 
Grandeur      La  grandeur  de  l'oeil  cft  différente  &C  inégale  en 

dciiœxl.  j  différentes  pcrfonncs  :  un  gros  œil  à  fleur  de  tére 
cft  à  la  vérité  le  plus  btau  mais  il  n'cft  pas  h  bon 
que  le  petit ,  ni  que  celui  qui  cft  enfoncé  ,  parce 
qu'il  n'aperçoit  pas  li  fubtilcmcnt,&;  qu'il  cit  plus 
fujet  à  être  offcnfé  par  les  fluxions  &  les  injures 
de  dehors. 
Couleur       j|  j^'    ^  ^^^^Q  l'homme  &  le  cheval  entre  tous  les 

4fis  ycHX.  ,      ^       ^ 

animaux  qui  aycnt  les  yeux  de  diverles  couleurs, 

étant  tantôt  giis  ,  tsntot  noirs  ,  &  tantôt  bleus  , 
ôc  cette  divcrfité  dépend  des  différentes  cou- 
leurs qui  paroill'cnt  dans  l'iris.  Ils  font  aifémen: 
offcnfez  par  des  caufcs  ou  trop  chaudes  ,  ou 
trop  froides  :  &  ce  qui  leur  convient  le  mieux  ,  eft 
un  air  tempéré  ,  Se  tout  ce  qui  cft  modérément 
chaud. 
_  L'œil  cfi  Tout  le  monde  fçait  que  les  yeux  font  les  veri- 
'u'r^r  '^'^  tables  organes  de  la  vue,  ôc  que   c'eft  par  leur 


V  î  l  LBémon^Yâtlon  AnM9m.  495 

moyen  que  l'on  aperçoit ,  &  que  l'on  découvre 
toutes  chofes  \  mais  la  difficulté  eft  de  fçavôir 
comment  cela  fe  fait  :  c'eft  ce  que  je  n'expliquerai 
point  ici ,  voulant  vous  faire  voir  prcfentemcnt 
toutes  les  parties  qui  les  compofent. 

Les  yeux  fe  divifent  en  parties  externes  ^^"^{^^^ 
internes  :  les  premières  font  celles  qui  les  défen- 
dent &  couvrent,  comme  les  fourcils  &  les  pau- 
pières 3  &  les  autres  font  celles  qui  font  enfer- 
mées dans  l'orbite  ,  &  qui  compofent  le  globe  de 
l'œil.  T     f    - 

Les  fourcils  font  apellez  par  les  Latins  Çitfer»  eiis. 
cïHa  5  à  caufe  qu'ils  font  au  dellus  des  cils.  Ce 
font  des  poils  arrangez  obliquement ,  &  en  forme 
de  croillant  ,  dont  la  pointe  ,  qui  eft  proche  le 
nez ,  s  apelle  la  tête  des  fourcils ,  &  celle  qui  va 
vers  les  temples  ,  la  queue  :  ils  font  deux  ,  utj  au 
deflfus  de  chaque  œil.  C'eft  chez  eux  que  les  An- 
ciens ont  prétendu  que  le  fafte  &  l'orgueil  étoient 
placez.  Gom^Û- 

Il  y  a  quatre  lorres  de  piâirties  qui  entrent  dans  fourcili. 
la  compolkion  des  fourcits '/premièrement  une 
peau  épailfe  &  dure  ;  elle  éft  ^épallfe  pour  en  for- 
mer l'éminence,  &  dure,  afin  que  les  poils  y  tien- 
nent mieux  j  fecondement'de^  parties  mufculcu- 
k%  ,  qui  font  les  extrémicez  de$  mufcles  frontaux 
qui  fervent  à  les  lever  :  en  troihcme  lieu  ,  des 
poils  à  qui  l'on  donne  polir  ufacre  de  décourner 
les  fueurs  qui  coulent  de  la  tête  &  du  front ,  afin 
qu'ils  n'entrent  pas  dans  les  yeux  :  &  enfin  la 
grailfe  qui  fert  de  nourriture  à  ces  poils  s  lefquels 
croillent  quelquefois  tellement,  qu'on  eft  obligé 
de  les  couper  ,  de  peur  qu'ils  n'incommodent  les 
yeux. 

On  remarque  que  les  éminences  que  font  les    Ufaj-f. 


494  ^^  ^^  Face  &  de  [es  parties , 

icsfoBrcils.  fourcils,  fervenc  à  rabarrela  trop  grande  clartc,& 
que  quand  elles  ne  lutlircnt  pas  ,  on  cft  fou-venc 
obligé  de  bailler  les  foucils,  &  de  mecre  la  main 
au  delFus  des  yeux  ,  pour  diminuer  l'excès  d'une 
trop  grande  lumière. 
_  Les  yeux  feroienc  mal  défendus  ,  s'ils  ne   l'é- 

LeîPaupic  toiênt  que  par  les  fourcils  ,  &  s'ils  n'avoient  on- 
"*'  tre  cela  des  paupières  pour  les  couvrir.  Elles  fonc 

deux.  Tune    fupcrieuie  qui  fe  meut   dans  l'honir 
me,  &  même  fi  vite  ,  que  l'on  compare  toute  for- 
te de  raouvemenc  prompt  à  un  clin  d'oeil  ;  &  l'au- 
tre inférieur  ,  qui  eft  immobile  ,  ou  du  moins  qui 
a  un  mouvement  fort  petit.  Je  dis  dans  l'homme  , 
parce  que  dans  les  oifeaux  au  contraire ,  c'ell  l'in- 
férieure qui  fe  meut  ,  &    non  pas  la  iupcrieu- 
re. 
CciTipofi.     Les  paupières    font    couvertes  extérieurement 
paupières.    P^r  1*  peau  ,  qui  ell  en  cet  endroit  mince  oc  lâ- 
che, pour  pouvoir  s'étendre  ou  fe  froncer  dans 
les   mouvemens  :   elles  font  revêtues    par    leur 
partie  interne  d'une  tunique  qui  eft  fort  déliée  , 
afin  de  ne  pas  offenfer  le  corps  de  l'œil  qu'elle 
touche;  cette  tunique  eft  une  continuité  du  peri- 
crane. 
Lej  mufcici     Les  mufcles  qui  font  mouvoir  la   paupière  fu- 
rcî.  perieurc  font  deux  j  l'une  s'apelle  le   releyeur ,  & 

l'autre  l'abbailïcur. 
,^  Le  releveur  prend  fon  origine  du  fond  de  Tor- 

'  bite  au  dellus  du  trou  par  où  fort  le  ncrt  optique  , 
&  vient  s'attacher  par  une  large  aponévrofe  au 
bord  de  la  paupière  fuperieure  ,  en  fe  racourcif- 
fantil  la  tire  en  haut  j  &  par  ce  moyen  découvre 
l'œil. 
J  Le  fermeur  ou  abbaiiTeur  prend  fop  origine  au 

Lc  fciTOf  ur.  grand  angle  de  l'œil ,  ôc  pallant  par  dellus  la  pau- 


ic 


VIÎL  Démonftration  AnatomîqHe,  495' 
pierc  fuperieure  va  s'inférer  au  petit  angle  ;  lors- 
qu'il agit  il  tire  la  paupière  fuperieure  en  bas  & 
couvre  l'œil  j  &  afin  qu'il  fût  fermé  plus  exaâie- 
ment  ,  une  partie  de  ce  mufcle  palfe  par  la  pau- 
pière inférieure  ;  &  va  finir  au  petit  angle ;de  forte 
que  les  deux  parties  de  ce  mufcle  ferment  parfai- 
tement bien  l'œil. 

Lts  angles  ou  coiiis  des  yeux   font  les  endroits  .  L«anglc$ 
où    la  paupière  de  delTus  s'afTemble  avec  celle  de 
delTbus  :  ils  font  deux  ,  l'un  auprès  du  nez,nommé 
le  grand  angle  ou  l'interne  ,  de  l'autre  vers  les  tem- 
ples,apcllé  le  petit  angle  ou  l'externe. 

La  glande  lacrimale  efl:  ficuéc  au  delTus  de  l'œil  g 
proche  le  petit  angle  j  elle  peut  palTer  pour  con-.  Ms^ndc 
glomerée ,  parce  qu'elle  eft  comme  divifée  en 
plu/îeurs  petites  lobes.  Elle  a  des  artères  qui  vien- 
nent des  carotides  5  des  vénes  qui  fe  déchargent 
dans  les  jugulaires  i  des  nerfs  qui  viennent  de  la 
cinquième  &  fixiéme  paire  ,  &  des  vaifiTeaux  ex- 
crétoires qui  percent  la  tunique  intérieure  des 
paupières  prés  les  cils.  Cette  glande  filtre  unefe- 
ro/îtéf  vifqucufe  j  qu'elle  verfe  entre  le  corps  de 
l'œil  &  des  paupières ,  pour  en  faciliter  les  mou- 
vcmens. 

Quelques  Anatomiftes  ajoutent  une  féconde  Erreur  de  la 
glande  lacrimale  ,  iituée  au  grand  angle  de  l'œil  ,  ^fj^'^fj.  * 
mais  ils  fe  trompent  ;  car  il  n'y  en  a  point  dans 
l'homme  ,&  ils  prennent  cette  petite  éminence  en 
manière  de  caroncule  que  Ton  voit  au  grand  coin 
de  l'œil,  pour  une  glande  lacrirnale.  Ce  n'efl:  ce- 
pendant autre  chofe  que  la  réunion  de  la  membra- 
ne intérieure  des  paupières.  -, 

Le  bord  des  paupières  eil  percé  de  deux  petits     p^J^^j  j\,_ 
trous,  que  l'on  nomme  points  lacrimaux,  qui  font  crimaux. 
les  ouvertures  d'un  petit   (àc  membraneux  qu'ils 


49  <5  De  Id  Faâe&  âefes  parties' y 

apellent  (àc  lacrimâl  ,  ce    fac    eft    proprement 
l'encrsc  du  canal  par  où  pa(ïè   la  lîqaeur  qui  vient 
de  la  glande  Ucrîmalc  pour   fe  déchaif^er  dans  la 
cavité  du  nez  ,  c'clt  l'ulcération  de  ce  fac  <^m  cau- 
fe  la  filiale  iacrimale  ,  èc   qui  empêche  le  palïligc 
des  larmes  dans  le  nez. 
Deux  car-      Les  cartilages  qui  terminent   les  paupières  ,  re- 
paupic  *s*   Clivent  le  nom  de  tarie  &    de  peigne  j  ils   font 
minces  &  déliez  ,  ce  qui  les   rend  plus  légers  : 
leur  figure   eft  demi-circulaire  :  ils  font  deux  ,  ce- 
lui de  la  paupière  rupcricurc  eft  plus  long  que  ce- 
lai de  l'inférieure.    Ils  fervent  également  à  fermer 
i'œii. 
Les  cil*.        Les  cartilages  ont  dans  leur  bord  plufieurs  pe- 
tits  trous   d'où    fortent  les  poiîs  des  paupières, 
qu'on  apelle  des  cils  ,  ce  font  de'pçtits  poils  cour- 
bez en  arc  :  ils   gardent   toujours  !a  même  gran- 
deur qu'ils  avoient  dans  la  nailîanceiils  fervolent  à  ' 
empêcher  que  les  chofes  légères  ne  tombent  dans  ' 
l'œil. 
Plufietsri        Outre  CCS  trous  dans  Icfquels  font  plantez  les 
au  bor(idci^"S,il  y  aune    autre  rangée  de   petits  pores  au- 
P2upj.wei,    bord  de  chaque  paupière ,  d'où  fort  une  petite  hil- 
mcur  ,  gluante,  quifert  a  humeccer  les  caitilages 
^  à  les  rendre  plus  fouples  Se  plus  obcillàns  dah^ 
leurs  mouvcmcns:quand  cette  humeur  a  de  l'acfî- 
mom'e  ,  elle  fait  de  pctirs  ulcères  au  bord  des  pau- 
pieresjce  qui  leur  caute  une  rougeur  qui  dure  tant 
que  ces  ulcères  fubfiftcnt 
Lcspatbts       L'ordre  que  j'ai  toujours  obfervé  dans  le  cours 

qui  coau>«- 4e  ces  Dcmonftrations  ,  demande    qu'après  vous 
icnr  le  corps         •    r  •  •    i  •  j     i>     m  • 

tl^l'cul.        avoir  raie  voir  les  parties  externes  de  1  œil^je  vous 

en  démontre  prefentemeat  les  parties  imcrnesrLe 

globe  de  l'œil  eft  compofé  de  graille ,  de  mufcles, 

de  yailfeaux  ,  de  membranes ,  Ôc  d'humeurs. 

Il 


FI  IL  Démonflrat îon  Anatomiqiie.  ^ç)7 

Il  y  a  beaucoup  de  graiirc  dans  la  cavité  de  Tor-    ^^  graifle, 
bice  ,  le  corps  de  l'œil  en  eft  environné  de  même  , 
que  s'il  écoic  dans  du  coton  ,  cette  graille  (ert  à  hu- 
mecter les  mnfcles  ,  atin  de  rendre  leurs   mouve- 
mens  plus  faciles. 

Les  veux  font    tous  leurs   mouvemens    par  le      ,.      .  , 
moyen  de  iix  mulcles  ,  quatre  droits  ,  ôc   deux  o-  clcs  aux 
bliques.  î""^- 

Le  premier  des  droits   eft  apoellé  le  releveur,      mt 
ou  le  fuperbe  ,  il  levé  Tœil  en  haut  ,  Se  fait  regar-     Quatre 
der  le   Ciel:     le  fécond  eft  l'abaifleur  ,  ou  l'huin-  droiu" 
ble  ,  il  tire  l'œil  en  bas ,  &  fait  regarder   la  terre  : 
le   troiliéme  eft   l'adduéteur    ou    beuveur ,  parce 
qu'il    amené   l'œil  vers  le  nez  ,  &   fait    regarder 
dans  le    verre  en     beuvant  :  ôc   le    quatrième  eft 
I'addu6teur    ou    dédaigneur  ,   parce    qu'il    retire 
l'œil  vers  le  petit  angle  ,  3c  fait  regarder  par  dellus 
l'épaule. 

Ces  quatre  mufcles  naîirent  (Te  la  cîrconferen-     Origine 
ce  du    trou  de  l'orbite  ,  par  où  fort  le  nerf  opti- ^'J^^''^"'î-" 
que  j  ils  vont  fe  terminer  chacun   par  un  tendron  des. 
large  &  délié  ,  à  la  cornée  par  exemple,  le  fuperbe 
vient  de  la  partie  fupeiieure  de  ce  trou  ,  &  eft  at- 
taché   par    fon  autre  extrémité  à  la   partie  fupe- 
rieure  de   la  cornée  :  l'humble  i'ient  de   la  partie 
inférieure  de  ce  trou  ,  Se    s'infère  à  l'inférieure  de 
la  cornée  :  le  buveur    vient  de  la  partie  latérale  du 
trou  de  l'orbite  ,  Se  eft  attaché  à  la  cornée    proche 
le  grand  angle  :  &  enfin  le  dédaigneur  eft  iltué  à 
l'opolite  du  buveur,  Se  fait  au  fil  une  a6tion  tou- 
te oppofée  ,  puifqu'il  tire    l'œil  du  côté  du   petit 
angle.Qiiand  ces  mufcles   agllFcnt  tous  quatre  en- 
femble  ,  ils  tirent  l'œil  au  fond  de  l'orbite 

Le  premier  des  mufcles  obliques,  qui  eft  le  cin-         j^ 
quiéme  de  l'œil  eft  appelle  le  grand  oblique  ,  il   Jr^  grand 


49  s  De  la  Face  &  de  fes parties , 

crt  plus  grefle  que  les  precedens  ,  ÔC  fon  tendon 
eft  p!us  long  que  celui  des  aurres  miilcles.  U 
prend  Ton  origine  de  la  panie  inreiieure  de  l'orbi- 
te j  &  monte  le  long  de  l'os  à  la  partie  fiiperieurc 
du  grand  angle  j  où  fon  tendon  palT'e  par  un  petit 
caitilac^e  annulaire  fait  en  fortue  de  poulie  ,  que 
l'on,  ai'clic  troclée  ,  &c  va  aboutir  enfuite  avec  le 
petit  oblique  vers  le  petit  angle  ,  quelques-uns 
Tont  nommé  trocleateur. 
L  Le  fécond  des  obliques,  qui  eft  le  dernier  de 

obiique^"^  l'œil  ,  eft  apcUe  le  petit  oblique  :  il  fort  de  la 
partie  inférieure  Se  extérieure  de  l'orbite,  au  délias 
de  Tunion  des  deux  os  de  la  mâchoire  fuperieure  , 
&  va  s'inférer  vers  le  petit  angle  à  la  partie  infé- 
rieure de  la  cornée  :  il  tire  l'œil  obliquement  vers 
le  nez. 
Autres         Qç^  deux  mufcles  obliques  font  encore  nommez 

iVirTiSficCCS     ...  *■  ,-i     r 

n-iurdcj.       circulaires  ,  ou  amoureux  ,  parce  qu  us  ront  mou- 
voir les  yeux  obliquement  &  en  rond  :  Ce  font  les 
mouvemens  ordinaires  des  yeux  des  Amans ,  lorf- 
qu'ils  regardent. leur  Maîtrelfe. 
r-n^^M^         Quand  les  mufcles  des  yeux  n'ont  pas  pris  l'ha- 
tu  louche,    bitude  d'agir    enfemble,  comme    il    arrive  fou- 
vent   aux  enfans  ,  ils  les  rendent    bigles  &  lou- 
ches. 
,  l-es  nerfs      Lçg  nerfs  qui  vont  à  l'œil  font  l'optique  ,  le  mo- 
teur^  le  pathétique  ,  la  lixieme  paire,  oc  une  bran- 
che de    la  cinquième  :  mais  pour  en   bien  fçavoir 
la  diftribution  ,  il  faut  les   prendre  dés  leur  origi. 
ne.    Tous  ces  neifs  ayant    percé  la  dure-raere  eu 
divers  endroits  palîent  par  la  fente  irrcguli^rc   du 
fphenoide ,  excepté    l'optique.    Le   pathétique  va 
le  perdre  tout  entier  au  grand  oblique  :  &  la  di- 
xième paire  dans  le  dédaigneur  ,  après  avoir  don-  . 
né  auparavant  une  petite  branche     pour  l'inter- 


VIII.  Vémonfiratlon  AnAtomique.  45)5) 

codai  y  comme  on  l'a  dit.    L'optique  va  fomicr  la 
rétine  ,  qui  eft  l'organe  de  la  vidon. 

Les  avteres  (ont  au  nombre  de  trois.  La  pre-  Artcrcs4c| 
miere  vient  de  la  carotide  interne ,  elle  accompa-  ^^" 
gne  le  nerf  optique.  Apres  avoir  donné  des  ra- 
meaux aux  mufcles  &  aux  membranes  voilines, 
elle  fort  vers  le  srand  ane;le.  La  deuxième  vient  de 
la  carotide  externe  ,  elle  arrofe  les  parties  externes 
de  Tœil ,  &:  s'anaftomofe  avec  la  précédente.  La 
troifiéme  vient  de  la  dure-mere  j  elle  paflb  dans  la 
milieu  du  nerf  optique  ,  elle  parcoure  le  rétine", 
avec  autant  de  vénes  que  d'artères. 

Les  vénes  qui  reçoivent  prefque  tout  le  fang  Vcnç«<fcrf 
porte  par  les  aiteres  vont  fe  rendre  aux  quatre  fi-  ycw» 
nus  qui  font  à  la  bafe  du  cranc  ,  autour  de  lafelle 
du  fphénoide  ,  pour  delà  le  décharger  dans  les  la- 
téraux ,  6c  des  latéraux  dans  les  jugulaires  inter- 
nes. Tous  les  vailfeaux  qui  portent  du  fang  au 
dedans  de  l'œil  *  percent  la  fclerotide  en  deux  en- 
droits proche  du  nerf  optique  ,  &  à  la  circonféren- 
ce de  cette  membrane.  Il  y  en  a  qui  entrent  dans 
la  choroïde  &  qui  la  parcourent ,  enfuite  ils 
la  traverfent  dans  le  milieu  le  long  de  fa  circon- 
férence ;&  de  là  ces  petits  vaifl'eaux  vont  aux  fi- 
bres cillaires ,  &  aux  fibres  longitudinales  de 
i  Ins. 

On  a  accoiirunié  de  prendre  un  ccil   de  bœuf  à     ^\/^"^j^* 
caufe  qu'il  efi:  gros  ,  ou  de  tirer  l'œil  du  fujet  que  ^'orbicc 
Ton  a  ,  hors  de  l'orbite,  afin  de  mieux  démontrer  W^^  ^-  ^^ 
les  membranes  &  les  humeurs  ,  qui  font  les  deux         '   ' 
parties  qui  relient  encore  avons  faire  voir,  mais 
je    trouve   plus  à  propos    de  démontrer  celui  de 
rhomnie  ,  quoiqu'il  toit  petit,  parce  que  c'eft  lui 
que  vous  devez  connoître  préferablement  à  tout 

i  i   ij 


jroo  De  la  Face  &  de  fes  partie  s  ^ 

Sixmcn->       Les  membranes  de  l'œil  font  iix  ,  quatre   cora- 
brancs    aux  „     ,  ,  ^r        i 

yeux.  mîmes  ce  deux  propre^j  les  communes  lont  la  con- 

jondive  ,  la  cornée,  Tuvée,  &:  la  rétine  ;  &  les  pro- 
pres font  la  vitrée' qui  enferme  l'humeur  vitrée  :  & 
l'arachnoïde  qui  contient  le  criftallin. 
Ul  La  conjonilivc  eft  la  première  membrane  de 

-  ^^5^^"    l'œil.    Elle  eft  ainli  nommée ,  parce  qu'elle   ren- 
joncuvc.       r  ,  ^         3^.1  , 

terme  toutes  les  autres ,  ou  parce    qu  elle  attache 

l'œil  dans  l'orbite.    Elle  eft  unie  ,  polie  ,  &  d'un 
blanc  d'albâtre  quand    on   fe  porte  bien.    On  die 
*  .IRpmmunement  qu'elle  prend  origine  du  pericrane: 
cela  veut  dire    qu'elle  a  des  attaches  avec  cette 
membrane,   La  conjonctive  ne  forme  pas  le  globe 
de  l'œil  tout  entier  ,  cite  fe  termine  au  bord  de  la 
fclerotide;  elle  eft  parfemée  d'un  million  d'arte- 
'  res  ^  '^s^vé/^S^ui  ne  paroiilcnt  que  lorfque  le 
mouvem|iS«jijSPiTng  eft  plus  rapide  qu'à  l'ordinai- 
re i  c^TOiBî5wîl  arrive  dans  les  maladies  qu'on  ap- 
pelle Ophtalmies. 
N     ,        La  foconde  tunique  eft  la  cornée  ainfi  nommée, 
^^  parce  qu'elle  eft  qjaire  comme  de   la  corde  y  elle 
liait    de   la    partie    de  la  dure- mère ,  qui  enve- 
lope  le  nerf  optique  ,  &  palfant    par  delTous   la 
conjoindlive  5  elle  i:avoit  dans  l'ouverture  qu'elle 
lailTe  au  devant  de  i .  il  ,  &  s'y  élevé  par  une   pe- 
tite éminehce  qui  excède  la  ligne  circulaire  j  cette 
membrane  eft  tranfparente  dans   fa  partie    ante- 
lieure  ,  ce  qui  la  fait  apeller   cornée  en    cet  en- 
droit ,  mais    elle  eft  épaiflc    &    opaque  dans  le 
fondj  où  la  conjondtive  la  couvre  ;  c'eft  pourquoi 
on  nomme  cette  partie  la    fclerotide  j  c'eft-à-dire 
-   dure.    Il  y  a  des  Auteurs  qui  en   font  deux  mem- 
branes quoi  qu'elle  ne  puilTe  palTer  que  pour  une 
fciïle  ,  étant  la  même  continuité.    Nous  avons  die 
que  les  paupières  fervoient  à  ouvrir  &  à  fermer 


VIII.  Déntonfiration  Anatomîque.  50 1 

l'œilinous  pouvons  encore  ajouter  a  cet  ufage  des 
paupières  ,  celui  de  netoyer  ce  qui  pourroir  s'a- 
maflèr  fur  fes  tuniques^  &  principalement  de  polir 
la  cornée  par  leur  mouvement. 

La  troifiéme  tunique  eft  l'uvée  ,  ainfi  apellée,  O 
parce  qu'elle  relTemble  à  un  grain  de  raifin  noir  ;  L^^^'^^' 
elle  eft  aufli  nommée  choroïde  ,  à  caufe  qu'elle 
eft  faite  comme  le  chorion  :  elle  prend  Ton  origine 
de  la  pic-niere  ,  qui  envelope  le  nerf  optique  : 
C'eft  elle  qui  fait  le  trou  de  la  prunelle  qui  paroîc 
au  milieu  d'un  cercle,  qui  à  caule  de  fcs  couleurs, 
eft  apellée  Iris  \  elle  eft  attachée  par  derrière  au 
nerf  optique  ,  à  la  tunique  reticulaive  ,  &  à  la  cor- 
née julqu'à  l'iris  ;  mais  par  devant  elle  eft  libre  , 

I   de  manière  qu'elle  peut  fe  dilater,  &  s'ouvrir  dans 

;  un  lieu  fombre  ,  &  fe  reflerrer  darjs  un  lieu  fore 
éclairé;  ce  mouvement  de  la  tunique  UTce^eft  fen- 
iîble  dans  hos  yeux  ,  mais  beaucoup  p^us  encore 
dans  ceux  des  chats. 

La  quatrième  eft  la  rétine  ,  ou  reticulaire  ,  ainfi  Larctiac 
apellée  ;  parce  qu'elle  eft  tendue  en  forme  de 
rets  derrière  les  humeurs  :  Elle  eft  faite  de  la  di- 
latation des  fibres  du  nerf  optique;  c'eft  dans  cette 
tuniqoe  que  fe  fait  l'impreffio"  des  objets  ,  parce 
qu'il  n'y  a  qu'elle  de  toute,  ^f  (.uniques  de  l'œil 
qui  n'eft  pas  tranlparente:de  ibrte  qce  la  lumière, 
les  couleurs  ,  &  les  efpeces  des  objets  après  avoii* 
traverfé  les  autres  membranes  &  les  humeurs , 
font  arrêtées  par  la  rétine  qui  les  reprefente  au 
cerveau ,  telles  qu'elle  les  a  reçues. 

La  cinquième,  qui  eft  la  première  des  propres,     Liviaée, 
eft  la  vitrée  ,  ainfi  apellée  ,  à  caufe  qu'elle  ren- 
ferme une  humeur  vitrée  ,  elle  répand  par  route  la 
fubftance  de  cette  humeur  de  petits  filets  qui  em- 

.  pèchent  qu'elle  ne  s'écoule:Cecte  tunique  eft  fore 

r  li   iij 


f>o  %  De  la  Face  &  de  fes  parties  , 

délicate  5  &  lorlqu'elle  eft  rompue  ,  l'humeur  fe 
fond  &  fe  tourne  toute  en  eau. 
R  La  iixieme  ôc  féconde  des  propres  efl;  ^arach- 

larachnoi-  noide,  ainiî  nommée,  parce  qu'elle  efl:  déliée  com- 
me une  toile  d'aragnée  :  elle  eft  aufli  apeliee  cri- 
ftalloide,  à  caufe  qu'elle  envelope  immediare- 
ment  l'humeur  crifl:alline  :  Elle  eft  diaphane  ,  afin 
que  les  images  des  objets  y  paroi ifent ,  comme 
dans  un  miroir. 
Tïoishu-      ^^^  humeurs  de  l'œil  font  renfermées  dans  ces 

mc«rs  aux  fix  tuniques  que  vous  venez  de  voir  :  elles  font 

yeax.  j.^.^jj  ^  fçavoir  l'aqueufe  ,  la  vitrée  ,  &  la  criftal- 

line. 

L'aqueufe.        L'humeur  aqueufe   eft    ainfi  nommée  ,  parce 

qu'elle  eft  fluide   comme  de  l'eau  ;  elle  eft  placte   ( 
à  la  partie  antérieure  de  l'œil  qu'elle  remplit  i  el-  | 
le  fait  avancer  la  cornée  un  peu  hors  de  l'orbite  , 
pour  recevoir  les  rayons   qui  viennent   direcce- 
ment  &  obliquement  ;  elle  eft  liquide  pour  faire 
la  réfraction  des  rayons  ,  &c  pour  y  lailïèr  nager    ' 
l'uvée  qui  fe  doit  dilater    3c  reflerrer.  Cette  hu- 
meur couvre  la  criftalline  par  devant,  ôc  environ- 
ne la  vitrée  de  toutes  parts  ;  elle   fe  repare  aifé- 
ment ,  lorfqu'c4le  eft  confumée  par  quelque  mala- 
^  die  ,  ou  évacuée  p- ,[  quelque  blefleure.  Elle  fert  à 
empêcher  que  les  parties  de  l'œil  ne  tombent  dans 
une  trop  grande  fecherefte  Se  que  les  iplendeurs 
trop  vives  &  trop  abondantes  ne  bleftent  les  par- 
ties de  l'œil. 
S  L'humeur  vitrée  eft  ainfi  apellée  ,  parce  qu'elle 

la  vurce,  icllcmble  à  du  verre  fondu  j  elle  remplit  la  partie 
pofterieurc  de  l'œil,  étant  (îtuée  derrière  la  criftal- 
line :  C'eft  elle  qui  donne  la  figure  fphreniqne  à 
l'œil ,  &  qui  tient  la  rétine  dans  une  proportion 
icquife  pour  recevoir  l'imprefîîon  des  objets  :  cile 


VIIÎ.  T^émonftratlon  Anatomlque.  ç  0.5 

eft  d'une  confiitance  plus  folide  que  l'aqaeu'c  ,  6z 
pius  rare  que  la  crillalline,  pour  faire  la  reflaclioii 
des  rayons  :  elle  eft  en  plus  grande  abondance 
que  l'aqueufe. 

L'humeur  criftalline  eft  ainfi  nommée  ,  parce  T 
qu'elle  eft  folide  &  tranfparente  comme  du  criftalj  y^ç^^'^^^^-~ 
d'autres  lui  donnent  le  nom  de  glaciale  ,  à  caufe 
qu'elle  rcilcmble  allez  bien  à  de  la  glace  ;  elle  eft 
placée  encre  l'aqueufc  èc  la  vitrée  vis-à-vis  de  la 
piunellc  :  elle  n'occupe  pas  tout-àfaic  le  centre 
de  l'œil  ,  car  elle  eft  plus  en  devant  afin  de  mieux 
voir.  C'eft  la  plus  petite  des  trois  humeurs  :  elle 
31'cft  pas  exaclcmenc  ronde ,  mais  aplatie  par  de- 
vant ,  &c  un  peu  convexe  par  derrière  5  elle  eft 
plongée  dans  l'humeur  vitrée  ,  où  elle  eft  affer- 
mie par  le  ligament  ciliaire  qui  eft  fait  de  plu- 
iicurs  libres  ,  apellécs  prodiidlions  ciliaires ,  ief- 
quellcs  fortent  de  la  prunelle  &c  s'écartent  comme 
des  lignes  tirées  du  cendre  à  la  circonférence  ;  il 
.y  a  des  Auteurs  qui  en  faifoient  une  membrane, 
mais  ce  n'eft  qu'un  ligament  qu'attache  l'humeur 
criftalline  à  la  tunique  uvée  ,  &c  qui  la  tient  ferme 
.dans  la  vitrée.  Si  l'on  met  l'humcnr  criftalline  fur 
du  papier  qui  foit  écrit  ,  elle  en  fera  voiries  let- 
-tres  plus  grandes  ,  de  même  que  iî  on  les  rcgar- 
doic  avec  des  lunettes  :  enfin  c'eft  cette  humeur 
.que, l'on  regarde  comme  le  principal  organe  mé- 
diat de  la  vue.  .       ,.. 

La   Jifi-)o(ition    naturelle  des    tuniques  ^  des  ^^^-^  ^^s 
hutneurs  de  lœ;!  nous  en  aprend    les  ulacres';  (icïlm- 
.çp.lui  des  tuniques  eft  de   contenir  les  humeurs  , '^■-•-^*' 
6ci  ce,lai  des   humeurs  de  rompre  les  rayons  plus 
ou  moins  ,  à  proportion  de  leur  coniîftance  ,  alin 
que  par  ces  refiaètions  difterentes,  les  rayons  par- 
tant de   l'objet    aillent  diredement   fc   terminer 

1  i    iiij 


504  DeU  Face  &  de  [es  parties  , 

au  point  que  l'optique  demande  pour  les  repre- 

femer. 

Des  ufages   difFerens  de  toutes  les    parties  qui 

Ufages  de  compofent  l'œil ,  il  en  refulte  la  vifion  ;  quin'eft 
tour i œil.  ,    ^    /,         1  j      I  •  r'        ^i       1 

qu  un  ébranlement  de  la  retme  caule  par  la  lu- 
mière ,  foit  direde  ,  foie  refléchie  ,  dont  l'impref- 
{ion  fe  communique  au  cerveau  ,  &  y  demeurant 
fait  qu'on  fe  relïouvient  des  chofes'  que  Ton  a 
vues  ,  lorfque  l'efprit  rentre  dans  ce  veftige  j  de 
force  que  voir  n'eft  pas  faire  quelque  chofe,  mais 
feulement  recevoir  Timpreflion  des  objets  éclai- 
rez qui  nous  frapent. 

Mais  Mr  Brunct  confiderant  la  vérité  comme 
Syf^êmcdc  corapofée  d'un  nombre  innombrable  de  filets  ner- 

M.  B.  fur  la  ^o  s  .    r  -rr' 

viûon.  veux  &  membraneux  qu4  rorment  un  tiliu  com- 
pacle  ,  homogène  ,  &  par  tout  tres-mobilc  à  la 
lumière  ,  en  quoi  confifte  fa  tranfparence  j  a  pré- 
tendu que  l'on  ne  pouvoit  refufer  à  ce  folide 
la  qualité  d'organe  immédiat  de  la  vifion  :  il  fup- 
pofe  donc  avec  tous  le  Opticiens  que  la  lumière 
qui  rejaillit  en  droite  ligne  de  tous  les  objets  éclai- 
rez ,  envoyé  fur  nôtre  œil  qui  en  regarde  quel- 
qu'un autant  de  cônes  lumineux  qu'il  y  a  de 
points  dans  cet  objet  ,  &:  que  chacun  de  ces  cô- 
nes qui  a  fa  bafe  environ  la  prunelle  de  l'œil,  & 
ion  fommet  au  point  objectif  d'où  il  part ,  fe 
continue  à  travers  les  humeurs;  en  forte  que  par 
les  loix  de  la  refraction  que  les  rayons  y  doivent 
foufrir  ,  il  fe  produit  un  nouveau  cône  tout  opo- 
fé  à  l'extérieur  ,  Se  dont  la  pointe  regarde  le  fond 
de  l'œil  :Or  comme  c'eft  une  maxime  que  cette 
pointe  eft  toujours  d'autant  plus  éloignée  de  ce 
fond  que  le  point  objedif  eft  éloigné  de  l'œil , 
il  s'enfuivra  que  tout  un  objet  aperçu ,  dont  les 
parties  feront  à  des  diftanccs  inégales  de  l'orga- 


VII L  Démonflrathn  Anatomïque.  yoj 

ne  fe  gravera  en  relief  dans  la  profondeur  de  la 
vitrée,  &  fuivant  toutes  les  proportions  qu'il  aura 
au  dehors  i  de  forte  que  Tame  jugera  aiCément  de 
la  diftance  d'un  point  vifible  ,  par  le  fentîmenc 
qu'elle  aura  de  t'efpace  qui  fe  trouvera  entre  la 
pointe  du  cône  intérieur  ,  laquelle  exprime  ce 
point ,  &  la  partie  du  fond  de  l'œil  vers  laquelle 
elle  eft  perpendiculairement  dirigée  :  &  ce  qui 
fait  qu'une  très-petite  image  dans  la  vitrée  peut 
nous  faire  apercevoir  un  objet  tres-vafte  ,  dé- 
pend de  la  multitude  de  ces  cônes  ,  aufîî  bien  que 
de  la  vivacité  &  de  la  diftindîon  des  imprcffions 
que  la  lumière  porte  dans  la  vitrée,  comme  d'en- 
droits fort  écartez  les  uns  des  autres.  M.  B.  a 
promis  de  démonrrcr  ce  fiftcme  qu'il  a  publié  il  y 
a  déjà  quelques  années  ,  par  une  infinité  d'expé- 
riences -  <3c  par  l'analogie  des  organes  des  autres 
fens. 

Le  fens  le  plus  noble  &  le  plus  excellent  après  v 
la  veuc  5  eft  celui  de  l'oiiîe  ,  tant  par  la  délicateiTe  L'orcillc. 
avec  laquelle  il  fe  fait ,  que  par  la  ftruélure  admi- 
rable des  parties  qui  le  compofent  \  c'eft  auili  la 
raifon  pourquoi  nous  allons  examiner  les  parties 
qui  lui  fervent  d'organes,  avant  que  de  voir  celles 
de  l'odorat  &  du  goût. 

L'oreille  fe  divife  en  externe  &  en  interne,l'ex-  pivifion  de 
^  n.        .  •  j  u  1  oreille, 

terne  elt  cette  partie  que  vous  voyez  au  dehors  ; 

&  l'interne  eft  faite  de  plufieurs  particules  &  cavi- 

tez  renfermées  dans  les  os  petreux. 

L'oreille  externe  eft  toute  cartilagineufe  :,  fa  fi-    L'orci/ic 
cure  eft  demi  circulaire ,  &:  alfez  femblable  à  un  fxrcrnc  lé- 
van,  étant  convexe  par  dehors,  oc  cave  par  dedans:  Ycriéc. 
elle  a  plulieurs  anfraduofitez  qui  en  rendent  l'é- 
cho plus  réfonnant. 

Elle  fe'  divife  en  deux  parties  3  donc  l'une  eft     ics  pâc- 


^o6  De  la  Face  &  de  fis  parties , 

tics  de  Vo-  ruperieure  ôc  l'autre  infeneure  :  la  première  ,  qui 

ne',  eftla  plus  large  ,  fe  nomme  l'aile  ;  &  la  féconde  , 

qui  efî  étroice  j    molle  &   pendante,    s'apelle  le 

lobe  de  l'oreille  :  c'cft  cet  endroit  que  les  Daracs 

font  percer  pour  y  attacher  des  perles  ou  des  dia- 

mans. 

LesdifFe-     Le   circuit  extérieur  de  l'oreille  fe  nomme  he- 

rcns  noms    ^^^  .  l'intérieur  qui  lui  efl:  opofé  anthelix  ;  la   ca- 
dcs  parcics       .    ,       .      ^  ^  ,  ' .        .       -  , 

de   l'oreille  Vite  qui  elt  entre  ces  deux  circuits  le   nomme  la 

externe.  jiajjelle  ;  c'cft  la  plus  grande  cavité  de  l'oreille  ex- 
terne: celle  qui  efl:  au  commencement  du  conduit 
auditoire ,  où  il  s'amalfe  des  ordures  jaunes  !Sc 
ameres  ,  s'apelle  la  mche  ,  &c  enfin  cette  eminen- 
ce  ,  qui  efl:  proche  les  temples,  a  le  nom  d'hircus  , 
parce  qu'il  vient  des  poils  en  cet  endroit  :  fembla- 
bles  à  ceux  d'un  bouc. 

'Compofi-      L'oreille  externe  efl  compofée  de  peau,  de    car- 
Cion  de  lo-  -.,  ...  1^1,         *  , 

rciliecxtcr-  tilages,  dehgamens  ,  de  ncrrs,  d  artères,    de  venes, 

"^'  &  de  mulcles.  La  peau  qui   la  couvre  efl:  fort  dé- 

liée &  adhérente  au  cartilege  par  le  moyen  d'une 
membrane  nerveufe  qui  la  rend  ien/ible  ;  la  carti- 
lage elt  continu  ,  n'étant  pas  divifé  à  l'homme 
comme  aux  animaux  ;  le  ligament  qui  attache 
l'oreille  fur  l'os  petrcux  efl:  fort ,  &  vient  du  pc- 
ricrane  j  les  nerfs  foricnt  de  la  féconde  paire  des 
vertèbres  du  cou  j  les  artères  viennent  des  caroti- 
des i  &  les  venes  vont  aux  jugulaires. 

Mufcics  de       Quoique    l'oreille  n'ait  point  de  mouvement 

ie°ac. '^  ^^'  n^ai^ifi^dle  ,  néanmoins  on  lui  donne  quatre  muf- 

cles  j  fçavoir  un  fuperieur  ,  octrois  pofl:erieurs.Lc 

Y        premier  pvend  fon  origine  du  mufcle  frontal  dont 

rieur.  '  ^^  ^^^^  ^"^  partie  ,  &  va  fe  terminer  a  l'oicille 
qu'il  tire  en  haut  j  &  les  trois  autres  ne  font  qu'- 
une même  chair  ,  qui  prend  fon  origine  de  l'os 
occipital  ,  &:    de  l'apophife  mammillaire  ,  &:  va 


y III.  'Démonjiratîon  Anatomlqtie.         507 
fe  terminer  par   derrière  à  la  racine  de  rorelllc  :       222 
la  raiion  pour  laquelle  on  divife  cette    chair  en   >«  poftc- 
trois  muicles  ,  c'cll;  à  caufe    qu'elle  a   différentes  '^"^""* 
fortes  de  libres  ^  elle  tire  l'oreille  en  derrière  &  en 

^^V.  r       j    i>      Ml  n.  j  -1       Ufagcidcs 

Luiagc  de  1  oreille  externe  elt  de  recevoir  les  l'oreille  ex- 

fons  &  de  les  introduire  dan's  le  conduit  de  l'oreil-  ^"°^' 
le  interne  ;  de  iorre  qu'elle  ned  pas  le  principal 
organe  de  l'ouye ,  mais  elle  contribue  beaucoup  à 
fa  perfcion  j  car  ceux  qui  ont  \cs  oreilles  cou- 
pées entendent  confufément  ,  ik  font  obligez  de 
former  avec  leurs  mains  ufie  Êa,viçé.  autour  de  Ho- 
leille  ,,ou  de  fe  fervir  d'un  cornet  donc  le  bou-c 
entre  dans  la  cavité  interne  de  l'oreille,  pour  y  re- 
cevoii'  l'air  agité  :  On  remarque  aufli  que  ceux 
qui  Icbont  avancées  en  dehors ,  entendent  mieux 
que  ceux  qui  les  ont  aplaties  ;  &  que  les  cordes 
&  inégalitez  apellécs  hélix  6c  anthelix  ,  fervent  à 
modérer  la  violence  de  l'air ,  avant  qu'il  entre 
dans  le  conduit  de  l'oreille. 

Au  deiTus  des  oreilles  il  y  a  de  grolîes  glandes  îf '^"f,"  ^^ 
conglomérées  ,  apellées  parotides,  on  vouloit  au-i 
trefois  qu'elles  ne  fuffent  que  des  emonctoires  du 
cerveau,  mais  on  a  découvert  leur  véritable  ufage, 
qui  cil  de  feparer  la  falive ,  comme  je  vous  ié 
montrerai  tantôt,  •'  i;' 

L'oreille  interne  cft  compofée  de  plufieurs  par-  t'orcilleîn- 
ties,  fçavoirde  quatre  conduits  principaux  ,  trois ^^'^'^'^" 
membranes  crois  offelets  ,  une  corde,  deux  muf- 
cles  ,  &  des  nerfs. 

Le  premier  conduit  eft  celui  qui  a  fon  entrée  i-<=conduic 
au  tond  de  rorcille  externe.  11  y  a  dans   la  peau 
qui  le  tapiire  de  petites  glandes  qui  fourniffent 
une  humeur  jaune  ^  fort  amere  ,  qui  empêche  les 
infectes  de  s'y  aller  nicher  :  l'on  eft  cependant 


ÏOICUCUX. 


5o8  *I)e  la.  Face  &  de  fe  s  parties  , 

obligé  de  netroycr  de  tcms  en  tems  ce  conduit  , 
parce  que  cette  humeut  s'y  amaffant  en  quantité, 
èc  s'y  delféchant ,  elle  pourroit  le  boucher.  Il  eft 
tortueux ,  oblique  &  étroit ,  ce  qui  empêche  que 
Tair  agité  ne  porte  fa  violence  diredement  contre 
la  membrane  qui  le  termine  ;  ainfî  il  reçoit  mieux 
les  fons  qui  font  fortifiez  par  la  longueur  de  ce 
canal  ,  qui  fcroit  trop  court  s'il  étoit  droit  ;  d'ail- 
leurs étant  rond  cette  efpece  d'agitation  qui  fait 
le  fon  eft  mieux  confervée  ,  que  Ci  elle  rencontroic 
des  angles  capables  de  la  brifcr  ,  &  de  lui  faire 
changer  fa  détermination.  La  fïtuation  de  ce  con- 
duit ,  dont  l'embouchure  eft  plus  balîc  que  fon 
fond  ,  fait  que  ce  qui  y  entre  ,  en  peut  retomber 
naturellement. 

Leiam-        L'extrémité  intérieure  de  ce  conduit  eft  termi- 
eour.  ,  .  -ri  r 

née  par  une  petite  peau  mmce ,  lèche  ,    tranipa- 

rente  &c  tendue  comme  la  peau  d'un  tambour, 
d'où  vient  qu'on  lui  a  donné  le  nom  de  tambour, 
ou  timpan  ,  c'eft  cette  peau  qui  fépare  l'oreille 
externe  d'avec  l'interne  :  elle  ne  tient  pas  égale- 
ment à  toute  la  circonférence  du  cercle  olleux 
dans  lequel  elle  eft  enchaffée  :  mais  il  y  a  à  fa  par- 
tie fuperieurc  un  endroit  libre  par  où  quelques- 
uns  peuvent  faire  fortir  la  fumée  qu'ils  ont  dans 
la  bouche. 
La  quaifTc  Derrière  cette  membrane  il  y  a  une  féconde  ca« 
du  tambour,  vite  ,  que  l'on  apelle  la  quaifte  du  tambour  j  elle 
a  trois  ou  quatre  lignes  de  profondeur  ,  &  cinq 
ou  fix  de  largeur  :  elle  eft  remplie  de  l'air  qui  en- 
tre par  l'aqueduc;&:  par  l'agitation  de  cette  mem- 
brane il  reçoit  les  imprefîions  &:  les  mouvemens 
de  l'air  qui  eft  au  dehors.  Cette  cavité  eft  tapiftée 
en  dedans  d'une  membrane  adhérente  à  l'os  ,  de 
manière  pourtant  qu'on  l'en  peut  féparer  facile- 


VI I  LDémonflration  Anatomique,  yo^ 
ment  :  elle  eft  tranfparente  &  claire  comme  celle 
du  tambour  j  ce  qui  fait  croire  qu'elle  en  eft  une 
continuité. 

Il  y  a  dans  cette  cavité  trois  petits  os  que  leur    Let  rrois 
figure  a  fait   nomiper  le    marteau  ,  l'enclume  ,  5c  ^"'^l^'s* 
Tétrier.    Je  vous  en  ai  fait  la  Démonftration  dans 
rofteologie  j  ils  font  articulez  enfemblc  ;  en  forte 
que  le  marteau  eft  attaché  au  tambour  pour  leur 
communiquer  les  agitations  qu'il  reçoit  de  l'air. 

Le  mufcle  qui  remue  ces  oftelets  eft  placé  dans     II  y  a  une 
la  quaille  du  tambour  j  il  eft  adhèrent  à  fa  partie  dans  «ccc 
fuperieure  ^  &  prefque  logé  tout  entier  dans  un  cavicé. 
creux  ;  il  produit  un  tendon  aftez  court  qui  s'at- 
tache à  l'apophife,  que  le  manche  du  marteau  ap- 
proche de  fa  tête.   L'action  de  ce  mufcle  eft  en  ti- 
rant le  manche  du  marteau  en  dedans  ,  de  tendre 
la  membrane  du  tambour ,  laquelle  fe  relâche  en- 
fuite  ,  lorfque  le  mufcle  cefté  de  tirer  ^  parce    que 
les  offelers  articulez  comme  ils  font ,  &  attachez 
enfemble  par   des  ligamens  ,  font    une  efpece  de 
reftort,  qui  avec  celui  du  tambour,  tient  Heu  d'an- 
tagonifte  au  mufcle. 

Les  Anatomiftes  ne  s'accordent  pas  furl'ufagei^  co^rd"du 
de  la  petite  corde  qui  eft  couchée  fur  la  membrane  wrabâur. 
du  tambour  j  les  uns  veulent  qu'elle  ferve  à  don- 
ner quelque  fon  à  cette  memibrane  ,  comme  fait 
celle  qu'on  met  fur  la  peau  des  tambours ,  &  les 
autres  prétendent  que  cette  corde  n'eft  autre  cho- 
fè  qu'une  branche  du  nerf  de  l'ouye  qui  va  fe  di- 
ftribuer  à  l'oreille  externe ,  &:  Mr.  M.  veut  que  ce 
foit  un  mufcle  doublé  qui  a  fon  tendon  commun  , 
au  milieu  de  fa  longueur. 

On  trouve  un  conduit  long  &  étroit  ,  qui  pafte  L'aqueduc, 
obliquement   de  cette  cavité  jufques   dans  le  pa- 
lais ;  on  lui  a  dgnné  le  nom  d'aqueduc  :  c'eft  un 


5  I  o  De  la  Face  &  de  fis  parties  , 

canal  en  partie  cartilagineux,  &  en    partie  mem- 
braneux ;  il  Te  termine  dans  la  bouche  par  une  ou- 
verture allez  grande  à  côté  de  la  luette  ,  ôc  proche 
les  fentes  qui  vont  aux   narines  ;  la  communica- 
tion du  palais  à  cette  cavité  effc  fcnhble ,  en  ce  que 
ceux  qui  prennent  du  tabac  en  fumée  ,  le  rendent 
quelquefois  par  les  oreilles  j  &C  que  ceux  qui  font 
'   fourds ,  entendent   quand  on  leur  oaric  dans  la 
bouche.    On  vouloit  que  cet  aqueduc  eût  une  val- 
vule qui  empêchât  le  retour  des  humeurs  qu'on 
croyoit  s'écouler  par  le  palais  ;  mais  on  a  reconnu 
qu'il  n'y  avoit  point  de  valvule  ,  pulfque  la  fumée 
du  tabac  &  les  fons  y  peuvent  entrer. 

-  il  y  a  deux  ouvertures  qui  lont  comme  deux 

Les  deux  te-         .     •'  ^     ^  .  i,  n  i      o     i» 

petites  fenêtres  ,  dont  1  une   eit   ronde  oc  1  autre 


ncrrcs  ron- 


des <S:ova-  ovale  ;  celle  ci  eft  plus  grande  que  l'autre  ;  c'crt: 
"'  par  ces   deux  ouvertures    que  les  iraprciîîons  de 

Tair  palfent  dans  la  cavité  qui  fuit. 
Lclabyrin-     La  troifiéme  cavité  dont   ces  deux  fenêtres  font 
ihe.  l'entrée^eft  comoorée  de  plufieurs  conduits  qui  la 

font  apeller  labyrinthe  ,  à  caufe  des  tours  &:  dé- 
tours qui  y  font  :  On  a  donné  des  noms  difïerens 
aux  canaux  qui  s'y  trouvent.  On  apcUe  le  com- 
mencement de  cette  cavité,  veftibule  :  c'eft  uiie 
cavité  de  l'os  petreux  ,  qui  eft  derrière  la  fenêtre 
ovale  ,  ôc  qui  eft  rapiftee  d'une  membrane  parfe- 
mée  de  vaiiïèaux  :  fa  figure  aproche  de  la  fphc- 
rique.Il  en  part  trois  canaux  demi  circulaires  ,  qui 
y  retournent  par  un  autre  endroit  ;  ils  embraUent 
tous  trois  la  voûte  du  veftibule  ;  l'un  s'appelle 
horifontal  ,  &  les  deux  autres  verticaux.  Le  fon 
pafTc  par  le  labyrinthe,pour  arrivera  la  quatrième 
cavité. 
La  coquille  La  dernière  cavité  eft  apellée  la  coquille  ,  le 
limaçon  >  ou  la  trompe  ,  à   caufe  de  fa  ligure.   Le 


VIIL  Vémonflration  Anatomlque,  j  i  r 

conduit  qui  entre  dans  cette  cavité  eft  étroit.  II 
monte  en  fpirale  ,  &  va  en  diminuant  &  en  s'êtrc- 
cilfant  à  mefure  qu'il  monte.  Il  a  dans  le  milieu 
un  noyau  qui  eft  cave  dans  fa  partie  moyenne  , 
faifant  comme  un  canal  pourdonner  pallage  aux 
filets  du  nerf  auditif.  Il  fort  de  ce  noyau  une  lame 
olïèufe  &  fort  mince,  qui  tournant  en  ligne  Ipira- 
le  comme  le  conduit  ,  le  partage  tout  du  long 
comme  en  deux  ,  en  forte  que  cette  lame  n'étant 
attachée  qu'au  noyau  ,  elle  ne  fait  point  le  con- 
duit double  5  &  n'empêche  point  que  la  partie  qui 
eft:  au  dedus  ,  n'ait  communication  avec  celle  qui 
eft  au  dciFous. 

Le  nerf  de  la  fcptiéme  paire  ,  qui  eft  l'^i^dirif ,  j^^jl',- °" 
fe  divife  en  deux  parties  ,  dont  l'une  eft  dure  .  &:  ditiF. 
l'autre  molle  \  la  dure  après  être  fortie  de  l'oreille, 
fe  divife  en  trois  branches  dont  fa  fuperieure  va 
au  front ,  aux  paupières,  &  aux  mufcles  du  front; 
la  moyenne  va  à  la  joué" ,  au  nez ,  &  aux  lévres}& 
l'inférieure  à  la  langue  ,  au  larinx  &  aux  mufcles 
de  l'os  hyoïde.  La  partie  molle  du  nerf  auditif 
demeure  &  fe  perd  toute  dans  cette  dernière  ca- 
vité ,  où  elle  fait  le  même  office  que  le  nerf  opti- 
que dans  l'œil. 

Avant  que  de  finir  la  defcription  de  l'oreille  ,  il     Comnicnt 

fane  vous  dire  en  deux  mots  comment  fe  fait  l'oiiie.  ff  ^^'^ 
-K  '  •  •         '  '    I  1        r  -r-  louye. 

Iv  air  exteneur  étant  agite  par  des  Iccoulies  rres- 

promptcs ,  entre  dans  le   premier  conduit  ,  &  va 

h-aper  le  timpan  ;  cette  membrane  ainlî    agitée, 

ébranle  la  petite  corde  qui  eft  derriere,&  les  trois 

petits  os    qui    y    font  attachez  ,  ôc    fait    palTèr 

dcîns  l'air  intérieur    l'efpecc  de  mouvement   qu'il 

â.  reçu   de  dehors  ;  cet   air   fe    fubtilifanr    enfui- 

te   &    fortifiant    fon    agitation    dans  les  détours 

ou  iibvrinthe,  &  en  entr-ant  dans  ccfic  coquille 


511  De  la  Face  &  de  fes  parties , 

fpirale  ,  parce  qu'il  y  avance  d'un  efpace  large 
dans  un  plus  étroit  ,  il  fe  communique  au  nerf 
qui  le  porte  au  fens  commun  \  fi  bien  que  ces 
differenies  modifications  de  l'air  font  fiarmer  à  nô- 
tre ame  cette  fenfation ,  qu'on  apelle  {on  :  car 
oliir  n'efl:  pas  faire  quelque  chofe,  mais  feulement 
recevoir  dans  les  nerfs  qui  vont  à  l'oreille  \  l'im- 
prelïion  de  l'air  agité. 
I  Le  troifiéme  fens  que  j*ai  à  vous  démontrer,eft 

°^^"     celui  de  l'odorat ,  qui  a  pour  organe  le  nez  \  je  le 
diviferai  comme  l'œil  ôc  l'oreille ,  en  nez  externe  , 
ôc  en  interne, 
i  Le  nez  externe  eft  tout  ce  que  vous  voyez  aa 

Parties  du  dehors ,  on  le  diftingue  en  plufieurs  parties   qui 
^ezcxccr-     ^^^  chacune  leur  nom  :  la  fuperieure  ,  qui  eft  en- 
tre les  deux  yeux,  fe  nomme  la  racine  du  nez  ;  cel- 
le de  dellbus  ,  qui  eft  ofieufe  &  immobile  s'apelle 
le  dos  du  nez:la  partie  la  plus  pointue  qui  eft  plus 
bas,  fe  nomme  l'épine  :  &:  l'extrémité  qui  eft  carti- 
lagineufe  &  mobile  eft  apellée   le  petit    globe  da 
nez  \  les  parties  latérales  fe  nomment  les  ailes  \  Sc 
la  charnue  qui  avance  au    milieu  ,  &  qui  iéparc 
les  deux  narines  ,  s'apelle  la  colomne  du  nez. 
Situation      Le  nez  eft  dans  un  lieu  éminent  pour    recevoir 
du  nez.        les  odeurs  qui  montent  toujours  en  haut:  Il  eft 
placé  dans    le  milieu  du    vifage ,  parce    qu'il    eft 
unique  -,  &c  il  eft   unique  ;  parce  qu'un   feul  fume 
pour  fon  adion  :  la  raifon  pour   laquelle  il  eft  aa 
deifus  de  la  bouche,  c'eft  qu'étant  l'endroit  par  ou 
l'homme  prend  fa  nourriture  ,  la  bonne  ou  mau- 
vaife  odeur  des  alimens  le  détermine  à  les  pren- 
dre ou  à  les  reietter. 
Figure  &        Je  ne  puis  pas  vous  prcfcrirc  au  julte  la   hgure 
f  ^nc^^      &  la  grandeur  du  nez ,  parce    que  les  uns  ronc 
"  ''"*       grand  ,  &    les  autres    petit  j  il   vaut  mieux  l'avoir 

graiid 


VÎI I.  ^émonflratlon  ÂfUîtomlqite*  J15 

qrand  aquilin ,  qu'écrafé  &  camus  j  car  outre 
qu'un  grand  nez  ne  gacc  jamais  un  vifage  ,  c'eft 
que  les  narines  bien  ouvertes  font  préférables  aux 
petites,  &C  à  celles  qui  font  Terrées,  non  feulement 
pour  la  beauté  ,  mais  encore  pour  la  commodit.é 
de  la  refpiration. 

Le  nez  efl:  compcfé  de    peau  ,  de   mufcîes  ,  de     ^ 
cartilages ,  d  os  ,  de  vailleaux  ,  de   cavitez  ,  tk.  de  ùcii  du  nez 
tuniques  :  Nous  avons  allez  parlé  des  os   du  nez 
dans  nôtrfc  Ofteologie  pour  ne  les  pas  répéter  ici. 

La  peau  du  nez  eft  déliée  &  fine  ,  elle  efl.  fans  La  peau  du 
graillc,de  peur  qu'il  ne  devienne  trop  i^iosjce  de- "^"* 
faut  de  grailïè  cft  caufe  aufîi  qu'il  eft  fort  expofé 
au  froid  qui  le  rend  rouge  brun  ,  ou  violet^princi- 
ualement  en  Hyver  ;  cette  peau  eft  adhérente  aux 
mufcles  des  ailes  du  nez  ;  elle  eft  fongueufe  en  fa 
partie  ,  qu'on  nomme  la  colomne  ,  où  elle  (e  re- 
plie pour  la  couvrir  &  faire  les  bords  des  narines. 

La  peau  étant  levée  ,  Ton  découvre  les  mufcles  Sept  muf- 
dii  nez  ,  qui  font  au  nombre  de  fept  ,  fçavoir  un  ^  "  ^^  ^^^ 
commun  &  iîx  propres  ;  de  ces  derniers  il  y  en  a 
quatre  qui  le  dilatent  5  &  deux  qui  le  reflferrent , 
tous  ces  mufcles  font  fort  petits  ,  parce  que  les 
mouvemens  du  nez  ne  font  pas  conhderables  ;  il 
ne  falloir  pas  aulli  qu'il  s  le  fulfenr ,  étant  obliçrc 
d'être  toujours  ouvert  pour  la  facilité  de  la  ref- 
piration. 

Le  mufcle  commun  eft  une  portion  de  mafcle  f'f.^.^^'^'^* 
orbiculaire  des  lèvres  :  il   abailfe  le  nez  en    bas  , 
lorfqu'il  approche   la  lèvre    fuperieure   de  l'infc- 
rieure. 

Les  deux  premiers  des  propres  font  piramidaux,  r      ^■*      - 
1   •         ,1       •  t    1     r     ^      1     .-  Les  puanu- 

ou  triangulau-es.Us  viennent  de  la  luture  du  front  daux. 

&  s'inCerent  par  une    fin  large  aux  ailes  du  nez 

qu'ils  dilatent. 

Kk 


514  De  la  Face  &  de  fes  parties , 

,    4    .         Les    deux  antres    reiTemblent  à  une  feuille  Je 
Lcspctiis      .    t  ,  11        iM  ^  r         >•! 

dilaccurs.     rcinlie  ;  on    les  apelle    dilateuis  ,  a  cauic   qu  ils 

fervent  à  la  dilatation  du  nez  :  Ils  nailTcnt  de  l'os 
du  nez  proche  l'aîle  ,  ôc  fe  vont  terminer  à  la  ro- 
tondité de  la  même  aîlc. 

,  „  .       Les  deux  derniers  font  internes   &  cachez  fous 

Lrs  conitri-  ,  .  .ai  .  m      r  •        o 

aeur$&  in-  la  tuniquê  qui  revêt  les  nannes  j  ils  lont  petits   ce 

ternes.  membraneux  ;  ils  nailTent  de  la  partie  interne  de 

l'os  du  nez ,  &c  s'infèrent  à  l'aîle  interne  de   la  na- 
jine  pour  la  referrer.    Vous  remarquerez  que   les 
quatre  dilateurs   font    placez    exrcricureuient  ,  & 
que  les  deux    conftridleurs    le    lont    intérieure- 
ment. 
Cinq  csr.i-       -^^  delFus  de  ces  mufcles ,  il  y  a  cinq  cartilages 
lagci  au       qui  forment  la  partie  inférieure  du   nez:car  la  fu- 
"^^*  perieure  ,  à  laquelle  ces  cartilages  font   unis ,  cil 

ofleule.    Les  deux  fuperieurs    font  adherans  aux 
deux  os  du  nez  j  ils  lont  larges  par  en  haut ,  mais 
ils  s'étreciflent  &  s'amolilîentà  mefurc   qu'ils   dé- 
cendcnt  en  bas:les  deux  autres  ,  qui  font  ceux  qui 
forment  les  ailes  du  nez,  font  attachez  aux  txtre- 
mitez  de  ceux-ci  par  des  ligamens  membraneux  ; 
ôz  le  cinquième  eft  placé  dans  le  milieu  }  ceft  lui 
qui  fait  l'entre-deux  des  narines. 
VaifTcaux        Les   vailîeaux  qui  arrpfent  intérieurement  la 
intcrnci  du  xnembrane  du  nez  font  des  nerfs  ,  des  artères  Se 
des  vénes.   Les  nerfs  viennent  de  la  féconde  bran- 
che de  la  cinquième  paire  ,  les    artères  ,  de  la  ca- 
rotide externe,  &  les  vénes  vont  à  la  jugulaire  ex- 
terne.   Ces  vailîeaux  palient  fous  la  folTe  zigomati- 
que  ,  &  par  le  trou  orbitaire  interne  palî'e  un  petit 
rameau  de  nerf  de  la  première  branche  de  la  cin- 
quième paire  avec  une  véne  de  la  jugulaire  inter- 
ne ,  &  une  artère  de  la  carotide  interne. 

Tous  les  vaifleàux  qui  palFent  par  l'orbitaire  in- 


y II I.  Démonftratlon  Anatom,  $  i  y 

tfiine  ,'  &  par  les  trous  de  l'os  cribleux  , ie  dillri- 
buent  far  la  membrane  des  feuilles  olleufes  :  les 
vaifTeaux  excernes  vont  fe  répandre  fur  la  membra- 
ne qui  revêt  les  deux  petits  os  qui  font  dans  cha-  cxccmï^du 
que  narine  ,  &  qui  bouchent  en  partie  l'ouverture  nez. 
du  /înus  maxillaire.  Cette  membrane  &  les  vaif- 
feaux  decendent  jufques  (làns  les  fînus  mêmes.  Il 
faut  remarquer  qu'elle  efl:  parlemée  d'un  grand 
nombre  de  petites  glandes  qui  filtrent  une  liqueur 
blanche  &  glâîreufc  ,  qu'on  nomm.e  la  morvejou- 
tre  ces  deux  égoûts  ,  il  y  en  a  encore  d'autres  qui 
verfent  dans  les  narines  une  liqueur  femblable  à 
la  première. 

Le  premier  de  ces  canaux  excrétoires  eft  le  ca-  Canaux  ci* 
nal  nazal  ,  qui  eft  fait  comme   l'on  a  dit  par  la  "^o'^s- 
réiinîon  àQs    deux  points   lacrimaux  ,  qui  palFent 
par  le  trou  de  l'os   unguis,    C'cft  par  ce  conduit 
qu'une  partie  des  Hqueurs  qui  arrofent  l'œil  cou- 
lent dans  le  nez.   Le  fécond ,  font  les  deux  trous 
à^QS  iînus  frontaux  ,  qui  déchargent  dans  le  nez    la 
morve  que  les  glandes  de  leur  membrane  ont  fil- 
tré:   Le  tioifiéme  ,  font  les  deux  trous  des  finus 
du  fphenoide ,  un  de  chaque  coté.   Le  quatrième, 
canal  excrétoire    font  deux  ouvertures  des   finus 
maxillaires  dont  on  a  parle  ,  qui  font  prefque  tou- 
jours pleins  de  morve  ,  parce  que  leurs  ouvertures  ; 
ne  font  pas  difpofées  comme  celles  des  autres  fi-                 { 
nus  qui  ont  leur  pente  dans  le  nez  j  mais  au  con- 
traire les  ouvertures  des  iinus  maxillaires  montent 
en  haut.    Le  cinquième  eft  l'aqueduc  ,  qui  eft  en 
partie  revêtu  de  la  membrane  glanduleufe  des  na» 
rines.Enfin  c'eft  de  la  décharg-e  de  tous  ces  canaux' 
excrétoires  6c  de  ces  glandes  ,  que  vient   la  mor- 
ve, dont  la  plus  liquide  coule  parle  trou  apellé 
încifif,  &  la  plus  épallfe  par   les  fentes  nazales 

K  k    ij 


5  1  (î  De  U  Face  &  de  fss  parties , 

dans  la  bouche.  Quand  on  fe  porte  bien  on  ne 
doit  gueres  cracher  ni  moncher  ,  parce  que  toutes 
ces  glandes  ne  doivent  filtrer  que  peu  de  limphe 
dans  lafanté. 
Lcjnanncî.  Les  deux  ouvcrtuies  que  l'on  voit  à  labafc  du 
nez  font  les  narines  ,  qui  font  les  commencemens 
de  deux  cavitcz  ,  par  où  l'air  entre  &  fort  conti* 
nuellcmenr.  Chacune  de  ces  cavitez  fe  divife  en- 
fuite  en  deux  autres,dont  l'une  monte  en  haut  vers 
l'os  fpongieux ,  &  l'autre  va  au  delTus  du  palais  fe 
rendre  dans  le  fonds  de  la  bouche  &  de  la  gorge  ; 
c'efl:  par-là  que  le  breuvage  lort  quelquefois  par 
les  narines  ,  &  que  le  tabac  pris  en  poudre  par  le 
nez  ,  combe  dans  la  bouche. 

On  a  découvert  deux  autres  conduits  qui  vien- 
nent des  narines  fe  rendre  dans  la  bouche  5  ils  ont 
leur  commencement  dans  le  fond  de  chaque  na- 
rine ,  &  padknt  par  dcffus  le  palais  ,  ils  le  per- 
cent au  delFous  des  dens  incidves  fupericures ,  où 
ils  finilTenr. 

Tunique       Toute  la  capacité  intérieure  des  narines  eft  ta- 

du  nez,  'rni      ij  .      •  rr       '      ••r  •      n.  < 

piliec  d  une  tunique   allez  cpaille,  qui  elt  percée 

de  plufieurs  petits  trous  à  l'endroit  de  l'os  crî- 
bleux  \  c'eft  une  continuation  de  la  dure  mere,d'oLi 
on  veut  qu'il  forte  des  fibres  par  ces  trous  ,  Icf- 
quelles  fe  dilatant  enfuite  forment  non  feulemenE 
cette  tunique  ;  mais  encore  celle  de  la  bouche,  dé 
la  langue  &  du  larinx.  Il  naît  dans  la  partie  infé- 
rieure de  cette  tunique  des  poils  qui  (ont  ceux  que 
vous  voyez  à  l'entrée  du  nés  ,  donc  on  auroic  de 
la  peine  à  dire  les  ufages. 
Ufagej  du  II  n'y  a  gueres  de  parties  qui  ayentplus  d'ufagcs 
■''^*  que  le  nez,  nous  lui  en  voyons  quatre  ou  cinq  que 

l'on  ne  peut  gueres  lui  contefter  :  le  premier  ,  fe- 
Jjon  quelques-uns ,  eft  de  conduire.jitfqa'au  cer- 


VIIL  'Démonfiratîon  Anatomîque,  5  1 7 

veau  l'air  qui  y  eft  neceîlaire  pour  la  formation  des 
efprits  animaux  :  le  fécond  ,  de  donner  palTage  à 
l'air  qui  entre  &  fort  fans  celfe  des  poumons  i  ce 
qui  ell  d'une  fi  grande  importance  à  l'homme^qu'il 
meurt  auili-rôt  que  l'air  ne  peut  plus  y  entrer.  Le 
troifiéme  ,  de  porter  les  odeurs  jufques  fur  les 
membranes  qui  tapilfent  intérieurement  les  lames 
olfeufes  du  nez,  ce  qui  fait  l'odorat.  Enfin  le  der- 
nier, c'eft  de  contribuer  à  la  beauté  du  vifage.  Ces 
quatre  ufages  apartiennent  au  nez  externe  ,  car 
celui  du  nez  interne  ell  d'être  le  principal  organe 
de  i'odorar. 

Le  nez  interne  eft  rempli  de  plufîeurs  lames  car-  zzmt. 
tilagineufes  feparées  les  unes  des  autres  :  chaque 
lame  fe  partage  en  plufieurs  autres^  qui  (ont  pref- 
quc  toutes  roulées  en  foirale,  les  extrémitcz  de  ces 
lames  aboutillenc  à  la  racine  du  nez  3  &  les  trous 
dont  Tos  cribleux  eft  percé  ne  font  que  les  inter- 
valles qui  les  feparent. 

Ces  lames  font  particulièrement  deftinées  à  ^'^K^  ^^ 
ioutenir  la  tunique  intérieure  du  nez  ,  laquelle  nez, 
étant  l'organe  immédiat  de  l'odorat  ,  a  de  même 
que  les  autres  organes  des  fens  une  tres-longuc 
étendue'  j  ce  qui  fait  que  cette  tunique  eft  pliftée 
dans  les  petites  cavitez  du  nez  en  plufieurs  en- 
droits, afin  d'employer  toute  fa  longueur  dans  un 
petit  efpace  ;  &  qu'elle  eft  roulée  tout  autour  de 
ces  lames  ,  dont  elle  couvre  exatbemcnt  la  fuper- 
ficie. 

Quoi-quc  cette  tunique  foit    d'un   fcntiment  ,.^*' °"."^*^ 

^  .  ,  r         >        \,  1  •     r     .  iccc:i:;uc  de 

tres-exquis  ,  étant  parlemee  d  un  nombre    inhni  cctcc  cuni- 
dc  rayes  ;  qui  font  autant  de  brandies  de  nerfs  :  'i""' 
cependant  les  parties  des  corps  odorans  font  (î 
délicates  qu'elles   ne  pourroient  ébranler  l'orga- 
ne que  foiblement  ,  fi  la  nature  n'y  avoit  pourvu 

K  K    iij 


5 1 8  De  la  Face  &  de  fes  parties  , 

par  la  grande  étendue  qu'elle  a  donnée  à  cette  tu- 
nique ;  ce  qui  donne  lieu  à  un  très-grand  nombre 
de  petits  corps  de  la  fraper  en  même  tems  en  plu- 
fîeuTs  endroits ,  &  de  rendre  par  ce  moyen  l'im- 
preffion  plus  forte  &  plus  vive. 

Autre  rai-       L'air  qui  pafle  par   le  nez  pour  entrer  dans  la 
Ion  de  Ion  ..  i^.        ^  ,  .        '^  ^  •in 

étendue,       poitrme  ,  charianc  de  petits  atomes  ,   il  elt    cer- 
tain que  s'il  n'y  avoir  eu  autant   de  détours  &  de 
fînuofitez  formées  par  les  intervalles  de  ces  peti- 
tes lames  ,  la  plus  grande  partie  de  ces  petits  corps 
auroit  pafTé    immédiatement    avec    l'air    dans  la 
poitrine,  fans    caufer   aucun    ébranlement   dans 
l'or<zane. 
■Ellceftgar-      C'cft  encore   pour  cela  que    cette  tunique  efl: 
nie  de  glan  garnie  de    plufieurs  petites    glandes  ,  qui  ont  des 
tuyaux    qui  s'ouvrent  au   dedans  du  nez  ;  &  qui 
l'humeâient  d'une    humeur  épairte  &  gluante  qui 
fert  à  arrêter  les  exhalaifons  feches  des  corps  odo- 
rans. 
Ce  qui  fait     On  ne  peut  pas  douter  que  la  longueur  &  le  dé- 
fcdc  l'odo»  velopement  de  cette  tunique  ne  lervent  aulli  a  la 
^^^^  délicateiTe  de  l'odorat  ,  puifque  l'on  voit  que  plus 

les  animaux  ont  de   ces  lames ,  plus  ils  ont  le  nez 
fin  5  qu'entre  tous   les  animaux  le  nez  des  chiens 
de  chafle  en   eft  plus  garni  que  celui  de  tous  les 
autres  j  &  que  l'homme  en  a  moins  qu'aucun  au- 
tre animal. 
Diilribu-       Ce  qu'il  faut  remarquer  ici ,  c'efl  que  les  nerfs 
nerf-  olfac-  *^^f^<^oires  jettent  par  les  trous  de  l'os    etmoide 
îoircj.         plufieurs  petites  branches  ,  comme  des  tuyaux  qui 
fe  perdent  dans  la    tunique    intérieure  du   nez  ,  /i 
bien  que  par  la  connoilTance  des  parties  du  nez,  il 
eft  aifé  de  venir  à  celle  de  l'odorat ,  qui  en  eft  une 
fuite  ncccfldire ,  &  voici  en  peu  de  mots  comment 
il  le  fait. 


VIII.  Démo/iflratlon  Anatomlqm,  5  r  9 

Les  pecics  atomes  qui  exhalent  d'un  corps  odo-  ^  Comment 
ranc  font  portez  avec  l'air  dans  le  nez  ,  où  frapanr  dor«, 
fa  membrane  interieujre  j  ils  ébranlent  les  petits 
tuyaux  des  neifsolfadoireSjla  matière  fubtile  donc 
ils  font  remplis ,  participe  d'abord  à  cet  ébranle- 
ment ,  qui  s'étend  en  un  moment,  par  le  moyen 
de  la  continuité  ,  jufqu'aux  éminences  cannelées  , 
où  CCS  nerfs  prennent  leur  origine  ,  &  où  nôtre 
ame  ,  qui  connoît  les  différentes  ondulations  que 
chaque  objet  eft  capable  de  produire  dans  les  cf- 
prits  ,  juge  que  c'ell  l'impreffion  d'un  corps  odo- 
rant ,  d'où  naît  la  fcnfation  qu'on  apelle  odeur; 
de  forte  que  flairer ,  n'eft  pas  faire  quelque  chofe  : 
mais  feulement  fouffrir  fur  les  nerfs  de  l'odorat, 
l'imprefîion  que  les  corps  odoriferans  font  par  le 
moyen  des  fumées  qui  exhalent. 

Nous  avons  encore  un  quatrième  fens  à  exafni-      I-cgoûr, 
ner  ,  c'eft  celui  du  goût  ,  qui  n'ed  pas  moins   cu- 
rieux à  connoître  que  les  autres ,  puifqu'il  eft  fait 
de  la  même  main  que    ceux  que  vous  venez  de 
voir. 

L''organe  du  goùr ,  c'eft  la  langue  ,  ^  l'une  des  l^  J*  ■ 
parties  renfermées  dans  la  bo'uche  ,  lefquelles 
nous  examinerons  dins  la  fuite  \  mais  auparavant 
il  faut  parler  de  celles  que  nous  voyons  au  dehors 
de  cette  ouverture  ,  que  nous  connoilfons  tous  fous 
le  nom  de  bouche. 

Les  lèvres  font  les  parties  externes  de  labouchc,  t  ^y 
elle  font  deux ,  l'une  fuperieure  ,  <5c  l'autre  infé- 
rieure \  elles  font  compofées  d'une  chair  fongucu- 
fe  j  &  couvertes  d'une  tunique  fort  déliée,  qui  eft 
continue  avec  celle  de  la  bouche.  Avant  que  de 
voir  les  mu  Ides  qui  les  font  mouvoir  ,  examinons 
les  parties  externes  qui  les  environnent. 

L'élévation  ronde  qui  eft   au  delfous  des  yeux    l^j  jgy^-j^ 

K  K    iiij 


5  20  T)e  la  Face  &  àefes  parties, 

entre  le  nez  &  l'oreille  s'appelle  la  pomette  ;  cet 
endroit  efl;  ordinairement  vermeil  ,  &:  parce  qu'il 
rouffit  davantage  dans  la  honte  ,  on  le  nomme  le 
fiege  de  la  pudeur  -,  le  delîous  de  cet  endroit  ,  qui 
eft  lâche  ,  s'apcUe  la  joue  ,  ou  bacca  ,  parce  qu'il 
s'enfle  en  Tonnant  de  la  trompette  :  le  dellîis  de  la 
iévre  fuperieure  s'apelle  la  mouftache;  la  fente  qui 
eft  entre  les  deux  lèvres  ,  s'appelle  la  bouche  ;  les 
deux  extrémitez  de  la  fente  fe  nomment  les  coins 
de  la  bouche  \  les  parties  avancées  des  lèvres  s'ap- 
pellent ^ro/.t^/<^:  le  delfous  de  la  lèvre  inférieure  le 
menton  ;  &  la  partie  charnue  fpus  le  menton  , 
buccula  ,  ou  petite  gorge. 

Lci  jo'oës      Quelques  Auteurs  ont  donné  deux  mufcles  aux 
non:  point    .      >     /         .     ,  •       p    i     u        • 

de  tnulcles.  joucs  ,  Içayou-  le  peaucicr  &  le  buccmatcur  j  mais 

nous  ne  leur  en  donnons  point ,  car  nous  mettons 
le  premier  au  nombre  de  ceux  de  la  mâchoire  infé- 
rieure ,  &  le  fécond  nous  le  donnons  aux  lèvres. 

T'?'^^  Les  mufcles  des  lèvres  font  treize  ,  huit  propres 

mjlclcs  aux  .  ,  .,  ^     ^ 

ie/ics.  &  cmq  communs  -,  des    propres  il  y  en  a  quatre 

pour  la  lèvre  inférieure,  &  quatre  pour  la  fupe- 
rieure y  &  des  communs ,  il  y  en  a  deux  à  chaque 
lèvre  :  Ç\  bien  que  fix  mufcles  d'an  côté,  &  autant 
de  l'autre  ,  font  avec  l'impaire  le  nombre  de  treize 
mufcles,  qui  fervent  aux  mouvemens  des  lèvres. 
^  7  Le  premier  des   propres  qui  apartient  à  la  lèvre 

lincifif.   Supérieure  eft  l'incifif-,  ainfî    nommé  ,  parce  qu'il 
prend  fon  origine  de  l'os  delà  mâchoire  fuperieu- 
re à  l'endroit  des  dents  inciflves.    Il  va  s'inférer  à 
la  lèvre  fuperieure  qu'il  tire  en  haut. 
8  Le  fécond  eft  le  triangulaire  ,  qui  eft  l'antago- 

niftede  celui-ci  i  il  prend  fon  origine  de  la  partie 
latérale  &^externe  de  la  bafe  de  l'os  de  la  mâchoi- 
re inférieure  ,  &  va  s'inférer  proche  l'angle  de  la 
bcuche  ,  a  la  lèvre  fuperieure  qu'il  abaille. 


le  tnan 

laire 


VIII.  'Démonflratîon  Anatomlque.         jii 

Le  troifiéme   appartient  à  la  lèvre  inférieure ,         9 
c'eft  le  montantis ,  ou  quarré  :  il  prend  fon  origine  nus*^'"'°"'*" 
de  la  partie  antérieure  Ôc  inférieure    du  menton  , 
ôc  de  la  racine  des  dents  incifîves  de  la  mâchoire 
inférieure,  &  va  s'inférer  au  bord  de  la  lèvre  infé- 
rieure ,  qu'il  tire  en  bas. 

Le  quatrième  eft   fon  antagonifte  ,  on  l'apelle        ,o 
canin  ,  parce  qu'il  prend  fon  origine  de  l'os  de  la     Le  canin, 
mâchoire  fuperieure  au  dellus  de  la  dent  canine,<Sc 
va  s'infeier  à  la  lèvre  inférieure  proche  l'angle  de 
la  bouche,  pour  tirer  cette  lèvre  en  haut. 

Le  cinquième  &  premier    des  communs  eft  le        u 
zigomatique  ,  ainlî  nommé  ,  parce  qu'il  prend  fon  ^^  zigoma- 
origine  du  zigoma  ,  ôc  va    s'inférer  au  coin  de  la        * 
bouche  pour  la  tirer  vers  les  oreilles  ;  on  le  nom» 
me  aufli  rieur  ,  parce  que  c'eft  lui  qui  agit  dans  le 
temsdu  ris. 

Le  iîxième  &  fécond  des  communs  eft  le  bucci-  n 
nateur,  ou  trompeur  i  ainft  nommé  ;  parce  que  i-=buccina- 
c'eft  lui  qui  s'enfle  ôc  fait  la  joue'  grofte  en  fouiir 
fiant  ou  fonnant  de  la  trompette.  Il  prend  fon  ori- 
gine de  racines  des  dents  moUaires  de  l'une  ôc  de 
l'autre  mâchoire^ôc  va  s'inférer  à  la  circonférence 
des  lèvres.- 

Le  dernier  ,  qui  eft  le  treizième  &  impair  ,  eft        13 
rorbiculaiie  ;  c'eft  cette  chair  qui    environne  les.  .^'orbicu- 
dcux  lè.vres  comme   un  fplimctcràl  ferme  la  bou- 
che en  les  aprochant  l'une  de  l'autre,c'cft  lui  auflî 
qui  fait  faire  la  moue  ,  lorfqu'on  avance  les  lèvres 
en  dehors. 

Les  lèvres  ont  pluueurs   glandes  que  l'on  fent  Glandci  des 
aifcment  avec  le  bout  de  la  langue  ,  parce  qu'el-  ^'^^'^^'• 
les  font  fous  la  tunique  qui  couvre  les  lèvres  ;  ces 
glandes  ont  des  arterioles  ôc    des  venules  :  mais  il 
eft  à  remarquer   qu'il  y  a  encore  d'autres  glandes 


Les 
vcs. 


512  De  la  Face  &  de  fes  parties , 

dans  la  bouche  ,  qui  par  plufieurs  petits  tuyaux  ex- 
crétoires feparent  les  liqueurs  ;  elles  humectent 
la  langue  ,  &c  aident  à  la  dilTolution  des  alimens. 
Lâbouchc  La  bouche  contribue  beaucoup  à  la  beauté, lorf- 
dou  ccic  qu'elle  efl:  bien  faite  ,  &  que  les  lèvres  font  ver- 
meilles ,  la  plus  petite  bouche  eft  la  plus  belle  , 
la  différence  des  yeux  ,  donc  les  plus  grands  font 
toujours  les  plus  beaux. 

Parneî  rcn-       L^g  parties  renfermées  dans  la  bouche  font  les 

iCiiT'.c-csdaiis  .11  1  1    •        I     I  1 

La  bouche,  gencives  ,  les  dents ,  le  palais  ,  la  luecte,  les  amig- 

dales  &  la  langue  \  je  vais  vous  les  faire  voir  tou- 
tes, excepté  les  dents ,  dont  j'ai  ruffifammenc  par- 
le dans  l'Ofteologie. 
gcno  Lçg  gencives  font  faîtes  d'une  chair  dure  &  [o~ 
lide,  qui  occupe  le  dclTus  des  alvéoles  qui  font  de 
petites  cellules^jd^ms  lefqaelles  les  dents  font  plan- 
tées. A  ceux  qui  ont  des  dents  gâtées  ,  il  arrive 
quelquefois  aux  gencives  de  petits  abfcés  que  l'on 
efl:  obligé  d'ouvrir  avec  la  pointe  de  la  lancette  : 
les  gencives  fervent  à  affermir  les  dents  dans  leurs 
alvéoles  :  elles  tiennent  fortement  aux  dents  :  c'eft 
pourquoi  lorfqa'on  veut  en  arracher  quelqu'une 
il  faut  la  déchaullèr  ,  c'cft-à-dire  ,  feparer  la  gen- 
cive qui  y  eil  arrachée  ,  de  peur  de  la  déchirer  ,  (Se 
d'en  emporter  une  partie  avec  la  denr. 

, .  -  Le  palais  eft  la  partie  fuperieure  de  la  bouche  ; 

rc  palais.     .,     ^  f  f  •    1     c  •  ni 

il  clt  un  peu  concave  ,  ce  qui   le  rait  apellcr  le 

ciel,  ou  la  voûte  de  la  bouche  ;  il  eft  formé  par 

les  os  maxillaiies  &  les  os  du  palais:  Il  eft  revêtu  , 

comme  le  dedans  des  joués  &  de  la  bouche^d'une 

tunique  épaiffe  &  ridée 

latuBiquc      La  fubftance  dc  "cette  tunique  eft  route  p.3rfe- 

f?u palais      ^^^^  ^\q  alandes  conglomérées,  qui  fe  continuent 

pleine  de      .    r     >  r\  •    j   1  /^         \      A       C 

glandes.       julqu  aux  tonfiles ,  ou  amigdales.    Ces  glandes  ie- 

parcnt  une    feroficé  qu'elles   déchargent    dans  la 


VI IL  Demonflrat'ion An^tornlque,  jij 
bouche  par  une  infinité  de  petits  tuyaux  qui  la 
percent  comme  un  crible. 

La  luette  ell  une  petite  éminence  piramidale  qui 
prend  du  palais  fur  la  racine  de  la  langue.  Elle  cft  ta  luet-ca 
compofée  de  la  réunion  de  deux  petits  mufcles  ^[^j"^"^^ '^"'' 
ronds  qui  viennent  de  la  cloifon  du  nez  ,  ou  du 
vomer.  Ils  fervent  à  la  lever  en  haut  ;  &  lorfque 
les  mufcles  n'agilTenr  plus  ,  elle  decend  par  fa  pe- 
fanteur.  On  joit  à  côté  deux  arcades  qui  font 
l'entrée  des  fentes  nazales  j  elles  font  faites  de  fi- 
bres demi-circulaires  ,  couvertes  d'une  peau  min- 
ce parfemée  de  grains  glanduleux  Ces  arcs  de  de- 
mi circulaires  qu'ils  étoient ,  en  s'alongeant  de- 
viennent droits  j  pour  mieux  retenir  l'air  dans  la 
bouche  quand  on  enfle  les  jou'és  ,  elles  empêchent 
encore ,  en  fermant  l'entrée  du  larinx  ,  que  l'air 
ne  s'échape  de  l'âpre-arterc  ,  quand  on  refpirc  en 
(Cnflant  les  joues;  &  fi  Ton  veut  que  l'air  force  fans 
ouvrir  la  bouche,  l'on  fait  un  mouvement  de  la 
gorge  qui  fait  relever  ces  arcades  \  &  comme  les 
fibres  ceflent  d'agir^^:  qu'elles  tendent  à  fe  remet- 
tre dans  leur  figure  naturelle  :  ces  ouvertures  s'é- 
largififenr.Ordinaircment  on  donne  à  la  luette  qua- 
tre mufcles  pour  faire  fes  mouvcmens. 

Ces  mouvemens  font  fort  manifeftes  dans  cer-      ly  rç 
tainespeifonnes  ;  ils  font  faits  parles  mufcles  ap-  Î?^V^P^"^- 
peliez  periltaphilms.    Les  deux  premiers   (ont  les  externes, 
pcriftaphilins  externes  ;  ils  nailTent  de  la  mâchoire 
luperieure  au  delfous  de  la  dernière  dent  molaire, 
&  s'inferenc  par  un  tendon  grefle,  aux  cotez  de  la 
luctcc. 

Les  deux  autres  font  les  periftaphilins  internes,      ,^  j^ 
ils  prennent   leur  origine  de  l'aîle  intérieure  de  Deux  pcrif- 
l'apophife    pterigoide  ,oii  il  y  a  un  petit  cartilage  lutcrncs. 
ragbile   qui  fert  à  fon   mouvement  j  ils  montent 


524  '    De  la  Face  &  de  fes  pitnîesy 

le  long  de  l'aile  de  i'apophile  pren'goide  ,  &  s'in- 
fèrent à  la  lucttejces  quatre  mufcles  qui  font  tres- 
pccits,  &  plutôt  fibres  mufculeufes  que  mufcles 
véritables ,  font  avancer  &  reculer  la  luette,  iorf. 
qu  on  avale  les  alîmens. 

^    „  La  luerre  fc  gonjBe  &  s'enflame  fou  vent,  &  mê- 

GonF.crrrnt  i         r  •      Il       .  ii  ii  i. 

de  la  luette  me  quelquefois  elle  s  allonge  tellement,  que  1  on 

ell  obligé  d'en  couper  l'extrémité. 

Farx  ii'sgcs      Les  Anciens  ont  donné  à   la  luette  des  ufages 

'**'*^'"'^"^' qu'elle  n'a  point  ;  comme  de  modifier  l'air  ,  & 
d'être  l'archet  de  la  voix ,  pour  ufer  des  termes  de 
Rlolan»  Mais  il  n'eft  pas  vrai  que  cette  partie  mol- 
le puilLc  fervir  à  modifier  l'air  :  &:  fi  la  voix  de- 
vient enrouée  après  que  la  luette  eft  perdue  ,  c'eft 
que  la  même  caufe  ,  comme  quelque  ulcère  qui  a 
détruit  cette  partie  ,  a  rongé  en  même  tems  ou  en- 
dommagé d'une  autre  manière  les  mufcles  &  les 
cartilages  du  larinK,leiquels  n'ayant  plus  le  rellort 
ni  la  foupleffe  qui  leur  conviennent ,  ne  peuvent 
communiquera  l'air  qui  fort  par  ce  tuyau  la  mo- 
dification d'un  fon  clair  &  net. 
1717  Aux  cotez  delà  luette ,  entre  le  larinK  &  les 

arajlalcs"  mufcles  de  l'os  hyoïde  ,  il  ya  deux  glandes  con- 
globées  que  je  vous  ai  montrées  en  faifanc  voir  le 
larinK  :  on  les  apelle  tonfiles  ou  amigdales,  parce 
qu'elles  rellemblcnt  à  des  amandes  peléesrelles  ont 
toutes  fortes  de  vailLeaux;  elles  feparent  &  filtrent 
les  ferofitez  qui  fervent  à  humeder  la  langue  ,  le 
larinK  (Si  l'œfoDhnge. 
18  18  La  langue  cfi;  la  dernière  partie  qui  nous  refte 

i-aiiDgue.  ^  examiner  dans  la  bouche  ;  elle  eft  aînfi  apellée 
du  vcibe  latin  Ihiaere,  qui  fignîfie  lécher  :  les  An- 
ciens ont  reconnu  fon  excellence  ,  quand  ils  l'ont 
nommée  l'inftrument  de  la  parole  :  on  peut  dire 
auffi  que  les  Anatomiftcs  d'aujourd'hui  ne  l'ont 


VIII.  Démonfiratîon  Anatomique,  ^if 

pas  moins  admirée  que  les  Anciens  ,  après  qu'ils 
ont  découvert  fa  véritable  ftructure  ,  qui  eft  tour- 
à- fait  furprenantc  ,  par  le  nombre  infini  de  corps 
rapillaircs  dont  elle  eft  compofée. 

Elle  eft  fituée  dans  la  bouche   fotis  la  voûte  du  situation  «e 
palais  i  fa  figmre  eft  de  manière  qu'elle  peut   ba-  figure  de  la 
layer  toutes  les  parties  de  la  bouche  ;  car  d^une 
bafe  large  elle  fc  termine  prefque  en  pointe. 

Elle  eft  d'une  grandeur  médiocre  &:  proportio-     Gran^îcur 
née  à  celle  de  la  bouche.  Qiiand  elle  eft  trop  cour-  ^ 
te  5  elle  ne   peut  s'allonger  ,  loriqu'elle  eft  trop 
groilè  ,  elL  fait  begaver,  &  Ç\  elle  eft  moUe  &  hu- 
mide j  comme  aux  enfans,  on  ne  peut  pas  bien  ar- 
ticuler les  paroles. 

Plnfîeurs  fortes  de  parties  entrent  dans  la  com-     Compofï- 
pofition  de  la  languejfçavoir  des  membranes  ,  des  ['"^l  f 
chairs  ,  des  vaiireaux  ,  des  glandes ,  des  ligamens  , 
&  des  mufcles. 

La  langue  eft  recouverte  d'une  membrane  alîez        19 

forte  ,  qui  tient  lieu  d'épidcrme.  Sous  cette  mem-  7'",""ï"^  *^ 
1  -i  r  \  a  T  r  j-  v         la  langue. 

brane  il  y  a  une  lubltance  vnqueuie  médiocre- 
ment épailfe  ,  &  percée  comme  un  crible  :  elle  eft 
blanche  du  côté  qu'elle  touche  à  cette  membrane 
extérieure ,  &  noire  de  l'autre  côté  j  ce  ■  qu'on 
peut  obferver  dans  le  bœuf. 

La  chair  de  la  langue  eft  particulière  ,  il  ne  s'en        lo 
trouve  point  de  femblable  dans  le  refte  du  corps,  ^^^^"^  '^*^* 
elle  eft  toute  hbreale  ,  &  plutôt  mufculeufe  que 
glanduleufe ,  elle  eft  entourée  de  fibres  en  droite 
ligne  ,  qui  de  fa  bafe  s'étendent   jufqu'à  fa  pointe, 
&  qui  la  retirent  en  dedans  &  la  racourciifent. 

Elle  a  dans  fon  milieu  différentes  fortes  de  fi- 
bres ,  les  unes  font  droites ,  les  autres  obliques 
&  tranfverfcs ,  &  d'autres  font  en  forme  de  tifïu 
de  nattes  ,  qui  d«ccndenc  do  haut  en  bas,    C'eft 


52ré  De  la  Face  &  de  fis  parties  y 

par  le  moyen  de  toutes  ces  tibres  que  la  langue  fe 
meutj&  qu'elle  tourne  dans  la  bouche  comme  une 
anguille^Ccs  hbrcs  font  entie-mêlées  de  graifle  & 
de  petites  glandes  vers  fa  bafe  :  ce  qui  la  rend  fou- 
pie  ,  &  fait  que  les  langues  des  animaux  font  dé- 
licates  &  de  bon  goût, 
de  Ta  "n*  1-*  langue  a  beaucoup  de  nerfs  qui  lui  viennent 
£uc.  de   la  cmquiéme  &  de  la  neuvième  paire  ;  ils  fe 

perdent  prt.fquc  tous  dans  fa  fubftance  ,  &:  princi- 
I^je^fj  ^ç  jg  paiement  dans  fes  tuniques  :  Ses  artères  font  des 
largue,        branches  des  carotides  ,  &:  fes  vénes  vont  fe  rendre 
dans  les  jugulaires  ,  on  les  nomme  ranulcsxe  font 
Autresncrfs  ^^'^^  ^^^  ^'^"  oeuvre  avec  fuccés  dans  les  fquinan- 
dc  la  langue  cies  :  elles  font  placées  aux  deux  cotez  du  filet, 
GIsndci  de      ^'°"  trouve  quatre  grolTes  glandes  à  la  langue  , 
la  Jangtic.     deux  que  l'on  nomme  hypoglotides  ficuées  proche 
les  vcnes  ranulaires  ;  &c   deux  autres  apellées  fu- 
blinguales  ,  placées  aux  deux  cotez  de  la  langue. 
Elles  filtrent  toutes  quatre  une  fcrofité  ,  comme 
une  efpecc  de  falive  qu'elles  déchargent  par  de  pe- 
tits canaux  dans  la  bouche  vers  les  gencives. 
Ligamcns      L'on  voit  deux  ligamens  à  la  lane'ue  ,  un   qui 
guc.  l'attache  par  fa  bafe  à  l'os  hyoïde  ,  &c   l'autre  plus 

large  ,  qui  s'infère  à  fa  partie  moycnnej&  inférieu- 
re ,  ce  dernier  eft  apellé  le  frein  de  la  langue.  On 
en  trouve  fouvent  aux  enfans  qui  naillént  un  troi- 
fiéme  qui  eft  furnumeraire  ,  Se  qui  les  empêchçdcr 
teter  ,  parce  qu'il  s'étend  quelquefois  jufqu'au 
bout  de  la  languejalors  on  le  coupe  avec  la  poin- 
te des  cifeaux. 
Huitmuf-  Qiioi-que  la  langue  foit  toute  d'une  fubftance,. 
clés  alalan-  fibreufe  &  mufculcufe ,  comme  vous  avez  va  ,  & 
qu'elle  puiftc  par  ce  moyen  fe  tourner  de  tous 
cotez  dans  la  bouche  ,  néanmoins  elle  a  des  muf- 
çlcs  pour   fes  grands   mouvemc-ns ,  comme  lorf- 


VIII.  Démonflratîon  Anatomîque.  527 

qu'elle  fort  hors  de  la  bouche  ,  ou  qu'elle  y  ren- 
tre. Ils  font  huit ,  quatre  de  chaque  cote. 

Le  premier  eft  le  genioglolle  ,  il  prend  Ton  cri-      *î   *3 
gine  de  la  partie  inférieure  du  menton,  &  va  s'in-  niogloflei. 
ferer  à  la  partie  antérieure  &   inférieure  de  la  lan- 
gue ;  c'eft  lui  qui  la  tire  hors  delà  bouche. 

Le  fécond  eft  le  ftilofzloire  ,  il  prend  fon  origine    „M  ^A 

de  1  apopnile  Itiloide  ,  «x  va  s  nilerer  a  la  partie  la-  gioiFcs, 

terale  &  fuperieure  de  la  languejilla  levé  en  haut. 

Le    troilîéme  eft    le  bafio-lolTe  ,  qui    prend  fon  ^^  *^,  ^5 
11  •      r         •"  1      I     I  V     j     \>      Dcuxbafl- 

origme  de  la  partie   lupeneure  de   la  baie  de  1  os  glolTcs. 

hyoïde ,  &  s'infère  à  la  racine  de  la  langue  ;  il  la 

tire  vers  le  fond  de  la  bouche. 

Le  quatiiéme  eft  le  cerato^loire ,  il   prend  fon  t^ '*    ^^ 
.    .    ^    ,     ,     ■        .    r         '  j    1  j     w       Deux   ccra- 

ongme  de  la  partie  lupeneure  de  la  corne  de  1  os  coglolTcs. 

hyoïde  ,  &  va  s'inférer  aux  cotez  de  la  langue  ;  il 

la  tire  à  côté  &  en  arrière.  Quand  ces  quatre  muf- 

cles  ,  &  les  quatre  autres  de  l'autre  côté  ,  agilTent 

fuccefîivement ,  ils  lui  font  faire  des  mouvemens 

en  rond. 

L'on  donne  quatre  ufages  à  la  langue  ,  le  pre-  Ufagcs  de 
mier  a  d'aider  à  la  maftication  j  en  tournant  les  *  ^"^"*^ 
morceaux  dans  la  bouche  ,  afin  qu'ils  foient  bien 
mâchez  j  le  fécond ,  de  fervir  à  la  déglutition  en 
preffant  l'aliment  contre  le  palais ,  &:  l'obligeant 
par  ce  moyen  d'entrer  dans  l'œfophage  ,  le  troi- 
lîéme ,  de  fervir  conjointement  avec  les  lèvres  à 
J'articulatîon  de  la  voix,  parce  que  ce  font  leurs 
mouvemens  qui  forment  des  paroles  de  l'air  qui 
fort  des  poiimons  par  la  trachée  artère  j  &  le  qua- 
trième ,  d'être  le  principal  organe  du  goût. 

Je  vous  ai  fait  voir  la  membrane  qui  revêt  la        17 
tangue,&  la  fabftance  vifqueufe  qui  eft  au  delîou^:  papUia^S^' 
outre  ces  deux  parties  \  il  y  a  encore  fous  elles  une  de  lalan- 
tunique   q^u'on  apcUe  corps    papillairci  elle   eft  ^^"^* 


s  2-0  De  la  Facs  &  àe  [es  parties  , 

SulLncc  ^^^^^^  remplie  des  nerfs   de  la  cinquième  &  de  L^ 

virqacu;e.  neuvième  paire  :  de  cette  tunique  ou  corps  capil- 
laire forcent  des  papilles  neiveufes  qui  pénètrent 
la  fubftance  vifqueufe  ,  pour  venir  fe  terminer  fur 
la  furface  de  la  langue  :  Ceft  par  le  moyen  de  ces 
fortes  de  papilles  que  la  langue  s'apperçoit  des 
différentes  qualitez  des  faveurs. 

Si  vous  voulez  vous  donner  la  peine  défaire 
cuire  des  langues  d'animaux  ,  vous  verrez  une  in- 
finité de  ces  petites  éminences  qui  forcent  de  la 
membrane  de  la  langue  ;  ce  font  comme  de  peti- 
Ces  pointes  femblablcs  à  celles  des  peignes  des 
cardeurs. 
Comnr-nt      ^^^^^  mécanique  nous  fatc    connoîcre   que  le 

fcLiclc  goût  confifte  dans  les  crcmou{Iem.ms  que  les 
fels  des  alimens  caufent  aux  efpritsdc  la  langue, 
en  frapant  les  nerfs  qui  les  contiennent  j  &  que 
le  fentiment  de  faveur  eft  caufé  par  cç.^  tré- 
mouffemens  :  fi  bien  que  les  fels  de  tout  ce  qui 
touche  la  langue  venanc  à  fraper  ces  éminences 
papîUaires  ,  y  caufenc  des  ondulacions,qui  fe  com- 
muniquenc  dans  le  même  moment  aux  efprits  con- 
tenus dans  les  nerfs,  qui  les  portent  aux  corps  can- 
nelez  ;  avec  lefquels  ils  fonc  contenus  \  &:  qui  les 
reprefencenc  à  l'ame  telles  qu'ils  les  ont  reçues  :  & 
ainfi  goiJter  ,  n'eft  pas  faire  quelque  choie  ,  mais 
feulement  recevoir  fur  ces  corps  papiliaires ,  qui 
lont  faics  des  excrémicez  des  nerfs  de  la  langae,lc> 
imprellions  que  les  corps  favoureux,(  qui  ne  fonc 
propremenc  que  les  fels  des  alimens  :  )  fonc  fur 
ces  éminences  nerveufes. 

.    Les  vaif.      Puifque  je  vous  ai  promis  de  vous  faire  voir  dans 

Sî«!^''"  ^^"^  Anacomie  couces  les  nouvelles  découverces  , 
je  vais  vous  moncr'er  les  vaifîeaux  lalivaires  ,  par 
lefquels  je  finirai  la  Démonftracioii  d'aujourd'hui. 

Les 


V I lî.  Démonjiratton  Anatomlqtte.  519 

Les  vaillcaux  faliVaifcs  font  quatre  ,  deux  fupe-     ^'^  ^^^^^ 
;  .  ,  ■  j         I         1        quatre, 

îriciu-s  qui  ont  leur  cominenceracnc  dans  les  glan- 
des parotides  ,  &:  deux  inférieurs  ,  qui  naitfent  des 
maxillaires  :  ils  viennent  tous  Te  terminer  dans  la 
bouche.  . 

Les   p^lrotîdes  font  des    glandes  conglomeiées       *?  . 
fort  grolTcs;  elles  font  placées  derrière  les  oreilles,  ncp"  jcs'pa* 
&  rempHlfcnt  tout  cet  elpâce  c]ui  eft  entre  l'angle  lotidei. 
pofterieur  de  la  mâchoire  inférieure  ,  &  l'apophife 
malloïde  ;  elles  ont  des  artères  qui    viennent  des 
carotides ,  «S^  qui    entrent  dans  leur  fubllance  ,  &: 
des  vénes  qui   en  partent  pour  aller  dans  les  jugu- 
laires ;  de  ce  fangqul  palfe  par  leur  fubftance,  il 
s'en  (épare  une  liqueur  appcllée  la  falive  ,  laquelle  , 

eft  reçue  par  deux  vallfeaux  nommez  falivaires , 
qui  font  formez  de  plulieurs  petits  rameaux  qui  fe 
reiinilîent  enfemble  au  fortir  de  ces  gkndes,  tScquî 
vont  le  long  des  joues  les  percer  dins  le  milieu  , 
pour  entrer  dans  la  bouche  où  ils  finllFent. 

Les  glandes  maxillaires  font  ainfi    appelle'cs  ,        50 

parce  qu'elles  font  lituées  fous  la  mâchoire  infe- ^'^"^7'^"' 

•  1     I     •    I     o   1.       1        •  1  11      ncnïdcs 

neure  ,  entre  le  larmlc  cclos  hyoïde,  ces  glandeç  maxillaires 

qui  font  conglomérées ,  ont  des  artères  ,  des  vé- 
nes ,  &  des  vaîireaux  falivaires  ,  qui  font  formez 
de  pluiicnis  rameaux  réunis  enfemble  fous  le  di- 
gaCtriquc  :  la  faiive  aiant  été  filtrée  par  ces  glandes 
eft  reçûcf  par  ces  vaillcaux  falivaires  ,  qui  la  vont 
décharger  dans  la  bouche.  Ils  y  entrcnc  fous  là 
pointe  de  la  langue,  aux  cotez  du  frein,  vers  les 
dents  incilives  d'en-bas. 

L'ufagc  de  ces  quatre  grojTes  gkndes  eft  detra-    Ufigcsdes 
iller  ians  celle  à  la  féparation  de  la  falive  ,  &  de  «'='.'li'«  des 
la  verlcr  par  les  quatre   Vaifleaux  falivaires  daiis"  la  faiiviucj. 
bouche  ,  pour  y  être  le  premier  dillblvant  dti  ali- 
mens ,    comme  je  vous  l'ai  déjà  fait  remarquer 

Ll 


vai 


5  3^  De  la  Face  &  de  [es  parties  , 

ci-delTiis  5  en  parlant  de  leur  digeftion, 

La  ficuatioii  narurelle  de  ces  glandes  eft  excré- 
mement  commode  pour  leur  adlion.  A  l'égard  des 
Parotides  elles  (ont  dans  une  cavité  prefque  toute 
olfeufe  :  outre  cela  l'angle  de  la  mâchoire  infé- 
rieure qui  les  prefTe  dans  le  tems  de  la  maftica- 
tion ,  oblige  la  falive  de  fortir  des  ces  glandes  ,  & 
de  Te  décharger  dans  la  bouche.  Les  maxillaires 
à  la  vérité  ne  font  pas  prellées  par  une  partie  oU 
feufe  ,  mais  elles  le  font  par  les  mufcles  digaftri-  v 
qucs,  qui  étant  les  abbai (leurs  de  la  mâchoire  ii> 
ferieurc  j  fe  grolïillenc  toutes  les  fois  qu'elle  s'ou- 
vre ,  &  par  la  tumeur  qu'ils  font  dans  leur  corps, 
expriment  la  falive  qui  eft  dans  ces  glandes,  & 
l'obligent  de  prendre  le  chemin  de  la  bouche. 

Ainfi  ces  quatre  glandes  font  placées  de  maniè- 
re que  les  mouvemens  de  la  mâchoire  en  font 
fortir  la  falive  pour  aller  dans  la  bouche  j  ce  que 
nous  expérimentons  même  en  parlant ,  &  en 
baaillant ,  quoique  les  mouvemens  de  la  mâchoi- 
re foient  moindres  qu'en  mâchant  :  je  dis  en 
baaillant,  car  ces  glandes  étant  comprimées  for- 
tement par  la  grande  dilatation  de  la  bouche  ,  la 
falive  en  fort  quelquefois  avec  tant  d'impetuofi--,. 
té  ,  qu'elle  en  eft  jettée  bien  loin  hors  de  la  bou- 
che. 

Voilà ,  Meiïieurs ,  tout  ce  que  j'avois  à  vous  di- 
re fur  les  organes  des  quatre  fens  que  je  viens  de 
vous  démontrer  ;  je  me  fuis  contenté  de  dilîe- 
quer  &  de  développer  tous  les  rclforts  Se  les  par- 
ticules qui  les  compofenc  ;  &  vous  avez  vu  ,  com- 
me moi ,  que  toutes  les  adions  qui  en  refukent , 
font  une  fuite  neceiTairc  de  la  difpofition  natii'rcl- 
le  de  ces  pa^rties. 


l  ^^l 


xvnr 


p.   S  31 


531 
N  E  U  V  I    E'   M   E 

DEMONSTRA.TION 

tes  parties  qui  compofent  les  exirémitez. 
fuferieures. 

L  faut  vous  relTouvenir  sMeffieurs  s 
que  nous  avons  divifé  le  corps  hu- 
\  main  au  tronc  ,  &  aux  extrémicez. 
y  Jufqu'ici  nous  avons  démontré  afTez 
amplement  toutes  les  parties  qui  entrent  dans  la 
compofition  du  tronc  \  il  ne  s'agit  plus  mainte- 
nant que  de  vous  faire  voir  les  extrémitez  Je 
vous  en  ferai  deux  Démonftrations  ,  parce  que  le 
nombre  des  parties  qui  les  compofent  efl:  fi  grand, 
que  je  ne  puis  vous  les  faire  voir  toutes  dans  une 
icule  leçon. 

Je  vous  ai  dit  au  commencement  de  cette  Ana- 
tomie  que  ces  extrémitez  font  quatre  ,  fçavoir 
deux  fuperieures,  que  l'on  nomme  les  bras;  Se 
deux  inférieures  ,  qui  font  les  jambes.  Vous  ver- 
rez aujourd'huy  les  fuperieures  ,  &c  demain  les  in- 
férieures. 

Si  j'ai  différé  jufqu'à  prefent  à  vous  entretenir 
des  genéralitez  des  mufclcs  ,  ôc  de  leurs  mouve- 
tnens,  c'cll  parce  que  j'ai  crû  que  c'étoit  ici  le 
lieu  le  plus  convenable  pour  vous  en  inftruire  , 
puifqu'il  ne  s'agit  prefque  que  des  mufcles  dans 
cette  Démonftration,  &  dans  la  fuivantc. 

Ll   ij 


j  3  i  I^^-f  Extrémltez.JîiperiefireSj 

Etymologie        ^^  Mvolofïie    efl:  une    icience    qui  traite  des 
de  la  Myc-        r  ,       '       ^     .     ,.         ^  r-jj 

logic.  mulcies    en  parnculier.    Ce    mot  le  tue  de  deux 

dictions  Grecques,  de  ijLVi ,  qui  lignifie  rat ,  (X  de 

x'oy'Q- i'(\ui    lignifie  diJcoHrs  ;  car  il  y  a  des  mui- 

clés  qui  appiochen:  allez  bien  de  la  figure  d'un 

rat.  / 

Ncccflitc       Toutes  les  incifions  que  le  Chirurgien  fait  fur 

au  Chirur-    j^  corps  humain  doivent  erre  faites  félon  la  rc6li- 

giendc  Iça-        ,      /      ri  i  r  i 

vo;r  laMy-  tude  des  nbres  des  muicles:or  comment  pourroit- 

ologic.         j|[  exécuter  ce  que  fon  Art  demande  ;  s'il   ignoroit 

la  fituation  3c  la  tlructure  des  mufcles  ?  C'eftdonc 

cette  partie  de  l'Anatomic  qu'il  doit  fçavoir  pré- 

férablemcnt   aux   autres  -,  car    autrement    il  feroit 

tous  les  jours  dans  le  hazard  d'cllropier  ceux  fur 

lefquels  il  opère. 

Des  rouf-       Mais  avant  que  de  vous  démontrer  les  mufcles, 

cicscngc-    leurs  parties  &  leurs  mouvemens  ,  il   efl  bon  d'a- 
Dcral.  •  '  \  tj       1* 

vertir  que  nous  avons  trouve  a  propos  d  expli- 
quer le  général  des  mufcles  avec  exactitude ,  de 
de  rapporter  les  principaux  f\  llémes  qu'on  y  a 
fait  :  Et  comme  perfonne  n'a  mieux  parlé  de  leur 
ftru^ture  que  Mv  Stenor?)  nous  expoierons  en  abré- 
gé ce  qu'il  en  a  dit. 
r»'c  V  „  Le  mufcleefl:  défini  une  partie  organique  ,  qui 
du  mufcic.  ell  un  tiliu  de  hbres  compote  d  artères  ,  de  vencs, 
de  nerfs  &  de  vaifiéaux  limphatîques.  C'eft  par 
eux  que  fe  font  tous  les  mouvemens  volon- 
taires. 

L'arrangement  des  fibres  des  mufcles  eft  diffé- 
rent ,  fuivant  les  mouvemens  qu'ils  doivent  fai- 
re. L'extrémité  de  toutes  les  fibres  charnues  eft 
nerveufe  ,  c'eft  ce  que  l'on  appelle  vulgairement  , 
la  tête  &z  la  queue'  du  mufcle  qui  en  font  les 
tendons.  Le  ventre  ou  le  milieu  de  tous  les  mul^ 
clés  eft  charnu  ,  chaque    fibre  fait  pour  le  moins 


/  X.  'T>émonflratlon  Anatomlque.  5  3  5" 

trois  lignes  droites  inégales  ,  qui  font  des  angles 
alternes  ;  ces  angles  font  ainH  nommez  ,  parce 
que  la  ligne  qui  la  forme  ,  eft  entre  deux  paral- 
lèles. 

Tous  les  mufcles  ont  encore  plnfieurs  couches  .  CompDfi- 
de  fibres  droites  &c  tranfveiTes.  Toutes  celles  du  mufcles, 
même  ordre  font  rangées  dans  un  même  plan  ,  en 
formant  un  parallélogramme  ,  ou  plutôt  un 
Rhomboïde  dont  les  deux  cotez  oppofez  font 
parallèles  &  font  des  angles  aigus  -,  les  deux  autres 
côrez  font  deux  tentions  oppofez  hors  du  parallé- 
logramme ,  ou  du  quarré  long.  Tout  le  champ, 
ou  la  furface  du  Rhombuide  eft  compofc  de  fibres 
parallèles  ,  dont  la  réiinion  fait  les  tendons  j  de 
forte  qu'il  y  a  autant  de  fibres  nerveufes  dans  le 
,  tendon  ,  qu'il  y  en  a  dans  le  ventre  du  mufcle.Tou- 
tes  les  fibres  internes  des  tendons  font  plus  courtes 
que  les  externes. 

Il  y  a  toujours  trois  figures  dans  chaque  plan  Figures  des 
de  fibres  ,  la  première  &:  la  dernière  font  toû-  fit>resdu 
jours  oppoféeSj  celle  du  milieu  fait  le  Rhomboï- 
de. Plufiturs  couches  de  fibres  parallèles  faifant 
une  cpailicur  forment  ce  que  l'on  appelle  paral- 
lélépipède ,  pour  faire  le  mufcle  limple  ,  car  le 
mufcle  compofé  eft  un  alfemblage  de  pluheurs 
parallélépipèdes. 

Toute  la  force  des  mufcles  dépend  de  la  multi-     ^'®."  f^' 
tude  des  fibres  &  de   leur  union  ,  &  félon  l'expe-  ce  des  muf- 
rience  de  Mr.  Stenon  ,  le  mufcle  grêle  interne  peut  cl«. 
fcûtenir  un  poids  de  cinquante  livres  (ans  fe  rom- 
pre.   Il  ne  faut  pas  croire  que  les  divers  arrange- 
mens  des  fibres  des  mufcles  foient  toujours  pour 
mouvoir  les  parties  diftci-emment. 

Il  y  a  des  mufcles  qui  ne  font  qu'un  mouve-    L'arrang-;- 
ment  ,  où  les   fibres  font  difpofécs  à  former  deux  "^^"^'^^s"" 

Ll   iij 


5  34  ^^^  Extrémité z  fltperleuret , 

brcï  ict      rnuicles  ,  c'eft  ce   que   Ton   voit  dans  le  demi- 
mufclcj.      nerveux.  Il  y  a  des  mufcles  où  les  fîbies  vont  en 
ligne  droite  félon  leur  longueur  \  il  y  en  a  d'au- 
tres  où   elles  vont  en  fpirale  j  &   d'autres  enfiri 
qui  ont  un  double  rang  ,  &  qui  naiflent  des  deux 
cotez    d'un   tendon  ,    comme  les  barbes    d'une 
plume, 
lei  mouvc-      Toutes  les  fibres  charnues  du  ventre  d^un  muf- 
mcns  du     cle  (ont  moins   ferrées  que    dans  le  tendon.  Le 
mouvement  des  mufcles  vient  du  racourciiremenc 
des  fibres  charnues  qui  tient  les  tendons,  qui  font 
quelquefois  doubles ,  triples,  &c.  comme  les  ten- 
dons du  biceps  ,  du  triceps  ,  aufH  bien  que  la  par- 
«  tie  charnue  qui  eft  quelquefois!  double  ,  comme 

au  diagaftrique. 
Lesmufckj       Les  nerfs  entrent  indifféremment  danslemuf: 
contribu-cnc  ç.\ç^  p^j.  j^g  extrémitez  ou  par  le  ventre  ,  aprc^ 
a  aitterens  .      i  /      i    r  ■  v    i  i 

mouTc-        avoir  donne  plulieurs  rameaux  a  leurs  membra- 

îr:en$.  nés  propres  Enfin  les  mufcles  fervent  à  tous  les 

differens  mouvemens  de  nos  membres  \  car  il  y 
en  a  pour  les  fléchir  ,  pour  les  étendre  ,  pour  le^ 
élever  ,  les  abaifîer ,  les  aprocher  ,  les  éloigner  ., 
les  relâcher  ,  les  prefler  ,  les  fermer  ,  les  ouyrir. 
Quand  il  faut  faire  des  mouvemens  violens ,  les 
mufcles  ont  des  tendons  conhdcrables  ,  &  ceux 
qui  ne  font  qu'ouvrir  &  relâcher  ,  comme  les 
fphin6ters ,  n'en  ont  point. 

Il  eft  encore  à  remarquer  ,  que  tous  les  mufcles 
qui  font  un  même  mouvement  s'apcUent  con- 
génères ,  qu'on  nomme  ceux  qui  font  unrnouve- 
ment  opofé  ,  antagoniftes. 

Pour  le  nombre  des  mufcles,  on  a  peine  aie  dé- 
terminer ,  parce  qu'on  l'augmente  tous  les  jours, 
quelques  Anatomiftes  en  comptent  jufqu'à  cinq 
cens  vingt-neuf. 


IX.  Démonftratlon  Anatomique.  j-  3  j 

Mais  ceux  qui  voudront  avoir  une  plus  ample 
connoiflance  de  la  ftriiârure  des  mufcles,  pourront 
lire  tout  le  Chapitre  du  mouvement  animal  inféré 
dans  le  Livre  pofthume  de  M.  Vexàuc  de  L'pifaae 
des  parties:  c'eftun  Recueil  curieux  des  explica- 
tions que  des  Auteurs  modernes  fort  recherchez 
ont  propofées  fur  la  plupart  des  fonctions  ani- 
males. 

Le  mufcle  a  deux  fortes  de  mouvemens ,  celui  nfcns"du^*' 
de  contraction  ,  &  celui  d'extenfîon.  Par  le  pre-  mufcle. 
mier  il  s'acourcit  ,  par  le  fécond  il  s'alonge  ,  d'où 
s'enfuivent  tous  les  divers  mouvemens  que  nous 
voyons  au  corps.  On  y  en  ajoute  in  troifiéme  , 
qu'on  apelle  mouvement  tonique,  qui  fe  fait  lorf- 
que  plufieurs  mufcles  agillent  de  concert,  &  tien* 
lient  une  partie  ferme  6c  bandée  fans  la  mouvoir 
aucunement  :  Ce  qui  arrive  ,  par  exemple ,  quand 
les  quatre  mufcles  droits  de  l'œil  le  tiennent  fans 
branler,  &  le  font  regarder  fixement  en  un  même 
endroit  :  ou  quand  l'homme  fe  tient  debout  :  car 
quoi  qu'il  ne  fe  meuve  pas  aduellemcnt ,  néan- 
moins les  mufcles  qui  le  tiennent  dans  cette  poftu- 
re  droite  ne  lailTcnt  pas  d'agir. 

Les  mouvemens  font  (iiiiplesou  compofez;ceux     II  y  a  des 
qui  fe  font  en  haut,  en  bas  ,  en  devant,  en  derrie-  fi)°pi^"&"* 
re ,  à  droite  &    à  gauche  ,  font  apellcz  fimples  descompo- 
parce  qu'il  n'y  a  qu'une  forte  de  mufcle  qui  les  ^"' 
fafl'e  \   mais  lorfque  plufieurs  agilTcntenfemble  & 
fucceffivement ,  on  les  nomme  compofez  ,  com- 
me quand  nous  mouvons  les  bras  en  rond. 

L'on  remarque  que  quand  le  mufcle  a^lt ,  il  fc  ^^^  "mufcles 
a  >•}  r  •       n  ^1  /-   '^  gonflent 

gontle  ,  parce  qu  il  le  racourcit ,  &  que  la  grof-  en  naifTaûC 

feur  qu'il  fait  par  ce  gonflement  efi:  toujours  dans 

fon  ventre,  &  qu'elle  paroît -en  dehors  ,  excepté 

aux     mufcles     de     l'Epigaftre    à     caufe     qu'ils 

Li    iiii 


5  3^  2)^J  Extrémîtez.  [uperteures, 

n'ont  point  d'os  pour  les  appuyer. 

Lcmufclc       11  faut  obferver  que  le  miifcle  prend  toûiours 
remue  lou-     r  ...  •       \         r  n         - 

jours  la        ion  origine  a  une   partie  plus    ternie  que  celle   ou 

partie  la        il  va  s'infcrer  ,  &  que  la  partie  qu'il   doit  remuer 
moias  roli-     ^       a-  n         ^   m  l    •         i3    \     m      /     r  • 

^ç^  elt  toujours    celle  on  il  va   hnir  :  d  ou  il   s  enluit 

que  lors  qu'il  fe  contra6te  ,  il  devient    plus  court  , 

6v  par  confequent  une  des  deux   parties  attachées 

à  Tes  deux   excrémitez   doit    fe  mouvoir  ,  qui  eft 

toujours  celle  où  il  va  s'inférer. 

^,    .  ,._        Enfin  nous  convenons  que  les  mufcles  fervent 
Il  cît  diftî-  V  .  1-1 

cilc  de  fçi-    a    mouvoir    toutes    les  parties    de  notre    corps 

voir  ce  qui    quand  il  nous  plaît ,  mais  on  a  de  la  peine  à  con- 

i3K  mou-      ^        .  \    r    C  •       r\  I  ■ 

vo!rl-s         cevoir  comment  cela  le  raïf.    On  ne  doit  pas  s  en 

muicies.  eronner  ,  puifaue  cette  matière  a  exercé  les  plus 
habiles  Anarcmiftes  de  nos  jours  ,  lans  qu'ils  ayent 
pu  encore  s'acorder.Ncanmoins  il  ne  faut  pas  que 
cela  nous  arrête  ,  de  cette  matierejquoique  diffici- 
le ,  n'ell:  pas  impolîible  à  pénétrer.  Je  vais  tâcher 
de  vous  donner  une  idée  de  ce  que  les  Auteurs  les 
plus  eftimez  en  ont  avancé. 

C'en  le  fuc        La  vue  d'un. mufclc  nous  aprend  qu'il  peut  fe 

ani-nal  y.r-  niouvoir ,  &  qu'il  cil  toujours  en  état  de  le  faire  ; 

ic  dans  i-  .-.ri  r         ■     \ 

mu^c!;  q.ii    maisilraut    quelque  caule  qui    le  mette  en  mou- 

k  taicgon-  vement.  On  croiç  communément  que  cette  caufe 
vient  du  cer\ eau, parce  qu'auîli-tôt  que  la  volon- 
té a  déterminé  de  fléchir  le  carpe  ,  par  exemple  j 
dans  le  même  tems  les  mulcles  obéiirent  ,  &  le 
carpe  cft  fléchi  ;  &  voici  comment  :  Le  lang  qui 
eft  vcrfé  fans  difcontinuation  dans  le  corps  du 
mufcle  par  l'arrere ,  eft  toujours  prêt  de  fe  rare- 
fier  pour  gonflir  le  mufcle  ,  mais  il  ne  le  peut  de 
lui-même.C'eft  par  le  mélange  du  fuc  animal  qui 
eft  porté  par  le  nerf  dans  le  mufcle  ,  que  fe  fait 
cette  raréfaction  ,  qui  écartant  les  fibres  les  unes 
des  autres ,  les  racourcit  ;  &  delà  s'enfuit  le  mou- 


/  X.  Dérnonfiratlon  Anatomlque.  j  3  7 

vçmcnt  de  U  partie  qui  efi;  attachée  a  la  queue  du 
îiiufcle. 

Cet  écoulement  du  fuc  animal  dans  les  mufcles     Comment 
ne  fe  fait  que   quand  nous  voulons  ;  c'eft  ce  qui  |^^"^  ^J|.^" 
rend  leur  mouvement  volontaire.    Si  la  volonté  yerlc. 
veut  qu'un   bras    foit  en  repos  ,  il  y  demeure  :  fî 
elle  veut  qu\in  pied  Te  meuve ,  il  le  fait  en  même 
tems  :  Il  ne  faut  pas  croira  que  le  fuc  animal  foit 
porté  du  cerveau  dans  les  mufcles,  dans  le  tems 
que    l'ame  veut  qu'ils   fe   meuvent.    Le  mouve- 
ment fuit  de  fi  prés  la  volonté ,  qu'il  ne  pourroit 
pas  en  faire    le  chemin    en  un  inftant  :  Mais  les 
nerfs  (ont  autant  de  canaux  pleins  du  fuc  animal , 
toujours  prêts  de   le  vcrfer  par  leurs  extrémitez 
dans  les  mufcles  où  ils  vont  aboudr  ;  &  lorfqae 
U  volonté  détermine  de  mouvoir  quelque  raulcle, 
il  le  fait  une  petite  comprefïîon  des   fibres  du  cer- 
veau fur  l'extrémité  du  nerf ,  cette  compiefîîon 
poulie  le  fuc  animal  dont  il  eft  rempli  ,  &  l'oblige 
a  forcir  par  l'autre  bouc  du  nerf ,  qui   fe  termine 
dans  le  mufcle  ,  où  fe  mêlant  avec    le  fang  qu'il  y 
trouve    toujours  ,  il  s'y    fait   une  ébullition  ,  d'où 
s'enfuit  le  gonflement. 

Je  me  fers  d'une   comparaifon  pour  vous  faire     Compa- 
•    •  1  r  •       ij    \       •         riifon  Qui 

concevoir  cette  opmion  ;  le    relervoir  d  ou  vient  donne  une 

i'vau  qui  fait  joiicr  les  fontaines  ,  eft  toujours  pla-  iîéccom- 
cc-  ail  lieu  le  plus  éminsnt  du  jardin;  plu  Heurs  (^f^i^^ 
concUucs  en  partent  qui  vont  à  toutes  les  fontai- 
nes. Lorfque  le  Fonrenier  en  veut  faire  jouer 
q:Jclqu'une,  il  ouvre  le  robinet  de  fon  condait,& 
f  ir  le  champ  on  la  voir  jallir ,  bien  '  qu'elle  foit 
quelquefois  à  cinq  cens  pas  du  refervoir.  Le  cer- 
veau fait  l'office  du  refervoir  ,  les  nerfs  en  font 
les  conduits,  les  fontaines  font  comme  les  muf- 
cles, &  le  Fonicaicr  reprefente  la  volonté  ,  c|ui 


5  5  5  Vss  extrémitez.  Juperieuresy 

jner  quand  il  lui  plaîc  tous  les  mufcles  en  mou- 
vement 
Obfcrva-       Si  nous  obfervons  ce  qui  arrive  dans  nos  mou- 

tjons  qui     vemens ,  roue  femblera  confirmer  l'opinion  que 
c;  hi.ncnt    .,  ^         j  r  CL  II 

çcric  en-     j  avance  :  Quand  uiiC  perlonncelt  en  repos  ,  e|le 

mon.  n'a  pas  fi    chaud   que  lors  qu'elle  travaille  ,  ou 

qu'elle  marche  ,  parce  que  le  mouvement  étant 
entretenu  par  plulieurs  eftervefcences  réicerées,  il 
augmentera  la  chaleur  &  la  circulation  du  fang 
avec  bien  plus  d'aéiivité  que  da»s  le  repos  j  &  ii 
après  une  courfe  vous  mettez  la  main  fur  le 
ccLur  de  celui  qui  a  couru  ,  vous  le  Tentez  batrç 
plus  vite  qu'à  l'ordinaire ,  parce  que  le  fang  ayant 
palfé  avec  précipitation  par  les  mufcles ,  &  les 
ayant  gonflez  (ouvent  par  le  mélange  du  fuc  ani- 
mal ,  -il  fe  porte  au  cœur  plus  promptement  que 
de  coutume. 

Bien  que  nous  aions  comparé  le  cerveau  à  un 
nll  ^dic-'ile  l'^^fi'voir  ,  cependant  il  ne  faut  pas  croire  qu"'il  en 
c'^irrr^e  le    puiffe  contenir  autant    de  fuc   animal  qu'il  en 
■*'■  faut  pour   entretenir  les  mouvemens  d'un  voya- 

geur ,  qui  marchant  à  pied  pendant  toute  la  jour-» 
née  ,  ou  d'un  Forgeron  qui  travaille  incetlam-' 
ment  :  Celui  qui  produit  les  premiers  mouve- 
mens, après  s'ctre  mêlé  avec  le  fang  ,  repalfe  dans 
le  cerveau  par  la  circulation  ,  la  il  fe  fepare  du 
fang  pour  être  employé  derechef  à  de  nouveaux 
mouvemens  ;  ce  qui  nous  aprend  que  le  fuc  ani- 
mal circule  de  même  que  le  fang  ,  &  que  par 
confcquent  la  difTipation  qui  s'en  fait  par  le  tra- 
vail ,  eft  réparée  par  les  alimens  que  nous  pre- 
nons; c'eft  pourquoi  ceux  qui  font  employez  à  des 
ouvrages  rudes  &  pénibles  ,  ont  befoin  de  man- 
ger plus  fou  vent  &  en  plus  grande  quantité  que 
les  autres. 


IX.  Dérno/ijiratîon   Anatom,  j^p 

M»  Mayi>u  a  ua  Icntiment  particulier  fur  ce  Opinfon  dç 
fujet  ;  car  il  croit  que  les  fibres  membraiieufe?  '  **^y°'^- 
qui  travçrfent  les  fibres  charnues  &qui  les  afTcm- 
blent  5  font  tout  le  mouvement  du  mufcle ,  en  ce 
que  les  corpurcules  nitroaçriens  qui  font  répan- 
dus dans  toute  l'étendue  de  cet  organe  ,  venant  à 
prendre  feu  par  la  chaleur  du  fang  &  par  Vin- 
Huence  des  efpnts  animaux  que  l'ame  ou  quel- 
que objet  y  détermine  p$r  les  nerfs ,  ces  fibres  fe 
tordent  &;  fe  frifent  comme  des  bandelettes  de 
parchemin  expofées  à  laflâme  d'une  chandelle,  & 
en  (e  refferrant  font  faire  plufîeurs  plis  aux  fibres 
charnues  ,  dans  le  racourcifïèment  dcfquelles  la 
contradlion  du  mufcle  çonfîfte  :  La  fermentation 
celîanc ,  toutes  les  parties  reprennent  leur  étendue 
naturelle.  Mais  les  mouvemens  lents  &  modérez 
dont  nous  fommes  capables^  ne  s'acordent  gueres 
avec  la  pronpiitude  neceffaire  d'une  telle  fermen- 
tation. 

M,  Borelli  faifant  reflexion  fur  une  machine  Opir.ion  de 
apellée  fauterelle  ou  zigzague  ;  qui  eft  corapofée  M.  BoicUi. 
de  plulieurs  pciirs  morceaux  de  bois  qui  s'entre- 
croifent  deux  à  deux  par  le  milieu  &  s'entretien- 
nent chacun  avec  deux  autres  par  les  extrémitez  j 
de  manière  qu'ayant  tous  la  liberté  de  tourner  fur 
les  chevilles  qui  les  arrachent  enfemblent ,  ils  ra- 
CGuicilTcnt  la  machine  en  élargilTant  les  quadri- 
lartres  qui  refultent  de  leur  afï'emblage,  &  l'alon- 
gent  au  contraire  en  les  étendant  félon  un  autre 
lens,  Borelli  ,  dis  je  ,  fur  les  proprietcz  de  cet  în- 
ftruraent ,  s'eft  imaginé  que  les  parties  infeniîbles 
des  fibres  mouvantes  de  nos  mufcles  pouvoicnt 
avoir  une  llrudure  pareille  ,  6c  que  quelque  hu- 
meur fpiricueule  étant  pouHée  avec  violence  ,  ou 
tciiibant  avec  précipitation  dans  ces  cellules  de  fi- 
gure de  lozange  ,   écartera  leurs  parois  &  tendra 


5  '^o  Des  Extrémltez.fHPerieHyeSy 

à  les  rendre  qnarrces  ,  ce  qui  produira  le  gonfle- 
ment qui  fait  l'a6lion  du  mufcle  :  Mais  cette  hy- 
pothefe  ell:  avancée  gratis  ,  puîfque  ni  par  la  dif- 
fsclion  ,  ni  par  le  fecours  du  mifcrùfcope  on  ne 
découvre  rien  dans  les  fibres  du  mufcle  qui  favo- 
nie  une  telle  mécanique. 

De  tous  les  Syftêmes  qui  ont  été  publiés  jufqu'à 
pi'c^fcnt  lur  le  mouvement  des  mufcles ,  il   n'y  en  a 
point  de  li  naturel  ni    de  fi  fimple  que  celui  que 
M.  Brune  ^propofe  dans  le  quatrième  Journal  dit 
■progre's^de    la  A^edeclne  dt  Vannée   iGoC.    Car    ne 
fupporant  dans  ces  organes  que  ce  qui  s'y  mani- 
fefte  aux  fens  .  fçavoir  des  fibres  de  plufieurs  fier- 
tés toutes  capables  de  rellbrr,  tendues,  raréfiées  & 
entretenues  dans  une  extrême  mobilité  par  la   flui- 
dité des  hu neurs  qui  les  pénétrent  fans  celîe,  6c 
par  la  chale-ar  des  vapeurs  qui  fortent  continuelle- 
ment par  les  pores  des  vailleaux  dans  les  plus  pe- 
tits interftices  des  parties  j  il  fait  obfcrver  qu'une 
légère  émotion  caufee  par  le  boiiillonnemenr   de 
quelques  gouttes  d'humeur,  ou    par  l'impreffion 
ïie  quelque  pointe  ,   luffit  pour  occafionner  une 
tres-puilîante  contraction  dans  le  mufcle  j  car  la 
fibre  qui  pourra  être  immédiatement  ébranlée  par 
cette  émotion,  rencontrant  dans  mille  tours  &  re- 
tours quefon  propre   relfort  lui  fera  faire  ,  d'au- 
tres fibres  voi (mes ,  leur  communiqucva  une  agi- 
tation pareille  à  la    fienne,  fur    tout  ii  elles  font 
homogènes  ,  Se  qu'elles  foient  avec  elles  à  l'uni- 
fon,  con:me  le  font  enfcmble  toutes  les  hbres  char- 
nues d'un  même  mulcle  :  ainfi  que  l'égalité  de  leur 
groflTeur  ,  de  leur    figure  ,  de  leur    tenfion ,  Se  de 
leur  coniiltance  letémoigne,orces  fibres  en  ébran- 
leront encore  de  nouvelles  à  qui  elles  tiennent 
par  quelque  endroit,  de  forte  que  ce  mouvement 


IX,   'Démonflration  Anatomîque.  541 

fe  répandant  de  Pun  à  l'aiure  prcrqa'en  un  in- 
ftant  dans  tout  le  corps  du  mafcle  ,  cet  organe  fe 
conrrade  aulïï  tôt  avec  une  très- grande  force  en 
atirant  fon  extrémité  la  plus  mobile  ,  comme  pln- 
iTcLirs  cordes  à  boyau  qu'on  auroit  miCes  à  Tuni- 
fon  fur  un  inftrument  de  Muhque  ,  tremblent 
tontes  d'abord  qu'on  en  touche  quelqu'une  avec 
l'archet ,  «Si  tendant  à  forcir  de  la  ligne  droite,  ti- 
rent  violemment  les  chevilles  qui  les  y  retien- 
nent :  &  de  même  qu'on  expliquera  en  Phyfique 
d'où  vient  qu'un  petit  bruit  excité  dans  un  bois 
par  le  choc  mutuel  de  deux  corps  durs ,  ou  par  la 
voix  que  l'on  poufle  foiblement  ,  fe  reproduit eil 
une  infinité  d'endroits  par  le  mouvement  qui  en 
eft  communique  aux  branches  &c  aux  feuilles  des 
arbres ,  lefquelles  comme  autant  de  langues  ou  de 
cliquettes  répètent  le  fon  ou  donnent  à  l'air  agi- 
té entre- elles  des  modifications  qui  multiplient 
le  bruit  de  toutes  parts  ;  on  rendra  aufïi  raifon 
pourquoi  la  moindre  particule  de  chaque  rnufcle 
que  nous  pouvons  regarder  comme  une  foret  de 
reffbrts  d'une  délîcatelle  &  d'une  agilité  furpre- 
nante  ,  ne  peut  frémir  que  tous  ces  rellors  &  les 
parties  élaftiques  de  l'air  interpofé  ne  fe  débandent 
en  mrême  tems  &  ne  gonflent  le  raufcle  avec  beau- 
coup d'éfort  ,  parce  que  pour  leurs  divers  trem- 
blemens  ou  leur  jeu  ils  demandent  plus  d'efpace  , 
que  pour  demeurer  en  repos  ou  dans  une  ad:ioa 
ordinaire  &  imperceptible. 

Il  cft  vrai  que  les  fibres  d'un  rnufcle  ferrées  & 
empaquetées  comme  elles  font  dans  fa  membra^ 
ne  ,  ne  font  pas  fufceptibles  d'ébranlemens  qui  lui 
caufent  un  acourciflTement  confiderable  :  Mais  la 
nature  n'avoit  befoin  que  d'une  contradlion  fer- 
me ,  &  prompte  &:  faite  en  peu  d'efpace ,  puifqiie 
pour  la  commodité  des  mouvemens ,  aiant  inféré 


54^  i)^^  extrémltez.fuperlenres , 

les  mufcles  auprès  des  articles  ,  la  puilTance  de 
ces  organes  avoit  à  vaincre  des  obftaclcs  qui  dé- 
voient agir  fur  le  même  levier  qu'elle  ,  dans  une 
diftarice  bien  plus  grande  de  l'apui  ,  «3c  par  confe- 
quenc  avec  un  avantage  înfigne  ,  comme  il  eft  dé- 
montré en  mécanique. 

Si  la  moindre  irritation  peut  faire  entrer  le 
mufcle  en  des  contrarions  très  véhémentes  ,  il 
peut  en  recompenfe  être  furmonté  dans  Tes  plus 
grands  éforts  par  une  auflî  foible  caufe  :  car  de 
même  que  nous  voyons  une  grofle  cloche  donc 
toutes  les  parties  fremiirenc  enfemble  d'une  force 
qui  furpalFe  un  million  de  fois  la  force  de  la  per- 
cufîîon  qui  aura  donné  occalioii  à  ce  tremble- 
ment,  s'arrêter  &  cefler  de  réfonner  aulTi-tôc 
qu'on  aplique  iur  cet  inftrument  le  doigt  ou  quel- 
que corps  fouple  j  ainlî  tout  ce  tremoulfement  des 
filets  d'un  mulcle  qui  s'entretiennent  tous  dz  qui 
fe  fortifient  naturellement  les  uns  les  autres  dans 
leur  agitation  ,  fera  facilement  rufpcndu,  ou  parce 
qu'ils  feront  tirez  par  le  mufcle  antagonifte  qui 
fe  contrariera  ,  ou  parce  qu'une  humeur  viendra 
en  relâcher  ou  bien  en  roidir  quelques-uns  ,  ou 
parce  qu'une  nouvelle  comprefïion  rompra  leurs 
acords. 

Cet  Auteur  ne  trouve  pas  beaucoup  de  diffi- 
culté à  expliquer  les  mouvemens  volontaires  i  car 
l'équilibre  dans  lequel  tous  les  mufcles  fe  ren- 
contrent d'ordinaire  ou  fe  peuvent  mettre  aifé- 
ment,  nous  fai fane  avoir  le  fenciment  d'une  puif- 
fance  qui  refide  en  nous  de  remuer  nos  membres 
à  nôtre  gré,  lorlqu'il  furvient  une  émotion  imper- 
ceptible qui  détermine  par  elle-même  un  mufcle 
à  fe  contraârer  ,  en  excitant  du  plaifir  ou  de  la  fa- 
nsfadtion  dans  Tame,  nous  y  conlcmons  volon- 


î X,  Demofiftratlon  AnatomlqUe.  543 

tiers  ,  &  c'cfl:  ce  qu'on  apelle  adion  libre  :  Et 
parce  qu'il  y  a  pliîs  d'aparence  que  l'ame  pour 
mouvoir  les  mulcles  ,  foie  immédiatement  unie 
aux  fibres  motrices  qui  s'y  trouvent  ,  qu'au  prin- 
cipe de  leurs  nerfs  qui  en  eft  fi  éloigné  \  l'on  re-. 
jette  comme  chimériques  dans  ce  fyftême ,  les 
eTprîts  animaux  ,  le  fuc  nerveux  ,  &  tout  ce  qui  a 
été  fubftitué  en  leur  place ,  comme  les  qualitez 
iraprefies  ,  les  ébranlemens  qui  fe  communiquent 
du  cerveau  par  les  nerfs  à  tous  les  organes  da 
mouvement  ;  &  l'on  atiibuc  aux  nerfs  trois  ufa- 
ges  principaux  ,  l'un  de  tenir  par  leur  fermeté 
toutes  les  fibres  des  orc^anes  où  ils  fe  diftribuent 
en  état  de  faire  leurs  fondions  ;  le  fécond  ,  de 
fervir  eux-mêmes  par  leur  foupleiïe  ,  leur  relTorc 
&  leur  mobilité  à  rendre  l'adtion  des  caufes  du 
mouvement  plus  forte  &  plus  vive  dans  ces  mê- 
mes parties  :  &  le  troifiéme  de  répandre  dans  \qs 
autres  parties  aufquelles  ils  font  attachez  par 
quelques  fibres  ,  l'impreiîion  qu'ils  ont  contrac- 
tée dans  les  premières. 

Mais  les  confequences  qu'il  tire  de  fon  hypo- 
théfe  font  merveîlleufes  j  car  comparant  fort  ju- 
ftcment  les  mufcles  à  des  pandules ,  il  rend  raifoii 
des  battemens  continuels  du  cœur  ,  des  contrac- 
tions alternatives  des  organes  de  la  refpiration  , 
^c.  en  faifant  voir  que  iî  leurs  caufes,  qui 
font  ou  le  mouvement  des  humeurs ,  ou  l'agi- 
tation des  vapeurs  ,  ou  l'adion  des  objets  ,  &c. 
demeurent  à  peu  prés  les  mêmes ,  ces  contrac- 
tions paroîtront  réglées  j  mais  fi  la  chaleur  inté- 
rieure augmente  ou  diminue  ,  fi  l'irritation  ordi- 
naire des  matières  qui  touchent  ces  mufcles  chan- 
ge ,  on  ne  manquera  pas  de  trouver  ces  mou- 
vemeuK    dans    l'irrégularité  ,   ou  dans  un  degr4 


544  Des  Extrémttez,fhperteHres, 

plus  fort  ou  piusioible    que  le  naciuel  :  Les  re- 
tours des  fièvres  &  de  plufieurs    ancres  maladies 
font  encore  des  corollaires  de  ce  ryftcme.  Mais  il 
leroit  à  iouliditer  que  M.  B.  poallac   ces  confîdÊ- 
rations  c>v  les  éclaîrcït  autant  qu'il  en  eft  capable', 
elles    poarroient  répandre  dans    la  théorie    de  Li 
Médecine  ua  aufli  çruand  jour  que   la  circulacioii 
du  fang  qui  a  tant  change  les   idées  de  rœcono- 
mie   de  l'animal. 
Faut  exa-      ^^ilà  ,  MelTieurs  .,  les  generalitez  des  mufcleS 
miner  les     expliquées  ,  commençons  a  prefcnt  à  les  examiner'' 
particulier    c^^'^"!'^  ^"  leur  particulier  ;  Avant    que  de  vous 
faire  voir  ceux  du   bras  que  nous    nous  fommcs 
propofez  pour  le  principal  fujet  de  la  Démonftra- 
tion  d'aujourd'hui, je  vais  vous  décrire   ceux  de  la 
mâchoire    inférieure  :,  c^e  l'os  hyoïde  ,  de  la  tête  , 
&  du  cou  ,  afin  de  ne  rien  oublier. 
..        f,         La  mâchoire  inférieure  fait  fes  mouveraens  i^au 
à  la  ma-      le  moyen  de  douze  mufcles  ,  fix  de  chaque  cote  , 
choircdc  ^    ^j^q^j-  jj  y  ^.^  ^  quatre  qui  la  ferment ,  Se  deux  qui 
té.  l'ouvrent. 

_      ,  Le  premier  des    fermcurs  efi;  le  crotaphite  ,  ou 

Faut  les  ^   i     . ,  .    -  .    .         i      i  •     i 

voir  dans  U  temporal  j  il   prend  Ion    origme  de   la  partie  la- 

du-fepné.    ce  raie  6i    inférieure  de  l'os  coronal  ,  de  la  partie 
che.  moyenne  oc  mleneure  de  los  panerai ,  es:  de  la 

fupcrieure  de  l'os  petreux  i  &  pallant  par  deilous 
vp"°^*"  l'apophile  zigomatique ,  va  s'infercr  par  nSn  ten- 
don court  ,  fort  &  nerveux  à  l'apophifc  coro- 
noi'de  de  la  mâchoire  inférieure.  Ce  mufcle  re- 
çoit des  nerfs  de  la  troilîéme  &  cinquième  paire  ; 
ce  qui  fait  que  fes  blelfures  font  fouvent  mortel- 
'  les ,  a  caufc  des  conv  al  fions  qu'elles  caufenr.  Ses 
artères  lui  viennent  des  carotides  ,  &:  fes  venes 
fe  déchargent  dans  les  intiulaires.  Les  fibres  de 
ce  mufcle  vont  de  la   circonrerence    au  centre 


ÎX.  Dernonjlratlon  Anatom'ique.  ^4/  , 

&  c'eft  Une  des  raiions  pourquoi  l'on  doit  évicer 
d'y  faire  des  incifiops  &:  des  ouvertures.  L'on  re- 
marque que  ce  mufcle  a  trois  chofes  particulières 
qui  le  fortifient  dans  Ton  aélion.  La  première  , 
qu'étant  couché  immédiatement  fur  les  os  du  crâ- 
ne ,  il  eft  recouvert  du  pericrane.La  feconde^qu'il 
paire  fous  le  zigoma  ,  qui  (emble  n'être  fait  que 
pour  lui  fervir  de  défenle.  Et  la  troilîéme  ,  que 
fon  tendon  efl:  garni  pardeirus&  par  dellous  d'une 
chair,  qui ,  comme  un  couflin,  empêche  qu'il  ne 
foit  bledé. 

Le  fécond  eft:  le  pterigoidien  exterîcurjil  prend  goïdicn  "° 
fon  origine  de  l'apophile  pterigoi'de ,  &  s'infère 
dans  l'efpace  qui  ell  entre  le  condile  &  le  coroné 
•  de  la  mâchoire  inférieure  ;  on  l'apelle  le  caché, 
parce  qu  il  eft  difucib  à  faire  voir  ,  à  moins  que 
l'on  ne  callc  l'os  de  la  mâchoire. 

Le  troiliéme  eft  le  malfeter  ,  qui  a  deux  ori-  d 
gincs ,  dont  Tune  vient  de  l'os  de  la  pomette  ,  &!:  Lero^fT-" 
l'autre  de  la  partie  inférieure  du  zigoma  ,  &  deux 
infertions  ;  l'une  va  à  l'angle  extérieur  de  la  mâ- 
choire ,  &  l'autre  à  la  partie  moyenne  j  fî  bien 
que  les  fibres  de  ce  mulcle  s'cntrc-croifent  en 
forme  d'un  X ,  parce  que  celles  qui  viennenc  de 
la  pomette  ,  vont  à  l'angle  de  la  mâchoire  ,  ^ 
celles  du  zigoma  vont  à  la  partie  moyenne  de  la 
mâchoire. 

Le  quatrième  eft  le  pterigoidien  interne  ,  il  Le  pterî- 
niit  de  l'apophife  pterigoide  ,  partie  interne  ;  &  ^°''^''='*'a- 
fe  vient  inférer  à  la  partie  interne  de  l'angle  de 
la  mâchoire  inférieure  ,  il  faut  remarquer  que  de 
ces  quatre  mufcles ,  deux  font  attachez  à  l'apo- 
phife coronoide  ,  le  crotaphite  en  dehors  ,  &:  le 
pterigoidien  externe  en  dedans  ;  &  deux  à  l'an- 
gle de  la  mâchoire  i  le  malfeter  extérieurement^ 

M  m 


54^  ^^^  Extrêmttez.  fuperieures , 

&  celui-ci  interieurcment.Tous  quatre  enfemble 
font  la  maftication  en  aprochant  la  mâchoire  in- 
férieure de  la  fuperieure,  ôc  les  ferrant  fortement 
l'une  contre  Tautre. 

.     "P  Le  cinquième  &  le  premier  des  ouvreurs  eft  le 

Le  peau-  .       ^  .    r  ^  i-i     n.  ^  ^i 

cjg,.  peaucier  ,  ainli  nomme,  parce  qu  il  elt  curane.U 

prend  fon  origine  de  la  partie  fuperieare  du  fter- 
num  ,  de  la  clavicule,  &  de  l''acromion,&  va  s'in- 
férer à  la  partie  externe  de  la  bafe  de  l'os  de  la  mâ- 
choire inférieure. 
Q  Lefixîéme  &  dernier  des  ouvreurs  eft  le  digaf- 

Ledigartii-  trique  ou  bivcnter  ,  ainfi  nommé  ,  parce  qu'il   a 
^"**  deux  ventres  à  fes  deux  extrcmitez  ,  &  un  ten- 

don dans  fon  milieu  •■,  il  prend  fon  origine  d'u- 
ne fiffure  qui  cfî  entre  l'os  occipital  &  l'apophife 
maftoide  ,  &  paflant  Ton  tendon  par  un  trou  qui 
eft  au  mufcle  ftiloidien  ,  il  va  s'inférer  à  la  partie 
inférieure  &  interne  du  menton.  Si  ce  mufcle 
avoit  eu  fon  ventre  dans  fon  milieu  ,  comme  les 
autres ,  en  fe  eonflant  il  auroic  preifé  le  pharinx, 
qui  eft  le  partage  de  l'aliment  ;  mais  ayant  les 
ventres  à  fcs  cxtrêmicez  ,  le  gonflement  s'y  fait 
lorfqu'il  agit  ;  ain(i  la  cavité  du  pharinx  ,  n'é- 
tant point  preftee,  les  alimens  peuvent  y  paflèr  li-^ 
brement. 
Deux  muf-  Il  faut  obferver  que  la  mâchoire  n'a  que  deux 
?'nc  pimr  ™"^cles  pour  l'abaifler  ,  parce  que  par  fon  propre 
l'abaiiler.  poids  elle  fe  bailfe  affez;  mais  que  pour  la  fermer 
elle  en  a  fîx  î^ros,  parce  qu'il  falloit  plus  de  force 
pour  la  lever  en  haut ,  de  pour  broyer  &  mâcher 
les  viandes  ,  ce  qu'elle  fait  commodément  par  le 
moyen  de  ces  mufcles:  Et  lors  que  la  mâchoire  fe 
porte  un  peu  en  devant  ou  vers  les  cotez  ;  ce  font 
les  fibres  entre-croifées  du  malïècer  qui  lui  font 
f^ire  ces  mouvcmens. 


IX»  Démorjflratlo?î  Anatomîque,         j'47 
L'os  hyoïde  n'eft  poiiu  articulé  avec  aucun  au-  Cinq  muf- 
tre  os ,  il  eft  feulement  attaché  par  dix  mufcles,  hydde  de 
ces  mufcles  tiennent  dans  fa  Situation  ,  de  me- chaque  co- 
rne que  dix  cordes  attachées  au  mât  d'un  navire  ^^' 
empêchent  qu'il  ne  tombe  d'un  coré  ou  d'un  au- 
tre.   De  ces  dix  mufcles  il  y  en  a  cinq  de  chaque 
côté. 

Le  premier  eft  le  gcnihyoïdien  ^  il    prend  fon     r^*    : 
origme  de  la  partie  intérieure  oc  interne  du  men- hyt.ïdicn, 
ton,  &  va  s'infercr  à  la  partie  fuperieure  de  la  ba- 
fe  de  l'os  hyoïde  ,  qu'il  tire  en  haut. 

Le  fécond  eft  le  milohyoidien;il  prend  fan  ori-       BB 
eine  de  la  partie  interne  de  la  côte  de  la  mâchoire  i  ^^j™^'*' 
intérieure  ,  environ  les  dents  molaires,oc  va  s  in- 
férer à  la  partie  latérale  de  la  bafede  l'os  hyoïde, 
qu'il  tire  en  haut  &:  a  côté. 

Le  troifiéme  eft  le  ftilohyoidien  :  il  prend  fon       CC 
origine  de  l'extrémité  de  Tapophife  ftiloïde,  &  va  i  ^;\^^'^0'' 
s'inférer  à  la  corne  de  l'os   hyoïde  \  ce  qui  a  fait 
que  quelques-uns  l'ont  appelle   ftiloceratohyoï- 
dien  ;  ce  mufcle  eft  percé  pour  Uifter  palfer  le  di- 
gaftrique  :  il  tire  l'os  hvoide  vers  le  coté. 

Le  quatrième  eft  le  coracohyoidien  ,  il  prend       DD 
fon  origine   de  l'apopiiife    coracoïde  de  l'omo-  Lecoraco- 

I  ?•  ,'rvi  '       ■     r     '  o     hyoïaiCD. 

plate  ,  8c  vient  s  inlerer  a  la  partie  intérieure  ce 
latérale  delà  bafe  de  l'os  hvoide  qu'il  tire  en 
bas  vers  le  côté  :  on  le  nomme  audi  digaftrique 
parce  qu'il  a  deux  ventres  à  fes  deux  extrémi- 
tez  ,  Se  un  tendon  dans  fon  milieu  ,  qui  eft  l'en- 
dcoit  où  il  touche  les  vailleaux  ,  qui  lont  l'arteré 
carotide  ôc  la  véne  jugulaire  interne;  fi  fon  ven- 
tre eiit  été  dans  fa  partie  moyenne  :  il  eût  nui 
par  fon  gonflement  au  mouvement  du  fang,  qui 
fe  fait  dans  ces  vailfcaux  j  c^  qui  nous  montre 
<juc  la  nature  n'a  pas  été  moins  ingenieufe  dans 

Mm   ij 


54^  1>es  'Extrèmitez.  fuferleuircs, 

la  ftiiîfture  des  mufclesjque  dans  celle  des  autres 
parties.  ' 

•  ^,^  ■  Le  cinquième  eft  le  flernoîiyoïdien  ;  il  prend 

hyoïdien,  ion  orif^me  de  la  partie  interne  du  premier  os  da 
fterniim  ,  &  montant  le  long  de  la  trachée- 
artère  ,  va  s'inférer  à  la  bafe  de  l'os  hyoïde,  qu'il 
tire  en  bas.  Vous  remarquerez  que  ces  mufcles, 
avec  ceux  de  l'autre  côté  font  faire  les  raouve- 
mens  de  l'os  hyoïde,  qui  font  de  s'abailï'er  &  fe 
hauifer  dans  le  temsde  la  déglutition  pour  la  fa- 
ciliter j  i3c  les  ftilohyoidiens  en  ont  un  de  par- 
ticulier, qui  eft  en  tirant  les  cornes  de  l'os  hyoide 
vers  leur  principe  ,  de  rendre  la  capacité  du  pha- 
rinx  plus  ample,puifque,comme  je  vous  ai  dit  dans 
l'Ofteologie  ,  le  principal  ufage  de  l'os  hyoide , 
qui  eft  fait  en  croisant  ,  eft  de  former  la  capacité 
du  pharinx. 
La  tête  a  La  tête  fait  tous  fes  mouvemens  par  le  moyen 
iH^ufcîcs^  ^^  quatorze  mufcles  ,  fept  de  chaque  côré,  donc 
il  y  en  a  un  qui  l'abailïè  ,  quatre  qui  la  relè- 
vent ,  &  deux  qui  la  meuvent  demi  circulaire- 
mcnt, 
P  Le  premier  eft  l'abaifteur  ,  c'eft    le  fternocli- 

Le  fterno-  nomaftoidien  ;  il  prend  fon  orieine^de  la  partie 
cijnoma-      ^  i       ^  i      i  •  in 

(luidicn.     lupeneure  &  latérale  du  premier  os  du  fternum, 

&:  de  la  moyenne  de  la  clavicule  ;  il   va  mon- 
tant obliquement  s'inférer  à  la  partie  fuperieure 
de  l'apophife  maftoïde.    C'eft  lui  qui  fait  bailfer 
la  tcte   far  la  poitrine  en   la  fléchi iFant ,  &  qui 
fait  faire  le    (îgne  de  la   tête  ,  qui  veut   autant 
dire  que  olii  ,  quand  nous  conlentons  à  quelque 
„         chofe. 
Lcfplcni-       Le  fécond  ,  qui  eft  le  premier  de  ceux  qui  la 
que.  relèvent ,  eft  le    fplenique  ,  ainli  nommé  ,  parce 

qu'il  a  la  figure  de  la  ratte  i  il  prend  foii  origi- 


IX.  Démonjlratlon  Anatomîque.  J45> 
ne  des  fommicez  des  apophifes  épineafes  de?  cîncj 
vertèbres  fuperieures  du  dos^éc  des  trois  inférieu- 
res du  coaj&  va  s'inférer  en  montant  un  peu  obli- 
quement à  la  partie  pofterieure  &  latérale  de  l'oc- 
ciput. 

Le  troifie'me  efi:  le  complexus ,  ain(î  appelle  ,  ^ 
parce  qum  a  plufieurs  fortes  de  fibres  ;  il  prend  .i^^a^^' 
fon  origine  des  apopliiles  tranfverfes  des  mêmes 
vertèbres  que  le  fplenique  ,  &  va  s'inférer  en  fe 
portant  obliquement  à  la  partie  pofterieure  & 
moyenne  de  l'occiput.  Ce  mufcle  &  le  précè- 
dent s'entre-croifent  comme  une  Croix  de  faine 
André. 

Le  quatrième  eft  le  grand  droit ,  ainfî  apellé,  l 
non  pas  à  caufe  de  fa  srandeur  ,  qui  eft  fort  me-  ,  ^}  Êi'^n^i 
diocre  ,  mais  par  comparailon  a  celui  qui  le  luic 
qui  ell:  encore  plus  petit  que  lui  ;  il  prend  fou 
origine  de  l'extrémité  de  l'apophife  épineufe  de 
la  féconde  vertèbre  du  cou  ,  &  va  s'inférer  à  l'oci- 
ciput. 

Le  cinquième  eft    le  petit  droit  5  il  prend  fon        k 
origine  de  la  petite  éminence  ,  qui  eft  à  la  partie     L;  petit 
pofterieure  de  la  première  vertèbre  du  cou  ,  &     "'^' 
va  s'inférer  à  l'occiput.    Ce  mufcle  eft  ficué  fous 
le  précèdent  ;  l'un  &  l'autre  font  nommez  droits^ 
parce  que  leurs  hbres  vont  directement  de   leur 
origine  à  leur  infertion.    Il  faut  remarquer  qu'il 
y  a  quatre  mufcles  de  chaque  côté  qui  relèvent 
la  tête  ,  &  qu'il  n'y  en  a  qu'un  qui  l'abail]e,parce 
que  les  vertèbres  du  cou  qui  fervent  de   pivot  à 
la  tête  ne  font   pas    tout-à  fait  au  milieu  ,  &  le 
poids  étant  plus  en  devant ,  un  feul  mufcle  fuffic 
pour  la  baiftcr  ,  lorfque  quatre  ont  alïez  de  pei- 
ne à  la  relever  ;  ce  que  nous  expérimentons  par 
la  pente  naturelle  que  l'on  a  de  bailfcr  la  tête, 

M  m  iij 


'550  Des  Extrémîtez.  [uperUttres , 

&  que  l'on  eft  oblige  de  recommander  fouvenc 

aux  enfans ,  de  tenir  la  tête  droite  pour  la  bonne 

grâce. 

1  Le  rixiéme,qui  eft  le  premier  de  ceux  qui  meu- 

Lê  grand  vent  la  têtedemi-circulairement  eft  le  grand  obli- 
obliquc.  ,  1        j  j     1      A 

que ,  qu  on  met  au  nombre  de  ceux  de  la  tête  , 

quoiqu'il  n'y  ait  pas  Ton  origine  ni  Ton  infcrtion. 
11  preixl  fon  origine  de  l'épine  de  la  féconde  ver- 
tèbre du  cou,&:  va  s'inférer  obliquement  à  l'apo- 
phife. 
M  Le  feptiéme  &  dernier  de  la  tête  eft  le  petit 

oblique"'^  oblique  ;  il  prend  fon  origine  de  l'occiput  ,  con- 
tre l'opinion  commune  ,  qui  veut  que  fon  origi- 
ne foit  où  eft  foninfertion  ;  il  va  s'inférer  obli- 
quement à  l'apophife  tranfverfe  de  la  première 
vertèbre  ,  au  même  endroit  où  s'infère  le  précè- 
dent. Les  deux  mufcles  obliques  du  même  coté, 
en  tirant  cette  apophife  rranfvcrfe  ,  font  faire  à 
la  tête  le  mouvement  dcrui-circulaire  ,  parce  que 
les  mouvemens  delà  tête  ne  fe  font  pas  lur  la  pre- 
mière vertèbre  ,  mais  fur  la  féconde  qui  a  une 
éminence  odontoïde  3  autour  de  laquelle  la  pre- 
mière vertèbre  tourne  comme  une  roué  autour 
d'un  aiflîeu:  Ce  font  ces  mufcles  qui  font  faire  ce 
mouvement  de  la  tête,  qui  veut  dire  non, quand 
nous  rcfufons  quelque  chofe  fans  parler  ,  en  re- 
muant la  tête  à  droite  &  à  gauche. 
Le  cou  a      Le  cou  fe  meut  en  deux  manières ,  il  fe  fléchit 

clés.  &  il  s'étend,  &c  ce  par  le  moyen  de  huit  mufcles, 

quatre  de  chaque  côté,  donc  il  y  en  a  deux  fléchif- 
feurs  ,  &  deux  extenfeurs. 

Le  fcalcne.  ■^^  premier  des  fléchilTeurs  eft  le  fcalene,  ainfî 
appelle  ,  parce  qu'il  relfemble  à  un  triangle  fca- 
lene ;  il  a  deux  origines  qui  étant  éloignées  l'une 
de, l'autre ,  lailfent  une  efpace  entr'elles  par  où 


J X»  1>êmonflratlon  Anatamlc^ut.  yj  i 
pafTent  les  vailTcauxjrune  vient  de  la  partie  fupe-. 
rieure  de  la  première  côte,&  l'autre  de  la  clavicu- 
•  le  j  il  va  sMnferer  aux  extre'mitez  des  apophifes 
tranfvcrfes  des  trois  &  quatre  vertèbres  fupcrieu- 
res  du  cou  qu'il  fait  fléchir  en  le  tirant  en  devant 
&  en  bas. 

Le  fécond  des  fléchllfeurs  eft  le  droit  ,  ou  le  ^ 
long  ;  il  prend  fon  origine  de  la  partie  latérale  du 
corps  des  quatre  vertèbres  fuperieures  du  dos  ,  &c 
va  s'inlerer  au  corps  des  vertèbres  fuperieures  da 
cou ,  &  quelquefois  à  l'occiput ,  il  fléchit  le  cou 
conjointement  avec  le  fcalene. 

Le  troidéme  ,  qui  eft  le  premier  des  extenfeurs  L'épincur. 
cft  l'épineux  ,  ainfî  nommé,  pirce  qu'il  prend  fon 
origine  des  apophifes  épineufes  des  quatre  &  cinq 
vertèbres  fuperieures  du  dos,  ôc  qu'il  va  s'inférer 
à  toutes  les  apophifes  épineufes  des  fix  vertèbres 
du  cou  qu'il  étend. 

Le  quatrième  &  fécond  des  extenfeurs  eft  le  ^^""^nf- 

YCliC 

tranfverfe  ;  ainiî  apellé  ,  parce  qu'il  prend  fon 
origine  des  apophifes  tranfverfes  des  cinq  ver- 
tèbres fuperieures  du  dos ,  &  qu'il  va  s'inférer 
à  l'extrémité  des  apophifes  tranfverfes  des  trois 
&  quatre  vertèbres  iuperieures  du  cou  pour  les 
étendre.  Vous  remarquerez  que  quand  tous  ces 
mufcles  agilTcnt  enfemble ,  ils  tiennent  le  cou 
ferme  &  droit  ,  &  que  quand  un  excenfeur  &un 
fléchiireur  a^iftent  comme  le  fcalene  &  letranf- 
verfe  du  même  coté  ,  ils  font  pencher  la  tête  fur 
une  épaule. 

Il  y  a  dans  les  efpaces  des  mufcles  qui  occupent  ^^s  R^andcs 
le  cou  ,  plufieurs  petites  glandes  que  l'on  appel-  '"ê^^^"''^'' 
le   jugulaires ,  à    caufc    qu'elles  accompagnent 
les  vaifleaux  du  même  nom  :  Elles  font  de  diffé- 
rentes figures ,  les  unes   plus  grolïes ,  les  autres 

M  m    iiij 


'y  y  î  *Des  Extrémitez  fitperîeures , 

moins  j  elles  font  attachées  les  unes  aux  autres 
par  des  membranes  &  des  vaiiîeaux,  &  leur  fub- 
fiance  eft  iemblable  à  celle  des  maxillaires.  On 
en  trouve  jufqu'au  nombre  de  quatorze  ;  elles 
féparent  de  la  limphe  qui  retourne  par  les  vaif- 
feaux  limphatiques  à  tous  ces  mufcles  j  Oeft  l'ob- 
ftrudion  de  ces  glandes  qui  caufent  les  écroiiel- 
les. 
L'cmopla-  L'omoplate  fe  meut  en  haut ,  en  bas ,  par  de- 
tea  quatic  vant  Sc  par  derrière  par  le  moyen  de  quatre  muf- 

îiiufclcs,        1  c,    j      j  «ri 

clés  propres,   cc   de  deux  communs  ,  qui  lont  le 

très-large  &:  le  profond,qui  quoique  deftinez  pour 
le  bras ,  s'attachent  en  palfant ,    &  lui  aident  en 
quelque  façon  à  fe  mouvoir. 
La  trap-.         ^^  premier  eft  le  trapèze  ,  ou  capuchon,  parce 
ac,  qu'il  reflemble  au  froc  d'un  Moine  ;  il  prend  fon 

origine  de  la  partie  poftericure  de  l'occiput  des 
cpines  des  i^x  vertèbres  inférieures  du  cou,  &  des 
neuf  fuperieures  du  doSj&:  va  s'inférer  à  toute  l'é- 
pine de  l'omoplate  ,  &  à  la  partie  externe  de  la 
clavicule  qui  touche  l'acromion;&  d'autant  qu'il 
a  diverfes  origines  ,  &  plufieurs  fortes  de  fibres, 
il  fait  des  mouvemens  differens;  par  les  fibres  qui 
defcendent  de  l'occiput  ,  l'omoplate  eft  levé  eu 
haut  y  par  celles  qui  viennent  des  épines  du  cou, 
elle  eft  tirée  en  arrière  ;  &  par  celles  qui  font  atta- 
chées aux  apophifes  épineufes  du  dos,  elle  eft  me* 
née  en  bas. 
Q  Le  fécond  eft  le  rhomboide  ,  ainfi  nommé  , 

le  rhom-  parce  qu'il  a  la  heure  d'une  lofange  ,  il  eft  fitué 
lous  le  trapèze  j  il  prend  ion  origme  des  apcr- 
phifes  épineufes  des  trois  vertèbres  inférieures 
du  cou  ,  &  des  trois  fuperieures  du  dos  ,  &  va 
s'inférer  à  toute  la  bafe  de  l'omoplate  ,  qu'il  tire 
en  arrière. 


IX,  "Demenjlration  Anatomlqne,         jjj 

Le  trolliéme  eft  le  relcveur  proprciil  prend  fon  ,     R 

j  I  T     .       r      r     j  Le  relcveur 

origine  des  apophiks  Cianlverics  des  quatre  ver-  preprc. 

tebies  fuperieures  du  cou  par  des  principes  diffe- 

rens,  qui  fe  réiinillanc  vont  s'inférer  à  l'angle  fu- 

perieur  de  l'omoplate  qu'il  tire  en  haut. 

Le  quatrième  eft  le  petit  pe6loral,  fitué  fous  le         S 
grand  pedoral^il  prend  fon  origine  par  digitation  p!,^^"^^! 
de  la  deux,  trois  ou  quatrième  côte  fuperieurc  du 
thorax  ,  ^  va  s'inférer  à  l'apophife  coracoide  de 
l'omoplate  qu'il  tire  en  devant. 

Cette  extrémité  fuperieure  que  je  vais  vous  dé-  oivifion 
montrer,  fe  divife  en  trois,en  bras,cn  ayant-bras,  de  l'cxtié- 
o<:  en  mamjle  bras  elt  tout  ce  qui  cit  entre  l  epau-  ricmc, 
le  &  le  coude  ;  l'avant- bras  commence  au  coude 
&  finit  au  poignet;  6c  la  main  comprend  tout  ce 
qui  eft  depuis  le  poignet  jufqu'au  bout  des  doigts, 
plufieurs  mufcles  font  mouvoir  ces  parties,il  faut 
les  examiner. 

Le  bras  fait  cinq  fortes  de  mouvemens,  par  le  Le  bras  a 

moyen  de  neuf  mufcles  ;  il  eft  levé  en  haut  par  "^_"^"'-*^^- 

deux  mufcles ,  qui  font  le  deltoïde  &  le  fus-épî- 

neuxjdcux  l'abaîllent,  qui  font  le  très-large,  &  le 

grand  rond  ,•  deux  le  tirent  en  devant ,  qui  font  le 

grand  peéloral  &  le  coracoidieni  deux  le  retirent 

en  arriere,qui  font  le  fous-épineux  &  le  petit  rond; 

&  enfin  il  eft  approché  des  côtes  par  le  fous-fca- 

pulaire. 

Le  premier  de  tous  ces  mufcles  eft  le  deltoïde,  »     T ,   ■■ 
'    r  '  ''\      n-      \  \    ^  \    \  /-  ^^  deltoi- 

amu  nommCjparce  qu  il  reiiemble  a  la  lettre  Grec-  de. 

que  A,ou  autrement  triangulaire  humeral^il  prend 
fon  origine  de  la  moitié  de  la  clavicule,de  l'acroi- 
mion  ,  oc  de  toute  l'épine  de  l'omoplate  ,  &  s'e- 
trècilfant  peu  à  peu,  va  s'înfcrer  par  un  fort  ten- 
don quafi  au  milieu  du  bras,qu'il  levé  en  hauts  ^c 
deltQÏde  eft  fait  de  douze  mufcles  fîraples. 


/54  ^cs  Extrêmhe\^  flipfrleureSy 

_     V  Le  fécond  eft  le  fus-épiiieux  ,  ainfi  nommé  ^ 

Le  tus  epi-  ,.,  ,.  i  •    '        •     n.  i   r 

ncui.         parce  qu  il  emplit  toute  la  cavité  qui  elt  au  def- 

fus  de  l'épine  de  Tomoplate  ,  il  prend  fon  origine 
de  la  partie  externe  de  la  bafe  de  l'omoplate ,  de- 
puis fon  angle  fuperieur  julqu'à  fon  épine  ,  &  fe 
va  inférer  au  deifous  du  cou  de  Tos  du  bras , 
qu'il  entoure  avec  un  large  tendon  j  &  qu'il  levé 
€n  haut. 

^     X  Le  troifiéme  eft  le  latïfumus  ,  ainli  apelléjparcc 

gç^  qu  il  elt  très-large  ,  ou  fcalptoram  ,  a   caule  qu  il 

porte  la  main  a  l'anus  ;  il  couvre  prefque  tout  le 
dos  de  fon  côté,  &  prend  fon  origine  des  trois  oC 
quatre  vertèbres  inférieures  du  dos,de  toutes  celles 
des  lombes ,  de  l'épine  ,  de  l'os  facrum ,  de  la 
partie  pofterieure  de  la  lèvre ,  de  l'os  des  îles  ,  de 
la  partie  externe  des  fauiïes  côtes  inférieures  ;  il 
s'attache  à  l'angle  inférieur  de  l'omoplate,<S<:  fe  va 
înferer  à  la  partie  fupericure  &  interne  de  l'hume- 
ruSjqu'il  tire  en  bas  de  plulîeurs  manières  par  les 
différentes  fibres. 
Y  Le  quatrième  eft  le  grand  rond  ,  ainfi  nommé, 

lo^àF  P^""^  ^^  diftinguer  d'un  autre  qui  eft  rond  ,  &  plus 
petitj  il  prend  fon  origine  de  la  partie  externe  de 
l'angle  inférieur  de  l'omoplate,&  vas'inierer  avec 
le  latilîimus  à  la  partie  fuperieure  &  interne  de 
rhumerus ,  un  peu,au  dcfTous  de  la  têteiqu  il  tire 
en  bas, 
Z  Le  cinquième  eft  le  grand  pedoral,ainfi  nomme 

pedoia»?  P^J^ce  qu'il  eft  placé  à  la  partie  antérieure  de  la 
poitrine-,  il  prend  fon  origine  de  la  moitié  de  la 
clavicule  du  côté  qu'elle  regarde  le  fternum  ,  &; 
de  la  partie  latérale  &  moyenne  du  fternum  :  de 
couvrant  une  partie  du  thorax  va  s'inférer  par  un 
tendon  court  &  fort  à  la  partie  fuperieure  &  an- 
térieure de  l'humérus ,  quatre  doigts  au  deiïous 


ï  X,  Vemonftration  j4natomlqtie.         j/^ 

de  la  tête  j  il  tire  le  bras  en  devant. 

Le  fîxiénie  ell  le  coracoïdien ,  ainli  appelle  ,     _    ' 

,.,  ,  r  .   .       j    ,,         1  T  *-^  cota* 

parce  qu  il  prend  Ion  origme  de  l  apophile    cora-  coïdicn, 

coide  de  Tomoplate  ;  il  va  s'inférer  à  la  partie 
moyenne  &  interne  de  l'humerusifon  principe  efl: 
court  &  nerveuxjfon  ventre  oblong  &  perce  pour 
laillcr  palier  les  nerfs  qui  vont  aux  mufclcs  du  cou- 
de ,  &  Ion  tendon  robuftejil  tire  avec  le  pedoral 
le  bras  en  devant. 

Le  feptiéine  eft  le  fous  épineux  ,  ainfi  nommé ,  t  eVous- 
parce  qu'il  occupe  la  cavité  qui  eft  au  deflbus  de  épineux, 
répine  de  l'omoplate,  il  prend  fon  origine  de  la 
partie  externe  de  la  bafe  de  Tomoplate  ,  depuis 
fon  angle  inférieur  jufqu'à  fon  épine,&:  va  s'infé- 
rer en  palTant  entre répine  &  le  petit  rond,  à  la 
partie  pofterieure  &  fuperieure  de  l'humeras, qu'il 
tire  en  arrière. 

Le  huitième  eft  le  petit  rond  ,  ainfî  apellé  ,  par-  3 
ce  qu'il  eft  rond  Se  plus  petit  que  l'autre  rond,que  ^.^^^^  ^^"^ 
je  vous  ai  montré  ;  il  prend  fon  origine  de  la  côte 
inférieure  de  l'omoplate  ,  proche  fon  angle  infé- 
rieur :  &c  va  s'inférer  comme  le  précedent,à  la  par- 
tic  pofterieure  &  fuperieure  de  l'humérus,  pour  la 
tirer  en  arrière. 

Le  neuvième  &,dernier  des  mufcles  du  bras  eft  L<^  Mouf- 
le fous-lcapulaire  ,  ainfi  appelle  ,  parce  qu'il  eft  "^"  "^'^' 
iitué  tout  entier  fous  l'omoplate  ,  occupant  la 
cavité  qui  eft  entre  elle  &:  les  côtes  ;  il  prend  fon 
origine  de  la  lèvre  interne  de  la  bafe  de  l'omopla- 
te ,  va  s'inférer  à  la  partie  interne  ôc  fuperieu- 
re de  l'humérus ,  qu'il  fait  ferrer  contre  les  côtes; 
c'eft  lui  qui  fert  aux  Ecoliers  à  porter  leur  porte- 
feliilles. 

Tous  ces  mufclcs  font  faire  au  bras  ces  cinq  for- 
tes de  mouycmens  dont  je  vous  ai  parléj  il  y  en  a 


55^  Î^^J"  Extrém'tez,fttpeneures, 

encore  un  lixieme  en  rond^qui  fe  faic  par  les  huit 
premiers  mufcles ,  lorfqu'iis  agilîent  akernacive- 
menc. 
Divifion      L'avant-bras  fe  divife  en  deux  ,  au  coude  &  au 
^e  l'aranc-  rayon  j  ils  onc  leurs  mouvemens  féparez  ,  &  par 
confequent  des  mufcles  particuliers  pour  les  faire. 
Leccu(^ca      Le  coude  n'a  que  deux  fortes  de  mouvemens 
fix  mufcles  qq\\;^{  (le  flexion  ;  &  celui   d'cxtenfîon  i  il  fait  le 
premier  par  le  moyen  de  deux  mufcles  ,  qui  font 
le  biceps  &z  le  brachial  incerne  ;  &  le  fécond  par 
le  moyen  de  quatre,  qui  font  le  long  ,  le  court,le 
brachial  externe  ,  &  l'anconeus. 
^  Le  premier  efl:  le  biceps ,  ainii  nommé  ,  parce 

L:  biceps,  qu'il  a  deux  têtes  ,  dont  l'une  prend  fon  origine 
de  l'extrémité  de  l'apophife  coracoide  ,  &  l'au- 
tre de  la  partie  fuperieure  du  bord  cartilagineux 
de  la  cavité  glenoide  de  l'omoplate  ,  qui  paflànc 
par  une  finuofîcé  en  la  partie  antérieure  &  fupe- 
rieure de  l'humérus ,  va  un  peu  au  dclfous  du 
cou  fe  joindre  avec  fon  autre  tête  ;  il  ne  fait  alors 
qu'un  ventre  ,  qui  defcendant  le  long  de  la  par- 
tie antérieure  du  bras  ,  8c  ne  faifant  qu'un  ten- 
don, va  s'inférer  à  une  tuberollté  qui  eft  à  la 
partie  fuperieure  &  interne  du  radius  pour  fléchir 
le  bras. 
ç  Le  fécond  eft  le  brachial  interne  ,  ainfi  nom- 

chiaH      -  ^^^  '  P'^'^^^  ^^'^^  occupe  la  partie  interne  du  bras; 
ne.  il  eft  caché  fous  le  biceps  ,  ôc  prend  fon  origine 

de  la  partie  antérieure  Se  fuperieure  de  l'humérus 
&  va  s'inférer  à  la  partie  fuperieure  &  interne  du 
cubitus  ,  pour  fléchir  l'avant-bras  conjointement 
avec  le  biceps. 
^  Le  troifiéme  ,  qui  eft  le  premier  des    exten- 

io°g-f'5urs,  eft  le  long  ,  ainfi  nommé  ,  parce  qu'il  eft 
le  plus  lon^  des  quatre  ;  il  prçnd  ion  origine  de 


vin.  Démonfvrtut ion  Anato m w^ue,  557 
la  côte  fuperieare  de  l'omoplate  proche  fon  cou, 
&  en  defcendant  par  la  partie  pollierieure  da 
bras  ,  va  s'inférer  à  l'olecrane  par  une  forte 
aponevrofe  ,  qui  lui  eft  commune  avec  les  deux 
fuivans. 

Le  quatrième  cft  le  court,  ainfî  apeljé  ,  parce    ,  7 
qu  il  cil  plus  court  que  le  precedenr:  il  prend  Ion 
origine  de  la  partie  pofterieure  &  fuperieure  de 
l'humérus  ,  &:  va  s'inférer  à  l'olecrane  comme  le 
précèdent. 

.Le  cinquième  eft  le  brachial  externe,ainfi  nom-        g 
mé  ,  parce  qu'il  ocupe  la  partie  externe  du  bras   i^^^^*' 
c'eft  cette  mafife  de  chair  qui  prend  fon  origine  de  externe. 
la  partie  pofterieure  de  l'humérus ,  &  va  s'inférer 
à  l'olecrane  par  la  même  aponeviofe  que  les  deux 
précédentes. 

Le  fixiéme  eft  l'anconeus ,  ain/î  nommé,  parce     t  <?   „ 
qn'il  eft  litue  derrière  le  plis  du  coude  ,  que  les  mus. 
Grecs  apellent  ancon ,  &  nous  l'olecrane  ,  il  eft 
le  plus  petit  de  tous  ,  &  prend  fon  origine  de  la 
partie  inférieure  du  condile  externe  de  l'humcrus 
ôc  va  s'inférer  en  defcendant  entre  le  cubitus  &  le 
radius  ,  par  un  tendon  ,  à  la  partie  pofterieure  & 
latérale  du  coude,trois  ou  quatre  doigts  au  delfous         / 
de  l*olecrane:il  aide  aux  précedens  à  faire  l'exten- 
/îon  de  l'avant  bras. 

Le  rayon  fait    deux  fortes    de  mo'uvemens  ,     Le  rayon 

l'un  que  l'on  nomme  de  pronation  ;  l'autre  de  ^  (l'unc 
/-     .    ^  .  ,  '       r     r  '  j    I  A         ir.ulcles. 

lupmation  j  le  premier  le  tait  quand  la  paume 

de  la  main  regarde  en  bas  ,  &  le  fécond  quand 
elle  regarde  en  haut  j  deux  mufcles  font  la  pro- 
nation ,  qui  font  le  rond  &  le  quarré  ;  deux  au- 
tres font  la  fupination  ,  qui  font  le  long  &  le 
court. 


Le  premier  des  pronateurs   eft  le  rond  :  ainfi       ^o 
^  Le  rc 


roaa. 


55^  ^^^  Extrémltezfuperieuref, 

nommé  à  çaufe  de  fa  figure  ronde  ;  il  prend  fon 
origine  de  l'apophife  interne  de  l'humérus  par  un 
principe  fort  èc  ciiarnu  ,  &  va  fe  terminer  obli- 
quement par  un  tendon  membraneux  à  la  partie 
externe  &  plus  que  moyenne  du  radius. 

ir  Le  fécond  eft  le  quarré.ainii  nommé,à  caufe  de 

le  quarté,  fa  figure  quadrangulaire  j  il  prend  fon  origine  de 
la  partie  inférieure  &  quafi  externe  du  cubitus,&i 
s'inlere  à  la  partie  inférieure  &  externe  du  radius. 
Ce  mufcle  eil  placé  proche  le  poignet  fous  les  au- 
tresril  finit  par  un  tendon  aufïi  large  que  fon  prin- 
cipe ,  &  conjoinrement  avec  le  rond  ;  il  fait  voir 
un  mouvement  demi-circulaire  au  radius. 

Le  premier  des  fupinateurs  eft  le  long,ain(î 
Le  long,  iiommé, parce  qu'il  eft  plus  long  que  fon  com- 
pagnon ;  il  prend  fon  origine  trois  ou  quatre 
doigts  au  delfas  de  l'apophife  extérieure  de  Thu- 
merus  ,  Se  couché  fur  le  radius  il  va  s'inférer  à  la 
partie  interne  de  fon  apophife  inférieure. 

,,  Le  fécond  eft  le  court ,  que  l'on  appelle  ainfî 

Le  court,  pour  le  diftinguer  de  fon  compagnon,qui  eft  plus 
long  ,  il  prend  fon  origine  de  la  partie  inférieure 
du  condile  inférieur  de  externe  de  l'humérus  ,  ÔC 
tournant  autour  du  raion  va  de  derrière  en  devant 
s'inférer  en  fa  partie  fuperieure  &z  antérieure;  Ce 
mufcle  avec  le  long  fait  tourner  le  rayon,  de  for- 
te que  la  paume  de  la  main  regarde  en  haut  ,  ce 
qui  fait  la  fupination. 

T.-  T  „      La  main  proprement  dite  eft  la  rroifiéme  partie 
Divifion  ,    .r     r       ^  r 

de  lamaia  de  1  extrémité  luperieure  ;  elle'  commence  a  1  ar- 
ticulation du  poignet,  &  finit  aux  extrémitez  des 
doigts  y  la  partie  interne  fe  nomme  la  paume  de  la 
main  ,  &  fon  externe  le  dos  de  la  main;ellc  fe  di- 
vife  en  poignet  ou  caipe,en  avant-poignec  ou  me- 
-     '     tacarpe,  &  aux  doigts. 


IX.  DmonftrAtmi  Anato?nlqu€,  ty*) 
Les  doigts  font  plufieurs ,  afin  que  l'aprchenfion,  Ç'»<1, 
qui  eft  i'adion  de  la  main,fe  fafTe  mîeux.Ils  font  nSlo"  ^ 
de  différentes  groffeur  &  longueur  ;  ce  qui  con- 
tribue encore  à  la  perfcdion  de  fon  aâ:ion  :  Ils 
font  cinq ,  le  pouce  ,  l'index  ,  celui  du  milieu  , 
l'annulaire  ,  hc  l'auriculaire  :  ils  ont  plufieurs 
mukles  aulîi-bien  que  le  carpe  j  nous  allons  les 
voir. 

Le  carpe  fait  deux  mouvcmens,l'un  de  flexion,  pc  ^^^^^  a 
l'autre  d'extenfion  ,  par  le  moyen  de  lix  mufcles  ,  '^  ^^  *^'^* 
donc  trois  fervent  à  le  fléchir,(Sc  trois  à  Tetendre, 
Avant  que  de  vous  les  démontrer,il  faut  examiner 
le  ligament  ,  que  l'on  appelle   annulaire ,  parce 
qu'il  entoure  le  poignet  comme  un   bralfelet  ;  ce 
ligament  eft  très-fort  5  car  outre  qtt'4l  fert  à  join-        t 
drc  les  deux  os  de  l'avant-bras  proche  le  poignet 
il  tient  enlemble  tous    les  tendons  des  mufcles  , 
&  les  empêche  de  fortir  de   leur  place  dans  leurs 
adfcions. 

M.M. prétend  que  la  plupart  des  tendons  qu'on 
fait  padèr  fous  le  ligament  annulaire,  ont  cha- 
cun un  anneau  particulier  ,  &:  que  ces  divers  an- 
neaux ligamenteux  ont  été  confondus  &  pris  pour 
un  feul,  parce  qu'ils  font  attachez  ^  embarralfez 
enfemblc. 

Le  premier  des  fléchilTeurs  eft  le  cubital  interne  ^ç  cjfbUal 
on  le  nomme  cubital, parce  qu'il  eft  placé  le  long  iocerne. 
de  l'os  cubitus  ;  &  interne ,  parce  qu'il  eft  au  de- 
dans du  bras ,  il  prend  fon  origine  du  condile  in- 
férieur &  interne  de  l'humeruSj&  couché  le  long 
de  la  partie  inférieure  de  l'os  du  coude  ,  palfe  par 
delfous  le  ligament  annulaire  ,  &  va  s'inîcrer  par 
un  gros  tendon  au  petit  os  du  carpe,  qui  eft  litué 
fur  les  autres. 

Le  fécond  eft  k  radial  interne  ;  on  l'apclle  ra- 


5  (3  0  Des  Extrémltez,  fuperîeures, 

,  'î  ,.  ,  dial  :  parce  qu'il  cil  Ikué  le  lonç  de  l'os  radius, 3c: 

Le  radial.  ^  ^         .-in.         j    j  j     i  -x  i 

ÎDterBc.      interne,  parce  qu  lieit  au  dedans  du  bras,u  prend 

ion  origine  du  condile  inférieur  &  incerne  de  l'hu- 
merus,&  fe  couchant  le  long  du  radius, va  s'infé- 
rer au  premier  os  du  carpe,  qui  foùricnc  le  pouce 
Il  palFe  auili  fous  le  ligament  annulaire, 
\6  Le  troiii-éme  efl:  le  pâlmaii€,ainli  nomméjparce 

Le  palmai-  ^^^j^jj  ^,^  ^j^jj.  ^  |^  paume  de  la  main  j  on  mec  ce 

mufcle  au  nombre  desAcchilIeurs  du  carpe,qiioi- 

qu'il  y  en  ait  qui  le  donnent  particulièrement  à  la 

paume  de  la  maîn;il  prend  fon  origine  du  condile 

inférieur  &  interne  de  l'humérus, &pairant  feul  par 

delTus  le  ligament  annulaire,va  s'inférer  à  la  peau 

de  la  paume  de  la  main. 

17  .  La  premier  des  extenfeurs  efl;  le  cubital  externe 

Le  cubital    .    ,-  I  »M     n.     1       '  1     I  J     1' 

exccrac.      âinli  nomme, parce  qu  il  elt  place  le  long  de  1  os 

cubitus  &  excerieurementjil  prend  fon  origine  de 
^  la  partie  poflierieure  du  coude  ;  palfe  fous  le  liga- 
ment annulairc,&:  va  s'inférer  à  la  partie  fuperieu- 
re  &  externe  de  l'os  du  metacarpe,qui  foûcient  le 
petit  doigt* 
i8  Le  fécond  eft  le  long,  aînfî  nommé,pârce  qu'il 

Le  long,  e^  p^^5  Xq^^o  que  celui  qui  fuir;  il  prend  fon  ori- 
gine de  la  partie  inférieure  de  l'humeruSjSc  s'éten- 
danc  extérieurement  le  long  du  rayon  ,  va  palfer 
fous  le  ligament  annulaire  ,  &  s'inlerer  à  l'os  du 
carpe ,  qui  foûcient  le  doigt  index. 

,  ^^  Le  troifiéme  eft  le  court ,  ainli  appelle  ,  parce 

qu'il  l'eft  plus  que  le  précèdent;  il  prend  (on  ori- 
gine de  la  partie  la  plus  balle  de  l'humérus  ,  8c 
étant  couché  le  long  du  rayon  va  palfer  fous  le 
ligament  annulaire  ,  &  fe  terminer  à  l'os  du  carpe 
qui  foûticnc  le  doigt  du  milieu.  Plufieurs  ne  font 
qu'un  mufcle  de  ces  deux  derniers  ,  ils  l'apellenc 
radial  externe  j  &  d'autres  le  nomment  bicornis, 

à 


/ X  Demonflration  Anatomîcjue.  ^Gi 
à  caufe  de  Tes  deux  infcrtionsimais  aianc  deux  o- 
rigines  &  deux  infercions  ,  &:  fe  pouvant  féparer 
dans  leurs  corps  ,  nous  avons  eu  raifon  de  les  di- 
ftinguer. 

L'on  trouve  outre  ces  mufcleSjà  la  racine  de  la  ,Une  maf- 
main,au  dellous  du  mont  de  Venus^une   certaine  au  dedans 
chair  mufculeufe  de  figure  quairécjelle  prend  fon  ^^  la  main, 
origine  du  tenar,&  va  slnferer  au  huitième  os  du 
carpe  j  elle    paroït  comme  li  c'étoient   deux  ou 
trois  mufcles  ,  on  veut  qu'elle  ferve  à  rendre  le 
dedans  de  la  main  concave  ,  &:  à  former  ainfi  ce 
qu'on  apelle  le  gobelet  de  Diogene  ,  en  amenanc 
réminence  charnuë,qui  eft  fous  le  petit  doigt  vers 
le  tenar. 

Les  doigts  font  plufîeurs  mouvemens,qui  font  Les  doigts 
de  flexion  ,  d'extenfion,  d'abdudion,  &:  d'adduc-  /roir'muï- 
tion  par  le  moien  de  vingt  trois  mulcles,dont  il  y  clcs. 
en  a  treize  communs,&  dix  propreSjles  communs 
font  ceux  qui  fervent  à  tous  les  doigts  qui  lont  le 
fublime,le  profondjl'extenfeur  communies  qua- 
tre lumbricauXjôi  les  hx  interolTeux  j  les  propres 
font  ceux  qui  font  particuliers  à  quelques  doigts, 
dont  il  y  en  a  cinq  pour  le  poijce,  trois  pour  l'in- 
dice ,  &  les  deux  autres  pour  le  petit  doigt. 

Le  premier  des  fléchilleurs  eft  le  fublime,ainfl    ,  ^°,  ,• 
'  ^-1    n.    1      '       j  rr-       j        1   •    Le  lubli- 

nomme  ,  parce  qu  il  elt  place  au  dellous  de  celui  me. 

qui  fuit  -,  il  prend  fon  origine  de  la  partie  interne 

du  condile  inférieur  &  interne  de  l'humerusj  il  fe 

divife  en  quatre  tendonsjefquels  paflent  par  def- 

fous  le  ligament  annulaire  ,  &  vont  s'inférer  à  la 

féconde  phalange  des  os  des  quatre  doigts,  après 

s'être  attachez  en  palTant  à  ceux  de  la  première, 

pour  aider  à  la  fl  échinées  tendons  ont  à  leurs  ex- 

trémitez  chacun  une  petit    fente  par  où  pairenc 

les  tendons  du  profond. 

Nn 


5<j1  Des  JEjctré?mtez  ftiperleures , 

2-1    .        Le  fécond  eft  le  profond  ,  ainfi  apellé ,  parce 

fond.  "  qu'il  eft  placé  plus  profondément  dans  le  bras  que 
les  autres  :  il  eft  fîtué  fous  le  fublime,il  prend  foii 
origine  de  la  partie  f  uperieure  &  intérieure  du  cou- 
de ,  &  du  rayon  ,  il  fe  divife  en  quatre  tendons^ 
qui  vont  palfer  fous  le  ligament  annulaire,  &  par 
les  fentes  des  tendons  du  fublime  ,  pour  s'inférer 
à  la  rroifiéme  phalange  des  os  des  doigts ,  que  le 
lublime  &  lui  fléchilfent  enfemble, 
Obfet  a        ^^  ^^"^  remarquer  que  les  tendons  de  ces  deux 

tion  fur  ces  mufcles  font  très-forts,  parce  que  ce  font  eux  qui 

dcuimuf-  £q,-,ç  j^  véritable  action  de  la  main  ,  qui  eft  de 
prendre.  Que  les  tendons  du  premier  font  troUez 
pour  donner  paftage  à  ceux  du  fécond  ,  afin  que 
la  flexion  des  doigts  fe  falfe  circulairement ,  ôc 
avec  plus  de  fermeté  ,  que  les  rendons  font  ren- 
fermez dans  chacun  un  long  fourreau  fort  de 
membraneux  ,  qui  empêche  qu'ils  ne  fe  jettent 
à  droit  Ôc  à  gauche  ,  &c  qu'ils  ne  s'élèvent  contre 
la  paume  de  la  main  dans  leurs  mouvemens  :  & 
enfin  que  dans  ce  fourreau  ,  il  y  a  une  humeur 
gralTe  ôc  huîleufe  qui  les  humede  dans  leurs 
mouvemens  continuels, 
il  Le  troifiéme  eft  le  grand  extenfeur  commun  , 

ainfi  nommé  ,  parce  qu'il  eft   plus  grand  ,  ôc 

rnun.  qu'il  étend  les  quatre  doigts  ,  il  prend  fon  origi- 

ne de  la  partie  pofterieure  du  condile  externe  ôc 
inférieur  de  l'humérus ,  &  il  fe  divife  avant  que 
d'arriver  au  poignet  en  quatre  tendons  plats  ôc 
comme  membraneux  ,  qui  paftant  fous  le  liga- 
ment annulaire  ,  vont  à  la  deuxième  ôc  troihcme 
phalange  des  doigts,qu'ils  redrelfent  ôc  étendent, 
il  faut  obferver  que  les  tendons  de  ce  mufcle  font 
plats,  afin  qu'ils  paroilïent  moins  fur  le  do";  de  la 
main  par  où  ils  paflcnt,ce  qui  auroit  été  diftorms 


L'cxren 

îeui-  com- 


IX,  Démof2firanon  Amto?nîqHe.  ^6^ 
s*îls  eulTent  été  ronds  ,  &  qu'il  n'y  a  qu'un  exten- 
feur  contre  deux  fléchiiïèurs  ,  parce  que  la  force 
de  la  main  confille  dans  la  flexion. 

Les  quatrième,  cinquième,  fîxiéme  &  feptiéme  ^^>  Qua- 
mufcles  des  doigts  font  les  qaatre  lumbricaux,  ou  caux"^  "" 
vermiculaires,  ainfi  apellez  ,  parce  qu'ils  relîem- 
blent  à  des  vers  de  terre  :  ils  font  placez  dans  la 
paume  de  la  main  ,  &  prennent  leur  origine  des 
tendons  du  profond  &  du  ligama^nt  annulaire  , 
puis  portez  vers  la  partie  interne  des  doigts,  s'in- 
fèrent à  leur  féconde  articulation  pour  l'abduc- 
tion. Vous  remarquerez  que  le  mouvement  d'ad- 
du(5tion  eft  celui  qui  mené  les  doigts  vers  le  pou- 
ce, &  que  celui  d'abdaibion  eil  lorfque  les  doigts 

s'en  éloi^nenr. 
o 

Les  huiiiéme,neuviéme  &  dixième  mufcles  font     Les  rreis 

les  trois  interolfeux  internes  ainfi  nommez, parce  '.'j'^^'^^'^ii* 

.1  .  «ni'       internes, 

qu  ils  occupent  mteneutement,  (  qui  eit  du  cote 

de  la  paume  de  la  main)  les  trois  efpaces  qui  font 
entre  les  quatre  os  du  métacarpe  ;  ils  prennent 
leur  origine  de  la  partie  fuperieure  des  intervalles 
des  os  du  métacarpe  j  puis  mêlant  leurs  tendons 
avec  ceux  des  lumbicaux,  vont  s'inférer  à  la  par- 
tie latérale  des  os  des  doigts,  qu'ils  mènent  du 
côté  du  pouce  ,  5c  ainfi  en  font  l'abdudtion. 

Les  onzième  ,  douzième  &  treizième  mufcles     Les  trois 

communs  des  doigts  font  les  trois  interolfeux  ex-  '"^^'^"''""^ 

•ru  >M    r  1  cxcancs. 

ternes ,  ainii  apellez,  parce  qu  ils  (ont  placez  ex- 
térieurement, qui  efl:  du  côté  du  dos  de  la  main  ; 
ils  prennent  leur  origine  des  mêmes  entre -deux 
des  os  du  metacarpe,&  vont  s'inférer  à  la  derniè- 
re articulation  des  os  des  doigts  ,  qu'ils  éloignent 
le  pouce,  &  ainfi  en  font  l'abdudtion. 

Le  pouce  fait  fes  mouvemens  par  des  mufcles  Lcprûce  a 
particuliers  qu'il  a  :  ils  font  cinq,un  qui  le  fléchit  <^'"^'^"'- 

N  n    ij 


5  <î4  Des  Extrémhez  fuperleures , 

deux  qui  l'étendenc  ,  un  qui  Téloigne  des  autres 

doigts  ,  &z  un  qui  l'en  approche. 

'*■],,  Le  premier  de   ces  mufcles  eft  le  fléchiffeur 

Le  lie-  ^  .,  .... 

chrfllur      propre  du  pouce  j  il  prend  Ion  origine  de  la  par- 

propic.        tie  fuperieure  &  incerne  du  rayon   ,  &    palîanc 
tout  le  ligament  annulaire  &  fous  le  tenar,  va  s'in- 
férer au  premier  &  au  fécond  os  de  ce  doigt  , 
qu'il  fléchit. 
i4.  Le  fécond  qui   eft  le  premier  des  extenfeurs 

s'apelle  le  long,  parce  qu'il  eft  plus  que  celui  qui 
iiiit ,  il  prend  ion  origine  de  la  partie  fuperieure 

6  externe  de  l'os  du  coude  ,  il  monte  par  dellus 
le  rayon  ,  &  vient  s'inférer  par  un  tendon  four- 
chu au  fécond  os  du  pouce  qu'il  étend. 

iç  Le  troifiéme  ,  qui  eft  le  fécond  des  extenfeurs 

Le  court  le  court  i  il  eftainfi  apellé  pour  le  diftinguer  du 
précèdent,  qui  eft  le  plus  long;  ils  ont  tous  deux  la 
même  origine  ,  &  palfant  auiîi  fous  le  ligament 
annulaire  ,  il  s'infère  au  troifiéme  du  pouce,  qu'il 
étend  avec  le  précèdent. 
,^  Le  quatrième  eft  le  tenar,  c'eft  lui  qui  forme  le 

Le  cenar.  mont  de  Venus  \  il  prend  fon  origine  du  premier 
os  du  carpe  de  du  ligament  annulaire  ,  &  va  s'in- 
férer à  la  deuxième  articulation  da  poiice  ,  qu'il 
éloigne  des  autres  doigts. 
j_y  Le  cinquième  eft  l'antitenar  ;  il  prend  fon  ori- 

L'ar.tice-  gjne  de  l'os  du  métacarpe  ,  qui  foûtient  le  doigt 
""■  du  milieu  ,  &z  va  s'inférer  au  premier  os  du  pou- 

ce ,  c'eft  lui  qui  l'aproche  des  autres  doigts. 
Le  âoÎRt      Le  doigt  indice  fait  trois  fortes  de  mouvemens 
noîriruf-  P^^'  ^^  moyen  de  trois  mufcles  ;  l'un  feit  à  l'éren- 
c!cs.  dre,  l'autre  à  l'aprocher  du  pouces  &  le  troifiéme 

à  l'en  éloigner. 
z8  Le  premier  eft  l'indicateur  :  ainfi  apellé  ,  parce 

tcur"'^'*^   qu'il  nous  içxx.  à  indiquer  quelqu'un,  il  prend  fo» 


/  X.  Démonfiyatlon  Anatomicfue,  5  6^ 

origine  de  la  partie  moyenne  &  poftericare  de  l'os 
du  coude  ,  &c  va  s'inférer  par  un  double  tendon  à 
la  deuxième  phalange  de  l'index,  &  au  tendon  da 
orand  extenleur  ,  pour  conjointement  avec  lui 
fervir  à  l'étendre. 

Le  fécond  eft  l'addudleur  de  l'index  ;  il  prend    L'adduc- 
fon  origine  de  la  partie  antérieure  du  premier  os  j-  j-jej, 
du  poùce,&  fe  va  inférer  au  premier  os  du  doigt 
indice  ,  qu'il  aproche  du  pouce. 

Le  troiiîéme  ell  l'abdudbeuv  de  l'index;  il  prend  ^-'  ' '-  -'uc- 
fon  origine  de  la  partie  externe  &  moyenne  de  l'os 
du  coude  ,  &  partant  fous  le  ligament  annulaire,il 
va  s'inférer  à  la  partie  latérale  &  externe  des  os  du 
doigt  indice,  qu'il  tire  en  dehors  vers  les  trois  au- 
tres doigts. 

Le  petit  doigt  a  deux  mufcles  qui  lui  font  faire  ,  V*  P^'"^ 
les  mouvemens  d  extenlion  d  abduction  ;  Içavoir  \  ^^  ^^^[, 
un  qui  ferc  à  l'étendre  ,  ôc  un  qui  l'éloigné  des  c  ". 
autres. 

Le  premier  eft  fon  extenfeur  propre  ;  il  prend  ..^^ 
fon  origine  de  la  partie  inférieure  du  condile  ex-  fcur  propre 
terne  de  l'humérus  ,  &  couché  entre  les  os  du 
coude  de  du  rayon  ;  pade  par  delTous  le  ligament 
annulaire,  ôc  s'infère  par  un  tendon  double  à  la 
féconde  articulation  du  petit  doigt  ;  ce  mufcle  ai- 
de à  l'extenfeur  commun  à  faire  l'extenfîon  du  pe- 
tit doicrt. 

Le  fécond  des  mufcles  du  petit  doigt ,  qui  eft     ^  ?o 
le  dernier  de  ceux  du  bras,eft  apellé  hypothenar;  ^^^  ypow- 
il  prend  fon  origine  du  petit  os  du  carpe ,  qui  eft 
(îtuéfur  les  autres,  &  va  s'inférer  extérieurement 
au  premier  os  du  petit  doigt ,  qu'il  éloigne  ,  de$ 
autres. 

Quand  on  voit  les  doigts  d'un  Organifte  fe  flé-    ExpHca- 
chir  de  s'étendre  féparément  avec  tant  d'agilité  ôc  ^i^  '^.'""^ 

N  n    iij 


^6  (y  Des  Extrémitez  fiiperieures , 

en  tant  de  manières  diffeientes,on  eft  porté  à  croi- 
re que  chacun  d'eux  a  des  mufcles  particuliers, 
pour  tous  ces  mouvcmens  ;  on  doit  donc  s'eton- 
ncr  que  l'Anatomie  ne  trouve  en  prefque  tous  que 
des  fléchifieurs  &  un  extenfeur  communs^  qui  ne 
leur  devroient  permcctre  que  de  le  plier  ou  de  ie 
drelTcr  en(emble:Mais  en  attendant  que  quelqu'un 
refolve  plus  clairement  cette  difïiculté,nous  difons 
ou  que  les  fibres  qui  dans  un  de  ces  mufcles  com- 
muns répondent  au  tendon  du  doigt  du  milieu  , 
par  exemple  ,  peuvent  être  ébranlées  fans  les  au- 
tres, parce  que  celles  là  y  feront  immédiatement 
déterminées  par  l'ame  qui  aura  acquis  avec  l'exer- 
cice le  pouvoir  d'en  remuer  quelques-uns  à  fon 
choix  independemmentdu  relie  ,  comme  elle  fait 
àcs  mufcles  qui  font  éloignez  les  uns  des  autres, 
quoiqu'ils  fe  communiquent  par  quelques  fibres 
ou  que  les  autres  mufcles  qui  font  propres  à  cha- 
que doigt  font  difpofez  par  l'habitude  à  lui  don- 
ner une  telle  mobilité  ou  une  telle  roidcur  ,  que 
quand  nous  voulons,  l'adlion  d'un  mufcle  com- 
mun fait  remuer  ce  doigt ,  ou  le  laiflé  en  repos  , 
pendant  qu'elle  donne  aux  autres  doigts  une  autre 
modification. 

Faur ei>      Voilà  ,  Mcfîîeurs.tous  les  mufcles  que  i'avois  à 

rr.inerles  •  i>i     •  r 

vaiireaui    VOUS  montrer  aujourd  nui  :  ce  (ont  tous  ceux  qui 

du  bras,     fe  rencontrent  dans  l'extrémité  fuperieure^Et  afin 

de  rendre  cette  Anatomie  parfaite  ,  je  vais  à  pre- 

fent  vous  faire  voir  les  nerfs ,  les  artères  &  les  vé- 

nes  qui  fe  trouvent  dans  les  bras. 

Trente        La  Démonftration  du  cerveau  vous  a  apris  que 

rcrfsVop-    ^"^"^'s  ^^5  "^r^s  qui  fe  diftribucnt  par  tout  le  corps, 

tentdcla   partent  de  fabafe;ils    fortent  d'une   partie  que 

i'c°in/.   ^  "°^^  avons  divifée  en  deux  ,  en  moelle  allongée 

&  en  moelle  de  l'épine  :  la  première  fournit  dix 


/X  Démonflratîon  Anatomîqm,         ^6j 

paires  de  nerfs  que  vous  avez  vues ,  ôc  la  féconde 

tience  paires  ,  que  j'ai  encore  à  vous  démontrer. 

Des  crente  paires  de  neifs  qui  partent  d^:;  la  moël-  ^^P^  Paires 
,     ,     w    ■  •\  r  ■  r  j  Kjrcciit  du 

le  de  1  epine  ,  il  y  en  a    lept  qui  lortent  au   cou  ,  _u. 

douze  du  dos,  cinq  des  lombes  ,  &  fix  de  l'os  fa- 

crum.Je  ne  vous  ferai  voir  aujourd'hui  que  ceux 

du  cou  ,  &  demain  vous  verrez  ceux  du  dos  ,  des 

lombes  ,  &  de  l'os  facrum. 

La  piemiere  paire  des  nerfs  du  cou  fort  entre  Lapiemic- 
l'occiput  ôc  la  première  vertèbre  ,  dont  le  rameau  ic 
pofterieur  va  fe  perdre  dans  les  petits  roufclcs  de 
l'occiput, &  l'antérieur  dans  les mufcles  du  cou  qui 
font,  couchez  fous  l'œfophage  ;  Il  faut  remarquer 
que  cette  paire  ,  aulîi-bien  que  celle  qui  fuit ,  ne 
fortent  pas  par  les  parties  latérales  des  vertèbres, 
mais  par  les  antérieures  &  pofterieures  ,  à  caufe 
que  les  articulations  de  ces  deux  premières  vertè- 
bres ne  Çoni  pas  femblables  à  celles  des  autres. 

La  féconde  paire  fort  entre  la  première  &  la  fe-  Lafccoods 
conde  vertèbre  du  cou  ,  &  fe  divife  en  deux  ra- 
meaux par  devant  &:  par  derrière;  celui  de  devant 
fe  perd  dans  la  peau  de  la  facc,&  celui  de  derrière 
dans  les  mufcles  de  la  tête  ,  qui  s'attachent  à  la 
féconde  vertèbre. 

La  troifiéme    paire  fort  entre  la  féconde  &  la  La  troifiê- 
troifiéme  vertèbre  j  &:  ainli  de  toutes  les  autres  "^^' 
confecutivement  :  au(îi-tôt  qu'elle  eft  fortie,  elle 
fe  divife  en  deux  rameaux  ;  celui  de  devant  va 
aux  mufcles  fléchifTeurs  ducou,&:  celui  de  derriè- 
re aux  extenfcurs. 

La  quatrième  fe  divife  comme  la  précédente  ,  Laqujtjj^, 
après  fa  fortie  ,  en  deux  rameaux  ;  le  plus  petit  me- 
va  aux  mufcles  pofterieurs  du  cou  ,  &  le  plus 
gros    mufcle  de  l'omoplate ,  du  bras  &  au  dia- 
phragme. 

N  n    iiij 


^6S  Des  Extrêmitezjkperieures, 

La  cin-    La  cinquième  fe  divife  auflî  en  deux  rameaux ,  le 
quiemc.       i^^  ^^^j^.  ^^  ^^^  mufcles  pofterieurs  du  cou,&:  le 

plus  gros  aux  mufcles  de  romoplate,du  bras,i3ê  au 
diaphragme. 
La  fixic-     La  fixiéme  fe  divife  de  même  que  les  préceden- 
^^'  tes,  en  un  petit  rameau  qui  fe  perd  dans  la  nuque 

du  cou,(3c  un  gros  qui  va  au  creux  de  l'épaule^aa 
bras  ,  de  au  diaphragme. 
tLafeptic-     La  feptiéme  &  dernière  paire  des  nerfs  du  cou, 
^^'  n'cfl:  gaeres  différente  des  trois  dernières   pour  la 

divifion;  fon  moindre  rameau  va  aux  mufcles  po- 
fterieurs ,  &  fon  plus  gros  dans  le  bras  ,  &  juf- 
ques  au  diaphragme. 
çi  Vous  voyez  par  cette  diflribution  de  quatre 

Six  nerfs  dernières  paires  de  nerfs  du  cou  ,  qu'elles  en- 
auxn-.uf-  voyent  des  branches  au  diaphragme  ,  qui  y  font 
clcs.  conduites  &  apuyées  par  le  medîaftin;  ce  qui  fait 

la  grande  fimpatie  qu'il  a  avec  le  cerveau.  Vous 
remarquerez  encore  que  les  plus  gros  rameaux  des 
quatre  paires  inférieures  du  cou  fe  joignent  à  la 
première  paire  fupericure  du  dos,&  qu'ils  font  en- 
lemble  fix  nerfs,qui  vont  fe  répandre  par  tout  le 
bras  jufqu'aux  extrémitez  des  doigts  j  il  s'agit  de 
vous  les  démontrer. 

Le  premier,  qui  eft  le  fuperieur  &  le  plus  petit 
Le  pre-     fe'perd  tout  dans  le  mufcle  deltoïde  &c  dans  lapeau 

"«b"as^    du  bras. 

35  '         Le  fecond,qui  ell:  plus  gros^palfe  par  le  milieu 

Le  '.ecord  ^^  bras.iette  des  rameaux  dans  le  biceps  &  dans  le 
rcrf  acs       r     •         '       ,     >  j     r    j-    -r 

bras.  iupmateur;&:  étant  parvenu  au  coude  le  diviie  en 

trois  rameauXjdont  le  premier  va  au  pouce  par  la 
partie  extérieure  du  bras  j  le  fécond  dcfcend  obli- 
quement vers  le  poignet  i  le  troifiéme  accompa- 
gnant la  bafilique  ,  va  fe  perdre  dans  la  peau  du 
coude  &  dans  la  main. 


7  X,  Démonflratîon  Anatomlque.  j  6ç) 

Le  troifiéme  fe  joint  fous  le  biceps   au  fécond,        34. 
api  es  avoir  donné  des  branches  aux  muiclesbra- rriç^gj^jç' 
chiaaXj&  va  eufuite  en  donner  aux  fléchilTeurs  des  ^^as. 
doigts ,  &  de  petits  rameaux  aux  pouces  ,  &  aux 
doigts  indices  &  du  milieu. 

Le  quacriéme  ell  le    plus  gros  de  tous  ,  il  ac-    j.  3Ç 
compagne  l'artère  &  la  vénc  balilique  en  defcen-  niêmc  nerf 
dant  profondément  dans  les  bras  ;  il   envoyé  des  '^^  ^"'* 
fcions  aux  mufcles  externes  du   coude  ,  &  à  la 
peau  du  dedans  du  bras ,  &   étant  parvenu    au 
coude  ,  il  fe  divife  en  deux  rameaux  ,  donc  l'un 
fe  trame  le  long  du  radius  ,  l'autre  du  cubitus 
le  premier  fait  cinq  branches ,  dont  deux    vont 
au  pouce  ,  deux  au  doigt  indice  ,  &  la  cinquième 
au  doigt  du  milieu^  le  (econd  ayant  donné  des  ra- 
meaux dans  les  extenfeurs  des  doigts ,  va  fe  per- 
dre dans  le  carpe. 

Le  cinquième  fe  joint  au  quatrième  ,  &:   def-    ,  ^^. 
cendant  le  long   de  la  partie  interne  du   bras,  quicmc 
diftribuè  des  rameaux  au  coude  ;  ce  qui  fxit  que  P^'^  ^^ 
S  appuyant   iur  quelqu  un   de    ces  rameaux  ,  le 
bras  s'engourdit ,  il  fe  divife  enfuite    en   deux 
branches  ,  dont  l'une  va  aux  mufcles  flèchilTeurs 
des  doigts  :  &  au  poignet ,  le  refte   fe  perd  aux 
mêmes  endroits  que  le  précèdent  -,  l'autre  va  le 
long  de  la  partie  intérieure  &  latérale  du  bras  faire 
cinq  rameaux  ,  dont  deux  vont  au  petit  doigt , 
deux  à  l'annulaire ,  S<.  le  cinquième  au  doigt  du 
XTiilieu. 

Le  fixîème  &  le  dernier  des  nerfs  du  bras   eft       37 

prefque  tout  cutané ,  il  defcend    le   long  de  la    ^^fi*î5: 
t,     .•    •  J       u  lin-    me  nerf  d« 

partie  mterne  du   bras  ,  accompagnant  la  bahli- bras. 

que  ,  &  va  fe  perdre  dans  la    peau  du  coude  &  de 

l'avant-bras  ,  6c  dans  la  membrane  commune  des 

mufcles. 


J  7  ®  J^^^  Extrémltez.  fuferleures, 

Cette  «îîf-     Cette  diftribucion  des  nerfs  du  bras  que  ie  viens 
dirccfific     "^  VOUS  taire  voir,elt  celle  qui  le  rencontre  le  plus 
qatlqac-     fouvent  :  il  ne  faut  pas  vous   étonner  fî  quelque- 
fois vous  y  trouvez  du  changement  dans  quelque 
ramification  ;  cela  arrive  aulli  bien  dans  les  artè- 
res &  dans  les  véncs  que  dans  les  nerfs ,  où  il  fc- 
trouve  de  la  diverfité   dans  le  nombre  de  leurs 
î^        branches  ,  aufîi  bien  que  dans  leur  groiTcur.Vous 
dssrcqac.     ^^ez  vu  les  nerfs  du  bras,  voyons -en  à  prefent  les 
artères  &  les  véncs. 

,,19  Vous  vous  fouviendrez  que  la  fjrolTe  arrere  af- 

L  artère  ,  r     '•    T  j  1.  n  ' 

aiJibiiç.     cendante  le  ai  vue  en  deux  autres,que  l  on  apelle 

foûclavieres  ,  qu'enfuite  l'une  allant  à  droite  ,  6c 
Tautre  à  gauche,  &:  pallant  par  la  fente  qui  eft  en- 
tre les  deux  têtes  des  mufcles  fcalenes ,  elles  con- 
tinuent leur  chemin  vers  le  bras,  où  étant  parve- 
nues   elles  changent  de  nom  ,  prennent    celui 
d'axillaire  ,  à  caufe  qu'elles   palTent  par  les   aif- 
felles. 
Les  ra-        Cette  artère  axillaîre  produit  un  rameau  ,  qui 
™??^        partant  pardcirous  la  tête  de  l'os  du  bras,  va  fe 
dast  dans     perdre  entre  les  mulcles  longs  &  courts  qui  cten- 
Ic  biasi      dent  l'avant  bras;  ce  tronc  continuant  à  defcen- 
dre  le  long  de  la  partie  interne  du  briS ,  diftri- 
buë  en  paÂTant  des  rameaux  au  biceps  &c  au  bra- 
chial interne  &  externe  ,  &  au  delîus  du  pli  du 
coude  il  jette  une  branche   qui  s'en  va  à  la  partie 
interne  &  inférieure  du  bras  Ce  perdre  dedans  6c 
derrière, 
j^Q  Ce  tronc  d'artères  ayant  atteint  le  pli  du  coude 

DiTifion  fe  divife  en  deux  rameaux,dont  l'un  eft  extérieur, 
de  ccttelar-  o    ij 
teic.  ^  ^  ^^^^^  intérieur. 

41  Le  rameau  externe  coule  le  long  du  rayon  ,  de 

"■    jette  une  branche  qui  remonte  &  fe  perd  entre  le 
long  fupinateur  &  le  brachial  internc,puis  en  deC 


meaa* 


IX,  Démonflratton  Anatomlque,  571 
cendant  il  donne  des  rameaux  aux  fiechiflfeuis  du 
caipe  &  des  doigts  5  &  étant  parvenu  au  poignet, 
il  produit  un  rameau  qui  va  à  l'origine  du  tenar  ; 
c'ell  cette  artete  que  l'on  touche  au  poignée 
quand  on  tare  le  pouls  :  enfin  ayant  palïé  (ous  le 
tendon  de  l'extenfeur  du  pouce  ,  il  jette  des  ra- 
meaux qui  vont  à  la  partie  extérieure  de  la  main 
&  va  finir  par  deux  Icions  qui  vont  l'un  au  pouce 
&  l'autre  à  l'index. 

Le  rameau  interne  defcend  le  long  du  coude       41 

T       r 

au  poignet  jc'cft  lui  qui  a  accoutumé  d'acompa-  ^^3^ 
gner  la  véne  bafiliquc^  il  jette  des  branches  qnife  iaccrcc. 
dillribuent  dans  les  mufcles  de  l'avant  bras,  &  va 
fe  terminer  par  trois  fcions  qui  fe  répandent  l'un 
dans  le  doigt  du  milieu  ,  l'autre  dans  l'annulaire, 
ôc  le  troifiéme  dans  le  petit  doigt. 

Les  vénes  ne  font  pas  comme  les  artères  ,  qui  43 
portent  le  fang  du  centre  à  la  circonference;mais  {j^^j""^*^" 
elles  le  reportent  de  toutes  les  parties  au  cœur  ; 
c'eft  pourquoi  elles  fe  doivent  examiner  d'une 
manière  toute  oppofée  &  conforme  à  leur  a6tion 
Nous  avons  conduit  les  aiteres  depuis  le  cœur 
jufqu'aux  bouts  des  doigts  ,  &  il  nous  faut  con- 
duire les  vénes  depuis  les  extrémitez  des  doigts 
jufqu'au  cœur,parce  qu'elles  font  comme  les  raci- 
nes d'un  arbre  ,  qui  reçoivent  par  leurs  plus  peti- 
tes chevelures  la  fève  pour  la  porter  dans  de  plus 
groffes  racines  de  là  dans  de  tres-grolTes ,  &:  enfin 
dans  le  tronc  de  l'arbre. 

Nous  trouvons  dans  les  cinq   doigts  plufieurs  .Ratttifîca- 
^       -c       •  j         '  •  r  o  •  r   t'Oni  des 

tamihcations  de  venes  qui  en  lortent ,  oC  qui  le  ycacs. 

joignans  à  d'autres  branches  qui  font  tant  dans  la 

partie  intérieure  de  la  main  ,  que  dans  l'exteri.'^u- 

rc  ,  &:  qui  toutes  enfemble  pall'ant  par   le  poignet 

vont  former  trois  vénes    confiderables  qui  font 


'fji,  Des  Extrémités  fiipeneuresy 

dansl'avanc-bras ,  l'une  eft  la  cephalique  ,  Pautre 
la  bafilique  ,  &  la  troilîéme  la  médiane. 
j  ^*  ,  ,^  La  cephalique  eft  ainfi  nommée  ,  parce  qu'é- 
liquc.  tant  placée  dans  la  partie  la  plus  fuperieure  du 
bras  ,  elle  eft  plus  proche  de  la  têreielle  commen- 
ce par  de  petits  rameaux  qui"  forment  une  véne 
que  Ton  apclle  falvatelle  ,  qui  eft  entre  le  petit 
doigt  6c  l'annulaîrej&  que  l'on  ouvroit  autrefois 
pour  les  douleurs  de  tête  j  &  dans  les  fièvres  ai- 
guës. Cette  véne  paflant  par  le  poignet  monte  le 
long  du  radius  partie  externe  du  bras,  &  recevant 
en  chemin  ,  au  delTus  du  pli  du  coude  ,  un  gros 
rameau  qui  vient  de  la  médiane  ,  elle  va  le  long 
du  bras  fe  terminer  à  une  grolïe  véne,  qui  eft  Ta- 
xillaire. 

^  4î  La  bafilique  eft  ainfi  nommée  ,  parce  qu'elle 

Le  bailli-     CL       '      •      \  r      '     r  •  •     n. 

que,  ^ft  principalement   iituee  iur  une  partie  qui  elt 

comme  la  baie  du  bras  :  Toutes  les  vénules  qui 
viennent  des  cinq  doigts  à  la  main,  fe  réiinillenc 
avec  les  branches  d'autres  vénes  qu'elles  rencon- 
trent dans  la  main  ,  &:  toutes  enfemble  font  trois 
grolles  branches  qui  conftituent  la  bafiliquCjl'une 
de  ces  branches  eft  plus  fuperficielle,  qui  eft  celle 
que  l'on  a  coutume  d'ouvrir  dans  la  faignée  du 
bras  ;  l'autre  eft  plus  profonde  faite  de  deux  ra- 
meaux ,  dont  l'un  vient  de  la  partie  intérieure  de 
la  main  ;  &C  l'autre  de  l'extérieure  :  La  troifiéme 
eft  la  véne  appellée  cubitale  ,  parce  qu'elle  eft  la 
plus  bafie  &  la  plus  proche  de  l'os  du  coude  :  ces 
trois  branches  en  montant  vers  le  bras  reçoivent 
une  vene  de  la  médiane,  &  fe  vont  rendre  fous  le 
tendon  du  raufcle  pe6loral ,  à  la  véne  axillaire. 
Les  Anciens  appelloient  la  véne  bafilique  droite 
fgcorale  ,  3c  la  gauche  Splenïque ,  parce  qu'ils 
croyoicnt  que  le  voifinage  de  ces  vifceres  les  fai- 


/  X.  Dêmbnjh'atîon  Anatomlque.  y  7  ^ 

foit  iîmpatifer  avec  eux;  mais  la  découverte  de  la 

circulaire  a  détruit  ces  fortes  d'opinions. 

La  médiane  eft  ainfi  nommée,parce  qu'elle  oc-    .  ^ 
,.,.,,         /  1     ^  ^1  La  rac- 

cupe  le  milieu  du  bras,etant  placée  entre  ces  deux  dianc. 

vénes  que  je  viens  de  vous  montrer  ;  deux  bran- 
ches de  vénes  qui  viennent  l'une  d'entre  le  pouce 
&  i'index,que  quelques-uns  ont  nommée  la  cepha- 
lique  du  pouce  ,  &  l'autre  d'entre  le  doigt  du  mi- 
lieu &  Tannulaire,  fe  joignent,  &  font  une  grolîè 
véne  ,  qui  montant  le  long  du  milieu  du  bras  va 
jufqu'au  pli  du  coude  ,  où  elle  fe  divife  en  deux 
branches  ,  qui  font  la  figure  d'un  Y ,  dont  l'une 
va  finir  à  la  cephalique,  &  l'autre  à  la  bafilique, 
fî  bien  que  l'opinion  commune  ne  fe  trouve  pas 
véritable  ,  qui  tenoit  que  la  médiane  étoit  faite 
de  l'union  des  branches  de  la  cephaliquc  &  de  la 
bafilique.  Mais  il  eft  certain  que  l'une  &  l'autre 
de  ces  deux  vénes  fe  crrofïiflent  en  recevant  cha- 
cune  une  branche  de  la  médiane. 

De  ces  trois  vénes  que  vous  avez  vues,  il  n'y  en     ^^  ▼énc 
a  que  deux  qui  montent  dans  le  bras,  qui  lont  la 
cephalique  &  la  bafilique,  la  médiane  fe  confon- 
dant avec  elles.  La  jondion  de  ces  deux  vénes  en       ^j 
fait  une  très-grolTe  ,  que  l'on  nomme  axillaire,  à  Une  gioflc 
l'endroit  où  elle  pall'e  par  l'aiirelle  ,  pour    aller  yg;.fç^|,^(,yj. 
prendre  le  nom  de  foûclaviere  ;  &  enfin  le  nom  'oir  Us 
de  véne-cave  à  la  partie  la  plus  grolfe  ,  qui   eft  ^^  ^*^^'* 
l'endroit  où  elle  entre  dans  le  cœur. 

Je  finis,Mc{Ticurs,cette  Démonftration  en  aver-    AvcrtilTc- 

tiflànt  les  Chiruro;iens  de  bien  examiner  les  par-  ITf  f"^  *^'* 

•  r  •/-  1  /  11  c      \  Chirur- 

ties  qui  lont  voilines  des  venes  des  bias.ann  de  ne  ^i^ns  pour 

pas  piquer  en  faignant  ni  l'artère  qui  fait  le  même  ^^  raigrxe, 

chemin  que  la  véne  bafilique  ,  ni  le  tendon  du 

mufcle  biceps,  qui  eft  au  delfous  de  la  médiane  , 

car  de  de  l'ouverture  de  l'artcre^ou  de  la  piqûre  d* 


574  ^^^  Extrémitez,  fuperleureSy 

tendon  ,  il  s^enfuic  des  accidens  fâcheux  qui  per- 
dent de  réputation  un  Chirurgien  ,  ce  qui  eft  ie 
malheur  de  la  Profeflion  ,  les  plus  habiles  étant 
fouvent  fort  embarrairez,  lorfqu'iisont  a  faigner 
de  ces  bras  difficiles,  oià  il  faut  aller  chercher  pro- 
fondément des  vénes  ,  c'eft  pourquoi  un  Chirur- 
gien doit  fe  précautionner  contre  ces  accidens  , 
en  évitant  de  faigner  dans  ces  endroits  périlleux, 
&  bazardant  plutôt  de  manquer,  que  de  vouloir, 
à  quelque  prix  que  ce  Toit ,  avoir  du  fang. 


xrx 


P^JZiL 


SIS 
DIXIE'ME  ET  DERNIERE 

DEMONSTRATION 

Des  parties  qui  comfofent  les  extré^ 
mitez^  inférieures, 

^  UOIQUEmoiidefreîn,Meffieurs, 
foit  de  vous  entretenir  dans  cette 
Démonftration,des  extrémitez  infé- 
rieures ,  &  des  parties  qui  entrent 
dans  leur  compofition,  je  ne  lailTerai  pourtant  pas 
de  vous  parler  encore  des  mulcles  de  la  poitrine 
&  des  lombes,  &  j'obferve  en  cela  le  même  ordre 
que  j'ai  tenu  dans  la  Démonftration  d'hier ,  ou 
je  vous  fis  voir  non  feulement  les  extrémitez  fu- 
perieures  ,  mais  encore  les  mufcles  de  la  mâchoi- 
re, &:  l'os  hyoïde  ,  de  la  tête  ,  &  du  cou. 

Vous  ayant  fait  connoître  ailleurs  les  deux 
mouvemens  differcns  de  la  poitrine  ;  qui  font  de 
dilatation  &  de  contra(5tîon  ,  je  me  contenterai 
de  vous  expliquer  ici  fes  mufcles ,  &i.  ceux  des 
lombes. 
Les  nuifcles  qui  fervent  à  dilater  la  poitrine  dans     La  Poî- 

l'infoiracion  font  au  nombre  de  cinquante  fepr.  ""^  «^  ^*n- 
T  A       •  .  ^1       ,-1       '^       quant- fcpt 

Les  Anciens  en  ont  mis  trente  pour  la  dilater  ,  mufcles, 

quinze  de  chaque  côté,  qui  font  le  foûclavier,  le 

grand  dentelé  ,  les  deux  dentelez  pofterieurs  ,  &C 

onze  intcroffeux  externes,  ôc  vingt-fix  qui  la  ref- 

/crrent ,  treize  de  chaque  côté,  qui  font  le  trian- 


57^  ^^^  Extrêmltez.  Inférieures  , 

tnangulaire,le  facrolombaiie,(5c  onze  interofTeux 
internes  :  le  cinquante  reptiéme  eft  le    diaphrag- 
me ,  qui  eft   commun  à  l'un  S>c  à  Tautre    de  ces 
mouvemens. 
AA^         Le  premier  de  tous  ces  mufcles  eft  le  foûclavier 

clavier.'^'  ^^"^  nomméjparcc  qu'il  eft  fous  la  claviculejc'eft 
lui  qui  occupe  l'efpace  qui  eft  entre  la  clavicule 
&  la  première  côte:Il  prend  Ton  origine  de  la  par- 
tie interne  &:  inférieure  de  la  clavicule,&  va  s'in- 
férer à  la  partie  fupericure  de  la  première  côte, 
qu'il  tire  en  haut  &  en  dehors. 
BB  Le  fécond  eft  le  grand  dentelé  ,  ainfi  nommé  , 

icaitié  V^^^^  *î^  i^  ^^  large  ,  &C  qu'il  a  fept  ou  huit  den- 
telures iemblables  à  celles  d'une  fcie;il  prend  fon 
origine  de  la  bafe  interne  de  l'omoplate  ,  &  va 
s'inférer  par  digîtation  aux  cinq  vrayes  côtes  infé- 
rieures ,  &  aux  deux  faullbs  côtes  fuperîéures.  Ce 
mufcleeft  fortcharnUjfes  dentelures  entrent  dans 
celles  de  l'oblique  externe  de  l'épigaftre  ,  &  lors 
qu'il  agît  ,  il  tire  les  côtes  en  dehors  ,  d>c  par 
conféquent  dilate  la  poitrine. 
ce  Le  troiiîéme  eft  le  dentelé  pofterieur  &  fupe- 

Le  dente-  rieur  ;  il  prend  fon  origine  par  une  large  aponé- 
le  porte-  r     j  lt       V*  .       V       j  • 

rieur  &  fu-  vrole  des    apophiles  epmeules   des   trois  Vs-rte- 

pcricur.       bres  inférieures  dd    cou ,  &   de  la   première    de 

celles  du  dos  j  là  étant  cachée  fous  le  rhomboïde, 

il  va  s'inférer  obliquement  par  quatre  pointes  aux 

quatre  côtes  fuperieures  qu'il  tire  en  dehors  &c 

en  arrière. 

QP  Le  quatrième  eft  le  dentelé  pofterieur  èc  infe- 

Le  dcncc-  rieur  :  il  prend  fon  origine    par  une  aponevrofe 

rîeu°  &  ia-  ^^^  apophifes  épineufes  des  trois  vertèbres  infe- 

fcxieur.       rieurcs  du   dos  ,  &  de   la  première  de    celle  des 

lombes,&  va  s'inférer  par  quatre  pointes  fendues 

par  digitation  ,  aux  quatre  côtes  inférieures  qu'il 

tire 


X  &  dernière  T^êmonfiratlon  Anatom.  j'y/ 
tire  en  bas  &  en  dehors  \  ce  mulcle  ,  aiifîi-bien 
que  le  précèdent ,  efl:  large  &  plac  \  &  eft  placé 
fous  le  latillimus. 

Les  onze  incercoftaux   excernes   font  ainfî  ap-       EE 
peliez,  tant  parce  qu'ils  occupent  les    onze  efpa-  ..^^  '"^^^'" 
ces  qui  font  encre   les  douze  côccs  ,  que  parce   xiernes. 
qu'ils  font  (ituez  extérieurement  :  ils  prennent 
leur  origine  de  la  paicie  inférieure  &  excerieure 
de  chaque  côte  fuperieure  ,  &  vont  s'inférer  obli- 
quement  de  derrière  en  devant  à  la  partie  fupe- 
rieure &  extérieure  de  chaque  côte  inférieure  \  fi 
bien  que  chacun  de  ces  mufcles  tirant  la  côte  in-         ^ 
fericure  en  arrière  &  en  dehors  ;  aide  à  la  dilata- 
tion de  la  poitrine  ,  qui   avec  les  quatre  que  je 
vous  ai  montrez  ,  font  le  nombre  de  quinze  dila- 
tateurs de  chaque  côté. 

Le  premier  de  ceux  qui  reflTerrcnt  le  thorax  efl:  p 
le  triangulaire  ,  ainfi  apcllé  ,  parce  qu'il  a  trois  I-e.trian- 
angles  :  il  eft  (îtué  au  dedans  de  la  poitrine  ,  oc- 
cupantla  partie  intérieure  du  fternum  :  il  prend 
fon  origine  de  la  partie  inférieure  du  fternum  par 
une  bafc  alTez  large  -,  &;  montant  en  haut, va  s'in- 
férer aux  cartilages  des  côtes  fupcricures  jufqu'à 
la  deuxième  ;  fi  bien  que  les  tirant  en  bas^qui  efl: 
vers  fon  principe  ,  il  refiferre  &  êtrefîit  la  poi- 
trine. 

Le  fécond  efl:  le  facrolombaire  ,  ainlî  nommé,  G^ 
parce  qu'il  prend  fon  origine  de  la  partie  pofl:e-  j  T^b  ^^c*" 
rieurc  de  l'os  facrum  ,  &  des  épines  des  vertèbres 
des  lombes  :  il  efl:  nerveux  par  dehors,  6»:  charnu 
par  dedans  ;  &  montant  en  haut  ,  il  va  s'inférer  à 
la  partie  pofl;erieure  des  côtes  proche  leurs  raci- 
nes ,  leur  donnant  à  chacune  deux  tendons,donc 
l'un  s'attache  extérieurement ,  &:  l'autre  intérieu- 
rement i  de  force  que  tous  ces  tendons  tirant  les 

Oo 


j  7  s  ^65  Extrêmltez.  fitperîeureSy 

cotes  ,  ils  les  approchenc  l'une  de  l'autre  j  &  ainfî 

reirerrent  la  poitrine. 

Les  inter-       Les  onze  intercoftaux  internes  font  ainfî  nom- 

coftauxm  rnez  par  la  même  ra'ifon  que  les  externes ,  donc 
ternes.         .,       ^  ,./r  -         '         M  1 

ils  ne  difterenc  qn  en  licuaiion  :  ils  prennent  leur 

origine  du  haut  de  clvaque  côte  inférieure  ;  èc 
montant  obliquement  de  derrière  en  devant, vont 
s'iniercr  à  la  lèvre  inférieure  &c  intérieure  de  cha- 
que côte  fuperieure  ,  ii  bien  que  les  fibres  de  ces 
mufclcs  s'entre  coupent  en  forme  de  Croix  Bour- 
guignonne ,  ou  d'X  ,  avec  celles  des  intercoftaux 
externes.  L'otfi  remarque  qu'ils  remplillenc  les 
efpaces  qui  font  entre  les  cartilages  des  bouts 
des  cotes  j  ce  que  ne  font  pas  les  externes.  Ces 
mufcles  avec  les  deux  derniers  que  vous  avez  vus, 
rellerrentla  poitrine,  èc  font  le  nombre  de  treize 
de  chaque  coté. 

Quand  nous  donnons  aux  intercoftaux  inter- 
nes Tufage  de  reffcrrer  la  poitrine  ,  nous  fuivons 
le  fentiment  commun  de  tout  le  monde  ,  excepté 
■     de  deux  Anatomiftcs  étrangers  très- célèbres,  qui 
ont  démontré  le  contraire,  en  failant  voir  que  les 
mufclcs  intercoftaux  externes  &  internes  ne  com- 
pofent  qu'un  mufclequia  deux  plans  de  fibres  de 
direâ:ion- contraire  ;  &  c'eft  pourquoi  dans  la  re- 
marque précédente  fur  la  refpiration  nous  avons 
embrafte  ce  fentiment  ,  que  nous  croyons  le  vé- 
ritable. 
Ces  muf-      L'ufage  de  tous  ces  mufcles  eft  de  dilater  &  de 
tcnt  &rcf.  "^^l^s^rer  la  poitrine  :  ce  qui  fe  fait  de  cette  ma- 
if  rrent    la  niere.Lorfque  le  diaphragme  fe  baiife  ,  &  que  les 
poicunc,     mufcles  dilatateurs  de  la  poitrine  agilîenr  ,  l'air 
extérieur  qui  la  touche  étant  pouffé,  eft  obligé  de 
prendre  une  autre  place ,  qu'il  trouve   aifemenc 
dans  les  poumons  qui  le  reçoivent ,  fe  diktanc 


X.  &  àern.  'Démonfiratlon  Amtoml(jue,    579 
fans  peine  ,  a  caule  que  la  capacité  de  la  poitrine 
eft  augmentée  à  proportion  de  l'adtion  des  muf- 
cles  :  il  en  reirort  enluite  par  la  contradion  que 
les  mufcies  antagoniftes  à  ceux-ci  font  de  la  poi- 
trine ,  &  qui  oblige  ce  même  air  d'en  fortir  ;  car 
la  mcme  neceiîité  qui  a  contraint    l'air  d'entrer 
dans  les  poumons  par  l'extenfion  de  la  poitrine, 
le  force  d'en  fortir  par  fa  contraciionjce  que  nous 
appelions  refpiration  ,  n'étant   autre  chofe  que 
ces  mouvemcns  retirez  qui  durent  tout   autant 
que  la  vie,  parce  qu'ils  commencent  au  moment 
que  nous  voyons  le  joui*,&:  ne  fimlfent  qu'au  der- 
nier foupir. 

Plulieurs  Auteurs  ont  mis  les  mufeles  de  l'abdo-   ,  ^s  "^"f* 
I         •  j      1         r  •       •  >   n  cicsdel  ab- 

-  men  au  nombre  de  ceux  de  la  reipiration  ;  c  elt  Jomcn  ai- 
pourquoi  ils  en  comptoicnt  jufqu'à  foixante  &'i-"f^li 
cmq.  Nous  convenons  avec  eux  qu  ils  y  lervenr, 
&  je  vous  ai  dit  dans  la  premieire  Démonftration 
en  vous  les  faifant  voir,qu'ils  agilToient  dans  une 
violente  roux  ,  dans  les  grands  cris  ,  &  dans  une 
forte  exp"ration;  mais  ils  ne  doivent  pas  être  com- 
pris dans  le  nombre  de  ceux  de  la  refpiration, 
puilqu'ellc  n'eft  pas  leur  principale  action. 

L'on  fait  de  deux  fortes  de   refpiration  .  l'une  ^  ^^^^ 

\>  11    1 M  \,  >  locrcs 

que  1  on  apclle  libre  ,  l  autre  qu  on  nomme  con-  de  rcfpira^ 

traînted'on  veut  que  la  refpiration  libre  ne  fe  faf-  "oq. 
fe  que  par  le  mouvement  du  diaphragme,&  qu'el- 
le foit  prefque  infenfible  ;  &  l'on  prétend  que  la 
refpiration  contrainte  foit  celle  qui  fe  fait  par  le 
^Tioyen  de  cinquante  (ix  mufcies  de  la  poitrine. 
Vous  avez  vu  des  mufcies  qui  font  cette  derniè- 
re j  voyons  à  prefcnt  le  diaphragme  ,  que  l'on  re- 
garde comme  l'organe  principal  de  la  refpiration 
libre. 

C'eft  la  coiitume  de  faire  voir  le  diaphraî'mc    Pou»:^io^^ 

Oo  ij 


580  Des  Extrémitez,  fuperienres , 

ïa  Démon,  en  faifanc  la  Démonftration  de  la  poitrine  ;  mais 

j;'^rilul^  '^^  deux  laitons  m'ont  fait  changer  cet  ordre:  la  pre- 
dtaphrag         ,  ij-.  ^'  ,f. 

me.  miere,  c  elt  que  le  diaparagme  étant  un  des  prni- 

cipaux  mufcies  de  la  relpiration  ,  j'ai  crû  devoir 

attendre  à  vous  le  montrer  dans  le  tems  que  je  vous 

fcrois  voiries  autres,  la  leconde;  c'eft  que  dans  la 

Demonft)  ation  de  la  poitrine  ,  les   parties  qui  y 

font  contenues  cachent  prelque  tout  le  diaphiag- 

mei&  ainfi  fi  j'ai  différé  de  vous  en  parlerjce  n'eft 

qu'afin  que  vous  le  vifîîez  tout  entier  ,  &  féparé 

des  parties  qui  l'environnent. 

H  Le  diaphragme  ,  que  quelques  uns  appellent 

phroRriK*  f^P^'^^^  tranfuerfitm  ,  parce  qu'il  fépare  tranfver- 

(alemcnt ,  comme  un  mur  micoyenjla  capacité  de 

la  poitrine  d'avec  celle  du  bas  ventrCjeft  une  partie 

mufculeufe  diflinguée  de  tous  les  autres  mufcies 

du  corps, par  {\  fituacion  ,  par  fa  figure5&  par  fou 

action  :  c'efi:  cette  partie  charnue  que  vous  vovez 

atachée  circulaircmenr'  à  toutes  les  extrémités  des 

cartilages  des  faulïes  côtes. 

îigurc  du       La  figure  du  diaphragn.e  cft  ronde  ,  ôcrcfifem- 

aiaphrag-    j^Jg  afiez  bien  à  une  raquette  dont  le  manche  , 
nie  ,  ri  .  ri 

(  ou  a  une    raye  dont   la  queue  )  repreientc  la 

pointe  ;  par  laquelle  il  eft  attaché  à  la  première 
vertèbre  des  lombes  :  fa  grandeur  eft  proportion* 
née  à  celle  du  thorax  ,  &  fa  fituarion  eft  entre  la 
poitrine  &c  le  bas-vencre,  diredlement  fous  le  car- 
tilage xîphoide  ,  auquel  il  eft  attaché  ,  &  où  il 
fait  comme  une  voûte  mouvante  entre  les  deux 
ventres. 
£)f„^  Deux  membranes  tapllfentle  diaphragme^l'unc 

tneitibtin:seft  une  continuité  de  la  plèvre  ,  qui  le  couvre  par 
phraame.    ^^  partie  fuperieure  ,  &  l'autre  eft  une  continuité 
du  péritoine  ,  qui'  le  revêt  par  fa  partie  inférieure 
quijegarde  le  ventre. 


X  &  dernière  Démonflratlon  AnMom,     5  S  f 

Il  a  trois  oavercares  coniideiablesj'une  à  dioi-    _  ^     , 
X   ,         •  Il  Trous  dtS 

te,  par  ou  là  vene  cave  monte  pour  aller  au  cœur,  ^iiapbrag- 

l'autre  a  gauche  ,  par  où  defcend  l'œfophage  ;  &  me. 
la  troifiérne  ell  une  grande  fente  qui  eft  entre  Tes 
deux  origines  vers  les  vertèbres  des  lombes  ,  par 
où  defcend  la  grofle  artere.ll  y  en  a  encore  quel- 
ques petites,par  où  palFent  le  canal  thorachique, 
&  les  nerfs  qui  vont  aux  parties  contenues  dans 
le  ventre. 

Le  diaphragme  reçoit  deux  fortes  de  nerfs;  les      MM' 
uns  lui  viennent  de  la  pactie  va2;ue,  &  les  autres    Vaiircaux 
dcs  elpeces  qui  lonc  entre  les  quatre  vertèbres  m-  phragmej 
ferieures  du  cou  ;  les  uns  &  les  autres  paifant  par 
la  cavité  du  thorax  ,  &  foùtenus   du  medialtin  , 
vont   fe  terminer  par  trois  ou  quatre  branches 
dans  toute  fa  fubftance.  Il  reçoit  encore  deux  ar- 
tères que  l'on  nomme  phréniques,qui  lortent  du 
tronc  de  la  çrolTe  artère  :  Il  a  aulîi  deux  vénes  du 
même  nom ,  qui  vont  le  rendre  dans  toute  la  ve- 
ne cave. 

La  fubftance  du  diaphragme  eft  charnue  dans    SuS<îance 
fa  circonfercnce^iSc  mcmbraneufe  dan<>  Ion  milieu  ^hiaerne. 
où  paroit  ce  qu'on  appelle  le  centre  nerveux. 

Tous  les   Anciens   Anatom'ftes  mettoient   le     Le  dia- 

prîncipe  du  diaphragme  dans  fon  centre  nerveux  eiîccriTpo- 

&  fa  fin  dans  fa  circonférence  :  d  autres^comme  Tè  ic  deui 

au  Laurens  &  Riola^iOnz  prétendu  que  fon  origi-  ™*^  "^  '^^' 

ne  étoit  aux  vertèbres  du  dos  &  des  lombes  ,  &à 

toute  fa  circonférence  ,  &  fa  fin  dans  fon  centre. 

Mais  les  Anaroniiftes  modernes  ont  fait  voir  que 

le  diaphragme  étoit   compofé  de    deux  mufcles  , 

qu'ils  diftinguent  en  fuperieur  &  en  inférieur. 

Le  fuperieur  eft  de  fisurc  circulaire  ;  il  eft  atta-     ,  ^^ 
L  '  -  1  •        j        c     iV       ^  X      Le  fupô- 

che  a  toutes  les  extremitez  des    raulies  cotes  ,  ou  fleur. 

commence  fon  origine,6:  à  fa  fin  il  forme  un  ten- 

O  o  il] 


581  Des  Extrémltez.  fuperieures  , 

don  plat  en  aponevrofe  ,  que  Ton  a  toujours  pris 
pour  la  partie  ncrveule  du  diaphragme. 
O  L'inférieur  prend  Ton  origine  par  deux  produc- 

Linfc«    tions  ,   dont  l'une  plus  longue  (  qui  eft  celle  du 
côté  droit  )  vient  des  trois  vertèbres  fuperieures 
des  lombes  ;  &  l'autre  plus  courte  &  plus  petite, 
qui  elt  la  gauche,  part  des  deux  vercebres  du  dos, 
éc  va  fe  terminer  dans  l'aponevrofe  du  mufcle  (u- 
perieur  ,  qui  fait  la  divifion  des  deux  mufcles.Ils 
difent  qu'il  reçoit  des  artères  particulières  qui  lui 
viennent  des  lombaires ,  ôc  qu'il  a  des  vénes  qui 
vont  dans  l'adipeufe. 
LTagesdu      L'on  donne  trois  ufages  au  diaphragme;  le 
^lapuag.   preiT-jiej. ,  de  fcparer  la  cavité  de    la  poitrine   de 
celle  du  bas  ventre  ,  le  fécond,  de  fervir  en  com- 
primant les  vifceres  du   bas  ventre  ,  non  feule- 
ment à  la  diftribution  dti  chile  &  au  cours  de 
routes  les  humeurs,  mais  encore  à  l'expulfion  des 
excrémens  ;  &  le  troifiéme  ,  d'aider  à  la  refpira- 
tion  libre  ,  en  s'aplatiilant   lorfque  l'on  reprend 
Ton  haleine,  &   en  fe  relâchant,  ou  fc  voûtant 
dans  l'expiration  ;    car  ce  font  les  mufcles  du 
thorax  qui  fervent  à  la  refpiration  forcée  ,   com- 
me nous  l'avons  déjà  dit ,  en  parlant  avec  les  An- 
ciens. 
Mouve-       Le   mouvement    du    diaphragme   eft  appelle 
disphrag-    ^'^^^^  5  parce  qu'il  eft  en  partie  mécanique,  h  en 
ms.  partie  volontaire.  Il  eft  mécanique  ,  à  caufe  qu'il 

fe  fait  le  plus  fouvenc  fans  que  nous  y  pcniions,& 
il  eft  volontaire  ,  puifque  nous  l'arrêtons  quand 
il  nous  plaît.  Il  eft  mécanique  ,  à  caufe  du  nerf 
qu'il  reçoit  de  l'intercoftal  ,  qui  tire  (on  origine 
du  cervelet;  &  il  eft  volontaire  par  le  moyen  des 
nerfs  qu'il  reçoit  de  l'épine  ;  car  le  cervelet  prefi- 
de  aux  mouycmens  mécaniques  ;&  le  cerveau  de 


X,& âerniereDémonjiratton Anatomlque.  58^ 
la  moifUe  de  l'épine  fervent  aux  mouvemens  vo- 
lontaires. 

Von  remarque  que   les  mouvemens  du  dia-     Le  dia- 
phragme font  lemblables  à  ceux  du  cœur,  en  ce  efri'oTza- 
qiic  l'un   &  l'autre  commencent  à  fe  mouvoir  ne  àc  la 
dès  le  premier  moment  de  la  vie  ,  &  qu'ils  font  iYbie"^"°° 
compofez  tous  deux  de  deux  mufcles  chacun  ; 
mais  qu'ils  difFerent  en  ce  que  c'eft  la  co'ntradtion 
des  fibres  charnues  du  cœur  qui  fait  fortir  le  fang 
de  fes  ventricules^  &  que  c'ell  le  relâchement  de 
CCS  mêmes  fibres  qui  laitTe  entrer  ie  fang  dans  le 
cœur  ;  au  lieu  que  la  contraction  des  mu  (clés  da 
diaphragme  fait  entrer  l'air  dans  les  poumons  ,         / 
d'où  ils  le    chalTenc  par  leur   relâchement  ;  de 
forte  que  les  poumons  ne  font  que  les  inftrumens 
paffifs  de  la  rcfpiration  ,  qui  recevant  l'air  par 
leur  dilatation  ,  entretiennent  le  mouvement  du 
langqui  palfe  parleur  lubftance  .,  &  aident  ainfi 
à  la  circulation  ;  &   que   le   diaphragme  en   eft 
l'inftrument  adlif  par  fes  mouvemens  continuels, 
qui   font  d'une  telle  importance    pour  la    vie , 
qu'elle  finit  avec  la  refpiration  aufîi-tot  qu'il  eft 
blelîé  :  cela  s'entend  par  fa  partie  nerveule-,  car 
les  blcifures  de  la  charnue  ne  font  pas  ablolument 
mortelles. 

A  tous  les  avantages  que  l'homme  reçoit  du     Aunes 
j'     1  1.         .    A       ^  ,.1    n  1/  utiliccz  du 

diaphragme  ,1  on  ajoute  encore  qu  il  elt  l  organe  a.aphiag- 

du  hocquet  &  de  l'éternucment ,   du  ris  &  des  me. 

pleurs,  ayant  des  nerfs  qui  ont  une  étroite  liaifon 

avec  ceux  qui  vont  aux   mulcles ,  auteurs  de  ces 

differens  mouvemens. 

L'explication  de  ces  phénomènes  nous  mené-  ,  ^  «^^"^f» 

roit  trop  loin  ;  u  lufht  leulement  que  vous  Iça-  phr.igme 

chiez  ,  pour  concevoir  de  quelle  importance  ell  '^'^'^'  ^^-'? 

le  diaphragme,  que  pour  vivre,  l  homme  elt  dans  rauo.;, 

Oo   iiij 


584  T>es  Extrêmîtez.  {uperleures, 

une  neccfïîté  indiipenlable  de  rerpirer,&  que  par 
conféqiicnt  les  mouvemens  de  cette  partie  lui  font 
abfolurnent  necclîaires.  Souvenez-vous  donc  que 
ces  mouvemens  commencent  par  une  infpiration, 
&  finillent  par  une  expiration  dans  le  dernier  mo- 
ment de  la  vie  :  ce  que  nous  reconnoilTons  par 
la  fituation  où  nous  trouvons  le  diaphragme  dans 
ceux  qui  viennent  d'expirer.  Il  y  eft  toujours  reti- 
ré en  haut  comme  pour  poufler  le  dernier  foûpir, 
en  obligeant  les  poumons  par  fon  relToitjde  chaf- 
fer  le  dernier  ait  qu^ils  ont  reçu. 
Lcsiom-      Le  dos  &:  les  lombes  ont  fix  mufcles  qui  leur 
t/ois'ff'uf-  ^°^^^  communs,  pour  les  étendre,  les  fléchir  Si  les 
clés.  plover  vers  les  côtes  ,  lefqucls  on  attribue  plutôt 

aux  lombes  qu'au  dos,  quoi  qu'il  y  en  ait  quatre 
qui  montent,  &  qui  s'attachent  à  toutes  les  vertè- 
bres du  dos.Entre  ces  fix  murcles,quatre  font  l'ex- 
tendon  ,  &  deux  la  flexion, 
p  Le  premier  des  extenfeurs   eft  le  facré  j  ainfi 

Lcfacré.  nommé,parce  qu'il  prend  fon  origine  de  la  partie 
pofterieure  de  l'os  facrum  :  il  naît  aufli  de  l'extré- 
mité poftcrieure  &  fuperieure  des  os  desîlesril  va 
s'inférer  aux  épines  des  vertèbres  du  dos  qu'il  tire 
en  arrière. 

Q  Le  fécond  des  extenfeurs  eft  le  demi-épineux  , 

Le  demi      •    ,-  /  I  •  •  '  j  r  i„ 

cpmcux.     ^^""  nomm^  ,  parce  que   lai^moitie  de  ce  mulcle 

prend  fon  origine  des  épines  de  l'os  facrum  ;  oC 
l'autre  moitié  des  épines  des  vertèbres  des  lom- 
bes i  &  montant  en  haut  va  s'inférer  un  peu  obli- 
quement à  toutes  les  apophifes  tranfverfes  des 
vertèbres  du  dos  jufqu'au  cou,  &:  les  tire  toutes  en 
arrière.  Ce  raufclc  eft  fitué  entre  le  facré  &  le  fa- 
crolombaire,quieft  un  de  ceux  de  la  poitrine:  ces 
crois  mufcles  ne  femblent  faire  qu'un  corps,&  on 
a  de  la  peine  à  les  féparerj  ils  forment  cette  mafl'e 


X. &  dernière Demonflraiîon  Anatorntque.  $î^ 
c(e  chair  qui  occupe  tout  le  dos  depuis  l'os  facrum 
jufqu'au  cou.  Il  falloir  qu'ils  fulTent  fores  pour 
contrebalancer  la  pelantcur  des  parties  antérieu- 
res ;  &  néanmoins  malgré  la  force  qu'ils  ont,  on 
voit  que  l'homme  a  encore  de  la  difpofition  à  tom- 
ber en  devant  &  fur  le  nez.  Ce  font  ces  mêmes 
mufcles  qui  donnent  le  bon  air  aux  femmes  en  les 
faifant  tenir  bien  droites  ;  &  lorique  ces  mufcles 
ne  font  pas  bien  leur  action,  ou  par  foibleife  ,  ou 
par  quelque  méchante  habitude  ,  l'on  devient 
voûté  j  &  quelquefois  boflu. 

Le  fléchiflèur  des  lombes  eft  le  triangulaire,ainfi  R-, 
nomme  par  fa  figure  à  trois  angles ,  dont  il  y  en  a  guiairc!^' 
deux  à  fa  bafe,  où  il  prend  fon  origine  à  la  partie 
pofterieure  de  la  côte  de  l'os  des  îles,&  de  la  par- 
tie latérale  &  interne  de  l'os  facrum  ;  &  l'autre 
angle  eft  à  fa  pointe  où  eft  Ion  infertion  à  la  der- 
nière des  faulfes  côtes  ,  &  à  toutes  les  apophifes 
tranfverfes  des  vertèbres  des  lombes  ;  Ce  mufcle 
avec  fon  congénère  fléchit  l'épine  en  devant.  Il 
faut  remarquer  que  cette  flexion  ne  fe  fait  point 
en  angle  aigUjComme  aux  jointures,  mais  qu'elle 
cfl;  circulaire,  afin  que  la  moelle  de  l'épine  ne  foie 
point  comprimée;  Il  y  en  a  qui  veulent  que  la  fle- 
xion de  l'épine  ne  fe  puifl^e  faire  qu'en  dcvant,parT 
ce  que  (i  elle  fe  faifoit  en  derrierc,la  véne  cave  & 
la  grofle  artère  courroient  rifque  de  fe  rompre. 
Les  voltigeurs  néanmoins  &  les  danfeurs  de  corde 
qui  font  mille  contorfions  du  corps  ,  nous  font 
voir  que  l'épine  peut  fe  ployer  de  toutes  manières 
par  Thabitude  qu.'ils  s'en  font  dans  leur  enfance. 

Il  faut  remarquer  que  les  extenleurs  des  lombes     Di»ifion 

■fe  pourroient  divifer,  aufîi  bien  que  le  facrolom-  °-^  ^^-* 
1     •  1  r  \  .-1  w    r      .  mufcles 

bau-e,erf  autant  de  muiclcs  qu  ils  ont  d  mlertions,  en  douze 

^  c'eltla  railon  pourquoi  quelques-uns  qui  leur  P^^'"- 


5  s  6  ï)es  Extrémîtez  Jltperteures  ,  ' 

en  trouvent  douze  a  chacun,  en  ont  fait  trente- 
fix  mufcles  :  mais  ne  voulant  pas  mulciplier  les 
êtres  fans  neccffité  ,  nous  en  demeurerons  au 
nombre  que  je  voas  ai  marqué. 
DiyiGon  .  Toute  cette  extrémité  inferieure,qui  efl:  depuis 
w'uéiaie  ^^^  ^^  ^^^  '^^^^  jufqu'aux  bouts  des  doigts  du  pied, 
rieurc.  porte  le  nom  de  pied  ;  les  autres  la  nomment  la 
jambe  ,  ou  le  grand  pied.  On  la  divifc  comme  la 
main  ,  en  trois  parties  ;  en  fuperieure  ,  appellée 
cuiiîe;  en  moyenne,  nommée  la  jambe;&  en  infe- 
rieure,qui  retient  le  nom  de  pied,oM  de  petit  pied. 
La  cuifle  ^^  cmlFc  eft  une  parcie  fort  gralfe  ,  longue  & 
ronde  ,  qui  comaience  par  fa  partie  fuperieure  à 
l'endroit  où  elle  eft  articulée  avec  l'os  des  îles , 
finit  par  fon  inférieure  à  la  jondion  qu'elle  a  avec 
les  os  de  la  jambe.  Le  devant  du  haut  de  la  cuiiîe 
fc  nomme  Taîne,  le  côté  de  dehors  la  hanche  ,  ôc 
le  derrière  la  felfe.On  diftingue  à  fa  partie  moyen- 
ne quatre  parties  différentes ,  qui  font  le  derrière, 
le  delFous,  &  le  dehors  de  la  cuille  j  le  devant  de 
la  partie  inférieure  fe  nomme  le  genouilj&  le  der- 
rière le  jarret  ;  vous  voyez  qu'elle  eft  plus  greffe 
par  fa  partie  fuperieurCjqui  va  toujours  en  dimi- 
nuant à  mefure  qu'elle  s'aproche  du  genoiiil. 
La  jambe.  La  jambe,  quoique  plus  petite  que  la  cuilIc,  eft 
compofée  de  deux  os,  elle  commence  au  genoiiil, 

6  finit  à  l'articulation  qu'elle  a  avec  le  pied;  elle 
eft  moins  garnie  de  chair  par  devant  que  par  der- 
rière ,  qui  fait  que  nous  reffentons  tant  de  dou- 
leur quand  nous  nous  heurtons  à  cet  endroit.  On 
nomme  le  derrière  le  gras,ou  le  mollet  de  la  jam- 
be, lequel  contribue  beaucoup  à  la  rendre  bien 
faite.  Au  bas  de  la  jambe  en  dedans  &  en  dehors 
font  deux  émînences  que  l'on  nomme  les  malléo- 
les ou  chevilles  du  pied. 


X  &  dernière  T>émonjiratlon  Amtomlc^ue,  587 
Le  pied  proprement  pris  eft  tout  ce  qui  efl  Le  pîei, 
depuis  les  malléoles  jufqu'aux  bouts  des  doigts  , 
le  deflus  fe  nomme  le  coude  du  pied  ,  &  le  deC 
fous  la  plante  du  pied  :  il  fe  divife  en  trois  par- 
ties ,  en  tarfe  ,  en  raetatarfe,  &  en  doigts.La  pre- 
mière eft  un  allèmblage  de  fepc  os  joints  forte- 
ment enfemble  ,  dont  le  plus  gros  fait  une  émi- 
nence  pofterieure  ,  que  l'on  nomme  le  talon  :  la 
féconde  efl:  faite  de  cinq  os  grefles  &  longs  ar- 
rangez à  côté  les  uns  des  autres  :  ils  foutiennent 
chacun  un  des  doigts  ;  &  la  troifiéme  ,  ce  font 
les  doigts  ,  que  l'on  appelle  au  pied  orteils ,  ils 
font  de  différente  grolTeur  &  longueur  :  le  pre- 
mier efl;  appelle  le  gros  orteil,  &  comme  ils  vont 
toujours  en  diminuant,  le  dernier  efl;  le  plus  petit 
de  tous. 

Plufieurs  mufcles  contribuent  à  faire  les  mou-    I.e»muf^ 
vemens  de  ces  trois  parties.  Ils  font  forts  ,  parce  parties  "* 
qu'il  falloir  qu'ils  fuflent  proportionnez  à  leur  ^onr  gros 
adion  :  Examinons-les  tous  les  uns  après  le  au-r     '  °^'^' 
très. 

La  cuilfe  fait  cinq  mouvemens  differens  par  le  ^  quin"e 
moyen  de  quinze  mufcles:lc  premier  de  ces  mou-  mufcles. 
vemens  eft  celui  de  flexionjequel  fe  fait  par  trois 
mufcles,  qui  font  le  pfoas  ,  l'iliaque,  &  le  pedi- 
neus  :  le  lecond  mouvement  eft  celui  d'exteniîon 
par  les  trois  feiîîers-.le  troifiéme  celui  d'adduction 
par  les  trois  tricepsde  quatrième  celui  d'abdiidlion 
par  le  piramidal  ,1e  quarrc,  &  les  deux  gémeaux: 
&  le  cinquième  celui  de  rotation  par  les  deux  ob- 
turateurs. 

Le  premier  eft  le  pÇoas  ,  ou  mufcle  lombaire ,     .  ^  , 
•    r  '  >-i     n.   r      '  j    1  I        Le  ï-loas. 

amli  nomme  parce  qu  il  elt  iitue  au  dedans  de 

l'abdomen, à  coté  du  corps  des  vertèbres  des  lom- 
bes. Il  prend  ion  origine  des  apophiles  iranfveir 


ccus 


5S8  Des  Extrémltet  inférieures  y 

fes  des  deux  vercebres  inférieures  du  dos,  &  des 
fuperieures  des  lombesj  6c  porté  par  délias  la  face 
incerne  de  l'os  iléon,  il  va  s'inférer  par  un  rendoii 
fore  &  rond  au  petit  trocanterjc'eft  ce  mufcle  qui 
forme  cette  partie  iî  cendre  des  alloyaux  ,  qu'ori 
nomme  le  fileté 
X  Le  fécond  eft  V'diaque  ,  ainfî  nommé  ,  parce 

L'iliaque  qu'il  remplit  toute  la  cavité  interne  de  l'os  ileonj 
il  eft  ,  comme  le  précèdent  ,  placé  dans  l'abdo- 
men. Il  prend  fon  origine  de  tout  le  bord  de  la 
cavité  intérieure  de  l'os  des  îles,  &  fe  condaiiant 
par  le  même  chemin  que  le  pfoas,il  va  joindre  fon 
tendon,  pour  enfuite  s'inférer  comme  lui  ,  au  pe- 
tit trocanter. 

V  Le  troiiîéme  eft  \e peBlneui ,  ainil  nommé,  par- 
Lc  pcdli-  ce  qu'il  prend  fon  origine  de  la  partie  antérieure 

de  l'os  pubis  appelle  peclefi ,  de  vient  s'inférer  par 
devant  à  l'os  de  la  cuifte  ,  au  deflbus  du  petit  tro- 
canter :  Ces  trois  mufcles  tirent  la  cuiire  en  de- 
vant ,  &  par  conféquent  la  font  fléchir. 

,  ^      ,       Le  premier  des  extenfeurs  eft  le  ^rand  feffier  , 
Le  grand    .    r  '  >m  r  •    t       1  J 

feiricr,  ^^"'1  UDmme  ,  parce  qu  11  raie  la  plus  grande  par- 
tie de  la  felTe  5  il  prend  fon  origine  de  la  partie 
latérale  de  Tos  facrum  ,  &  de  la  partie  pofte- 
rieure  &  extérieure  de  la  lévrc  de  l'os  des  îles,  ôc 
s'atcachant  au  coccix  va  s'inférer  à  l'os  de  la 
cuiflè,  quatre  doigts  au  deftbus  du  grand  trocan- 
ter. Ce  mufcle  eft  le  plus  épais  de  cous  ceux  du 
corps. 

Y  Le  fécond  eft  le  moyen  fejfier,  ain(î  appelle,  parce 
Le  moyen  q^-j[  j-j^j-jj-  [^  milieu  tant  en  grolfeur  qu'en  firua-. 

tion  ,  entre  le  grand  que  vous  avez  vu,  &  le  petîc 
qui  fuit  ;  il  prend  fon  origine  de  la  partie  pofte- 
rieure  de  la  lévrc  des  os  des  îles,  &  va  s'inférer 
trois  doigts  au  delTous  du  grand  trocanter. 


X  &  dernière  T)émonflratlon  Andtom.      589 

Le  troidéme  eft /e  pf/^/f  fejjier  ,    ainfi  nommé,        Z    ^ 

parce  qu'il  eft  le  plus  petit  de^tiois,  il  prend  fon  tcfTicr.^ 

origine  de  la  partie  plus  cave  &c  enfoncée  de  la 

cavité  externe  de  l'os  des  ileSj&  va  s'inférer  à  une 

petite  cavité  qui  eft  à  la  racine  du  petit  trocanter 

Ces  trois  aiufcles  font  rexteniion  de  la  cavité  en 

la  retirant  en  arrière,  &  lis  forment  les  fellès  qui 

font  comme  desoreillers,qui  empêchent  que  nous 

ne  nous  bleflions  en  nous  alïeyant. 

Le  premier  des  addu(5tcurs  eft  le  triceps  fupe-    ,    ^: 
\,  .  ,    r  .    .        j     ,  .     i      •'   i  Le  triceps 

yieur ,  il  prend  Ion  origme  de  la  partie    externe  fupcrieur, 

&  (upedeure  de  l'os  pubis  ,  &  va  s'inférer  à  la 

partie  fuperieure  d'une  ligne  qui  eft  au  dedans  de 

la  cuill'e. 

Le  fécond  eft  le  triceps  moyen;  il  prend  fon  ori-    »  ^  ^ 

gine  de  la  partie  moyenne  de  l'os  pubis,&  va  s'in-  moyen. 

ferer  à  la  partie  moyenne  de  cette  ligne  ,  qui  eft 

au  dedans  de  l'os  de  la  cuifle. 

Le  troifiéme  eft   le  triceps  inférieur  •■,  \\  prend   t^^'-^».». 
r  .    .  r     ]  'j     ,  ■'  ..£•*.  .1-c triceps 

Ion  origine  non  leulement  de  la  partie  intérieure  mtcncut. 

de  l'os  pubis,  mais  auflî  de  la  partie  inférieure  de 
l'éminence  de  l'iû:hion  ,  &  va  s'inférer  à  la  partie 
inférieure  de  la  ligne  qui  eft  au  dedans  du  fémur. 
Il  y  en  a  qui  de  ces  trois  mufclesn'en  font  qu'un 
à  trois  têtes ,  qu'ils  apellent  triceps  ;  mais  ayant 
aufîi  trois  infertions ,  l'on  peut  le  divifer  en  trois 
mufcles  ;  ce  font  eux  qui  font  les  défenfeurs  du- 
pucelage  ,  en  faifanc  ferrer  les  cuiftés  l'une  con- 
tre l'antre. 

Le  premier  des  abdudteurs  eft  le  piramidal ,  aîn-  te  pira- 
Cl  nommé  parce  qu'il  a  la  figure  d'une  petite  pi- 
ramide  ;  ou  piriforme,pa.vcc  qu'il  rcflemble  à  une 
poh-e  :  il  prend  fon  origine  de  la  partie  fuperieu- 
re &  latérale  de  l'os  facrum ,  &  de  la  partie  laté- 
rale de  l'os  des  îles  j  il  va  s'inférer  en  une  petite 


55JO  ^^J"  Extrémîtez  [uperieures, 

cavité  qui  cft  à  la  racine  du  grand  crocanter.  ■ 
.  Le  fécond  eft  le  quarré,  ainfi  apellé^parce  qu'il 

Le  quar-  a  quatre  anglesjil  prend  (on  origine  de  la  partie  la- 
térale &  externe  de  l'éminence  de  Tifcbion,  &  va 
s'inférer  à  la  partie  pofterieure&  externe  du  grand 
trocanter. 

Les  gc-  Le  troifiéme  &  le  quatrième  font  les  qemeaux  , 
ainli  nommez  ,  parce  qu  us  lont  lemblables  en 
tout  i  ils  prennent  leur  origine  de  deux  petites 
éminences  qui  font  à  la  partie  pofterieure  de  l'if- 
chion  yS<.  iç.  vont  inférer  à  une  petite  cavité  à  la 
racine  du  fjrand  trocanter  :  Ces  deux  miifcles 
font  feparez  par  le  tendon  de  l'obturateur  inter- 
ne: ils  font  faire  conjointement  avec  le  piri forme 
&  le  quarréjl'abdudcion  àz  la  cuilleenl'éioignanc 
de  l'autre. 

L'obtura-       L^  premier  des  obturateurs  ,  eft  l'interne  ;  il 
tcur  latct-  ,  V  ...  ,       .         r 

Bc.  prend  ion  ongme  de  toute  la  circonrerence  m- 

terne  du  trou  ovalaire  ,  qui  cft  à  l'os  ifchion  ,  & 

fon  tendon  palfant  au  milieu  des  deux  gémeaux, 

va  s'inférer  à  une  petite  cavité  à  la  racine  du  grand 

trocanter. 

T.  ,  Le  fécond  eft  l'externe:  il  prend  fon  ori^jine  de 

L  obtura-  ■       .  r  i         ^  i  • 

teur  cx.cr-  1^  circonrerence  externe  du  même  trou  ovalaue, 

^^'  Se  va  s'inférer  à  côté  de  la  cavité  qui  eft  à  la  racine 

du  grand  trocanter  :  Ces  deux  mufcles  font  la  ré- 
traction de  la  cuiile  ,  en  lui  faifant  faire  ce  mou- 
vement ,  qu'on  apelle  piroiieter. 
La  jambe       La  jambe  fait  quatre  fortes  de  mouvemens  :  le 

«lufcks  pi'emier,celui  d'exteniîon  par  le  moyen  de  quatre 
mufcles ,  qui  l|3nt  le  droit ,  le  vaftc  interne  ,  le 
vafte  externe  ,  8c  le  crural  :  le  fécond  ,  celui  de 
flexion  ;  par  trois  mufcles  qui  font  le  biceps  ,  le 
demi  nerveux  ,  &  le  demi-membraneux  ;  le  troi- 
fiéme ,  celui  d'addudion  par  deux  mufcles ,  qui 


X.  &  dernière  Démonfiratlon  AnAtomlcjue.  j^  i 
font  le  coûtumier  &:  le  grêle  :  &  le  quacrie'me  , 
celui  d'abciuclion  par  deux  autres  miifcles  ,  qui 
font  \tfafcia  Uta  ,  ôc  le  poplhé  oa  jarret ier. 

Le  premier  des  extenfeurseft  le  droit,ainiI  nom-     t^i    - 

,     ^  .1  r  j      •        j         •      r  Le  droit 

me  5  parce  qii  il  a  une  ngure  droite  depuis  ion 

commencement  jufqu'à  fa  hn^îl  prend  Ton  origi- 
ne de  la  partie  antérieure  &  inférieure  de  l'os  des 
iies,&  defcendant  par  le  devant  de  la  cuifTcjil  en- 
velope  par  Ton  tendon  commun  avec  les  trois  fuî- 
vans  ,  toute  la  rotule  ,  &  va  s'inférer  à  la  partie 
fupericure  &c  antérieure  du  tibia. 

Le  fécond  eft  le  vafte  interne,  ainll  apellé,parce  ^ 
qu'il  fait  cette  grolîe  malle  de  chair  lituée  au  de-fnt^jQ^Î* 
dans  de  la  cuilfej  il  prend  fon  origine  de  la  partie 
interne  &fuperieure  du  femur,un  peu  au  dellous 
du  petit  trocanter  ,  &  va  s'inférer  par  un  tendon 
large  &c  commun  avec  le  précèdent ,  à  la  partie 
fuperieure  &  antérieure  àa  tibia. 

Le  troifiéme  eft  le  vafte  extemCjainfî  nommé     Le  vafte 
parce  qu'il  eft  fitué  au  dehors  de  la  cuilfeàl  prend  externe. 
fon  origine  de  la  partie  fuperieure  &  antérieure 
du  fémur ,  &  va  s'inférer  avec  les  précedens. 

Le  quatrième  eft  le  cruraljc'eft  cette  chair  qui  8 
eft  attachée  à  l'os  de  la  cuiifejComme  le  brachial  ^  """^^  ' 
l'eftà  l'os  du  brasril  prend  fon  origine  de  la  par- 
tie antérieure  &  fuperieure  du  ftmar  ,  entre  les 
deux  trocanters  &  revêtant  tout  l'os  de  la  culife, 
il  va  s'inférer  avec  les  trois  précedensjfi  bien  que 
ces  quatre  mufcles  occupent  le  devant  de  la  cuif- 
f e  ,  &  ne  faifant  enfemble  qu'un  tendon  fort  lar- 
ge ,  qui  enveloppe  la  rotule  ,  &  qui  fcrt  de  liga- 
ment au  genoiiil  ,  ils  vont  s'atacher  au  haut  du 
gros  os  de  la  jambe  ,  qu'ils  étendent  en  la  tirant 
en  devant. 

Le  premier  des  flcchifleurs  eft  le  bicepj  »  ainlî       9 
^  '^  Le  biceps 


s 9^  ^^^  Extrémité^  Juperîeuref, 

nommé  ,  parce  qu'il  a  deux  teees  ;  il  prend  fon 
origine  par  une.'de  Tes  têtes ,  qui  eft  la  plus  lon- 
gue de  la  partie  inférieure  de  Téminence  de  l'if- 
chion ,  &  par  l'autre  de  la  partie  extérieure  Se 
moyenne  du  fémur,  lefquelles  ic  joignans  enfem- 
ble  ne  font  qu'un  mufcle  ;  qui  fe  va  inférer  à  la 
partie  fuperieure  &  pofterieure  de  l'épiphife  fupe- 
rieure  du  péroné. 

Le  fécond  efl  le  demi-nerveux  y  ^\r\Ç\  nommé. 
Le  demi- parce  qu'il  n'eft  pas  tout-à-fait  charnu,  &  que 
neitcux.     ç^  fubffcance  tient  de  la  nature  du  nerf  :  Il  prend 
fon  origine    de   l'éminence  de  l'ifchion  ,  &  va 
s'infcrer  à  la  partie  fuperieure  &c  pofterieure  du 
t'ibïa. 
j^  Letroidéme  eft  le  demi- membraneux, ^infi  nom- 

Lcdemi-  mé ,  parce  qu'il  tient  en  quelque  façon  de  la  na- 
pTcmora-  ^^^^.^  j^^  membraneu>::ll  prend  fon  origine  de  Té- 
niinence  de  l'ifchion  ,  Ôc  va  s'inférer  à  la  partie 
pofterieure  de  l'épiphife  fuperieure  du  tibia  :  Ces 
trois  mufcles  font  fîtuez  dans  le  derrière  de  la 
cui(re,&  en  agiftant  ils  font  fléchir  la  jambe  qu'ils 
tirent  en  arrière. 
jj  Le  premier  des  abdu6lcurs  eft  le  long  ,  ainfi 

Le  long,  nommé  ,  parce  qu'il  eft  le  plus  long  raulcle  qui 
foit  au  corps  ;  où  le  couturier  ,  à  caufe  que  c'eft 
lui  qui  fait  ployer  la  jambe  en  dedans  ,  de  la 
manière  que  font  les  Couturiers  pour  travailler. 
Il  prend  fon  origine  de  l'épine  fuperieure  &  an- 
térieure de  l'os  des  îles  ,  &  va  s'inférer  oblique- 
ment à  la  partie  interne  (Se  fuperieure  du  tibia, 
qu'il  tire  en  dedans. 
15  Le  fécond   eft  le  grefle  ,  ainfi   nommé  ,  parce 

Le  gccfle.  q^.ji  ç^  f^j^j.  j^ejj^^.j[  prend  fon  origine  de  la  par- 
tie antérieure  &  inférieure  de  l'os  pubis  ,  &  va 
Vinferer  en  defcendant  par  le  dedans  de  la  cuiiTe 

à 


14 


X,  &  àernUre  Dêmonflratlon  Amttomlcjue.  y  9  5 
à  la  partie  fupeneure  incerne  de  l'os  de  la  jambe: 
Ces  deux  mufcles  font  l'abdii6tion  de  la  jambe  en 
la  menant  en  dedans. 

Le  premier  des  abducteurs  efl  le  membraneux  A 
ou  faicia,  lata  ,  ainfi  apellc  ,  parce  qu'il  efl  fait  /<*r<» 
comme  une  bande  large  qui  envelope  les  mufcles 
de  la  cuilTe.ll  prend  fon  origine  de  la  partie  exter- 
ne &  latérale  de  la  lèvre  de  l'os  des  îles,&  va  s'in- 
férer par  une  membrane  fort  large  à  la  partie  fu- 
perieure  &  externe  du  peronéj<Sc  il  defcend  quel- 
quefois jufques  deiïus  le  pied. 

Le  fécond  eft  le  poplité  ou  jarntler,amCi  iç 
nommé  ,  parce  qu'il  eft  placé  fous  le  jarret.  Il  ^^^^^^  ^'^' 
prend  fon  origine  du  condile  externe  &c  infé- 
rieur du  fémur  ,  &c  va  s'inférer  obliquement 
de  dehors  en  dedans  à  la  partie  fuperieure  &  in- 
térieure du  tibia  :  Ce  mufcle  eft  de  figure 
quarrée  ,  ÔC  conjointement  avec  le  membraneux, 
il  fait  l'abdudion  de  la  jambe ,  en  la  cirant  en 
dehors. 

Le  pied  n'a  que  deux  mouvemens  principaux  ;  ^^^p>^<^  * 
pourleiquels  lia  neut  mulcles  :  il  lait  celui  de  des. 
flexion  par  le  moyen  de  deux  mufcles  ,  qui  font 
le  jambier  &  le  peronier  antérieur  :  Il  fait  celui 
d'cxtenfion  par  le  moyen  de  fepc  mufcles ,  qui 
font  les  deux  gémeaux  ,  le  folaire  ,  le  plantaire, 
le  jambier  pofterieur ,  &  les  deux  peronierspofte- 
rieurs. 

Le  premier  des  fléchifteurs  eft  le  jambier  ante-  Lc^iam- 
rîeur ,  ainfi  nommé  ,  parce  qu'il  eft  placé  le  long  bierancc- 
du  principal  os  de  la  jambe  ;  ce  qui  le  fait  apeU 
,1er  par  quelques-uns  tibial.  Il  prend  fon  origine 
de  la  partie  antérieure  ôc  fuperieure  du  tibiaj& 
va  s'inférer  par  deux  tendons,  qui  paftent  fous  le 
ligament  annulaire ,  donc  l'un  s'attache  au  pre- 

pp 


rieur. 


17 
Lt  pero- 
rier  ance 
iicui;. 


iS  iS 
Les  RC- 
ir.caux. 


,  Ï9 
Le  folai- 
tt. 


te  plan- 
caiie. 


594  Des  Extrémitezfuperieures, 

roier  os  cuneiformCj&  i'aucre  à  l'os  du  metatarfe 

qui  foutient  le  pouce. 

Le  (econd  ell  le  peronîer  antérieur  ,  ainfi  ap- 
pelle 5  parce  qu'il  accompagne  le  peric  os  de  la 
jambe,  que  l'on  nomme  péroné:  Il  prend  fon 
origine  de  la  partie  excerne  &  moyenne  du  pé- 
roné ,  <5c  pairànt  par  la  fence  qui  cft  fous  la  mal- 
léole exteriture,  va  s'inférer  par  devant  à  Tos 
du  meratarfe  qui  roùtient  le  petit  doigt  ^  Ces 
deux  mufclcs  tirant  le  pied  en  devant  le  font 
fléchir. 

Le  premier  &  le  fécond  des  cxtenfeurs  font  les 
deux  gémeaux ,  ainfi  appeliez  ,  parce  qu'ils  font 
femblables  en  tout,&  placez  à  côté  l'un  de  l'autre. 
Ils  prennent  leur  origine  de  la  partie  pofterieure 
des  deux  condiles  inférieurs  de  l'os  de  la  cuiire,&: 
fe  vont  inférer  par  un  tendon  commun  avec  les 
deux  fuivans  à  la  partie  pofterieure  &  fupericure 
de  l'os  du  talon  ;  ce  font  ces  mufcles  avec  le  fui- 
vant  qui  forment  cette  grolTcur  ,  que  Ton  apelle 
le  gras  de  la  jambe. 

Le  tioifîéme  eft  le  folâtre  ^^InG  apcllé,parce  qu'il 
reiremble  à  un  fole^il  eft  placé  fous  les  gémeaux, 
ôc  prend  ion  origine  de  la  partie  pofterieure  &c 
fupcrieure  tant  du  tibia  que  du  péroné  ,  &  con- 
fondant fon  tendon  avec  celui  des  gémeaux  ,  il 
va  s'inférer  à  l'os  du  talon. 

Le  quatrième  eft  \e  plantaire, alnfi  nomm.é,par- 
ce  qu'on  veut  que  l'extrémité  de  fon  tendon  s'aille 
perdre  dans  la  plante  du  pied.Il  eft  petit  &  caché 
encre  les  gémeaux  &  le  folaire:ll  prend  fon  origi- 
re  du  condile  externe  de  l'os  de  la  cuift'e,&  con- 
fondant fon  tendon  qui  eft  fort  grefle,avec  celui 
des  trois  précedens,va  s'inférer  au  même  endroit, 
l'on  appelle  cette   corde  le  tendon  d'Achilles , 


X.  &  dernière  Dêmonftration  Anatom.  ^^j 
parce  que  l'on  dit  qu'il  mourut  d'une  bleflure 
qu'il  y  avoic  reçue.  Les  playes  de  cette  partie 
font  fore  dangereufes  ,  &  caufent  de  fâcheux  ac- 
cidcns. 

Le  cinquième  efl  le  jambier  pofterieurjil  prend       ^^ 
fon  origine  de  la  partie  pofterieure  de  l'os  de  la  bicr  pode- 
iambe  ,  &  s'étendanc  le  long  d'icelui ,  &  palfant  f'cur. 
par  la  fente  qui  eft  à  la  malléole  interne,il  va  s'in- 
férer à  la  partie  interne  de  l'os  fcaphoide. 

r        r   •!         o    r      •'        r        I  •  Les  pero- 

Les  Iixieme  &  (eptieme  iont  les  peroniers  po-  mers  t'of- 

fterieurs,nommez  le  lotjg  &c  le  court  ;  dont  le  pre-  ic"turs. 
mier  prend  fon  origine  de  la  partie  fuperieure  &c 
quafi  antérieure  du  péroné  ,  &  va  s'inférer  à  la 
partie  fuperieure  &  aucunement  extérieure  de  l'os 
du  metatarfe  qui   foûtienc  le   pouce  j  &   le  fé- 
cond prend  fon  origine  de  la  partie  plus  infé- 
rieure du  même  péroné  ,  &  va  s'inférer  à  l'os  du 
metatarfe  qui  foûtient  le  petit  doigt  j  lorfque  ces 
fept  mufcles  agiiFent  ,  ils  tirent  le  pied  en  arrière 
&  ainfi  ils  en  font  faire  l'extenfion.  Il  ne  faut  pas 
vous  étonner  s'il  y  a  fept  extenfeurs  contre  deux 
fléchllfeurs  ;  c'eft  en  quoi  la  mécanique   du  pied 
eft  admirable  ,  parce  que  ce  grand  nombre  des 
mufcles  qui  tirent  le  pied  en  arrière,  &c  qui  em- 
pêchent que  l'homme  ne  tombe  en  devant  ,  étoic 
necelfaire  pour  contre-balancer  le  contre  de  pç- 
fanteur  qui  fe  jette  en  avant  lors  qu'il  marche  , 
&  deux  fuffifoicnt  pour  faire  la  flexion  du  pied, 
qui  naturellement  ne  fe  fléchi:  que  trop  en  mar- 
chant. 

Le  pied  ,  outre  la    flexion  ôc  l'extenfion  ,  fait  .^,'  •  ^"^^ 
encore  les  mouvemens  d'adduâiion  de  d'abduc-  fi  s'.^'pro- 
tion  ;  mais  il  n'a  point  de  mufcles  particuliers  f^.^-  '''" 
pour  les  taire  :  Quand  un  extenleur  &  un  fle- 
cliilfeur  du  même  côté  agiflent  comme  les  jam- 

pp  ij 


J9^  Des  Extrémités,  inférieures  3 

bicrs  antérieur  &c  poftsiieur  ,  le  pied  fe  porrc  en 
dedans  j  &  c'efl:   l'adduâ:ion  ;  &   quand   ce  font 
deux  peronicrs  ,  le  pied  rejette  en  dehors,<3c  c'eft 
l'abduétion. 
Les  or-         Les  orteils  ,  qui  font  les  doigts   du  pied,  font 
\^.nc,°"'      leurs  mouvemensà  la  faveur  de  vingt-deux  muf- 
«icux  mui    clés,  dont  il  y  en  a  leize  communs,qui  font  deux 
'  "*  extenfcurs,  deux  fléchUreurs  ,  &  huit  interoilèux 

&  lîx  propres ,  dont  quatre  font  pour  le  poûcejun 
pour  le  fécond  doigt ,  &  le  fixiéme  pour  le  petic 
doigt. 
ti  Le    premier  des   extcnfeurs  eft  apellé  exteti^ 

feiir^con-'-  P^''^  commun  ,  parce  qu'il  étend  quatre  doigts.   Il 
inuD,  prend  fon  origine  de  la  partie  fuperieure  &  anté- 

rieure du  tibia,à  l'endroit  où  il  fe  joint  au  péroné, 
puis  defceniant  le  long  du  péroné  ,  fe  divifant  en 
quatre  tendons,  &  palfant  fous  le  ligament  annu- 
laire.va  s'infercr  aux  quatre  articulations  des  qua- 
tre orteils  qu'il  étend. 
15  Le  fécond  eft  le  pedleux  ,  ainfi  nommé  ,  parce 

LcpcuicuT  qy^j[  ^.Q.  placé  fur  le  pied.  Il  prend  fon  origine  de 
la  partie  inférieure  du  peroné,&  du  ligament  an- 
nulaire ,  &c  fe  divife  en  quatre  tendons  qui  s'infe- 
reni  à  la  partie  externe  de  la  première  articulation 
des  quatre  orteils  :  Ces  deux  mufcles  agilîant  en- 
femble  leur  font  faire  i'extenfion, 

T  ^*  , ,.        Le  premier  des  fléchifleurs  eft  le  fuhlime y  ainfi 

Le  iiibli-  r^  .-1/11  •  1    • 

me.  nomme  ,  parce  qu  il  eft  plus  extérieur  que   celui 

qui  fuir. Il  prend  fon  origine  de  la  partie  inférieu- 
re &  interne  de  l'os  du  talon:  il  fe  divife  en  qua- 
tre rendons  troiiez  qui  vont  s'inférer  à  la  partie  fu- 
perieure des  os  de  la  première  phalange  des  quatre 
orteils  pour  les  flcchiriCe  mufcle  eft  placé  fous 
la  plante  du  pied, 
Lc^pro.      ^^  fécond  eft  le  profond ,  ainû  apellé  ,  parce 


X.  &  dernière  Demonfiratîon  Anatom,  597 
qu'il  palfe  plus  profondément  que  le  procèdent. 
Il  prend  Çovi  origine  de  la  partie  fuperieure  & 
poderieure  du  tibia  &  du  péroné  ,  &  porté  fous 
la  malléole  interne  par  la  finuofité  du  calcaneum 
fait  quatre  tendons ,  qui  palfant  par  les  trous  des 
tendons  du  fublime  vont  s'infercr  aux  os  de  la 
dernière  phalange  des  doigts  :  Ces  mufcles  agif- 
fanr  enfemblc  fléchiirent  les  quatre  plus  petits 
doigts  du  pied. 

Les  cinquième,  fixiéme  ,  TeptiémeiSc  huitième  n,:^!'^!.* 
mufcles  communs  font  les  quatre  lumbricauXjain- 
(i  nommez  à  caufc  qu'ils  rellemblent  à  des  vers 
de  terre  :  Ils  prennent  leur  origine  des  tendons  da 
profond,&  d'une  malfedc  chair  qui  eft  à  la  plan- 
te du  pied  ,  &  s'unilTant  par  leurs  tendons  avec 
ceux  des  interoffeux  internes  ,  vont  s'inférer  à  la 
partie  latérale  ôc  interne  des  premiers  os  des  qua* 
tre  orteils. 

Les  neufs,  dix  ,  onze,  douzième  mufcles  font  te?  in- 
fcs  interolleux  internesjce  font  ceux  qui  remplif-  !^"  "^'^^ 
fent  les  quatre  efpaces  internes  qui  font  entre  les 
cinq  os  du  metatarfe  :  Ils  prennent  leur  origine 
des  os  du  tarfe ,  &  des  intervalles  des  os  du  meta- 
tarfe ,  ôc  fe  vont  inférer  avec  les  lambricaux  à  la 
partie  fuperieure  &  interne  des  os  de  la  première 
articulation  des  quatre  doigts  qu'ils  amènent  vers 
le  pouce. 

Les  treize  ,  quatorze,  quinze  &  fciziéme  muf-    Lr<;întcr- 

cles  font    les  interoireux  externes  :  Ils  prennent    "  "^^  '^^^ 
1  •    •        j       1  •     r         •  j         •  cernes. 

leur  oiigmc  de  la  partie  liipeneure  des  inter- 
valles des  os  du  metatarfe,  &  fe  vont  inférer  à  la 
partie  latérale  &  interne  des  premiers  os  des 
doigts  qu'ils  éloignent ,  en  leur  fâifanc  faire  l'ab- 
du  dtion. 

Le  pouce  ou  le  gros  orteil  fait  fes  mouvcmens     Le  gros 

1,         ...  os. 


59^  Des  Extrêmitez.  fuperteures  i 

tctl  a  nir-  particuliers ,  qui   font  de  flexion  ,  d'cxtcnfion  • 
trcmulcks  S,    jj     o-        o    j^  i  j    rt»  i  t 

d  adduction  oc  d  abduction,  par  le  moyen  de  qua- 
tre mufcles  qui  lui  font  propres. 

_  ^9  Le  premier  eft  fon  fléchiflèur  propre  :  Il  prend 

Le  fie-     ^         f  .      j   ,  .        A    •         o  r        •        .j 

clmrc-ur      JO'"*  origme  de  la  partie  poltericure  &  luperieure  da 

propre.       péroné  ,  &  s'avançant  par  la  malléole  interne  à  la 
plante  du  pied  ,  va  s'inférer  à  l'os  de  la  dernière 
phalange  du  pouce  qu'il  fléchit. 
17  Le  fécond  eft  fon  extenfeur  proprc:Il  prend  fon 

L  cxten-  origine  de  la  partie  antérieure  &  fuperieurcdu  pé- 
pie. ioné,entre  le  tibia  &  le  péroné,  &  fe  traînant  par 
dclTus  le  pied  ,  va  s'inférer  à  la  partie  fuperieurc 
^u  premier  os  du  pouce  pour  l'étendre. 

-   *^  Le  troifléme  eft  le  tenar  ou  abduBenr  :  Il  prend 

Le  tcnar.  ^  .    .         .,  .,  \      o       •  j 

ion  origine  de  la  partie  latérale  ex    interne  de 

i'os  du  talon ,  des  os  fcaphoides  5c  innorainez  , 
&  couché  extérieurement  fur  l'os  du  metatarfc 
qui  eft  fous  le  gros  orteil ,  va  s'inférer  à  la  partie 
fuperieure  du  deuxième  os  du  poûce^qu'il  amène 
en  dedans. 
,  19.  Le  quatrième  eft  l'antl-tenar  ou  abduEleur  :  Il 

diui'te-  p^gj^^  Çq^  origine  de  l'os  du  metatarfe  ,  qui  fou-» 
tient  le  petit  orteil  j  ScpalTant  obliquement  furies 
autres  os  ,  va  s'inférer  par  un  fort  tendon  à  la  par- 
tic  interne  du  premier  os  du  pouce  ,  qu'il  tire  eu 
dehors  vers  les  autres  orteils, 
îo  Le  cinquième  des  propres  &  l'abdudteur  de 

Latduc  l'jn<;jice  ,  eft  un  mufcle  particulier  pour  l'orteil, 
reui  ce  '  r  r 

l'inacs.       qui  tient  la  place  du  doigt  indice:  Il  prend  ion 

origine  delà  partie  interne  du  premier  os  du  pou- 
ce, &  s'infère  aux  rangées  du  fécond  orteil ,  qu'il 
mené  vers  le  pouce. 
?^  Le  fixiéme  &   dernier  des    mufcles  propres, 

rar  ouai-  auflî  bien  que  ceux  de  tout  le  corps  eft  l'hypo- 
duiuur      tenar  ou  abdu(fteur  j  il  eft  particuHer  pour  le  petit 


aar. 


X,  &  dernière  Vémonjiratîon  Anatcmlque,  J99 
orteil ,  &  prend  fou  origine  dr  la  partie  externe 
de  l'os  du  metatarfe  ,  qui  foûtienc  le  petit  orteil, 
&  va  s'inférer  à  la  partie  fupcrieure  &  externe  des 
os  du  petit  orteil  qu'il  éloigne  des  autres. 

Si  vous  examinez  bien  la  ftru6lure  du  pied  ,  La  ftruc- 
vous  connoîtrez  que  l'homme  ne  pouvoir  avoir  ^^}\  <Ju 
un  mltrumenc  plus  commode  pour  marcher  ,  oC 
pour  fe  tenir  droit ,  ni  qui  fût  plus  convenable 
à  toutes  inégalitez  fur  lefquelles  il  falloic  qu'il 
marchât,cette  cavité  qui  eft  au  milieu  de  la  plan- 
te du  pied  fait  qu'il  fe  tient  ferme  aufîi-bien  en 
marchant  qu'en  demeurant  debout.  La  flexion 
du  pied  fait  qu'il  monte  aifément  les  montag- 
nes ,  &  l'exteniîon  fait  qu'il  defcend  ;  l'un  & 
l'autre  s'accommodans  à  la  difpolîtion  du  ter- 
rain. 

Je  vous  ai  démontré  cous  les  mufcles,&:  comme  ,  Denom- 

ce  font  les  parties  que  les  Chirurgiens  doivent  le  dcsmaf- 

mieux  connoîtrcjje  vais  vous  en  faire  le  dénom-  j^'cj  (don 

I  brement  dans  la  Table  fuivance  :  elle  foulagera  cicns. 

beaucoup  la  mémoire  des  jeûnes  gens  qui  s'apli- 

quent  à  la  Chirurgie  ;  &  leur  donnera  moyen  de     ^"  ^° 
^        .    1  1      ^        1        A  compte 

retenir  le  nombre  que  les  Auteurs  en  comptent  414. 

ordinairement.  En  voici  le  calcul. 

Du  front ,                    X  Dularinx,  14 

De  l'occiput,               2  Du  pharinx  ,  7 

Des  paupières,             6  De  l'os  hyoide,  10 

Des  yeux,  \%  De  la  mâchoire  infer.  1  z 

Du  nez,                       7  De  la  tête  ,  14 

Des  oreilles  externes,  8  Du  cou  ,  G 

Des  oreilles  internes,  4  Des  omoplates ,  8 

Des  lèvres,                15  Des  bras ,  18 

De  la  langue  ,              8  Des  coudes ,  \  S 

De  la  luette ,                4  Des  rayons ,  % 

P  p    iiij 


6oo  Des  Extrémltez.  fuperteuref. 

Des  carpes,  ,i  De  la  verge  , 

Des  doigts,  48  De  l'anus. 

De  la  rerpiratîon  ,  jy  DescullFes, 

Des  lombes,  6  Des  jambes, 

DeTabdomen,  10  Des  pieds , 

Des  teflicules,  i  Des  orteils , 

De  la  veflie  ,  j  - 


4 

z 

30 
22 
iS 

44 


Total  434. 

^^rl^""      ^'"'  ^^  ^^"^'^^  ^"  mufcles  on  a  dit  que  ~ 
comp-        iTiodcrnes  en  comptoient  cinq  cens  vinat-neuf , 
IrTcîe^s'^'  '^^^^,^"^f^^-v^*"gf-quinze  qu'ils  en  admettent  plus 
'  »'^"-     que  les  Anciens^  Ce  qui  vient  de  ce  que  les  muf- 
cles que  l'on  a  cru  /implesjfont  compofez  de  plu- 
iieurs  autres  ;  comme  ,  le  deltoïde  de  douze  ,  &c. 
Amfi  les  Auteurs  ne  s'acordent  pas  fur  un  nom- 
bre certain  ;  ceux  qui  l'augmentent  d'un  mufcle 
leul ,  ils  en  font  plufieurs ,  &   ceux  qui  le  dimi- 
nuent de  plufieurs  n'en  font  qu'un.   Je  confeille- 
rois  pourtant  de  s'en  tenir  à  celui  qui  eft  marqué 
dans  les  deux  colomnes  que  nous  en  avons  faites. 
Si  ce  n'eft  pas  le  plus  parfait,  c'eft  au  moins  le 
II  rcftc    ^      univerfellement  reçu, 
encore  à         ^^^  ^^ ois  parties  que  j'ai  entrepris  de  vous  faire 
l'AnïoIo  .^"^[''^^"s  "«e  Anatomie  ,  qui  font  la  Solancno- 
gic.  Jf  g'Ç ,  &  la  Miologie ,  &  l'Angîologie,la  Démon- 

Itrationque  je  vous  ai  faite  de  tous  les   vifceres 
contenus  dans  les  trois  ventres ,  vous  a  fufEfam- 
irient  inftruits  de  la  première  partie:  je  viens  d'a- 
chever la  féconde  par    l'examen  des  mufcles  de 
rexrrémité  inférieure  ;'  il  s'agit  à  prefent  de  finir 
la  troifiéme,  en  vous  montrant  les  vaifTeaux  qui 
Pf $  aé.      5.'^"*^°"f*'ent  «îans  cette  même  extrémité. 
n6al  tcz^"     ^'°"s  devez  vous  être  aperçus  que  tout  le  tems 
fcaui.^''^*  "^f  "°^  Démonftrations  a  été  également  rempli  ; 
c'clt  pourquoi  je  ne  vous  ai  encore  rien  dit  des  gé- 


X,  &  dernière  Démonfratton  Anatom,  60 1 
néralitez  des  vailTeaux ,  &  j'ai  différé  à  vous  en 
parler  jufqu'aujourd'Iiui ,  afin  que  cette  Démon-» 
ftration  ,  quoique  la  dernière,  ne  fût  pas  la  moin- 
dre, &  qu'elle  renfermât,  aufîi-bien  que  les  au- 
tres des  paruicularitez  dignes  d'être  vues  &c  enten- 
dues. Il  ne  me  refte  donc  plus  qu'à  vous  montrer 
les  nerfsjles  artères  &  les  vénes  de  l'extrémité  in- 
ferieurejc'eft  ce  que  je  vais  faire,aprés  vous  avoir 
dit  en  peu  de  mots  ce  qu'il  faut  obferver  en  gé- 
néral fur  chacun  de  ces  vailTeaux. 

Les  nerfs  font  les  organes  du  fentîment ,  font  .  néfîni- 
des  corps  longs  ,  ronds  &  blancs ,  envelopez  de  n«f$," 
deux  membranes  faites  de  la  dure  &:  de  la  premiè- 
re ,  &  compofez  de  plufieurs  fibres  qui  viennent 
toutes  àQS  çlandes  de  la  fubftance  corticale  da 
cerveau  &  du  cervelet ,  &  qui  étant  unies  en- 
fcmble  font  la  moelle  allongée  dans  le  cerveau  & 
la  moelle  de  l'épine  dans  les  vertèbres. 

Pour  connoître  parfaitement  la  ftrudure  des  â^zi^^l^'^ 
nerfsjil  faut  y  confiderer  trois  chofcs.  Première- 
ment la  moelle  ,  ou  la  fubftance  intérieure  ,  qui 
s'étend  en  forme  de  filets  depuis  le  corps  corti- 
cal &  le  cervelet  jufqu'aux  extrémitcz  des  mem- 
bres. Secondement ,  les  membranes  qui  envi- 
ronnent les  petits  filets  ,  &  compofent  les  tuyaux 
dans  lefquels  ces  petits  filets  font  enfermez.  Et 
en  rroifiéme  lieu  ,  les  efprits  animaux  ,  qui  étant 
poitez  par  les  mêmes  tuyaux  dépuis  le  cervelet  & 
la  moelle  de  l'épine  jufqu'aux  mufcles,  font  que 
les  filets  rendus  ne  peuvent  être  touchez, fans  que 
les  mou  vemens  qu'ils  en  reçoivent  ne  foîent  trantt 
mis  au  cerveau  j  ce  qui  fait  ce  que  nous  apellons 
fenrimenr. 

Ce  Phénomène  s'éclaircira  mieux  par  la  corn-  s'iU  y  a°dc$ 
paraifon  fuivante  ;  Nos  yeux  ne  nous  font  point  favitez 

-  '  *  dans  les 

nerfs» 


6oi  Des  Kxtrêmttez.  Juperîeures, 

découvrir  de  cavicé  dans  les  nerfs  j  comme  dans 
les  artères  &  dans   les    vénes  néanmoins  il  eft: 
certain  qu'il  y  en  a  ;  car  de  même  que   dans  le 
tronc  d'un  arbre  nous  ne  voyons  point  de  con- 
duits aparens  par  où   cette  liqueur  ,  qu'on  ap- 
pelle la  lèvre  ,  foit    portée  de  la  racine  de  l'arbre 
jufqu'au  plus  haut  de  fes  branches  ,  les  fibres  li- 
gneufes;  que  l'écorce  entoure  fervans  de  canaux 
à  cette  fève  pour  la  diftribuer  dans  tout   le  corps 
de  l'arbre  ;  il  faut  concevoir  que  la  même  choie 
fe  paiïe  dans  les  nerfs  :  ils  ne  font  pas  feulement 
compofez  de  plufieurs  petits  filets  ,  qui  prenans 
leur  origine  du  cerveau  ,  vont  fans  interruption 
jufqu'aux  mufcles  les  plus  éloignez  :  ils  font  aufli 
cnvelopez  de  membranes ,  qui  font  le  m.ême  offi- 
ce que  l'écorce  fait  à  l'arbre  },de  plus  ces  petits 
filets  fe   trouvans   renfermez  dans   des   tuyaux 
pleins  d'efprits  &  de  fuc  animal ,  qu'ils  conduis 
fent  dans  le  corps  des  mufcles ,  y  caufent  l'en- 
flure &  la  contradion  ,  parce  que  ces  efprits  & 
ce  fuc  animal  ne  manquent  pas  de   fe  faire  pat- 
fage  ;   y  étant  déterminez  par  l'impulfîon  qui  fe 
fait  dans   le  cerveau  fur   l'extrémité  de  ces  fii- 
lets. 
moëUc  *de      Quant  à  la  moelle  de  l'épine  ,  elle  commence 
l*é|>iac.       à  la  fortie  du  crâne  ,  &  finit  à  l'extrémité  de  l'os 
facrum  :  Elle   eft  dans  tout    le   chemin  qu'elle 
fait  ,  défendue  par  toutes  les  vertèbres  ,  qui  lui 
donnent  paflage  par  une  cavité  qu'elles  ont  dans 
leur  partie    moyenne  ,  toutefois  il  ne  faut  pas 
vous  imaginer  que  cette  moelle  ait  dans  toute  fa 
longueur  la  même  grolFcur   qu'elle  a  en  fortanc 
du  crâne  j  car  elle  diminue'  non  feulement  à  me- 
furc  qu'elle  jj'eii  éloigne  ,  mais  aufli  à  mefure 


X.  &  dernière  Vémonfiratton  Anatom»  Cc>f 
qu'elle  diftribuë  les  nerfs  qui  en  forcent  à  droi- 
te &  à  gauche,depuis  fon  commencement  jufqu'à 
la  fin. 

Ceux  qui  ont  comparé  la  moelle  de  l'cpine  à    La  mocN 
une  queue  de  cheval,difent  qu'elle  eft  un  faifTeau  n^  rcÀJiîj' 
compofé  d'une  infinité  de  filets  qui  fe  continuent  blc  à  une 
dans  route  fa  longueur  j  de  même  que  la  queue  ^jJJL"^  *^* 
eft  un  failTeau  de  plufîeurs  crins   continus  d'ua 
bout  à  l'autre  ;  Et  comme  la  queue  n'eft  pas  fî 
grofle  vers  fa  fin  que  dans  fon   commencement , 
parce  que  tous  les  crins  ne  vont  pas  jufqu'au  bou£$r 
aulli  la  moelle  de  l'épine  diminue  à  mefure  qu'une  . 
partie  des  filets  qui  la  compofent  s'échapent,n'al- 
lant  pas  tous  jufqu'àfon  extrémité  ,  comme  vous 
le  pourrez  voir  fi  vous  tirez  une  mj^dulle  fpinale 
des  vertèbres ,  &  que  vous  la  fecouiez  un  peu  : 
Vous  conviendrez  alors   qu'elle  relTemble   alTez 
bien  à  la  queue  d'un  cheval. 

Des  trente  paires  de  nerfs  qui  forment  la  moelle    T'<^nt* 
i    u  I    •        9         '        r  1  •/■         paires  de 

de  repmCjOC  qui  en lortent  parles  trous  qui  lonc  nerfs  qui 

entre  chaque  vertèbre  ,  nous  avons  vu  lesfept  du  «ûforicnc 

cou  ;  il  nous  faut  à  prefent  voir  ceux  du  dos ,  des 

lombes ,  &  de  l'os  facrum. 

Les  douze  paires  de  nerfs  qui  fortent  des  ver-  L,-^°"l* 

tebres  du  dos  lont  les  plus  petites  de  toutes  ;  aum  nerfs  for- 

ne  font-elles  pas  un  grand  chemin  ;  car  elles  ne  ^«"f  P^r'^* 

rr  I       •  c  J     1         •     •  m      vertèbres 

palient  pas  la  circonrerence  de  la  poitrine  :  Elles  du  dos. 

fe  dîvifent  chacime  en  deux  rameaux  ,  Tan  grand 
qui  eft  celui  de  devant ,  &  l'autre  petit ,  qui  eft 
celui  de  derrière.  Ceux  de  devant  fe  diftribucnt 
dans  chaque  efpace  intercoftal  aux  mufcles  inter- 
coftaux  externes,  &  internes,&  donnent  auiîî  des 
rameaux  aux  mufcles  de  la  poitrine  ,  <Sc  aux  obli- 
ques defcendans  de  l'abdomen.  Ceux  de  der- 
rière fe  recourbent ,  &  vont  fe  perdre  dans  les 


^04  Des  Extrémités  Juperleurejy 

TOufcles  qui  font  adheians  aux  vertèbres  &  dans 
ceux  du  dos. 
Cînqpai.      l^s  cinq   paires  qui  fortent  des  lombes  font 
les  des       plus  groUes  que  les  précédentes;  elles  le  divitent 
lombes,      aufli  chacune  aux  deux  rameaux  ,  l'un  antérieur, 
&  l'autre  pofterieurjlefqoels  fe  diftribuent  en  par- 
tie dans  les  mufcles  des  lombes ,  &  de  l'hypoga- 
ftre  ,  &  en  parrie  dans  ceux  de  la  cuifle  j  Voici  à 
peu  prés  leur  dillribution. 
Les  prc-       La  première  paire  des  nerfs  des  lombes  donne 
tnicr.s  iesun  rameau  qui  va  fe  perdre  dans  le  diaphragme  , 
&-  refte  dans  les  mufcles  des  lombes  &  de  l'abdo- 
men. 
Lafccon-      La  féconde   donne  un  rameau  aux  vailTcaux 
^'  fpermatiques  ;  &  le  furplus  ,  qui  eft  la  plus  gran- 

de partie  ,  va  aux  mufcles  de  la  cuiflTe  ,  &  de  la 
jambe. 
la  rroi-      La  troifiéme  donne  des  rameaux  qui  fe  répan- 
^^^'       dent  dans  les  mufcles  des  lombes  ,  &:  le  refte  ac- 
compagne la  faphene,  &  fe  perd  dans  les  genoux 
&C  dans  la  peau  qui  les  couvre. 
Laqu»-        La  quatrième  eft  la  pUisgroffe  de  toutes  ;  elle 
tnemc.       ^^  ^^^^   mufcles  antérieurs  de  "la  cuiiTe  &  de  la 
jambe  jufqu'au  genou. 
La  cin-        La  cinquième  paife  par  le  trou  de  l'os  des  han- 
quiéme.     ches,elle  diftribu'e  des  rameaux  à  la   vcrge,au  coii 
de  la  matrice  ,  &   la   vcflie  ,  &   le  furplus  va  fe 
perdre  dans  les  mufcles' de  la  cuiffe. 
rcsdcnafs      L'os  facrum  donne  ilTue  à  fix  paires  de  nerfs  -, 
qui  forcent  quoi  qu'il  n'ait  que  cinq  trous  de  chaque  côté  , 
crurâ*'^      nous  y  comprenons  pour  faire  le  fixiéme  ,  celle 
qui  fort  entre  lui  &  la  dernière  vertèbre  des  lom- 
bes.Souvcnez-vous  que  nous  avons  compté  pour 
la  première  paire,  celle  qui  fort  entre  l'occiput  &C 
la  première    vertèbre  j  qu'enfuite    nous   avons 


X.  &  dermere  "DémofiflratUn  AnMom.  60^ 
compté  autant  de  paires  qu'il  y  a  de  vericbres  au 
cou  ,  au  dos,&  aux  lombes,&  qu'ainfî  nous  com- 
prenons avec  l'os  facrum,celle  qui  fore  au  delTous 
de  la  dernière  veitebre  des  lombes. 

Des  fix  paires  de  l'os  facrum  ,  il  n'y  a  que  la  i[^°Q'J,*j'î' 
première  paire  qui  forte  par  la  partie  latérale;  les  cenc. 
cinq  autres  forcent  par  devant  ôc  par  derrière , 
parce  que  l'articulation  qu'il  a  par  fes  parties  la- 
térales avec  les  os  des  îles,empêche  qu'il  ne  foie 
percé  en  ces  endroits  j  en  recompenfe  il  eft  par 
devant  ôc  par  derrierejon  y  remarque  vingt  trous 
fîx  antérieurs  &  fîx  pofterieurs-,  des  uns  auili  bien 
que  des  autres  jil  y  en  a  cinq  de  chaque  côté  par 
où  fortenc  autant  de  nerfs. 

La  première  paire  de  l'os  facruth  fe  divife,com-    M  prc- 
me  celles  des  lombes  ;  en  deux  rameaux,  l'un  an-  ro"{^crum 
teneur,  &  plus  grand  qui  vient  en  devant,«S(:  l'au- 
tre pofterieur  &  plus  petit ,  qui  fe  perd  dans  les 
mufcles  voifins. 

Les  feconde,troifiéme  ôc  quatrième  paires  fe  di-    Li  Tecon- 
vifent  ciiacune  en  deux  rameaux  ,  donc  les  ante-  ^è  &  qVa* 
rieurs  &  très-gros  defcendent  dans  les  cuilTes  ôC  «icmc 
dans  les  jambes  ;  &  les  pofterieurs,  qui  font  plus 
petitSjfediftribuent  comme  les  lombaires  dans  les 
parties  pofterieures  les  plus  voiiînes. 

Les  cinquième  &c  fixiéme  paires  font  les  plus  quiémc'âc 
petites,elles  fe  divifent  comme  les  précédentes  en  U  lixiémc. 
antérieurs  &  en  pofterieures ,  qui  vont  toutes  fe 
perdre  dans  les  mufcles  de  l'anus  ,  au  cou  de  la 
vcfïie,&:  dans  les  parties  honteufes,tautde  l'hom- 
me que  de  la  femme. 

L'extrémité  de  la  moelle   de  l'épine  finit  par  pa^c™"^ 
un  nerf,  qui  fortant  par  un  trou  qui  eft  pofte-ncrhde 
ricurcment  à  la  fin  de  l'os  facrum  ,  va  fe  dirtri-   ^^^^' 


?o(?  Ties  ÉxtYemttez  fnpeneure! , 

buer  à  la  peau  qui  cft  entre  les  felTes,  &  à  l'amis, 

mais  comme  il  jette  des   rameaux  qui  vont  juf- 

qu'aux  mufcles  de  la  cuilTe  ,  &  qui  vont  à  droite 

&:  à  gauche  ,  on  en  pourroit  faire  une  partie  en 

particulier. 

Quatre        Les  plus  gros  rameaux  des  trois  paires  infe- 

*S vJli?^*  Heures  des  Ipmbes  ,  &  ceux  des  quatre  fupeiieu- 

dans  l'cx-  resde  l'os  facrum  fe  joignent  les  uns  aux  autres  en 

ferkufc!"*  dtfcendant  en  bas  ,  &  forment  les  nerfs  qui  vont 

aux  cuifl'es  ,  aux  jambes  ,  Se  aux  pieds,&  tous  en- 

femblc  font  quatre  branches  de  nerf,  dont  il  y  en 

a  deux  qui  ne  patTent  pas  les  cuifles  ,  un  qui  va 

finir  dans  la  jambe,&  la  quatrième  qui  va  jufqu^au 

%  5  La  première  branche  qui  defcend  aux  cuiOeSjeft 

•«VJ^I;   formée  de  la  troifiémc  &  quatrième  paire  des  lom- 

niicic  pal-  ,     *       .  *■  r    J*/l    * 

rc  des  cuir-  bes  ,  &  partant  proche  le  petit  trocanter,ie  diltri- 
^"'  buë  aux  mufcles  &  à  la  peau  de  la  cuiire,ô^  à  quel- 

ques-uns de  ceux  qui  font  mouvoir  la  jambe,&  fe 
prend  toute  au  dellus  du  genou. 
,    S4  La  féconde  branche  fortant  du  même  endroit 

lï  kcon-  ^jefccnd  par  les  aînés  à  la  cuilTejelle  accompagne 
^  '  la  véne  &  l'artcre  crurale,&  fe  diftribuë  aux  muf- 

cles de  devant ,  à  la  peau  de  la  cuifle ,  5c  autour 
du  genou  :  elle  jette  un  rameau  confiderable  qui 
accompagne  la  fphene  jufquà  la  malléole  interne 
où  il  fe  perd.  ,  , 

3^  La  troifiémc  branche  fort  d'entre  la  quatrième 

tattoifîé-&la  cinquième  vertèbre  des  lombes»  &  palTant 
*^-  par  le  trou  qui  eft  à  la  fin  de  l'os  pubis ,  elle  fe  . 

diftribu'd  aux  mufcles  du  haut  de  la  cuifle  ,  aux 
parties  honteufes,  &  principalement  aux  mufcles 
qui  prennent  leur  origine  de  l'os  pubis  ,  com- 
me aux  triceps  i  elle  fe  perd  dans  la  peau  des 
aînés. 


X.  &  dermere  Vémonflratîon  Anatomic^ue,  Goj 
La  quairiéme  branche,  qui  eft  la  plus  grofle  &  i6 
la  plus  longue  de  toutes  ,  eft  auffi  la  plus  dure,  ^^.^^ua- 
Elle  eft  formée  des  quatre  nerfs  fuperieurs  de  l'os 
facrum  ,  qui  joints  enfemble  font  un  ^ros  nerf  , 
que  l'on  nomme  crural,6c  qui  ayant  paiFé  proche 
l'éminence  de  l'ifchion  ,  defcend  tout  entier  au 
jarret  ,  où  il  fe  fend  en  deux  gros  rameaux  ,  donc 
l'externe  va  de  la  partie  extérieure  du  pied  aux 
mufcles  du  péroné ,  &  fe  refléchiftanc  vers  la  che- 
ville externe  ,  y  finit  \  ôc  Tinterne^qui  eft  le  plus 
grosjdefcend  le  long  de  la  jambe  aux  mufcles  du 
pied  ,  &  fe  diftribuant  à  la  malléole  interne  va  fe 
perdre  dans  la  plante  du  pied,&:  à  tous  les  doigts 
par  deux  rameaux  qu'il  leur  donne  à  chacun.Voi- 
la  tout  les  nerfs  cxpHqués. 

Vous  connoifTez  allez  les  artères  pour  fçavoîr     Dèfîni- 
que  ce  font  des  vailfeauxlongSjronds  &  creux  qui  ''°"  dat- 
ent leur  commencement  au  ventricule  gauche  du  ""* 
cœur,oLi  ils  reçoivent  le  fang  qu'ils  diftribuent  par 
toutes  les  parties  du  corps. 

Tous  les  Anciens  ont  crû  que  les  artères  né-     ^«^«e- 

*    •  ri  11.  ^^^  (ont 

toient  compolees  que  de  deux  tuniques  i  mais  les  quatrctir. 
Modernes  qui  les  ont  examfnées  de  plus  prés,  en  "*^"^«» 
ont  trouvé  quatre,  dont  la  première  eft  ner- 
vcufe  3c  déliée,  ayant  fa  fuperficîe  extérieure 
remplie  de  pluiîeurs  petits  répandus  de  tous 
cotez,  &fa  fuperficie  intérieure  .iftuë  de  petites 
artères  &  vénes  ,  dont  les  extrémicez  penetrenc 
les  autres>1liembranes.  La  féconde  eft  alandu- 
leu  fe  ôc  a^erenre  à  la  première  j  elle  eft  parfe- 
mée  d'une  infinité  de  petites  glandes  blanchâtres: 
La  troifiéme  eft  mufculeufe  ,  étant  tiftee  de  plu- 
sieurs fibres  annulaires  artangées  les  unes  à  côté 
des  autres.  La  quatrième  eft  une  tunique  trcs- 
déliée  ,  dont  les  fibres  hni  en  droite  ligue ,  cm* 


6o  8  Des  Extrémltez  ptpertettres , 

pant  les  fibres  annulaires  de  la  troifiéme  a  angles 
.ciroicsjces  fibres  font  aparentes  dans  l'aorte  pro- 
che du  cœur. 
TJ'"3fr«         Ceux  qui  nous  ont  fait  remarquer  ces  quatre 
dccesqua-  différentes  tuniques  aux  artères,  nous  difent  que 
ques.''"*     ces  petites  arterioles   portent   le  fang  necelïaire 
pour  la  nourriture  de  ces  tuniques,que  les  véna- 
les reprenentle  fuperflu  pour  le  reporter  au  cocuri 
que  les  glandules  iéparent  les  ferofitésjde  ce  même 
fana,&  enfin  que  les  petits  nerfs  verfent  dans  les 
fibres  mufculeufes  de  ces  tuniques  des  efprits  ani- 
maux ,  qui  fervent  à  entretenir  le  battement  con- 
tinuel des  artères. 
Du  batte-      Le  battement  des  artères ,  auflTi-bien  que  celui 
mcnr  des    j^  cœur,  confifte  dans  ces  deux  mouvcmcns  que 
*"'"'''      nous   avons  apellez   dlafiole  ^  fiftole  ,  kfquels- 
étant  pareils  à  ceux  du  cœur ,  fe  font  mécanique- 
ment comme  les  fiens ,  tant  par  la  ftrudure^  des 
fibres  des  arceies,quc  par  le  fang  même,qui  étant 
poufTé  avec  violence  par  la  contra6tion  des  fibres 
mufculeufes  du  cœ-urdans  l'aorte,dilate  les  fibres 
droites  &  circulaires  de  fes  tuniques  ,  qui  par  un 
mouvement  de  rclTort  fe  rcmettans  enfuite  dans 
leur  premier  état ,  continuent  à  poulTer  le  fang 
vers  les  extrémitez  des  artères  ,  à  mefure  qu'elles 
le  reçoivent  du  cœur, 
le  batte-       On  ne  peut  pas  douter  que  le  battement  des 
îîïrVs"  ;.  artères  ne  réponde  à  celui  du  cœur  ■  on  en  fera 
eciui  dû     convaincu  en  mettant  une  mam  fur  l^egion^  du 
^'^"^'        C6£ur  ,  &  tâtant  le  poulx  de  l'autre "W  la  même 
perfonne,parce  que  l'on  fentira  que  les  pulfations 
de  l'un  fe  font  en  même  tems  que  celles  de  1  au- 
tr  •  que  fi  Ton  découvre  une  artère  à  un  animal 
vivant,  &  que  l'on  y  falfe  une  ligature  ,  le  batre- 
ment  cefTera  à  cette  artère  au  delTous  de  la  liga- 
ture. 


X.  &  âern,  "Démonflratlon  An  Atomique,  Co<) 
tiire  ,  &  fe  concinuera  au  defsusj  ce  qui  fera  con- 
noicre  que  les  arreies  ne  battent  pas  par  une  ver- 
tu elallique  particulière  qu'elles  ayent  ,  mais  par 
l'impulfion  du  fang  que  le  cœur  lance  dans  leurs 
cavitez. 

\.t^  ufages  des  artères  font  Ç\  e'videns ,  qu'il  ne  Ufagcs 
faut  pas  un  grand  raifonnement  pour  les  prouver,  <^"*""c»« 
vous  voyez  qu'elles  font  autant  de  canaux  qui 
ayans  reçu  du  cœur  le  fang  ,  le  vont  porter  &  ré- 
pandre par  toute  la  machine  pour  la  faire  fubfi- 
fter  :  &  que  (ans  cet  efprit  de  vie  qu'elle  reçoit 
fans  ccfse  par  un  million  de  petites  artères  3  elle 
periroit  bien-tot. 

La  Mécanique  dont  la  nature  s'efl:   fervîe  en  fa-    La  nature 

briquant  le  cœur  6c  les  artères ,  cft  fi  belle  qu'elle  cft«^*mpo- 
'    /  1  j   I     j  y\  j       1       r  les  dans  la 

a  ete  le  modèle  de  ce  qu  il  y  a  de  plus  lurprcnant  machine 

dans  les  machines  que  l'homme  a  inventées.  La  ^*^  Mirly, 
nature  a  été  fimplement  copiée  dans  le  mouve- 
ment circulaire  du  fang  ,  par  celui  qui  a  fait  cette 
grande  machine  de  Marly  ,  avec  laquelle  il  fait 
monter  l'eau  de  la  Seine  jufques  fut  une  des  plus 
hautes  montagnes  voifines.Toutes  les  circonftan- 
ces  qui  fe  trouvent  dans  la  circulation  du  fang,fc 
rencontrent  dans  cette  machine  :  &  je  vais  vous 
les  faire  obferver  en  peu  de  mors. 

Une  grande  roue'  tourne  fans  cefle ,  parce  Preuves 
qu'elle  eft  difpofée  de  telle  manière  que  l'eau  la  ^,|^  ".'* 
frapant ,  elle  ne  peut  s'empêcher  de  tourner,  fon 
mouvement  poulie  cette  eau  dans  un  conduit ,  & 
l'oblige  par  fes  différentes  impuUions  d'aller  juf- 
qu'au  bout  non  feulement  de  ce  conduit ,  mais 
encore  de  tous  ceux  qui  y  aboutilTent  ,  &  d'en 
fortir  par  leurs  extrémitez  pour  faire  joiier  toutes 
les  fontaines  de  Verfaillcs.  Cette  roue  reprefen- 
te  le  cœur  ,  les  conduits  font  l'office  de  artères  \ 

Q.1 


6 1  o  Des  Extrémltez,  fuperieures , 

les  différentes  reprifes  qui  poulfent  l'eau,  font  le 
même  effet  que  le  diaftole  Se  le  iîftoleiles  Fontai- 
nes qui  jouent  refï'emblent  aux  mufcles  dans  lef- 
quels  le  fang  eft  verfé  :  les  décharges  de  ces  Fon- 
taines ,  qui  raportent  dans  la  Seine  l'eau  qu'elles 
ont  reçue  .  imitent  les  vénes  qui  reçoivent  le  fans 
verfé  dans  les  parties  pour  le  reporter  au  cœurjôc 
enfin  cette  même  eau  frapant  derechef  la  roue, 
fait  que  par  fon  mouvement  elle  la  rcpouffe  dans 
les  mêmes  conduits ,  pour  faire  encore  le  même 
chemin  qu'elle  a  déjà  fait.  Tout  ceci  cfl  la  figure 
du  fang  reporté  qui  fait  mouvoir  le  cœur  ,  &  qui 
eft  par  lui  renvoyé  dans  toutes  les  parties^Sc  ainiî 
continuellementxe  qui  entretient  ce  mouvement 
circulaire  qui  nous  fait  vivre.  Et  tout  de  même 
que  le  fang  a  befoin  d'être  reparé  par  l'aliment , 
pour  remplacer  celui  qui  s'employe  pour  la  nour- 
riture des  partieSjde  même  il  faut  que  la  fource  de 
la  Seine  fourniffe  une  nouvelle  eau  pour  fupléer 
au  défaut  de  celle  qui  s'eft  confumée  ôc  perdue 
dans  le  chemin  qu'elle  a  fait. 
37  Après  que  le  tronc  de  l'artère  iliaque  eft  forti 

rc  crurale,  du  bas  ventre  ,  il  criange  de  nom  ,  oc  s  apelle 
crural  aufïï-tôt  qu'il  eft  entré  dans  la  cuilfe  j  c'eft 
cette  artère  qui  porte  &  diftribuë  le  fang  dans 
toute  cette  extrémité  par  une  infinité  de  bran- 
ches qui  fortent  de  fon  tronc  ,  à  mefure  qu'elle 
aproche  du  pied  où  elle  finit.  Et  entrant  dans  la 
cuilfe  elle  produit  trois  ou  quatre  petits  ra- 
meaux qui  n'ont  point  de  nom  ,  lefquels  fe  per- 
dent dans  la  peau  &  dans  les  mufcles  du  haut  ôC 
du  devant  de  la  cuiffcimais  quatre  ou  cinq  doigts 
au  delfous  de  l'aîne  ,  l'artère  crural  produit  trois 
orolfes  branches. 

La  première  eft  apellée  mufculaire  interne  , 


& 


arrcre 
iic 


X.  &  dernière  Démonfiranon  An^tomlque.  6ii 
parce  qu'elle  eft  dans  les  mufcles  intérieurs  de  la  3^ 
cuifle  ;  elle  jette  d'abord  quatre  branches  qui  muicula 
vont  ,  la  première, pofterieurcment  dans  lesmuf-  incerne. 
clés  abduàeurs  de  la  cuilfe  ,  dans  la  tête  du  tri- 
ceps ,  dans  celle  des  biceps  ,  des  demi- nerveux  & 
des  demi-membraneux  j  la  féconde  ,  dans  le  haut 
du  triceps  ,  la  troiiiéme  ôc  la  quatrième  dans  le 
corps  du  triceps,  &  dans  le  greflcEnfuite  le  tronc 
de  cette  mufculaire  fe  dlvife  en  trois  rameaux  , 
dont  le  premier  après  avoir  palTé  à  la  fin  du  troi- 
fîéme  des  triceps  ,  fe  perd  dans  le  demi-membra- 
neux:le  fécond  paffe  fous  l'os  de  la  cuiire,&  fe  perd 
dans  le  vafte  externe  :  &  le  troidéme  defcendanc 
en  bas  jette  des  rameaux  à  la  fin  du  croifiéme  des 
triceps ,  &  fe  perd  dans  le  demi  nerveux,  &  dans 
la  tête  du  biceps. 

La    féconde    eft  la    mufculaire  externe  ;  elle        j^ 
va  à  la  partie  extérieure    de  la  cuifle  ,  &   palfant  ,L<'  mufcu- 
lous  le  couturier  &  le  grelle  droit,  jet'e  des  bran-  ^ç. 
ches  à  la  fin    de  l'iliaque  dans  le  vafte  externe  , 
dans  le  crural ,  &  dans  \efafcla  lara,  ou  membra- 
neux. 

La  troifîéme  fort  prefque  du  même  endroit  de       40 

le  crurale  que  la  précédente  ;  elle  jette  des  ra-    ^"^'^f  . 

j        i  t  o    j         1         n.  o    mufculaire 

meauxdans  le  crural  &  dans  le  valte  externe  :  oc 

va  fe  perdre  dans  les  membranes,  &c  dans  la  graif- 

fe  de  la  cuilfe. 

A  mefure    que   l'arterç   crural  defccnd  ,  elle        41 

jette  plufieurs  petits  rameaux  qui   vont  dans   li^s  |^  j",^'^';jjjjf 

mufcles  voifins,  Sc  elle  entre  plus  avant   dans  le  uovi  de 

derrière  de  la    cuiire  j  elle  palfe   proche  les  ten-  'j^J^^ïc^ 

dons  du  triceps  ,  &  va  gagner  le  jarret ,  où  étant 

parvenue  ,  elle  jette  de  petites  branches  qui  vont 

à  l'extrémité  des  mufcles  du  derrière  de  la  cuifle  , 

&  fe  perdent  dans  la  grailTc  :  Enfuite  elle  produit 

0.4    iJ 


^12  ^es  Extrémités,  fuperîeures , 

Ions  le  jarret  les  deuxapoplirces  qui  einbraffent  le 

genou  ,  Tune  par  dedans  ,  l'autre  par  dehors ,  &C 

plus  bas  lesfuturaleSjqui  vont  au  commencement 

des    gémeaux  ,  du    folaire  ,  du"  plantaire  ,  &  du 

popliié ,  elles  environnent  les  os  de   la  jambe  de 

tous  cotez  par  plufieurs  petits  rameaux  qui  s'y 

perdent. 

,  4i  Après  cela  elle  fe  divife  en  deux  m-olTes  bran- 

La  ciura-    1      *    ,        ,  .         „  ,  .  ^ 

le  antc-       clies ,  dont  la  première  oit  la  crurale  antérieure  ; 

Heure.  quî  pa^g  ^  travers  la  membrane  qui  joint  les  os 
de  la  jambe  ,  puis  continuant  fa  route  ,  va  don- 
ner àss  rameaux  dans  le  jambier  extérieur  ,  & 
dans  les  mufcles  extenfeurs  du  pouce  iSc  des 
doigts, 
^,  La  féconde  eft  la  crurale  pofterieure  ,  elle  eft 

Lacrar:.-  plus   grolîè  que  l'antérieure  ;  elle  fe   divife  eu 

ut^içT  tlcux  branches  ,  l'une  qui  eft  la  première  pofte- 
rieure j  qui  ayant  difl-ribué  des  branches  au  fa- 
laire  ,  au  peronier  pofterieur  ,  au  fiéchilTeur  du 
pouce  ;  monte  par  la  malléole  externe  ,  &:  va  fe 
perdre  au  delîus  du  pied  i  l'autre  ,  qui  eft  la  fé- 
conde pofterieure  ,  jette  en  defcendant  des  ra- 
meaux au  folaire  j  aux  fléchiftcurs  des  doiq;ts ,  & 
au  jambier  pofterieur,&  de  là  palfant  par  fa  cavi- 
té de  l'éperon  ,  fe  divife  en  deux  branches ,  donc 
l'une  palle  fous  le  tenar  pour  aller  au  gros  orteil, 
^'  l'autre  entre  le  mufcle  court  &  l'hypocenar  fous 
la  plante  du  pied,  &  va  fe  diftribuer  aux  quatre 
autres  doigts. 
Véncs  de       II  me  refte  encore  à  vous  faire  voir  les  venes 

intaicme?  ^"^  ^^  trouvent  dans  l'extrémité  inférieure ,  t'cft 
ce  que  je  vas  faire  dans  un  moment  ,  après  que  je 
vous  aurai  dit  des  généralitez  des  vénes  ce  que 
l'on  ne  peut  fc  difpenfer  d'en  fçavoir. 

.  néfini-        Les  vénes  f«nt  des   conduits  membraneux  qui 

lion  des 
vtncs. 


X  &  dernière  Démonfiratlon  Anatomîque.  C  i  5 
reçoivent  le  fang  de  toutes  les  parties  du  corps  , 
pour  le  porter  au  cœur;  elles  font  comporées  de 
quatre  membranes  diiFerentes  :  La  première  eft 
un  tilFu  de  Hbres  nerveufes  en  droite  ligne,  quoi- 
que difpofées  irrégulièrement  j  elle  eft  lâche  & 
s''etend  facilement ,  n'étant  pas  attachée  aux  au- 
tres ,  en  forte  que  l'air  qu'on  y  introduit  la  gon- 
fle. La  féconde  eft  un  tiffa  de  petits  vailfeaux  en 
forme  de  rets  ,  qui  fournit  l'aliment  aux  autres 
tuniques.  La  troiiîéme  eft  toute  parfemée  de  pe- 
tites glandes  qui  reçoivent  les  ferofîcez  aportées 
par  les  vailîeaux  quicompofent  la  féconde  tuni- 
que :  Et  la  quatrième  eft  compofée  d'un  arrange- 
ment de  fibres  mufculeufes  &  annulaires  qui  en 
fe  rctrecilfant ,  font  cheminer  le  fang  dans  leurs 
cavicez. 
'     On  ne  peut  pas  vous  déterminer  le  nombre  des    Le  nom- 

•vénes  ,  il  eft  trcs-çrand  .  mais  en  général  il  fur-  br:dcs  vé- 

D  ■'  o  n  S    elt 

paffe  celui  des  artères  ;  il  falloit  que  ce  fût  de  très-grand 

la  forte  ;  parce  que  fi  le  fang  n'ayoit  pas  trouvé  — 

en  fortant  des  artères  où  il  eft  prefte  ,  allez  de 
vailTcaux  pour  le  recevoir ,  il  auroit  reft'é  trop 
long-rcmxS  dans  les  chairs  par  là  le  mouvement 
circulaire  étant  retardé  ,  le  fang  en  auroit  reçu 
de  l'altération,  6c  toute  la  machine  en  auroic 
fouftert. 

La  groireur  des  vcnes  eft  diffcrentc  ,  les  deux  Grandeur 
principaux  troncs  font  ceux  de  la  véne  cave  &'icsvencj. 
delà  porte.  Les  crurales  &  les  émulgentcs  font 
un  peu  moins  groflès ,  &:  ainft  des  autres  à  pro- 
portion qu'elles  font  éloignées  de  leurs  troncs  , 
OLi  le  nombre  augmente  à  mefure  qu'elles  di- 
minuent en  groftcur.  il  y  en  a  que  l'on  apelle 
vénes  capillaires ,  parce  qu'elles  ne  font  pas  plus 
grolïes  que  les  cheveux  j  &:  même  il  y  en  a  de  iî 


6i4  Ties  Extrémltez.  inférieures , 

petites  qu'elles  font  imperceptibles  j  elles  font 
répandues  par  toutes  les  parties  du  corps  j  enfin 
il  y  en  a  julques  dans  les  os  mêmes  pour  y  rece- 
voir le  (ang  que  les  rameaux  des  artères  y  ont 
porté 
Les  yé-        Les  opinions  font  différentes  fur  l'origine  des 
f"c^de"    "vénes,  la  plus  reçue  étoit  qu'elles  la  tiroient  du 
coûtes  ks   foye  ,  mais  la  plupart  des  Modernes  difent  qa'el- 
corps.^     "  ^^^  ^'^'^  ^''■'^  point  de  particulière  ,    non  plus  que 
toutes  les  autres  parties  du  corps  ,  qui  trouvent 
toutes  leur  principe  dans    l'œuf,  dont  elles  ne 
font  que  ie  déveloper  infenlîblemenr.  Ils  ajou- 
tent que  11  l'on  vouloit  leur  en  donner  une  autre, 
il  y  auroit  plus  d'apparence  de  la  chercher  dans 
toutes  les  parties  du  corps  ,  &  de  croire  qu'elles 
la  reçoivent  des  petits  rameaux  qui  y  font  diftrî- 
b'jez,   qui  pourroient  leur   fervir  de  principes, 
comme  autant  de  racines  qui  vont  produire  un 
tronc  ,  &  comme  autant  de  ruilFeaux  qui  par  leur 
jon6lion  vont  former  des  rivières. 
Qu'eft-       L'union  des  deux  vailTeaux  qui  fe  joignent  en- 
ec  qu'ana  femble  par  leurs  extrémités  s'apelle  anaftomofe  : 
Il  s  en  trouve  beaucoup  de  vene  a  vene  ,  aulli- 
bien  que  d'artère  à  artère  j  mais  les  anaflomofes 
d'artères  à  vénes  ne  font  que  dans  l'imagination 
de  ceux  qui  les  ont  conçues  .  puîlque  l'on  n'en 
trouve   pas  une  en  éfet.  Les  premiers  qui  ont 
connu  la  circulation  du  fang  fuppofoient  que  les 
extrémitez  des  artères  s'abouchoicnt  avec  celles 
des  vénes  ;  que  les  premières  portoient   le  fang 
que  les  autres  recevoient ,  &  qu'aînfi  le  mouve- 
ment circulaire  fe  faifoit  fans  ceffe  ;  mais  outre 
que  nos  yeux  nous  découvrent  le  contraire  ,  U 
raifon  ne  veut  pas  que  cela  foie  ainfî;  carde  cet- 
te manière  le  fang  feroit  toujours  contenu  dans 


X  &  dernière  Dêmonjlratlon  Anatomlque.  G 1 5 
des  vaillcaux,  &  la  nourriture  ne  fe  pourroit  pas 
faire ,  paifque  pour  qu'elle  fe  falTe  ,  il  faut  qu'il 
foit  excravalé  dans  les  parties  ,  comme  effective- 
ment nous  voyons  qu'il  eft  :  Et  de  même  qu'un 
arbre  ncw  feroic  pas  mieux  quand  il  auroit  fcs  ra- 
cines environnées  de  plufieurs  conduits  pleins 
d'eau  ,  de  même  les  parties  ne  feroient  pas  nour- 
ries, fi  le  iang  étoit  toujours  dans  les  vai(reaux;& 
comme  pour  rafraîchir  l'arbre,  il  faut  que  l'eaa 
foit  verfée  dans  la  terre  où  fes  racines  font  répan- 
dues, il  faut  au{îi  pour  nourrir  une  partie  ,  que  le 
fang  forte  de  fes  conduits,  &  qu'étant  verfé  dans 
la  partie,  il  la  touche  de  toutes  parts. 

Je  vous  ai  fou  vent  parlé  des  valvules  ,  &  je  ne     Dfstal- 
vous  en  ai  point  encore  fait  voir,parce  que  j'atten-  Général? 
dois  à  vous  montrer  celles  des  vénes  de  la  cuilfe; 
qui  font  les  plus  apparentes  de  toutes  ;  &  pour 
cet  éfet  j'ai  ouvert  cette  véne  tout  de  fa  longueur, 
afin  que  vous  en  voyiez  plufieurs. 

Ces  petites  membranes  que  vous  voyez  dans     Ce  que 
la  caviré  de  cette  véne  s'appellent  des  valvules  ;  yj'^i^Jîes^, 
elles    font  difpofées  d'cfpace  en  efpacc  ,  en  telle 
forte   qu'elles  s'ouvrent  du  côté  qui  regarde  le 
cœur  ,  &  fe  ferment  du  côté  des  extrémitez  ,•  ce 
qui  empêche  le  retour  du  fang,&  qui  le  foûtient, 
contre  fon  propre  poids,  de  peur  qu'il  ne  combe 
en  bas. 
La  fubftance  des  valvules  eft  membraneufe  &     Subftan- 

A     QgJ      VâL* 

quoique  déliée  elle  ne  lailfe  pas  d'être  affez  forte  \  \\x\z%, 
leur  nombre  eft  incertain  ;  &  l'on  dit  qu'il  y  en 
a  jufqu'à  cent ,  ou  environ  :  Les  artères  n'en  ont 
pointjil  s'en  trouve  plus  dans  les  vénes  des  bras  , 
des  mains  ,  des  cuiflcs  ,  des  jambes  &  des  pieds  , 
que  dans  celles  des  autres  parties  ,  parce  que  le 
fang  venant  de  plus  loin  ,  a  plus  befoin  de  leur 


6 1 6  Des  Extrémitez.  infcrîetires  , 

fecours  pour  gagner  la  véne  cave.  Il  y  en  a  dans 
les  jugulaires  incernes  qui  empêchent  que  l'ani- 
mal, ayant  la  têce  baillée  ,  ne  foie  luffoqué  par  le 
retour  du  fang  dans  le  cerveaUj«3£  il  n'y  en  a  point 
dans  les  jugulaires  externes,  ni  dans  la  cervicale, 
parce  qu'elles  ne  viennent  que  des  parties  exter- 
nes ,  ôc  non  pas  du  cerveau, 
des'valvu-  ^^^  valvules  font  faites  en  forme  de  croiiïant, 
les.  ou  de  panier  de  pigeons  :   elles    font  ordinaire- 

ment tîmples ,  quelquefois   doubles  ,    triples   &: 
quadruples  en  un  même  endroitâl  faut  remarquer 
que  plus  leur  nombre  efl  grand,plus  elles  font  pe- 
tites. Leurs  ouvertures  font  alternativement  dif- 
pofées  ;  afin  que  le  fang  qui  s'échape  &  retombe 
de  rune,puifl'e  être  arrêté  par  la  fuivante  ;  fî  bien 
qu'elles  font  autant  d'échelons  qui  fervent  au 
fang  pour  monter  jufqu'à  la  véne  cave. 
Obfcr-       L'on  voit  aux  vcnes  extérieures  des  bras  &  des 
canons  fur  jambes, comme  de  petits  nœuds  d'efpaces  en  efpa- 
ics.  ces  ;  ce  fonf  les  endroits  où  il  y  a  des  valvules  , 

les  Chirurgiens  doivent  éviter  d'y  faire  les  ponc- 
tions dans  les  faignées  ,  parce  que  la  valvule  fe 
ti'ouvant  à  l'endroit  de  la  piqueure  ,  empêche  le 
fang  de  bien  fortir. 
UfaRcs  La  feule  mécanique  des  valvules  devoir  fuffire 
des  valvu  ^y^y^  Anciens  pour  leur  faire  connoître  le  cours 
du  fang  dans  les  vénes,puifqu'elles  lui  permettent 
de  retourner  de  la  circonférence  au  centre ,  &C 
qu'elles  l'empêchent  d'aller  du  centre  à  la  circon- 
férence :  Mais  ils  étoient  tellement  prévenus  de 
leur  principe  ,  qui  étoit  que  le  foye  envoyoic  » 
par  le  moyen  des  vénes  ,  le  fang  nourricier  aux 
parties  ;  que  quoi  qu'ils  y  vilfent  de  l'oppodtion 
de  la  part  des  valvules  ,  ils  perfiftoicnt  dans  leur 
erreur ,  §c  difoieiit  «jue  ks  çliiiicukez  qu'elles  y 


X  &  dernière  Démonftratlon  AnMomlques.  6  ij 
appoitoient,  iVétoient  que  pour  que  le  fang,  ne 
defcendît  avec  trop  de  précipicaiion;  mais  l'expé- 
rience nous  apprend  que  cecce  opinion  n'eft  pas 
véritable. 

Je  vous  ai  die  que  la  nature  éroic copiée  en  tou-     -     ., 
tes  chofes,  ëc  que  toute  l'indu ftrie  de  l'homme  cutecftco- 
n'alloit  qu'à  l'imiter  dans  Tes   ouvrages.    Nous  P'^c  fur  la 
voyons  qu  il  y  a  reulli  lur  le  irait  des  artères  ex  des  ^cs  arteies 
vénes.  La  Nature  a  fait  des  artères  très-fortes  ,  ^'i"  ^e- 
parce  que  le  fang  y  eft  forcé  ôc  prefTé  par  les  di- 
vcrfes  impullions  du  cœur  &  du  nouveau  fang 
qu'il  oblige  d'y  entrer  j  elle  a  fait  les  vénes  plus 
minces  ,  parce  qu'elles  ne  font  que  des  tuyaux 
pour  conduire  le  fang  au  cœur  ,  &c  qu'étant  en 
plus  grand  nombre  que  les  artères,  &  ne  rappor- 
tant pas  la  même  quantité  de  fang  que  les  artères 
en  ont  portée  dans  les  parties ,  elles  ne  foufFrenn 
aucune  violence,&  aiiifi  elles  n'ont  pas  befoin  d'ê- 
tre fi  fortes.   L'homme  copie  toutes  ces  circon- 
ftances  dans   les  fontaines  qu'il  fait  pour  les  jar- 
dins ;  les  tuyaux  qui  y  conduifent  l'eau  du  refer- 
Voir  font  très-forts,parcc  que  l'eau  y  eft  forcée^&T 
que  Timpuliion  que  fait  celle  du  refervoir ,  les 
feroit  crever  s'ils  n'étoient  renforcez^  les  conduits 
de  décharge  font  foibles  ,   ÔC  fouvent  on  fe  con- 
tente de  les  faire  de  grés  ,  parce  que  ne  fouffranc 
aucuns  eftorts,  ils  ne  font  fimplement  que  con- 
duire l'eau  dans  quelque  ruiiFeau  :  &  fî  le  con- 
duit de  décharge  efl:  toujours  plus  grand  que  l'ou- 
verture de  l'ajuftoir,  quoiqu'il  n'ait  pas  plus  d'eau 
à  recevoir  que  celle  qui  y  a  pafléj  il  imite  enco- 
re en  cela  la  nature  qui  a  mis  plufieurs  vénes  pour 
recevoir  le  fang  qu'une  feule  artère  a  verfée  ,  6C 
qui  en  débite  plus  elle  feule  que  deux  vénes  n'en 
peuvent  reporteç. 


6 1 8  Des  Extrémltez^  inférieures , 

Ce  qui       11  arrive  quelquefois  que  les  membranes   des 
fait  les  ta-      '         r    ^^\  -r-     i 

riccs.  venes  le  dilacenc  ,  ce  qui  taie   les  varices  6c  ces 

petites  tumeurs  &  grofï'durs  que  l'on  nomme  va- 
ricoceles:  elles  font  eau  fées  par  des  efforts  ,  & 
principalement  aux  femmes  par  des  accouche- 
mens  violens  ,  parce  que  dans  ce  tems-là  l'en- 
fant prelïantles  vénes  iliaques,  empêche  le  cours 
ordinaire  du  fang  ;  fi  bien  que  ne  pouvant  mar- 
cher ,  les  vénes  s'emplillcnt  tellement ,  que  leurs 
membranes  en  s'étendant  font  ces  fortes  d'in- 
commoditcz  ,  que  Ton  nomme  des  varices.  C'eft 
ce  qu'on  trouvera  clairement  expliqué  dansl'^rf 
de  faîgner, 
44  Dans  l'extrémité  inférieure  fe  trouve  une  grof- 

Véncsde  Çq  y^iie  que  l'on  nomme  crurale  ;  elle  eft  formée 
1  rxnemi-  -      i  i  i  /  • 

téint'ericu-  par  Iix  branches  d'autres  venes  qui  s  y  viennent 

^^'  inférer  ,  &  qui  font  comme  Ç\x  vailTeaux  dont 

l'eau  vient  de  plufieurs  fources  ,  &  qui  tous  en- 
femble  font  un  bras  de  rivière. 
..  La  première  eft  la  fciatique  majeure  ,  qui  com- 

Lafciatî-  mence  par  des  fcions  de  vénes  ,  dont  deux  vien- 
icure'"^"  nent  de  chaque  orteil,  &  qui  font  un  rameau  au- 
quel fe  joint  un  autre  qui  vient  d'entre  le  péroné 
éc  le  talon  ;  ces  deux  rameaux  monteur  par  les 
mufcles  du  gras  de  la  jambe,  &  n'en  font  plus 
qu'un  qui  va  finir  à  la  crurale. 
4^  La    féconde  cft  lafurale,  qui  cft  formée  par 

La  fura-  Jeux  branches  de  vénes  ,  dont  l'une  eft  extérieu- 
re &  faite  de  la  plupart  de  celles  que  vous  voyez 
ramper  fur  le  pied  ;  l'autre  eft  intérieure  &  pro- 
duite par  des  rameaux  de  vénes  qui  viennent 
du  gras  de  la  jambe  ;  ces  deux  branches  en  mon- 
tant fe  joignent ,  &  font  la  furale  ,  qui  eft  ailèz 
47  grolfe. 
pliûque?        La  troifiéme  eft  la  poplitiquea  elle  eft  formée 


X  &  dernière  Demonfiratîon  Anatomlque,  6 1 9 
de  dlfFerens  rameaux  unis  enfemble  ;  elle  monte 
du  talon  ,  où  elle  commence  par  pludeurs  fcions, 
tant  de  ceux  du  talon ,  que  d'une  partie  de  ceux 
du  cou  àxi.  pied  j  elle  s'enfonce  aflez  avant  dans 
les  chairs  j  &  palFant  par  le  jarret  fe  va  terminer 
dans  la  crurale. 

La  quatrième  eft   la    mufcule   qui  comprend     ^g  ^g 
deux  branches  ,  fçavoir  la  mufcule  externe  ,    qui      ^^  niuf- 
vient  des  mufcles  extérieurs  de  la  cuiffe  j  &  la 
mulcule  interne,  qui  vient  des  mufcles  intérieurs 
de  la  cuiire  :  ces  deux  branches  vont  fe  rendre  à 
la  crurale  vis  à  vis  l'une  de  l'autre. 

La  cinquième  eft  la  fciatique  mineure  :  qui    ,  ^^   . 
ell  la   plus  pente   de  toutes  ;  elle  elt  taire   de  que  mi- 
plufieurs  ramifications  qui  viennent  de  la  peau  "'^"•^s* 
&  des  mufcles  qui  en  environnent  l'article  de  la 
cuiflTe. 

La  fixiéme  eft  la  faphene,  qui  eft  la  plus  Ion-        .^ 
gue  &  la  plus  groiTe  des  (îx  :  elle  commence  par    La  faphc- 
quelques  rameaux  qui  viennent  du  gros  orteil,  °^' 
&  de  deflus  le  pied  j  &  montant  par  la  malléole 
interne  le  long  de  la  jambe ,  &  par  la  partie  in- 
térieure de  la  cuiiTe  entre  la  peau  &  la  mem- 
brane charnue  ,  elle  va  fe  rendre    environ  les 
glandes  de   l'aîne  dans  la  crurale  :  Elle    reçoit 
pluûeurs  branches  dans  fon  chemin,ôc  c'eft  cette 
vénc  qu'on  a  accoutumé  d'ouvrir  dans  la  faignée 
du  pied. 

Ces  fix  vénes  vont  toutes  fe  terminer  dans  la     Ccj  (jj 
crurale,  pour  y  porter  le  fang  qu'elles    ont  reçu  *'"«  'ont 
de  toute  l'extrémité  inférieure  ,  la  crurale  mon-  *''''*"''^' 
tant  en  haut ,  &  ayant  paflé  l'aîne  ,  va  iinir  à 
l'iliaque  ,  &  y  conduit  le  fang  qu'elle  a  reçu  des 
autres.  L'iliaque  le  porte  dans  la  véne  cave,  & 
celle-ci  dans  le  ventricule  droit  du  cœur,  n  bien     • 


^20  T>es  'Extrémités.  Inférieures  , 

que  cz%  vénes  font  comme  une  longue  rue  qui  a 

plufieurs  noms,  quoique  ce  ne  foit  que  la  même 

concinuiré  d'un  bouu  à  l'aune, 

L'angio-      L'angiclogie  ne  traicoit  autrefois  que  de  trois 

logie  trai-  fortes  de  vailfeaux,  qui  écoienc  les  nerfs,  les  artè- 
re aulii  des  „    ,  ,  .    ^  i         •  j  ' 
vaifTeaux    ^^^^  ^  ^^^  venes  j  je  vous  les  ai  démontrez  tous  j 

limphaci-   Mais  les  Modernes  y  en  ajoutent  de  deux  fortes 

qu'ils  ont  découvertes  dans  ce  fîécle  ;  ce  font  les 

ve'nes  lactées ,  &  les  vaifTeaux  limphatîques.  Je 

vous  ai  parlé  des  vénes  lactées  dans  leur  lieu ,  ÔC 

je  vais  vous  dire  quelque  chofe  des  vailléaux  lim- 

phatiques. 

Strufla-      Qq  font  de  petits  canaux  à  peu  près  comme  des 

redesvail-,    ^,  r  •        i,  •  r  j 'i- '      r      i  i 

fcaur  lim   '^ctses  ,  taits  d  une  tunique  rorc  dehee  lembla- 

phatiqucs.  blés  à  delà  toile  d'araignée,  8c  remplis  de  valvu- 
les qui  s'ouvrent  comme  celles  des  vénes  vers  le 
cœur  ,  &  qui  fe  ferment  en  allant  du  cœur  vers 
les  extrémitez, 

_  .     Ils    font    appeliez  vailfeaux    limphatîques  fe- 

Pourquoi  ^f  -nu-  •  r 

ainfi   ap-   ^^^^^  »  aqueux,  ou  crittaUms,  qui  iont  tous  noms 

peliez»      fynonimes  qu'on  leur  a  donnez,  à  caufe  que  la 

liqueur  qu'ils  contiennent  eft  claire  ,  fereule  de 

tranfparente. 

.    ,       Ces  vailTeaux  n'ont  point  de   refervoiu  com- 

dc   CCS      ïi^i^n  ;  car  les  uns  vont  dépofer  leur  limphe  dans 

vaifleaux.   les  refervoirs  ,  ou  dans  le  canal  torachique  ,    6c 

les  autres  dans  les  vénes  immédiatement.  Les  uns 

viennent  des  vifccres ,   &  les  autres  des  glandes 

qui  font  répandues  par  tout  le  corps.  Ceux  qui 

viennent  des  glandes  conglobées  portent    leur 

limphe  dans  les  vénes  ;  &c  ceux  qui  viennent  des 

glandes  conglomérées  la  portent  dans  des  cavi- 

tez  particulières^  comme  dans  les  yeux  ,  dans  la 

bouche,  dans  le  duodénum,  &c.  Il  y  en  a  encore 

d'autres  qui  viennent  des  glandes  qui  font  daus 


X.  &  dernière  DemenjiraHon  Anatom*  <jî  i" 
les  articles  ,  comme  font  ceux  des  genoux ,  lef* 
quels  rampans  le  long  de  la  cuifle  ,  vont  fe  dé- 
charger dans  les  refervoirsdu  chile. 

Leur  nombre  cft  fort  grand  ;  car  outre  ceux  tcur  nom- 
que  l'on  voit ,  il  y  en  a  une  infinité  de  petits  que  trls-guod 
l'œil  ne  peut  découvrir  ;  leur  figure  eft  fembla-» 
ble  à  celle  des  autres  vailTeaux  :  ils  paroiirent 
noueux  aux  endroits  où  font  leurs  valvules ,  à 
caufe  de  la  diverfité  de  leur  divifion.  Leur  fîtua-. 
tion  efl:  dans  toutes  les  parties  du  corpSj&  prin- 
cipalement proche  les  articles,  autour  du  foye  , 
qu'ils  ceignent  de  toutes  parts  comme  une  cou- 
ronne. 

La  limphe  qui  contient  ces  vailTcaux  vient  ,  *^ou|eur 
des  ferohiez  du  fang  qui  fe  filtrent  dans  les  glan-  p^c. 
des  \  elle  elt  ordinairement  claire  &:  tranfparente 
mais  elle  change  de  couleur  à  proportion  des 
teintures  qu'elle  prend  du  chile ,  de  la  bile,&  des 
autres  humeurs  contenues  dans  le  fang  ,  elle  efb 
infipide  d'elle  même  -,  néanmoins  on  la  trouve 
quelquefois  acide,  amere  ou  falée  \  elle  fe  fige  6c 
fe  coagule  par  le  mélange  des  humeurs  &:  ladif- 
folution  des  fels  ,  de  même  que  les  ferofitez  du 
fang  :  &:  elle  a  une  odeur  particulière  quand  elle 
cft  defléchée. 

Il  y  a  quelques  Auteurs  qui  croyent  qu'elle  vient 
du  fuc  nerveux  qui  eft  porté  par  les  nerfs  dans  les 
glandes  ,  &  qui  y  eft  filtré  ;  il  y  en  d'autres  qui 
prétendent  que  la  découverte  de  ces  vaifleaux  a 
fait  connoître  la  caufe  de  l'hydropîfie  j  ils  difent 
qu'elle  n'cft  caufée  que  par  la  rupture  de  quel- 
ques-uns de  ces  valifeaiix  qui  diftillent  leur  féro- 
cité dans  quelque  capacité,     y 

A  l'égard  des  ufatres  de  la  liqueur  limpharique  „r     .  j„ 
Je  croi  que  1  on  en  a  ule  comme  on  a  hir  a  l  e-  U  limphe. 


6 11  Des  Extrémltez,  fuperleures , 

gard  de  quelque  remède  nouveau  ,  à   qui  Ton 
donne  plus  de  vertu  qu'à  tous  ceux  qui  ont  pré- 
cédé :  Car  on  dit  que  la   limphe  fert  à  détremper 
le  chile  &  le  fang  ,  &  ainfî  à    les  rendre   cou- 
lans ,  qu'elle  fert  à  la  nourriture  &  à  raccroif- 
fement  du  corps  ,  qu'elle  empêche  la  trop  gran- 
de compofition  des  efprits  ,  qu'elle   diflout  les 
felsj  qu'elle  aide  à  faire    les   fermentations,  & 
enfin  qu'elle  tempère  l'acrimonie  des  acides  &:  de 
la  bile. 
Pourquoi      J'imite  aujourd'hui  Polldlte  ,  ce  fa.mei\K  Pein- 
Ics  ongres!  ^^^  '  4^^  achevoit  toutes  les  figuies  qu'il  peignoic 
par  les  ongles,&  qui  difoit  que  fes  derniers  coup* 
de  pinceau  ne  lui  faifoient  pas  moins  de  peine  , 
que  tons  ceux  qu'il  avoît  donnez  auparavant.    Je  ' 
finis  comme   lui  la  Demonllration  de  l'Homme 
par  celle  des    ongles,  &   j'avoue  en  même  tems 
que  CCS  parties ,  quoique  (Impies,  ne  donnent  pas 
moins    de  peine  à  ceux  qui  travaillent  à  les  bien 
connoître,  que  toutes  les  autres  parties  du  relie 
du  corps. 
La  narurc       Les  ongles  font  faciles  à  démontrer,  c'eft  pour- 
aflex  dfffi.*  quoi  s'ils  embaralTent  ,  ce   n'eft  ni  dans  leur  dé- 
cile à  con-  monftrarion  ,    ni   dans    leur    dilTedtion  ;  mais  la 
nojtic.        difficulté  eft  de  pouvoir  bien  developer  leur  natu- 
re ;  ce  qui  n'eft   pas  aifé  ,  à   caufe  des  differens 
fentimens  dans  lefquelsnous  voyons  les  auteurs  à 
leur  égard  :  néanmoins  il  ne  faut  pas  nous  rebuter 
au  bout  de  la  carrière  ,  au  contraire  nous  devons 
nous  éforcer  de  nous  éclaircir  ,  en  pénétrant  les 
obfcuritcz  qui  nous  cachent  leur  nature,  c'eft  ce 
>  que  nous  allons  faire  fuccinélcment ,  3c  par  ou 

nous  finirons  ce  Cours  d'Anatomie. 
Défini-  Les  ongles  font  des  corps  durs,  ronds  ,  blancs, 

ongles?      &  diaphanes ,  fituez  à  l'extrémité  des  doigts.  Il  y 


X  &  àern,  *Dêmonflratlon  Anatomlque,  61^ 
a  des  Auteurs  qui  leur  conteftent  le  nom  de  par- 
tie ,  difant  qu'ils  ne  le  fonu  qu'en  prenant  ce  mot 
df  partie  laigement,&  de  la  même  manière  qu'on 
le  donne  aux  cheveux,  mais  il  femble  que  c'eft 
leur  difpnter  injuftement  cette  qualité  ,  puifqu'ils 
font  aufli  bien  parties  que  les  dents,à  qui  on  n'en 
a  jamais  refufc  le  nom. 

Je  trouve  beaucoup  de  convenance  entre  les    Conve- 
dents  &  les  oneles,ces  deux  parties  ont  leurs  raci-  °^""s  des 
nés  par  ou  elles  le  nournlienrjelles  iont  en  partie  avec  les 
fenfibles  &  en  partie  infenfibles  ,  elles  croilTent  '^^""• 
toutes  deux  ,  &  l'on  peut   limer  l'extrémité  des 
unes  j  &  couper  les  bouts  des  autres, fans  refentir 
de  la  douleur;  &  enfin  elles  ont  les  unes  &C  les  au- 
tres des  afages  dont  l'homme  a  delà  peine  à  fe 
palfer.    Je  remarque  au  contraire  de  la  difconve- 
nance  entre  les  ongles  &  les  poils ,  puifque  nous 
tirons  autant  d'utilité  en  rafant  &  faifant  tomber 
les  poils,  que  nous  en  recevons  en  confervant  les 
ongles, &  l'obfervation  de  Paré  ,  qui  dit  les  avoir 
vu  croître  à  un  mort  de  vingt-cinq  ans  ,  ne  fuffic 
pas  pour  les  priver  du  nom  de  partie. 

Les  onglcs,les  cornes ,  les  plumes  ,  le  cal ,  &c.  Jornja- 
ayant  une  fubftance  fort  femblable,  s'engendrent  ongles  des 
à  peu  piés  de  la  mêmemanierejcar  ce  ne  font  que  cornes  des 

J  jn.'  J        '•  •  -JlJl     plumes    Se 

des  productions  des  emincnces  piramidales  de  laj.j  cal  qui 

peau,  lefquelles  pouffent  en  fe  "roflîirant  la  cuti- ^'cnt   aur 

1  •  1  \>\  1  J   11      mains  Se 

culc  qui  les  couvre;  l  humeur    gluante  qu  elles ^mpi^^j,^ 

expriment  fous  cette  couverture  les  lie  enfemble, 

&  formant  plusieurs  couches  les  unes  fur  les  au- 

treSjil  s'en  compofe  à  la  fin  un  corps  épais  &:  dur 

diverfement  figuré  félon  la  direction  des  endroits 

d'où  il  s'avance  ,  &  la  dilpolition  que  la  matière 

peut  avoir  à  s'arranger     ' 

Les  poils  ,  félon  Malpigy ,  ont  des  racines  qui    Des  pot 


^14-  Des  Extrêmltez  Juperlenres , 

relFemblent  à  celles  des  oignons  de  rulipes,&  qui 
font  nourries  par  des  vai(leaux  fanguins  accom- 
pagnez de  nerfs  ,  en  forte  que  les  cheveux  croif- 
fent  &  grofîîirent  quelquefois  julqu'à  devenir 
charnus  &  douloureux,  faignant  abondamment 
quand  on  les  coupe,comme  cela  fe  remarque  dans 
la  maladie  appcllée^//c4 ,  à  laquelle  les  Polonoîs 
font  fujets.  Voyezià  delFus  la  Parologie  de  M. 
Verduc  où  routes  les  maladies  externes  lont  exoli- 
quées  iuivant  la  Phyfique  moderne^dans  laquelle 
l'Auteur  paroît  fort  verfe. 
"Figure  La  figure  des  ongles  eft  ovalaire  ,  étant  plus 

es  ong  es  ^Qj^g^  ^^^g  larges  ;  il  font  plats  &  un  peu  courbez 
par  les  côrez  pour  s'accommoder  à  la  figure  ron- 
de des  doigts.  Leur  s^'andeur  eft  différente  :  ceux 
des  mains  font  plus  larges  que  ceux  des  pieds,ex- 
cepté  celui  du  gros  orteil ,  qui  eft  le  plus  grand  &C 
le  plus  épais  de  tous.    Leur  nombre  efl;    réglé  , 
riiomme  en  a  vingt ,  cinq  à  chaque  main  ,  &:  au- 
tant à  chaque  pied.Leur  couleur  eft  difficile  à  dé- 
finir ;  elle  n'eft  pas  tout-à-fait  blanche  ,  &:  ils  pa- 
roilfent  rouges  &  livides  félon  la  couleur  de  la 
chair  qui  eft  au  delfous  ,  parce  qu'ils  font  tranf- 
parens.Enfin  leur  fubftance  eft  médiocrement  du- 
re afin  de  refifter,  &  néanmoins  flexiblejpour  cé- 
der un  peu  &  ne  fe  rompre  pas. 
dcsonlles.       O"  confidere  deux  furfaces  aux  ongles  ,  l'une 
'  externe ,  &  l'autre  interne  \  l'externe  eit  celle  qui 
paroît  au  dehors,  qui  eft  polie  &  infenfible,&:  la- 
quelle nous  pouvons  ratilîer  fans  douleur  :  l'inter- 
ne eft  celle  qui  eft  attachée  à  la  chairjces  deux  fur- 
faces  ne  font  point  de  parties  différentes,  car  elles 
ne  fe  peuvent  divifer  étant  continues  &:  produites 
par  une  même  fubftance, 
Divifion      On  divife   l'oncle  en    trois  parties  j  La   pre- 
dcs  ongles  *"  miere 


X,&  àernlere  TiémonflratlôH  Anaiom,  6' 2  y 
inîere  eft  apellée  la  racinejquî  ordinairement  ell 
blanche  \  elle  eft  attachée  à  la  chair  &  au  tendon 
elle  a  aaiîi  un  fentiment  fore  vif:  La  féconde  cfl: 
celle  du  milieu  ,  qui  eft  vermeille  en  ceux  qui  fe 
portent  bien:La  troifiéme  eftl'exfrémité,quî  croie 
toûjours,5v:  qui  devient  quelquefois  fort  longue  5c 
crochue  comme  les  griffes  des  oifeaux.  Il  ne  faut 
pas  que  les  ongles  foient  plus  longs  ni  plus  courts 
que  les  excremitez  desdoigtSjparce  qu'étant  trop 
longs  ils  ne  fçauroienr  prendre  exadiement  les  pe- 
tits corps,de  même  que  ceux  qui  font  trop  courts 
rendent  les  extrémitez  des  doigts  inutiles  à  pren- 
dre :  mais  ceux  qui  égalent  les  bouts  des  doigts 
font  qu'on  prend  &  qu'on  tient  plus  aifé- 
ment. 

H  eft  certain  que  les  ondes  fe  nourri (TentjPtiif-  S^^"^""^^^^ 
qu  ils  croulent  a  proportion  que  les  doigts  grol-  Te  nouciif- 
/ilïènt  5  ils  reçoivent  leur  nourriture  par  leur  ra-       * 
cine  i  ce  que  nous  pouvons  remarquer  tous  les 
jourSjlorfqu'il  y  a  une  tache  fur  une  ongle^nous 
voyons  qu'elle  s'éloigne  de  la  racine  à  mefure  que 
l'ongle  croît,  &  que  l'on  le  coupe  \  il  fc  nourrie 
de  même  que  les  os  &  les  cartilages. 

L'homme  tire  plufieurs  ufaçes  des  onsles ,  ils  .  ^f^geî 
ce       TT       iJ  •  "'   j      j   •        '\    \    '  P  V  <i"s  ongles 

attermilient  i  extrémité  des  doigts:iis  lui  fervent  à 

prendre  les  corps  durs  &  menus  :  ils  défendent 
les  bouts  des  doigts ,  qui  étant  fenfibles  ,  fe- 
loîent  fouvent  blelTez  fans  les  on^les;ils  contrî- 
buent  a  rornement  j  enfin  outre  les  utilitez  gé- 
nérales que  tout  le  monde  reçoit  de  ces  parties, 
il  en  eft  de  particulières  que  de  certains  artîfans 
en  tirent  pour  la  perfedtion  de  leurs  ouvrages, 
&  entr'autres  le  Chirurgien  à  qui  ils  font  d'un 
grand  fecours  dans  les  opérations  les  plus  déli- 
cates, 

R  r 


6i6  Des  Extrtm  infer.X.&  àern.Démonfir^An. 

Lej  Vit      Je  ne  fçai  pas  fi  les  Chiromanciens  par  l'infpec- 

tcnris     tion  des  ongles  ,  qu'ils  appellent  OnychomamU  , 

inàisations  connoiffenc  le   palTé  5c   pénètrent  dans  l'avenir 

'^cnd-s'oD-  comme  ils  le  publient  ;  mais  je  fçai  bien  que  les 

£ics,"        habiles  Médecins  en  tirent  beaucoup  d^ndications 

dans  plnfieurs  maladies  ,  comme  dans  la  Phtifie  , 

dans  l'Hydropifie  ,  le  poifon  &  les  Fièvres  aiguës 

>  qui  rendent  les  ongles  crochus  &  livides. 

Nous  voici  enfin  parvenus  à  la  fin  de  nos  De- 
monftrarions  Anatomiques^je  lésai  faites  avec  le 
plus  d'exactitude  que  j'ai  pu  :  je  ferai  trop  recom- 
penfé  des  peines  qu'elles  m'ont  données  fi  vous 
êtes  contens  (Se  fatisfaits  de  mon  travail. 


/ 


y 


DESCRIPTION 

D'UNE 

OREILLE    DU    COEUR 

EXTRAORDINAIREMENT   DILATE'E. 

'EsTenobfervâctouc  cequifccroii- 
ve  de  parciculier  dans  Thommc  que 
l'on  peut  pénétrer  &déveloper  tous 
Icsreirors  d'une  aufïî belle  machine 
qu'cft  celle  du  corps  humain;  rnni- 
que  moien  d'y  parvenir  c'ell d'examiner  attentive- 
ment les  faits  qui  nous  paroilTenc  les  plus  furpre- 
nans.En  voici  un  qui  peut  paffer  pour  un  des  plus 
curieux  &  des  plus  rares  que  l'on  ait  vus,c'eft  une 
oreilkdroite  du  cœur  extrêmement  dilatée, &  d'iu 
nefiÉ^|-e  monftrueufc  que  l'on  a  trouvée  à  Breft 
à  l'ouverture  du  corps  de  Monficur  Dubuiifon 
Capitaine  de  VaiireaUj  mort  depuis  quelques  mois, 
&  après  fon  retour  de  l'expédition  de  Cartagene, 
où  il  commandoit  le  Vaiiïeau  le  Fort. 

Ceux  qui  ouvrirent  le  corps  étonnez  de  voir  l'o- 
reille droite  du  cœur  d'une  grofTeur  prodigieuie,& 
ne  pouvant  pas,dans  le  peu  de  tems  que  l'on  eft  à 
faireces  fortes  d'ouvertures,examiner  fufïirammenc 
un  fait  aulîi  rmgulier,ils  la  feparerent  du  corps^ôc 
l'ayant  pendant  quelque  tems  confervée  dans  de 
l'eau  de  vie  ,  enfuite  fait  fécherj^c  mife  dans  une 
boëte,ils  me  l'ont  envoyée^perTuadez  qu'ils  ne  me 
faifoientpasunprefent  indigne  d'un  Anatomiftejje 
l'ai  reçu  comme  je  devois,&  après  l'avoir  examiné 
avec  toute  l'attention  que  l'on  doit  avoir  quand  oa 

Rr   ij 


•6  2.  s  Defcrîptlon  d'une  Oreille  dû  cœur 

cherche  à  bien  connoître  l'homme,  j'ai  crû  que  je 
îie  poLivois  pas  mieux  faire  que  de  le  rendre  public. 
Je  ne  fuis  pas  du  femimenc  de  quelques-uns,qui 
négligent  les  faits  extraordinaires,prétédans  qu'ils 
ne  font  qu'embarafif^jr  Tefprit  par  des  reflexions 
inutilesjje  croi  au  contraire  que  ce  font  ceux  qui 
font  caufe  àcs  progrès  que  l'on  a  faits,&  que  l'on 
fait  tous  les  jours  dan^  la  Médecine  &  dans  la  Chi- 
rurgie,rexemplede  nos  AncienSjquinousontlaiffé 
par  écrit  les  fingularitez  de  leur  tems^nous  engage 
a  communiquer  aux  autres  ce  qui  nous  tombe  en- 
tre les  mains  de  particulier  ,  c'eft  le  moyen  de  dé- 
couvrir les  caufes  des  maladieSj&  d'en  trouver  les 
remèdes  convenables;enfin  je  fuis  perfuadé  que  les 
Obfervations  font  abfolument  nece(raires,&;  que 
fans  leurs  fecours  nous  ferions  privez  des  plus 
belles  connoifTances ,  &  des  meilleurs  remèdes 
que  nous  ayions. 

Ces  raifons  ne  m'ont  paru  que  trop  fortes  pour 
m'engager  à  faire  delîigner  &  graver  cette  oreille 
furprenante^afin  qu'un  fait  fi  digne  de  la  curiofitç 
des  fçavans ,  &  qui  peut  leur  fournir  une  ample 
matière  de  raifonnemens  fe  répande  dans  la  Repu- 
blique des  Lettresije  l'ai  fait  reprefentcr  au  naturel^ 
de  forte  qu'on  la  voit  ici  dans  la  figure  &  dans  la 
grandeur  qu'elle  a  été  trouvée;  je  la  garde  même 
'  dans  de  l'eau  de  vie  pour  la  montrer  à  ceux  qui 
•prévenus  que  fouvent  l'on  fupofe  des  faits  imagi- 
naires ,  veulent  les  voir  avant  que  de  les  croire. 

Il  y  avoitdans  la  boete  une  relation  fuccinre  de 
la  maladie  &  de  la  mort, que  je  vais  vous  raporter 
dans  les  mêmes  termes  qu'elle  m'a  été  envoyée, 

Monfieur  Dubuiflbn  eft  mort  âgé  de  quarante 
deux  ans,ilétoit  incômodé  depuis  douze  ou  treize 
années  d'une  difficulté  de  refpirerjavec  un-  poulx 
rude  6c  frequentjoint  à  un  batemcnt  de  cœur  vio- 


extrAorâlnairemevt  dilatée,  Cz^ 

îent  &  continuel,  qui  fe  remarquoit  fenfiblement 
fous  le  fternum,oii  il  fencoic  un  picocemêc  fembla- 
ble  à  l'éfetde  plufieurs  épines  qui  l'auroient  piqué, 
ce  lentimêt  douloureux  augmentoît  félon  les  lieux 
&  les  cems.  Le  malade  s'allica  fepc  jours  avant  fa 
mortjpendâtlcfquels  il  ne  pouvoic  demeurer  cou- 
ché qu  il  ne  foutfrît  plus  qu'a  l'ordinaire^:  il  étoic 
prefque  toujours  aflis  furie  bord  de  fon  litres  jam- 
bes pcndantes,5<:  la  tête  panchée  fur  la  poitrine,fes 
pieds  étoient  fi  froids  que  l'on  ne  pur  jamais  les  ré- 
chaufter^ils  commencèrent  à  s'enfler  auffi-bienque 
les  jambes  dés  les  premiers  jours  qu'il  fe  mit  au  lit, 
&  cette  enflure  &  ce  froid  o;aanerent  infenfible- 
ment  le  haut  des  cuilies  :  Son  poulx  alla  en  dimi- 
nuant jufqu'à  la  mort ,  qui  arriva  fans  fièvre  ni 
tranfport  au  cerveau:ll  avoir  le  jugement  fain  &  la 
mémoire  bonne  j  il  s'alToupifloit  par  intevalles  de 
temSjdont  il  étoit  réveillé  par  des  douleurs  extra- 
ordinaires &  infu portables  qu'il  fentoit  à  l'endroit 
de  la  région  du  cœur.Lonçc-tems  avant  fa  more  il 
s'endormoit  à  table,même  en  foûpant  en  compag- 
nie,&  environ  une  heure  après  lamort,il  jetta  une 
très- grande  quantité  de  fang  par  le  nez. 

L'ouverture  dti  corps aiant  étérefolué,ellefut  re- 
mife  au  lendemain-,&  faite  par  Mr  Guiot  Chirur- 
gien Ayde  Major  de  Marine  au  Port  de  Breftj  on 
trouva  toutes  les  parties  alTés  faineSjexcepté  le  pé- 
ricarde qui  étoit  adhèrent  au  cœur  ,  en  forte  que 
l'on  eut  beaucoup  de  peine  à  l'en  détacher ,  &  il 
étoit  privé  de  fon  humidité  ordinairejmais  on  fut 
furpris  devoir  Toreille  droitedu  cœur  d'une  grof- 
feur  fi  étonnante,étant  plus  groffe  que  n'eft  la  tête 
d'un  enfant  nouvellement  né:elle  étoit  rendue  co- 
rne l'-n  balonj&:  remplie  de  fang,dont  la  plus  grande 
pirtie  étoit  coagulée  j  il  y  en  avoit  la  quantité  de 

R  r   iij 


6^0  'Defcrlptlon  à' une  Oreille  du  cœur. 

plus  de  trois  demi  fepciersjl'on  iépara  cette  oreille 
de  la  bafe  du  cœur,&  après  en  avoir  vuidé  le  fang 
on  la  trouva  ofîifiée  intérieurement  ,  c'eft-à-dire 
quefatuniqueinterne  étoit  enduite  d'une  fubflance 
ofleufe  &  écailleufe ,  femblable  à  la  coquille  d'un 
oeuf  tres-dure,quila  tenoit  toujours tenduc,le  fang 
tant  de  la  véne  cave  afcendante  que  de  la  defcen- 
dante  le  vcnoit  verfer  dans  la  cavité  de  cette  oreil- 
le, &  l'embouchure  de  l'oreille  dans  le  ventricule 
droit  du  cœur  éuoit  prodigieufement  grande. 

L'empreflement  que  l'on  eut  pour  enterrer  le 
corps ,  fut  caufe  que  l'on  ne  put  pas  examiner  les 
parties  voifîneSjaulîi  bien  que  Ton  eût  pu  fouhai- 
terjl'on  fe  contenî-a  de  féparer  promptement  cet- 
te oreillcjquc  l'on  vous  prie  de  faire  voir  aux  plus 
habiles  Anatomiftes  de  Paris. 

Monfieur  DubuilTon  a  dit  plufieurs  fois  à  fes 
amis  particulierSjque  ce  mal  avoir  commencé  il  y 
avoit  environ  douze  ou  treize  ans ,  à  l'occafion 
d'une  violence  qu'il  fe  fit  un  jour  pour  retenir  les 
premiers  mouvcmens  d'une  grande  colerejCnfuite 
dequoi  il  fentit  pour  la  première  fois  les  picote- 
mens  dont  on  a  ci- devant  parlé. 

Voilà  ce  que  contient  la  relation  que  l'on  m'i 
envoyée  ,  l'on  ne  peut  pas  fe  difpenfer  d'y  faire 
quelques  réflexions  ;  mais  avant  que  de  les  com- 
mencer il  faut  jetter  les  yeux  fur  la  planche  que 
j'ai  fait  gravcr^Sc  ces  lettres  alphabétiques  inftrui- 
ront  de  tout  ce  qu'elle  reprefente. 
K  Le  cœur. 

E  L'oreille  droite  du  cœur  furieufement  dilatée, 
C  La  véne  cave  defcendante  ;  qui  verfe  le  fang 

dans  la  cavité  de  cette  oreille. 
D  La  véne  cave  afcendante  ,  qui  apoxte  le  fan  g 

dans  cette  même  cavitéj 


extrao-ràlnairement  dilatée.  6^1 

E  L'artère  des  poumons  qui  fore  da  ventricule 

droit  da  cœur. 
F  L'oreille  gauche  du  cœivr  de  la  grandeur  qu'el- 
le doit  être  naturellemenr. 
G  La  véne  des  poiimons  ,  qui  apporte  le  fang 

dans  le  ventricule  gauche. 
H  L'aorte  01^  la  groffe  artère  qui  diftribuë  le  fang 

par  tout  le  corps, 
I  Une  oreille  droite  du  cœur  de  la  grofTeur  de  de 
la  figure  qui  lui  eft  naturelle. 
La  première  réflexion  que  l'on  doit  faire  fur  ce 
faitjC'eft  d'examiner  comm.ent  il  eft  pofTible  qu'une 
oreille  du  cœur  puilîefe  dilater  jufqu'au  point  où 
celle-ci  eft  parvenuë,il  eft  vrai  que  les  oreilles  da 
cœur  étant  membraneufes  peuvent  s'étendre  &  fe 
groiïîr,de  même  que  l'eftomac,les  boyauxja  vef- 
îîe  ,  la  matrice  ,  &:c,  comme  parties  membraneu- 
fes prêtent  tout  autant  que  ce  qu'elles  contiennent 
les  oblio-e  de  fe  dilaterjelles  font  de  même  fubftan- 
ce  que  cesparties:elles  peuvent  donc  comme  elles 
devenir  plus  greffes  qu'elles  ne  doivent  être;j'ai  fort 
fouvcnt  trouvé  de  ces  oreilles  qui  avoient  la  grof- 
feur  d'un  œuf,ce  qui  arrive  lorfque  quelque  polipc 
rcmplidant  leurs  cavitez  les  contraint  de  s'étendre 
à  mefure  qu'il  groflfit  :  mais  l'on  n'en  a  point  vu 
qui  à  beaucoup  prés  ait  aproché  de  cette  grolkur 
que  l'on  peut  appelle  r  prodigieufe  ,  parce  qu'il  ne 
s'en  eft  jamais  rencontré  une  femblable. 

Le  malade  a  toujours  crû  que  ce  qui  avoit  don- 
ne nailfance  à  cette  indifpoficion  croit  de  s'être  fait 
violence  pour  retenir  les  premiers  mouvemens 
d'une  grande  colere^il  s'agit  de  fçavoir  fi  cette  cau- 
fe  peut  produire  cet  effetjc'eft  dont  on  ne  doit  pas 
douter,puifque  dans  les  trâfportsde  colère  le  fang 
fe  porte  parles  vénes  avec  impetuofité  au  cœur, 

R  r   iiij 


<Ç  3  i  Defcrl^tîon  d'uni  Oreille  du  cœur 

Les  artères  ont  quantité  de  petits  nerfs  qui  les  en» 
vironnent  coivme  des  cerclcs,&  qui  dans  la  colère 
les  ferrant  obligent  le  fang  qu'elles  contiennent 
de  fe  répandre  dans  les  parties  ;  c'eft  ce  qui  fait 
rougir  toute  la  peau,&  particulièrement  celles  des 
jouës:&  pour  lors  ce  fang  répandu  rentre  dans  les 
vénes  promptement,^  marche  vers  le  cœur  avec 
plus  àc  précipitation  qu'il  ne  faiioit  ayant  qu'on 
fe  fut  mis  en  colère. 

Les  oreilles  font  placées  àl'extrémitédesvailfeaux 
qui  y  aportent  le  fang  pour  être  vcrfé  dans  les 
ventricules;elles  fervent  de  melure  au  fang  avant 
qu'il  y  foir  verféjcar  fans  les  oreilles  le  fang  tom- 
beroit  entrop  grande  quantité  dans  les  ventricu- 
les du  cœurjce  qui  le  fufFoqueroitjcela  fe  fait  ainfî 
quand  le  cours  du  lang  eft  réglé, mais  un  mouve- 
ment de  colère  donnant  de  l'adtion  au  fang,&  pré- 
cipitant la  cîrculationjil  le  fait  fe  lancer  avec  vio- 
lence dans  les  oreilles  du  cœur,OLi  faifanc  effort  il 
les  oblige  de  redilater;&  lors  qu'elles  ont  une  fois 
foufFert  ce  premier  effort  d'extenfîon,elles  ne  font 
qu'augmenter  tons  les  jours  par  l'impulfion  con- 
tinuelle du  fang  ;  qui  pafl'ant  fans  cefîe  dans  leurs 
eavitez  ,  pouffe  leurs  parois  en  dehors. 

Il  ne  faut  point  s'étonner  s'il  avoir  un  poulx  ru- 
de &  frequcnr,c'étoit  une  fuite  de  cette  difpoiition. 
Les  oreilles  mefurent le  fang  qui  doit  tomber  dans 
les  ventricules  ,  afin  qu'il  n'y  en  entre  ni  plus  ni 
moins  qu'il  en  fautj&  leur  cavité  efi;  la  mefure  de 
ce  qu'il  y  en  entre  à  chaque  pulfation.Cette  oreille 
par  la  trop  grande  dilatation  ne  faifant  plus  cette 
fondioujlc  fang  tomboit  à  floc  dans  le  ventricule 
droit  du  cœur  ,  qui  par  des  efforts  réitérez  &  ^re- 
quens  tâchoit  de  fc  débaralfer  d'une  trop  grands 
c^uamité  de  (ang  <jui  étoic  toujours  prête  de  le  fuf- 


extraordmalrement  âîlatée.  6^^ 

foquei*  -,  le  cœur  écoit  par  ce  moyen  tellement  en 
adion,  &  Tes  batteirsens  croient  fi  violens  que  l'on 
les  aperccvoit  à  l'endroit  du  fternum  ,  ce  qui  ne 
pouvoit  pas  fe  faire  fans  douleur  :  &  en  éfet  il  en 
relîentoit  de  continuellesjqui  les  piquoient  comme 
des  épingles  dans  la  région  du  cccur. 

Qiioique  le  fang  eût  une  entrée  libre  dans  le 
ventricule  droit,  il  ne  palToit  pas  pour  cela  plus 
vite  d'un  ventricule  à  l'autre  ,  au  contraire  cette 
quantité  de  fang  qui  ne^^l'empliflbit  que  trop  em- 
pêchoit  que  le  cœur  ne  lançât  ce  fang  dans  l'artère 
des  poumons  5  de  forte  qu'il  n'en  étoit  porté  que 
trés-peu  dans  le  ventricule  gauche,qui  ne  pouvoir 
envoier  aux  parties  par  les  artères  que  cette  petite 
quantité  qu'il  avoir  reçue;  ainfi  toutes  les  parties 
du  corps  ne  recevoient  point  autant  de  ce  fang 
vital  qu'il  leur  en  falloit  pour  les  animer  ,  &c  les 
nourrir  ;  c'eft  ce  qui  caufoit  ce  grand  froid  qu'il 
avoir  par  tout  le  corps  ,  ôc  particulièrement  aux 
pieds ,  qui  étoient  toujours  fi  froids  que  l'on  ne 
put  jamais  les  réchauffer. 

Ce  qui  m'étonneroit  le  plus  feroît  cette  croûte 
olfeufe  ôc  écailleufe  qui  tapifToit  intérieurement 
cette  oreille,fi  je  n'en  avois  pas  vu  de  pareilles  en 
dedans  de  la  dure-mere  ;  j'en  ai  trouvé  une  à  un 
Potier  d'Eftain  du  Fauxbourg  de  S.Germain,dont 
je  iîs  l'Anatomie  publique  au  Jardin  Royal ,  qui 
l'avoit  prefquc  tor.teofleufe-.le  fuc  qui  nourrit  ces 
membranes  peut  par  fa  chaleur  excefllve  les  delTe^ 
cher  Ôc  les  ofîlfier  de  la  même  manière  que  nous 
voyons  fouvent  l'aorte  devenir  olfeufe  proche  le 
cœur  par  la  chaleur  du  fang  qui  eft  en  ces  parties 
ôc  par  l'exprclîion  qu'elles  font  continuellemenc 
de  la  liqueur  qui  les  rend  fouples. 

L'on  n'a  point  trouvé  d'huraidltez  dans  le  péri- 


6  ;  4  0#'-''''-tTe  ^o"  ;„em  du  fang  &  du  cœur 
carde,parce  1"= '=  ^^^  }  ,,ation  qui  fe  fait  par 
n-etanr  po.m  "ff'kàn  cœur,&  par  celles  du  pe- 

licatde.ne  le  pou  .on  \  ^  ;,  andes  étoïc 

ae  plus  le  peu  qm  ^  ^  '°^„tens  lu  cœur  trop        . 
bien  tôt  confume  par  '"  <«  ■  ,„„ecinc 

f..q„e„s,de  f°;-^2";/i^aTp  r  cardl  ,  il  ne  fauc 
U  fépavat,on  ''«.  «î^/^f  t",es  s'entre-touchant  fa 
poim  être  luvpns  i.  ce  pau.  3,,iechanti&  de 

Font  a"-t-«'.  ""^VatSt  U  Vroffeur  de  la  tête 

a-un  enfant  F°'^'""  '  ' .    „„i„,de;ce  qui  pcutcn- 
ae  s-appliquer  --^     f,    Hont'on  a  pfrlé.     _ 
core  avoir  caufe  1  adhc u  ^^         ..^ 

Enfin  1-on  demande  s ''  ^^'^ J       ;,  „. -^^^ 
«'^'"^>^^°r;i°Mdc"nr6c''delaChirur^gie 

a,„sle  P;-°'  ,7  :,7dent  ;maiscet  exen,ple  ne 
ae  rcmed,ei  a  cet  ^^^^        ,.^„  „^. 

aoit  point  autorifer  «»^  «J^  extvaordinaites;car 
8''s''"°'JrfcrTrianatrdecelle-ci,ilyena 
pour  une  c^ui  lera  de  ^^^^^  f^^^^. 

pi»'--"  tm^lirno- ina^-nt  les  retnedes 
connoitte  la  m»'»?^'=  ,  ^.  veilles  occalions, 
qne  nous  devons  f^^  f^^';\,'„?  ,  rfen  à  négliger 
il  faut  ao"='°"^°^''"/;'V™e  cesobfervations 
aansla  nature  ;  &  S"^"^"  ."^,  p"ffibiiicé  qu'il  y 
aécoavriroient  q«M"^  ?^^'  "Pu,  „o„s  procu- 
,  de  guérir  certan.es  ^f^^Xcr  des  confequen- 
,ent  a";  moins  l'avantage  d  en  tne  ^^.  ^^^^^ 

ces  plus  i»ft".5'r„X  mm  «  en  état  'de  nous 

font  '""""""f^ATprônoIlic  que  nous  devons 
moins  tromper  lur  ic  jjw 

faire  des  maladies. 


'^  A^ 


^■^■i 


j< 


^5/ 

EXPLICATION 

DE  LA  FIGURE  DU  MOUVEMENT 
du  Cœur. 

où  ion  A  rendu  plus  fenfible  te  circuit  des  prî»^ 
cipaux  vaijfeattx  ou  du  réceptacle  du  fang^ 
en  ftparant  les  ventricules  du  cœur  Cun  de 
Cautre. 

LE  premier  tronc  commun  da  réceptacle  du 
fang  eft  compofé  de  l'oreillete  droite  du  cœur 
A  du  ventricule  droit  du  cœur  B.  &  du  tronc  du 
l'artère  pulmonaire  ,  C. 

Les  premiers  rétrecilTeraens  du  réceptacle  da 
fang  ,  marquez  DDD.  où  les  rameaux  fe  divifenc 
infenfiblement  de  plus  en  plus. 

EEE.délîgnent  ces  mêmes  rétréci (Temens  qui 
échapent  à  la  vûeySrqui  compofent  la  plus  gran- 
de partie  de  la  fubftance  des  poûmonSjaiant  com- 
munication avec  les  racines  du  vaifleau  excrétoi- 
re pulmonaire  Q.qu'on  nom.me  âpre  artère. 

FFF.m.arquent  ces  racines  qui  concourent  peu 
à  peu  à  former  le  tronc  fuivant,  Tçavoir; 

Le  fécond  tronc  commun  du  reccpracle  du  fang 
qui  réfulte  de  l'oreillete  gauche  du  cœur,  G.  du 
ventricule  gauche  ,  du  cœur  W,^  du  tronc  T.  de 
Vartere  qui  doit  être  diftribuée  à  tout  le  corps  , 
tant  aux  parties  fuperieures  qu'aux  inférieures. 

Les  féconds  rétreciiremens  du  réceptacle  du 


^$6 

fang  ,  où  les  rameaux  KKK  ,  fe  fubdivifent  tou- 
jours en  fe  létrecilTant  de  plus  en  plus. 

LLL,  ces  mêmes  récreciflemens  prefqu'impeû- 
ceptibles  dont  la  fubftance  des  reins  ,  de  la  racce, 
&c  cfl:  principalement  confl:ruite,&  qui  commu- 
niquent avec  les  racines  des  vaifleaux  excrétoi- 
res des  reinsjRR.qui  font  apellez  artères,  &  des 
autres  vifceres. 

MMM.  les  racines  qui  concourent  des  reins 
avec  les  racines  des  autres  parties  pour  former  le 
premier  tronc  commun. 

NN.  les  racines  qui  concourent  de  la  ratte  & 
des  autres  parties  dans  le  troifiéme  tronc  du  ré- 
ceptacle du  fangjequel  on  nomme  Porte  de  n'eft 
pas  commun  à  toutes  les  parties  : 

O.reprefente  ce  troiiîémes  tronc  du  réceptacle 
<Ju  fang. 

PPP.  font  les  troifîémes  récreciflTemens  du  ré- 
ceptacle du  fanf;,lcfquels  compofent  la  plus  gran- 
de partie  de  la  iubftance  du  foyc  ,  6c  communi- 
quent avec  les  racines  des  vailTeaux  biliaireSjd'où 
res  derniers  rétrecilTemcns  fe  produifent  pour 
concourir  au  premier  tronc  commun  du  récep- 
tacle du  fang. 


FIN. 


hM^à^^i 


i^i 


TABLE 


DES  MATIERES   ET   DICTIONS    ANATOMÎQUES 
cxplic^uées  dans  ce  Livre ,  &c  rangées  par  Alphabet. 

A 

ABAi-iSEUR  OU  humble  ,  mufcle  AmigJales  ,  glandes.  416.  &  417 
de  l'œil.  Page45>7    Araphiarcrofe  ,  articulatioQ  neucrc. 

Abdomen  ,  ou  ventre  inférieur ,  ce       11 

que  c'cft.  1^0    Anaftoraofc,  ce  que  c'cft.  ^14 

Abdudeur  de  l'index  mufcle.     181    Anacomie  ,  ce  que  c'eft.  114. 

Abducteurs  ou  dédaigncurs  ,  muf-   Anacomie,  &  fon  fujet,  lOi 

des  des  yeux.  497    Aoatomie.necciTaite  aux  Médecins 

Abduâiion  ,  ce  que  c'eft.  ^po       &  aux  Cbiruigicns.  114 

Achiles.  tendon  du  calon.  41^0  Auchilofe.raatadie  des  articles.  11  j 
AcidCjfuc  réparé  par  le  pancréas  109  Anconeus  ,  mufcle  du  bras.  557 
Acroraion ,  apophifc  de  l'omoplate   Angiologic  hiftoitc  des  vaifTcaux , 

97  1^4 

Abdufteur  de  l'index,  mufcle.    56  j  Angles  de;  yeux.                       49  j 

Abdudeui  du  gros  orteil ,  mufcle.  Anneaux  fibreux  de  la  veflîcule  da 

558  fiel.                                           197 

Abdudeurs,  oubeuveurs,  mufcles  Annulaire  ,  apophifc  du  cerveau, 

des  yeux.                                  497  47t.  &  473 

Abdudion  ,  ce  que  c'cft.          }$o  Annulaire, cartilage  du  larior.  414, 

Adhérence  de  la  peau.                137  Annulaire  ,  doigc.                      101 

Adhérence  des  poumons.         400  AnDu'airc,ligameDtdu  poignet.  5  j^ 

Adipeufc,  mcmbiane  commune.i3p  Annulaire,  ligament  du  tarfe.    594. 

Adipcufe, membrane  des  reins.  2:4  Annulaire,  ou  fpindcr  ,  mufcle  de 


Adipeufe,  vénc. 
Aines,  ce  que  c'cft. 
Air,  &  fcs  ucilitcz. 
Air  fe  mêle  avec  le  fang. 
Ailes  de  l'oreille. 
Ailes  du  nez. 


lit  l'anus.                                       177 

zn  Antagoniftcs,  mufcles  opofez.  535^ 

}^6  Anthelix  ,  partie  de  l'oreille.    507 

414  Antipetiftalaque  ,  mouvement  des 

^06  boyaux.                                      171 

511  Anciccar,  mufcîc  du  pied.        j^8 


Aiifellcs,  toujours  garnies  de  poils,  Anrircn.3r,n-iu(ci£  du  pouce  5^4  56c 

H  y  Antropologie    ,    eu    difcours    de 

Albugineufc  tunique  des  cefticules.  l'homme.                                 ixj 

iji                                       ^  Anus  cxrtémicé  du  redum.        131 

Alvéoles,  caviccz  qui  reçoivent  les  Aorre,  gioiïe  arrête        xij».  &  j^j 

denrs.                                          53  Aponcvtolcs  des   mufcles  du  ven. 

Ame  eft  une  étincelle  de  la   divi-  rrc                                                149 

nitc.                                       443  Apophife ,  ce  que  c'cft,               17 


TABLE 

Apophife  du  Cerveau.  471    Axil'airc  ,  Vertèbre.  7tf 

Apcnatce  du  cœcum.  175    Azigos  ,  ou  fans  paire ,  Tcnc.   438 

Apciidiccs  graideufcs  du  Colon  i-j6 
Apichcnfion  c(t  'adion  de  la  main;  B 

Aqueduc,  canal  dans  l'oreille.  Ç07.   T^Aaillement  ,    comment    fc 

&  51  î  O     faic.  Page  43 1 

Aqueufe  ,  humeur  de  l'œil,       501    Bartolin  ,  fon  fentimcnc ,  i.&  11 
Arachiuoide,  tunique  du  cnftâUin.    Baie  du  cœur.  374 

tà-n.me.  Bafe  de  romoplatc.  98 

Aréole  ,  cercle  du  mamelon.     3  59    Bafigloffe, mu fde  de  la  langue.  571 
Aritci)oiiicii,murcledu  larinx.  416    Baâliquc,  véne  du  bras.  571 

AritenoidcjCarciiage  du  larmx.  313    Ballîn,  cavité  de  l'hypogaftre.    ifç 
Arierefaix,  ou  placenta.  159    Badincc  des  reins,  Hf 

Arccre  ,  ce  que  c'eft.  607    Bcuveur  ou  lifeur,  roufcle  de  l'œil. 

Articulation  des  os.  7.&  8       497 

ArtroJie  ,  ce  que  c'eft.  9   B.ceps  ,  mufcle  du  bras.  4^6' 

Attron  ,  efoecc  d'articulation.      8    Biceps,  mufcle  de  la  jambe.    592. 
^/e//i«/ a  trouvé  les  vcncs  ladées    Bicornis ,  mufcle  du  carpe.        561 

en  i<5^ii.  i8r    Bile  ,  ce  que  c'eft.  198 

Afcendante  ,  arrere.  435    Bilcjl  y  en  a  de  deux  (oncs.là-jTré. 

Afcendante  vcne.  iio    &  438    Bivcnter  ou  digafttique,mufclc.54é 

Afphalites  ,  dernière   vertèbre   des   Blanc  de  l'œil.  499 

lombes.  77    Bord  ligamenteux.  p8 

Aftragal.  117    Boral  ,  trou  proche  le  cœur,    i  jp 

Atlas, première  vertèbre  du  cou.  74    Bouche,  ce  que  c'eft.  519 

Attaches  des  poumons.  400    Bouche  du  ventricule.  i6ç 

Avant  bras  ,  ce  que  c'eft.  loi    Boyau  gras  ,  c'eft   le  recSlum.    561 

Auditif,  nerf  de  l'oreille.    479  çii    Boyau,  ce  que  c'eft.    170. &  ijz 
Avertillement  aux  Chirurgiens  fur   Boyaux  font  fix.  i73 

le  crâne.  37    Branches  du  corps  ,  font  les  bras& 

Avcrtiflement    aux  mêmes    fur  le       les  jambes.  9Ç 

fémur.  115    Brachial  externe, mafcicdu  bras,  j  57 

AvertilTemcnt  aux  mêmes   fur  la   Balanus  ou  gland.  14* 

faignée.  616   J74   Bras  ,  os.  ^  9^ 

AveuilTemenc  aux  mêmes  fur    le    Bras  ,  extrémité  fuperieure.        167 

VerumoHtanum.  13  <J   Bronches  de  la  trachée  artère.  40  j 

Avertiflemcnt  aux  mêmes  fur  l'u-       40* 

jetre.  *46   Bronchialc  artère  des  poûmons.40} 

Auriculaire,  petit  doigt.  108    B^nchiale   ,    véne  des  poumons. 

Axeou  aiftîeu,troi{iémcvcrtebre.7  5       là  même. 

Axillairc  ,  artère.  457   Bronchique,  mufcle  du  larinx.  42 Ç 

Axillaitc  ,  réac.  Ik-méms.  Buccioatcur,  rauldc  des  lèvres.  5x1. 


DES     M 

BMfff«/*,  ou  petite  gorge.      Çio 
Buciccufes,  oa  parties  du  iâii.    364 


CAl,  comment  fe  fait.  Page  17 
Calamus,  cavité  du  quatrième 
ventricule.  473 

Calcaneum,  os  du  talon,  118 

Canal  arcerieux.  ^17 

Canal  commun  de  la  bile.        ^^7 
Canal  pancréatique.  20^ 

Canal  thoraçhique.  183 

Canal  nazal.  5 1  7 

Canaux  excrétoires  du  nez.  l/i-mê. 
Ganin  mufcle  des  lèvres.  511 

Canines  ,  dents.  64 

Capillaires,  véncs  trés-pctites.  613 

&  614 
Capfulcsatrabilaircs,ccqucc*cft.2io 
CâpCule  de  Glijfon.  i^x 

Carotides  ,  artères.  482 

Carpe  ,  partie  de  la  main.  13 

Caruncules  du  coin  de  l'oeil.     59  j 
Caruncules  mirtiformes.  i66 

Cafeufcs ,  ou  ftomagcufes ,  parties 
du  lait.  3(^4 

Cave  la  plus  groffc  vcne.  391 

CavitcZjOu  parties  caves  des  os.  1 9 
Cavitez  delà  tête.  66 

Cavitcz  des  os  fonc  différentes.    7 
Cavitez  doubles.  10 

Cavitcz  fimples.  l^-méme. 

Caufcs  des  os, quelles  font  ii,&  13 
Geignante ,  dernière  vertèbre    du 
dos.  y6 

Centre  nerveux  de  diaphragme.5  81 
Géphalique,  véne  Hu  bras.  571 

Ccphalopharingien  ,  mufcle.    419 
Cétatogloffc  ,  mufcle  de  la  langue. 

Cercle  membraneux  des  inteftins. 
171 


A  T  I  E  R  E  S. 

Cerveau  ce  que  c'cft.  4^1 

Cervelet  ,  ce  que  c'c/l.  47* 

Cervicales ,  artères.  481 

Cervicales,  vénes.  43  5 

Chair  de  la  langue  eil  particulière. 

Cheveux  ,  ce  que  c'eft.  174 

Chilc  ,  ce  que  c'et.  167 

Chilification, comment  fe  fait.  i8y 
Chirurgie  ,  ce  que  c'eft.  l 

Chirurgicri  doit  être  bon  Anato* 
miftc.  124 

Cholidoque,conauit  de  la  bile.  157 
Choroïde,  tunique  des  yeux,  joi 
Cicatrice,  ce  que  c'cft.  13S 

Ciliairc  ,  ligatBent  des  yeux.  305 
Cils ,  ce  que  c'cft.  49<^ 

Circulaires, fib-es  dcsinteftins.  171 
Circolaire  ligament  des  articles.  10 
Circulaire  ,  petit  01  de  l'oreille.  4c 
Circulation  du  fang  ^  comment  le 
fait.  394 

Ciftiqucs ,  ancres.  151 

Ciftiques  ,  vénes.  19a 

Clavicules  ,  os  de  la  poitrine.  %j 
Cfinoïdes ,  apophifes.  ^g 

Clitoris,  ce  que  c'eft.  a^j 

Coccii,  os  de  l'extrémité  de  l'cpice, 

79 
Cœcâle,  véne.  i8i 

Cœcum  ,  gros  inteftin.  17  c 

Cœliaque ,  artère.  no 

Cœur  ,  ce  que  c'eft.  375 

Coins  de  la  bouche.  jto 

Col ,  éminence  d'os,  17 

Col ,  fes  vertèbres.  73 

Col  de  la  matrice.  17  g 

Col  court  de  la  matrice.  1^^ 

Gol ,  partie  de  la  poitrine.  41.  t 
Col  de  la  vcftîc.  xig 

Gol  de  la  veflîcule  du  fiel.  196 
Colomoe  du  nez.  jii 

Colon  ,  gros  intcftio.  i-j6 


TABLE 

Complexus ,  murde  de  la  tête.  J49  Çdftales ,  rcrtebres.                   jy 

Condilc,  petite  tête  de  i'os.         17  Côtes ,  os  delà  poittine.            ^4 

Conduit  iK.gLJicr.                      1^8  Cotiloidc  ,  cavité  de  l'iichion.   lo 

Conduits  bi  laircs  dans  îc  foye  ijt  Couches  des  nerfs  optiques.      474 

Conduit  uiinaiie  de  ia  femme,  16  j  Coude  ,  ce  que  c'cft.                 101 

Coiigenetcs  ,  mulcies.                J35  Coude  du  pied.                           jg7 

CoDgiobées,  gl.;Ddc$.                107  Couleur  des  os.                           xç 

Conglomérées,  «fpcces  de  glandes.  Couronnement,  ce  que  c'cft.  %(,\ 

*o8  Court  ,  mufcie  du  bras.             jj^ 

Conjoiidivc,  tunique  de  l'oeil,  joo  Court ,  raufclc  du  carpe.         5^0 

Cooflticleurs  du  nea  mufcles.  514  Court ,  mufcIc  du  pouce.          J64 

Coquilles,  cavité  ie  l'oreille,      çio  Court,  mufcie  du  rayon.          ç^g 

Coracoide,  apophifc  de  l'omoplate.  Court  ,  mufcie  peronicr  de  la  jam- 

99  be.                                             j,ç 

Coracohioïdien,  mufcie.           î47  Goûturiet  ,  mufcie    de-  la  jambe* 

Coracoïdicn,  mufcie  du  bras.     555  jjt 

Corde,  qui  cft  dcrriac  ic  tambour.  Crâne  ,  ce  que  c'eft.                    j* 

Î09  Crafle  de  la  peau,  comment  fe  fait.' 

Cordon  qui  va  de  i'eofant  à  l'artîe-  137 

rc  faix.                                   15^  Crcmaftcr,  mafclc  des   tefticuies. 

Cornée  ,  tunifjiie  de  l'œil,          500  231 

Cornes  de  /a  matrice.                170  Crête  de  coq  ,  apophife.             48 

Corne  de  l'os  hyoide.                 65  Crcte  de  l'omoplate.                    99 

Corniche  de  la  voûte,               4^7  Cricoatitcnoidiens  latéraux  ,  muf- 

Coronal,  os.                                 57  clés.                                        41  y 

Coronalc  ,  future.                       34  Cticoaritenoidicns       pofteticurs  , 

Coronaires ,  artères  du  cœur.    377  mafcles.             '           là-méme. 

Coronaires, vcnes  à\iccc\ii.là'mém  Cticoide  ,  cartilage  du  larinx.  411 

Coronaires ftomachiques,vénes.i8i  Cricotiroidiens,  mufcles.         415 

Coronc,  pointe  d'os.                   18  Criftalline  ,  humeur  de  i'œil.   505 

Corps  calleux  du  cerveau.         4^4  Grotaphites ,  mufcles.                y44 

Corps  canelez  du  cerveau.         435  Crural,  mufcie  de  la  jambe.      591 

Corps  caverneux  de  la  verge.    145  Crurale,  artère.                         6to 

Corps  cendré  du  cerveau.         463  Crurale  antérieure  ,  artère.       6iz 

Corps  glanduleux  du  foye.         190  Crurale  pofl:erieure,attere./«-«»?'«». 

Corps  mammillaites  des  reins.  Il  j  Crurale  ,  véne.                          ^18 

Corps  médullaire  du  cerveau.   4^4  Cubital  externe ,  mufcie.          560 

Corps  pampiniforme.               Z24  Cubital  interne,  raufclc.         jj^ 

Corps  papillaires  de  la  langue,  j  17.  Cubitus ,  os  du  bras.                lor 

&  jiS  Cuboïdc ,  os  du  pied.                114 

Corps  voûté,  partie  du  cerveau.  4^7  Cui.Te  ,  ce  que  c'eft.                  5^^ 

Corticale  ,  fubftancc  du  cerveau.  Cunéiforme,  os  du  lar.^e.         119 

4<S3  Cuticule  ,  tégument  commun.  13$ 


DES    MATIERES. 


D 


ARTos.mufcIe  cutané.Pag.iji 

Dcdaigncur ,  mufcle  de  i'œil. 

A97         ^ 
Définition  doir  être  claire,  13 

Dé  ferons  ,  va  ffeauï.  135 

Déglatition,  comment  fe  fait,  j  17 
Dclioidc  ,  mufcie  du  bras.  553 
Demi  circulaires  ,  fibres  du  cceur. 

Demi  épineux,  mufcle  des  lombes. 

Î84 
Demi  membraneux  ,  mufcle  de  la 
jambe.  j9i 

Demi>nervcut,mufcle  delà  jambe. 

la-  même. 
Dent ,  ce  que  c'cft.  57 

Dent  de  lait.  60 

Dent  de  fageffe.  la»méme. 

Dentelé,  mufcle  de  la  poitrine.  57^ 
Dentelé    pofterieur    &  infe.icur, 
mufcle.  Ik-méme. 

Dentelé    portcricur    &   foperitur, 
mufcle.  là- même. 

Derme  ,  ou  peau.  13e 

Defcente  ,  artère.  4j6 

Defcondantc  ,  vénc.  438 

Diaphragme  ,  ce  que  c'cfl.  580 
Diartrolc  ,  efpecc  d'articulation.  8 
Diaftole.mouvcmcntducœur.  378 
Différence  des  os.  ç 

Digafttique  ,  mufcle.  546 

Digcftion  des  alimens.  168 

Dilararcurs  ,  roufdes  du  nez.  ^14 
Diploé  ,  ce  que  c'cft.  32, 

Differration  fur  ia  Géuératioa.  173 
DiiUmilaites  ,  parties.  12.8 

Doigts  ,  font  cinq.  iO 

Dos  ,  partie  pofterieuic  de  la  poi- 
trine. .  454 
Dos  ,  fes  v'èrtcbtcs,  76 
Dos  du  nez.                             512, 


Douteufe,  efpecc  d'articulation.  10 
Droit  ,  mufc  c  de  l'abdomen.  144 
Droit,  rnufc'e  de  la  jambe.  551 
Droits ,  grands  &c  petits  mufcles  de 

la  fête.  16^    &  16^ 

Du  Laurens  ,  fes  raifons      3    &15 

Duodénum  ,  inrcftin  ,  g, éie  ,     173 

.174 

Dure  rocre,  raemb;ane  du  cerveau. 

45i  

E 

EAu  du  péricarde,  comment    fc 

Efet  de  la  femence  retenue.  3Z5 
Ejaculatcurs,  mufcles  de  U  verac 

140 

Ejaculatcurs,   mufcles  du  clitoris. 

16^4 
Ejaculacoitcs,  vailTcaux  de  l'hom- 
me. i-^6.  &  137 
Elitroïdc.tunique  des  cefticulcs.  23  i 
Eminence    annulaire  du  cerveau. 

471475 
Eminentc,   première    vertèbre  du 
dos.  j^ 

Emulgentes,  artères.  210 

Emulgenres ,  vénes.  2, ,  r 

Enartrofe  ,  efpece  d'articulation.  8 
Enclume  os  de  l'oreille.  44.  &  «o^ 
Enervâtion  du  mufcle  droit.  147  14S 
Entonnoir,  partie  du  cerveau.  4^5. 

466 
Epaule  formée  par  l'omoplate.    97 
Epidctme  ,  ou  ferpeau.  133 

Epididime,  ce  que  c'cft.  X34 

Epigaftre  ,  partie  du  ventre.  130 
Epigaflriquc  ,   artère.  120 

Epigaftrique,  vénc.  lÀ-m.n7e. 

tpiglotc  ,  cartilage.  ^1^ 

Epine  ,  ce  que  c'cft.  69 

Epine  du  nez  ^ ,  2 

Epincufes,  Apophifes  des  vertèbres. 

73 
Epineux  ,  mufcle  du  col.         5  c  j 
Si 


T  A 

Epîphire,  ce  que  c'eft.  I5 

tpiphifcsdes  protubetanccs  orbicu 

iaires.  470 

Epiploïque,  artères.  191 

Epipioïque  ,  vénc.  l&l 

Lpipioiqqe  poftcrieure,Téne.  la-m. 
Epiploon,  ce  que  c'cft.  i  ^9.  &  I60 
trccicurs  muiclcsde  la  vcige.  i^l 
tiédeur»  niulcics  du  clitoris.  164 
Ercdion,  ce  qui  la  fait.  145 

Eritioïde  tunique  des  tcfticulcs  x  j 
Efprit  animal.  463 

El!;rK  vita;.  la-mfme, 

Eiiomac  ,  orlËcefopcrieut  du  vcn. 

tricule.  16  j 

Etmi  idalc  ,  (uture.  3  f 

tttroide,    os  du  ctaoe.  47 

Etner^os  de  rorcille.  S4^&  5°9 
Examen  particulier  de  l'épine.  73 
Expcricncc  qui  conduit  le  chilc  au 

cœur,  441 

Expcricncc  ,  qni  prourc  la  circula- 
tion. Î97 
Expcricncc  fur  le  foye.  195 
Expcricncc  fur   le  mouvement  du 

cœur,  3  ?4 

Expérience   fur  le  mouvement  des 

inrcflins.  lyi 

Expcricncc  fur  la  génération.    3x1 
Expérience  lur  latcufion  de  la  ver- 
ge- M4 
Expérience  fur  les   vaiflcaux  fper- 

matiqucs.  217 

Expiration  ,   c'eft  la  fortic  de  l'air 

des  poûrnons.  4U, 

Extenfcur    commua    des     doigts, 

mufcle.  jér 

Extenfcur  propre     du  petit  doigt, 

mufcic.  '  56  j 

Extenfcur     commun     des  orteils, 

mufcic.  jj6 

Eitcnfeur  propie   du  gros    orteil. 

ibufcic.  ^^S 


BLE 

Extrémité  fupcrieurc,lc  bras,     j  19 
Extiémitc  inferieuie,  la  jambe.  Ix 

même. 
Extrémité  rupeiieutç   compofce  de 

6t  os.  14 

Extrémité  infciicurc  çompoféc  de 

éo  os  la- même, 

F 

F  Ace ,  cft  l'image  de  l'amc.  Page 
48&49 
Fagouë  glande.  43  8  &  43^ 

Faim  comment  fe  fait  fcniir.  1^3 

&  164 
Faits  particuliers  fur  la  geneiation 

Fifcia  lara,  mufcle.  59$ 

Faits  extraordinaires.  377 

Faulx  partie  de  la  dure-mere.   4f$ 
Fémur,  os  de  lacuilTc.  ili 

Fente  irregulietc  du  fphenoïde  474 
FefTes  ,    parties  inférieures  du  dos 

131 
Fefliers  ,    grand  ,  moyen,  &  petits 

raufdes.  588 

Fibres  ,  parties  (imilaires.         918 
Fermur,mufclc  des  paupières,  494 

49Î 
Fiel,  ou  bile.  19% 

Figure  de  la  poitrine.  il  &   81. 

Figure  de  la  Tète.  3 

Filet  delà  langue.  517 

Flancs,  parties   latérales  de  l'hypo- 
gaftrc.  131 

FlcchilTcur  propre  du  gros  orteil, 
mufcle.  îjS 

Fléchiffeur  propre  du  pouce,  muf- 
cle. ^64 
Fociles, grand  &  petit  os  du  bras.ioL 
Fœtus, comment  fe  nourrir.  loj 
Fond  de  la  matrice.  170 
Fond  de  la  vc/Hc.  118 
Fond  de  la  vcfficule  du  fiel,  i»^ 
Fond  du  ventricule.  i^i 


DES     M 

Fontaine  de  têcc.  7 

Foires,  ca virez  des  os.  19 

PofTes  cx-crnej  de  la  tête.  67 

Foffjs  internes  du  czâac. là-meme. 
Pofle  uaviculaire.  i66 

Foye,  ce  que  c'eft.  188 

Frein  de  la  verge  I45 

Front,  partie  du  vifage.  489 

Frontal  ,  ou  cotonal ,  os  du  crâne 

57 

Frontaux,  mufcics.  450 


GAlien  ,  fes  raifons.   Page  1 
Gaftrépiploïquc,  véne.      181 
Gaftrépiploïque,  artère.  97 

Gadrique    majeure^  véne-  181 

Gaftrique  vaincaieyvénc.là'méme. 
Gaftrique,  artère.  if  1 

Gemeaux.mufclcs  de  la  cuilTc.  550 
Gémeaux, mufdes  du  pied.  594 
Gcncires.ceque  c'eft.  511 

Géncration,comment  fc  fait.   3J0 

&   3SI 
Génération  des   os.  7 

Génihyoidicn,    tnufclc.  -  547 

Genioglofle   mufcle.  517 

Genou,  partie  de  la  jambe,  113 
Ginglimc, articulation  d'os.  9 

Glaire,  humeur  des  jointures.  113 
Gland  de  la  verge.  241 

Gland  du  clitoris  2.^4 

Glandes  en  général.  X07 

Glandules,  ou  petites  glandes  du 

cerveau.  463 

Glcnoide,  cavité  de  romoplâte  to 
G'obe  du  nc2.  511 

Glotte, cartilage  du  latinr.  415 
Goro^bofc,  articulation  des  dents 

10 
Gobelet  de  Diogene.  j^i 

GoQoiées,  leur  Hege.  1  j  8 


A  T  I  E  R  E  S. 

Gotier  ,  le  dcvantdu  col.  411 

Goût,  comment  (c  fait,  518 

Grains  glanduleux  des  conglomé- 
rées. toS 
Grains  g'andu'cux  du  foye.  191 
GraifTc,  tegufiic-iit  commun-  139 
Gra.deux,  vaiffeaux  de  l'épiploon. 

Grande  fente  de  la  matrice,      léi 

Grandeur  des  os.  1  y 

Grandeur  de  la  poitrine.  i8i 

Grandeur  de  la  tête.  35 

Gras  delà  jambe.  58^ 

Grêles,  intcftins.  173 

Grêle,mufcle  de  la  cuifle.  5^1  Se 

Gros  intcftins  173 

Gueule,  ou  pharini.  410 

Guftatifs,  nctfs  de  la  langue.  ji6 

Guftatif,ncrf  du  goût.  47  y 

H 

H  Anches  ,  font  faites  des  trois 
os.  Pages? 

Harnie  ,  cTpccc  d'articulation.  11 
Hélix  ,  pa'tie  de  l'oreille.  507 

Hémorroidale ,  artère.  180 

Hémorroidale,  véne.  181 

Hcmorroidc ,  maladie,  la-même. 
Hircus,  partie  de  l'oreille.  ^os 
Hiftoirc  qui  a  fait  roirfef  rênes 

iadées  dans  l'homitie.  184 

Honteufe  ,  artère.  tio 

Hontcufe,  véne.  Ik-mèm  \ 

Humble,  ou  capucin,  mufcle  des 

yeux  497 

Humerale,  artère.  43^ 

Humérus,  ou  du  bras.  99  (k.  100 
Humeur   glaitcufc    des   protaftcs. 

138  &  135» 
Humeur  Yifqucufe  de   roefophagc 

Sf     ij 


TABLE 

Humidité  vifqucufe  du  latins,  417  Intercoftalc  inférieure,  arccrc,   457 

Hydropific ,  maladie.              '     1S9  Inceicoftaie  ,  vénc.                     438 

Hyaicn  ,  ne  (c  trouve  point.     16  8  îutercoltaux  externes  mufcles.  410 

Hyoïde     os  de  la  Ungue             64  5c  ^77. 

Hyotiioidiens  ,  muicies.           41^  Intercoftauz  internes,  mufcles.  578 

HypoL-otid  es  parties    latérales  de  Interodcux  internes  &    externes, 

l'ép'.galirc  '                                  13  mufcles  de  la  main.                  563 

Hvpogàdre    partie  da  ventre.  131  IntcroiTeux    internes    &     externes 

Hypo^-aftriqucs ,  artetes.        '   iio  mufcics  du  pied.                     51^7 

Hypo^artriques  ,  vénes.  là  tnémf.  înrcftinalc,  véae.                       I75 

Hypogloudcs  ,  glandes  de  la  lan.  Inteftins  ,  quels  ils  font.            1^9 

eue.                                           516  Jf  uës ,  parties  du  vifage.          J13 

Hypotcnar  ,  mufcle  du  petit  doigt.  Iris ,  ce  que  c"c(l.                        joi 

^66  ïfchion ,  os  des  hanches,              51 

Hypotenar  ,  mufcle  du  petit  orteil.  Ifles ,  parties  du  ventre.              13 1 

568  Jugai  ,  ou  zigoma  ,  os.              çy 

I  Jugcmeas  tics  quatre  opinions   fut 

!a  génération.  joj 

ÎA  M  B  E  ,   extrémité  iafciieure.  Jugulaires  ,  glandes  du  cou.      551 

Pa^c  58^            '                    '  Jugulaires  externes  &  internes,  vé- 

Jambe  du  clitoris,                        164.  iics.                                            438 
Jarrbier  antérieur ,  mufcle.        ^93 

Jamb.er  porter. eur ,  mufcle.     555  L 
Jarret ,  ce  que  c'c.'l.                      595 

Jerrctier  ,  ou  poplité,  mufcle    ^i6  T    ABiRiNTHÊ,cavité  dç  roreillc, 

Jeju  um  ,  l'un  des  inteftins  grêlés.  L#     Page  j  1 1 

174  Lacis  choroïde.                            4^8 

Ileon ,  autre intcrtin  grêle.          lyj  Lacis  tetiforme.                          48J 

Iliaques  externes  &  intcrncis  ,  artc.  Lacrimal ,  fac.               455.  &  4^^ 

res.                                       '     xto  Lacrimale  ,  glande,         Ik'méme. 

Iliaques  internes  &  externes  ,  ve-  Lacrimaux  ,  os.                            51 

nés.                                  là-méme.  Ladécs  ,  vénes  ncuvcUement  dé» 

Iliaque ,  mufcle  de  la  cuiflc.      588  couvertes.                                 182, 

llion  ,  os  des  hanches.                50  Lacunes  ou  canaux  excrétoires.  1(56^ 

Incilif,  mu'^cle  des  lèvres.        jzo  Lait  ,  ce  que  c'eft.                      3^4 

locifîfs  ,  trous  du  palais.              J3  Lait  clair, partie  du  lait,   la-même. 

Incifives  ,  dents.                           63  Lambdoide  future.                       34 

Index  ,  iccond  doigt.                  I08  La'^goe,ce  que  c'eft.  5x4  &  S2,y 

Indicateur  ,  niulcle.                    5^î  Larinx  ,  organe  de  la  voix.  42.1.  & 

înfpiracion ,  apporr  d'air.           408  411 

ïiucrcoftal  ,  nerf.                        434  Lattjfimtts ,  mufcle.                   Î54 

Intcrcortale  ,   fupcricure  ,    artère.  Lèvres  de  la  bouche.                 519 

43  î  Lèvres  de  la  matrice.                i^i 


DES  U  A 
tigsmenc ,  ce  que  c'cft-  -  17 
Ligament  caicilaginsuï.  107 

Lii^amciis  de  i'cpine.  71 

Ligamcns  du  foye.  18j 

Liganicns  de  la  langue.  ^16 

Ligatntns  de  la  ratte.  zoi 

Ligamcns  de  la  verge.  14.1 

Ligaracns  larges  de  la  matrice.  zo8 
Ligamcns  membraneux.  zi 

Ligamcns  nerveux.  Ih-mèm». 

Lignrr.ens  ronds  de  là  macticc.  1^7 
Digne  blanche  ,  ce  que  c'eft.  i^i 
Limph  itiques  ,  véocs.  610 

Liir.phe  ,  ce  que  c'cft.  ^  ôti 

Liqueur  huileufe  ,  ou  fuc   nerveux 
ce  que  c'cft.  461 

Lobes  du  foye.  58> 

Lobes  de  l'oreille,  ^06 

Lobules  des  poumons,  40  ; 

Lombaires ,  artères.  ito 

Lombaires  ,  glandes.  jS'j 

Lombaiics,  véncs,  in 

Lombes  ,  parties  du  dos.  7^ 

tombes ,  parties  du  ventre.  îji 
Lombricaux,  mulcles  de  la  main. 

Lombiicaux  ,  muTclcs  du  pied  5?8 
Lotig  ,  mofcle  du  carpe.  y>o 

Long  ,  mufclc  du  cou.  551 

Long  ,  mufcic  du  bras. 5  5(î  &  557 
Long  ,  mulclc  du  pouce.  5^  + 

Long,  mulclc  du  rayon.  558 

Long  où   coutuiiet ,  raufclc  de  la 
jambe.  591' 

Luette  ,  ce  que  c'eft.  ji} 

Lunaire  ,  caitiiagc  du  gcnoa.    1 1  j 


M 


MAcHouU  inférieure  Page  îJ 

Machoi»e  (upcrieurc.  51 

Main  ,  &  fori  clcgc.  ?> 


Tr£îlES. 

Maiieolè  cxcerne. 
Malléole  incerne.  Ik-mer. 

'  Aî.*:'p:phi ,  fur  la  graille.  141 

Ma  !  uni ,  os  de  la  face.  52, 

Mj.mmaircs  ,  arccres.  43  5 

Mammaires ,  vénes.  437 

Mammelles'des  rcmmes,  35^ 

MamiTiellcs  des  hoaimcs  lÀ-m^/». 
Mammelon  ,  ce  que  cVft.  3  çtf' 
M.immi.laircs  ,  productions  474 
Marteaà  ■  os  de  l'ouyc.  505»  &:  44 
'viaiictcr  ,  mu'cle.  jj-y 

Miftication  ,  Comment  fc  fait,  ^o 
Maitoïdc  ,  apouhife,  43 

Matrice  ,  ce  que  c'crt.  sj3&i54 
Maxillaires  ,  altères."  47  j 

M.iïillaires  >  glande^.  ;i9 

Maxillaires  ,  os  j  j 

Mécanique  admirable  du  nez  in- 
terne. J17 
Mécanique  de  la  langue  )xy  &  ^2.8 
Mécanique  des  valvjles.  61  f 
Médiane  ,  vénc  du  bras.  5-5 
iVlediaftin  ,  ce  que  c'crt.  3<>8 
Mediaftinc  ,  véne.  365» 
Médullaire  ,  lubrtance    du  cerveau. 

4^1 
Membrane, la  plus  grande  du  corps; 

Membrane  charnue  141 

Membrane  commune  dc>    mulcles. 

143 

Membranes  du  cerveau.  451 

M^nfiiuës  j  ou  otdinaiies  des  fem- 
mes, a^9> 
Mciiion   ,    partie     de    la      fui.:i. 

Métacarpe  ,  ce  que  c'cft.  107 

Métataifc  ,  ou  avant  pied.  11^ 

Mcfarai.)ues  ,  vénes.  i%6 

Metcntcrc  ,  ce  que  c'cft.  178 

îvié'enceriqae     lopcrieure   ,  attcrc 

iO 

S  r  ii) 


TABLE 


Mcfcntctîqueînfcrîcutc ,  aitcrc../<ï- 

méme. 
MefcBcericjue  ,  nerf.  4(34 

Mefentcriquc,  vcnc.  180 

Milieu  ,  doigt.  180 

Milohyoidicn  ,  mufclc.  547 

M irtifoimcs,  caroncules.  189 

Mirtalcs  ,  valvules.  3^3 

Mcëi'e  allongée,  471  &  485 

Moelle  rpinale.  481 

Moelle, lue  des  oS.  it  &  13 

Molaires ,  dents.  64 

^onrai.tt-s,  n.ufclc  des  lèvres    511 
Morceau  d'AHam.  411 

Morceau  du  Diable.  ijl 

Morve  j  ce  CjUC  ccft.  51  ç 

Moteurs  des  yeux,  nerfs.  474 

Morte.ou  Monc  de  Venus.  2.61 

Moustaches ,  le  deffus  de  la  lévjc 

lupeiieurc.  510 

Mouverrcnt  da  cœur  Te  fait  pat  le 

fang.  384 

Mouvement  du  cerveau  fuie  celui 

du  cœur,  461 

Mcuvcmens  de  la  durcmerc  ,  font 

rr.anifcftcs.  460 

Mouvcn  tns  des  mufcîcs,  comment 

fc  foiitjluivain  l'opinion  comniu* 

ne,  Î3(î 

Sifi^jant  EorclliAk-méme^ 
btii'uar.t  M.  Brunet,         540 
Mouvement  des  os.  6 

Mouvtmens  cor>icjucs,  Ce  cjue  c'eft. 

Mjlcofucz  des  inteftins.  170 

Muî'cle,  ce  que  c'cft.  ç^r 

Molculaire,  arrerc  du  cou.  ^35 

Mii'cuîaires  fupprieurts  &  infcticu- 

res  ,  artères  des  lombes.  no 

Miirciîlaiies  fupcricurcs,  moyennes 

&  infciicurcs  ,  vénes  des  lorabcs, 

2&1 


Mufculaircs  fupcricurcs  &  inférieu- 
res ,  vénes  ducol.  43'^ 

Mufculaiies   internes  ,  externes  ,  & 
petires  ,  arrcrcs  de  la  cuilTc.     6n 

Mufcle  ,  vcne  de  la  cuifle.  619 

MyologicjOu  difcours  des  mufcles, 
It4 

N 

NA  R  I  N  E  s  ,  cavitez  du  nez. 
PageçKî. 
Nalfelle  ,  partie  de  l'oreille.       jo^ 
Ncites  ,  parties  du   cerveau.       471 
Naviculaires  ou  du  pied.  ri8 

Nephrii.s,  première  vertèbre  àcs 

lombes.  76 

Neifs  ,  ce  que  c'ed.  Éoi 

Neifs  caverneux  du  clirotis.       1*4 

&  165 
Nerfs  caverneux  de  la  verge.     141 
Névrologie  ,  ou  hiftoire  des  Nerfs. 

601 
Nez,  ce  que  c'efl.  141. 

Nez  ,  compofé  de   cinq  cartilages 

Nez  ,  formé  par  deux  os.  51 

Nez,  organe  de  l'odorat.  511 

Nombre  des  côtes.  S6 

Nombre  des  dents, trente  deux.   6^ 
Nombre  des  muCcles, félon  les   An* 
ciens  .quatre  cens  trcnre  quatre. 

Nombre    des    mufcles  ,   félon   les 

ModerncSjCinq  cens  viogt-ncuf. 

600 

Nombre  des  os  deux  cens  quaran- 

rc-rcLif.  ij 

Nombril  ,  ou  umbiiic    155  &  15^ 

Nourrice  doit  avoir  le  rriammcion 

petit.  3Î^ 

Nourrirure  des  oî.  11 

Nuque  du  cou.  42.1 

Nymphes,  ce  q^e  c'cft.  x^i 


DES     MATIERES. 

Oreille  dfoicc  da  cœut  prodtgicU- 
)  fcmenc  gcodîe.  i^  S 

Organe,  ce  que <'eil  ii<^ 

Organiques.parcics.  Ikvem. 

Orrficc  excerne  de  la  matrice  z6i 
Orifice  interne  de  la  macrice.  159 
Orifices  des  trompes.  i^i 

Orteils,  ou  doigcs  du  pied.  liO 
Os  ce  que  c'eft.  ^  î 

OUification  fc  fait  peu  à  peu.  iS 
OIteologic  .  ou  difcours  des  os.  j 
O.airc,  ou  tefticulé.  ^50 

O/alairc.rtou  de  rifchion.  91 

Ovariftes ,   ceux     qui  croient  les 
œufs.  _  ^70 

Ouraque  ce  que  c'eft.  M7 

Ouyc, comment  fc  fait.  511 


OB L  I  ciu  ï  afccndant ,  ttufclc. 
Page  14  j 
Ob'ique  dcfccndant,  mufcle.     144 
Obliques  grands  &  petits  ,  mufclcs 
de  la  tête.  5  5° 

Obliques  grands  &  petits  ,mufcles 
des  yeux.  49 8 

Obfcrvations  fur  les  poumons   401 
Obturateurs   internes    &  externes 
mufclcs  de  la  cuiftc,  590 

Occipital  os  de  la  tête.  590 

Occipitaux,  mufclcs.  J^o 

Occiput,  partie  de  la  tête.         44S 
'Odontoide  apophifc.  7  5 

Odorat  ,  comment  fc  fait.  519 

Oeil,  organe  de  la  vûë.  49I  &  4?^ 
Ocilicrcs,  dents.  64 

OcfaphagCjCe  que  c'cft.  43  o 

Ocfof  hagien  ,  mufcle.  4^9 

Oeufs  ,  principes  de  toute  généra- 
tion. ~  ^7^ 
Olecrâne,  ce  que  c'cft.  5^7 
Olfaaoires.nc^fs.  474 
Omcntum.ou  épiploon.  159  &  1 60 
Omoplate.ou  de  l'épaule.  97 
Ongles,  parties  des  dosgts.    6iz  Se 

613 
Onychornuchio  ,  ou  infpeélion  des 
ongles.  <^2,6 

Opinico  la  plus  reçue  fur  les  œufs. 

M3 
OphtaliTiie  ,  maladie  des  yeux.500 
Ophtalmiques  ,  nerfs.  47  î 

Optiques,  nerfs  des  yeux.  474 

Orbiculairc,  roulclcdcs  lèvres.  ^2.1 
OrbitairCjtrou.  7^ 

Orbites, c-ivitcz  des  yeux.  54 

Oreille  externe.  ^05-8^  *°^ 

Oreille  inrcrnc.  507 

Oreilles  da  ccrur.  ^3  + 


PAiREsde  nctfs  du  cerveau,  dit 
Page  47 î 
Paires  de  nerfs  de  l'épine  ,    trente, 

(Î03 
Palais, ce  que  c'cft.  5^' 

Palais  fes  os.  H 

Palmaire,   mufde.  5^» 

Pancrcasglande.  ^°7 

Paniculc  charnu  ,    ne    fe    trouve 

point.  ^ 

Papilles  nervcufes  delalangae.i48 

Paraltncs.ou  épidimes.  ^34 

P.iiistaax  os.  4o  &  4^ 

Parois  de  la  tête.  la-meme. 

Parotides  glandes.  5°^ 

Parties   des  os.  ^  *** 

P.itTion   iliaque,  ce  que  c';  ft.       17 

Pathétiques,  nerfs.  47  +  &  47  î 

Pavillon  de  la  trompe.  ^î 

P,iûmedc  la  main.  S^° 

Paui'icre  infcvicurc. immobile.  494 

P.5npierc  fupeicure, mobile,  là-tné. 

Pcirnchimc, ce  que  c'cft.  x?» 


TABLE 

Peau  ,  tégument  commun.         136  Picuitairc ,  glande.                    487 

Pcaucicc ,   mufcle.                      64.6  Plâceiua,  cc  que  c'cil.                1^^ 

Ptiîten  ,  os.                                     91  Plantaire,  muiclc  du  pied.           5^4 

Pedtineux  ,  mufcIc,                      5S8  Plante  da  pied.                             587 

P.ftoral ,  mufcle  du  bras.          -)5+  P.'évic,  membrane  de  la  poiciinc. 

Pcdoral,    petit  muiclc   de   l'omo-  166.  &  167 

plaïc,                                        553  Plexus  choioidcs.                       46J 

Pé  lieux  ,  mufcle.                        496  Plexus  hcpaciquc.                       477 

Pénil  ,  le  de/lus  de  la  partie  hon-  Plexus  méfcnrcriquc.                  478 

tcufc.                                           Ï31  Plexus  fpléniquc.               Ik-méme. 

Tequity  celui  qui  a  tfouvé  le  canal  Plexus  du  ventricule.                   \66 

thorachiquc.                            185  Plica  ,  maladie  des  cheveux.      614 

Péiicarde.                                    370  Poignet ,  ou  carpe.                      loy 

Péricrane,  ce  que  c'eft.              4J0  Poils  de  la  peaa.                          138 

Périiié  ,  ligne  du  fcrotum.          131  Points  lacrimaux.          495.  &  49^ 

Péfi^^ltece,  cc  que  c'eft.  450.&4JI  Poitrine  ,  Tes  os.                            84 

Pé:ifilto!e,   repos  du  cœur.        3751  Poitrine ,  ce  que  c'eft,               3^3 

Périftalt:que  ,  mouvement  des  in-  Pomerres.                                       51 

teftins                                         171  Pont  de  varole.                           475 

Pérjftalphilins  externes.              513  Poplité ,  mufcic.                           /9J 

Périftaphiiins  intcincs.               514  Poplitique,  vénc.             61%.  &  61^ 

Péritoine,  ce  que  c'cît               IJ4  Pores  biliaires.                              196 

Péroné  ,  os  de  la  jambe.            ïii  Pores,  trous  de  la  peau.            137 

Péroné  anrcricur,  mufcic.          ^94  Porte  ,  grofle  véne  du  ventre.   181 

Péfoniers  poftericurs  ,  le  long  &  le  Pouce  ,  os.                                  loS 

court  mufcics.                         j9ç  Poumons ,  ce  que  c'cfè.              399 

Petir  doigt.                                    Io8  Premières  véncs  ladléeï.              185 

Pécrcux  ,  os  de  la  tête.                 42  Préparans  ,  vailTcaux  Tpermatiqucs, 

Phalat-g'.ie,  ou  rangées  d'os.      108  zi6 

Pharinx  ,  ce  que  c'eft.  419  Prépuce  de  la  verge.  143 
Phtéoiques  ,  artères.  437  Prépuce  du  ditotis.  ^f^ 
Phrcr.iques,  véncs.  438  PrefToir  ,  ou  fînus  droit  de  la  dure- 
Pied  ,  extiémicé  inférieure.  117.  Se  mcre.                           4^6.  &4S7 

p9  Profond,  mufcic  des  doigrs.       j6t 

Pie  mcre  ,   Membrane  du  cerveau.  Profond,  muicle  des  orteils.      îç7 

4iJi  rrfl/^^.'«  parties  de  lèvres.         510 

Pilijr'j  ,  orifice  inférieur  du  ventri-  Ptonanon  ,   ce  que  c'eft.            5^7 

cu'f,                                        j^,  j  Proportion    des    parties   externes, 

Pm^aie  ,  glande  du  cerveau.     468  117 

PiramidiLjx.  mufcle  du  nez.       J13  Proftsrcs  ,  corps  glanduleux.     337 

Piraiiiidaux.mufcîe  du  ventre.  119  Protaftes  des  femmes.                 ^66 

Piriforme  ,oupiraraidal  ,  tnufdcs.  Protubérances  orbiculaircs.       470 

389  Prunelle  de  i'ceil.                       501 


DES     MA 

l'foas ,  mufcles.  587 

pf-zcûlogic^qui  rraf'c  de  l'Ame.  114 
Pccrigoides,  apopliifcs.  45 

Pccrigoidien  extérieur,  tnufcle.  54  j 
Pterigoidien  intérieur,  mufclc.  546 
Ptcrigophariens ,  mufcles.  430 
Pubis,  os,  pi 

Pucelage  ,&  Tes  marques.  2.68 
Pulmonaire,  artcre.  391 

Pulmonaire ,  vénc.  3^3 

Purification  du  fang  ,  comment  fe 
fait.  187 


QUaisse  du  tambour  Page  508 
Quarré  mufcle  pronateur.  558 
Quarré  ,  mufcle  de  la  cuifle.      J90 
Quarré ,  ou  montA'iius ,  mufcle  des 
lèvres.  511 

Quarré  figure  des  os  du  palais.    54 
Quatre  opinions  fur  la  génération. 
ij8.  &  fuiv. 


T  I  E  R  E  S. 

Relcreuts  de  l'anus,  mufcles.  178 
Rclcvcur  des  paupières,  mufcles. 

494 
Reins  ,  ce  que  c'eft.  xit 

Pvénales ,  glandes.  tit 

Refcrvoirs  du  chile.  18^ 

Rcipiration,  comment  fc  fait.  408 

&  579 
Rétine ,  du  rcticulairc  ,  membrane 

des  yeux.  joi 

Rets  admirable  de  Gallen.  48c 
Rhomfaoidc ,  tïlufcle.  551 

Rocher ,  partie  de  l'oreille.  44 
Rond,  grand  mufclè  du  bras.  55a 
Rond,  petit  mufcle  du  bras.  jjj 
Rond,  mufcle  pronateur.  557.^58 
Rotation,  mouvement  de  la  cuifle. 

SS7 
Rotule  ,  os  du  genou.  115 

Ruche  partie  de  l'oreille.  50^ 


RARE, partie  poftericure  du  ven- 
tre. Page  131 
Radial  externe,  mufcle.  550 
Radial  interne,  mufcle  là  même. 
Radius  ,  ou  rayon,  os.  105  &  104, 
Raifon  de  la  fituation  du  cerveau. 

444 
Rnifon  de  la  fituarion  du  cœur.374. 

&  37Î- 
Ranulcs,  véncs  de  la  langue.     51^ 
Rarte,  ce  que  c'cft.  100 

Raye  qui  lépare  les  fefTes,  131 

Rectum  gros  intcflin.  I7y 

Recurrens  droits,  nerfs.  43^ 

Rcrcurrenî  gauchcs,Dctfs./«-;w?TO#. 
Reievcur  de  l'omcplatc  ,  mufcle. 


S  Acre  ,  mufclc  de»  lombes.  Pa- 
ge y  84 

Sacrée,  artère.  xio 

Sacrée  ,  véne.  xii 

Sacrolombairc ,  mufclc.  577 

Sacrum  ,  os,  77 

Sagittale  ,  future.  34 

Salivaires  ,   glandes.  5x9 

Saiivaires,  vaiiTeaui.       Ik-méme. 
Salive  ,  eft  un  diflblvanr.  1^8 

Salvatel.'e  ,  vénc  de  la  main.     571 
Sang,  doit  être  purifié.  188 

Sanguification.fefaic  aucœur.187 
Saphéne  ,  vénc.  610 

Sarcologie  ,  ou  hiftoirc  des  parties 
molles.  iiA 

Scalcne,  mufclc  du  COU.  yjo 

Scapoide  ,   os.  ug 

Scapulaircs  externes  Sc  internes,  ar- 
tères. 43<f 


TABLÉ 


Scapulaîrct  externes  &   internes, 
véncs.  437 

Sciaiique  majeure.  436 

Sciaiique  nuncure.  là-métn-. 

Sclciocide,parrie  de  la  comée   )00 
5ctoium,  ou  boutle  des  (clticulcs. 

233 
Scutiforme ,  od  tùoide ,  cartilage. 

4*3 
Secondaires,  tcdcs  li-dlécs.       1J3 
Selle  de  l'os  (phétiOide.  45 

Semence,  (épatée  par  Ics  tefticules. 

131    &  x,3 
Scnciment  des  os.  \x  &C  13 

Septum  luddtttHê  46  J 

Sepcum  med'um.  3?9 

S'piumtranfverfumi  J80 

Scfartoides  os.  Iio&iit 

Siège  du  baaillemenr.  431 

Siège  de  la  beauté.  49 

Siège  des gonorthéeS.  238 

Sigmoides,  valvules.  3ji 

Similaires     parties  ,  quelles  elles 

font.  lis 

Simphife  avec  moyen.  it 

Sifrphifc  fans  moyen,     là-méme. 
Sinarcrofe ,  cfpece   d'articulation. 

10  &  II 
Sincipur  le  devant  de  la  tctc.    44; 
Sincondcofe, articulation.  11 

Sinevrofc, articulation.    Ik-méme. 
6inus, cavité  des  os.  19 

iSinus  iufeticut  de   la  dure-meie. 

4j« 
S'iius  droit.  làtnéhte. 

Sirus  latéraux.  là  même. 

Sinus  longitudinal.  là-méme. 

Sifarcole  cfpccc  d'articulation,    ix 
Siftolc,  ce  que  c'ett  3"8 

Soif,  comr^cnt  Te  fait  fentir.     169 
Volairc,  mufcle.  5JÎ 

SoiBmcr  de  la  tête.  44S 

Souclavicr,  malclc.  57^ 


Soueiavicrcs ,  arteréS.  436 

Sourci  s,  ce  que  c'cft.  ii^j 

Soû  Scapulaire,  mufclè.  ijj 

Sous  épineux, mufcle.  la-meme. 
Spermatiques  ,  arteics  des  femmes. 

148 
Spermatiques,  artères  des  hommes. 

z;,o  &  1^4 
Spermatiques  ,    ténes  des  femmes. 

148 
Spermatiques  ,  véncs  des  hommes. 

toi 
Sphcnoidale,  future.  3  ç 

Sphenoidc,  os.  45 

Sphinder  de  l'anus.  130 

Sphiadctde  la  yefTic.  ti3  &  119 
Spinal,  nerf.  479. &  480 

Splanchonologie  ,  ou   hiftoitc  des 

Vifcercs.  114 

Sp'énique, mufcle.  548  &  549 

Splénique,  vene.  105 

Spondiloides,  ouvertebrcs.  7a 
Squammeufes,  futures.  35 

Squelcte,ccquc  c'eft.  3 

Squelette  de  dcua  fortes.  4 

Sternoiiioidien,mufc'e.  548 

Sternotiioidieo,  mufcle.  415 

Stcrnoclinomaftoidicn, mufcle.  J48 
Sternum  ,  le  devant  de  la  poitrine. 

8i 
Sternum,  compoféde  ttois  os.    83 
StiloglolTc  mufcle  de  la  langue.  5 17 
Stilohioidien  ,  muscle.  487 

Stiioide,  apophife  55 

Stilopharingicn,  mufcle.  430 

Stomachiques ,  nctrs,  43  4 

Suc  acide.  164 

Sue  pancréatique.  2.09 

Sublime, muscle  des  doigts.  jél 
Sublime  mufcle  des  orteils.  y^tf 
Sueurs,  comn^ent  le  font.  137 

Suif  ce  qucc'cit.  140 

Sublinguales,  glandes.  \\6 


DES    MATIER1ES. 

Subftaoce  vifqucufe  de  la  langue.  Tiroides  ,  glandes.  41^ 

518  Tournoyantes  féconde  vertèbre.  7^ 

Superbe,  mufcle  de  l'œil.  497  Trachée  .  attere  ,  ce  que  c'cft.  404 

Superfticion  ,  des   noiicmcns  d'ai-  Ttanrpiration  infenfiblc.  19^ 

guillctcc.  310  Tranfveifales ,  future.  3Î 

Supination  ,  ce  que  c'eft.  557  Tranfverfc  ,  mufcle  du  cou.        551 

Suiaie,  vénc.  618  Tranfverfe  ,  mufcle  du  ventre.  14 j 

Sus  épineux  ,  mufcle.  554  Trapèze, mufcle  de  i'omoplate.^  5* 

Suture  fauffc.  10  Triangulaire, mufcle  des  lèvres,  s  lO 

Suture  viaye.  Ik-mémt,  Tiiangulairc  ,  mufdc  des  lombes. 

T  Triangulaire ,  mufcle  de  la  refpira- 
tion.                                       577 

TAcT  ,  fentiment  de  toucher.  Triceps ,  mufcle  de  la  cuiflc.  58J» 
Page  6}6  Triglochiocs  ,  ou  tticupidcs  >  val- 
Tambour  ,  ou  timpan.  508  vules-  591 
Tarfcs  cartilages  des  paupiercs,49<î  Tiocanters  grands  &  petits  ,  apo- 
Taifes  ,  parties  du  pied.  117  phifes.  iit 
Tempes,  os  43  Troclée ,  ou  poulie.  598 
Tempes,  parties  latérales  de  la  tête.  Trompes  de  la  matrice.  15 1 
44  j  Trompeteur ,  mufcle.  jtt 
Temporal ,  mufcle.  545  Tronc  ,  ce  que  c'cft.  11 
Ténar  ,  mufcle  de  la  main.  Ç64  Tronc  compofé  de  foiiantc»fept  05 
Ténar,  mufcle  du  pied.              358  i^,  &  74. 

Tendon  d'Achilles.                    118  Trou  ,  cavité  des  os.                     il 

Tendons ,  cxtrémitcz  des   raufcics.  Tuberofué  de  rifchioQ,                5S 

Têtes  ,  parties  du  cerveau.         470  V 

Tefticulcs  des  femmes.  150 

Tcflicules  des  hommcs.ii8.&  iio  T  T  Agîn  ,  ou  Tagina.  Page  i58 

Tête  ,  compofée  de  foixante  OS.X5  y     Vague   ,  huitième  paire   de 

Tète  ,  domicile  du  cerveau.       434        nerfs.  455 

Tétc  ,  partie  d'os.  38  Varices  ,  comment  fe  font.       6\l 

Thorachiquc  ,    canal.                  440  f^ïj  fcr^re  ,  ce  que  c'cft.  147 

Thorachiqucs   fupcrieurcs   &  infc-  Valvules  ,  ce  que  c'eft.  tfiy 

rieurcs,  artères.                         436  Vafte  externe ,  mufcle.  1^1 

Thorachiqucs  fupcricures    &  infc-  Vaftc  interne  ,  mufclc.  I^I 

rieurcs  vénes.                           437  Vcnc  ,  ce   que  c'eft.  615 

Thorax  ,  ce  que  c'eft.     355.&354  Ventre  inférieur.  130 

Thimus  ,  ou  fagouë  .  glande.     439  Ventre  moyen,  açg 

Tibia  ,  os  de  la  jambe.               Ï15  Ventricule  ,  ou  cftomach.  \6x 

Tiroaritcnoïdicn  ,  mofc'c.         ^x6  Ventricule  da  cerveau.  4<«4 

Tiroïdc  ,  cartilage.                     413  Vcntticulc  du  cœur.  %6 


TABLE    DES    MATIERES^ 


Vcro^e  de  Vhonrm  2.39 

Vtriuiculai  c, mouvement  des  intc- 

ftin>  171 

Vetmiculaiics,  muîc'e*  de  la  main, 

S63 
V"'micuiaircv,mofc  es  du  pied.  557 
Vt;rmiformcs  ai-'ophucs  du  cer- 
veau- 471 
Vertébrale  ,  ane.c.  43  ^ 
Verccbrale  ,  vènc.  43  8 
Vcrrebre  ,  os,  7y 
Verccx  ,  ou  ïomrocc  de  la  tête. 445 
Tjerumen'um  ce  c\Mf  ccd.  137 
Vcrtlcule  du  fiel.  19^ 
VcdîculcS  rondes  des  poûnnons.400 
Vefficulcs  feoiinaircs  des  femmes, 

Vclîicules  feminaircs  des  hommes. 

Vedie  de  l'urine.  217 

Veflicule  ,  cavité  de  rorcillc.    \   o 
Vcuë  ,  comment  fcfair.  Ç04 

Virfungus  ,  celui  qui  a   trouvé    c 
canal  pancréatique.  X09 

Vitrée  ,  humeur  de  l'œil.  501 

Vitrée  ,  tunique  des  yeux.  500 

Uoibilic, ou  nombril.    i}i.8ci^6 


Umbiliculc  ,  région  du  ventre,  i  3  î 
Umuihcaui  vaiffeaux.  i  J7 

"V'iguis  y  os,  J^ 

Vomer ,  os.  58 

Voûte  du  foye.  189 

Voûte  du  palais.  ^8 

Uretères  ,  conduits  de  l'urine.  zi6 

U'etre    canal  commun,  14^ 

Urine  feparcc  par  les  reins.  ii8 

Uriiité  de  l'anacomie.  z 

Uvéc  ,  tunique  de  l'œil.  joi 


X 


IphoïEe  ,  cartilage.  Page  91 


YE  u  X    de     divcrfcs  couleurs. 
Page  4^1 
Yt^liloïde  ,  ouhioide  ,  os»  6^ 


7Tgom  A  ,  ce  que  c'eii.   Page  5  8 
Zigomatiquc  ,  mulcle.       511 
Zigomaciquclucuic.  3  S 


Fin  de  la  Table  des  MatkreSi 


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