YallœnlOeiyJ^iJU^
■}.o
^ c^^e^^vw^.'/ .^vZx ^Mx^^x^*^ tAU.c^ yfu^u^
4.V. /7ô3.
LANATOMIE
D E
L' H O M M E,
SUIVANT LA CIRCULATJON
du Sang , & les dernières Découvertes.
DE'MONTRE'E AU JARDIN ROYAL,
Par M\ d ion 1 S\ premier Chirurgien àe feifé
M ad Ame U Dauphi»e , chirurgien ordinaire
de U feue Reine , é" ^^*^^ ^ Paris,
SIXIE'ME EDITION,
Exa£l:ement revue & augmentée par l'Aureur ; avec une
ample Diirertation fur la Généranon , ôc plu/ïeurs ex-
plicarions nouvelles de faics particuliers , accompagnez
4e Figures,
A PARIS,
Chez Laurent d'Houry, rue faînt Severin ,
vis à vis la, rue Zacharie , au faint Efprir.
^— llll_L_|
M. D C C X X I I I.
tAvçG approbations & Privilège du Roy.
Digitized by the Internet Archive
in 2010 witii funding from
University of Ottawa
littp://www.arcli ive.org/details/lanatomiedelliommOOdion
AU ROY
IRE,
V application continuelle que Votre
Majesté' donne à la grandeur
de fes Etats , ne l'empêche pas de pen^
Jer imejjafnment à tout ce qui peut con-
a ij
E P 1 s T R E.
trihuer au bien particulier de fes Su-
jets. Votre règne , S l R B y e ter mile-
ment rnémorMe par de Ji glotieujts Con-
quêtes 3 ne le fera pa^ moins par la
perftSiwn où il a poné les Sciences O*
les Arts : Ces lUa/ires Acadtmits proté-
gées O* fondées par Votre Majesté* ,
en feront des rnonurnen: aufji dur Me s
que la mémoire de fes Triomphss , O*
s\l faut défendre a des chojes de moin-
dre éclat 5 quoique peut-être plus utiles ,
ces Ecoles d' Anaiorme ouvertes (i Ubtra-
lernent à tout le monde , conmhuëront
encore à faire pafjer jufqùa'<x fitcles
les plus reculez. 5 les foins paternels dont
Votre Majesté' eji occupée,
Ctft à cet établijfement , S l K E ^ que
la Médecine ç^ la Chirurgie doivent
leurs lumières les plus parfaites : Q efl
là que la circulation du fang O* les
now-velles Découvertes nous ont heu-
reufement defabufez^ de ces erreurs 5 dont
nous nofïom prefque forîir ? 0* ou l'an-
E P I s T R E.
iorité des Anciens nous a'uoit (i iono-
Ums reienus, Je fus choifi tour démon-
trer à Votre jfardm Koyal les Veritez^
AnAtomiques y çy* je m acquits de cet
emploi a-utc toute l ardeur (tr toute
[exj,Cîitudt qui font dâëà aux ordres
de V ô r KE Majesté*,- mais faï
cru y SI R E , que pour répondre enîie-
rerntîit à ^otre intention , jV de'vois
rendre publiques par l'imprcjfon mes Dé-
monliraîions d Anatorme > afin ou elles
pujfent de'-uemr utiles à ceux-mémei 5 à
qm l éloignement des lieux na pas per-
mis d^y ajfjier. Votre Ma;este'
a paru approuver ce dejfttuy elle a bien
<uoulu m' accorder la pcrmiffon de met-
tre fon nom à la tête de cet Ou-vra-
ge ; O* ceft à ce Nom augjAfîe quil
doit fa réàffife. f'ofe donc ^ S l R Ey
rifous prefenter encore cette trotfiéme
Edition 3 que fai taché de rendre plus
Achetée que les précédentes ; trop heu-
reux que ino7i foihle talent m ait procH-
â iij
E P I s T R E.
rè ces occajions de marquer le zjle
ardent ? O* le profond refpeSi a-vec
lequel je fuù ?
SI KEy
De Vôtre Majesté^
Le tiès -humble , trcs-obéifTant ,
(5c très-fidele fcrviteiu- & fujec,
D I o N I s.
tt:^ < >ic * * * * * * j|c ^^ -^^;<ç * -^i
T R Ê F ^ C E.
I les Anciens Philofophes ont
donné à l'Anatomie , toute im-
parfaite qu'elle écoît , le pre-
mier rang entre les Sciences
naturelles , à caufe de l'excellence de fbn
objet 5 quelle coniideration ne merite-c-
elle pas aujourd'hui qu'elle efl: devenue la
plus certaine de toutes les parties de la Mé-
decine , par le grand nombre des Décou-
vertes que l'on y a faites ôc que l'on y faic
encore tous les jours.
Ceux qui fe font heureufement défaits
de la prévention qu'ils avoieut pour les
Anciens, & qui fuivenc des principes fon-
dez fur l'expérience àc la railon,nous don-
nent des explications claires Se mécaniques
de tout ce qui a paru jufqu'ici de plus obf^
cur & de plus caché dans l'Anatomie.
Je dis heureufement parce que les An-
ciens ignorant le cours du fang , & cro-
yant que le foye l'envoyoit par les vénes
à toutes les parties du corps pour leur
nourriture : il étoit impoffible qu'ils ne
• a iiij
PREFACE.
fufTcnt pas dans Terreur , & que des con-
féqacnces qu'ils tîroient , fuflenc juftes ,
pulfque le principe dont ils écoient Ci per-
fliadez , n eft pas véritable , de qu'il fe
trouve au contraire détruit par un autre ,
qui cft la circulation du fang.
Je ne prétends pas vous la prouver
dans cette Préface 5 la difpofition des
parties que je vous ferai voir dans cette
Anatomie , vous en convaincip beaucoup
mieux que tout ce que je pj^urrois vous
en dire i je veux feulement fvous avertir
que c'efh la Circulation du fang que nous
etabliiTons pour principe cfans tout le
cours de ces Démonftrations , tant pour
confirmer les fentimens des Modernes ,
que pour détruire les erreurs des An-
ciens.
C'en par fon moyen que nous décou-
vrons les fonctions les plus cachées dti
corps humain , 6c que nous connoifTons
que les facultez que les Anciens attri-
buoient à différentes parties , comme aux
mammelles de faire le laict, & aux tefticu-
Jes la femence,ne font fîmplementque des
réparations de ces liqueursjefquelles étant
mêlées avec le fang fe filtrent ôc fe déga-
gent de les autres parties dans les mam-
melles , ou dans les tefticules.
PREFACE.
II ne faut auffi que concevoir que cette
Circulation fe fait du centre à la circon-
férence par les artères , &: de la circonfé-
rence au centre par les vénes pour croire
que non feulement ces deux liqueurs,
mais même toutes les autres , font fepa-
rées du fang par la feule difpofition des
parties , qui font figurées d'une manière
à laiifcr échapper une liqueur plutôt
qu'une autre-.C'eft ainfi que le fuc animal
efl léparé par les glandes du cerveau j
que la fdive efl feparée par les parotides
èc les maxillaires j la bile par les glandu-
les du foye5 l'urine par les reins , le fuc
pancréatique par le pancréas , 5c ainfî
des autres.
Ce qui fait voir encore que toutes ces
liqueurs fe féparcnt de la maife du fang
par le moyen de la Circulation c'efl qu'il
efl: certain que ce que nous appelions
fang, n'efl qu'un mélange de plufieurs li-
queurs différentes, qui étans portées par
les artères à toutes les parties du corps ,
s'échapent aux endroits où elles trou-
vent des porofîtez figurées d'une maniè-
re à les laiffer paffer i que cette féparation
efl une fuite de la flruclure des parties j
& qu'ainfi elles n'ont pas befoin de ces
facultcz attra^ruts, retentrices^ èc tx^aliri-
PREFACE.
ces , que les Anciens admettoienc fi inuti-
lement.
On a été plufieurs fiecles dans une foû-
mîlîion tellement aveugle pour ces pre-
miers Anatomiiles qu'il n'étoît pas per-
mis de s'éloigner de leurs fentimens : Se
l'on n'admettoit pour vrai , que ce qui fe
trouvoit dans leurs écrits , & principale-
ment dans ceux de Ga.ten , pour lequel on
avoit une eftime &: une vénération toute
particulière. Mais il s'efi: trouvé dans ce
fiecle des Anatomifles plus curieux &
plus hardis , qui fe font affranchis d'une
loi (i dure &: fi oppofée à la raifon , & au
progrès des Sciences ; Ils ont plublié leurs
découvertes, &: les ont démontrées malgré
les entêtemens & lesoppofitions des Par-
tifans de l'antiquité , qui les traitoient de
novateurs ÔC de téméraires.
Quoique je vienne de vous entretenir
de quelques erreurs àzs Anciens , je ne
prétends pas pourtant qu'on leur aie
moins d'obligation qu'aux Modernes j au
contraire j*avoLxe que ce font ceux qui
nous ont donné les premières connoif-
fanccs de l'Anatomie : En éfet peut-on
nier que Ga.lnn n'y ait été plus fçavanc
que qui que ce ioit avant lui , & que
s'il n'a pas tout trouvé , c'eft qu'un
PREFACE.
feul homme ne le pouvoir faire ?
Il en efl de même des découvertes des
Modernes j car il eft certain que quelques
nombreufes qu'elles foient , il refte enco-
re tant de chofes à connoîcre , que nous
devons faire de nouveaux éforts pour
étendre nos lumières : D'ailleurs la diffi-
culté qu'il y a de bien diftinguer tous les
reflorts de notre machine eft fi grande,
qu'elle laifTera toujours aflez de matière
à l'efprit & à la main de ceux qui vien-
dront après nous , s'ils veulent expliquer
mécaniquement toutes les actions qui en
dépendent.
Il ne faut pas croire que les nouvelles
Découvertes que l'on a faites ayent rien
changé à la compofition de l'homme , ni
que les Modernes y ayent rien ajouté de
nouveau. Il efl tel qu'il a toujours été : ils
y ont feulement trouvé nouvellement ce
que Ton n'avoit pas encore découvert ; Il
en efl arrivé de même qu'à ces terres que
l'on a découvertes depuis quelques fiecles
dans l'Ameriques Ton fçait qu'elles ne font
pas produites depuis peu , mais de tout
tems , comme le refte du monde, elles
étoient feulement inconnues aux autres
hommes,de même que ces parties l'étoient
aux. premiers Anatomifles.
P R E F A C E. _
Les partifans des anciennes opinions
allegaenc contre les découvertes des Mo-
dernes qu'il eft inutile de fçavoir , (î le
chilc efl: porté au foye par les vénes me-
faraïqucs , ou au cœur par les vénes lac-
tées & le canal thorachique, puifque ce-
la ne change en rien la pratique , & que
les médecins faignent & purgent com-
me auparavant > mais quand il feroit vrai
que ces connoifTances ne changeroient pas
la cure de quelques maladies , il cft tou-
jours confiant qu'elles nous empêchent de
nous tromper fur beaucoup d'autres , èc
qu'elles font que nos raifonnemens (onc
plus juftespuiiqu'ils font appuyez fur des
fondemens plus certains 6c plus folides que
ceux des Anciens.
SiTAnatomie a beaucoup d'obligation
à Harvée qui a découvert la Circulation ;
à rirftiff^'i-j qui a trouvé le canal Pancréa-
tique 5 a A\tllui6 qui a fait voir les vénes
lactées jà Pequet qui le premier a démon-
tré le canal Thorachique, &: à plu (leurs
modernes qui y ont travaillé avec fuc-
cès i elle n'en a pas moins au rétablilTe-
ment que fa Majefté a eu la bonté d'or-
donner, îj^^i Dèmonftrations publiques ai* Jar-
din Royal, où elle a voulu que T Anatomie
de l'Homme y fût démontrée celle que
PREFACE.
nous la connoiilbns aujourd'hui.
Ce fut en l'année 1672. c\\i les exer*
cices du Jardin Royal, qui regardent l'A-
natomie , &; qui avoient été interrompus
pendant plulieurs années , recommencè-
rent : Moniieur de la Chambre , qui en
étoit le profeiTeur , ne pouvant exercer (a
Charge , à caufe qu'il étoit premier Mé-
decin de la Reine , commit Monfieur
CrefTé Médecin de la Faculté de Paris ,
pour faire les Difcours Anatomiques5& je
fus nommé pour en faire les Ditlcclions ôc
les Démonftrations.
Cet établiiTement , quoique des plus
miles pour le public, ne laifla pas de trou-
ver des oppofitions qui furent formées
de la part de ceux qui prétendoient qu'il
n'appartenoit qu'à eux feuls d'enfeigner
&: de démontrer l'Anatomie : mais le Roi
par une Déclaration particulière qu'il fît
vérifier 6c enregiilrcr en Parlement, Sa
Majefté preiente dans le mois de Mars
de l'année 1673. ordonna que les Dé-
monftrations de l'Anatomie &: des Ope-
rations de Chirurgie fe feroienc au Jardin
Royal à portes ouvertes , 6c gratuite-
ment , dans un Amphiteatre qu'elle y
avoit fait conftruirc à cet éfet ; &c que les
fujecs qui feroienc neceiTaires pour faire
PREFACE.
' CCS Démonfti-citîons , feroient délivrez a
{es ProfelTeurs par préférence à tous au-
tres.
C*eft en exécution des ordres de Sa
Majeflé , que j'en ai fait les Démonftra-
tions publiques pendant iiuit années con-
fecutives j Içavoir depuis le commence-
ment de l'année 1673. julqu'en 1680.
que j'eus l'honneur d'êtr-e choifî par le
Roi pour être premier Chirurgien de Ma-
dame la Dauphine : Alors je fus obligé de
les finir , parce que la Charge dont je ve-
nois d'être honoré, ne me permettoit plus
de les continuer.
Le nombre des fpeclateurs , qui mon-
toit toujours à quatre oit cinq cens per-
fbnnes , étoit une preuve qu'elles ne dé-
piaifoient pas , &: qu'elles fe faifoient avec
utilité pour le Public. Ce qui m'embar-
rafîbît dâvanta^ie dans ce ^rand nombre
d'Ecoliers , étoit que la plupart me de-
mandoient quel Auteur ils fuivroient
pour apprendre les nouvelles Découver-
tes ,&; y voir les parties que je leur de-
montrois : mais comme elles ne font point
décrites avec ordre dans aucun de nos
Livres ( que je fçaché , ) j'avoue que j'a-
vois peine à décider lequel ils dévoient
prendre 5 car bien que Riola/^ & Bartolm
PREFACE.
femblcnr convenir de la Circulation du
iang, néanmoins il leur rell:e un vieux
levain des anciennes opinions qui paroîc
dans tous leurs écrits, Ainfî ne pouvant
leur donner de guide afTuré pour les con-
duire dans les routes que je leur avois ou-
vertes , ils me prièrent de faire imprimer
mes Démonftrations Anatomiques, à quoi
j auroi^ fatîbfait dès-lors/i je n eufîe été ap-
pelle à la Cour
Depuis ce tems un des plus célèbres
Anatomiftes ayant rempli la place de
Proflireur Anatomique vacante par la
mort de Monfieur de la Chambre , de
Tes lumières étant infiniment au-defTus
des miennes 5 j ai crû que je devois me
repofer de ce travail fur les promefTes
qu'il failoit de furpalTer dans Tes Démon-
ftrations tous ceux qui Tavoient précédé ,
& de donner au Public une Anatomie tel-
lement parfaite , &: fi différente de celles
qu'on a eues jufqu'à prefentjqu'on avoue*
roit que perfonne n'étoit plus capable que
lui de travaillera un Ouvrage de cette im-
portance.
Ses grandes & continuelles occupa-
tions dans l'Académie des Sciences lui
ont fans doute dérobé le loifir de met-
tre en exécution les projets qu'il a faits
PREFACE.
fur une fi vaftè madère , puifque pin-
fleurs années fe font écoulées , pendant
lefquelles le Public fe voie fruflré des
grandes efperances qu'il lui avoir don-
nées j c'eft ce qui a fait que je me fuis
déterminé à fliire imprimer mes Démon-
ftracions , afin de faciliter aux Etudians
en Médecine &: en Chirurgie les con-
noilfances qu'ils doivent acquérir dans
l'Anatomie,
Je fuis perfuadé qu'un autre fe feroîc
mieux acquité de cet emploi , & j'avoue
franchement que c'eft la principale rai-
Ion qui m'a fait tant différer. D'ailleurs
la qualité d'Auteur me paroît fi dange-
reufe , que je ne la prends qu'avec ré-
pugnance i mais enfin l'intérêt public, de
le befoin qu'on a d'un Livre , où l'on trou-
ve de fuite tout ce qui fe voit dans \qs
Démonftrations publiques , font que je
lui donne celui-ci au hazard de toutes les
cenfures.
Je commence d'abord par l'OfteoIogîe,
parce que c'efl par elle que nous ou-
vrons nos Exercices au Jardin Royal , de
que c'eft la connoilfance des Os qui doit
précéder celle de toutes les autres par-
ties: J'en fais huit Démonftrations , deux
des Os en général, deux des Os de la tête,
deux
PREFACE.
deux de ceux du tronc , 6c deux de ceux
des extrémicez.
Je continue par Hîx Pémonftratîons
Anatomiques , j'en fais quatre des parties
contenues dans le bas-ventre , deux de
celles de la poitrine j deux de celles de la,
tête 5 deux des extrémîtez.
Au commencement de chacune de ces
Démonflrations , il y a une planche qui
reprefente les parties que l'on y tait voir ,
di le;, mêmes lettres alpiiabetiques qui y
font i^ravées , Te trouvent à la marche de
l'endroit du dilcours qui exphque ces par-
ties , pour y avoir recours.
Je conviens avec quelques-un?, qu'il
efi: plus avantageux de connoître une
partie par l'infpeclion des corps , que par
celle des planches j mais outre que celles-
ci iont tres-juftes , 6c autant dorrecT:es
qu'il y en ait , c'ell que les Anatomics (e
font (i rarement dans la plupart des Pro-
vinces , qu'à peine les Chirurgiens quis'y
trouvent , en peuvent-ils voir une en tou-
te leur vie : C'eft particulièrement en
Jeur faveur que j'ay f\it graver ces plan-
ches , afin qu'elles puifTent luppléer au
défaut des Anatomies. Elles n'excèdent
pas la grandeur du Livre , 6c quoi qu'elles
loient petites , elles ne font pas moins uti-
PREFACE,
les , parce quon a aporcé toute l'exaclîtii-
de poiïîble pour placer dans une petite
étendue toutes les parties que renferme
chaque Démonftratîon.
Je n'ai point divifé mes Démondra-
tions par Chapitres , elles contiennent de
fuite toutes les parties que l'on fait voir
dans le même jour à chaque Démonftra-
tion , èc dont les noms fe trouvent à la
marge. J'ai crû que cette manière feroic
plus commode pour ks Etudians , afin
qu'ils n'eufTent pas la peine d'aller cher-
cher en difFerens Chapitres les parties
qui appartiennent à la même Démonflra-
tion 5 ôc ainfî ils verront en dix journées
toutes les parties qui compofent l'Hom-
me , par ce moyen ils découvriront fa-
cilement tout ce que TAnatomie a de plus
curieux.
Les réflexions que je fais continuelle-
menc fur les matières de ma profefTion ,
ôc la ledure des Livres nouveaux de mé-
decine que j'ai foin de recueillir , m'onc
donné lieu de redifier en cette dernière
Edition plu/ieurs de mes premières pen*
fées , 6c d'inférer quelqties Syftêmes mo-
dernes qui m'ont paru des plus raifonna-
bles.
]'ai augmenté cetce dernière Edition
P R E F C E.
d*une DifTertation lur la Génération , qui
prouve ropinion des œufs & qui l'expli-
que d'une manière nouvelle. Si l'on fe
donne la peine de la lire avec attention ,
l'on verra que tout mon raifonnement
n'eft fondé que fur la ftrudure des par-
ties, êc fur des faits qui font voir que
l'Homme & tous les animaux font en^en-
drez par le moyen des œufs.
J'y ai encore ajouté un fait particulier
que Ton m'a envoyé de Breft , c'efl une
oreille du cœur extrêmement dilatée qui
furprendra ceux qui la verront , je l'ai faic
graver au naturel , Ôc la relation en efl
fidèle.
Enfin fi le rétablifTcment des Exercices
du Jardin Royal a produit juqu a prefenc
tous les bons éfets qu'on s'en étoic propo-
lé,que n'en doic-on point attendre doref-
navant , que le Roi en a commis le foin à
Monfieur Fagon , que Sa Majesté', a
choifi pour ion premier Médecin ?
La Santé du Roi , qui eft la chofe la
plus précieufe de TEtat , ne pou voit pas
être confiée en de meilleures mains : c'eft
aufii ce qui a fait donner à ce choix un
aplaudidemcnt général , ôc qui faic
qu'un chacun dort en repos , aflliré que
Monfieur Fagon confetvera les jours
é ij
PREFACE.
d*Lin Roi qui faic tout le bonheur de Ces
Peuples. En éfet, où trouvera- 1 on un
plus habile Médecin ? En eft-il quelqu'un
qui pofTcde mieux la Science & la ma-
tière Medecinalc, & qui en ait une prati-
que plus confommée ? A-t-on mieux que
lui connu le fort 6c le foible de tous les
Remèdes , 6c peut on mieux développer
& expliquer tous les Secrets de la Natu-
re : Il joint encore à ce fublime fçavoir ,
toutes les vertus qui rendent les Eiom-
mes parfaits.
Nous avons veu Monfieur Fagon dé-
montrer les Plantes au Jardin Royal , & y
profcfTer la Chymie pendant plufieurs an-
nées, ayant été choifi comme le plus capa-
ble d'exercer l'un &. l'autre emploi, £t fî
luî.même s'eft: donné la peine d'y inflrui-
re les autres , que ne fera t-il point , afin
que les Démonftrations s'y fafTent avec
exactitude , à prefent que tout s'y réglera
par Tes ordres , èc que ce fera lui qui en
nommera les ProfeiTeurs : La brigue 6c
Tinterêt n'en feront point le choix, le mé-
rite feul l'emportera , &: fon exemple 6c
fes foins feront avouer que le Jardin du
Roi eft véritablement Ja plus belle Ecole
du monde.
TABLE
DES TITRES ET SECTIONS
de ce Livre , concenanc huit Démon-
flrations Osteologiç^lies.
Do^t laPREMIERE explique
LE S rdfons -pourquoi II ne faut commencer la con-
nçljfance de l Homme par les Os. Page i. & i.
Ce que c'ej} que Squelette, , 3 •& 4
La définition des os. 4.& 5
Les différences des os. - 6
Les articulations des os. 8
LA IL DEMONSTRATION
contient
Les caufes des os.
Page
i(>. & 17
Les parties éminentes
des os.
20
Les parties caves des
os.
^5
La grandeur des os.
^5
La couleur des os.
2é.
La nourriture des os.
là-même.
Eefentiment des os.
^7
Le nombre des os
28
Les cartilages en gênerai.
30
Les liaamens en çene-i
^al.
31
LA IIL DEMONSTRATION TRAITANT
de la Tête en général , on y décrit les os
du Crâne.
Vc la Tète en gênerai. Page 3 5 .& fuiv.
é ïij
TABLE DES TITRES
DIX DEMONSTRATIONS
Anatomiques.
Dont la Première explique
LA définition & àïvïfion de l'Anatomîe, P. 1 2 3
& 124.
Les utUitez.de l'Amtomie. là-méme
La divifion du corps humain, 1 27. & 1 28
Le ventre inférieur, 150.
La membrane charnue , félon les Anciens, 132
La membrane commune des 7mifcles. 1 3 3
L'épiderme, i , -,
La peau, 22^
Lagraijfe, 139
Les rnufcles du bas ventre» 1 4 -.
La ligne blanche, 1^2
LA II. DEMONSTRATION
découvre les parties qui fervenc à la
Chilifîcation.
^îi péritoine, Pa-^e 1 54
Du nombril, -■ j ^ ^
Des vaijfeaux umbilicaux, i e y
De l'épiploon. i ^q
ip'u ventricule. j^^
pes^ boyaux, j ^ j,
l)^t duodénum.
Du jéjunum.
De l'ilion.
Du cœcum, j _ -
Du colum. j _ g
pure^um. j__
173
174
175
DE C E LIVRE
,
Dîi mefentere.
178
Des vén^s. lacées.
i8i
Des 'vaijfeaux lîmphatîques.
i8j
th III, DEMONST
R
AT I 0 N
montre les parties qui fervent à
la purifica-
tionduSang.
Dufoye,
Page 188.& 189
De U vejficule du fiel.
195
Ou choit que.
197
De la rate.
200
Du fanerez.
207
D es glandes en général.
20 /& 208
Des caf fuies atrabilaires.
2IO
Des reins.
212
Des uretères.
xxG
De la, vejjîe.
217
Dîjirlhutîon de la grojfe artère.
220
Diflrïbution de la véne cave afcendante. 110.8c 221
LA IV. DEMONSTRATION
Sedion première fait voir les parties de
THomme qui fervent à la génération.
Djes artères fperrnatîques, 225
D es véne s fpermatîques. 2 1 j
Des tefllcules. 2 2 8 .& 2 1 9
Des epi dîmes. 234
Des valjjeaux défère n s, 23/
D es vcjficules femînalres. 1 5 (>
Des vaijfeaux éjaculatolres, 237
Desproflates. l^j
De la verge, , 239
THtffland. 14-Z
Des corps caverneux, 244
De l'urètre. 245
T AELE DES TITRES
Suite de la IV. DEMONSTRATION.
Sedtion 1 1. qui traite des parties de la Femme
deftinées à la ecnéiation,
*Des artères Jpermati^ues, Pa ge 2 4 8
Des vénes fpermatiqiies» là- même,
IDei tefticules. 2jo
Des trompes, x^l
De la matrice en gênerai, 254
De [on orifice externe, 261
Des nimphes, 161
Dh clitoris, 163 & 264
Des caroncules mirtiformes, z 6 7
Du col de la matrice, 268
D^ l'hymen. là-même,
Dififiertation fur la génération de V Homme, 273
LA V. DEMONSTRATION
inftruit des parties de la Poitrine.
De la defcription de la Poitrine. Page 3 j 5
Des mammelles, 356
D^ la plèvre. 361
Du mediaflin. 388
Du péricarde. 37c
Du cœur en gênerai. 373
Des oreilles du cœur. 3 84
Du ventricule droit, . 387
Du ventricule gauche, 388
Dufieptum médium y 389
De la véne cave^ 391
De l'artère des poumons, 392
X)e la véne des poumons, 392
D^ l'aorte. 395
Comment fefait la circulation du fang. 5 9 j
L A
DE CE LIVRE.
VI. DEMONSTRATION
fait connoicre les organes de la rcfpiration.
Des poumons. 3 99
De la trachée artère. 404
Comment [e fait la refpiration, 4^9
Pu col. 421&42t
Ppi larink^en gênerai. là-mème,
L es cartilages an larinkj 411
Des mufcles dularinkj 4^7
Du pharlnx. 429
De l'œfophage. 432
Du nerf vague & fa dîflrlhutîon* 435
L € l'aorte & fa difribution. 43^
I.£ la qrojfe artère afcendente. là-même.
De la véne cave defcendante, 4 3 S
De la fa a eue. 439
Du canal thorachique. 440 6c 44 1
LA VII. DEMONSTRATION
reprcfente le Cerveau & les parties.
De la tête en général. ^^%^ 444
Des cheveux. 44J
Du péri crâne. 44^
Duperiofie. ^60
De la dure mère» 462
Df la f aulx. 465
\^e la pie mère. 464
T>u cerveau, 465
Des deux ventricules fuperieurs. 465
D« ventricule moyen ,& de fes parties» j^.66
Du cervelet. 472
Du quatrième ventricule du cervelet, 47 5
Des dix paires des ne fs qui fartent de la hafe du cer"
veau. i^-j^, èc fuiv»
TABLE DES TITRES
^e la moelle allongée & fpinde, 48 3. & 4S4
Du rets admirable. 485
*De la glande phultalre^ 487
LA VII L DEMONSTRATION
fui- riiiftoire de là Face , & des organes
des cinq fens.
Vêla Face, Page 488
De l'œil e/7 gemral, 49 1 & ^91
Des paupières. 45> 4
Des mujcles des yeux. 497
Des turàques des yeux, 500
Des humeurs des yeux. J o z
De l'oreille externe^ }o6
'De r oreille interne & fes cavitez. 507
Dh nez. & de toutes fes parties. 5 n .3c j" i 3
Vies lèvres & de leurs rnufcies, $ 1 9
De la bouche , & des parties quelle renferme. 5 1 9
Des vaijfeaux falivaîres. J 2 9
LA IX. DEMONSTRATION
Expofe la ftrudlure des Extrémitez rupevieurcs.
Des généralités des mufcles. Page j 3 i
Des mufcles de la mâchoire inférieure, S 44
Des mufcles de Vos hyôide, J 47
Des mufcles de la tête, ' '^48
Des mufcles du cou, J 5 o
Des mufcles de l'omoplate, S 5^
Des mufcles du bras. J 5 3
Des mufcles dit coude, / J (j
Des mufcles du rayon. S $7
Des mu' cl es du carpe, ^$9
Des mufcles des dolats, j6i
Des nerfs cjui vont au hroi, J 6 7
DE CE LIVRE.
Des artères qui portent la nourriture aux bras, 570
&J71.
Des vénes qui Ce trouvent dans les bras, 572
LA X. & DERNIERE DEMONSTRATION
fait voir les Excrémitcz inférieures.
Des mufcles de la poitrine. Page 5 75-
Du diaphragme. jSo
Des mufcle^ des jambes, 584
Des mufcles de la cuijfc, 587
Des mufcles de la jambe, 590
D es Mufcles du pied. 5 5> 5
Des mufcles des orteils, ^96
Dénombrement des ?mfcles de tout le corps , Jèlon
les Anciens. jç9.& 600
Des nerfs en gênerai, 601
Des nerfs de l'extrémité inférieure, 60 5 . & 604
Des artères en général. 606
Des artères des cuijfes & des jambes. 6oy. ÔC 608
Des generalitez, des vénes. 6 1 3
Des valvules en gênerai, 6 1 ^
Des varices. 6i6
Des vénes des cuijfes , des jambes & des pieds ,618
Des vaijfeaux lymphatiques. 610
Des ongles. 6iz
Defcription d'une oreille du cœur extraordinaire'
ment dilatée, 62.7
F. I N.
APPROBATION
fDe Monjieur Bourdelot Premier Médecin de Mada^
me la "DpwheJJe de Bourgogne , Confeiller , Médecin
ordinaire du Roi , & de Monfeigneur le Chancelier
& Douleur de la Faculté de Médecine de Paris.
JE (oufîigné Confeiller du Roi, Dodeur en'
Médecine de la Faculté de Paris , Médecin or-
dinaire du Roi^Sc premier Médecin de Madame
la DuciieiTè de Bourgogne , & de la Chancelerie;
certifie avoir lu &: examiné avec beaucoup de
foin j par l'ordre de Monfeigneur le Chancelier
les T>érnonJlrations Anatomiques faites au jardin
Royal , ^ar Monjieur Dionis premier Chirurgien de
Adadame la Duchejfe de Bourgogne : dans lefquel-
les je n'ai rien trouvé qui en pût empêcher l'im-
prefîîon , & qui ne R\z au contraire très utile pour
tous ceux qui veulent étudier en Médecine & eu
Chirurgie , F a i x à Paris le 8. Janvier 1690.
Bourdelot.
A P T R O B A T I O N
De la Faculté de Médecine de Paris.
LA Faculté de Médecine de Paris , après avoir
oiii le raporc de Mefficurs Poirier & Douart
le jeune , commis pour examiner les Démonfira-
tîons Anatomiques faites far Aionfieur Dionis pre-
mier Chirurgien de Madame la Duchejfe de Bour-
gogne ^ a p^é qvte ce Livre étoit très- utile & tres-
dignc d'être imprimé. A Paris le 30. jour de Jan-
vier 1690. L E G I E R ,
ProfelTeur du Roi , Se Doyen dé la
Faculté de Médecine de Paris,
APPROBATION
De la Compagnie des Maîtres Chirurgiens furez.
de Paris,
NOus Prévôts , Jurez & Gardes de la Com-
pagnie des Maîtres Chirurgiens Jurez à Pa-
ris 5 certifions avoir lu un Manufcrit qui nous a
été mis es mains par Monfiear Dionis premier
Chirurgien de Madame la Duchelle de Bourgo-
gne , qui contient les 'Démonfirations Anato7niques
qu'il a faîtes au Jardin Royal pendant plnfieurs an-
nées 5 dans lefqu elles après les avoir foigneufe-
raent examinées , nous avons trouvé que la ftruc-
turc de toutes les parties qui compofent le corps
humain , eft décrite avec beaucoup d'cxadittrde ,
fuivant les Découvertes des Anatomiftes moder-
nes , & que fes conjeûures fur Tufage de tous
fcs organes font déduits de tous les meilleurs
fyftêmes que nous ayons jufqu'ici fur laPhyfique
& fur la médecine j En foi de quoi nous avons
fîgné la prefente Approbation en nôtre Maifon de
Saint Côme, ce 22. Février 16^0,
Devaux. Chevalier,
Poignant, Dalibour.
ri* * * ,Trt>K * •^^'»jr* * *.* «Ta* ■''.■♦' Ei
F/ * * 5^- '^ * >♦- î<- ? î*- 5*- * *^ * >pf >t r^
AVIS
DU L I B R. A I R E-
CEtte /'natomie ayant été fi bien reçue du
Public dans les Editions précédentes, qu'on
Va déjà traduire en Latin , contrefaite & imprimée
en plu (leurs endroits , j'efpere que cette troifiéme
Edition fatisfcra entièrement ceux à qui cette
Science eft ncceiraire; puilque TAutcar a revu
lui-même Ton Livre avec une tres-grandcexa6ti-
tude pour le faire imprimer de nouveau , Se qu'il
l'a accommodé au fentiment des plus Modernes
fur la génération des animaux , ôc fur plu (leurs
autres matières principales fur la Nevrologie ,
fur la Myologie , & fur l'Oftcologie , où il a fait
divers changemens condderables en réfutant la-
do<5trine des Anciens.
Monfieur Dionis promet qu'il donnera dans
peu de tems les Opérations de Chîrur^c qu'il
a faites plufieurs fois en dix journées au Jardin
Royal , fuivant la même façon de démontrer qui
eft fl généralement aprouvée.
DEMONSTRA
DEMONSTRAnONS
AN ATOMIQUE S,
FAITES AU JARDIN DU ROY.
DES OS
E N G E N E R A L.
Première Dêfnorîjîraùon»
Jl O U S fcavez, Meffieiirs, que la Chijui-2;ie , ^= <3uc
i eit une Opération de i entendement ^ qui chumgic.
i.^t^- (.Qj-j„Q^[ [e5 maux du Corps humainj & en
même tems une Opération de la main, qui y porte
les Inftrumens & les remèdes pour les guérir : de
manière que pour bien exécuter ce qu'elle deman-
de, il fàutnon feulement que la connoiilancedece
qui eftiain précède celle de ce quieftmalade:mais
il ftiit aufli que le Chirurgien connoille Thommb
dans un état parfait,& qu'il Içache la bonne con-
formation de toutes les parties,afin qu'il puiifelui
rétablir fa fantéjquand elle aura été altérée ou dé«
truite par quelque maladie , ou quelque accident
fàcheux.C'efl: par l'AnatoiniejMeflieurs.qu'il peur V'"'^^^„
acquérir cette connoiilance. puis qu elle cilla oalc nue.
A
Senti-
ment de
Banholin.
Raîfons
âc («alieo
z De Os en gênerai,
ëc le fondement de la Chiruigic; c'cfi: par elle que 1
developanc & difTequât jufques aux moindres par- !
tieSjdonc ce Tout fi admirable eft compofé;, il en t
démêle tous les refTors & les raouvemens , & pe- "^
netre dans tout ce que la Nature a de plus beau
&c de plus cache'.
Ce feroit ici l'endroit de vous faire l'éloee de
rAnatomiCj&: de vous marquer en même tems la
necefïîtê indifpenfable qu'il y a de la favoirjfi Ton
prétend devenir habile Chirurgien. Mais comme
je Tuis perfuadé que toute l'AIÎemblée ; quoique
nombreufe , eft entièrement convaincue de cette
vérité , j'ai crû qu'il étoit à propos d'entrer d'a-
bord en matière , & d'examiner par quelles par-
ties on doit commencer pour parvenir à la con-
noiftance de l'Homme.
Les fenrimens des Auteurs font partagés fur cet
anïclc.BarthoUn e(k d'avis que l'on commence par
les tegumens,que l'on continue' par les vifceres &
les mufcle.s,& que l'on finifle par les os.La railou
qu'il en apporte^eft que l'on ne peut examiner les
os que loiTqu'ils fe prefentent à la vue , & que
cela nefe peut faire qu'après que toutes les autres
parties ont été feparées du fujet.
Galien au contraire veut que l'on commence
par les os : il donne même plufieurs raifons pour
prouver Ton fentiment. Il dit qu'ils donneur à
l'homme cette figure droite qu'il a par excellence
fur tous les animaux ; &C qu'en fervant de fonde-
ment & d'appui à tout le refte du corps,ils. fervent
aulTî d'attache aux mufcles: Il avance même qu'il
cftimpoiïible de fçavoir la Myologie,que l'on ne
connoifl'e les os,& que l'on ne fçachc ce qui leur
donne leur origine 6c leur infertion. Il fait voir,
par exemple, que (î le Chirurgien ignoroitce que
c'eft que l'humerus,l'omoplate &c la Claviculc,eu
Première Démonfiration, 5
lui démontrant le mufclc Deltoide,qui eft un de
ceux qui fervent à lever le bras en haut , il ne
comprendroic rien lorfqa'on lui diroit que ce
mufcle prend fon origine de la moitié de la cla-
vicule,de l'acromion , & de toute l'épine de l'o-
moplate , & qu'il va s'inférer à la partie moyen-
ne de l'humérus. Enfin il ajoute que les os étant
percez en beaucoup d'endroits pour donner paf-
faç^c à des nerfs , à des artères & à des vénes, on
ne peut expliquer les cReminspar où partent ces
vaKfeauXjqu'on ne connoiffe auparavant la ftruc-
ture de la difpofition des os.
Dh Laiirens ajoute à cesraifonSjque dansl'Ecole Pourquoi
d'Alexandrie on propoioit d'abord un fquelette on pt' pofe
auxEtudians en Medecine& enChirurgie,comrae j^^j^j y^'
le feul moyen de parvenir à la connoilTance du iqucllettc.
corps de l'homme, :3«c à la pratique de la Chirurgie
dans toutes fes operations.En éfet le Chirurgien
peut- il faire aucune reduétion tant des fradtares
. que des luxations , s'il ne connoit la ftrud:ure de
l'os qui eft rompu & difloqucjs'il ne fçait que les
os de la jambe ou du bras étant fra6turés , font
quarante jours avant que le cal en Toit fait ; qu'il
en faut trente pour la clavicule , & vint pour les
cc>tes;(Sc qu'aux cnfansil fe fait plutôt qu'aux per-
fonnes avancées en âge,parce que les os en lont
plus raous,&: par coaïequenr plus humides. Et en-
fan que pour guérir une plaie où l'os fera décou-
vert ou aheréjil doit connoître la fubftance des
os, & favoir que les uns l'ont plus molle, & s'ex-
foli-nt plus tard , & que l'exfoliation qui arrive
aux extrémités d'un os , fe fait en moins de t^ms
que celle qui arrive a la partie moyenne , parce
qu'elle efl: toujours plus folide que ne font les
cxtrémitez des os.
Les laifons de Gal'ien 5c de D/^ Laurens font Raifônsdc
A il
4 Des Os en gêner aI,
comrnen- fortifiées par ce qui arrive dans les Anatomîes pu-
ccr par le i ,. *■ ^. • :. 11 r r c
rquclctrc. cliques , nous voions que quoiqu eues ne le tai-
fenc que pendant les hyvers , l'on a beaucoup de
peine à conlcrver les rujets,& que parce que l'on
n'a que trop de parties à examinei-jOn ne doit pas
attendre pour lors à s'inftruire de l'Olteologie,
puis que l'on peut la dcmontrer fur un fquclerte
dans tous Ifs tems de l'année. Toutes d^ raifons
doivent donc nous convaincre qu'il faut commen-
cer par la démonftratîon du fquelette avant que
venir à celle de l'Anatomfe.
pu'cfl ce Le fquelette eft unallemblase de tous les os d'un
quunfque- \, j j r p 1 •
ler:c? corps. Il y en a de deux lortes ; l un naturel , qui
,/^r ell alfemblé par itî, propres liCTamens, & dont les
Unique- , . ^. / , f t , P . n
Ictte naïu- OS n ont jamais ete iepares;tel qu elt ce petit que
rel. vous voies rcprefenté fur la première de ces Ta-
Un fquc- blés ; & l'autre artificiel , dont les os font alTem-
Icttc arcifî- [)le2 & joints enfemble avec du fil de leton , tel
qu'eft- ce grand, fur lequel nous continuerons la
démonftration de nôtre Ofteologie.
Etimolo- La fcience qui traite des os eftapellée Oileo-
fofteolo- logie î ^ caufe è^Ojïeon,Q^\ fignifie os, & de logos^
gie. qui veut dire difcours.
Deux cho- Tout ce que cette fcience renferme fe réduit à
fci à cxa- examiner ce que les os ont de commun enfem-
minéraux , ^
0$. ble , <x ce qu us ont de particulier.
Ce quils i>4ous connoîtrons tout ce que les os ont de
ont ûC com- , ^
mua. commun entre-eux , après que nous aurons exa-
miné fix chofes , qui font leur définition , leurs
difFcrences,leurs articulations,leurs caufes , leurs
parties & leur nombre.
Ce qu'ils Je yQus ferai aulîi remarquer ce qu'ils ont de
ont de par- "^ . 1 . , , ^ 1 r
ticuhcr. particulier , en vous démontrant chaque os lepa-
remcnr.
Deux Dé- Je me fuis propofé de faire deux démonft rations
Première Démonfiratîon. ^
des Os en gênerai ; dans la première je ne vous Monflra-
parlerai que de leur définition , de leurs difercn- c°°2cn"al^
ces & de leurs articulations ; & dans l'autre je
vous entretiendrai de leurs caufes , de leurs par-
ties &c de leur nombre.
L'Os eft défini par Gal'ien^ la partie la plus du- Qii*cft-cc
re,la plus féche &: la plus terreftre de coût le corps. r^^pport des
Vh Lmirens ajoute à cette définition , emenàrée A.Rcicnj.
far la faculté formatrice , ait moyen d'une grande
chaleitr, de La portion la plus crajfe & la plus terre-
fire delafernenceypourfer'vir de fondement a tout le
corps , & pour lui donner la retiitude & la figure.
Nous ne pouvons pas admettre cette dernière
définition , parce qu'elle comprend beaucoup de
chofes qui nous paroiirentinutiles.& que ce mot , ^^ '"ot
J /• ; / ^ • V u- 1 / ^ ds faculté
QQ faculté ne convient ni a 1 idée que nous avons n'cil plus
de la formation des os,ni à leurs ufages.ll eft vrai ^" ufagc.
que les Anciens s'en fervoient pour expliquer tou-
tes les adions qui fe font dans le corps. Et lorf-
qu'on leur dcmandoit comment fe formoit le
chile ou le fang?comment fe formoient les os ou
les cartilagesrcomment fe faifoient la vue & l'ouïe?
ils répondoienr que l'eftomac avoit une faculté
chilifique , &: le foye une fanguifique; que les os
fe formoient par une faculté ofîifique, &c les car-
tilages par une faculté carcilaginifiquci que l'œil
voyoit par la faculté vifive , èc l'oreille enten-
doit par l'auditive , 6c ainfi de toutes les autres.
C'étoit une rcponfe generale,par laquelle ils élu-
doient,auiïi-bien que par leurs qualitez occultes.
toutes les difficultés qu'on leur propofoitjde force
que les Ecoliers n'étoient pas plus fçavans après
qu'auparavant. Mais aujourd'hui que l'on explique
toutes ces mêmes allions par une manière pure-
ment machanit^ue , je vous ferai voir, en vous de .
A iij
6 Des Os en gêner aï.
montrant chaque partie avee exaâ;itiicle,que l'ac-
tion qu'elle fait dépend abfolument de fa ftruc-
ture j étant une fuite necefTaire de fa difpolîtion
naturelle ; en forte qu'elle ne doit faire autre
chofe que ce qu'elle fait.
Pour revenir donc à la plus raifonnable défi-
nition qu'on peur donner de Tos , je vous dirai
que c'efl la partie la plus dure & la plus folide
du corps de l'Animal.
Ici difé- Les diférences qui fc remarquent aux os fe ti-
^^j"^"ji^ç^j rent de neuf chofes , favoir de leur fubftance ,
àz reuf quantité, figures, fituation^, ufages , mouvement^
choies. fentimcnt , génération & cavitez.
De leur ^^ première diférence qui fe tire de leur fubf-
fubftancc. tancCjeil: parce qu'il y a des os qui l'ont trcs-dure
comme le tibia : d'autres moins dure, comme les
vertèbres ; 6c enfin d'autres qui l'ont plus molle
&: fpongieufe , comme les os du flernum.
De leur La féconde fe prend de leur quantité , dont le
nombre n elr pas aile a déterminer, parce qu il elt
fort grand , & que tous les os ne font pas égaux.
Car il y en a de grands ; comme ceux des bras &
des jambes ; de moyens, comme ceux de la têtc,&
de petits , comme ceux des doigts.
De leur La troiiîéme fe tire de leur figure , qui cfl: au-
figurc. faj^f diferentc qu'il y a d'os au corpsi les uns font
longs, comme le feraur ouïe tibia j les autres
courts, comme les os du carpe & du tarfe j les
uns ronds , comme la rotule ; les autres plats,
comme les os du paiai-s : les uns quarrez , com-
me les pariétaux j & les autres triangulaires ,
comme le premier os du fternum.
De Icnr La quatrième eft marquée par leur (îtuation ,
iTituai on. p^j-^e qu'il y a des os placez à la tête, d'autres au
tronc,& enfin d'autres aux extrémitez.Mais il faut
Première Démonflratîon, y
remarquer qu'entre les os de la tête, il y en a de
plus profondemcnc fitués , comme les rrois olTe-
îets de l'ouie , & d'aurres plus fuperhciellemenr,
comme ceux du crâne.
Le cinquième vient de leurs ufages , en ce que ^ .
les uns fervent à foùtenir le corps , comme les os ufajjçj.
des cuilles & des jambes , d'autres à contenir des
parties,commelescôtesqui renferment le cœur oC
les poûmons;& d'autres à contenir & à d;ifcndre,
comme font les os du crâne à l'égard du cerveau,
La fixiéme fe connoit par leur mouvement , De leur
parce que les uns ont un mouvement raanifefte, "^^^J^c-
* ^] 1 j , . , 1 mène,
comme les grands os des extrémités ; les autres
en ont un caché , comme ceux du carpe & du
tarfc y & les autres n'en ont point du tout, com-
mes les os de la tête.
La fepticme diférence efl: aifée à remarquer. De leur
parce que tous les os généralement n'ont point '^'"^"^'^'^^
de fenriment , excepté les dents.
La huitième fe prend du tems de leur gênera- Dc leur,
lion & de leur perfeâiion, parce qu'il y a des os gcncracion
qui font parfaits dés le ventre de la mcre , com-
me les trois petits os que nous trouvons dans les
cavitez de l'oreille ; & d'autres qui n'acquierenc
leur perfection qu'à mefure que l'on avance en
âge , comme tous les os du corps : De ceux-ci
les uns s'offitient plutôt, comme les os de la mâ-
choire inférieure , & d'autres plus tard, comme
ceux de la fontaine de la tête.
La neuvième & dernière diférence fe tire de D; leurs,
leurs cavitezjil y a des os qui en ont de grandes ci'itez.
qui contiennent de la moëllejCommeceux des ex-
trémités;& il y en a d'autres qui n'ont que despo-
rolîtés qui renferment feulement un fuc medul-
laire,comme le calcaneum. De plus \ les un. ont
A iiij
8 Des Os en général.
des trous par où paflsnt des vailTeaux, comme Ie>
os de la baie du crâne & les vertèbres ; d'aucres
ont des folfes feulement , comme les os du fter-
num; d'autres ont des finus. comme les os fron-
taux & petreux : enfin l'on en voit quelques-uns
de percés par plufieurs petits trous, en manière
de crible , comme eft l'etmoide.
Lcsârricu- Il y a tant d'art ôc d'induftrie dans les articula-
os fcntad tîons & conjondlions des os,qu'elles ont fervi de
reir^blcs, modèle à une infinité d'artifans , qui ont reconnu
qu'ils ne pouvoient mieux faire que de copier la
nature en cette occafion^ comme ils font en plu-
fieurs autres.Et quoi qu'il y ait prcfque autant de
diférentes articulation, que vous voyez d'os
joints enfemble : Cependant elles font toutes
lî^efiTaires ; parce que iî tous les os eulTent été
articulés de la même manière , l'homme n'au-
loit pu fe mouvoir commodément. Nous allons
examiner toutes ces articulations.
Les os Gallen nous enfeigne que tous les os font arti-
fonc içîiitj culés en deux manières , ou par artron , ou par
par art>on ^ , .^ _ . n ^ u
ou \_^;irjïm Jirnphije: Lz première eit une naturelle compo-
paje. iiùon d'os , comme lorfque deux os s'enrretou-
chent par les bouts j & la féconde une naturelle
union d'os , comme lorfque les os , quoique di-
vifez , fcmblent continus.
^H^A ^°'^" L'Artron contient fous elle deux efpeces d'ar-
tron. ticulations , dont l'une s'appelle diartrofe , &
Vàux.XQfi,iartrofe.
L s noms Tg ^^ doute point que ces mots ne vous paroif-
mie font i^ut rudes & barbares : mais parce que 1 Anato-
dcriv-cz du mie & la Chirurgie empruntent la plupart de (ts
termes du Grec,& qu'il feroit dificile d'en trouver
dans notre Lanpue qui fulll-nt plus propres pour
/ignificr la mt-me chofe , nous iommes obligés
c
D
Artrodie.
Pre?nlere Démonjîratlon, ^
3c nous en fervir^je les retrancherai néanmoins le
plus que je pourrai , quoi qu'il y ait airurément
moins de difficulté à le retenir qu'à les entendre
prononcei.Vous en conviendrez avec moi , pour
peu que vous vous donniez de peine à les étudier,
La Diartrofe eft une efpece d'arziculacion , Qu'cfi:-ce
dans laquelle le mouvement eft manifefte. Elle t^^^i. /^'■'
fe divife en trois , qui font l'Enartrofe , VArtrê-
die , 6c le Gînglîme.
L'Enartrofe eft une efpece d'emboctement ,
ou articulation , dans laquelle une profonde ca-
vité reçoit une gr<jire & longue tête , comme
la cavité qui reçoit la tête du fémur dans les os
innominez.
L'Artrodie eft une autre efpece d'articulation,
en laquelle une cavité fuperficielle reçoit une
tête plactc,comrae vous voies que la rcrc de l'hu-
mérus eft- reçue par la cavité glenoidc de l'omo-
plate, ou que les tètes des os du métacarpe ou du
metatarfe (ont reçics dans les cavités qui font aux
os de la première phalange des doigts.
Le Ginglime,cft.unetroîiîéme elpece d'articu-
lation, en laquelle deux os fc reçoivent mutuel-
le,nent 5 de manière qu'un même os reçoit &c eft
reçu , comme l'os du coude , qui eft reçu par ce-
lui du bras , en même tems que celui du bras eft
reçu dans celui du coude.
Suivant les Auteurs,il y a trois fortes de Gingli-
me;ui première eft lorfque le même os eft reçu par
un ieul os qu'il reçoit réciproquement , comme ^^^S^irac.
nous venons de le remarquer dans les deux os du
bras «Se du coude : La féconde eftjorlqu'un os en
reçoit un autre par une de les extrémiccz,& qu'il
eft reçu dans un autre os par fon autre extrémité,
comme vous pouvés remarquer aux vertèbres ,
E
Ginglime
F
Autre
-ï o Des Os en général.
«dont l'une reçoit celle qui lui eft rapeneure,& eft
_ Ç^, reçue par celle qui lui ell inferieure.La tioifiéme
Troilierrc ,^ ^j /-• i- a 11 ^ a
GiDgUn.c. eipecc de Ginglime elt celle ou un os elt reçu en
forme de roue , ou d'aiflîeu , comme la féconde
vertèbre eft reçue" par la première.
Qu*cft-cc L^ Sinartrofe eft une forte d'articulation fî fer-
j^o^j. 5 me oc II étroite qu il n y a point de mouve-
ment. Elle a auflî trois efpeces, qui font \z. futu-
re , V harmonie , & là gomphofè.
Qucft-cc La Suture eft une articulation ou deux os font
"^^ ^' joints enfemble comme par une couture : elle eft
H de deux fortes,ou vraye.ou faulfc.La future vraye
Si,turc eft quand deux os font joints en forme de deux
fcies , dont les dents s'enriafient les unes dans les
autreSjComme font les pariétaux avec le coronal.
I La future fauife ou bâtarde eft lorfque deux os
*^ncure font articulés en forme d'ongles,ou d'écaillés po-
fccs les unes fur les autreSjComme font les parie-
taux avec les os petreux.Je me referve à vous ex-
pliquer plus au long les autres efpeces de futures
dans la Démonftration fuivante, en vous parlanc
des os qui compofent le crâne.
iç L'Harmonie eft une articulation où les os font
H-rmo- joints par une iîmple ligne droite ou circulaire,
comme les os de la face,du nés & du palais.Si l'on
démonte les os de la mâchoire fuperieure , on
trouvera de petites dentelures qui enfont la jonc-
tion : mais parce qu'elles font trop petites , ôc
qu'elles neparoiftent point au dehors , comme
celles des futurcs,c'eft ce qui fait que nous diltin-
guons l'harmonie d'avec la future, & que nous
en faifons la féconde efpecc de fmartrofe,
L La Gomphofè eft une articulation ferrce,ou em-
î,;-hofc. boëtement qui fcfair quand un os eft enfoncé dans
un autre,comme un cloudans unmorceau de bois.
LJ .1
il'e
moîca
Première Démorjftratlon, i r '
ou plutôt comme les dents font dans leurs al-
véoles.
On ajoute une troîfiéme efpece d'articulation, MM
que l'on appelle neutrejOU doùteufejparce qu'elle lion^^ùo*^
n'eft pas tout- à- fait diartrofe^n'aiant pas un mou- Kurc.
vement manifeftejni tout-à- fait finartrofe , parce
qu'elle n'en eft pas ablolument privée.Telle eft l'ar-
ticulation des côtes avec les vcrtebres,& celle des
os du carpCj& du tarfe entr'eux , laquelle tenant '
de l'une & de l'autre , eft apellce Amphîrtrofe ,
& félon quelques-uns àiartrofe fmartroidale.
Lafimphife , que nous avons dit être une na- De j^
turelle union d'os , eft de deux fortes , ou fans ûiuphifc,
moyen , ou avec moyen.
Celle que nous apcllofis fans moyen, eft lorfque N
nous ne voyons rien qui fafte l'union de deux os» r,„i'^^
comme de 1 epiphile avec l os prmcipal ou tels
que font les os de la mâchoire inférieure. Cerre
union fc fait à peu prés comme celle de la greffe
& de l'arbre , qui s'uniffent tellement enfemble
qu'ils ne fonc plus qu'un corps ; de même la na-
ture endurcilfanc les os de la mâchoire inférieure
ô: les épiphifes , les joint d'une manière qu'ils ne
font plus qu'un os continu.
La fimphife qui fe fait avec moyen,eft de trois t,ai (7^,
fortes, qui font ^finevrofe j/ifarcofe , ôcjincondrofe. phiic avic
La finevrofe eft une efpece de (imphife ., qui q
unit des os par le moyen des ligamcns ; telle eft Sincvro-
l'arciculation de la rotule avec les os de la jambe.
La fifarcofe eft une féconde efpece de fimphi-
fc^qui joint les os par le moyen des chairs , com-
me le font l'os hyoïde & l'omoplate. p
La hncondrofe eft une troifiéme efpece de (îm- Sifarcofe.
phife,qui unit deux os enfemble par le moieu d'un ..'^
cartilage^comme le font les deux os du ^enil j ce drolc
Scr
menr (de
1 a Des Os en gênerai Première Dérnonfiration.
qui rend cecte arcicQlacion \\ force , qu'il eft im-
poffible que ces deux os fe feparem dans l'ac-
couchement , comme quelques-uns l'ont crû,
Bartholln n'admcr point de fmartrotejil dit feu-
Banhoîin ^smcrnt que la ilmphife eft de deux fortcs;ou fans
moyen.dontil en fait de trois efpeccs,qui font la
furuie , riiarmonie & la gomphofe , ou avec
moyen» qui font auffi trois ; favoir j fînevrofe ,
iIfarcofe,& fincondrofe ; comme nous avons dit,
Ainli il ditfere peu du fentiment des autres.
Vous remarquereZjMellîeurSjen fîniirant cette
Demonflracion , que la fimphife fe rencontre en
toutes les trois cfpeces de diarcrofe, & qu'elle ne
fe trouve dans aucune des efpeces de Hnartrofe.
BJ2,
DES os
EN GENERAL.
/ /. Démo-rifiration.
5^ E que j'ai , Meffieurs, à vous dcmonrrer au- Fautcon-
®^ jouidliui n'eft pas de moindre confcquence par[[« des
que ce que je vous fis voir hier , paifqu'on ne os.
peut réduire aucune luxation , que l'on ne fçachs
comment les os font articulez , & qu'on ne peuc
guérir aucune fracture foit fimple , loit compli-
quée , que l'on ne fçache comment l'os ell fair,
& quelles font les parties qui le compofenr.
Lorlqu'il arrive des plaies à ces parties , foie
qu'elles foient caufées ou par des boulctSjdcs gre-
nades & autres inftrumens à feu,ou par des chu-
tes & des coups épouvantables, qui en chanoenc
l'économie naturelle par le grand fracas qu'elles
y caufent , il eft de l'adrelîe & de la prudence à\x ' .
Chirurgien de rétablir , tout autant que faire fe
peut, ces parties dans leur première conformation
& de corriger , par la connoitïance qu'il a de fon
Art,& des parties dont l'os cil compofé,les dsfor-
dres que de pareils malheurs y ont aporrés.
Je vous dis hier que les caufes,lcs parties & le . ^^^9^ ^'
nombre des os feroient le fujec de la Démonilra- ftration
tion d'auiourd'hui;i'ai trouvé à propos de vous y 'J!f"!°"^"
entretenir aulii des cartilages cC aesligamcns en
geiicral,parce que les cartilages font inleparablcs
des os ; qu'ils n'en différent que du plus ou da
moins,& qu'ils eafôimcnt fouvent la plus gran-
Toute
dcfinicioi
doit être
claire &
courte.
14 T)es Os en gemral,
de partie:& que les ligamens les lient & les tien-
nent joints enlemble.
Du Lau- Je commence par Les eau Tes des os,que nous re-
qu'il y a duirons à deux feulcment,quoique Du Laurens en
quatre ca'7' ait compris quatre dans la définition , ou pour
' mieux dire,dans la defcription qu'il nous en a don-
née.Il efl; vrai que tous les Philofophcs ont recon-
nu quatre eau Tes de chaque chofe, (avoir l'efficien-
te,la materielle,la formelle &: la finalejraais outre
que ces termes ne font plus gueres en ufage, on
peut dire que ces favans hommes ont été trop é-
clairez pour les comprendre toutes quatre dans
une définition, qui félon les règles qu'ils en ont laif-
féeSjdoit être claire & courte,fi l'on veut expliquer
la nature de la chofc définie & fa compoficion pai*
fes parties e{îentielles:Or il eft confiant qu'elle cç^(^
feroit d'à voirtoutes ces conditions,fi elle étoitcom-
pofce d'autres chofes que de genre (Se de diférence,
qui font comme la matière &; la forme. Ainfi pour
expliquer la nature des os,il efl; inutile de recourir
à quatre caufes.comme a fait Du Laurens, ^m{(\w'i\
n'y en a que deux qui contribuent à les former ,
(avoir la liqueur ferainalc de l'œuf,& la chaleur.
Vcrita- Maintenant , puifqu'ileft certain que le o-ermc
blés caulcj ,r j--ri J
des os. de l œut ( qu on lous-entend ici lous le nom de
liqueur) fert de matière aux os,il vous fera beau-
coup plus facile à concevoir qu'il ne faut que de
la chaleur pour les pcrfe6tionner , que de vous
aller embaralïèr à chercher nne idée ou vertu
oflifique ; autrement il faudroit multiplier ces
vertus , & en faire d'autant de manières , qu'il y
a de diférentes parties au corps, '*
Une mj.- j^ ç^^^ remarquer que ce ne font pas feulement
me cauiï • r r \ \ r • \
fert à for- les OS qui iont faits de la liqueur ieminale , mais
f '" '*'^,'" encore ocRites les parties qui compofent l'homrsïc,
ics parties. , ^ 1 111 ri ■ - -■ C
«e qui arrive,parcc que la chaleur, ieule agi liât lu r
//. Dépîonflrntîon* if
cette même liqueiirjcn devclopc & fepare chaqtte
particule, qui prenant la figure qu'elle doit avoir
par fadifpofitiondela matiere,en forme un animal.
Mais fi l'on m'objcde qu'il eft difficile de com-
prendre cornent tant de diférentes parties peuvent
être faites par une même caufc,je réponds que le
Soleil,qui eft un principe de chaleur,produit bien
diférens éfetSjfuivant les diférentes matières qu'il
échaufe; car nous voions qu'il fond lacire;& qu'il
defleche la terre : Et comme ces diférens éfets ne
viennent que de la difpofition de la matière fur
laquelle ilagirjde même on doit concevoir que la
chaleur naturelle agifîànt fur la liqueur de l'œuf,
en develope &c fepare chaque parncule,&met en
mouvement celles qui font le fang,en même tems
qu'elle feche & endurcit celles qui font les os.
Nous ne connoiirons donc que deux caufes aux os
favoir la materielle,qui eft la liqueur de l'œuf,(3cla
formelle,qui eft la chaleur;& nous ne favos ce que
c'eftque la faculté ou vertuofIifiquej& mêmepour
détruire cette opinion d'Idole & d'idée de celui qui
cngendre,& faire voir qu'elles n'ont point de parc
à ce qui fcpalTe danslageneration,quoique quel-
ques Auteurs les falïent entrer comme caufes dans E^'perv:
la formation des parties, il n'y a qu'à faire refle- pouycnt
xionfur ce qui arrive lorfque l'on met des œufs
de diférens animaux couver fous une mêmepou-
le,fi vous y en mettez de cannes,de perdrix 3c de
poules,vous verrez que la même chaleur produi-
ra des canards,des perdreaux «Scdes pouiets.Si l'on
pouvoir pénétrer dans l'idée de cette poule ;, l'on
vcrroit qu'elle n'avoir dclfein que de produire des
poulets , mais la matière qui eft renfermée dans
ces œufs , eft le principe d'où dépendent les di-
férens éfets qui le fuivent.
Je ne vous parlerai poinc de lacaufe finalenl eftin-
ï ô Des Os en gêner aL
utile d'en faire ici u ne dilîertation pour vous l'explL
5eptimcns quer;& vous connoitiés ailes ce que chadue partie
difteicns ^ . ,. - c • ■ w d
fur iacaufe ^^^^ quand je vous autai tait voir comment elle eil
Énalc. faite. Jeme contenterai de vous dire que la eau ie fil
naleactélelujetd'unegrandedifputeentredeuxfa*
meux Médecins de la FacuitédeParisjtous deux tre's
célèbres Anatomiftes^l'un étoit M.Creiréjqui faisât
lesDifcoursAnaromiquesauJardinRoialjalaplaçe
de M. de la Chambre premier Médecin de la Reiftej
^ProfclTeurAnatomiquedansce même lieu, avâce
que l'ondevoit en parlât dcqu>.4que partie lui don-
oerune fin, parce qu'il ellcertain qu'elles en ont tou-
t.es,& que Dieu n'aiât rien crcéd'inutilejil faloiten
démontrant quelque partie, dire qu'elle a été fairq
pour tellcou tellea<5lion,piiirqu'ellelafait;parexé-
plcquel'on pouvoitdirealfurémentquerœllalvpit
etc fait pourvoirjamainpourprendiejepied peur
marcher,& ainfi des autres. M. Lami,au contraire,
pretendoit qucceiVétoitpointànousadéterHiiner
la fin pour laquelle une partie étoit faite jqu'iléto'c
bien vrai que l'Auteurde la nature n'ayqitiien fait
en vain,& qu'il avoit donné une fin à.t-o'uf ce qui
copofe l'homme:mais lorfque nous voulions nous
mêlerdelamarquer,nousnousmetiôsauhazard de
noustromper,parcequ'ilpouvoits'cnêtrepropofce
une autre quecellequenousdifions,&qu'ainhl'on
ne dcvoit jamaisdirequecettepartieavoit été faite
pour cela,maisquecettepartiefairoit cela.lldemeu-
roit d'accord que l'on voioit avec l'Œil,que l'on pre-
noitavec la main, que l'on marchoicavec les pieds,
mais ilfoûtcnoît que ce n'étoit pointa l'hommeà
vouloir pénétrer dans les fecrets nilesinrentionsde
Dieu,qu'il devoir feuleméradmirerfes ouvragcs,n'é-
tant pasimpoffible que Dieu fe Toit propoléd'aiitres
fins dans ce qu'il a fait, que celles nous voionsi &C
il ajoûtoitquepourbienconnoîcreuncpartic,il n'é-
toit
/ /. Dêmonflratîoru 1 7
& que cçs mêraLï ligamens s'attachent plus faci-
lement aux Epiphifes , qui font d'une lubftance
molle , qu'aux os qui font fort durs.
Toutes les Epiphifes ne font pas femblables les Différence
unes aux autres , & l'on remarque qu'elles dirfc- ÇcsEpiphi-
rent entr'elles en quatre maniereSjen figure , en
quancitéj en nombre & en iituation.
Elles font tellement diférentes en figure, que la
vue même les difting[ue ailément. On les réduit
toutes fous trois elpeces , que l'on appelle tefte,
col , & pointe.
Quand l'os s'élcve en une groflfe bolTe ronde,oa
la nomme véritablement tefl:e,comme celle du fe- Tcfte.
murjôc h elle efl: petite5on l'appelle condilcjCom-
mc eft celle de la mâchoire inférieure, qui entre Gondile.
dans les cavités de l'os petreux pour les articuler
cnfcmble.
Le col eft la partie la plus étroite de l'os , qui ^^
d'étroit qu'il eft dans fon commencement,fe di-
late peu à peu. Il eft toujours placé fous unetefte.
En voila un fous la rcfte du femur.Il eft à remar-
quer que le col & la tefte diiferent entr'eux en
ce que la tcftc eft prefque toujours Epiphife , &
le col Apophife.
La pointe eft quand l'os fait une éminence
pointue, que l'on apoclle coroné. Ces pointes
ont pludcurs hgurcsjon leura donné les noms des
chofes au fquelles elles reiremblent le plus j il y
en a une à l'os petreux, que l'on appelle ftiloide,
parce qu'elle eft faite comme un ftilctjune autre ^
maftoide, parce qu'elle rellemble à un mammc-Coroné ou
lon^une autre qui eft à l'omoplate, qu'on appelle *^'-""-cil=.
coracoide, à caufe qu'elle rellemble au bec d'un
corbeau ; & enfin celles de l'os Iphenoioe , le
nomment ptcrigoides, parce qu'elles ont la vevi-
B
iS Des Os en gênerai,
table figure des ailes de chauve- fou ris.
La grandeur des Epiphifes n'cft pas égale dans
tous les osi le tibia, par exemple, qui cil un gros
os,en a de gro(Tes5& les petits os,comme ceux des
doigts,en ont de fort pccîtcs.On voit auffi qu'un
même os en a de différente çrofrcur , comme le
fémur, qui en a une grande,que l'on nomme le
grand trocanter,(Sc une autre plus pctice,aulTi de
même figure , appellée le petit trocantcr,
H Le nombre des Epiphiles n'eft pa-s réglé pour
ttocanter chaque os j il y en a même qui n'en ont point,
comme les os de la mâchoire inférieure, iSc d'autres
Lepctictro- ^^" en ont plulieurs. Les côtes en ont chacune
caoïcr. une, les os de la jambe & des bras en ont deux,
ceux des îles trois, ceux de la cuilfe quatre , <Sc
dc$Epk>hi^ chaque vertèbre en a cinq.Ce font les os aufquels
fc». nous en trouvons le plus.
-. . La fituation des Epiphifes efl: différente , en ce
Situation , ,, ^ t r , ' .
dcsEpiphi- qu elles ne lont pas toutes placées aux extremi-
^"' tez des os , puifque l'on en trouve dans leur
partie moyenne.
Outre ces quatre différences efl'entielles que
nous avons remarquées aux Epiphifes , il y en a
dcsEpiphi- ^"^ore une que l'âge leur donne,en rendant leur
fcï. fubftance plus ou moins dure;aux cnfans elle clt
cartilagineufe, mais elle s'epdurcit à melure que
l'on avance en âge , &: elle ne devient tout-à-faic
olîîfiée qu'après la vingtième année: ce que j'ai
remarqué en faifant le iquelete d'un garçon de
dix-huit ans, dont toutes les Epiphiles le fepare-
rcnt par l'ébullition.
Il faut encore remarquer que les Epiphifes font
^ .. couvertes par leurs extremitez d'an cartilage qui
.iej £pi facilite le mouvement des articulations, & qu'ou-
phifes. [j-e j-g cartilage qui écoit necefi'aire pour empêcher
/ /. Démonfiratiom icj.
diiz les os ne fe frotafTent les uns contre les autres^
la nature a encore mis dans toutes les jointures
une humeur glaireufe , qui faifant le même effet
que le vieux-oing aux roues des carofles, empê-
che conjointement avec le cartilage que les ex-
iremitez des os ne s'ufent & ne s'échauffent
dans leurs mouvemens continuels.
Les parties caves des os font , comme je vous Cavités dci
ai dit , de trois fortes , trous, foffes & finus. °*'
Le trou eft une cavité qui a entrée &c fortiej K
ce qu'on peut voir dans les cavitez qui font à la ^^^'^
bafc du crâne, dont il y en a quelques-unes qui
donnent entrée à des artères , & d'autres qui
îaiJent fortir des nerfs & des veines.On nomme
aufîi trou cette grande cavité que vous voyez à
l'os ifchion.
La folle eft une cavité qui a une entrée,& qui L
n'a point de fortie, & dont les bords font élevez ^'
par de petites éminences comme montagneufes:
ces cavitez fervent pour donner quelque figure,
ou pour contenir quelque partie ; telle eft la
cavité de l'orbite qui contient l'œil.
Le finus eft une efpece de cavité en l'os dont M
l'orifice ou entrée eft fort étroite , & le fond lar- S"'^"
ge; il fe trouve de ces finus dans la bafe de l'os
coronal, où les Anciens leur ont attribué pour ^
ufage de rendre ces os plus légers , ce que je ne
croi pas, je me referve à vous en dire ma penfée
en vous les démontrant.
Outre ces trois fortes de cavitez que je viens
de vous expliquer, il y en a encore d'autres, que
l'on divilcen internes & en externes.
Les internes font àt deux manieres,ou grandes Ca irczin-
& apparcntcs,commc celles qui font de long des ^«"^^c*.
gros os qui renferment la moelle j ou petites 6c
B ij
Cavités ex-
tcrnei.
N
O
Ca virez
glcnoïics.
P
Petites ca-
vitcz.
lo Des Os en gé?ieraL
poreufes , comme celles qui fonc aux corps des
vertèbres &des EpiphifeSjqui contiennent nn fuc
médullaire.
Les externes font de trois fortes:ou grandes &:
environnées de bords épaisj& le nommentcoriles
Cavitczco- ou cotiloïdes,du nom d'une mcfure des Anciens,
^ ^^ ^*' comme celles de l'ifchion qui reçoit la tclte du fé-
mur , ou moyennes & moins profondes , & s'ap-
pellent glénes ou glenoides , comme celle de Vo^
moplatCjqui reçoit la tefte de l'humérus ; ou pe-
tites & plattes , comme celles qui (ont aux bouts
des os de la première phalange des doigtSjlefqucls
reçoivent les teftes des os du métacarpe.
Ces cavitez font (impies ou doubles : les ore-
mieres ne reçoivent qu'une tefte^comme celle du
bout du radîus;& les doubles en reçoivent deux,
comme le bout d'enhaut du tibia , & ceux des os
des deux dernières phalanges des doigts.Il y en a
encore ce différente fiçuredes unes font faites en
forme de poulie , comme celles de rextremité
d'enbas de l'humérus , qui reçoivent les cubitus,
les autres en manière de croiflant, ou de (îgma,
comme celles de la partie fuperieure des cubitus,
^_ ... , & ainfi de plufîeurs autres,
ligamens 1 outes ces cavitcz externes qui iervcnt aux arti-
ciiculaircj, culations , ont chacune à leur circonférence une
émincnce, que l'on appelle lèvre ou fourciljà la-
quelle ed: attaché un ligament circulaire ,qui en
embralVant la tefte de l'os qu'elles reçoiventXerc
à fortifier l'articulation ,& îj empêcher que les
luxations n'arrivcni aulïî fouvent qu'elles fcroicnt
s'il n'v étoic pas.-
Quarre ^^ '""^^ ^^'^^^ ^ ^^^^ ^''^''^ "^''^''■' ^^ dénombrement
choies à des os pour en finir le gênerai ; mais auparavant
aux'oî"/'^ je trouve à propos de vous faire obfervcr quatre
Cavucz
fimples.
R
Cavitcz
doubles.
//. Vémonfiratlo'/i. Ir
chofeSjquI fonc la grandeurjla couleur,Ia nourri-
ture &: le fencimenc des os.
Tous les os ne font pas de même grofiTeur dans Grandeur
rous les fiijcts , je ne dis pas feulement dans les '*^*°*'
hommes qui font de différence taîlle,raais encore
dans les perfonnes qui font d'égale grandeur ; il
arrive même fou vent que parmi ces derniers quel-
ques-uns ont les os plus petits que les autresrEtfi
la beauté dépend de la delicatefle des os, on peut
dire que ceux-là lonc de plus belle taille , &: les
mieux faits. En eftet , c'cft une des raifons pour-
quoi les femmes font ordinairement plus belles
que les hommes^parce qu'elles ont les os du vifa-
geplus fins que ne font ceux des hommes: c'eft ce
qui faitaulîîque l'on diftingue facilement le fque-
Icte d'une femme d'avec celui d'un homme. Mais
il ya encore entre l'un & l'autre une fort grande
diffèrence^en ce que dans l'homme les os des iles
font plus petits & plus ferrez,&: que dans la fem-
me ilsfont plus écartez^afin déformer le bafîînec
plus grand pour y mieux contenir l'enfantjde là
vient aulîî que les femmes ayant les os des iles
plus en dehors,& l'os facrum plus en dertiere,ellcs
ont les hanches & les felTes plus grolïes que les
hommes.
L'on doit encore obferver k grolTeur des os
dans les differensâges-.car ils groiïîirent depuis la
nailTànce jufqu'à vingt ans ou environj&: depuis
vingt ans jufqu'à foixante.ils fubfiftent dans une
même grolTeur : mais après foixante ans ils vont
toujours cndiminuantice qui arrive parce que les
libres olFeufes'fe defiechent & s'approchent plus
les unes des autres.
La couleur des os n'eft pas égale en tous:il y en CquIcuï
a qui les ont fore blancsjd'autrcs moins blancs,6«: dejoj,
B ii)
'il Des Os en gênerai.
d'autres qui les ont d'une couleur gniatren'I efl: Ci
vrai que la diveriîté de ces couleurs dépend delà
première matière dont les os font formez , que
quoique l'on prenne les mêmes foins pour blan-
chir deux ou trois fqueletes,il y en atoûjoursquel-
qu'un qui ne le devient pas tant que les autres,
Kourtiturc L'on a crû pendant un long-tems^quc la moelle
^ °*' & le fuc nerveux fervoient de nourriture aux os,
mais les découvertes que l'on a faites de leurs au-
tres ufages,ont prouvé qu'ils fe nourrilfoientdes
parties du fang, comme le rcftedu corps.ll eft vrai
que la moelle peut bien les entretenir en les hu-
me6lant,de même que la grailfe fait à l'égard des
parties molles, mais elle n'en eft pas le véritable
lue alimentairejpuîfqu'il ne fe trouve .que dans le
fang, qui circulant dans la fubftance des os , y
porte àes particules propres à les nourrir,comme
il fait dans routes les autres partics^cequi marque
aufn qu'ils ne font pas nourris par anpofîtion de
matière fur matière comme les pierres, mais par-
une liqueur qui s'infinuant & entrant dans leurs
porofitcz, & coulant de long de leurs fîbiTS, en
augmente le volume:car il y a une infinité de ca-
naux dans les corps des os,((emblablesàceuxdes
troncs des arbres qui y conduifent le fuc ) dans
lefqucls la nourriture eft portée parles arreres,&
dont le fuperflu fortant par les extremitez de ces
canauXjCft reçu par des véinilcs qui le reportent
à la ma fte.D'ail leurs il eft aifé de voir en trépa-
nant , qu'il V a du fang entre les deux tables du
crane,& que fi vous caliez l'os d'un animal nou-
vellement tuéùl en fort des gouttelettes de fane:
ce qui ne permet pas de douter qu'il n'entre du
Tauslçf fang dans les os.
îT ineiiUe. L'on trouve en tout rems de la m.oëlle non feu-
xtr
F ' 2.%
5^"'^*x
M
#•
•4f ''
1^
/ /. Démonjiratlon, Xè
lement dans les os de ThommCj mais encore dans
ceux de toLis les animaux.Il eft vrai qu'il y a, des
tems qu'ils en font pleins,& d'autres qu'il n'y en
a que tres-peu; &c c'eft une erreur de croire que
ce foie la Lune qui en augmente ou diminue la
quantité:cette diminution de la moelle eft plutôt
un effet de quelque maladie, de quelque fatigue,
ou de quelque grande diette: Et comme nous vo-
yons la grailfe diminuée après une maladie , un
grand travail ou une abftinencCjde même lamoël-
le fe confume par l'une ou l'autre de ces trois
caufes, d'autant qu'elleeft aux os ce que la grailFe
eft aux autres parties du corps.
Il eft vrai que les os n'ont point de fentîment, gentiment
• M r o I 1 • /r des o$.
mais ils iont couverts & enveloppez du penofte ,
qui eft une petite membrane fort déliée, &C d'un
fentiment exquis.Ceux qui (ont fujets à la goutte,
ou à qui l'on a fait quelque opération fur les os,
nous en peuvent rendre un témoignage airùré,
puifque les douleurs que l'on relfent dans ces
Opérations font très- grandes, lorfqae l'on tou-
che cette membrane.
Le nombre des os,qui eft la fixiéme & dernière Nomb'^e
chofe que nous avons à confidereraax os en ^ene- des os.
ral,eft fort grand. Dans la première Démonftra- u„ grand
tion je vous ai fait voir le Iquelette de face , & fquektc ^
dans celle-ci je vous prefente ce grand de côté,& ^"^^ -p '°^
ce petit par derriere,afin que vouslepuilîiez voir Un pctig
de toutes les manieres.Il ne faut pas vous étonner ^^^ p-^
s'il eft compofé de tant d'os,& s'il y en a jufques dcrricrc.
au nombre de deux cens quarante-neuf:par exera-
ple,on en compte foixante à la tête, foixante &c
fept au tronc , foixante & deux aux bras & aux
mains , & foixante aux jambes & aux pieds. Si
l'Auteur delaNaturc en avait mismoins à la main,
B iiij
14 Des Os en gênerai.
auroit-clîepû prendre comme elle faîc? Si l'epinc
nVcoit pas compofée d'autant de vertèbres qu'elle
cftj auroit-elle pu fe fléchir comme elle a beloia
de le faire : Enfin (îla jambe & lacuille n'eullent
été faites que d'un os, auroit-onpû marcher aullî
^ commodément c|uel'onfait?lléLoit doc neccllàire
pour la perfedtion de l'homme , &: pour Tes fonc-
tionSjquelenombre desos fût aulîigrand qu'il efr.
Soixante es ^^^ loixante de la tête il y en a quatorze au cra-
a iatcftc. ne,&; quarante- fîx à la face,y comptant l'os hyoi-
de ; les quatorze du crâne font le coronal , l^oc-
cipital , deux pariétaux , deuxj temporaux ,, Tet-
moide,lefphenoïde & lesfîx os de l'ouye,qui font
les enclumeSjles étriers & les martcaux.Des qua-
rante-iîx de la face , il y en a vingt-fept à la mâ-
choire fuperieure, qui (ont l'os de la pomettCjl'os
unguis,le maxillaire,l'os du nezj'os du palais , &
autant de l'autre côte;le onziéme^qui cft impair,
cft le vomer,avec feize dents fuperieures,& dix-
huit à la mâchoire inférieure, fçavolr deux os &:
leize dentSjaufquels ajoutant l'os hyoidejccla fait
le nombre de foixante à la tefte,
Seiianrc- ^ks foîxante-fept au tronc,il y en a trente deux
fcpt au ^ l'épine , & vincjt-neuf à la poitrine. Ceux de
1 epme lont lept au col , douze au aos,.cmq aux
lombes , cinq à l'os facrum j & trois au coccix.
Ceux de la poitrine font vini^t-quatre côtes,deux
clavicules,^; trois au fternum.ll y a encore lîx os
înnominez,qui font deux ileon,dcux ifchion , &C
deux pubis ; le tout enfcmble fait le nombre de
„ . foixantc-fept au tronc.
'jeux aux i^î^s loixante-deux des extremitez luperieures,il
feras & iui y en a trente & un à chacune, qui font l'omopla-
re,rhumerus,le cubitus, le radius, huit au carpe,
quatre au metacarpcjôc quinze aux doigts^^ au-
/ /. Dé/nonfiratiofj. 25
tant à l'autre exri-emicé,cela fait foixante & deux.
Des foixante des extremicez inférieures, il y en Soixante
, ,- . t r 1 11" *"^ ïambes
a trente a chacune,lçâvoir le temur,la rotule,le ti- & aui pieds
hla. , le péroné; fept au tarfe , cinq au metatarfe.
Se quatorze aux doig;ts , de autant a l'autre extré-
mité ^c'eft en tout foixante.
Ce nombre des os fe pourroit augmenter par Deuxcens
ceux qui en feroient plufieurs de Tos hyoïde, ou quarante
• . ^ • \ r r • 1 tI • /T" neuf os CQ
qui yajouteroient les leiamoides.U pourroit auiii jq^^
être diminué par ceux qui n'en feroient qu'un des*
deux de la mâchoire inferieurCj&qui reduiroient
les cinq de l'os facrum à un feul.Mais comme il
faut s'en tenir à un nombre fixe,jevous confcillc
d'en demeurer à celui de deux cens quarante-
neuf,qui eft leplusuniverfcUement reçu par tous
les Auteurs.
Quoique les cartilages & lesligamens foient fe- F^utccn-
parezdu fquelete par l'ébalition^neanmoins notre noitrc le»
OIteologie feroit imparfaite 11 nous les paillons *^*^"^^sc<.
fous {îlencc,& fi nous ne vousinftruilions pas au-
jourd'hui de ce qu'il en faut fçavoir en general^me
rcfervant de vous les faire voir chacun en leur par-
ticulier dans nos Démonftrations Anatomiquès.
Les cartilages font les parties les plus dures après Des cârti-
les os ; ils font prefque de même nature , & n'en 1*8^^*
digèrent que du plus au moins.L'on en,fait de trois
fortes,les uns font durs ôc deviennent o(ïeux avec
le tems,comme ceux qui font le fternum,&; ceux
qui lient les epîphlfes avec l'os principal ; les au-
tres font plus mous,& compofent même des par-
tieSjComme ceux du nez,des oreilles , du xiphoi-
de & du coccix, & enfin d'autres font tres-moas,
& tiennent de la nature du ligament : ce qui les
a faitappeller cartilaaes lÏCTamenceux.
Il y a des cartilages de plufieurs figures , à qui carnlae^
X^ Des Os e'/} gétjeral,
l'on a donné le nom des choks aiirquellcs ils ref-
femblenri l'un cft appelle annulaire , parce qu'il
eft faic comme un anneau; un autre xiphoîcie, à
caufe qu'il a la figure de la pointe d'un poianard j
& un autre fcutiform?, qui efl: fait comme un
bouclier, & ainii de plulîeurs autres. Ils accom-
pagm^nt ordinairement les os;on en trouve néan-
moins qui ne les touchent pas, comme ceux du
larinx & des paupières.
Lcscartila- Les cartilages n'ont, point de Tentimentjn'aianc
Sbfc»!"' "^ membranes ni nerfs 5 ce qui eft d'autant plus
avantageux à l'homme qu'il a aiïez d'autres par-
ties fu jettes à ladoulcur/ans avoir encore celles-
ci qui lui en cauleroient de continuelles dans les
mouvemens qu'il eft obligé de faire ; ils n'ont
point de cavitcz , &: par confequent point de
moelle: mais à Ton défaut ils ont une mucofiré
d'une fubftance vilqueufe & flcxibilcjqui les en-
vironne & qui les conferve.
UfapiM àe% Les ufa|[îes des cartilages font d'empêcher que
carmagc8. les os ne foient blellez par un traiment mutueljde
\çs joindre en plulîeurs endroits par lîncondrofe,
&c decontribuer beaucoup àbicn former plulîeurs
parties, comme le nez, les oreilles, la trachée ar-
tère, les paupières, & quelques autres.
.. Tous les os que vous voyez à ce fquelette , ne
mrni ne pourroient point tenir cnfembk, s'ils n'étoicnc
{01 c plus a JQJn[5 pa,. jjes hVamcns : mais comme je vous ai
ccfqucktc. \ ,. r- ^ -1 ' ' r
déjà tait remarquer qu ils en ont ete leparezpatr
^ébuiition,il y a du ^1 de leton qui tient leur place,
&du liège qui remplit celle des cartilages du fter-
num ; il ne feroir pas néanmoins impolTible de
confei'vcr uti fquelete avec les cartilages & les li-
gamens , puifqu'il n'y auroit qu'à le décharner:
mais quelque foin que l'on prît,les vers s'y met-
//. Dêmonflratîo/i. 27
tioîcntjSi Tonne pourroit le conferver aufli bien
&ç aufli long tcms que Ton a fait celui-ci.
Le ligament eft d'une fubllance folide &: blan- j^çj Hga.
che ; il eft plus mou que le cartilage,& plus dur mens,
que le nerf & la membrane j il n a ni cavité , ni
fcntlmcnt, ni mouvement : ce qui fait qu'il ne
fouffre pas plus que le cartilage.
Les ligamens font faits, comme les autres par- Maricre
ries, du serme ou liqueur feminalc de l'œuf; il y ^f* 'ig*-
en a de fortes qui (ont mtcneurement entre les osj
d'épais &c de ronds que Ton appelle cartilagineux,
Ôc d'autres déliez & membraneux qui couvrent
extérieurement les os.
Il y en a de plufieurs figures , les uns font lar-
ges, que Ton appelle membraneux , &c les autres j-L^ç^j
font ronds, que Ton nomme nerveux j ces noms
ne leur font donnez que par la reflTemblance
qu'ils ont avec des membranes ou des nerfs , ôc
non pas parce que le ligament eft effectivement
membraneux ou nerveux.
Le feul & véritable ulage que Ton donne aux ufage cet
ligamens, eft de lier , comme feroit une corde, Uiaiiicns.
les parties du corps , Se principalement les os .
qu'ils confervent joints &c unis enfemble , afin
qu'ils ne puiftent fortir de leur place.
Te finis cetteDémonftration en vous difant deux ^
r I r -1 1 TT /- Comn-cnt
mots iur la tormation du cal : Vous Içavez que letaukcii
l'on appelle caljCe nœud qui joint un os fracturé:
il fe fait de cette manière. Le lue qui nourrit les
os coulant le long des fibres olfcuies, fuinte par
l'endroit où ces fibres fe trouvent rompues, & ve-
nant à-r'arrtter & à r'amaller autour des extrémi-
tez de Tos fraéluré ; il s'y delleche , & les unit
çoiTïmc Cl c'étoit de la colle forte , de manière
2 8 Des Os en gêner d.
qu'il ii*y refte pins qu'une petite inégalité à l'en-
dioit où le cal s'cfl formé.
Voilà , Mclîîeuis , ce que j'avoîs à vous dé-
montrer aujourd'hui : demain nous entrerons
dans le détail de tous les os , en commençant
par ceux de la tcte.
iir
P'^S^
2^
* * * t * * M f * * * * » * * * k^
I
* * * jfc * *
DE LA TESTE
EN GENERAL.
DES OS
DU CRANE.
/ / /. Déjnonfiration»
OuR faire avec ordre le détail des Os,
comme je vous 1 ai promis. Meilleurs,
il faut diviferle fquelete, en telle , eu
tronc , <k. en extremitez.
Quoique les Auteurs ne conviennent pas entre- ^^^^ ^°^~
^^ ^ ,, • j r 1 j • menccrpar
eux par quelle partie du Iquelete on doive com- la [«;c.
inencer. pourvu qu'on les connoilTè toutes,ncan-
moins je fuis perfuadé que l'on doit commencer
par la tête , parce qu'elle fe prefence la première,
& qu'elle cft la partie la plus noble & la plus con-
Iiderable ducoipï.
Te ne prétens pas ici faire l'élooe du cerveau , /"'"^'•'^'^
nous vous en entretiendrons dans le cours de nos delà cêcc.
Demonftrations Anacomiques;)e veux (euleraenc
vous faire obferverque les os qui forment la tête
ne font pas de h petite confequcnce au cerveau,
qu'il n'en tire des urilitez ccuiûderables , puilque
$o De la tête en gênerai,
ce font eux qui lui forment un domicile, Se qui
lui fervent de rempart contre toutes les injures
externes.
Définition Jslous entendons par ce mot de tête tout ce qui
elt depuis le vertex julqu a la première vertèbre
du cou, y comprenlint le crâne & la (àce.fJlppo-
crate la coniîdere comme le domicile du cerveau,
& la définit une partie ofleufe compofée de deux
tables entre-tiffuës du diploé, couverte par de-
hors du pericrane, & garnie par dedans de la du-
re-mère.
Subftancc Vous remarquerez que la fubftance de la tcte
dclâteic. g^ toute olTeufe , en quoi elle diffère de la poi-
trine & du bas-ventre,l'un étant tout-àfait char-
nu, 6c l'autre en partie olfeufe oc en partie char-
nue . Cette fubftance toute folide lui eft d'un
grand fecours , non feulement pour contenir le
cerveau qui a befoin d'être enfermé dans une
boe'te auffi forte , mais encore pour le défendre
contre tout ce qui pourroit lui nuire,
Sîtuatioo La tête eft la partie la plus é.ninente du corps;
la raifon que plufîeurs Auteurs donnent de fa fi-
tuation, nemeparoît pas la véritable: Ils dilcnc
que c'eft à caufc des yeux qui y font placez,& que
leur aétion étant de voir &c de découvrir toutes
chofes,il faloit qu'ils fulfent au plus haut lieu du
corps:mais la meilleure raifon eft, que le cerveau
ayâtà envoyer le fuc animal par les nerfs à toutes
les parties du corps pour le mouvement & le fen-
timent,il ne pouvoit ie faire plus aifcment que de
haut en bas , l'inapulfion en étant plus facile de
cette manière que de bas en haut , étant d'une
fubftance auffi molle qu'il eft. On peut ici com-
parer le cerveau à un refervoirqui fournit de l'eau
à plufieu.rs fontainesjil eft toujours placé au plus
///. Vémorjjlratmu 31
haut îieii du jardin , arin d'en pouvoir envoyer
plus commodément : ce qu'il ne pourroit faire,
s'il e'toit fitué pins bas que les fontaines.
La grandeur de la tefle doit être proportionc'e -^^ j^_
à celle du cerveau, puifqu'elle eft faite pour lui: dcur de le
Il y en a de groflès & de petites, & les unes & ""'^'
les autres marquent également un vice de con-
formation.Les grodès font fu jettes à une infinité
de fluxions & d'incommoditez . & les petites
tendent beaucoup à la folie , le cerveau étant
î^éné dans Tes fonctions ; néanmoins ileft à fou-
iiairer que la tête pèche plutôt en grofleur qu'en
petited'e \ car l'on remarque que ceux qui l'ont
groflè , ont beaucoup plus d'efprit quç ceux qui
l'ont petite.
La figure naturelle de la tefte eft ronde,& un- Ygatz de
peu applatie par les cotez, tant pour mieux con^ la tdtc.
tenir le cerveau que pour en faciliter le mouve-
ment: Elle eft oblongue dans fa partie anteridlte
& dans fa pofterieure , pour lailfer un grand ef-
pace au cerveau , & au cervelet. Si elle n'étoit
pas platte par les côtez,& qu'elle fut abfolumént
ronde , les tempes auroicnt été trop avancées,
& elle n'auroit pas été fi bien dans l'équilibre
qu'elle y eft.
Il y a des teftes qui font de figure dépravée &
non naturelle j aux unes la tuberofité ou êmi-
nencc antérieure manque, aux autres c'eft la
pofterieurc , & à d'autres Tune & l'autre ne s^y
trouvent point. Ceux qui ont le malheur de l'a-
voir d'une figure pointué,comme wn pain de fu-
crc , n'ont pas le cerveau trop bien réglé dans
Tes fonârions.
Les afages delà tefte font ccnfidcrableSjCar en
5 2 De la Tcjte en ghieraL
Ufsgcâe rre Tes parriculierSjCjui font de concenir & de de- '
fendre le cerveau , elle a encore l'ufagc commun
de cous les os , qui eft de fervir d'attache à plu-
fîeurs mufclcs,
htlte! ^^ ^^^^ ^^ divife en deux parcies.donc l'une eft
couverte de cheveux , que l'on appelle le crâne,
6 l'autre eft ians cheveux , que l'on nomme la
face.
Les os qui compofcnt ces deux parties font en
aflez grand nombre & allez confiderables , pour
nous occuper pendant deux Démonftrationsx'eft
pourquoi nous commenccronspar ceux du crâne.
ôc nous fiiiironspar ceux de la face.
u ranc. j^^ cranc eft l'allemblage des os qui contiennent
le cej*vcau & le cervelet : il fe divife en deux ta-^
bles,qui font comme deux lames appliquées l'une
fur l'aurrc,entre lefquelks il y a le diploé, qui eft
une fubftance moëîleufe , laquelle eft pleiâie de
cellules de différence grandeur,qui reçoivent leurs
arcerioles du cerveau , & qui donnent ilTuë à des
vénules qui vont ie rendre dans les finus de la du-
re-mcre.C'eft entre ces deux tables que fe porte le
fang qui nourrit le crâne , ou il circule comme
partout ailleurs ; & c'eft ce même fang que l'on
voit fortir dans l'Opération du trépan , lorlque
l'on a coupé la première table de l'os.
Lcdchors La fuperficie externe (Se fuperieure du crâne eft
unie ôc polie , mais l'inférieure eft fort raboteule,
& încç;ale , à caufe des diverfes pioduâiions &C
appendices qui s'y rencontrent.
Le dedans Sa fupcrficie interne & fuperieure eft pareil -
ducranc. Jument unie & égale , à la referve de quelqucs"
canelures qui y font faites par les vaiileaux qui
rampent fur la dure-mere, lorfque , le crâne eft
encore
///. Démonflratîon, 35
encore mou &: cartilagineux 5 mais il a fa fuper-
ficie interne de inférieure inégale , à caufe des
produdions & des cavitez qui s'y trouvent.
Le crâne a plufîeurs trous qui font de diférente Trouida
grandeur^ils donnent palfage à la moelle de l'épi- "^""'•
ne, aux nerfs,aux artères & aux veines qui rem-
pHlfent ces trous ; & qui les bouchent fi exadte-
ment, qu'il n'y a ni vapeurs, ni fumées qui puif-
fent y entrer ni en foriir , fi ce n'eft par les vaif-
fcaux. Nous ferons voir tous ces trous en dé-
montrant chaque os en fon particulier.
Dans le doute où l'on eft de fçavoir fi c'eft le ^^ '^^ J^-
. , , , * r , a cerveau qui
crâne qui donne la grandeur anK:erveau,ou li c eit fait la
le cerveau qui fait celle du crane,il eft aifé de con- ^"j"*^^.''"^
dure que la grandeur du crâne dépend de celle
du cerveau , pour deux raifons : la première eft
que la matière qui environne le cerveau , & qui
doit former le crane,s'étend plus ou moins^quc le
cerveau eft plus ou moins grandj& la féconde eft
que le crâne n'eft formé qu'après le cerveau ; ce
qui eft fi vrai que nous voyons dans l'enfant qui
vient de naître, que le cerveau eft dans fa perfec-
tion, lorfque le crâne n'eft encore que cartilagi-
neux & à demi oiTeux aux endroits des futures ,
& en la région moyenne & fuperieurc de la têre,
que l'on apelle la fontaine , laquelle ne s'ofîîfie
que quelques années après: De là vient que dans
les accouchemens ces os n'étans pas encore durs,
ils prêtent & cèdent un peu à la compreffion ,
pour aider à la fortie de l'enfant.
Cependant les Modernes font encore partagez
là-deftus. Il y en a qui orétendent que la nature
formant en même tems toutes le$ parties d'un
corps, on ne peut décider certainement h c'eft le
cerveau ou le crâne qui fe communiquent leur
C
34 De la Tête en gênerai,
figure l'un à l'autre , puifqu'elle dépend fouvcnt
des mouvemens qui arrivent dans la formation
du fetusjfoit naturellement ou par accident.
Lcjoj du Le crâne eft compofé de plufieursos,diflingués
£ranc. pjjj. jç^ jointures , que l'on apclle futures.
Dejfuturej Après avoir donné la définition des futures,&
de quelques-unes de les efpeces , en parlant de la
ilnartrofe .,j>age doHzJàme ; il fuM( de les divifer
ici en propres & en communes. Les propres font
celles qui fervent à divifer les feuls os du crâne:
elles font vraycs ou faudes.
Sutures Les vrayes font celles qui s'uniflent en manière
^ ^"* de dents de fcie. Il faut remarquer qu1l y a de
petites pièces d'os qui entrent les unes dans les
autres,lefquelles ne font pas pointues comme les
dents de fcie,mais faites comme des queues d'hi-
rondelle : ce qui enchart'e les unes dans les au-
tres , & empécke-qu^ellcs ne puillént s'écarter &
fe feparer.Ellcs font trois,la coronale , la lamb-
doide , & la fagictale.
4 La coronale eft celle du devant de la tctejellc
Suture co- eft ainfi nommée.ou parce qu'elle eft à l'endroit
KOOalc. \ 1, r ' \ 1 •
ou 1 ©n portoit autrerois les couronnes, ou bierï
parce qu'elle a la figure circulaire ; elle s'étend
depuis un tempe jufqu'à l'autre , & joint l'os du
front avec les deux pariétaux. -
B La lambdoïde eft ainfi apellée j parce qu'elle
i,^k7") eft faite comme un A ^vec j elle eft opofce à la
précédente -, elle unit 1 os occipital avec les deux
pariétaux par leur partie pofterieure.
C La fagîttale eft ainfi nommée,parce qu'elle eft
Suture fa droite cotnmeune fléche,quel'on nomme en La-
nnfaqttt a. hWe eft placée a la partie iuperieure de
la tèce. Elle va de la coronale jufqu'à lalambdoi-
. de,ôc joint les deux pariétaux par leurs parties fu-
///. DémonftrAtlon, 3 y
peneures.Cecte future dceend quelquefois jufqu'à
la racine du nez , & alors elle divifc l'os frontal
en deux : ce qu'elle fait aulli en quelques fujecs
à l'os occipital. Ces trois futures font quelquefois
fi bien unies à des crânes de vieillards , qu'ils pa-
roiflent n'être faits que d'une feule pièce.
Les futures faulTes font celles qui fe joignent suturci
en forme d'écaillés de pollfon 5 c'cft pour cela fauiFcs.
qu'on les apelle écailleufes ou fquammeufcs:
Elles font deux , une de chaque côté ; elles joig- Sgtufct
nent les parties fuperieures & les plus minces des fquammca*
os petreux avec les pariétaux.
On apelle futures comrMines celles qui fepa-
rent les os du crâne d'avec ceux de la face : Elles
font quatreja tranfverfalcjl'etmoidale , la fphe-
noidale , Sclazigomatique.
La tranfverfale cft ainli nommée, parce qu'el- %
le traverfe la face d'un côté à l'autre , elle com- ^""^""^^
j . 1 1 1. M o ,T rrailvcrla*
mence a un des petits angles de l œil , & palianc iç,
par le fond des orbites & par la racine du nez,
elle va finir à l'autre petit angle .^ c'eft elle qui
fepare l'os coronal d'avec ceux de; la face.
L'Etmoidale prend fon nom dfj ce qu'elle tour- F
ne tout autour de l'os Etmoide j c'eft elle qui le ^Q-jaic^^*
fepare des os qui le touchent.
La fphenoïdalc eft ainfi app'£llée,parce qu'elle G
environne tout l'os fphenoide ; elle le fepare de fph"^o[jâ-
l'ûs coronal , des os petreux, & de l'occipital. . le.
La Zigomatique fe nomms aînfi,parce qu'elle
cft toute dans le Zigoma -, dlc eft fort petite , ôi gy-me ni-
elle fepare l'os petreux paj: ion apophife d'avec goai.-ciq^c
l'os de la pomette.Ces fuci.ircs ne font pas il apa-
rentes que les premières , car il les faut regarder
de prés pour voir les petites pièces d'os qui en»
trent dans les efpaces des unes Se des autres.
C ij
3 5 De U Tète en gênerai.
Ufages Les ufages des futures fe rcduifent à trois prin-
deslucuics. çjp^yx . le premier de donner atache à plu/îeurs
petits filets ligamenteux qui fufpendent la dure-
mcre; le fécond de permettre le palïage aux vaif-
feaux qui entrent & qui fortent du diploé, &: le
troifiéme d'aider à la tranfpiration : car il n'y a
pas apparence de croire que ces futures ayent été
Faites pour empêcher que la fradlure d'un des os
du crâne ne pafsât à un autre : Il eft bien vrai
qu'elles le font; mais que c'ait été le dellein de la
nature en les faifant , cela ne fe peut pas foûtenir,
non plus que de dire que les epiphifes ayenc été
faites pour empêcher que les fradlures des os
n'allallent jufqucs dans les articles.
Obrcrvâ- On a obfervé que ceux qui ont les futures des
tion fur les q^ J^ ^rane trop fcrrées.font fuiets à des douleurs
futurcstrop . a . r ^ li i r • •
ferrées. de tête niluportables -, parce que la tranlpiration
ne fe peut pas faire. C'cft ce que j'ai remarqué à
Monfieur Rainlfant Médecin & Garde des Mé-
dailles du Roi ; il avoit les os du crâne tellement
unis, que les futures en étoient éfacécs , de ma-
niere,qu'une fevolité acre ne pouvant tranfpîrer,
elle avoit rongé le crâne en fept ou huit endroits
du coronal &: des pariétaux pour fe faire jour &
fortir au dehors ; ce qui lui caufoir de tems en
cems des douleurs; de tète très cruelles, & l'obli-
geoit de prendre fouvent de l'opium qu'il portoic
continuellement fur lui ; c'eft aufïï ce qui fut
caufe de fa mort; cir fe promenant dans les Jar-
dins de Verfailles , ayant voulu prendre un peu
d'eau pour délaier de fon opium , il tomba dans
le baflin où il fe noia.
Aurrcob- J'^i ai<^é à faire les ouvertures des corps de trois
fcryation. enfans du Roi, Içavoir de deux Ducs d'AnjOu,&:
de Madame de France ; le premier mort âgé de
1 1 1, Démonflratlon, 37
trois ans , le fécond mort âgé de fept mois , &
Madame morce âgée de quatre ans. On leur trou-
va les TiKures du crâne tellement ferrées qu'il ne
fe pouvoir faire aucune tranfplration. Tous les
Médecins &c les Chirurgiens prefens à ces ouver-
tures, convinrent que cette difpofition naturelle
àts futures avoit été la caufe première de leur
mort.
Les os du cranc font propres.ou communsrles ^"*^ ®*
r . r r r ' ^ auaanc.
propres (ont amli nommez , parce qa ils ne ler-
vent qu'au crâne : ils font lixjçavoir le coronal,
l'occipitaljesdeux pariétaux, 6l les deux tempo-
raux. Les communs font ceux qui fervent au
crâne & à la face : Ils font deux, fçavoir le fphe-
noide & l'Ermoide.Tous ces os feront le fujet de
la Démonftration d'au)ourd'hui,aprés vous avoir
fait remarquer que tous les crânes ne font pas
également épais en toutes leurs parties, & dans
tous les fujets : c'eft à quoi le Chirurgien doit
principalem.ent s'attacher , de peur qu'il ne fe
trompe dans les trépans & dans les autres Ope-
rations qu'il doit faire à la tête : car il y a des
perfonncs dans lefquclles le rrane n'eft épais que
d'un écu ; & d'autres où il l'eft de deux & de
trois,&même vous verrez que les fix os du cra^
ne font tous de différente épailVeur.
Le premier de ces Os eft le coronal , ou fron- ^
tal,il eft le plus dur des os de la tête après l'oc- tonal,
cipital , fa figure efl demi circulaire, particuliè-
rement en fa partie fuperieure & latérale ; il efl
uni par dehors,& inégal au dedans;il eft iîtué ea
la partie fuperieure de la face ; & antérieure da
crâne , d'où il forme le front \ ce qui lui a fait
donner le nom de frontal.
Cet os eft borné en haut par la future coronale, Circoal-
C iij
3 S De la Tète en gênerai.
cription de ^ en bas par la tranfveiTalei la première la joint
naf. ^^"^ " ^^^ ^^ pariétaux & aux pctreux,& la féconde aux
os du nezj& à ceux de la pomette.Il y a encore la
future fphenoidale, qui le joint à Tos fphenoide.
Parties de ^^^ parties de cet os font folides ou caves : les
Tes euro- folides font quatre apophifes, dont il y en a deux
****• aux grands angles des ycux,&; deux aux pe:its,qui
fervent à former les cavitez des orbites: Les par-
ties caves font de trois fortes , trous,foflcs, &c il-
nus.Les trous du coronal iont au nombre de trois:
deux externes qu'on apelle furciliersjparce qu'ils
font placez à l'endroit des fourcils i ils laifTent
pader une branche de la cinquième paire, qui fc
diihibucdans les deux mufcles frontaux , & au
releveur propre de la paupière fuperieure.Letroi-
lîéme trou du coronal eft interne , & litué audef-
fus du Crifta galli : On l'apcUe borgne , à caufe
qu'il n'a point d'iiru'èic'eft dans ce trou que s'ata-
che la racine du fmus droit de la dure-mere, qui
fait un petit repli;qui s'y enfonce en le bouchant.
Les folles du coronal font quatre,fçavoir deux
externes qui font la partie fuperieure de chaque
orbite ; & deux internes, qui forment les petites
cavitez antérieures du crâne , & fervent à loger
un grande portion du cerveau avec les deux apo-
phifes mammillaiies.
Les finus du coronal font deux apellez, furcî-
liers parce qu'ils font placez à la partie inférieure
decet os proche les fourciis.Onadonné plufîeurs
ufages à ces finus j les uns difent qu'ils fervent à
la voix , d'autres veulent qu'ils contiennent un
air qui fert de véhicule aux odeurs, d'autres qu'ils
fervent de rcfervoir tant aux humeurs aqueufes
qui forment les larmes , qu'à une humeur mocU
ieufe,qui ruid l'ail gUildui: , d'autres qu'ils font
///. Démonflratlon, 39
les magaiîns d'une humeur mucilagineufe , qui
eft proprement la morve qui découle par le nez;
&. enhn d'autres , qu'ils ne lont faits que pour
rendre cet os plus léger.
Mais quelques ufages que l'on donne à ces fî- cc qui for-
nus j je ne fçaurois croire que la Itruélure méca- me^^csdcm
nique de l'os coronai n'ait plus de part à leur "'***
formation , qu'aucune de ces utilitcz : car fi orv
le remarque bien, on verra qu'ils font faits par
l'éloignement des deux tables du coronai ; dont
l'externe s'avance en dehors pour former le four-
cil fuperieur de l'orbite , & l'interne fe retire en
dedans pour faire la rondeur des cavitez anté-
rieures du crâne , autrement il y auroit un angle
qui incommoderoit le cerveau : C'eil: ce qui me
perfuade que ces iînus pourroicnt bien avoir l'u-
lige que je leur attribue. Mais cela ne doit pas
empêcher qu'on ne les regarde comme deux four-
ces qui fourniircnc allez abondamment des hu-
midirez au nez,caril eft d'expérience que ces ca-
vitez iinueufes font par tout revêtues de la mem-
brane qui lapilïe le nez j & comme elle eft gian-
duleufe , on peut croire que ces petites glandes
doivent filtrer une limphc qui s'épailîlt bien-tôr^
à caufe de l'air de la refpiration qui entre par les
ouvertures des linus. Pour les cinq ou lix autres
ufages que leur ont donné les anciens , ils font
imaginaires.
Le fécond des os du crâne eft l'occipitaljqui eft lL
opofé à l'os coronai: C'eft le plus dur de tous les .^'?* °***^
os du crâne. La railon que les auteurs en don-
nent,eftque n'y ayant point d'yeux au derrière de
la tête,la nature l'a fait plus fort , ahn qu'il reft-
ftât mieux aux coups qu'il pourroit recevoir.
Cet os eft moins grand que le précèdent j il eft figure de
C iiij
4© De la Tête en général.
l'os occipi- d'une figure oblongue ; aprochanre de celle d'un
turbot,ayant cinq côrcz ou deux lignescirculaiies
qui fe terminent en pointe,il eft liruc à la partie
pofterieure de la tête , qu'il occupe toute ; il ell
borné par la luture lambdoide,& par la Iphenoi-
d^ale , l'une le joint aux pariétaux , l'autre l'atta-
che à l'os fphenoide.
Parties de L^g parties de cet os font folides ou caves; les
tal) ' folides font deux apophifes , apellées coronées,
qui font reçues dans les cavitez glenoides de la
première vertèbre ; elles joignent la tête avec l'é-
pine par artrodie : Les parties caves font de deux
fortes , ou trous ou folfes.
Trous de Lcstrous font ou communs ou propres : les
J os occipi- ri j 1 • ' 1
tal. communs lont deux, un de chaque cote avec les
os petreux, ils donnent pallage aux nerfs vagues
& aux vénes jugulaires internes.Les propres font
cinq,lc prcmieieft impair,& fort grand : c'eftlui
qui donne pafiage à la moelle de l épine,&: laifle
entrer les artères vertébrales qui coulent dans une
petite échancrure quitft derrière les condiles de
l'occipital , en perçant la dure- mère. Les deux
autres donnent pallage à la neuvième paire des
nerfs du cerveau , qui va fe diflribuer toute en-
tière à la langue. Les deux derniers lailfent fortir
les vénes vertebialcs , qu'on apellc autrement
cervicales , à caufe de la nuque.
PcfTe» de L'occipital a quatre folles , deux en bas qui
occipua . ç^^_^^ 1^^ ^j^^^ gi-andesjkrquelles fervent à loger le
cervelet; & deux fuperieures plus petites, pour
contenir les lobes pofteiieurs du cerveau,qui font
feparez du cervelet par une cloifon tranfverfale
que forme la dure mere,& qui eft fortement ten-
due J pour empêcher que le cervelet ne (oit com-
prime j ce qui poarroit interrompre le cours des
e/]:.rit5 animaux.
///. DémonflrAtion', 41
Le troinéme & quatrième des os qui compofent MVÎ
kr y • • (- I Les os pât*
ciane, lont les pariétaux, ainli nommes, parce rieca^x.
qu'ils forment les parois de la tète: Ils font d'une
fubftance plus déliée , plus mince , moins dure
que ceux que je viens de vous faire voir.
La figure des pariétaux eft quanée,leur gran- Figure des
deur furpalle celle des autres os de la tête : leur -"-'•*"*•
Situation eft aux parties larerales qu'ils occupent
toutes , la future fagitale les joint enfemble par
leur partie fuperieure ; la coronale les unit par
leur partie antérieure à l'os du frmit ; la lambdoi-
de les joint par leur partie pofterieureà l'os occi-
pital ; & enfin la future fquammeufe les unit par
leur partie inférieure aux os petreux. Ces os ont
leur fiiperficie externe fort polie 5 mais l'interne
eft inégale, à caufe des imprefîions qui reprefen-
tenCjledcIîus de la feuille du fi<^uier,& qui ont été
faites par un rameau de la caiotide externe , qui
forme un feuillacze fur ladure-meie.en couvrant
tour ce qui répond au pariétal.
Chaque parierai eft percé d'un petit trou pro- Trous des
che de la (ucure fagittale par où pallent des ra- ^'^'^^'^"^*
mcaux qui iont des branches de la jugulaire ex-
terne , pour reprendre le fupcrflu du fang qui n'a
pu être employé à la nourriture d^s tegamens,&:
le veifer dans le finus longitudinal de la dure-me-
re.Sur quoi l'on doit remarquer que tous les vaif-
féaux qui s'ouvrent dans le grand Imus droit de
la dure-mere qui eft le fuperîeur , ont une direc-
tion contraire au courant de la liqueur , car ils
s'ouvrent du derrière au devant dans l'homme,
ce qui ne fe trouve pas de même dans les ani-
maux. Cette infertion eft d'une grande impor-
tancejpuifqu'elle fcrt à ralentir le cours trop ra-
pide du iaag qui ne va que trop vite dans le iinus
trcux
41 De la tête en général.
à caufe de la pente du devant au derrière , les
hommes étant dans une fituation droite.
NM Le cinquième & le lixîéme des os du crâne,
rcux*^*^^' ^"-'"'- ^""^ ^^^ tempesjque l'on apelle ainfî a, tem-
foribmi^ caufe qu'ils inontrcnt l'âge de l'homme,
6c que les cheveux qui font (ur cestempes,blan-
chiflTcnt les premiers ; leur partie fuperieure eft
apelléc fquammeufe, ou écailieufe, parce qu'elle
cil fore minccj & leur inférieure eft nommée pe-
treufc ou pierreule , à caufe qu'elle eft fort dure.
Gran ^e. r Ce font les plus petits des os propres du crâne,
de- "Tpc- "^ pour bien remarquer leur figure, il faut les di-
ire_x. vifer en partie fuperieure , qui eft demi-circulai-
re, (3c en partie înftrrieuie, qui rellemble à un ro-
cher : ils font fitiiez aux parties latérales & infé-
rieures de la tête, & font bornez en haut par une
future qu'on apelle faullc, c]uoi qu'elle ne le foit
pas, & qui les unit aux pariétaux, par derrière, la
iuture lambdoide les unit à l'occipital ; &: parde-
vant & en bas , la fphenoidale les joint avec la
fphenoide. Les Ouvriers apellent entr'eux une
future pareille à celle de l'os des tempes,future à
joints recouverts, à caufe d'un rebord qui cache
les dcnteleiues qui font en dedans. Quelquefois
auffi il fctiouve des crânes où tout le bord circu-
laire de la partie écailieufe des tempes eft dentelée
par dehors ; & le bord inférieur du pariétal qui
s'y joint eft aulTi dentelé de même : Ce qui fait
une future aparente par dehors , dans le niveau
de deux pièces, toute femblable aux autres futu-
res qu'on aptlle vraves , qui joignent les princi-
paux os du crâne eniemblc. J'ai un crâne que je
garde par curiofité, où la future de l'os des tem-
pes eft de cette maniere-là , en demelle ; ce qui eft
très-rare , puilque parmi un grand nombre de
///. D.émonftratlon. 4J
crânes-, il ne s'en trouve prefqae pas un où la
future des os des tempes foitaînli figurée.
Il y a plufieurs parties à vous faire voir à ces Les émi-
os : ciîes font éminentes ou caves. Les parties ^^ p^^ç^"
éininemes des os petreux font les apophifes in-
ternes ou externes ; les externes font deux , une
de chaque coté , qui eft comme un gros rocher,
dans lequel font les cavitez de l'ouie , & les qua-
tre oflelets qui y fervent.Les externes font trois.
la maftoide.ainfi apellée , parce qu'elle relfemblc
à un mammelon ; la ftiloide , parce qu'elle a la
figure d'un ft^let ; & la zigomatique qui s'avan-
çant en dehors , & fe joignant à une éminence
qui eft à l'os malum , forme le zigoma.
Les parties creufes ou caves des os petreux font
de trois fortes , trous , foifes , & finus.
Les trous des os4estempes font au nombre de '^'^^y^^ -'«^s
cinq,lçavon" quatre externes oc un interne ; Le- pcj.
lui ci eft en dedans , ôc s'apelle l'auditif interne;
c'eft par où palfe le nerf auditif qui vient de la
fepriéme paire,& qui fe divife en deux branches
ou portions , l'une molle & l'autre dure.La pre-
mière eft apellée molle, parce que quand on la
manie , elle paroit plus molle que l'autre , qui
femble au toucher & plus fibreufe & plus ferrée.
Le premier des trous externes eft l'auditif exter-
ne, qu'on apelle autrement le conduit de l'oiiie,
parce qu'il porte l'air de dehors à la membrane
du tambour, qui en reçoit les tremblemcns.
Le deuxième eft un trou qu'on nomme oblique,
il eft grand & d'une figure comme ovalaire , il
s'ouvre obliquement dans le canal , ou fmus of-
feux. C'eft lui qui laiffe entrer la carotide inter-
ne. Le troifiéme eft un petit trou qui fe trouve
au bas de deux apophifes encre la maftoide &l U
44 ^^ ^^ '^"'^^ en géneraL
ftilo!de,par où (on la portion dure du nerf audi-
tif, hnfinle quatrième des trous externes, c'cft
le canal de communication , qui s'ouvre dans la
quailledu tambour.Une partie de l'air que nous
reipirons entre par ce canal dans la quaille, fans
en pouvoir (ortir quand il y eft une fois entré , à
caufe de Tubliquite du conduit , qui tient lieu de
valvule.
Les folles font auffi internes ou externe<: ; les
internes font deux, elles font les cavitez moyen-
nes de la baie du cerveau: les externes , qui font
anfli deux , fervent à articulation de la mâchoi-
re inférieure.
Les fnuis lont deux , il y en a un dans chaque
apophile maftoide. Or croit que ces (înus parta-
gezcn plulîeurs peiircs cellules, font deflinez pour
recevoir Tair de la quaifle du tambour,lequel s'y
retire pour faire place à l'autre qui vient par l'a-
queduc.
Le^ os de Je vous ai dit que dans ce rocher qui forme
iouic. Yo<^ perre.'X , il y avoir quatre oildets, dont l'un
eft apellé le marteau, l'autre l'enclume,le troifié-
me l'étrier,& le quatiieme Toibiculaire. On leur
a donné ces nnm^ àcaule de la rciremblance qu'ils
ont avec ces inflruniens.Ces os font auiïi grands
èc aufli durs des la première conformation,qu'ils
le font pendant route la vie -, toutefois avec l'âge
ils ne laiflènr pas de fe foràher toujours de plus
en Dlus,ce qui les rend pkis durs fur la fin qu'ils
ne le font au commencement, étant prefque tous
cartilagineux.
. Trois ca- H y a dans ce rocher trois cavitez , fçavoir le
les es. * tambour,le labirinthe,&: la coquille.C'eft dans la
première de ces cavitez où font placez ces quatre
olièlets qui font joints <5c articulez ,iie manière
/ / /. Demonfirat^on. 4^
que l'apophîne du maireau eft attachée au tam- ^ O
bour , & articulée par la tête dans la cavitc de tc^u.
■ l'enclume. Vous remarquerez à cecrc enclume ..^,
; deux jambes, dont la courte eft pofce lur le tam- me.
bour, ôc la plus longue furl^étrier. Entîn Têtrier ,i^.
dont les deux branches font pofées fur une bafc
large , reçoit le petit tubercule de Tenclume par
fa partie iupeiîeure -& pointue.
L'on trouve aux enfans un os que l'on apelle ^ R.
circulan-e, ilelt bit comme un anneau lur lequel \^^^ç^
cette membrane, que nous apcllons tambour, eft
tendue de même que la peau d'un tambour eft
tendue fur une quailfe, & c'cft ce qui hii en a faic
donner le nom. L'orbiculaire qui eft le quatriè-
me des petits os de l'oreille renfermez dans la
quaiftc , a été trouvé pour la première fois par
Sîlvhis Delehoè.W eft ataché par un petit ligament
à la partie fuperieure & latérale de l'écrier.
Ces olfelets ainli articulez , font attachez au .Articula-
.. L 1 \ 1 '!• ' • r V 1 rions dcsos
tambour par une corde tres-deliec qui lert a les de l'ouie.
bander, & à les lâcher cnfuite avec le fecours des
petits mufclcs qui y font : Ces parties étant
ainfi difpofées & frapées par l'impullîon de l'air
qui y entre , reprefenrenr au cerveau par leurs
petits mouvcmens les fons tels qu'ils y ont été
portez.
Le premier des deux os commun au crâne & S
à la face , eft le fphenoide. On \m donne difFe- nJ^^g*^'^'^'
rens noms, tant à caufe de fes diférentes figures,
qu'à caufe de fa fituation. Il eft apeilé par quel-
ques-uns poliforme , ou multiforme ; d'autres le
nomment cunéiforme , parce qu'il eft enfoncé
dans les autres , comme un coing dans du bois,
ou bafilaire, parce qu'il eft à la bafe du cerveau,
^ d'autres , l'os coUtoirc, à caufe que la glande.
4^ ^^J" Os du Crâne,
pituitaire eft pofée fur lui , & qu'il fert à faire
écouler la pituite du cerveau : mais ce dernier
ufage eft faux,& ne s'accorde pas avec les nou-
velles expériences d'Anatomie. L'os fphenoidal
eft épais dans la bafe ; & fort mince à la cavité
des tempes : il eft aflez grand & dur : l'on n'en
Remarqae. fait qu'un os,quoiqu'aux enfans il fe puifte divi-
fer en quatre.Il eft d'une telle étendue qu'il tou-
che à tous les os de la tête , & à plufieurs de la
mâchoire fuperieure, avec lefquelsil eft uni par
une partie de fa future.
phifc$ de Cet os a des apophifes internes & externes.
Vos i^-hc- Les internes font trois.appellées clinoides, parce
qu elles rormcnt comme une lelle a cheval , ou
qu'elles reftemblent aux pieds d'un lit. Il y en a
deux anterieurcs,&: une pofterieure, qui font en-
femble une petite cavité, dans laquelle eft placée
la glande pituitaire. Les apophifes externes font
deux , appellées pterigoides , parce qu'elles font
. faites comme des aîles de ehauve-fouris.
CM M. Les parties caves du fphenoide font de trois
fortes y car il a des trous.des folles , & des iînus.
Leuri trous. Les trous de l'os fphénoide font lîx de chaque
côté.Lc premier eft l'optique par où pafle le nerf
optique. Le fécond eft la grande fente orbitaire,
appellée par quelques-uns la fendaire,par où paf-
fent des rameaux de nerfs, qui font des branches
de latroifiéme^quatriéme , cinquième & fixiéme
paire,avec des rameaux fanguins de la carotide &
de la jugulaire.Le troilîéme eft au deftbus de la
, fente orbitaire , c'eft un trou rond qui donne
paftage à des branches de la cinquième paire qui
en font les rameaux inférieurs. Le quatrième eft
un canal olTeux crenlé dans l'os des tempes qwî
va obliquement à la fcUe du fphenoide:c'eft dans
R"'
XI7Z
E..4^y
///. Vemonflratton» 4.7
ce canal ou fînusolTeux qu'efl: couchée la carotide
interne qui remonte en fe relevant contre le coté
de la Telle du cheval. Le cinquie'me trou eft la
fente ovale pour lailfer fortîr la grofTe branche
de la chiquiéme paire, qui eft la pofterieuve.En-
fîn le fixiémc des trous de Tos fphenoide eft uii
petit trou rond par 011 paflè un rameau de la ca-
rotide externe,qui fait la feuille de figuier fur la
dure- mère à l'endroit du parietaljC'eft aulîî cette
branche qui trace un feuillage fur la table incerne
du pariétal , & qui l'y marque fî bien.
Les folfes font trois j une interne, qui eft fur t-cwsfoiTcs
la felledu rpKénoide,& qui fcrt debafeàla glan-
de pituitaire; & deux externes, qui font dans les
apophifes pterigoidcs.
Dans le milieu de l'os fphénoïdejfous la felle
du cheval , fe trouvent deux fînus iéparez par
une lame oficaife, lefquels s'ouvrent dans le nez.
Ces deux finusfont garnis d'une membrane toute
glanduleufe, qui eft toujours couverte de morve,
parce que les petites glandes de cette membrane
réparent du fan^ une fcrofité qui acquiert de la
confiftenceparlc fejour qu'elle fait dans le fînus,
& c'eft lorfqu'ils en font pleins>que cette muco-
fîté fort par les ouvertures qui répondent dans
le nez,en fe mêlant avec la morve qu'elle y ren-
contre.
Le fécond &: dernier des os communs au crâne f
& à la face , eft l'etmoide , appelle par quelques- LoiEcmoï-
unsos cribleux,parce qu'il eft percé dans fa partie '
fuperieure,comnie un criblej & par d'autres , os
fpongieux , à caufc que la partie inférieure eft
toute fpongieufe : Il eft fîtué au milieu de la baie
du front , èc remplit la cavité des narines.
Cet QS eft le plus petit de tous ceux qui cpm- , Grandeur
ce; 01.
4^ , Les Os du Cram.
pofcnt le cranejil efl: joint à l'os coronal dans la
partie fupcrieiue par une future commune , que
l'on apelle etmoïdalei & à l'os fphenoide par la
fphenoïde.
Sa divi- L'on divife l'os etmoide en trois parties; en fu-
uon. . ,, M I r • n
pericure, que 1 on nomme cribleule, qui cit per-
cée d'une infinité de petits irousj en inférieure,
qui efl fpongieufe, & qui fépare la cavité des na-
* rines en deux , & en partie:, latérales , qui font
plaines & plates , & qui font partie de l'orbite.
Ap-^phifc Vous voiez à cet os une éminence qui avance
CnJiaGiaUt. , i • / j o v r , n 11
dans la cavité du crane,& a caule qu elle a de la
refTemblance avec la crefte d'un coq,on lui a don-
né le nom deCrlfiaGallr,e\[ç efl: fort dure,&: c'eft
à cet endroit que s'attache la partie de la dure-
mere , qui fépare le cerveau en deux, & que l'on
nomme la faulx, parce qu'elle en a la figure,
Ufagej L'on donne deux ufages aux trous cribleux; l'un
dc*lV "* de donner paHage à plufieurs petites fibres,qui ve-
moïdc. nant des produ(5tionsmammillaires,vont fe répan-
dre dans les tuniques qui tapilfent les cavitez des
narines ; & l'autre de filtrer les ferofitez abon-
( dantes du cerveau , lefquelles coulant le long de
ces mêmes fibres , tombent dans les narines.
Remarque. Mais à cette orcafion on doit remarquer qu'il
eft faux que les lerofitez coulent dans le nezjc'eft
une erreur de Uvillls. Car ces petits trous du
crible font trop bien bouchez par les nefs ôc
par la dure- mère pour laifler écouler la moindre
goutte de limphe.
Voila, Meflîeurs, tous les os qi e j'avois à vous
démontrer aujourd'hui , demain nous verrons
ceux de la face.
QUATRIE'ME
4S>
D E S O S
DE LA FACE.
Quatrième Démonjtratlon.
I vous avés trouvé , Meilleurs, dans Eloge de
la compolîtion du Crâne une (Iruc^ laFacr,
ture digne de vôtre admiration, vous
nj ne ierés pas moins furpris de celle
des os de la face : & fi le crâne mcrite des louan-
ges , à eau le qu'il renferme le cerveau , qui eft la
partie la plus noble du corps^je fuis perfuadé que
la Face n'en mérite guère moins, puisqu'elle con-
tient tous les fens , qui la font appeller avec jufte
raiion l'im.age de l'ame,
C'eft elle auiïi qui nous en reprefente toutes ^a Fice
les pallions par des caractères fi infâillibleS;qu'el- etl le Jicgs
kr • ' • • 1 • de la bcau-
nous rait paroitre généreux ou tUBides , joyeux ^^^
ou triftes, & enfin tels au dehors que nous lom-
mes au dedans : Et comme elle eft le fiege de la
beauté , & qu'elle attire par fcs charmes les yeux
de tous les hommes, dont elle captive aufli les
cce'.us, on doit fçavoir que rien ne contribue da-
vantage à ■ fa beauté , que les os dont elle eil
compofée , puifque c'ell de leur jufte proportion
que dépaid celle des parties de la face ; car,
par exemple , fi le coronal gâte le front , ii les os
D
5 o Des Os de la Face.
du nez le rendent difforme , & que les os de la
mâchoire inférieure falfenc le menton pointu , il
eft certain que le vifage ne fera jamais beau, quoi-
qu'on ait d'ailleurs des lèvres vermeilles, une pe-
tite bouche , un teint de lis & de rofes , & une
peau blanche 6c fine.
fonda°uiI- ^^ ^"^ )^ '^^^ ^" faveur des os de la face , (e
If. doit aulli entendre de ceux de tout le corps ^ car
une clavicule trop avancée rend la gorge defa-
greablej& un os de la jambe trop gros,ou courbé
la rend mal faite j de manière que les os ne font
pas feulement la belle taille, mais encore ils con-
tribuent à la beauté.
Divifion La face eft compofée de deux mâchoires , fça-
r"°* ^^^ voir une fuperieurc , qui comprend depuis l'œil
jufqu'à l'extrémité de la lèvre fuperieure ; & une
infcrieure qui s'étend depuis le bord de la lévrc
inférieure jufqu'à la pointe du menton.
Il n'y 1 La mâchoire fuperieure eft immobile jl'înfe-
choirck^c- ^îeure au contraire eft rout-à-fait mobile, pui(-
ticurc qui que la maftication , qui eft une adion li nccel-
vcmcnT^^' ^^'^^^ ^ ^^ ^'^ ' "^ ^^ ^^'^^ ^"^ P^^* ^^^^ ' "^ qu'elle
fuffit pour bien broyer les alimens j de même
qu'il fuffit à un moulin pour bien moudre le bled
qu'une feule des deux meules ait du mouvement,
avec cette ditîerenceneanmoins,que c'eft la meu-
le de deifus qui appuyant fur celle de delfouSjbri-
fe facilement les grains de bled, & les rend en
farine j & que c'eft au contraire la mâchoire cic
delTous , qui fe ferrant par le moyen de plufieurs
mufcles contre celle d'enhaut , mâche & broyc
les alimens ; c'eft en quoi nous devons admirer
la fagcdc du Très - haut , qui n'a pas juge à pro-
pos de donner du mouvement à la mâchoire fu-
perieurc , parce qu'étant forcement attachée au'
IF', Démonflrmon, /i
crane^ elle l'auroic obligé de faire autant de mou-
vemcns qu'elle , ce qui auroit d'autant plus in-
commode le cei-veau j qu'il a befoin de lepos
pour faire fes fonclioas:Dailleurs , fi Dieu avoit
donné du mouvement à la mâchoire fuperieure
de l'homme , comme il a fait à celle des Perro-
quets , il auïoir fajlu qu'il l'eût feparée des os du
crâne , &: qu'elle eût avancé en dehors , comme
elle fait aux Pcrroquets:Mais comme cette diffor-
mité eut été très-grande , l'Auteur delà Nature y
a remedié,en donnant tout le mouvement à Tin-
fcrieure.
Il y a onze os qui compofent la mâchoire fu- 1^ machoi*
pcrieure, fçavoir cinq de chaque côtéi& un dans re fupcricu>
le milieu j le premier eft celui du nez ; le fécond '^^'
efl: l'os unguis , le troifiéme l'os de la pomette,le
quatrième l'os maxillaire , le cinquième l'os du
palaiSj<Sc le onzième , qui eft impairjeil le yomer.
Ces os font féparez du crâne par les futures com-
munes , 6c joints enfembie par harmonie ou en-
gainure , qui eft une efpece de fniartrole j ce qui
tait qu'ils n'ont point de mouvement : il faut les
examiner les uns après les autres. .
Les os du nez qui fc prefencent les premiers Les os ci^
à vous démontrer , font d'une fubflance lolide. ^^^
quoi qu'ils i oient minces j ils font allez petits,t$c
ont une figure piramidale j ils font lituez^comme
vous voyez, à la partie fuperiçure du nez^dont ils
compolcnt ce que nous appelions le dos du nezj
car les ailes qui en font la partie inférieure, étant
cartilagineufes , fe trouvent féparécs parl'ébulli-
tion.
Ces os font bornez en haut par la future tranf- ^^,^ ^^i-
r \ .... . ^ . ,- • . ne$ ce- o»
vcrlalc , qui les jouit par leur partie lupcncure a au ncx.
l'os coronal^tSc oar les cotez par deux futures hav-
5 2 "Des Os de la Face.
monieufes j fcavoir l'une qui les articule enfem-
ble,qui eft au milieu du nez,& l'autre qui les unie
avec les deux os maxillaires. Il faut remarquer
que ces os font plus polis au dehors qu'ils ne le
font au dedans,& l^ue leur partie inférieure eft iné-
gale & découpée , afin que les cartilages s'y atta-
chent mieux.
B Les deux os qui fuivent font appelles un^uis.
Les Q$ parce qu'ils onc la grandeur & la figure d'un ongle
^"*^" ils font d'une fubfiftance mince comme une écaille
ce font les plus petits os de la mâchoire fupericu-
re,lcur (îtuation eft au grand angle de l'œil,ils ont
été appelles par quelques-uns lacrimaux, mais mal
à propos j puifqu'll n'y a point dans l'homme de
glande lachrymale au grand angle de l'oeil.Qiiel-
ques-autres les ont nommés orbitaires.
Ces o» fc ^^^ ^^ netiennent pas beaucoup aux âutres,d'où
perdent fa- -vient qu'ils fe perdent facilement,'& que l'on ne
cilcmcnt les^trouve point à beaucoup de fqueletes:Ils cou-
chent à quatre os^fcavoir au coronal : à celui du
nés, au maxillaire , (Se à la partie de l'os etmoide
qui forme l'orbite.
G Les cinquième 6i:fixiéme font les os de lapomet-
- Lc$o»de tejils font aflés grands Se d'une fubftance dure &C
pom ^* fQii(^£.{i5 ont: une figure triangulaire ; leur partie
moyenne eft un peu avancée en dehors, & ronde
comme une pomme.Je croi que cette figure & les
couleurs vermeilles qui font à ces endroits aux
belles personnesjes ont fait appeller les os de la
pomctte.
Tro« ^ Ce font ces os qui formenfla joue',&quî font la
^^^j^^^* partie inférieure del'orbitsjils font au (fi attachés à
quatre autres os,qui font le coronal,le fphcnoide,
le maxiliaire,&l'os pstreuxrL'on remarque à cha-
cun trois apephifesjl'une qui forme une éi-ninencç
7 J^\ Démonfiratlon. 5 3
qui montant en haut , fait le petit angle de l'œil^
Tautre quis'avançant vers le nez, fait la plus gran-
de partie du lourcil inférieur de l'orbite:& U troi-
fiéme qui Te joignant avec une éminencc de l'os
petreux fait une grande partie du zigoma.
Le feptiéme & huitième lont les os propres de d
la machoire,appellez maxillairesxe font les os les ^^?,°.*
1 r • ^ 1 I j j 1 £• r maxUiaucs
plus Ipongieux & les plus grands de la racejce lont
eux qui font une partie de la jou'e,qui contribuent
à former l'orbire par fa partie iuferieure,qui com-
pofent la plus grande partie du palais,& qui arti-
culent toutes les dents d'enhaut.
Il eft difficile de leur prefcrlre une fîgure,parce Figurcdç
qu'ils en ont une extraordinaire; ils font iltuez à"* °**
côté &c au delfous de l'os de la pomettejOccupanc
la partie inférieure de la mâchoire d'enhaut. On
remarque qu'ils touchent à quatre os difFerens,à
ceux du nez , du palais,de la pomette,& aux orbi-
laires.
On trouve à ces os trois fortes de cavitez ,* des Cavircz
trous , des foffes , & des finus. ^^ ^^^ °^'
Les trous font internes,ou externesjles externes
font quatrejfçavoir deux que Ton l'appelle incilîfs
parce qu'ils font diredtcment fous les dents inci-
lives;& deux autres aux parties latérales & pofte-
rieures:ceux-ci font communs avec les os du pa-
lais : Les externes font deux, on les appelle trous
orbitaires, parce qu'ils font htaez à la partie iupe-
rieure & moyenne de ces os proche l'orbire. Ils
lallfent fortir un cordon de nerfs de la cinquième
paire, qui fe diftribaë aux parties de la face.
Les folles font au nombre de leize à chaque
inachoire,ce font des alvéoles dans lelquellesfonc
emboëttées feize dents.
Les linus font deux, un dans chaque os qui eft
D iij
^"4 I^ss Os de la Face ,
le long des extrémirezdes racines des dents.L^ur
ufage c'efl de fournir de la morve , à caufc de la
membrane qui les revct en dedans,
^ ^ z Les neuvième & dixième os de la mâchoire Ai-
pauis. perieure fonr ceux du palais ; qui font fort durs,
mais fi petits qu'ils ne font que la moindre partie
du palais; la plus grande partie de la voûte étant
formée par les os maxillaires , qui vont jufqu'a la
ligne qui les fépare les uns des autres.
Figure Ces os étant un peu plus larges que longs , ont
des os du ley^ fijTure prefque quarrée : leur fituation eft au
fond du palais , ils forment la partie la plus en-
foncée de la voûte^ils font joints enfemble par la
future du palais , qui s'avançant proche les dents
incihves, unit aulîi L's deux os maxillaires. lis
fontencoie attachez aux apophifes pterigoides
par la future fphenoidale : ils font appuyez lur le
vomer,&font percez chacun d'un trou , que
l'on appelle gufl:atif,par où fort une branche de la
cinquième paire.
■p Le onzième os de la mâchoire fuperieure eft
Le vomcr le vomer , il eft ainfi appelle , parce qu'il relTcm-
ble^u foc d'une charuc:cet os eft impair,n'ayanc
point de compagnon,il eft: placé dans le milieu au
delïiis du palaisiil eft dur & petit; il eft joint avec
les os fphcnoide & ctmoide,qui ont tous deux de
petites èmincnces qui entrent dans les cavitcz de
cet os, 6c qui par ce moyen l'afFermiffent dans fa
place ; c'eft lui qui fépare la partie inférieure des
narines cr. deux.
LeToIbi- Les orbites font deux grandes cavitez qui font
ic$. fituées à la partie infeiieuie du front , qui fervent
de domicile aux yeux, & qui les défendent contre
tout ce qui leur pourroit nuire : leur figure eft
piramidaiCiayan: au dehors une grande ouverture
nxof
/ V, Démonflratîon. , j j
qui fe rétrcciUant à mefure qu'elle s'enfonce ,
forme le point de perfpeclivc j elles font percées
dans leur fond pour donner palîage aux nerfs
optiques.
" Ces cavitez font compofées de Cix os difFerens, ^.
qui tous eafemble en forment la grandeur & la compolcnr.
profondeur : de ces Ci\ os il y en a un propre & ^^* caviccz,
cinq communs, le propre cft Torbitairc'jqui ne ferc
qu'a l'orbite : il efl: fîtué au grand angle de l'œiL
Des communSjil y en a trois du crane^S: deux de
la face,le premier de ceux du crâne efl le coronal.
qui en forme la partie fupericure , & qui fert de
voûte à l'orbite : le fécond eft l'etmoïde . qui faic
la paràe latérale du côté du nez3& le troifiéme eft
le fphenoide qui en forme la partie la plus en-
foncéedes deux os de la face cn^bnt la partie in-
férieure, dont l'os de la pomette fait celle qui eft
proche le petit angle del'œil,& le maxillaire celle
qui approche du grand angle.
Avaat que de palfer aux os de la mâchoire in- t» >
1-crieure , je veux vous {-aue vou' ce que c elt que ma.
le Zigoma . appelle par quelques-uns os Jugaljce
n'eft point un os particulier , mais une union de
deux cminences d'os,dont l'une vient de l'os tem-
poral,& l'autre de l'os de la pomette : Ces deux
éminences ou apophifes font jointes par une petite
future oblique,que j'ai appellée zigomatiquejlorfl
que je vous l'ai démontrée.
Il faut remarquer que ces deux os font enfem- .Ufagedu
ble une arcade ou avance qui a deux ufages confî- '^°'^^"
derablcsil'un eft de donner palfageau mufcle cro-
taphite,& lui lervir de rempart ; &: l'auire eft de
donner origine au mufcle malTeter , dont l'adion
avec le crotaphitc eft de faire mâcher les alimens H
La mâchoire infcrieuie eft compofée jufqu'à la "■^'^"^*
D iiij
5 6 Des Os de la Face,
rc înfcticu- feptîéme année de deux os, qui par la faire ne dé-
viennent qu'un , fe joignans enfemble dans leur
partie antérieure & moyenne par fimphife fans
moyen, comme font les epiphifes , qui de cartila-
ges deviennent os par fucceffion de tems.
Lci deux o$ ^^^ '^^'■'^ °^ ^°"^ ^^^'^ grandsj& autant qu'il le
<ic ia rr..- faut , pour fervir de bafe à feize dents qui y font
ticniV'^^^ articulées jleur fubftanceeft folide &tres- dure^afin
qu'ils ioient allez forts pour mordre & pour mâ-
cher: Us font enfemble une plus belle figure dans
l'homme que dans tout autre animal j car elle eft
demi-cirçL'laire ôc reflemblante a un arc : ils font
unis ôc polis par dehors , & un peu raboteux par
dvdans & à leur partie infcricure,afin de faciliter
l'origine & l'infertion des mufcles. Ce qui eft ar-
rondi en devant Ce nomme la barc,& les bords en
font appeliez levres,dont il v ^n ^ i-in interne ^ &
l'autre externe ; ils font attachez en haut aux os
petreuxravec lefqucls ils fonç articulez par artro-
■ die , &: bornez en bas par le menton, qui fait leur
partie inférieure & antérieure.
Pour bien examiner ces os,il en faut remarquer
les parties , qui font folides , ou caves.
Les cmi- Les r>arties folides font fuperieures , ou infe-
ncnccs de . ^ i r . r ^ r • ^
la mâchoire ^'^^''^s i i<?s luperieures iont quatre, içavoir dcux
•nftiicLrc. apophifes ou telles ficuées fur un petit col, appel-
lées condiloidcs , qui en font l'avticulation avec
les os petreux : & deux autres apophifes ou poin-
tes,nomméescoronoides, qui fcrventa attacher les
mufcles crotaphites. Les inférieures font trois,
nne anterieure,appellée le menton, & deux pofte-
rieures qui fs nomment les angles,dont l'un eft à
droite , & l'autre a oauche , où s'attachent exté-
rieurement le miifcle maftererj^ interieurcaient
-leprerigoidicn ,qui fervent à ia mafticaiion.
IF. Dêmonfiration. ^7
Les parties caves font trous , fofles , & finus : ^^^ "vi-
, '^ /- . 1 . t-z de la
les trous lont internes ou externes, les internes mâchoire
font deux , iîtuez aux angles qui donnent entrée i"*^^^!^":^-
à un nerf de la cinquié ne paire ,& a une artère
qui vont à toutes les racines des dents inférieures.
Ils permettent auffi la (ortie a une veine qui en
raporte le fang. Les externes , qui font aufîi
deux , font placez vers la partie antérieure Sc
moyenne de la mâchoire inférieure; c'eft par eux
que fort une portion du nerf qui ell entré par les
internesjdont les rameaux vont fe diftribuer dans
les parties externes du menton.
Les folles font au nombre de feize , comme
dans la mâchoire fuperieure , ce (ont des cavirez
ou alvéoles dans Icfquelles font cnchairéfs Icizc
denrs. Il y a des alvéoles qui n'ont qu'une folî'e,
d'autres deux ; d'autres trois , & d'autres quatre,
félon que les dents ont plus ou moins de racines.
Les finus font deux , un de chaque coté ; ce
font des cavités internes qui font le long de la
mâchoire, & qui contiennent la matière dont les
dents font, formées.
La mâchoke inférieure à plufieurs ufages , le Ufagcs
premier, quieft: pour l'ornement & la beauté,lui cho^re^'^n-
cfl: commun avec les autres parties de la fdce,puif fcncure.
qu'elles y contribuent toutes; le fécond eft pour
la maftication ; & le troifîéme eft pour la forma-
tion de la voix.
On ne fait pas ordinairement fur un fquelete la Lç.* dcntf
démonftration de toutes les dents^ tant de la mâ-
choire fuperieure que de l'inférieure, parce qu'il
y a peu de fujcts à qui il n'en manque quelqu'une
D'ailleurs il faut obfcrvsr qu'elles ne fortent pas
hors des mâchoires dans l'homme vivant comme
dan:; le fquelete,parce que dans l'un il y a des gen-
5 8 Des Os de U Face,
cives qui les tiennent fermes dans leurs alvéoles,
6 que dans tous les fqucletes elles en font tou-
jours féparées par l'cbullicion.
Défini- Lçg dents font Aç. petits os durs.blancs & polis
deius. articulez aux mâchoires par gomphofe , qui fer-
vent à mâcher & a broyer- lesalimens.
Les dents différent des autres os en ce qu'elles
17 'ont point de perrofte, ce qui fait qu'elles n'ont
de fenciment qu'a l'endroit de leur racine où le
nerf entre j car il faut demeurer d'accord que la
partie de la dent qui fort dehors, en eft touc-à-
fait privée.
Les 'îfnts Quoique les dents foient des os très- durs , &
ï'uicnc& le ,>, \~ ..,- • , , , 1
rcp^icQc. ^^ ^^^^^ iurpalfent même en dureté tous les os du
corps, néanmoins elles ne lailïmt pas de s'ufer par
leur action continuelle,& par le frottement même
des unes contre les autres. La preuve en eft li évi-
dente,que lors qu'une dent manque, celle qui lui
eft oppofée ; ne la rencontrant plus en mâchant,
croie , & furpalfant la longueur de celles qui font
a côté d'fllc,entre dans le creux de celle qui man-
que,c'€ft pourquoi lanaturene pouvant e npecher
qu'elles ne s'ufent,quelque précaution qu'elle aie
prife,leura donné des vailléauxqui leur apportent
une matière qui les nourrit & les repare.
Lcsdenrj L^^ dents font faites de la liqueur feminale de
Vm princi- ^ œut,comme toutes les autres parties, des la pre-
pe djns ia miere conformatiouion les trouve dans les cavi-
Jinirur de i i i /> r - ,
l'œuf. tez des aiveoles,meme aux toctus qui n ont pas en-
core neuf mois accomplisjil eft bien vrai qu'elles
n'y ont pas leur perfection, puifqu'il n'y a que la
plus grande paitie de la tabfette qui foit formée.
Mais on remarque dans ces mêmes alvéoles une
mocoluc,qui fe deiTechant avec le tems,noa!rc le
rclte de la dent au dehors à mcf ure qu elle [c for-
IF, Démonflratiorî. /9
me-Le tcms n'eft pas déterminé pour la fortie aes
dcntsjil y a des enfans qui en onc eu dés le vsucrc
de la mère , d'autres dés les premiers mois, d'au-
tres à fept ou huit mois,qui eft le terme ord>nai-
rej& d'autres enfin qui ne commencent â enavoir
qu'à un an ou deux.
Les dents ne" fortent pas toutes à la fois , ce „oiffent?cs
font les incifives de la mâchoire fupcricurc qui unes aptét
percent les premières, parce qu'étant les plus pe- ^^ *" ^"'
tites de toutes , elles ont plutôt acquis leur per-
fection 5 & qu'ayant leurs tablettes tranchantes ,
elles ont aufli plutôt coupé la gencive. Enfuite ce
font les incifives de la mâchoire inférieure qui
paroillentjpuis les canines , & enfin les molaires.
Comme la fartie des dents caufe de grandes doa- ^Ues eau.
leurs aux enfans , & quelquefois même de très- fcnc des
ri • I 1 I rr \ douleurs en
racheux accidens , la nature les poulie les unes forunc.
après les autres, ou tout au plus deux à deux;par-
ce que fi elles fcrtoicnt toutes à la fois , les en-
fans ne pourroient fupporterles convulfions qui
leur arriveroientjfans en être extrêmement mala-
des, ou fans en mourirjcomme on l'a fouvent vu
dans ceux à qui il en perçoit feulement trois ou
quatre à la fois.
Loifque les dents font parvenues au nombre de , ^" /''-"'"^
. ^ - ' , les cntaoî
vingt , les autres celîcnt de paroître durant plu- quan.^ i:s
fleurs années ; néanmoins on ne laille pas de dire °J^^ ^'■'"'lî*
que l'enfant a toutes fes dents ; ce qui fe doit en-
tendre de celles qu'il doit avoir à fon âge,dont le
nombrccftpour l'ordinaire de vingt à vingt mois,
c'cftdans ce tcms là qu'il faut fevrer les enfans,&
non pas plutôt, parce que la nourriture du lait eft
propre non feulem.ent à la formation des dents,
niais encore a humecter les gencives ; principale-
ment lorlque les dernières dents foitcnt , je dis
(5o Des Os de la Face,
les dernières, parce qu'ayant leurs tablettes -plus
larges , elles percent beaucoup plus difficilement
que les premières.
U: livé Lorfque les dcncs veulent venir aux cnfans,OM
que fcir ^^""^ attache aucou un hochet , tant pour les di-
doinc aux vertir par le bruit des grelots qui y fontjque pour
eu ans. j^^ exciter à le porter à leur bouche , & fe pro-
curer par ce moyen deux avantageS;,dont l'un eft
de rafraîchir leurs gencives qui font enflammées
par les douleurs que caule la fortie des dents; ce
qui fe fait par le froid du criftal qui efl: un bouc
du hochcrjiSc l'autre eft de faciliter la fortie d'une
dent qui eft prête à perccrjce qui fe fait par Ten-
fant^qui fentant de la douleur , & prclîànt le ho-
chet contre ces deux gencives,aide par ce moyen
la dent à les couper plùrôt.
Les qu3- Les vinot premières dents étant fortics^Venfant
tre demie- , '^ ^ , - r ,^ ^ r ■
m /ont ^ demeure en cet état julqu a la leptieme année :
apeiitcs alors il lui en perce quatre autres derrière les pré-
sents de fa- -AMI.-
gciic. mieres.A quatorze ans il lui envient encore qua-
tre ; & en-fin vers la vingtième année il en poulTe
encore quatre aurresjque l'on appelle dents de fa-
geilèiparcc qu'elles viennent dans un âge où l'on
doit être fage ; ce qui fait en tout le nombre de
trente deux.
les nou- L'on appelle dents de lait les vinpt premières;
vclitsdcntî 11 L* 1- • 1 r • '
on: leur ^"^^ tombent ordmairement vers la iixieme ou
jiifirredans feptiéme année , parce qu'elles font doubles dés
"la première conformation, & que celles qui font
deflous les alvéoles pondent dehors les premières
vers cetems la : cela eft facile à remarquer puif-
qu'il eft certain que quand unedenc eft tombée à
un enfant , l'on en trouve une autre deflous qui
Ta pouflée dehors. U faut ôrcr aux enfans ces
dents de lait aufli-tot qu'elles commencent à
IV. Démonftratîon. èi
branler , afin que celles qui viennent defTous , &
qui doivent y demeurer pendant la viefoient droi-
tes & bien placées.L'on remarque encore que ces
premières dents, quand elles tonibe!ît,ne font pas
parfaites , & qu'il leur manque une partie de la
racine,parce que les dents de dellous en occupent
la pUce,& qu'en croilîant elles obligent les pre-
mières detomber,& fi on a vu venir quelque denc
nouvelle à des perfonnes dans un âgé avancé ,
comme à cinquante ou foixante ans, ou qu'il en
foît revenu quelqu'une dans ces âges à la place
d'une que l'on auroit arraché,je dis que ces dents
avoientleur principe dés la première conforma-
tîonjcar comme l'on n'arrache point de dent par-
faite,que l'on ne rompe les vaifïeaux qui font à la
racine j je fuis perfuadé qu'il n'y en peut jamais
revenir qu'il n'yaitun fécond germe deiîc)us,puif-
qu'il faut aux dents, comme à toutes chofes , un
premier principe qui dépend de la dilpolîtion de
la matiere,qui manquant , ne fe régénère jamais. Un dou-
Toutes les dents' font arrangées aux deux ma- ^l'^'^a^^de-
cnoires , les unes a cote des autres , quoiqu'il ar- commode,
rive allez fouvent d'en avoir un double rang^nean-
moins on doit le regarder comme un vice de con- ^
rormation,parce que cela efl: ditforme Ôc incom-
mode,principalement lorfqu'il envient au dehors
car quand il n'en vient qu'en dedans on en cil
moins incommodé.
Quelques-uns s'imaginent que le trop grand Quelques
nombre de dents, on que leur fortie prématurée, eaf^nsnaïf-
Ip ta fi"* icnc 3VCC
orlqu on en aporte au monde en naillant des dcncs.
font des Hgnes de bonheur & de predeftination;
mais c'cft une erreur,puifque le plus ou le moins
de dentSjdépend du plus ou du moins de matière
qui je trouve dans les alvéoles à la première con-
6i Des Os de la Face»
formation ; je croi feulement qu'on eft heureux
d'en avoir trente-deux,& de les avoir bonneSjpar-
ce que c'eft une occahon de fe bien porter, en ce
que la mafticarion fe fait mieux dans les perfon-
nes qui les ont toutes , que lorfqu'il eu manque;
car il on ne peut pas bien mâcher les viandeS;,&:
qu'on les avale pa-r morceaux ; l'eftomac ayant
de la peine à les bien digérer , la diftriburion de
l'aliment ne Te fait pas (i bien, que lorfque la pré-
paration s'ell bien faite dans la bouche par le
moyen de toutes les dents.
Il n y a Lorique i'ai dit que tous les os avoîentdes ca-
poiac de . , . ' , ■*. ^ , , ,
▼ers dans VKes , le n ai pas prétendu en excepter les dents,
Icidcnti. puifqu'elles en ont une dans leur partie moyenne
où aboutit le nerf j c'eft dans cet endroit que fc
porte quelquefois une ferofité acre , qui ronge Sc
qui gâte la dent d'une manière fi fenfible , qu'on
eft: obligé alors de la faire arracher,parce que cet-
te ferolîcé ayant commencé a creufcr la dent,ellc
continué jufqn'à ce qu'elle l'ait fait tomber par
morceaux. Il y en a qui ont cru qu'il fe fonnoit
de peti's vers dans les dcnts.maîs ils fe font trom-
pez , puifque ce n'eft qu'une manière de parler ,
fondée fur la relfe mblance qu'ont les trous de ces
dents avec ceux que font de petits vers^lorfqu'ils
rongent quelque chofe.
Leî dents II eft rare que l'on oui îTe conferver fes dents
rorr.bcnt , '■ ■ . ^ ,.• ^ r
parvicilkf- pendant toute la vicjcar outre qu il s en gateiou-
^^' vent , ce qui oblige de les faire arracher , elles
tombent encore en vieiUiHant , parce qu'edes fe
deflechent ; & que les s;encives fe détachent de
leurs racines. Il y a des vieillards dont les genci-
ves s'endurcilfent tellementjqu'elles fupplécntaa
défiut ies dents , & qu'elles fervent a mâcher les
alircens , ce qui ne fe fait pourtant jamai. li bien
qu'avec les dents mêmes.
IV, Dêmofifiratiofi. ■ é^
Les dents ont trois ufages , dont le premier & Ujàges
le principal eft pour la maftication : le fécond,
pour l'articulation de la voix j je ne prétends pas
qu'elles foicnt abfolument necelïaires pour par-
ler, mais feulement pour bien parler , d'où vient
que les cdentez ont de la peine à articuler de ccr»
taines lettres , 6c à prononcer de certaines paro-
les : le troiliérae enfin eil pour rornciucnr ; car
c'efl: une grande difFormité,lors qu'elles font noi*
res oC gâtées , ou qu'il en manque quclqrj'une,&
principalement de celles du dcvaut.Ôcft au con-
traire un grand agrément pour une belle pcrlon-
ne de les avoir bien taillées , bien arrangées , ÔC
fort blanches.
Quoique je vous aye déjà fait remarquer que Nombre
le nombre des dents eft ordinairement de trente- ^* '^"'"
deux i fçavoir fcize à chaque mâchoire , cepen-
dant il y en quelquefois davantage , & quelque-
fois bien moins. L'on a vu quelques piîrfonnes
qui n'en avoient que deux , fçavoir un os conti-
nu à chaque mâchoire qui leur tenoit lieu de
dents. On divife ces trente-deux dents en incifi-
ves, en canines, & en molaires.
Les inciiîves font ainfî appellées^parcc qu'elles ^'^^i
tranchent & coupent les viandes comme un cou- dcmsinciû-
teau; d'autres les nomment rieufcs,à caufe qu'el- ^"'
les paroi ifent quand Ton rit. Elles font huit,qua'
tre à chaque mâchoire , iituées à la partie ante-
rieure,& au milieu des autres^leur fuperficie ex-
térieure eft faite en forme de voate,&: l'intérieu-
re eft cave : Elles font plus aigue's,plus tranchan-
tes & plus comtes que les autres, elles [ont plan-
tées dans les alvéoles par des racines fîmples qui
le terminent en pointe^ c'eft pourquoi elles tom-
bent ailément, fur tout celles d'enhaur.
^4 < ^^^ Os de la Face,
,,N , Les canines font ainfi appellees , parce qu'elles
Uncdcnt^ v ^ i -r i ' r ^
canine. lervent a rompre ce a bnler les corps durs;c<; qai
fait que Ton porte ordinairement: fous ces dents
les os qu'on veut ronger.Llles font quatre , fca-
voir deux à chaque mâchoire ; elles font fîtuées
auprès des inciaves , une de chaque coté , elles
font épallfes , fortes & fo idesi Elles font emboëc-
tées dans leurs alvéoles par de limples racines,
comme des incidves, mais plus profondem-*nt Sc
plus ferrement , car elles fjroallenr toutes les au-
tres en longueur.Lesdentsd'enhauc font nommées
œillères , à caufe qu'une portion du nerf qui fait
mouvoir les yeux , fe porte vers ces dents j d'où
vient que pluiîeurscroyent qu'il ell dangereux de
les arracher.
OO Les dents molaires font aind appellees , parce
Deuxdcntf qu-'cHes fervent, comme des meules de moulin,
molaires, r*, .^ „ < , . ,, ,. ,, '
a briier & a broyer toutes lo' tes d aamensjU y en
a vingt , fçavoir dix à chaque michoii e,qui iont.
cinq de chaque coté. Elles fon' dures, grandes 5c
larges ; celle qui efl: proche la dent canine , eft
plus petite que les autres , lefquelles deviennent
plus grandes , à mefure qu'elles s'enfoncent dans
la bouche.Ces dents ontplulieurs racines qui fer-
vent à les mieux enchalTer dans leurs alveolts.On
remarque que celles d'en bas n'enonrque deux ou
trois,& que celles d'enhaut en ont trois ou quatre,
ce qui n'eil pas fans rai Ion , car celles-ci étant
fufpenduësjclles en ont befoin d'une plus grande
quantité pour le tenir fermes.
P Nous ferons prefentement la Démonftratioii
Loshioi- de l'os hioid&pour accomplir le nombre de foi-
xante os de la tête , dans lequel il eft compris,
il efl ainfi appelle à caufe de la lettre Grecque,
qu'il reprefeme: ce qui fait qu'on le nomme aufîi
ypfuoide ;
IF. Dêmonflmtî0?r.\ <>.f»
ypfiloideic'eft cec os que l'on .tioiiv^ er» mangeant- -'i •
une langue de bœuf. Il cft ikuc/à la b^fe de la
langue fur le larinx. Il a dix mufcks qui le tien-
nent à fa place , comme dix cordes tiennent un
mat de navire élevé \ il ne touche à aucun autre
os,mais il lient en haut par les os que l'on appel-
le Tes cornes fupcrieures, aux dents apophifts fti-
loides des os des tempes par de petits ligamcns qui
les tiennent attachés, «Si en bas , qui eft ce qu'oa
appelle les cornes inferieures^il eft joint aux deux,
ailes du cartilage tiroidcs du larinx par des liga-
iiiens de la même nature que ceux qui le tiennent:
attaché en haut , en forte que fa véritable articu-
lation n'eft pas une fifatfcofe , comme le preten-
doient les Anciens , mais une véritable finévroie,.
puifqu'il eft uni par des ligamens , & que les dix
raufcles qui le garniftent , ne fervent qu/à le re-,
muer avec la langue,en le tirant en haut , çtj bas,
& latéralement, "il eft compofé de cinq os , dçnt ^ , ..^f
le plus grand en fait la bafe , qui eft la partie an- -^
terieure & moyenne de cet os. Cette baie eft vou- ,l
téc en dehors , &: cave en dedans •■, deux autres
plus petits os font attachés à celui-ci > un declTta-;
quecôréjSc deux très-petits font joints aux ex4^vc-!i Les cor-
mités de ces dcrnicrs:ces quatre petits os font é^J-Ç]^.']=^ ^'^^
femble les parties latérales de l'os iiiflide,qu.e ,l,^pi^/
appelle les cornes. ' : ;:.! Iv.' r- uy.r > mi'h
Le principal ufagc de cet os n eft pas de fervirî ufagej
d'appui a la langue'', comme plufieurs l'ont ^^'''^^i'^-j,-j^^^
car elle feroit appuyée trop foiblement , mais^d^»
faciliter l'entrée dé l'air dans la trachée-artere , ^tj.
celle du boire & du manger dans l'œfophage , eiij
tenknt le pharinx dans cette jufte largeur qu'il ooiç,
avoir pour laifTer palier librement les alimens,-. -j:
Comme toutes les cavitîs de la tête font ep;
E
66 Des Os de la Face.
Repeti- grand nombre , & qu'elles font fort difficiles à
Kcs^TtI- retenir j je croi qu'il n'eft pas inutile d'en faire
jezdclaïc- ici une répétition avant que de les finir, & de di-
^' te encore une fois qu'elles font de trois fortes,
fcavoir trous , fofTes , & finus,
. Diztroui Pour bien examiner les trous de la tête , il faut
♦haquc"cô- ^^^ divifer en internes,quî font au nombre de dix
*c de la lé- de chaque côté fans compter les petits trous de l'os
** cribleux , & le grand trou de l'occipital. Le pre-
mier eft l'optique , le fécond eft la grande fente
orbitaire , qu'on appelle aufli la fendade , le troi-
fîéme eft le grand trou rond , le quatiiéme eft le
grand canal ou iînus ofleux , le cinquième eft la
fente ovale , le iîxiéme eft le petit trou rond , le
fcptiéme eft l'auditif interne , le huitième eft le
trou appelle grand jugulaire , le neuvième eft le
trou de la neuvième paire que l'on appelle latéral.
Enfin de dixième eft le cerveau,
iDozerious H y a onze trous externes de chaque côté. Le
jixteraci de premier eft le furcilier; le fécond eft le canal na-
lihaque co ^ , i i • i • a r
féàlacécc. ^^1 î^^f'^e^i^"^ le lacrmial qui eft prelque tout
creufé dans la partie fuperîeure de l'os maxillaire;
à l'endroit qu'il eft joint avec l'os unguis: le troi-
fièmc eft l'orbitairc interne , c'eft un trou dans
l'orbite qui fe trouve placé contre l'os planum: le
quatrième eft l'orbitaire externe , c'eft la forrie
«'un canal gravé dans la partie du maxillaire qvû
fait le bas de l'orbitejCe trou eft place extérieure-
ment au bord de l'orbite à l'os maxillaire: le cin-
quième eftrincifif qui s'ouvre par deux ouvertu-
res différentes dans le nez , il eft commun aux
deux maxillaires & fîtuè au deftbus des deux pre-
mières dents incifîves.C'eft par ce trou que les lar-
mes qui fe font vuidèes par le fac nafal dans le nés
dit rendant cnfuitc dans la bouche^c'eft d'où vient
/ î'^. Démoriflratîon, (?7
que quand on pleuie on crache beaucoup,à cau-
le de l'abondance des larmes qui viennent dans la
bouclie , &: qui irritent par leur acrimonie les
lources de la (alive : le hxiéme cft le trou de l'os
du palais que l'on appelle guftatif , par où palTe
un cordon de nerf de la cinquième paire \ le fe-
priéme eft l'auditif externe , ou le conduit de
î'ouie : le huitième efl: l'oblique qui s'ouvre dans
le canal olTeux : le neuvième eft le petit trou qui
eft entre l'apophife maftoide & la ftiloide : le di-
xième eft le canal de communication ou l'aque-
duc , ainli appelle parce qu'il a quelquefois fervi
d'égoût aux feroliltez purulentes des abfcez du
fonds de la gorge , &: qui fe font vuidées par le
trou de l'oreille j Enfin l'onzième qui eft le der-
nier , eft un petit trou au pariétal tout proche ia
future faCTiralc.
Les folfes font plus faciles à voir que les trous, jj, fo^ç,
elles iont internes & externes. Les internes font inteinci.
iix,& que l'on apperçoit aufïi-tôt que l'on ouvre
un cranc j elles font fituèes à fa bafe j il y en a
deux plus petites que les autres , qui font dans la
partie antérieure du crâne , c'eft-à-dtre , dans l'os
coronal : deux moyennes qui font dans les os pe-
ireux , & deux plus grandes,placèes dans l'os oc-
cipital , aufqucUes nous ajouterons les deux fupe-
ricures.
Lesfolfcs externes font quatorze : fcavoir fept ^
de chaque cotc,dont la première reçoit le condi- foiFcicxur.
le de la mâchoire inférieure pour l'articuler avec ""•
les os petreux i la féconde cft dans les apophiles
pterigoidcs \ la troilième eft vers le trou déchiré
par où palle le vague ^ la quatrième fur le palaisj
la cinquième fait la voùie du palais j la (ixièmc eft
E ij
Huit
£nus.
6S Des Os de laFace.
fous le zigoraa j & la feptiéme eft la cavité qin
forme l'orbite.
Les fînus font huit , deux dans la mâchoire fu-
perieure , deux danî la partie inférieure de l'os
coronal , deux aux os petrcux dans les apophifes
maftoides , & deux dans la fclle de l'os Iphenoi-
de.
Voilà, Meilleurs, toutes les cavités du crâne &
de la face , dans le nombre defqucllcs je n'ai pas
compris celle de la mâchoire inférieure , parce
qu'elles fe feparent du rcfte de la tête. Dans les
deux Demonftrations fuivantes je parlerai des os
du tronc , qui fait la féconde partie du fquelette.
V
69
D E S O S
DE L' E P 1 N E.
Cinquième T)émonflration,
^pl Ous avez vu, Mefïieurs, tous le os qui com- Lcsof du
'^W& pofenc le crane;mais maintenant l'ordre veut 1-'^°?*^ "^
f r rr • - c i ^iV"cnt en
que nous vous rallions voir ceux qui rorment le trois.
tronc. Ils fe divifent en trois , qui font les os de
l'epine,les os de la poitrine,& ceux des hanches. Je
commencerai aujourd'hui par ceux de l'épine , me
rcfcrvant à faire voir les os de la poitrine, & ceux
des hanches dans la Démonftration fuivante.
La ftrudure admirable de l'épine ne fait pas
moins éclater la fagcfle de Dieu, que la compolî-
tion du crâne : car comme il l'a fait tout ofleux
pour contc=nir & défendre le cerveau , il falloit
aulîî qu'il ht l'épine toute oiVeufe, afin que fa
moelle , qui cft une continuité du cerveau , pût
erre confervée & défendue dans le long chemin
qu'elle avoir à faire. Elle efr percée à droite & à
gauche ,, comme le crâne , de plufiours trous qui
laillent échapper des nerfs qui vont porter le fuc
animal dans toutes les parties : En effet , il feroîr
inutile au cerveau de feparcr ce fuc , & d'en être
pour aînh dirCjla fourcc,s'il n'y avoic un aqueduc
comme l'épine , pour le cor.uuire dans toutes ces
parties par le moyen des nerfs,
Pourconnoître exactement la composition de L'cpinc
Icpine il la faut conhJcrer en c;e!i?tal &: en parti-
culier. Il y a fcpt chofes à examiner en gênerai ,
fçavoir fon nom, fa définition ; fa ditifion, fa fi-
gure , fes connexions , fes ufages & fes parties,
0\\ appelle épine tous les os qui font depuis k
E ii)
7© Des Os de VEpl/ie.
Le nom première vertèbre da cou , julqa'à l'cxtremîré du
coccix, elle eft ainiî nommée, parce que fa parric
pofterieiire eft aigiic , ou bien parce que fi vous
feparés eiitieremenc les vertèbres des autres os
qu'elles touchent , elles auront toutes enfemble
_,c • ^^ figure d'épine.
lion Hc £^^^ ^ft défînie,un afTemblage de plufieurs os ar-
Icpinc. ticulés enfemblejpour lervir de domicile & de rem-
part à la moelle, comme le crâne fait au cerveau. Si
elle n'eût été faite que d'un feul os,elle auroit été
toûjom's ^droite comme une quille/ans fe pouvoir
fléchir,& fi elle ne l'eût été que de deux,de troisou
de quatre , il y auroit eu dans les flexions qu'elle
auroit faites,des angles aîf^us aux endroits des arti-
culations qui auroicnt prellé la moelle, & qui au-
roient empêché le cours du fuc animal dans les ex-
trémités des nerfs:Mais étant compoléc de plufieurs
os joints &: articulés enfemble par de forts liga-
menSjelle fc meu: facilement de toutes parts, (ans
incommoder la moelle qu'elle contienr,ni les par-
ties de la poitrine & du bas ventre qu'elle touche
Divifion On divife l'épine en cinq parties , qui font le
dclcpmc. ^^^ ^ 1^ j^g^ l^g lombes , l'os facrum & le coccix.
La figure La figure de l'épine eft une des principales cir-
cn gcDcuI. <^oi^ftances qu'il y faut obferverjfi vous la regardés
par fa partie anterieure,ou pofterieure, elle paroîc
droite^mais fi vous laconfiderés par une des parties
laterales,vous verres Qu'elle fe jette tantôt en de-
dansi& tantôt en dehors^tant pour le mieux foûte-
nir^que pour s'éloigner ou s'aprocher des parties
qui font dans !a poitrine , & dans le bas ventre.
paScuIierc ^^ poinie de l'épine , à l'endroit du cou, entre
ducou. en dedans,il y en a qui prétendent que c'eft pour
apuïer la trachée-artere & l'ccfophagejCe que je ne
croi if ; y.-iiirque la proximité depludcurs os auflî
durs que ic fûju les veitcbrcs du cou incommo-
y, DémonfiratloN, yt
deroit l'œrophagc,&: nuiroit à la dégluntion/ plu-
tôt que de la facilitci'.ll y a bien plus d'apparence
de croire que celt pour mieux porter latêce,quiy
cft placée comme fur un pivot ; car ii l'épine eût
monté toute droite,elle fe {eroit jointe à la partie
pofterieure de la tête , qui n'étant pas bien loûte-
nuë tomberoit en devant par fon propre poids.
Les vertèbres du dos au contraire fe jettent en , ^igureidu
II I ./,].. dot 8c oet
dehors pour augmenter la capacité de la poitrme, l«mbc$.
parce que le cœur & les poumons qui y font con-
tenusjétant dans un mouvement coniinuel,ne doi-
vent pas être preirés.Celles des lombes fe portent
un peu en dcdans,non pas pour fcrvir d'apui à la
grollc artere,& à la veine cave, comme quelques-
uns l'ont pretendu,mais pour mieux contre-balan-
cer la pefanteur du corps,en fervant comme d'arc-
boutans aux parties qu'elles foùtiennentj car Ci el-
les Te fulfent jettées en dehors ; comme celles du
doSjle corps qui n'cft foûtenu que par elles, bien
loin de fe tenir droit , fcroit courbé continuelle-
ment en devant.L'os facrum fort en dehors,pom:
former la cavité , que l'on appelle le baflin , plus
ample, afin que le redtum , la vefîîe & les parties
de la génération y fulfent à leur aife,& principale-
ment celle des fjmmes,qui en ont befoin dans le
rems de la grollcirc. Le coccix entre en dedans ,
afin qu'il ne foit pas offenlé , lorfque nous nous
adeyons , ou que nous montons à cheval.
Pour bien examiner les connexions de l'épine, Conncxi-
M r n ' \ • r 'onsgcnera-
11 raut remarquer celles qui lui lont communes, icsdei'cpi-
& celles qui lui font particulières ; les communes ^^-
font celles qu'elle a avec les parties qui y (ont at-
tachées; la première eft avec latcte,à laquelle elle
cft jointe par artrodie , l'os occipital ayant deux
cminenccs qui entrent dans deux cavités glenoidcs
E iiij
' 7 1 Des Os de l'EpLie.
de la première vertèbre du coupla féconde efl; avec
les côtes quifont articulées avec les douze vertè-
bres du dos par une double artrodicjl'une au corps
delavertebre5& l'autre à Ton apophife tranfverfei
la troiiîéme, avec l'omoplate par lifarcorcj y aianc
desmufclesquinaillentdes apophifesépineufes des
vertèbres du cou,& de celles du dos, qui vont s'in-
fercra la bafe de l'omoplatCjla quatriéme,eft avec
^ lesosdes hanches, qui font attachés fortement à
Connf- ^ ' ^ . . 11.'.
xion. parti- l os lacrum.Les connexions particulières dclepine
c.lKret ^(^j^j. (-e}lc5 qLie les vertèbres font enfemble ; elles
iont de deux ou de trois fortesjl'une fe fait par leurs
corps , qui efl: une fimphilc , apellée fincondrofe,
parce qu'elle fe fait par le moicn d'un cartilacre 5
Tautre fe fait par leur apopliileobliqueiqui efl: une
aitrodied'on y en ajoute une troifiéme,qui efl: une
efpece de ginglirae,parce qu'en même temps qu'u-
ne vertèbre efl: reçue par celle qui lui efl: infé-
rieure , elle reçoit celle qui lui efl: luperieure.
Ligamens Les ligamens qui font aux articulations des ver-
bfcs '^^'^ tcbres font tres-forts,pour empêcher qu'elles nefe
luxent dans les mouvemens violens qu'elles font.
Ils font de deux fortesilesuns font épais & fibreux
faits en' forme de croiflant , qui les lient par haut
& par bas ; & les autres qui font membraneux ,
fervent à les lier avec plus de fermeté. Ils naîilent
des apophiies tranlvcrfes & aiguës.
Ufa:!cj de L'épineades ufa^cs communs & particuliers.Les
1 epinc. r i^^-jrj ^
premiers lont de lervirderonctemcnt au corps,com-
me font tous les autres os , & de fervir d'attache à
plulieurs mufcles: les féconds font de conduire la
moëlle,de la défendre contre toutes fortes d'injures
rant internes qu'externes & de fervir d'apui à latê-
tCjà la poitrine,aux c6t£S,aux jai-qbes , & aux bras;
de manière cw'c^n peut dire.qy'cUé'efl: comme.-ia
quille d'un navire où les ccurbesda poupe/laproue'
/ T^. Démorjflration, 7J
,& toutl'afTemblage du vailleau eft attaché.
Les parties qui compofenc l'épine fonc appcliées .L« par- '
fvondïlot , 5c ordinairement vertèbres , d'un mot pine.*^ '^'
qui fignifîe tourner, parce que le corps fc tourne
diveriement par leur moyen.
Avant que d'examiner les vertèbres en particu- Ce que
lier, il faut obferver cinq chofes , qu'elles ont de [,t.„ onren
commun & qui fe rencontrent dans toute leurftru- commun.
(fturejla premiere,eft que chacun a Ton corps dans
fa partie interne, c'eft l'endroit le plus large fur le-
quel elles s'apuient les unes fur les aatrcs:là fccon-
de,eft qu'elles ont toutes un grand trou par où paife
la moelle de l'épine:latroifîéme,eft qu'elles ont tou-
tes trois fortes d'apophifcs \ fçavoir quatre obli-
qucs,deux tranlverfes,& une épineufe, la quatriè-
me, elt qu'elles ont toutes chaque cinq epiphifes;
fçavoir deux à leur corps,deux aux extrémitez de
leurs apophiles tranfverfes , & une au bout de
l'apophife épnieufe : la cinquième 6c la dernière
chofe,cft qu'elles font toutes percées par leurs par-
ties latérales pour donner palfage aux nerfs qui en
fortentill faut remarquer qu'elles ne font pas per-
cées dans leur partie moicnne , ce qui les afFoibli-
roit trop,mais quedeux vertèbres contribuent à fai-
re le trou, de forte qu'il ne paroît à chacun qu'une
échancrurc,la plus grâdepaitie du trou fe prenant
dans le cartilaçre^qui en attache deux enfemble.
Pour bien examiner les vertèbres en particulier Eximcn
vil faut reprendre la divifion que nous avons faite P^";^"'''^'^
de I epine zn cmq parties , qui iontle col , le dos,
les lombes , l'os facrum , «Se le coccix.
Le col cft compofé de fept vertèbres ; qui font R
plus folides & plus dures que celles do dos, parce Lccol.
qu'elles ont à fupporter la tête, qui etl d'un grand
poidsiDTais elles font aufîi plus pccircs , parce que
il elles étoicnt auffi grolTes que celles du dos , ^
74 -D^^ Os de l'Efhie.
des lombes , le col auroît cté trop gros , & il
n'auroit pu ie mouvoir aifemertt.
Cincciio- Deux ou trois de ces vertèbres ont quelque cho-
v?rtcbirs^ fe de particulier , que je vous dcmontrerai après
du col ont que je vous aurai fait remarquer ce qu'elles ont de
cntr'cîîés"" commun cntr'ellcs;je me retranche à cinq chofes
qui font à obferver : la première , eft qu'outre les
fcpt apophilcs que nous avons dit fe rencontrer à
toutes fes vertebres,cellcs-ci en ont deux de plus,
qui font le nombre de ncufjlefquelles font placées
à la partie fuperieure de leur corps, l'une à droite,
l'autre à gauche; elles embrallent le corps de la
vertèbre iuperieure , qui eft a (les pctit;& en em-
pêchant qu'il ne s'échaped'un côte ou de l'autre,
ellcsle tiennentferme & allure daub les mouvemés
du cou. La féconde eft que le corps de ces vertè-
bres eft plus aplati au devant que celui des autres,
afin qu'elles n'incommodent point la trachée artè-
re , ni l'œfophagc. Plufieurs Aureiirs ont crû que
ces vertèbres s'^vançoient en devant pour foûtenir
ces parties ; mais cela n'eft pas vrai , puifqu'elles
n'ont pas bcloin du voifmage de ces os j qui ne
manqucroicnt pas de nuire dans leurs a6lions,en
\cs prell'ant de trop prés.La troifiéme eft que leurs
apophifcs tranfvcrfes font percées pour donner
pallage aux artères cervicales, qui font conduites
par ce chemin julqiies dans le cerveau, La qua-
trième , eft que leurs apophifcs , tant rranfverfes
qu'épîneufes , iont fourchues pour faciliter les
attaches des mnlcles. Et enfin la cinquième, eft
que leurs apophîles épîneules font un peu cou-
chées en embas pour la facilité du mouvemciit.
C La première de toutes ces vertèbres eft nommée
Atlas. Atlas, parce qu'elle fouticnc immédiatement la tê-
te , qui étant d'une risrure ronde relî'emble à celle
^u monde , que l'on a feint être porte par Atlas;
V. DemonflratîoTi. yr
Cette vertèbre n'a point d'apophife éplneufe,parce
<jue les mouvemens de la tête ne fe font point fur
elle,mais fur la feconde;& e'tant obligée de fe tour-
neiLtout autant de fois que la tête fe meut circulai-
rementjfi elle eût eu une apophife épineafe,elle au-
roit incommodé les mufcles pofterieuis de la cête
dans fes mouvemens circulaircs;& principalement
les deux petits droits qui nailfcnr de la féconde ver-
tèbre , &c qui s'inlerent à l'occiput. Elle eft d'une
fubftance déliée Se plus dure que les autres verte-
bres.Elle en diffère cncore,en ce que les autres ver-
tèbres reçoivent d'une part,& font reçues de l'au-
trejau contraire celle-ci reçoit par fes deux extré-
raitéSjCar deux éminences de l'occiput encrent dans
fes deux cavités fuperieures, qui font articulation
avec la tête,&: en même tems deux autres éminen-
ces de la féconde vertèbre entrent dans fes deux
cavités inférieures , qui les articulent enfemble.
Il faut remarquer que l'articulation de la tête fe Rcmar-
faitfur la partie antérieure de cette vertèbre , & ?,*!? "5- "^^
non pas lurU polrerieure , ahn qu'elle loit mieux dcktccc.
fuportée par le corps des vertcbreSj«5c qu'elle foit '
ainfî plus dans (on équilibre.ll faut encore obfer-
ver que l'ouverture qui eft dans le milieu de cette
vertèbre eft plus grande que celle de toutes les au-
tres^car outre le pailage qu'elle donne à la moelle
de l'épine , comme toutes les autres font, elle re-
çoit de plus la dent de la féconde , qui palfant par
fon ouverture , va s'attacher à l'os occipital.
La féconde des vertèbres eft apellée tournoïan- D
te , parce que c'eft fur elle que h tête Se la pre- noyincc*""^*
miere vertèbre tournent comme fur un pivot , &C
que du milieu de fon corps, il s'élève une apophi-
fe qui reprcfente en quelque manière une dentjcc
qui a fait donner le nom ifodoiitoidc a cette apo-
7^ Des Os de l'Epine.
phife, dont la ruperficie eft en quelque façon iné-
gale ; afin que le ligament qui en fort , &c qui la
lie , avec l'occiput , s^attàche mieux. Elle efl: aufli
environnée par un ligament folide & rond,<^ui eft
fait d'une manière induftrieufe . pour empêcher
que la moelle de l'épine ne foit comprimée par
cette apophile. Cette vertèbre & la première font
jointes a l'occiputjclles le (ont auiîi entr'elles par
des ligamens particuliers , qui les attachent for-
tement à la tête.
^ La troihéme eft nommée axe ou aiiïîeu , parce
AifficL". que c'eft elle qui commence à former un corps fur
lequel les deux premières vertèbres & la tête,font
portées comme fur un aiiïieudes quatre fuivantes
n'ont point de nom particulier; on remarque feu-
lement que la dernière n'a point fon apophifc épi-
neufe fourchue comme les autres, &: qu'elle com-
mence à prendre la figure de celles du dos,
F 11 y a douze vertèbres qui forment le descelles
Lcdoj. font plus grofies que celles du col,&pluspetitesque
celles dcslombcsjil faut remarquer qu'elles ne font
pas toutes égalcsj& qu'elles deviennent plusgrolles
& plus foricSjà mcfure qu'elles defcendent en bas
par la raîfon que ce qui porte , doit être plus fort
que ce qui eft porté ; & qui formant toutes une
figure piram'dale , elles en ont plus de force:Elles
ont leurs apophifes épincufcSjfimples & poivitucs,
qui fe couchent en embas les unes fur les autresj
leurs apophifes tranfverfes font fort groiFcs pour
l'articulation des côtes qui y font attachées , car
chaque verte bre du dos articule deux côtes , tant
par Ion corps,que par les apophifes tranfverfes.
»T , La première de ces vertèbres eft appcUée émi-
Ui-ic des A 11 1 n 1 1 I
^tcmiercs nentc , parce qu'elle 1 eft plus que les autres , la
cr.corcj féconde s'appelle axilUire , à cauie qu'elle eft la
plus proche de l'aiirelle , les huit qui fuivenc (e
nomment coftales ou plévrltes; parce qu'elles arti- ^
culent les côtes qui font tapi liées intérieurement Une des
delà plevre.Uonziéme vertèbre du doscft appcllée dernières.
f , r i T ' • r ' /X du dos.
la droite , à caule que Ion apophiie epmeule n elt
pas couchée comme celles des autres.La douzième ^
le nomme ceignante , à caufe qu'elle eft placée à
Tendroit où Ton porte ordinairement les ceintures. ^
Les lombes font compotes de cinq vertèbres. Les lom-
qui font plus cpaiires & plus grandes que celles du ^cs.
dos,parce qu'elles leur fervent de bafe ; leurs arti-
culations ne font pas fi ferrées que celles du dos ,
afin que les mouvemens que les lom.bes font obli-
gés de faire foient plus libres,^ que l'on puifTe fe
courber plus aifément; elles ont leurs apophifes
tranfvcrfes plus longues ôc plus déliées que celles
du dos , ce qui leur fert en quelque manière de cô-
tes , exceptés-en néanmoins la première & la cin-
quième qui les ont plus courtes,ce qui fait qu'elles
ne nuifent point aux mouvemens & aux flexions
que les lombes font vers les côrez. Elles ont neuf
apophifes,car les afcendantes qui fervét à les arti-
culer enfemble font doublesj enfin elles ont leurs
épines plus épaiifes & plus larges , ce qui fert à y
mieux attacher les mufcles & les ligamens du dos. ^
La première de ces vertèbres eft nommée néphrite Unc de
ou renalcjà caufe que les reins font couchés à côté "^1^'[^^^"
d'elle,& qucc'cftà cet endroit que commence à fe
faire fentir la douleur nephretique,les trois quifui^
vent n'ont point de nom particulier j& la ci nqaiéme
eft confiderée comme l'apui & le foùtien de toute
l'épine , c'eft pourquoy on l'a nommée afphalite,^
L'os facrum eft un gros os large de immobile ^0» fa-
qui fcrc de bafe & de pied d'eftal à l'épine. Je ne crum.
fçai pourquoi on l'appelle ainfi^lcs uns dificnt que
7 s Des Os de l'Epine.
c'eft parce que les Anciens l'offroient en facrifice
aux Dieux 5 les autres à caufe qu'il eft grand , &
d'autres parce qu'il enferme les parties honteufes.
Tîeurcde ^^ fiaure eft trineulaire : il eft cave par dedans, ce
qui aide a former cette cavité qui eit au bas de
rhipogaftre,que l'on nomme le baflinjileft poli &
égal par (a partie antérieure , ce qui empêche que
les parties qu'il contient ne foient bleirées ; il eft
convexe & inégal par fa partie pofterieure, ce qui
fait que les mufcles s'y attachent facilement.
• *"j*^^!*" Cet os a trois différentes articulations:la premic-
facrum. re,qui eft avec la dernière des vertèbres des lom-
bes,eft femblable à celle de toutes les veriebres^fa
féconde eft avec le coccix,elle fe fait par fîncondro-
fcj& la rroifiéme avec les os des hanches le fait par
engrainure; c'cft pourquoi il faut remarquer à la
partie fuperîeure de cet os deux apophifes afcen-
dantcSjdont chacune a une cavité glenoïdc qui re-
çoit les defcendantcs delà dernière vertèbre des 16-
bes,&: qui fait la premierearticulationjà fapartie in-
ferieure,deux petites apophifes defcendances qui fe
joign-;nt au coccix,& font la fecondc,& à fes parties
latérales plufieurs finuofités entre-mêlées d'émi-
nences, qui reçoivent , & qui font reçues des os
des hanches , éc font la troiliéme articulation.
Y» ^ r Les parties qui compofent l'os facrum/ont mi-
crumendc- fes au rang des vertebres,non pas à raifon de leur
vant. ufage,maisà caufe de leur reftemblance.On divife
l*os lacrum en cinq vertèbres de diférente grofteur,
dont la fuperieure eft la plus grandejelles diminu ënt
à mcfure qu'elles defcendcnt; car la dernière eft la
plus petite de toutes ces vertèbres fe feparent faci-
lement aux cnfanSjparce que les cartilages qui les
joignent n'étant pasofïifiez, s'en vont par Tcbuli-
rion; mais aux adultes elles font fi fortement unies
y. Dêmonfiratien, 75)
qu'elles ne font plus qu'un feul os,lequel doit être
fort folide pour fourcnir toute répine,& pour arti-
culer les os des hanches auflî fortement qu'il fait.
C'eft à l'os facrum que finit la cavité qui con- l'Jj f^,
duit la moelle de l'épine,il faut remarquer que les cmm en
trous qui y font pour la fortie des nerfs , ne font """"^*
pas /îtuez latéralement ; comme aux autres vertè-
bres, mais en devant & en derriercjparce qu'étant
articulé par fes parties latérales aux os des han-
ches , il ne pouvoir pas être trop percé. Les trous
de devant font plus grands que ceux de derrière,
c'eft par les premiers que fortent ces dernières
paires de la moelle de l'épine,qui vont fe diftribuer
aux parties antérieures des cuilles & des jambes,il
ne fort rien par les trous de derricre , parce qu'ils
font bouchez par une membrane tendineufe. Ses
apophifes tranfverfes font fort petites , ce qui fait
qu'elles n'aportent aucune incommodité à fon
articulation avec les os des hanches.
Cet os a cinq ufages ; le premier eft de fervir Ufagcsdc
de fondement & d'appui à l'épine 5 le fécond , de
contenir les parties de l'hipogaftre j en leur for-
mant une capacité proportionnée à leur grandeur
le troilîéme de les défendre j le quatrième d'arti-
culer les os des hanchesj i^C le cinquième de don-
ner origine & inferiionà plufieurs mulcles.
Lecoccix eft la paicie extrême de l'épine : on lccocox
l'apelle ainfi parce qu'il reflcmble au bec d'un cou-
cou j il eft fitué à la pointe de l'os facrum ; il eft
compofé de trois os,dont le plus grands touche l'os
facrum^ le fécond eft plus petite &c le troiliéme, qui
«ft très-petit , cû celui au bout duquel eft arraché
un petit cartilage Us font tous trois joints enlem-
ble par une connexion fort lâchcj ce qui fait qu'ils
obcillcnt ÔC qu'ils fe reculent facilemc: en derrière
/ So Des Os de J' Epine.
Aux femmes ces os fe portent plus en dehors
qu'aux hoiTjmeSj parce qu'elles ont befoin d'une
grande cavité pour renfermer la matrice , & pour
contenir l'enfant pendant la groffelfc. La pointe
de ces os regarde toujours en dedans , afin de ne
Q, point incommoder , lorfque l'on veut s'a(leoir,ils
en devant'^ le reculent un peu en arrière polirlailler forcir les
gros excremens, & aux femmes pour donner paf-
lage à l'enfant dans l'accouchement.
R J'ai tâché , Meilleurs , de ne rien oublier de ce
endcrTicrc' qui regarde l'épine , & toutes fes parties, afin que
le Chirurgien inftruit de fa véritable conforma-
tion j la puilïè conferver dans fon état naturel; ce
qui ne lui eft pas toujours facile à faire j car étant
compofée de plufieurs os attachés les uns anx au-
tres , il arrive iouvent qu'elle fe porte tantôt en
dedans,tantôt en dehors , & tantôt vers les côtés:
alors elle caufe non feulement une tres-^rande
difformité au corps , mais encore quelquefois la
mort,parcc qu'elle comprime le cœur & les pou-
mons dans leurs mouvemens, & qu'elle empêche
que la moelle de l'épine ne diftribuë le fuc ani-
mal à toutes les parties.
Je vous entretiendrai dans la Démonftration
fuivante , des os de la poitrine , & de ceux des
hanches.
1^^
DES
8i
^yy^* ■f **y** -i- yy* -^ «<i
D E S O S
DE LA POITRINE
ET DE CEUX DES HANCHES.
Sixième Démonjiratlon,
Prés vous avoir fait voir,MeflîcursJes
premiers os du tronc,qui font ceux de
l'cpine, il refte à vous démontrer ceux
de la poitrine & des hinches.
Le cerveau & le cœur ont de^ actions fî nobles
& il necellaires à la vie, que les Anatcmiftes n'ont
encore pii décider juiqu'a prefenrjaquelle de ces
deux parties devoit l'emporter fur l'autre : Mais
fans nous embaralfer plus avant dans cette quef-
tion,nous fuivrons l'ordre que nous nous fommes
prclcrit, & nous trouverons , en examinant bien
la poitrine , que fa compoluion n'eft pas moins Srruéhirc
digne d'admiration que celle du crane^ elle eft en ^{^;^f^^'
partie olleufe , & en partie charnue, parce qu'elle
feit non feulement à contenir &: à défendre le
coeur & les poumons , mais il faut encore qu'elle
puilfe s'étendre & fe^relTerrer félon le mouvement
de ces parties,
La poitrine ( que l'on appelle thorax , d'un Fig»ire de
mot qui fignifie faillir , parce que le cœur qu'elle la poitnnc.
enferme, ne celle poiut de battre & de faillir , )
eft d'une figure ovale , princicalement lorfque .e
F
8 1 Des Os de la P oit ri ne y
diaphragme fe porte en bas. Elle eft borne'e en haut
par les clavicules j par devant , du fternum ; par
derrière , des vertèbres du dos j par les côtez,des
vingt-quatre côtes ; dc en bas par tous les cartila-
ges des fauiles côtes & par le cartilage xiphoidc,
où s'attache le grand mufcle , que l'on apcllc dia-
phragme.
. H falloit que cette cavité fût erande , lar^e &:
Grandeur r i c ^ • • r ^ ..
ic la poi- prot-onde,ann que les parties qui y lont contenues
ttinc. pufTent Te mouvoir plus à leur aife;&: l'on remar-
que que ceux qui l'ont grande , vivent beaucoup
pluslong-temsjque ceux qui l'ont petite & ferrée.
pivifîon Les os qui compofent la poitrine font le fter-
oc. num 5 les cotes & les clavicules. Nous en allons
prefenrement faire la démonftration,au(îî bien que
celle des os des hanches, qu'on appelle autrement
os innominez.
- A Le fternum ôc toute cette partie antérieure du
num, ' thorax , qui touche en haut aux claviGules,&: qui
finit en bas au cartilage xiphoide, & latéralement
tant à droite qu'à gauche,aux extreminés antérieu-
res des côtes. Elle s'avance en devant , & fe cour^
be fur les côtés pour former la figure ronde ce ova-
le de la poitrine,fur laquelle elle eft comme cou-
chée j ce qui fait qu'on l'apelle fternum.
Subftanee Pour bien connoître la fubftance du fternum,
il faut l'examiner fuivant les differens âges : Aux
enfâiis il eft tout cartilagineux, excepté le premier
os où s'attachent les clavicules ; aux vieillards ,
il eft tout olleux j & à peine peut-on feparer
avec le fcalpel les cartilages qui le joignent avec
les côtes 5 & à ceux qui font entre ces deux igcs,
on le trouve en partie ofïcux , & en partie cartila-
gineux.
Je vous ai dit qu'aux enfans k fternura étoîc
V I. Demonfiratlon. 85
coût cartîlaeincux , & qull ne s'endiircîfToic que Leftci^-
par luccemon de tems , la partie^luperieiue s olli- s'cflific
fiaiK plùrôc que la moienne,&: la moitnne plutôt qu'après I*
J- f ' r^ • 1- • 1 tuiffaucc.
que Ijinreneure.On ne peut point hmiter le nom-
bre ^es os qui compofent le fternum , àiiKÛns
qu'ils ne foient parfaitsicar à quelques enfans, on
en a compté jufqu'à huit qui s'uni liant après la
fepciéme année , n'en forment plus que quatre,
ôc pour l'ordinaire que trois.
Il y a des Auteurs qui en ont fixé le nombre à
fept , à caufc que l'on voit entre chaque efpace
des cotes , une petite ligne qui femble Ceparer le
fternum en autant d'os qu'il y a de côtes qui s'y
articulentjmais nous en demeurerons au nombre
de trois , qui eft celui qui s'y trouve le plus ordi-
nairement.
Le premier des trois os du fternum eft le fu- B /
perieur , il eft plus ample & plus épais que les ^j ^^^ ^^j.^,
autres j il eft fait en forme de petit croiflant par num.
en hauti Je croi que c'eft pour ce fujet que quel-
ques uns l'ont appelle la fourchette fuperieure.
L'on voit à chaque côté de fa partie luperieure un
llnusqui reçoit la tête de la clavicule avec laquel-
le il eft joint par le moyen d'un cartilagej il a en-
core une autre fînuofité au milieu de fa partie
interne & fuperieure , qui fait place à la tra-
chée artère.
Le fécond de ces Js eft fitué au deffous du prc- C
mer , il eft plus étroit & plus mince , mais il eft j^'^ej'jf^fjj
plus long. L'on voit à fes deux cotez plufieurs
finuofitez , qui reçoivent les cartilages des côtes
qui s'y viennent articuler.
Le troifiéme eft encore plus petit que le fécond, 7^^^^-
maîs il eft plus large , il eft fitué au dellous des me os du
deux premiers , il finit par un cartilage que l'on ^ttrnum.
F ij
84 Des Os de la Poitrine ,
appelle xiphoïde , ou pointu , à caufe qu'il eft ai-
gu comme la pointe d'une épée.
E Ce cartilage eft ordinaiiemcnc tiiangulaire 6c
xiphoSe, oblong ; quelquefois il eft rond, & d'autre fois fe-
paré en deux; ce qui Ta fait apellcr par quelques-
uns la fourchette.LorfquH eft enfoncé en dedans
Ulagcsdu par quelque coup , ou par quelque chûte.il cauic
xiphôidc. j -ir • fv • .-1 - .
des vomiHemens qui ne cèdent pomr qu il ne ici:
remis en fa place.Cc cartilage fcrc à défendre i'ef-
tomac, à attacher le diaphragmej&: à foûtcnir le
foyc en devant par le moyen d'un ligament large
qui y eft attaché.
Articula- Ces trois os font joints enfemble par des carti-
tion de CCS lages qui en occupent les entre- deux , & qui leur
fervent de ligamens ; ils forment aulïi une cavité
qui paroît extérieurement , 6c que l'on appelle la
folfete du cœur.
Uiagcsdu Les ufages du ftexnum font quatre; le premier,
ftcrnum. eft de former la partie antérieure & moyenne de la
poitrine 3 le fécond, de joindre & d'articuler les
côtes & les clavicules ; le troifiéme, de défendre
& de contenir le cœur , & les parties de la reipi-
ration ; & le quatrième , de fervii à attacher le
long de fa partie moyenne 6c interne , le mediaf-
tin , qui eft une membrane qui fepare la poitrine
en deux.
_^^ . Les côtes n'ont été ainfi appellccs , que parce
Descotes , ,, r ri - ^^1 1 • • j
qti elles (ont lituees aux cotez de la pûitrme,aonc
elles forment les parties latérales tant a droite qu'a
gauche.
Six chofcs Nous ferons parfaitement inftruits de tout ce qui
a *^^colte" ^^%^^^^ les côtes, après que nous y aurons exami-
• né leur fubftance , leur figure , leurs connexions,
leur nombre , leurs parties , & leurs ufages.
Subilance La fubftance des cotes eft eji partie olfeufe , &c
des côkcs.
VL Dêmonfiratîon, 8 y
en partie cartilagineufe; l'extrémité de la côte qui
s'articule, la vertèbre , étant plus menue que celle
qui le joint à la poitrine, eft d'une fubftance pluÇ
dure,afin qu'elle foit moins fujette à fe callerjl'au-
tre extrémité au contraire eft d'une lubftance plus
rpongieufc , 6«: la partie moyenne tient le milieu
entre ces deux extrémitez,tant en fubftance qu'en
groiFeur.
Toutes les côtes finiflent antérieurement par des
cartilages qui leur fervent d'épiphifes , & qui de-
viennent quelquefois il durs, en vieillidânt , que
l'on ne peut plus les feparer du fternum avec le
fcalpel. L'on obferve que les cartilages des côtes
lupcricures font plus durs que ceux des inférieures
parce qu'ils font attachez immédiatement au fter-
num,& que les autres n'y font joints que par d'ati-
tres cartilages , & par confequent plus obligez
d'obéïr aux mouvemens de la poitrine.
La figure des côtes eft d'un demi-ceicîe , ou J
d'un croidant fi vous n'en coniîderez qu'une ^ °^^^*
mais Cl vous les examinez deux cnfemble , com-
me elles font au fquelete , elles font le cercle
entier : Elles font caves en dedans pour former
la capacité de la poitrine , & convexes en dehors
pour mieux rchfter ; plus elles s'éloignent du
fternum , plus elles font étroites & rondes i mais
elles s'applaiilfcnt & deviennent plus larges à
mefure qu'elles en approchent : Elles ne font
pas toutes également grandes , car les fuperieu-
res font courtes, les moyennes fout les plus gran-
des de toutes , & les inférieures iont forts petites.
Ces difterences grandeurs étoicnt neceflaires
pour former la voûte de la poitrine : & quoique
les Tupcrieures ôc les inférieures foient les plus
petites j elles ne laiifent pas de différer entr'elleSj
F iij
$6 Des Os de la Poitrine ,
en ce que les rupeiieiues font plus larges que les
inférieures.
Go-ne- Les côtes font articulées à d'autres os par leurs
non des , . , . ^ . in.
c6.cs. extremitez,par leur partie antérieure avec le Iter-
num par (incondrofe, & par leur pofterieure avec
les vertèbres par artrodie ; cette dernière articula-
tion eft double aux fept premières cotes , l'une fe
fait avec le corps de la vertèbre , Se l'autre avec
Tapophife tranfverfe ; car les cinq dernières ne
font jointes que par une fimple tuberofitéou émi-
nence.
Nombre Le nombre des côtes change rarement . il eft
des core». ■.. , . i i i '^ /
toujours de vingt-quatie ; douze de chaque cotej
G elles fe divifent en viaycs & en faulles : Les
^Fremicrc vrayes font les fept (upeiieures , que l'on appelle
cote. . u .11^1 111^
ainii 5 parce qa elles achèvent le cercle plus par-
faitement que les autres , & qu'elles touchent au
Grand s ^^'^""^'''^ j ^^^^ lequel elles ont une ferme articu-
«ôccs, lation : Les deux premières de chaque côte , en
comptant par en haut , fe nomment recourbées j
Movcn- ^^s deux fuivantes folides, & les trois autres pe-
n« côtes. (ftorales.Les cinq dernières s'appellent fauffes cô-
tes, parce qu'elles font plus petites, plus molles
& plus courtes que les autres , & qu'elles ne vont
pas jufqu'au fternum ; ce qui fait qu'elles n'ont
qu'une articulation fort lâche : Elles font atta-
chées pofterieuiement aux vertèbres, & en devant
elles fc terminent en des cartilages longs &c mous,
qui fe recourbent au haut , & s'unillent aux cô-
tes fuperieures , comme s'ils y croient collez , ex-
cepté la dernière , qui étant la plus petite de tou-
^ . tes , n'eft point adhérante par devant à aucune
côte. autre.
Les p:x L'on confidere aux côtes deux fortes de par-
rics des co- . I o i ' • 1 1
tes. ties , leur corps , oc leurs extremitez 3 on appelle
V L Démonflratton. 8 7
corps , ce qui en fai: la partie moyenne & princi-
pale j on y remarque encore la partie fuperieure
qui a deux lèvres ; l'une interne , & l'autre exrer-
nejaufquelles s'attachent les mufcles intercoftaux;
& l'inferieurc,qui a aufîi deux lèvres qui font fc-
parées par une finuofité qui eft le long de la côiQ
ôc qui difparoit à mefure qu'elle s'éloigne de la
vertèbre. Cette iinuofité fert à lo^er l'artère , &
la véne intercoftale , les extrémités font doubles,
l'une fe joint au fternumj&: l'autre aux vertèbres,
comme je vous' l'ai fait voir. A l'extrémité anté-
rieure il y a une petite cavité dans le bout de la
côte.qui fert à recevoir la pointe du cartilage, qui
y eft par ce moyen plus fortement attaché^que s'il
n'étoit que pofé deirous,^ à l'autre extremité,ou-
tre la double articulation pas artrodiejil y a enco-
re un ligament qui l'attache 8c la lie avec la ver-
tèbre.
Les côtes fervent à trois choies: premièrement Lcjufagct
\ r I -'ji •• r j des co.Ci.
a rormer la capacité de la poitrnîe : en lecond
lieu , à défendre les parties qu'elle contient : &L
enfin à donner origine & infertion à pluiieurs
mufcles.
Les clavicules font ainlî nommées , ou parce jji
qu'elles font comme des clefs qui ferment le tho- Lcsclavi-
rax par la partie lupeneure, ou bien parce qu el-
les affermilTenr l'épaule avec le i1crnum:D'ailleurs
les bras n'ont point d'autres os qui les attachent
à la poitrine que ceux-ci.
Elles font deux , une de chaque côté ; elles Articula-
font fituées tranfverfalement à la partie infcrieu- c\°vicJeî.
re du col , & à la partie fuperieure de la poitrine
un peu au dellus des premières cotes ; elles ionc
articulées par leurs extremitez , dont l'une eH
jointe à l'apophife luperieure de l'épaule par une
F iiij
s s Des Os de la Pohrhre ,
tête large & oblongue , & ce par le moyen d'an
^ cartilage , qui néanmoins ne lui eft pas adhèrent,
afin qu'il cède un peu dans les mouvemens des
bras (Se de répaule^mais qui eft attaché feulement
par des ligamens qui envelopent l'article j &: l'au-
tre avec le fternum , comme nous avons déjà dit.
Outre ces deux articulations l'on en trouve fou-
vent une troihéme , qui fe fait avec les deux pre-
mières cotes , par deux petites éminences , donc
l'une s'élève de la paitie (upericure de la côte , de
l'autre de la partie inférieure de la clavicule , 6c
qui fe joignent enfemble par le moyen d'un petit
cartilaire,
j^^^'.,t\l'^,^ Li fubftance des clavicules eft épailfe . mais
les poreufe & fongueufe, d'où vient qu'elles fe rom-
peut fouvent,& que quand il leur arrive quelque
fraftiire , la réunion & le col en font plutôt faits
qu'aux autres os.
Urc cU- Leur figure eft femblable à celle d'une co fai-
ricuit fcpa te de deux demi-cercles conjoints & oppofezjelle
'■^'■^* eft convexe par dehors vers le col, & un peu cave
interîeureraent,afin que les vailTeaux qui font def-
fous , ne foient pas comprimez. L'on remarque
que les hommes les ont plus courbéesjc'eft pour-
quoi ils ont les mouvemens des bras plus libres:
les femmes au contraire les ayant plus droiteSjel-
les ne peuvent avoir la même agilité des bras , ni
jetter une pierre avec la même force que les hom-
mes ; mais ce petit défaut eft récompenfé par la
beauté de leur gorge,qni eft plus élevé , plus unie
& moins remplie de foflés & de creux que celle
des hommes.
Ufagcs j^g„ clavicules fervent pour les divers mouvc-
descUïJCU- , ^ r
les. mens des bras qui le meuvent plus ailement en
devant & en derrière, à caufe qu'ils font appuyés
V L Démonflratîon. 89
fur ces os comme fur des pieux: Elles font encore
d'une grande utilité pour empêcher que les bras ne
fe portent trop en devant , c'elt pourquoi les ani-
maux qui avoient befoin que leurs extrcmitez fu-
perieures avançairent en devant , pour marcher
commodément , n'ont point de clavicules.
Les derniers os que i'ai à vous démontrer pre- , ^^ ,
i- r 11 1 • r Les o* des
Jentement lont ceux des hanches , qui compolcnt hanckcs.
la dernière partie du tronc , ils font apellez os in-
nominezjOU os fans nom , parce que cous enfem-
ble n'en ont point de particulier , mais quand on
les a divifez , ils en ont chacun un qui les diftin-
gue les uns des autres , comme vous le verres par
la fuite.
Les os des hanches font deux , un de chaque Articula-
côté , fituez à la partie inférieure du tronc ; ils "«"^/^'^s es
lont articulez par leur partie polterieure a 1 os la- chc$.
crum , & par leurs latérales avec les femmes : la
première de ces articulations fe fait par ginglime; '
car plufieurs petites éminences tant de l'un que de
l'autre de ces os,enrrent dans des cavitez propor-
rionnces à leur giolTeur j aind ces os reçoivent &
font reçus reciproquement.La féconde fe fait par
enartrofe; car la tête du fémur, qui eft fort grof-
fe , eft reçue par une grande cavité , qui eft à la
partie latérale & externe de ces os.L'on remarque
au fond de cette cavité une petite inégalité , qui
eft l'endroit où s'attache le ligament ; qui tenant
la tctc du fem ir fortement actacuée dans fa place,
empêche qu'elle n'en forte que par de grands ef-
forts , comme il arrive dans les luxations de cette
partie.
Lorfque l'on examine de prés ces os dans un L^»f<?ni-
iqueletCj on voit ailement la dirrcrencc qu il y os pius
a encre ceux des hommes , & ceux des femmes, "^«rccz.
() o *Dei Os des Hanches ,
ils font plus forts & plus petits aux hommes , &
plus grands & plus minces aux femmes , de forte
que cette cavité, que Ton nomme le bafïïn, & que
ces os forment conjointement avec l'oslfacrum^eft
beaucoup plus grande au fqueletede lafemme,par-
ce qu'elle ne contient pas feulement le redtum &
la vefîîe comme dans l'homme , mais encore la
matrice qui a befoin d'un grand efpacc , princi-
palement lorfqu'ellc renferme un enfant.
Ufagr de» Ces OS fervent d'attache aux mufcles, & de fon-
os d^cs han dei-^ent à tout le corpsj comme tous les autres os:
Mais outie ces ufages communs , ils font encore
utiles pour lier les extrémitez inférieures avec le
tronc , pour foûtenir & apuyer l'épine^pour aider
à former la capacité du bas ventre , & pour fervir
de bafe & de lit aux parties contenues dans l'hy-
pogaftre.
Lcsosdcs Les os des hanches font compofez de trois os ,
dfvifent en 4^^ ^^^^ joints enfemble par des cartilages , qui
rroif. avec le tems fe deirechent , & même s'ofîifient de
telle manière, qu'ils femblent ne plus faire qu'un
même os dans les adultes.Ces cartilages (ubliftent
jufqu'à la dixième ou douzième année j & néan-
moins ils ne s'effacent pas tellement qu'il n'en relte
encore quelques veftiges, ou quelques lignes,par
le moyen desquelles on puifle feparer les os des
- hanches en trois , qui font l'os ilion , l'os ifchion,
& l'os pubis.
L'os ilion eft ainlî appelle, parce qu'il contient
L'oj ilion le boyau ileum ; c'eft celui qui fe prel'ente le pre-
mier,parcc qu'il eft le plus grand; il eft auiïï ficué
au deifus des autres : il fait l'articulation avec l'os
facrum par ginglime , laquelle eft fortifiée par un
cartilage, & par un ligament membraneux qui eft-
tres-forr.
VI. 'Démonftratîon. 91
Lafigure de cet os cft demi circulaircjon y con- . Figure de
(îdere fes deux faccsjl'unc interne, qui eft remplie
par un des mufcles fléchideurs de la cuiffc, apellé
iliaquejà caufe du lieu qu'il occupe ; & l'autre ex-
terne , où s'inferenc les mufcles extenfeurs de la
cuifle , que l'on nomme les feiîiers.
Ce qui eft entre ces deux faces , eft la côte qui
eft bordée de deux lèvres , dont Tune eft pareille-
ment interne , ^ l'autre externe : les deux extré-
jTiicés de cette côte fimlFent par deux éminences,
appellées épines , dont la fuperieure eft beaucoup
plus grande que l'inferieure.Proche cette dernière
qui eft placée antérieurement Ton voit une échan-
crure qui facilite le paftage aux tendons des muf-
cles iliaques & pfoas , aux artères & vénes crura-
les , & aux vaillcaux fpermatiques.
Pour ne rien oublier de ce qu'il faut examiner a
ces os, vous obferverez qu'il forme par fa partie
inférieure, une partie de cette cavité qui reçoit la
tête de l'os de la cuifte.
Te vous ai dit que cet os étoit plus ample à la , ^."^f;^"'"
remme qu a l homme, parce qu il ralloit qtic 1 en-
fant fut bien appuyé dans la matrice ; c'eft ce qui
fait aulîi que les femmes grolfes fentent fouventà
cette partie une douleur qui eft caufée parle poids
de l'enfant.
L'ifcbion eft le fécond des os qui compolent les ^ . .
1 t ^^ r \ • • 1 V . . L os UC-
nanches.On y conddere trois parties; la iupeneu- j^jo^.
re eft celle qui fait la plus grande partie du cotile:
l'antérieure fait une partie du trou ovalaire : &
l'inférieure cft celle à laquelle on remarque deux
apophifes : l'une pofterieure,apellce épine, & l'au-
tre antérieure & inférieure : on y voit aulïi une
finuolité^ou fcifTure, qui donne pa liage au tendon
de l'obturateuj: interne.
9 1 Des Os de Hanches ,
Articula- Q^^ ^^ e{^ ][^ avec Tos facrum par un double li-
irchioa. gamcnt qui en tort , 1 un s inlere a 1 apophile ai-
guë de la hanche, & rautre po' erieurement à fou
CDiphife j qui (ert d'apui à l'intcftin droir.Son ex-
trémité fe nomme la cuberohté de rifchion , qui
donne origine aux mufclcs de la verge ^ aux rele-
veurs de l'anus , 6c à beaucoup de fléchiileurs de
la jambe.
L'ospubi^ L'os pubis efl; le troifiéme & le dernier des os
de la hanche ; il cfl: appelle auiîi os du penil , ou
peFhen ; c'cft lui qui eft (îcué à la partie antérieure
& moyenne du tronc. Il a quatre'parries ditferen-
tes] qu'il faut examiner ; l'antérieure , qui fe joint
par fincondrofe avec fon compagnon pai le moyen
d'un cartilage ; la pofterieure,qui étant l'extrémi-
té de derrière de cette épine , forme une partie
du cotile : c'eft entre cette partie & l'extrémité .
de l'os ilion qu'eft cette finuoiité par où palîenc
les tendons des mufcles lombaires & iliaques ; la
fuperieure , autrement dite l'épine , eft celle où
s'attachent les mufcles de l'abdomen : & enfin l'in-
férieure eft celle qui fe joint avep une avance que
fait la tuberofité de l'ifchion , lefquelles deux à-
vancesfont le trou ovalaire , appelle aufli tiroide,
qui forme une avance où s'attachent plufieurs
mufcles. Ce trou eft exadement fermé par une
membrane tendineufe très- forte ; à laquelle s'atta-
chent les raufcles obturateurs , qui fervent à por-
ter la cuilfe demi-circulairement en dedans , ou
en dehors. Un célèbre Anatomifte nous dit que
ce grand trou de l'os du pubis n'a point d'autre
ufas" que de diminuer le volume de l'os innomi-
né. Mais fans vouloir le contredire , on peut ku
en trouver un autre ; Ceft qu'il fert à faciliter
les mouvemens des obturateurs j car fi l'on con-
V 7. Démonfiratmi. 93
fîdcre bien de quelle manière ils font atcacHez
contre ce trou , on verra qu'ils n'auroient pu-
agir s'ils euflent été pofez liir une fuperficie
toute plarte & oilcufe , qui leur auroit apporté
beaucoup de reiiftance j au lieu que n'ayant rien
qui leur refîfte , ils peuvent tous les deux fe ra-
courcir en s'enfonçant dans lemilieUjpour poufTer
en dedans & en dehors : ce qu'ils n'auroient ja-
mais pu faire autrement , s'il n'y eût eu un vuide
derrière.
Les os pubis font plus déliez & plus amples Lcsospu-
aux femmes qu'aux hommes ; & celles qui les n'/s^au^ ^"
ont plus avancés en dehors en accouchent plus femmes,
aifément.
Te finis , Meilleurs , cette Démonftration en , îçavoirfi
^ f. . , les 01 pubis
vous raportant deux dirrerens lentunens touchant fe fcparcnc
l'articulation que les os du pubis ont entr'cux. damlcicms
T) ; ;. I i >'\ r r j 1. ^^ laccou-
Bartholm prétend qu ils le leparent dans 1 accou- chcmcm.
chement , & qu'on les peut même feparer avec le
dos d'un couteau aux femmes nouvellement accou-
chées 5 ce qui ne fe peur faire fi aifément dans un
autre tems. Ceux qui font de l'opinion contraire,
qui eft la véritable , foûtiennent que ces os étant
joints , comme ils le font , ne fe peuvent point
feparer dans l'accouchementj& que s'il s'eft trou-
vé quelque femme à qui on les ait feparez facile-
ment^c'eft un pur effet de la difpofition naturelle Remarque,
y ayant des perfonnes qui ont les articulations plus Gos osnc fc
lâches les unes que les autres , & non pas parce ulilu^
qu'elle étoit nouvellement accouchée, car j'ai ou»
vert & dilTequc plufieurs femmes nouvellement
accouchées , à qui je n'ai pu feparer ces deux os
qu'avec bien de la peine. L'autorité d'un célèbre
Anatomifte ,. comme étoit celle de Bartholin , a
fait que cette opinion i'eft multipliée ; mais je me
Autre re-
marque.
P4 Des Os des Hanches i
trouve obligé de vous alFurer que lui & ceux qui
Tonr fuivî, fe font trompez dans cette occafioni
Il faut encore remarquer que le cartilage qui
joint enfemble les deux os du pubis eft d'une fub-
ftance capable de prêter : c'eft pourquoi dans les
accouchemens difficiles & laborieux , il peut bien '
arriver que ce cartilage s'étende un peu : Mais de
fe perfuadcr qu'il n'y ait que cela feul qui facilite
la fortie du fœtus , c'eft oublier le plus confidera-
ble Ne fçait-on pas que la tête d'un enfant à ter-
me eft fi molle qu'elle peut aifément changer de
iîgurex'eft la même chofe pour la poitrine & pour
les hanches : ainfi l'on voit par-là que c'eft plutôt
le grand changement de figure qui arrive à ces
trois fortes de parties , qui permet une libre fortie
au fœtus par le bafïïn , qui ne peut guère être
agrandi par l'extenfion du cartilage du pubis ,
qui ne pourroit prêter que de trois ou quatre li-
gnes au plus.
t-Tr^-vïI
f-J)^
■^ ï
DES OS
DES MAINS.
Septième Démonfiratîon,
m^ E vous ai démontré , Meffieurs , tous les os ^^D.uxfc.^
Wi qui compofent les deux premières parties du ^^^^^
fquelete , il ne me refte plus qu'à vous faire voir
ceux de l'extrémité qui en font la dernière partie,
par laquelle nous finirons nôtre Oftcologic.
^ Ces extrémitez font fuperieures,ou inférieures, j^EIoge^d,
les unes &les autres font comme autant de bran^
ches qui fortent du tronc,& qui y font attachées:
les premières font les mains , & les fécondes fonc
les pieds,ie vous ferai voir dans cette Demonftra-
tion les os des mains , & dans la fuivante ceux des
^'Viloiqu'il n'y ait pas une partie qui rie fournîiTe
quelque fujet d'admiration , néanmoins il tauc
demeurer d'accord que la main l'emporte lur tou-
tes les autres ; & que c'eft avec juftice que tous
les Auteurs , & principalement Anfiote, lonc
appellée l'organe des organes & l'inftrument
dcsinftrumens: Et fi lalNature a donne à chaque
animal quelque chofe de particulier , ou pour le
défendre contre les autres , ou pour h garantir
des injures externes , on peut dire quel homme
$ 6 Des Os des Ma'ws ,
en a reçu deux chofcs preferablement aux ani-
maux j fçavoir la raifon , & la main ; l'un pour ic
confeil & la conduite , & l'autre pour l'exécution
la première le diftingue & le met infiniment au
deiïus de tous les animaux; c'eft elle qui lui donne
l'empire qu'il a fur eux, qui conduit toutes fes
a6tions,& qui ayant inventé tous les Arts,lui four-
nit les moyens de s'en fervir: Cependant tous ces
avantages au voient éii de peu d'utilité à l'homme
s'iln'avoit eu des mains ponr exécuter ce que la
raifon lui dide , & pour profiter de tout ce que
l'Auteur de la Nature a fait en fa faveur. Ce font
elles qui fabriquent toutes fortes d'armes pour fe
défendre , & pour maîtrifer tous les animaux ; ce
font elles qui font les vêtemens qui fupléent au
défaut du poil oc des plumes que la Nature leur a
accordées : enfin c'eft par elles que l'on met en
pratique la Chirurgie , qui eft un Art fî noble &:
il ncceflaire à la vie.
mairsr.cce- L'adion delà main eft l'aprehenfion , l'homme
flaires pour a deux mains afin de la mieux fâre.ll faut remar-
tairc 1 ap- i • • j l o i
prchcnfion 4^^^ que toutes les jomtures des bras & des mains
fe fléchilTent en dedans, afin qu'elles embralfenc
mieux & qu'elles puifTent fe fecourir mutuelle-
ment dans leur a6tion,qui ne pourroitêtre qu'im-
parfaite avec une feule main.
L'homme Tous les hommes , & même les enfans font
eft porté à naturellement difpofez à fe fervir également des
ic Icrvir c- , . „ /.i • r c - J« 1^
gaiement deux mams : 6: s il y en a qui le lervcnt de la
des deux droite , plutôt que de la gauche , il faut croire
que cela ne vient que de l'habitude qu ils ont
contradée , 6c parce qu'on le leur a apris,*3^ non
pas , parce qu'il y a plus de chaleur de ce côté la
qui les détermine à s'en fervir , plutôt que de la
gauche , puifque la plupart de ceux que \o\-\ ne-
V l L Démonjtrailoiu 97
crljgc d'infti'uîre/e fervent d'eux-mêmes aufli toc
de ia crauclie que de la droite ; &: qu étant avan-
cez en ■à?z , ils ne peuvent plus fe défaire de cette
méchante habitude.
Ces extrémitez fupecieures qui font le fujec de . DiviGon
cette Démonftration , fe divifent en trois , en
bras, en ayant bras_, & en la main proprement di-
te ; le bras eft compofé d'un leul oSjl'avant-bras
de deux j &; la main de vingt-fept.Nous les allons
voir tous dans leur rang 5 après que nous aurons \
examiné les omoplates que nous avons compriles
dans le nombre des foixante & deux os qui com-
pofent ces extrémitez.
L'omoplate efl: cet os qui forme l'épaule; on l'a j^. ^
défini un os large & mince , fur tout au milieu plaLC , ea
& épais aux apophifes ; elle eft fituée à la partie '^"^"*-
poftcrieure des côtes fuperieures,oii elle ferc com-
me de bouclier 5 il y faut obferver quatre chofes, choîcs à
qui (on: la figure, fes connexions , fes parties^ &: examiner à
es uiages.
La figure de l'omoplate eft triangulaire , dont g
deux angles font poilerieurs , ^ le croiliéme an- L'omopla*
terieur : Elle eft convexe en dehors , & cave en v^ms.
dedans,tant pour s'accommoder aux côtes fur lel-
quelles elle tft pofée, que pour contenir un muf*
de dont nous parlerons tout à l'heure.
Elle a trois fortes de connexions , dont l'une . Conne-
fc fait par artrodie avec l'humérus , ayant à fon mopUcc. °^
angle antérieur une cavité glenoide , qui reçoit
la tête de l'humérus ; cette cavité eft enduite
d'un cartilage qui facilite le mouvement , & elle
a un bord ligamenteux , qui formant la cavité
plus profonde , 6c. embrallant la tête de l'hu^
mcius , eu fortifie l'articulation j l'autre fe fait
par fmcondrofe avec la clavicule , par le moien
G
5)8 'Des Os des ^aîns ,
d'un cartilage qui unie cet os avec la clavicule,&
la troifîéme fe fait par fifarcofe avec les vertèbres
& les côtes , n'y ayant par toute la partie pofte-
rieure que des mufcles qui la joignent avec les os
voifins.
Farrie Ae Les parties que nous avons à confidcrer à cet os
omoplate, ^^j^j. ^^ oxznà nombrcjnous commencerons par fa
bafe, qui eft fa partie poftcrieure , & la plus pro-
chaine des vertèbres du dos. Cette bafe finit par
deux angleSjdont l'un eft apellé l'angle fuperieur,
& l'autre l'inférieur. Les parties qui viennent de
ces angles vers fon col font nommées les cotes de
l'omoplate , dont il y en a aufli deux, l'une apel-
lee la côte d'en haut , qui eft la plus délicate de
la plus courte ; & l'autre la côte d'en bas , qui eft
la plus épaiffe &: la plus longue.
Les deux Les deux faces de cet os font différentes l'une
faces de l'o- Je pautre; l'interne eft cave pour lo^er le muf-
raoplatc. , r- , . ,. A '1 ' c
cle Icapulane , & 1 externe eu élevée , pour tor-
mcr une éminence confîdcrable , qui du bas de
la bafe monte droit en haut ; elle s'apelle l'cpi-
iie de l'omoplate , dont l'extrémité fe nomme a-
cromion , à caufe qu'elle reflemble à un ancre.
Quelques-uns ont prétendu que c'étoit un os dif-
tingué des autres , parce que ce n'eft durant l'en-
fance , qu'un cartilage qui s'ofïîfie peu a peu , &,
qui après l'âge de vingt ans eft tellement dur ôc
uni au refte de cette épine , qu'il ne paroît qu'un
même os.
A chaque côté de cette même épine^il y a deux
foftès , l'une au defliis qui fe nomme fus-épi-
neufe , elle contient le mufcle fus-cpineux , ôc
l'autre au delîbus , que l'on apelle fous-épincufe,
qui eft plus grande que la prccedcnte,parce qu'ou-
tK les mufcles fous-épineux, elle en contient en-
M
0
"''i
XV^
f: 99
V t î» Demonflratlortc 5>^
core quelques autres qui fervent aux mouvemens
des bras ; & dans le milieu de l'épine j il y a une
éminence tortue & courbée qu'on nomme la crê-
te , ou l'aîle de chauve-fouris,à caufe de fa relîèm-
blance.
L'apophife qui efl: placée à la partie fupcrieure L'apoph;-
du col , <Sc qui s'avance au defifus de la tête de l'os "^^ -^^oicc
du bras , fc nomme coracoide , parce qu'elle ref-
fe.r.ble au bec d'un corbeau:Elle affermit l'articu-
lation de l'épaule , & donne origine à an des muf-
clcs du bras > que l'on nomme pour cet etfet cora-
coidicn.
Il faut encore obferver deux cavîtez ou échan-
crureSjdont l'une eft entre le col & l'acromion,&:
l'autre entre la côte fuperieure Se l'apophife cora-
coide;elles fervent toutes deux pour le paCïàge des
vai (féaux; & enfin le creux qui eft au bout de l'an-
gle extérieur j fe nomme la cavité glenoide de
l'omoplate , dont nous avons déjà parlé.
L'omoplate a plufieurs ufages , elle donne cri- Ufagcdc
gine Se infercion aux mufcles, comme tous les au- ^o™**?^^'®*
très os , elle attache le bras au corps , elle lui ferc
d'appui ; afin-qu'il falfe commodément tous fes
mouvemens ; elle forme l'épaule , & défend les
parties internes par fa partie la plus large , qui eft
apliquée fur les côtes.
Le bras n'eft compofé que de l'humérus , qui C
eft l'os leplus grand Se le plus fort de tous ceux de ^^^^ ^^^'
cette extrémité; pour le bien connoître il faut exa-
miner fes connexions Sc fes parties.
Il eft articulé par fes deux extrémitez , par Anicu-
celle d'enhant avec l'omoplate par artrodie, com- [^hù"mcru$,
me je vous l'ai déjà fait voir ; & par celle d'en-
bas doublement , fçavoir par ginglime avec le
cubitus , & par artrodie avec le radius. Il fawc
G ii
iûo Des Os des Adalns ,
obfervei* que le ginglime eft ici parfait, en ce que
ces deux os s'cntrc-recoiveiu éf^alemcnc par la me- '
me extrémité ; ayant l'un &c l'autre des éminenccs
& des cavitez qui forment cette articuUtion.il fc
joint auflî avec le radius par amodie , ayant une
éminence à fon extrémité , qui eft reçue dans la
cavité qui eft an bout du radiustc'eft cette articu-
lation qui fait les mouvemcns de l'avant-bras en
dedans & en dehors, que l'on apelle de pronation
& de fupination.
Pour examiner les parties de l'humérus , il faut
le diviter en fon corps «S: en fes extréinitez ; elles
font deux , Tune fuperieure , de Tautre inférieure.
^^ Le corps de Thumcrus eft lone & rond , il a
Le corps . f . • n. j ''ri o
de l'hamc- une cavité niterne qui elt de toute la longueur,tk:
•^os. qui renferme de la moelle ; fa figure n eft pas ab-
foluracnt droite , mais un peu cave en dedans, &
élevée en d£hors,pour la fortifier dans fesaéttons.
L'on y remarque une ligne qui delcend & qui fe
termine en deux condiles ; elle fert -à attacher
plus fcurement les mufcles qui s'infèrent à cet
os.
E L'extrémité fuperieure de l'humérus eft beaii-
dc l'h^c- ^^"P P^"^^ grolle de plus fpongieufe que l'infé-
ras, rieure j elle contient un fuc médullaire; cette par-
tie fe nomme la tête ; elle eft non feulem.ent en-
tourée de tous côtes de lîgamens & de membranes
qui partent de la cavité glenoide de l'omoplate;
mais elle eft encore enveloppée de quatre aponc-
vrofes.des m^ufcles qui l'environnent. Un peu au
defîbus de cette tête , il y a une partie ronde , uii
peu plus étroite , que l'on nomme le col ; & U
partie antérieure de cette tête , il paroit une fen-
te , ou fcillure afîez longue, qui va jufqu'à la par-
tie moyenne de l'os , çUc eft faite en forme do
VIL DémoriflrAtton. i o i
qoiuiere , pour faire place à un des tendons du
mulcle biceps.
L'exciémité inférieure de cet os efl: plus petite, ^
plus plate j Se plus dure que l'autre \ elle eft aulïï rhumcruy.*
plus largCjparce qu'elle s'articule avec les deux os
de l'avant-bras, qui font placés à coté l'un de l'au-
tre, & qui font deflus elle deux mouvemens diffe-
rcnsjl'on voit à cette partie trois apophifes & deux
cavités ; la première des apophiies eft la fuperieu-
re , qui eft la plus grolTe ; c'eftune tête ronde qui
s'articule avec le radius: la féconde eft l'inférieure,
ou incerne , elle eft plus petite que la précédente:
onl'apelle condiloidejelle ne s'articule à aucun os,
parce qu'elle ne fcrt que pour l'origine des mufcles
fléchiileurs de la main.Au milieu de ces deux con-
diles eft la troifiéme apophife,qui eft unie, oblon-
gue,& faite en forme de poulie , autour de la-
quelle le cubitus fait fes mouvemens; les deux ca-
vités-font proche cette apophife , l'une eft interne
&plus petite,& l'autre eft externe ^c plus grande;
elles reçoivent les deux apophifes coronoides du
cubitus , & la poulie eft reçue dans la cavité fig-
matoide du même cubitus.
L'avant -bras , que d'autres appellent le coude, Y^^^^anc
eft compofc de deux os,à caufcdes difïerens mou-
vemens contraires qui s'y font, qui n'auroienc
pu être faits par un (eul os , joint par ginglime ,
qui auroit bien à la vérité permis au bras de fe
fléchir & de s'étendre , & non pas de fe renverfer
en dedans & en dehors; ce qui le tait par le moi'cn
du radias , qui pour cet etfet eft articulé pir ar-
trodie
Ces deux os ne font pas lî longs, ni fi gros que Cci dcajc
celui du bras, mais ils ont entr'cux a peu prés*?*^"""^^^^^
la même grandeur, neanmoms le cubitus eft un
G iij
loz Des Os des A^ains ,
peu plus grand que Tauti-e , c'eft ce qui les a ù.h
apellerpar quelques-uns le grand &le petit focile,
ils font éloignez l'un de Taucre par leur partie
moyenne^pour la fîtuation commode des mufcles
pour le partage des vailfeaux , àc principalement
pour la facilité du mouvement^ & de plus il étoic
jufte qu'étant diftinguez d'action , ils le fuirent
aulïi de corpsûls s'entre-touchent par leurs extrê-
mités,etant même articulés l'un avec l'autre^com^
me je val vous le démontrer tout à l'heurCjl'un Te
nomme le cubitus , & l'autre le radius,
G _ Le cubitus , ou l'os du coude ^ cil: ainlî apçllé ,
i,ccubi- ^2lxcq que c'eft lui qui forme le coude. Il y en. a
d'autres qui lui ont donné le nom à'ulna , parce
qu'anciennement il fervoit d'aulne &: de mefure ,
éc quoique cette mefure ne ioit pas bien jufte.y en
ayant de plus longs & de plus courtSjnousvoions
néanmoins qu'encore aujourd'hui plufieurs pei%
fonnes fe fervent de la longueur de leurs bra?pour
aulner quelque chofe. \\ faut confiderer à cet os
deux chofes , fes articulations & fes parties,
. Arricula- \\ e{\ articulé par fes deux extrémités , par la
eionsduca-/- . , "^ . ,, , \ , .
iîiim. lupcneure en deux manières, avec 1 extrémité m-^
fericure de l'humérus par ginglime,& avec la par-
tie fuperieure du radius par artrodie ^ & par l'ex-
trémité inférieure aufîi en deux façons , avec les
os du carpe par fon bout , & avec le bas du radius
par fa partie latérale 5 ces deux articulations fe
font par artrodie.
du cubit*^. ^'on ne peuç pas bien examiner les parties du
cubitus que l'on ne le divife en trois , qui font fa
partie fuperieure , fa moyenne, & foii inférieure,
H On remarque à la partie fuperieure du cubitus
du Ciibiws. ^^^^ apophifes &: deux cavitez , la plus petite de
ces apophifes ell iîtuée antérieurement j elle n'a
VIL Demonflratlon. lOj
point de nom particulier, mais feulement celui de
coroné , qui Te donne en gênerai à ces fortes d'é-
niinences j l'autre eft fituée poftcrieurement , elle
eft plus groife , &: s'apellt oiecrane ; c'eft fur elle
que l'on apuye \c coude j elle forme un angle aigu
iorfque Ton ployé le bras j elle empêche qu'il ne
fe puilîe fléchir en arriere.Ces deux apophifes en-
trent dans les deux caviccz qui font à la partie in-
férieure de l'os du bras. Des deux cavitez qui font
à la partie fuperieure du cubitusj'une qui eft fore
grande^eft lituée entre les deux apophifes : on l'a-
pelle ligmatoide,parce qu'elle rcflèmble à un figma
Grec : c'eft elle qui reçoit la pointe de l'humérus:
Il y a au milieu de cette cavité une ligne ou émi-
nence qui va d'une apophife à l'autre , & qui en-
tre dans la llnuofité de la partie qui eft au bas de
rhumerus : l'autre cavité eft fort petite i elle eft à
la partie latérale & interne du cubitus : c'eft elle
qui recevant le radius , les articule enfemble.
On remarque à la partie ],noyenne du cubitus Len^ilieu
trois angles, dont l'intérieur que l'on appelle epi- du cubitu».
ne , eft fort tranchant j les deux autres ne font
pas fi aigus , l'un eft antérieur ,& l'autre pofte-
rieur.
A la partie inférieure il y a deux éminences & Lcbaida
une cavité: la première des éminences eft fituée à cabituii
le partie latérale & inférieure , elle eft reçue dans
la cavité glenoide du radius : la féconde eft àl'ex-
tremiré de l'os , elle s'apelle ftiloide , elle fert à
fortifier l'article , c'eft pourquoi elle eft placée
dans (a partie externe; la cavité qui eft au bout de
l'os , aide à faire l'artrodie avec le carpe.
Le iccond os de l'avant-bras eft apellé radias , Lciadiu*
ou rayon , à caufe que l'on veut qu'il reftembie à
un des rayons d'une louc : l'on y conliderô deux
G iiij
IC4 Des Os des Aiahjs ,
choies comme aux autres os , fçavoir fes connc-
. . , xions & fes parties.
Articiila- ^ cC • \ ' i i • r
rons du ra-. ^^^ OS elt articule comme le cubituSjen la pav-
diui. tje luperieure , & en fun inférieure j par fa partie
fuperieure en deux manières par artrodie , l'une
avec le condile externe de l'humérus , & l'autre
avec le cubitus : par fà partie inférieure il eft aufli
articulé en deux façons , ou avec les os du carpe,
ou avec le cubitus , ce font encore deux artrodics;
car le cubitus & le radius font joints enfemble en
haut & en bas , avec cette différence que le cubi-
tus reçoit en haut le radius , & que celui-ci reçoit
le cubitus par en bas.
iDivifion Si nous voulons être inftruics de tout ce qui con-
cerne le radius,il faut le divifcr aufli en trois par-
ties 5 qui font la fuperieure , la moyenne , & Tin-
ferieure,
M On remarque à fa partie fuperieure trois chofes
Le haut fcavoir une tête, un col , & une tuberofité;Ia tête
^u radius. Jn < Q. 1- • r • -1
elt ronce oc polie pour mieux le mouvoir i li y a
deflus cette tête une cavité glenoide qui reçoit le
condile fuperieur de l'humerus:le col eft fort long
pour les mouvemens obliques; la tuberofité ou é-
minsncc eft lituée fous le col , c'eft en cet endroit
où s'attachent le mufcle profond , & un des fié-
chiiîeurs du pouce,
■j^ç^.,. A la partie moyenne , il faut obferver qu'elle a
du ru'diuj. un angle trcnchant , que l'on appelle épine , &
qu'elle va toujours en groflîlîant,' à mefure qu'el-
le aproche du poignet , à la différence du cubi-
tus , qui diminue en s'éloignant du coude : C'eft
en cela qu'il faut admirer la nature qui ne pou-
vant fe difpenfer de faiie ces deux inégaux os
dans leurs extrémitez , a trouvé moyen de tendre
le bras également fort dans fa longueur , en pU-
VIL Démonjlratïo/1. 105
çant la partie la plus forte de l'un avec la pliisfoi-
ble de l'autre.
L'on remarque à la partie inférieure placeurs O
iînuoiitez & inégalitez qui font comme autant de ^^^'[^5*^
petites goutieres qui font faites , afin de ne pas in-
commoder les tendons, qui vont particulièrement
à la partie externe de la main. Il y a aufïi deux ca-
vitez , dont Tune , qui eft à fon extrémité , reçoit
les os du carpe , & l'autre plus petite qui eft à fa
partie latérale & interne , dans laquelle eft placée
une ém.inence du cubitus. H ne faut pas oublier
cette éminence qui eft à fon extrémité , par-
lie externe , laquelle forme conjointement avec
Tapophife ftiloide une grande cavité qui reçoit
les os du carpe , & qui en empêche la luxa-
î ion,
La main prooremcnt dite eft faite du carpe , ou ^^ ^*
r i _ . r ' main.
poignet j du métacarpe , & des doigts , elle com-
mence où finit l' avant-bras , & elle fc termine à
l'extrémité des doigts.
Le carpe eft la première partie de la main ; Le carpe
c'eft un amas d'osfituez entre l'articulation infe- Q_
rieure du coude 6c le mcracarpe.Ccs os font huit, .,h5i?if^
dilpolez en deux rangées , quatre a ciiacun ■. il rcz.
faut examiner la iituacion de ceux de la premiè-
re rangée , &c puis nous verrons ceux de la fé-
conde.
Le premier rang eft compofé de quatre os , j-an^^*^^'"
dont les deux plus grands font reçus dans la ca
vite du radius par leur partie funciicure pour le
Hicuvemcnt de la main j & par leur inférieure
ils touchent les trois premiers os du fécond rangj
le troifiéme , qui les fuit en grandeur , eft fituc
ciius la cavité du bout du cubitus joignant ion
ft^..>miife ftiioidei & en fa partie inférieure , il
10^ Des Os des Afalns ,
eft uni avec le quatrième du fécond rang ; le
quatrième du premier rang , qui eft le plus petit
de tous , eft fitué fur le troifîéme au dedans de
la main , faifant une érainence qui eft pareille à
l'apophile crochue du quatrième os du fécond
rang.
Second Le premier os du fécond rang eft placé plus en
^"8. dedans de la main qu'en dehors , ce qui fait qu'il
foùtient mieux le pouce , &: qu'il répond à l'apo-
phife ciochuc du quatrième os du même rang : le
îccond & le tioifiéme foûtiennent le premier , 8c
\ç (econd os du métacarpe ; & le quatrième ôC
dernier os du carpe foùtient le troiiième & le
quatrième os du métacarpe par [es deux petites
cavitez glenoides.
Il faut remarquer qu'il y a à la partie interne
de tous CCS os une apophife crochue", qui fait une
cmincnce d'un côté , & que de l'autre le premier
os du fécond ran^ s'avance en dedans de la main ,
& qu'aînfi l'cfpacc qui eft entre-deux étant fait
comme une gouticre, fert de palîage aux tendons
des mufcles flèchifteurs de la raain , qui palFent
par ce vuide en toute feureté avec le fecours du
ligament annulaire qui les couvre j & qui joint
enfemble tous ces os dont je viens de vous par-
ler.
Figure du La fieure des os du carpe joints enfemble eft
' ronde & élevée en dehors, mais elle eft inégale &
cave en dedans pour la facilité de l'action.
Articula- Il y a trois fortes d'articulations aux os du car-
rions du pe ; la première avec les os de l'àvant-bras par
^^'■^' amodie , comme nous avons déjà dit ; la féconde
avec les os du métacarpe par amphiartroie ; & la
troiiîème par finevrofe entr'eux , c'eft-à-dire , par
des ligamens tres-forls,qui les uniflTent enfemblejde
VIL Démonff ration, 107
ces trois articulations il iVy a c^ie la première qui
ait un mouvement manifcftej car les deux autres
n'en ont point , ou du moins il eft extrêmement
obfcur.
Le métacarpe eft la féconde partie de la main , L/mcta-
jl en forme la paume par fa partie interne , & le cirpe.
dehors par fa partie externe,il eft compofé de qua-
tre os longs , grefles & inégaux : ils ont chacun
une cavité qui contient de la moelle: Il y en a qui
en mettent cinq , & qui pour cet effet y ajoutent
le premier os du poûcc : mais il ne doit pas être
mis au nombre des os du métacarpe , parce qu'il
a un mouvement manifefte, &: que les autres l'ont
fort obfcur.
Ces quatre os font ioints avec le carne par une . Articuk-
connexion rorte , par le moyen de plulieurs hga- métacarpe,
mens cartilagineux qui ne leur permettent qu'un
mouvement cache : & avec les doigts par artro-
dis , ayant chacun une tête ronde à leur extré-
mité 5 qui entre dans la cavité glenoïde qui eft au
bout du premier os des doigts : Et outre ces deux
articulations qui fe font par leurs ^xtremitez ,
ils s'cntre-touchent & font encore unis enfemblc
par leur partie latérale , tout proche l'endroit où
ils fe joignent au carpe, & ce pour une plus gran-
cic force: ils s'écartent enfuire vers le milieu pour
■ laillerune efpace commode aux mufcles inicrof-
feux.
Ils ont une figure ronde par leur milieu, qui eft
un peu convexe en dehors pour la force , & cave
en dedans pourl'apieheniion. Leur extrémité fu-
peiieure eftla partie la plus grolfe qu'ils ayenr.
C wft elle qui les unit avec le carpe : t<. l'inférieur
tit la plus petite , qui finit par une tète qui les ar-
ticciic avec les doii^ts.
1 o8 Des Os des Mains ,
Ces rma- Qç^ quatre os ne ionr pas rous éî^alement "vos.
rcnccngref- celui qui loQtient le doigc index Teil plus que les
fcur. autres , le Tecoud eft moindre ; le troihcaie dimi-
nue' encore ; de cnfirf le quatrième eft le plus petic
de tous. Je vous ai dit que ces os n'avoient poinc
de mouvement 5 ou bien qu'ils en avoient très-
peu , puifqu'il n'y a que le dernier ( qui eft celui
qui fertà foûtenirle petit doigt ) qui en ait un peu
plus que les autres j ce qui fe voit aifément , loif-
qu'il s'éloigne d'eux.
- ^ . H rcftc encore à vous démcHirrer les doîcrcs ,
Lcj cioigrs - o -'
qui font plulieurs , afin que Taclion de la main
qui eft l^apprehenlîon , fe fit mieux , îk que l'on
T pût prendre les cliofes les plus petites; ils font y
Lcfouc:, j^jj^q . [[^ ditfersnc les uns des aucres,tant en grof-
feur qu'en longueurjle premier fe nonime le pou-
ce , parce qu'il eft le plus gros & le plus fort , c-
, . V, tant oppofé lui leul aux quatre autres doigts dans
l'aprehenfion ; le fccond s'apelle l'indicateur, par-
ce que nous nous en fcrvons quand nous voulons
montrer quelque cliofe , le troihéme eft appelle le
doigt du milieu , à raifon de fa lituation ; c'eft lui
qui eft le plus long de tous; le quatrième eft nom-
X* mé annulai ic. parce que c'eft celui où on met l'an-
T '1* '
Lc^uieu j^g^j^^ . jg cinquième eft le plus petit de tous , on
L'annulai- l'appelle auriculaire , parce qu'étant pointu on en
^^' peut aifément nettoyer les ordures des oreilles.
2 Les os des doigts font quinze , trois à chaque
Le pccic doiet,ccs os font difpofez en trois ordres, que
Quinze o$ 1 on appelle phalanges , parce qu il iemble qu ils
a.x doigts, foient comme rangez en bataille : la première ran-
gée eft plus grofle que la féconde , & la féconde
que la troiiîcme , qui eft la plus petite , & dont
l'extrémité des os qui la compjic nt finit en demi
rond , ou en croilïant.
VII. Démonflratlon. lô^^
La figure de ces os efl: cave en dedans pour la
commodité de la flcxionjConve»e par dehors pour
la force j un peu apiatie, en dedans pour ne pas in-
con-imoder les tendons des fléchiiréurSj&: pour fa-
ciliter rempoignement.
Ils font joints enicmble par ginglîme , ayant Articula-
tousde petites tètes èz de petites cavitez qui fe re- acs"ddgw?^
çoivent réciproquement les unes les autres ; leur
articulation avec le métacarpe fefait par artrodie;
chaque doigt a auiîides ligamensà fa partie inter-
ne , félon (a longueur. Ces ligamens font comme
des canaux qui attachent ces os mutuellement en-
femble.
Je ne vous parlerai àcs os fefamoides qui fe trou-
vent aux jointures des os des doigts , qu'en vous
expliquant ceux des pieds.
Je finis, Meffîeurs , en vous faifant remarquer obferva-
que de la manière que les os des doigts font articu- tions furies
lez enfemble,ils ne font capables que de fe fléchir SS^Joig^T^
&c de s'étendre ; & que s'ils fe courbent d'un côté
ou d'un autre pour s'aprocher ou s'éloigner les uns
des autres, ( ce que l'on apelle addudion & abdu-
ction, ) cela dépend de l'articulation de leurs pre-
mières phalanges avec le métacarpe , auquel elles
font jointes en cet endroit par artrodie , comme
nous avons fouvent dit.
IIÔ
'Vn '^ ^ ■¥■
_ * * * *
5t- >*■ 5*- jt-llP ^ *
DES OS
DES PIEDS.
Huitième Démonjiration*
P R £■" s vous avoir amplement explî^
que les os de la main,il eft juftcjMef-
fieurs , que nous finifîions nos Dé-
monftrations Ofteologîques,par cel-
De l'extré- le des OS qui compofent les extrémités inférieures:
initc mfc« je f^jj pcrfuadé que vous ne ferés pas moins fur-
pris de leur ftrudure, que vous Pavés été de celle
des autres parties. Ce font elles qui étant les or-
ganes du marcher , font que l'homme peut avec
facilité aller d'un lieu à un autre^ce font elles aufîi
qui contribuant principalement à lui donner la
figure droite , font qu'il a un air majeftucux que
n'ont pas les autres animaux.
On entend par le pied tout ce qui eft compris
depuis les os desiles jufqu'à l'extrémité des doigts
du pied que nous divifons comme la main,en trois
parties ; qui font la cuifTe , la jambe , &c le pied
promptement dit.
A La cuifTe eft faite comme le bras d'un feul os
Lckmur. ^^^j ^^ j^ P^^^ grand & le plus fort de tous les os
du corps de l'homme,parce qu'il en porte lui feul
tout le fardeau. C'eft auiïi ce qui lui a fait don-
. ncr le npm de feraur , du mot Latin fero , qui fi-
Divlfion
de l'extré-
mité infé-
rieure.
vnr
2jU0,
D.
mit
rici
'j\\
^.
tn;
V IIL Démonftratîon. 1 1 1
onifie porter ; il faut examiner à cet os fes conne-
xions & fes parties , de même qu'au bras. ^ ^
Cet os a des articulations proportionnées a la ^j^^^dafc-
erandeur & à fa grofleur ,-puifqu1l en a deux for- mur.
?esparfes deux extrémitez i la première eft par
celle d'enhaut, qu'on apelle enartrofe , elle fe fait
parie moyen d'une tres-grollè tête , qui eft reçÛe
dans une grande cavité , la tête eft au bout du fe-,
mur & la cavité eft dans la partie latérale des os
des iles ; cette cavité a un bord cartilagineux pour
mieux embraffer cette tête , & pour empêcher
qu'elle ne forte de fa place. Il y a de plus un fort
ligament qui attache cette tête au fond de la cavi-
te^ mais avec toutes les précautions que la Natu-
re a prifes pour affermir cet article , il ne lailîc
pas de fe luxer quelque fois. La féconde connexion
fe fait à fon extrémité inférieure par ginghme ,
ayant deux têtes qui font reçues dans deux cavi-
tez qui font à la partie fuperieure & extrême du
tibia 5 Entre ces deux têtes il y a une cavité qui
reçoit une éminence du même tibia , & qui la
fait par ginglime. . r • r.
Les parties du fcmeur font troisjfçavoir une lu- Troi.par-'
perieure , une moyenne , & une inférieure. u« au fe-
A la fuperieure il faut examiner une tête , un g
col , & deux apophifes i la tête eft groffc & ron- ^Lehautda
de , elle fe forme de l'appendice qui s infère dans '
la boëte de la hanche j la petite foffe qui eft dans
fon miUcu eft l'endroit d'où fort le ligameat qui
le lie avec l'os des ilcs. Cette partie mente rnieux
le nom de tête , qu'aucun autre qui loïc an
corps , elle en a même plus la figure , étant plus
orofe que le col qui la foÛtient , quoiqu il ioM
fort 2ros& fort long, il fe jette en dehors non
feulement pour la fituation commode des parties
I î 1 Des Os des Pie as ,
qui font firuées entre les cuiflesjmais encore pour
la fei-meté du marcher. Ce col eft oblique , pci;ce
que la cavité de l'ilchion n'étant pas en ligne droi-
te,la tête du Fcmur n'auroit pu y entrer ; d'ailleurs
le col le ponant ainli en dehors,^ écarte ces deux
os les éns des autres , & fait que tout le refte de
l'os d^cendant en ligne droite , le corps eft porté
commodément & feurement.
Les deux apophiies qui^ Tout derrière le col du
fémur , font nommées trocancers, d'un mot Grec
qui hgnifie toiuner,parce que les mufcles qui font
les mouvemens de la cuiffe , & particulièrement
ceux qui la font tourner, s' attachent à ces apophi-
feSjdonr la fuperieure ôc la plus grande fe nomme
le grand trocanter j elle donne infertion aux muf-
cles extenfeurs de la cuille ^ c'cft pourquoi elle a
fa partie externe inégale ôc raboteufe , afin qu'ils
s'y attachent mieux 5 & à fa partie internc,qui re-
garde le col, il y a une cavité au defiTus de laquelle
fe trouve une imuofîté. La féconde apophilc eft
plus petite ôc placée au defiTous ; elle fe nomme
le petit trocant en-.
, C .,. Il faut remarquer qu'il y a à la partie interne
Leraiheii 1 r 1. > .. ^ • r ^,• r -
iu fémur. ^^ remur une ligne aigue qui lert a 1 mlerrion
des mufcles. 11 faut encore obferver que la par-
lie moienne du fémur eft ronde , qu'elle eft polie
ôc unie dans fa partie antérieure , & inégale dans
fa pofterieure , où l'on remarque une ligne tout
le long de l'os , comme nous l'avons déjà dit ci-
dcfîus. Cet es a une grande cavité dans route fa
longueur , qui contient de la moelle comme tous
les autres; ce qui le rend plusleger.ll eft convexe
en dehors , & un peu courbé en dedans > de forte
qu'il fert d'arcboutant à notre corps , poui empê-
cher qu'il ne tombe, & ne fe porte trop en devant.
C'eft*
V IJJ.& dernière Démonjlratlon. 115
C'eft ce qu'il faut que les Chirurgiens remar-
quent dans les fradures qui s'y font,ils ne doivent
pas s'efforcer à lui donner une figure droirc; puif- ♦
qu'il ne l'a pas nacurellcraenc.
A la partie inférieur? du femur,il y a deux aoo- . 9 ,
phifes , qu'on apelle condiles , elles font le gingii- fémur.
me dont nous avons parlé. Elles (ont couvertes
d'un gros cartilage comme toutes les autres extre-
micez des os. Il y a entre ces deux condiles une ca-
vité qui reçoit l'éminence du tibia. L'on trouve
auUi a la partie luperieure du lemur un efpace qui
donne padage aux vaiQeaux qui vont à la jambe*
Cette elpace eft revêtu j comm;^ toutes les aiities
cavitez , aufîi-bien que les apopliites qui fervent à
l'articulation dcsos;elles font condaites d'un car-
tilage lilfe & poli , dans l'épailleur duquel il y a
de petites glandes qui ont chacune un canal excré-
toire par où coule cette liqueur glaircufe qui ferc
à faciliter le mouvement de la jointure. Lorfque
cette glaire vient à s'épailîir par fon abondance ,
elle colle les têtes des os avec leurs cavitez , <Sc
cette union s'appelle anchylofe , qui efi: une ma-
ladie des os tres-dimcile à guérir dans les ancien-
nes luxations.
La partie qui e'I: à rextrémité de la cui{re,& au NN
À iv 1 \ • \ 1 111 ^ I ^ La roîule,
dellus de la jambe,s apelle le genou , ou l on trou-
ve un os particulier , que Ton nomme la rotule,
parce qu'il redémbleà une roulette , d'autres l'a-
pcllent la molette du genou. C'eft un os rond &:
large , qui eft couché fur l'articulation du fémur a
avec le tibia. Sa fubftance eft cartiiaoineufe aux
cntans pendant quelques mois , après lelquels elle
devient olVeufe \ fa figure eft femblable à celle de.
la bolle circulaire d'un bouclier ; fon milieu étant
plus épais ^ plus éminent que fes bords.
H
114 l^^s Os des Pieds ,
Articula- La rcrnle eft niobiIe,& articulée par une efpece
tions de la , . ,. rli a j r ^ .
rotule. ae ginglime. hlle elt couverte desaponevroles des
quatre mufcles extenfeurs xie la jambe , lefquelles
font attachées à fa partie externe &c à Tes bords.
Elle cil revêtue par (a partie interne d'un cartilage
glilHint , afin de faciliter le mouvement q-u'elle efl:
obligée de faire furies extrémitez du fémur & du
j^^Q^j^"°*^cibia.Eile fert non pas pour affermir Particulacion
de l'os de la cuilTe avec celui de la jambe,ni pour
empêcher la trop grande flexion par devant ; mais
pour donner plus de force aux mufcles extenfeurs
de la jambe , aufquels elle fcrt d'apui , oc comme
de poulie pour faire glilTer fur fon cartilage la
corde tendineufe des mêmes mufcles. La fiadrure
de cet os ell: très-difficile à guérir , & Ton en eil
fou vent eftropié.
Dci'xos a L^^ jambe eft la féconde partie de l'extrémité in-
ferieure , elle comprend depuis le genou julqu au
pied i elle eft compofée de deux os, dont l'un eft
fort gros , que l'on apelle le tibia , & l'autre plus
petit, que l'on nomme le péroné.
Ce que cti Ces deux os ne différent qu'en groflcurjils ont la
dc"com-°"^ même iongueurjcar file tibia monte plus haut, le
ir.un. péroné defcend plus basj ils ont tous deux une figu-
re triangulaire , celle du péroné eft plus irregulie-
reiils font articulez enfemble par leurs extrémitez,
ils font fcparez par leur milieu pour faire place aux
mufcles,& pour laifTer palFer les vailleaux : ils ont
tous deux le nom de focile , avec cette différence
^ue le tibia eft apelle le grand focile , & le péroné
le petit focile.Us font aulTi tous deux chacun une
malléole , qui eft ce que l'on'apelle autrement la
cheville du pied; Ce font ces deux cminences qui
font aux parties latérales du pied , donc le tibia
forme la malléole interne , & le péroné l'eiternç.
VI 1 1. & dernière Démonflration. ii^
Le ribia eft le plus gros des os de la jambe , il F
cft cave dans fa long'.'.eur pour contenir de la ' '^'
moelle i il eft ikué en dedans de la jambe , nous y
confiderons deux cliofes, içavoir les articulations
& fes parties.
Il eft articulé par fes deux extremîtez, par gin- Articula-
glime,celle denhaut en fait un avec l'os de la cuif- f'o"* '^^ 'i-
[e , iSc celle d'enbas en fait une autre avec un des
os du tares, que Ion nomme aftragale.Il eft encore
joint avec le péroné par artroidie par fes deux ex-
ircmîtez , mais latéralement. Le péroné a une pe-
tirécavitéà fa partie fnperieure qui reçoit le ti-
bia, (Se par en bas il a une petite éminence qui eft
reçue dans le tibia.
Ce dernier os a trois parties , fçavoir une fnpe-
rieure , une moyenne , &c une inférieure.
La partie fupcrieure ell: la plus cri-odè détour t.u .j
1 os , elle a dans ion milieu une apophile , qui elt c.oia.
reçue dans la cavité qui eft au bout de l'os de la
cuille.ll y a aux deux cotez de cette apophife deux
légères cavitez qui reçoivenc les têtes du fémur.
Leur profondeur eft augmentée à chacune par uii
cartilage lunaire , qui ne laifte pas d'être mobile,
quoiqu'il foir jittaché par des ligamensjil eft mou,
gUlfant , & abreuvé d'une humeur gluante ; il eft;
épais au bord , & délié vers le centre j ce qui lui
a fait donner le nom de lunaire,
La partie moyenne du tibia eft prefque trian- H
gulaire, ayant trois angleSjdont le plus remarqua- j^^j^^^'*^'^
ble , que l'on apelle crête , ou épine , eft long &C
aigu par devant , comme le taillant d'un couteau^
d'où vient que les coups que l'on reçoit à cette
partie font tres-fenfibles , à caufe que la peau &
le periofte qui la recouvrenCjen font foirvenr^-ôa-
pez i à meiure que cet os auroche du pied , il di-
H ij
iï6 Des Os des Pieds,
minuc en groflTeur , mais auiîi en recompenfe il
devien: plus dur.
j La partie inférieure du tibia fe termine en deux
Le bas du légères cavitez qui reçoivent les éminences de
cibia. i'dllragale ; & du milieu de ces cavitez , s'élève
une pctire éminence qui eft reçue dans la cavité
qui le trouve à la partie fuperieure de l'aftraç^a-
le } (5c à coté de cette cavité ^ il y a une éminence
allez groife qui forme ïa malléole interne , laquel-
le empêche la luxation du pied en le tenant fer-
me.
K Le péroné eft le plus menu des os de la jambei
Lcpcrone. cependant il arrive (ouvent dans les fradures de la
jambe,que le tibia fe cairej& que celui-ci demeu-
re dans Ton entier , parce qu'étant plus délié , il
obéit mieux, 3c que ployant un peujîl ne fe rompt
pas Cl facilement que i'autre.U eft fitué à la partie
externe de la jambe.
Articuln- ^'^^ °^ ^^ articulé parfes deux extremitez avec
fions du pc- le tibia par iine efpecc d'artrodie terrée , qui eft
ronc. fortifiée par un ligament tant en haut qu'en bas.
Cet os a trois parties , qui font une fuperieure ,
^ une moyenne ; ôc une inférieure.
Le haut du La fuperieure eft une tête ronde qui ne touche
péroné. p^g ^u g^niou , fini {Tant un peu au delFous , à l'en-
droit où elle s'articule avec le tibia.
M La moyenne eft grelle &c longue, & de figure
Le milieu triangulaire , comme le tibia, mais un peu plus ir-
dttPCione. P. ^ ^
rçguhere.
N L'inférieure a encore un condile qui fait une
pcroné!^ " apophife , que l'on apelle la malléole externe.Ellc
eft un peu cave en dedans , pour lailTer la hberté
à l'aftragale de fe mouvoir librement, & un peu
voûtée en dehors, pour avoir plus de force à rete-
nir l'aftragale. Il eft à remarquer que l'extrémité
V l IL & dernière Démonflratlori, 1 1 7
inférieure de cet os defcend un peu plus bas que
celle du tibia.
Touc ce qui eft compris depuis l'articulation in- O
fcrieure de la jambe jufqu'aa bout des doigts, s'a- '-^Pie'l'
pelle le pied proprement dit , il eft compofé du
tarfc , du metatarfe , & des orteils.
Le pied eft de figure oblongue pour mieux faire p
fon action; & pour fe tenir plas ferme. Il cft plus ^^ P'<^d rc-
long que large , afin que l'homme ne tombe pas pUnte'^'^^^
fur Le nez en marchantjiSc qu'il ne foie pas oblio-é
de trop écarter les janibes.
Sa partie iuperieure 5c externe eft convexe pour
aider à former la cavité qui fe trouve dans la partie
inférieure <5-: interne , apeilée la plante du pied:
cette cavité a fes ufages y car outre qu'elle donne
beaucoup de commodité à marcher & à fe tenir
ferme , elle laillc encore le palFage libre aux ten-
dons qui vont aux doigts, èc elle loge un de leurs
flechilleurs.
Le tarfe , qui cft la première & la plus grolle CL
partie du pied , eft un airemblage de fept os, Leurre,
dout il y en a quatre qui ont des noms particu-
liers, & trois autres qui n'ont que celui de cunéi-
formes.
Le premier eft l'aftragalejil fert comme de bàfe j^
aux os de la jambe , fous lefquels il eft articulé ; L'^iflragaie.
on y coniîdere hx faces. La première , qui eft la.
fuperieure , eft polie £-: faite en forme de poulie,
fur laquelle le gros os de la jambe eft pofé.
Cette partie a la figure de la noix de l'arc des
Anciens ; c'eft ce qui la fait appcUer l'os de
l'arbalefte ; la féconde face , qui eft l'antérieure,
elt une grolFe tète qui entre dans la cavité de
l'os naviculaire , avec lequel l'aftragale eft for-
tement articulé \ la troiftérae , qui eft la pofte-
H iij
1 1 8 Des Os des Pieds ,
rîeure, s'anît forteraenr avec le calcaneum , dont
il reçoit la ccte : la qnatriéinc, qui eft l'infeiieu-
xe , cil rabotcufe &: inégale ■■, elle fe relevé en des
endroits , & fe rabaifle en d'autres. La cinquiè-
me <:<: la lîxiéme face de l'aftragale ionc les deux
latérales , qui Ion: renfermées par les deux mal-
léoles.
, ^ , il fe trouve dans ces parrics une humeur elaircu-
Le caica ^ . , „ ^ f , . , ^ . „
neum. le,qui humecte non-leulement cet article qui elt
dans un ntouvement continuel , mais encore les
rendons des mulcles qui Vvont au pied , & qui paf-
fent par de Hou s les malléoles.
Le fécond os du tarte cfl le calcaneum ou l'os'
du talon ; c'eft le plus grand , le plus épais & le
plus poreux de tous les os du tarfe , c'eft lui fcul
qui empêche que le corps ne tombe en arrière ,
étant iicué à la partie pofterieure du pied ,& les
antres a l'antérieur ; c'eft pourquoi il eft appelle
par quelques-uns Tos de l'éperon ; c'eft' à lui que
s'infère le tendon d'Achille, qui eft le plus gros
& le plus fort de tous les tendons , étant compo-
fé du folitaire 6c des deux jumeaux , qui font les
trois mulcles principaux qui forment le gras delà
'jambe; cet os eft doublement joint avec l'aftra-
gale , quoi-qu'il le foit aufîi par une tête plate
avec l'os cuboide , l'on reraarque qu'il y aune
cpiphîfe à fa partie pofteriçure qui ne s'unit avec
lui qu'avec le rer s ; enfui cette avance pofte-
rieure eraoêche que le corps ne fe porte trop en
derrière.
^T ., Le troifiéme eft le fcaphoide . ou naviculai-
jç^ rc , amd areile , parce qu il rcHemble a un petit
navire, il a une cavité alVcz grande , qui va d'un
de {es bouts à l'autre , dans laquelle la grolFe
tète de l'aftragale eft reçue , ce qui les joint for-
VIII- & dernière Demonflratlon. 119
tcmenr cnfcmble j & de Tautre coté de cette cavi-
té il a troiséminencesoLi les trois derniers os du
taiTe s'aiticulent.
Le quatrième eft le cuboïde , ainfi nommé par y
«|uclcju'iin , parce qu'étant quarré , il a prefque ^* *^'^^^i^<^-
la forme d'un cube , & par d'autres multiforme ,
il eft: plus grand que les trois que nous avons en-
core à déraontrer , il eft fit ué au devant dti catca-
neum, auquel il cfl: joint par une fuperficie inéga-
le^il s'articule encore avec le feptiéme os du tarie,
& fi on l'examine ieuljon lui trouve iix faces com-
me à un dé. VYY
Les cinquième , fixiéme , & feptiéme os du rar- Leicuneï-
fe font appeliez cuneiformes.parcc qu'ils ont la fi- f->nijcs.
gure d'un coing à fendre du bois.Qiioiqu'ils folent
entr'eux femblables en figure, néanmoins ils diffé-
rent en grandeur ; il y en a un plus grand que les
autres, un autre moyen , & l'autre plus petit ; ils
font articulez tous trois à l'os fcaphoïde par une
de leurs extrémitcz , 8c par l'autre ils foucicnnent
chacun un des os du metatarfe , les deux autres
étant foûtenus par le cuboide.
Le metatarfe ou avant pied eft compofe de cinq ^
os fituez à côté les uns des autre»; pour foûtenir fc. '"^^^''*'"'
chacun un doigt ; ces os font fort ferrez par leur
extrémité, qui (e joint avec le tarfe pour la ferme-
té de l'articulation j mais ils s'écartent par leur
partie moyenne pour loger les mufcles inrerof- T\gmcAn
faux. Ils font convexes en dehors , & caves en metatarfe.
dedans pour y recevoir plus facilement les ten-
dons des mufcles ; ils font longs & grefles j ils
finillent par une petite tête , qui entrant dans la
cavité qui eft au bout des os de la première pha-
lange des doigts les unit enfembîe par artrodie.
Celui qui foûcient le poiice eft le plus gros , le
H liij
îjo \-^..^^^es Os des Pieds,
plus fort , & le plus court dcj cinq; le fécond n'cft
pas il gros : le troiliéme l'eft encoie moins;de for-
te qu'ils vont toujours en d!minuantj& que celui
du petit doigt eft le plus petit de tous, ils ont a
leur extrémité la plus grcfle une tcte endirite d'un
petit cartilage pour la facilité du mouvement des
doicrts.
T ^ , Aux os des orteils , ou doiçts du pied , on con^
Le oîdcs ;- , , , ,- , ^ j 1 •
«irtciis. iiuere les menées choies qu a ceux de la main , ex-
cepte leur nombre , qui n'eft que de quatorze au
pied , & de quinze à la main , a caufe que le pou-
ce du pied n'en a que deux 3 & que celui de la
main en a trois.
La railon eft , que le premier os du pouce du
pied cil: mis au nombre de ceux du mcratarfe ,
n'ayant pas plus de mou veinent que les quatre au-
tres ; ce qui fait que le metatarle eft compofé de
cinq os , à la dilferencc du métacarpe qui n'en a
que quatre, parce que le mouvement du premier
ou du police de la main fe fait fur un des os du
carpe , comme je vous Tai fait remarquer en le
démontrant,
Quarci?e Des quatorze os des doigts du pied , il y en a
os :^u.\ei- (jetjx pour le poûce,& trois pour chacun des qua^
leurs ani- tre autres doigts; ils lent diltribuez en trois ran-
cuiaiions, gées , ou phalanges ; comme ceux de la mainjceux
du premier ordre font plus grands que ceux du fé-
cond j & ceux du troifîéme plus petits que les au-
tres , &c aîniî du refte ; ils ont la même figure que
ceux de la main^ car ils font convexes en dehors^,
& caves en dedanspls ont aufli les mêmes conne-
xions 3 fcavoir par artrodie avec les os du meta-
tarfe, & par ginglime entr'eux.
L'on trouve aux jointures des os des mains &
des pieds quelques pllelets fort petits , qu'on ap^
VI ï I.& àermere Demonflratlon. m
pelle feramoides à caufe de îa relVeinblance qu'ils
ont avec la graine de fefameàls fonî: adherans aux
tendons, fous k-lqucls ils lont cachez & envelopez
dciiis des lîganiens , de manière qu'on ne manque
point de les ôter , lorfqu'on nettoyé les os pour
en faire un fquelete , à moins que l'on n'y prenne
garde de bien prés.
Leur figure eft ronde comme un petit poîs,étant osleiamo^^
i\n peu aplatis, & même caves du coté qu'ils tou- des.
client les autres os , & ronds du côté qui recrarde
la partie externerceux de la main font plus grands
que ceux du pied, à la teferve de ceux du pouce
du pied , qui font les plus grands de tous; nean-
n^ioins ceux de la main ne font pas tous de même
groifeur ; car ceux des grands doigts font plus
grands que ceux du petit doigt; ceux qui font aux
jointures des os de la première phalange font aufîi
plus gros que ceux de la féconde , & de la troi-
iiéme.
Leur nombre eit incertain,quoi- qu'on en com- Nombre
pte ordinairement douze à chaque main,& autant ^..?^ ^'^*"
a chaque picdjil y en a quelquerois plus , <x quel-
quefois moins ; L'on en trou%# davantage aux
vieillards qu'aux perfonnes moins avancées en
âge , parce qu'ils commencent par des petits carti-
lages qui s'olîihent avec le tems.
Ces os, quoique petirs , ne font pas inutiles , U'agc drs
• 1 r r \ .-r • ' • • os Icramoi-
car ils ne^lervent pas leulement a atrcrmir les arti- des.
clés j (Se à empéclier la luxation ; mais leur princi-
pal ufage eft de fervir de poulie aux taidons des
mufcles qui vont aux doigts , afin de les retenir
dans leur place , &c d'empêcher qu'ils ne tombent
de deflus l'article , y ayant pour cet effet des os
fefamoides à droite & à gauche des tendons.
Voilà , Meliieurs , tous les os que l'on a accoû-
1 i 1 Des Os des Pieds ,
Nombre tiinié de démop.ircr au corps de l'homme. Il y en
ijy.os iW-'''^>-ii ajoutenc encore quelques oflelcts qui fe ren-
y coiiiPicn contrent tantôt à la main , tantôt au pied , & tan-
nici îrs 3c ^^z rai jaret ;. mais comme us ne s y trouvent que
Di-l/j'iïJc. rarement, ils ne méritent pas d'être mis au nom-
bre de deux cens trente - neuf qui compofent le
rquelc;c.
Nous continuerons dans la fuite nosDémonf-
trations Anatomiques dans le même ordre que
noas a\'ons gardé pour les Os; & nous accommo-
dant aux nouvelles découvertes , nous tâcherons
de vous- faire voir l'homme tel que nous le con-
noiflTons aujourd'hui.
^r,
IX
pi^'3
1 X
L'ANATOMIE
D E
UH O M M E'
SUIVANT LA CIROTLATION
du San^, 6c les dernières Découvertes.
PREMIERE DE'MONSTRATION.
Des Parties contena'ites.
S^^ E ne rne fuis point piopofé dans ces Démon- Anrrop'ïlo-
^pm Ih-arions , Mcffieurs, de vous faire l'Eloge f'!^.vs%"*'"
de l'homme , ni de m'érendre fur les avantages- Tniiinme.
qu'il a fur le reftc des animaux , parce que ceite
matière nous mcneroic trop loin.Sans nous anccer
dune à vous faire remarquer ce qui Téleve au.def-
fus de tout ce que nons voyons dans l'Univers; je
commencerai d'abord par vous dire, que la Scien-
ce qui nous conduira la connoiiTance de l'hom-
me , s'apelle Antropologle.
Cette Science renferme deux parties; la premiè-
re traite de l'ame , qu'on nomme Pfycholoî^ie,
dont je ne vous parlerai point ; & la féconde fait
connoître le corps (Se tout ce qui en dépend , c'ell
ce qu'on apellc Anatomie.
124 Anatom'te de l'Homme y
Tt-fîniron On la définit, une direction arcihcielle que l'on
de^ ana£o. £,jj. ^.^^^^ corps pour connoître les parties qui le
compûfent. Elle fe divile principalement en deux
parties , qui font i'Ofteologie& la Sarcologie j la
première traite des os & des cartilages \ & celle-ci
des chairs Se autres parties molles.
Après avoir amplement expliqué tout ce qui re-
garde les osjdaus les huit Demonftrations que j'en
ai faiti-'S : if Jie meretie prcfentement qu'à vous
' démontrer les parties molles ; mais pour le faire
avec ordre , Il faut diviier la Sarcologie en trois;
en plancimologie » en Myologie, & en Angeiolo-
gie.La première fait l'hiftoire de toutes les parties
internes , & particulièrement des:\'ilccrcs i la fé-
conde iniiruît des muicle. 5 6l la .troiliéme , des.
vaiiïeaux , qui (onz les nerfs, les artères , les vei-
nes Se \i:-y va)lic;aux lymphaciques.C'ell de ces trois
parties dont j'clpere vous entretenir, & que je tâ-
cherai de vous Faire connoître à fond dans le cours
de nos Demoiiftrations.
L'Anato. La Science de l'Anatomie eft fi utile & fi
foiumcnt svantageufe a tous les hommes , & principaîe-
nec.fl^irc ment a ceux qui pratiquent la Médecine &c la
aucM.'ff- Chirureic , qâ'ils ne peuvent la ne^lig;er fans
ti s (5^ aux D ^ 1 r t-. r r- -r
C-rar- renoncer entièrement a leur Prorcilion , puil-
§icnî. qu'elle en eft la bafe & le fondement i & qu'il
eft absolument impofiible qu'ils puilTent jamais
guérir aucune maladie , ni faire aucune Opéra-
tion , s'ils ne connoillfnt auparavant la partie
aftligée , car à quels dangers les blcflez ne fe-
roknt-ils pas expofez , fi le Chirurgien qui doit
leur faire une , incihon , ou un trépan , ou re-
tirer du corps une baie ou an éclat de grenade,
ne Içavolt pas commentées parties font faites?
pourroic-on fans cela guérir tant de blcifez , <Sc
Première Démonjiratlûn, 12 y
faire d'aufli belles cures que \'o\\ en fait à l'Ar-
mée , où il arrive tous les jours des playes fur-
prenantes.
Celt pour cette raifon , Mefïïeurs , que le Roi J^"^;fjj^!
qui connoît mieux que perfonne de quelle utilité i,atomic»du
lont les Chirurgiens habiles, a voulu que les exer- ^^^^°
cices du Jardin Royal , qui avoient été interrom-
pus pendant plu(ieurs années, fullent renouveliez,
afin que l'on y fit gratuiremenc des'Anatomies pu-
,bliques,& que l'on y enfcignât toutes les Opéra-
tions de Chirurgie,pour faciliter aux Etudians les
moyens de fe perfedbionner dans un Art auquel
fa Majefté doit la confervation de fes plus grands
Capitaines.
qui 11 avoit deja confie le loin de la lante , choi- rcçc
fit alors Monfieur Daquin fon premier Médecin , '^^^ï^^ ^^
pour y rétablir les Sciences ; ce qui fe continue
encore aujourd'hui avec tout un autre fuccez
fous les ordres du fameux Monfieur Fagon , que
fa Majefté a exprcffément choifi pour fon Pre-
mier Médecin , de forte qu'on peut dire que
cette Ecole eft à prefent la plus belle <5<: la plus
florilfante du monde.Le choix même que ce grand
homme a fait des Profefieurs habiles , tant dans
l'Anatomie & dans les Opération? , que dans la
Chymie, & dans les Démonftrations des Plantes ,
nous fait connoître quel eft fon amour pour ces
Sciences , & combien il a de bonté pour ceux qui
s'y apliquent.
C'ell pour nous conformer à fes ordres que nous ^" ordre»
vous rerons remarquer dans cette Anatomie tou- cutez.
tes les curieufes Découvertes des Modernes , &:
que nous réfuterons l'erreu^r des Anciens , qui
i 2(j Anatomie de l'Homme ,
croyoient que le iang le mcuvoit du milieu cîiî
corps vers les ^xtrcmitez , îans jamais rcrourner
en aniererqu'il n'avançoit qu'a melinc que quel-
que portion s'en cchapoïc par les extremitez de Tes
vâilîeaux pour noi'.nii l'animal, ts: que le cliile ëtoic
porte au foie par les vénes mefeiueriques , comme
au principe de la (auguihcaiion.Ces Icntimensonc
éré reçus des Anciens fans aucune preuve , en des
tems où l'on faifoir Iciupule de douter, que les
premiers Anatomifte^ eulfent été capables de (e mé-
prendre. Maisàprefcnt que l'on ne fe ioûmec plus
aveuglement à l'autorité dans ces fortes de. matiè-
res , & que l'on recherche les railons que les pre-
miers Auteurs de certaines opinions onr pu avoir
pour les rétablir ; Cette dodrine ne paroîc plus
qu'une pure imagination fans fondement , a la-
quelle on ne doit point s'arrêter.
Le corps ce Pour venir donc au Sujet qui nous airemble,&
jj^'^J"g^^^^l^*^ vous donner les lumières que vous attendez de
l'Anacomie. moi dans cette Anatomie ; je croi, Meffieurs, que
vous conviendrez avec tous les natom'llics , que
le corps de l'homme eft le plus propre qu'on puille
ie propofer dans ces fortes de Démondrations, non
feulement parce qu'il e(V le chef d'œuvre de la
Nature , & par conlequcnr le plus parfait de tous
les corps , mais encore parce qu'il eft beaucoup
plus avantageux aux Médecins &aux Chirurgiens
deJe connoître, que tout autre.
Dans l' Anatomie il y a deux manières de con-
noître l'homme , fçavoir par les lens & par le rai-
fonnement : mais l'on peut dire que celui ci dé-
pend en quelque façon de l'autre -, c'cft' pourquoi
nous commencerons par les parties fenlibles, parce
qu'elles donnent toujours occahon au raifonne-
ment de porter fon jugement fur ce qu'il y a d ih-
fenhble dans l'homme.
Première DémO'iJlrat'iOfj. 127
Ces parties font externes ou internes , sk. quoi- Lei psmes
, r , r 1 f qui corn po-
que les unes & les autres tombent tous les lens , knciccorpi
il y a néanmoins cette différence , que les pre- i^^i'i^ala.
mieres fe prefentent d'elles-mêmes à nos yeux,
comme une tère , des bras oC des jambes , &: que
les autres ncfe découvreat qu'après quelque pré-
paration.
On ne remarque aux pavnes externes que la Proportion
^,11.- . > w <i^s parties
propc^cion qu elles doivent avoir enrr elres ; par cxccrncs.
exemple , la tête doit être d'une grolfeur propor-
tionnée au refte du corpsjmais pourcantplus groG»
fe que petite , d'une figure ovale , aplatie par les
côtes , & avancée en devant & en dertriere , par-
ce qu'elle ne doit être ni ronde , ni pointue ; il
faut que le front (oit grand , les traits du vifage
forts,peincipalement aux hommes,C]ai ne doivent
pas fe piquer de beauté. Le col doit être long &
point trop grosda poitrine large , ample ^c élevée
en forme de voûtCjparce que (i elle étoic pointue ,
plate ou enfoncée , le cœur & les poumons n'au-
roient pas la liberté de fe mouvoir. Les mammel-
Ics des hommes doivent être moins élevées que
celles des femmes ou des filles, il faut que le ven-
tre foit un peu élevé & en rond : L'épine du dos
doit être droite \ les felfes un peu CTrolfeç ; les han-
ches avancées ; les cuî(îes rondes & fermes ; les
jointures iarcres , les jambes bien tournées & un
peu grolfes ; le pied lari^e , les bras charnus , point
trop longs, bien proportionnez au corpsjmais fur
tout que les mufcles & les vénes y paroilfent : &C
enfin que les mains foient fortes pour mieux refif-
ler au travail.
Les parties de l'homme fe divifent mieux en fi- DmCondcj
•1 ♦ o iT^ M • T r M • /r parties en
m!laires,& en dillimilaires. Les limiUires lont i;ixiijajrrs^r
toiles qui ne font point compofées de particules ^". J ■ «i-
I io Anatomle de l'hlomme^
de différente nature. On en compte dix,qui font
les os , les cartilages , les ligamens , les membra-
nes , les fibres, les nerfs , les artères , les \'iwts ,
les chairs ik la pean.
dcj psrcies ^" prerendoit autrefois que ces parties ctoîent
finuiaires OU fpermatiques , ou fanguines , ou mixcesjon ap-
mTicls! peJloit parties Tpcrmaciques^ celles dans lefqueU
Ics on cioyoit qu'il y eu: plus de femence que de
fang , comme dans les huit premières : on^nom-
moit languines , celles dans lefqucUes on faîfoic
dominer le fang , comme dans les chairs j &
Ton donnoit le nom de mixtes à celles que l'on
croyoit être compofées également de femence Se
de fang , comme la peau.Maîs les recherches des
Modernes nous ont aprisquc ces parties étoienc
toutes fpermatiques , parce qu'elles fe trouvent
dans l'œuf, comme nous vous ferons Voir dans
la fuite.
Parties d'à- Les parties dilîiinilaites font celles qui font
imiair . compofées d'autres parties de différente nature ,
comme le doigt qui fc peut diviier en os.en nerfs,
„ . en artères , &c
Parties or- -^ . .1 ,
gam^ucs. Outre toutes ces parties il y en a encore qu on
appelle organiques , parce qu'elles nous fervent
d'organes &z d'inftrumens pour certaines allions
que nous ne pourrions faire fans elles , comme
le pied qui nous lert à marcher ; & la main à
écrire.
Quelques-uns ont prétendu qu'il n'y avoît que
les parties dilîîmilaires qui fuffcnt organiques : Ils
les ont même-fouyent confondués,mais mal à pro-
pos , puifque les artères , les vénes, les nerfs , dc
les os qui font des parties fimilaires , ne font pas
moins organiques , à raifon de leurs fondions ,
que le pied &c la main.
t Tour
Première 'Démonflratîort. iiç)
Pour bien faire la Démonftration de toutes ces Divifion da
1 '1 Ti r \4 r corps de
parties les unes après les autres : Il tant , Met- l'hommc,
lleurs, cUviferle corps en tronc, &c en extremicez:
quoique cette divilîon foit fort commune, elle ne
iailfc pas d'être la meilleure , & la plus claire de
toutes. Les autres à la vérité font plus étendues ,
mais tres-cmbarrairées & fort obfcures.
Par le tronc , on entend trois parties ou trois Qu'cft-ce
régions principales , qui font la tête , la poitrine, ^"^ '**^"'="
&c te ventre 5 la tête eft au lieu le plus élevé du
corps y la poitrine eft au milieu , &; le ventre en
ocupe la partie inférieure.
Les extrémitez font quatre ; fçavoir deux fupe- Qudics
rieures , que Ton apelle les bras ; & deux inferieu- ^'^^^ lecefV
• r 1 • I -KT 1 j 1 trcn)uezdu
res , qui (ont les jambes. Nous parierons des bor- corps.
nés que la Nature a données à toutes ces parties,
en les démontrant chacune en particulier.
Les fcntimens des Anatomiftes font partagez Trois or-
fur le choix de la partie par laquelle on doit corn- miquci.
mencer j les uns difent qu'il faut que ce foit par
le cerveau , parce que c'eft la partie la plus noble
du corps , & que c'eft lui qui commande à toutes
les autres : ceux qui font du fentiment contraire
prétendent que toutes les parties de l'homme font
égales , ayant été formées en même tems,&: ne fe
pouvant palier les unes des autres \ & qu'ainlî on
doit commencer par la partie qui fe prefente U
première j les uns fui vent l'ordre de dignité, & les
autres celui de fituation ; Nous lailferons l'un &C *
l'autre pour nous alfujettir à l'ordre de necciîlté,
fuivant lequel nous commencerons par le ventre,
à caufe qu'il renferme les excremens,& les parties
les plus fujettes à fe corrompre, & qu'on ne pour-
roit faire une Anatomie enticre,fi on ne commen-
çoit par les ôter.
I
1 3 o Des Parties contenantes communes,
Dcfinîticn Le vcntre ell toute cette cavité qui s'étend de-
du venue. • i j* l - c ^^ u l- ^ •
puis le diaphragme juiqu a l os pubis. Quoique ce
mot de ventre convienne à tout ce qui eft creux ,
néanmoins cette partie en retient le nom par ex-
cellence, e'tant la plus grande cavité qui foit au
corps. On l'apelle ventre inférieur pour le diftin-
guer des deux autres fuperîeurs.
îubftancc. La fubftance du ventre eft molle & charnue
du ventre, p^^. (J^ya^n- ^ ^q^ Vient qu'il peut s'étendre & fe
relîerrer librement , tant pour faciliter la co6lion
des alimens , & l'expuliloii des excremens , que
pour donner de l'efpaceàla matrice pendant les
groiïèires. Il eft borné en haut par le cartilage
xiphoide & par le diaphragme , par les cotez , des
fauiVes côtes, par en bas en devant , de l'os pu-
bis ; par les cotez, des os des hanches j & par der-
rière , des vertèbres des lombes & de l'os {a.^
cru m.
I5i7!^on du Le ventre fe divile ordinairement en partie an-
terieurc oc en polterieure , i antérieure , qui elt ce
que nous apellons abdomen , fe divife en trois ré-
gions, dont la partie fuperieure s'apelle Epîgaftri-
queja moyenne Umbilicale , & l'inférieure Hypo-
gaftrique; la première commence au cartilage
xiphoide ;& finit deux travers de doigts au deliiis
de l'umbilicj la féconde commence où finit la pre-
mière , & fe termine environ deux travers de
doiec au delïous de l'umbilic ; & la dernière dé-
ccnd jufqu'à l'os pubis.
AA Chacune de ces trois régions fe divife encore
Lrpigaftre, çj^ j.j.qJ^ parties , fçavoir une moyenne ,& deux
latérales. La partie moyenne de la région épi-
gâftrîque eft appellce Epigaftre , & les latérales
Hvpocondres , dont l'une eft à droite , 6c l'autre à
gauche.
Première Vémonflratîon Anàtomi 131
Comme il cfl: nccellaiie que le Chirurgien fea- LcChirUU
che diftinguer les différentes parties qui fon. con- i^'avo^r^es
tenues dans ces trois régions , il eft à propos de les parties con-
r . 1 ' 1 1 tenues aart
t-aire remarquer les unes après les autres tan: dans ce. roisrc;-
la partie moyenne , que dans les latérales \ l'épi- giom.
gaftre renferme le petit lobe du foye,& une partie
du ventricule avec fon orifice inférieur; & là par-
tie moyenne du colon ; l'hypochondre droit con-
tient le grand lobe du foye & la veflîcule du fiel;
& le gauche la plus grande partie du ventricule ,
6l la rate»
Le partie moyenne de la res,ion umbilicaîe fe ^^, .,•-
^ 1 .1.' 1 •! r • 1 1 L'urabuie
nomme umbihc ou nombril ; les parties latérales
font les deux lombes, un de chaque côtéjl'umblliç
renferme la plus grande partie de l'intcîtin jéjunum
& le meienrere; le lombe droit contient le rein
droit-, l'intcflin cœcum , & une partie du jéjunum
& du colon; & le gauche le rein gauche & encore
une partie du colon èc du jéjunum.
Le milieu de la région hypogaftrîque s'appelle qq
Hvpogaftre ; fes cotez font les Iles \ ou les flancs; L'hypog*?
fous Phypogaftre on y trouve le redtura , la vciîie
& la matrice aux femmes ; les Iles font ainh apel-
Icz , parce qu'ils contiennent Tinteftin ileum.
La partie balfe de la région hypogaftriquc fe di- DD .^
vife aufîi en trois ; en la moyenne, que l'on nom-
me le penil ; & aux deux latérales , que l'on apel-
le les aines. Le penil commence à le couvrir de
poil à l'âge de quatorze ans ; les aines donnent
paffage aux vailfeaux fpermatiques-.c'eft à ces par-
ties où il ne vient que trop fou vent des rumeurSj
qu'on nomme bubons.
La partie poftericure du ventre s'étend depuis^- cicrrîcrô
1 j '^ . ^ , . r , 1 r 11, r ^ du vealtc
les dernières cotes julqu a la nn de l os lacrum :
Elle fe divife en fuperieure que l'on nomme le
13^ *T)es Parties contena/ites communes,
rable , & en infcneure qu'on appelle les fefl'es ,
enrre lefquelles il y a une raye & un trou apellé
Tanus , qui eft régoùc des plus gros excremens à\i
corps.
Divifion da Le ventre cil cctue cavité qui contient & renfer-
ventrcen , . - , \ . ,
partie con- nic les parties qui lervent a la nourriture Cc a la
tenantes & vénération. Il eft coraporé de deux (ortes de par-
tiesjuont les unes lont externes ce contenantes, oC
les autres internes & contenues.
Quelles Les premières font communes ou propres ; les
parcks^con- P^^^^^s contenantes communes , que l'on apelle
icnanics. autrtment les tégumcns , iont l'épiderme ou fur-
peau , la peau & la graiife. Les parties contenan»-
tes propres font les mufcles de rabdomen & le
péritoine.
Ce qu'en Avant que de de'couvrir les mufcles du ventre ,
appelloiL il efl; i^ propos de vous dire que tous les /anciens
membrane: o . ,\ *• , ,, , ^ o j'
charnue. t>^ la plupart des Modernes comptent ùC demon-
ticnt encore cinq tégumens : ils regardent le pan-
uicule charnu , comme la quatrième eiivelope du
corps ; c'eft félon eux , une membrane épailfe qui
couvre tout le corps &: qui devient même mufcu-
leufe en'quelques endroits.Mais ce pannicule char-
nu ne doit point être compté pour une partie con-
tenante du ventre j puilqu'il n'y en a poin.r dans
l'homme, & que ce que l'on montre , n'cft autre
chofe que la membrane de la grailTe.
Sennnens ^^^ Anciens lui ont donne l'uia^e de rider la
des Anciens . ^ t>
furlanicm- peau ; mais par tout ou nous voyons que la peau
branc char- [g fide, il y a des mufcles particuliers que l'on
nue. ' -^ r 1 r 1 '
nomme cutanez , comme au rront , le rrontalj a
l'occiput , l'occipital ; au fcrotum , le dartos. Ils
ont dît que ces mufcles faîfoient des mouvemens
parc!culicrs,mais non pas par tout le corps ;& qu'oi^
neles rcmarquoit qu'aux endroits où il n'y avoù-
Première Démontrât ion Anatom. 135
point de graiffe encre le pannicule charnu ^ la
peau , ce qui eft faux j car on ne rencontre feule-
ment pas de graillé en$i.e lui & la peau , connue
au front & à l'occiput , <Sc même dans les ani-
maux qui remuent leur peau,on trouve de la gra{^
fe entre le pannicule charnu & la peau. D'ailleurs,
ce pannicule charnu dans les animauxell un muf-
cle cutané, aulîi bien que le darcosdont nous
avons parlé.
La cinquième & dernière enveloppe du corps erreur fur
écoit encore, félon les anciens, la me mbrane com- ne^ommu-
mune des muicies j ils la nommoicnt de la force , ««^desmal-
parce qu'ils difoicnt qu'elle lesconcenoit tous : *" ^**
mais c'ell une erreur ; chaque mufcle a fa mem-
brane propre , & l'on içait que cette prétendue
membrane commune ne fe trotive point dans
l'homme ni dans les animaux , à moins ne qu'on
prenne pour elle, quelque aponevrofe,oa la mem-
brane propre du mufcle, comme on a coutume de
faire au ventre inférieur.
L'épiderme eft une membrane très déliée , &: ee
fortement attachée à la peau qu'elle couvre, d'où L'cpidc:
vieiK qu'elle ell; un tégument comme les autres j
Q^uelques-uns la nomment la première peau j
d'autres la cuticule, à caufe qu'elle elt mince com-
me une pelure d'oignon , & d'autres enfin l'épi-
derm.e, parce qu'elle eft lîtuée immédiatement lur
le derme , qui n'cft autre chofe que la peau.
La plupart des Auteurs difent que l'épiderme Origincfîc
eft fait d'une vapeurhuilcufe, gluante & humide ^^^^ f^^*^
qui exhale de la peau &: des parties qui font fous Anciens,
elle ; & que cette vapeur s'endurcit par l'air qui
frape continuellement nôtre peau ; ils nous don-
nent en;même tems la comparaifon de cette peti-
te peau qui fe fait fur la boiiillie aufli-tôt qu'on
terme
154 Des Parties contena-ntes communes ,
la laifTc repofer : Mais ce fentimcnr a bien cîe îa
peine à s'accorder avec Texpeiience, qui nous fait
voir que les enfans qui Tont encore dans la matri-
ce, & qui par confequent n'ont point été touchez
de l'air , ne laillent pas d'avoir un épidémie ; cela
eft li vrai , que lorfqu'une femme avorte \ ( queU
que âge qu'ait l'enfant ) on le trouve allez épais
pour le diftinguer de la peau. On le voit même
s'en leparer à des avortons qui font reliez quel-
que tems morts dans la matricei ^infi l'on ne doiç
pas douter que l'épiJerme , comme toutes les au-
tres parties , ne fe trouve toujours renfermé dans
Vceuf.
Ce qui doit confirmer encore dans cette opi-
nion , c'ert que ces mêmes Auteurs lui donnent
l'ulage de boucher les orifices des vailTeaux qui
aboutilîent a la peau , afin d'empêcher par ce
moyen l'écoulement qui fe fcroit par ces mêmes
orifices , ce qui ne pourroit fe faire dans un fœtus
lorfqu'il eft encore dans la matrice , parce qu'il
n'auroit point d'épiderme , faute d'avoir été tou"
ché par le froid de l'air.
V:gi:re Hc L'Epidcrmea la même figure & la même gran-
ÎEpidcrmT ^^'^^ ^"^^ ^^ P^^^^ ' P^'^^c qu'il en fuit les dimen-
fions , lorfque le corps groflit , ou diminue : Il fe
fepare de la peau dans les brûlures, mais il fe ren-
gendre auffi. très-facilement , fans qu'il y paroiir©
après.
VEpiJe'ire Qiielque adrelFe qu'ait un Anatomifte , il ne
neie:-ieut peut dilfequer cette cuticule, ni la feparer de la
raj diflc- ^ ^ I r • . ' 1 k ^1
quex. peau pour la raire voir , qu en la brûlant avec
Ja fiame delabouc^ie, C'eft elle qui fait ces giof-
Çts puftules , lorfque l'on applique d.s vefica-
toires en quelque p,.rtie du corps j quand elle fe
fepare d'elle même de la peau a & fai|s caufe
Première Dêmonfiration Anatom. i 3 j
externe , c'efb figne qu'il y a de la difpofition à
le morcificadon & à la gangrené: Je dis fans caa-
fe étrangère , parce qu''un erefypcle , ou U gran-
de ardeur du Soleil la fait feparer de la peau af-
fez fouvcnt , mais la nature la repare prompte-
ment.
Sa couleur eft différente en differens pais ; car Ço«jj"t de
les François Tout blanche, les Efpagnols bafanée, ^^^'
les Maures l'ont noire , & ainfi des autres. Cette
couleur de l'épiderme vient toujours de la peau
qui efl: au dellous. Ceux qui iontd'un tempéra-
ment fanguin ont la peau vermeille , mêlée d^
blanc & de rouçe: les bilieux l'ont feche & tirant
fur le jaune palej les pituiceux l'ont molle & blan-
chei& enfin les mélancoliques l'ont molle & blan-
che 6<:plombce;Ces mêmes couleurs s'impriment à
l'épiderme, qui n'étant qu'une pellicule fort min-
ce j & ordinairement blanche , reçoit facilement
la couleur de la peau qu'elle couvre.
Cette partie contribue beaucoup à la beauté ; L'Epi<Jcrmc
car plus elle eft déliée , diafane & polie , plus lej^^'^^Jf ^
teint eft beau \ elle devient quelquefois épailîè
& calleufe , &: alors le fentiment du toucher en-
eft moins vif.Elle eft percée en pluiîeurs endroits
du corps comme la peau \ car outre fes gran-
des ouvertures elle a encore une infinité de petits
pores dans toute fon étendue, tant pour les fueurs
& l'infenfible tranfpiration, que pour la fortie des
poils.
Les ufages de l'Epiderme font de couvrir la .Ufagede
peau , de la rendre unie & égale , d'empêcher la ^»'^^^^'®^
fortie des humeurs par les cxtremitez à.ts vaîf-
fcaux qui s'y terminent, & enfin d'émouft'er le fen-
timent du toucher , qui ne fe pcurroit faire fans
douleur; fi l'imprelîion de objets fe faifoic imme«»
1 iiij
1^6 Des Parties contenatjtes communes ,
diatemenr fur les fibres & (ur les nerfs qui abou-
tilletit a la peau.
La féconde cnvelope de tout le corps eft la
La peau. P^^u , cjuî cft appellée derme par les Anciens.
C'eft la membrane la plus garnde du corps ; elle
ell fore épaide , principalement au dos, aux reins,
^ aux excremitez ; elle eft ires-Hne au vifage , &
très mince aux lèvres i les animaux l'ont beau-
coup plus forte que l'homme , & c'eft aulîi pour
cette raifon qu'ils font moins fenfibles aux injures
de Tair,
Origine de Les Anciens prétendent que la peau eft faite en
^ ' partie de iemencc, &: en partie de fang, & qu'elle
eft la feule membrane c[ui foit compolée du mé-
lange de ces deux matières 3 mais il eft certain
qu'ils fe trompent , & que (î l'on remarque qu'il
s'y porte du fang par plufîeurs petits vaillcaux , ce
n'eft que pour la nourrir & l'augmenter ; fon véri-
table principe étant comme celui des autres par-
ties dans l'œuf.
Struflurc ^^^ recherches de quelques curieuxAnatomiftes
^c la peau- nous ont fait voir que la peau étoit formée de fi-
bres entre- la liées enfemble en forme de rets,qui en
faifoient rcpallfeur ; qu'il y avoit un million de
petites glandes fituées au delfous de ces rets; qu'à
chacune de ces glandes il y venoit une petite artè-
re j qu'il en fortoit une venule , & qu'un vailfeau
lymphatique partant de la glande perçoit ce rets ,
& fe terminoit à la fuperhcie de la peau,
La connoilTànce de cette ftru<fture nous a dé-
dor?Çf K ^""v^i't ^^ quelle manière fe font les fueurs i que
ï'infcrf^ble c'eft aveç juftice que l'on regarde la peau comme
Sn^^^'^^' ^'^goût univerfel du corps, & que l'évacuation
qui le fait par l'infenfibletranfpiration eft trés"
faiutaire.
Première Dernonjiratîon Anatom, 157
On voit donc qu'un allez grande quantité de La marfcrc
faner étant portée par autant d'ancres qu'il y a ^'^ ^* ^"^"'^•
de glandes , cft raportée par autant de petites
vénes j que palfant par les pôrofitez des glan-
dules , ils s'en filtre une férocité , qui fortant par
le vaill'eau excrétoire , fait la matière de la
fueur.
Il faut remarquer que quand cette ferofité eft Comtncng
en petite quantité , elle fe delleche fur la peau, & ^^ &^^ ^*
fait ce que nous nommons la cralîe. La premiè-
re de ces évacuations qui cft la Tueur , fait des
crifes qui guerilîént une infinité de maladies très-
dangereuies. La féconde qui eft l'infenûble tranf-
piration , n'eft pas moins avantageufe , parce que
fe faifant fans celfe , clic purifie & rafraîchit le
fang , & en fait une diffipation qui eft nccelfaire
pour la fanté.
Cette humidité qui fort continuellement par les Ut-JUtç- j
pores de la peau, des vailîeaux excrétoires ou lîm- cctcckimi-
phaciqueSj fert encore à humeder la peau , & la "
furpeau , qui fans cela deviendroient trop iéches,
ce qui nuiroit alors au fentiment du toucher.
La peau a une infinité de petits trous infen- Trous delà
fibles, que l'on nomme les pores, & d'autres **
tres-fenfiblcs , comme font ceux de la bouche, du
nez , des oreilles , des yeux , &c des parties natu-
relles.
La peau eft une membrane qui peut s'étendre
te fe rellerrer facilement ; nous voyons qu'elle ^'^ ?r^''
S allonge aux remmes groUes , aux hydropiques , dic & Te
ÔC à ceux qui deviennent excraordinairement lefTerrcr.
gros & erras : ainfi ceux qui out cru qu'elle fer-
voit de borne au corps , fe font trompez. En Efté
elle eft plus rare & plus molle qu'eu Hyver j fes
porcs en font aalTi plus ouverts , d'où vient que
1 $ 8 Des Parties contenantes communes,
la tranfpiradon fe fait mieux l'Efté que i'Hyver.
Ellccft attachée dans toute fon étendue aux par-
AdKcraricc jjcçj qa'elle touche j mais plus à la paume de la
main , & à la plante du pied , qu'au fient & au
ventre. Elle eil plus adhérante à liiomme qu'à
certains animaux ; Ce qui fait auiîi qu'ils la meu-
vent plus aifémcnt.
ta per.M fe 5i 1^ peau fouffre une folution de continuité en
ir.oycn d'u- S"^'^'^^ ^"droitque ceioit , elle ne le réunit ja-
neciMtiicc. niais que par une cicatrice dont il refte une mar-
que toute la vie. Elle efc moins difforme aux en-
fans, parce qu'ils ont la peau humide, qu'aux per-
foiines âgées , à qni elle cft: plus feche.
peau cil ^^ ^eàu de l'homme eft toute velue ; celle de
coiivertc de la femme l'eit moinsril y a même des hommes qui
^' ont pins de poils les uns que les autres. L'on dé-
couvre aik'ment ceux de la tête , du vifage , des
aiiTelles , &i des parties naturelles ; mais très-diffi-
cilement ceux qui font à toute la fuperficie de la
peau ■■) celle qui paroît la plus uniCja dans chaque
poroiitéun petit poil qui en fort , & qui a fa raci-
ne dans une de ces petites glandes,dont la peau eil
parfeméc. Ce petit poil fe voit plus ou moins, fé-
lon qu'il eft blond ou brun.
Il eft inutile de vous dire qu'il s'eft trouvé des
pcrfonnes qui avoient la peau aulîî velue que des
ours 5 puifque c'cft un prodige qui ne fert point
de règle. Je ne vous raporterai point non plus
les raifonncmens de quelques Auteurs,pour prou-
ver que l'homme n'avoic pas befoin de poils ,
ni de plumes , ayant la raifon Se les mains pour
fe faire des vêtemins quifuppléallent à leur dé-
faut.
U^cai? ^ Tous les hommes n'ont pas la peau également
blanche, quoique ce foit fa couleur naturclle;elle
PretnUre Démorr(iration Anatomîcfue. 135)
change félon le tempérament S^ l'huraeiir qui do-
mine , comme nous l'avons fait voir en parlant de
l'épiderme. Les perfonnesgrafles l'ont plus blan-
che , parce que la grailTe qui fe trouve au dcflous
d'elle étant blanche , lui donne un éclat de blan-
cheur. Les maigres au contraire l'ont plus rouge,
^ caufe que la chaii' qui la touche immédiatement
lui imprime fa couleur.
Tout ce que l'on coupe pour féparer la peau Une infîni-
dcs autres membranes font autant de petits vaif- yaifl"ea^""
icaiix qui vont à la peau , ou qui en viennent; car qui fe croa-
outre ceux' des glandules dont je vous ai parlé , il p*^"' ^ ^
y en a encore qu'on appelle cutanez , qui font des
artères & des vénes capillaires: Il y a aufïi une in-
finité de petits nerfs qui y viennent aboatirj& qui
font le lentiment du toucher.
Nous remarquerons trois ufages confiderablcs Ufagcsdc
à la peau. Le premier eft de couvrir & d'envelo-
per toutes les parties du corpsjle fecond^d'être l'or-
gane de l'attouchement , & le troiiiéme eft de fcr-
vir d'émon6toire aux humeurs qui foirent par les
fueurs & par la tranfpiration. Nous n'ajoutons
point de foi à celui que lui donnent les Phvfiono-
miiles,qui eft de fervir de regiftre à nos deftinées,
s'imamnant connoître nôtre bonne ou mauvaife
fortune par les traits du vifage , bc par les lignes
des mains & des pieds. ^
Le troîfîéme des teaumens communs eft la La graiffc
grailfe ; qui couvre & environne tout le corps ,
c'elt dans les efpaces des fibres de la membrane
adipeufe ou grailleule , & dans les petites cellules
qu'elle forme, que la graillé s'embarralTe & fe
T ^ ^^ .,r a Li j Défini-.ioa
La graille elt un corps hlanc de moyenne coi> tlciagraklc
fiftance ^ elle eft faite de la partie on6lueufe &
1 40 Des Parties coritc/iantes communes ,
huileiife du Tang, & épaiffiepar un froid modéré,
ou plutôt par un certain degré de chaleur, qui n'é-
tant point allez fort pour la diflbudre, ne peut em-
pêcher qu'elle ne foit produite.
Quanefcr- On ne peut pas nier que cette matière graiT-
tcs cfcc^- - fj^^fg n'acquicre fa confîftance par la dureté &
le fi-old des membranes qui la figent , & que la
gran ie chaleur ne puifTe la fondre ; mais comme
il y en a de p,lus ou moins folide , nous fommes
obligez d'en obferver de quatre fortes ; l'une que
l'on appelle luif, qui fe fige & devient tellement
dure qu'elle eft aiféc à rompre lorfqu'cUe eft: re-
froidie : Elle fe trouve en abondance dans les
bœufs &: dans les moutons au ventre inférieur
& autour des reins : La féconde , qui eft celte
dont nous parlons , eft moins folide , elle fe fige
plus difficilement que les autres : La tioifiéme ,
que l'on nomme axonge , eft la plus liquide & la
plus molle , elle ne paroît qu'une huile épaifîîe ?
c'cft celle qui fe rencontre aux articles ; Et enfin
une quatrième , qui eft un fuc moelleux qui fe
fond à la moindre chaleur , & alors il coule com-
me de l'huile.
Ufaget de Ces quarre fortes de grailfes ont des ufages
la^r^iflc. diiterens , félon les différentes parties où- elles
font. Celle qui environne tout le corps l'échauf-
fe , & en entretient la chaleur naturelle \ c'eft
pourquoi ceux qui en ont plus , font moins itw-
fîbles au froid. Celle qui eft autour du cœur, ferc
à I1iume(5lcr dcins fon mouvement. Celle des
reins fert à prefcrver leur baflinet contre les fels
de l'urine ; & celle qui fe trouve prés des anicles,
en facilite le mouvement par fa lubricité. Qiiel-
ques Auteurs veulent que U graille contribue
noji/eulemencà la nourriture de toutes les partie-s
Première Démonflration Arifitom. 141
dans une grande abfl:incnce,niais encore à la beau-
té j car les perlonnes qui n'ont point de graille ,
ont la peau feche & ridée.
Il faut obrerver que l^on ne trouve point de i\ p/y ^
^raiife dans le cerveau , aux lèvres , dans la partie pomt de
^ . , 1, -u V 1 • /!• graille dans
luperieure de l oreille , a la verge , ni aux telticu- ^ ccrycau.
leSjnous en dirons les raifons en tems & lieu , mais
il y en a toujours quelque peu dans toutes les au-
tres parties , & beaucoup autour du cœur , au^
reins , aux felTes , 5é aux articles.
Nous venons de voir que la graifïè fervoit à
humedler les parties pour en faciliter le mouve-
ment, d'où vient qu'il s'en trouve beaucoup aux
endroits où les mouvemens font grands & vio-
lens , comme au cœur & à l'œil. Elle fert aufli à
les ramollir & à les défendre de la dureté des corps
où elle fe trouve renfermée , comme l'œil. Elle
fert encore principalement à adoucir l'acrimonie
du faug en fe mêlant avec lui, & à empêcher l'ex-
xaltation des fels , d'où vient que les gens gras
font plus joyeux , moins inquiets que les maigresi
ils dorment fans infomnie ', au lieu que les maigres
font toujours trilles , dans des inquiétudes jour &c
nuit , à caufe de la pointe des fels de leur faug
qui les picote & qui les brûle. Cette huile ell re-
prife par les véncs & par les vaiireaux limphati--
qucs.On remarque que les phtifiques ont peu de
graille , & qu'ils ont la plupart l'epiploon gâté,
ce qui contribué beaucoup à leur delTéchement ,
les fels venant à s'exalter faute de cette huile bal-
famique.
La grallFc fe change quelquefois en nourriture,
& c'eft la raifon pourquoi les ours , les marmotes^
Sec. ont avant que de fe renfermer dans la rené,
aniaflc quantité de graille pour rHyver,qu'ûu leur
142 Des Parties cofjtenantes communes ,
trouve particulièrement à l'épiploon & au mefcil-
tere , qui en font comme les refervoirs , au lieu
qu'après l'Hyver ils font fort maigres , Se ont l'e-
pîploon il le mefentere dellèchez , confumez &:
fans grailïè. Ne vous imaginez pas cependant q^e
cela Fik tuffîfant pour faire fubiiiter ces animaux
dans root le tems de leur retraite; s'ils n'ctoîent
pas comme dans un repos continuel , fi le mouve-
ment de leur fang n'étoit fort lent, comme on l'a-
peiçoir en les dilîequant en ce tems là, parce que
n'agiffant pas il ne fe fait pas beaucoup de difîîpa-
tion , & par conleqiient ils n'ont pas befoin de
beaucoup de nourriture.
D'ailleurs l'huile graiireufc contenue dans les vef-
ficules de la graille fe mêle avec le fang en entrant
immédiatement dans leurs vénes par leurs petites
embôuchuresrEt Mr. Mahighi prétend avoir trou-
vé des vaiflTeaux graifleux qui s'embouchent &
s'ouvrent dans les vénes ; d'où vient , dit-il , cette
grande connexion entre les vénes & la graille , car
elle en fuit toutes les ramifications , comme on
peut le remarquer au cœur & à l'epiploon. Mais
cette expérience nouvelle de ce célèbre Anatomif-
tc attend une plus furc confirmation ; car nous a-
vons des étrangers Hollandois dont le mérite elc
fort connu , & qui font leur unique aplication de
l'Anaromie , lefquels pourtant nous alfeurent n'a-
voir rien trouvé de femblable après beaucoup de
„ recherches.
Dclamem- Ceux qui admettent encore la membrane char-
b«nc char- fju^- ^ prennent ces fibres membraneufcs qui foû-
tiennc-nt la graille , &C qui lui forment des cellu-
Ifcs qui la contiennent , pour cette membrane : ils
veulent que dans les fièvres , eUc (oit le fiege des
frilfons qui font eau fez par quelque ferofité acre
nue.
Première Ibémonfiration A'Mtom, 143.
qui le picote , & que c'eft celle qui par le moyen
de Tes fibres charnues , fait faire à la peau les
mouvemens que nous appercevons. Les plus
éclairez entre les Modernes prétendent au con-
traire, que les fibres charnuifs , que l'on trouve au.
front ,à l'occiput , au cou , & au fcrotum/ont des
mufcles : que fi l'on meut le front &: le derrière
de la tétc , c'eft par le moyen des mufcles fron-
taux & occipitaux : que s'il y a du mouvement à
la peau du coû,c'eft le mufcle peaucier qui le fait;
S^ qu'enfin fi l'on voit mouvoir à quelques-uns le
fcrotum & les tefticules, c'eft l'effet du mufcle
cremafter.
Ceux qui tiennent la membrane commune Aqs Dclamem-
mufcles pour un des tegumcns communs,démon- brane com-
» - «111 1 ri munc dc-
trent une partie de la membrane propre du mulcle nmfdes.
oblique defcendant , qu'ils difent être blanche ,
déliée , tranfpajente , & faite d'un tiflu de fibres
& de nerfs qui la rendent d'un fentiment fi ex-
quis , qu'elle caufe des frifibns incommodes , &
des rhumatifmes infuportables , lorfqu'elle eft pi-
cotée de quelque acide; ils lui trouvent même un
ufage qui eft d'empêcher que dans lesmouvemens
violens les mufcles ne fe déplacent , comme s'il
éroit pofTible qu'un mufcle attaché par fes deux
bouts à deux parties folides pût fortfr de fa place.
Mais laifiànt à part ces différentes opinions , nous
avons affez fait cormoître qu'il n'y avoit ni mem-
brane charnue, ( autrement nommée panniculo
charnu ) ni membrane commune des mufcles. Ve-
nons donc maintenant aux parties contenantes
propres.
Les tegumcns étant levez , on découvre plu- , ®i^ ^^^-
heurs mufcles qui occupent toute la partie antc- domcn.
rieure du bas-ventre. Ces mufcle* font dix , cinq
144 T)es Parties contenantes commune s y
de chaque cote. Il s'en trouve quelquefois mom<j
lorfquei'on ne compte point les deux piramidau?;
de Fallope ; iSv quelquefois plus , lorfqu'on en fait
pluiieur*<.lcs mufcU's droits ; mais je m'en tiendrai
au nombre de dix , qui lont quatre obliques, deux
tran(verles , deux droits , & deux piramidaux. Ils
prennent tous leui nom de la fituation & de Tar-
rangement de leurs fibres.
^^e que Je ne vous parlerai des mufclesen gênerai, que
niuf?"'^ lorfque je \ousen démontrerai un plus grand
nombre. Je veux ieulement dire ici , que les muf-
cles font des parties organiques,& les inftrumens
du mouvement volontaire,&: que ce n'eft que par
leur moyen, que le ventre peut s'étendre & fe ref-
ferrer.
I^ Des quatre obliques il y en a deux defcendansi
ObliqufS ou externes : & deux afcendans ou internes ; ceux
dciccndans. . ^ r , • r i i i*
qui le prelentent les premiers lont les obliques
delcendansiîls iont nommez ainfi, parce que leurs
fibres dciccndent obliquement de haut en bas.
On les appelle auffi ex'cernes , à la différence des
autres qui font lituez fous eux ; & enfin grands
obliques, parce que leur grandeur excède celle des
autres obliques. Leur figure eft prefque triangu-
laire.
Origine & Us prennent leur origine pardigitation du grand
ccs^rauiclef. <^£ntclc , c*eft-à-dire, de la fixiéme & fepriéme des
vrayes côtes , de toutes les faulfes, & de la pointe
des apophiles tranfverfes des vertèbres des lom-
bes ; ils vont s'attacher à la cote externe de Tos
ilion , & de Tos pubis , & finilfent par une large
& forte aponevrofe à la ligne blanche. Les grands
dentelez , qui font des mufcles de la poitrine,
ont autant de dentelures que ces mufcles , lef-
quellcs s'entrelafl'ent les unes dans les autres , de
même
Première Demonfiratîon Anatom^ f 4 j"
•tî'jêmé que les doigts d'une main entrent dans les
cfpaces des doigts de l'autre. A chacune de ces den-
teluies,qui y font au nombre de fcptjil y a un pe-
tit nerf qui y entre j ce qui fait que ces mulcles
font des plus difficiles à diiTequer , lorfqu'on veut
les faire voir tous. Ces nerfs nous marquent auiîi
leur origine,parce que les nerfs q'.ii vont aux muf-
cles , y entrent plutôt vers leur origine que pair
leur infertion.
Les obliques afcendans font ainfi nommez, par- Obliques
€C que leurs fibres montent de bas en haut , ils afcendans
font fîtuez immédiatement fous les autres , c'eft
pourquoi on les apelle obliques internes. Ils font
beaucoup plus petits que les premiers , ^ font
comme eux de figure triangulaire. Ils prennent
leur origine de la partie fuperieure de l'os pubis,
le continuent à toute la partie moyenne de la crê-
te des os des hanches, ils s'attachent aux extrê-
mirez de toutes les côtes jufqu'au cartilage xiphoï-
de , & s'inlerent par une large oC double apone-
vrofe à la ligne blanche ; ils reçoivent des nerfs à
l'endroit où ils font attachez aux vertèbres des
lombesé
De ces deux a'ponevrofes l'une pafTe pardelTu*;, Pourquoi
o, 1, j ,V 1 r 1 j • l: '•\ "S mu.cles
Oc 1 autre par délions le mulcle droit , ahn qu il onrl-rursa-
foit également fortifié tant delTus que dellbus \ ponevroks
les fibres de ces mufcles & celles des preceden's ,
s'entre-croifent en forme de Croix de S. André j
ce qui fait le même effet , que lorl qu'on veut
pre;îer quelque endroit ; par exemple , h une
main n'cll pas allez forte : l'on y met l'autre , qui
croiiîant fur la première, fait que l'on apuye plus
fortement.
Les rranfverfes font ainfi nommez , parce 4"^^ L.jjj^fclcs
leurs fibres vont de travers ^ils font fituez fous les rran:vcïlcs.
K
14^ t2)(î j Parties contenantes communes,
obliques 5 & placez fur le péritoine auquel ils font
fî adherans,qu'on a de la peine à les en feparer fajis
, _ le déchirer ; ils font d'une figure quadrangulaire.
Origine & Qç^^ mufclcs prennent leur onVine des apo-
3Pierr on , .^ r r i i i m
de- tianf. pniles traniverles des vertèbres des lombes ; ils
vcrfcs. s'attachent à la côte interne des os 6qs ileSj6c à la
partie interne des cartilages des côtes inférieures;
puis palfant par delFous le mufcle droit , ils vont
fe terminer par une large aponevrofe à la ligne
blanche.
Rcrnar- Qç^ qqjs fortes de mufcles ont des aponevro-
ques (urccs n . . . i- i i q •
rroii mul- l^s qui leur tiennent lieu de tendons, cl qui vont
cicï. chacune s'attacher à celle du mufcle qui eft de
l'autre côté ; ce qui les unit lî bien qu'elles n«
paroilîent qu'une. Elles font percées à leur par-
tie moyenne , pour donner palfage aux vaifleaux
umbilicaux ; & à leur partie inférieure , pour
laillèr fortir aux hommes les vaifTeaux fpermati-
ques qui vont aux tefl:iculcs,& aux femmes les li-
gamens ronds de la matrice qui vont s'inférer dans
les cuiffes.
Mecani- Les trois trous qui font aux aponevrofes de ces
q'iedeces rnufcles font fî induftrieufement faits , qu'ils me-
ritent d être remarquez ; celui du muicle tranl-
verfe cft le plus haut de tous ; celui de l'oblique
afcendant eft un travers de doigt au dclîous ; &
celui de l'oblique externe encore plus bas : en
forte que ces trois trous ne le trouvent poins
vis-à-vis les uns des autres , & l'aponevrole de
l'un couvre l'ouverture de l'autre , afin d'empê-
cher que les parties internes ne fortent au dehors;
cependant il ne lailTe pas d'arriver trop fouvent
àts hernies par la (ortie de l'Epiploon & des in-
teftins.
La quatrième paire des mufcles de l'abdomen
Première DémoMftratlon Anatomlque, 1 47
font les droits i ils font ainfi appeliez , parce que O
leuis fibres vont en ligne direde de haut en bas, droits.
ou de bas en haut;car les uns veulent qu'ils naiilent
du fternum , ôc les autres de l'os pubis; mais il eft
i ndifferent que leur origine ou leur infertion foit à
l'une ou à l'autre de ces parties , pourvu que l'on
fçache qu'ils;font attachéspar un bout au fternum;
& aux côtés du cartilage xiphoidc , & par l'autre
à la partie tuperieure de l'os du penil.
Ces mufcles n'ont pas de fibres qui aillent d'une . Obferva-
. -■ 1, • M r ""^ns a Lire
extrémité a 1 autre; mais ils lont entre-coupez par ç^^ ^^^ ^^
des endroits nerveux que les Anciens ont appelle cicj.
énervations , quoi- qu'ils foient de véritables ten-
dons. Leur nombre n'cft pas toujours le même,
puifque les uns en ont trois , d'autres quatre, &
quelquefois plus.
Il y en a qui ont voulu faire autant de mufcles piuf°"'j'^^°*
qu'ils voyoient de ces intervalles membraneux , i.erfs à ce
parce qu'ils avoient remarqué qu'il entroit plu- "^w^^^^*
ïieurs nerfs dans ce mufcle;mais cela doit d'autant
moins furprendre que ce raufcle eft long, & qu'il
fait une action très- forte , à laquelle un feul petit
nerf n'auroit pas été fuffifant.
Quelques Auteurs ont rapporté que l'hoiTHTie Scntimen*
> î j / . rt , /,- , de quelques
avoit plus de ces enervations au delius du nom- Anciens.
bril qu'au dellous ; par-ce qu'étant gourmand 6c
débauché , foVi eftoiiaaç.avoit plus befoin de s'é-
tendre;& que la femme au contraire en avoit da-
vantage au deflous , à caufe que ce mulcle étoit
obligé de s'étendre dans cet endroit" pour donner
plus d'efpace à la matrice dans le rems de la giof-
fefte. Mais cette obfervation ne fe trouve pas vé-
ritable, puifque les hommes & les femmes en ont
également par tout.^ , ^ ^ uflgc df '*"
Pour bien connoître à quoi fervent ces éner- leuriéacr-
K ij ^'^"°"'-
1 4^ Des Parties contenantes propres ,
vations , il faut fçavoir que touc mufcle en agif-
fanc fe racourcit ; & qu'en fe racourcUTant il Te
gonfle dans fon milieu plus ou moins, félon que fes
libres font plus ou moins longues. Or il eft certain
que fi les fibres du mufcle droit eulTent été d'une
extrémité à l'autre,fans être entre-coupées par ces
intervalles membraneuxje gonflement de ce muf-
cle eût été fi grand dans fa partie moyenne, qn'l
auroit meurtri les parties contenues , au lieu de
leur aidera l'expulfion des excremens par une com-
preiïion égale & douce ; Ce qui ne fe peut faire
que par ces entre-ncuds , qui coupans ce mufcle
en quatrejfont qu'au lieu d'une tumeur il s'en fait
quatre , lefquelles compriment également le bas-
ventre , & facilitent la fortie des fuperfluitez des
intefl:ins & de la veflîe.
poimd'A- Ce n'eft pas iculement fur l'ufage de ces éncr-
naltsmofcj vations que je ne fuis pas du fentiment de beau-
fcauxficccs coup d autres, mais encore lur celui des venes
mufclcs. Mammaire & Epigafl:riquç : plu fleurs ayant cru
qu'une des branches de la véne Mammaire que
l'on trouve fous fe mufcle , lorfqu'on le retour-
ne , s'abbouchoit avec la véne Epigaftrique ; que
cette communication faifoit la grande fimpathic
qu'il y a entre les mammelles & la matrice,& que
c'étoit le chemin par où le lait aux femmes ac-
couchées fe vuidoit par la matrice; Mais la circu-
lation nous fait connoître que ces vénes n'ont
point d'autre ufage que ceux de toutes celles du
corps \ qui eft de raporter le fang au cœuricar j'ai
elTayé en fcringuant des liqueurs dans l'une & l'au-
tre de ces vénes d'en faire pafl'er, fans avoir jamais
pu V réiiffir : ce qui nous fait voir que cette belle
Anaftiomofe qui a fait tant de bruit , n'eft qu'unq
pure chimère.
Première Démonflratlon Anatom. 149
La figme piramidaie qii'onc les deux derniers Lesmufclci
mufcles du bas ventie , les a fait appeller pirami- d^ux.
daux ; ils font couchez far les tendons inférieurs
des droits : c'eft ce qui a fait croire à quelques-
uns , qu'ils en faifoient partie ; mais ce iont deux
mulcles diftin(5ts & feparez des autres.
Ils prennent leur origine par un principe char- pjnf'^^n'^
nu & tort étroit de la partie fuperieure & exter- leraon.
ne de l'os pubis , & montant en haut ils s'étrc-
cilTcnt peu à peu , & vont fe terminer par une
pointe a la licrue blanche, trois ou quatre doigts
au dellus de Tos pubis , & quelquefois julqu'au
nombril,
Fallope . Rlola-n^àc Gelée leur ont donné plu- C«muf-
r r n j .-y c 'C \ cle? ont un
lieurs uiages. Us prétendent qu us rortihent les uugf oj^fé
tendons des mufcles droits , qu'ils fervent à l'ex- ^ cdmdes
autres
cretion de l'urine , & qu'ils contribuent à l'ère-
^ionde la verge ; mais ce ne font pas là leurs
véritables ufagcs ; je croî au contraire qu'ils fer-
vent à élever le péritoine , àc à empêcher que la
région de la veiïie où ils s'inferenc ne foit pref-
fée, &c que l'on ne foit obligé de pilfer tout aufli
fouvenc que les autres mufcles compriment les
parties internes : ces deux mufcles font très- ^
petits > & ils ne font jamais égaux ; celui qui eft
plus long que l'autre, s'infère un travers de doigc
au dellu*. :ce qui contribué encore à me perfua-
der qu'ils élèvent le péritoine en cet endroit,qui
ne comprimant pas la vefîîe , la rend capable de
comenir une plus grande quantité d'urine qu'elle
ne feroit.
L'on peut confiderer les obliques & les tranfver-
faux comme des mains polées les unes fur les au-
tres en differens fens , & les droits comme deux
groilés barres (ituées au milieu de l'abdomen qui
K iij
I J o De^ parties contenantes propres ,
Uf'agcveri- empêchent que les autres en aoiifant ne bandent
ta>;c des o, ^ t 1 • /? !. ' •
muk'csdu ^ "^ compruiient trop lesinceltms contre 1 epnie
bai'venîrc. èc les vertèbres des lombes. Les mufcles droits re-
tiennent encore les autres , &: les font agir des
deux cotez pour comprimer les parties de l'abdo-
men , pour les raifons que nous dirons dans la
fuite.
Par-là on voit que les parties du bas-ventre
font comprimées également par tout j & que les
inteftins & les vifceres ne peuvent fe mettre à
couvert de cette compreflion en quelque endroit
qu'ils fe cantonnent ; car les mufcles droits agif-
fant compriment direilcment en devant de haut
en bas , & obligent les vifceres de fe jetter vers
les cotez , à caufe qu'ils trouvent de la refiftance
vers répine. Mais alors les raulcles obliques font
comme des barres diagonales qui les repoullent
fortement ; & comme les cotes par en haut , &C
les os innominez par en bas refiftent beaucoup,
les parties du bas ventre pourroient fe jetter en
dehors vers les flancs \ la nature, pour y remédier,
a fait les mufcles obliques fort épais & fort char-
nus en cet endroit , & pour contrebalancer da-
vantas:e cette refiftance , elle v a encore mis les
tranfverfaux , qui tirent comme deux lerviettes le
nombril vers les lombes.
Ow comprend allez que le nombril eft la réii-
nion des tendons de prefque tons les mufcles du
bas-ventre , & que par conîequent c'eft l'endroit
où toutes les puilfances agiifent plus fortement;
ce qui fait qu'il s'applatit pour rendre le ventre
égal 5 & cela s'accommode fort bien aux ufages
des parties du bas-ventre, qui font fituées en cet
endroit ; car on y remarque les boyaux ileum &c
jéjunum , & le mefemere , qui font les parties de
Première Démonflratlon Anatom, i j i
tout le bas ventre qui ont le plus de befoin d'être
fortement comprimées : car dans les premières le
chile doit fe perfe6tionner,re feparer des gros ex-
cremcns, &c enfin enfiler les ouvertures des vénes
ia6tves;ce qui demande une comprefïïon très- forte
& très vigoureafe ; le mefcncere n'en a pas moins-
befoin pour la diftribution du chile.
Le Colon qui eft encore pareillement fitué en
cette region,âvoic auffi befoin d'une grande com-
prefïionjcar les matières fccâles à l'endroit que ce
boyau traverfe le ventre , ont de grandes diffi-
cukez à pader , tant parce qu'il faut qu'elles
montent , au lieu que par tout ailleurs elles det.
cendent , que parce qu'ici elles font plus fe-
elles.
On ne demeure point d'accord dans quel tems
ces mufcles agilfent , il eft pourtant fort vrai-
femblable qu'ils font en contradtion dans l'expi-
ration. Il y a cependant un tems qu'ils agif-
fent dans l'înfpiracîon , comme quand nous
fommes à la fclie : voici comment cela fe fait*
Ayarjt une fois reçu l'air dans nos poumons , nô-
tre poitrine s' étant dilatée , & nôtre diaphragme
applani , nous venons à retenir nôtre haleine j &
faifons a?ir les mufcles du bas- ventre pour com-
primer avec plus de force nos vifceres , qui étant
aînfi comme entre deux prcllolrs , font contraints
de fe décharger des matières qu'ils contier^
nenr.
Remarquez qu'en retenant fon haleine on con-
traint le diaphragme de rcfter bandé & aplani j la
poitrine ne pouvant fe reilarer , à caufe que l'air
n'en peut fortir, le diaphragme ne fçauroit fe voû-
ter ; d'où vient' que comme c'eft un mouvement
violent ôc forcé il ne peut durer long-tems.
K iiij
ï j 1 Des parties contestantes propres,
- O . La ligne blanche eft un concours de toutes les
blanche?"^ aponcvrofes des miifclcs qirc je viens de vous faire
voir ; on Tapelle ligne , parce qu'elle efl: droite &
blanche , parce qu'elle n'a point de chairs : Elle
s'étend depuis le cartilage xiphoide jufqu'al'os pu-
bis.ll faut obferver qu'elle elt plus étroite au def-
fous du nombril qu'au delïus , & qu'elle divife les
mufcles du côté droit d'avec ceux du coté gauche,
Ce feroit ici , Melîieursje lieu d;.^ vous démon-
trer le Péritoine , étant la féconde & dernière des
parties contenantes propres , mais comme il faut
avant que de l'ouvrir , préparer & dilFequer les
vaidéaux umbilicaux pour vous les montrer en
même tems , je remets à vous le faire voir dans la
Démonltration fuivante»
.'*'
p'ISJ
IJ3
!H*5t->t-TIP jk- * ^ if +**Tlr-K->' . vil
l?T^-
SECONDE
DEMONSTRATION
P^i Parties contenues dans le bas ventre , qui
fervent a la Chilificatîon,
^yl' Est dans cette Démonftration , Meflîeurs, Tourcs
Ssrs^ que nous commencerons à examiner les j"^^"'^*
1 tiu corps
Parties qui font renfermées dans le bas- ventre, fon é^a.'f-
QLioiquc ce lieu foit la cuifîne où le prépare la f^fj-^l^ ^^^
nourriture pour tour le refte du corps,& qu'il foit
l''égout par où toutes les impuretez s'écoulent :
néanmoins fa ftrudure n'eft pas moins admira-
ble que celle des autres parties. L'Architedre
qui entreprend un grand édifice eft quelquefois
autant embaraflTé à placer la cuifîne & les offices
dans les endroits convenables , qu'à difpofer les
plus fuperbes apartemens ; & fait autant voir la
force de fon génie dans leur conftruction , que
dans celle d'une chambre , ou d'un cabinet. Dieu
n'a pas vrioins fait paroître fa grandeur & fa puiC-
fance dans la formation des parties les plus viles
de l'Homme,que dans celles des plus nobles,ayant
donné aux unes & aux autres un degré de perfec-
tion qui furpalTetout ce que i'efprit humain pour-
roit imaginer.
Comme il eft impofïlble de faire voir toutes les r)ivi/ion
parties du bas ventre dans une feule Dcmonftra- ,o?.tei"ës*
tiop i nous en ferons trois , à caufe des trois for-^^^s ic bas
^ ventre.
1 5" 4 ^^-f P^^rtîes qui fervent a la Chilifc,
tes de parties qui y font renfirméts , les unes
fervent a la Chiliricatioii j les autres à la Purifi-
cation du lang , &z les autres enfin à la Généra-
tion,
î-t Lcri- Mais avant que de vous démontrer aucune de
toinc. ces parties j il faut , Mcfîieurs, que j'achève de
vous faire voir la dernière des parties contenan-
tes propres , qui eft le Péritoine , par lequel on
commence ordinairement la leconde demonilra-
tion.
Dénni- Le Péritoine eft une membrane déliée , molle ,
von t.u pc- q^^,• renferme comme dans un (ac tous les vifceres
ritûuie. A 111 c r r ■ ■
contenus dans le bas ventre. î>a luperhcie mterne
eft polie ik enduite d'une hun:ienr , afin de ne pas
bleflerles intcftins & les autres parties qu'il ton»
che. L^cxterne au contraire eft fibreule Se inégale,
afin de mieux s'attacner aux mufcles.
Ti?urcdu II a la mêaie figure & la même grandeur que le
bas ventre qu il tapiile par tout : il s étend tout
autant que le peut cette capacité dans une grolîel-
fe, dans une hypropifie , ou dans une timpanite,
& fe refterre aifémcnt lorfque l'enfant , l'eau ou
les vents qui groiïilïoîent le ventre n'y font plus.
Sylv'ms croit avoit remarqué qu'il eft plus fort aux
hoinmes au dedus du nombril, & qu'aux femmes,
il eft plus épais au delîous ; mais cette opinion
n'eft pas plus vraye que celle des énervations du
mufcle droit , puifqu'il eft certain qu'il eft égale-
ment épais par tour,
tics AnScns Selon les Anciens , le péritoine eft fait d'une
l'i:r le pe.i- double membrane , dans la doublure de laquelle
tome. palîtnt les vailî'eâux umbilicaux , qui lont la vé-
Ç.Ç ne , les deux artères & l'ouraque. Mais aujour-
c'ertau- d'iuii l'on fçait que le péritoine n'a point de du-
joàird hui pjicacurc , & que bien loin de prendre fon oiigii:!^
//. 'Démavflratlon Anatom» ij^
des vertèbres des lombes, il n'y eft pas feulement
attaché j Ce que Ton peut voir par la defcription
de la route , il s'attache par devant aux mufcles,
par en haut au diaphragme , par en bas au pu-
bis,& palTant par delTus la veflic & le rcdum aux
hommes , & par delfus la matrice aux femmesjk
il couvre les vailTaux fpermatiques & les défe^
rens , fans pourtant les envelopper. Il pafle enfin
par delTus les mufcles iliaques 6c pfoas , &: par
deflus l'aorte & la véne cave, en couvrant de tous
cotez les reins,oii il forme cette membrane qu'on
nomme adipeufe j à caufe qu'elle a beaucoup de
graille.
Le péritoine que l'on croyoît percé en fept ou Trous du
huits endroits , n'a tout au plus que deux trous, P""°'"*^*
l'un en haut , pour donner entrée à l'œfophage ,
& l'autre en bas pour laiirer fortir le reârum. Les
fix autres trous que Ton lui donnoît , ne fe trou-
vent point , fçavoîr deux à la partie fbperieure
pour lai irerpafTer la grofle artère & la véne cave;
un en devant pour lepalFagedes vaidèauxumbi-
licaux j un autre pour la matrice , & deux pour
laiiTer fortir les vaKfeaux qui vont aux cuifTes,
Ceux qui fuppofoient une dupHc^ure au péritoi-
ne avoient imaginé ces trous ; mais comme la
gvolîe artère , la véne cave , les vailfeaux umbili-
caux & la matrice font placez hors le peritoine,il
eft inutile de leur chercher des entrées & des for-
ties.
Le péritoine dans l'homme a deux productions froduafon
ou allongemens , un de chaque cote qui condui- ^c.
fendes vailFeaux fpermatiques aux tefticules.Dans -
la femme il ne couvre que jufqu'à moitié chemin
les ligamens ronds. Loifque ces produârions font
parvenues aux tefticules , elles s'clargiirent pour
1^6 Des Parties qui fervent a la Chili fie,
les envelopcij& former leur (econdc membrane
propre , apcilée clytroide ou vaginaie,pàrce qu'el-
le relîemble a une guainc.
y-iffeau 11 reçoit de petiicb branches de nerfs de ceux qui
^u^ pci.toi' Çç diltiibuenc aux mufcles de l'abdomen j les artè-
res viennenc des Phreniques , des Mammaires ôc
des Epigallriques,& fes vcnes reportent le fuperfla
de fa nourriture aux vcnes phreniques Ôc epigaC-
triques.
Ufnge L-^ ufages du péritoine font de contenir & de
du ,>eritoj- , o , t . i i ,-x
^^^ renfermer quelques parties du bas ventre. Ou
cioyoic qu'il leur donnoic à chacune une tunique,
car outre les propres qu'elles ont, elles dévoient
félon les Anciens en recevoir encore une com-
mune du péritoine , c'eft ce qui l'avoit fait apeU
1er la mère de toutes les membranes qui font dans
le bas-vent'e.
Le aom- LXnombril eft un nœud formé de la réunion
bru. des vaiffeaux umbilicaux ; que l'on coupe à l'en-
fant auili tôt qu'il eft né ; on l'apelle aulli umbilic
du mot Latin umbo , qui fignifie milieu , parce
qu'il n'eft pas feulement place au milieu du ventre:
mais encore au milieu du corpsicela eft (i vrai que
fi l'on étend les deux bras , éc que l'on écarte les
jambes , on trouvera que ces quatre extremitez
font un cercle.
Qiî'eft-ce 11 raut coniidercr l'umbilic ou à l'enfant , lors
don. ^ ^^^' 4*^'^'^ ^^ encore dans la matrice , ou à l'homme
parfait : à l'enfant c'eft un cordon de la longueur
d'une aune, ou environ , qui va de l'arriére faix
jufqu'au ventre de l'enfant, & qui renferme alors
quatre vaiiïeaux qui font une véne , deux artères
& l'ouiaquc.
ufagcs Ce cordon fert à conduire ces vailTcaux quiau-
rolent été trop foibles d'eux-mêmes pour faite ce
c ce cor
//. Démonflratîon Anntom, 157
long chemin, & pour pouvoir refîfter aux moiivc-
mcns de Tenfant ; Sa longueur eft utile à l'enfant,
afin qu'il puille fe remuer commodément dans la
matrice j &: que l'entant & l'arriére fait puiilent
fortir l'un après l'autre. Aufîi-tôt que l'enfant eft
né,l'on fait une ligature à ce cordon deux travers
de doigts proche le ventre de l'enfant , & on le
coupe au de(Tus de la Hgature,enfuitc la nature fe-
pare ce qui en refte, de manière qu'il n'en demeu-
re plus qu'un nœud , tel que vous le voyez, & tel
que nous devons le coniiderer à l'homme parfait,
Lesr quatre vaiifeaux que nous appelions umbi- Ç^"^''''<=
licaux y lont attachez ; i un qui elt la vene monte umbilicauSi
en haut , & les trois autres ; fçavoir les artères ^
l'ouraquedefcendent. Ces vailFeaux font conduits
du nombril jufqu'à leur infertion entre les mufcles
& le péritoine.
La véne umbilicale va s'inférer dans le (înus vé- G
neux'dela cave, pour y porter le fang & le chyle umbilicale.
tout enfcmblejcar il eft conftant que ce fang doit
être plein de chyle; c'eft celui de la mère qui s'eft
filtré abondamment dans les glandes de la matrice,
& dans celles du placenta , qui d'imperceptibles
qu'elles étoient d'abord, deviennent dans la luite
fi prodîgieirfement grolTes qu'on ne peut trop s'e-
tonner de cet etfet furprcnanr.
Les deux artères vont on plutôt viennent des DO
iliaques ; l'ouraque qui eft au milieu, va s'attacher u^bUica-*^*
au fond de la velîie. les
Je ne conviens pas des ufages que l'on donne a L'o^j-aque.
ces vaifleaux; l'on prétend , par exemple , que la
véne fert de ligament au foye, ce qui ne peut pas Ufages des
être par trois railonstla première eft qu'elle lui nui> ^^'^^r^f ^
roit plutôt quelle ne lui lerviroit , puncju elle le i-nsThoin-
tjreroic cubas : la féconde eft qu'elle ne peut pas ^^'
ijS Des -parties qui fervent à la Chîltfîc,
le foùtenir en devant , éranc attachée au nombril^
qui obéit à tous les mouvemens du ventre : & la
troifiéme eft , que le foye a fufKfamment de liga-
mens à fa partie fuperieure' , fans qu'il ait befoin
de celui-ci ; à quoi l'on peut ajouter que ce ieroic
mal afl'urer un ligament que de l'attacher à une
véne comme eft la porte , dont la membrane eft
mince comme, du papier,
Errcurfiir Quelques Auteurs veulent que les artères ilia-
Ifs artcrcf qugs fervent à appuyer la vefîie ; mais c'cft mal à
propoSjpuilqu elles en lont éloignées de deux tra-
vers de doigts, & que ces vaillcaux , aufîi petits
qu'ils font, feroicnt un foible appui pour la vefïie,
qui d'ailleurs n'en doit point avoir pour fe pou-
voir étendre félon Tes befoins.
rcur"fur ^'^' A l'égard de l'ouraque , l'on a prétendu qu'il
l'ouraqucs. fervoir de conduit pour vuider l'urine de l'entant
dans les membranes ; mais comme je ne l'ai jamais
trouvé cave , je ne croi point qu'il ait ces ufages.
Outre cette cxpcricnce,la raifon veut que l'enfant
n'urine point dans le ventre de la mère , puifquc
le chile qui lui eft porté avec le fang pour fa nour-
riture , eft purifié avant que d'y alleK,& que d'ail-
leurs l'on trouve d'autres caufes des ferofitez dans
lefquellcs nage le fœtus fans les chercher dans les
urines ; mais le véritable ufagc que l'on doit don-
ner à l'ouraque,eft de fufpendre le fonds de la vef-
fie , & d'empêcher qu'il ne tombe vers fon col ,
afin de la rendre capable de contenir une plus
grande quantité d'urine.
àSlW ^^ fentiment des Modernes n'eft pas feulement:
Icaur umbi- différent de celui des Anciens fur î'ufage de ces
fœcas. *" vaiffeaux à l'homme parfait , mais encore à l'é-
gard de ceux du fœtus ; l'opinion ancienne étoit
que les artères lui portoient le lang artériel , &c
//. Demonfiratlon Aaatom. i$9
les venes le fang vénal ; & comme cela répugne
à nôtre principe &: à l'expérience , voici en peu
de mots comment cela Ce faîtjles artères de la mè-
re portent une certaine quantité de fang dans le
placenta , qui y étant verfé , eft reçu par les
branches de la véne umbilicale , qui le conduit
dans la véne porte pour êtrs filtréà travers la
fubftance du foye de l'enfant avant que d'entrer
dans la véne cave , qui le porte dans le vencri-
cule droit de ion cœur, d'où il paflè dans la gau-
che parle trou Botal , pour être enfuice diUri-
bué à toutes les parties du corps par les artères,
le fuperflu de ce iang eft reporté par les deux ar*
teres umbilicales à l'arriére - faix , où étant répaiv-
du , il eft reçu par les vénes de la mère qui y font
difperfées , &: qui le reportent dans' les greffes
venes pour circuler avec toute la mafle ; oC ainfî
il fe fait continuellement une circulation du fan^
de la mère à l'enfant , & de celui de l'enfant à la
mère. Une marque afl'urée qu'elle fe fait de cet-
te manière , c'eft qu'en touchant le cordon d'un
enfant nouveau né, l'on y fcnc le même batte-
ment qu'à fes artères j ce qui fait voir que le
fang qui remplit les artères umbilicales , eft le
même qui vient du cœur de l'enfant , & non pas
celui de la mère , comme on l'a cru fort long-
tems. .
r^ • j r j 1 *-3 circu-
C^e mouvement réciproque du Iang de la mère lation delà
à l'enfant , Se de l'enfant à la mère eft manifcfte mcreiâ ^cn-
1 n f i 1 • • r • I ;> "OC cit ma-
parla Itructure des parties qui y lervenc : il n y a jyfcftc.
qu'à faire la diftetlion d'un fœtus , pour en de-
meurer d'accord.
Aulîi-tot que l'on a coupe le péritoine , êz que fP
on en a relevé les quatre angl^S5Comnic ceux des pîoon.
tcgumens , on découvre une membrane graifleuf;
i<?o Des -parties qpiî fervent a la Chtlljic*
qui nage fur les boyaux , que Ton apelle épipiooiî
d'autres la nomment ornentum parce qu'elle ferc
de couverrure aux intelb'ns.
d/fépi!°" Cette membrane eft Tous le péritoine, & fur les
picoa. boyaux ; elle va même dans leurs finuollcez j elle
s''etend depuis le fond du vencricule jufqu'au nom-
bril , où elle finit pour l'ordmaite j il arrive quel-
quefois qu'elle décend jufqu'au bas de l'hypoga=
ftre j & même qu'elle rombe au^ hommes dans le
fcrotum j alors elle eau le l'hernie épiplocelle , qui
fe forme phis fouvent du coté gauche que du droit,
parce que l'épiploon décend plus bas de ce cote-
là. Et loi^ue cette membrane le glillc aux fem-
mes enfre la matrice & la veiîie , elle prelïe l'ori-
fice de l'utérus , & empêche par ce moyen la gé-
nération , félon que l'a iema.Tqué Hippocrate» Sa.
i pefanteur eft ordinairement de demi-livre, quoi-
que rgfale rapporte qu'il en a vu un de cinq li^
vres.
crig'i^^^dc ^^ figure de l'épiploon eft femblable à une gib-
lepipleon beciere , d'autres la font relTcaibler à un filet de
pêchrur , c'eft ce qui la fait apeller rete ; en Fran-
çois un refcau. Il a a fa partie moyenne une gran-
de cavité qui eft formée par deux membranes qui
lont éloignées l'une de l'autre ; dont l'externe ou
antérieure eft attachée au fond du ventricule de x
la ratte,& l'interne &c pofterieure à l'inteftin co-
lon de au dos fous le diaphragme.
GraifTcde En examinant de prés cette partie, l'on v troir-
Icpipiaon, j A »• 1 1 j- r j'
ve de même qu a la membrane adipeule, de petits
vailTeaux ^railt'eux qui fe terminent en des globu-
les , qui fervent d? canaux à la graifte que l'on y
voit , laquelle fc fond fouvent à ceux qui ont la
fièvre hectique. Il y a aulîi une infinité de vénes
limphatiques, qui par leur rupture caulent une
hyJiopihe
/ /. Démonftmtîon Anatom, iGi
hycîropide dans cette cavité , laquelle ne fe gtie*
lit que par la ponélion.
L'épiploon fe corroiiipt facilement , lorfqu'il L'épi'-
cft altéré par l'air ; c'eft pourquoi dans les biefl v^^"^ ^*
^iLues du bas-ventre , on cil oblige d en couperja par l'air»
partie qui eft fortie dehors : Il y a aufîi des ma-
ladies qui le gâtent & qui le corrompent , com-
me il ell aifé de l'obferver aux fcorbutiques , aux
phtilîques , aux hipocondriaqucs , & à quelques
autres.
Il a plulieurs vailTeaux qui fe répondent par VaifTeauS
toute fa fubftance ; &: il en a même plus qu'au- '^f '^P^'
cuneautrç-membrane a proportion delà grandeurj
il reçoit de petits nerfs du rameau intercoftal de là
huitième paire , il a pluiicurs artères qui viennent
de lacœliaqne,& plulieurs vénes qui vont fe ren-
dre dans la porte : l'on y trouve aufli une grande
quantité de petites glandes qui n'y font pas fânS
quelque utilité particulière*
Les ufages que l'on donne à l'épîploon font Ufagcsdc
d'échauffer le fond du ventricule , afin de lui ^'épiploon*
aider par fa chaleur à faire la digeftion ^ & d'y
exciter la fermentation des alimens ; de couvrir
les boyaux , & enfin de conduire le rameau fple-
nique & les autres vailleaux qui vont au ventri-»
cule , au duodénum , ou au colon. Galîen rap-
porte qu'un Gladiateur à qui l'on avoir coupé de
l'épîploon , étoit fort fenfible au froid , & qu'il
etoît obh'sé d'avoir fon ventre couvert de laine;
pour faciliter la digeftion. Riolan 8c quelques au-
tres nous affurent au contraire que des perfonnes
à qui on l'avoit coupé , fe portoient fort bien*
Cette contrariété de fentimens nous fait doutéi*
de fes véritables ufages , d'autant plus que nous
fommes certains du mal qu'il fait par les hernîes
L
ï6i Des parties qui fervent a la Chllific,
qu'il eau Te , & que nous ne connoillons point en-
core le bien qu'il piocure à l'homme.
Le corpj Depuis la bouche iufqu'à l'anusil y a un corps
Cf^nnna des . i j, i i i ^ ^
boyiux. continu oc très long , dont le commencement
donne entrée aux alimens , le milieu les reçoit &
les garde pendant un [cmSj& la fin en laitle lortir
,.r les excremensice jTrand cheniin par où palî'e tout
Nomsdif- ^ j "^ j-rr^ ,
fercDs de ce ce que nous prenons a des noms dirrercns. La
corps con- partie qui eft depuis la bouche jufqu'au diaphra-
gme fe nomme l'œfophage ou gofier j Celle qui
cft plus large & plus capable de contenir , s'ap-
pelle le ventricule ou la pance: celles qui font ces
cîrconvoluiions font les inteftins, ou les boyaux,
&:la membrane qui les tient tous , ei.1; le mefcnrc-
■ re. Je ne ferai point la deraonftration de I'olTo-
phage qu'en faifant celle de la poitrine dans la-
quelle il eft renfermé.Je commenceray par. le ven-
tricule, qui eft une des principales parties du bas- .
ventre , ëc celle qui paroit la première après que
l'on a levé l'épiploon.
Le vaitri- -^^ ventricule , ou petit ventre, eft ce q':e nous
«uic. appelions la pance ou l'eftomac ; c'eft une paitie
organique , qui eft le receptable du boire (Sv da
mangcr,& le principal inftrument de la Chilihca-
tion.
&^grandcur ^^ fituation naturelle eft dans l'épigaftre , im-
duvcntri- mediatement fous le diaphragme entre le foye &c
- la ratte : Il devroit être au milieu du cops , étant
une partie unique ; mais comme le foye eft plus
grand que la rattc , il le poufTe v^rs l'hypocon-
dre gauche , qu'il occupe prefquc tout par la par-
tie la plus ample 6c la plus large ; il tient plus
ou moins de place , félon qu'il eft plus ou moins
grand ; car il n'eft pas égal en tous. On dit que -
.ceux qui vivent robrcmenc , l'ont mediocjc , C^
/ /. ^émonfiration Anat'om, 163
que ceux qui fonc gourmands & yvrognes , l'ont
au contraire fore grand ; cela n'eft pas toujours
vrai, puifqa'ona dillequé de grands buveurs & de
grands mangeurs, dans lefquels on l'a trouvé fore
petir;,mais en recompenfe deux fois plus épais que
ceux des autres hommes. Les femmes l'ont pour
Tordinaire plus petit que les hommes parce qu'-
elles mangent moinsj & ainfi on ne lui peut don-
ner une grandeur déterminée : d'ailleurs étant
membraneux, il peut s'étendre & {e refl'errer fort
facilement , puifqu'il peut contenir à la fois juf-
qu'à trois pitucs de vin ou d'eau mefure de Paris,
& trois ou quatre livres de viande.
Sa figure eft ronde & oblonaue, elle relTemble Figure &
a une cornemule , particuhercment lorlque lon^yyçpjj^.
y lalife l'œfophagc , & une portion de l'inteftin cule.
duodénum. Il eft également convexe & rond par
devant , mais par derrière il fait comme deux
bolTcs e|ui font ieparécs par l'épine , parce qu'il
faut qu'il i»'accommode à la figure du lieu qu'il
occupe. Sa fuperficie externe eft polil^y-& blan-
châtre , & l'interne eft ridée & rougeatre : il eft
attache en haut au diaphagme 5 en bas à l'épi-
ploon y du coté droit au duodénum , & du gau-
che à la ratte.
Le ventricule eft compofé de trois membranes, Troismem-
fçavoir une commune , éc deux propres. ventrTcuIe
La membrane commune ou l'extérieure du ven- H
tricule eft beaucoup moins épaiflc que les deux nfyne|^"
propres qu'elle renferme; fes fibres vont d'un ori-
fice a l'au:re,elles font très- fermes & tendineufcs,
afin d'empêcher les deux autres membranes defe
trop dilaterjC'eft elle qui foûtient & qui renferme
toutes les raraificatiotis des vaifteaux qui rampent
fur le ventricule .
L ii
I (3 4 -D^-^" Pi^rtles (jut fervent a la Chili fie,
I La féconde qui eft celle du milieujeft la premic-
micrcdes" ^^ ^^^ tuniques propres j elle eft charnue afin de
propres, mieux s'étendre & fe rellerrer ; elle a une infinité
de fibres droites , obliques & tranfverfes diverfe-
ment arrangées;les premières vont en droite ligne
depuis l'orifice fi.iperieur jufqu'à l'inférieur, que
l'on nomme pilorciles autres deicendent oblique-
ment des cotez du ventricule vers le fond en fa
fuperficie convexej& les tranfverfes en embralfenc
tout le corps de haut en bas.Toures ces fibres fer-
vent à rétrécir le ventricule de toutes parcs , afiw
d'exprimer par ce moyen le fuc des petites glandes
de la troifiéme tunique , 6c de faire couler les ali-
mens liquéfiez, & tout ce qui y eft contenu par le.
pilore dans les inteftins.
Lafccor- ^^ troiliéme membrane , qui eft rinterieure,eft
de & dcr- toute nerveufe,&par confequent tres-fenfiblejflle
prow« ^ quantité de plis & de rides qui la rendent plus
ample que les autres , &c qui empêchent qu« les
alimens ne s'échappent & ne coulent avec trop
de facilité dans les inteftins avant que d'être par-
faitement digérez.
Opinion II y en a qui prétendent qu'un rcfte de ces mé-
rmcntdcîâ ^""^^^ alimcns demeuré d'un repas à l'autre dans
taira & de ces rides s'aigrilîant & picotant cette merabiane
iiioit. excite la faim,&: qu'il fcrt de ferment pour la
digeftion des nouveaux alimens ; & que ce qui
caufe la foif eft ia iecherellè des fibres de cette
même membrane,
UcUitédu L'expérience nous fait voir que cette membrane
aciac. ^^ parfemée de plufieurs petites glandes, qui font
comme autant de lources qui verfent continuel-
lement dans l'eftomac un fuc acide , qui fert de
levain pour faire fermenter les alimens j & de
menftruë pour les diftoudre.
/ /. Béwovflration AnatQm, 1 6$
Le ventricule fe divife en partie convexe , éc DiVifion
en partie cave ; la première regarde-les intcftins, culc.'^"'"^^"
& l'autre le diaphragme. Outre ces deux parties
on y confidere encore fes deux orifices & Ton
fond.
L'orifice fuperieurcft au côté gauche; il eft j.^c
appelle par quelques-uns la bouche du ventricule fupciïeur.
& par d'autres l'ellomac. Il commence où l'œfo-
phage finit, il eft d'un fentiment tres-vif à caufe
de la quantité des nerfs qui l'environnent : il eft
plus ample que celui qui eft au côté droit , parce
que c'cft lui qui reçoit les alimens , & leur donne
enfrce,quoi qu'ils ne foient quelquefois qu'à demi
mâchezrll eft fitué vis-à-vis l'onzième vertèbre du
dosiil eft exadement fermé par une infinité de fi-
bres charnues & circulaires dans le temps qu'il ne
reçoit point d'aliment ; ce qui étoit necelfaire non
feulement pour en mieux faire la codion , mais
encore pour empêcher que les alimens ne regor-
geaftent dans la bouche , & que les fumées eau-
fées par la digeftion n'incommodallent.
L'orifice inférieur eft au côté droit, il eft ap- ..^.^
11 / .1 5 n ' j- • j A. L orifice
pelle pilore ; c elt a dire portier , parce que c elt iofcrieur.
lui qui laide fortir les alimens du ventricule,
après qu'ils y ont été digérez & changez en chile;
Q^ioiqu'on le nomme inférieur, ce n'eft que par
rapport au premier, qui eft placé un peu au def-
fus de lui , & non pas par rapport au fond , puif-
qu'îls en font preique également éloignez ; il eft
un peu courbé ,& quelquefois cartilagineux : Il
eft foit étroit , parce qu'il eft rempli de fibres
tranlverfes, & environné d'un cercle épais, com-
me fi c'étoit un rajiifcle circulaire, ou un fphin-
â:er qui le fermât : cependant fon adtion diffère
de celle des fphin(^ers de l'anus , & de la veirie,
L iij
j66 Des Parties qui ferve/it a la Chlllfia.
en ce qu'elles font volontaires, & que celle-ci cft
naturelle, puifqu'il ne dépend pas de nôtre volon-
té d'arrêter on de lailTeu fortir le chile. Je l'ai
trouvé à un Officier de la Mufique du Roy telle-
ment dur <Sc retrcllî , que les alimens après avoir
été digérez j ne pouvant fortir par le pilore ils
croient obligez de revenir par le vomillèmenr,
c'eft ce qui fut cauff de fa mort. On remarque
au pilore une éminence intérieure qui tient lieu
de valvule.
Le fo d du ^^ ionà du ventricule eft cette partie ronde &
ventricule, charnue qui eft entre les deux orifices ; c'eft l'en-
droit où eft le Magalln du boire & du manger , <?c '
où fe fait la fermentation cC la diçreftion des ali-
mens : Ce fond s'étend & fe lellerre à proportion
des alimens qu'il reçoit ; car il en embrafle auffi
bien une petite quantité qu'une grande. H eft uni-
que,& s'il s'eft trouvé quelquefois feparé en deux^
cela eft rare & contre nature,
P? Le ventricule reçoit des nerfs de la huitième
j -^?v;*pai'-'c i il V en a deux qui forment un plexus à
du ventii- r ' /. ^ ,t
culc. i orihce luperieur , ce qui le rend extrememene
/enfible ; il en reçoit encore du plexus hépati-
que & de l'intercoftal , c'eft pourquoi il ne faut
pas s'éronher fi le ce rvcau aiant été ébranlé ;, il
arrive des vomîiremcns ; ni de ce que le ventrî-
c'^\q étant difposé , tout le refte du corps s'en
refTent : Il reçoit des artères de la cœliaque , qui
iui portent du fang pour fa nourriture , lequel
eft enfuite reporté dans la vêne porte par les vé-
nes gaftriqucs & gaftrepiploiques \ ces vaifteaux
nous prouveit que le ventricule eft nourri de
fang Si non pas de chile , comme quelques-uns
l'ont crû.
L'on trouve encore au fond du yentiiçulc un
IL Démey^cration AnAtom» lèj
vaideau que l'on appelle vas brève , parce qu'il Lev»s
cil fort coure ; il a plufieurs petits rameaux qui '^^'^^'
vont du fond du ventricule à la ratte , ou bien
fuivant l'ufagc que les Anciens ont voulu leur
donner de la ratte au ventre i car ils croyoient
que la ratte luy envoyoit par ces vaifTeaux un fuc
acide j qui agiiTant fur la membrane intérieure de
l'cftomac , y caufoit le fentimenr de la faim ; qu'il
y arrêtoit les alimens autant de temps , qu'il étoic
ncce(raire;& que ce même fuc par Ton acidité ai-
doit à leur dilTolLitionjmais ce raifonnement fe dé-
truicjors qu'examinant^les rameaux de ce vaiileau,
l'on voit qu'ils ne percent point dans l'eftomac,&
que ce ne font que des branches de vénes qui re-
portent le fang dans le rameau fplenique, d'où il
paire à la vcne porte.
L'ufage du ventricule étant de recevoir les alî- Ufsgcdu
mens , de les cuire & de les convertir en chile , ^'^^^'^iculc.
il faut vous expliquer comment ie fait ce te con-
verfion, qui ell ce que l'on appelle ordinairement
Chiliticaticn.
L'opinion commune a efté que la chaleur na- Sentiment
tiirelle en-étoit le principal inftrumcnt ,& q^ g des An-
non feulement la chaleur propre du ventricule y
contribuoit, mais encore celle des parties voi-
iînesjque tous les alimens y étoient comme dans
une marmite , fous laquelle on met beaucoup de
bois pour les faire cuire 5 & que le foye , la ratte,
le pancréas & l'épiploon étoient auunt de bûches
allumées a i'entoiir du ventricule , pour faire la
co£tion & la di^eftion de ces alimens. D'autres
pretendoient qu'il y avoit dans le ventricule de
chaque animal , une faculté qu'ils appelloient
Chiiifique , ^ que c'étoit cette même faculté qui
L iiij
ï6î Des parties qm fervent a la Chlllfic,
faifoît la digcftlon des alimensj& qui les convcr-
tilToit en chile.
târnanic- Ce feroit ignorer la ftrudlurc de i'eftomac que
f*Madr- ^ déférer au fentimcnt des Anciens fur la di.
gcftiondcs geftion des alimens , puifqu'il n'y a qu'à fçavoir,
alimcns, ^ pour l'expliquer d'une manière méchanique &
naturelle ) que les membranes internes de rœfo-
phage & du ventricule font toutes perfemées de
glandes qui y verfent continuellement un fuc aci-
de, qui eft un dilTolvant aulîi puilîant à l'égard
des alimens , que l'eau forte l'eft à l'égard des
métaux : cependant il ne faut pas s'imaginer que
CQS glandes foient l'unique fource de ce diiIbU
vaut, y en ayant une autre dans les glandes pa-
rotides & maxillaires , d'où naiffent de petits ruii-
ièaux de falive , qui coulant par les conduits fa-
livaires, vont fe rendre dans la bouche , pour y
détremper les alimens , &c y commencer leur fer-
mentation par le fuc acide , & par les fels vola-
tiles dont la falive eft remplie, lorfqu'elle n'eft nî
trop épaiffe ni trop aqueule:car alors elle ne peut
ni détremper les alimens , ni procurer leur difïo-
lution , fes efprits & fes fels étant ou embarraiTez
dans une liqueur trop grofiierCjOU noyez par une
trop grande quantité de phlegme. Les alimens les
plus folides après avoir été broiez dans la bou-
che & pénétrez de la falive, font conduis par l'œ-
fophage dans I'eftomac , ou par le fecours du fuc
acide , tant de celui qu'ils y trouvent , que de ce-
lui qui y diftillefans celfe ; ils deviennent très-li-
quides, alors cette liqueur ne pouvant remonter
par l'œfophage à caufe de fa fituation , de du dia-,
phragme qui comprime I'eftomac, coule par le pi-
îore dans les inçcftins , où elle eft encore perfeç-»
/ /. Demonflratlon Anatom. i ^9
tionnée par le mélange Je la bile & da fuc pan-
créatique , comme nous vous le ferons voir par
la fuire en parlant des vénes lactées.
Voilà comment fe fait la diirolution de l'aliment Lcj chiens
dans l'Homme : Elle fe fait encore plus prdmpte- & •" '«upi
mcnt aux animaux qui ont ce diUolvanc plus rort, ^cftion.
comme aux chiens &: aux loups, qui digèrent raê- prou px-
I /-» • 1 • j-,r I • me.it.
me les os. On convient bien que cette dillolution
eft aidée par la chaleur naturelle , tant du ventri-
cule que des parties voifines , & qu'elle facilite
même la pénétration du diflblvant \ mais on ne
tombe pas d'accord qu'elle en foit le principal
inllrument,comme on l'a crû , ni qu'on ait beloiii
d'aucune faculté chilifique,
La faim & lafoîffont les deux fentimens qui Comment
agitent alternativement le ventricule : la faim eft f^im ^ \^
caufée par une liqueur acide qui diftilLe fans celTe fo'f-
dans la cavité de l'eftomac , de fes glandes pro-
pres j & de celles de l'œfophage. Quand cet aci-
de ne trouve point d'alimens, il agite & picote les
membranes de l'eftomac , & fait ce que nous ap-
pelions la faim^& quand il s'élève quelque vapcut
qui échauffe l'orifice fuperieur du ventricule, ce
qui pour lôrs nous porte & nous détermine à le
rafraîchir par la boilïon , c'eft ce que l'on nom-
me la fbif.
Les înteftins ou boyaux font des corps longs , t^^
rondSi creux & continus depuis le pilote jufqu'au yaux.
fondement: Ils font ainfi apellez du mot Larin 'm-
tus , qui fignifîe dedans , parce qu'ils font placez
au dedans du corps , & qu'ils reçoivent dans leur
cavité le chiie & les excremens de la première
co6tion.
Ils font fituez fous l'épiploon dans le ventre in- (^£5^"^"°"
ferieur dym ils rempliirent prefque toute la capaci-
aux.
1 70 Des parties quî fervent a. la Chlllfic»
té, qui eft depuis le ventricule jufqu'a l'os pubis;.^
ils font attachez au dos pariemoïen du mefenrere
qui les lie enfcmble , de manière que les grc-fles
font au milieu du ventre a la région umbilicalej&
les qros à la circonférence.
Grandcuc Les înteftins n'ont pas tous la même grofTeur,
* ^y^**^* ni le même diamètre ; mais ils ont pour l'oidi-
lîjire fept fois la longueur du coips dont on les 4
tirez ; cette grande étendue , & les différentes cir-
convolutions que la nature a été obligée de leur
donner à caufcde la petitefTe de l'efpace qu'ils oc-
cupent,écoicnt necfciïaircs, tant pour y retenir plus
long-tems les alimenSj& les faire fermenter parle
mélange de la bile & du fuc pancréatique, qui
pour feparer le chi'e d'avec Tes excremens, &: le
rendre par le moien de ces deux liqueurs plus
coulant & plus fubiil , &par confequenc plus ea
état de paflerdans lesvénes laftées.
D'ailleurs fi l'homme n'avoit eu qu'un boyau, il
auroit été obligé de mander fans cetre.comme font
les loups cerviers & les cormorans , à caufe qu'ils
ont les boyaux fort courts j c'eft par cette même
raifon qu'un homme more hydropiqne dont j'ai
fait l'ouverture , oc dans lequel je n'ai trouvé de
boyaux qu'autant qu'il en falloir pour aller du
ventricule à lanus, mangeoir à toute heure pen-
dant fa vie , ôc avoir même foin de mettre tous
les foirs du pain auprès de lui, afin de manger la
nuit lorfqu'il s'évcilloif.
. - Les inteftîns font couverts de (yrailTe par dehors,
des boyaux ^ P^^' dedans us font enduits d une mucoiice qui
cil uc:ie. les défend contre l'acrimonie de la bile & des hu-
meurs qui y pafîcnt incellammenr.
La fubftance des boyaux efl membraneufe, afin
jubitancc ^^..|^ puiffent s'étendre , lorfqu'ils font pleins ou
1 1. DcîKO/^ftratlon yhiaîom, iji
de chile , ou d'excreinnis , ou de vencohrez:& fe des bo-
reiïcner pour faire que le chile entre dans les ex- ^^'~^-
trémitez des vénes la6léesj& obliger les excremens
de continuer leur chemin vers l'anus.
Elle eft composée , comme celle du ventricule, Tro-jrr^
de trois tuniques, fçavoir d'une commune &; de biaocs au<
fdeux propres? oyaux.
La première 3 eft la membrane que l'on apel- ^
le commune , parce qu'elle eft continue avec la La com-
membrane extérieure de reftomac,&: avec le me- ""^^^•
fenrere & le péritoine j elle eft pins dure & plus
ieche que les deux autres qu'elle renferme, &
ç^eft ce qui fait qu'elle les empêche de fe trop
dilater lorfqueles boyaux font pleins de ventofi-
tez.
La féconde tunique des inreftins eft charnue Se s
tîlVuë de différentes petites fibres , mais particu- '-^ Pi'cm'C'
iierement de deux fortes,dont les unes font circu près.
laircSjSc les autres droites, les circulaires font pla-
'cées fous les droites , & aboatillent à la partie du
mefentere , qui touche les inteftins , &c les fi-
bres droites traverfent les circulaires à angles
droits, &fe rendent à la membrane externe des
inteftins,
Le mouvement periftaltiquc des inteftins fe fait Lemou^e-
\)^ï la contraction de fes fibres de haut en bas, com- ',"^"^ P'^''!-
^1 • -n. 1 • • 1 (îaltiquc &:
me le mouvement antiperiltaltique arrive par iour ^ ti ?cri-
contradtionde bas en haut. T'ai fouvent obfervé ft^lique
dans des animaux vivans que j ai ouvert , pour y f^^jj^
voir la diftnbutiou du chile, que la contraction qui
arrive dans le mouvement periftahique , ( que
quelques-uns apellent vermiculaire,parce qu'il eft
fcmblab.le à celui des vers , ) ne fe fa't pas de tou-
tes les parties del'inteftîn en même tems, mais des
V,iK\". après les autres. Ce mouvement fe fait toii-
1 7 i D^s parties qui fervent a U Chllîfic,
jours de haut en bas , cane pour la diftribucion du
chiie , que pour chafler dehors les grofl'es matiè-
res : dans le mouvement au contraire qui fc faic
de bas en haut , les matières remontent 6c forccnc
par la bouche , au lieu de fuivre leur cours ordi-
naire : c'crt ce qui arrive dans le miferere & dans
les etranglcmens de boyaux qui fe font dans les
aines.
Lafccnn- ^^ troifiéme tunique des inteftins eft nerveufe
dcdcsprc- comme ccile du ventricule^ elle ell environ trois
P^"* fuis plus longue que les deux autres qui la cou-
vrent : elle a beaucoup de rides & de piisqui for-
ment encore plufieurs petits cercles membraneux
qui fervent à retarder le mouvement du chile , &
la defcente des excremens : les artères , les vcnes,
ôc les vailîcaux ladtez qui font répandus par tout
le mefentcre , fe terminent à la fuperficie inté-
rieure de cette tunique : fa fuperficie extérieure
ell remplie auffi d'une infinité de petits rameaux
d'artères & de véncs,& de petites glandes,qui font
rangées par de pe its paquets de dillance en diftan-
cc dans les inteftins grefles. Chacune de ces glan-
des eft percée par un petit tuiau , qui rend une li-
queur blanchâtre , quand on les prelTe: mais dans
les'gros elles font femées une à unedanstoute leur
furface j elles ont la figure d'une lentille > & fonc
pareillement percées pour fournir une liqueur qui
fcrt à faire couler les matières les plus grolïieres.
Le grand nombre des nerfs qui forment cette troi-
fiéme cunique,la rend tres-fenfiblejc'effc pourquoi
fa partie interne ell toujours remplie d'une vifcofi-
té giaireufe qui l'a fait appeller membrane velou-
tée,elie humecte & défend fes fibres contre l'acri-
monie de la bile , & la dureté des excremens.
Vs-TTcaux. Les boyaux ont beaucoup de nerfs , d'artères.
/ /. Dêmonftratton Amtom, 173
& de vénes qui Te répandent entre leurs membra- ^^^ t»e-
nes,les nerrs viennent de la huitième paire.Us por-
tent le lue animal qui cft necelfaire aux mouve-
mens des fibres charnues de la féconde tunique :
Les artères viennent de la mefentetique fuperieu-
re &c intérieure \ elles leur apportent quantité de
râng,t*nf pour leur nourriture,que pour le filtter
à travers les glandes ; Les vénes vont à. la porte \
elles raportent au tronc de cette véne le lang fu-
perflu de la nourriture des boyaux.
Quoique les inteftins ne foient qu'un corps con- Divifion
tinu depuis l'eftomac jurqu'à l'anus, néanmoins on ^^ ^"^^"
ne laiiîe pas de les divifer en grêles & en gros;les
grêles font trois , le duodénum , le jéjunum &
l'iléon : les gros font pareillement trois , fçavoir
le cœcum , le colon , & le redum.
Les inteftins 2;rêles ou menus boyaux font ainfî Lcsinte-
nommez, à caufe de la ténuité de leur membrane. "i"sgreks.
Ils font fituéSjComme je vous l'ai déjà fait remar-
quer>dans la région moyenne du ventre , aux en-
virons du nombril,parce que leur principal ufage
étant de perfectionner & de diflribuer le chile , ils
le font plus commodément étant-auprés du me-
fentere , qui les tient attachez comme à leur cen-
tre,que s'ils en étoient éloignez: d'ailleurs les vé-
nes laélées n'ayant pas tant de chemin à faire , la
diftribution du chile s'en fait mieux , & beaucoup
plus promptement.
Les gros inteftins font ainfi appellez,à caufe que Les gros
leurs tuniques font beaucoup plus épaiftes que i^tcltius.
celles des autres. Ils font fîcuez tout autour des
grêles , aufquels ils fervent comme de rempart.
Leur ufage eft de retenir quelque tcms la partie
la plus groffiere des alimens , & de fervir de ma-
gaùn aux exciemens.
174 Des parties qui fervent à la ChUific,
Lc^uode- Le premier de inreftins grêles eft ledaodenurn^
il eft ain(î appelle , parce que fa longueur eft de
dopze travers de doigts : ce quon a pouirant pei-
ne a trouver , à moins que l'on ne comprenne le
pilore dans cerre longueur.ll commence au pilorc,
«Jui efl: l'orifice dvolt du ventricule;& defccndant
vers l'épine, il finit où les circonvolutions des au-
tres inteftîns commencentjil eft plus épais 5c plus
étroit que les au-res.ll eft d'une figute droice,par-
ce que s'il eût été courbé.ce qui fort du ventricule
auroîr eu de la peine à entrer dans ce boyau.L'on
trouve fur la fin de cet inteftin , ou vers le com-
mencement du jéjunum , deux trous qui font les
extrêmitez des deux canaux , dont l'un s'appelle
Cholidoque , & l'autre Pancréatique : le premier
décharge dans la cavité de l'un ou de l'autre de
ces inteftins la bile qui vient de la veflîcule du fiel
& du foye , & celui ci le fuc pancréatique qui
_ . . vient du pancréas,
nurn. Le fécond des inteftins grêles, eft le jejunum,que
l'on appelle ainfi , parce qu'on le trouve toujours
moins plein qneles autres,ayant une grande quan-
tité de vénes ladtées qui reçoivent fans celle le chi-
le.L'on peut encore ajouter que la bile de le fuc
pancréatique fe mêlant au commencement de ce
boyau , ou à la fin du duodénum, précipiteroient
trop promptement non feulement la partie groffie-
re des cxcremens,mâis même le chile , s'il n'avoir
des plis & replis dans fa partie interne pour le
retenir & l'empêcher de couler avec tant de vio-
lence. Il occupe le delfus de la région umbilicale.
Il commence a l'extrémité du duodénum , & va
fe terminer a l'ilion , après avoir fait plu fi eu rs
tours en bas & vers les cotez. Sa lonoueur eft
d'une aune & demie racTarede Pari".
//. Dêmonjiratlon Anntom. lyy
Le troiiîéme des inceftins grêles eft l'iléon , ou L'Ifcon.
le boyau des hanches , ainfi nommé , parce qu'il
eft placé en cet endroit. Sa couleur eft un peu plus
noire que celle du jéjunum , c'eft à quoi on le re-
connoit : Il com.rience immédiatement où finit le
jéjunum, & va le terminer au cœcum j il eft plus
long lui fcul que tous les autres enfemble , ayant
pour le moins vingt pieds de longueur; il a moins
de siwt^ ladtées que le jéjunum, c'eft pourquoi il
fe trouve plus plein. Il occupe prefque toute la par-
tie inférieure de l'umbilic ,5c s'étend par les cir-
convolutions jufqu'aux îles de côté & d'autre ; ce
boyau n'étant pas lî étroitement attaché aux parties
voihnes que le colum&: le ccccum,tombe fouvenc
dans le fcrotum , & fait la hernie, qu'on nomme
Enterocelle: Ceft auffi dans lui que fe fait le vol-
vulus & le mirerere,qu'on appelle palïion iliaque,
dans laquelle on vomit les excremens par la bou-
che, parce qu'alors les membranes de cet inteftin
rentrent l'une dans l'autre, & font des nœuds qui
empêchent le cours des matières.
Le premier des gros boyaux eft le cœcum ,ou LcCœ-
l'aveugle j on l'appelle ainfi, à çaufe qu'étant fait
comme un rac,il n'a qu'une ouverture qui lui ferc
d'entrée &: de fortie j ou bien félon Bartholin ,
parce que fon ufage eft inconnu.Il eft ficuc dans
rhypocondre droit plus bas que le rein droit , où
il eft étroitement attaché au péritoine j il a une
appendice en forme d'un ver oblong faite de la
jonction des trois ligamcns du colon,que Bartho-
lin prend pour le cœcum; elle eft plus grande aux
enfans nouvellement nez , qu'à ceux qui font
avancez en âge ; ce qui embarraffe extrêmement
les Anatomiftes à fe déterminer fur fon ufage.
Pour ce qui eft du cœcum,l'on prétend qu'il lert
cum.
lj6 Des Parties ejuifervefit a la Chtlijic,
d'un fécond ventricule pour cuire quelques par-
ties de l'aliment qui fe font échappées delà prc-
miere co6tion.
Le colon eft le fécond des gros , & le plus am-
ple de tous; il efl: ainfi appelle , parce que c'ell en
lui que fe font fentir les douleurs de la colique.
Sa longueur efl: de huit ou neuf pieds ; il com-
mence à la fin du cœcum vers le rein droit auquel
il efl: arraché , & remontant à la partie cave du
foye où il s'attache aufîi quelquefois, il touche la
vefîîcule du fiel qui le teint en cet endroit de fa
couleur jaune:de-là il palfe le long de la partie infé-
rieure du ventricule,&: s'attache à la ratte &c au rein
gauche d'où il defcend en forme d'une S jufqu'au
, deflus de l'os facrum,& va fe terminer au rectum,
de manière qu'il environne tout le bas- ventre; au
défaut du mcfentere il efl: arrofcde plufieurs peti-
tes appendices grallfeufes/il a trois ligamens dont
- deux l'attachent en haut 5c en bas , & le troiliéme
forme pluiîeurs petites cellules qui fervent à rete-
nir quelque tems les matières & les ordures qui
doivent fortit par le fondement. Il a à fon com-
mencement une valvule membraneufe &c circulai-
re 5 pour empêcher que les excremens , les vents
& les lavemens mêmes ne palfent des grosintefl:ins
dans les grêles ; on la peut voir après avoir lavé
&: retourné cet inteftin.
Peinar- Il faut remarquer qu'outre la valvule du Colon
ftr^ftu^re d ^ ^^^ cellules qui font dans cet intefl:in, lefquellcs
la valvule fervent , comme nous avons dit , à retarder la
du coJon. defcente des excremens , il v a encore des valvu-
les d'efpace en efpace , qui fe trouvent non feu-
lement dans le colon, mais aum dans le jéjunum.
Ces dernières valvules , dont perfonne n'avoit
pa.tlé avant /î-Zr Kerhjyi*? ne foriT^ent pas entiere-
'- ment
I h Démonflratlon Anatom. 177
ment la cavité de l'intcftin j & parce qu'elles font
toujours un peu cntr'ouvertes , cela fait que les
excremens delcendent peu à peu j car n oecupant
chacune qu'environ la moitié de la cavité , &
étant plus larges d'un coté que de l'autre, elles fe
reçoivent toutes j de forte que la partie la plus
large de la valvule de deflbus répond à la partie la
plus étroite de celle de delfusjce qui empêche que
les excremens ne tombent & ne Te précipitent
tout d'un coup dans les inteftins inférieurs.
Ces valvules font plus grandes dans le colon
que dans le jéjunum j elles diminuent routes in-
fenfiblement a mefure qu'elles defcendent. Il faut
de l'adrelfe pour les découvrir, mais pour y réiillir
on ne doit pas foufler dans les inteftins , parce
qu'on ne verroit rien, il faut feulement les ouvrir
pour en voir le dedans i mais on les verra encore
mieux fi on laillé auparavant deflécher les inte-
ftins.
Le troihéme & dernier des gros boyaux cft le LewaHm
redum ou droit, ainft nommé à caufe qu'il dcf-
cend en ligne droite de l'os facrum au fondement
où il fe termine j il eft long d'un pied & large de
trois doigts : Ses tuniques font épaiftés & folides j
elles font recouvertes d'une envtlopc particuliè-
re qui lui fert à chafler les excremens avec plus
de force.Il eft attaché au col de la veflie aux hom-
mes , & à celui de la matrice aux femmes. Sa
partie extérieure eft humedée d'une grande quan-
tité de graiife , c'eft pour cela qu'on l'appelle le
boyau gras. L'anus , qui eft formé par fon extré-
mité inférieure , a trois mufcles , fçavoir un
fphinder & deux releveurs \ le premier fe nomme
le fphinder de l'anus , fa figure eft femblable à
celle d'un anneau ^ il eft large de deux travers de
M
1 7 s Des Parties qui fervent a la ChîUfic.
doigtsjil tient pardevant à la verge aux hommes,
& au col de la matrice aux femmes ; par derrière
au coccix 5 & latéralement aux ligamens de l'os
facrum & des hanches ; il fert pour ouvrir & fer-
lïier l'anus, félon notre volonté. Les deux autres,
que l'on appelle rcleveuis de l'anus , nai lient de
la partie inférieure & latérale de l'os ifchion , &
s'inlerent au fphindter de l'anus pour le relever
après la fortie des cxcremens.
En feringuant de la liqueur dans les- artères
hemorroidales , j'ai trouvé qu'il y avoit pins de
branches d'artères qu'il n'en falloit pour porter
la nourriture à ce boiau ; j'ai oblervé que beau-
coup de ces arterioles finillbient aux glandes ,
dont il eft tout parfemé , & que cet inteftin n'é-
toit pas feulement l'égoût par où fortent les ex-
cremens les plus grolliers ; mais encore qu'il fer-
voît à féparer & conduire dehors la plus grande
partie des impuretez du fang. Ce grand nombre
de vaill'eaux étoit néceirairc pour purifier le fang;
mais nous paions cher ce fervice par les hémor-
roïdes qu'ils nous caufent.
Lc^Me- Le mefentereefl: une double membrane fitue'e
fcntcrc. Jans le milieu du ventre ; d'une figure à peu prés
circulaire, (î l'on en excepte l'alongemcnt du
colon &; du redtum; il a environ quatre travers de
doigt de diamètre , & trois aunes , de circonfé-
rence , autour de laquelle les inteftins font plif-
fez. Lorfqu'ils en font feparez il reilcmble à ces
fraifes que l'on portoit anciennement au col , &
que portent encore aujourd'hui les Suiiresi& c'eft
cette partie que l'on mange lous le nom de fraife
de Veau.
Il y a dans cette partie une infinité de petites
glandes & de vailléaux qui ont été découverts de
V
//. Démonftration AMtowi 17^
nôtre fiecle : ces vailfeaiix font les vcnes ladléesi
qui portent le chile des inteftins aux glandes, qui
font en plus grand nombre dans le centre du me-
lenccrc , qu'a fa circonlerence : de ces glandes Ici
chile va par d'autres vénes lattées au relervoir ,
& de-là dans le canal thorachique , pour être
verlé dans l'axillaire gauche. Les autres vaîireaux
du mefenterc font les limphatiques qui vont ver-
fer icur limphe dans le refervoir pour augmenter
la fluidité du chile. Les vénes lactées font de ved-
tables limphatiques par où paiïe la limphe , lod-
qu'ii n'y coule point de chile. Cette limphe les
entretient toujours ouvertes , atîn qu'aiant été
quelque tems fans manger le chile trouve tou-
jours ces conduits ouverts , pour y palfer plus fa-
cilement.
La grailfe s'amalîe au mefentere , comme à Lagraifls
répiploon,d'un lang huileux & fulphuré qui exu- ^u^mcfea-
de des vailïeaux , &c qui eft retenu par Pépaiffeur
des membranes. Cette graille y étoit neceiraire
tant pour conferver la chaleur naturelle de ces
parties, que pour humeâ:er les vénes la6tées , qui
n'ayant qu'une membrane très-fine , & n'étant
remplies que dans le tems de la diftribution du
chile , fe deifecheroient facilement.
Les glandes du mefentere ont chacune une arte- X
tiole qui leur porte du fang, une venule qui le re- j ,5 d*i^rn>'
porte,& un vailïeau excrétoire qui décharge dans tenterc
les boyaux ce qui a été filtté par ces glandeSj<5c fi
elles e gro(ri{îent,iS<: deviennent fchirieufes , c'eft
parce que les humeurs les plus grolîieres , qui fe
portent au melentere comme à leur égoùtjnatuiel,
trouvent les porolirez de ces glandes très-étroites
. pour s'en pouvoir échaperjde manière qu'elles
s'y arrêtent 6<. y caufcnc des duretez qui croiilenç
M ij
1 8o Des Parties qui ferverit a la Chllijlc,
avec le tems : & comme on a de la peine à refou-
dre ces tumeurs qui font de longue durée , qiieU
eues uns ont appelle le meièntcre , la mère nour-
rice des Médecins.
r7r,r.-.j L'ufaCTe du mefentere eft d'attacher les inccftins
mcfcntcrc enlemble aux vertèbres des lombes,& d empêcher
qu'il n'arrive aucun defordre dans leurs circonvo-
lutions j celui de Tes deux membranes eft , afin
que les vaillèaux palfant dans leur duplicature
aillent fe rendre aux inteftins , & en revenir fans
être offenfez.
mdcmcrc ^^^ nerfs du mefentere fortent des vertèbres
des lombes , il en reçoit auiïi des rameaux de
Tintercoftal , ils font tous fi bien entre-ladez en-
femble au milieu du mefentere qu'ils y font un
plexus , d'où fort une très- grande quantité de
ligamens nerveux , déliez comme des cheveux ,
qui fe répandem fur les membranes de tous les
inteftins.
mefentere. Les artères qui font renfermées dans la dupli-
cature des membranes du mefentere viennent de
la mefentcrique fuperieure & inférieure , qui
font deux gros rameaux qui fortent du tronc de
l'aorte , & qui vont fe terminer à tous les in-
teftins. Un des plus gros rameaux eft celui qui
fe traînant le long du reBum , va finir à l'anus ;
Ce rameau eft l'arterc hemorroidale , qui porte
un fang groflier à ces parties pour y être puri-
fié j & lorfque ce fang ne peut remonter par les
vénes hemorroidales , comme il arrive quelque-
fois à caufe de fa pefanteur , il y caufe cette ma-
ladie fi inconiânode , qu'on appelle les hémor-
roïdes.
ni:(critcrc. ^^ ^^ nombre des vénes qui fe trouvent dans le
mefentere paroît furpalfer celui des autres vaif-
/ /. Démonflratlon Anatom. 1 8 1
fcauxqui y fonc , c'eft que ces vénes étant plei-
nes de fang font faciles à voir ; & que les autres
vaiilcaux au contraire étant vuides , ne fe peu-
vent pas difcerner.A mefure que toutes les vénes
-approchent de la bafe du mefentere \ elles s'unîf-
fent & en font de tres-grolï'es , Icrquelles for-
ment un tronc de vénes, que l'on appelle méfen-
teriquCjqui le joignant avec un autre qu'on nom-
me rplenique , font enfemble une très grolfe vé-
ne , qui dk. h porte ^ ainfi nommée par les An-
ciens , à caufe qu'ils croyoient qu'elle appor-
roit au foye le chile pour y être converti en
fang.
Ces deux troncs, dont le fuperieureft le fpleni- Ufagcidc
que , qui vient de la ratte , & l'inférieur le me- porte,
fenterique qui vient du mefentere , reportent au
tronc de la porte le fang qui avoit été porté à ces
parties. Il y a quatre vénes qui s'infercnt au pre-
mier de ces troncs , fcavoir l'épiploïdc pofterieu-
re j la coronaire ftomachique , l'épiploïque , Se
la gaftrique majeure : & au fécond il n'y en a que
deux , qui font l'hemorroiadale , ôc cœcale.
Je viens de vous faire remarquer que c'étoit
de la jonction de ces deux troncs que la véne
porte écoit faire , & qu'elle entroit dans la par-
tic cave du foye ; mais il eft bon de fcavoir Qy^"e
qu avant que de s'y perdre u y a quatre venes qui qui voncà
viennent s'y joindre , qui font l'inceftinale , la ^^^^'^«^po-^'-
gartrcpiploique , U petite gaftrique , ôc la cifti-
que.
L'on donnoic à toutes ces vénes deux ufages Sencimîer
tout-à-fait oppofcz , ôc même impofTibles , un ciensJ
étoit d'apporter le chile des inteftins au foye , ÔC
l'autre de reporter le fang du foye aux inteftins.
Cette opinion a été fuivie jufqu'à ce Siècle j que
M iij
k
1 8 2 T^es Parties qui fervo/t a la Chlllfic,
l'on adecoavciT les vénes lactées , cjui poicent le
chile des intertins aux glandes du mefentere j &
ainfi la véne porte n'a point d'autre ufage que
celui qui eft commun avec toutes les vénes du
corps, qui eft de reporter le fang au cœur. Nous
dirons , en vous démontrant le foyë , pourquoi
elle ne va pas plutôt s'inférer à la véne cave , que
dans la fubftancc du foie: Mais à prefent il s'agit
de parler des vénes la6bées , & des vailFcaux lim-
phatiques.
Véncjlac- Il eft impoiïible devoir les vénes ladées fur
tçcj, un fujct mort , parce qu'elles difparoiflent aufîi-
tôc qu'elles font vuide-«;. Lorfqu'on les veut voir,
il faut faire beaucoup manger un chien, & qua-
tre heures après il faut le lier fur une table , &
lui ouvrir le ventre promptement; alors vous ver-
rez les vénes laftées difperfées par tout le mefen-
tere , pleines du chile qu'elles portent au refer«^
voir de Pequet,
Pourquoi Ces vénes font ainfi appellées , à caufe qu'eU
fadldcs?* les contiennent une fubftance blanche & liqui-
de , femblable à du laict ; elles étoient entière*
ment inconnues aux Anciens , elles n'ont même
été découvertes qu'en l'année i6z2.par AfelUus.
qui rapporte que ces vailleaux ont une fubftance
& une ftrudure de véne ; qu'elles ont une mem-
brane fimple , où l'on remarque trois fortes de
fibres ; des droites , des tvanfverfes, & des obli-
ques , &: que certe membrane 5 quoique fimple,
eft oourtant allez R-rte , parce qu'elle eft placée
entre les deux tuniques du mefentere qui la for-
t-ificnr.
ie nom-: Leur nombre eft infini , y en aiant une fois
vSct lac- p^us que de meferaiques , elles font prefque tou-
tçes, ' tes dans les inteftins grêles , parce que ce foni;
/ /. Démonflratlon An •tom. 1 8 5
eux qui font la dillribacioii du chile,& en le fépa-
ranc de Tes excreniens. Je vous ai déjà dit que le
jéjunum enavoit plus qu'aucun autre des grêles,-
& que les gros en avoient tres-peu , leur ufage
'étant de challer dehors les excremens , & toutes
les impuretés du bas ventre.
Pour bien comprendre , la route que le chile Le ch-mi»
1 11 o, r de» véncs
prend pour aller au cœur, oc non pas au roye , lactées.
comme les Anciens l'ont prétendu : Il faut fça-
voir qu'il y a de deux fortes de vénes lactées : les
unes que l'on appelle premières , & les autres
fecondaires ; les premières (ont celles qui por-
tent le chile des inteftins à des glandes , qui
font répandues en tres-grandè quantité par tout
le melentere , mais principalement vers fon
centre.
Les vénes laârées fecondaires , font celles qui Autres vê-
portent le chile de ces mêmes glandes , après ^^* ^^'^^'^^'
qu'il y a été rendu plus liquide par la limphe
qu'il y reçoit , dans le rcfcrvoir de Pequer. On
lui a donné ce nom , parce que c'eft Mr Pequet
fameux Médecin qui le premier en a fait la
découverte en l'année 165 i. ce refcrvoir eft pla-
cé entre les deux origines du diaphragme , à
l'endroit où l'on trouve des glandes que l'on ap-
pelle lombaires , parce qu'elles font iituées fur
les vertèbres des lombes. Les deux ram.eaux qui
fortent de ces glandes \ fe joignant enfemble font
le canal thorachique , qui fc trouve fort fouvent
double ; ce canal monte le long de l'aorte , en-
tre les cotes & la plèvre , & va aboutir par un ,
deux j ou trois rameaux , dans la véne foûclaviere
gauche proche l'axillaire , d'où le chile eft porté
dans le ventricule droit du cœur par la véne cave
defcendante.
M iiij
184 Des Parties <jîù fervent a la Chllific.
Ce canal Ce canal & toutes ces vénes ladées , ont des
onc^rval* valvules d'efpace en efpace ; dilpolécs de manie^
vulcs. re qu'elles permettent facilement l'entrée du chi-
le, & empêchent le retour.
On cro- La découverre des vénes ladlées a été d'an
^éncslac-* g^'^"^ lecours dans l'Anatomieiquoiqu'on n'en ait
tées aloicnt pas tiré d'abord tous les avantages que l'on de-
*" "^y^* voit en retirer ; parce c]ue les Anatomiftes de
ce tems-là , & même AÇellius , qui en a été l'in-
venteur, étoient tellement prévenus que c'étoïc
le foie qui faifoit le fang ; qu'ils ont crû que
le chile ne pouvoit être porté ailleurs : & maU
gré toutes les découvertes qu'on a faites depuis,
tio?d^'"^' il s'eft encore trouvé des Partifans de l'Anti-
cijclques quité , qui étant obligez d'en croire leurs yeux
Ançicnj. avoiioient que cela étoit aind dans l'animal qu'on
leur montroir , & non dans l'homme. Pour moi
je fuis convaincu que cela fe fait dans Thomme,
de la même manière que dans les animaux ; car-
il y a environ dix- huit ans qu'un faux mon-
noyeur aiant été condamné à mort : je lui en-
voyai dans la prifon dequoi boire & manger
quatre ou cinq heures avant qu'on le fit mou-
rir; & comme l'exécution fe faifoit à la Croix
du Tiroir , qui n'étoit pas fort éloignée de mon
logis , je fis tenir un caroffe tout prêt , dans le-
quel on mit le corps auiîî- tôt qu'il fut étranglé,
on me l'apporta promptemcnt , & à l'inftant je
l'ouvris, & découvrant le mefentere , je vis en-
core une allez grande quantité de vénes laclées
pleines de chile , pour me convaincre que la
diflribution s'en fait dans l'homme de la même
manière que je l'ai veuë dans plufieurs ani-
maux.
Les vailfeaux limphatiques du mefentere , font
/ /. Démonflration Anatojm 185
de petits conduits très- déliez , qui portent la Vaifl"eauï
limphe dans le rcfervoir de Pequet , afin dy ren- '"^t^li»fi-
dre le chile plus adif & plus coulant. Q^ioique icnccre.
ces vailTeaux foient en très grande quantité dans
le mefentere , néanmoins on ne les y peut voir,
que lorfqu'ils font pleins de cette limphe , qui eft
une liqueur claire comme de l'eau ; il en vient
des glandes du foie , de la ratte , & de celles des
antres parties. C'eft ce qui a trompé li long-
tems les Anciens , qui les prenant pour des vé-
nes laârées , croyoienc qu'elles portoient le chilc
du mefentere au foie & à la ratte : Mais Bar-
/;W/« fit voir en l'année 1652. que ces conduits
qu'on prenoit pour des vénes la6bécs étoient des
vaiflTeaux qui apportoient la limphe dans le re-
fervoir. ^
L'aftîon de ces parties c'eft la Chilification. Comment
Quoi qu'en vous démontrant le enrricule > j'aye ty^ '*
commencé à vous donner une idée de la manière tion.
qu'elle fe fait : néanmoins il eft à propos d'en rap-
porter ici quelque chofe, afin qu'en finiiFant cette
Demonftration , vous en remportiez une connoifi
fance parfaite. Je vous ai expliqué tantôt com-
ment la faim fe faifoît fentir;lors donc que l'hom-
me en eft prelfé, il cherche des alimens , il les por-
te à fa bouche , il les mâche ; les dcnrs avec le
fccours de la falive les aiant broyez, il les avale,
en fuite étant tombez par l'œlophage dans le ven-
tricule , ce même lue acide qui a caufé la faim , fe
mêlant avec les alimens , & tournant fon adlion
conrr'eux ; il les pénètre & les fepare en de fi pe-
tites particules.qu'ils ne paroilïent plus qu'une li-
qLieur , laquelle comprimée par l'eftoniac qui la
rellerre pour l'cmbraffer de toutes paits , eft obli-
gée de foi tir par le pilore , & d'entrer ainli dans
1 8 6 Des Parties qui fervent à la Chil'ific,
îesinteftîns. Là deux autres diirolvans , qui font
la bile 6: le fuc pancréatique , & qui ne font pas
moins puillans que laralive& le fuc acide, achè-
vent de liquider ces alime ns,& de briler ce qu'ils
en trouvent encore d'uni ; alors en coulant dans
lesintcftins , ce qu'il y a de plus fubtil , que nous
nommons le chik , entre dans les orifices des vé-
nes laélécs premières ou radicales , dont tout le
mefentere eft parfemé , lefquelles vont ou feules,
ou accompagnées de vcnes m«:?faraiques , les unes
en droite ligne , les autres s'cntre-croifant, fe ren-
dre à des glandes qui font à ia bafe du menfentere,
puis ce chile cil: repris par les vcnes ladtécs fecon-
daires , & porté à des glandes qui font entre les
deux tendons du diaphragme , que l'on a toujours
connues fous le nom de glandes lombaire i>,iS: que
nous appelions aujourd'hui le refervoir de Pec^uet ,
c'cft là où nous lailferons repofer quelque tems ce
chile , pour l'y reprendre dans trois jours , & le
conduire dans le coeunce fera en vous démontrant
le canal Thorachique.
-"^■'ft«Û'<'
i8-
T R O I S 1 L* M E
DEMONSTRATION.
Des Parties contenues dans le hoi ventre , t^ul
fervent à la Purification dn fang.
I O u R fçavoir , Meffieurs
il fe fait le fan» j il ne fuffic
rs j comment
ifHc pas d'avoir
examiné les parties qui fervent à
changer les alimens en chile , & à le
féparer de Tes cxcremens ; il faut encore connoi-
tre celles où le fang fe fait , ôc celles qui le puri-
fient.
Je vous ai déjà dit que le chile, qui eft la veri- Le fang
table matière du fane 3 étoit préparé dans la bon- ^|\, "*^ '^^
che par le moien de la lalive ; qu'il ecoit cuit oC
digéré par le ventricule par le difFolvant qu'il y
trouve j & qu'étant enfuite pcrfedionné dans les
inteftîns par la rencontre de la bile , & da fuc
pancréatique y il fe cribloit par les petits orifices
des vénes ladtées qui font en très-grand nombre
dans le mefentere ; que de ces vénes il entroit
dans le refervoir de Pequet , d'où il inonte par
le canal thorachique dans la vénc foûclaviere
gauche , par où il eft porté dans la vcnc cave
aefcendante , & de là dajns le ventricule droit du
cœur, où il commence principalement à fe chan-
ger en fang.
il faut remarquer que la falive , le fuc acide, la
1 8 8 Des Parties qui pm-ifiem le fang ,
bile & le fuc pancieanqae, qui font des liqueurs
abiolumenc neceflaîrcs pour faire le chile , luy
de.'iennent inutiles , &: même préjudiciables,
lorfqu'il eft changé en fangjcar il efl: certain que
le fang , qui doit être bon & doux pour nourrir
les parties , ne pourroit avoir aucune de ces deux
qualitez , fî toutes ces liqueurs reftoient mêlées
a,vcc lui : Par exemple , fi cet acide dillblvant ;
qui par fes pointes aiguës & tranchantes pénètre
^ dillout les alimens les plus folides , étoit porté
Plufîrurs avec le fan? & épanché fur une membrane pour
liqueurs , . ^\ '.v r ii m r
réparées 1^ nourrir , alors agiliant lur elle , comme il te-
dufang. loit iur l'aliment, il y cauferoit un fenriment de
douleur , comme il arrive quelquefois dans les
douleurs des rhumatifmes :Sila mélancolie n'en
étoit feparée , le fang feroit trop épais : enfin fi
l'urine n"'étoit évacuée , il feroit trop fereux ; &
aînfi il faut que le fang , qui eft une liqueur fi.
précieufe & fi neceiraire à la vie , foit purifié par
le foye , par la veflicule du fiel , par la ratte , le
pancréas , les reins, & la vefïîe.
Des r.Tr- C'eft de toutes ces parties , MefTieurs , dont je
tiej jui pu- vous entretiendrai dans cette Démonftration ,
rihcnt le /^ ^ r > i y \ '
fang. étant toutes lituees dans le bas-ventre , excepte
celle qui fepare la falive, de laquelle je vous par*
lerai auffi dans fon lieu.
^^ Le foye eft un vifcere d'une grandeur confi-
derable , qui eft fitué dans Thypocondre droit ,
fous le diaphragme , dont il eft éloigné environ
d'un travers de doigt , afin de ne lui pas nuire
dans fon mouvement. Dans le fœtus il s'étend
jaicju'au coré gauche , parce que le ventricule
n'eft jamais fi plein d'alimens, c'eft ce qui l'obli-
ge à céder au foye , mais après la nailïance il eft
placé prefque tout dans le côté droit. On le trou-
/ / / Démorijîratlon Anatoyn* i 85)
ve quelquefois au côté gauche j mais cela arrive
fort rarement.
Il ell envclopc d'une membrane mince 6^ dé- ^f^'f'^^-
liée qui lui clt propre ; on trouve quelquerois
-fous cette membrane des vefïicules pleines d'eau,
qui ne ion: ancre ciiolc que des iimphatiques
gonflées entre deux valvules , qui venant a fe
rompre , font cette efpece d'hydropilie 3 qu'on
nomme i«/ciffx.
La figure du foie eft prefque ronde & alfez ^gurc du
reflémblante à un pied de bœuf; il eft convexe du
côté du diaphragme , pour s'accomiiioder à la
figure du lieu] qu'il occupe : & concave du côté
du ventricule \ c'cft en cette partie,' qu'on appelle
la voûte du foie , qu'eft attachée la veilicule du
fiel.
Le foie eft unique dans l'homme , mais il eft c}a V^
divite en deux lobes , dont l'un , qui eft rond & pluficurs
ample , eft à droite , & l'autre , qui eft étroit &: ^'^^^'
pointu , eft à gauche j ces lobes font feparez par
une fcilTure par où entre la véne umbilicale. Ou-
tre ces deux lobes , l'on y en trouve un croifîéme
fort petit , litué à la partie pofterieure du fove ,
dont la chair eft plus molle, & qui eft envelopé
d'une membrane déliée , qui s'étend jufqu'à l'e-
piploon.
Il eft attaché par deux ligamens , le premier ^^'f^^^"*
qui eft le plus fort & le principal , le tient fulpen-
du au diaphragme j il pénètre dans la fubftance
du foie pour le tenir plus fortement : le fécond
eft lâche , mais large & fort \ il vient de la tuni-
que du foie j & s'attache au cartilage xiphoide.
Je ne conviens pas du troiiiéme ligament qu'on
lui donne , qui eft la véne umbilicale dcllechée ;
car comme elle tireroit le foie en en-bas , 6c
ipo Des Parties qui purifient le fang^
par confequeiu le diaphragme , auquel il eft atta-
ché , elle en empêcheioît le mouvement , princi-
palement dans l'expiration.
Couleur i I n 1- • 1
du fùye. ^^ couleur clt ordmanement rouge , cependant
on le trouve quelquefois pâle & blanchâtre ■■, cet-
te rougeur étoit une des raifons dont les Anciens
fe fervoient pour prouver qu'il faifoit le fang \ ce
que nous réfuterons en parlant des autres ulages
qu'ils lui donnent.
Varîtable Les Anciens artribuoîent au foie une fubftance
mudtiucdu ^ • !• ^M 11 • 1
foyc. toute particulière qu us appelloient parenchyme,
& qu'ils croioient n'être autre choie qu'un épan-
chement ou etfuiion de fang caillé qui occupoic
& remplilfoit les elpaces qui { mt entre les vaid
feaux.Mais les Modernes qui ont recherché avec
foin la ftruélure du foie, ont remarqué qu'il étoit
tillu de quantité de petits lobes de figure conique,
que ces petits lobes étoient compofez de plu-
lieurs petits corps glanduleux , qui ont des mem-
branes particulières qui les unilTent , & les atta-
chent les uns aux autres ; & que chaque lobe du
foie , quelque petit qu'il loit , ne laiffe pas de
recevoir un rameau de la porte , un du vaiileau
hilaire , & un de la cave ; de manière qu'on peut
dire que toute la fubftance du foie n'eft qu'un
amas & un alfemblage d'une infinité de petits
corps glanduleux , &C de ramifications diverfes de
vallfeaux,
'-çCinq for- H y ^ dans le foie cinq fortes de vaiireaux,fça-
res de vaif. . •' , _ , ^ , , , *
fcaux au voir , des nerfsjdes artères , des venes , des con-
^^^^' f A '^^^^^ bilaires , & des limphatiques»
^■jl? * " Le foie reçoit deux nerfs de la huitième paire,
un du rameau ftomachique, & l'autre de l'inrer-
coftal. On ne veut pas qu'ils pénètrent dans la
fubftance , mais feulement qu'ils fe perdent dans
///. Démonjiratlon Anatom, 191
fa tunique ; d'où vienc qu'il n'a pas le fentîmenc
auffi vif, que les parties qui en reçoivent un plus
grand nombre.
L'arterc cœlîaque en fortant de l'autre fe divi- , Artères
fe en deux branches , dont l'une va au foie , &:
l'autre à la ratte ; la première, qui ellla plus peti-
te , jette la gaftrique , les deux ciftiques ; l'épi-
ploique , l'inteftjnale, &: la gaftrepiploiquc avant
que d'entrer dans le foie , où elle le perd enfin en
fe divifant prcfque en autant de petits rameaux
que la vcne porte. Il y a même des Anatoniiftes
qui prétendent faire voir que les rameaux de cet-
te artère (ont enveloppez avec ceux de la véne
porte , & avec les branches du canal hépatique
dans une même membrane.
Les principaux vatffeaux du foie fant la véne ^^^"<^s '^'^
cave & la véne porte , qui (ont répandues en pa-
reil nombre dans toute la fubftance du foie j de
forte que chaque lobule , & tous ces petits corps
glanduleux qui forment la partie cave & la con-
vexe de ce vifcerc, font également fournis de ces
vailfeaux \ ainlî il- ne faut pas croire <jue la porte
ne foit qu'en la partie concave , & que la véne
cave ne foit que dans la partie convexe du foie ,
puifque l'on conduit leurs rameaux dans toutes
les parties de ce vifcere.Ceux de la véne porte ne
fe déchargent point dans ceux qui reçoivent la
bile , ni dans ceux de la véne cave,par des anafto-
mofes qu'ils aient les uns avec les autres, comme
fe croient quelques Anatomiftes, mais au travers
de ces petits grains glanduleux dont le foie eft
compofé , & qui fervent de moyen entre les ra-
meaux qui donnent & ceux qui reçoivent , de
manière que tout le foie efl: parfemé des ramiH-
'mtionsdc la véne porte , 6c de celles ds la véne
I5>i Des Parties qui purifient lefarig^
cave , avec cette difFcience néanmoins que ceiks
de la porte y entrent , & que celles de la vénc ca-
ve en fortent.
Conduits Les conduits bilaircs font en auffi grand nom-
dàn^^c ^^^ ài2i\\% le foie , que les rameaux de la ve'ne por-
fojc, te \ puilquc par tout où il fe trouve une branche
de l'un , il y en a toujours une de l'autre,& qu'ils
font enfermez dans la capfule de Glijfon : Ces
conduits tervent à porter la bile dans la velîîcule
du fiel, ou dans le duodénum , comme nousl'ex-
y -fT plîque^onspliis amplement ci-aprés.
limphati- Les Anatomiites remarquent que les vaifleaux
qucs du limphatiquesdu foie tirent leur origine des peti-
tes glandes conglobéesj que l'on découvre fous la
tunique de fa partie cave , veis l'encrée de la
véne porte j dans la capfule de laquelle Glijf n dit
qu'on voit entrer ces vaill'eaux , fans qu'ils ayeut
pour cela aucune communication avec le foie:Ce
qui fait alTez connoître qu'ils n'ont pas leur prin-
cipe dans fon parenchime , comme l'a cru Bar-
thoVin qui les a découverts.
iM^lncicnj L'ufage de ces vaifTeaux eft de porter la lim-
donnoienc phe de ces glandes dans le refervoir de Pequet ,
*" **^*^* & non pas d'apporter le chile au foie , comme
l'ont prétendu ceux qui les prenoient pour des
vénes ladlées.
Les Anciens fe font imaginez que c'étoît le
foie qui faifoic le fang, qui le diftribuoit aux
parties pour leur nourriture , & que le chile ne
pouvoic être porté ailleurs , & pour cet effet ils
vouloient qu'il y fût conduit par les mêmes vénes
qu'ils difoienc porter le fang du foie aux inte-
ftins.
Pour détruire cette opinion , il ne faut qu'exa-
miner les m^uvcmens oppofez qu'ils donnoienr
au
■/ / /. Vemonfiratîon Anatom,, 1 5? 5
âii cliile & au fang^n'y ayanc pas aparence de croi-
re que deux liqueurs dont l'une félon eux , mon-
toir, & l'autre defcendoic , pulïènt palTer en même ^^ ^a^jg
tems par un même canal , d'ailleurs la circulation ne pcuvcng
du fang que l'on a découverte de nos jours , s'eft paircr o^r
trouvée (i opofée à cette diftribution du fang par cndroi[?^
les vcnes , que bien loin de' la porter aux parties,
elles n'ont au contraire point d'autre ufage que ce-
lui de raporter au cœur.
Ce qui me confirme encore dans cette opinion, ff, -'^* '^^
> n j . , - -^ . ^ point ay
c cit qu'aiant fait l'ouverture de pluiieurs chiens foyc.
en vie quarante heures après les avoir fait manger
j'ai aufTi-tot découvert le foye , que j'ai feparé du
corps du chien,& ayant en même tems imbibé tout
le fang épanché dans la place qu'occupoit le foye
je n'ai point vu qu'il y eût une goutte de chile ré-
pandu dans cet endroit,ni;dansune partie du foye,
quoique les véncs lactées , le refervoir & le canal
thorachique en fulfent alors tout remplis 5 ce qui
fait voir alfurément que le chile va droit au cœur,
& non pas au foye. ^
Ce n'efl: pas que le foye ne contribué' , corn- ble u agï*'
me plufieurs autres parties , à purifier le fang : du foye.
mais il faut ici vous expliquer comment fe faic
cette purification , ou pour mieux dire comment
le foye peut être le filtre de la bile \ car quoi-que
les vaiiTcaux qui s'unifTent au tronc de la porte
fallcnt la fondion de vénes , puif qu'ils rappor-
tent le fang , la véne porte néanmoins , contre
cette loi , diftribuë le fang dans tout le foye,
comme fi elle étoit une artère , & cela fans dou-
x^ pour y porter la matière de la bile j car quelle
apparence y a-t il que l'arrere hépatique , qui tft
fi petite , put fufïire à cet effet. Outre que l'oii
f^âit qu'elle cft deftinée à porter &: à fournir la
N
194 1)es Parties qui furlfient le fang,
nourriture à ce vifcere , qui ne pourroic recevoir
de la véne porte , puifqu'il n'y a point de partie
dans tout le corps qui ne fe nourrilîe du fang ar-
tériel. Ainfi quoique le poumon ait de grands
vaifleaux répandus dans toute fa fubftance , néan-
moins il a Ton artère propre appeliée bronchiale.
De mcmc le cœur qui a qnatre fort grands vaif-
fcaux à Tes ventricules , ne laifTe pas d'avoir (on
artère coronaire pour la nourriture de fa propre
fubftance.
Comment -r^-r -s \ r i \ ' >
le foye pu- Dilons donc que le iang de la vene porte après
lifîelc fang. avoir paifc par toutes ces ramifications , fe jertc
dans les glandes où aboutilfent aulîi les extremi-
tez du conduit biliaire , la capillaire de la vene
cave , & celles de Tartere qui y porte auffi du
fang \ & que tout ce fang s'y filtre , de manicre
que {z^ particules proportionnées aux petites bran-
ches des extrémitez des conduits biliaires , y cou-
lent continuellement , pour s'aller jetter les unes
dans le canal hépatique, & de-là dans le duodé-
num 5 les autres dans la vefficule ; au lieu que
celles dont la figure & la grolfeur ne permettent
pas qu'elles pafl'ent par ces petites embouchures ,
font reportées par les capillaires de la véne cave
dans le gros tronc3& enfin dans le ventricule dioic
du cœur.
L'on dira peut-être que fi la véne porte failoit
i'ofice d'artère , elle devroit aulîi pour aidera la
filtration dans les glandes avoir un battement pa-
reil à celui qu'ont les atteres; mais on répond que
fi elle n'a pas le mouvement de diaftole & de fif-
tole, elle ne lailfe pas d'en avoir alfez pour cet
effet ; puifiqu'elle eft renfermée, comme nous a-
vons dit , dans une capfulc mufculeufe capable dq
fc dilater & de fe reiferrer. D'ailleurs elle eft
/ / /. DêjnonflrMîon Amtorn, 1 9 /
toujours accoaipagaée de Vautre donc le batrc-
menc continuel lui eft fans doute d'un grand le-
cours.
Mais parce qu'il ne fe peut faire de filtration
que le fan g ne foit pouiï'é avec force , tant par
l'impulfion du cœur j que par celle des atteres ,
comme nous l'ayons dit en expliquant la généra-
tion des efprits animaux , & qu'ain(î le fang qui
cft dans la porte fe trouve grollier & non artériel,
la nature a eu foin de coller immediarement à cet-
te véne Taitcre hépatique , afin que par fon con-
tinuel battement elle fit avancer de couler plus
promptement le fang de la porte. Elle a aufÊ en
foin d'enveloper ces vaiffeaux d'une capfule ca-
pable de mouvement, afin que comprimant conti-
nuellement cette véne 5 elle augmentât le cours
du fang qui y eft contenu.Enfin cette fage mère a
mis le foye fous le diaphragme, & fous les mutcles
du bas ventre, afin que par leurs battemens conti-
nuels ils rendillènt le cours du fang plus vite &C
plus facile.
En levant le foye en haut , on voit la vefîicu- E
le du fiel ,qui eft le refervoir de la bile ; c'eft ^J ^jf *^"^®
une efpece de poche ronde , & un peu longue ,
qui a la figure d'une petite poire. La vefïicule du Q;iatrc
fiel eft compofée de quatre membranes comme àtavcfficu!
les intcftins; la première en commençant par celle le duùcl.
de dedans , eft un velouté qui eftnn compofé dcfs
canaux excrétoires des glandes i la deuxième eft
nerveufe & mince ; la troihéme cft faite de fibres
charnues j enfin, la quatrième eft commune à la
vcllicule & au foye \ n'étant autre chofe que la
membrane du foye qui palfe par dcilus la vCiîî-
cule.
Cette petite vefîie n'excedej cas pour l'ordi-
' N ij
ip(> Des Parties qui purifient le fa'/ig i
GrandcHr naire la grolFeur d'uiî petit œuf de poule j nean-'
de h"vcin- ^"'O'*^^^ ^^^^ 4"^ ^^^'^^ ^^^^ bilieux, l'ont plus giolle
cilodafiel. 6c plus grande que ceux qui le font moins:Sa lon-
gueur ell environ de dewx travers de doigt , & (a
largeur d'un pouce. Elle efl: fîtuée au dellbus du
grand lobe du foye dans fa partie concave,où elle
eft comme enfoncée dans la fubftance,elle eft uni-
que, & rarement il s'en trouve deux.
VaifTcaux £a vefîicule du fiel reçoit un petit nerf d'une
culedufid. branche de l'intercoftal. Elle a deux artères Kifti-
ques , qui viennent de la cœliaque , & qui après
s'être divifées en plufieurs petits rameaux , vont
. enfin fe terminer aux petites glandes,qui font en-
tre ces deux tuniques:Elle a aufH deux vénes , qu«
l'on nomme Ki{liques,lefquelles reçoivent le refi-
du du fang que les artères y ont aporté , pour 1§
reporter dans la véne portejenfin elle a un vaiffeau
limphatique qui va fe rendre avec ceux du foyc
dans le relervoir du chile,
C On confidere à U vefîicule du fiel fon fond 5c
de la Tcffi- fon col j le fond eft rond àc placé à la partie infe-
culc.duficl. rieure du foye j lorfqu'ileft dans fa fituation na-
turelle. Ce fond eft teint de la couleur de la bile
qu'il contient. Il renferme fouvent de petites pier-
res formées par la partie la plus limoneufe de la
bile , qui par le fejour & la chaleur du lieu s'y pe-
trifiej j'en ai trouvé julqu'au nombre de cinquan-
te-deux dans la velHcule de Mr le Marquis de
Louvois.
D Le col eft au deftus du fond j il s'allonge & fc
Le col de la rétrécit de manière qu'il fe termine en un canal
veflîculc du ,,„,,,. , . T- , . . .
fiel, étroit & délie , qui va aboutir au conduit com-
mun , ce canal eft appelle pore bilairc. A Ten-
droit où ce col forme ce canal , il y a un petit
«nneau fibreux qui le dilate & fe relTerre com-
///. Démonftratîon Anatom, 1^7
me un Tphindter , pour lâcher ou pour retenir
la bile dans la vefîicule , & pour empêcher qu'el-
le ne remonte d'où elle vient : cet anneau
fait la le même office que le pilore au ventri-
cule.
Le cholidoque 'eft un vailTeau oblong , deux , ^ , .
fois plus large que le col de la vcfîîcule , qui s'en doquc!
va droit au foye par le canal commun dans l'in-
teftin. L'on croyoit qu'il portoit la bile du foye
dans la velîîcule , mais l'inteftin enflant , & non
pas la vefîicule , lorfqu'on foufle dans ce conduit,
cela fait vpir que la bile de ce canal va droit dans
l'intcftin , & en même tcms fait prefumer que cel-
le que l'on trouve dans la velîicule , y eft: aportée
d'ailleurs.
Le canal commun de la bile eft formé par la . ^
jonition du cholidoque & du pore biliaire , il va commun,
le terminer obliquement à la fin du duodenum^ou
quelquefois au commencement du jéjunum , &
rarement au ventricule. Il fe coule entre les deux
tuniques de l'inreftin , & en perce l'extérieure
deux travers de doigt plus haut que l'intérieure :
Cette manière d'entrer dans Tinteftin , fait qu'il
n'a pas befoin de valvule qui permette l'entrée
de la bile , & qui empêche Ton retour , étant im-
poGible par cette dilpohtion que la bile , & même
le chile , puilfent monter par ce conduit lorlqu'il
y a quelque obllrudion à ce canal , la bile ne
peut poinc être verlce dans les inteftins ^ & alors
elle regorge dans le fang i & caufe cette maladie
qu'on appelle jauniire cjui devient fouvent mor-
telle.
Les pigeons, & beaucoup d'autres animaux qui Toas le*
n'ont point de velTiculc du Hel , ne laiiTent pas ce- oqj"^"^^.
pendant d'avoir de la bile , leur foye fe trouvant bile.
N iij
19 s Des Parties cjhî purifient le fm^g,
amer , mais ils onr le cholidoque qui faifant la
fondion de la veflicule , porte la bile tout droic
dans l'inii^ftin.
Deuifor- Pour bien concevoir les ufages de ces parties ,
tesdebiie. jl J^auc fcavoir qu'il y a deux (ortes de bile , l'une
fubtile , qui ell portée par les conduits biliaires
dans la veflicule , qui la dégorge enfuite dans les
imeftins , i^' l'autre qui eft groffiere , laquelle
avant été feparée par les glandes du foye qui font
aux extremitcz des rameaux de la véne porte , eft
portée par de petits canaux dans le cholidoque , &
de-là dans le canal commun,où l'une &: l'autre fe
rencontrent, &: vont de compagnie ie rendre dans
les boyaux.
rh^^'^r II V a des Modernes qui prétendent que la bile
dmit en iubtile eft apportée dans le tond de la vellicu-
nois. \q p^j. ^.,.QJ5 endroits difterens , & que même elle
eft compofée du mélange de trois biles différen-
tes. La première eft celle qui y eft apportée par
les conduits biliaires , c'eft celle dont nous ve-
nons de parler ; la féconde eft celle qui y eft
portée par un conduit que Blafius appelle i'îngu-
.lier , & qu'il dit fe glilfcr entre les deux tuni-
ques pour s'inférer dans le fonds de la veflicule ;
il affure qu'il a une valvule qui permet à la bile
d'en fortir , & qui empêche qu'elle ne regorge
dans le même conduit. Et la troifiéme fuivant
Malphigi, eft celle qui eft filtrée & feparée par les
glandules qui font entre les deux tuniques de la
veflicule.
Labilcçft Si là bile n'étoit qu'un excrément ,& qu'elle
por.' I., ver. n eut Ion conduit dans les mceltms que pour être
fecT-.on àd évacuée avec les impuretés du bas- ventre , la na-
tmic. . .. ^ j • j 1
tiire auroit du mettre ce conduit dans les gros
boyaux y ôc non pas au commencement des grêles.
~ 1 1 1.T)êrnonflratlon Anatom. 199
où la plus grande partie de la bile fe mêlant avec
le chile , eft reportée dans le fang , dont toute la
malle fecorromproit infailliblement fans ellejCom-
nie il arrive dans le plupart de ceux qui font hy-
dropiqueSjaprés avoir eu la jauniirejd' ailleurs étant
un dilîolvant tres-puiflant , elle achevé de rompre
& de brifer dans ces premiers intcftins,les parties
de l'aliment qui ne l'avoient pas été fuffifammenc
dans Teftomac; & ainfi bien loin d'être un pur ex-
crément 5 comme on l'a toujours cru , on doit au
contraire être perluadé par les ufages importans"
que la nature lui a donnez , que c'eft une liqueur
necellaire, fans laquelle le chile ne pourroit jamais
acquérir le degré de perfedion , dont il a iDefoiii
pour devenir fang.
De plus , la bile , & fur tout celle de la veffi-
cule du fiel lorfqu'elle fe décharcre dans le duo-
dénum , picote par fon acrimonie les fibres Aes
inceftins , & ainfi elle excite un mouvement pro-
pre à poufler le chile dans les vénes ladées , &C
à jetter les excremens par l'anus. Son acrimonie
eft fort bien prouvée en ce qu'on la coagule par
des acides , & qu'on la rend plus fluide par les
huiles Alcalines. L'acide de la bile rend aufïi le
chile plus fluide ^c plus fubtil , il facilite fon en-
trée dans les laélees -, il fert même encore de clyf-
teres naturels ; & la partie huileufe de la bile , en-
grailfant les inteftins , facilite anfli la defcente
& le mouvement des gros excremens. L'on fcait
allez que la bile qui pafle par le canal cholido-
quc, coule fans cédé dans le duodénum ^ mais on
n'eft pas fi afluré du tems auquel celle de la veflî-
cule s'y décharge. Il y a aparence néanmoins que
cela arrive principalement dans le tems de la dige-'
ftion , parce qu'alors le ventricule fe comprime
N iiij
200 Des Parties qui pmfient le fang^
pour vuîder le chile dans les inteftinsj ce qui s'ac-
çoide fort bien avec la raifon , puifque c'cft dans
ce temps-là qu'on a befoin de la force fubtilifante
& picorante.
G j Le ratte eft fituée dans l'hypocondre gauche , à
Laratcc, poppoùte du foyc,rous le diaphragi"ne,entre les cô-
tes & le ventricule.Elle eft aux uns plus haut,& aux
autres plus basjmais en tout elle eft à la partie la-
térale & pofterieurejétant apuyéc fur les vertèbres
& les fâuftes côtes.
Situation On trouve fort rarement la ratte dans l'hypo-
de la ratte. tondre droit,quelques-uns l'ont appellée le vicaire
du foye,parce qu'ils ont crû qu'elle pouvoit fupléer
à fondéfauti mais l'adion de ces deux vifceres eft
il opofée,(Sc leur difpofition naturelle tellement dif-
ferente;qu'il eft impolTible que l'un fafle la fonction
de Tautie.
, Sagran- Quoi que l'homme l'ait alFez grofte , elle eft
acw. néanmoins beaucoup plus petite que lefoyerfa
longueur eft de demi pied/a largeur de trois tra-
vers de doigts , & fon épailïeur d'un pouce. Ceux
qui font naturellement mélancoliques, l'ont plus
grande ; parce qu'étant rare & lAchejelle groffir à
,>^ mefure que la partie la plus grofîlere du fang y eft
reçûcjmaisil eft plus avantageux de l'avoir petite
que de l'avoir grolîè.
rig'irc de La ratte eft faite coinme une langue de bœuf^
la ratte. elle eft un peu convexe du côté des côtes, & con-
cave du côté du ventricule j Elle a' dans le milieu
de (a longueur une certaine ligne blanche , qui a
quelques tuberofitez 3 c'eft Tendroit 011 les artères
lont iccûës.
Sa cou- JLa couleur de la ratte eft différente , fuivant
i"or. j^^ 2,gcs ; aux fœtus elle eft rouge comme le foye,
aux'adultes elle eft nûiràtre,a caufe du fuc mélan-
/ / /. Dérnonflratîon Anatom, io\
colique qui l'emplit;& à ceux qui lont plus avan-
cez en âge,elle aproche de la couleur livide \ cnhii
elle eft plus ou moins brune , félon que rhumcur
qu'elle reçoit eft plus ou moins noire.
Outre qu'elle attachée au péritoine , au rein Ligamcns
gauche : & quelquefois au diaphragme par des ûcl^r^^e.
membranes qui font fort déliées , elle l'eft encore
par fa partie cave à la membrane fuperieure de l'é-
piplooniElle eft aujG!i attachée à l'eftomac par deux
ou trois vénes rcmarquableSjqui font apeiléesî;^y4
hrevîa , ou vaiileaux courts , parce qu'ils font peu
de chemin. '
Les. nerfs de la ratte viennent de Tintercoftal ; î:?"f!'!?^
ils ne s'arrêtent pas a la membrane , comme on de la ratte.
Ta crû i mais ils le diftribuent en'plulicurs petites
branches dans toute la fubftance de la ratte. Ses
artères font les extremitez des rameaux intérieurs
de lacœliaque , qui après avoir pénétré toute la
ratte par une infinité de ramifications , en fortent
pour s'inférer dans cette membrane:c'eft pourquoi
lorfqu'on l'enlevé de forcCjOny voit paroîrre une
infinité de petits points rouges, qui font autant de
petites gouttes de fang forties par les orifices de
ces ramifications d'artères qui ont été déchirées.
Ses vénes après avoir rampé fur cette membrane,
te y avoir diftribué un grand nombre de petits ra-
meaux entre-lacez en fornie de rets , fe réimiiTent
<Sc forment le rameau fplenique , enfin elle aune
ti es-grande quantité de petits vaifteaux limphati-
ques , qui s'entortillant autour des vénes & des ar-
tcres qui entrent dans ce vilcere , vont fe rendre
dans le rcfervoir du chile, pour y porter la limphe
dont ils ménagent le cours par une infinité de val-
vules.La couleur de cette limphe eft jaune5& quel-
quetois rouftatie.
10 2 Des Parties qm purifient le fang ,
Larren^bra- Dans l'homme la rartc n'a qu'une membrane
rc danV"*^" ^^^^ epailTcDe fa furface intérieure forcent des fi-
rhonriK. bres dures qui la tiaveifenr. Toutes ces fibres for-
ment un tilîu dont les efpaces fonr de différente
hguie , on ne (çauroit enlever la membrane de la
ratre fans les déchirer , c'eft ce qui la rend toute
inégale. Ces fibres font charnues comme celle des
poumons.
Sentimcns ^" "*-"-^^ ^ toujours décrit la racte comme un
des Ar.cicLs parenchime fait de fang coagulé , & épaifîi entre
poVuion^dë ^^^ fibres & Ics vaiffeaux, & on a voulu qu'elle ne
fa raue. fût différente du foye que par fa fubftance , & par
fa chaleur.
Sa vcrirable Mais les Modernes, après avoit recherché exa-
élement fa ftrudure , nous ont fait voir qu'elle efl:
compofée d'une très-grande quantité de membra-
nes , qui foimient de petites cellules de diftcrentes
figures, qui s'entretiennent & qui font jointes
enfemble par des fibres & de petits vailfeaux qui
les traverfent ; ces cellules ont communication les
unes avec les autres, & contiennent toutes de pe-
tites glandes de figure ovale , & de couleur blan-
che , où aboutilïent les extrémitcz des nerfs & des
artères. Les membranes qui forment ces cellules,
viennent de la tunique de laratte , n'étant toutes
qu'un même tiffu & une produdion continuelle
de la membrane qui envelope immédiatement ce
vifcere.
La ratte a des vaiffeaux confidcrables y elle a
deux nerfs qui accompagnent les rameaux de l'ar-
tère , & qui ont tous deux la même enveloppe ;
Parrere cœliaque lui fournit un très-gros vailleau,
qui fe divife en trois ou quatre branches , qui
vont fe rendre dans ces cellules , & enfin fc ter-
miner aux petites glandes dont nous venons de
111, lyémonjîratîon Anatom. 205
parler : De ces glandules parrem de petites vénes
qui le joignant enlcmblc en forment de giofles ;
ces groifes enfuite en fortant de la ratte fe léiinif-
fent &: font la véne fplenique, qui après avoir re-
çu quatre rameaux en chemin , va finir à la véne
porte.
Si vous fouhaittez voir la diftribution de tous n
ces vaifleaux dans une ratte , au0i-bîen que dans ,V^^ r^ffe
c , >■ J ■ •■•Il \> c, l^ aepoiiilléc
un roye , vous n avez qu a dépouiller i un oc 1 au- de (a mem-
tre de leurs membranes , & enfuite les fouetter branc.
fur une planche , en verfant de Teau continuelle-
ment deflus y ayant ainlî dilfout & lavé tout ce
qui occupe les efpaces qui font entre les vailîeaux
vous aurez lieu d'admirer la prodigieufe quantité
de ces vailïèauXjSpl'induftrie avec laquelle ils font
fabriquez.
Les fentiment des Anatomiftes font fi opofez fur DifFcrens
1 ulage qu on donne a la ratte, que pour être trop nczàlarat-
contcfté on pourroit dire qu'il eft inconnu. Les ^^•
Anciens ont voulu que ce fût le refervoir de l'hu-
meur mélancolique , à caufc que le fan^ qui s'y
trouve eft fort noirjde même qu'ils ont dit que la
vefficule étoit le refervoir de la bile:Mais on n'en-
tend gueres ce qu'ils veulent dire par leur mélan-
colie,& l'on ignore s'il fe trouve ici une cavité pour
contenir cette humeur , comme dans la velîicule,
ni à quoi elle feroit propre.
D'autres ont crû qu'elle fervoît à filtrer quel-
que humeur aigre & acide , & qu'ils font verfer
dans le ventricule par les vallfcaux courts pour
aider à la digeftion , fervir de levain aux alimcns,
& exciter l'appétit. Mais cette opinion ne peut
être foûtenuë , puifque les vailfeanx courts n'é-
tant autre chofe que des artères &: des vénes qui
fe détachent du tronc comme les artères., ou qui
/
204 Des Parties qui purifient le fangy
s'unifFent au rronc comme les vcnes avant que
d'entrer ou de fortir de la fubftance de la ratte ,
ils ne peuvent établir aucune communication ni
de commerce entre la ratte & l'eftomac, £n effet,
les altères lerviront bien à la vérité à porter le
fang au ventricule,pour communiquer la nourri-
ture qu'elles reçoivent au tronc fplenique j mais
ce raiig ne venant pas de la ratte, puifque le tronc
n\ ecoit pas encore entré quand les rameaux s'en
font détachez , ces vailîeaux ne peuvent rien cha-
rier de la rate au ventricule. Les vénes y en con-
duiront encore moins ; car elles viennent du ven-
tricule fe jetcer dans le tronc fpleniqnc , après
être forties de la ratte pour y verlcr le fang qu'el-
les rapportent du ventricule ; & ce fang ne peut
être porté à la ratte , puîG^ue le tronc Iplenique
en rapporte le fanj^ , & le va vcrfer dans la porte
d'où il faut conclure neceirairement que ces vaifl
féaux qu'on nomme courts , n'ont point du tout
les ufages qu'on leur a attribuez , & même qu'ils
n'en peuvent avoir d'autres que ceux qu'ont tous
les autres vailfeaux par tout ailîeurs,& dont le plus
eircntiel eft aux artères de porter le fang aux par-
ties pour leur nourriture,& aux vénes d'en rapor-
ter le refidu.
Enfin une preuve convaincante que la ratte n'eft
pas fans ufage , eft que les chiens derattez loiij de
manquer d'apetit, au contraire ils mangent beau-
coup plus que lesautres.Mais on demandera peut-
être d'où vient que les rateleux mangent beaucoup
& ont grand appétit. La raifon eft que l'acide qui
domine dans leur fang venant à fe répandre dans
leur vencricule,picote fes membranes; ce qui leur
donne le grand apetit qu'ils ont , & c'eft cet acide
répandu dans tout leur fang , qui yenajit picoter
I î I, 'Démon^ratlon Anatom. loj'
leurs neifs ; caufe des douleurs inruporcables auf-
quelles ils font fi fujcts.
Aurefte, quoique nous ne trouvions point de
glandes dans la ratte pour y faire quelque filtra-
tion,il ne faut pourtant point croire que cette par-
tie foit inutile, & que le fang n'y reçoive quelque
alteration,qui peut-être contribue à le faire mieux
filtrer dans le foye pour la feparation de la bile.Eii
eifet, la précipitation doit toujours précéder la fil-
trjtion , c'eft-à-dire , que les molécules doivent
être déjà feparées avant que de venir lur les cou-
loirs. Celles de la bile ; par exemple , doivent de'ja
être feparées de celles du fang , avant que de par-
venir aux glandes du foye,
Oeft peut-être fur ce fondement que les Chymi-
ftes admettent des levains par tout où il fe fait des
fîltrationSj& qu'ils ont nommé celui du foye , Sa-
lin fulphureux , parce que dans la bile ils ont re-
marqué deux fortes de principes,un falin , & l'au-
tre huileux , fondez fur cez a.xiomç , falina falîms,
oleofa oleofîs folvuntur. Mais il n'eft pas nece0aire
d'admettre des levains pour les précipitations qui
fe doivent faire dans les parties de nôtre corps j car
par tout où il fe fait des filtrations nous trouvons
excepté ici , la grande impulfion du cœur , le rei^
fort des artères , &c. qui dans leur grand chemin
foUectent continuellement le lang, & font defunir
les différentes molécules qui en dévoient être fepa-
rées.
Mais comme cela ne fe fait ici que tres-foi-
blement , la nature en recompcnfe fait faire cet-
te précipitation ; & tire cqs deux principes de^la-
bile de deux différentes origines. La première ,
par exemple , fçavoir la partie huileufe , vient de
l'épiplooiï où toutes les véne$ ont une fort gian-
2o5 Des Parties qnl purifient lefang ,
de connexion avec la fjraifle dont elles reçoivent
cette huile , & l'autre principe viendra de la rat-
te , à caufe de l'abondance des efprits qui s'y
mêlent avec le fang. En effet , nous y voyons a«
boutir deux gros cordons de nerfs ; ajoutez à ce-
la que le fang en féjournant donne occafion à cet-
te partie faline de fc développer, d'o^ii vient qu'el-
le a à la veritc une fort grolle artère ; mais parce
quelavénc eft beaucoup plus confiderable,& que
les cellules font capables de tenir beaucoup pUts
de fang que fon artère n'en peut fournir , il ar-
rive que le fang étant verfé par les capillaires de
l'artère dans ces grandes & vaftes cellules, il y
doit fejourner quelque tems , par cette règle de
mécanique , qui ell; que lorfqu'une liqueur cou-
le d'un petit vailfeau dans un grand , elle doit
perdre de fon mouvement ,& couler plus lente-
ment : Or en y féjournant , & outre cela y étant
continuellement broyé & battu par les fibres de la
ratte , qui tiendront ici lieu de l'impulfion du
cœur , & du reflort des artères , il doit s'y altérer
& recevoir quelque préparation , d'où vient que
lorfque la nature veut préparer quelque liqueur-,
file la fait couler par de longs & tortueux chemins
afin qu'en féjournant davantage , elle puilîe être
mieux altérée.
Les efprits animaux qui coulent inceirammenr
dans la ratte par ces deux gros cordons de nerf^
qui nous y avons remarquez , contribuent à cette
préparation en deux mnnieres : La première , en
îe mêlant avec le fang , ils le fubiililent & l'atté-
nuent j car ce font les outils les plus tranchans
de la nature : La féconde , en faifant mouvoir les
fibres mufculeufes de la ratte , lefquelles comme
des mules de mouli^î broyem le fang. Par tout ce
1 1 1. Demonflratlon Amtom. ^o? .
iqiie nous venons de dire , il faut conclure que l'u-
fage le plus vrai fcmblable qu'on peut donner à la
ratte , efl de préparer le fang pour être facilement
filtré dans le foye , & cette préparation confifte à
atténuer , fnbtilifer & broyer le fangA à en fepa-
rer les molécules falines de la bile. Ceft pourquoi
la ratte & Tépiploon qui contribuent à cette filtra-
rion fe rencontrent dans les animaux, & toujours
les vénes de l'un & de l'autre vont fe décharger
dans la porte , quoique bien fouvent elles foienc
plus prés de la cave.
Le Pancréas eft un corps compofé d'une grande ^^ p^^^.
quantité de glandes envelopées d'une même mem- crcas
brane.ll eft iîtué Tous la partie pofterieure & infé-
rieure du ventricule vers la première vertèbre des
lombes : Il s'étend depuis le duodénum jufqu'à la gj grandei;'r
ratte , ayant fa principale partie dans l'hypocon- du pancrcas
dre gauche j il efl: fortement attaché au péritoine.
Sa pefanteur eft de cinq onces. Il eft long pour
l'ordinaire de dix travers de doigts, laro-e de deux,
Repais d'un.
Les Modernes ne reconnoiftent que deux efpe- Deux for-
ces de glandes , aufquelles ils reduifent toutes les des au
autres ^ excepté les rénales : Ils appellent les unes corps,
conglobées,& les autres conglomérées. Je pren-
drai occafion de vous les expliquer ici toutes deux
à caufe du pancréas qui eft au rang des conglomé-
rées.
Les glandes conçlobées font celles qui n'étant ^i j
pomt diviiees j ont une lubltance & une compoil- Gonglobces
tion qui en paroîr plus ferme & plus continue,
dont la fuperficie eft égale & fore unie : Elles ont
toutes une artère qui leur apporte du fang,&
une vene qui le reporte après avoir été filtré dans
ces glaindes. Elles ont auiE uu ou pluiîeurs vaif-
^ o 8 Des Parties qui purifient hfang,
féaux excrétoires qui conduifent & verfent ért
quelque endroit ce qui en a été feparé. Il y en a
qui ont une cavité dans leur milieuj&: des vailfeaux
limphatiques qui vont fe rendre dans le refervoir,
ou dans le canal.
Glandes ]_cs conçlomcrces font celles qui font corapo-
congloinc- r' J i r • • i j i
rect. l^es de plulieurs petits corps ou grains glanduleux
joints enfemble fous une même membrane , com-
rne les glandes falivales , fudorales , lacrimales ,
& le pancréas ; ces glandes outre des artères , des
vénes & des nerfs , font encore fournies chacune
d'un vaiffeau excrétoire , ramifié dans leur propre
fubftance ; par le moyen duquel elles déchargent
dans des refervoirs les liqueurs qu'elles ont fil-
trées.
Ufage des L'ufage des glandes étoit inconnu aux Anciens,
g.andcs. puifqu'ils croyoient qu'elles ne fervoienc qu'a ap-
puyer la dîftribution des vaiifeaux j apparemment
qu'ils ne fe donnoient pas la peine d'examiner li
ces vaiffeaux entroient ou non dans les glandes :
car ils auroient connu comme les Modernes qu'il
n'y a pas une glande quinefepare quelque liqueur
par fa difpofition nacurellei de même qu'un crible
laîlfe palfer par fes trous des particules qui en ont
la figure,
Ufagc de? Les liqueurs qui font feparées par les glandes,ont
liqueutî. ^^^ ufages differensiles unes fervant a diiroudre,les
autres à humederjôc les autres étant deftinées pour
être évacuées.
Le pancréas étant , comme nous le venons de
Le pan- dire, de la nature des glandes conglotnerées,il re-
un?glandc ^^^^ toutes fortes de vailfeaux;il y a un nerf de l'in-
congiomc- tercoftal , des artères de la cœliaque,des vénes qui
vont à la fplenîque , & des vaiifeaux limphatiques
qui vont au referyoïr.
///. Vémonflratlon Anatonté lo^
Le pancréas , outre tous ces vaifTeaux , a un !•
conduit particulier , que l'on nomme pancrea- pancr.?a-
tique , il fut découvert en l'année 1642. parque
f^irfungtts célèbre Anatomifte à Padouc. Ce
canal efi: membraneux : Après qu'on l'a ouvert
on y remarque une cavité dans laquelle on intro-
duit facilement une petite fonde ^ que l'on con-
duit jufqucs dans le duodénum , où il entre alTez
proche de l'ouvciture du conduit de la bile , qui
e(l quelquefois le même pour ces deux canaux.
La facilité avec laquelle la fonde avance , lorf-
qu'on la poulie dans cette cavité vers l'inteftin ,
Ce la difticuké qu'on a de la faire entrer en la
pouffant du côté de la rattc, nous fônt^voir que
fon véritable chemin eft d'aller à l'inteftin , où il
porte une liqueur jaune , autant qu'on le peut
remarquer par la couleur dç la fonde que l'on en
retire.
Ce canal ne vient pas de la ratte i à laquelle il r^ , i
«e touche point , mais des rameaux des petites percé dins
glandes qui comnofent le pancréas , de manière ^^ <iuode-
qu il groilit a melure que ces rameaux s uniHent,
il vient fc terminer dans le duodénum , où il a
une petite valvule qui permet la fortie de la li-
queur qu'il contient , «Si em.pêche que le chile &
les autres matières ne pall'ent des inteftliis dans la
petite ouverture. Il eft unique & rarement dou-
ble i fa groifeur eft comme celle d'aine petite plu-
me,quand il eft dans fon état natuirel; car il grolîit
qulquefois par excès.
L'ufage du pancréas n'eft pas de fervir de couf- ufagedû
fî'i au ventricule , ni d'appui aux vailîeaux qui fe Pf^""^
diftribuent dans l'abdomen , mais de féparer & pincrcati-
de filtrer par le movcn des glandes dont il eft q-c.
compofé , un fuc acide , qui eft porté enfuiic par
O
z I o Des parties qui -purifent le fang,
fon canal dans le duodenum,OLi ce fuc iert de dif-
folvant conjointement avec la bile , pour y don-
ner au chile fa dernière perfedbion.
fuies atia- Avant que de palîer aux reins , il y a deux par-
bilaircs. tîes à vous faire voir , que quelques-uns appel-
lent capfuies atrabilaires , à caufe que l'on trou-
ve quelquefois dans leur cavité une humeur
fcmblable à de l'atrabile j d'autres les nommeiit
Reins fuccenturiaux , parce qu'elles ont pour
l'ordinaire la figure de Reins ; enfin d'autres les
appellent glandes Re'nales , à caufe qu'elles ont
la fubftance de glandej& qu'elles font fituées pro-
che les Reins.
Situation q^^ capfuies font deux ,une de chaque côté :
Ici acrab;- elles font placées tantôt delius le rein , & tantôt
laixc». entre le rein & la grolîe artère ; elles font enve-
lopées d'une membrane fort déliée , &: embar-
raflees dans la graifle , ce qui donne de la peine
à les trouver. Celle qui eft à droite eft ordinaire-
ment plus petite que celle qui cil: à gauche , elles
font chacune de la grolfeur d'une noix applatie ,
ayant une cavité alfez ample pour leur grolfeur ;
dans le fœtus elles font toûjoqrs prefque aufîi
_ grandes que les reins,
ftam!?. " " Leur fubftance ne diffère gueres de celle des
reins , excepté qu'elle eft un peu plus molle , &
plus lachej elle fe rompt facilement en dilïequanc
ces capfuies , lorfqu'on les veut fcparer de la
membrane extérieure des reins , à laquelle elles
font fortement attachées.
Leur figu- Leur figure eft aufîi changeante que leur fitua-
"' tion , étant quelquefois rondes , ovales, quarrées,
triangulaires , & n'en ayant , pour mieux dire, au-
cune d'affurée,
Lettsjcou". Leur couleur eit tantôt rouge, & tantôt fembla.
/ //, Démonflratîon Anatont, it i
ble à la graiire de laquelle elles font cnvelopées j
elles ont dans leur cavité de petits trous qui pé-
nètrent leur fubftance.
Elles ont un nerf qui leur vient de l'intereoftal. Leurs
<x qui y rorme un plexus j l artère emulgente , èc
quelquefois l'autre leur envoycnt un ou deux ra-
meaux j elles ont un petit conduit qui va s'inférer
dans la véne éraulgente à fa partie luperieure. Il
y a dans leur cavité une valvule , qui s'oUvre du
coté de l'émulgenrei
Quoiqu'on n'ait pas encore connu jufqu'à pre- L'ufagé
fent l'ufage de ces capfules j cela n^empêchc pasj""^
qu'on ne doive leur en donner un par rapport
à leur ftrudure , & à la liqueur que l'on trouve
dans leur cavité -, ainfi je dis qu'il y a lieu de
croire qu'étant des glandes , elles fervent à fé-
parcr quelque humeur du fang que les artères leur
portent : & ce qui prouve que cette humeur eft
enfuîte verfée par leur petite véne dans l'émul-
gente j où elle eft mêlée avec le fang à qui elle eft
utile , c'eft la difpofition de la valvule dont je
viens de vous parler, qui eft faite de manière
qu'elle permet l'écoulement de cette humeur
dans l'émulgente , & empêche que le fang ne re-
monte de l'émulgente dans la cavité de a:s glan-
des.
La connoiilànce de la ftrudture des glandes
rénales m'a fait avancer une opinion fur leurs
ufages j que je croi la véritable. Je dis qu'elles
n'ont plus de fondions aulli-tôt que l'enfant
eft né j qu'au fœtus elles font l'office de rcinSj
en fepàrant la ferofité du fang qui leur eft por-
tée par les artères , & la verfant enfuite dans
les véncs cmulgentes par ce conduit qui y va
aboutir* Si l'on examine bien cette opinion ,
O ij
2 1 z Des Punies cjitl ptrîfient le fang ,
on trouvera que tout concourt à la prouver.
Ces glandes font tres-grofles au fœtus , parce
qu'alors elles font en action \ elles diminuent
à mefuie que l'on avance en âge , parce qu'el-
les deviennent inutiles. Les reins dans le fœtus
ne doivent point féparer de ferofitez pour deux
raifons. La première , c'eft qu'il feroit obligé
d'uriner \ ôc l'autre , c'eft que le fan^ devien-
droit trop épais , cette ferohté ne pouvant ctie
reparée par la boiflbn , les glandes rénales fup-
pléent à ces deux inconveniens ; elles féparent
la ferofité avant qu'elle pullfe être portée aux
reins , & elles la verfcnt dans les vénes émulgen-
tes , afin qu'étant mélangée avec le fang , il
foit auili coulant qu'il doit être pour bien cir-
culer.
Les parties qui épurent le fane de la ferofité
Les partiel r a ■■ ^ t \P ■ r j
qui {epa- iupernue , que nous appelions i urnie , lont de
rcntruri- trois fortes ; fcavoir les reins , les uretères, & 1«
vellie \ les premiers féparent cette feroficé , les fé-
conds la charient dans la vefïie aufli-tôt qu'elle
efl féparée, & la vefïie lui fert de refervoir pour la
earder quelque tems , & la chalTer dehors, lors
qu'il y en a une quantité fuffifantc.
Les reins. Les reins font des corps d'une condftance beau-
coup plus dure que le foye & la ratre : Ils font
ainfi appeliez du verbe Grec f'é/v , qui lignifie
couler , à caufe que l'urine coule fans cefîe dans
leur baiïinet : Ils font deux ; la raifon que
quelques Anatomiftes aportent de leur dupli-
cité; eft afin qu'un étant indifpofé, l'autre puilïe
foppléer à fon défaut ; mais cette raifon ne doit
pas iatisFaire ; car fî la nacure avoir eu cette in-
tention, elle auroit fait toutes les parties dou-
bles , puifqu' elles font toutes fajettes à être ma*
ne.
///. Demonfiratîon Anatom. 113
lades : par exemple , elle auroit fait deux cœurs,
afin que l'un cefl'ant de nous faire vivre , l'autre
eût fuppléë à Ton défaut j ainfî la caufe de la du-
plicité àcs parties n'eft pas la raifon qu'ils en ont
aportée ; mais plutôt la perfedion des actions
de ces mêmes parties ; car il n'y a qu'un foye
pour réparer la bilc,qu'une ratte pour fubrilifer le
fang, qu'un pancréas pour filtrer le fuc pancréati-
que, &c qu'il y ait néanmoins deux reins , c'eft
que ces fortes d'humeurs ne font pas en aufÏÏ
grande quantité que la ferofité , qui n'auroît pu
être féparée toute par un feul rein j voila la rai-
fon pourquoi il y en a deux. Cependant il y a en-
viron dix ans que je dilfequai un homme dans le-
quel je n'en trouvai qu'un; mais il étoit plus gros
qu'à l'ordinaire ; & placé dans le milieu du bas-
ventre.
Ils foru: fituez dans les régions lombaires , l'un Situatiou
à droite fous le foye, & l'autre à gauche fous la '^"^^i'^*-
ratte j ils font couchez fur le mufcle pfoas , aux
cotez de l'aorte & de la véne cave , hors du pe«
ritoine ; d'où vient qu'on ne le peut voir qu'on
n'ait auparavant ouvert cette membrane : ils ne
fo.nt pas directement fituez vis-à-vis l'un de
l'autre , parce qu'ils fufpendroient la ferofité
que les artères émulgentes leur portent , &c
l'empêcheroient de couler : mais le droit eft or-
dinairement plus bas que le gauche , non feule-
ment pour cette raifon ; mais encore parce qu'il
cft placé fous le foye , qui occupant plus d'efpace,
& defcendant plus bas que la ratte , ne lui permet
pas de monter fi haut que le gauche : ils font
éloignez l'un de l'autre environ de quatre travers
de doigts.
Ils iont attaclisz à la véne cave , & à la çroffe
O iij
X 1 4 De^ Parties cjuî pmfient le fir2g,
Leurcon- artère par les vénes & les artères cmulî^entes ; Ôé
■ a la veille par les uretères. Le ron droit elt a:ta-
ché au cœcura , & quelquefois au foye , & le
gauche au colon , &c quelquefois aulli à la ratte,
ïigurcdcj Leur figure approche de celle d'un croiflànt,
ïcins. e'tant fait à peu près comme une feuille de caba-
ret, ou comme une fcve : Ils font caves par la par-
tie qui regarde les vailTeaux, & convexes & ronds
parcelle qui regarde les cô'^ez,
'GrantJcur Les reins font d'une grolTeur médiocre ; il ar-
«ics'rcins'^ rive fouvent que l'un eit plus, gros que l'autre , &
îndifferemmenr tantôt le droit , & tantôt le gaui
che j leur longueur ordinaire eft de quatre ou
cinq travers de doigt , leur laigeur de trois, ^
leur cpaiffeur de deux. Leur fuperficie eft polie
& douce , comme celle du foye , & leur couleur
eft d'un rouge obfcur , & rarement d'un vif écla-
tant.
Lamcm- Ils font couverts du péritoine & ont une mem-
prc^^^JesT" t)râ"c propre qui couvre directement leur fubftan-
tcins, ce , & retient toutes les glandes qui lacompofenç
dans leur état naturel ; elle eft fort délicate : On
prétend qu'elle eft une conformité de la tunique
des vaifleaux qui y entrent, lefquels fe dilatant ta-
pifTent intérieurement les reins , & fe refléchif-
fant en dehors , viennent les environer par tout :
Ils font toujours couverts de beaucoup de grailTe^
Nerfs des Les reins reçoivent chacun deux nerfs , l'un
î'^iQS. q^^j jçyj. YJeijj- ^^ yamcau ftomachique , qui fe
diftribuë dans leur membrane ; & l'autre qui
, vient des environs du mefentere, qui entrant par
la partie cave du rein , va fe perdre dans fa fub-
fiance ; ce font ces nerfs qui caufent les vomille-
mens qui furviennenc aux douleurs nephreti-
/ / /. Démonflratîon Anatom, 1 1 j
Il y a deux ^rolfes artères qui forcent da tronc PP
de l autre , bc qui vont chacune a un rem j mais de$ tenu,
auparavant que d'y entrer , elles fe divifcnt cha-
cune en trois ou quatre branches , qui après avoir
pénétré la fubftance du rein par fa partie cave ,
vont fe rendre à une infinité de petites glandes ,
où elles portent confufément le lang & la fero-
lîté.
Le fang qui a été porté à ces glandes par les yP^i
artères , & qui n'a pu paffer par les orifices de rein».
CCS pecits tuyaux , efl: repris par les rameaux de
la véne émulgente , qui le porte dans la vénc
cave.
T'ai ouvert ce rein fuîvant fa longueur ; afin de Un reîn
vous taire voir la Itruclure intérieure , la lub-
ftance eft rouge , dure & particulière , n'y en
ayant point de femblable dans tout le corps , vous
pouvez examiner la diftribution des artères qui
vont à toute fa circonférence , & qui retournent x
à ces petits corps mamillaires que vous voyez au
nombre de huit ou dix : On les appelle mammil-
laires, à caufe qu'ils relTemblent à un mammelon:
Ils avancent pourtant un peu en pointe à l'endroit
où ils font percez,pour lailïer tomber l'urine dans
le balîiner.
Le baffinet cft une cavité faite de l'extrémité de Qu'cft.ee
l'uretercjqui le dilate dans la partie cave du rein: *î.iic le baf-
à mefure qu'il s'étrecit , il forme la figure d'un
entonnoir , dont la partie la plus étroite fort du
rein , ^ fait le commencement de i'tiretere : 5on
ufage eft de recevoir l'urine qui diftille de ces
iuammelons.
Les fentimens ne font point partagez fur l'ufage Ufagc
des reins , tous conviennent qu'ils feparent l'u- ""^'
linc du (angjil ne s'agit que de fçavoir au vrai
b iiij
Lci urcte
tci.
2 1 6 Des Parties qui pmjicnt le fang ,
comment cela fe fait. Je ne vous raporterai
point les différentes opinions des Anciens lur ce
lujetjje vous dirai feulement que les glandes
dont prefque toute la fubftance des reins eft corn-
pofée i ayant reçu le fang par les rameaux des ar-
tères émulgentes qui s'y terminent , en féparenc
l'urine par la configuration de leurs pores , & la
déchargent dans plulîeurs petits tuyaux qui fe
réiinilî'ant forment de petites piramides mammil-
lâires qui la diftillent dans le bafîinet ; d'où elle
coule enfuite par les uretères dans la veflîe.
SS Les uretères font deux canaux particuliers qui
forrcrit de chaque côté du bafîinet des reins , &
qui font couverts du péritoine : ils vont fe ter-
miner dans la ve(ïie affez prés de fon col : Mais il
efl: à remarquer que ces canaux ont des fibres an-
nulaires qui les rendent capables de contraction ,
& qui par ce moyen facilitent le cours de l'urine
dans la vefîle.
leur gran- ^^^ ^"'^ autant de longueur, qu'il y a de chemin
dcur & leur depuis les reins jufqu'à la veflîe i leur grolfeur or-
dinaire approche de celle d'une plume à écrire j
car dans ceux qui ont été fujets aux douleurs né-
phrétiques, l'on y trouve quelcjuefois leurs cavités
dilatées à y mettre le petit doigt : leur figure eft
femblable à celle d'une S.
braneaf"'' ^^^ font compofez d'une membrane qui leur eft
leurs vaif. propre , laquelle eft très -forte : ils reçoivent des
fcâux. nerfs qui viennent de l'intcrcoftal , qui leur don-
nant un fentiment très- exquis , font fouffrir de
cruelles douleurs à ceux qui font atteins de la gra-
ytllc. Ils ont auflî des branches d*arteres qu'ils
reçoivent des parties voiiincs ,& des petites vénes
qui y retournent.
Quelques-uns prétendent que ces canaux prcn-
///. Dé?nonfiration Ana 07n. i.ij
nent lear origine de la velfie , parce qu'ils difenc ' ©rigincj
qu'ils ont une fubftance blanche & membraneu- nons des
fe comme elle i mais mon fenciment eft qu'ils la urccercs.
prennent des reins , puifque tous les conduits
ont leur principe où ils reçoivent ce qu'ils con-
duifent , & leur fin où ils le déchargent j c'eft
pourquoi nous dirons qu'ils commencent à la fin
du bafîinet j en fortant du rein j que leur milieu
eft tout ce qui eft entre les reins & la vefîie j ÔC
que leur fin eft l'endroit où ils entrent dans la
vellie 5 qu'ils percent adroitement ; car ayant pé-
nétré la membrane extérieure , ils fe traînent en-
viron de la longueur de deux çravers de doigts
entre les deux membranes , & percent l'interne
proche de Ton col j de manière que l'urine étant
une fois entrée , ne peut plus remonter dans ces
canaux 5 à caufe que l'ouverture d'une membrane
eft bouchée par l'autre.
L'ufa^e des uretères eft de recevoir l'urine qui . Ufages
a ete leparee dans les rems , oc de lui Icrvir d a-
queduc pour la conduire dans la veiîîe.
La vefïîe eft une partie membraneufe qui forme » "^ --
une cavité confiderable & propre à contenir l'u- ^^ '^
rine , & même des corps folides qui s'y engen-
drent contre nature , comme des pierres.
Elle eft ficuéeau milieu de Thypogaftre, &• cou- La ficua-
verte du péritoine dans cette grande cavité ova- ""^'^^ ^^
laire formée par Tos facrum ; l'os des iles & le
pubis.
La figure de la veflie eft ronde , oblongue , & Sa figure
fcmblable à celle d'une bouteille renverfée j elle ^ ^* ^'^'*""
n'cft pas également grande dans tous les fujets ;
néanmoins elle Teft allez pour recevoir une quan-
tité raifonnable d'urine : Quand il arrive qu'elle
eft trop petite , on eft obligé de piiter fouvent.
a I S Des Parties quî-purifiem le fana,
Subftancc La fubftance de la vefhe eft meiribraneufejpour
/-jç "^ ' pouvoir s'érendre , & fercffcrrer feioii les befoins;
Elle eft compofée de deux membranes propres \
car celle que l'on appelle commune , n'eft que le
péritoine qui la couvre :1a première des propres
eft fore épaiire, folide, dure & lilHië de fibres char-
nues, par le moyen defquelles elle fe referrc &
s'étrecit dans le temps de l'expulfion de l'urine : la
féconde des propres , qui eft l'interne, eft la plus
mince ôc la pins délicate ; elle a un fentiment trés-
exquis ; elle eft pleine de rines pour en faciliter la
dilatation & la contraction j elle eft enduite d'une
cipece de mucofité \ qui empêche l'adion des fels
de Turine.
VaifTeaui La vellie reçoit deux nerfs , l'un qui vient de la
^f^^^ huitième paire,& qui va s'inférer dans fonfondi
&: l'autre ; de la moelle de l'os facrum , & qui va
fe perdre dans fon col. Elle a des branches, des ar-
tères hypogaftrîques qui lui portent du fang pour
fa nourriture, & de petites vénes qui portent dans
la véne hypogaftrique le refidu du fang.
V On conftdere deux parties à la velfie , fçavoîr
\ovA de le fond & le col. Le fond eft la partie la plus ani-
lavcite. p|ç ^ ^ 1^ pjjjj propre à contenir l'urine: Aux
hommes il eil; placé furie redum, & aux femmes
fur la matrice : Il eft d'une largeur & d'une gran-
deur raifonnablc , ils'etrecit peu à peu,(3v: vient fe
terminer au col.
Son col. Le col eft la partie la plus étroite , la plus
épaille & la plus charnue delà veffie : Il eft beau-
coup plus long , plus tortueux, & moins large
dans les hommes , que dans les femmes : Il a un
petit mufcle circulaire , appelle le fphinder de
lavelTic , qui fert à ouvrir ou fermer fon orifice
félon nôtre volonté.
J I L Démonflration Anatom, 219
Le fond de la veiîie eft attaché au nombril par .Conne-
Touiaque qui le ti^nt fufpendu , de peur qu'il ne vcffic.^ ^
tombe fur fon col. Le col de la vefîîe tient à l'in-
teftin droit aux hommes , §c d,\i\ femmes au col
de la matrice,
La vefïie a trois trous , deux internes, qui font Trous do
faits par les uretères, proche de fon col, & un çx- ^ ^*
terne , par lequel l'urine a fon iiruë
L^ufage de la velïie eft de recevoir &: de conte- Ufages de
nir l'urine qui y eft apportée goutte à goutte par ^^"•^^'
les uretères , de lui fervir de refervoir , 6c de s'en
décharger de rems en tems par le moyen d'un
fphinéler qui l'ouvre 6ç la ferme félon le defir de
l'animal,
Qiioique je me fois acquité , Meffieurs s <^e ce
que je vous ai promis , en vous démontrant les
parties qui contribuent à la perfection du (àng ,
<3<: qui féparent de fa mafte tout ce qui peut lui
nuire i néanmoins comme ie me fuis propofé de ^^ gfojfc
raire un Anatoitiie partaite , je iuis bien aile de rénccavc.
vous faire voir encore dans cette Démonftratîon
les deux gros vaifl'eaux du bas- ventre, qui font
la ^rofte artère & la véne cave.
L'artère eft compofée de plufîeurs membranes Différence
, V r , u ' r -r o des artères
tres-tortes , parce qu elle contient un lang vit & i'avcc les
fubtil , qui eft dans une agitation continuelle ; & ▼énes.
qu'elle a befoin de force pouf refifter aux mouve-
mens que ce fang reçoit fans celfe du cœur y ait
contraire la véne n'en a que de très-déliées , parce
que le fang qu'elle renferme eft tranquille, & que
fon ufage eft leulemenr de le reporter au cœur.
Cette grolTè artère a un nom particulier ,011 t ^ /r
l'apelle Aorte , elle vient direétement du ven- arccrc.
tricule gauche du cœur, où elle reçoit le fang
pour le diftribuer à tout le corps. Je ne vous de-
210 Des Parties qui furlfient le fang ,
montrerai ici que les artères qu'elle jette dans le
bas-ventre après qu'elle a percé le diaphragme ;
Elles font fept , dont la première eft la cœliaque
qui fe divife en deux , en droite qui va au foye ,
& en gauche qui va à la racte j la féconde eft la
mefenrerique fupericure qui va à la partie fupe-
rieure du mefemere : la troifiéme , font les émul-
gentes qui vont aux reins : la quatrième les fper-
raatiques , qui vont aux parties de la génération :
la cinquième la mefcnterique inférieure , qui va
aux inteftins , & à la partie baflé du mcfentere :
la fixiéme , les lombaires qui vont aux mufcles
des lombes; & la fepriémc , les mufcuUires fupe-
rieures qui fe perdent dans les chair--.
Divilion Lorfque l'aorte eft parvenue a l'os facrum, elle
arc-c en monte lur la vene cave , & le divile en deux groi-
ilia^iucî. feg artères , que l'on appelle iliaques : il y en a
une de chaque côté qui fe divife encore en in-
terne & en externe ; l'Iliaque interne & plus pe-
tite jette quatre artères, qui font la facréeja muf-
culaire inférieure , l'umbilicale , <Sc l'hypogaftri-
que ; l'externe & plus grolfc eft celle qui après
avoir jette l'arcere epigaftrique & la honteufe ; fe
porte dans les cuiftes où elle change de nom , èc
s'appelle alors artère crurale ; nous la laillerons
là pour la démontrer en fon lieu.
Z Dans le même endroit o'ù finit l'arcere iliaque,
La vcne {\ y ^ ^^j-^e yène de t?areîlle grolTeur , que l'on ap-
dame. pelle iliaque externe , a laquelle viennent le
rendre non leulement trois autres plus petites vè-
nes , qui font la mufculaire inférieure , la hon-
teufe , & l'èpigaftrique -, mais encore l'iliaque in-
terne , qui eft faite de deux vènes , qui font l'hy-
pograftrique , & la mufculaire moyenne; ces deux
vènes iliaques d'un côté, avec les deux autres ili^i-
II J. Bémonflrmon Anatom. 211
ques qui viennent de l'autre ( car il y en a qua-
tre j deux de chaque côté ) commencent à for-
mer à Tendroit de l'os facrum une trés-groire vé-
ne , que l'on nomme la véne cave afcendante ; il
y a encore deux vénCi qui viennent s'y rendre, &
qui la groffillent , qui font la facrée & la mufcu-
laire fuperieure.
Ne croyez pas, Mefïïeurs, que je me fois trom- Cette yc-
pé , quand i'ai nommé cette véne afcendante -neetoitap-
1 u ^ I • ' 11 ' j r pcleeautrc-
tous les auteurs 1 ont a la vente appellee delcen- fois defccn-
dante , parce qu'ils croyoient que le fang defccn- dantc.
doit du foye par cette véne , pour nourrir les
parties qui font au deflous du diaphragme j mais
comme nous fommes aiTurez qu'elle a un ufage
tout contraire , qui eft de porter le fang des par-
ties inférieures au cœur ; c'eft avec jufticc que
nous la nommons afcendante : Elle commence à
prendre le nom de véne cave fur l'os facrum , où
les quatre iliaques fe joignent enfemble.En mon-
tant en haut , elle reçoit quatre fortes de vénes ;
les premières font les lombaires qui viennent des
mufcles des lombes^les fécondes, les fpermatiques
qui viennent des parties de la ger^rationjles troi-
fiémes , les émulgentes qui viennent des reins j &
les quatrièmes , les adipeufes qui viennent de la
membrane CTrailfcufc des reins. Enfuite cette vénŒ
o
cave afcendante.perce le diaphragme pour entrer
dans la poitrine , & va finir au ventricule droit du
cœur. C'eft là , Meflîeurs , où nous finirons cette
Démonftration , & où nous la lafffons pour la re-
preadre & l'examiner 5 lorfque nous expliquerons
les parties contenues dans la poitrine.
î-v
lit
QUATRIE'ME
DEMONSTRATION
Des Parties naturelles de l'homme , qui
f/ ^ 'f*c*. fer^vent à la génération*
SECTION PREMIERE»
I OuR fiiivre l'ordre de la divifion que
j'ai faite des trois fortes de Parties coii--
tenues dans le bas-ventre , il eft ne-
^ celfairc , Meffieurs , qu'après vous
avoir fait voir dans les deux dernières Démon-
ftrations les parties qui fervent à la Chilification
& à la Purification du fang , je vous fafle voir
auflî celles qui font deftinées à la génération* J'en
ferai deux Démonflrations; afin de ne pas confon-
dre les parties qui font propres à l'Homme , avec
celles qui le font à la femme : & auili afin q'ie les
Chirurgiens puilTent choifir celle qui conviendra
au fujet qu'ils auront à dilfequer.
L'homme ne vient au monde que pour mourir,
c'eft une vérité fi confiante que tous les pas qu'il
fait le conduifent à la mort •■, rien ne le peut ren-
dre immortel , & tous les fecours qu'il implore
de la Médecine ne font tout au plus que retar-
der la mort de quelques jours, fans la pouvoir
éviter. La feule confolation qu'il a dans cette
ûecciîitc indifpenfable de mourir , c'eft de fe voir
î F. Démonftratlon Anat, Seft.T. 12}
revivre dans un fils , ce font les parties de la gé-
nération qui lui procurent cet avantage j car c'efl:
par leur moyen que la nature fe perpétue , en
produifant de nouvelles créatures qui rempliirenc
les places de celles qui periircnt;& afin que riiom-
me fût excité à produire fon femblable , elle a
mis aux parties qu'elle deftinoit à cet effet un
fentiment fi exquis & un chatoiiillement fi vo-
luptueux , que n'écoutant point la raifon il cher-
che à fe fatisfaire , & c'eft fouvent l'idée de ce
plailîr plutôt que le defir de s'éternifer , qui é-
chauffe tellement fon imagination , qu'elle caufe
cette palîion furiedfe de s'embralfer.
Les parties qui fervent à la génération font Plufieiirs
i- ^ 1 r J partie» de
communes , ou propres j les commîmes ionc cel- [^ généra-
les qui fe trouvent dans l'un & l'autre fcxe , com- "on.
me les vaifTeaux fpermatiques , les tcfticules , &
les vaifleaux déferens , les parties propres font
ou particulières à l'homme , comme les paradâ-
tes ou epidimesjles \eflîcules fcminiares , les
proftates & la verge j ou à la femme , comme la
matrice.
Voila , Meilleurs , toutes les parties de la gé-
nération, dont j'ai à vous entretenir dans les deux
Démonftrations que je vous ai promifes : Je com-
mencerai par celle des parties de l'homme, dans
laquelle je ferai voir non fealemcnt celles qui
lui font propres , mais encore celles qu'il a de
communes avec la femme , afin qu'on voyc en
quoi elles ditferent:Je fuivrai ce même ordre d^ns
la Démonftration fuivante.
Piufieurs Auteurs ont prétendu que toutes ces
parties meritoient le titre de parties nobles , auffi
bien que le cerveau & le cœur. Il y en a même
t^ui cncheriflcnt , & qui leur d«nn&nt la préfe-
i 24 Des Parties naturelles de VHomnie,
rence far toutes les autres parties , difaiic que le
cerveau &le cœur , ne tendent qu'à la conferva-
tion de Pindividu , & que ces parties travaillent
à celle de i'efpece.
vaiff ^^'^^ Les parties qui paroilTcnt les premières à l'Hom-
fpermati- "^^ > font les vailTeaux fpermatiques , qui font
^^^\k 4^^fre , fçâvoir deux artères & deux vénes.
Deux ar- Les deux artères fpermatiques viennent du
^res fpcr- fronc de Taorte \ celle du côté droit en fort en-
viron un travers de doigt au detlus de celle du
côté gauche , elles s'étendent obliquement fur les
uretères , ^ defcendent le long du mufcle pfoas
jufqu'aux aînés, où elles trouvent une produârion
du péritoine qui les reçoit & les conduit jufqu'aux
tcfticules , en padant par les anneaux des aponé-
vrofes des mufclesde l'abdomen.
Dcuxvé- ^^^ à^Myi vénes fpermatiques fortent des teftî-
ncsfperma- cules pour aller aboutir à la véne cave , au tronc
tiqacs. jg laquelle celle du côté droit va immédiate-
menti au lieu que celle du côté gauche ne va qu'à
l'émulgente , pendant que ces vénes avancent , il
y a de petites branches de vénes qui viennent du
péritoine & des mufcles voifms fe joindre a elles,
& leur rapporter le refidu du fang de ces parties
pour le conduire dans la véne cave.
_'-' L'artère & la véne, dont l'une monte & l'au-
pampiûi- tre defcend de chacjus côté, s'approchent l'une
forme. jje l'autre , & font couvertes du péritoine. Les
differens rameaux que la véne y produit en re-
montant fe refléchi flènt & ferpentent de manière
qu'elles forment leules ce corps , qu'on appelle
variqueux ou pîramidal , Vartere n'y contribuant
en rien , puifqu'elle delcend prefqu'en ligne droi-
te dans le tefticule , fans fe divifer , excepté a l'en-
droit de fon infeition , oii elle fe divile alors en
deux
IK Tihmnflr^tlon Anat. Sed.I. ix$
deux rameaux , dont le plus petit va fe terminer '
Tous Tcpididime , &: l'autre au tefticulc , & ainfi il
ne faut pas dire comme ceux qui ont écrit de-
puis peu, que la véne & l'artère s'entre lacent par
plulieurs circonvoluciûnSj& qu'elles font le pam-
pinifbrme.
Les vailfeaux fpermatîques font plus grands ^^3^^^^
aux hommes qu'aux femmes , & tant aux uns cJes 7 if.
qu'aux autres les avtcres font toujours plus a™- maî^ucs.^*^"
pies que les vénes : ils ne percent point le péri-
toine , comme aux chiens , mais font conduits
dans la produdion , accompagnez de quelques
rameaux des nerfs intcrcoftaux, & de ceux de la
vingt & unième paire de l'épine , qui s'en vont
aux tefticulcs pour y porter l'efprit animal , ou
luivant quelques-uns , la matière de la femence ;
ce qui ne peut pas êtrCjparce que les nerfs n'ayant
pas de cavité , ne peuvent fervir de conduits ,
qu'à une liqueur aulTi fubcile , que le fuc animal^
& non pas à une matière aufli épaifle que la fe-
mence.
L'on a cherché la raifon pourquoi la véne fper- ^ ^^ ^enc
matique gauche n ailoit qu a i emulgente , o: non que gai^che
pas au tronc de la véne cave comme la droite ; ^^ a Icmul-
mais on ne l a pas trouvée julle , loriqu on n a rait
que dire que c'cft à caufe qu'elle auroit pu fe
rompre par le battement continuel de cette artè-
re , en pailanc par dcllus i puifqu'il eft plus vrai-
femblable de croire , que la grolTeur de l'aorte
auroit empêché le retour du lang de la véne Iper-
matique dans la véne cave , avant encore allez de
peine avec cette précaution , d'être porté jufqu'à
l'émulgente , quoique la nature ait mis dans les
vénes fpermatîques plu heurs valvules de di fiance
en dirtance , qui fervent comme d'échelons au
fang pour monter. P
ii6 Des parties naturelles de V Homme ,
fcvâxé ^^^ <^Qiix artères & ces deux venes ipermatî-
roicnt ap- ques ont été nommées vaiflèaux preparans par
vaiffea'" les Anciens , parce qu'ils croyoient que la femen-
preparaiij. ce commençoic de s'y préparer ; ôc pour cela ils
fuppofoient que ces vailleaux s'unilïent par des
. ouvertures fenfibles , que l'on appelle anallomofes
parle moyen defquelles ils difoient qu'il fe fai-
foit un mélange du fang artériel avec le vénal , ôc
qu'étant arrêté quelque tems dans ces corps pam-
piniformes , il y recevoit la première teinture de
la femence.
II n'y a Mais le principe que nous fuivons cft bien
naftomofc oppofé à leur erreur , puifqu'il nous apprend
encre leiar- que le fang cft direétement poité par les deux
"■^^çj^^J* artères aux tefticules , & que fi elles fe divifenc
matiqucs. chacune en deux petites branches un peu aupa-
ravant que d'y entrer , c eft afin d'en mieux pé-
nétrer la fubftance , en y entrant par plusieurs en-
droits , & que les particules de la femence , que
ce fang artériel porte avec lui , en foient exacte-
ment feparées : d'ailleurs la circulation nous fait
voir que le refidu de ce fang eft reporté par les
vénes fpermatiques à la véne cave , & qu'il n'y
a point d'anaftomofc des artères avec les vénes ,
non feulement en cet endroit, mais encore dans
pas une partie du corps , car il eft certain que fi
le fang palloit des extrémitez des artères dans cel-
les des venes , comme il arriveroir s'il y avoic
anaftomofe ; la nourriture des parties ni la (èpa-
ration des liqueurs ne fe pourroit faire j & ce fe-
roic en vain que la nature auroic fait des artères
fi fortes pour contenir le fang artériel , li elle
avoit mis des embouchures de ces artères , avec
les vénes, qui n'ont que des membranes fore
minces i car alors ce ne feroic plus qu'un même
/ V. Démonfimnon Anai, Sed. I. ±ij
vailfcauiOn peut encore ajouter à ces raifons, qui
font toutes trés-convainquantes , que ii le fang ,
aufli violent qu'il eft dans les artereSjavoit la liber-
té d'entrer dans les vénes , il les dilateroit & les
romproif infailliblement.
Si la raifon eft oppofée à h doflnne des An- Eip«»ca^
t, . U Cl ' o, . . ce qui
ciens , 1 expérience ne l eit pas moms , oc en voici piouve
une qite j'ai faite plufieurs fois : pour la faire je ^^'.>I n'y a
^. ,' ,. . r • J poincd'â-
prenois deux liqueurs que je compolois avec de naitomo^
Piiuile $<i de la cire fondues enfemble ; à l'une ^c.
j'y mélois un peii de vermillon , ôc à l'autre une
teinture verte poui" les rendre de diferentes cou-
leurs ; j'en feringuois fort aifément une dans l'ar-
tère fpermatique j il les faut feringuer chaudes.
J'avoue* que je ne pouvois venir à; bout de faire
entrer l'aune dans la véne , parce que les valvu-
les , qui regardent de bas en haut , s'oppofoient:
Mais lorfque j'allois chercher le principal rameaii
de cette véne proche le tefticule , & que je ferin-
guois ma liqueur , elle y enrroit facilement , &
emplilTok toutes les branches , & dégorgeoit dans
la véne cave* Ces liqueurs étant refroidies , elles
fe conçeloient de me donnoient une grande facili-
té d'en diflequer jufqu'aux moindres rameaux ; je
trouvois la Hqueur rouge dans toutes les branches
des artères , & la verte dans toutes celles des vé-
nes, fans m'être jamais apperçû qu'il y en ait paffé
de l'une dans l'autre , & ainfi je conclus avec cer-
titude qu'il n'y a point d'anaftomofe , & que lé
fang de l^arterc fpermatique eft porté au tefticule;j
& celui de la véne reporté au trône de la cave fans
aucun mélangCi
Il faut oblerver en faifant cette expérience , de OWcrvas
ne dilTequer ces vaifleaux qu'à l'endroit où vous ^'°"' ^^'^
les voulez ouvrir pour y conduire le bout de la àcnce ^^°
P ij
2 i 8 Des Parties naturelles de l'Homme,
feringue, paice qu'en les découvrant davanta-
ge , on poLuroic en couper quelque petit rameau,
par lequel la liqueur s'échaperoit en feringuant^
Et (î vous faîtes cette expciience , vous n'aurez
point de regret à la peine que vous vous ferez
donnée , parce qu'eii vous convainquant de la
vérité ; vous verrez encore les circonvolutions &
les entrclacemcns des vcnes , qui méritent d'être
examinez.
Ufage dcj Te luis perfuadé que ces circonvolutions de vc-
<•i-.-or.vo- ^ . ■ t ^ ^ . Il
lucionî. nés aident au lang qu elles contiennent a monter
en haut , & que la nature s'eft fervie de la même
indulhie dont nous nous fervons 5 lorfque nous
voulons monter une montagne , nous n'allons pas
direâiement au fommct , mais tantôt à droite , &
tantôt à gauche ; & faifant un chemin en forme
de zigzague , nous parvenons enfin jufqu'au lieu
le plus haut.
Utilircz Les valvules qui font dans la cavité des vénes,
des valvu- font auffi d'un grand fccours au fang pour le fai-
re monterj elles y font difpofées d'efpace en cfpa-
ce , afin de le foûtenir & de l'empêcher de tom-
ber, de manière que cette difpolition naturelle le
conduit dans la véne cave , pour peu qu'il y foit
pouffé par le nouveau fang qui entre dans la véne
Ipermatiqne.
L'iifage La dcfcription que je viens , de vous faire, des
r!cs va:i- vailieaux fpermatiques, nous enfeiçne leur veri-
lîiaciques. table ulage , le lang eit porte par les artères a la
partie fuperieute de chaque telticule,là les parties
feminaiies en ayant été feparées, le rel]:e du lang
entre dans les branches des vénes & eft raporté
dans la véne cave.
DD . Les teflicules font ainfi appeliez du mot Latin
tefies , qui fîgnihe témoins , parce qu'ils le font
L.Q. ccfti-
-S.
IF. Démonflratîvn yinat. Se<5t.I. 229
de la force & de la vigueur de l'homme : On les
appelle encore didimes , c'eft à dire gémeaux , à
caufe qu'ils font ordinairement deux^car ileft rare
d'en trouver trois,ou de n'en trouver qu'unjcepen-
dap.t l'on nous aflure que tous ceux d'une famille
illuftre d'Allemagne en avoient trois , de qu'ils a-
voient aulTî plus d'ardeur pour le fexe. J'en ay vu
trois à une perfonne de qualité qui m'a alFuré que
la plus grande partie de ceux de fa famille en avoient
trois comme lui.
H y a des Auteurs qui rapportent que les tefti-
cules & la verse-même font demeurez cachez
dans l'abdomen ^ufqu'à l'âge de puberté à quel-
ques perfonnes, à qui ces parties ne font forties
dehors que par quelque effort violent qu'elles
ont faits , & qu'ayant palfé pour des filles jufqu'a-
lors, ces parties ont rendu, témoignage que c'étoic
des hommes.
Ils font fituez à l'homme hors de l'abdomen Situa-ion
à la racine de la verge dans le fcrotùm qui cft une i^j^ ^ ^*'^"
bourfe faite de deux membranes qu'on nomme
communes , à caule qu'elles entourent également
les deux tefticules. La raifon de cette fituation
n'eft pas comme on fe l'eft imaginé, afin -que les
vailfeaux qui portent la "rcmcnce falTent plus
longs , ni que le fang y reliant plus long-temps ,
la préparation de la femence s'y fift mieux ;
car ils n'ont point de part à fa formation , que
parce qu'ils charient le fang dont elle eft fe-
paréc. D'ailleurs, fi la nature avoit eu dellein
de faire le chemin de ces vaxdeaux plus long ,
elle pouvoir les faire fortir d'un endroit plus
haut de l'aorte : Mais il y a plus lieu de croire
qu'ils font placés dehors pour empêcher que leur
chaleur naturelle ne fut augmentée par celle
P îij
13° D^^ Parties naturelles de l'Honi^ne^
des parties du bas ventrCjCc qui auroit rendu l'hom-
me trop lafcif; car l'expérience fait voir que les ani-r
TTiaux qui les ont en dedans/ont plus chauds & plus
féconds que les autres.
Figure & Les tefticules font de figure ovale , & de la
des tefticu- groUeur d un ceur de pigeon : On prétend nean-
i^5- moins que le droit eft toujours un peu plus gros
que le gauche , que la femence qui s'y filtre , eft
plus cuite , ôc que c'eft lui qui engendre les mâ-
les.
Brrcttrdes Ce qui a donné lieu à cette erreur 5 c'eft que
Ançiçns, j'on croypit que le fang étoit apporté par les vé^
nés fpermatîques : que celle du côté droit venant
immédiatement du tronc delà cave, en fournif-
foit de plus chaud , que celle du coté gauche
qui vient de l'émulgente ; & ainfî que c'étoit le
tefticule gauche qui engendroit les femelles.
Iviais cette opinion fe détruit d'elle-même , parce
que les vénes ne portent rien aux tefticules , que
les artères qui leur diftribuent le fang s viennent
toutes deux du tronc da l'aorte , &c que ceux à
qui l'on a ôté un tefticule , foit le droit ou le
gauche , engendrent égaleinent des mâles ôç des
femelles,
brants^a-jx Les tnniques qui envelopent les tefticules font
tçftîçu]cs, cinq ; fcavoir deux communes , qui font le fcro-
•* tum & le dartos ; & trois propres ; qui font l'cri-
fioidej rélitiofde ; & l'albugineufe.Les deux pre-
nneres font apellées communcs,parce qu'elles ren-
ferm.cnt les deux tefticules ; & les trois autres font
nommées propres^à caufe qu'elles n'en envelopent
que chacune un.
tum^"**' La première des membranes communes eft le
fcrotum , ou la bourfeiclle eft compofée de la cu-
ticule , &: de la peau , qui eft plus déliée & plus
IV. Vémonflratîon Anat. Seél.I. 231
mince en cet endroit qu'aux autres parties du corps
elleeft molle, ridée; àc fans graille, elle fe couvre
de poils à quatorze ou quinze ans , elle eft divifee
en partie droite, &: en partie gauche par une ligne
ou future , qui commence à l'anus,qui palTe par le
périnée , & qui finit au gland.
La fécond membrane commune s'appelle dar- Le Dartos.
tos. Selon les Anciens , c'étoit une continuation
du pannicule charnu jmais à prefent l'on reconnoîc ^a.
que c'cft un m.ufcle cutané, tiffu de beaucoup de :l3^
fibres charnues : C'eft par le moyen de ce mufcle, ^'J
que le fcrotum fe referre,&; devient tout ridé;il a
plufieurs vaifîeaux qui lui viennent des artères
honteufcs ; il n'enveloppe pas feulement les deux
tefticules , comme le fcrotum , mais il s'avance
cntre-eux pour les feparer l'un de l'autre , & em-
pêcher par ce moyen qu'ils ne fe froilfent en s'en-
tre-tou chant.
La première des tuniques propres, eft l'critroî- L'E rro'
de , c'eft à dire rouge ; elle eft parfemée de fibres de.
charnues qui la font paroître rougeàtre ; elle eft
produite parlemulclc fufpenfeur des tefticules ,
qui eft le crcmaftcr.
La féconde eft l'elitroide ; elle reftemble à une F
guaine ; c'cft ce qui l'a fait nommer vaginale , j^ '°''
elle eft formée par la dilatation de la produc-
tion du péritoine ; elle a fa fupcrficîe interne
égale & polie , <3>: l'externe rude èc inégale ; ce
qui la rend fort adhérente à la première des pro-
pres.
La troihéme eft Talbugineufc , que l'on ap- ' ,G
pelle ainfi , parce qu'elle eft blanche ; elle eft * t-j/ilbug^
ncrvcufe , forte & épaille ; c'eft elle qui couvre
imi-nediatemcnr la fubftance du tefticule , dont
elle a la même figure , ou plutôt c'eft elle qui
P iiij
231 Des Parties naturelles de l'Homme ,
lui donne celle qu'il a j elle prend fon origine des
tuniques qui renferment les vaifleaux rpermaci-
ques.
.y^ „. On n'a pas plûtôi: coupé cette dernière tuni-
culeou- que, que ion découvre la lubltance du tetticule
^"'^- qui efl: blanche , molle & lâche , parce qu'elle eft
compofée de plufieurs petits vaiffeaux feminaires,
• ■ 6c de quantité d'autres capillaires, qui font des
Nran-eaux , d'artères , de véncs , de nerfs , de vaif-
feaux limphatiques , & des racines des vaifTeaux
que l'on appelle déferens, de manière que toute la
fubftance des tefticules n'efl: qu'un tilFu & uiîj?(ïïs
d'une infinité de petits vaîlleaux, dont la ftrufbure
eft furprenante ; on'àvoit crû qu'elle étoit mocl-
Icufe ôc glanniîLnfcj parce qu'on ne s'étoit pas don-
né la peine de l'examiner.
j Deux muicles que l'on nomme cremaflers ou
Le mufclc furpenfeurs , tiennent les tefticules fufpendus. Ils
creroa ter. pj-gj^^ent leur orgine d'un ligament qui eft à l'os
du penil , où les mufclcs tranfverles de l'ab-
^j. domén finillent , defquels ils paroifl'ent être une
continuité j ils fortent par la prodnâion du pé-
ritoine, & envclopent les tefticules comme une
membrane ; ce qui fait que quelques-uns les con-
. fondent avec la première des propres. QLiand.
ces muicles cutanez fe tiouvent plus forts qu'ils
n'ont accoutumé d'être , l'on peut mouvoir les
tcft:icules ; ce qui fe voit à quelques-uns , qui les
font monter & les laillent defcendre félon J[e\ii:
volonté. -'
Ufa$;cdçs Pour bien comprendre l'ufage des tefticules , il
tefticul^l^Paut remarquer que l'artère fpcrmatîque va tou-
jours entre les circonvolutions de la véne , & cela
afin que le (à'.io qu'elle contient foit échauffé,
raréfié & mis en mouvement par la chaleur de
'fljr
IV. Démonftrat'ion Anat. Sect. I. 255
la véne , ce qui le dilpore a être filtré dans le te-
fticule où il comi-ncnce à faire la précipitation ,
& c'eft pour cette raifon que dans les bétes , l'ar-
tère fait plulieurs détours comme la vene , afin
de recompenfer par la longueur du chemin , qui
eft beaucoup plus court dans les bêtes que dans
l'homme la tiltration qui fe doit faire dans le te- ^
IHcule. :;"
La partie la plus délicate , la plus fine , la plus
fubtiie & la plus pénétrante du lang eft filtrée 6c
feparée du refte dans le tclliicule par fa moelle
gbnduleufc , laquelle ne permet qu'à la partie
la plus fine du fang de palier , & le refte eft re-
pris par les vénes. Cette partie du fang aînfi fil-
trée j eft perfeèlionnée par lalongucttr des tu vaux
où elle palle,car plus une liqueur coule lentement
plus les parties ont de tems pour fe fubtilifer.Elle
eft encore rafinée par les détours & les anfra6luo-
fitez de ces tuyaux , les particules étant brilées à
tous momcns , en fc defuriilfant , en bricolant &
en piroiicttant continuellement les unes fur
les autres. Mais elle eft encore' épurée davan- "^
ta^e dans le canal excrétoire du tcfticule &: dans
Tepididime. Elle fe trouve encore plus parfaite
dans le canal, défèrent qu'ailleurs. En effet c'eft-là
où elle con mcncc à blanchir , à être écinneufe,
au lieu qcc dans le tefticule elle étoit encore gri-
fl^iie & fluiac : elle reçoit enfin Ton dernier denic
de perfection , c'eft à dire les traits &: fes caractè-
res defemencepar l'influence des efprits dans les
pallions amoureufes j car les folies &: jeux d'a-
mour ne mettent pas feulement la femence en
mouvement , mais encore ils l'altèrent de forte
qu'ils la perl-cftionnenr , eii ia faifant pétillera
mettre en aélion.
2 34 T^^^ parties naturelles de l'Homme,
Cette femencc eft confervée pour le befoin
dans la dilatation du canal défèrent , èc celle que
les veflicules feminales ont filtrée refte dans leur
propre capacité, d'où elle fort quand une fois
l'imagination s'eft échauftée par une penféc d'a-
moun aii^fi qi-'c nous dirons en parlant du fens de
Tamour.Alors la paiïion la met en mouvement &C
la raréfie de telle manière qu'elle force les foupa-
pes qui garnilient ces ouvertures & ces conduits.
Klais ce qui contribue encore plus à fa fortie,c'efl
la compreiïion des membranes charnues qui en
couvrent les rcfervoirs , te qui fe contractent par
LL l'affluencc des efprits.
\ Les cpidi- Dans le même temps les protaftes poullent une
dîmes. liqueur grallè ^.^ oleagineufe qui enveloppe & em-
barafTe cette femence li pénétrante & h fubtile ,
qui fans cela fe dilîiperoit & s'évaporeroit j c'ell:
ce que nous enfeignc l'artifice dont les parfumeurs
fe fervent 11 avantageufement pour conferver leurs
effences , en y mêlant des huiles pour retenir les
• paitiesles plus pénétrantes & les plus volatiles,
car cette liqueur coule toujours un peu dans l'urè-
tre pour la garentir des pointes & de l'acrimonie
de l'urine.
Ufagcdcs Les epididimes ou paraftates font de petits corps
epiflidi- ronds , qui fortcnt d'un des bouts du tefticule ,
fur lequel ils fe refléchillent dans toute fa lon-
gueur j ils fout ainfi nommez , à caufe qu'ils font
couchez fur les tefticules , qu'on appelle didimes;
ils font (emblables à des vers à foye , & font for-
tement attachez à la tunique albugineufe du te-
■fticulc.
On donne beaucoup de differens ufages aux
epididimes, mais leur véritable eft de recevoir la
ftmence feparée dans le tefticule , & de la verfer
IV". Démonftration Anat.SQÙ..!, 135
dans le troiiç du vaiire^u défèrent auquel ils font
continus.
Les vaifTeaux défcrens font ainfi apcllez à caufe M
de leur ufage \ d'autres qui croyent que la fe- j^f^Jcifs*"^
nience dans le temps des aproches eft ejaculée par
ces vaifTeaux , les appellent ejaculatoires , mais ils
ne méritent pas ce nom , pufqu'ils ne font que
conduire la femcnce soute à goûte dans les vefU-
çulcs Icmmaires.
La fubftance de ces vaifleaux eft blanche & ncr- ^"^^^^ ^^"
verfejeur figure eft ronde , leur grofteur eft com- leur figure.
çne un tuvau de plume,leur cavité eft obfcure dans
leur coriimencemcntjplus fenfible dans leur jnilieii
& très aparente dans leur fin.
Leur fituation eft en partie dans lefcrotum, & , Situation
• 1 1. 1 1 ^ -1 1 .des vaif-
çn partie dans 1 abdomen ; car us ont leurs racmes ieauï dcfc-
dans le tefticule même d'où ils fortent par un bout '^^"*'
& montent en haut par la même produétion du
péritoine qui envclopc les vallFeaux Ipermatiques:
Lorfqu'ils font parvenus à la partie fuperieure du
penilj ils fe courbent par deiTus les uretercs,& vont
w^en s'approchant l'un de l'autre fous la partie fupe-
rieure de la veffic , où ils communiquent avec les
vefîîcules feminaires.
Les deux extrémitez des vaiftèaux défcrens étant
parvenues entre la veflîe & le redtum , fe dilatent v-fficnlcs
& forment de petites cellules que l'on nomme feminairei.
veflicules feminaires \ ce font ces extrémitez que
du Laurens a^i[>e\\e paraftates, quoique Bartholin ne
donne ce nom qu'à leur commencement. On ne
fçauroit mieux comparer ces veflicules qu'à une
grape de raifin, de leurs cellules qu'aux cavitez des
grains^de grenade , dont ils imitent parfaitement
l'ordre & la figure.
Il y en a qui les font refterabler à des inteftins
1^6 1)es Parties naturelles de l'Homme ,
Figure des d'oifeaux , qui fe dilatent en quelques endroits de
rclTicuIri , . ^ , . - • r .,t-
fciinnaueî. ^^'--'rs ciiconvolutions , OC qui le rctiecillenc en
d'autres , elles font longues 6c plus CTioifes dans
un des cotez cjue dans l'autre : Leur largeur eft
environ d'un pouce à l^endroit-méme où elles
iont le plus dilatées j leurs cavicez font inégales,
car iî f en a de plus grandes les unes que les au-
tres ; & quoi qu'on les compai-e à une grappe de
raihn , elles ne font pas pour cela fcparées chacu-
ne par une membrane , comme les grains , avans
communication les unes avec les autres : Celles
du ZQ^é. droit font fcparées de celles du côté ^auv
Lcurufa- che ; elles font Htuées entre la veffie & le reétum
proche les proftates j elles fervent de refervoir à
la femence.
titî con- ^^ ^'^^^ ^^ ^^^ veiïiculcs deux petits conduits
duitj que qui n'ont pas plus d'un pouce de longueur : ils
i^^éffcaL- ^*~'"'- ^^l'g^s proche les vefîîcules , &: diminuent
icircs. à mefure qu'ils approchent de l'urètre qu'ils per-
cent enfemble \ ils forment en dedans de Turetre,
à l'endroit par où ils entrent , une petite caruncu-
le ou crcte, que l'on appelle Verurnontamrm : C'eft
une efpece de petite valvule qui empêche que
l'urine en palTant par l'urètre, ne puiflc entrer
dans les ou\ertures de ces deux petits conduits.
Elle a encoie un autre ufagCjqui eft de dcrer-
mîner la limence quand elle fort de ces conduits,
a prendre le chemin de la verge , & non pas celui
de la veflie.
Avcrti/Tc- ^^ y ^ beaucoup de Chirurgiens qui ont pris
rî'.tnt ponr ccttc caruncule pour une carnolité , à caufe de la
*/iens^ "^ refiilance qu'ils ont feniie en introduifant la lon-
de dans l'urètre : c'eft a quoi l'on doit prendre
garcîc.
C'eft avec jufte raifoa que l'on doit appelki-
IF. Demonflratîon Amt,Se:ô:.l„ 137
ces deux conduits , vailleaux ejaculacoires , puif- ^5?S^°"
que ce lont vericablemenc eux qui dans le cems éjaculawi-
de l'action éjaculenc la fcmence des vefliculcs r".
dans l'urètre 5 il faut qu'ils ayent un fentiment
exquis , parce que ce font eux principalement qui
iont ienlibies au plaillr que l'on rcirent dans l'é-
jaculation.
Ces vailleaux éjaculatoires ont été inconnus Erreur fur
aux Anciens qui difoient que la femcnce êtoit ^^f'^^^' *
portée des vefficules dans deux glandes que l'on
nomme proftates ; que de ces glandes la femen-
ce palîoic par plulicurs petits trous impercepti-
bles dans l'urètre : & que ce qui faifoit le plailir,
c'étoic la violence que la femcnce faifoit pour
palier par les porolitez de ces glandes , mais
ces deux conduits dont je vous viens de parler,
détruifent cette opinion, & nous font connoîcre
la vérité.
Les proftates font deux corps glanduleux , 00
blanchâtres, fpongieux , & plus durs que les au- n^^^P'°"'
très glandes j 11 y en a qui les appellent petits te-
fticules j parce qu'ils prétendent qu'ils feparcnt
une femence. qui eft plus glaireufe & plus grife
que l'autre : ils fcparent à la vérité une humeur,
mais on ne peut pas dire que ce foit de la femen-
ce, puifque les châtrez ont cette humeur «S: n'en-
gendi-^nc poinr.
Ils tonc placez a coté l'un de l'autre , d<. tîtuez , Situation
à la racine de la verge fur le fphindter de la vef- tes.
lie au commencement de l'urètre, qui palle mê-
me entre-eux deux à l'endroit où il y a cette petite
caruncule, que nous avons appcUée yerumontA-
hurn: Us ont dans toute leur iubftance beau-
coup de veiïicides pleines d'une humeur glai-
rtule i qu'ils déchargent dans la cavité de l'ure-
Tr^usdcs
proftatcs
158 Des Parties naturelles de l'Homme,
tre par plufieurs petits tuyaux q^ui vont s'y reri-*'
dre.
VaiiTeaux L^j ptoftates ont des artères qui leur vieil-'
des prolta- , t , ^ _ , , ^ .
tes. nent des hontcules , c^ des vencs qui retournent
à d'autres qui portent ce nom -, de ces vaiffeaux
les uns y portent le fang , dont cette humeur eft
féparéc , & les autres , qui font les vénes , en re-
portent le fuperflu. Ils ont aufli de petits nerfs
qui les rendent fenlîbles au plailir & à la dou-
leur.
Les orifices de ces petits tuyaux qui apportent
l'humeur glaireufe de ces corps glanduleux dans
l'urètre , font autour du trou par où fort la fe-
mence. Il n'y en a jamais dans l'homme moins de
dix oQ douze. Ces orifices ont chacun une petite
caruncule qui fert à les boucher , ôc qui empêche
l'écoulement continuel de cette humeur, qui pré-
cède toujours celui de la femence : ces caruncules
fervent aulîi à faire couler l'urine par deilus ces
orifices,qui par ce moyen ne font point irritez par
fon acrimonie.
L'on prétend que le fîcge ordinaire des gonor-
rhées eft en cet endroit, à caufe que quelques
fels volatils s'y attachant , ils y caufent des ulcè-
res qui ayant rongé ces caruncules , ôc les orifices
de ces tuyaux qui verfcnt l'humeur glaireufe , en
font un écoulement qui dure quelquefois toute la
vie.
L'ufage des proftates eft de féparer du fang
une humeur glaireufe & huileufe ; de la garder
quelque tems dans les velîîcules ; & de l'expri-
mer peu à peu dans l'urètre par ces dix ou douze
Ufascs de petits tuyaux qui y aboutilfent. L'ufage de cer-
'îi'T^Tc te humeur eft de graifier , d'hum-eder , & c'en-
duire l'urètre , afin qu'il ne le dcHeche point >
Le ficge
à^s gonor-
rhés c(t
dint les
proltatcs.
Ufage des
proftatcs.
/ K Démonflratlon Anat. Sed. I. 239
qu'il ne fe flécrille pas , &: qu'il demeure au con-
traire toujours glillant. Elle fait en cela deux
bons effets i le premier eft , qu'elle empêche qu'il
ne foie ofFenfé par l'acreté de l'urine qui y palfc
continuellement , & l'autre , qu'elle fert de véhi-
cule à la femcnce dans le tems de l'ejaculation 5
car il eft certain que fi l'urètre n'étoit pas hu-
medlé par quelque liqueur , la femence venant
à fortir , il s'en arrêteroit cuclque partie à fes
parois ; de manière que n'étant pas portée à
l'ovaire aufli rpiritueufe qu'elle l'étoit au fortîr
des vefîicules feminairesja génération ne fe pour-
roi t faire.
L'on ne peut pas difconvenir de cet ufage ,
fi l'on obferve que c'cft particulièrement dans les
fortes érections que cette humeur eft exprimée
dans l'urètre , dont on en voit même quelques
gouttes paroître à l'extrémité du gland , parce qu'-
alors étant necelfairejes proftates font comprimées
par la tenfion de la verge, ce qui l'oblige de fortir
dans l'urètre.
La peine que la nature s'eft donnée pour faire
une femence qui eût toutes les qualitez necef- La Verge
faires pour former un homme , en dévelopanc
l'œuf dans l'ovaire , auroit été inutile , h elle ne
lui avcit donné quelque partie pour la porter
dans la matrice : c'eft par le moyen de la verge
qu'elle eft conduite & verfée dans ce lieu. La ver-
ge eft appellée affez communément le membre
viril, parce que c'eft elle qui diftingue l'homme
d'avec la femme jon lui donne encore pluficurs au-
tres noms que la bien-féance ne nous permet pas
de raporter.
La verge eft placée à la partie inférieure &: ex- Simation
terne du bas ventre , elle eft adhérence & atta- ^^ '* ^"ê^-
14-0 Des Parties naturelles de l'Homme,
chée aux racines de l'os pubis ; cette (îtLiatlon lai
eft d'autant plus avantageufe qu'elle n'incom-
mode pas les autres parties dans les embrailè-
mens.
La fubftance de la verge cft particulière , eile
fe divife en parties contenantes , & en parties
contenues , les premières , qui font l'épiderme ,
Si;bf tance ç.i \ • r j^i t
de u ver- *^ ^^ P^^" > *^^ lervcnt d envelope. Les parties
S^- contenues font les vailTcaux , les mufcles , le
gland , les deux corps caverneux &: l'urerre.L on
remarque que la peau en eft plus fine qu'aux au-
tres parties , ce qui contribue à la rendre aui'îi
fcnfiblc qu'elle reft.tllc n'a point de graillcjparce
que i\ elle engrailïoit comme les autres parties ,
elle deviendroit trop groflè , trop lourde & trop
molle , & auflî parce que la grailTc étant infenli-
ble & ondtueufe , elle émoulTeroit le fentimcnt
qu'il faut qu'elle ait pour déterminer l'homme à
cette aciilion. Il y a des animaux qui ont la verge
ollcule , comme les chiens y les loups &c les re-
nards.
La verge a beaucoup de nerfs , d'artères & de
vénes j «Se même plus qu'il n'en faudroit , li nous
„ en jugions par fa grolTeur , mais par rapport à fon
Va:iicaux 3<^^ion ) elle n'en a pas plus qu'il n'en faut ; Elle
de ia Ver a deux nerfs qui la rendent tres-fendble , ils vien-
nent de la moelle de l'épine , & fortent par les
trous de l'os facrum , ils montrent par le milieu
de la bifurcation , & fe diftribuent à tout le corps
de la verge , au gland , & aux mufcles , fes plus
petites branches vont à la peau. Elie reçoit des
artères des hypogaliriqnes ôc des honteules ; les
deux qui viennent des hypogaîlriques font les
plus confiderables i elles s'inlcrent au commen-
cement de l'endroit oi fc fait l'union des deux
corps
IK Démonfvratton Anat. Seâr. I. 241
corps caverneux ; leurs plus gros rameaux entrent
dans ces corps , & les moindres fe diftribuenc le
ionf^ de la verge : Celles des honteufes ne font que
des rameaux qui Te perdenc dans fa circonférence.
Les vénes ionc en aufîi grand nombre que les artè-
res; elles reçoivent le reftc du fang qui a été épan-
ché dans la verge , tant pour la nourrir que pour
l'enfler , & le reportent dans les vénes hypogaftri-
qncs Se honteufes. Quarir
Q:iatre^ mufcles , fçavoîr deux érecfleurs , d; "^"rdcs a la
deux éjaculateurs fervent à la verge à faire tous ^"^^'
fesmouvemens > les deux éreâeurs prennent leur j^^
origine de la partie interne de la tuberofité de l'if- , Les dcuz
chion , «Se vont s'inférer laceialement aux corps ^''^ ^""*
caverneux , & répandre leurs fibres dans leurs
membranes j les deux éjaculateurs font plus
longs que les precedens , ils nailîent du fphinc* S$'
ter de l'autre , ils s'avancent le Ions; de l'uretrc \ll,,u^I'^^^2
julqu a Ion miheu , ou us s mlercnt latérale-
ment.
Les noms que l'on a donnez â ces mufcles,nous Vfagesdc
marquent leur adion , les premiers aident à l'ère- ^iJ^^dc '^**^'
6tion de la verge , & ceux-ci à l'éjaculation de la ycrgc.
fcmence, parce qu'en fe gonflant dans leurs corps
& fe lacoinciilant, comme font tous les mufcles^
ils compriment les veiîîcules feminaires , 3c obli-
gent la femence d'entfer dans l'urètre , d'où elle
fort enfuite avecimpetuofité.
La ver^e a un ligament fort, qui l'attache aux j i^^^'*jl^
, ^1 o -^ 1 r • • 1 .1 " la vcrgg.
os du penil , «x qui prend ion ongme du cartila-
ge qui ioint ces os enfemble , & va s'inférer à la
partie fuperieure & moyenne delà verge j ce li-
gament lui eft d'un grand fecours , non feule-
ment dans le tems de l'érection , mais encore
lorfqu'elle s'amolit £v fe relâche: car il la fui-
a4 1 Des parties naturelles de l'Homme ,
pend & empêche qu'elle ne tombe trop fur les
tcfticules.
k Tcrhe. ^ ^" confidere à la verge Ton corps & ks extre-
mitez ; Ton corps cfl cette partie moyenne , qui
n'eft pas tout- à- fait ronde : il y faut obferver qua»
tre parties , une fuperieure , qui fe nomme le dos
de la verge , deux latérales qui font faites des
corps caverneux 6c une inférieure par où palle
l'urètre. Se»; ejctremîtez font deux , l'une où cft le
glandjque l'on apelle la tête du membre viril , 6c
l'autre qui tient au ventre, que l'on nomme la ra-
cine delà verge, cette extrémité eft environnée de
poils,principalement à fa partie fuperieurCjque l'on
nomme lepenil.
, T* j Le balanus ou gland,ainfi nommé,à caufe de ia
relfemblance , efl: ce que nous avons appelle la
tête du membre viril ^ c'eft la feule partie qui foie
chaniie dans la verge , elle eft polie & douce, afin
de ne point blclTer la matrice : Il fe termine un
peu en pointe , afin d'y entrer plus facilement , il
cfl: couvert d'une membrane fort déliée & fort
fine , qui le rend fenfible au chatouillement caufé
par la friélion. Qiiand le fang 6c les efprits y
affluent, comme dans le tcms de l'éreâiion, il s'en-
fle ôc devient vermeil , mais quand ils (e retirent
il pâlit 6c fe ride,il eft environné d'an cercle com-
me d'une couronne, fou extrémité eft percée pour
laiiler fortîr la fcmience d>c l'urine. Qiiand les en-
fans viennent au monde fans y avoir d'ouverture,
comme cela arrive quelquefois , il ne faut pas
manquer d'y en faire. Et lorfque l'ouverture efl:
naturellement trop petite , il faut l'agrandir , afin
que l'on ne foit pas trop long-tems à pilîer, &c afin
que la femence puifle être jettée promptemcnt
dans la matrice.
/K 'Démonftratlon AnM. SedJ. 145
Le prépuce efi; l'extrémité de l'enveloppe qui V
couvre la verge , il eft fait de la peau même de la P^^^P**^»
verge , qui eft lâche, afin de s'allonger pour cou-
vrir le gland , ou de fe redoubler pour le décou-
vrir. Il eft attaché fous le gland par un petit liga-
ment fort délié , qu'on nomme le frein , ou filet,
lorfqu'il eft trop court , il tire en bas l'ouverture
du glandj & alors il le faut couper comme on fait
celui de dellousla langue,parce qu'il empêche que
la fcmence ne foit éjaculée en droite ligne dans le
vagin. Il arrive quelquefois que l'extrémité du pré-
puce eft il lerrée ^que l'on ne peut pas découvrir
le gland,aiors on apelle cette incommodité phlmo-
Jïs ; &z quand on le coupe , ou par maladie,ou par
ordonnance de quelque loi , cette opération fe
nomme circoncifion.
L'ufage du prépuce eft de fervir de chaperon Ufsgeda
6c de couverture au gland , & d'augmenter le P^'^pwc.
plailir dans l'adion. C'cft ce qui a fait dire à
Riolan , que les femmes des pais où les hom-
mes iont circoncis en avoient moins que les au-
tres.
Les corps caverneux font deux , un de chaque ^
côté, ce font eux qui compofent la partie la plus Les corps,
'grande 6c la plus conftdcrable de la veige -, ils
naiftent des parties inférieures de l'os du penil bc
de l'ifchion , comme d'un fondement ferme 6c
inébranlable : ils y font attachés par deux liga-
mens , l'un à lacommiiTuie de l'os pubis &: l'au-
tre s'étend d'une des tuberofitez de l'os ifchion à
l'autre ; dans leur origine ils font feparez l'un de
l'autrcj mais s'aprochant peu à peu ils fc joignent,
& font la figure de. la lettre Y. Ces deux corps
couvrent & embrallcnt le conduit de l'urine , (5c
cavernem.
vont Unir au ^land.
Q. îj
244 ^^^ Parties naturelles de l'Homme.
Subftance Ces deux corps ou nerfs caverneux ont deux
carcrncux. fubftances : l'une externe , qui eft epailTe , dure,
nerveufe , & femblable aux membranes des artè-
res : & l'autre interne , qui eft fongueufe , rare ,
fpongieufe & femblable à la moelle de fureau,
excepte qu'elle eft d'un rouge tirant fur le brun,
& que celle de fureau eft blanche. Je vous ai die
que les deux principales branches des altères hy-
pogaftriques entroient dans ces corps , qu'elles
alloicnt finira leur extrémité proche le gland, &
qu'elles diminuoient à mefure qu'ellçs avançoient,
parce qu'elles jettent une infinité de branches à
droite 3c à gauche , qui verfent le fang dans ces
parties.
Ce qui fait Lorfque la verge fe roidit , ce font ces corps
|?jj'^-^ç caverneux qui s'enflent en s'empliftant , non pas
d'efprits feulement , comme le vouloient les An-
Expericnce ^'^"^ , mais de fang ; car en ferînguant quelque li-
queur dans les artères hypogaftriques , je l'ai fore
bien fait entrer dans les corps caverneux ; ce qui
m'a fait croire que c'étoit le fang artériel qui y
éroit épanché, qui en faifoit la tenlion ,& que
la verge devenoit lâche & molle, quand ce mê-
me fang fe vuidoit par les vénes hypogaftri-
ques.
Autre expe- J'^^ encore fait plufieurs expériences qui m'em-
ticnce. pèchent de douter que ce ne foitle fang qui fafle
cette tcnhon j car ayant coupé la verge à des
chiens , lorfqu'elle étoit tendue, j'en voyois for-
tir tout autant de fang qu'il en falloit pour
faire la grofteur qu'elle ayoit , lors qu'elle éto^t
roide.
Confirma- D'ailleurs , la fubftance fpongieufe qui emplît
tion de CCS c ^ i ^ ^ •
tperienccs. les corps caverneux meconnrme dans cette opi-
nion ; car s'il n'y avoit eu qu'une cayicé fimple , le
exf
IF". Démonfiratîon Amt. Seâ;.I. i4j
fan^ arccriel y étant porté, fe feroit trop prompte-
mcnt vuidé par les vénes , mais cette fubftance l'y
arrête quelque tems , & fait que l'ére(5fcion en e(t
plus forte. De plus , la couleur rougeacre de cette
fubftance eft un effet du fang qui y étant entré &c
forti dans les éreâ:iuns,y a imprimé cette couleur:
car ks enfans ont cette fubftance prefque toute
blanche. Je ne prétends pas nier qu'il ne s'y porte
aufîî des efprits , & qu'il ne foit même neccflàire
qu'il y en (oit verfé par les nerfs , mais je dis que
ce qui fait principalement l'ércâiion , c'ell; le fang,
cet efprit étant en trop petite quantité pour la
faire.
Ce qu'il faut donc avouer ici , c'eft que h'ma- -a r^*^*^'°."
• ' c • \ iT • j t -r y ^''^ ^=
gmation étant hapee parle rellentimcnt du plai/ir, fang&d'cf.
l'efprit animal s'excite , fe détache , & court ^'•"''
avec impetuoiité vers les nerfs aux parties de la
génération , qu'il gonfle en fe mclant,avec le fang
artériel , qui y eft porté par les artères, 6: que par-
le mélange de ces deux liqueurs , il s'y fait une
fermentation , ôc comme une ébulition qui caufe
l'éredlion.
L'urerrecft un canal ncrveux,qui s'étend depuis t-,, .,
le col de la veliic julqu au bout delà verge ; Il cft
litué au dclTous &c au milieu des corps nerveuxjfa
fubftance eft fpongieufe , afin de fc pouvoir écen-
dre : Sa capacité eft prefque égale depuis le com-
mencemen-: jufqa à la fin.
L'urètre eft compolée de deux membranes,dont Deuxmcm-
l'extérieure eft charnue & tiftuc de fibres tranfvcr- ^^^'^"^i'»-
fcs -, c'eft pourquoi l'urètre étant ouvert par quel-
que opération , il fe cicatrife. L'interne eft dehée,
ncrveufe & enduite d'une humeur onâ:ueufc,donC'
je vous ai fait remarquer ci-dcllus les deux bonj
etfets qu'elle pioduit.
1^6 Des parties naturelles de l'Homme,
Figure de La figure de ce conduit eft cc^ume une S ; car il
dccend de laveffie pour palier pardeiïîis les os du
penil, puis il remonte en haut pour accompagner
la verge jufqu'à fon extrémité où il finit.Les Chi-
rurgiens doivent bien obferver cette figure, pour
introduire la fonde avec adrelle dans la velîie.
l'urctrc.^ ^ L'ufage de l'uretrc eft de fervir de conduit com-
mun à la femence & à l'urine , & non pas comme
quelques-uns l'ont voulu, à Thumeur glaireufe;
qui y vient des proftates par ces petits tuyaux dont
je vous ai parlé : parce que l'urètre n'eft pas fait
pour cette humeur j mais cette humeur eft faite
pour l'urètre.
Voilà , Meilleurs , toutes les parties que nous
trouvons dans Thomme qui foient deftinées à la
génération 5 je vous ferai voir celles de la femme
dans la Démonftration fuivante.
'i'ypT'
^MÂ
247
SUITE DE LA QUATRIE'ME
DEMONSTRATION
Des Parties naturelles de la Femme , qui
fervent à la génération. ^i
SECTION SECONDE.
U o I Q^u E je vousaye amplement
démontré , Meilieiirs , les parties de
l'Homme qui fervent à la genera-
^^^^ ^ tion j cela ne fuffit pas pour appren-
dre comment elle fe fait , il faut pour y parvenir
vous faire tout de fuite une Démonflration par-
ticulière & de celles de la Femme , non feulement
parce qu'elles font très utilcsjleur nombre n'étant
pas moins confideiablc , que celui des parties de
l'homme.
C'eftavec jufte raifon que la journée d'aujour-
d huî s'appelle la belle Dcmonftrarion , le nombre
des fpe6tatcurs eft toujours plus grand le jour que
l'on démonftre les parties de la génération de la
Femme, & leur curiofité s'augmente à la vûë de
ces partieSjCet emprellemcnt eÔ: excufable , tant à
caufe que les Anatomiesdes femmes font plus ra-
res que celles des hommes , que parce qu'il n'y
a rien de fi naturel a l'homme que de vouloir fça-
voir où & comment il a été formé : mais quel-
que diligence qu'il falfe pour pénétrer le fecret
C^iiij
248 Des parties naturelles de la Femme.
de la nature fur le fait de la génération , il faut
qu'il convienne qu'il y a beaucoup de circonftan-
ces qui font inconniies , fur Icfquelles la raifon ne
peut pas décider quand les fens lui refufenc leur
lecours : ces difïicultez néanmoins plûioc que de
nous rebuterjdoivent nous encourager à bien exa-
miner à fonds CCS parties , puifque la connoif-
fance de leur ftrudure cft le feul moyen qui puif-
fe nous en donner les lumières que nous cher-
chons.
Ouaîrcvaif- J^ commencerai parles vailfeaux fpermatiques,
féaux f.er- afin de fuivre le même ordre qne j'ai obferve dans
matiques. j^ defcription que je vous ai faite des parties de
rhomme. Ils font quatre, deux artères & deux vc-
nes. Il y a , comme dans les hommes , une artère
& une véne de chaque côté.
Les artères fortent de la partie antérieure de
^^ l'aorte à quelque diflance l'une de l'autre , leur
tes fpcinia- origine eft fcmblable à celle des hommes ; Biais
tiques, Jem- infertion eft différente , au milieu àc leur
chemin elles fe divifent en deux branches.dont la
plus grolle vaau tcPdcule après avoir fait pluhcurs
détours; & la plus petite à la matrice , où elle le
divife en quantité de rameaux dont les uns vont à
fes côrez,à Tes trompes (3c à fou col , & les autres
à la partie luperieure du fond.
P„ Cette diftribution d'artères eft accompagnée
Deux véncs d'autant de branches de vénes, qui remontant de
fpcrtrati- la matrice & du tefticule, Te ioio;nent cnrem.ble,&
cucs
font deux vénes conlidevabies qui vont fe termi-
ner, fcavoir celle du côté droit a la véne cave , 6c
celle du côté gauche à l'émulgente.
Les vaifleaux fpermatiques des femm.es diffé-
rent de ceux des hommes en deux manières ; car
premiei entent ils ne font pas fi longs , à caufe qu c
IV. Démonfiratîon Anat. Se6î:.II. 249
les artères & les véncs ont moins de chemin à flai-
re dans les femmes que dans les hommes , depuis
leur origine jufqu'à leur infertion , foie que les
artères décendent de l'aorte dans les tefticulesi ou
que les vénes remontent des tefticules dans la véne
cave, puifque les femmes ont leurs tcfticules , que r^
1 on appelle ovaires , comme nous l exphquerons féaux diffè-
ci-aprés, dans la capacité du bas-ventie , & que J^"^^^'^^'J'c
111 ^j \ c cri ^" 'mom-
ies hommes les ont dans le Icrotura^ tn lecond mes.
lieu , ils différent encore en ce que les artères
fpermatiques ne defcendent pas en droite ligne
aux tefticules dans les femmes comme dans les
hommes , mais en ferpentant & fe refléchurant de
côté 6^ d'autre, afin d'empêcher par ces circonvo-
lutions , & par ce corps variqueux qu'elles for-
ment avec les vénes qui remontent , que le fang
artériel ne fe porte avec trop de précipitation au
tefticule.
Je vous ai déjà dit que les Anciens appelloient
ces vaiffeaux préparans j j'ai même refacé les rai-
-fons qu'ils avoient de les appeller ainfi , lorfque
je vous ai entretenu des artères & des vênes fper-
matiques des hommes , mais leur opinion me pa-
roit encore plus jnal fondée à l'égard de la fem-
me ; car premièrement , s'il étoit vrai que l'arte-
re fpermacîquc , qui fe divife en deux rameaux ,
dont l'un va au tefticule, & l'autre a la matiricc,
préparât le iang, & commençât à le changer en
femence,il s'enfuivoit non feulement qu'il n'y
auroit qu'une partie de ce "fang ainli préparé qui
fut portée au tefticule : mais encore que la matri- ?-'^'/'"f"«
ce leroit nourrie, pour ainii dire , de iemence , d analto-
puifque l'aurre moitié y eft pour la nourrir, j^''^" ^^'cc
D'aillairs , j'ai déjà fait voir qu'il n'y a p':^nt
d'auaftomofts entre les artères ôc les vénes fper-
250 Des parties naturelles de la Femme ,
matiques ; de force que ce prétendu mélange du
fang artériel avec le vénal , auparavant que d'al-
ler au tefticule , ne le fait point ; Se ainlî il faut
remarquer que les vailFcaux fpermatiques n'ont
point d'antre ufage que celui qu'ont toutes les
aneics 6: les vénes du corps , fçavoir qu'une ar-
tère porte par une de fes branches du fang au tef-
ticule pour en leparer la femcnce , &c par l'autre
du fang à la matrice pour fa nourrtrure ; ôc que le
fang qui n'y a pas été employé , eft reporté par
des branches de vénes , donc l'une vient du tef-
ticule; ôc l'autre de la matrice , ces deux bran-
ches fe joignant enfcmblc font la véne fpermati-
que.
ce Les femmes ont deux tefticulesaufïï bien que les
Leur fitua- hommes : c'tft ce que les hommes apellent ovai-
lon, res : ils font lîtuez dans la capacité du bas-ventre
aux cotez du fond de la macricc,duquel ils ne font
éloignez que de deux travers de doigts.
Raifonsdc On nous a voulu perfuader que la nature ne
:ccte (itua- les avoir placez ainfi , qu'a dclîcin d'échauffer la
:10a. ^ *■ .M • c, ' 1 •
icmence qii us contiennent , ex de la mieux per-
fectionner que s'ils avoif;nt été dehors comme
ceux des hommes : d'autres ont dit que c'étoit
afin de rendre les femmes plus portées à la géné-
ration ; mais fans trop pénétrer dans les delleins
delà nature,nous pouvons dire que la place qu'ils
occupent leur cH: plus commode qu'aucune autre;
parce qu'ayant beaucoup de comaierce -Sc de ra-
port avec la matrice , ils n'en dévoient pas être
éloignez.
En quoi ils ^^^ tefticulcs des femmes ne différent pas feule-
l-.rtcrent oc , , , r • •
:cuxdcs ment de ceux des hommes en htuation , mais cn-
lommct. ^Qj.g £1-1 grandeur , en figure,cn connexion , en te-
gumens ôc en fubftance.
IV. Démonflraîion Anat. Sect.II. ij i
Leur grandeur elt différente , ftlon la difFeren- Leurgran-
ce des âges , de manière qu on ne la peut marquer
precifcment : elle n'excède néanmoins pas pour
Tordinaire la gvofleur d'un très- petit œuf de pi-
geon.
Leur figure n'eft pas abfolu ment ronde , mais ^^"^"^ ^surc
large j& aplatie dans leur partie anteiieure & po-
flerieure; & dont la fuperficie externe eft inégale,
& non pas abfolumcnt unie comme cft celle des
hommes. r
Ti r I o 1 Leurconnc-
11s iont attachez oC tenus par quelque morceau xicni.
du pavillon,d'un ligament apellé mal à propos par
les Anciens, vailTeau défèrent , puifqu'il n'eft au-
cunement creux , ils font encore comme liez des
vailTeaux fpermatiques , & par une membrane ap-
pellée aîle de chauve-fauris, qui n'eft autre chofe
que le péritoine qui va delà trompe aux tcfticules
& qui lui ferc comme de mefenterc.
Ils font couverts du péritoine, aulïï-bîen ^ue j^^^^^^*^™"
les vaifTeaux que l'Antiquité a toujours appelle
fpermatiques. Leur membrane eft faite de libres
charnues.
Il faut remarquer que les tefticules des fem- Lcurfab-
mes font bien différents de ceux des hommes
dans leur fubfiance, car ce n'eft autre chofe qu'un
amas de vcflicules qu'on prend communément
pour des œufs ; d'où vient qu'on appelle les tef-
ticules des femmes des ovaires. L'herilfon femel-
le & la truyc ont ces petites veiîicules feparées
les unes des autres , comme le font tous les œufs
dans une poule. Qiiand on examine les veflicules
contenues dans l'ovaire de la femme , on y voit
un million de vailTeaux fanguins d'une extrême
o
délicatelle qui fe ramifient fur leurs tuniques.
Sans doute qu'il y a auiïi de petites glandes im-
- 2/1 Des parties naturelles de la Femme,
perceptibles à la vue , qui fervent à filtrer une li-
queur Jaiteufejlaquellc en fe perfectionnant dans
la cavité de ces veflicules , compofe la matière de
l'œuf qui renferme le germe où le fœtus eft con-
tenu.
j) Ces parties que vous voyés à droite 6c à gauche
Lcstiom» de la matrice, fe nomment les trompes, a caufe
qu'elles approchent de la figure des trompettes,
ciies nailîentde fon fond par une produclion fort
petite , & fe dilatent enfuite infeniiblcment juf-
qu'a leur extrémité : Elles ont autour de leur ori-
fice , qui eft toujours ouvert , de petites membra-
nes déchirées ou déchiquetées à peu prés comme
de la frange ; c'eft cet endroit que l'on apeile le
morceau du diable , & qui eft nommé le pavillon
_. , de la trompe.
FigHredcs t r \ > a iv ^ n-
trompes. Les trompes iont attachées au deiious des tefti-
cules par des membranes larges & déliées qui ref-
ferablent aux ailes de chauve-fouris.Le dedans de
ces trompes eft ridé. Leur grandeur n'eft pas tou-
jours la même dans toutes fes parties j leur lon-
gueur eft de quatre à cinq travers de doigts , &
leurgroifcur eft d'un petit tuyau de plume j elles
ont les mêmes vailleaux que les tefticulesj fçavcM'r
des vénes \ des aitcres , des nerfs & des limphati-
ques qui vont aux ovaires.
Subftancc L^ fubitùnce des trompes eft charnue, pour a-
pci. voir du m.ouvemcnt , ahn que 1 œur dccendc plus
facilement dans la matrice : car elles fervent à
conduire l'œuf depuis l'ovaire jufques dans la ca-
pacité de la matrice , 6c non à donner in'uë aux
vapeurs de la matrice comme les Anciens Pont
cru.
L'opinionli La partie la plus volatile de la femence de
^r'ks^Sufs l'homme pafle des trompes jufqu'à l'ovaiie pour
I K Demonjiratîon AnatStôiM, 255
rendre les œufs féconds. Cet efpric feminal ne
fcauroit pénétrer les trompes fans leur donner du
mouvement, c'eft ce qui fait que le morceau dé-
chiré vient cmbralîèr Tovaire de tous cotez , de
manière que , l'œuf que les efprits de la femence
ont fermenté, fe détache infenfiblement de l'o-
vaire en rompant la membrane pour entrer dans
la trompe , 5c pour décendre enfin dans la ma-
trice. L'œuf a deux membranes parfcmées de
vailîeaux tres-délicats dans les premiers tems ,
mais qui augmentent toujours dans la fuite , lorf-
que l'œuf a pris racine dans la matrice , & que le
placenta commence à groilir & à recevoir le fuC
nourricier que lui apportent les vaiïTcaux de cet
organe : ainfi toutes les parties du fœtus croif-
fent par la nourriture qu'il reçoit par le cordon,
&; lorfqu'il fera un peu plus grand, il fe nourrira
encore par la bouche du fuc laiteux qui fe trouve
dans l'amnios.
Les gémeaux viennent toujours de deux œufs
qui fe font détachez en même tems de l'ovaire,
QLielquefois l'œuf ne fcauroit defcendre dans la
matrice j quand cela arrive j il prend de la nour-
riture dans la trompe , & l'enfant croît jufqu'au
troifieme , & quelquefois même jul qu'au qua-
trième mois, que la trompe fe déchire , parce
que le fœtus manquant de nourriture , fait des
efforts extraordinaires qui caufent des convul-
fîons à ces parties qui les font déchirer. On voit
bien que cela n'arrive pas fans un détachement
du placenta , c'eft pourquoi l'hémorragie eft Ci
confiderable qu'il faut que la mère &c l'enfant
meurent.
Le principal organe de la génération eft la ma- ,
trice , qui eft appellée par quelques-uns utérus.
2 y 4 Des parties naturelles de la Femme,
Situation de Elle efl fîtuée au bas de l'hypooaftre, entre le rec-
la matrice. ^ 0,1 /r j ^ • / ,,
tum ot la veille , dans une cavice que 1 on nomme
le bafîin qui ei; plus ample aux femmes qu'aux hom-
mes , afin de donner à cet organe la liberté de s'é-
tendre dans les groirelles.
de iai^atn- ^^ grandeur de la matrice ne fc peut pas bien
«e. déterminer , étant ditferente félon les differens
états où fe trouvent les femmes ôc les filles :
Qi^iand elle vuide , par exemple , elle n'eft pas
plu<: greffe qu'une noix dans les filles , ôc dans les
femmes elle ell comme la plus petite courge ; au
lieu que lorfqu'elle efl: pleine , elle eft d'une
grandeur prodigieule. Il faut pourtant remarquer
ici que le col ne fuit pas la dilatation de foji
fond , confervant toûiours fon premier érat , fa
forme &: fa figure , non feulement dans les fem-
mes , mais même dans plufieurs efpeces d'ani-
maux. Cn ne peut pas non plus marquer preci-
femencfa longueur ni fa largeur ; car étant mcm-
braneufe elle peut s'allonger ou s'étrecir félon la
neceiïîté.
IpaifTcur A l'égard de fon épaiffeur ; elle eft aufli fort
delaniairi- différente ; dans les vierges elle eft mince , mais
elle s'épaiffit dans celles qui ont des enfans à me-
fufe qu'elles en ont ; elle eft fort épaifte proche
fon orifice interne, qui eft fon endroit le plus
étroit a ce qui fait qu'il peut s'étendre & fe dilater
tout autant qu'il le faut pour le paftage de l'enfant
L'épaifleur de la matrice change encore , ^ de-
vient très- con/idera'ole dans le tems des ordinaires ^
parce que le fang qui coule dans ce tems-là étant
verfé dans toute la fubftance , la tuméfie j mais
elle diminué à mefure qu'il s'écoule par les purga-
tions.
Les membranes de la matrice ont cela de par-
ce.
IV, Dêmonflratîon AMt.Stù:.ll. 2_fy
ticulier, qu^en quelques endroits , comme vers Biverfîtéde
Ion fond , plus elles fe dilatent , ainfi quil arrive f ""T ^''
dans la grolfeire , plus elles deviennent épaifï'cs à delà matrV
caule de l'augmentation confidcrable qui fe fait "*
des vailïeaux fpermatiques , & autres qui doivent
y former le placenta pour la nourriture du fœtus.
tz même plufieurs d^entre les Modernes préten-
dent qu'au tems de la groIfelTe ces membranes au-
gmentent de tous cotez dans toutes leurs dimen-
lions. Cetoit aufli le fentiment de tous les An-
ciens, qui s'écrioient fur la faaelfe de la nature
quiiesavoit faites ainfi pour donner à l'enfant
pendant qu'il eil dans la matrice , par l'abondance
des efprits & du fang^tous les fecours dont il avoit
beiom,
larte o^uTS?^ Tf ^ oHongue,car d'une bafe F,g,.e de la
iaige qui eft fon fond,elle fe termine peu à peu en m.rru:c.
pointe vers fon orifice interne, qui cft ibn endroit
le plus étroit, ce qui la fait rclfembler à une petite
ventouie , ou bien à une poire.
Et fi on y joint fon col ; elle a la figure d'une Ce qu'on
fiole renverfec j elle n'eft pas exadement ronde f"^^"'^ P^^
mais un peu applatie par devant & par derrière; ïc Sri-
ce qui la rend plus ftable , & l'empêche de vaciU «'
1er. ^
On voit deux petites c'minences aux parties laté-
rales &fupeiieures de fon fond, que Ton apelleles
cornes de la matrice , parce qu'elles reffemblem a
celles des verrues,lorfqu'elles commencent a pouf-
ler.Ces petites éminences ne font autre chofc que
iesextremitezdes trompes qui s'inlerent dans le
fond de la matrice.
U fubftance de la matrice eft membraneufe, Subfîanrc
ann quelle puilTe s'ouvrir pour recev-ir la fe ^^^^m^i'"-
nience ; fe dilater & s'érendre pour i'accroillc- "'
^S^ *2)f j" parties naturelles de la Femme.
ment de l'enfanr ; fe leflbircr pour Taider à fortir
dans le tcms de l'accouchement , & après lui Tat-
riere-fait,&; enfin fe remettre après dans fon état
naturel.
Membranes La matrice cit couverte du péritoine comme
g|^ * macu- Qjj 1'^ f^jj remarquer. Sa membrane propre efl
tiiruë de trois fortes de fibres ; fçavoir de droites,
de tranfverfes , & d'obliques j par le moyen def-
quelles elle peut fe dilater fuffifamment pour con-
tenir pluficurs enfans , & fe reflerrer enfuice :
Cette membrane tapTlfe toute la matrice , elle efl:
lilTe & égale dans fon fond ; & s'il arrive qu'elle
foi't quelquefois ridée & inégale , ce n'eft que
dans le tems des menftrues , à caufe des orifices
des vaiffeaux qui s'ouvrent dans la inarricc, & qui
y forment de petites éminences. On la trouve
toujours ridée dans fon col : elle a connexion avec
la tunique interne du vagin , & avec celle àts
^„ trompes.
Connexion r • n i / r i r
dclamatri- -La matrice efl: attachée par ion col & par Ion
*^^' fond j le col qui efl: couvert du pericoine , efl: atta-
ché à la vefîîe & aux os pubis par devant , &c par
derrière au redum & à l'os facrum. Le fond n'efl;
pas fi fortement attaché que le col,parce qu'il doit
être plus libre , afin de fe mouvoir , de s'étendre
&Me fe relTcrrer félon les occafions ; néanmoins
pour empêcher qu'il ne change de fituation , &c
qu'il ne foit pas agité par des mouvemens conti-
nuels;on lui donne quatre ligamens j fçavoir deux
fuperieurs , & deux inférieurs.
LcsXuxIî- ^^^ fuperieurs , que l'on appelle ligamens lar-
gamcuslar- ges , à caufe de leur llrudure membianeufe , ne
$"• font autre chofe que des produdtions^du péritoi-
ne qui viennent des lombes , & vont s'inlercr
aux parties latérales du fond de la matrice, pour
empcvhcr
ÎV. Démo'nflrationA-riat, Seâr.II. 2j7
empêcher que le fond ne tombe fur le col, comme
il arrive lorfque ces ligamens font trop relâchez:
On les compare aux ailes de chauve-fouris , dont
ils imitent la figure , ils fervent encore à condui-
re les vailfeaux qui vont fe rendre à la matrice ^ &
à affermir les tèfticules dans leur fituation natu^
relie.
Les inferieurs.que l'on nomwie ligamens ronds* r 9*^ ..
r ^ \ r i 1 . ' Les dc^xh ^
a caule de leur figure ronde , prennent leur on- gamenj.
gine des cotez du fond de la matrice vers les cor- ^°^^*'
nés , & vont pairer^par les anneaux qui font aux
aponevrofes des mufcles de l'abdomen, pour fe
rendre aux aines , où étant arrivez , ils fe divifent
en forme d'une patte d'oye en pliifieurs petites
branches, dont les unes s'infèrent aux os pubis,&
les autres aux cullfes , en fe confondant avec les
membranes qui couvrent la partie antérieure &fu-.
pcrieure de la cuilTe i c'eft de-là que viennent les
douleurs que les femmes grolfes relfentent dans les
cuilïès,&: qu'elles fentent augmenter à mefure
que la matrice srofïît & montent en hautx'eft auffi
la raiion pourquoi elles ne peuvent pas être long-
tems à genou, parce que les jambes étant pîoyées,
elles tirent la peau de la cuille en bas , & par con-
fequent la matrice par le moyen de ces ligamens,
il arrive encore que les boyaux & l'épiploon fe
glilfant par les mêmes anneaux par où palTent les
ligamens ronds ,font^ les defcentes en tombant
dans les aines.
Ces deux ligamen^ font longs, nerveux , ronds, Stfuâuffi
&: alTcz gros proche de la matrice , où Von les ^l^^^^^i,
trouve caves, auflî-bien que dans leur chemin ,
jufqu'aux os pubis ; auquel endroit ils devien-
nent plus petits , & s'applatillcnt pour s'inférer
comme nous venons de dire i l'on prétend que!
R
258 Des parties naturelles de la Fem^ne»
ce font ceux qui empêchent que la matrice ne mon-
te trop haut : Si c'étoit le feul ufage qu'ils euf-
fent , ils ne feroient gueres neccllaircs, car le fond
de la matrice eft trop proche de fon col , pour
croire qu'il s'en pullFe beaucoup éloigner : D'ail-
leurs, fi la nature ne s'étoit propofé que de rete-
nir la matrice dans l'hypogaftrc par leur moyen ,
elle feroit fort trompée , puifqu'iîs lui permettent
de monter jufques dans l'épigadre pendant la.
groflelfe ; & ce n'eft pas feulement durant la grof-
ielîe que ces ligamens ne peuvent pas l'aiïujetit:
dans un même lieu , mais encore dans les mouve-
mens qu'elle eft capable de faire ; qui font , quel-
quefois n grands qu'ils ont fait dire à Platon , &à
11. «-n.., ^rîftote y que la matrice étoit un animal enfermé
lis ne peu- ^ ' -1 ,
vcQtpasaf- dans un autre animal \ car elle le meut tantôt en
lu)ctcu U j^jjLU , tantôt en bas , &: fait des mouvemens H ex-
matncc. 1. . , 1 01 1 1 ..
traordmaires dans les vapeurs oC dans les malaaies
hifteriques, qu'il eft impoffible de ne pas s'aperce-
voir qu'alors ces ligamens ne font pas capables de
la retenir , &: qu'ainfi il faut qu'ils ayent un antre
ufage j puifqu'une bonne ou méchante odeur peut
la mettre même en mouvement : & la faire chan-
ger de place nonobftant ces ligamens.
Ncrls de la l^^ nerfs de la matrice lui viennent de deux en-
matricc, ». 1 1 i • ni 1 '
droits, les uns de l'interçoftal , oc les autres de
ceux qui fortent par l'os facrum.Tous ces nerfs le
vont répandre tant à fon fond qu'à fon col , ils la
rendent fulceptible de plaifir & de douleurs, & ils
la font fympathifer avec toutes les parties du corps
quand elle eft bien difpofée , ou quand elle fouf-
fre, le refte du corps s'en reftént,c'eft-ce quia fait
apeller la matrice l'horloge qui marque la fanté ou
la maladie des femmes.
Les artères qui vont à la matrice; font de deux
tî^. Démonjiratîon Ami. Sed.II. ijp
foftesjles unes font partie de l'artère Tpermatique, Artcresdâ
que je vous ai demontiée j & les auttcs partent des ^^"^'^^»
artères hypogaftriques ; les premières fe perdent
toutes dans le fond ^ d^ ces dernières qui font les
plus grolFes , fe diftribuenc principalement dans
fon col & dans fes parties j de forte que la matri-
ce eft arrofée de toutes parts par le fang qu'elle re-
çoit de ces artères*
Il n'eût pas fallu tant d'artères à la riiatrîcc Pourquoi
fi elles n'eulrent porté du fan^ que pour fa nour. ^^^\ f arte^
riture \ mais elles portent encore celui qui elt ne- tcicc-
celTaire pour charier le chile dans' l'enfant ; elles
le verfent par une infinité de petits rameaux dans
tout le corps du placenta , pour être conduit par
le cordon de l'enfant. Voyez ci-dclïus de quel-
le manière j'ai expliqué la nourriture du fœtus ,
en parlant des ufages des vaiireaux umbilicaux ,
& lorfque la femme n'eft pas grofle , ce même
fang s'échappe par plufieurs petits tuyaux qui
s'ouvrent dans toute la circonférence de fon fond,
& tombe dans fa cavité , d'où il fort par le va-
gina i c'eft ce fang qui coule tous les mois , que
l'on appelle les menftrucs , ou les ordinaires* Ces
tuyaux fe voyent manifellement en celles que l'on
ouvre peu de temps après qu'elles font accou-
chées i ou dans le tems que coulent les menf-
iruës.
Il y a des rameaux de ces artères qui vont à l'o- Artcrçsqtif
nhce interne y porter du lang pour la nourriture; fi^e incaac.
Ils lailTent quelquefois échapper de ce fang dans
le tems de fa groflclle , particulièrement lorfque
les femmes en ont plus qu'il n'en faut pour la nour-
riture de l'enfant , C'eft pourquoi il ne faut pas'
s'étonner s'il y a des femmes qui ont eu leurs ordi-
naires plufieurs fois durant leur ^rolfeilc , & qui
^ R ij
iGo Des parties naturelles de la Femme,
ont porté leur cnfaiit à terme ; parce qu'alors ces
purgaclons viennent des vallfeaux qui font au col
de là matrice : & non pas de ceux de Ton fond,qui
feroit obligé de l'ouvrir pour les lailTer paflèr , ce
qui cauferoit Pavortemcnt.
VcnesdcU Le nombre des vénes n'ed pas moindre que
matrice. celui des artères , il y en a deux principales ^ qui
font une fpcrmacique & une hypogaftrique , qui
accomoacznent les artères du même nom. Elles
font faites d'une infinité de branches qui vien-
nent de toutes les parties de la matrice, & qui
reportent le Tang dans le tronc de la véne cave;
ces vénes s'entr-ouvrent en plufieurs endroits les
unes dans les autres, de manière qu'elles s'a-
bouchent par nn grand nombre d'anaflomofes ,
ce qui ell plus facile à voir que dans les artè-
res , car en foufflant dans une feule véne de la
matrice, on voit enfler non feulement toutes les
autres ; mais encore celles du col & des tefticu-
les.
Se:% yaif- L'on remarque encore à la matrice plufieurs
phaciqùc*" vailîcaux limphatiques qui rampent fur fa partie
extérieure , & qui vont Ce décharger dans le refer-
voir du chile , après s'être réunis peu à peu en de
oros rameaux,
o
Examen de Après vous avoir démontré tout ce qui regarde
en'partîcu- ^^ matrice en gênerai , il faut , pour en avoir une
lier. parfaite connoidance , entrer dans le détail des
parties qui la' compofent ; puifque nous l'avons
comparée à une fiole, elle doit avoir comme elle
un fond , un col , &c deux orifices ; l'un interne ,
qui eft celui du fond , & l'autre externe , qui
eft celui du col : nous commencerons par l'o-
rifice externe , parce qu'il fe prefente le prer
mier.
IF. Déraonfjtratîon Anat. Seâi.II. 2(ji
Je ne reporcerai point les diiferencs noms que H
l'on a donnez à cetce parde, je me contenterai gj^^'^"^^*^
de vous dire qu'elle le nomme ordinairement la là matrice-
partie honteule , je ne fçai ii elle a ce nom ,
parce qu'elle fc cache d'elle même , ou bien
parce qu'on efl: honteux de la montrer , elle eft
compofée de pluheurs pairies , dont les unes pa-
roifl'enc d'elles-mêmes à l'extérieur , comme le
penil , la motte , les lèvres , & la grande fente ,
& les autres au contraire ne fe peuvent voir
qu'en écartant les lèvres , comme les nimphcs
le clitoris , le meac de l'urine , & les caroncu-
les.
La première de toutes ces parties eft le penil; l
il eft litué à la partie antérieure des os pub's , ce Lcpçnil.
n'eft autre chofe que le dcllus de la partie honteu-
fcjileft un peu élevé, parce qu'il efl Fait de graille,
quifert comme de petit couiïin , pour empêcher
que la dureté des os ne bielle dans l'aftîon.
La motte eft lltuée un peu au delfus du pe- K
nil ? c'ert ce qu'on appelle le mont de Venus \ ^•^"'o"*'
elle eft élevée comme une petite colline au def-
fus des grandes lèvres ; elle eft, aulFi bien que
le penil , couverte de petits poils qui commen-
cent à y croître a l'âge de quatorze ans. Ce poil
empêche que les parties de l'homme ne fe froif-
fent contre celles de la femme dans les embraft'e-
mens.
De la motte delcendcn,t deux parties , l'une à ^t
droite , ^ l'autre à gauche, qui fe joignent au pe- Le? grandes
rinée \ ce font ces parties que l'on apelle les gran- ^^^'^"•
des lèvres j elles iont faites de la peau redoublée,
de chair fpongieuie , & de graille, ce qui les rend
allez épailTes \ elles font plus fermes aux filles
qu'aux femmes \ elles font molalTcs &: pendantes à
R iij
%6i D?s Parties nat tir elles de la Femme,
celles qui ont eu beaucoup d'cnfans j elles font re,-
vêtues de poils, qui tont moins forts que cçu}{ du
penil & de la morte.
tagran«c L'efpace qui eft entre ces deux lèvres s'appelle
la grande tente , parce quelle elt beaucoup plus
grande que l'entrée du col de la matricejque l'on
nomme la petite fentc.Elle va depuis la motte juf-
qu'au périnée.
MM En écartant les caifles, & ouvrant les deu:x lé*
fhcs. vreSjOn découvre deux productions ou excroiflàn-
ces charnuëSj molles & fpongieufeSjque l'on apeU
îc nîmphes , parce qu'elles prefident aux eaux en
conduifant l'urine dehorsielles font deux, l'une à
droite,rautre à gauchej elles font fituées entre les
deux léA'res.
nifnplics. ^' Leur figure eft triangulaire , & femblablc à
cette membrane qui pend au defTous du gofier
des poules \ leur couleur eft rouge comme la
crête d'un coq i leur fubftanceeft en partie char-
nue , & en partie membraneufc étant faite dç
Ja peau redoublée & interne des grandes lèvres.
Leur grandeur n'cft pas toujours égale , car il
arrive quelquefois qu'une eft plus grande que
l'autre : il y a même des femmes qui les ont plus
grandes les unes que les autres j elles croilTent à
quelques-unes de telle forte , qu'elles excédent
les grandes lèvres , & qu'on eft obligé de les cou-
per.
des Nim-^ t lies s'avancent vers la partie fupcrieure de la
ihci. grande fente , où en fe joignant elles forment une
petite membrane qui fert de chaperon au clitoris;
Les filles ont les nimphes fi fermes & il folides,que
lorfqu'elles pi{rent,l'urinc fort avec fifflement. Les
femmes les ont molles & flafques , & principale-
ment apréi avoir eii des enfans.
/ F. Demonftratîon Anat. Sed. II. 2^5
On prétend que les ufaees des nimphes font Uiagci des
de conduire 1 urine comme entre deux parois , ce
d'empêcher que l'air n'encre dans la macricejmais
je crois que leur ufagc ell plutôt de s'étendre, afin
de permettre aux grandes lèvres de prêter tout
autant qu'il le faut pour le pallage de l'enfant
dans le tems de l'accouchement : & cela cft fi vrai
qu'en ouvrant quelques femmes mortes peu de
tems après être accouchées,je les ai trouvées pref-
que effacées ; parce qu'étant faites de la peau re-
doublée & interne des grandes lèvres , elles s'é-
toient tellement étendues qu'elles ne paroifioient
plus.
On voit à la partie interne de la grande fente , jsjnj
au delîus des nimphes, un corps glanduleux rond. Le clitoris
longjtS.: un peu gros à fon extrémité , que l'on ap-
pelle clitoris : Il eft inutile de rapporcer tous les
noms que Ton a donnez à cette partie, que l'on
dit être le ncge principal du plaifir dans les embraf-
fcraens , i' ell vrai qu'elle ei-l: fort fenfible , & il y
a des femmes qui font d'un tempérament fi amou-
reux , que par la faction de cette partie , elles fe
procurent du plaifir qui fuplée au défaut des hom-
mes ; c'cll ce qui l'a fait aoeller par quelques-uns,
le mépris des hommes.
Le clitoris eft pour l'ordinaire atîez petit ^ c'eft Grandeur
ce qui fiit qu'il ne paroît prefque point aux fcm- cluonii
mes mortes : Il commence à paroi tre aux filles à
l'âge de quatorze ans ou environ, & groflît à me-
fure qu'elles avancent enàge,&: félon qu'elles font
plus ou moins amoureufcs : Il enfle & devient dur
dans l'ardeur des approches ; ce qui fe fait par
le moyen du fang & des efprits dont il fe remplit
dans cette aftion , de la même manière que fait la
verge de l'homme dans l'éret^ion \ c'eft pourquoi
R iiij
%6^ Des parties naturelles de la Femmç ,
on l'apelle aulfi la verge de la femme, parce qu'eU
le lui rellemble en beaucoup de chofes : Il y a des
femmes qui l'ont extrêmement gros,& à qui il foit
hors des lévres.ll y en a d'autres qui l'ont li long,
qu'il a la grandeur de la verge d'un homme, &
celles-là peuvent en abufer avec d'autres fem-
mes.
Gompofi- Les mêmes parties qui entrent dans la çompo-
loris.'^'^ ' ^' iî'^io" ^^ la verge de l'homme , entrent dans celle
du clitoris \ Ton excrémité reifemble au gland ,
Le 2la à A ^^^^^P'^^ qu'elle n'eft pas percée , quoique l'on y
chcoris. voye les veftigçs d'un conduit : Il a une membrane
d'un même nature que celle qui tapllfe la fur»
' Le prépuce ^a^? cjes côtez de la grande fente , cette mem-
iucliçcris. brane fe joignant à angle aigu dans la partie fu-
perieure de la fente forme une produ6lion mem-
braneufe , & toute ridée, qu'on appelle le pré-
puce du clitoris , à caufe qu'elle en recouvre l'ex-
, irémité, & a fa partie inférieure il y a un petit
frein , comme à la verge. Il y a deux nerfs ca-
verneux , un de chaque côté , qui viennent de
l'os ifchion \ ce font ces nerfs qu'on apelie avant
que de fe joindre , les jambes du clitoris , «Se qui
QQ fe réjunifTant , en font le corpsjon les trouve pleins
Icj jambes d'un fang no'r , & épais cmbaraile dans leurs
ducluorij. fibres.
ûiiacre 11 y a quatre maifcles qui vont s'attacher aii
dico i$ * ^ ^^^^^l'^s ; fçavoir deux êredcurs; & deux éjacu-
latcurs ; les deux premiers prennent leur orio;inc
T?R 11/. , \,.r I •
Dtuïcre- '^'^'"^'^'^'''^ VOUS vovcz , de i emmcnce de liichion:
âccrs. Ils font couchez fur les nerfs caverneux , pour
Dcuxé acu- ^'^^^^^^f ^^^^ parties latérales du clitoris i les deux
JatcLis- autres , que l'on appelle honteux, font larges &
piats ; Ws forrent du iphinCler de l'anus, & s'avan-
çanr latéralement le lone des lèvres s'inferenc
IF, Démonflration Anat. Se6t.II. i^y
à côté du clitoris , tout proche le conduit de Tu-
rine,
Qiioîque ces quatre mufclcs fimlfent au cli- U^agcde
toris i ils ne fervent pas reulement à le relever àc '^" ni^fclcs
à le roidir , mais encore à relFerrer & à rétrécir
l'orifice du vagina , parce qu'en fe gonflant ils
obligent les lèvres de fc ferrer l'une contre l'au-
tre , de manière qu'elles compriment extrême-
ment la verge dans le tems des aproches ; c'cft
aufli par le moyen de cts mufcles que quelques
femmes font mouvoir ces lèvres félon leur vo-
lonté.
Le clitoris reçoit un nerf alTez confiderable Vaiiïcaux
qui vient de l'intercoftal j les artères honteufes du cluoris.
lui fourniirent du fang , & les ve'nes du même
nom reportent ce-même fang dans la véne cave,
tous ces vaill'eaux font plus gros,que ne le deman-
de une partie aufli petite que le clitoris. Ce qui
perfuadc qu'y étant porté plus d'efprit & de fang
qu'il n'en faut pour fa nourriture, le refte eft em-
ployé à quelqu'autre ufage , que pour fervir à
l'ércdlion.
l.e clitoris étant d'un fentiment aufîl ^'^q^is ^i^rfs^ **
qu'il eft , ne peut avoir d'autre ufage que d'être
le fiege du plaifir que les femmes reil'entent dans
l'adtion,
Au dcirous du clitoris on voit un trou rond , y
qui eft l'endroit du conduit de l'urine j il eft plus Le ';<^n^ui'
large & plus court que celui des hommes ; c'çft ^ '-^''^'^^•
pourquoi les femmes ont plutôt vuidé leur urine:
Elles en reçoivent encore un autre avantage , qui
cft que l'urine fortant promptcment entraîne avec
loi les petites pierres , le fable & gravier qui
rcfte (oLivenr au fond de la veflie des hommes ;
ce qui empêche qu'elles ne foient aulîi fujettes à
I
2.66, 1)es Parties naturelles de la Femme ,
la pierre qu'eux. Ce conduit eft environné d'un
fphin6ter,qui cftunmufcle quifert à retentir ou à
lâcher Turine quand on veut,
te? proRa- Viy ^ entre les fibrcs.charnuës de l'urccre & la
tcsdcsf. n> membrane du vagîn,un corps blanchâtre & glan-
"^"' duleux , épais d'un travers de doigt, qui s'étend
le long & autour du col de la veffie j 11 a plufieurs
conduits qui font autant de canaux excrétoires que
Cnî^î/apelle lacunes, qui fe terminent à la partie
inférieure de la vulve , où ils verfent leur hu-
meur glaireufe , qui fe mêle avec la fcmence dit
mâle.
VVVV En defcendant plus bas, & écartant les deux lé-
oncu'cj"' vres , on voit une cavité oblongue , qu'on appelle
nJrnfor- la follcnaviculaire , au milieu de laquelle paroif-
^^^- fcnt quatrecaroncules^apellces mirtiformes , par-
ce qu'elles relTemblent aux graines de mirte ; elles
font fituées de manière que chacune occupe un
angle j & qu'elles forment toutes enfemble un
quarré : Ce font quatre petites éminences char-
nues qui environnent la petite fente; la plus gran-
deeft au delTous du conduit de l'urine , les deux
moyennes aux parties latérales , & la plus petite
eft placée poftericuiement à l'opofite de la pre-
mière.
Ces caroncules font rougeâtres , fermes , &
relevées aux vierges , dans lefquelles elles font
jointes l'une à l'autre par leurs parcies latérales,
par le moyen de quelques petites membranes,
qui les tenant ainlî fujettes , leur font avoir la
fiauic d'un bouton de rofe à demi épanoliy j mais
aux f-''"i^*'''^cs elles font feparces les unes des autres,
& particulièrement à celles qui ont eu des enfans,
parce que les membranes qui les unillent , étant
une fois rompues , ou par l'entrée de la verge.
IF. Dêmonflratlon Anat, Sed. II, 267
ou par U fortie de Tenfaut ne fe rejoignent ja-
mais.
Elles font faites des rides charnues du vadna, j^^" !!'^"*^*^
ce qui en rend 1 entrée plus étroite j elles ont cJes nuru'
deux ufages , i'un d'embrairer & de ferrer la ver- *°^™^5.
ge 5 lorfqu'elle eft entrée, ce qui augmente le
plaifir mutuel dans l'adion ; & Tautre de pou-
voir s'étendre facilement ; afin de faciliter la
fortie de Tenfant dans les temps de Taccouche-
ment \ l'on a même obfervé qu'elles ne paroif-
{ç.\Vi plus dans les premiers jours après l'enfante-
ment , à caufe de la grande dilatation du vagina,
& qu'on ne les revoit qu'après que cette par-
tie efi: retrefîie , & revenue dans fon premier
état.
Lé col de la matrice eft un canal rond & long XX
qui eft fitué entre l'orifice interne & l'externe, nfatncc^
il reçoit la verse & lui fert de fourreau ; c'eft
pourquoi on l'appelle vagina , qui fignifie une
guaine.
Le col eft d'une fubftance nerveufe , & un Subftâncc
peu fpongieufe , ce qui fait qu'il peut fe dila- ;^J°cc
ter & s'étreffir \ il eft compofé de deux mem-
branes 5 l'une extérieure , qui eft rouge & char-
nue comme un fphindter j c'eft elle qui attache la
matrice avec la vefîie & le reitum : & l'autre in-
térieure , qui eft blanche , nerveufe ,6c ridée or- Grandeur
biculaîrcmcnt comme un palais de bœuf. Aux du col de la
femmes qui n'ont point eu d'enfant , ce col a '^^'"*^^'
environ quatre pouces de longueur , & un pou-
ce & denii de largeur ; mais à celles qui en ont
eu , on ne peut en limiter la grandeur j les rides
qui font à la membrane interne de ce col fervent
à le rendre capable de s'allonger ou de fe racour-
çir, de fe dilater ou de fe relferrer , pour s'accora-
i6$ Des Parties naturelles de la Femme,
moder à la longueur & la grolîcur de la verge , &:
pour donner le palï'age à Tenfanc quand il fort de
la matrice.
Ce que Ton Ofi^W^i^s Anatomîftes prétendent qu'il y a une
appcile hy. membrane quils apellent hyirien,fituée dans le va-
"^- • gina, proche les caioncules; ils veulent qu'elle foit
placée en travers , qu'elle foit percée dans (on mi-
lieu pour laillér couler les mois , qu'elle demeure
iinfi tendue jufqu'à ce que par l'aproçhe de l'hom-
me ou autrement , elle foit rompue & dcchiréejôi
qu'enfin c'eft cet hymen qui eft la marque du puce-
fc cf^Tc ^^^ Quelque diligence que j'aie faire pour chercher
poiiiC. cette membrane, je ne l'ai point encore vûc,quoi-
que j'aye ouvert des filles de tous âges , c'eft pour-
quoi je ne puis pas en convenir : on peut avoir
trouvé le col de la matrice fermé d'une membrane
à quelques-unes , comme on l'a trouvé à l'endroit
des caroncules à quelques autres j mais ce font des
faits particuliers & extraordinaires, d'où il nefauc
pas conclure que cela doive être ainfi à toutes les
filles.
Lc$yeritn. J^ "*^ prctcns pas nier qu'il n'y ait quelque
blcf (î^ncs maroue de la virginité ; que la première copula-
dapuccia- . ^ , f /, i ^ • ^ i. %, x
gc/ tion ne donne louvcnt delà peme a 1 un oc a
l'autre fexe, qu'il ne s'y puilTe répandre quelque
goûte de fang ^ & que les filles vierges ne rellcn-
tent un peu J.e douleur dans les premières appro-
ches : mais je rie croi pas que cela arrive comme
ils prétendent \ par là rupcion & le déchirement de
cette membrane Imaginaire , y ayant bien plus
lieu de croiie que c'eft par l'effort que la verge
fait pour entier en forçant ces caroncules mirti-
formes,& en rompant & divifant les petites mem-
branes qui les tiennent jointes enfemble j ce qui
ly. Démo'/jfiraten Ant. Sed. II. %(><)
rend ecrte ouverture fort étroite \ voila en quoi
confifte la véritable marque du pucelagCjIl n'arri-
ve pourtant pas toujours que toutes les filles don-
nent ces foibles témoignages de leur vertu , y en
ayant à qui la nature a épargné cette petite dou-
leur, en difpofant ces caroncules, de manière que
la verge peut entrer fans f^ire effort , quoi- qu'el-
les ayent toujours été fort fages, & ainfi l'on ne
doit pas être fî prompt à décider fur l'honrieur des
filles , puifque d'ailleurs ni l'étrccilfement de l'o-
rifice du vagina, ni le linge taché de fang ne
font pas des marques alfurées de la défloration des
filles.
L'orifice interne de la matrice efl; un trou fem- y
blable à celui qui eft au bout de la veree de l'hom- L,orificc
, n \ ^ u j •. f ^ ' interne de
me ; c elt le commencement d un conduit rort e- ja matrice.
troit,qui s'ouvre pour donner entrée à ce qui doit
être reçij dans la matrice,ou pour laifler paiTer ce
qui en doit fortir.Cette partie relTemble tout-à-faic
bien au mufeau d'un petit chien nouveau né,ou à
celui d'une tanche.
Cet orifice eft fort cpaîs , parce qu'il eft corn». Subftar.ce
pofé de membranes foncées & ridées, qui peu- î^^ ^'o*^' •
r j-1 o >/ 1 1 ^ i interne,
vent le dilater oc s étendre beaucoup ; quoique
cette ouverture vous paroilTc fort petite , néan-
moins elle s'œuvre fufHfamment pour lailTer paf-
fcr un enfant : je croi que cela ne fe fait pas fans
peine, puifque c'efl. cette partie qui retarde le plus
l'accouchement, en ne s'ouvrant que peu à peu
par les efforts que l'enfant fait pour l'obliger à
fe dilater. Quand les accoucheurs touchent cet
oi-ifice , ils trouvent qu'il ceint la tête de l'enfant
Comme une couronne , ce qui fait appeller pour
lors le couronnement ; mais après que l'enfant
^ï paifc , cet grifice difparoît ., & toute la matrî-
l^o lyes Parties riMurelles de la Femyné^
cen'eft plus qu'une grande cavité depuis Tentre'e
du col jufqu'à (on fond , ce qui ne dure pas long-
temps ; car immédiatement après l'accouchements
ces parties fe retrecilTent comme une boui Te ynide,
&C prennent leur état naturel.
L'arificein- L'orifice interne s'entr'ouvre pour recevoir la
fermé pcn- Ic^ience dans le moment de 1 ejacuiation , il le re-
daot toute ferme enfuite fi exademenc après 1 avoir reçue ^
c. q^ç j^ fonde la plus petite n'y pourroit entier : il
demeure en cet état jufques vers les derniers mois
de la grofleire , qu'il s'abreuve d'une humeur vif-
queufe glaîreufe , qui tranfudant des porofitez
internes de la matrice découle par cet orifice , ce
qui ferc à l'amollir &: à l'humeder , afin qu'il
puilîe s'étendre plus facilement pour laiiler foi tir
l'enfant.
Aâiondc L'ad:ion de l'orifice interne eft purement ttatu-
te°nc'^*^ ^^~ ^^^^^ » puifqu'il agit neccflfairement fans qu'il dé-
pende de nous de le faire agir autrement , au lieu
que Cl fon mouvement étoit volontaîre,il fe pour-
roit trouver des femmes qui lui en feroicnt faire
de tout-à-fait opofez à ceux qu'il fait.
22 La dernière partie que j'ai à vous démontrer eli
Le fond de le fond de la matrice , qui eft fon propre corps Se
amamcc, j^ partie principale pour laquelle toutes les autres
font faites i elle eft plus ample,plus large , & plus
élevée que les ^utresje l'ai ouverte de fa longueur
afin que vous voyiez fa capacité , qui eft l'endroit
où fe pafte ce qu'il y a de plus furprenant &c de plus
admirable dans la nature.
Lecolcourc L^ conduit qui eft depuis l'orifice interne iuf-
deiamatn- ,, , . . , . ; f i • n. U' l
ce. Ç[^ a 13 principale cavité de la matrice, elt apelle le
col court, pour le diftingucr du véritable col, qui
eft le vagina. Il eft de la longueur d'un pouce ou
environ ; il eft aflez large pour laiifer entrer une
{
/K T)émonftration Anat. Secft. IL 171
plume d'oye; fa cavité eft inégale & ridée. Ce col
aufli-bien que l'orifice interne fe ferme après la •,
conception , & demeure fermé pendant tout le
tems de la groffeire.
La fubftance de ce fond eft membraneufe & jubflanro
épaifîc d'un travers de doigt, ce qui fait qu'il peur du fond de
s'étendre commodément j fa fuperficie externe eft: l*''^^^"^"-'
polie de égale,excepté fes deux cotez , où l'on voit
deux éminences que Ton nomme les cornes, où
s'attachent les ligamcns ronds. L'interne eft par-
feméc de beaucoup de petits pores , & de petits
vailleaux qui diftilent tous les mois le fang , qui
doit être évacué , c'eft ce qu'on appelle menf-
trues.
La matrice des femmes n'a qu'une cavité,non La civitéde
plus que celle des bêtes , dont les deux cornes fe'^macnce
i-i ^ « r 1 r • 1- • cfl unique
dilatent & torment des lacs particuliers qui en con-
tiennent chacun un petit. Ce n'eft pas la même
chofe dans la femme , dans la cavalle, &c. La ma-
trice ne forme qu'une grande cavité qui s'élar-
git plus ou moins félon la grolFeur du fœtus , 6c
félon le nombre des enfans ; comme lorfqu'il y a
des îïemeaux. Les cotiledons de la matrice font
plus petits dans les femmes que dans les femelles
des autres animaux.
Cette cavité eft (ï petite , qu'on a de la peine à Lacavkéde
comprendre qu'un enfant , & quelquefois même '^.niarricc
plulieurs , puiftént être formez dans un fi petit ef- t;tc,
pacc ; mais il ne falloit pas qu'elle fût plus grande
pour pouvoir embrafter étroitement l'œuf.
Pour expliquer la génération alFcz au long j'ai
cru en devoir faire une diflertation particulière ,
où l'on vetra les différentes opinions qu'on a eues
fur ce fujec en divers temsjes uns enfeignar.t que
l'homme (Se la femme y contribiioient égalemvnt
l-ji Des parties naturelles de la Femme ,
les autres attribuent tout à la femme par le Sifté-
me des œufs ; & quelques Phyficiens au contraire
fugerant aujourd'hui la penféc , que fî l'homme
fait le principal dans cette a6tion,la femence qu'il
jette renfermant , à ce qu'ils prétendent , de petits
fatus tout formez.
=•>
DE
,'t'yi
rfeiiiicre. lablo
■J^a^e, 0L7 3
i73
\*^^ ^ * ^„ ¥ Ai^ ^ Y ^ ^ ^'**>ij
DISSERTATION
SUR LA GENERATION
DE L' H O M M E
U o 1 Qjj E nous foions fufifammenc
inftruits de la dirpofition des parties
naturelles de l'homme & de la femme,
ôc que nous en connoiffions les prin-
cipaux rellorts , toutefois nôtre curiolîté ne feroic
pas fatisfaite fi nous ne pénétrions plus avant ,
nous allons donc tâcher d'éclaircir le myftere de
la génération , qui eft encore à prefent fort envc-
lopé de nuages:Mais après vous avoir expliqué la
manière dont on croit aujourd'hui que l'animal fe
produit, je fuis aduré que vous conviendrez qu'-
elle eft beaucoup plus intelligible & plus confor-
me à la nature qu'aucune opinion qui ait été avan-
cée julqu'à ce fiecle fur ce lujet.
Avant que d'entrer en matière j'ai crû qu'il
ëtoit à propos de raporter quatre faits particuliers,
dont j'ai eu connoilTance ; Le premier , eft l'A-
natomie d'une matrice extraordinaire que j'ai
dilfequée. Le fécond eft une grofteiîe de vingt-
cinq ans décrite par Mr Baile Dodteur en Méde-
cine à Touloufe. Le troifiéme eft une autre grof-
fclle de vingt-trois ans arrivée à Pont à Moulfon.
£t le quatriéme:eft encore d'une femme enceinte
a 74 Btjfertatîbn
qui fut ouverte l'année dcrnicie à l'Hôtcl-Dieu
de Paris.
Un Anatô- Je fçai qu'un Anaromifte doit examiner tout ce
mifte ne q^} arrive dans la nature , & que tout ce qui
doit railon- ^ , . ,r ,. j-r -r
r.er que (ur tombe lous les lens doit conduire Ion railonnc-
dejfaus. ment : c'eft ce qui m'a fait raportcr ici ces quatre
hîfloires rares, afin qu'elles puiflent nous fcrvir de
guide dans tous les raifonnemens que nous ferons
fur lagéncration;je commence parl'Hiftoire Ana-
tomiquè d'une matrice extraordinaire que j'ai déjà
donnée au public en l'année 1685.
Lcpeudc Si le jugement eft difficile & le pronoftic dou-
ec du'' de- ^^"'^ ^'^"^ ^^ plupart des maladies , ce n'eft pas que
dans des Ton ne connoillè prefque tous les organes qui
corps rend compofent cettc machine admirable du corps hu-
qu'onen main : maisc'eft que nos corps ne font pas toû-
uïn "^^"" jours alfez femblables ; on y rencontre fouvenr de
\a diverfité non feulement dans le nombre & dans
lafituation des partics,mâis encore dans leur tem-
pérament & leur contexture ; ce qui les différen-
cie tellement les uns des autres, qu'on peut dire
avec le Chancelier Bacon.que le dedans des corps
n'eft pas moins diftingué que le dehors,& qu'il eft
aufli rare de trouver deux perfonnes dont les vif»
ccres foient entièrement conformes les uns aux
autres,qu'il cft extraordinaire de rencontrer deux
vifages qui fe reftémblent abfolumenr.
LesMedc Si cette diverlîté des parties internes embaralfe
«insnc dei- les iMedecîns & les Chiiureicns les plus habiles,6<:
vent pas r 1 /■• .M
négliger les rompt louvent les mcfures qu ils prennent pour
faits fingu- la guerifon des maladies, elle leur fait voir en mê-
me tems les obligations indifpenfables qu'ils ont
de travailler fans celle à la connoiftance! exa6te Ac
toutes ces parties , & de faire part au public des
découvertes qu'ils auront faites , ^ des liiigu-
far la génération de V Homme, 2 7 j
larîrcz împortanues qu'ils auront rencontrées.
Ocft pour m'acquicerde ce devoir que je donne la
relation fuccincte & fidde de Touverture du corps
d'une Dame morte grolle de fix mois ou environ.
On y verra une matrice d'une ftrudture particuliè-
re , & des plus fur prenant es.
Cette Dame ârréede vincjt ans devint grolTe le
deuxième mois de Ton mariage,elle douta qielquc
tems de fa groffeire , parce qu'elle avoir les ordi-
naires , quoiqu'en petits quantité ; néanmoins
comme Ton fein lui faifoit de la douleur, & qu'el-
le vomilloit fouvent , ayant des envies &c des dc-
■ goùtS;, & Ton ventre gtoffilfant , (es doutes celFe-
rent , fur tout à quatre mois & demi qu'elle fen-
tit remuer Ton enfant. Le cinquième mois les or-
dinaires furent fuprimées , il ne coula plus que
quelques ferofitez en une quantité tres-mediocie.
Pour lors elle commença à paroître plus groir'e^&l
continua de fentir fon enfant comme font toutes
les femmes , excepté qu'elle le fentoit entièrement
dans le cote gauche^c^c qu'elle le poaoit plus hauc
que ne font les autres.
La nuit du cinquième Juin 1681. elle fat (ur-
prile d'une ç^rande douleur dans le bas-ventre,qui
dura trois ou quatre heures fi cruellement , qu'on
aprchendoit qu'elle n'en acouchàt. Depuis ce tems-
la elle ne grollit plus,5c ne lentit plus remuer fon
enfant.
Douze jours après fur les huit heures du fo!r
elle rellentit des douleurs fi violentes qu'à fes
cris fes hmmes accoururent qui la trouvèrent
dans des contorfions & des èforts qu'elle faifoit
pour vomir : elles la mirent au lit où elle rendît
tout ce qu'elle avoit dans l'eftomach.Un des Chi-
rurgiens de la Cour logé dans fon voilinage lui
17^ lyiprtmon
tic donner tous les remèdes qu'il crut capables de
la foulager : cependant les convulfions furvin-
'rent avec un Ci grand froid aux extrémités , qu'il
fut impolTible de les échaufFeré Tous ces acci-
dens continuèrent jufqu'à cinq heures du matin ,
que fc fcntanr affoiblir de moment en moment; &
ne pouvant refpirer qu'avec beaucoup de pei-
ne , parce que Ton ventre s'empHlfoit à vue d'œil,
on la mit dans un fauteuil où elle mourut en un
quart d'heure. Quelque tems après fa mort le
même Chirurgien qui l'avoit fecouruë lui fit l'o-
pération Céfarienne, pour tâcher de fauver^ oa
Ce qui fc ^'°"'^oy^'; ^'^«^f^»^"^-
rrouva à Le biuit de cet accident fc répandit par toute
^aTJZT ^ Cour. La Reine , & Madame la Dauphinc
me commandèrent de raire i ouverture du corps
de cette Dame , pour découvrir la caufc d'une
mort fi prompte. J'allai aufîi-tôt roue difpofer
pour l'heure donnée par Monfieur Daquin pre-
mier Médecin de la Reine , qui voulurent y être
préfens.
Meffieurs les premiers Médecins étant arrivez,
je commençai l'ouverture en la manière ac-
coutumée. Ayant coupé les tegumens , les muf-
cles & le peritoirte , je découvris les parties
contenues ; ce qui fc prefenta le premier à nos
yeux fut un enfant couché fur les boyaux , en-
core attaché par le cordon à (on arrière faix ,
ncgeant dans une très-grande quantité de flmg ,
qui rcmplilfoic toute la capacité du ventre. Après
avoir levé l'enfant ; féparé une partie de l'arriére -
faix , qui tenoit encore au lieu d'où il étoit forti ,
6c l'avoir mis dans un baiîin , j'ôtai beaucoup de
caillots de fang , dont quelques-uns tenoient
fur U génération de l'Homme. 277
aux membranes du placenta , que je mis dans le
même baffin : je vuidai avec des éponges tout le
fang épanchéjCe qui donna lieu d'examiner toutes
les parties contenues.
Je ne trouvai rien de particulier à l'eftomac , ^^ jj
aux inteftins , au mefentere , au foye ni aux d'où l'c •,-
reins ; mais la ratte étoit feparée en plulleurs fj^lj^^*^^
lobes , comme le font ordinairement les pou-
mons. Ayant enfuite poulFé les boyaux vers le
partie fupericurc de l'abdomen, je découvris un
corps de figure ronde , ouvert par fa partie fu-
perieure de grandeur proportionnée à l'enfant
& qui paroiffoit être le fonds de la matrice,
Oétoit à la vérité dans ce lieu que l'enfant
avoit été contenu , & d'où il étoit forti : mais
c'étoit une partie furnumeraire iituée au codé
gauche du fond ordinaire de la matrice ; qui en
étoit diftante de deux travers de doigt ; & qui
avoit à la partie latérale gauche tout ce qui cft
attaché pour l'ordinaire au fond de la matrice ;
fçavoir les vailfeaux fpermatiqucs , un tcfticule ,
une trompe , un ligament large & un rond , ne
trouvant pas les mêmes parties à fon côté droit ;
je continuai de les chercher j elles étoierit atta-
chées à u ri corps moins gros que le précèdent ,
fitué dans la partie moyenne de l'hypogaftre , ti-
rant un peu vers Tilaque droite , &: de figure
femblable au fond de la matrice , excepté qu'il
étoit un peu plus gros , & un peu plus long, qu'il
n'a accoutumé d'être darts fon état naturel; 'OowUc
c'étoit effeélivcment le fond de la matrice , que fonn à u
je démontrai à Mcfïieurs les premiers Médecins ; "'^'^"'==*
qui ne furent pas moins furpris que moi de voir
deux parties toutes femblables au , fond de la ma-
trice ; avec cette différence que celle du côté
S iij
lyB 1>ljfertatïon
droit reflcmbloit à un fond éten(^u,qLn avoir con-
tenu un enfant ; & Vautre à un fond prefque dans
fa grofleur natureliejelles étoient toutes deux atta-
chées & continues au col de la matrice.
Dans l'impatience de reconnoître laquelle des
<leux étoit de furcroit , ou la naturelle , je décou-
vris la veffie , & je fis une inci/ion longitudinale
à la partie fuperieure &: interne du vagina , par
laquelle on vit l'orifice interne de la matrice qui
étoit formé : mais non pas aufïï exactement qu'il
l'cft pour l'ordinaire dans la grolleile. Je conti-
nuai mon incifion vers le fond de la matrice , le-
quel j'ouvris tout de fon long , après avoir coupé
l'orifice interne : Il y avoit dans ce fond un faux
germe de la grotlèur d'un petit œuf; dont les,
membranes peu folides fe déchiroient facilement:
Elles étoient toutes parfemées de petites glandes
conglobées de grofïeurs différentes, les plus grof-
fes n'excédant pas celle d'un petit pois. L'ori-
lîcc interne étoit cmbarrallé & comme bouché
par une matière glaireufe , jaunâtre & fort def-
fechée.
Après avoir ôté ce faux germe qui remplif-
foit tout le fond de la matrice , l'on vit facile-
ment le trou de la trompe droite qui y per-
çoit , il étoir queftion de fçavoir fi ces deux
corps fe communiquoicnt \ Pour en être éclairci
je fis une incifion au premier qui avoit contenu
l'enfant , coupant depuis la partie fuperieure juf-
qu'à l'endroit où ce corps étoit attaché au col de
la matrice , il ne nous y parut aucun conduit con-
fiderable , n'ayant pas même d'iffuë dans l'orifi-
ce interne, ni dans le vagina : ce qui fit voir
manifeften^ent que de ces deux cavitez la droite
qui contenoit le faux germe étoit la naturelle , &
Jur U génération de l' Homme. 279
que la gauche où avoir été l'enfant étoit la fiiper-
uumeraire.
Mais comme il eft împofllble dans le peu de
tems que l'on efi: oïdinaitement à l'ouveiture
d'un cadavre , de bien examiner ce qui s'y trouve
de iîngulier \ l'on a accoutumé de le fcparer du
corps, de l'emporter, & le dilîequant à loifir d'en
remarquer jufqu'aux moindres particules : on
s'avifa donc de faire la même chofe , je levai
ces deux corps qui tenoient au col de la matrice
avec les tellicules , les trompes , les ligamens , &
une partie des vaîlTeaux fpermatiques , & je mis
le tout dans une ferviette que je fis porter chez
moi.
Je continuai par l'ouverture , de la poitrine ;
après avoir levé le fternum , je trouvai le poul-
mon du côté droit adhérant aux côtes. Je fis l'ou-
verture des ventricules du cœur , il y avoit dans
le droit un de ces corps étranges, que l'on y trou-
ve allez fouvent apcllcz polipesdu cœur , qui en
ocupoit toute l'oreille , & fe continuoit cinq ou
iix pouces de longueur dans la vcne cave. Nous
en trouvâmes un pareil dans le ventricule gauche
qui n'étoit pas de moitié fi gros que celui du ven-
tricule droit.
, Meflieurs les premiers Médecins n'ayant pas
trouvé à propos d'ouvrir la tête , je remis les
parties en leur place , je fis les futures ordinai-
res , & le foir chez moi je m'attachai 3 diffequer
exa(5tcment cette matrice , fans néanmoins la
trop découper , voulant la conferver dans fon
entier le plus que je pourrois pour la faire def-
ligner.
Le lendemain la Reine me commanda de la lui
porteri Elle étoit poot^ors cliez Madame la Dau-
S iiij
i8o Dljferratlon
phinc,Sa Majefté eut aifez de curiofité pour l'exa-
miner tres^long-rcms.Monlîeur Daquin & Mon-
fîcur Façon lui en dirent leur fentimcnt aufîî bien
qu'à Madame la Dauphine ; & à quelques aunes
Dames de la première qualité.
Ce même jour la Reine étant dans Ton cabinet
accompagnée d'une feule Dame , m'envoya dire
par un valet de pié de venir lui remontrer cette
partie. Elle l'examina derechef, & je repondis à
toutes les queftions qu'elle me fît là-delï'us. Sa
Majefté n'avoit pas les mêmes répugnances qu'ont
Toutes les autres femmes pour les Dcmonflra-
tions Anatomiques , j'ai eu l'honneur de lui en
faire àlTez fouyent fur différentes parties d'ani-
n^aux.
Voila l'hifloirc fidèle de tout ce qui s'efl palfë
tant à la mort de cette Dame;qu'à l'ouverture que
j'ai faite de fon corpsjEt avant que d'expliquer les
tables , il eft à propos de faire cinq ou fîx remar-
ques efTentîelles.
La première eft que cette Dame vers le quatrième
mois de fa grolfcAe , commença de fentir une in-
commodité qui lui dura jufques à la mort, & ce
mal augmentoit à mefure qu'elle grofîîiroitjclle ne
pouvoit aufTi demeurer couchée fur le côté droit:
& fî-tôt qu'elle y étoitjelle rclïèntoit des douleurs
infuportables jufqu'à tomber en folblefTc.
11 faut fecondement obferyer que cts douleurs
Jfî violentes qui la tourmentèrent depuis les huit
heures du foir jufques au lende.rain matin cinq
heures qu'elle mourut , n'étoient point continuel-
les comme le font ordinairement celles qui font
eau fées par une matière répandue dans les inte*
ftins j mais elles prenoient par intervalles comme
font celles qui viennent de la matrice,ces douleurs
fur la génération de l'Homme. iSr
commençoient <lans les reins -, & répondoienc en
bas , aiiili qu'il arrive aux fenmes qui font en tra-
vail d'enfant , avec cette différence que rien ne
couloit par la matrice.
Il eft necefl'aire de remarquer en troifiéme lieu
la nature dès caillots de fang qui étoicnt d'une
coniiftance tres-folide, & d'une couleur fdrt noi-
re: Ils ne fc rompoient pas avec la même facilité
que ceux qui font formez d'un fang nouvellement
extravafe ; mais ils avoient la même folidité que
ceux defquels la ferofité ayant été feparée par un
long féjour , il ne refte que les fibres les plus noi-
res & les plus groiîîeres.
On doit encore prendre garde que l'ouverture
qui s'eft trouvée à ce corps qui avoir renfermé
TenfantjU'a point été faite par aucun inftrumenr,
mais par déchirement, ainfî qu'il paroît par les ta-
bles , autrement les deux lèvres de la partie cou-
pée feroient égales , au lieu qu'elles font toutes
dilaccrécs: Plufîeurs petites portions de membra-
nes en forme de frange que Ton voit à la circon-
férence de cette ouverture , marquent trop la vio-
lence que cette partie a foufferte en fe crevant.
Mefîîeurs les premiers Médecins, après avoir bien
confideré cette ouverture , demeurèrent d'âcord
qu'elle s'étoit faite d'elle-mêmexe qui fut confir-
mé par le Chirurgien qui avoit fait l'opération ce-
farieime , il alTura qu'il avoit laifTé l'enfant au mê-
me endroit on il l'avoit trouvé , c'eft à dire dans
la capacité du bas- ventre fur les boyaux , hors de
la cavité où il avoit été contenu , comme nous le
rencontrâmes nous-mêmes.
La cinquième obfervatîon eft , qu'il falloit
qu'il y eût plus de quinze jours que l'enfant fût
mort ; il étoir d'an rouge brun 6c livide , il avoic
l8z Dîjfertation
les bras & les jambes maigres & attenuées,&ccqui
ne laifTe aucun doute , c'eft que l'épidermc s'enle-
voic pour peu que Tony touchât. Cet enfant n'é-
toit pas encore tout-à-fait pourri, parce que la
matrice eft un lieu clos où il nage dans les eaux
qui lui fervent de laumurc , & parce qu'il fe cor-
rompt moins en un mois dans la matrice qu'il ne
feioit dans un jour s'il en étoit forti.
On doit enfin fe relTouvenir que cette Dame fut
réglée tant qu'il n'y eut que la cavité gauche d'o-
cupée par l'enfantjCar la cavité droite étant vuidc
laiiToic échaper par fcs vailfeaux le fang qui s'y
portoit aux tems acoùtumcA , mais du moment
qu'elle a été remplie par le faux germe , ce qui eil
arrivé entre le quatrième & le cinquième mois ,
cette évacuation a ceiré , & l'on ne doit pas être
furpris qu'il fe foit fait un faux germe dans cette
cavité droitc.Il eft même facile de concevoir qu'il
n'y pouvoir former un fécond enfant encore mieux
que dans la gauche. C'eft dans une pareille occa-
fîon que l'on peut admettre la fupeifétation , puif.
qu'elle fe faifoit dans deux cavitez féparées , &
qu'elle n'efl impolTible que dans une même cavi-
té : mais tans entrer en queilion & en raifonne-
ment fur un fait qui demande une longue difcuf-
fionjil eft conftant qu'il y avoit eu un enfant dans
la cavité gauche de la matrice qui étoit la naturel-
le, & étoit occupée par un faux germe.
Apres un récit aulU véritable que celui que je
vî'^ns de faire de tout ce qui s'eft palfé à cette dil-
fcdîon Anatomiquei& après les obfervations que
j'ai crû necedaires pour en avoir une parfaite con-
noitTance , rinfpedion des deux tables achèvera
é'Qn donner une idée aufîi claire que 11 Ton avoit
été prefcnt à l'ouverture.
fur la génération àc l'Homme, ^83
La première démontre cette matrice telle qu^eU f ipHcation,
1 , n. ' j 1 • ' • • . . / de la prc
le s elt trouvée dans le corps ; je n y ai ncn ajoute micrc table.
ni diminué , j'ai fait feulement une incifion à la
partie profonde & fuperieure du vagina pour faire
voir l'orifice interne,qui ne change rien de la dif-
poûtion naturelle des parties,AA font voir l'artère
& la veine fpermatiques droites. B Le tcfticule. C
La trompe , D Son ouverture. EE le morceau dé-
chiré. F Le ligament large. G Le li^ment rond :
H La cavité naturelle de la matrice. I L'union de
la cavité naturelle, avec lalupernumeraire. K La
cavité fupernumeraire de la matrice. L L'ouvertu-
i;e par où l'enfant eft forti. MMMM Plufieurs
morceaux en forme frange qui marquent que
cette cavité s'ell; crevée : NN L'artère & la veine
^ermatiques gauches. O Le teflicule. P La trompe
Q^Son ouverture. RR Le morceau déchiré. SS Le
liçrament lar^c. T le ligament rond.VV Une ou-
verture faite au vagina. X L'orifice interne. Y fon
ouverture qui n'eft pas fermée aufîi exactement
qu'elle le doit être. Z Le vagina avec fes rides.
Dans la féconde t^ble j'ai fait graver l'orifice in-
terne & le fond de la matrice ouverts tout de leur
long , la cavité de l'orifice eft plus vafte qu'elle ne
doit être,parce qu'elle contenoic une matière glai-
reufe endarcie »Sc fcmblable à de la colle forte ; le
fond de la matrice eft plus fpacicux , parce qu'il
renfcrmoit un faux germejl'ouvercure de la trom-
pe droite y eft aparente. Je n'ai point remarqué
que ce fond différât des autres matrices, fi ce n'eft
qu'il n'a pas à fa partie gauche les mêmes vaif-
feaux &: ligamens qui font à la droite , il n'éroit
pas fitué dans le milieu de l'hypogaftre comme
il devoit être naturellement , car le corps (uper-
numeraire du côté gauche qui contenait l'en-
%Î4 *Differtat'ion
fane étant plus gros le prelToit & Pobligeoit cle fe
reculer.
Cette cavité qui a contenu l'enfant eft repre-
fentée ouverte jufqu'à l'endroit où elle eft atta-
chée au fond de la matrice , avec qui elle n'a de
communication que par trois ou quatre petits
vaifleaux tres-déliez que je n'ai découvert qu'a-
prés les avoir cherchez & dilTcquez avec beau-
coup de patience, ce corps eft d'une fubftance
femblable à celle du fond , c'eft à dire toute feiiil-
iecée & parfemée d'une infinité de porohtez qui
ne partent point de la partie interne à l'externe: Il
cft beaucoup plus épais vers la partie inférieure
que vers la fuperieure qui va toujours en dimi-
nuant, ^ qui cft tres-mince à l'endroit où elle s'eft
crevée , on y voit quelques reftes du placenta qui
font encore attachez dans cette cavité. J'ai fait gra-
ver un ftilet dans l'ouverture de la trompe gau-
che , laquelle perce dans cette cavité , les mêmes
vailTeaux & ligamens qui fe trouvent à l'autre fe
rencontrant à celle-ci. Ainii elles partagent à elles
deux, ce qui ne devroit être naturellement qu'à
une feule. ,
îifîa fc^'^- ^^'^^^ l'explication de la féconde table. A A mon-
de Table, trent l'artère & la véne fpermatiques droites. BB
Les rameaux qui vont au tefticule. CC Ceux qui
vont à la matrice. DD Les rameaux qui vont au
fond de la matrice.EE Ceux qui vont au col.F Une
arteriole qui arrofe le ligament rond. G La trompe
H Son ouverture. K L'ouverture de la trompe du
côté du ventre.LL Les ^morceaux déchirez. M Le
ligament large. N Le rond. O La cavité naturel-
le de la matrice , avec plulîeurs petites ouvertu-
res fort-aparentes. P L'extrémité de l'orifice in-
fur ta génération de l'Homme. 2 S y
terne, Q^PIufieurs feuilietures le long de l'orifice
interne qui retenoienc une humeur glaireufe qui
l'cmplilloic. R Une manière de rofetce qui s'eft
rencontrée à l'entrée de l'orifice interne. S Le
bord de l'orifice interne. T Une partie du vagina
VVVV L'incifion faite le long du fond. Y L'at-
tache des deux cavitez.YYY Piufieurs petits vaif-
feaux qui vont de l'un à l'autre ZZZZ Les ou-
vertures de ces vaiffeaux. i 1 1 1 L^icrfion faite à
la cavité fupernumeraire. 1 Cette cavité qui con-
tenoit l'enfant. 3 3 Quelques reftes de l'arriere-
faix qui y font encore attachez. 4444 Les pièces
déchirées par où elle s'eft crevée , dc par où l'en-
fant eft forti. j L'ouverture de la trompe gauche
6 Un ftilet qui eft dedans. 7 La trompe gauche.S
Son ouveraue du côté du ventre. 95) Le morceaa
déchiré ou le morceau dil diable. 10. Le ligament
large. 1 1 Le rond. 1 2 Le tefticule. i 3 L'artère ^
la véne fpermatiques.
Après avoir fait delîîgner toutes ces parties par
un peintre fort habile , j'en fis voir les delTeins a-
vant que de les donner au Graveur, à Mciïieurs
Daquin & Fagon qui avoient été prefens à l'ou-
verture , & à Monfieur Félix premier Chirurgien
du Roi , qui vint chez moi où il examina cette
matrice exadlcment , ils m'ont tous dit qu'on ne
devoit pas mieux imiter le naturel i & que tout
étoit femblable à l'original.
On fuppofe allez fouvent des faits extraordinai-
res pour avoir le plaifir d'exercer les raifonne-
mens des fçavans & des curieux. Il n'en eft pas de
même de celui-ci, il eft véritable & tres-fidele
dans toutes fes circonftances.Je ne penfe pas qu'on
en puilTe douter après l'atteftation qui fuir de Mr
Fagon , qui eft préfentemeut premier Médecin
du Roi.
1^6 Dijprtatfon
Nous Meflîre Gui Crefcenc Faîjon Confeîller du
Roi en les Confeiis , & Premier Médecin de Sa
Majefté , cerrifions avoir été prefenc à l'oaverture
du corps dans lequel s'ell trouvée la conformation
d'une matrice extraordinaire dont Mr Dionis Pre-
mier Chirurgien de Madame la Duchefle de Bour-
hiftou°c"i'u §°§'^^ donne l'hiftoire Anatomique au public , «Se
ne gro/Tclfc nous aillirons que le récit Se les figures font trcs-
conformes a la vérité. Sitiné, FAGON.
Oeil: Monlicur Bayle Docteur en Medccine,qui
nous a laiiré par écrit THiftoire Anatomique d'une
grolFeire de vingt cinq ans i il dit qu'a Toulouze
la femme d'un Tondeur de drap nommée Mar-
guerite Matlilcu étant devenue grolTe d'un onziè-
me enfant en l'année lôj-'j. & vers le neuvième
mois de fa grolfcire fe trouvant dans l'Eglite des
Minimes , elle fc fcntit fort prcilée des douleurs
de l'enfantement , & qu'ayant même rendu une
partie des eaux , elle dit à celles qui étoicnt avec
elle qu'elle aprehendoit d'acoucher dans la Cha-
pelle où elle êtoit , on la conduilit dans la mailon
la plus prochaine le plus promptement que l'on
put , où ayant trouvé quelque allégement à (es
douleurs par les foins que l'on prit de la fccou-
rir ; fon mari la ht porter dans fa raaifon , où les
douleurs étant revenues plus violentes qu'aupara-
vant , on apella Meflîeurs Cartier &c Mulatier fa-
meux Médecins , Se le Sieur Cortade très- habile
Chirurgien , qui s'éforcerent de la fecourir en lui
donnant tous les remèdes qu'on met ordinaire-
ment en ufage dans ces occafions j mais ils furent
inutiles , Se deux mois fe partèrenc pendant lel-
quels elle fouffrir de violentes douleurs : elle
rendit des grumeaux de fang qui n'avoient au-
cunes fibres , ni rien de charnu. Elle eut enluitc
fur la génération de l'Hamme . lîy
'des pertes blanches qui étoienc quelquefois mê-
lées avec un peu de fang , & fcs mammelles fu-
rent remplies d'une quantité extraordinaire de
lait. Vers le cinquième mois les pertes blanches
celferent j elle reprit fcs forces peu à peu , étant
toujours incommodée d'un fâcheux fardeau qu'el-
le avoit dans le ventre , &: elle ne trou voit point
de foulageraent entier que lors qu'elle étoit cou*
chée fur les reins.
Depuis l'accident arrivé à cette femme en l'an-
née 165-3. j^rqu'à celle de 1678. elle a foufferc
de tems en tems des douleurs aufîi violentes que
celles de l'enfantement : Lorfqu'elle en étoit Iç
plus prcflee elle prioit le Chirurgien de lui ouvrir
le ventre pour mettre fin à fa miferc. Elle avoit
fouvent des foiblellès ôc des envies étranges de
manger de certains alimens. Si l'on en croit quel-
ques femmes elles ont vu diverfes fois les mouve-
snens de l'enfant ; mais le Chirurgien 6c l'Apoti-
caire qui l'obfervoient de prés, & qui étoicnt fou-
vent apellez , n'ont jamais pu reconnoître aucun
mouvement d'enfant, que celui qui fc faifoit lors-
que la mère fe tournoit d'un côté fur l'autre , car
alors le fardeau fe jettoit fur le coté fur lequel la
femme fe couchoit.Pendant cet cfpace de tems qui
fut de vingt-cinq ans & quelques mois, cette fem-
me eut diverfes n)alaJies,& enfin lui étant furvena
une fièvre continue , elle mourut le 17. Janvier
i678.âgée de foixante & deux ans.
Le lendemain l'ouverture du corps fut faîte par Ce qui fc
Monfieur Cortade fon Chiiji^rgicn ordinaire ; en ^'^•^'*^'»-
prelence de MefTieurs Gaillarc , Bayle , Laborde , coj^!" *
»!n: Grangeron fameux Médecins , & de Mcflîcurs
Labat & Carboneau habiles Anatomiftes: ayant
coupé les raufclcs &c le péritoine on découvrir
:i88 Dljfertatlon
l'epîploon,qui écoic fquiirheux & un peu charnu*
de répailTear de deux grands travers de doigt ; il
couvroit cette malle qu'on cherchoit , fur laquel-
le il étoic étendu , & à laquelle on trouva qu'il
étoit adhérant. Qiiand on voulut la lever pour la
voir, on renverfa tout cet afTemblase du coté de
la poitrme du cadavre , & alors on eut quelque
idée que cette grande maïTe informe étoit un en-
fant i ce qui en fit douter quelque tems , c'étoic
parce qu'on l'avoic trouvée hors de la matrice :
maison en fut certain lors qu'ayant donné quel-
ques coups de fcalpel on fentit des os, & que l'on
vit des ongles & des doigts à un pied , que l'on
fépara delà malfe.
Avant que de toucher davantage à cette maiïe
on voulut Voir en quel état étoient les parties du
bas ventre , & particulièrement la matrice fur la-
quelle on trouva un corps dur comme de la pier-
re qui formoit an grand ulcère qui ocupoit le
fond de la matrice , il avoir une cavité du côté de
la matrice pleine d'un pus blanc & épais, qui n'a-
voit aucune mauvaife odeur ; ce corps étoic con-
vexe en la partie oppofée , & relTembloit allez
bien à la partie convexe d'une huitrc ; le rcfte de
la matrice étoit dans fon état naturel , & l'on ne
remarqua rien de conlîderable dans les parties
voifines.
L'on détacha la mafTe , dont nous venons de
parler , de ce corps , & l'on la porta chez Mon-
fieur Cortadc pour la diilequer à loifir ; avant que
d'y rravailler Monfieur Bayle en fit delTigner les
quatre figures qui font-dâils fon livre , & enfuitc
à mefure que l'on ôtoit une matière callcute qui
environnoit toute cette malFe , l'on découvroic
toutes les parties d'un enfant endurci èc à demi
pétrifié
fur ta génération de l'fJomrnt. 1 85?
tiîfié , qui pefoit huit livres, à leize onces la livrej
l'on dîilcqua toutes les parties qui compofoienc
Gcc cnfani & tous les viiccres contenus dans les
trois vcncres,mais comme ce détail eft d'une trop
grande crcnduc , je renvoyé le Icéleur à ladefcri-
ption qu'en a donné Monfieur Bayle : d'autant
plus qu'il ne fait lien pour les conlquences que
je pretens tirer dans la iuite;& qu'il me fuffit d'a-
voir fait oblerver que cet enfant a été trouvé dans
la capacité du bas-vctitre.
Ce n'eft pas la !e feul exemple que Monfieur a ^ -
Bayle nous rapporte , il parle d'une autre grolîellc exemples»
dont plulieurs Médecins &c Hiftoiiens font men-
tion , qui furpalle en durée celle de Marguerite
Mathieu , elle arriva à Colombe Caritat de la
ville de Sens , laquelle porta Ion enfant dans fon
corps pendant vingt-huit ans , & à qui après fa
mort on trouva le corps de l'enfant dut* comme
nne pierre. Il ajouta que le Journal des Sçavans
d'Allemagne imprimé à Bre/lau , dit qu'iui enfant
bien forme fut trouvé dans le ventre d'une femme,
hors de la matrice ., entre le boyau reclum & cet
organCjdans lequel on ne put remarquer ni ulcè-
re ni cicatrice, Et enfin il aiîure que des enfans
ont été trouvez dans les trompes de la matrice paf
Riolanjpar Harvée , &: par beaucoup d'autres •■, ôC
même il parle de celui qui fut trouvé à Paris dans
cette partie , il y a quelques années.
Ce n'eft pas feulement à Sens & à Touloufc
que l'on a vea des enfans fejournet plufieurs an-
nées dans le corps de leur mère : J'ai vu à Pont à
Moulfon un enfant quiavoit demeuré vingt-deux
ans dans la capacitc: du bas ventre de fa mère , fé-
lon ce qui en vint à ma connoiflance , de la mâ-
nicic quiiuit.
T
Foetus
trouvé
dans le
ventre
hors de la
nuciice.
x^o Dijfertatîofi
En l'année mîl fix cens foixantc-dix-hiiitjla Cour
qui faifoic un voyage dans la Lorraine, devant cou-
cher a Pont a MoulFon , la Reine alla entendre le
falat aux Jefuites qui y ont un très- beau Collège,
'après le falut Sa Majefté entra dans le Couvent
four en voir toutes les bcautez , on lui fit voii-
Apoticairerie qui eft rrés-belle (5c bien fournie;
celui qui en avoit foin pour lors lenommoit Frcrc
Balbilart , il étoit en réputation par toute la Pro-
vince , voulant montrer à la Reine ce qu'il avoic
■de plus rare , il lui fit voir une peau d'homme
corroyée qui rclîembloit allez à du chamois, &z i\
lui apporta une grolïb bouteille pleine d'cfpric
de vin dans laquelle il y avoit un enfant qu'il gar-
idoit depuis quelques années , il le tira de la bou-
teille, & le montrant à la Reine , il lui en fit l'hi-
ftoirc qui parut furprenante , il lui dit qu'il avoit
vu pendant plufieurs années une femme qui avoic
une gvofleur extraordinaire au ventre , pour la-
quelle il avoic fait quantité de remèdes lans l'a-
voir pu foulager, que cette groffeur n'augmentoic
ni ne dirainuoitjmais qu'elle incommodoit furieu-
fement cette femme , en forte qu'elle fouhaittoit
fouvent la mort plutôt que de fouffrirles douleurs
qu'elle lui caufoitjque la malade étant morte après
vingt trois années qu'il y avoit qu'elle poitoît une
telle grofTeur dans fon ventre, on l'avoic ouverte.
Se que l'on avoit trouvé cet enfant dans la capa-
cité du ventre, lans que les autres parties de cette
région ni la matrice fu lient endommagées,qu'il y
avoit feulement plus de deux pintes d'eau dans
laquelle nageoit l'eaifant , & où il s'étoic con-
fcrvé fans pourriture.
La Reine après avoir vîfité le refte de la maifoa
forcit, ôc je demeurai pour examiner de plus pif»-
fur i.i géûératlon de V Homme. iç)i
cet enfant que je trouvai d'une conhllance très du-
re,il avoit la figure d'une boule.car il retenoit cel-
le qu'il avoit eue dans le ventre de ta mère , les
bras. Tes jambes Se Ton épine écoient tellement re-
tirez &: delfechez qu'ils ne pouvoient pas s'éten-
dre , fon vifage étoit ideux , & (a couleur d'un
rouge trés-brun.Je fis pluficurs queftions au Frère
Balbilart j mais il ne put pas , ou ne voulut pas
m'inftruire du c ommencement de cette grolTeire,
me difant pour excufe qu'il n'étoit pas pour lors
à Pont à Mouiïbn. Je m'en informai à des gens
de la Ville qui me dirent que cette femme avoit
eu quelques enfans avant cette groflefle , qu'il y
avoit vingr-fept ans qu'ayant fcnti de grandes
douleurs pour accoucher , elle n'avoit pourtaiic
point accouché, que vingt-trois ans après étant
morte de maladie on l'avoit ouverte , & qu'on a-
voit trouvé cet enfant dans fon ventre , & qu'il
y avoit quatre ans qu'elle était morte. P^j^^
Je ne puis pas m'erapêcher de raporter ici la mcncdu
penfée du Frère Balbilart fur ce fujet , après lui ^^'^.^^^ J^*
avoir demandé ce qu'il en penfoit , & comment il
croioit que cet enfant pouvoit avoir été placé où
on l'avoic trouvé ;-il me die qu'il ne doutoit point
que cet enfant ne fur jumeau , avec celle que l'on
croioit fa mère , qu'a la vérité deux enfans ju-
meaux croient pour l'ordinaire feparez 6c hors
l'un de l'autre, mais qu'il y en avoit un qui avoir
été formé dans le corps de l'autre , & que cet en-
fant étoit au (11 vieux que la femme qui l'avoît
confenu:je voulus lui faire voir l'impolTibilité qu'il
y avoit que cela fut ainii , & lui dire qu'il étoit
bien plus vrai feniblable qu'il eut été formé dans
une des trompes , & qu'enfuite il étoit tom-
bé dans la capacité de l'abdomen: Mais il ne
T ij
2 92. Dijfertation
voulut point fe rendre à mes raifons , ^ je le laif-
fai dans fon opiniâtreté.
J'ai promis de raporter encore un fait prefque
femblable aux trois precedens , qui eft arrivé de-
puis peu de tems, & qui a été donné au public ,
avec le titre de Récit exact d'une ^roiïellc extra-
ordinaire obfervée à l'Kotel-Diea de Paris en l'an-
née 1696.
duarrié- La femme d'un Marchand d'or & d'araent de
conforme la rue lamt Dcnis ^ agee de trente-quatre ans,
aux ?rc- d'un tempérament allez délicat, aiant déjà eu qua-
tre enf:ins,Cv: le trouvant gro'ie d un cmquieme hit
pblîgée, par le mauvais état de Tes affaires, d'avoir
recours à la charité de l'Hôtel- Dieu où elle fut
reçue le 24. Septembre 1696. Elle étoit fui' fon
neuvième mois & très incommodée , car elle ne
pouvoir être couchée ni fur le dos , ni fur les cô-
rezjmais elle étoit contrainte de fe lever inceifam-
mcnt ou dans un fauteuil , ou fur fes genoux dans
fon lit , la tête panchée fur fon eflomac.
Les plaintes continuelles que faifoit cette fem-
m.ea caufe des grandes douleurs qu'elle fouffroit ,
firent que la Maîtreire Sage-Femme qui chcrchoic
à la loulager,l'interrogea fur le tems & les circon-
ftances de fa grolïèffe j elle lui dit que des les pre-
mières fix fcmaines qu'elle fe connut grolîe , elle
entra dans des douleurs au fli grandes queconti-
' nuelles qui fe terminoient toutes vers l'ombilic }
que ces douleurs durèrent jufques au troiliéme
mois , Se que depuis jufqu'au iixiémc mois elle
avoir été agitée de convulfions ôc d'efpeces de le-
rargies, ét^nt fou vent tombée dans des foiblefTes
& des défaillances extrêmes; ce qui fit que fes
parens lui firent recevoir fes derniers Sacremens,
defefperant de fa vie. Que depuis le fixiéme mois
fpir la génération àe V Homme. 25? 5
jufqiies au huiuéme , elle reprit: des forces & Te
trouva dans un meilleur état , que les douleurs
qu'elle avoit fenties depuis ce tems-la ccoient eau-
fées par les iecoulfes & les efforts que l'enfant fai-
foin en poalï'ant fa tefte à l'endroit de l'ombilic où
paroiiloic une trés-groile tumeur ; & de fait , les
tcsu'iiens en cet endroit étoicnt tellement dilatez
5c émincez que l'on diftin2;uoit fenliblement la
tefte de 1 enfant.
Le récit de cette femme fit croire à la Saçre-Fem-
me qu'il y avoit quelque chofe de particulier dans
cette grolfelle , elle en fut alïûrée en la touchant ,
car elle ne put trouver l'orifice interne3& elle fen-
tit au travers du vagina un pied de l'enfant ploie
contre la cuifle qui étoit dans une membrane ten-
duif, épaiiîe & pleine d'eau. Ce fait qui lui parut
nouveau lui ht aprehender des fuites facheufcs de
cette groiïeiîè , parce que l'enfant n'étoir point
où il devoit être ,• ce qui lui fit redoubler fes
foins pour cette femme, & la recommander à
Monfieur Hemmerez un des Médecins de l'Hô-
tel-Dieu , qui par des potions cordiales & fom-
niferes calma pour quelques jours la véhémence
de ces douleurs. Il la fit faigner du pied , après
quoy l'enfant ne fit plus les mêmes eftorts vers
l'ombilic , comme auparavant , & l'on remarqua
qu'il ne formoit plus de tumeur au ventre , parce
qu'avant apparemment perdu la vie,il étoit tom-
bé dans le fond de l'hypogaft:re5& il ne reftoic plus
dans toute la région du ventre qu'une difpolition
hydropique que l'on recojinoilîoit au fiotement
de eaux , dont une partie s'écoula pendant quel-
ques jours par l'ouverture delà faignée , ce qui
diminua beaucoup de fa grofièur. Et enfin elle
mourut le zi.Odobre luivant.
T iij
'194 Diffgytafion
Monfieur de Joiii Chirurgien de l'Hôtel - Dieu
En prefence de Monfieur Colignon Maître Chi-
rurgien , & de Madame de Goiiey Maîtrcire Sa-
ge-Femme du même Hôpital, en fit l'ouverture,&
voici comme il en parle. D'abord que j'eus ouvert
les tegumens il forcit environ deux ou trois pintes
tant d'eau que de fang , au même inftant la tête
de l'enfant qui étoit mort parut à nud , & dé-
gagée de toute envelope , ce qui nous fit croire
que la matrice étoit percée : j'ouvris les tegumens
depuis le cartilage xiphoide jufquesà l'hypogaftre,
afin de mieux diitinguer toutes chofes. L'enfant
étoit encore en partie dans une envelope qui lui
fervoit & de matrice & de membranes, n'en ayant
point apperçù d'autres. Je tirai l'enfant hors du
ventre attaché à fon cordon que je fuivis jufques
à une groflè mafle de chair qui étoit le placenta
où il dcmeuroit inferé:Une portion de cette maire
fe tenoit fortement attiïienfentcrc & au colum du
côté gauche , dont je le détachai avec peine pour ~
ne point rompre le cordon , ce pour tout enlever
avec l'enfant : A côté de cette rnafîe il y en avoic
une autre plus petite de la grofi'eur d'un rein^dans
laquelle fe traînoient des branches du cordon de
l'enfant ; elle ayoit aufîi fa principale adhérence
au menfcntere.
Il faut remarquer que la greffe maflfe étoit toute
ronde, & que par là plus grande portion elle étoic
eues fTifes ^'^^^chée intérieurement à l'envelope ou poche ,
3, l'oavcr- dans laquelle l'enfant éroit refté ; que la même
corpi envelope étoit corrompue en partie , principale-
ment du coté du nombril 'de la mère , où fe trou-
voie la tête de l'enfant , & contre lequel elle fe
pou(foitfans ceife par des fecoulfes qui doivent
tivoir contribué à la mortification de cette enve-
lope.
fuy la aénérctt'iondeU'Hêmme. i^^
Cette poche ou membrane commençoit aux
bords de U trompe droite,& alloit en ligne obli-
que du côté gauche , fe terminer au fond de la
cavité que forme l'os facrum par fa cour-
bure,& aux cotez de la vefîie , de la matrice 5c
du ledum , decendant ^ s'infînuant par une pe-
tite portion ou allongement entre la matrice &c
le recium , parce que le pied de l'enfant l'avoit
dilatée &:pouffée jufques là j la même poche en
ferrant & comprimant les autres parties voKînes ,
s'étoit fait à-cUe-méme une place allez conlidera-
ble dans la cavité que je viens de dîrcjcn forte que
la plu* grande partie du corps de l'enfant ctoit au
fond de cette cavité entine pofture un peu ployée,
!& non pas à genoux , tandis que U poitrine & la
tête s'êlevoieut & fe portoieat obliquement du
côté droit où la tête enfin formoit vers le nom-
bril l'éminence dont on a p*rlé.
Je remis l'ouverture de la matrice à l'aprétf
midy , que je la fis en prefcnce de Monfieur
Hemmeres Médecin de Monlieur Mauriceau fa-
lAieux Accoucheur , & de Meffieurs Duverney &
Mery célèbres Anatemiilcs* Elle fut trouvée à
l'extérieur dans fon entier & dans Ton état natu-
rel , excepté qu'elle étoit un peu plus groiîe qu'à
l'ordinaire , (Se en l'ouvrant elle parut inté-
rieurement dans la conftitution où elle a de cou-
tume d'être dans les femmes qui ne foût point
enceintes. L'on inrroduiht par la corne droite
un ftilet long &C menu qu'on fit aifément palier
dans la trempe du même côté jufques à trois
travers de doigts de longueur ; mais on ne put
le faire avancer au delà , parce que cette trom.
pe étoit bouchée par le retrécillement & le ref-
lerremenc qu'elle avoit foutfert un peu au delTus
\ lllj
^^6 . Dtjfertatîon
de l'encîroic où devoir commencer le pavillon
que l'on ne prit pas connoicre , parce qu'il s'écoic
prodigieufement dilaré pour former en is con-
fondant avec le chorion & l'amniosqui couvrent
naturellement le fœtus, une envelope alfez mince
qui s'étcndoit depuis la trompe droite dont ou la
détacha, ulques au milieu delà trompe du côté
gauche où l'on en trouva une portion qui s'y étoit
cole'e i cette même membrane ou tunique , s'étant
aufli attachée à quelques vifceres du bas-ventre ,
au redtum , & à la partie extérieure de la ma-
trice ; ainfî qu'on le remarqua à des lambeaux
qui tenoienc encore à ces endroits j enfin la con-
cluiionde toute la compagnie fut que l'enfant
dont il efr quefiion n'avoit ni lejourné ni ité for-
m: dans la matiice, & il n'y eut point deux fenti-
Autrefa't mcnsia-deîîus
lue la mé. Le même Monfieur de Touy , à la fin de cette
çç, relation, dit qu il y a environ (ix ans qu une pcr-
fonne âgée de vingt-deux ans fut apportée à l'Ho-
tei-Dicu pour une maladie conhdcrable dont elle
mourut ; c^ue iur la fin de fes ouis, ayant décla-
ré qu'elle le croioic grofle de trois mois , il
fe tint preft pour en faire l'ouverture auffi-toc
qu'elle auroit expiré , & qu'aiant ouvert le bas-
ventre il inirodullit ia. main pour chcrciicr la ma-
trice qu'il trouva aulîi petite qu'elle eft aux
filles qui n'ont poi;-;: eu d'en fans , mais il fentit
à la corne droite de la matrice une groiitur com-
me d'un œuf qu'il prit d'abord pour une tumeur
carcinomateufe , il la coupa avec fon fcalpel
proche de la matrice pour la tirer & l'examiner :
Il trouva au dedans les ollemens d'un enfant delTe-
chéjcivec ion cordon qui étoit enduit tout autour
d'une humeur blanche de ^laftreure comme d'un
fiir la génération de l'Homme. t<)j
vernisjtoutes les autres parties de la matrice étant
fort faines, Il fit voir ce fœtus à Monfieur Daver-
ney à qui ce fait parut très- rare
Si je voulois feuilleter nos Auteurs je trduve-
rois beaucoup de faits hiftoriques femblablc^ à
ceux que je viens de rapporceri mais ceux-ci ct-inr
arrivez de nos jours, & y ayant une inhnire de
perfonnes qui en ont efté témoins , je ne croi pas
que l'on puilîe les contefter comme on pourroît
faire ceux des (îecles palfez , c'eft ce qui nie fait
croire qu'en voila fufïiramment pour nous pcr-
fuader que l'opinion la plus vrai-femblable fur la
génération , eft celle qui l'explique par les
œufs.
Exempt de toute prévention pour les anciens ,
& ne me Conformant aux modernes qu'autant que
leurs raifonnemens me paroifl'enc apniez fur une
ftructure de parries que je voi & que j'examine
moi-même, & fur des expériences certaines , ^e
vas tâcher de mettre dans tout fon jour ce fyftê-
me des oviftes , qui eft un des principaux fruits
des découvertes que l'Anatomie a faites en ce
fîecle.
Pour produire un animal il faut être deux , le Le mà'e
mâle & la femelle, fans quoi la génération eft im- j^' ^,^j^~^
poffiblc;chacun d'eux contribuant de fa part à \.\\\ cohcoi:rir à
œuvre fi admirablc:commencons par examiner ce it„''^^^°""*
que l'homme fournit de fon côté ; &: enuiite nous
ferons nos efforts pour découvrir ce qui fepafTe
chez la femme
Les diftîcultez les plus grandes fur le fait de la Ce que le
génération ne fe trouvent pas d^ns l'homme ; on ™^.^' 7 ^^^'
voit allez ce qu'il donne ,& comment il le don-
ne j ce qui fe réduit a deux chefs , le premier
eft de produire de la femence , & le feconi
19S Dijferlatun
de porter cette femence dans la matrice.
Il eft certain que dans tous les animaux il Ci
0^0-5^ °" P'-'oduit une femence capable de faire naître un
far ce Ai/cr. autre animalfcmblable a celui dont clic efl: for-
îie : Mais il n'eft pas facile de fçavoir comment
elle fe faic. Je trouve quatre opinions fur la na-
ture de la femence. Les uns difent qu'elle eft une
cotlion & converlion de fang en femence. Les
o
autres que c'eft un fuc apporté par les nerfs aux
parties de la génération. Les troifîémes enfeig-
ncnt qu'elle elt une feparation & hltration des
particules feminaires qui fe fait par le moyen des
tefticules i & les derniers , qu'elle cil: un compofé
d'une infinité de petits animaux que l'on ap-
pelle feminaires. Il faut expliquer cous ces fenti-
inens.
Premietc ^^^ premiers Anatomifles ont crû que le fang
opinion, étoit la matière de la femence , qu'il ctoit apporté
aux tefticules par quatre vaillcaux fpermaciques 5
fçavoir! , deux artères & deux vénes jque lavcne
& l'artère du même côté fe communiquoient
l'une l'autre par plufieurs anaftomofes ; qu'il fe
faifoit par ce moyen un mélange du fang artériel,
ftvec le vénal ; ce qu'ils difoicnt être une pré-
paration à cette humeur pour être changée en
femence ; (Se c'eilU raifon pourquoi ils ont nom-
mé ces vailîeaux , prépârans , ils croioicnt que
ce fang mélangé étoit porté au tefticule , & que
là il étoit cuit & converti en femence par une
vertu ou faculté particulière de cet organe,
La réfuta- Cette opinion fe détruit par trois raifons,la pre-
mierc.c'eft que la vcinc ne porte point de lang
au teil:icule,& la circulation nous apprend qu'elle
î-aporre à la maiîe celai que les artères avoient
porte à rctte partie. La féconde , c'cft qu'il n'y
tjDn
/«f la génération de' l'Homme, 299
a point de communication de l'artère avec la vé-
ne,ôc que même il ne doit point y en avoir, com-
me j'ay fait voir dans mon Anatomie , en démon-
trant ces canaux , ainiî ce prétendu mélange
ne fe fait point; d<. la troi(îéme , c'eft que
l'on ne trouve point dans le tefticule de cavité
où cectc coction fe pullfe faire , les artères
lînillànt à la partie fuperieure du ttrlHcule où
il n'entre du fâng que ce qu'il en faut pourle
nourrir*
Les Auteurs de la féconde opinion ont cru
/ JT I • Deuxième
avoir mieux rencontre en dilant , que la matie- opinion.
re femînale étoit un fuc apporté par les nerfs
aux parties de la génération , qu'elle étoit un
écoulement du cerveau qui fe faic fur ces par-
ties ; que même dans le rems de l'ejaculation
on la fentoit venir le loûg de l'épine du dos ;
qu'après l'adion , l'animal fe fentoit foîble &
abatu par la grande diflipation des cfprits ani*
maux , que la femence entrai noit avec elle ,
& qu'enfin la couleur de la femence fembla-
ble à celle du lue animal 3 qu'on peut expri-
mer des nerfs, devoir faire voir le peu de diffé-
rence qu'il y a entre ces deux liqacurs Cette opi- Rcfurii-
lîion eft au(tî;détruite par trois raifons ; La pre- f*^.;^^, '*
nixere , c elt que tes nerts n ont point de cavi- opinion,
té capable de porter une matière femblable à
la femence , ils font feulement difpofez de ma-
nière que le fuc animal peut couler le long de
leurs fibres, parce qu'il eft trés-fubtil : Mais
n'étant pas creux ils ne peuvent pas conduire de
la femence. La féconde , c'eft que les feftîcii-
Ics feroient abfolumcnt inutiles , puifque la fe-
mence viendroit d'ailleurs que par leur moyen :
^ la troificme , c'eft qu'il n'cft pa» vrai que les
joo Differtatlon
nerfs puilTent apporccr une femence prolifique ,
puifque ceux à qui l'on a ôté les tefticules ne
peuveni; point engendrer , quoique les nerl^s qui
vont aux vefïicules feniinaiLes & aux protafîes
fubfiftent encore.
Troihc- Y,^ rroiliéme opinion qui nous dit que la fe-
wea. menceelt un compole de piulieurs particules le-
minaiies filtrées & fcparées du fang par le refcicu-
ie eft la plus vrailcmbliible , parce qu'elle cil fon-
dée lur un principe certain qui eft la circulation
qui nous apprend que les artères fpermatiques
portent au tefticule du lang que les vénes repor-
tent au cœur pour être diltribué au refte de la
malie j que la (emcnce qui (e trouve dans le fang
de ces altères eit criblée & icp.iréc dans les tefti-
cules lôrfqu'il y palTe , &: quelle eft cnfuite por-
tée par les vaiftéaux dtferens aux velTicules iemi-
iiaires pour lervir dans le bcloin.
Preuves Les expericpiccs anaromiqnes jointes à la con-
c cette j-ioifTàncc que nous avons de la ft ru dure du te-
uici.ie , nous enicignent que la production de
la femcrjce eft une hltiation continuelle de plu-
sieurs particules qui amaflées enfemble font une
liaueur pronre à former un homme : Mais il eft
diffid'ede concevoir comment tant de parties
diff-^ix-nres dont l'homme eft 'compole , peuvent
s'alfembler fi exactement dans la femence qu'el-
les ne manquent jimaîs de proi^uire un corps or-
j^aivifé feinblable à celui doi^t elle eft émanée.
Monlieur Lami dans fes difcours Anatomiques 3-
dit que la même nccefïité qui fait que les plantes
après un certain tems , poulîcnt des femcnces
dont il s'en engendre de femblables , fait au (îî
que les animaux ont dans un certain âge de la
femence qui doit abiolument produire un être
fitr la céneration de l'Homme» 3 d 1
Bc même naciuc qu'eux , & voici comment il
explique que cela fe fait.
L'humidiré de Tcnf^nce étant confumée pa»
la chaleur qui a plus de force , il fe trouve dans
le fangplus de ccrpulculcs propres à nourrir les
parties , & à reparer la perte qu'elles font , qu'il
n'en faut pour cet ufage j de forte qu'un trej-
grand nombre de ces particules ne trouvant point
où fe placer, font obliç^ées de retourner avec ie
lang : il revient de la tète des particules propres
à recompalTer toutes les parties diiTcrentes dont
elle eft faite , Ik ain(i des antres ; Toutes ces for-
tes de particules mêlées avec le fang en font ié-
parées par le moyen des tellicules, au travers det.
quels elles fe criblent , & en fe raffemblant elles
font une humeur qui eft la partie fenhble & cor-
porelle de la lemence ; il ajoute que fe faifant
auffi plus d'efprits qu'il n'en eft befoin pour ré-
parer la perte qui s'en fait tous Ls jours , il s^'en
détache une certaine quantité qui fe porte avec
impetuolité au tefticule par le moyen des nerfs,
& qui fe mêlant avec l'humeur forme une femen-
ce féconde & vivifiée , qui pourlors a la vertu de
produire un homme ; en ce que les particules qui
fe font détachées de tous les endroits de la tête ;
par exemple, ont des difpofitions & des mouvc-
mcns à fe joindre enfcmblc , de manière que cha-
cune fe retrouvant arrangée entre les autres com-
me elle étoit en compofant cet organe, il en ré-
sulte une tête toute fcmblable, quoi qu'incompa-
rablement plus petite, & de l'union des autres or-
g in?s formez par les mêmes loix , il fe fait un en-
h nt dont les membres fe voyent dans la même
proportion que ceux de fou père , ce qu'on expli-
*quera davantage dans la fuite.
302 Dljfertatîon
^^Quirné- jLa quatrième opinion , qui eft toute nouvelle
uion. efc qu'ji y a une infinité de petits animaux à qui
ils ont donné ie nom de Teminaires , qui nagent
&c voltigent dans la liqueur qui Fait le corps de la
femence , l'on die qu'avec le microicope on le
découvre aiiément, (S>: l'on m'a allure que Mef-
fîeurs de l'Académie des Sciences en avoient vu
dans de la femence d'hommes , de chiens , de ca-
nards , &c. Ceux qui appuyent cette opinion di-
fent que l'on les voit en mouvement dans la fe-
mence de même que l'on apperçoît nager de pe-
tits ferpens dans le vinaigre, ils prétendent que ces
animaux feminaires font autant de çraines d'hom-
meSjqu'ctanf portez à l'ovaire , & venant à fraper
J'œil le plus piochain , un de ces animaux en per-
ce le membrane j ou fe fourre dans cet œuf par
une ouverture qu'on y fuppose , & qui fe refer-
mant aufli-tot après lâiffe périr à la porte les au-
très petits animaux , à moins que quelqu'un d'eux
n'aille chercher à fe glifler dans un autre œuf.L'a-
nimal qui eft entré dans l'œuf lui fertde geime,&:
le faifant enfler , en le rendant fécond ,il le déter-
- mine à fe dégaeer de l'ovaire , &z tomber dans là
trompe , qui le conduit jufques dans la matrice.
Une perfonne m'aflhrant d'en avoir vu , & me
difant qu'ils étoient Ci petits , qu'à peine pouvoit-
on les reconnoître par le fecours du microicope, je
lui dis qu'il falloir donc qu'il y en eûr plus d'un
cent dans trois gouttes de femence , il me répon-
dit qu'il y en avoit vu plus d'un million. Surpris
de cette réponfe,je lui répliquai quepuifque d'une
il effroyable quantité de petits hommes , il n'y en
avoit qu'un , ou tour au plus deux^ qui fuflenc
employez , c'étoit bien de la graine perdue : Il
ajouta que pour les pouvoir dircerner il f alloit que
fur la génération de l' Homm»^ 5 » 5
la femence fût nouvi llement ionie , & encore
chaude, à cela je lui dis qu'il en arrivoit peutê-
tre dans cette occafion comme lorfqu'il y a quel-
que fente à une fenêtre, par où le Soleil entrant
Ton voit une infinité de petits atomes voltiger à
Tendroit où les rayons du Soleil donneur , qui
fcmblent être de petits animaux que l'on croiroic
vivans fi l'on n'étoit pas alfa ré d'ailleurs que ce
n'eft que de la poulïiere,&: que quand on a tiré d.11
fang par la faignée l'on apperçoit dans la palette,
les hbres fe mouvoir jufques à ce qu'elles ayent
pris leur place en defcendant au fond de la palette
& jufqu'à ce que le fang foit refroidii \ que dans la
femence il pouvoit y avoir de petites fibres è^t^i-
nées à former les os i'^ les parties les plus groffieres
du corps , lefquelles fe mouvant quand elle étoic
encore chaude , pouvoient palfer pour des ani-
mauxj & fur l'objedion que je lui fis que par le pe-
tit trou que l'animal doit faire pour entrer dans
l'œil, la liqueur qui y eft contenue peut s'échaper:
il me dit qu'il y entroît de la même manière que
l'on fait entrer de l'air dans un balon,lequel on y
introduit aîfément fans que celui qui y eft renfer-
mé puillé fortir ; ou bien qu'il y avoit à la mem-
brane de l'œuf de petites valvules qui permettoient
à l'animal feminaiie de s'y infinuer pendant qu'el-
les empêchoient la liqueur de fe répandre:Les de-
couvertes ne fe font qu'en cherchant,& en exami-
nant tout ce qui fe prefente ; c'eft ce qui m'a fait
raporter ici cette converfationque je finis,en difanc
.•a cette perfonne que cela mcritoit confirmation.
Monfieur Harfou Kcr dans fon ElTai de Dioptri- Preuve de
que dit qu'il croit être le premier qui'ait examiné l'authmrdc
4a femence des animaux avec le rnicrofcope , qu'il aioa ^^ "
^ découvert «qu'elle eft remplie d'une infinité d'au-
^64 Dtjfertatîdn
très animaux ; ce qu'il Ht mettre dans le 3 1. jour-
nal des fçavans de l'année 1678. il airLive d'avoir
obiervé que celle des hommes & des quadrupè-
des efl" pleine de plufieurs petits animaux fembla-
bics à des grenoiiilles naiilantes , & que ceux qu'il
a vus dans la femence des oileaux lont faits com-
me des vers,ou des anguilles -, il ajoute que quand
il parle de la femence, il n'entend point parler de
cette matière gluante qui vient des proftatcs,
mais de la liqueur qui contient les animaux , &
qui vient des vefïïcules (eiu'naires , qu il ne fe
trouve aucun animal dans cette matière gluante
qui femble ne fervir qu'à graifier le chemin par
où ces animaux doivent palier , afin qu'ils n'y
foient point blclTcz : Il dit encore qu'ils vivcnc
beaucoup plus long-tems s'ils font d'un animal
jeune èc vigoureux , que s'ils toncd'un animal
dcja vieux , qu'une chaleur allez modérée de feu
les fait mourir incontinent ; mais qu'on les peut
expofer pendant plulieurs heures au froid fans
qu'ils en meurent i qu'une goûte d'eau de vie, ou
d'autre liqueur forte les tuë en un inftant , qu'il
n'en trouva aucun dans la femence d'un homme
Qu'il exaiiiina après avoir connu une femme pin-
ceurs fois de fuite , &c qu'il n'y avoit pas de quoi
s'en étonner , car les vcflicules feminaires , où fe
garde la femence comme dans un reforvoir après
être découlée des tefticules , ayant été épuifée, il
ne venoit que cette matière gluante des proftates
laquelle on appelle improprement lemence ; & oit
il ne fc rencontre aucun de ces petits animaux.En-
fin il croit que chaque petit animal renferme &
cache aduellement & en petit fous une peau ren-
dre &c délicate un animal mâle ou femelle , de la
même cl pece de celui dans U femence duquel il
fc
fur la génération de l'Homme. 5 o j
fe trouve j c|ue iorfqu'un animal cft entré dans
f œuf que la femme a jecté de Tes tefticules ou ovai-
re dans la macrice par des conduits que i'Anato-
mie y découvre vifiblemenc ^ cet animal s'unit à
l'œuf par la partie la plus tendre de Ton corps, &
ToEuf a la mat[ice j & qu'enfin ces trois corps , la
femme, rœuf,(3c le petit animal ne doivent par
conicquent être regardez que comme un feul, le
fang palîànt par la circulation de la femme à l'œuf,
de Tœuf au pecit animal , du petit animal retour-
nant à l'œuf, & de l'œuf à la femme.
11. y a apparence que cette Obfervation que
nous raporte Monfieur HartfocKer, a donné ori-
gine à cette opinion , mais elle n'eft pas fans dif-
ficultez.
De ces quatre opinions fur la nature de la Te- jygç^çQj
mence , la première vc la féconde ne fe peuvent dcce.qua-
pasfoùtenir, c'eft la troiliéme qui me paroi t la Jj^^^^^"
véritable; car fur la quatrième jen'oferois encore
prononcer ; il faut atte dre que l'on en foir plus
aniplement tclairci.
Pluùeurs particules feminales ayant éié fépa-
rées du fan^ par la diipcfitio naturelle des teili-
çules, il y une .'.nfinité de petites racines des épi-
didimes qui les reçoivent & les portent dans ces
corps glanduleux, d'où elles entrent dans les vaif-
feaux deferensqui les conduifcnt goutte à goutte
dans les vefficules feminaires,où toutes ces parti-
cules ramadées enf^mible font cette liquenr pro-
lifique, que l'on appelle femence, qui eft mife en
refcrve dans ces pecis facs.
Mais tous les foins que la nature prend de De laça»
pertectionner cette liqueur , Icroient inucues
(i elle demeuroit toujours dans les refcrvoîrs,
il faut donc qu'elle eu foxiC, & qu'elle foi; vei-
V
^o6 'Dijfertatton
fée dans un lieu capable de produire un homme s
Ce lieu eft la matrice , & l'action qui fait cou-
ler la femence dans ce lieu , fe nomme copula-
tion.
Les animaux n'ont point befoin d'être incitez
à cette aélion , il n'eft pas même necefTaire de
les inftruîre de ce qu'il faut faire pour l'accom-
plir 3 ils ont tous un inftinâ: naturel qui les y
détermine chacun dans leur cf pece , «Se de la ma-
nière qui leur convient mieuN. L'homme com-
me eux s'y porte deluy-mcmc , quand il c'.l par-
venu à un certain âge , la nature lui en trace
elle-même le chemin, & quoi qu'il foi t quelque
fois élevé dans l'ignorance , ôc qu'il n'ait ja-
mais entendu parler de copulation , il fçait com-
ment on s'y doit prendre , & il ne lui faut point
d'autre maître fur cet article , que d'écout{;r
comme les animaux ce que la nature lui infpire,
avec cette différence néanmoins que ' c^^ft un
emportement brutal qui y entraîne les animau.x:
Mais que l'homme ne doit ufer d'une telle ac-
tîon,qu'autant que la raifon Se les loix le permet-
tent.
Si je pavîe donc de copulation , ce n'eft pas
que je veuille rien montrer à l'homme là delïus ,
je prétens feulement vous en en entretenir en Phi-
lîcien qui tâche de pénétrer dans les ouvrages de
la nature, ôc de dévclopcr tout ce qui fe paiîe fur
le fait de la génération. Je m.e fervirai pour cela
des termes les plus modeltes , me tenant dans les
termes d'un Anatomifte.
La copulation eft une jon(Stion du mâle avec
la femelle : l'un de l'autre s'y laillènt fouvcnc
empoiter par une paffion farieufe qui n'écoute
point la raifon , ôc qui cherche à fe fatisfaire :
fur la génération de l'Homme, 507
cette paflloa ell caiifée par une émotion meslée de
plaîfir c< de douleur que l'on relT^nt dans les par-
ties naturelles , & qui fait naitie Pcnvie de s'ac-
coupler:dans cette adion c'eft le mâle qui donne,
& la femelle qui reçoic ; nous Içavons que c'cft de
U femence qii il donnCjmdis il faut rechercher ce
qui eft necelftire,afin qu'il la donne ; c'cil: ce que
nous allons faire
Afin que la femence du mâle puilîe être portée
dans la matrice. Trois circonftances font abfolu- .^<^yc^«c-
ment necellau-cs ; & lans elles la copulation ne le verge.
pourroit point exécuter; lapremiere,eft i'éredtion
de la vcree, la féconde eft: Pintrodudtion de cette
verge dans le col de la matiicc ; &L la troiiiéme efl;
l'éjaculation de la femence,
La verge fe confidere en deux états ditferens ,
ou quand elle eft mole & pendante , & alors elle
ne peut point travailler à la génération , o\x
quand elle eft roide& droite , ,& c'eft pour lors
qu'elle peut porter la femence au lieu deftïné j
ce fera au (Il dans ce dernier état que noL7s l'exa-
minerons. Je vous ay fait voir dans mon Anato-
mie que c'étoit le fang arteiiel quicnrrant dans
les nerfs caverneux en faifoit la tenfion \ les
expériences que j'en ay faites m'ont deiabu-
fé de l'opinion des anciens qui crovoient qu'elle
ctoit gonflée par des efprits : mais outre la difpo-
fition naturelle des nerfs caverneux à recevoir da
fan^CT par des artères, à l'arrêter quelque tems ,
& à le verfer enfuite dans des veines , la raifon
veut qu'une fî forte tenfion ne fe puille pas faire
par du vent,mais par quelque cliofe de plus grof-
fier,tel qu'eft le fang. Cn obferve que les grolfes
Verges ont plus de peine à devenir roides que les
petites , qu8 auand elles le font elles ne fe fou-
V ij
5 o 8 Dîjfertatlon
tiennent pas C\ bien , parce qu'il faut plus de fang
poux les remplir ; &: que quand elles en font plei-
nes elles font plus pefantes, & panchent par con-
fequent bien-tôc en bas. Il arrive quelquefois des
érections fi fortes j que la Verge demeure tou-
jours tendue j ce font des maladies très - incom-
modes & dangereufes , que l'on appelle Priapif.
me (Se Satiriahs:Ces érections ne font pas propres
à la génération , il faut de celles où l'imagination
étant échauffée par l'idée du plaifir , le (uc ani-
mal , que l'on peut appeller efprit, fc décachej &
court promptement par les nerfs aux parties de
la génération, où le verfant dans les coups caver-
neux 5 (Se fe mêlant avec le fang artériel qu'il y
trouve^il fe fait de ces deux liqueurs une efpece
d'ébullition , d'où la bonne éreôlion efl; occalîon-
née, L'ére6tion n'efl utile que pour donner moien
à la verge de s'introduire dans le col de la matrice,
& de répandre dans ce champ la femence du fruit
qu'il doit porter. La nature qui a appris a tous
les animaux la pofture convenable pour y parve-
nir , a aulîi inftruit l'homme de la manière qu'il
devoit s'y comporter, & chacun fçait les règles
de bienfeance que la railon lui impofejc'eft pour-
quoi je pallcrai (ous filence cet article ; je dirai
feulement que l'introdui) ion plus ou moinspro-
fonde de la verge ne caufe aucun changement à la
génératioUiparce que l'adlion des deux ligamens
loi.ds eft d'aprocher le fond de la matrice au de-
vant de la verge, pour recevoir la femence dans le
rems de l'éjaculation,& cet ufage me paroit plus
propre à ces deux ligamens que celui qu'on lui a
donné jufqu'à prcfent , d'empêcher que la ma-
trice ne monte trop haut.
L'éJACulation qui doit fuîvic rintrodu^^ionjfe fait,
fur la génération de V Homme. 509
lors que la femence fortanc des véhicules fcminai- De l'éja-
rcs , padc par les vaiileaux éjaciilacoires , oC encre u fclncncc^
dans le conduit de l'uretie , d'où elle eft jercce de-
hors avec élancement par les convul/îons qui pren-
nent à la verge. Je remarque en premier lieu que
cette émiOioa fe fait plus promptement dans les
uns que dans les autres ; ce qui vient ou parce que
ceux-là font plus ardens que ceux-ci; ou parceque
leurs veiricules fcminaires font plus pleines de fe-
xnence-.Secondement que la quantité de la femence
éjaculée ne fe peut limiter, les uns en jettant plus
que les autres ; & qu'il fuffit qu'il y en ait alTez
pour être portée jufques à l'ovaire: Comme Téia-
culation eft la fin de l'adion dans l'homme , c'eft
aulTi le but qu'il le propofe, parce que c efl: le mo-
snent auquel le principal plaifir eft attaché, &: tout
ce qui précède ne fe fait que pour arriver à cet
inftant , qui eft de très- peu de durée.
C'eft fouvent ce plailir fi court qui détermine Duplalfîr
l'homme, plutôt que le deiir d'avoir des enfans, *^^.'^ co?u-
En ehet , li la nature n avoit pas nus dans les par-
ties naturelles une volupté finguliere qui fe fait
fentir dans les embrademens , cette aélion auroic
été indiftcrente à l'homme, dc il ne s'y feroit porté
que très-rarement: mais la nature qui vouloic
perpétuer les efpecesen les renouvellant fans ceffe,
a attaché à ces parties un plaifir qui contraint les
animaux de s'accoupler, Se auquell'homme avec
toute faraifon n'eft pas capable de rcfifter, Mr
Lami en fait un fixiéme fens diftingué des autres ,
il dit que de mcme que l'on goûte en mancreant
un plaifir particulier , dont aucune autre partie
que la langue & le palais n'eft fufceptible , aulîi
dans l'accouplement on trouve unplaiiir fin^ulier
qui n e peut fe fentir que dans les organes de la
V ï\]
$ î o D'tjfertatlon
génération, & que c'eft ce plaîfir qui engage les -
animaux à fe makipiierjComme le goût les oblige
à fe nourrir.
Delacau- ^^ ^^ ^" peine de fçavoir ce qui fait ce
^^, ^^ ce plaifîr : Les uns l'attribuent au kl de la fe-
plaifir, * , r ' '
mence , les autres aux elprits qui accompagnent
la femence. Je ne croi pas qu'il y ait dans la fe-
mence des fels en une quantité fultifante pour pi-
coter les parties par où elle palïe , & caaier un
plaifir auffi agréable que celui que l'on relîènt;&;
il les icls y abondoient , elle auroit trop d'acreté
& de pointes. Il y a plus d'apparence que la titil-
lation & le plaifir proviennent des efprits mêlez
avec la femence , parce qu'étant des particu-
les fouples cv mobileSjils affleurent & chatouillent
plus qu'ils ne penctrentrLa delicatellc & iaitenfion
des fibres ncrveufes des parties, contribue aulîi a y
faire fentir un plaidr /i vifanais comme il y a des
perlonnesqui ont le taâ: plus délicat, ou l'oreille
plus fine que d'autres,auffi il en efl qui ont à ces
parties un fcntiment plus exquisj& c'eft la raifoii
pourquoi les uns font plus excitez par les objets
d'amour que les autres.
De tous les temperamens les fan2;uins font les
plus amoureuxj le fang des bilieux efl trop acre &
trop fubtil ; celui des mciancoliques trop pefant
&: trop aqueux pour produire une femence qui aie
toutes les qualitcz requifesrmais celui du fanguiii
a une douceur,une chaleur & une conliftance ca-
pables de fournir une femence abondante & bien
conditionnée.
Avant que d'examiner ce qui fe pafiTedansIa
femme , il fera bon que je raporte ici trois, faits
diterens. Le premier efl: d'une fille devenue ,
groiïè fans avoir eu aucun commerce d'hom^^^c-j
Jiir la génération de l'Homme, 5 i-i
Le fécond , d'un enfant formé dans une phiole, le
tioihenie , d'un fœtus trouvé dans le tefticule d'un
homme
Quelques Auteurs raportent une hiftoirequeje Pairs (înea-
ne pais croii;eills difent qu'un garçon ayant laiiîe I'=rs f«r U
de la femence dans l'eau d'un bain d'où il fortoir S^''^'^^"°^-
une lîUe vint fe baigner «dans ce même bain ; & Première
que cette femence nageant dans l'eau fut attirée cxpcriencc.
par la matrice de cette hlle , qui en devint grof-
fe. Deux circonftances me font douter de cette lii-
ftoire : La première , eft que l'on donne à la ma-
trice une faculté attradrice qu'elle n'a point ; il
eft vrai qu'elle reçoit la femence , mais elle n'a
point la vertude lafacer de l'extrémité extérieure
de fon col , pour la faire couler juiqu'au dedans de
fa capaciré.La féconde , c'eft que la femence étant
uwQ liqueur, elle fe fcroit tellement mélangée
avec l'eau , qu'il auroit été impoffible que toutes
les particules enflent pu fe raifemblerjôc conferver
julques dans i'uterus fonadivité & fa qualité pro-
lifique.
Il y en a d'autres qui nous difent avoir mis de Sccon<^
la femence humaine dans une phiole,l'avoir bien e*'P^"^"cc,
bouchée,' ôç l'avoir mife pendant quelque tems
dans un fumier modérément chaud^puis avoir ob-
fervé qu'il fe faifoit un arrangement des particules
de cette femence, par lequel prenant chacune
place,clles fembloient former un enfant,que cela fc
faifoit de la même manière que fe forme un poule
dans un œuf , où il ne faut qu'une chaleur tempé-
rée pour la faire éclore , mais ils convenoient de
rimpoflTibilité depouvoir nourrir cet enfant , qui
félon eux , perilîoit avant que d'être entièrement
formé. Cette obferva.tion , fi elle étoit véritable-,
pourroic faire croire q^ue c'eft l'iionime qui donne
V iiij
-^Xl T)fffertatlon
route la matière qui fait l'enfant , maïs comme
elle n'a point été contîi-mée ^Ton eft en droit d'en
douter , & de la regarder comme une imagination
de gens qui veulent faire palTer pour des faits
réels de limplcs poffibilitez metaphyiiqucs , qui
leur plailent.
TroiGéme La troihcme obfervation cft de Monfieur de
-xpcncncc j-^jj^j, Dqyïzi , Chirurgien major de l'Armée d'Ita-
lie : Nous la fçavons par une Lettre qu'il en a
écrite , &c dont voici la teneur. Je fuis adluelle-
ment occupé auprès d'un homme de qualité qui
ell venu de fort loin , à qui j'ai amputé une mafle
plus grolle que la tête d'un enfant , qu'il avoit
dans le fcrotum du côté droit , & où j'ai liél'arte-
rc fpermatique ; cela demande abfolument ml
prefence , & encore à raifon de la grande playe
qu'il a fallu faire. Ce qui s'eft trouvé dans cette
mafiTe eft trop extraordinrire pour le palier fous
iîlence : C'étoît une malfe de chair toute fperma-
tique, tres-foUde , & des os très-durs dans toute
la maffe ; cela étoit contenu dans un arriere-faix
avec beaucoup d'eau:Les vailFeaux fpermatiques,
.qui faifoient fonélion de vailïèaux umbilicaux ,
-croient devenus tres-groS;,& beaucoup au-delà du
naturel. La cîrconftance qui a donné lieu à cette
génération confirme l'effet qui l'a fuivi : Le Gen-
tilhomme prit quelques libertez au mois de Juin
dernier avec une Dame , fans pourtant venir à
î'adte : il fe fentit frapé d'une vive douleur au
tefticule droit , qui fe rendit fourde au bout de
deux heures , & pallà entièrement dans le refte
du jour : cela forma infenfiblement une tumeur
jointe au telh'cule , qui étoit grolTe comme un
CEufde poule d'Inde : Le 8. Décembre dernier,
ce Gentilhomme étanc venu ici incognito , & ayant
fur la génération de l'Homme, 3 i j
remis l'opération jutqu'à prefent à caufe du
froid , cette tumeur s'étoit tellement accrue, que
le fcrotLim n'étant pas capable d'une plus gran-
de extenfion , occupoit toute l'ayne j de forte
que j'ai eu de la peine à lier les vailTeaux fperma-
liques contre les anneaux du bas ventre. Voila
une matière de difTertation qui fait voir que tout
l'homme ell contenu dans la femence du mâle , &
que les femmes ne fournillent que le vale de la
iiiaticre de Taccroiirement ôc de la nourriture.J'ai
contervé cette production , afin que l'on ne m'ac-
cufe pas de rien lupofer , A Sifteron, ce troifié-
me May 165)7.
Ce fait prouveroit quelque chofe , s'il étoit
pofîible , mais la difpolition naturelle des vefîi-
cules feminaires qui reçoivent par une de leurs
extremitez la femence apportée par le vaiiTeaa
défèrent, «Se qui la verfent par l'autre dans le
vailleau éjaculatoire , nous fait voir l'impofîibili-
te qu'il y a qu'elle puilîe fortir par où elle eft en-
trée y car elle palTe d'une vciïîcule à l'autre, dont
les membranes font autant de valvules qui ne
lui permettent point de retourner fur fcs pas :
Et quand même elle fcroit reportée au tefticule,
elle ne pourroit aller que jufques à l'epididime,
qui eft le bout de la cavité du défèrent ; & il au-
roit fallu que l'enfant prétendu fe fût formé en
cet endroit , & non pas fur les membranes du te-
iticule , dans le fcrotum , qui eft le lieu où l'on
dit l'avoir trouvé. Il y a plus d'apparence que c'eft
un farcome engendré , & attaché au tefticule ,
comme ils font tous , dont la douleur s'eft fait fcn-
tîr pour la première fois dans le tems que cette
perfonne étoit échauffée auprès de cette Dame ;
ôc que l'ayant ouvert , on l'aura trouvé compofc
314 Dljfertatlôn
de différentes matières de diverfes couleurs ,
au {quelles on aura ciû voir un crâne & la ficure
d'un enranU;Cora;nc on s imagine louvent voir des
figures d'hommes & d'animaux dans du marbic
jafpé , quoiqu'il n'y ait rien d'approchant : c'eft
pourquoi nous n'aurons pas plus d'égard pour cet-
te oblervacion que nous en avons en pour les deux
précédentes.
De ce que Voilà ce que Thomme contribue* de fa part à la
U femme CTénéranoUjtachons à prefent de connoître ce que
fournit a u p ^ j r ' ' ^ n. • 7 n
gcncracicn ^^ remme y apporte de Ion cote ^ c eit ce qui n eit
pas ailé à developer,& qui a le plus crabarairé tous
les Anaflomilles.
Je ne fuis point du fentiment de ceux qui croient
que la femelle eft: un animal imparfait , & qui di-
fent que la nature fe propofe toujours la généra-
tion des mâles comme fou ouvrage le plus accom-
pli j ne produifant des femelles que lors qu'elle
V eft obligée ou par le défaut , ou par la foibleiîè
de la matière. Il y a eu des Philofophes qui pré-
venus de cette opinion regardoient la femme com-
me un monftre dans la nature:Ils étoient en quel»
que façon excufables , n'ayant pas les lumières du
Chriftianifme i qui nous apprennent que l'homme
& la femme font également l'ouvrage de Dieu,&
qu'il l'a créée aulîi parfaite dans fon efpece , que
l'homme l'eft dans la iîenne.
Qu'il cJoit Si nous confiderons la femme en Phyficiens ,
y avoir p us nous conviendrons que le nombre en doit être
que de ω- P^i-^s grand que celui des hommes ; & ainli des
les. femmes à l'égard des autres animaux ; car la fin
que la nature fe peut propofer regarde principa-
lement ce qui eft le plus necelïaire pour la géné-
ration 8c la multiplication des êtres : or il eft cer-
tain que la femme l'eft plus que l'homme pour
fur la génération de l'Homme. ^if
trois raifons j Li première eft qu'elle ne peut en-
gendrer que depuis quatorze ans jafqu'à cinquan-
te j & l'homrne le peut jufqu'a la fin de la vie : La
'leconde,que pendant les neuf mois d'une groiTeire
elle eft inufjîle , &-au contraire l'homme peut tra-
vailler a ia creneration en tout tems : Et la troiiîé- '
mej c'eft qu'un Teul homme peut fuftue pour faire
des enfans à plulîeurs femmes ; 8c ainfî l'on doit
conclure que la nature eft plus emprcllée à faire
des femelles que des mâles.
Qiielques Auteurs prétendent que les parties
de la gr-neration de la femme font femblables à
celles des hommes , qu'elles n'en différent feule-
ment qu'en fituacion j que c'eft la chaleur qui eij
Miomme les poulTe en dehors , ôc le froid qui
aux femmes les retirent en dedans : les yeux dé-
truifent cette opinion ; car ces deux parties font
tellement différentes qu'il ne faut que les voir ,
fur tout par la dilîcôtion, pour en convenir: Il
cft vrai qu'il y a eu des enfans que l'on a crû filles
pendant quelques années , parce que la verge £c
les tefticules étoient au dedans du corps , d'où"
étant lortis enluite ou par l'âge , ou par quelques
efîbrts; on a reconnu ces enfans pour des garçons,
mais cela ne peut pas rendre les parties de l'hom-
me & de la femme intérieurement femblables les
unes aux autres.
Afin que la femme puille recevoir la femencc j, fç"^^^"'
de l'homme j il faut que par l'introdudtion de la reçoit la fc-
verge dans le col de la matrice elle y foit fcrin- {^_^"^^ ''"'^^"
guée , & qu'elle aille arrofer le fonds de la
matrice , pour faire enfuite le chemin que je
vous dirai tantôt: Mais il s'y Uuuvc quelquefois
des empêchemens , &c l'on a prétendu que la na-
ture avait mis une barrière qui fcrvantd'obfta-
3 1 <S T)'iJfertat'ion
de à la verge , ne lui peimectoit pas d'encrer qu'-
elle ne l'eût forcée & rompue' ; on Ta nomme'c
hymen , & les Aurcurs qui en parlent difenc que
c'cft une membrane fituée au travers du col de Ja
matrice , immediaccmeni: au-delà des caroncules :
Mais comme je vous ait dit dans mon Anaromie ;
cette membrane eft imaginaire , & je ne l'ai jamais
trouvé 5 quelque diligence que j'aie faite à la
chercher.
Il eft bien vrai que les quatre caroncules mir-
tiformes font quelquefois jointes enfemble par
de petits filets membraneux ,& que loriqae la
verge force ce paiTagc pour entrer, ces filets ve-
nant à fe rompre peuvent jetter quelques goute-
Icttes de fang : mais cela arrive rarement , & une
fille qui ne répand point de fang à la première
vilïte de fon mari, n'en doit point être réputée
moins chafte & moins viergc.C'eft pourquoi l'on
peut condamner cette Coutume d'un des Royau-
mes d'Affrique , où le lendemain des noces l'on
met à la fenêtre les draps tâchez de fang pour
faire voir que l'cpoufe étoit pucelle , & que l'é-
poux a bien fait fon devoir i & s'il ne fc trouve
point de fang au linge , le mary peut renvoyer fa
femme à fes parens : Mais là , comme ici , elles
ne courent point le rifque d'être renvoyées : car
il eft facile de contenter les maris qui fouhaittcnc
voir ces foibles témoignages de la virginité de cel-
les qu lis epoalent.
La folie de prefquetous les maris eft de vouloir
trouver de la difficulté dans les premières appro-
ches : ccft une efpece de triomphe pour eux que
de s'imaginer d'avoir forcé cette prétendue bar-
rière , & plus ils y ont de peine , plus ils font per-
fuadez de la fagefte de leur femme. Un jeune
fur la gén éràtion de l'Homme, 5 1 7
homme marié depuis huic jours me vint trouver ,
il avoir un paraphimofîs , fa verge étoic extraor-
dinairement enflée, &; le gland prêt à tomber en
gangrené , je lui fis des fcarifications pour débri-
der Pétranglement , & recouvrir le 'gland de fon
prépuce, li me demanda la caufe de cette mala-
die qui lui étoic inconnue , sMmaginant que c'é-
toit quelque mal vénérien que fa femme lui avoic
donné : Je lui dis qu'au contraire c'étoit une
preuve convainquante que fa femme avoit fon
pucelage , & que n'ayant pas le gland naturelle-
ment découvert l'eifort qu'il avoir fait le premier
jour de fes noces pour entrer dans le vngina écoit
caufe que le prépuce avoit rebroullc par delïus la
couronne du glançl,& fait après par fon rellèrre-
raene une interruption aux vailTcaux qui vont du
corps de la verge au glandjMais que (î fa femme
avoit connu quelqu'autre homme avant fon ma-
riage,ellc lui auroit épargné la douleur qu'il avoic
endurée. Il s'en retourna très content de ma re-
ponic , qui l'aOuroit de la vertu de fa femme , 6c
peut être fut-il fâché de n'avoir pas encore plus
foufFert.
Ce malheur arrive à très- peu de perfonnes , ^^^li^'^, ^
quand 1 orihce externe de la matrice eit ouvert, qui fc trou-
comme il le doit être naturellement ; mais des ^^/l^r';]"^'
r ' ... r . 1 T r^'is a 1 cn-
raits extraordman-es ne hmc pomt de règle, com- trée du va-
me celui d'une Dame a qui les lèvres de la ma- S^^^-
trice étoicnt tellement jointes, que fon mari ne
put jamais y entrer. Il n'y avoit qu'une petite v
ouverture dans le milieu par où l'urine & les or-
ûlnaiies fortoient ; il fallut avoir recours à la
Chirurgie, & féparer en haut ^ en bas les deux
livres l'une de l'autre^ elle eut enfuitc des eofans,
3 ï S Dljfertation
ëc j'ay quelquefois encendu fon mary dire en plaî-
fancant , que le Ghirurg'en en avoit trop coupé ,
mais aufîi qu'elle en accouchoic plus taciic-
menc.
Ce même défaut s'eft rencontré à une jeune fem-
me de Paris , qui aima mieux confentir à rom^^^re
fon mariage , que de fe réfoudre à foutfrir une
pareille opération.
Il faut donc convenir que n'y ayant point de
preuves certaines de la virginité , les Magillrats
ne devroient point ordonner que des filles ou des
femmes fullènt vifitécs par des Médecins tk des
Chirurgiens, ou par des Matrones pour en ren-
dre témoignage ; car outre que ces fortes d'exa-
mens ne peuvent point découvrir la verité^ils cho-
quent la pudeur , Se fervenr de rifce au public j
Comme une femblabie vifire qui fat faite il y a
quatre ou cinq ans par les plus fameux Médecins
& Chirurgiens de Paris, Ôc qui donna occafion de
les peindre fur des éventails 5c fur des tabatières
dans les poftures tout-à-fait indécentes.
Mauvaife Quand les Juges ordonnent une vifite,c'eft
ccvrumc pour fcavoir fi une fille a été déflorée,parce qu1l
des viûccj. y aura quelqu'un que l'on acculera de i avoir vio-
lée^ou pour s'alfurer Ci une femme eft encore pu-
celle par Timpuillance de fon mary,l'un &c l'autre
font très-difficiles à connoîtrejcar il arrive à ces
parties comme à la bouche & aux yeux, qu'il y
en a de grandes & de peti[es,de manière que celles
qui les ont naturellement gvandes,quoique fages,
pourroient erre accufées de libertinage , &c au
contraire celles qui par la difpohcion qu'elles ont
apportée en naillant fe trouveroient plus étroites,
quoique débauchées , feroient réputées vierges.
Ce fcntiment eft confirmé par Salpmon dans les
fur la génération de l'Homme. 3 r 9
Proverbes,oii il dit qu'il y a trois chofes qui lui Raisons <lc
font tics- difficiles à connoîtie : Le chemin d'un
aigle dans l'air j le chemin d'une couleuvre fur la
terre, & le chemin d'un navire dans la mer j mais
qu'il V en a une quatrième qu'il ignore entiere-
menrjc'eft la trace d'un honime dans une jeune
fille.
Ces vifîtes devroicnr donc être mifes au rang
des Congres que l'on a abolis avec juftice ; car il
falloir qu'une femme qui avoir la hardielTe d'ac-
cufer fon mari d'impuiflance, & qui demandoit un
Congrès pour la jufl:ifier,fLit d'une effronterie cri-
minelle pour fe reloudre à s'cxpofer nue en pre-
fence de plufîeurs témoins deflinez à obferver tou-
tes lescirconftances qui accompagnent cette ac-
tion. Le congrès étoit un moyen aifé de cailer
les mariages j tar fouvent le mari e'toir d'in-
telligence avec fafemnie , & il y a des exemples
de perfonnes démariees de cette manière , qui cnt
eu des enfans avec d'autres 5 c'eft ce qui en a taie
connoître l'abus; & quand même le mari voudroit
donner des preuves de fa vigueur , le pourroit-il
aux yeux de tant de fpectateurs , vu que feul avec
fa femm.e il n'efl pas toujours dans le pouvoir
d'en donner : S. Auguftin dit auffi qu'on ap ,:,cilc
les parties de l'homme deftinées à la génération,
parties honteufes^parce qu'elles font voir fa hon-
te , en ce que commandant à toutes les .lutres,
il ne peut pas fe faire obéir par celles-là : Enfin
une femme fenfible à l'honneur ne doit jamais
accufcr fon mari d'impuillance , comme fît une
Dame, qui apre's avoir pallc trois ou quatre an-
nées de mariage fans enfans , difoit que c'étoit
la faute de fon mari , qui n'étoit point ?n état
d'en faire , mais la cinquième année étaiat de-
3 îo T>lJfertanon
venue grofle , ayant accouché d'un fils , elle fe
trouva dans la neceflîté d'avouer qu'elle s'étoic
trompée, ou de laiirer croire qu'elle avoic connu
Superfti- quelqu'un plus habile que fon mari.
non des ne- C'eft encore une erreur de croire que le jour
daigiiil- d'un mariage,dans le tems que le Prêtre pronon-
^^^^' ce de certaines paroles, l'on puîlfe par un nœud
fait à une aiguillette, en empêcher la confomma-
tion. Quand quelqu'un ne peut pas confommcr
fon mariage , examinez - en la caufe , vous la
trouverez toujours naturelle , fans que le Diable
s'en mêle jamais. J'ai vu à S. Germain en Laye
une femme qui quelques jours après fon mariage
venoit pleurer à fa mère, en lui difant qu'on leur
avoit noiié l'aiguillcte La mère me confia les
plaintes de fa fille , que je trouvai mal fondées ,
puifque fon mari s'aquitoit très-bien de fon
devoir \ mais la fille s'étoit imaginé tout aiuie
chofe des délices du mariage , & ce qui fe padoit
ne répondoit point à la haute idée qu'elle en
avoit conçue : elle fut defabufée au bout de deux
mois , elle devint grolfe & accoucha heureufe-
ment.
De la cgm- Avant que de palfer plus loin il faut faire quel-
Pofuion dcj a • r i n- » J C o,
tcfticulcsdc 4^^'S^^"^x^°"s l^'^ les teiticules des remmcs, ùÇ
la femme, vous raportcr ici les deux opinions qui en regar-
dent la ftrudure:la première des Anciens , & la
féconde des Modernes.
J'ay réfuté le fentiment de ces Anciens , q'-ù
des Anciens pe^foient qu'il fe faifoit dans le tefticule de la
femme , aufîi bien que dans celui de l'homme ,
une co6tion & converfion de fang en lemence j
mais les plus vieux Anatomiftes de ce fiecle cnfei-
gnent que le tefticule de la femme eft un compofe
Àt petites glandes qui fépatent la femence de la
malfe
fur la génération de l'Homme. 321
maffe du fanç,& en même tems un compofé de
velïicules,qui fervent de rcTervoir à cette femence
jun.]u'à ce qu'elle doive être portée dans la ma-
triccjiis lui attribuent par confequent deux ufages,
l'un de filtrer la remence,& l'autre de la garder/3^
de faire ainii l'orifice des tefticules & des vellîcules
feminaires des hommes.
La lemence ainfi féparée doit être portée à la
matrice , & pour cet effet ceux qui fuiyent cette
opinion,difent que de chaque tefticule , il part un
vailfeau, qu'ils appellent déférant , ou éjaculatoi-
re j qui va finir à la corne de la matrice , vers la-
quelle il ne s'avance pas tout droit , mais qu'il
fait piufieurs circonvolutions , afin que la brièveté
du chemin foit recompenlée par les anfra" uofitez
qui y font ; qu'il eft gros & fort entortillé auprès
du tefticule , qu'il s'étrefïit à mefure qu'il s'en
éloigne,qLi'il ledivife en deux branches , dont la
plus groffe & la plus courte fe teimii» a la corne
de la matrice , la plus petite & la plus longue
defcendant par les cotez de la matrice entre deux
membranes pour finir à fon col proche l'orifice
interne.
C'eft/elon eux, par ces vailTeaux que la femence
cft éjaculée dansla matrice^comme c'eft par l'émo-
tion qui s'excite lorfque la femence fe détache
du tefticule A qu'elle paCfe par leurs cavitez pour
être lancée dans la matrice , que les femmes ref-
fentent du plaifir. Ils prétendent que quand une
femme n'cft point groffe , la femence eft verfée
dans le fond de la matrice par le plus court de
ces vailfeaux qui font l'office des éjaculatoires de
l'homme y mais que quand elle l'eft , c'eft le plus
long qui conduit cette liqueur jufques dans le col;
^ ils ajoutent que pat cette raifon les femmes
X
5 2 2 Dîjfertatlon
enceintes ont plus de pafïïons pour les carefTes
que dans un autre état , parce que la femence
faifanc un chemin plus long & plus difficile doit
exciter un chatouillement plus vif , & qui dure
plus long-tems. Enfin ils admirent la fagelFe de la
nature , qui prévoyant que la femme n'auroit pas
la même modération que les animaux , qui s'abf-
tiennent du çoit pendant leur portée,a fait ce con-
duit qui va au col de l'utérus, afin que la conce-
ption ne fut point troublée par TefRifion qui fe fe-
roit infailliblement faite de tems en tems de la fe-
mence pendant la gro/îè/fe.
d« /v^îodci'- L'opinion des Anaromf /les plus réecns fur la
ncî. ftruéture du tefticule de la femme , convient avec
celle que je viens de raporter , que ce font des
glandes qui criblent la femence, qu'elles ont cha-
cune un vaifleau cx-cretoîre qui porte dans des
veflicules la femence filtrée: mais elle nie qu'il y
ait une communication de l'une à l'autre dans ces
vciTîcales , de même qu'on en trouve dans les
veflicules feminaires des hommes : ces Modernes
alTurent que chacune de ces veflicules dans les-
femmes cft féparée de toutes fcs voifines comme
un grain de raifin l'effc de ceux qui l'environnent
d^ns une même grapc j que dans chaque veflî-
cnle il y a une femence capable de former uri
enfant, de même qu'il y a dans une œuf de poule
toutes les particules neceffairts pour produire un
poulet, & que chaque veflicale peut fe détacher
du tefticule, & être portée dans le fond de la ma-
tricejC'eft ce qui leur a fait appcller ces veflicu-
les des œufs,en changeant le nom de tefticule en
celui d'ovaire.
Ces deux opinions ne différent qu'en deux
chofes^fçavoir en ce que Tanciame conduit la
fur la génération de l'Homme, 3 2. 5
femence en liqueur infquesdans la matrice , 2c Diff«encç
I. \> c ■ 1 '- j> «es deux
que 1 autre l y rait porter enveloppée d une mem- opinions»
brane fous la forme d'un œuf. Et la féconde diffé-
rence eft que les Anciens difen'' que c'eft par le
vaiiïeau déferant,ou éjaculatoire que la femence
va a la matrice;au lieu que nous aprenons des Mo-
dernes que le chemin de l'œuf depuis le tefticule
jufqu'au dedans de la matrice,eft par les trompesj
nous éclaircirons ces deux fentimens dans la fuite
de cette Differtation.
On prétend que la nature a eu du deiïein dans
la fîtuation des tefticules des femmes 5 qu'elle ne
lésa placez en dedans que pour les échauffer , &
par ce moyen rendre la femme plus portée à la
copulation , parce que la femence étant plus
aqueufe & plus froide que celle des hommes,
il faloit qu'elle fut reveillée par la chaleur du lieu,
fans quoi la femme auroit été trop indifférente
pour la génération ; Je veux croire que les fem-
mes tirent quelque avantage de cette fituation ,
mais les maux qu'elle leur caufe l'emportent fur
le plaifir qu'elles en reçoivent : car la femence fcnic'licerc*
y étant retenue , elle s'y aif^rit , & leur caufe tenue.
ces cruelles vapeurs aufquelles nous les voyons fe^^"
fujettes. La femence eft une liqueur tres-douce ,
quand elle cft bien conditionnée ; mais il en eft
comme de la pâte,qui étant trop long-tems gar- '
dée, fe fermente de manière qu'elle devient per-
nicieufe par l'aigreur qu'elle acquiert, & n'cft
plus propre à faire de bon pain : aufïi la femen-
ce, qui auroit produit des enfans, Ç\ elle avoit été
verfée en fon tems , & avec les circonftances re-
quifes dans les lieux deftinez j fe fermente telle-
ment dans fes vailleaux où elle rcfte trop ren-
fermée , qu'elle n\ei les femmes & les filles dans
Xij
524 Dijprfarwn
des états déplorables, d'où on ne les tire fbnvenf
qu'en leur procurant par le mariage révacuation
de cette femence retenue.
L'expérience fait voir que la plupart des filles
étant parvenues à l'âge où la femence fe fepare
dans les teflicules , elles deviennent jaunes , &
ont les pâles couleurs,dont elles ne gueriiTent que
femmes : Cela arrive parce que la Icmence aigrie
par un long féjour venant à fe mêler avec le fang,
elle en rompt le tiiru & en change la conliftance ;
& le rendant ainfi plus fereux , plus liquide , plus
fioid , & moins rouge qu'il ne doit être , il ne
peut donner à la peau qu'une couleur pea vive.
Il y a bien de l'apparence que la plupart de ces
Religieufe & des autres filles que l'on a crû
poiTedées du diable , étoient fujettes à des va-
peurs qui leur faifoient faire toutes ces contor-
lions ôc ces extravagances dont les hiftoires font
pleines.
i D-ins les ^^ ^^ ^'^^ P^^ feulement chez les femmes que
iioremej. la femence caufe du defordre, l'on voit des hom-
mes attaquez de vapeurs qui les incommodent
beaucoup,principalement ceux qui vivent dans
la continence, quoique d'un tempérament amou-
reux. L'on obferve que les Prêtres Se les Reli-
gieux font ordinairement plus rudes & plus feve-
res que les hommes mariez. La caufe de tous cas
effets coniifte dans les particules de femence qiiî
corrompent la malle des humeurs , qui s'en foni
chargées en paiîânt par les tefticules , fuivant les
loixde la circulation ,& qui delà s'étant répan-
due , dans les organes , en ont remué extraor-
dinairement les fibres , ce qui a excité des coiTs-
vulfions, des dégoucs , & des imaginations déré-
glées, capables de repicfeater les objet» tout aa-
fur la génération de l'Homme, î2|
trement qu'ils ne foar. On peut ajouter une raï-
fon morale qui rend les Moines bourus ^ fçavoir
que n'ayanc pas droit d'être Pères , ils ionr iaca-
pables de ces mouvcmens de tendrell'e querelïen-
tent ceux qui fongent à faire des enfans & à les
élever. L'on a remarqué encore que les châtrez
font plus chagrins & plus méchans que les autres,
parce que la fcmence n'étant point fcparée de
leur tangi faute d'organes, ils fc trouvent privez
de CCS particules vives & fubtiles qui lui en re-
viennent quand elle eft filtrée , Sc qui lai commu-
niquent cette activité 6c ce feu qui fait l'affabilité
èi. la joye.
La marrice eft l'organe propre Se particulier
de la génération : Nous fommes sûrs que c'eft
chez elle que le fœtus eft produit de la femence Doârinc
féconde qui y eft portée &: qu'elle fomente 5 mais des anciens
pcrfonne n'a encore bien décrit comment il fe ja[,on^*^"^"
formoit. Si l'on cherche à s'en éclaircir chez les
anciens Médecins , ils diront tous que cela s'o-
père par le moyen de la faculté formatrice , qui eft
renfermée dans l'utérus, & dont ils ne don-
nent aucune idée diftincbe : mais aujourd'hui que
l'on n'admet plus de ces facultez , & que l'on
fçait que chaque partie aç^it fuivant fa difpohtion
mécanique & naturelle , iSc celle de la matière
qui eft le iujet de l'opération , l'on s'eftorce àc
rendre raifon de tout ce qui fe pa[ïe dans la natu-
re , en ne fuppolant que des figures Sz desmouve-
mens.
Monfieur Lamy , qui me paroît avoir le mieux £jpiica.
traité la queftion dont il s'agit , dit' fur la ma- t ion de ia
nicre dont fe forme l'enfant dans la matrice , que ^^ "'^^^fc-
lalemence étant recûë , (^ retenue dans le fond mcoce fc
de la matrice , fon orifice interne fe ferme , & '^^vcope.
X iij
3 1 (5 1)'i(fertatîon
que cette femencc écaat enibrafTée & prefTe'e exa-
d:efrient par la matrice , il commence à s'y faire
un arrangement de toutes les particules qui la
compoientj les plus fubtiles demtjurent au centre,
& par confequent les plus grolïieres, & celles qui
furabondent (ont poullées vers la fuperfîciej pour
y pioduire l'arriére faix , le cordon & les mem-
branes , dont le fœtus eft envelopé. Cependant ,
toutes les particules propres a former les différen-
tes parties du corps , fe débarralfent par l'effort
de leurs mouvemcns , fe fcparent ou s'aflemblent
fuivant la difl'emblance ou la conformité qu'elles
ont les unes avec les autres -, de forte que celles
qui doivent former la tête vont s'araalfer & fe
réunir au lieu où elle doit être ; celles du refte du
corps en font autant ; & en même tems , entre
les particules qui doivent former la tête , celles
qui font propres à former les yeux , fe raffemblenc
où il faut pour cela ; & ainfi de celles du nez,
des oreilles , S>:c. La même chofe doit s'entendre
des particules qui compofent la poitrine , le ven-
tre & les extrémités. La formation , la ftra-
élure , l'arrangement , & la connexion de toutes
ces parties , dépend principalement de l'efpric
enfermé dans la femence , lequel fans connoif-
fance , & par la neceflité feule de fcs mouvc-
mens débrouille le cahos où les parties étoient
confondues , & les difpofe de la même manière
qu'elles étoient dans le corps de l'animal dont il
eft forti , (3c dont il a priis toutes les détermina-
tions. Les parties du foetus étant ainfî formées,
la plus fubtile portion de l'efprit demeure dans le
centre de ce nouveau corps , c'eft à dire dans le
' cœur , & il y fait une efpece de feu fans lumière,
qui eft entretenu par le mouvement circulaire di^
fur la génération de l' Homme. 317
fang qui y palVe lang celfe : c'cft cette chaleur na-
turelle, dont la confervacion nous fait vivre , &
la dcftruttion nous fait mourir.
L'idée que nous donne Mr. Lami de ce qui fe
pallè dans la matrice , cft tout-à-fait ingénieux ,
èc fort vrai- femblable j mais il eft perfuadé que
l'enfant eft formé par le mélange qui fe fait dans
la matrice de la femence de l'homme avec celle de
la femme , ôc que ces deux femences imprégnées
* de l'efprit dévie dont je viens de parler , font
l'agent £c la matière de la génération. Ce fen- j'^p^^'^Qj^
timcnt n'eft pas généralement reçu de tous les fur la nature
Anatomiftes:!! y en a qui prétendent que la J^_^^^^'^^°"
femence de l'homme fuffit pour faire unenfant;&
d'autres veulent au contraire que celle de la fem- Trois opi-
me en contienne la'premiere & la véritable ébau- "'^ns lur la
,r, • -1 r • •\ c génération.
che.Pour mieux juger de ces lentimens,il raut rap-
porter ici les trois différentes opinions qu'il y a fur
le fait de la génération.
Dans la première , qui a été fuivie par les pre-
miers Philofophes , on enfeigne que la femence
feule de l'homme eft capable de former l'enfant, ^
& que la femme ne fait que prêter le lieu où il
s'engendre, & fournir le fang neceftaire pour la
nourriture pendant qu'il y refte après fon entière
formation,
La (econde , qui a été la plus commune , ex-
plique la foi-mation de l'enfant par le mélange des
femences de l'homme & de la femme , reçues dans
la matrice j foit que l'enfant en foit produit par
une vertu inconnue jufqu'à prcfent , foit qu'il re-
fulte de l'arrangement où fe mettent peu à peu les
particules qu'elles renferment, à peu prés de la fa-
çon que l'entend Mr Lami.
La troiftéme opinion eft que dans le tefticule
X iiij
5i8 Dljfertatton
ilc la femme il fe tioave de petites veflîcules fe-
minaires , que l'on appelle des œufs , qui contien-
nent dans elles-mêmes tout ce qui eft necellàire
pour la nai(rance dercnfantj& la femence de
rhomme ne contribue à la génération qu'en vivi-
fiant & faifant groflir celui qui eft le plus pioche
de la maturité.
Ces trois opinions , quoiqu'oppofées , trouvent
des railons qui les appuyent, & d'autres qui les
détruifent ; il eil a propos de commencer par cel-
les qui les autorifent i & en même tems je vous
rapporterai celles qui peuvent les condamner,
afin qu'inftruits des unes& des autres , l'on puilfe
fe determinei: en faveur de celle qui fera la plus
vrai-femblable.
Les partilans de la première opinion font par-
ticulieicment ceux qui regardent le mâle comme
un ouvrage parfait que la nature fe propofe lors
qu'elle travaille à la multiplication des êtres, &
la femelle comme une terre fertile , qui produit
de bons grains , quand le laboureur l'a bien enfe-
mencéc. Ils difent que li l'on compare la femen-
ce de l'homme avec celle de la femme, l'on les
Trouvera tout-à-fait différentes j que la première
eft blanche, épaide, & compofée de toutes les
parties qui font capables de former un corps;
raaisque la féconde n'eft qu'une ferofité acre &c
jaunâtre, qui ne peut contribuer en rien à la for-
mation de l'enfant , n'ayant point d'autre ufage
que de donner du plaifir à la femme par fa fortic
dans le tems de l'adtion , & ce chatouillement é-
toit neceffaire pour réveiller la fenlibilite de la
matrice , & inciter la femme à repondre aux ca-
relfes de l'homme , fans quoi on fe leroin moins
appliqué à faire des eiifans.
fur U génération âe VHomwél 529
Ceux qui conibatent cette opinion , rejettent
la décihon que ces Philofophes du tems palTé ont
donnée en faveur des maies , non feulement com-
me trop interefTee , mais encore comme une
imagination qui n'a aucun fondement dans la
nature : Car s'ils avoient examiné la ftructure du
tefticule de la femme , ils Tauroient trouvé en-
core plus admirable que celle du tefticule de
rhomiTiejd'où ils auroient fans doute conclu que
la femence qui eft feparée par celui-là , a des uti-
litez très confiderables , y ayant des vaifTeaux
pour la conduire dans la matrice. D'ailleurs on
voit plufieurs enfans qui ont les traits & les incli-
nations de leur mère ; ce qui prouve que ce n'eft
pas le Père feul, auquel louvent ils ne reiremblenc
point , qui fournit tout ce qui eft neceflàirc à leur
formation.
Les Defenfeurs de la féconde opinion perfua- , ^^^"^cn
1 1.1 o 1 r r / 1 de la dciï-
dez que 1 homme oc la femme lont également xiéme.
parfaits , tSc que la nature n'a rien fa. t inutilement
chez eux, difent , que puis que l'un & l'autre ont
des tefticules qui feparcnt la femence , il faut
bien que tous les deux fourniiîent chacun leur
part de la fubftance necellaire à la produdioii
d'un enfant: Ce qui leur fait croire qu'une des
conditions de Tengioirement eft que l'homme &
la femme éjaculent leurs femences en même tems,
& qu'après l'aélion la femme ne fe trouve point
mouillée , parce qu'alors les femences cjaculées
font retenues 6c employées à la formation du
fœtus. Ils fouticnnent qu'il y a dans la femence
de la f:;mclle auffi bien que dans celle du mâle ,
ces particules propres à former un corps & un
efprit capables de tous les mouvemens que produit
l'animal dont elle -eft venue , & que la raifon
5 5 o *jDîJfertatîon
même nous en à.o\z convaincre fans le fecours des
lens , puis qu>iitremenc il efl: impoffibie d'expli-
quer la relîerabUnce de l'enfant avec les père Se
mère, & l'on rapporte là delfus l'exemple des mu-
lets , qui tiennent également du mâle & de la fe-
melle , parce qu'ils font produits par l'accouple-
ment de la jument & de l'âne , qui font deux ani-
maux de différentes cfpeces : ce qui démontre, fé-
lon CCS Auteurs , le mélange intime des deux fe-
mences dans la génération.
Ceux qui ne conviennent pas de ce mélange ;
répondent qu'il eft ,vrai que les hommes & les
femilies ont chacun deux tefticules , mais qu'ils
font tellement differens dans leur flruélure, qu'ils
ne peuvent faire la même fon6tion , ceux des
hommes étant un tilTu & un lacis d'une infinité
de petits vailTeaux qui feparent fans celle la ma-
tière fcminale , pour l'envoyer dans les refervoirs
de ceux des femmes, un compofé de glandes &
de vcflicules , dont les unes filtrent une liqueur ,
qui excite en s'écoulant ce plaifir qu'elles relfen-
tent dans l'a6tion ; & les autres ayant feparé les
particules femînaires , les verfent dans de petites
membranes rondes , qu'on appelle aujourd'hui
des œufs. Ils nient au refte que les patries de la
femme fe doivent trouver feches aorés l'acftion
toutes les fois qu'elle devient grolfe : Ils difent
qu'au contraire , fi l'on s'informe des femmes
pour fçavoir ce qui en eft, elles avoueront toutes
qu'elles fe trouvent toujours moiiillées après l'ac-
tion , foit qu'elle les rende fécondes , foit qu'elle
n'ait aucune fuite ; & ils ajoutent que dans le fy-
ftémc de ce prétendu mélange de femcnce, il eft
impolTible de deviner quelles parties du foetus
viennent du mâle , & quelles parties font celles
fur la génération de l'Homme.» 551
que la femelle fournie \ Si l'un donne por ir faire
la tête , &; l'autre pour la poitrine , pour le ventre
ou pour les extremitez ; & de dire comme nt il fe
pourroit que deux femences qui feroient cîe deux
corps ditfevens, fetrouvalTenc d'ordinaire en une
quantité fi jufte, qu'il n'y en eût précifemt.'nt que
ce qu'il faudroit pour en compofer un animal
parfait.
hts Auteurs delà troifiéme opinion , C]ui re- FxDofîrion
gardent , ainfi que nous avons dit, les tellicules dciacroific-
des femmes à-peu prés comme des grap pes de ^P^^^^^
raifin , ou ruches de mouches à miel , difenc
que chaque veiïicule qui les forme a un calice oa
pédicule , dont elle fe peut détacher fans re pandre
ce qu'elle contient , ni endommager les autres,
& qu'elle renferme en petit un animal prefque
achevé en toutes fes parties ; comme on le voir
dans les œufs des poules , aufquels c^s ve (îiculcs
font juftement comparées ; que la vapeur dte la fe-
mence mafculine, qui arrofe la matrice étant por-
tée au teffcicule, la vcfTicuic la plus proche de la
maturité , ou la plus fufceprible de ferm<entati<on
en eft groffie , fe dégage de l'ovaire , & tombe en
peu de tems dans la cavité de la trompe , qui la
conduit incedamment dans la matrice : on com-
me un grain de bled , que l'on a femé dams une
terre préparée , elle jette de petites racines qui
conjointement avec celles qui fortent de la matri-
ce même , font un gros tilïii de vaifléaux ., qui eft
le placenta , par le moyen duquel elle reçoit le
fang necelfaire pour fon accroiflément & fa nour-
riture , le fuperflu étant renvoyé à la mcre. 0\\
prétend que la membrane qui forme l'œuf eft la
même qui envelope l'enfant pendant tout le tems
qu'il fejourne dans la matrice , & laquelle il
j 5 i Dljfevtatîon
îompc: dans l'acouchemeut. Aînfi félon ces nou-
N'caux Naturalises , la femme fournie route la fe~
mcnce nccellaire pour faire Tenfant j elle pi ère
le lieu où il eft conçu , Se donne tout le fang dent
il eil nourri pendant neuf mois qu'il y demeure,
ôc riiomme ne contribue pour fa parc que quel-
ques eiprits ,qui en touchant l'œuf l'animent &C
le rendent fécond.
4 0b)cc- (^euK qui fe font élevez contre ce fiftême y ont
nonscon- ^ ^ . .-i j •
irc céder- cru trouver plutieurs nnpombiiitez quiis redui-
nicr liite- ç^^-^^ ^ quatre chefs. Le premier eft de conduire la
femence de l'homme jafqu'à l'ovaire. Il n'eil pas
poiïiblc 5 difcnt-ils , qu'une humeur aulîi tenace
étant é)aculée dans le col de la matrice , puilfe al-
ler jufqu'au fonds, de-là palier dans la trompe,
monter à l'ovaire pour y porter la chaleur & les
corpufcules propres à la prolification. Ils préten-
dent que la trompe eft ouverte d'une manière à
laidèr rdûtôt tomber la femence dans la capacué
du bas ventre , èc que le mouvement que l'on
donne à la trompe , d'aller embrallèr rovairc ,
pour en recevoir l'œuf , n'eft: fondé quedans l'i-
magination de ceux qui l'ont inventé. Le fécond
chef cfl de pouvoir comprendre comment la
membrane qui envelope toutes ces velîîcules, que
l'on appelle des œufs , fe rompt pour en laîlîèr
cchaper un , & lui permettre de le glillcr dans la
trompe peut-être auiïi-tôc tranfporté dans la ma-
trice. Le troifiéme chef ne reçoit pas moins de
difficulté ; car quel moyen de s'imaginer que la
trompe puiile aller cmbrairer fi juftement l'ovai-
re, que l'œuf détaché ne puilFe pas tomber dans U
capacité du ventre : Si c'eût été le dellein de la
nature de fe fervir de cette voye , elle ne lui
auroît pas laiifé courir ce rifque , & elle auroic
fnr la génération de l'Homme. 533
fait un vailFeau continu de l'ovaire à la matrice ,
pour y conduire avec fureté Toeuf, quand il au-
roit acquis fa maturité. Enfin le quatrième chef
efl:,que fuppoféque la femence allât à l'ovaire,
qu'un œuf s'en détachât, & qu'il fût conduit dans
la matrice , il faudroit que cet œuf s'y trouvât
après l'a :^ ion: Or ils prétendent qu'il ne s'y ei^
trouve point, parce qu'on a ouvert quantité de va-
cheSjde brebis ôc de chiennes après qu'elles avoienc
été couvertes , dans la m.atrice defquelles on n'a
point remarqué d'œufi& que la nature étant uni-
, forme, la génération fe doit faire dans les femmes
comme dans le refte des femmes.
Après vous avoir expliqué les principales raifons
qui peuvent défendre ou détruire chaque de ces
trois opinions,il eft tems de fe déterminer en faveur
de quelqu'une. Pour moi je trouve l'opinion de»
ovarilles la plus vrai-femblable ; & pour juftifier la
préférence que je lui donne , je vas répondre aux
objeétions qu'on y a faites,& tâcher de lever les
ddficultezles plusconfideraLIes qui y reftent.
Sur la première objection je dis que la femence ja ^^^^,1^,^
eft portée fort aifément jufqu'à l'ovaire , incon- Objcciion.
tinent après que l'homme en a fait l'éjaculation
dans le fond de la matrice , qui s*efl: avancée &C ^
I . 1, T • r Comment
ouverte pour la recevoir j car lorihce mterne le j^ femence
fermente enfuite,cette femence retenue eft prelTèe de rhommc
par les parois de la matrice , qui s'approchent ^^-^ ^^afji.
l'une de l'autre ; ce qui oblige la partie la plus rc.
fubtile, quieftapellée l'efprit volatile de la fe-
mencCjd'entrer dans le tuyau de la trompe , donc
Je pavillon s'eft contradé de telle forte dans U
chaleur de l'adion , que demeurant aplique à
l'ovaire il l'embraffe fi étroitement de toutes parts,
^u'il ne fc peut rien échaper de ect efprii feminal
3 54 Dtjfertatîon
dont l'influence étant ainli toute rafTcmbléc fur
l'ovaire, l'œuf le plus mûr en eft rendu fécond , il
fe fermen te , il s'agite, & s'étant peu à peu débar-
rallé de ce qui l'environne , il tombe dans l'orifice
fnperieur de la trompe, qui , par le rclferrement
fuccc (îif de fes fibres mufculeufes le poulïe.vers le
fond de l.a matrice.
La ftrijéture de l'utérus nous prouve cette théo-
rie. Ex?imincz la figure du fond de la matrice ,
vous ffouverez que la cavité en eft plate , que
quand par fa contraction générale les deux parois
applatiics s'approchent l'une de l'autre , après que
l'orifice interne s'efl; fermé , il eft neceflaite que
toute la fcmcnce , ou fa portion la plus liquide
entve dans les orifices des trompes.Remarquez ce
qui fe pade lorfqae Ton avale une cuillerée de fou-
pcjon ouvre la bouche pour la recevoir, on la fer-
me après l'avoir reçiië,enfuite la langue la predant
contre le palais-Toblige d'entrer dans l'œfophage
qui la conduit dans l'eftomac. C'cft ainfi que par
une mécanique peu ditFerente,& par la difpofition
naturelle de la matrice & des trompes la femence
eft portée à l'ovaire.
On peut penfcr auffi que le fang fert de véhicu-
le à cette femence pour l'introduire dans les tefti-
cules de la femme , puifque par divers fympto-
mes qui furviennent aux femmes après fa con-
ception , tels que font les dégoûts, les inquietu-
■ des , les lafïïtudes , l'appétit dépravé , la faliva-
tion copieufe , & îa fupprelîion des mois , on a
tout lieu de conjedurer que la femence de l'hom-
me en fe mêlant avec la mafte du iang de la
femme , change la tilfuredefes parties ,& caufe
les accidens que nous venons de rapporter. Et
certainement il feroic difficile de concevoir que
fur la qé-nhation de l'Homme. 5 5 j
des fimptomes puflènt arriver autrement ; car
coimnem, je vous prie, la feule palîion caulée par
le plailir, & par l'émotion que les femmes reçoi-
vent dans les approches, ôc fur tout dans le tems
de la conception, feroit-elle capable de produire
ces cfFets^vù qu'en mettant le fang dans un plus
grand mouvemenr^il devroit, au contraire s'enlui-
vre des accidenstout oppofez à ceux que nous ve-
nons de dire, qui félon toutes les apparences ne
font caufez que par une certaine coniiftance 6c
acrimonie produite dans le fang des femmes par
Tacidc ôc le foufre,donc la fcmence de Thomme
abonde.
Pofé donc que la femence de Thomme fe mêle
dans le fang de la femme , il cil à croire qu'elle
n'y refte pas inutilcmer.t , & que c'eft non feule-
ment pour lui donner la confiftance , Se d'autres
împreflîons necelTaires à la produdion du fuc dont
le tœtus doit fe nourrir dans la maniceiMais fpe-
cialeraenc pour être diftribué avec cette liqueur
par la voye de la circulation dans l'ovaire , en dé-
tacher quelque œuf par la fermentation qu'elle lui
donne, & le faire tomber dans les trompes de fal-
lope,& delà dans la matrice, afin qu'il s'y nour-
rille, & qu'il y prenne fon accroilïèmenr.
Quant à la féconde objedion , je conviens qu'il
feroit difficile que la membrane du terticule s'ou-
vrît il elle étoit abfolument continue ; mais il la
£aut concevoir compofée de plufieurs petites por-.
tions de tuniques contiguës les unes aux autres5&
qui peuvent par confequent fe fépar'er entr'elies
en divers endroits fans forcer les parties voi(încs,
ni leur faire violence , d'autant plus que cette,
defunion ne fe fait pas fubitemcnt, mais peu à
peu à proportion que l'œuf groffic & s'avance
5 5 6 Dijfertatwn
Quand cet œuf eft piec a tomber il ne tient plus à
1 ovaire que par une petite queue, comme le fruic
à Tarbre, lequel étant mur tombe par la moindre
lecouiTe que Ton y donne ; J'ai louvent trouvé à
des femmes que j'ay dilFequéeSjde ces œufs à demi
détachez, & d'autres qui rétoient tellement,qu'ils
pendoient à l'ovaire , comme une perle fait a une
oreille, ne tenant plus que par quelques petits filets
membraneux.
Rcponfc à 11 eft facile de répondre à la troifiéme j car s'il
la^troiiie- ^fj- ^j-^j ^^g ^^ pavillon de la trompe puiilè aller
embralTer l'ovaire pour y porter la parrie la plus
volatile de la feraence , il ell vrai auiîi qu'il peut
de cet ovaire qu'il environne de toutes parts , re-
cevoir l'œuf qui s'en détache, & le faire pailer en
toute fureté jufq'i'aa dedans de la matrice , fans
•avoir bcfoin d'un autre conduit pour cet elle:. Or
voici pourquoi le pavillon de la trompe doit s'a-
pliquer à l'ovaire lorfque le fond de la matrice eft
tiré par les deux ligamens ronds, pour aller au de-
vant de la verge ; les deux extremitez des trompes
qui font attachées à ce fond font obligées de le
luivre , pendant que les deux autres qui font en
partie flottantes dans le ventre , fe relevent,fe roi-
di{rent par le moyen.de leurs fibres,&fe courbent
en s'approchant chacune de fon tefticulc , par le
moyen des ligamens larges qui unifiant ces parties
eniemble les contraint de fuivre les mouvemens
de la matrice : Après l'a6tion , la matrice retour-
nant en fon premier état , il arrive iouvent que
les refïbrts fe relâchant , les trompes s'âbaiiTenc ,
6 reprennent la même figure, & la même place
qu'elles avoient auparavant ; Mais quelquefois
auffi l'un ou l'autre des pavillons qui tient dans
ion recQurbcment le tefticule ferré uc s'en de-
pveud
fur la génération de l'Homme. 5 j 7
prend qu'après cet ovaire s'eft defenflé en fe dé-
chargeant dans la crompe d'an œuf fécond.
Ce mouvement du rellort de la trompe ell: con-
firmé par un fait arrivé en Angleterre il y a envi-
ron huit ans. Monfieur Seton Médecin de Mon-
fieur le Marquis de Louvoy me fît voir une lettre
qu'il venoit d'en recevoir. On lui mandoic que
l'on avoit fait l'Anatomie d'une femme exécutée
depuis peu ; à laquelle l'on avoit trouvée une des
trompes attachée à l'ovaire du même côté par foii
pavillon qui l'embrairoit tout entier , & que l'on
avoit apr^s par les informations qui furent faites,
que cette femaie avoit connu un homme dans la
prifon peu de tems avant fon exécution.
Enfin l'on répond à la quatrième Objection , 'o'urion de
que Cl l'on n'a point trouvé d'œufs dans la matrice mc^ot,iccJ
des animaux dont on a fait l'ouverture , après "on.
avoit été couverts, c'eft qu'il ne s'en détache pas à
toutes les fois , ou qu'il en feroit tombé iî l'on
avoit attendu quelques jours à les ouviii \ car
l'œuf ne fe porte pas avec précipitation dans la
matrice , il faut qu'il y foit conduit par le mou-
vement vermiculaire & lent de la trompe dont le
canal eft fort étroit dans une grande partie de fon
étendue. Mais ce qui prouve manifeftement qnc
la chofc eft ainfi,& que chacune de ces vellicules
àcs, ovaires fert de fondement au fœtus humain,
ce font les obfervations qu'on a faites dans les
brutes : Monfieur Graaf eft le premier qui les ait
reportées , il dit qu'ayant ouvert plufieurs femelles
d'animaux qu'il avoit fait couvrir , il y a toujours
remarqué qu un jour après la conception il y a-
voit inflammation à la membrane qui couvre ex-
teri. urement l'ovaire , que deux jours après l'in-
flammation étoit plus grande j jufqu'à ce qu'enfin
Y
3 3 s Vljfertat'ion
cette membrane fe rompant, on ne manquok pas
de trouver une petite veflicule dans la matrice.
Mais quoi qu'on ne puille pas faire la même ex-
p-:rience fur les femmes , cela ne doit pas nous
empêcher de croire qu'il ne fe paiïe chez elles la
même chofe que dans les autre anîmiux ; car
puifque les ovaires y ont la même ftrudure, il y a
toute apparence qu'ils ont aaiïi le même ufagCjiSc
qu'ils renferment dans leurs petits vefîicules les
premiers fondemens du fœtus , d'autant plus que
la nature ne fe fert pas de voyes différentes où elle
peut employer les mêmes.
L'opinion des œufs, quoique nouvelle, a néan-
moins été indiquée par les plus fameux Méde-
cins de l'antiquité : Hippocrate dit qu'il a vu dans
une conception , ou un faux germe de fix jours ,
une membrane (emblable à celle qui couvre le
blanc de l'œuf, a laquelle on découvroit des tayes
épaillès & pleines d'une matière rougeâtre : Or
une telle membrane ne pouvoit pas être formée
tn fix jours ; c'étoit donc apparemment celle qui
enfermoit la miatiere feminale , &: les tayes rouges
& épailles éi oient les racines que jettoit cette
membrane pour s'attacher à )a matrice ; & rece-
voir du fang. Et Galien a toujours foûtenu que la
nature commcnçoit la formation par la fabrique
des membranes qui envelopenr le fœtus, parce que
dans toutes les obfcrvations qu'il avoic faites fur la
conception, ayant toujours remarqué qu'il y avoic
des membranes avant aucune autre partie : il les
croyoic formées les premières , parce qu'il igno-
roit qu'elles pufTent être apportées de l'ovaire ,
perluadé que la femence étoit reçue de la matrice
toute en liqueur.
U eft tems de reflécliir fur les quatre Hiftoires
fur la génération de V Homme,, 539
que j'ai raporiées au commencemenc de ce rrai- ^Réflexions
té, & d'y chercher des preuves pour la genéranon jrc p^-miçl
de l^honime par le moyen de l'oeuf. Sur la premie- res Hiftoi-
rcjdonc j'ai fait graver une planche qui eft au corn-
mc-ncemenc de cetce Diirercation,ie ne fuis pas du
fentimenc de ceux qui croyent que ces deux fonds
de matrice ont écé ainfi faits dès la première for-
ïTiarion5& qu'ils onc été attachez fur un même col^
de la même manière que nous voyons fouvenc
deux cerifes fufpenducsà une même queue ,• Mais Explicai
fans accu fer ici la nature de bizarrerie ,. mon opi- p^^^jj^^ç^^
nion eft qu'un œuf aiant été détaché de l'ovaire
gauche, & s'étant pouffe julqu'a la matrice par la
trompe , au lieu de tomber dans l'utérus, il 'e fera
arrêté entre fes deux membranes ,peut être parce
que l'ouverture de là membrane interne étoit trop
petite pour permettre a cet œuf de jalVer en cet
endroit , qu'il y aura germé , & qu'y ayant trouve
des artères & des veines,comme il auroit fait dans
le fond, il s'y fera grolîi , en poulfant peu à peu la
membrane externe , qui aura forraé cette poche
dans laquelle il étoit contenu , & qui n'étant faite
que d'une portion de cette fimple membrane ex-
térieure , n'aura pas pu s'étendre autant qu'acvoit
fait la matrice toute entière •■, ce qui a du la faire
crèvera fix mois ou environ , pour permettre à
l'enfant de palier dans le vuide de l'abdomen pat
l'ouverture que voyez à ce fac.
Cette raifonme paroit la meilleure qu'on puîffe
apporter de ce fait i car il eft certain que l'en-
fant a été formé dans cette production : la femen-
ce y a donc été portée en liqueur , comme vou-
loient les Anciens , ou dans un œuf, comi-Q»e nous
prétendons aujourd'hui : Mais il eft împoiTiblê
qu'une liqueur ait pu refif r dans cet ensiroif.lî eUô
V îj
3 4© Dijfertation
avoit été donnée par l'homme elle fe feroic arrê-
tée dans la marvice,& fi elle étoit venue de la fem-
me elle y aurok auili pu tomber , quelque petite
que fut l'ouverture de la trompe ; ainfi il y a couc
fujet de croire , que c^eft un œuf retenu en cet en-
<lroit,qui s'y étant grofîî a donné lieu au dévelope-
ment de Ton germe , c'eft-à-dire, de l'enfant qu'il.
contcnoitj& formé cette partie que Ton a regardé
comme un fond de matrice fupernumcraire.
explication La féconde Hiftoire,qui eft de Monfieur Baile,
dc'.alcccn- f^j^ yoir que l'enfant a été formé dans une des
trompes , qu u y a demeure jutqu au neuvièmes
mois3&: qu'alors faifant , félon la coutume, des ef-
forts pour fortir de fa prifon , & les membranes
dans lelquelles il étoit Contenu n'étant pas alTez
fortes pour refifter aux mouvemens &aux fecouf-
fes que donne un enfant de neuf mois, elles fe fe-,
ront rompués,& il fera tombé dans la capacité dii .
V£ntre,où ayant trouvé une humeur capable de le
preferver de pourriture , & de le durcir,il aura pu
refter vingt-cinq ans &c davantage fans donner ia
mort à fa mère. Les grumeaux de fang qu'elle
rendit dans le tems de fes grandes douleurs , qui
n'avoient ni fibres , ni confiftance , venoienc pat
l'ouverture de la trompe qui donne dans la matri-
ce,& étoient caufez par le déchirement de la m.ê-
me trompe : les pertes blanches qu'elle eut enfui-
te mêlées de fang , marquoieiit la fuparation qui
4e faifoit de cette membrane dilacerée , parmi lel-
quelles il s'échapoit du fang de les vailfeaux rom-»
pus, Se le corps dur & calleux qui étoit à la matri-
ce, s'étoit produit par les compreflîons fréquentes
de ce cadavre , qui pendant vingt-cinq années
fatigua tellement cette femme , qu'à la fin il lui
caufa une fièvre contimië, qui termina fes jours.
fur la génération de l'Homme. 541
La troiliénic Hiitoire eft alfez femblable a U EipHcà ion
j / , 1, «N 1, r , , ; de ia croi-
precedeiite, excepue qu en celie-la i enranc n a ece némc.
que vingt trois années dans la capacité du ventre
& que luivant l'antre il y a demeuré deux années
davantage j ici' la matrice parut dans fon entier ,
ce qui fait voir que l'enfant ne l'avoit pas crevée
pour s'échaper dans le ventre , comme quelques-
uns pourroienc croire, & principalement ceux qui
propofent l'opération Cefarienne j perfuadez que
l'on peut faire uneincidon au corps de la matrice
capable d'en tirer l'enfant fans tuer la mère , &c
que même elle peut guérir , prétendant qu'elle fe
peut réunir aufïi bien qu'aucune autre partie.Mais
c'cll une erreur populaire de croire qu'il y ait eu
des femmes à qui l'on a retiré l'enfant par le cô»
réjôc qui n'en foient pas mortes, je réfuterai cet-
te opinion dans un autre endroit. Je me contente
donc ici de dire , que puifqae la matrice n'étoic
point endommagée , il falloit que l'enfant eûté té
formé ailleurs que dans fa capacité: ce ne pouvoic
être que dans la trompe , où l'œuf s'étant arrêté ,
il y avoit germé & groflî ; & à neuf mois on en-
viron il avoir rompu fes membranes , & la trompe
qui lui fervoir de matrice , ayant demeuré dans le
vuide du ventre jufqu'à la mort de la mère : enfin
fî ce petit cadavre ne s'eft poLntcorrompu pendant
vingt-trois années qu'il y a fejourné , c'eft qu'il
n'avoic point été touché par l'air extérieur : &c
qu'il nageoit dans deux peintes d'eau qui lui fcr-
voient de faumure.
La quatrième hiftoirc arrivée à l'Hôtel - Dieu J^' j^^"°"
1 T-. • /- 1 r 1 1 / a:ladcrBie-
deParislurla hn de l'année iGç)6, ne nous per- re hirtoirc;
met pas de douter que l'enfant dont il eft parlé
n'ait été formé dans la trompe, la femme étant
morte peu de tems après que l'enfant eut crevé le
Y iij
342 "D'tjfertatîon
fac où il étoir contenu ; l'arriere-faîx qui s*etoîc
multiplié, fut trouvé par la recherche qu'on en fit,
attache a dilertns organes :, comme le m-^fentere,
Tepiploon , 6l la trompe^ de même qu'une plante,
qui cherchant à fe nourrir , jette des racines dans
toutes les parties qui environnent. Les accidcns
qui ac^ompagnuieni cette groirelle maïquoient
que i'enFant n'etoit poiiic dans la matrice où il
dcvoicetre: aufh la trouva-c-on extérieurement
& intérieurement dans fa dirpoluion naturelle :
tt a cette femme n'a pasfuivccu à fon enfant
comme les deux précédentes, on en doit attribuer
lacaule ou à la mifere qu'elle avoir foufferte au
commencement de fa grollelle, ox bien à la faute
qu'on nt fur la fin , de ne lui pas ouvrir le ventre,
pour en tirer l'enfant.
Ces quatre hiftoircs , qui font très-certaines , Sc
aufqueucs j^'en pourrois joindre plufieurs autres,
foni autant de preuves convainquantcs,qu'un en-
fant pcLtt être engendré hors de l'utérus & dans les
trompes : Il s'agit a prefent d'examiner comment
la iemence s'y peut arrêter , & ^ croître.
Ceux qui tiennent l'opinion du mélange des
deux femences , ne pouvant pas difconvenir des
faits :difent que la feruence de l'homme pouvant
entrer dans la trompe par fon oaverture,qui eft du
coté de la matrice , peut s'y être arrêtée; d'autant
plus que la femence de la femme venant à la ren-
contre , les deux femences peuvent fe mêler dans
la trompe comme elles feroienr dans le fond de la
matrice, & y former un enfant , fans qu'il foit be-
foin d'admettre le fecours des œuf?.
Ce fentiment eft oppofé a la mécanique des
trompes qui font étroites du coté de la matrice ,
& vont en s'elaigillanc à mefure qu'elles s'en
' fur la génération de l'Homme. 34^
éloignent , car (i la (emence entre pai le cocé
étroit: , elle ne peut plus s'arrêter dans un conduit
qui iuivanc la même direction a un pallagp beau-
coup plus large & plus ailéiaufîî prétendons-nous
que la femence le glilîe très Facilement parce
chemin jufqu'à l'ovaire , & qu'au contraire cette
même ftrud-ure de la trompe , qui permet à un
œuf, qui cil; pour l'ordinaire de la grolïeur d'un
petit pois, d'entrer dans la cavité par Ton ouver-
rurc la plus large , cft fu jette à s'arrêter quelque
fois eu chemin, parce que Ion guverture du cocé
de la matrice fe trouvera trop étroite pour le
laiifer tomber dans cet organe \ d'où je conclus
que les enfans qui ont été trouvez dans les trom-
pes , y font décendus du tefticule fous la forme
d'un œuf.
On a été fi long-tcms perfuadé que la genc- Rffijfgjjon
ration le failoit par le mélanfie de la femence '^" railbu-
du maie avec celle delà rcmelie , qu il ne faut ceux oui
■pas s étonner fi cette opinion trouve encore tant 'i^pncnr le
de défenfeurs. Ils objectent que s'il eft vrai que tcs'^jeuj"
la femence foit un compofé de corpufcules dcta- ^i^ineaccs.
chez de chaque partie , & capables de former un
corps femblable a celui dont ils font fortis ; &
que pour produire un maie il fe doive faire des
extraits de toutes les parties de l'homme , par
excmple,&; pour former une femelle il en faille de
toutes celles de la femme , l'homme ne pourroic
fournir toute la matière de la génération j com-
me le vouloient ceux de la première opinion ,
qu'il ne fe fit toujours des mâles j ni la femme
produire toute fa femence necellaire , com-
me le veulent les ovarilles j qu'il ne vint tou-
jours des femelles : C'eft pourquoi ils infèrent ,
qu'atin qu'il fe faile tantôt des mâles , & tantôt
Y iiij
344 Dîjfertatîon
des femelles , il faut que la femence que l'un ré-
pand domine aUernarivement fur celle que vetTe
l'autre ,& qu'elle aie plus de vigueur , foie par fa
quantité , foie par fa qualité.
L'expérience détruit tous ces rai fon ne mens ,
quand on conhdcre ce qui le palle dans une
poule 5 car il ell certain qu'elle fournit dans un
œuf tout ce qui eft neceilaire pour la produdiion
d'un poulet, & que toute la matrice de cet œuf eft
entièrement de la coule , néanmoins nous voyons
que de vingt œufs qu'elle couvera il naîtra pref-
<^ue autant de cocqs que de poule^ ; quoiqu'ils
aient tous un même piuicipe, & que le cocq de
même que l'homme n'y ait contribué de fa part
que quelque fubftance fpiritueulc propre à vivi-
fier ces œufs. La même chofe arrive dans iesDoif-
fons ; une carpe jette une infini'-é d'œufs fur Icf-
quelsle maie ré and fa femence , qui eft une li-
queur qu'il exprime de fa laitte, ponr les rendre
féconds : oC de ces œufs il en fort autant de mâles
que de femelles, quoiqu'ils ne foient tous remplis
que de particules détachées de la carpe.
Ils rapportent encore l'exemple des animaux
qui participent du maie & de la femelle qui les
ont entendrez , quoique l'un & l'autre foît de dif-
férente nature, comme le mulet qui vient par l'ac-
couplement de la jument & de l'àne ; & qui tient
de tons les deux : L'on répond à cette objed:ion
par un autre exemple ; Si ion met couver jdcs
œufs d'une poule qui aura et cochée par un cocq-
faifan , ce qui arrive tous les jours, les poulets qui
en viendront tiendront de la nature du fai(an, &
de la poule , & feront meilleur que les autres -,
néanmoins cette production ne fe fait point par
un mélange fubftantiel de ces deux femences.
fur la génération de l'Homme. 5 45
puîfquc la poule avoit auparavant tous les œufs
enveloppez chacun dans. fa membrane propre ,&
que ce cocq n'a pu que donner occafîon par la
fermentation de la femence dans le corps de la.
poule à quelque nouvel arrangement des partîes
du poulet , qui y éroit déjà tout forme , & alte«
rer le fuc qui l'v devoir nourrir encore quelque
tems. Car la poule ne pond poini aufïi-tor qu'elle
a été cochée , l'œuf couché de la femence du cocq
rcfte quelque ours à fe perfectionner , & à fe dé-
tacher pour forcir.
L'on objeitc de plus , qu'il ne fe peut pas faire ^p^f autre'
qu'une homm.e lorte d'un œuf fi .petit, puifque objcdion.
pour produire le moindre des oifeaux la nature fe
fert d'œufs beaucoup plus gros ,&que ceux d'une
poule par raport à un homme , font incompara-
blement plus gros que ceux dont on prétend que
les hommes font produits. Cet argument cft faci-
le à refoudre 5 c'eft que dans les œufs que font les
femelles qui couvent hors d'elle même , comme
les volatiles, il y a dequoi faire connoîcre l'ani-
mal pendant qu'il fêjoui ne au dedans , le blanc &C
le jaune lui fervant de différente nourriture félon
fon befoin, & fe confumant à mefure qu'il grofîit ;
& quand il efl: dé a fort , il fc tourmente , il caffe
fa coque avec fon bec , & il fort , pour chercher ^^es ani-
des alimcns ailleurs : mais les œufs des femelles ^^"^f'^ir*^'^
qui couvent dans leur matnce , comme celles des rcntdcccux
grands animaux terreftres, contiennent feulement dcsoiUaux.
en petit les particules propre à former un corps ,
& à commencer fon accroilïement , car aufH-rôt
qu'ils font dans la matrice ils en tirent la nour-
riture par des racines qu.ils y jettent , comme les
femcnces qui font d'ordinaire baucoup plus pe-
tites par rapport aux plantes qui en fortent , que
34^ DljfcrtatloH
ft'eft le corps humain à l'égard de l'œuf qui le
produit , tire de la terre par leurs racines le fuc qui
leur eft nectUairc.
Si l'on calle un œuf de poule ou de pigeon huit
ou dix jours après qu'il aura été couvé » Ton verra
le jaune attaché au nombril du poulet ou du pi-
geonneau , de la même manière que le cordon efl:
attaché à l'ombilic d'un enfant.Si l'on en caife un
autre qui aura été couvé quinze ou feize jourSjOa
trouvera le jaujie prefque tout confumé , &: l'on
fera convaincu que la nourriture du poulet pen-
dant qu'il eft dans la coquille , lui eft principale-
ment fournie par le jaune.
L'on fe tromperoit encore , fi l'on croyoît trou-
ver les œufs des animaux terreftres femblables par
dehors à ceux des oilcaux : les premieis ne font
proprement qu'une vefliculc ronde , qui renferme
une matière leminale ; & les autres , outre la pel-
licule qui contient le blanc & le jaune , ont une
fubilance un peu feche &. folide qui les environne
& qu'on appelle la coquille \ il falloit que les œufs
des animaux qui couvent en dehors en euilént
pour les défendre des injures externes : mais ceux
des animaux qui couvent intérieurement auroienc
été embralTez d'une couverture fi forte , qui les
auroit empêché de jetter des racines dans lamatri-
ce,par lefquelles fe devoir nourrir le fœtus : il fa-
loit donc qu'ils futlent à-pcu-prés femblables à ces
œufs lans coquille , que l'on appelle des œufs bar-
dez 5 & que des poules pondent quelquefois.
Je refondrai ici une difficulté que quelques-uns
font , en difant que les femmes ayant des œufs ;
dans lefquels eft enfermé tout ce qui peut produi-
re un enfantj les filles en ont auffi qui contiennent
une femence de pareille vertu ., & qu'ainfl une
fur UgénerMt'iqn de l'' Homme. 347
vierge poiuroic avoir des enfans , u quelques-uns P-wquoî
'de CCS œufs vcnoient a fe 4étacher , comme il ell nom pasïli
très- facile , & à comber dans la matrice , Je cou- icconaa.er-
viciio que les femmes & les fiiles ont également rhommene
des œufs j maib afin que ces œufs puiuent être peuvent dc-
conduits dans la matrice 5 il faut que la trompe les }^^^^ ^'^^^'
aille recevoir , ce qu^'elle ne fait que par Tadtion
d'unrellorr qui ne s'exerce que dans la copula-
tion : Et fi Ton objecte que la matrice d'une fille
échauftee par quelque attouchement peut donner
ce mouvement aux trompes , qui après avoir reçu
l'œufs le peuvent porter dans la matrice : Je ré-
ponds qu'en nn pareil cas, qui me lemble poiîî-
ble 5 cet œuf ne pourroit point produire un en-
fant , parce que n'ayant point été frapé de la fe-
mence du mâle , c'ell un œuf fubventanée , inca-
pable d'aucune produéHon j il eft pour lors fem-
blable aux œufs de ces pouletes , qui n'ont jamais
été cochées , que l'on apelle des œnifs clairs , &c
dans lefquels l'on ne trouve point de germe qui
puifie pouflcr. On a b^au les mettre couver fous
des pouleSjils ne produilent point de poulets,parce
qu'ils n'ont pas été rendus féconds par la lemen-
ce du coq 5 ainfi les filles , c]uoiqu'elles ayent des
œufsjne peuvent rien produire,que l'homme n'aie
porté la fécondité chez elles.
L'on demande h dans cette vefïicule ou dans cet r».,-i' r
c ' -1 • • i c ^uelœut
œur qui contient les principes du rœtus , avant rcnkrmc
que la femence même y arrive pour les féconder, ^Z^^^l^
Si dls-je les premiers lineamens du fœtus y font fi l'aniiTialqui
bien tracez en petit , que la feiiicnce du mâle ne ^"iq.'^'^
ferve pour rendre ces œufs féconds, qu'a faire croî-
tre & groirir ces parties, qui auparavant étoienr
inlenlibles. Les expériences que Mr Malpighi a
faites iur les œufs des LiLenouillcs 6c fur ceux des
54§ 7)lJfertatioft
poules 5 avatir qu'ils eulîenc écé rendus féconds ,
ne nous permettent pas de douter que le fœtus des
animaux ne foit renfermé en petit dans l'œuf qui
luifert de femence, avant même que la femence
du mâle l'ait touché , puis qu'avec un miciofcope
il y a obfervé la carine , laquelle n'eft autre chofe
que la tête avec tout l'affemblage des vertèbres
du petit animal ; de forte que puifque toutes ces
parties fe trouvent dans l'œuf, il n'y a point de
doute que les autres n'y foîent aufïi , mais elles
font Cl petites qu'elles échapent à nos yeux^ même
armez des meilleurs microfcopes.
Quand nous difons que l'œuf que contient
l'homme en petit eft cette veflicules qui fe trouve
dans l'ovaire,nous n'entendons pas que cette peti-
te figure remplifTe toute la vefficule , car elle n'en
occupe qu'une très-petite partie , & le refte eft
rempli d'une humeur qui paroît aux yeux, la-
quelle dans le commencement de la génération
fcrt à faire croître le fœtus , en traverfant fes po-
res , jufqu'à ce qu'étant defcendu dans la matrice
il en tire le fuc nourr'cier , comme on a dit : Et
quoique dans les premiers tems on n'apperçoive
dans la veflîcule qu'une liqueur claire, & qui fe
coagule au feu comme un blanc d'œuf, fans dé-
couvrir aucune chofe que quelques filamcns dé-
liez fous la forme d'un nuage , il ne s'enfuit pas
que le relief de l'animal n'y puilfe être aufïï , il y
a quantité de petits vers dans le vinaigre^quoiqu'il
n'y en paroille pas , (1 le microfcope ne nous les
y fait obferver. Quelquefois mêmes ils paroiiTcnt
à la vue . mais c'eft lors qu'il y en a beaucoup , &
qu'ils font fort gros. Enfin Ci nous avons de la
peine à comprendre comment il fe peut faire que
l'œuf d'une femme renferme un fœtus entier de
fur la génération de V Homme, 5 45r
bien organilé , nous devons faire réflexion fur les
chofes qui font dans la nature, donc nous ne dou-
tons pas y &c qui furpaffent pourtant notre imagi-
nation. N'avons-nous pas beaucoup de peine à
concevoir toutes les parties qui compofent un ci-
ron,cependant il eft certain que ce petit animal a
des yeux , puifque fi on lui prcfente quelque ob-
jet comme une épingle, il fe détourne de Ton che-
min. Mais il faut que ces yeux foient d'une pc-
titelle extrême, auflî-bien que les liqueurs qui y
font renfermées , qui doivent être encore bien
plus fubtiles.
Tout ce que nous venons de dire tend à démon- Xi-cis fcnti-
trer que le fœtus eft contenu dans l'œuf j mais ™*="* '^^"^ 1*
de fçavoir comment il s'eft formé dans cet œuf, l'œuf.
c'cll la grande difficulté. Il y a trois fentimens ho'^-r.-Àtt,
fur ce fu;et. Le premier eft de ceux qui avec
Swamraerdam croient que tous les œufs qui font
&c qui feront jamais étoient contenus dans l'ovaire
d'Eve,& que le premier que fit Eve , où étoit con-
tenue une femelle , renfermoit les œufs des mâles
ôc des femelles qui en dévoient fortir , & les œufs
que ces femelles dévoient avoir auÛTl féconds que
les premiers , de ainfi à l'infini.
Cette opinion,quoique difficile à comprendre ,
a caufe de la petitelle de nôtre efpric, la divifibili-
té de la matière à l'infini étant établie , ne doit pas
paroître fi ridicule qu'on pourroit s'imaginer d'a-
bord; mais comme elle ne fçauroit expliquer com-
ment fe font les monftres, puifqu'il n'y a pas d'ap-
parence que Dieu en ait voulu faire par une vo-
lonté pofitive;& que ce que Dieu auroit fait avoir
en formant tous les œufs dans le premier , il oc
l'auroit fait qu'en arrangeant & difpofant les par-
ties d'une certaine manière j ce qui fe peut faire
5;o Dîjfertatîon
encore aujourd'hui par les règles du mouvemenr, '
il ne iembic pas qu'il faille donner dans cette opi-
Lciccond. "^°" » ^"-^^ paroit allez embarralîante.
Le fécond fentiment efl: de ceux qui croyenc
U paiifpermie, c'eft-à-dire , que Dieu créa des
le commenccmenr du monde tous les œufs des
animaux (5l d:s plantes , & qu'il les répandit dans
Tair 6c dans la terre : ils veulent que ces œufs,
étant pris par la bouche a ec les aiimens , ou
avec l'air qu'on refpire , ils fe filtrent & pairenc
au trav .rs des pores qui fe trouvent propres a les
recevoir , & qu enfuite '.Is font rendus fcconàs pai* "
la lemcnce du mâle. Par la l'on peut voir que
quoique la femme puilîe avaller plulieurs œufs ,
il n'y a que ceux qui renferment de petits hom-'
mes qui ioient propres à s'infinuer dans fon ovai-
re , parce qu'ils font les feuls qui puiirent entrer
dans les moules de cctre partie. Cette opinion pa-'
roit d'autant plus vrai-femblable, qu'on remarque
que la tcirc efl: imbue de diverfes femences dâ^
plantes, que l'on ne peut pas foupçonner être ve-'
nues d'ailleurs; car fi l'on creufe allez kvant dans
la terre , èc qu'on prenne de cette terre pour l'ex-
pofer à l'air , elle produira des plantes fans qu'on
puilîe avoir raifon de croire que ces lemences
ayent été apportées de l'air , puifqu'elles ne croil-
fent pas a cinquante lieues à la ronde. C'eft une
expérience du Père Magnan. \
Lctroific- Nous pcnfons donc que le fœtus fe forme tous
mcaiio'^cl , . S , -- ^ , , rr
on s'airêtc, les jours dans les œ'urs , que les pores de ces velli-
cules font tellement proportionnez qu'ils laillenci
palier certaines parties qui ayant un certain mou--
vement peuvent , par leurs divers chocs , fe flé-
chir d'une telle manière jqu'elles iront précilemenc
fe placer en tels & tels endroits 3 où elles produi-
fur la génération de l'Homme. ^j i
ront un cœai- , un cerveau , ôcc. Il ieroic , je vous
l'avoue difticile d'expliquer toutes ces chofes dans
le détail : Mais li nous faifons reflexion à certains
effets de la nature ôc de l'art.qui ne font produits
que par les règles du mouvementjnous tomberons
dans ce fentiment avec moins de peine: Dans los
caves gOLitrieres & fur les rochers on remarque de
certaines figures qui reprefentenc tantôt un che-
val, tantôt un homme, un oifeau , une chaife avec
des ornemens, comme une chaire de Prédicateur,
des colomnes, des chapiteaux , &c. Cependant ce
îi'eft que l'eau qui en tombant fur ces rochers en
enlevé des parties, en relevé d'autres, qui produit
ces eftecs farprenans.
Ceux qui font des feux d'artifice fcavent Ci bien E^Pp»«ccs
■ a \ c c ^ , 1 qu/lefa'ro-
ajulter leurs ruless que venant , après qu on les a ulenc.
allumées , à fe rencontrer en de certains points ,
elles Ce lefiéchilîent d'une manière qui reprefcnte
tantôt un homme , tantôt un dragon volant. A
l'exemple de toutes ces chofes tant naturelles qu'-
artificielles , il y a lieu de croire que les colatoires
des vciîicules ont étédifpofez d'une manière à ne
lalifer palier que certaines particules,lefquclles aiâc
ditFerens degrez de mouvement doivent Ce réflé-
chir d'une certaine manière en avançant plus ou
moins, félon que les parties qu'elles auront à for-
mer devront être fituées. Ce fentiment paroic
d'autant plus vrai-femblable , qu'il fuppofe Ceulc-
ment que Dieu fait la même chofe aijjourd'hui ,
que ce que les autres Jifcnt qu'il fit au commen-
cement des fiecleSjCar il nous eft facile d'expliquer
dans cette hypothefe la génération des monftres;
Il n'y a qu'à concevoir que quelques parties de la
matière qui doit former les veflicules ayant trop
de mouvcmcns, ou fe reflêchilî'ant autrement qu'-
3 52 pijjèrtatlon
elles ne doivent faire , produiront des animaux
contre nature.
En voila fuffifamment pour Te lailfer convain-
cre.de la génération de Thomme par le moien d'un
œuf. Dans la première Edition de mon Anatomîc
je balançois fur laquelle des trois opinions je de-
vois me déterminer , parce que je voyois dans
toutes des raifons fort probables. Dans la féconde
j'inclinois beaucoup plus pour celle des œufs que
pour les deux autres; & enfin dans la troifîéme
Edition je me fuis entièrement déclaré en fa fa-
veur , parce que plus j'y ai refléchi , & plus je m'y
fuis confirmé , & tout ce que j'ay obicrvé m'a faic
voir qu'elle écoîc la véritable.
Ce n'efl: pas feulement l'homme avec les ani-
maux terreftres , les infedtes , les poiftons , 8c les-
volatiles qui font engendrez par le moyen des
œufs, mais encore les plantes, & tout ce qui eft
Qnetout compris dans l'Univers fous le nom d'être vivant;
vient d'un i'' • 1, Il j r
^y£ car les grames que i on peut appelier des œnts
renferment en petit les plantes dont elles ont été
détachées ; cela eft évident dans les pignons , fur
tout fi Ton leur ôre l'écorce ; car l'on y verra dif-
tinCtem.ent la racine du pin , fa tige , fes bran-
ches , &c. D*où nous conclurons qu'il ne fe fait
point de génération fans œufs , omnlaex ovo : ÔC
que l'on lie fçauroit trop admirer ici l'Auteur de
la Nature , qui par un moyen Ç\ uniforme produit
avec tant de confiilance tous ces êtres fi differens
qui font le princieal ornement du monde.
CINQUIE'ME
\*",
xrv
£^âl.
355
C I N Q U I E' M E
DEMONSTRATION
Des Parties de U Toitrîne^ O" princi-
palement du Cœur.
OUR faire l'éloge de la Poûrîne',
je n'aurois , Mefîieurs , qu'a vous
parler d'abord du coeur qu'elle ren-
ferme 5 &c vous dire que c'eft lui
qui le premier faic fendr au corps
la prefence de l'arae, que c'eft lui qui le vivifie &
le foûtient par le fang qu'il pcrfeélionne fans celFe,
& qu'il lui diftribuë pendant touc le cours delà vie,
& que c'eft lui qui ce ^ant de fe mouvoir fait pé-
rir la machine j ce qui a fait dire de lui fi jufte-
menc , qu'il étoit le premier vivant , & le dernier
mourant , mais comme ce feroit vous mener trop
loin,que de vouloirjfculement ébaucher une fi belle
matière , j'aime mieux me reftraindre à vous faire
voir dans cette Démonftration , & dans la fuivan-
te , toutes les parties de la poitrine avec le même
ordre & la même exaditude, que je vous ai fait
voir celles du bas-ventre dans les quatre derniè-
res Démonftrations.
La poitrine , ou thorax , eft toute cette cavité r)crcription
qui s'étend depuis les clavicules jufqu'au dia- nc/^^"""
phragmc i on l'appelle ventre moyen , non- feule-
2
3J4 De la Poitrine ,
menuàcaufede fa Ikuation quife trouve enrre
le ventre fuperieur ,qui cilla tète , Ôc l'inférieur
qui eft le bas-ventre ; mais encore par rapport à
fa graudeur , la poitrine étant une cavité plus
grande que celle de la tête , ôc plus petite que
celle du bas-ventre. Elle eft bornée en haut par
les clavicules , en bas par le diaphragme , par
devant du fternum , à côté par les cotes , & par
derrière des vertèbres du dos. La partie anté-
rieure fe nomme la poitrine ôc la pofterieure le
dos.
firandcur^ La figure delà poitrine eft prefque ovale , elle
doit être platte par derrière , & large Sc voûtée
par devant , car autrement elle eft défedueufe , '
& caufe beaucoup de grandes incomoditez.
Sa grandeur eft fort différente , mais générale-
ment parlant, elle doit être plus grande que
petite ; car lorsqu'elle eft étroite' & ferrée , le
cœur & les poumons n'ont pas la liberté de la
mouvoir.
Subftancc 5^ fubftancc eft en partie ofteufe , 6c en par-
dclapoun- . , .. . ^ , . . ' f
jig^ ne charnue ; ce qui peut bien avou- autant con-
tribué à lui faire donner le nom de ventre moyen
que fa grandeur & fa lîtuation ; puifqu'elle n'eft
pas toute ofleufe comme la tête , ni toute char-^
nue comme le ventre , mais compofée de Tun Se
de l'autre.
Sonufage. L'ufagje de la poitrine eft de renfermera: de dé-
fendre le cœur ôc les poumons.
Les parties qui compofent la poitrine fe divi-
fent comme celles du bas-veutre en contenan-
Divifion de ^^^ ^ g,-j contenues j il y a de deux fortes de
en^pani« contenantes , les unes font communes, ëc les
contenantes autres propres ; les] communes , font les tegu-
conccnuëf" ^^^^^^ : je ne les rapporterai point ici , les ayant
V. Demonflrmon Amtom, 35-5
fiifïîfamment expliqué en parlant du ventre in-
férieur 3 cy-delfus. Je ferai feulement remar-
quer ici deux particularitez , l'une que la peau
de la poitrine eft fouvent couverte de poils dans
quelques perfonnes , & qu'elle en eli; toujours
garnie dans tous fous les ailfelles L'autre cil que
la grailfe qui eft à la poitrine paroit toujours
plus jaune qu'ailleurs , & que (i elle eft en pe-
tite quantité , excepté aux • mamnielles , ce n'eft
pas parce qu'elle auroit empêché la refpiratioii
par fa pefameur , mais parce qu'y ayant peu de
chairs Ôc beaucoup d'os , cette grailfe n'y pou-
voir être de grande utilité , Texperience nous fai-
fant voir que le ventre inférieur n'eft fort gras ,
que parce qu'il eft tout charnu ; que la poitrine
l'eft médiocrement , parce qu'elle eft en partie
charnue , èc partie olfeufc ; & que ce qui fâic
que la tefte ne l'eft point du tout , c'cft parce qu'-
elle eft toute olfeufe.
Les parties contenantes propres font de quatre p'"'^, P-'^tifs
îortes , elles lont ou glanduleuics , comme ^es projTcs.
mammelles de l'un &: de l'autre fexe; cartibçineu-
les eu olîeufes, comme le fternum, les cotes , les
claviculesjes omoplates , 6c les vertèbres du dos j
ou charnues, comme les mufcles peéloraux^intcr-
cpftaux,&: autres j ou enfin membraneuies , com-
me la plèvre &: le mediaftin.
Les parties contenues dans la poitrine ^ont Pc'^^l'S^îls
les vifceres & les vaiircaux i les vifceres font h poi-.nuc.
le cœur avec fon péricarde, & les poumons avec
une partie de la trachée artère & de l'œfopha-
ge ; les vailfeaux font plulîeurs nerfs , la grolTc
artère , la véne cave , & le canal thorachique.
Nous démontrerons toutes ces parties chacunes
dans leur ordre , après vous avoir fait voir les
Z ij
35^ -ï^^-f J^^rtles de la Poitrine ,
parties contenantes propres , en commençant par
les mammelles.
Les hommes ont des mammelles auffi bien que
Dcimam- ^^s femmes , mais elles font bien différentes , ceU
melles des les des hommes e'tant plus petites & plus platces ,
cmiTiCS. ^ n^ayant prefque point de glandes , mais beau-
coup de grailTe ; ce qui les rend plus grofTes &
plus élevées, quand l'homme eft gras : on ne leur
donne qu'un feul ufage , & qui eft de défendre le
cœur. Toutes ces circonftances les diftingucnn
beaucoup de celles des femmes, qui font celles que
nous allons examiner comme les plus parfaites &
les plus necelTaires.
B Les mammelles bien proportionnées font un des
mcUc™^d^s pi-'i"cipaux ornemens des femmes , particulière-
fcmmcj. ment lorfqu'elles font accompagnées d'une gor-
ge bien taillée, & recouvertes d'une peau fine ;
11 fautaufîi qu'elles foient blanches , rondes , &
médiocrement feparécsdans leur milieu ; qu'elles
ayent un mammellon vermeil & point trop gros ;
qu'elles ne foient point placées ni trop haut , ni
trop proche des ailldes, & enfin qu'elles ne foient
ni trop grofTes > ni pendantes ; voila les conditions
qu'elles doivent avoir pour être belles , & pour
être propres à donner de l'amour;mais ce ne font
pas les meilleures ni les plus capables de contenir
le lait.
Chaque perfonne a deux mammelles , il eft rare
rmneï"lont *^'^" trouver qui en aient trois ou quatre qui rcn-
dcux pour dent toutes du lait. Il y a beaucoup de perfonnes
ordinaire. ^\ croyent que la nature n'a donné deux mam-
melles à la femme qu'a caufe des gémeaux qu'elle
a affez ordinairement à la fois. D'autres préten-
dent que c'eft afin que fi l'une eft ofFenléc, l'autre
puilTc fuppléer à fon défaut ; pour moi je crois
V. Vêmoyijlratton Afiatom. 3^7
que c'eft parce que le lak d'une feule ne pourrofc
fufFire pour nourrir un enfant, puifque l'expérien-
ce nous fait voir qu'après qu'un enfant a vuidc
une mammelle , il va aufîi-rôt à l'autre , & ainfî
nous concluons que les femmes ont deux mammel-
îes , parce qu'elles font toutes deux ordinairement
necelfaircs pour donner tout autant de lait qu'il en
faut pour la nourriture de l'enfant.
Les raammelles font lunées au melieu de la Situation
poitiine , l'une à droite , & l'autre à gauche ' di- ^"Try^"**
rcc^tement fur les mufcles pe6loraux. On pre'tend
que dans cette fituation la Nature a eu égard à
la bonne grâce ; je ne veux pas conrefter ce fenti-
ment : mais comme elle les a plutôt formées pour
donner du lait que pour infpirer de l'amour , je
crois que fon defTein , en les plaçant ainli , a été
afin que la mère en donnant à tetter à fon enfant '
pût le voir & le contempler plus commodément
q^ue (i elles avoîent été placées au ventre , comme
celles des autres animaux.
La figure des belles mammelles eft ronde, ^Figcredcj
reprefente un demi globe , mais les bonnes au j^s."^ ''
contraire font avancées en dehors, & reflTemblent
à une poire , ce qui fait qu'elles ont de la peine
à fe foûtenir , principalement quand elles font
pleines de lait.
On ne peut pas bien déterminer leur grandeur. Grandeur
elle eft différente fuivant le pais : les Indiennes mellcs!'"'
& les Sîamoifes , par exemple , les ont fi longues
qu'elles peuvent les jettcr par delTus leurs épaules;
elles différent encore fuivant les fujets , y ayant
des femmes qui les ont naturellement petites ,
& d'autres grofles ; ce font ces dernières qui font
meilleures nourrices , pourvii qu'elles ne les ayent
pas trop charnues. Leur grofTeur dépend aufli des
Z iij
3 5 s Des Parties de la Poitrine ,
difterens âges, car les- jeunes filles n'en ont point
du tout y il ne leur paroît même que le mammel-
lon ; maïs elles leur croillent infenliblement , de
manière qu'à l'âge de quatorze ans elles ont la
figure d'un demi globe , elles font alors dures
& fermes , elles groffillènt à mefure qu'elles
avancent en âge : biles fe flétriirent aux fem-
mes qui aprochent de cinquante ans ; & plus
une femme vieillit , plus elle les a molles & fiaf.
ques , n'y reliant plus à la fin que des peaux. Il y
a encore des tems où elles font plus grolFes que
dans d'autres , car elles augmentent dans la grof-
felle à proportion que la femme aproche de fon
terme; & quand elle efl: nourricCjelles s'enflent en-
core davantage.
Dindon de Pour bien examiner le raammellon , il y faut
la roamclle. confiderer deux parties,le mammellon,& la mam-
melle mêine.
Le mammellon eft" une petite éminence que
C l'on voit au milieu de la mammelle j c'cfl: l'en-
Kidloln*'^" ^^^^^ o^ aboutiflent les cxrrêmirez des nerfs qui
viennent aux mammelles. Il eft d'une fubftance
fongueufe& fpongieufe , alfez femblable à celle
du gland de la verge i d'où vient qu'il peut fe flé-
trir ou fe relever en le fucçant , où en le maniant.
Il eft d'un fentiment vif, afin que l'enfant y caufe
en le fucçant un doux chatouillement , &: que la
femme y relFentant une efpece de plaifîr , Ce porte
volontiers à donner à tetter à fon enfant auiîi fou-
vent qu'il en a de befoin.
II eft rouge & petit aux vierges , livide &
gros aux nourrices , & à celles qui ne font plus
d'enfans. Il eft percé de plufieurs petits trous ,
qui font les extrêmitez des tuyaux qui viennent
des finus des mammelles j ces petits trous font
. • KBêmonflrdtion Anat, '^^^
faits pour laidèi" fortir le lait qui doit feivir de
noiirLituueà l'enfant ; celles qui ont ces trous plus
ouverts, & en plus grande quantité palTent pour
meilleures nourrices , parce qu'elles peuvent fa-
cilement faire rayer leur lait , 3c que l'enfant a
moins de peine à le tirer en fuçant le mani-
mellon.
Qiiant an choix d'une nourrice, l'on préfère cel- i^ mam-
le qui a le plus petit mammellon , parce qu'étant mellondoic
gios il remplit trop la bouche de l'enfant , &
l'empêche de bien tetter , & non pas comme veu-
lent quelques-uns , parce qu'il agrandit trop la
bouche de l'enfant , il èd environné d'un cercle
que l'on apelle auréole , qui eft pâle aux pucelles ,
oblcur aux fernmes crrofles & aux nourrices, 6c
noir aux vieilles. Enfin le mammellon fcrt de ca-
nal au lait , pour être porté commodément de la
mammelle dans la bouche de l'enfanr.
La mammelle eft compofée de beaucoup de d
îTraifle , ôc d'une très grande quantité de glandes ^^ "^f"^"
o ' o i o melle ell un
d'inégale grolîeur , & de figure ovale , circulaire- corps glan-
ment arrangées autour d'une cavité qui eft dans le dulcux.
milieu de la mammelle, & qui eft le refervoir du
lait : Ces glandes ont des nerfs , des artères , des
vénes , & un conduit excrétoire.
L'adion de ces glandes eft de féparcr les par-
tics laiteufes de la maflc du fang , & de les verfer gf;^i°J ^H
par le conduit excrétoire que chacune de ces U mam-
glandes a dans cette cavité,où le lait féjourne juf- '""^^'^*
qu'à ce que par le fuccement de l'enfant il foit
obligé de fortir par plusieurs petits tuyaux qui
aboutiirent au mammellon.
Les nerfs des mammelles viennent d -3 verte- ^^Jmmcîlcf
bres , & principalement de la cinquième paire ,
après , qu'ils fe font difpcrfcz par toute la fubftan-
Z iiij
3 (î o Des Parties de la Poitrine,
ce des mammellcs:lls (e terminent au mammellon.
qu'ils rendent d'un ientiment très- exquis.
Artères de Les mammciles ont deux fortes d'artères , d'ex-
la mam- . „, i,- . ,
mcûe. teneures & a intérieures , parce que les unes ar-
rofent la partie extérieure des mammelies, & les
autres l'intérieure j les premières (ont les thora-
chiquesfuperieures, qui vieRneiat des axillairesi
& les autres font les mammaires qui viennent des
fouclaviercs , & qui donnent un rameau à cha-
cune de CCS glandes ovales qui forment la mam-
melle.
Véncs de la 11 fort de ces mêmes glandes plufieurs rameaux
mamnjdie. ^^ yénes qui forment les vénes mammaires , lef-
quellcs vont fe rendre aux fouclavieres : Il en fort
auiîi plufieurs de la partie extérieure de la mam-
melle ; qui font les troncs des vénes thorachi-
ques fuperieures qui vout aux axillaires , les artè-
res externes apportent le fangpourla nourriture,
& les internes celui qui va à toutes les glandes où
elles aboutilïent. Ce fangpaffe enfuite dans les vé-
nes qui leraportent 5 fçavQir les mammaires aux
fouclavieres, & les ihorachiqucs fuperieures aux
axillaires.
Vous voyez bien que le mouvement circulaire
du fang fe fait parfaitement bien par deux artères
qui apportent le fang j èc par deux vénes qui le
reportent de chaque mammellç,fans le fecours
de ces prétendues Anaftomofcs des mammaires
avec les epigaftriques , qui ne font que dans l'idée
de ceux qui les ont imaginées,
dei Auteurs L'opinion commune étoit que les mammelies
fur la gène- fervoicnt à la génération du lait pour la nourritu-
raaon du j.^ j^ l'enfant , après qu'il étoit né , afin que l'en-
fant qui s' étoit nourri de fang dans la matri-
ce , fe nourrît enfuite de lait > qui n'étoit , fe-
V. *T>emo}iflratlon Anat. ^Ci
Ion eux, qu'un fang blanchi. L'on vouloir, fui-
vant cette opinion , que le fang le convertît en
lait par une vertu particulière & concodlrice des
glandes des mammelles , & que ces glandes lui
communiquafl'ent leur blancheur par une faculté
aiîîmilatricc.
Pour peu que l'on foit éclairé dans l'Anatomîe, Certc opî-
on ne peut pas convenir de cette tranfinutation de ^^iop cft re-
fang en lait \ elle eft détruite par l'expérience ^^^^*
journalière , qui nous fait voir que quand une
nourrice a mangé ,1e lait eft aufli-tôt porté aux
mammelles 5 ce qui ne fe pourroit faire qu'après
un tems confiderable , fî cette tranfmutation avoic
lieu \ car il faudroit que l'aliment fut fait chile
dans l'eftomac ; que ce chile fût perfedionné &
féparé dans les inteftins^ qu'il devint fang dans le
cœur, & qu'il fut converti en lait dans les mam.-
melles. D'ailleurs il faudroit que le fang fejour-
nât dans les mammellesjor il eft certain que fî une
nourrice donne à tetter à Ton enfant , dés le mo-
ment qu'elle fent fes mammelles s'emplir , il en
fucce un lait fort blanc & bien conditionné, quoi
qu'il n'y ait pasTepurné^^ ce qui fait encore con-
tre ces prétendues coctions , c'eft que le lait de
plufieurs animaux a l'odeur des alimens qu'ils ont
ont mangé les derniers.
D'autres ont crû mieux rcncontrer,s'imaginanc
que le lait étoit véritablement du chile, & qu'il que je^cfjj™
falloit qu'il y eût quelque conduit qui le portât ^"'^''^ ^"^
de (es refervoirs droit aux mammelles , pour pou- [^^™"^^
voir y aller aufïï promptement qu'il y va après la
digeftion. Les raifons que je viens de vous dire ,
avec les obfervations qu'ils faifoient , fembloienc
les fortifier dans cette opinion ; il ne falloit ,
pour achever de les convaincre , que trouver ce
Cc(ï le
coeur qui
3^1 Des Parties de la Poitrine,
conduit qu'ils ont cherché long tems fort înutî-
lementj Je l'ai cherché aufïî fans avoir eu un plus
heureux fucccs qu'eux : j'ai ouvert des chiennes
dans le tems qu'elles nourrifloient leurs petits , &
des femmes même peu de tems après leur accou-
chement j fans avoir jamais pu découvrir cette
route , quoique leurs mammelles fufïent encore
toutes pleines de lait.
Tous les foins que j'ai pris pour trouver ce
pcrfcdl'ion conduit , m'ont convaincu qu'il n'y en avoit
Bciclau. point ; & les reflexions qiic j'ai faites dans la fuite
m'ont perfuadé qu'il n'y en devoit point avoir ;
car fi le chile eût été porté des refervoirs droits
dans les mammelles , ce n'auroit été qu'un lait fe-
rcux & imparfait par le mélange de la falive , de
l'acide , de la bile , du fuc pancréatique , & de la
limphe qui y auroient été portez avec lui j mais il
étoit à propos que le chile allât au cœur, afin d'y
recevoir les premières imprelTions de la chaleur ,
en pafl'ant par (qs ventricules \ ôc qu'étant mêlé a-
vec le fang,toutes les liqueurs qu'il avoir amenées
avec lui , en fullcnt fcparées ; & qu'il fût cnfuite
porté par les artères mammaires aux mammelles >
voici comment le lait fe fait.
Gomment Le chile avant été porté par le canal thoiachi-
Ic laitcft j 1 r 1 • 11» -n • 1
fait. ^uc dans la louclaviere , proche 1 axillaire , couie
dans la véne cave , d'où il e(l verfé dans le ven-
tricule droit du cœur, où étant mélangé avec le
fang, il palTe av°c lui dans la grolTe artère qui en
fait unediftribution dans touces les autres artères
du corps. Et de même que le plus fereux efl: porté
par les artères émulgentes aux reins , ce qu'il y a
de plus laétée va aux mammelles par les artères
mammaires qui le conduifent & le diftribuenc
par plufieurs petites branches à toutes les glan-
V. Dêmonflratlon Anat. ^6^
des des mammelles , qui le filtrent de même aue
les corps papillaires qui font dans les reins fil-
trent l'urine. Toutes les particules la6tées étant
ainfi reiinics enfemble font le corps du lait , qui
ell enluire verfé par les conduits de ces glandes
dans le relervoir où il féjourne , comme je vous
l'ai déjà dit aux pages i8i. i8z & les fuivantes
jufqu'à ce que par le fuccement de l'enfant il for-
te par de petits canaux qui viennent de ce refer-
voir au mammellon.
En l'année 1684. la Cour palTant par Cambrai Srae^^'*
j'y vifitai Monfieur Bourdon, célèbre Médecin , cccre opi-
qui a écrie ic fait graver des planches d'Anato- "^°""
mie fort grandes & fort belles. Il me dit qu'il y
avoità Valenciennes une fille qui jettoit par une
de [çs cuiifes beaucoup de lait , que ce fait étant
particulier il me confeilloit de la voir. Le lende-
main y étant arrivé je fçùs que c'étoit Monfieur
Bien, le plus ancien des Médecins de la Ville , qui
voyoit &: qui traiuoit cette fille. A ma prière
il la fit venir chez lui , accompagnée de fa mère :
Je l'examinai & trouvai qu'elle avoir la cuilTe ,
par où fortoit ce lait , un peu plus groife que l'au-
tre , qu'elle en jettoit environ une pinte chaque
iour , qu'il avoit commencé à en fortir dès l'àse
de huit ans, ce qui avoïc toujours continue , quoi-
que fes ordinaires lui eulFent pris au terme accou-
tumé ; qu'à chaque porofité par où il fortoit , il
y avoit une petite dureté femblable à une glan-
de gonflée , & que ce lait n'étoit point différent
de celui des mammelles j J'en vis fortir environ
undem-i feptier,quc j'emportai pour l'examiner
avec plus de loifir. Ce fait prouve que le lait eft
un chile épais, qu'il circule avec le fang , qui en
efl féparé par les mammelles : & qu'il peut s'é-
3 (3 4 ^^-f parties de la Poitrine ,
chaper par les autres parties du corps , lorfqu'il
en trouve les porofîrez trop dilatées pour le pou-
voir retenir, telles qu'étoient celles des glandules
de la cuilïe de cette fille.
Dififîon du Le lait eft une fubftance moyenne entre le
^*'^' ^^"o ^ ^^ ^^ ^^ > n'étant pas fi épais que le Tang ,
ni il fereux que le chile : Il n'eft pas fait de Tang,
comme plufieurs Anciens l'ont cru , mais plutôt
de chile qui circule quelque tems avec le fang ,
fans y être incontinent mêlé. Il eft compofé de
trois parties, de butireufes , de cafeuTes, & de
. . fcreufes.
qucuis Les butîreufes font la crème , & ce qu'il y a
conipolcnc d'on6tueux qui s'tlcve au dellus du lait, les cafeu-
fcs font les plus groflîercs , ce font celles qui fe
coagulent, & dont on fait les fromages ; &: les fe-
reuics font proprement la limphe , & ce qu'il y a
de plus liquide , que nous appelions le lait cla r :
Toutes ces différentes fubftances font propres à
nourrir les différentes parties du corps.
Autrcîufa- Les ufages que l'on donne aux mammelles ne
n^amracl- ^°"^ P^^ feulement de filtrer le lait , mais encore
ics. de défendre le cœur , &c de fervir d'ornement aux
femmes.
Réponfc à Avant que de parler des parties mufculeufes de
Delboc^^"* la poitrine, il nous faut repondre à une objedioii
que forme un grand homme , c'eft Sylvius
Delboé i qui prétend que le fang qui fort quelque-
fois des mammelles dans des maladies , eft une
preuve inconteftable , qui fait voir que le lait ne
- s'engendre pas du chile ; mais du fang. Mais af-
furément cet habile Médecin fe trompe, parce
qu'il ne fort jamais de fang des mammelles , qu'il
n'y ait des vaifteaux ouverts ; ce qui eft peut-être
occaiionnéjOU parce que l'enfant aura trop fuccé ,
V. Démonfiration Anatom. ^6^
ou par quelque coup jOU par quelqu'autrc caule
qui Te fait toujours connoître.
On dit ordinairement que les enfans prennent
1 j 1 . o .-i • • Erreur po*
les mœurs de leurs nourrices ,& qu ils partiel- p^i^ij-c/
pent à toutes leurs bonnes de mauvaifes inclina-
tions. C'eft pourtant à quoi l'on ne doit pas tou-
jours ajouter foi , puifqu'il eft certain que les en-
fans que l'on nourrit de lait de vache , ou de chè-
vre, n'ont pas pour cela les inclinations brutales
de ces animaux.
Je vous ferai encore remarquer en pafî'anr, que Que les
les nourrices qui donnent trop fouvent à têter à "°""'^^s
leurs enrans , ront tres-mal ; elles ont coutume de de donner
dire que c'eft un bon fîmie, quand les enfans re- fropatcttct
jettent , parce que , lelon elles , c elt une marque fans,
qu'ils profitent ; mais au contraire , cette abon-
dance de lait les rend quelquefois Ci gras , qu'il
leur furvient une petite fièvre continue" , qui foa-
vent les fait mourir j C'eft ce que j'ai vu alTez de
fois dans des petits enfans qui étoicnt morts de trop
de grailîe.Lorfque j'en faifois l'ouverture pour re-
chercher la caufe de leur mort, je trou vois par tout
de la graifTe, en fi grande quantité , que je ne fça-
vûis prefque où mettre mon fcalpel.
Cette petite obfervation doit fervir à corriger „55""
labuSjOU l'erreur des nourrices, qui ne manquent A;rle lait
pas de fe réjoiiir quand elles voyent leurs enfans ?"^ Vï!^*
rejetter, ayant fans celfe ce proverbe à la bouche, tenc.
que les enfans qui vomiirent profienr. Mais pour-
quoi,je vous prie ,ces enfans vomiflent-ils ; n'eft-
ce pas parce qu'ils regorgent de lait ; A-t-on rai-
fon de dire que ce foit un bon figne de voir vomiu
un enfant plufieurs fois le jour.N'eft-ce pas plutôt
une marque que ce lait eft à charge àl'eftomac,
puifqu'à tous momens ils le reyornillcnr.
^66 Des Parties de la Poitrine,
Partiesmuf- Les parties qui fuivent font les mufculeufes ,
la poirrinc. ^^^ nous avons mues au nombre des contenan-
tes propies de la poitrine ; mais comme elles ne
font paî toutes pour fon ufage , qu'il y en a
qui fervent à faire les mouvemens des bras ^ Se
de l'omoplate , je ne vous les ferai voir que lorf-
quc je vous ferai la Démonftration des mufcles en
gênerai.
Parties of- Auiïi-tôcque les mufcles font levez , on void
Ici ics de la 1 ^ . ,r r o «1 • r - r i
pouiine- '^s parties oileuies & cartilagmeuies , qui (ont le
fternum , &: les cotes que l'on met au rang des
parties contenantes propres : je ne vous en par-
lerai point ici, vous les ayant fuffifaminent fait
E connoître, lorlque je vous ai fait la Demonftra-
Le ftcrnum jion du fquelete. Te vous montrerai feulement la
toiK-a-fait . f - . 1. 11 . .
fcpaïc ciu manière donc on Uit 1 ouverture de la poitrine. .
corps. D'abord l'on coupe avec un fcalpe' tous les car-
tilages qui joignent les extrémirez des côtes avec
le flernumion fépare les bouts des clavicules qui
s'unifTent au premier os du flernum,& enfuice on
levé tout ce qui a été coupé entre les deux inci-
fîons^les uns lèvent le fternum en haut, les autres
en bas , Z-c moi je croi qu'il vaut mieux le feparer
tout-à-faic du fujet, parce que tenant ou en haut
ou en bas il incommode autant dans les prépara-
tionSjque dans les démonftrations.
Panu's La quatrième forte des parties contenantes pro-
r.euftidc ia prcs font les membraneufes , au nombre defquel-
ffciumc. les nous avons mis la plèvre & le mediaftin ,• ce
font ces membranes que l'on découvre loifque le
fternum eftlevémous les allons examiner.
La plèvre , eft une membrane dure & épaiflTe
,^ ^,, qui reveft toute la capacité delà poitriijc ; elle
■ eft appellée par quelques-uns foucoftale , parce
qu'elle eft tendue fous les coftçs i elle contient
V. Vemonfiratlon Anatomlque. y6y
ôc renferme touccs les parties qui font dans la
poitrine , de .même que le péritoine contient
toutes celles de l'abdomen , & la dure-mere le
cerveau.
Il y a des Anatomiftes tres-celcbres qui ont Scntimcns
écrit , que de même que les parties externes du diffcrcnsfur
r A' 1 • n. > l'origine de
corps (ont couvertes d une membrane qui elt la [^ plcvtc.
peau ; de même aufll les parties internes font
revêtues d'une membrane qui reçoit difFerens
noms fuivant les differens endroits qu'elles revêt.
On la nomme méninge à la tête , péritoine au
ventre inférieur , ôc plèvre à la poitrine : Ces
Auteui'5 ne s'acordent pas entr'eux fur l'origine
de cette membrane ; les uns veulent qu'elle com-
mence à la tête , qu'elle fe continue à la poitrine,
&c qu'elle finiffe au ventre inférieur ; & d'autres
prétendent qu'elle prend fon origine au bas ven-
tre , & qu'elle continue jufqu'à la tête. Il fe-
roit très-difficile , pour ne pas dire impoffible ,
de faire voir cette continuité , puifqus les mem-
branes qui tapilTent intérieurement ces trois ven-
tres , font tellement féparces , que l'on ne peut
pas foûtenir qu'elles prennent leur origine l'une
de l'autre ; ce qu'on peut dire de certain , c'eft
que ce font trois membranes différentes qui
trouvent leur principe dans le germe comme les
autres parties.
La figure & la grandeur de la plèvre repondent Figure ,
à celles de la poitrine. Sa fubftance eft fembla- Pua*^^'^'^ ^
Die a celle du peritome , c elt-a-dire mcmbraneule de la pknc
<k capable de dilatation : fa partie interne eft
unie & polie pour ne pas blelFer les parties con-
tinues ; & l'externe eft rude ôc inégale , afin de
fe mieux attacher au periofte des côtes , & aux
autres parties qu'elle touche : elle eft double ,
368 Des parties de la Poîtrîng ,
ce n'eft pas feulement entre la plèvre & les muf-
cles que le fang extravafé fait la pieurefîc , mais
fort fouvent entre les deux tuniques de cette
membrane , à caufe de la quantité d'artères ,
de vénes , &: de nerfs qui y rampent ; ce qui fait
pour lors que la fièvre , & les douleurs en font
plus aiguës.
Attacha & £][g ç(^ ^Qj-f adhérente aux vertèbres du dos ,
trous de ja , ,, ^ . . ^ >
plèvre., OU elle prend Ion origme ; elle s attache au pé-
riode des côtes , & aux mufcles intercoftaux in-
ternes , &c vient s'inlerer à la partie antérieure «Sc
interne du fternum : Elle a pluiîeurs trous donc
les uns font fuperieurs , par où palfent la grolTe
artere,(a véne cave l'œlophage , la trachée - artè-
re, Se les nerfs de la huitième conjugaifon : Et les
autres inf.;rieurs , qu^alirent palfer la véne cave
& l'œfophage.
La plèvre reçoit pluiîeurs nerfs des vertèbres
àz la plé- ^^ "°s & de la huitième paire \ ce qui rend les
vre. playes de cette partie dangereufes & douloureufes:
elle a des artères de l'intercoftale , & de la grofife
artère j fes vénes vont à la véne intcrcoftale fupe-
neure,& à l'azigos.
^r, , Les ufages de la plèvre font en premier lieu de
la plèvre. tapilTer intérieurement le thorax ; fccondemenc ,
de contenir & renfermer les poumons \ & enfin
de divifer la poitrine en deux cavitez , en for-
mant uiie membrane mitoyenne que l'on nomme
_ mcHiaftin.
Le mcdia- Le mediaftin eft une membrane double , qui
^''•' fépare la poitrine en deux parties : Il eft fait de la
plèvre redoublée , qui du corps des vertèbres du
dos , vient s'attacher à la partie interne & moyen-
ne du fternum.
On trouve aumedi^ftin un peu de grailTe qui en-
vironne
y.TyémonflrMiûn AnatomlqPie, ^6'^
viroiine fcs vaiireaux , qui font de quatre fortes. ^ ScîvaiD.
Ses neifs font des rameaux que lui jettent les nerfs
llomachiques ; fes artères lui viennent des artères
mammaires ', fes vénes vont aux vcnes mammai-
res 6c à l'azigosjil a outre cela une véne particu-
lière, apellée mediaftine , qui va à la véne cave,
on la trouve quelquefois double : enfin il a des
vailleaux limphatiques qui vont au canal thora-
chique. , O
Les Anciens croyent qu'il y avoit une cavité Eneur des
entre le replis delà plèvre , qui fait le mediaftin , Anciens fut
ôc qu'elle fervoit à l'écho de la voix , mais il n'y a la pSvrc.
point de cavité naturellement ; en levant le fter-
num on déchire le,mediafl;in , le replis de la plèvre
s'écartCjC'eft ce quî fait qu'on apperçoic une efpe-
ce de cavité , & CjUoi<:^u'il s'amaile quelquefois du
pus dans le mediartin^ce n'eft pas une preuve qu'ib
y ait une cavité , mais cela prouve feulement que
l'abfcés a fcparé les membranes.
Les ufafics du mediaftin (ont de fé parer la poi- ^,?'^'''*
,^ . • r c • r n. medialtm.
trnie en deux cavitez^ ce qui le tait ii exactement,
que les humeurs épanchées dans l'une , comme
du fang ou de l'eau , ne peuvent palier dans l'au-
tre ; de fui pendre le péricarde avec le cœur , qui
lui eft attaché pour empêcher qu'il ne fe heurte,
& pour lui aider à faire fes mouvemens en toute
liberté, & de foùtenir les vailleaux ÔC le diaphrag-
me dans l'homme , de crainte que les vifceres qui
y font attache/: , comme le ventricule 8c le foye ,
ne le tirent trop en bas.C'elt pourquoi il tient par
en haut aux clavicules , de par en bas au diaphra-
giiie dans fon uiilicu.
11 fe trouve allez ordinairement dans le fond VfiZ^i
des cavitezde la poitrine une humeur qui rellcm- ^cde l'çai
blc a de l'eau fanglante j cette lerofité , félon
A a
3 7^ Des parties de la Toitrme ,
quicftJ^ns quelques-uns j n'y eft pas inutilement : car eiîe
a poi n c. 1^^.^ ^ difenr-'ils , à hnmecler les parties du thorax
qui (ont dans un mouvement perpétuel , & qui
fans ce petit rafraîchilï'ement ne manqueroient pas
de s'échauffer. Mais nous en parlerons,
H Le péricarde eft une membrane épailïe qui ren-
Le ycricar- fj-j-j^^g j^ cœur dans fa caviré ; c'eft l'envelopc du
cœur , parce qu'elle l'environne de toutes parts ,
elle a la même figure que luijCar d'une bafe large,
&^gi-n-"^^ elle fe termine en pointe ; elle a auffi fa grandeur
ôcur. à peu prés,n'éEant éloignée de lui qu'autant qu'il'
cft neceflTaîre pour ne le pas incommoder dans Tes
mouvemens.
Subflar^cc s^ fubftance eft plus dure que celle de la plé-
de. vrejelle clt compolec de deux tuniques , dont
l'intérieure eft une production du mediaftin , èc
l'extérieure eft la membrane propre du pericaiie,
que l'on veut n'être qu'une continuité àes mem-
branes des quatre gros vaiftcaux qui font à la baf»
du cœur.
& yaîfp'aux ^^ ^^ attaché cîrculairement au mediaftin par
du tcncai- pludeurs libres : à l'épine du dos par fa bafe, &
par la pointe au centre nerveux du diaphragme.
Il eft percé en cinq endroits pour donner pallage
aux vaifleaux qui entrent & qui fortent du cœur
il a fa fiipeificic externe fibrcuic (Sr dure, & l'in-
terne clillanre , Tune & l'autre font fans graifle.
U a de fort petits nerfs qui viennent du récurrent
gauche , & des rameaux de la huitième paire. Ses
aiteres font ii petites qu'on a de la peine à les
voir , elles viennent des artères phreniques : Il a
, une véne particulière; que l'on nomme capfulaire,
laqiJtUe raporte le fang aux axillaires. Il y a aulK
quelques limphatiques qui vont fe rendre dans le
canal thorachiqae.
V. T)emonJTratîon Anatomîque, ^j i
Le pencarde n'a point d'autre uiage que de fer- Ufage cet»
vir d'enveloppe aa cœur ; 6c lorlqu'ou prétend ^?*" i^** P**
que cette partie contient une liqueur qui humette
le cœur,& qui aide à les mouvemens, on avance
une chofe quin'cft allurément pas vraiejpuifqu'oa
n'en trouve jamais dans les animaux vivans , ni
dans tous ceux qui jouilTent d'une pleine fanté.
Mais lorfqu'on fait l'ouverture de ceux qui meu-
rent de longues maladies , ou )>\Qn lorlqu'on ou-
vre des hommes qui ont été pendus , ou àcs ani«
maux qui ont été étranglez , il efi: confiant qu'on
trouve toujours de l'eau dans le péricarde , la-
quelle eftplus ou moins abondante, fuivanc les
diftcrentes maladies,& le genre de more des per-
fonnes ; cardans tous ceux qui meurent den^ala-
dies long;ues , où les vifceres font ordinairement
pleins d'obftrudions , l'on trouve qu Iquefois le-
péricarde tout plein d'eau : Mais fi la maladie a
été prompte , il y en a toujours tres-peu dans le
péricarde.
Enfin on n*ouvre point de cadavres qu'on n'en ^[^ ['^^
trouvrc toujours quelque peu i ce qui a fait croire nez par les
à quelques Anciens qu'elle étoit naturelle , & ils ;^ucciirs à
ont tous débite pluiieurs Fables a i occalion de ion ricardc,
ufage: Les uns ont dit que l'eau du péricarde fer-
voit à rafraîchir le cœur,les autres qu'elle fervoic
à augmenter la chaleur du cœur , de même que
l'eau que losKlaréchaux jettent fur le charbon de
leur forge fert pour en reveiller l'ardeur. Enfin les
autres ont ajouté que cette Hqueur étoit d'un
grand fecours pour faciliter le mouvement du
cœur. Tout cela néanmoins fe trouve faux , puif-
qu'il n'y a point d'eau dans le péricarde quand on
eft en fanté,comme nous^ l'avons dit. .
Les anciens Philofophes de Meckcîns ont dit U
Aa i)
^72 T)u Cœur & àe fe s parties ,
Sentimens même chofe deTeau que 1 on trouve dans \e. ven-
<îc< jncicr.s • i i j . i r , i
Medtcins tricule diî cerveau des anunaux , loriqu on les
fiir les fcro- ouvre aprés leur mort. Ils ont prétendu qu'elle
(irez des / . ,11 o 1- r \ : \
V ntricJcî ^ïO'C naturelle , & que cette liqueur le dechar-
■ du ccrvcAu. geoit par la glande pituitaire dans le palais. Ils
ont encore dit que les ventricules du cerveau
ctoicnt les refervoirs des efpriis animaux , & par
confequent que ct,'S cavitcz n'étoient point pro-
pres à ce premier nfage. Il faut avoiier que ces
contradictions font voir que l'efprît de l'homme
eftfujetà s'égarer dans fes Vaifonnemens. N'a-
t-on pas toujours dit que les humeurs amafiées
dans quelque partie étoient hors de leurs vaîfTeaux.
C'eft donc une raiion convaincante que les humi-
ditez dont nous parlons ne font jamais dans les
ventricules du cerveau , ni dans le péricarde que
par des maladies longues,où la limphe a eu le tcms
de le débarralfer de la malle du fang , à caufe de
l'obftrudion des glandes.
Qu'on trcu. \j ^ \ \ rr • j
vcdc i'eau ^ ûi-iiez-vous encore une preuve necellaire de
dans le pe- ce que j'avance , c'eit que dans les morts violen-
quariff c'cft '■"^j comme dans celles de ceux que l'on étrangle,
vne more ou qui fe noyent,le fang eft empêché dans fa cour-
fe,par la corde dans les uns, & par le poids de
l'eau dans les autres Dans les premiers les vénes
jugulaires, les carotides , la trachée artère , font
( xaclcment ccmpiimées parla corc^^. de manière
que le cours du iang & de l'air étarS^irerrompus
les glandes fe gonflent, le tilTu à^ts plus déhcates le
, ■rompt d'abord,ain(i l'on doit trouver de l'eau dans
\Ia fubftance du cerveau,& dans les autres cavitez
du coups où il y a des glande-^.
Lafiiiface L'Anatomic nous apprend que toute la furface
.c /a ciire j^ {^ dure-mere eft remplie de glandes & de vaif-
fcmi-iie. féaux limphatiques,auffi bien que la membrane
V. Démonflratlon ÂnMomlquc. 375
des poumons , la plèvre , le peiicarde , Se les gros ^^ vX^uàçç
vaiireaux. ^ ^ fcaux liS-'
Le dedans du ventre inférieur Te trouve tout P^^'^-W"*--
moice , parce que les elanies du nicfentere , du
pancréas , du péritoine Te font gonflées, ce qui a
donné lieu à la féparation de la limphe. Et ce qui Exnerien-
^ r • • • jj CCS .\>...:' c-
conhrmc encore tout ce que j^ viens d avancer , anquc 'ô-x
c'efl: que fi Ton ouvre un homme qui vient d''être j^s^'ccoi-
décoUé , on ne rencontre point de liqueur dan^ le
peiicaïdè , ni dans les venrricules du cerveau , ni
dans pas une des autres cavirez , tout cft a Çac. Si
vous ouvrez aufîî un chien d'abotd qti'il eft af ta-
ché fur la table, lans le faire lantruir, vous 11e trou-
verez pas une goutte d'eau dan:, ion péricarde.
Toutes ces expériences nous prouvent cJaiic-
ment que l'eau du péricarde & des ventricules du
cerveau ell toujours un accident de la rnaladie,ou
du genre de mort qu'on aura foufïcrt.
Ea voulez- vous encore une preuve évidente , ^'Hi
Opir'on
pa-
nons la ;^ pouvons tirer de ce que dit Hipocrate , ca^c ^i^r la
lorfqu'il parle de la liqueur du péricarde. Il dit péricarde*^
que dans l'état naturel elle eft lemblable à de l'u-
rine, & qu'on la trouve quelquefois comme de la
lavûre de chair , à caufe qu'elle eft. un peu fan-
glante. Tout cela prouve invinciblement ce que
j'ai d'abord avance ; car l'on fçait que les eaux des
hydropiques font quelquefois fariglantes, ce qui
vient d'une obftruclion confi^icrable , qui donne
occafion à la ieparatîon de la limphe ; & foiivent
au (Il à la féparation du fang au travers de ces vaif-
feaux.
A l'ouverture du péricarde en voie le co:^ur , qui L
eft la partie la plus confiderable qui foie dans ^ ''^^'
l'homme ; c'eft lui que l'on regarde comme le
principe de la vie ; car auffi-tôt qu'il commence
À a iij
374 ^^ Cœtir & de fes parties ,
fes mo'tivemens ., le fœtus commence à vivre , êc
fi tôt qu'il les finit la machine périt j c'eft ce qui
» a fait dire de lui Ci juftement, qu'il e'toit le premier
* vivant & le dernier mourant : & c'eft aufli ce qui
lui a fait donner le nom de cœur, dérivé du verbe
Latin airro , parce qu'il eft dans une courfe con-
tinuelle ôc dans un travail fans interruption qu'il
ne finit point depuis le premier moment de la vie
jufqu'a celui de la mort.
Figure du La figure du cœur eft piramidale , &: fembla-
'^''^' blc à celle d'une pomme de pain , car d'une bafe
large il fe termine en pointe : la bafe du cœur ,
qui eft fa partie fupcrieure , eft large ; la pointe ,
qui eft fa partie inférieure, eft étroite. Se fon corps
eft rond , & relevé par devant , ôc applati par der-
rière: fRais il change un peu de figure dans fes
mouvemens de diaftolc & de fiftole , comme je
l'expliquerai ci-aprés.
Situation La bafe du cœur eft f^tuéc au milieu de la poi-
du cœur, trine entre, les poumons , dont elle eft telle-
ment environnée de toutes parts, qu'elle eft com-
me cachée entre leurs lobes : fa pointe au con-
traire tourne un peu du coté gauche , ce qui fait
que Ton fent fon battement de ce côté-là en met-
tant la main deftiis.La raifon pourquoi cette poin-
te ne tourne pas au(îi-tôt du côté droit que du
gauche , c'eft que la véne cave y étanr , la pointe
du cœur auroit interrompu , par fon mouvement
continuel , le cours du fang dans cette véne , &
l'auroit empêché de monter dans le ventricule
droit du cœur.
RaifonT Ceux qui regardent le cœur comme la partie
tion'clu "*' ^* P^*^^ noble,difent que fa fituation répond à fon
caur. rang , & qu'il n'en pouvoit avoir une plus digne
de lui j étant placé au milieu de tout le corps , fi
Grandeur
cœur.
V. Demonjfration Andto'inique. 37J
on en excepte les extreniitez , mais ielon mon
avis j la .véritable raifon de cette fituation dépend
de fa fonélion ; car comme il falloit qu'il envoyât
du iang par les artères à toutes les parties du
corpSjil faloit auffi qu'il fut dans un lieu d'où il le
pût faire fans peine, autrement s'il eût été placé
plus bas , il lui eut fallu une împulfion trop forte
pour le pouirer par toute la tête 5 & quoiqu'il foit
fort éloigné des pieds , il ne lui en faut qu'une mé-
diocre pour l'y faire aller ,. parce que le fang def-
cend alfcz par fon propre poids , & ainfi cette
fituation eft la plus commode qu'il pouvoit avoir
pour la diftribution du fang dont il arrofe toute
la machine.
L'homme a le cœur plus grand à proportion
que les autres animaux ; on n'en peut pas bien ^J
marquer précifémenc la grandeur , parce qu'elle
efl: dil"Ference félon les âges & les remperamens : fa
longueur eft pour l'ordinaire de fix travers de N^
doiots dans les adultes , & fa largeur de quatre.
Ceux qui ont un grand cœur ont moins de coura-
ge que ceux qui l'ont petit , parce que les grands
cœurs étant njols & flafques , & ayant les ventri-
cules plus grands, ont moins de chaleur , & par
confequent- en communiquent moins au fang.
Au contraire u/i petit cctur étant ferme , folide ,
dur,& ayant les ventricules petits, renferme
mieux ce feu fans lumière dont il eft le centre j &
mettant en mouvement par cette chaleur les e{^
prits du fang, rend l'homme plus entreprenant &
plus courageux. '
Le cœur eft fortement attaché par fa bafe au ^,fachfs
mediaftin : Il eft encore fufpendu &: affermi dans du cœur.
fa place par quatre gros vailTeaux qui s'infèrent à
cette même bafe , dont detfX entrent dans fes ven-
Aa iiij
3 7 <> J^ii Cœur & de fes parties ,
tricLiIes 3 &: deux en fortenr ; le lePte de Ton corps
h'eil adhérant à aucune partie, afin de pouvoir
s'étendre & fa reflerrer dans les mouvemens de
dia[lo!e&: de (idole.
^ , „ La fubftance du cœur eft charnue, & pareille à
d'un cccur. ^^^'^ "^5 ^'■^'^^'^^ muiclcs , excepte quelle elt plus
dure principalement à fa pointe , & que Tes mou-'
Vëmens ne dépendent point de nôtre volonté' :
Pour bien connoître la lubO:ance du cœur ; il faut
faire cuire celui d'un bœuf , (!<<: en feparer enfuite
à loifir toutes les fibres j vous verrez alors aue le
cœur eft fait de deux fortes de fibres charnue's,dont
les unes font extérieures , & les autres intérieures.
Les unes & les autres ont leur origine & leur in-
fertion à la bafe du cœur.
L Les fibres extérieures defccndent de la bafe en
Les fibres hVne fpirale , de droite à çauche vers la pointe ,
laircs. ou tailant un demi cercle, elles remontent en
même ligne fpirale de gauche à droite vers la
bafe Les fibres intérieures font droites , elles
delcendent de la bafe à la pointe , & remontent
de la pointe à la bafe où elles finiirenr. Ce font ces
fibres internes qui forment ces petites colomnes
charnues qui font dans les ventricules ; c'eft dans
le milieu de ces fibres que font les deux ventricu-
les , dont les orifices & les valvules font faites par
la dilatation de leurs rendons. C'eft par la connoif-
fancede la ftruclure du cœur que je vous expli-
querai dans un moment de quelle manière il fait
tous fes mouvemens.
^'* , Le cœur eft revêtu d'une membrane ; de même
ne du cœur. 9"^ fops les autres mufcles du corps ; elle eft fi
adhérente ^fa chair qu'il eft fort difficile de l'en
feparer. L'on trouve beaucoup de graille fous
ccttç membrane, mais plus à la bafe que vers la
V.TtémQnflratîonéinaiomlijUe, 577
poinre. Les ulâgcs de cetre graille font d'hiime-
ûer le ccenr , de peur qu'il ne le delteche par trop
dans Tes inouvemens ; & comme la pointe eft plus
humeiStëe par l'eau du péricarde que la bafe ; c'eft:
peut - être la raifon pourquoi elle a moins de
graille.
L'on a quelquefois trouvé au cœur de l'homme, Fairs cx-
vers le haut du fepturn médium les tendons des ^cs.
fibres charnues offificz 5 on y a trouvé auffi des
lopins de grailTe dans les ventricules, &: des caron-
cnle.s qui en fortoient, &des poils qui le renvoient
tout velu : mais ce font des faits particuliers qui
arrivent fi rarement c|u'ils ne doivent pas nous
arrêter.
Le cœur a toutes fortes de vailTeaux , il a des Nerfs du
nerfs qui lui viennent de la huitième paire j ces *^*"^'
nerfs font fi petits qu'on a de la peine à les trou-
ver , ce qui a fait dire à quantité d'Anafomiftes ,
qu'il n'y en avoit point au cœur : La raifon pour
laquelle ces nerfs font fi petits c'efb que le cœur
n'a pas befoin de beaucoup d'efprits animaux
pour fon mouvement , parce qu'il eft difpofé de
ïTianîere que le fanq qui y entre , l'oblige allez de
fe dilater & de fe relTerrer.il ne lui en faut pas non
plus davantage pour le fentiment , n'étant pas ne-
cefiàîre qu'il l'ait exequis à caufe de fon agitation
continuelle.
Le cœur a deux artères que l'on apclle coro- t^j
naires , parce qu'elles l'environnent par fa bafe Ancres &
11 j 1 iT venes coro-
comme une couronne ; elles partent de la grolie ,;aixes,
artère immédiatement en fortant du cœur avant
même qu'elle foit hots du péricarde , (i bien qu'il
fe partage le premier de ce fang , qu'il a eu la pei-
ne de perfc<5tionner dans fes ventricules. Il a une
véne nommée aufli coronaire, qui rampe fur U
\
57^ J^« Cceur & de fes partie. f,
partie extérieure \ Epe efl: faite de placeurs bran-
ches qui viennent de toutes les parties du cœur.
Elle va fe rendre a la véne cave , où elle reporte
le fuperflu du fang qui a été aporté par les artè-
res coronaires. Il a encore des limphatiques , qui
fe vont décharger dans le canal.
Ufagcs Pirmi la grailFe qui eft à la bafe du cœur , il y a
des glandes plufieurs petites glandes conglobces , qui reçoi-
ucœur. ygj^j. jçg rameaux des artères coronaires ; L'ufage
de ces glandes eft de féparer quelque liqueur,
comme le font toutes les autres du corps ; mais
cette liqueur eft toujours en très-petite quantité,
cependant fufnfante pour entretenir la fouplelle
des fibres du cœur.
, , L'ulagc du cœur eft de recevoir le fang des vé-
eœur. "cs dans fes ventricules , fçavoir celui de la véne
cave dans le ventricule droit , & celui de la véne
du poumon dans le gauche pour le diftribuer en-
fuite par les artères dans toutes les parties du
corps , ce qui fe fait par fes mouvemens de dilata-
tion & de contraction , qui font apellez diaftole
^cfiftole.
La diaftole eft un allongement du cœur : ce
inouvement , qu'on apelle de dilatation , fe fait
lorfque le fang poulfant les parois des ventricu-
les pour y entrer, force les fibres charnues de s'al-
longer , &: alors la pointe s'éloignant de la bafe,
le cœur en devient plus long , & fes cavitez plus
amples.
La fiftole eft le racourciffement du cœur : ce
mouvement de contradlion fe fait lorfque ces mê-
mes fibres qui ont été allongées par le fang qui
eft entré dans les ventricules, fe racourciirent &
contraignent le fang de s'élancer dans les artères
qu'il dilate en y entrant,^ alors la pointe du cœur
_ Ce qijc
.c'et que
diaftole.
Ce que
c eft que
fiftole.
ï^. Démonflration Anatomique» 3 /p
fe raprochant de la bafe , il en devient plus coure,
& fes cavîrez plus étroites.
il faut remarquer que la dilatation fe fait en Les mou-
j . 1 j , • ■ o, 1 vcmcaï du
même tems dans les deux ventricules , ce la con- cucur fe
tra.ûon de même , & qu'il y a entre ces mouve- ^'^^- o^'i-
mens des repos , que l on nomme penuitoles ,
aufîi-bien dans les artères que dans le cœur.Lorf-
que le cœur fe relferrc il ne faut pas croire que fa
pointe approche de "fa bafe en ligne droite , com-
me on le croioit \ ce qui rendroit fes Cavitez plus
grandes , mais obliquement & en manière de vis ;
caries fibres extérieures du cœur dcicendant de
la bafe vers la pointe en forme de limaçon , & re-
montant de même à la bafe où ils finident , font
de neceflité faire au cœur un déni tour qui lera-
courcit , & qui approche les parois des ventricu-
les les uns des autres , & contraignent le fang qui
y eil entré, de s'élancer, dehors
Tout le monde tombe d'accord que le cœur bat; Mouvc-
raais d'où vient ce mouvement de dia fiole & de "i*"'^ '^ti
liftole 5 c'eft dont on ne convient pas. Monfieur ment^xpiil
JDefcartes prétend qu'il y a dans chaque ventricu- Q^é par
le des têtes de fang , qui n'aiant pu fortir quand ' ""'5.
le cœur s'eft vuidé s'v aicriit , Se devient comme
un levain capable de fermenter avec de nouveau
fang , comme l'huile de tartre avec l'efprît de vi-
triol , de par ce levain il explique ainfi le mouve-
ment du cœur.
Qiiand unegrolle goutte de fang tombe parfon
poids dans chaque ventricule, elle s'enfle, fe gonf-
le j fe raréfie tout aufîi tôt , parce qu'elle fe mêle
avec le levain ou le fang aigri qu'elle rencontre,
ôc parce que cette goutte ainh fermentéc occupe
beaucoup plus d'cfpace dans le cœur , que quand
elle y cft entrée , elle en écarte les parois , grofîîc
2 8o Du Cœur & de fi s parties j
le cœur oblige la pointe de s'approcher vêts '
bafe, de lors qu'enfin le cœur ne peuc plus fe dil
ter , Se qu'elle tend néanmoins à^ occuper pj
d'efpace , elle force les valvules figmoidcs ,
s'échape dans les artères. Voila , dit-il , comme
fe fait la diaftole. Mais lorfque ce bouillonn
ment cil: cciré,&: que le fang qui s'étoic beaucoi
raréfié a perdu fon grand mouvement5& qu'il s'c
condenfé i le cœur par ion propre reiîort fe dila;
ôc s'allonge, & fa pointe s'éloigne-.voila la fiftole
alors une nouvelle croutte de fançj tombant encoi
dans chaque ventricule , parce que rien ne pief
ies valvules tri^lochines , & le fang qui n'avo
pu entièrement lortir , ayant acquis dans les vei
tricules la qualité de levain , la fait fermenter, t
l'oblige à fe dilater , en forte qu'elle écarte le
ventriculeSj&palfe dans les artères , comme nous
^ . le venons d expliquer,
voir que la Voila une des plus belles imaginations qu'on
^"PP°^Iîon puide avoir , &: il cfl; certain que par cette fupo-
iiCLon l'on peut expliquer tous lés phénomènes qui
ic rencontrent fur cette matière. Nous fo'mmes
oblige à ce grand homme d'avoir rompu la glace,
êc d'avoir expliqué le premier par la mécanique
les mouvemens du cœur. Néanmoins nous ne
pouvons nous empêcher de dire que cette hipo-
thefe cft contraire à l'expérience & à la raifon, ÔC
il ne faut pas s'en étonner. Une connoiifoit pas
alïèz bien la flrudure du cœur, &c fes méditations
l'occupoient trop pour en avoir une plus grande
connoiirance. Toujours dirons-nous qu'il a fait
tout ce qu'un homme pouvoit faire , ne fçachant
du cœur que ce qu'il en fçavoit.
Raifons Ce fentiment eft contraire à la raifon ; premiè-
rement j parce que nous ne fçavons que penfer de
K 1)êmon]iranon Anatomîque, 5 S i
la première origine de ce levain qu'il fLippore;car ^^."^ ^^'^},
. rL L r r o • \ ., nyanullc.
c ell une chcle iure & certamc que par tout ou^il vain dans le
fe trouve un levain,il y a des glandes qui font la cœur,
fource de ce levain , comme dans l'eftomac ; c'efl
ce que nous ne trouverons point dans le cœur,
Secondcmencpuifque le fang qui tombe dans le
. cœur n'y fermente que parce qu'il en trouve un •
autre qui s'y eft aigrircomraent eft ce que la pre-
mière goutte qui tombera dans le cœur y fermen-
tera au premier moment de la circularion j II ne
ppurroit pas encore y avoir de fang aigri pour le
faire boiiillonner parce que fi cela étoit, elle n'y
feroit pas cnrrée la première. Dira-t-on que la na-
ture forme le premier ferment > mais c'eft expli»
uer une difficulté par une autre. Mais pofez en-
core que cela foit , comment concevoir que ce
levain le confervât dans les ventricules, n'en for-
tira-t-il pas aulïî avec le fângj&: s'il ne le fait pas
la première fois,' ne le fait-il pas la féconde, la
troifiéme , ou la quatrième , &c. Ce qui fuffira
pour interrompre le cours delà circulation. De
dire qu'il n'importe pas qu'il forte, parce que ce-
lui qui relie acquiert aifez d'aigreur pour produi-
re le même effet i ccù. ce qu'on a peine à croire ;
car on ne peut concevoir qu'en fi peu de tems il
acquière une allez grande vertu pour caufer une
fi forte effervefcence ; puifque par tout où il y
a fermentation , il faut que les liqueurs ; y reftenc
quelque tems. Or dans le cœur le fang n'y eft pas
fi-tôt entré qu'il en fort.Qiioi qu'il en foif,il fau-
dra fe rendre à l'cxperin ce , & nous voyons que
le fang n'eft pas plus bouillant dans le cœur qu'-
ailleurs, & que le cœur ne lui donne point fa cha-
leur , puifqu'il emprunte de lui celle qu'il a aufli
bien que toutes ks autres parties du corps.
382 Du Cœttr, & de fes parties,
Dcfcartcs En fécond lieu, dans la fuppofition de De/cartes
fctrompc jg cœur fe dilate lorfque fa pointe s'approche de
lur la OiU. 1 1 r • 1 rt r r r ■
taiiondu ia bate,ncanmo]ns cela eit taux, car 11 on raie
cœur. un trou dans le cœur d'un chien vivant, & qu'on
y introduire le doigt, on fentira &c on reconnoîtra
facilement que toutes les fois que le cœur s'allou-
gejslors les ventricules s'élargiirent , &c fe rem-
plilfent de lang,C:>c: que lorfqu'il fe ràcourcit , les
parois s'approchent tellement que le doigt fe
trouve fortement prellé de tous les cotez.
Difons donc plutôt que le battement du cœur
vient & fe fait par les cfprits animaux; car fi l'on
coupe, ou (1 on lie le nerf interv:oflal , & la hui-
tième paire , il celTe en vingt-quatre heures , Ôc
ce qui le fait encore tant durer ce font les cfprits
animaux qui viennent des vertébraux , qui fe joi-
gnent avec l'intercoftal. Il dépend auiîi du lang ,
car fi on lie les vailfeaux , comme la véne cave , il
ceffe,& fi on la délie il recommence. Cela fe fait
par la chaleur du fang, car li l'on prend un corps
nouvellement fuffoqué, ôc qu'on introduife fon
haleine dans le canal thorachique , il fe renou-
velle; & fi l'on prend un cœur encore palpitant,
qu'on l'échauffé aufli avec Thaleine , fon mouve-
ment augmente.
D'où vient II vient encore par l'irritation des parties fali-
iT)cn"du "^^ '^^ ^*"& ' ^^^ ^^ ^'°" prend le cœur d'une an-
cœur, guille coupé par morceaux, &c qu'on le picote ,
il palpite. Enlîn ce mouvement arrive par le
poids du fans; , car le cœur étant retrcffi , il^ne
s'élargiroit jamais , n'aimant point d'antagonifte ,
fî l'impetuofiré du fang & fon poids ne l'y for-
çoient : car on voit dans les animaux mourans ,
qu'il fa\it cinq battemens de la véne cave, pour
un de l'oreillette droite ; de deux de l'oreillette
/
y. Vémonfiratlon Anatom. 385
pour un da cœur, à quoi contribue dans l'homme
ie mouvemcnt/du diaphragme , aucjuel la pointe
du péricarde en: attachée. Voyons preientemenc
comment s'exécute ce mouvement. „
Reprefentons - nous donc cette double fpirale jei fibres
qui forme les fibres du cœur, & comment elles Te ^^ cœur,
croifent fur la furface intérieure des ventricules ;
& nous aurons le plaifir de comprendre que tou-
tes les fois que les fibres agiront , elles feront un
effort dans toutes leurs parties pour décrire une
ligne droite , & par confequent la fpirale s'ac-
courcira 6c tendra à devenir un double anneau ;
ainfi le milieu du cœur fe groiîira , & la pointe
s'aprochera de la bafe, pour en exprimer exa6Ve-
ment, (Scavec plus de force tout ce qui icra conte-
nu dans les ventricules,& c'eft ce que nous apel-
Ions la fiflole , lorlqu'il frape nôtre mammellc Tcanïculc
gauche , où il faut remarquer que le fang deman- gauche du
dant une force bien plus confiderable pour être piuj ^.p'^s
pouiré du ventricule gauche que du droit,lc cœur ^^^. le
eft beaucoup plus épais,plus charnu , & a plus de
fibres mufculeufes en cet endroit qu'en l'autre.
Mais lorfque les fibres fe relâchent & celfcnt de fe
bander, elles tendent à fe développer & à revenir à
leur premier état naturel , idées de Timpullion &
du poids du fang qui vient des vénes, & du mou-
vement du diaphragm.e qui tire à lui la pointe da
cœur, en forte qu'il s'allonge,& le fang remplit
les ventricules , ce que l'on appelle diaflole.
Avant que de pafler outre , il ne faut pas ou-
blier que les oreillettes du cœur ont leur fiftole
& diaftole , mais contraires à celles du cœur j car
quand elles vuident le cœur fe remplit , & tou-
tes les fois que le cœur poufle le fang hors de fes '
ventricules, elles fe ^onfleiit ^ ceU vient de ce
5 §4 Du Cœur & de [es part'ès , ■
qu'elles font les rcfeivoirs du cœur. Le fang qui
vient des vénes Te décharge premièrement dans
Iciir vencre,<3<: ne fe jette dans le coeur que iorfque
les valvules triglochines s'abbattent ; ce qui arri-
ve juftement quand le cœur s'eft vuidé, & comme
Touvcrture par laquelle elles fe dégo/gent,e{l bien
plus conhJerable que celle par laquelle elles fe
rempliflent,il eft clair que cela fuifiroit pour leur
donner le tcms de fe red'errer , quand mcmc leurs
fibres miifculeufes n'agiroient point ; Outre qu'il
n'eft pas impodible que la partie mulculeufe des
vénes y contribue, puifqu'en effet on y remar-
que du mouvement. Il faudroit prendre garde
- fi ce battement s'accorde avec celui des artè-
res.
Li mcca- On ne peut pas difconvenir de ces faits, de
m iue uu vous en ierez entièrement perfuadez . après que
cvr.ir en elt . * . , , , , ^ . , ' ^ .
ia plèvre, je vous aurai démontre les parties du cœur , qui
fout le<; oreilles, les ventricules , lefeptam mcdlum,
les vailïcaux & les valvules ; leur connoillan-
, ce étant necedaire pour venir à celle de la cir-
culation, dont je prétends auffi vous convaincre
aujourd'hui après que je vous aurai fait voir ces
parties,
O O A la bafe du cœur il y a deux petites bourfBs ,
i*.^*^^ *^'^^'^' que l'on appelle les oreilles du cœur , à caufe de
la rellcmolance qu elles ont avec les orenlesjeUes
relîèàblent pourtant mieux au capuchon d'un
îvioine , car d'une longue bafe elles le terminent
en une pointe cmoullée.
rn r . Ce (ont des produdions ou appendices mem-
deux. braneuies faites du redoublement des membra-
nes des vaillèaux , où elles font placées j la droite
eft l'extrémité de la véne cave éc la gauche l'cx-
tremiié de la véne des poumons jde u^anieie quç
V. Dsmo>7firatlon Anatomtque. jSj'
cbrps avec ces vailleaux j leur fubllance eft mem-
braneufe de même que celle de ces véaes , ahn de
pouvoir s'emplir & le vuider librement*
Les oreilles {ont: proportionnées aux vaifTeaux, Lagran^cut
fur lefquelks elles font fituées, & aux ventricules ^y'^^^j *^'
du cœur j car la droite eft plus grande que la gau-
che,à caufe que la véne cave efl plus grolïè que
celle des poumons , & que le ventricule droit eft
aulîi plus grand que le gauche. Et comme la vénc
des poumons & le ventricule gauche font plus pe-
tits , leur oreille eft auiïi plus petite , mais elle eft
plus ferme & plus folide que l'autre , parce que le
ventricule gauche eft plus ferme & plus compa<5le
que le droit» Et 11 l'on obferve bien la ftru6lurc de
ces orcilleSjOn connoîtra que leur adion dépend
des mouvemens du cœur, car en même tems qu'il
fe contrad;e, elles s'ouvrent , & lorfqu'il le dilate
elles fe rellerrcnt , de manière qu'elles font Icuï'
diaftole quand le cœur fait [a fiftole , ainfi leurs
mouvemens font alternatifs.
L'ufagc des oreilles du cœur eft en recevant des L'ufagé'déi
\énc^ le lang dans leurs cavicez , de lui fervir de t^r^'llej à\à.
melure, & d'çmpécher qu'il ne tombe en trop
grande quantité à la fois, & avec trop de précipi-
tation dans les ventricules, Se qu'il ne fuffoque l'a-
nimal. Mais Ci] retenant une forte palîlon le cœur
fe peut tellement contracter que le fang en étant
prelfé dans les oreillettes rompra leur relTort & les
relâchant, les difpofera à s'étendre de plus en plus,
félon l'obfervation qui fuit. Ûc.T.at-que
L'on a trouvé à Breft en ouvrant le corps cîe finguliac
Monficur Dubuilfon Capitaine de Vaillcau , mort pYjié'au °'
peu de tems après Ion retour deCartagene, à Ta- ca-.ir ct-
gc de quarante - deux ans , que l'oreille droite j-erncï d#
da cœur ctoit tellement dilatée qu'elle avoit la grof-^ Uilei
Bb
3 85 Du Cœur , & de fes Partie s,
feur de la tête d^in enfant nouvellement né,qu'el-
le poiiyoit contenir trois demi f'eptiers de fang, de
qu'elle étoit tapillée en dedans d'une fubftance of-
feufe ôc écailleufe , qui la tenoit toujours tendue
comme un ballon.Ceux qui ont fait cette ouvertu-
re , ont feparé du corps cette oreille , & me Tonc
envoyée,avec une relation contenant ce qui s'eft
pa'Té dans fa maladie & à fa mort ; Il avoit une
difficulté très-grande de refpirer,un pouls rude &
fréquent, & des bartemens de cœur continuels êc
il violens , qu'ils fe remarquoient à l'endroit du
fèernum. Il a toujours dit qu'il y avoit douze ou
treize ans que ce mal avoit commencé , à l'occa-
lion d'une violence qu'il fe fit pour retenir les pre-
miers mouvemens d'une grande colère , 6c que
dans ce tems il avoit fenti pour la première fois les
accidens dont on a parlé^qui ont toujours augmcn-
Le:v:nm-^y"Vàfamort.
culcs du Ces deux menions que j ay hues au cœur lelon
cQcur. fa longueur, l'une à droite ,& l'autre à gauche,
vous découvrent fes deux cavitez , dont l'une ell
appellée le ventricule droit, & l'autre le gauche:
leur furface interne eftrude, inégale, & remplie
de petites fibres, & de prodvdions charnues de
différente groircur , qui facilitent la dilatation &c
la contraction du cœur & des valvules:Il y a en-
core aux parois de ces ventricules plufieurs petites
fentes qui fervent à retenir,à mélanger Se à broîer,
pourainfi dire, le fang j car fi la partie interne des
ventricules eût été unie & égale, ccfang en feroit
forti facilement , & prefque dans le même état
qu'il y feroit entré , mais ces inégalitez l'y arrê-
tent , & font que la violence qu'il reçoit pour en
être chaiïe par la contraction de ces fibres, le fub-
îilifc 6v lui donne une impreilion de chaleur en
V. 1)é7nonflranon Anntom'ique, 387
le rendant plus moulïeux , plus vif , & plus écu-
meux lorfqullen fore , que quand il y eft entcé
L'eau qui fait moudre un moulin, nous fournie
une preuve de ce qui fe palTe dans le cœur ; car
nous la trouvons plus blanche, plus mouffeufe, S>c
plus chaude au deifous du moulin , qu'elle n'eroic
au delfus, parce que l'agication qu'elle reçoit en
frapant la roué" , & la relîftance que les inégalitez
qui y font , font à fon palFage , font capables de
faire ce changement.
Il faut remarquer que les ouvertures qui font
à ces ventricules, tant pout l'entrée que pour la , Pourquoi
fortie du fang , font toutes à leur partie fuperieu- j-cj ciej ven-*
re, parce qu'il falloir que celui qui y entre , y en- triculeifonc
trâf avec facilité, & n'eût qu'à être verfé dans qç^^^
ces cavitési& que celui qui en fort , en fût challé
avec violence , &^ qu'il en fût jette dehors avec
impetuonté ; car fi l'entrée du fang eût été par en
haut, & la fortie par en bas, comme il fembloic
que la mécanique le demandoir, il auroit paife au
travers du coeur , comme par un conJviit , fans y
être ni mélangé, ni fubtilisé autant qu'il le falloir,
au lieu que les efforts que le cœur fait pour le
faire fortir par les deux ouvertures qui font à la
partie fuperieurC' , font deux effets abfolumenc
neceiraires,l'un d'échauffer &: de fubtiiiler le fang,
& l'autre de l'envoyer par l'impulfion qu'ils font
à touteis les parties du corps, & principalement à
la tête , fans quoi il feroic impoflible au fang d'y
monter. p
Les deux ventricules du cœur ne font pas égaux Levcntrieu-
en grandeur, le droit,que quelques-uns appellent ^ "^"^^'^ ^'j
le langum,etant beaucoup plus large que le gau-
che, mais moins long, car il ne dccend pas comme
le gauche jufqu'à fa poime j les parois du droit
Bb .ij
588 Dh Cœur & de fes parties ,
font aafli plus minces, & il a la figure d'un croîf-
fantj n'étant pas exaftemcnt rond.
L'ufagc du ventricule droit eft de recevoir le
vcnnfoilc ^*"§ ^^^ Y ^^ verfé de la véne cavej& de le pouilèr
droit. enfuitc par la contradion de les fibres dansl'arte-
re despoumans,
Q. Le ventricule gauche , que d'autres ont nom-
j ^"'^jI' mé le noble & le fpiiitaeux , eft plus étroit ôc
eft plus pc- plus long que le droitjfa cavité s'étend jufqu'a la
*'^' pointe du cœur ; fa chair eft trois fois plus épaif-
fe j plus durCj &c plus ferme que celle du droit , &
l'on prétend, mais mal à propos , comme je le fe-
rai voir ci-aprés, que c'eft parce que le fang qu'il
reçoit étant plus vif 6c plus fubtil, il falloit qu'il
fut plus folide, pour empêcher que l'efprit ne fc
diflîpât.
L'ufaec du ventricule ^auche çft de recevoir le
Ufage du /■ ^1 • n ' 1 - j
venrricule f^"S 4"^ ^^^ ^^^ apporte par la vene des poumons ,
gauche, après avoir déjà pafte par le ventricule droit , Sz
de le pouffer avec impetuofité danslagrolfe artère
en fe concra6tant, afin qu'elle en falïe la diftribu-
tion à toutes les parties du corps.
Deuïvcn- Je f^is peu de diftércnce entre les deux ventricu-
tricules é- [q^ J^ cœur,parce que je fuis perfuadé qu'ils fer-
cclTaircs. vent tous deux a iubtililer le iang,en le recevant
• R par leur dilatation, & en le chaftant dehors par
Un cœur f ^i • i» ' n. 1 11
ro«pr qui l^ur contradion^que 1 un n eft pas plus noble que
fait voir une l'autre : & que s'il y en a deux,c'eft parce que le
raiîic CCS r , • > > r ccr '■. ^r /
deux vcn- lang n auroit pas ete luralamraent vivme par un
tricàiici. feuii& qu'il eft plus échauffé & mieux perfediou-
né à deux reprifes , qu'il ne l'auroic été par une
feule.
Pourquoi le J^ "^ ^"^^ P^^ ^^ fentiment de ceux qui croycnt
ventricule que l'épailTcur du ventricule gauche foit pour era-
Sépais!* pccher que ks efprits ôc la chaleur du fang qui y
V. Démofjfiratlon Anatomlqtîe. 5S9
^ft ponc , ne Te ilifîipant, il y féjourne trop peu
de ccms , pour croire que c'en foit là la raifon j
d'ailleurs je fuis parfuadé qu'il u'eft pas plus fub-
tii lorfqu'il entre dans le ventricule gauche , que
lorlqu'il cft forti du ventricule droit , dont la mê-
me épailfeur feroit plus que fuffifante pour remé-
dier à cette diiïipation. Il y a plus lieu de croire
que l'épaideur du ventricule gauche ferc à aug-
menter la chaleur du fang ; car il eft certain que
plus il eft épais , plus il eft capable de mouvement
violent, & à plus de force pour prelïer le fang , &:
pour lui imprimer plus de chaleur , que ne peut
faire le ventricule droit , qui eft plus foible & plus
mince.
Outre cela le ventricule droit n'ayant qu'à fo^^'^Vc^R
poulfer le fang dans l'artcre des poumons , qui-épailfcur.
n'cft pas longue , il n'étoit pas necclîàire qu'il fût
fi épais, ni qu'il euft autant de force que le gauche
qui a beloin d'une forte impuKion , non feule-
ment pour envoyer le fang qui fort de chez lui
dans toutes les artères du corps , & jufqu'au haut
de la tète ; mais encore pour forcer ce fang à
pafièrparles extrémitez des artères dans toutes
les parties , afin de les nourrir , Se pour poullèr ce
fanf^ cxtravafé dans les orifices des vénes capillai-
res, 6c de ces venules dans de plus groftes, & enfin
dans la véne cave pour retourner au cœur j étant
conftant que le mouvement circulaire du fang ne
fe fait 5 &; ne fe continue que par la force de ce
ventricule.
Les deux ventricules du cœur font feparez par Le fepcum
une cloifon moyenne , que l'on apelle feptu-n "^^<^^^"''
médium ; cette feparation eft épailTe d'un travers
de doigt 5 ayant la même épailleur que les parois
du ventricule gauche, elle eft charnue 5: de même
Bb iij
39^ i^^ Cœur & de [es Parties ^
lublTianceque le refte du cœur, étant conpofce de
fibres mufculeurcs qui lui aident à faire Tes mou\ e-
mens. Cette cloilon cil folide , & n'efl: point per-
cée de pluileuis petits trous qui ayent leur entrée
du côté du ventricule droit, & leur fortic du côté
du gauche,comme plulîeurs Anatomi (les fêle foi>c
pcriuadez mal a propos.
Lcfcptirm Ceux qui ontcrd que cette cloifon étoît percée,
pas percé, prctendoient que ces trous donnoient paiiage a
quelque partie du fang du ventricule droit au gau-
che pour la génération de l'elprit viral 5 qu'il fe
faifoit un mélange de fang avec l'air qui étoit
aportc par l'artère veneufe , qu'on apclle aujour-
d'hui la véne des poumons, dans ce même ventri-
cule j & qu'il étoit enfuite diftribué par les artères
à tout le corps pour y conferver la vie & la cha-
leur naturelle. Cette opinion étoit établie fur de
faux principes , ils ne connoiiroient pas le mouve-
ment circulaire du fang: qui nous aprend qu'il ne
palTe point de fang par le Icptum médium, qui ell
trop foiidc& trop épais pour permettre ce palFage;
& ainli il ne faut pas chercher des chemins imagi-
naires au faner lorfque la circulation nous en dé-
couvre de véritables.
Quatre gros II y a à la bafe du cœur quatre gros vaiireaux ,
î'.'^bT f ^ Içavoir la véne cave, l'artcre des poûmonsjla véne
coeur. des poumons & l'aorte : le ventricule droit reçoit
la véne càse^ & l'artère des poumon s,&: le gauche
la véne des poumons, & l'aorte y de manière que
chaque ventricule a une artère & une véne , con-
■^ trc l'opinion ancienne , qui vouloir que les deux
vailTeaux du ventricule droit fuilcnt des vénes,&
que ceux de gauche fuifent des artères.
Chaquevfn Les Anciens étoicnr tellement prévenus en fa-
re*^arra^e& veur de cette faulle dûdrine, que quoiqu'ils con-
unc véne.
V. Dcmonflrat'içn Anntoynique, 391
jinfTentque c'ëioic une arcerc qui forcoit du ven-
tricule droit , cependant ils vouloienc que^ ce fut
une véne , &la nommoient par entêtement v.ne
arten'eure,au lieu de Tapcller comme nous l'appel-
ions aujourd'liuijartcre des poûmonsills vouloient
encore que la véne des poumons qui va au ventri-
cule gauche , fut une artère , quoi-qu'on ne lui
troLi'vaf que de ilmples membranes comme à une
vcne , & qu'elle ne battit pas comme une artère,
cependant ils apelloient artère veneufc , au lieu
de l'apeller véne des poiimons.
La véne cave eft le plus grand & le plus gros de La vcnc ea-
ces quatre vaifièaux : elle finit au ventricule droit ^^•
du cœur, où elle eft il fortement attache'e qu'on ne
peut l'en feparer : elle s'ouvre dans ce ventricule
par une large embouchure , pour y verfer le Hing
qu'elle a reçu de plufieurs rameaux de vénes, elle
eit comme une rivière, qui durant tout fon cours
reçoit l'eau de plulieurs ruiileaux pour la porter
dans la mer. Sa membrane, qui eft mince par
tout ailleurs , eft fort épaifte en cet endroit , &:
remplie de hbres charnuës,ce qui empêche qu'elle
ne puilïe être déchirée par le mouvement conti-
nuel du cœur ; «Se qu'elle ne s'clargiflb trop par le
concours du fang qui lui vient de toutes parts en
abondance:c'eft auiïi cette quantité de fibres char-
nues qui rend cette véne capable de quelque con-
traction,pour pouifer le fang qu'elle a porte dans
ce ventricule.
A l'enirce de la véne cave , dans le ventricule T
droit, il Y a- trois valvules mcmbraneufes qu'on ''^^,°'*.,
nomme triglochineSjOU tricu!pides,à caufedeleur vénecarc
figure triangulaire. Elles font faites , comme je l'ai
déjà dît , de la dilatation des tendons des mufclc«
qui compofcnc le cœur.ElIes font ouvertes de de-
Bb iiij
3 9 i ^^ Cœur & de fes parties',
hois au dedans , & difpofces de manière qu'elles
perniecteni l'entrée du fang delà véne cave dans
le cœur , àc en empêchent le recour dans la vénc
cave.
Ufagci de L'ufage de la véne cave efl: de recevoir le fang
la vcac ca- qui lui ell aporté de toutes les parties du corps par
^^* les rameaux des vénés j & de le verler dans la ca-
vité de roreillette , d'où il tombe cnfuitc comme
par mefure dans le ventricule droit du cœur.
L'artrrcdei L'artère des poumons que l'on trouve décrite
Poiimonî. dans les Auteurs , fous le nom de véne arterieufe,
ell effectivement une artère , étant compolée de
^ pludeurs tLiniques,elle fort du ventricule droit du
cœur.mais Ton embouchure eft bien moindre que
celle de la véne cave \ Cette artère fe divife en
deux gros rameauXjqui fe divifant encore en plu-
fleurs petites branches ; vont fe répandre à droite
& à gauche dans toute la fubftance des poumons.
Troîjvîl- A l'orifice de l'artère des poumons il y a trois
vuic^ a l'ar- valvules qu'on apelle fîgraoides , parce qu'elles
poumons relîemblent à un fîgma Grec. Ce font de petites
membranes (îtuces à côté les unes des autres , &
autrement difpofées que celles de la véne cave, car
elles font ouvertes de dedans en dehors pour laif-
fer fortir le fang du ventricule droit dans l'artère,
& pour en empêcher le retour de l'artère dans le
ventricule.
Ufigc de L'ufafre de l'artcre des poumons efi: de recevoir
poûSenI" le fang qui fort du ventricule droit du cœur, &
le diftribiier dans toute la fubftance des poumons.
La véne des poumons qui a été connue de tout
tcms fous le nom d'arrere veneufe, a quatre mem-
branes comme les autres vénes. Elle commence
dans les poumons par une infinité de petits ra-
meaux qui fe rciiniiîènc eu un feul tronc pour h
V. Dêmonflratlon Anatomlqtte. 395
former ; elle fore de la fubftance des poumons , &
vienr ie rendre au ventricule gauche du cœur.
Elle a fon à oiihce des valvulesfemblables à cel- Deux val-
les de la véne cave,excepté que celles-ci font plus vénVs de»
grandes , & qu'elles ont leurs filamens plus longs , ptumons
& plusd'apophifes charnues que celles de la ve'nc
cavejOn les apelle mitrales , parce qu'elles reflem-
blent à la mitre dlm EvèquciCes valvules ne font
qtie deux , paycc que l'ouverture de cette véne é-
tant ovale,à caule du lieu où elle fe rencontre, elle
peut être auffi exadtement fermée avec ces deux,
que les orifices des autres vaiifeaux étant ronds le
peuvent être avec trois. Leur fituation cil fembla-
blc à celle des triculpides ; s'ouvrant de dehors en
dedans pour donner palfage au fang qui vienr du
poumon dans le ventricule gauche,&: pour en em-
pêcher le retour dans la véne.
La véne des poumons ayant repris par les exrre- Ufagcs du
mirez de fcs rameaux capillaires; ( qui font repan- poûmon^^*
dus dans toute la fubftance des poumons ) le fano-
qui y a été porté par l'artère des poumons, le rap-
porte dans l'oreille gauche du cœur:C'eft, comme
je vous l'ai déjà dit \ de l'extrémité de cette véne
qu'il tombe comme par mefurc dans le ventricule
gauche du cœur. Elle y aporteaufïï avec ce faner
les parties les plus fubtiles de l'air, qui paflent des
extremîtez de la trachée- artère dans fon tronc ;
comme je vous ferai voir en vous démontrant les
parties qui fervent à la refpiration.
La grande artère apellée aorte , eft la fource & Y
le tronc d'où nailîbnt toutes les autres artères du ^^"^^^^
corps ; excepte celles du poumon , qui font les
branches de l'arterc du ventricule droit : elle efb
forte , ayant plulicurs tuniques dures & épallfes ;
elle fort du ventricule gauche du cœur, auquel
vu
594 Bh Cœur & àefes parties,
endroit elle paroit cartilagineufe , afin d'être tou-
jours ouverte & en état de recevoir le fang qui
fort avec iinpetuoiîté de ce ventricule.
La grolîe artère a à fon orifice trois valvules ou
Trois val- epiphifes membraneufes , qui font femblables aux
«ne. trois ligmoides qui lont a i entrée de rartere des
poumons i elles regardent de dedans en dehors
pour permettre le cours du fang du ventricule gau-
che dans l'aorte, & pour empêcher fon retour de
l'aorte dans ce ventricule.
Ufagcde L'ufage de l'aorte eft de diftribuer «5.: de coni-
in.uniqucr a toutes les parties du corps le lang,
qu'elle a reçu du cœur.
Voilk 5 Mef(ieurs , toutes les parties que j'avois
à vous faire voir dans cette Démonftration ; &
comme ce font ces mêmes partiesqui contribuent
principalement au mouvement circulaire du fang
t car ie cœur eft le principe qui mer en mouve-
ment tous les relforts de la machine , & d'où dé-
pendent toutes les filtrations qui s'y font , il faut
que je vous explique avant que de finir , ce que
c'eft que la circulation du fang , & de quelle ma-
nière eUe fe fait.
Ce qce cVfl: La circulation du fang eft un mouvement du fang
qwc Ja cir- (J^ ^Qcur aux extremitcz , & un retour de cz iang'
cuJanoncu . en r c • • r
iarg. des extremitez au cœur : bile le tait amli.
^ Le fang fortant avec impetuofité du ventricule
Comment i n rr- i xi- J j
e:icic fik. gauche,eit poulie par la contraction du cœur dans
la grande artère ; la portion la plus fubcile de ce
fane; monte en haut par le tronc fuperieurde l'aor-
te , & fe diftribuë aux bras par les arreres axillai-
res, 6t à la tête par les artères carotides & cervi-
cales. Au contraire , la portion la plus groffierc
décend en bas par le rameau inférieur de cette
même artère , &: fc diftribué à toutes les parties
au
V. Démofjjîratîon Anatomlque, ^9j
qui font au deiroas du cœur par les artères cœlia-
ques , mefcnteriqaes , émulgcntes, rpermatiques,
iliaques , & par une infinité d'autres rameaux.
Il efl; bon de vous faire remarquer ici que ce Comment
qu'il V a de liqueurs différentes dans la malTe du j.^^ ^'^"^""
r ^ n. r ' J- J • 1 Li Ipntkpa-
lang, en elt lepare en divers endroits par la conh- lécs du
guration des pores des parties par où ces liqueurs ^^"S-
partent Par exemple, le fuc animal ell: feparé dans
le cerveau \ la falive dans les glandes parotides &
maxillaires \ la liqueur acide dans les glandes de
rœfophage & de l'eftomac ; le fuc pancréatique
dans le pancreasjla bile dans le foye ; Furine dans
les reins ; la femence dans les tefticules ; le lait
dans les mammelles , & plufieur autres liqueurs
dans une infinité d^autrcs parties.
Le fang étant donc porté & diftribué , tant en |"g"J ^^
haut qu'en bas par les deux troncs de l'aorte à rou- cœur,
tes les parties du corpS;, il fort par les extrémicez
des petites artères ,& s'extravafe pour nourir ces
parties ; & comme tour ce qui s'extravafe de ce
fang, ne fe confomme pas entièrement, ce qui réf.
te rentre dans les orifices desvénes capillaires par
l'impullion du nouveau lang , qui fortant conti-
nuellement de ces arterioles , oblige celui qui le
précède de retourner par des véne très-petites
dans de' plus grolfes \ de manière que le fang qui a
été diftribué à la tête , revient au cœur par les vé-
nes jugulaires , & celui des bras par les axillaires^,
dans les foùclavieres , & de-là dans le tronc fupe-
rieur de la véne cave. Il en eft de même aufli à l'é-
gard du fanr^ qui a été diftribué aux parties rnfe-
ricuresiil retourne au cœur par les iliaques, & par
toutes les vénes du bas-ventre , qui aboutiflcntau
tronc inférieur & afcendant de la véne cave ; &
ainfi tout le fang tant des parties fupeneures,qae
39^ Tiu Cœur & de fes parties ,
des inférieures, fe rencontre & fe joint enfemblc
dans la véne cave , & va fe dé^or^er dans Toveille
droite , d'où il relfort aufîi-tôi: par la contraction
du cœur , qui l'oblige d'entrer dans l'artère àw
poumon , ne pouvant retourner dans la véne cave
à caufe de la difpolition de Tes valvules tiiglochi-
nes.
dcTai^^T^ L'artère des poumons ayant reçu ce fan g , le
mclc arec porte aux poumons , & le diltribuë dans toute
IcuDg. i^j^^j^. fubitance, d'où il paife enluite avec la par-,-
tie la plus fubtile de l'air qui y a été raportée
par les cxtremitcz de la trachée-artere , dans
les rameaux de la véne des poumons , qui le
conduit dans l'oreille gauche du cœur , & de-là
dans le ventricule du même coté ; Et comme ce
lang ne peut rellortir par où il eft entré , à cau-
fe de la difpolition des valvules de cette vénef,
il fort avec impetufîoté de ce ventricule par la
contraction du cœur , & entre dans la grande ar-
tère , qui le diftribuë derechef à toutes les parties
du corps i d'où il eft encore raporté à fa fource par
de très petites vénes dans de plus grolfes^iS: de ces
dc^hc'^ ™ P^^^ groifes enfin dans les trous fuperieur 6c infe-
lacion. rieur de la véne cave , pour commencer fans
celle cette circulation , qui ne finit qu'avec la vie
de l'animal ; ou pour mieux dire avec laquelle la
vie de l'animal finiroit , fi elle cefloit un moment
puifqu'elle fert , non feulement à renouveller la
malle du fang ; qui fans cette agitation continuel-
le croupiroit & fe corromproît , mais encore à la
fiîbtililer en la purifiant de fes excremens ,& enfin
à la rendre plus propre à nourrir toutes les parties
du corps.
LeChilcrç- Mais comme cette malfe diminue conhderable-
nouvelle le , I r r • • r 1
lang. ment par la perte de les clpritSjqui ionc employez
V» î)émonflratlon Afiatomlque, 397
à la nourriture de toutes les parties du corps , ou
qui fe difîîpcnt continuellement par les pores de
la peau; elle s'epuiferoit enfin, s'il ne ie faifoit
tous les jours, par le moyen du-chile , de nouveau
fang & de nouveaux efprics capables de' la repa-
rer.
c II femble qu'il fcroit à propos de parler ici du Lechileeft
1 M • n. I • \ \ • j r • li matière
chiie, qui clt la véritable matière du iang ; mais J^ ^^^^
comme je ne fçaurois rien ajouter à ce que j'en ay
dit ci dclîus , en failant voir la route qu'il prend
pour aller au cœur, & à ce que j'ai propofé en ex-
pliquant de quelle manière il fc convertit en fang,
j'aime mieux qu'on y ait recours , que de redire
inutilement trois fois la même chofe.
Comme je fuis perfuadé qu'on ne doute plus
prefentement de la circulation du sang, je ne m'a-
muferai point à vous la prouver par la ligature que
l'on fait au bras dans la faignée,cette preuve à la
vérité eft infaillible; mais je ne la rapporterai pas
parce qu'elle cft commune , «Se qu'elle a été rap-
portte prefque par tout ce qu'il y a d'Anatoniiftcs
qui ont écrit depuis Horrée ; je veux feulement -^f^p^^^^
vous faire part d'une expérience que j'ai faite plu- la circula-
iieurs fois, èc je fuis sûr que ïi vous la faites vous "°°'
ferez convaincus comme moi de la circulation du
fang5 c'efi; de prendre un chien vivant , de l'atta-
cher fur une table,lui faire une incifion dans l'aîne
pour découvrir l'artère & la véne crurale qu'on
Kera toutes deux feparément , & enfuite faire une
ouverture à l'une 6c à l'autre au dellus de la liga-
ture ; alors vous verrez fortir par la pondbion de
Tartere quantité de fang , & pas une goutte par
celle delà véne ; au contraire, fi vous piquez
i'artere & la véne au deflous de la même liga-
ture , vous verrez qu'il ne foriira point de fang
39S 2)« Cœur & àe [es partleSy
parla piqueurc de rarcere,& qu'il en forcia beau-
coup par celle de la véne.Cette expérience , que
vous pouvez faire fur toutes fortes d'animaux, vous
confirmera que ce font les artères qui portent !e
langdu cœur aux extrémitezdu corps,&: que les
vénes le reportent des extrémitez au cœur.
Urilitez Cette circulation , MeffieurSjcft d'autant plus
de licircu admirable , qu'il etoit de la prévoyance de la Na-
ture d'intenter quelque artifice par lequel les ef-
prits du fang fuflcnt continuellement agitez ; car
outre que la malle du fang fe feroit corrompuë,il
eil; encore certain que le fang qui eft groflier &
pefant, les auroin étoulîPez par fon poids, fans le
mouvement du cœur & des artères ; qui les excite
& les réveille à tout momenti& s'ils étoient de-
meurez toujours enfermez dans un même vailfeau
fans retourner au cœur , comme le croyaient les
Anciens.
599
S I X I E* M E
DEMONSTRATION
Des Fan ies delà Foitrine^ O" particu-
lièrement des Voûmons,
^^|:^ U o I Q^u E la refpîrationjMeflîeurs,
loic abfolument neceflaire pour vivre,
ce n'efl: pas cette feule neceiîîté qui
nous doit porter à connoître les par-
ties ^^qui y fervent: l'artifice merveilleux avec
lequel les poumons , donc je vous entretiendrai
dans cette Démonftration , font fabriquez , doit
être encore un motif alfea puilTanc pour nous y
engager , n'y ayant gueres de parties donc la
ftruélurc foit plus furprenamc & plus digne d'ad-
miration.
Les poumons ne font autre chofe qu'un amas ^ A ^^
de petites veflies membraneufes entaflTées les unes mom vus
fur les autres , èc entre-laffées de rameaux , d'ar- P^"^ dcran:.
teres, & de vénes,qui fe forment des extrémitez
tle la tunique interne de la trachée-arterc , Se qui
fe teriïïînent toutes à la membrane qui les enve- Lcs poû-
lope ; de minière que le poumon ell à peu prés n^o"s vu»
comme une grappe de raifin qui feroit envelopée ï^^
dans une toile.
Ils font htuez dans la cavité de la poitrine. Grandeurs
qu'ils remplillenc toute entière avec le cœur , *^ ^''^"^'i*'"* '
quand ils foijc eiiflez ; parce que le^r mouve- mons.
^00 Des PoHmo/7S & de leurs parties^
mens dépendant de celui du thorax , il ne faut
pas qu'il y ait du vuide , afin qu'ils le puillenc
dilater & fe reiTerrer en même tems que lui j ils
s'affailTent au contraire dans les corps morts ,
parce qu'ils font alors vuides de fang , d'air &c
d'efpric.
p. j La hgure des poumons , fi on les regarde par
poiKnonj. leur partie pofberieure , reiïembïe à uu pied de
bœuf, ils font convexes & élevez par dehors du
côté qu'ils touchent aux côtes, & caves par de-
dans, afin de mieux embra' er le coeur.
Divifion ^^ poûmon eft divifé en parrie droite , & en
de» iobcs partie gauche par le mediaftin , St chacune de ces
mons?"* p*i"ties eft encore diviféc en piufieur^j autres lobes
ou lobules , attachez de part Se d'autre aux plus
^ros rameaux de la trachée-artere 5 chaque lobule
cftcompoféde plufieurs petites vefficules rondes,
qui ont toutes communication les unes avec les
autresjc'eft dans ces vefïïculcs quf l'air entre par
la trach'-'e-artere dans îe^^ems de l'infpiration , ôc
d'où il fort par l'expiration.
Le poûmon eft attaché au ftcrniim & au dos
„ 5 , par le mediaftin,au col par la trachée- artère, au
VcfEcuIes t ., o, I ' 1 o 1
pulmonai- ccxur par 1 artcre oC la vene des poumons,(X quel-
^"- quefois à la plèvre & au diaphragme par des liga^
mens fibreux.
Raifons de La caufe de cette dernière adhérence a em-
des Pûû-"^^ barraffé les Anatomiftes ; les uns veulent qu'eU
monî. le ne puilTe venir qu'après la naiirance par quel-
que playe mal guérie , ou par fuppuration 5 d'au-
tres par une pituite vifqueufe & gluante qui les
colle aux côtes ; & d'autres «[uc cela ne fe faile
que dans le tems de l'agonie j de forte qu'ils ne
regardent tous cette adhérence que comme un ac-
cident , qui caufe une longue difiiculté de refpi-
rer
VI Démonjlratlon Anatomîque. 401
ter.Pour moi je croi que quand les poumons font
adheiens à la plèvre , cela vienc dés la première
conformation ; car je les ai trouvé de cette ma-
nière à des perfonne? bit; (fées à la poitrine , en di-
latant leur playe , oa faifant la contre ouverture ;
& j'ai obfervé que bien loin que ces pcrfonnes-là
eulFent de la difficulté à refpirer , elles avoient au
contraire plus de facilité quelles autres , &: ainfi
cette adhérence eft plus utile que nuiflble , non
feulement parce que les poumons étant obligez de
fuivre la dilatation du thorax \ le font plus aifé-
ment lorfqu'ils font attachez i mais encore parce
que le cœur en cft; moins preiré.
On ne peut aofolument marquer la couleur des Couiruc
poumons dans les adultes ; elle tire pour l'ordi- n^gni!^"'
naire fur le jaune , & quelquefois elle cft cendrée
ou matb'ée 5 elle efl; noirâtre à ceux qui font
morts d'une longue maladie : J'en ai vu qui en
avoient une partie d'une couleur , & une partie de
Tautreimais au fœtus elle cft rouge comme le foye,
parce que l'air n'y entre point pendant qu'il ell
renfermé dans la matrice.
Les poumons font deux vifcercs très- gros , qui Cran.^cuc
fuffifent pour contenir autant d'air qu'il en faut à^^ paû-
pourla refpiration & la voix , & qui remplilTent "^°'^'"
toutes les deux cavitez de la poitrine , il ces ca-
vltez font amples , ils en font mieux leurs fonc-
tîonsjmais (1 elles font petites ou mal conformées,
ils en fouftVent , & par la fuite du tems cette mau-
vaife difpofition peut cauicr la mort.C'eft la gran-
deur du cerveau qui fait celle du crane,car par fon
mouvement il poulTc & éloigne la matière donc
le crâne el1; formé , &c elle ne s'endurcit que peu à
peu -, mais il n'en eft pas de même des poumons ,
qui n'ayant point de mouvement tant que le foc-
Ce
40i Des Poumons ô" de leurs parties ,
tus eft dans la matricejfonc obligés de fe conten-
ter des cavités de la poitiine telles qu'ils les trou-
vent formées lois qu'ils commencent à fc mou-
voir,ce qu'ils ne font qu'après que l'enfant eft né.
des" poli- '^ La fubftance des poumons eft tellement épaif-
mons» fc au fœtuSj que fi vous en coupez un morceau ,
&z que vous le jcctiez dans de l'eau, il va au fond,
au lieu que celui des adultes nage delïïis ; les
Chirurgiens ne doivent pas négliger cette obfer-
vationjafin qu'étant obligez de faire leur raport
iur un enfant trouvé mort, ils puilîcnt dire s'il
étoit mort avant que de naître , ou s'il n'a perdu
la vie qu'après la nailfance ; ce qui fe peut re-
connoître en mettant un morceau du poumon
de l'enfant dans de l'eau j s'il va au fond , c'eft
une marque qu'il eft venu mort au monde ; mais
s'il nage dclîlis, il a refpiré , Se par confequent
il a vécu,- car l'air aufîi-tôt après l'enfantement
trouvant par la dilatation du thorax un chemin
ouvert, il entre dans les poumons , s'infinuc jui-
qu'aux extrémitez de la trachée artère, & emplit
toutes les petites cavitez qu'il y trouve j cet air
ne fort pas tout par l'expiration , il en demeure
toujours afttz pour faire nager les poiimons de
ceux qui ont refpiré. C'eft cet air qui rend leur
lubftance rare , lâche , Se fpongicufc, qui fait
que leur chair en devient plus molle Se plus lé-
gère.
Les poumons font couverts d'une membrane
»^ forte & épailTe; quand on la fepare on y remar-
bran c des q»e les imprelîions des velhcules qui reliemblenc
pcumons. aux ruches des Abeilles. Cette membrane eft Ci
poreufe qu'elle ne retient pas l'air ; principale-
ment quand on l'introduit de force dans les pou-
mons, il y e» a qui prétendent que ces porohcez
P' I. Dêmoflration Anatomîque» 40^
peuvent recevoii le pus & les aurres impuieccz
épanchées dans la poitrine, pour les vuider par la
trachée artère.
L'on trouve dans les poumons une grande quan- , Vaifleaux
. , , .,T- 1 . ^ . . -^ des pou-
tite de vaiilcauxicar outre les trois principaux , ^ons.
qui font l'artère qui leur vient du cœur , la véne
qui retourne au ventricule gauche , & la trachée
artère qui leur aporte l'air , ils ont encore des
nerfs , des artères , des vénes , ik. des vaiiTeaux
limphatiques*
Ils reçoivent plufieurs rameaux de nerfs de la -Mcrtsdes
paire vague, qui (e diftribuent par toute leur fub- poûn:io«Si
ftance ; ces rameaux accompagnent par tout les
branches avec les autres petits vailleaux, (ix dila-
tant leurs extremitez ,ils fourniirent en partie les
membranes qui envelopent les pérîtes veflîes ;
ils portent les efprits animaux fibres mufcu-
leufes des tuniques de la trach.e artère & de fes
branches, pour fervir aux mouvemens delà refpl-
ration
Les poumons ontune artère particulière , que
l'on apelle bronchialc ; elle leut vient du tronc
dclcendant de l'aorte par un ou deux rameaux ,
qui fe glilîant fous ceux de la véne du poumon,
accompagnent toutes les divîfions de la trachée
artère , jufqu'a ce qu'ils fe perdent en rameaux
capillaires. Elle porte aux ooùnxons & a la tra-
chée artère le fang qui leur eft neceifaire pour les
nourrir. , •
Le ' fuperflu de ce fang eft reçu par autant de chiaic.
vénules qu'il y a de rameaux capillaires de l'ar-
tcre bronchiale -, elles le portent dans la véne du
même nom , qui va fe rendre immédiatement
dans là véne cave : Cette artère &: cette véne,que
Von a découvertes depuis peu, nous àprennenfc "
4^4 ^^^ Poumons & de leurs parties ^
que les poumons auffi bien que le cœur, fe nour-
lilltnt de la même manière que routes les autres
parties du corps, Ec qu'ils ne con fument point de
cefangqui palTe continuellement dans leur fub-
ftance, parce qu'ils ont des vaiireaux particuliers
pour leur nourriture.
Il y a pludeurs vailTèaux limphatiques-qui envi-
Vaiffcaux ronncnt les rameaux de l'artère Se de la véne pul-
qusj d's i^ionaire ; Se qui vont rampant fur la membrane
poum&as. txcerieure des lobes des poûmon3,cù ils fe divi-
fent en plufieurs branches, qui fe joignant enfem-
ble, en forment de plus grofles qui vont fe rendre
dans le canal thorachique, pour y porter la lim-
plie.
Avant que de vous parler de l'ufage des poû-
mons,& de vous faire voir comment fe fait la ref-
piration ,il faut vous entretenir de la trachée-ar-
tère, de l'artère , &: delà vene pulmonaire.
E .La trachée- artcre eft un conduit qui va de hi
La trachée bouche aux poumons : elle eft fituce fur l'œfopha-
■irtcrc vue ^
pardcvanr. g^ qu'elle accompagne jufqu'à la quatrième vertè-
bre de la poitrine,où elle fe fepare en deux bran-
_ F , , ches "qui entrent dans les poumons chacune de
Larrachec , - / /-> i i r j- -r r ■
arccre vue ^^ur cote. Ces branches Icdivilent enluite en au-
par dmicrc tant de rameaux qu'il v a de lobes,& ces rameaux
ou elle clt ,- , .^ ^ ■' ,, ,.. j
mcmbra- ^^ reduilent encore en autant d autres qu il y a de
xicufe. lobule en chaque lobe , afin de donner des bran-
ches à toutes les petites vefficules qui font à cha-
que petit lobule.
-- Pour avoir une parfaite connoiifance de la flru-
Une tra- _, , , , , t ., ,
chcc artcre cture de la trachee-artcre , il n y a qu a examiner
ciiiicquée. celle que j'ai fait graver dans la planche prece-
dente.on la voit entièrement feparée des poumons
& toutes fes divifions &c fubdiyiiîons y font tvcs^-
bien marquées.
VÏ.T)émon(iratîon Jb^atomlque. 40/
Lès rameaux des ancres & des vénes des pou- Ç
j I I / Les bran-
mons accompagnent, par rout ceax de la wracnee- chcs de la
artère , & von't enfemble fe terminer dans ceslo- trachée ar-
... . . :, J' tercjdeleir-
bcs & lobules . de manière qu on peut dire queccre&dc
chaque lobule 'e'ranc comporé , comme je vous lai la vénc des
^ . I ' • rr \ J n. P^-umons
dit , de plulicurs petites veliiculcs rondes , eit vonc de
un petit poumon -, comme il eft vrai de dire que compagnie.
chaque grappillon d'un raifin eft une petite
grappe.
Les parties qui entrent dans la compcfîtion de • ^''"^Pp^-
la trachée- artère lont plulieurs cartilages des hga- trachée at-
men s ,& deux membranes. rere.
-^ . 1 .1 1 1 ^r / Les cartila-
Qiioique les cartilages de la tradhee artère pa-.gcs de la
roillent ronds & annulaires . ils ne le font pour- ^'^^'^^^'^ ^^"
tant pas exactement \ n étant que dimi-circulai- membra-
les : Ils font durs , Se quelquefois ofTifiez par de- ^f^^. ^^^
0 , t ^ 1 . ^, . dernière,
varit & aux cotez , mais membraneux par derriè-
re j ce qui leur donne la figure d'un croiirant ^
ou de la lettre C La raifon pourquoi ils ne
font pas exadlement ronds , c'ell qu'étant pofez
fur 1 œfophage , ils auroient empêché la déglu-
tition. -
Ces cartilacres font arranç'ez les uns deiTus les , Di'ifion
1 V, 1 . J ^ I des c:.rtila-
autres -, plus ils aprochent des poumons , plus 05$ de la
ils font petits. Quaiid la trachée-artere fe divife ^"chéc ar
en deux rameaux , fes anneaux font alors entiè-
rement cartilagineux , parce' qu'ils ne couchent
plus à l'œfophage. Ils font- formez de manière
que le fécond étant plus petit que le premier , en-
tre im peu dans fa cavité , comme les écailles de
k qucuë d'une écreville ; ce qui permet aux brorr-.
ches de s'allon2;er dans l'infpiration , & de fe ra-
coûrcir dans l'expiration , &: dans l'exDulfion des
crachats.
Tous ces cartilages fonjc attachez les uns aux Ligamen*
Ce iij
40 (a Iks Poûmans & de fis partie^:,-
tic ecs car- autres par des ligamcns qui lont entie-deux , ils
""^ ■ fonr plus charnus a l'hornmej & plus membraneux
aux anîa.aux j c'cil la raifon pourquor il y en a
qui ont cru que c'étoit de petits nufcles.
Lamcm- ^^ trachée artère a deux mcmbraoes ^ l'une
brraccxcc- extérieure ,& l'autre intérieure ; la première eft
très- forte , elle lient les- cartilages atachez les
uns aux autres , ôi cmpëchç leur trop grande di-
laratioD.
Lamem- ^^ membrane intérieure eft celle qui tapi(Tè en
brancince- dedans toute la trachée arcere , elle vient de celle
nciire, ^^^^j couvre le palais , n'étant que la même conti-
nuité : Cette tunique eft fort épailfe au larinxjelle
l'eft médiocrement dans le milieu de la trachée
arcere , & fort mince aux rameaux qui font dans
les poumons. Elle eft d'un fentîment Ci exquis ,
qu'elle ne peut rien iouflrir ; car lorfque quelque
portion de l'aliment ou de la boilTon tombe dans
la cavitéj on ne ccfte point detoufler , que ce qui
y étoit entré n'en foit forti. Elle eft enduite d'une
humeur grafle^qui la tient louple pour mieux for-
mer la voix , &:pour empêcher qu'elle ne fe deù
ieche,& qu'elle ne foit otfenfée par-les-excremens
acres & fuligineux, qui pairent par la trachée ar-
tereVl^abondancéde cett.e ,humeur caufe l'enroue-
ment ; mais lorfqu'elle eft excêilîve ,clle caufe la
perte déjà voix , qui^ revient auffi-tôt aprcs que
cette hAimeqr eft confumée. :
^ ^ r Cette tunique eft comoofée de trois couches;
ïoadccettc la première eft tiftue de deux rangs de nbrcs
nniquc. muCciile^fes , fçavoir de droites & de ,-çk-GulairçS';^
la féconde eft toute glandulcnfe , il eh' iort une
liamidité dans la cav'të des bronches ; la troihe-
me n'eft qu'un riflu de rameaux de nerfs , 4'arte-
]?€$,& dc,vcnes,f , -.:
IV. DémonflratJonAnatomîcjue. 407
La trachée artère reçoit des rameaux de nerfs .^^ fl'-aujf
. , . . , * j 1 1 • • ' . d:: la cri-
qui lui Vtcnncn: aes recurrens de la huitième pai- chéc artère
rc ; ils foiit répandus par tonte la membrane in-
terne qu'ils rendent fort fenlîble: Ses avtercs vien-
nent des carotides,&; Tes vénes vont fe rendre dans
les jiigulaires extejrnes.
Les ufages de la trachée artère & de Tes bron- Uiagc de
ches font de fervir de conduit à l'air ; afin qu'il aictrè, de
puilfe entier dans toutes les petites vefficules des ^^^^^'°"'
lobules dans le tems de l'infpiration , & en fortir podrnoas!^
dans l'expiration j d'où vient que la trachée artè-
re eft cartilagineufe , &z non pas membraneufe,
afin d'être toujours ouverte , ik de faciliter par ce
moyen l'entrée & la fortie de l'air qui eil necef-
faire , tant pour faire circuler le fangaComme nous
l'expliquerons dansJâ-fnite , que pour former la
voix par les différentes impulhons qu'il reçoit en
s'échapant de cet organe^car de même que l'orgue
ne prodiiiroit aucun fon , fi le vent qui en eft
comme la matière , ne rccevoit quelque change-
ment en palTant par ces tuyaux ; ainfi l'homme
feroit fans voir , fi l'air qui eft chalfé avec violen-
ce par les înftrumens de la refpiration , n'étoic
principalement modifié par' l'aélion des mufclcs
de la trachée artère.
Je vous ai fait voir dans la dernière Démon- Artères dc«
ft ration cette artère qui fortoit du ventricule po^"^^"^*
<Jroit du cœur ; aujourd'hui je vous fais obferver
qu'au (ïî-tôt qu'elle en eft fortie , elle s'incline
vers la trachée artère, &: qu'elle fe divife en deux
rameaux , l'un à droite , & l'autre à gauche , qui
s'infinuant fous les bronches ; les accompagnent
par tous les lobes & lobales.^Cette artère porte le
fang du ventricule dioit du cœur dans les pou-
mons.
C c iiij
40 s "Des Poumons & de Jes parties,
Véncs des Les extremitez des rameaux de cerce artère fe
poumons. ai i ■• • j j i - i
meient avec les extremitez de ceux de la vene du
poumon , ôc font enfemble un tillu en forme de
rets qui environne ôc li * toutes les vefficulcs qui
font au bout des bronches ; ces extremitez de la
véne reçoivent , à la faveur de ces vefîicules qui
lui en permettent le' paflage , le fang qui y a été
aporté par les artères ; enfuite elles fe joignent
plufîeuis enlemblc pour en former de plus gref-
fes ^ qui s'unilTant encore font unegrolfe véne,
que Von apelle la véne des poumons , qui va
reporter ce fang dans le ventricule gauche du
cœur.
danj'ïcT^'^^ Il cft certain que dans la refpiration , la poitri-
poùmons ne & les poumons fe dilatent &c s'ouvrentjmais la
poîmnc*fc "^'ffi^^^^f^ ^ft ^^ fçavoir fi c'eft la poitrine qui fe
dilate. dilate , parce que les poumons s'enflent , ou s'ils
s'enfl;.^nt, parce que la poitrine fe dilate par le
moyen de Çts mufcles , les poiàmons n'étant d'eux-
mêmes capables d'aucun mouvement , que dans
cette dilatation l'air y entre , ce qui les enfle & les
gonfle y ôc qu'il en fort par la compreiïion qu'elle
tait aux poumons lorsqu'elle fe referre, Je ne puis
mieux vous reprefenter la manière dont cela fe
fait qu'en .prenant une éponge entre mes deux
mains, je compare l'éponge aux poumons , ôc mes
mains à la poitrine : lorfque j'éloigne mes mains
l'une de l'autre , l'air entre dans les petites cavitez
de l'éponge , qui s'élargit en même tems que mes
mains y mais lorfque jcj les aproche , ôC que je les
ferme, l'air efl: chaifé des cavitez de l'éponge qui
fuit le mouvement) de mes mains , ôc voila com-
ment fe fait la refpiration.
Onconfiderc deux chofes dans la refpiration
fçavoir l'infpiration ôc l'expiration : l'infpiration
V L Démonjiratlon Anatomlque. 40^
eft l'entrée de l'air au dedans , qui fe fait par la di-
latation du thorax «k des poumons: & l'expiration
eft le tranfport de l'air & d'une limphe vaporeufe
au dehors j ce qui fe fait par la contradlion de ces
mêmes parties.
Pour expliquer ces deux mouvemens opofez Comment
des poumons , il faut faire r.^flexion , i. Qiie la icj^g'^jj^"^
première côie eft bien moins mobile que la fecon- mouvemens
de , le féconde- que la troiliéme , & ainiî des au- j^tion? '^^
très. 2. Q^ue les cotes &"les cartilages ont un ref*
fort cjui les fait rcn h'c à fe remettre dans leur
premiei état , & à l'abailfer lorfquelles ont été
levées comme on le voie dans un homme mort.
3. Que les côtes font tellement articulées avec
les vertèbres du dos & avec le fternum, qu'elles
ne peuvent fe mouvoir que de bas en haut , &
prefqu'en rond. 4. Il faut fe reprefenter leur fî-
tuacion & leur figure. Se comment depuis leur ar-
ticulation avec les vertèbres elles defcendent en fe
recourbant pour faire des arcs quife vont joindre
au (lernum.
Cela pofé il s'enfuit neceflairement que toutes Ce quî ar-
les fois qu'elles feront tirées vers la partie Ça^c- V^'^^°^^^^^
111'- I I ^'* ^'^^^^
neurc j elles décriront un arc beaucoup plus fonr tirées
grand qu'elles n'en faifoient étant abailTées , 5^ )^."* 'a par-
que par coniequent elles augmenteront la capaci- rc.
lé de la poitrine , parce que les; cartilages courbez
fe drellanc , l'efpace qui étoit entre les côtes &
le mediaftin deviendra plus confiderable , outre
que par la même aélion le fternum fera contraint
de monter , en fe poulfantien dehors , ce qui ren-
dra la poitrine beaucoup plus profonde. Enfin le
diaphragme de voûté qu'il étoit dans le thorax
s'aplanira , parce que fes fibres fe dreflTent quand
elles fe contradent , d'où il s'enfuivra que la
413 Des Poumons , & de fes parties,
cavité de la poitrine s'augmentera en tous fens.
Cela ruppofé examinons quels mufcles font faire
cette action , & comment les intercoftaux y con-
tribuent.
■ Comp' fi. On avoit crû que cette chair mufculeufe qui fe
tion des i" . •/ . ,-' j j
mufcics in- ^^"^^"^''^ ^^'^^'•^ ^^^ coces etoit compolee de deux
tcrcoflaux. mufcles, dont l'un tiroit en haut & Tautre en bas:
mais il cil confiant que le double plan des fibres
chainiics ; lefquelles s'étendent d'un coté à l'autre,
félon des directions qui s'entre-croifent, eft: defti-
iié à produire un feul & même effet , fçavoir d'ap-
procher les cotes les unes des autres. En effetjpuJi-
que toutes les fibres mufculeufes y font attachées
parles deux boucs , que peuvent- elles faire quand
elles fe gonflent , que de tirer a elles vers l'extré-
mité la plus fixe , ce qui tieiU à la plus mobile.
Cela s'accorde fort bien avec l'expérience , car fi
pour toucher le canal thorachique , on pa(le le
doiçt entre les côtes d'un chien vivant , elles le
comprimeront fi fort qu'on croit l'avoir dans une
preilejorfque le chien remplira Tes poumons d'air.
Enfin elles ne peuvent que tirer en haut,qui eft le
coté qui leur rcfifte davantage. La pie i^iere étant
comme immobile leur fert d'appui,ce que ne peut
pas faire la dernière qui eft mobile , & par consé-
quent les fibres venant à agir j & ne trouvant
point de refiftance à la dernière , s'élèveront plu-
tôt que d'abbailfer la fuperieure,
r^^gT"^^^'" On demandera peut-être pourquoiles fibres de
coigtqacnd ces mufcles ont une dire6tion contraire , fi elles
on le met ^^j^j. dgfl-jnées à produire un même effet ? &: pour-
carre ICJ 1 ^ *■
côccsd'un quoi elles ne s'attachent pas aux cotes en tom-
chicn Ti- j^gj^j defius à angles droits ; afin de les tirer di-
rectement avec plus de force ? Mais fi l'on y
prend garde , on verra qu'elles tombent fur les
v:;«c.
VI. ^Démonftratîon Anatom, 411
côres obliquement , afin de les aprocher davan-
tage, & qu'elles fc croifent pour ne pas perdre
leur force , & pour les rirer perpendiculairement
en haiiti de même qu'avant croifé les bras h or-
prend un bâton par les 4e'-ix bouts , on ne le peut
tirer que perpendiculairement en haut : les deux
bras agiflani: cnfemblc de la même manière que (î
on l'avoif pris par le milieu.
Outre cela ,1a raifon & l'expérience nous prou-
vent que quand les mufcles intercoftaux {agit
fcnt , les côtes s'aproclieut les unes des autres ,
en fe portant de bas en haut , parce que comme
nous avons dit ; les fuperieures ont un mouve-
ment moins feniîble que les inférieures , d'où il
s'enfuit que la poitrine s'agrandit toutes les fois
que les mufcles interconftaux agilîent , & cela fc
doit faire avec d'autant plus de facilité qu'ils font
aidez par d'autres puilTans mufcles , à fçavoîr les
deux foLiclaviers , les deux grands dentelez, les
d2U:)^<ivUtelez fuperieurs , ô^ les deux dentelez
inferieuirsi
Le diauhraizme contribue encore beaucoup à la Commcm
dilatation de la poitrine , car lorfque les fibres de "l^g' ^^
fes deux mulcles le bandent , il s'aplanit , en forte concribuëà
qu'il poulie avec force le ventricule , le foye & '^ j. u"
\ • Cl- ' rn. ' ''°° . ^
tous lesmte'tnis, qui trouvant une telilrance m- poictiac.
vincible du côté des lombes & des os des îles , ils
doivent naturellement foulever rabdomen,6c tous
les mufcles , ce qu'on voit fort bien fur un chien
vivant. Voici maintenant ce qu'il faut conclure de
tout ce que nous venons de dire.
On efl: perfuadé que le monde eft plein , & FIcr,ituc!c
qu'à caufe de l'impénétrabilité des corps on ne p"oJvc>d/j.
peut repouflcr l'air , fans lui ouvrir un efpace oii Icxcrcpîc.
il puîlïe fe retirer ; C'cft ainfî que pour tirer du
4 1 i T)es T^oùmons & de leurs parties ,
duvinqu'on vin d'uii tonneau , il ne fuffit pas de faire un trou
tocneàu"^ au bas , il faut en faire un autre plus haut , afin
que l'air qui ferraoit le trou inférieur puifle s'y
placer & céder à l'efïort que le vin par fa pefan-
teur fait pour fortir. SuWantcela, quelqu'efForc
que 'fît le diaphragme à s'aplanir pour repouirer
les vifceres & la furface du ventre , jamais il n'en
viendroir à bout , il en même tems il n'y avoic
quelque place pour recevoir l'air circonvoifin ,
qui fe trouve comprimé : Aînfi il ne tend jamais
à s'aplatir que les cotes ne fe lèvent , & que la
poitrine ne s'agrandifle , & alors il agit facile-
ment , parce qu'à la moindre impulfion l'air palTè
neceirairement dans la poitrine par le nez, ou par
la bouche, 6c celafe fait avec d'autant moins de
peine, que l'adtion par laquelle les côtes s'ele-
ventjContribuent même à repoufTer l'air au dedans
de la poitrine ; ainfi les poumons reçoivent cet air
en cédant feulement à l'impulllon que les autres
organes en font dans les cellules de ce vifcere ,
qui ne contribue gueresà l'expiration ; que par
le propre reflbrt des fibres de des tuniques dont il
eft compofé.
Comment H efl fi clair que le diaphragme & les côtes re-
il faut rc- X. o _^ ,
garder les" p^'^unenc leur état naturel , ils poullent l'air &:
poumons l'obligent de fortir des poumons , de manière
aaiiï Ja . i i a i i • •
paicrioc. ^^ ^^ P^^f regarder les poumons dans la poitrme
comme une velîie qu'on renfermeix)it dans un
fouflet y car lorfque vous écartez les panneaux
d'un fouflet vous comprimez l'air extérieur , &
vous l'obligez d'entrer par le trou dans la veffîe j
& lorfque vous les aprochezjvous faites fortir ce
même air avec effort. Il ne faut pourtant pas
nier que les poumons ne contribuent en quelque
façon à cette dfrniere adion , chacun fçait biep
VL Démon^ration Anatomîqitc. 415
qae les côtes ne s'aprcchent pas auili prés du
dos que les panneaux du foufflec s'aprochenc
d'un de l'autre, & elles ne peuvent prin-cipalemenc
aidées du retour du diaphragme , que repouirer
l'air qui-eftà leur fuperhcie ; c'eft pourquoi la na-
ture a placé de petits mufcles dans les velîîcules
des poumons , afin d'en challer l'air qui eft engage
au milieu de leur corps
Mais ne croyez pourtant pas qu'il en forte toutj Les pou-
car nous voyons que les poûmons.qui n'ont point fo'u' JJ,o^j
encor reçu d'air , comme ceux du fœtus s'enfon- ne vont au
cent dans l'eau ; mais ceux qui en ont reçu feule- ^^^^ ^^
ment une fois, comprimés les tant qu'il vous-
plaira jamais vous ne fçauriez les épuifer d'air, »Sc
les faire aller au fond de l'eau.
On dira peut-être qu'il n'eft pas facile de com- . ^P^,^^^
1 ^ r r ' • • 1= raie 1 cx-
prendre comment le lait cette expiration;car nous piraon.
n'avons point de mufcles remarquables pour con-
trebalancer la force de ceux qui font l'infpiration:
lefquels n'ont point d'antagonill:es , puilqu'il ne
fe trouve point de mufcles confiderabies pour ab-
bailîér les côtes. Mais comme ces côtes ne s'ele-
vent que par un grand effort que reçoivent fur
tout les cartilages , il ne faut que celfer de les ti-
rer, afin qu'elles reprennent leur première place
par leur relTort naturel j & par leur pefanteur.
Le diaphragme auiïi par la même raifon doit celf
fer de s'aplanir : au(îi-tôt que les efprits animaux
celTeront de gonfler les fibres : Les mufcles du
ventre y contribuent ; car ils pou (lent contre lui
les vifceies. Le facrolombaire & le triangulaire"
ne lailFent pas néanmoins de tirer les côtes en bas;
mais on peut dire que ces mufcles ne font rien en
comparaifonde ceux qui fervent à les relever dans
l'infpiration.
4 1 4 -O^-^ poumons & de leurs parties.
On remarqtie que les grenouilles èc les poilTohs
n'ont point de diaphragme 3 mais qu'à la place
celles-là ont un cartilage mobile ious la ?or^e , &
les poillons ont à chaque côté de la tèie de petits
os iv.obiics qui couvrent les ouïes , qui font les
poumons de ces animaux , ce qui fait l'office de
d!aphr<ignicj& comme les grenouilles n'ont point
de cotes pour coir.piimcr leurs poumons, elles ont
autour des velîîcules de ces organes des fibres
charnues tres-remarquables, ce qui tient lieu de
cotes. Les tortues n'ont point de mufcles inter-
collauxjil n'y a que ceux de l'abdomen qui fallcnt
iortir l'air de leurs poumons.
Ccqniar- Si l'on fouhaite de voir à l'œil ce qui arrive dans
tivcanx les poumons lorfqu'on rclpire , il n'y a qu'à dé-
poumon» ^ . . ' ^ ,, 1 . . ^o, ,- •
quinci la couvru" les cotes a un chien vivant, oc taire une
Doimnc s'a petite ouverture entre-deux ; on aura le plaiiîr de
remarquer que toutes les fois que la poitrine s'ab-
bailFe , & que le ventre s'applatit , la portion qui
paroic du poumon devient toute flétrie.
Sçavoir fi ^'^ demande prefentement Ç\ l'air renfermé dans
l'air renffr- les poumons fe mêle immédiatement avec le fang ,
me dans .'e:: ^.1 r • r \ j rr' 1 -tV
poûmon<r fc '-^^^ ^ ^^ "^ 1^^'f leulemenc qu en preller les vauleaux
mêle avec pour arrêter Ton impetuolité , ou pour a^ir tur lui
lelang. ' • : , , ^. » r t>
le quclqu autre manière.
^ „ ,. . Sans s'amufer à la difcuflîon de ce nouveau Ten-
tée lair . , j p •
fctr.èle im- î^mcnt, il faut repondre que le mélange de l air
mcdiare ,^,^^ ig ç^ ^ ^^^^ ^ immédiat ; car puifqus
ment avec & i • • li /
le fang. tour le monde avoue que dans l'expiration le lang
le décharae de plufieurs parties plus grofïîeres
que celles de l'air, pourquoi l'air le plus fubtil, ne
pourroit-il pas dans l'infpiration pénétrer les mem-
branes des vaifleaux,<5c fe mêler intimement avec
le fangjOutre que la chofe eft poflîble l'expcrien^
ce nous doit convaincre (qu'elle airive en effet*
V l. Ds?nonfiratlon Anatomîque, 4 1 y
Percez l'aicere véneafe d'an chien vivant, il en
fortira un fang noir & épais, femblable à celui fur ks' vaif.
qu'on a renfermé dans la machine du vuide dont ^e.îux des
■ on a pompé l'air. Percez la véne arcerieufe, vous
en verrez couler un fang beau, vermeil & fort
écumeux ; d'où peut venir ce changement fi
prompt finon de l'aâ;ion de Tair qui s'eft mêlé
avec cetre liqueur , comme on l'a remarqué au
fang qu'on a renfermé dans la machine pneuma-
tique,donc on a pompé l'airrcar ce fang reprend
fa couleur vive & vermeille, d'abord qu'on laif-
fe entrer de l'air dans la machine. Voici encore
une autre expérience qui confirme la même
chofe,
Qiiand pour blanchir un poûmon,on y feringue raifon^'^quî
de l'eau tiède par l'artère véneufe,on voit fortir prouve ^u-
par la trachée- artère une grolîé écume femblable ^^l^^ Ic'iaug
à-celle que les épileptiques jettent par la bouche.
Or puifqu'il y a àcs ouvertures qui permettent à
l'eau de foi tir, doutera-t- on qu'il n'y en ait pour
permettre a l'air dorii[ les parties font incompa-
rablement plus fubtiles que celles de l'eau , de ic
mêler immédiatement avec le fang , lorsqu'il fera
poulie avec force dans les poumon^ par l'infpira-
tion.
L'air fe mêle avec le fang, afin d'entretenir Ôc ccz^&^*per-
d'augmenter fa fluidité , de lui donner coûtes f<^'^i«ns que
les bonnes qualitez qui lui font necellàires pour c^jr^pf^ fe"
conferver l'animal dans une parfaite fanré , l'air ^pélanse de
produifant cet admirable effet par fa pclsnteur , ^"^'
par fa vertu du relTortjpar ion aAion pénétrante,
& par une infinité de corpufcules &de fels donc
il fe charge , & qui s'écouleiu inceiïammeiu
de tous les corps , quelque durs qu'ils puiiîeut
ctic. Eu forte que le fang ne pourroit poin:: avoif
4 1 6 Des Poumons & àe fis parties ,
allez de vigueur & de force pour circuler libre-
ment dans les parties les plus éloignées & les plus
étroites du corps , fî la propre iubftance de l'air
extérieure ne fe confondoit avec ce liquide dans
les poumons par les divers mouvemens de la ref-
pirarion , qui rend encore la circulation du fang
plus facile , en ce que dilatant les poumons , les
racines de l'artère qui va droit du cœur à ces or-
ganes ont lieu de s'épanoUir dans leurs cellules ,
ou les racines des petites vénes s'ouvrent fuffi-
famment pour prendre l'humeur que les artères y
ont aportée,& la reconduire au cœur parle tronc
de la véne pulmonaire , auquel ces petites vénes
fe réiiniflent toutes , comme on l'a montré ci'
dcffus.
Objection. L'on peut faire ici une objection , & dire que
la refpiration n'eft pas neceiraire pour entretenir
le mouvement circulaire du fang , puifque le fœ-
tus dans la matrice ne refpire point , & que néan-
moins le fang circule non feulement de la mère à
luij6c de lui à la mere,mais encore de fon cœur à
toutes les parties de fon corps.
Réponfc. Je réponds à cette objedion, qu'il efl: vrai que
dans le fœtus la circulation fc fait fans le fecours
de la refpiration , puifqu'il ne refpire point pen-
dant qu'il efl; renfermé dans la matrice ; mais pre-
mièrement l'on peut dire que la mère refpire pour
lui ; car il faut confidcrer que le fang étant com-
mun à l'un & à l'autre , les préparations qu'il
reçoit dans les poumons de la mère lui impriment
toutes les qualitez qui lui font neceiraircs pour
circuler dans le fœtus , comme il.fait dans le foye
& dans les autres vifcercs de la mcrc. Seconde-
ment l'on trouve dans le fœtus deux ouvertures
qui font aux quatre gros vailï'eaux du cœur , par
lefquels
IV, Demônfiration Anotamiquct 417
lefqucls le fanga la liberté de palier d'un vaif-
feaii dans l'autre , fans entrer dans les pou-
mons.
Ces deux ouvertures font d'tferentes , l'une eft
un trou qui eft de figure ovale , qu'on apelle
trou Sotalydii nom de celui qui l'a découvert le
premier : & l'autre eft un canal qui par fa
conftruélion paroîc arterieux : Ce trou eft à
Tembouchure de la véne cave , dans le ventri-
cule droit du cœur,au dellus de l'oreille droite ,
c'eft par fon moyen que cette véne s'entrouvre ,
ôc s'abouche avec la véne des poumons, du côté
de laquelle il y a une valvule qui permet l'écoule-
ment d'une bonne partie du fang de la véne cave
dans celle des poumons, ôc qui empêche qu'il ne
retourne de la véne des poumons dans la cave.Il
y a de même une communication entre l'artère
du poumon & de l'aorte,parle moyende ce canal
qui eft éloigné de deux doigts de la baie du cœur
éc qui fort de l'artère du poumon , 6c va s infeicr
obliquement dans la grolVe artère, pour y porter
le fang qui eft iorti du ventricule droit , de ma-
nière que le (ang ne pallant point dans le foetus à
travers les poumons,il n'en entre dans le ventri-
cule gauche du cociuvque ce qui a pafte par le trou
Botaî. Urilitczu
Le fang circule à la faveur de ces deux paffaQies, le f'È:us ire
pendant que le foetus cil enfermé dans la nutri- ^"^^^^ ^^"*
ce, quoi qu il ne relpire point j mais li-tot qu il
eft ne, l'air fe faifant un chemin dans les pou-
mons^les dilate.^: ouvre par ce moyen au fano-
une autre route qui lui eft plus commode que la
première, &c qu'il continue le refte de fa vie.
Alors ce trou ovale 5c ce canal ne faifant plus de
fondion , fe deflechent ôc fe bouchent , de telle
D d
4 1 8 Des Popimens & de leurs parties ,
manière qu'on n'en voit plus aucun vertige aux
adultes. Il faut donc remarquer que c'eft de ceux
qui ont vu le jour dont je voulois parler , quand
j'ai dit que la relpiracion étoit abfolument necef-
faire pour vivre.
Lorfqu'il fc trouve des perfonnes à qui ces ou-
vertures ne font pas bien fermées , comme il eft
arrivé quelquefois , elles reftent fans incommo-
dité dans l'eau pendant quelques heures , com-
me font les pefcheurs de perles dans les Indes
Orientales , &; ces célèbres plongeurs qui y de-
meurent des heures entières. Il s'efl; trouvé des
mal-fa6teurs qu'il étoit impoflible d'étrangler ,
quoi-qu'onles tint long-tems attachez à la po-
tence. Les uns ont eftimé que cette difficulté ve-
noit du lahrÎK , qu'ils croyoicnt olTeux ; les autres
s'îmaginans de faux miracles , attribuoient ces ef-
fets à des caufes naturelles : mais ce n'étoit ni
l'une ni l'autre de ces raifons , l'expérience nous
ayant appris que ces deux conduits ne s'ctant pas
bien bouchez, le fang y pafToit d'un ventricule à
l'autre , & que le mouvement du fang n'étant
point interrompu , l'homme vivoit toujours mal-
gré tous les clforts qu'on faifoic pour le faire
mourir.
Lefangnc Les deux conduits qui font au fœtus dccou-
par^ua^dcs vrent l'erreur des Anciens , qui croyoient que le
ventricules fanc^ pafToit du ventricule droit du cœur dans le
fœcu?"'^ ^^ gau'che par le feptum médium. Ils nous appren-
nent encore par leur ftrudure que le fang du fœ-
tus nç paflè point par les deux ventricules de fon
cœur, & qu'il fuffit qu'il pafle par un de ces deux,
comme il fait, parce que le fang qu'il reçoit , efi:
déjà purifié & vivifié parle cœur de la mère,' •Se
que le fœtus dans la matrice n'a pas befoiii des
VI. Démonflratîon Anatomlque, 4 1 9
avantages que nous tirons de la rerpiration. Il y
a encore beaucoup d'autres circonftances que je
ne vous explique pas , parce qu'elles nous mene-
• loicnt trop loin j je vous en parlerai dans une au-
tre occafion.
Il faut néanmoins que je raporte ici le fenti- Sentiment
ment d'un Anatomifte Moderne, qui a écrit de la
circulation du fang du fœtus par le trou ovale jii
avance comme un fait confiant que dans le fœtus,
de même que dans l'homme , le fang circule par
l'artère du poumon avec la même vî^elfe que par
l'aorte , & que les canaux de ces deux artères font
proportionnez à la qualité du iîmg qui doit cou-
ler par leurs cavitez , d'où il infère que l'artère
du poumon étant même plus grofle que l'aorte il y
doit par confequent pafler plus de fang j il ajoute
queLouver, Harvce & ceux qui les ont fuivis,
foûtîennent qu'il y a dans le tronc de la véne da
poumon, vis-à-vis le trou ovale , une valvule dif-
pofée de telle forte qu'elle donne un libre palFage
au fang de la véne cave dans celle du poumon, 6c
qu'elle empêche le retour du faiig de la véne du
poumon dans la véne cave : Mais il ne convient
pas de cette valvule , & il donne au trou ovale un
ufage tout opofé \ car il prétend que le fang palFe
de la véne du poumon dans la véne cave par ce
trou'. Se fans nous faire voir les utilitez que le fœ-
tus en doit recevoir, ni nous donner d'autres preu-
ves que l'exemple de la tortue, dans laquelle il dit
que cela fc fait ainlî , il veut que nous quittions
une opinion probable & univerfellemcnt reçue'
pour fuivre la iîenne, contre laquelle il y a des faits
qui la détruifent.
J'en remarque quatre principaux : i . Il efl: très- Rcponfc au
difficile que le fan^ paffc 6c circule à travers les ^f""9^Vl^
Da ij
4 î 0 Des Poàmons & de leurs parties ,
poumons du fœtus, parce qu'ils (ont tout re(îèr-
rez , 6c que le fœtus n'a point de quoi lefpirer ^
d'ailleurs au fortir du ventricule droit du cœur
le fang n'entre pas dans l'artère du poumon, mais
il palTc tout par le canal de communication dans
l'aorte ; ainfî cet habile homme n'a pas raifon de
dire que c'efl: un fait conftant que dans le fœ'tus ,
comme dans l'homme , le fang circule par l'ar-
tère des poumons a. Si en melurant l'artère des
poumons il l'a trouvée d'un diamètre plus laro;e
que l'artère j ce n'eft pas une confquence qu'il y
paiî'e plus de fang , mais c'eif que l'embouchure
du ventricule droit du cœur étant plus large que
celle du ventricule gauche , il falloit , félon les
règles de la mécanique , que le vailleau qui re-
çoit le fang qui en fort eût une largeur propor-
tionnée aux ouvertures de ces ventricules. 3. On
ne veut pas convenir qu'il y ait une valvule au.
trou ovale qui empêche le retour du fang dans la
véne cave , laquelle a été reconnue de tous les
Anatomiftcs, parce qu'elle s'opofe à l'opinion
qu'on veut étabUr ; il faut donc donner un autre
nom à. cette portion de membrane qui pend fur
ce trou, & qui après que4' enfant cft né , en bou-
che entièrement l'ouvert.ure , & ne pas nier une
partie qui fe découvre aufïi alfément que celle-
là. 4. Le palTage qu'il donne au fang par le trou
ovale de la véne du poumon dans la véne cave
doit être empêché , parce que le fang de la véne
cave ne permertroit pas à un autre d'entrer ,
pouifaut fans celle pour aller dans le ventricule
droit i & de plus on ne trouvepoinc de fang dans
retendue delà véne du poumon , car elle ne re-
çoit que celui qui y entre par le trou ovale, qu'el-
le verfe auiîi-tDt dans le ventricule gauche du
VI. Dêmonflratlon Anatomiqm. 411
cœur : enfin ne voyant pas que ce retour du fang
dans la véne cave pui(re être d'aucun ufage au fœ-
tus, nous nous en tiendrons à ce que e vous en ai
dit j jufqu'à ce que cette nouvelle opinion foit
mieux établie, Pourfuivons maintenant nôtre fu-
jet,& parlons du col que je vais vous démontrer.
: Il ne faut pas vous étonner fi je palFe au colj&: LccoIf?.ic
aux parties qii'il renferme , je ne fors point pour pairit de la
cela de mon lujct , puiique par la divilion que
nous avons fait du corps en trois ventres ^ nous
avons compris le col avec le ventre moyen, parce
qu'il n'eil proprement qu'un allongement du tho-
rax ,& que les principales parties qu'il contient,
dépendent delà poitrine.
Le col cft ainfi apellc pour l'une de ces deux ^" ^^^'
raifons J ou parce que la tête efl: poféc delfus
jcomme iur une colline , & il eft dérivé de colUsj
ou parce que l'on a accoutumé de parer cette par-
tie , & alors il vient de colo , qui iîgnifie orner:ll
eft fitué entre la tête & la poitrine ; il commence
à l'atlas , qui cft la première vertèbre proche la
tête, & finit à la première du thorax, qu'on apellc
l'eminence.
Il cft plus long qu'il n'eft large, ayant fept ver- Fizurc &
tebres qui en font la longueur ; il ne doit être ni ^q? "^ '^^
trop court, ni trop long, ces deux extremitcz
• étant pour l'ordinaire fuivies de beaucoup de ma-
ladies. Sa partie antérieure cft apcllée le gofier, &:
fa pofterieure la nuque.On divife encore le col en
parties contenantes, qui iont les mêmes que celles
de tout le corps, & en contenues , dont les trois
principales font la trachée-arterc , le lariuK , 6c
l'œlophage.
Je vous ai déjà démontre la trachée-artere , -^^
je vais prefemement vous faire voir le larinx, qui Le laru.fc
D d iij
42>1 T)ei Voumom & de leurs parties^
n'eft autre choie que la partie lupcrieure , ou le
commencement de la trachée- artère.
Situation ■^'^ ^^ ^^^"^ ^ ^^ partie antérieure du col , direc-
du lariDK. tement au milieu , parce qu^il eft unique, & qu'il
cft le principal organe de la voix. Sa figure eft
ronde & circulaire , à caufe qu il falloit qu'il fut
cave pour le palTage d: l'air : Il avance pardevanr,
&: eft un peu aplati ; ar derrière , pour ne point
incommoder rœfophage fur lequel il eft placé :
c'eft ce que le vulgaire apelle le morceau d'A-
dam j dans l'opinion où il eft que le morceau de
la pomme défendue lui demeura au gofier , & y
fit cette grolTeur.
Grandeur La lariuK eft de différente grandeur , fuivant
u aiifiK. |ç^ Agg^ ^ 1^^ jeunes l'ont étroit , d'où vient que
leur voix eft aigucjceux qui font plus avancez en
âge l'ont ample \ c'eft pourquoi ils ont la voix
plus forte. Les hommes l'ont plus gros que les
femmes , ils ont aufli la voix plus grave qu'elles :
S'il paroît moins aux femmes qu'aux hommes ,
c'efl: que les glandes qui font placées au bas du
larinK aux femmes font plus grolfes que celles des
hommes j ce qui leur rend le col plus rond , & la
gorge plus pleine. Il fe meut dans le moment de
la déglutition ; car dans le tems que l'œfophagc
s'abaifte pour recevoir l'aliment , ou la boifton, le
larinK s'élève pour le comprimer , & en faciliter
la décente.
Gompefi- Nous trouvons cinq fortes départies qui en-
i-inî. *' ^^^^^ ^^ns la compofition du larinx , fçavoir des
cartilages, des mufcles, des membranes, des vaif-
feaux & des glandes. Nous allons les examiner les
unes après les autres.
Cinq carti- Ses cartilages font cinq , ils forment tout fon
Ildk! *" '* ^^i^'ps i ils fe deftechcnt 6c s'endurciflent à mefurc
V LTiémonfiratlon Anatoml^uc, 415
qu'on vieillie ; ce qui a fait croire quelquefois
qu'il ctoit olFeux.
Le premier des cartilages fe nomme tîroïde , j
ou fcutiforme , à caufe qu'il a la figure d'un bou- Le tiroï-
clicr ; il eft cave en dedans , & convexe & boflu *
en dehors , mais plus aux hommes qu'aux fem-
mes. Il a une ligne qui le fepare dans Ton milieu,
d'où vient que quelques-uns en onc fait deux ,
quoiqu'on ne le trouve double que fort rare-
ment. Il ell quatre , & Tes quatre angles ont cha-
cun une production j les deux productions d'en-
hauc font les plus longues , elles le joignent aux
côtes de l'os hyoïde par le moyen d'un ligament,
& par les deux d'en-bas , il eft uni au cartilage
cricoide.
Le fécond des cartilages efl; le cricoide , ou an- i^
nulaire , ainfi apells, parce qu'il efl: rond comme Le cricoï-
un anneau , de qu'il environne tout le lariuK : il *
rellèmble à l'anneau dont les Turcs fe fervent pour
tirer l'arc : il eft étroit par devant , & large Sc
épais par derrière , il fert de bafc à tous les autres
cartilages , &c eft comme enchalïé dans le tiroïde ,
c'cft par fon moyen que les autres cartilages font
joints à la trachée^ artère j c'eft pourquoi il eft im-
mobile.
Le troifiéme des cartilages eft l'aritenoïde , qui , , L
eft ainli apellé, parce qu'il rcflemblc au bec d'une de.
aignere ; il eft placé dans le tiroïde, & eft foutenu
par l'annulaire : Il forme la partie pofterieure du
larinK,
Le quatrième des cartilages eft la elottc : ou , Ht
1 I I r 1 t, . La Glotte
languette : quelques-uns le contondent avec 1 an-
tenoide ; mais lorfqu'on le dépouille de fa mem-
brane , l'on voit qu'il en eft feparé ; c'eft lui qui
fait la partie pofterieure & fuperieure du lariuK »
Dd iiij
'42'4 2?^"^ Tournons & de leurs parties,
qui eft l'endioic où il eft le plus étroit ;c*eft lui
qui fuivant qu'il ie relleire , ou qu'il Te dilate ,
forme la voix ou plus grêle , ou plus grolfe. Il y
a à côté de la glotte une cavité formée des mem-
branes qui lient les cartilages ; & s'il arrive par
hazard C|U'en riant ou en parlant, il tombe quel-
que petite partie de Taliment dans cette cavité j
rontouilc JLifqu'à ce que ce qui y éroit tombé en
ioit forti.
_,^.^i Le cinquième des cartilages eft l'epiglote, ainfî
K. apellé , parce qu'il fert de couvercle a la flotte;
qui cil; la fente &: 1 ouverture du larinK , il a la
figure d'une feiiille de lierre ; fa fubftance eft
plus molle que celle des autres cartilages : afin
qu'il puidefc bailler & fe relever commodément,
il eft attaché à la partie concave & fuperieure du
tiroïdie, L'orifice du larinK eft toujours ouvert
pour la refpiration , fi ce n'eft que l'epiglote le
ferme j elle eft abbaillée par la pefanteur de Talî-
ment , afin que rien ne tombe dans la trachée-
arcere \ mais aufîi-tôt que l'aliment eft paflé pour
aller dans l'ocfophage , l'epiglote fe relevé par
une action dc^relfort qui lui eft naturelle , pour
laifler entrer l'air dans la trachée-artere : Elle fe
rebaifle tout autant de fois que nous avalons
quelque chofe par un mouvement pareil à celui
de ces petites trapes qui font aux comptoirs des
Ivîarchands, & que la pefanteur de l'argent fait
bailler, mais qui fe relèvent aufîi tôt qu'il eft
_ paflé.
miî^lcs au ^^ lannk aplulieurs mulcles qui lerventà mou-
lariiu. voir fes cartilages félon nôtre volonté , attendu
que fon mouvement eft volontaire , &: que nous
formons la voix , quand il nous plaît : Ses muf-
cles font quatorze , fept de chaque côté qui le
VI, 'Dfmonfiratîon Anatomtqtie, J^i^
dilatent & le reirerrcnt dans le befoiixDe ces qua-
torze mufcles il y en a quatre communs , & dix
propres j les communs font ceux qui ne prennent
pas leur origine au larinic , mais qui s'y viennent
inférer : & les propres au contraire y ont leur ori-
gine & leur infertion.
Les deux premiers des communs font les fter- 00
notiroidicns , on bronchiques , ils prennent leur ^tcrnoàroï-
origine de la partie fuperieure & inférieure du
premier os du fternum ; ils montent le long des
cartilages de la trachée-arterc , & fe vont inférer
à la partie latérale du tiroide ;ils tirent le larinK
en bas.
Les deux autres communs' font les hyotiroï- tt • t
diens , us naillcnt de la partie antérieure de l os diens.
hyoïde , & s'infèrent à la partie externe &c infé-
rieure du tiroide : Ils fervent à relever le la-
liuK , en rellerrant le haut & en dilatant le bas du
tiroide.
La première paire des propres eft firuéc à la par- Cricotiroi-
tie antérieure & latérale du larinK : Ces mufcles «^i^"^*-
fc nomment cricotiroidiens antérieurs, parce qu'ils
prennent leur origine delà partie latérale & anté-
rieure du cricoide, & vont s'inférer à la partie in-
férieure de l'aîle du tiroide.
Les quatre autres paires de mufcles appartien-
nent à l'aritenoide , deux fervent à le dilater , &c
deux à le fermer.
La première paire des ouvreurs font lescrîcoarî- Cricoaritc-
tcnoidiens pofterieurs , qui prennent leur orioine noïdicns-
de la partie polteneure & mreneure du cartilage
cricoide; s'infèrent à la partie fuperieure &pof-
tericure de l'aritenoide. SS
La féconde paire des ouvreurs font les crîcoari- Gncoaritc-
tenoidiens latéraux, ils prennent leur origine du ccraui.
4 2. <3 Des Poumons & de leurs parties.
bords de la partie latérale &: fuperieure du ciîcoi-
de , ôc s'infèrent à la partie latérale & fuperieure
,. de l'aritenoide.
dicni. ^^ première paire des fermeurs font les petits
arîtenoïdiens , nommez aricenoidiens , à eau-
fe qu'ils prennent leur origine de la partie pofte-
rieure & inférieure de l'aritenoide , 6c s'inferenc
obliquement au même cartilage pour le relïer-
rer.
noidUtts! " ^^ féconde paire des fermeurs font les tiroarî-
tenoidiens ; ils prennent leur origine de la partie
concave ôc interne du tiroide,& s'infèrent à la
partie antérieure de l'aritenoide.
Leimem- Le larinx a deux membranes , l'une extérieure,
branesdu . • • ' j ii • •
laiiûK. qui cit la continuité de celle qui couvre extérieu-
rement la trachée artère ; & l'autre interieurejqui
cft la même qui tapilTe toute la bouche , & qui en
décendant revêt intérieurement le pharinx , le la-
riiiK j & la trachée-artere,
Vai(fcux II a deux branches de nerfs qui lui viennent
u arinK. ^^^ recurrens , on les nomme ainfi , parce qu'ils
remontent fur leurs pas après être décendus juf-
qu'à la grolfe artère , qu'ils embrallent d'un cô-
té , & l'artère axillaire de l'autre : Ces nerfs fi-
nilfent dans les mufcles du lariuK pour les faire
mouvoir, & pour fervir à la voix i ce qui eft iî
vrai, que Ci l'on lie ou que l'on coupe ces nerfs à
quelque animal , il perd la voix iur le champ : il
reçoit des artères du plus grand rameau de la ca-
rotide , &fes vénes vont fe rendre dans les jugu-
laires externes.
Quatre Quatre grolfes glandes fervent à humecter le
ff"" larinK,deux fîtuées au deifus , & deux au def-
fous.
Les deux fupetieurcs font apellées amygdales
VI, Démonflrat'ion Amtomtcfue, 417
ou tonfiles ; leur fubftancc eft fpongieufe j elles \^^fl^^^\
fonc placées à chaque côté de la luette , pro- ou confiics.
che la racine de la langue ; elles font revêtues de
la tunique commune de la bouche ; elles ont des
nerfs de la quatrième paire ; des artères des caro-
tides ,ac des venes qui vont aux jugulaires. Il fc
fait fouvent dans ces glandes des ablcés qui fe
meurident aifément , à caufe de la chaleur de la
bouche.
Ces glandes filtrent le fang qui leur eft por- \^:^^;^^^
té par les rameaux des carotides j elles en fepa- ou loufilei.
rent les ferofitez , & les déchargent dans le fond
de la bouche pour humeder lelarinK , de peur
qu'il ne (oit trop defleché par l'air qui palTe con-
tinuellement : le larinK étant toujours ouvert , il
coule quelque partie de ces ferofitez dans la tra-»
chée-artere.
Les deux glandes inférieures font apellces - "^^ ,
tiroides , elles font fituées au defibus du larinK , tiroidci.
à côté du cartilage annulaire , & du premier an-
neau de latrachée-artere , une de chaque côté
elles ont la figure d'une petite poire ; leur cou-
leur eft un peu plus rouge , & leur fubftance plus
folide y plus vifqueufe , & tirant plus fur la chair
des mufcles que les autres glandes : Elles ont
des nerfs des recurrens j des artères des caro-
tides ; des vénes qui vont aux jugulaires ; & des
limphatiques qui fe rendent au canal thorachi-
que.
Ces glandes feparcnt une hnmidiré vifqueufe Ufage des
qui fert à enduire le larinic pour faciliter les mou- fgidei^/ "*
vemens de fes cartilages , à adoucir l'acrimo-
nie de l'humeur falivale , & à rendre la voix plus
douce.
L'ufage du larinK eft de former la voix j ce qui Ufagc du
^ larinK.
4 1 s Des Poumons & de leurs parties ,
fe fait par une fuite fréquente des baremens de
Tair que nous poulTons pour exprimer nos pen-
fées. Il y a trois fortes de parties qui y contri-
buent différemment , fçavoir le poumon la tra-
chée-artere , & la bouche. Le poumon, poufle
Pair qui fort fans bruit par la bouche & par le nez,
fans autre effet que la iimple refpiranon , ou les
foûpirs pourvu qu'il trouve des conduits libres &
ouverts. Mais quand la fente qui eft au haut du
lariuK , comme celle qui eft aux fîutes , s'étrecit,
& s'opofe à la fortie de l'air , alors l'air qui la
repoulTe pour patler , & Teffort que fait la glotte
pour retrcffir ce pallàge; caulenc ce tremblement
^ ces fecoulFes preifécs qui forment les fons. Ce
bruit eft plus ou moins fort,lelon la violence avec
laquelle Tair eft pouflé ; & il eft plus ou moins
aigu , félon que les battemcns font plus ou moins
preftezrcct effet dépend de la ftructure du larinK ,
que chaque perfonne modifie pour prendre dif-
ferens tons par le moyen des mufcles qui le ref-
ferrent , ou qui le dilatent félon nôtre volonté.
La netteté de la voix & les autres agrémens dé-
pendent de la difpofîtion du larinîc,ou de la glot-
, te qui eft à fon ouverture ; mais la configuration
de la bouche , & les mouvemens de la langue Ôc
des lèvres produifcnt la diverfîte qui rend la voix
articulée & diftinde par la prononciation des let-
tres, des fillabes,& des paroles dont le difcours eft
compofé.
Le laiink Si vous examinez une organe, vous verrez
eft fait corn- q^j'gjig imite admirablement bien l'induftrîe,donc
d'otijues. la nature s elt lervie pour former la voix. Les
fouftlets , comme les poumons, pouffent Tair
dans les tuyaux ; la ftruâiuré de ces tuyaux eft
pa reille à celle de l'a trachée-arteie j & enfin l'a-
VI. T)émoyiflrMlon Anatomlque. 429
drefTe & les mouvemens des doigts de i'Oif^anifte
produifcnt cette diverfité de tons qui rendent une
harmonie parfaite j de même que la difpolition de
la bouche avec les mouvemens de la langue & des
lèvres , articulent les mots qui forment un dif-
cours.
Derrière le larinK il y a une cavité fort ample , i
que l'on nomme pharink j qui n'eft autre chofc ^ ^ "°'^*
que l'orifice de l'œfophage fort dilaté,c'efl: ce que
d'autres apellent la gueule ; il eft fait comme un
entonnoir, Voyez-le à la dixième planche , chiffre
2 où font aulîi les mufcles fuivans. ■
Il eft fitué au fond de la bouche pour recevoir ce Sic-ationdu
qui doit être avale,u a les mêmes membranes que
i'œfophage de la bouche ; il a des nerfs de la paire Scpc m«f-
vaeue; des artères, des carotides; & ^ts vénes vont ^]^^ ^'^ ^^'
aux jugulaires \ comme fa principale afcion cft
la déglutition, il a fepc mufcles qui lui font faire
içs mouvemens de dilation &: de contradbion. j^^
Le premier de ces mufcles eft l'œfophagien, ou- L'oEfopha-
pharingotiroidien ; il prend fon origine de la par- ^'^"'
tie latérale du cartilage tiroide 5 palfant par der-
rière le pharinxjil vient s'inférer à l'autre côté du
mê me cartilage : Cemufcle n'a point de compa-
gnon,il fert à pQuffer l'aliment en bas , en refer» .
rant le pharinx^comme un fphinder 5 il y en a qui
Tapcllent degUuiteur.
Les^/ix autres mufcles fervent à dilater le pha- Ccphalo-
l'iux , en le tenant tendu comme un voilejles deux phaiingitns.
premiers le tirent en haut , ce font les cephalo-
pharingiens j ils prconent leur origine de l'arti-
culation de la tête avec la première vertèbre , 6i
viennent en defcendant s'attacher à la partie fu-
pcrieure du phaiiiix , pour le tirer en haut & en
arrière.
430 Des Poumons & de leurs parties ,
u Deux autres le tirent encore en haut , mais
riogîcns ^^^^ ^^^ côtcz , que l'on apcllc pterigopharin-
gîens, ils prennent leur origine des apophifes pte-
rigoides de l'os fphenoidc , ôc s'inlerent à la par-
tie fuperieure du pharinx , & non pas à fa partie
latérale.
_ .f^. Les deux autres le tirent vers les côtez.que l'on
Stilophâ- 11 n.M 1 • • •' 1 • •
tingicns. apellc Itilopharingiens ; us prennent leur onguie
des apophiies ftiloides &c fe vont inférer aux par-
ties latérales du pharinx.
trfages du L'ufaee du pharinx eft de recevoir l'aliment par
la partie la plus ample, oC de 1 mtroduu-e par celle
qui eft la plus étroite dans l'œrophage , qui le
conduit dans le ventricule i ce qui fe kit lorfque
les mufclcs que je vous ai montrez , ont dilate
le pharinx, & qu'il a reçu l'aliment qui y eft tom-
bé de la bouche par la compvefiQon de la langue
contre le palais ; alors le mufcle œfophagien fe
relfcrrant, fait relever le larinx, & abailTer le pha-
rinx , qui embralfe Taliment de toutes parts , ÔC
l'oblige de décéndre par l'ccfophage dans le ven-
tricule
_, 7- , L'œfophacre eft un canal qui du pharinx porte
Lcclopha. 11. / , ^ ^- 1 -1
gc. le boire & le manger au ventricule ; il commen-
ce où finit le pharinx , & finit à l'orifice fupe-
rîeur de l'eftomac , étant aulîi long qu'il y a
d'efpace entre l'une & l'autre de ces patries : Sa
figure eft ronde , ce qui fait qu'il conduit mieux
l'aliment , & qu'il ne blclTe pas les parties qu'il
. touche,
de S-°" Il eft fitué fous la trachée-artereA fous les poû-
phage. mons ; il eft couché fur les vertèbres du col & du
dos , & fur deux glandes vers la quatrième vertè-
bre du doSj où il fe range un peu à droite, y étant
pouflé par la groiïe artère , puis il fe recourbe un
P'L Dêmonjiratlon Anatomique. 431
peu à gauche à la neuvième vertèbre, &: ayant en-
fin percé le diaphragme, environ à l'endroit de la
onzième vertèbre du dos, il fe termine à l'orifice
fuperieur du ventricule.
Il eftcompofé de trois membranes , ce qui fait buncsT"^"
qu'il fe peut dilater aifement lorfqu'on avale quel- l'ccfo^hagc.
ques os , ou quelque morceau mal mâché ; De ces
trois membranes il y eft à une externe , & deux l-c^'Crnc.
propres:la membrane externe eft une continuité
de celle qui couvre le ventricule.
La première des propres, qui eft celle du milieu, Laprcmirrc
eft charnue , épaiire &: molle , comme fi elle écoic Ptop"^".
un mufcle 5 elle a des fibres rondes & obliques ,
par lejmoyen defquelles fe font les mouvemens de
l'œfophage.
La féconde des propres eft nerveufe & continue \^ S^'^^^^f
r 11 1 I I 1 ' 1 w • r • des propres.
a celle de la bouche & des lèvres , ce qui rait que
les lèvres tremblent lorfqu'on eft fur le point de
vomir : Elle a des fibres longues & droites ; elle
eft femblable à celle du vcntricule,étant parfemée
d'une infinité de glandules qui feparent une hu-
meur acide qu'elles verfent dans l'œfophageicettc
humeur tombant dans le fond de l'cftomac, y cau-
fe le fentiment de la faim.
L'œfophage reçoit des nerfs de la paire vague, VaifTcaux
deux fortes d'artetes y aportent le fang,l'une d'en aclarfo-
haut , qui vient du tronc de l'aortej& l'autre d'en Glaudcs af
bas,qui eft envoyée de la cœliaque : Elle a aufïi j?^^^*^? ^
deux fortes de vénes,l'une fuperieure qui va à l'azi-
gos,& l'autre infcrieure,quife termine à la coro-
naire ftomachique.
Si les glandes qui font à la partie poftcrieure
de l'œfophage ne lui fervoicnt que de coufîin ,
comme on le difoit autrefois , pour empêcher
qu'il ne fût bleflTé par la dureté des vertèbres > U
. , i Dei Poîmons & de leurs partie f,
nature lui en auroit mis dans toute fa longueur ;
mais elles ont un autre ufage; puirqu el es fervent:
à feparer une humeur vifqueufe qui enduit fa ca-
vité&I'hum.de, afin de faciliter la defcente des
alimens, en rendant le conduit plus ghUant.
^^'f '^^ Uadion de l'oefophage eft animale,& non pas
^*'^^^ natureUe! puifquJle te fait par le moyen des
mufcles,& que la déglutition dépend de notre vo-
Ufagc de ""conufaEceftde fervirde canal pour poner le
ït"'^' boire & le manger dans l'ellomac ; fon mo.ne-
' mem eft vermiculaire.comrae celm desmcelbns
Il le fait par les fibres obliques & circulaires de (e
membranes charnues:lorrque ce mouvement le ta.t
de haut en bas, on l^^Ue periftalnque : ma>s
lorfqu'il refait de bas en haut, on Upelle anti-
,,,, ''1S:; remarque que la membrane nerveu-
^ft"=K|Uedel-cefophage eft le fiege '^"YSu 'j^^
dulbaaiUc ne manque jamais d'arriver, quand quelque irri
— t^i^n d'étei'mine les efprits à y venir en ^«nd
abondance. La caufe de cette irritation eft m e hu
„idité incommode qui arrofe la memb an in-
térieure de !-œfophage;cettehumidite vKiit ou
des glandes dont la membrane '"^'n^ ^f}
mée^udes vapeurs acides qui s'eleven de Uf.
tomac con,me d'un pot b»". knt , Muife co
denfem contre les patois de l'f '^'1'^° ' ' vTX
contre «n couvercle ; alors les fib«' f ^^^^ ^^
de la membrane interne en étant '"■=;"' '^ ^
fient & nous font baaiUer , en dilatant œ^pha
pe la bouche eft obligée de fnivre ce mouve
^ent , parce qu'elle eft°tapift-ée de la même mem-
U nerf «.^Tous les nerfs que je vous ai fait voir, & qui
yi, Véntanjîrdtion Anatomiqu'e, 43^
fe difttibuenc à toutes les parties du bas-ventre et
de la poitrine , ne viennent pas de la moelle de Té-
pine,comme ceux qui vont aux mufcles , mais dé
la paire vague qui fort diredemeiit du cerveau y
parce que les vilceres qui font renfermez dans ces
cavitez ont befoin d'un lue animal plus fubtil que
celui qui fait les mouvemens des bras & des jam-
bes. Je vous démontrerai demain fon origine,qui
eil à la bafe du cerveau , & aujourd'hui vous allez
voir la dillribution qui s'en fait aulîî-tot que ce
nerf en eft forti.
On apede ce nerf le vague , parce qu'il pour- ^ ^?w''^''***
voit deçà & delà à plulieurs parties , & même à gucj
toutes celles qui font renfermées dans la poitrine j^-
& dans le bas-ventre, aurqueiles il donne des ra*»"'
meaux ; il eft revêtu de membranes fortes j parc^'
qu'il fait un long chemin, marchant toujours arta-
chenaux parties\'oi(înes. Il tort par le trou de l'oc-
ciput conjointement avec la véne jugulaire inter-
ne. Il jette proche de fa fortie des branches aux
muicles qui font a la nuque du col ,• & plus ijas^il
envoyé tranfverfalement des rejettons à la mem-
brane & aux mufcles internes du larink, & à ceux
de l'os hyoïde & de la gorge ; 6w puis décendanc
entre la carotide & la jugulaire,au coté de la traav-
chée-artere, il fe divife fur le golîer en deux ta-'
meaux, dont l'un eft externe, & l'autre inrernCé jon ramc^
Le rameau externe incontinent après la divi- cxccroc.
fîon , donne des branches aux mufclés attachez
au fternum & à la clavicule ; il fait enluîte le ré-
current qui décend & vient embralfer l'artère axil-j
laire, comme une corde fait une poulie, & remon-*'
te en haut jufqnes aux muicles externes du larinkiV'
à qui il donne pluiîeurs rameaux, & e'eft là où iï
finit. .
z^^ Des Poumons & de fes parties,
-„ Ge rameau externe continue fon chemin obli-
cxiernc. queraent lous le goiier,& en padant il produit des
rameaux pour la tunique des poumons, la plèvre,
le péricarde & le cœur^il fait enfuice un nerf
apellé ftomachique droit qui Te joint avec le gau-
che fous rœfophage , ôc qui ayant palFé le dia-
phragme,change de côté, &c s'en va finir à l'orifi-
ç„„ ce rauche du ventricule
:°n rameau ^ . n \\ ' - ai
iQtcrnc. Le rameau mterne ell apelle mtercottal , parce
qu'il donne une branche aux racines de chaque cô-
té j puis pallant par le diaphragme avec la
grande artere,il diftribué des nerfs à tout le ventre
inférieur par trois rameaux , dont, le premier en
donne à l'epiploon,au côté droit du fond de l'cf-
temacj au colone, à la tunique du foye, & à la vef-
fitule du fiel : Le fécond va au rein droit , d'où
viennent des vomiiTemens dans les douleurs ne-
phetiques:& le troifiéme , qui eft le plus grand
de tous , va au mcnfentere , aux inteftins & à la
- , , velîîe où il finit.
Le vague du .. i r j* -r i j •
côté gau- La vague gauche le divile comme le droit, en
<hc. rameaux externe & interne, l'une & l'autre font
la même diftribution que le droit , à trois cir-
conftances prés j la première , que le récurrent
décend plus bas que le droit ; car il vient em-
bralîèr le tronc de la grofie artère, & puis il re-
monte aux mufcles gauches du larinic , la fécon-
de , eft que le ftomachique gauche va au côté
droit de l'orifice fuperieur de l'eftomac , de ma-
nière qu'avec le ftomachique droit, qui va agi
coté gauche , il embralfe cet orifice comme un
rets dont le refte va au pilore ; & la troilieme
circonftance eft, qu'une partie du rameau inter-
ne gauche va à la ratte , au lieu que celle du
côté droit va au foye j & fouvent ces deux ra-
VI Démonflrattdn Anatomlque. 45^
mcaux incernes envoyenc des rejettons à la macri-
Apres vous avoir tait voir les quacre gros vail- &dc la vé-
féaux qui font attachczà la bafe du cœur ;& vous '*^"^*»
avoir démontré la diftribution des deux plus pe-
rits ; qui fonc Tartere & la véne des poumons, il
cfl: jiifteque je vous faire voir prefcntemenc cella
des deux plus gros, qui fonc la grolfe aicere &c la
véne cave.
L'aorte eft la mère de routes les autres artères , u^q^^ic. &
elles n'eft pas plutôt fortie du ventricule gauche fa diftribii^
du cœur par un orifice fort ample,qu'elle produit *^°'^'
Tartere coronaire, qui quelquefois double, &
que va diftribuer du fang par tout le cœur pour fa
nourriture ; enfuire érant fortie du péricarde, elle
fe divife en deux gros troncs ; donc l un, qui eft le
moindie, monte aux clavicules & l'autre qui eft
le plus gros, décend en bas; le premier a foin de
nourrir toutes les parties qui font au dcfTus du
cœurj& le fécond, toute*; celles qui ont en def-
fous.
Le tronc fupcrieur , que l'on apelle artère ^'^°/^^ *^-
r . r 1. T I • ' 1 ceadante.
aicendante ; le divile bien - tôt en deux autres
troncs , qui font nommez foùclavîers , parce
qu'ils font placez fous les clavicules , l'un va à
droite , & l';iutrc à gauche , le droit produit cinq
artères confîderables , la première eft l'intercofta-
le fupericure qui fe diftribue dans les quatre cfpa-
ces des côtes iuperieurcs ; les fécondes , font les
carocides , qui forcent toutes deux de la foûcla-
viere droite. Elles fe divifent chacune en exter-
ne Se en interne. L'externe nourrit les parties
du vifage , & l'interne entre par le trou qui lui
eft particulier à la felle du Iphenoide, où perçant
la dure-mere , elle fc joint à la bafe du cerveau 9
Ee \]
4 5 6 Des Voûmo'/js & de leurs parties ,
avec la cervicale , pour fe diilribuer enfemble par
toute la fubftance du cerveau : la troiliéme. eft la
cervicale qui monte par les trous qui font aux
apophifes tranlverfes des vertèbres du col , & qui
^ étant entrée dans le crâne , perce la dure-merc , ■
& s'unilîant avec fa compagne , vafe joindre aux -
carotides pour le répandre toutes diverfemenc
dans la pie & la dure-mere,& de-là dans les ventri-
cules luperieurs où elles font le plexus choroïde.
La quatriéme,eft la mammaire, qui palîè à la partie
interne du fternum , & envoyé une infinité de
branches aux mammelles : Et la cinquième , eft la
murculaire,qui fe diftribuc aux mufcles pofterieurs
du col.
Diftnb I- L'artère foùclaviere continuant fon chemin
tion de iar ,.n -i •• • * > il
tcrcfoûda- diitribue encore cmq autres artères avant qu elle
vicrc. change de nom ; la première ; eft la fcapulaire in-
terne i la féconde , la fcapulaire externe ; la rroi-
fîéme , la thorachiquefupcrieure ; la quatrième,
la thorachique inférieure ; & la cinquième , l'hu-
merale. Ces artères fe diftribuent toutes aux par-
ties qui leur font les plus voi fines , le refte de ce
tronc étant parvenu à l'aiirellc, change de nom,&:
s'apelle axillaire; il fe répand par tout le. bras nous
en verrons la diftribution , en vous démontrant
cette paire.
L aorte dé- l^ diitribution de Partere foiiclaviere gauche
eft femblable à celle de la droite, excepté qu'elle
ne produit point de carotide , qui de ce c6cé-la
vient du tronc.
Le tronc inférieur de la grafTe artère , qu'on
apclle décendante , avant que de fortir de la
poitrine produit les intercoftales inférieures , qui-
le répandent dans les elpaces des huit côtes infe-
►iieures, (2c dans les mufcles voifms j elle jette
Vh T)émonftratîon Anatomlque, ^^y
crtcore l'arteie phreniquc qui le didribuc au
diaphrai^me & au péricarde : elle perce enfuice
le diaphragme , où nous en demeurerons , vous
ayant fait voir ci-delTus de quelle manière fe
fait la diftribution de cette artère dans le bas-ven-
tre.
Voilà toutes les artères qui fe rencontrent
dans le thorax : il s'agit à prefcnt de vous faire
voir toutes les vénes qui s'y trouvent , dont le
nombre n'eft pas moins que celui des artè-
res.
L'on trouve aux ailîèllcs deux troncs de ve'nes Li véne a-
que l'on apelle en ces endroits axillaires : elles f '''^'f'^ > &
reçoivent le lang qui leur elt aporte des bras, quelle ic-
11 y a cinq vénes. qui fe joignent à chacune de ''^'^*
ces axillaires , la première eft une mufculaire qui
vient du mAifcle deltoïde -, la féconde eft la tho-
rachique inférieure , la troilîcme , la thorachi-
que fupericure : la quatrién^e , la fcapulaiie ex-
terne : ôc la cinquième , la fcapulaire interne.
Ces deux troncs enluite s'avancent tous les cla-
vicules , où ils fe nomment fouclaviers . aufquels
fe terminent huit vénes qui viennent de la tête. >
Les deux premières font les mufculaires fupe-
rieures , qui viennent de la peau &c des mulclcs
pofteriears du col : les deux fécondes font les ju-
gulaires externes qui reçoivf^nt le fang de toute
la face , & des parties externes de la tête. Les
troiiiéraes font les jugulaires internes, qui fortenc
du crâne , & apovtent des finus de la dure-mcre
tout le fanf; (uperflu du cerveau : Les quatrièmes
& dernières font les cervicales, qui déccndent par
les trous des apophifes tranfverfes des vertèbres
ducoljaufquelles fe joignent les branches des muf-
clcs voifins j elles viennent finir aux deux troncs
Ë e iij
■458 Des Tournons & de leurs parties ,
■foùclavîci's , qui s'uniirant enfcmble font un trêS-
grosrronc , que Ton apelle la véiie cave.
La vénc Lqs vénes ioùclavieres fe joignant enfemble re-
fcuclavicre coivent quatre vénes : la prcniere cft lamammai-
venes qui la re , qui vient des mammaires : la leconde , la mei-
joignent, diartine qui vient du mediaftin ; la troirieme,rin-
tercoftale Tupcrieure qui vient des quatre efpaces
des quatre côtes fupcricurcs : & la <]uatriémc, eft
l'azigos, ou fans paire ainli nommée, parce qu'el-
le n a point de compagne ; elle reçoit feule feizc
rameaux , fçavoir huit qui lui viennent des liuic
eipaces des huit côtes inférieures du côté droit,&:
autant du gauche.
Lavene ce- -q^ j^ nême manière que les ruîlFeaux aportent
fice<i ,:nc 1 eau dans une nviere,de même ces venes aportent
«vKic, le f^j-jg j^j-jj \g^ cave. Il y a un gros rronc qui
vient des parties inférieures fe joindre à cette vé-
ne proche du cœur i ce tronc cft celui de la venc
cave, que nous apellons afccndante à caufedefa
fonction , & non pas décendante , comme on le
vouloit autrefois : Aulîî-tôt qu'elle a percé le dia-
phrac^me en moiitant , elle reçoit deux vénes, qui
font les phrenetiques ; & plus haut deux autres ,
qui font les coronaires ; enfuite elle fe termine aui
cœur 5 aufîi-bien que la véne cave dêcendante,où
elles verfent routes deux dans le ventricule droit
le fang qu'elles raporrent de toutes les parties du
corps. Je ne vous parle point ici de la diftributîon
de cette véne au delTous du diaphragme , l'ayant
fufïifammcnt démontrée ci deifus j en parlant des
vaifTeaux du bas-ventre.
La f»gouë. La fagouc eft une glande conglomérée, un peu
plus molle que le pancréas , (îtuée à la partie fu-
perieure du thorax (ous les clavicules , à l'endroit
où la groffe artère fe divife en rameaux foucla»
VI, 1>émonflratîan Anatomlqne, 459
viei'S-,on la nomme thimas , paiçe qu'elle reflem-
ble à lafeuilie de chim i c'eft elle que l'on trouve
fi délicate daiislei» fagoats,& que l'on mange fous
le nom de ris de veau.
Elle reçoit des nerfs de la paire vague , & des „ .^
arceres des carotides j elle a une véne particulie- de U Fa-
re apellée thiraique , qui va fe rendre dans les S°"^-
jugulaires ; elle a auiîi quelques vailfeaux lim-
phatiques , qui vont.fe dechaiger dans la véne-
foûclaviere : On. remarque qu'elle a dans le
partie moyenne une cavité qui eft pleine de lim-
phe.
Cette glande eft grolTe dans les perfonnes qui GroiTeur de
font d'un tempérament humidcielle eft: plus gran- ^ *Soue.
de dans les enfans que dans les adultes ; à caufe
qu'elle fe dclleche dans ceux-ci à mefure qu'ils
avancent en âge j ce qui me fait croire qu'elle
n'efl: pas faite pour fervir de petit coafîîn à la divl-
[\on des gros vallfeaux^pour le^ défendre contre la
dureté des vertèbres, comme l'ont avancé prefque
tous les Auteurs i (I elle eût eu cet ufage , elle
auroit augmenté avec Tàge ^ & à proportion que
les vaideaux qu'elle devoit foûtenir auroient
groffi.
Si nous nous en tenions aux fentimens des Vericahle
Anciens, nous ne ferions jamais aucun progrés "^agc de 1»
dans l'Anatomie : c'eft pourquoi j'ofe dire , dans *^°'^^*
l'Incertitude où on a été jufqu'à prefent fur l'ufa-
ge de cette glande , qu'elle fert au fœtus à fepa-
rer une humeur chileufe & ladée \ pour la vcrfer
enfuite dans la véne foûclaviere ; & q^e cette hu-
meur dans l'enfant qui eft encore enfermé dans
la matrice , tient lieu dii chile qui eft apporté
par le canal thorachique dans la foûclaviere aufli-
tôt qu'il eft ni ;di comme cette glande ne ferc
E e iiij
44 "^ ^^^ Poumons , & di leurs parties,
qu'au fœtus , je la mets au nombre des vaiflTeaux
iimbilicaux , du trou Botal , & des glandes rénales
<\in n'ont plus d'ufâge quand l'enfant eft une fois
torti de la matrice,
ObiCiya-- ^ Quoique cette opinion foit nouvelle elle ne
conrervcnc "Oit pas ecrc rejettee , parce que tout lemble la
cet ulage. conhimer ; la giollbur de cette glande , qui dimi-
nue a mefure que l'âgé augmente i la cavité qu'on
^ trouvciles vailïcaux qu'elle reçoit •, lacommuni-
carion qu'elle a avec la loucUviere, & la neceflîté
qu'il y a que quelque liqueur loit mélangée avec
le fang avant qu'ail entre dans le cœur du fœtus
pour le détremper, comme font la limphe & le chi-
le , qui y étant portez par le canal thorachique,le
détrempent aux adultcs,nous perfuadent allez qu'-
elle a l'ufage que je viens de vous dire.
Le canal " J^ ^"'^ ' Meilleurs, la Démonftration d'aujour-
t^oraçhi- -d'hui par celle d'une partie que vous ne trouverez
"■ ' ' point décrite dans les Anciens ; c'ell: le canal tho-
raclr'que quia été découvert de nos jours.On l'ap-
pelle ihorachique , parce qu'il monte tout le long
du ihorax : Il eft aulîî nommé canal de Pequct,da
nom du Médecin qui l'a découvert le premier.
Dcfcription C'eli un petit conduit qui commence aux refer-
me ce canal, vôirs du cliile qui font entre" les deux racines du
diaphragmc.il monte le long des vertèbres du dos
entre les côtes & la plèvre , étant parvenu à la fe-
ptiéme du huitième vertèbre, il s'incline vers le
côté gauche delà poitrinei& vajComme je l'ai dé-
jà dir,aboutir par deux ou trois rameaux à la véne
iouclaviere gauche.
Il n'cftcom^ ^^ canal n'eft compofé qued^une membrane af^
pofé que fez mincejqui eft fortifiée par la plèvre qui la cou-
bwnc '^'^"^' "^^'^ pendant tout le chemin qu'il fait par la poitri-
"ne^il n'eft nas plus gros qu'une petite plume d'oye
VI, Vêmonflration Anatomique. 441
il a" des valvules d'elpace en efpace , qui fervent
d'échelons au chile pour monter,&qui empêchent
qu'il ne puitfe tomber en bas, & recourner fur fes
pasal reçoit de toutes parts des vaillcaux limpha-
tîques qui lui apportent fans celle la limphc qu^il
dégorge avec le chile dans la fouclavicre.
Au côté îiauche de Touverture que le canal tho- _ X
7 . r-\ \ ' r \ ' Ce canal
rachique (ait dans la vene louclaviere pour y en encre dam
trer , il y a une valvule qui empêche que le chile ^a véne
ioit porte vers le bras, oc qui le détermine a pren-
dre le chemin de la véne cave j où il va conjointe-
ment avec le fang pour être verfé dans le ventricu-
le droit du cœur. On pourroit encore croire que
.cette valvule s'abailFant fur le trou du canal par où
palfe le chile, empêche que le fang pallànt dans la
foûclaviere , ne tombe dans la cavité de ce canal.
Le canal thorachique n'eft point aifé à trouver: Moyens de
> n «M r il y\ I I r trouver la
c elt pourquoi il ne raut pas s étonner s il a ece li can-l tho-
long-tems inconnu. Pour le découvrir il faut faire rachique.
une petite incilion à la plèvre au côte droit des
vertèbres du dos , & feparer la grailTê qui eftdef-
fous la plèvre. On le trouve fort petit quand il eft
vuide , & il fe rompt facilement fi l'on n'y prend
garde. Mais pour le voir il faut ouvrir un chien
quatre heures après l'avoir bien fait manger,& fai-
re à la partie fuperieure de ce canal une ligature
qui arrête le cours du chile : alors on le verra fore
bien,& fuflilamment gros pour porter tout le chi-
le , & toute la limphe dans la foûclaviere.
L'ufagc du canal 'thorachique eft de fervir de .
conduit au chile & à lalimphe,& de les porter des car-a^i^uio-
refervoirs dans la véne fouclaviere,où il décharge rachique.
fans celîe quelqu'une de ces liqueurs dans la malle
du fang , pour la détremper & la rendre plus li-
quide qu'elle n'cft , lors qu'elle revient des parties
44*- ^^^ Pomnons & de leurs -parties,
où le plusTubtil a été employé poar leur nourrîtii-
re,ce qui étoic necelTaire pour rendre le fang fufce-
ptible des imprefïions qu'il devoir recevoir en paf-
fant par les ventricules du cœur.
Oeft un fait confiant que le chlle eft porté au
cœur par le canal thorachique.Si vous ouvrez un
chien vivant dans le tems que la diftribution s'en
fait , vos yeux en feront les témoins 5 & ceux qui
croiront que cette diftribution ne fe fait pas dans
riiomme comme dans les animaux, n'ont pour s'en
convaincre qu'à ouvrir le ventricule droit du cœur
d'un homme mort , à nettoyer avec une éponge
tout le fang qui y fera , & à feringuer enfuite du
lait dans le canal thorachique, ce qui fe fait en in-
troduifant le.boutde laferingucdans le canal qu'il
faut lier fur le bout de cette feringue : alors ils
verront tomber le lait par la vénc cave dans le ven-
tricule droit. Cette expérience que j'ai faite plu-
fieurs fois , démontre manifeftement qu'il eft vrai
que dans l'homme , aulïi-bien que dans les ani-
maux, tout le chile eft porté par le canal thorachi-
que dans le cœur.
Voila, Me fîîeurs,qu elles font les parties renfer-
mées dans le ventre moyen, elles nous ont à la vé-
rité occupé l'efpace de deuxDémonftrations: mais
on ne peut y employer moins de tems , particuliè-
rement lorfqu'on veut faire une recherche aufli
cxaâre que celle que nous avons faite de leur ftru-
£lure & de leurs fondionsmous commencerons de-
main à examiner avec la même aplication les par-
ties contenues dans le ventre fuperieur,q_ui eft la
lête.
44J
II
S E P T I E' M E
DEMONSTRATION
De la Tcte çy* de fes Parties.
I vous avez admiré jufqii'icî , Mef-
fieursjdans les Demonftrations que
j'ai faites du bas-ventre, & de la poi-
trine , la ftru6lure des parties qui y
font renfermées : j'efpere que vous ferez encore
bien plus furpris en voyant celles de la tête& du
cerveau , que j'ai à vous démontrer aujourd'hui
Je ne m'arrêterai point à vous parler de l'ame', ni
à remuer les difïerens fentimens que les Philofo-
phcs ont eus fur fa nature; les uns ayant cru que
c'étoic une harmonie de toutes les parties du
corps : les autres un air tres-fubtil : d'autres une
vertu divine , d'autres un être détaché du corps ,
& capable de fubfifter par foi- même , d'autres
au contraire ont dit , que c'étoit une qualité ou
quelque cliofe d'inleparablement attaché au
corps : de manière que cette diverfité d'opinions
nous feroit douter de fon eflence , plutôt qu'elle
nel'établiroit , fi la Foi ne nous aprenoit d'ail-
leurs, qu'elle eft une étincelle de la Divinité.
Mais je vous entretiendrai du cerveau , qui eft la
partie la plus noble &c la plus éminente du corps
OÙ l'ame fcmbie principalem,ent habiter , où elle
444 'De la Tètt & de fes parties ,
envoyé , comme de Ton rrône , Tes ordres fouve-
rains à toutes les autres parties du corps. C'eft ce
vifcere fi précieux & fi neceiîairc que je vais vous
démontrer , après que je vous aurai fait voir les
parties qui l'environnent.
TL, • La tête eft toute cette région quieft comprifc
■ depuis le vertex ju(qu'à la première vertèbre du
Pigurc àt ' - .. 1 o 1 1
là lêcc. oa ngure naturelle elt ronde & oblongue ,
ayant deux éminences , l'une par devant , & l'au-
tre par derrière 5 elle eft un peu aplatie par les
coftez ; toutes les autres figures en (ont vicieufes
& troublent louvent le cerveau dans fes fonc
dons.
Grandeur La grandeur de la tête de l'homme f urpafTe ceU
a tetc. le jçg autres animaux à proportion du corps, par-
ce que fon cerveau eft beaucoup plus grand,ceile
qui eft d'une grandeur médiocre palle pour la
mieux conformée; cependant s'il y avoit à choifir
d'une grolfe têre ou d'une petite , la grofle feroic
préférée , pourviÀ que les autres parties y corref-
pondiftent.
Sicuationdc La tête eft fituéeau lieu le plus élevé du corps;
la tecc. r- 1 • j • r •
ann que le cerveau qui doit envoyer un lue ani-
mal à toutes les parties par le moyen des nerfsjle
puifte faire commodément de haut en bas , parce
qu'étant d'une fubftance peu folide , & nullement
capable de forte impulfion , il lui auioit été ini-
pofTible de le faire autrement^en quoi il diffère du
cœur 5 qui poulTe fans peine le fang arceriel juf-
qu'au fommet de la tête,parce qu'il eft au contrai-
re d'une fubftance folide & ferme;& qu'il a des fi-
bres tres-fortes.
Ralfon de La raifon que les Gaîcniftes , & plufieurs au-
cctce hcua- tfÇ5 Anatomiftes , même des Modernes , rcndcnc
lion.
VIL Démonjiratlon Anatornlque. 44^
de cette fîtuation , ntiï pas recevable , lorfqu'ils
difent que c'efl: afin que les yeux, qui font comme
les fentinelles del'ame foienc au lieu le plus élevé
du corps, & que le cerveau fût placé auprès d'eux
parce qu'ils n'en pouvoîent être éloignez, à caufe
de la moUelîc de leurs nerfs.
On confidsrc deux parties à la tête une cou- Drnrpir-
verte de cheveux, que l'on apelle le crane,& l'au- "^^ ^ ^^ '^^'^
tre fans cheveux , que l'on nomiie la face : Tou-
tes les parties dont le crâne & la face font compo-
fées font en allez grand nombre pour nous occuper
pendant deux Démonftrations. Je vous ferai voir
dans celle d'aujourd'hui les parties qui font conte-
nues dans le crâne ; & dans la fuivante celles quf
font comprifes dans la face.
La partie de la tête dont nous entreprenons au- Dirifioadu
jourd'hui la Démonfl:ration,fe divife en cinq par- "anc.
ties, dout trois font au milieu, & deux aux cotez:
La première eft le devant de la tête , apellée Jîn~
clput. La féconde eft le fommet de la tête , que
Ton nomme vertex. La tvoifiéme eft le derrière de
la réte, qu'on apelle occiput. Celles des cotez s'ap-
pellent les tempes , parce que l'on prétend que ce
font ces endroits qui marquent les tems & les âges,
à caufe que les cheveux y blanchiiTent plutôt
qu'ailleurs.
La tête en ^encrai fe divife en parties contenan- Diyifion de
• ••1 • r la tête
tes , & en parties contenues ; les premières (ont
de deux fortes,communes & propres : les commu-
nes font les mêmes qu'aux autres parties,cxccpté
qu'on y ajoute les cheveux : les propres font le
pericrane , le periofte, le crâne , la dure mère, &
la pie- mere.Les internes ou contenues font le cer-
veau & le cervelet.
Quelques-uns mettent les cheveux au ijombre, Ljs chc-
44^ -D^ '^ Tète & de fes pa/ties ,
des parties concenantcs, ils difent que ce font des
corps longs ôt déliez , froids & (ecs., L'on veut
qu'ils ne méritent pas le nom de parties , parce
qu'ils n'ont point une vie commune avec le tout ,
& qu'ils peuvent en être retranchez fans lui porter
aucun préjudice L'on dit qu'ils ne font que des ex-
cremens formez des vapeurs fuligineufes du (ancr,
qui pou liées par la chaleur vers la Superficie du
corpSjfe condenfent en palTant par les pores de la
peau.
L'on remarque qu'il y a trois chofes qui con-
^J°j:^i.^'J°"^ courent à la formation des cheveux & des poils ,
les cheveux qui ne différent entre eux que dans la longueur ,
mrnt des ^'^^ pourquoi ils font compris fous le même gen-
Ancicni. re. La première êft la matière j la féconde la cha-
Ieurj& la troifiérae le lieu convenable. La ma-
tière des cheveux & des poils font des vapeurs ex-
crementeufcs de tcrrcftres qui font un peu vif-
queufes.La chaleur eft neceflaire pour former de
cette matière des poils & des cheveux ; mais il
faut qu'elle foit modérée ; car lorsqu'elle eft trop
violente , elle brûle les racines , & les fait tomber,
ou les empêche de croître,ce que nous obfervons
aux Ethiopiens , lorfqu'elle eft trop foible, elle ne
pouffe pas affez les excremens à la fuperficie, &
ne defTechc pas fuffifamment la matière pour en
former des poils. Il faut outre cela un lieu con-
venable comme la peau qui eft poreufe par tout ,
afin que le poil puifte en fortir. Audi voyons-
nous dans chaque pore^ un poil , excepté à la
paulme de la main , & à la plante du pied , où
ils ne peuvent venir , à caule que les pores de ces
parties font trop ferrez : mais il y a des endroits
de la peau , où ils croilfent plus aux uns qu'aux
autres i ce qui dépend de ce qui fe trouve fous
V 1 1. Vémonjlratlon Anatom, 44^
elle. Par exemple , au (încipot les chevux ne croi-
(îenc pas tant qu'à l'occiput, parce qu'il n'y a pas
tant d'humiditezjni de graille qu'à l'occiput . C'efi:
auiîi la raifon pourquoi le devant de la tête fe dé-
garnit de cheveuxjtk: devient plutôt chauve qu'au-
cune autre partie de la tête.
On a obrervé qu'aux corps morts les poils & les croiiTcnc
ongles croilfent après les avoir coupez , parce que après U
leurs racines trouvent fous la peau une humidité "^°^^*
qui les nounit, de même que les plantes que l'on
taille fouvent ne laifïcnt pas de repouiîer , parce
que la terre leur fournit une fève c[ui leur ferr de
nourriture. Il vient des poils en d'antres parties
qu'à la peau, on en a trouvé dans des abfcés : en
l'année 1 6 84. à Valenciennes,celui qui étoit Prévôt
lorfque la ville fe rendit au Roi m'en fit voir qui
lui fortoit par la verge, il me dit que de tems
en tems il voyoit paroître par l'ouverture du bouc
de fa verge un poil qu'il tiroit , & qui étoit de la
longueur defept du huit poulces ; il croyoit être
enforcelé,mais je le détrompai de cette opinion , \
en lui faifant voir que cela étoit naturel,& lui di-
fant que ces poils fortoient de quelque endroit de
l'uretrejComme des proftates,de ia même manière
que l'on en voit venir au fein,& même croître tel-
lement qu'on eft fouvent obligé de les arra-
cher.
La erandeur des cheveux n'eft pas é^ale en , Grandeur
Y 1 r .1 ^ • \ des che-
îoutes joites de perlonnes ; ily en a qui les ont yeui.
fprt longs j & d'autres fort courts ; ce qui dépend
du fuc propre à les nourrir, qui fe trouve plus ou
moins abondant aux uns qu'aux autres : Les uns
les ont gros , &c les autres fins & déliez , félon
que les pores par où ils font fortîs font plus ou
înoins larges.U y en a qui les ont droics,les autres
44 s ^^ ^^ "T"^^^ ^ ^^ fis parties ,
fiiiez;cc qui provient de la formation des pores
de la peau ; lorfqu'ils font droits , les cheveux le
font auiîi } mais quand ils font courbes ou obli-
ques, les cheveux qui en forcent font frifés : L'on
remarque que ceux qui font d'un tempérament
hum:de,ont le poil plus douxj^S^ que ceux au con-
traire qui font plus fecs, l'ont plus rude.
Figure des La figure des cheveux nous paroît ronde ; mais
cvcux. |g l-l-^icJ;ol^;opc nous fait voir qu'il y en a de trian-
gulaires & de quarrez, aulîl bien que de ronds }
ils empruntent leur figure de la configuration des
pores par où ils ont paiTé , de la même manière
que le plomb,dont fe fervent hs VitrierSjprend la
figure du trou du moulin par où on le fait palTer.
Les cheveux le peuvent feparer , en deux ou trois
partiesjcc qui fe voit à leurs extrêmitez , Icrfqu'ils
fe fourchent ; Le Microfcopc nous découvre en-
core qu'ils font creux, comme de petits tuvaux ;
ce qui ell confirmé par une maladie apellée
pUca , à laquelle les Polonois font fujets , & dans
laquelle il fort du fang par l'extrémité des che-
veux.
La couleur des cheveux eft différente , (uivant
Couleur des i • i \ ^ sr \
cheveux ^^^ P^^^ ' ^^^ temperamens , les âges , oC les qua-
litez de l'humeur qui les nourrit. Ceux qui habi-
tent les pais chauds , comme les Maures , les onc
noirs, rudes &c frifcz. Ceux qui demeurent dans
les païs tempérez , les ont de différentes cou-
leurs , & fouvent bafanez & cendrez. Ceux qui
font dans les pais froids, comme les Danois , les
ont blonds , mois &c droits : Les temperamens
changent aufïi la couleur des cheveux ; mais quel-
que diverfité que l'on remarque dans la couleur
des cheveux , foit qu'elle foit caufée , ou par les
pais , ou par les temperamens, ou par les âges , la
vieilleir©
VII. Dé fnonjirtitien Anatomîque. 44P
vicillcire ordinairement cliangc toutes ces cou-
leurs en une qui eft blanchcice qui arrive alors
aux vic'illaràspar le peu dliumcur qui lear relie.
Les poils font de deux ferres , ou ils naillenc Divifioa
avec l'enfant, comme ceux delà tête , des four- dci poils,
cils &c des paupières , ou ils viennent après que
lenFant eft né , comme ceux du menton , des
a'iflèlles & du penil. Ces derniers ne viennent
après la nailïanee que dans le tcms environ que
la femencc commence à venir aux garçons , bz les
purgations aux tilles. Il ne vient point de ces poils
au menton des filles , parce que les menftruës eu
évacuent la matière.
Je necroi pas que les véritables ufages des poils ^ k)^^^*
& des cheveux foicnt de défendre, de couvrir, & & des che>
d'échauffer les parties , de fervir d'ornement,& de ^^"*'
rendre l'homme vénérable. Mais je fuis perfuadé
que nous tirons plus d'a\ antage de les Ôcer que
de les conferver , parce que ce font autant de
particules excrementeufss employées à leurs ré-
génération , que par ce raoven nous faiioas for-
tir de nôtre corpszLietre opinion eft confirmée par
l'expérience de ceux qui après s'écr^faic rafer les
poils & les cheveux , en font foulaô;ez , ôc qui fc
trouvent incommodez lorfqu'ils néeligenu de s'en
aeraire.
Il y a peu de différence entre les tegumcns Srru(5lure
communs de la tête 6c ceux du refte du corps j^ucuirche»
Tépiderme y eft un peu plus épais, aufli bicn^'''^'
que la peau dans laquelle tous les cheveux font
plantez bien avant. L'on y trouve aulTi une infini-
té de glandules qui ont clracune un petit con-
duit qui aboutit à chaque pore i c'eft de-là que
viennent les fueurs , qui (ont foiiv.°nt abondan-
tes en cette parée , 6c qui fe delfechant au(ïi-tôc
Ff
45 o De U Tête & de fes parties ,
qu'elles font forties , font la crallë de la tére : ce
font ces mêmes glandules qui forment encore les
loupes qui viennent fi fouvent à la tête , lois
qu'elles font engorgées & tuméfiées ; la peau n'a
pas le fentîment fi vif à la tête qu'aux autres par-
ties , ce qui cft facile à remarquer en fe peignant.
On attribuoit autrefois le mouvement du front
& de l'occiput, au pannicule charnu 5 mais la
peau du front & celle du derrière de la tête fe
meuvent par des mufclcs cutanez qui font les.
frontaux & les occipitaux, comme je vous le ferai
voir demain.
Ç Le pericrane eft la première des parties conte-
Le pcri- nantes propres j c'cfl: une membrane d'un fenti-
crane. nient tres-exquis , déliée , & molle , qui envi-
ronne le cranc de toutes parts 5 c'cfl pourquoi
elle eft apellée pericrane j l'on veut qu'elle pren-
ne fon origine de la dure-mere , & qu'elle ne foie
qu'une continuité de fes fibres qui forçant par les
futures fe dilatent & couvrent le crâne. Cette
opinion n'eft pas vraye , quoi qu'elle paroiiïè
vrai - femblable , puifqu'elle eft une membrane
tout - à - fait féparée de la dure-mere , qui a fon
principe dans le germe, comme toutes les autres ;
& qui revêt extérieurement le crâne , excepté à
l'endroit des mufcles crotaphites , par dellus lef-
quels elle palïè pour aller s'attacher à l'apophifc
zigomatique.
Vai/Tcauî Le pericrane reçoit des nerfs de la feptiéme
^u pcrxra- p^jj-g J^ cerveau, & de la féconde paire du con ,
ce qui le rend fi fenfible & fi douloureux dans les
playes de la tête : Il a des artères qui lui viennent
àçs carotides j & fes vénes vont fe rendre dans les
iuî^ulaîres.
Lcpcno- Le periofte eft une membrane nerveuie tort
V 1 1. Démonftrat'ion Anatomîque. 451
<!éliée & fort (enfible , qui elt fous le peiicrane ,
& qui couvre immediatemeiic le crâne & cous le
aunes os , excepté les dents ; la plupart des Au-
teurs ont confondu cette membrane avec le peri-
crane , & n'en faifoient qu'une des deux. Elle eft
telleraenc adhérante au crâne , que l'on a de la
peine a l'en féparer ; elle a les mêmes vailTeaux ÔC
le mêmeufage que le pericrane.
Je ne m'arrêterai point à vous parler ici du j^^JT^J""
crâne , nous l'avons fuffifamment examiné dans (riei le «a-
l'Ofteoloeie ; ie vous ferai feulement obferver "^c*
que pour bien voir toutes les parties du cerveau,
il faut le fcier le plus bas que l'on peut , & qu'il
faut lever doucement , de peur de déchirer la du-
re-mère , qui y ell attachée aux endroits des fu-
tures.
La première chofe que ie vous prie de remar- ,. P'"^^"''*
quer après avoir levé ie crâne , c elt une inn 1 te qui vnc de
de petites ouvertures qui font à la dure- mère aux ^* '^"^"
endroits des lutures , oC d ou on voit lorcir de crâne»
nouveau fang à mefure qu'on l'elfuye : Ce qui
fait voir qu'il y a des vailTeaux qui vont de la
dure-mere au crâne, & qui entrent par les futures
dans le diploé : Ces filamens font de petites artè-
res , qui portent le fang dans la partie moyenne du
crâne pour fa nourriturc,& des vénules qui repor-
tent le fuperflu de ce fang dans les finus de la dure-
mere.
Les membranes qui font enfermées dans le crâne rjg.jj
font la dure-mere & la pie-mere : Elles font membranes
apellées méninges , & on leur a donné ce nom de jjj''^^ ^'^ ^'^*"
■ mère j parce qu'on pretendoit qu'elles étoient les
mères de toutes les membranes du corps ; on a a-
jouté ce mot de dure à l'externe , à caufe de fa for-
ce & de fon épaiircurj& celui de fie à l'interne à
caufe de fa delicateire, F f ij
45 1 De la Tête & de fes partîes ,
CGC Ayant levé le cvane , la première partie qui le
^^tr prefente à nos yeux eft la duie-merc,qui eft com-
S?Ii poféed'un double plan de fibres, qui s'entre croi-
tion. Çç^^^ en mille & mille manières , neanmoms on
peut quelquefois la divifer eu deux alîbz facile-
ment. Elle eft beaucoup plus épaille dans les jeu-
nés fujets, de fort adhérente au crâne par quantité
de petits vailfcaux , qui fervent de nourriture a la
table interne du crâne , de même que lepericrane
^ en a qui font pour nourrir la table externe. Mais
dans les vieux fujets , elle n eft adhérente qu'eaux
endroits des fmus & des futures , par où elle jette
pîuheurs filets qui s'atwchent même avec le pen-
crâne, dont pîuheurs croyent que cette membrane
n'eft qu'une production.
De la dure- Dans la plupart des animaux , comme dans le
^cau' & de veau,la dure-merc eft beaucoup plus déliée & plus
fa differcn- mince que dans Hiomme , en forte que les vail-
'a. kn^^^^^ féaux s'y trouvent Ci déliez, qu'on n'y fçauroit bi-
wc re entrer de la cire par les injedions ; & ils ne
s'impriment point,comme dans l'homme , contre
la table interne du craneimais à la place des vcftiges
de ces vaifTeaux l'on voit toutes les traces des an-
fraduofitez de la fuperficie du cerveau, ce qui ne
fe rencontre point dans le crâne humain.
Des vaîf- Tous les vaiftéaux qui paroifïént beaucoup éle-
fcacxdc h. ^ç^ ç^^^ j^ furface extérieure de la dure-mcre, qui
&'commcm Te glillént & qui rampent dans fa duplicature ,
iJsJont a- (-Q,^^ ^es artères & des vénes,difpofées de telle (or.
te, que l'aiîere eft toujours fous la vcnc , afin que
i'artere dans fon mouvement ne frappe point con-
tre le crâne. Les artères du cerveau viennent des
carotides internes ,& celles du cervelet, des ver-
tébrales Les vénes du cerveau fc dégorgent dans ^
les jugulaires internes , ôc celles du cervelet dans
tuez.
^i»€
I
VI 1. Démonjlrmîon Anatormque, 45-5
îes vertébrales. Tous ces vaillcaux s'anaftoaio-
fem \\zs arceres , avec les artères ,les vénes avec
les vénes, afin que fi le cours du fang eft empêché
d'un coté , il en vienne de l'autre iurfîiamment
1 T- 1 • 1 T Ingénieux
pour tout le cerveau : ht de crainte que les vait- artifice de
ieaux ne fulïent comprimez, la nature a fait palFer '^ nature,
l'artère vertébrale dans un canal ofTcuXjCreufé dans péchcrlâ
les apophy-res tranfverfales des vertèbres du coI,& compref-
c ■ -> j 1 1 non dcï ar-
a rait entrer cette même artère dans le cranc par le ccresduccr-
letrou occipital, où elle palTe dansune échancrure veau.
de la première vertèbre du col, ce qui l'emDcche
d'en être comprimé. On voit par là que les pendus
ne meurent pas par la compreffion que la corde _
r . ^1 *■ • 1 r I Expcncn^
rair aux artères du cerveau, mais par la leule com- ccfai:e fur
prefiîon de la trachée-artere. Car on peut lier fans »'" chien vi-
craiute les deuxcarotidesrc'cd ce qu'on a fait à un " * •
chien vivant , qui refta un peu alfoupi pendant
quelques jours , mais après il revint auffi gaillard
& aulîî agilfant qu'auparavant. Outre ces quatre
artères , la dure-mcre en reçoit encore de la ca-
rotide externe , dont il y a un rameau qui entre
dans le crâne par un trou du fphenoide , & qui va
enfuite fiire fur la dure-mere la feuille de figuier
fur chaque pariétal.
Il faut remarquer ici que quelques ai teres fe Commu-
jettent obliquement , après avoir fait des détours "'^^"on'Jcs
r 1 j 11 • I L •••Il artères de
lur la dure-mere pourrallentir le bouillonnement la dure-
du fane,qui cauferoit de grandes douleurs de tête. "^«r?avec
Ces artères fc dégorgent dans les iinus de la dure-
mere , &: principalement dans le longitudinal fu-
perieur,aprés avoir rampé & fiitplufieurs dcrours;
ce qui n'arrive en aucun autre endroit du corps, •
car le fang des artères ne fe mêle jamais avec ce-
lui des vénes , qu'il n'ait parte auparavant dans
quelques glandes, ou parmi les fibres de quelques
Ff iij
454 ^^ ^^ '^^^^ ^ àefes parties,
parties. En effet on ne voie point de commu-
nication immédiate des vcnes avec les artères en
aucun endroit du corps ; & la railon pour laquel-
le cela fe fait ici , eft peut-être pour donner une
grande liquidité au fang qui eft contenu dans les
lînus 5 lequel eft comme cxtravafé &: dépouillé
de ce qu'il avoic de plus fin & de plus fubcil dans
les "landes du cerveau, &; même de toute la fero-
fité qu'il a perdue dans les glandes du plexus cho-
roide , ce qui pour. oit faciliter fa coagulation ,
s'il n'écoit ranimé, vivifie, & réchauffé par le fang
artériel,
i^'^d^^c- La dure-merc revêt & envelope toute la fub-
merc. ftance du cerveau & du cervelet. Elle fert premie-
rem.ent à empêcher que le cerveau dan'; les gran-
des commotions de têre ne fe choque rademenc
contre le crâne , '.n rompant la violence ci coup
qu il reccvroit. Secondement elle lui fert de four-
rure , en retenanE toutes les parties les plus vives
& les plus fubtilesqui s'échapent continuellement
du cerveau. Troifiémement à remplira à boucher
exaftcment tous les trous du crâne par où pailént
tous ces vaiffeaux, tant fanguins quenervcux.Elle
fert encore à donner aux nerfs une envelope,& à
empêcher qu'ils ne foient offcnlez parla dureté dc
l'àpreté du crâne en palfant par fes trous.
Le fcnti- Elle eft d'un fentiment trcs-exquis , & le cer-
nicr.c de la ^ fouffre qu'autant qu'elle eft intereftee, de
durf-merc \ , ^
cfî tore ex- forte qu'on peut impunément &: fans douleur con-
quis, pgj jg cerveau , quand il eft une fois dépouillé de
la dure mère: cependant on n'y remarque prefque
point de nerfs j je ne fçay fi l'on ne pourroit pas
dire que fa fenfibilité provient de ce qu'envelo-
pant & étant comme unie exa6tement à tov-.s les
îierfs, elle leur communique jufqu'aux moindies
V 1 1. Démofijiration Anatomlque. 455-
împreflions.Ajoùtez à cela qu'elle reçoit quelques
filets des dix paires de nerfs du cerveau , aux en-
droits qu'ils la percent, particulièrement de la cin-
quième paire.
La durc-mere eft double à l'endroit où elle s'a- I^s cn-
longe fous la future fagitrale3& entre da<is lafub- durc"mcr«*
sftancc du cerveau toujours en diminuant ; elle va eft double
en s'étreciilant du cervelet au devant de la tête
s'attacher dans l'enfoncement du coronal^au AqÙ
fus du crifta-galli. Ce redoublement s'appelle la P
faux,parce qu'il en a lafigure.Elle eft encore dou-
ble vers la luture lambdoide-,oii elle eft quatre fois
plus cpaillepour divifer le cerveau & le cervelet.
L'ufage de la faux eft de feparer le cerveau par Ufage ds
le milieu félon fa longueur , en partie droite & en '^"U^*
partie gauche , pour empêcher qu'un côté du cer-
veau ne prelTe l'autre,quaud on eft couché (ur un
côté de la tête, & pour loûtenir les féconds ilnus
longitudinaux , qui s'aflfaKreroicnt fans elle , &
enfin pour empêcher que la pourriture d'un côté
ne (e communique fi facilement à l'autre , d'où
vient qu'on peut voir le côté droit gâté, le gauche
étant fain.
Le fécond redoublement de la dure-mere, atta-
ché à la crête de l'occipital , fert à empêcher que
les deux lobes pofterieurs du cerveau ne compri-
ment le cervelet , & à foutcnir les deux finus laté-
raux dans les animaux féroces. En cet endroit fe
trouve une avance olleufe qui fortifie l'ufage que
nous venons de donner à ce redoublement. Re-
marquez que c'eft cet endroit qu'on nomme tor-
cular ou le preflbir. J'ai pourtant de la peine à croi-
re que cette avance oftcufe ait l'ufage d'empêcher
que dans les commotions du cerveau, & dans les
adioHs violentes de ces animaux , comme dans la
F f iiij
45 ^ i^^ i^ '^^f^ ^ ^^ fi^ parties ,
Courfe , le cervelet ne (oie point comprimé* Car
premièrement cette apendice olfeufe ne Te trou-
ve point dans les cerfs qui (ont fi légers à la cour-
fe, il femble même qu'il feroit plus fâcheux que le
cerveau vint à fraper contre ces os que contre la
duplicature de la dure-mere. Enfin il y en aune
troiiiéme attachée à l'épine de l'occipital j elle fe-
pare les deux lobes du cervelet,
dans la T* *^" remarque dans la dure-mere dix finus , qui
re-merc. lont comme autant de grandes rivières où plu-
lieurs petits ruilîeaux fe déchargent. Ces finus font
■r , .au nombre de quatre princii-aux , connus & dé-
Lelongi- . \ ^ c • 1 I • j- I
tudinal lu- crits de tons les Auteurs : bçavoir le longitudmal
pcncur. fiiperieur , les deux latéraux Si. le droit. Les autres
ÎF font inconnus aux Anciens, fçavoir le longitudinal
Les dfux inférieur , un à la crête de l'occipital , deux fur l'a-
laceraux. , t • r i o \' i
popmlc pierreule , un en haut <x 1 autre en bas j
G qui communiquent entre-eux vers la felle du fphe-
ie droir. -j o • • r •. j
noide (k qui communiquent enluite avec ceux de
H l'autre côté vers les Apophyfes clinoidcs pofl-e-
fctieur. Le longitudinal fuperieur eft couche fijr la
faux le long de la future fagitale , & va finir coni-
du longi- nie la faux au-delïus du crijia gallî. Les latéraux
tudinal iu- commencent vers la future lambdoide , où com-
dcslatc' mencent la faulx & le longitudinal poflerieur. Ils
laux. font faits du poftericur divifé en deux , à l'endroit
où il forme la pointe d'un arche de pont ou de trian-
gie.Ces deux finus fe portent iur la féconde dupli-
cature , chacun de fon côté,
du finus"^ Le droit prend fon commencement vers l'u-
droic. nion des latéraux , ou la divifion du longitudinal
fuperieur , & va droit à la glande pineale qui fe
trouve dans tous les animaux , quoyqu'en difenc
les Anatomiftes de Montpellier : mais elle
y IL Démorifiratlon Anatomlque. 4^7
cft plus petite &: plus difficile à trouver dans cer-
tains animaux que l'homme. Le longitudinal
inférieur coule le long de l'extrémité de la faulx,
& aboutit dans le droit i il fe rencontre toujours
dans l'homme 6c dans les autres animaux, ou bien
à fa place il y a une grolïe véne qui fait le même
office que le finus.
Celui de lacrctede l'occipital fe de^orse dans Les finm
les latéraux , & ne s'étend pas plus loin que la du cianc
crête de cet os. Les autres de la bafc du crâne fe verxndc
dccharg-ent tous dans les latéraux, les uns plus haut ,^"u,- ^
& les autres plus bas , 6c pour l'ordinaire à l'en- raux.
droit où ils font le contour en forme d'S romaine,
& enfuite fe déchargent dans les jugulaires, inter-
nes & vertébrales.
Dans tous ces fînus fe trouvent de petites brides Ufage» des
qui font des appendices membraneufes & tranf- dcs"q^ui fé'
verlales, qui comme des cordes retiennent les pa- tro»'<^nt
rois des finus , àc les empêchent de fe trop dilater finus de U
par l'affluence du fang , de crainte de comprimer ^urc-mcL-
le cerveau. Elles brifent le cours du fang qui cou- '
leroit trop impetueufement dans les linus lonaû
tudinaux qui vont beaucoup en pente , d'où vient
qu'elles y font en plus grand nombre 6c plus con-
(iderables que dans les autres , èc principalement
dans le fuperieur. On trouve quelquefois dans ces
finus des polypes , qui font des corps durs,blancs
& longs , qui fe forment affez fouvcnt dans les
ventricules du cœur ôc dans les vénes.
Ces dix finus fervent à contenir le faner quel- A quoi
que tems dans le cerveau , afin de f cchautfcr par j"^/'^ ^^*
fa chaleur douce 6c bénigne ;, Se propre à la eéné-
ration des efprits animaux , ^ d'empêcher qu'ils
ne coulent trop promptement. Ils fervent aufli à
recevoir le rehdu du fang des vénes capillaires du
45 S De la Tête & de fes parties ,
cerveau , pour le décharger & diftiibuer dans les
vénes jugulaires 6c vertébrales pour la circula-
tion.
DcsTcnes Ces finu-s ne reçoivent pas feulement le fan^ de
qui rappor- i,- . , : >* . -i j ' i
lent le fang ^ luterieur de la tcte , mais il y a une vcne du de-
du dehors hors de la tète qui paife par un trou marqué der-
* rierel'apophyfe maltoidc , qui décharge dans les
fînus latéraux le Tang qu'elle raporte du dehors.
il s'en rencontre encore quelquefois une autre
qui palTe par un trou qui efl: dans la partie fupe-
rieure des pariétaux, proche de la future fagittale,
& va au finus longitudinal fuperieur. Outre cela
il y a plufieurs vénes qui palîent par les interftices
des futures, pour le rendre a la durc-mere : Par là
on explique plufieurs malades.
Ufagcsdcj Les deux contours en façon d'S romaine des
dcsfinu"la-^^"^ latéraux , empêchent que le fang ne fe pre-
tcrauz. cipite dans les vénes ; ils font gravez allez avant
dans l'os occipital pour garder cette figure,
les T?î!« "^ Toutes les vénes capillaires , avant que de fe
cipillaires dégorger dans les finus s'alîemblent en torme de
dam7cT '^'^oï^cs 5 qui après avoir fait plufieurs circonvo-
finus. lutions fur la dure-mere , fe jettent dans les iî-
nus par des embouchures obliques , s'ouvrant
contre le courant du fang , afin qu'il n'y entre
pas en trop grande quantité , & que fon mou-
vement foit ralenti. Dans l'homme, ces oiitîces
regardent le fmciput , &: dans les bêtes l'occipat,"
parce que l'homme portant la tête . haute &c droi-
te , le fang couleroit avec trop d'impetuofué de
devant en derreire ; & dans les bêtes au contrai-
re 5 pour faciliter fon mouvement «Se l'aider à
monter dans les fmus & dans les vénes , ces orifi-
ces, comme nous avons dit , regardent f occiput,
parce qu elles portent la tête en bas , ^ que le
VIL Demo-fiflration Anatomîque, 45^
fang y a plus de pente de deriiete en devant. a quoi
L'obliquité de l'infertion des vai eaux dans les r«t l'iofcr-
fïnus iert encore a empêcher que les hnus ne s en- g^^ d^
gore;ent , parce qu'étant une fois pleins , le fang vaifTeaui
par Ton poids pefant fur la membrane intérieure fim^^
des linus , l'aplique & le colle contre l'exteriea-
re, ce qui bouche l'orifice de ces vailfeaux , de
forte que ces vailTeaux ne reçoivent du fang qu'à
mcfure qu'il s'en décharge dans les vénes jugu-
laires & vertébrales : d'où vient que fi ces gros
vaiiTeaux viennent à n'en pas recevoir , comme
il arrive quand nous tenons notre tète fort pan-
chée contre terre , le fang remplit les finus , &
généralement toutes les vénes du cerveau; ce qui
fait que nous avons une pefanteur de tête > un
ctourdilfemcnt, un ébloiiiffement,& le vifage fort
rouge & enflamé.
On demande ici l'explication d'un fait de pra- tion^Jù""
tique , qui eft que lorfqu'on a fait une laignée à fait depia-
la jugulaire , il arrive ordinairement au malade "^'^^'
une pelantcur de tête , un aflbupKfement , &
quelquefois la rêverie , & qu'après la faignée du
pied le n^alade tombe fouvent en fincope. A cela
on répond premièrement, que quand on faigne à
k jugulaire externe, c'eft comme fi Ton ouvroit
rinterne,à caufe qu'elles communiquent enfem-
ble ; de forte qu'on defemplit les fnuis & les vc-
nes du cerveau ;ce qui détermine lelang à y cou-
ler par les artères en plus (grande abondance ; tc
ayant fermé l'ouverture de la faignée , le fang qui
a été déterminé , comme nous venons de dire 5 a
y courir abondamment , continue ainli fon cours;
mais alors les vénes jugulaires n'en déchargeant
pas tant qu'auparavant , les finus fe remplifTent ;
les fînus remplis , les vénes du cerveau ne pou-
4^o D^ l^ Tète & de fe s parties ,
vant s'y dégorgerjComme nous avons die, fe rem-
pliffent aufîî & écartent, étendent & comprimenc
la fubftance du cerveau ,• ce qui trouble la filtra-
tîon & la diftribution des efprirs , d'où vient la
pefanteur de tête.
Secondement, la faignée du pied détermine le
fang à couler en bas avec impetaofité \ & cela
d'autant plus facilement que l'artère defcend droit
en bas ; de forte qu'il fe porte peu de fang au
cerveau , à caafe qu'il trouve plus de refiftance
& de difficulté à monter qu'à deiccndre; ce qui
fait qu'il s'y filtre peu d'efprits, qui ne fufïifenc
pas pour les forts mouvements du cœur. Ce puif-
fant mufcle ne fait que palpiter,(S^ alors le malade
tombe en fincope,& ainfi vous voyez que fuivant
la circulation du fang il faut avoir égard,&choiIlr
de certaines vénes dans la faignée.
La dure- Ladure-merc& les Imus ont le mouvement de
^nusfonrfa «^'^^olc & de fiftole, à caufe de la grande quantité
cliaftoIe,)& de fcs artères. Il faut remarquer que les carotides
^ ^^- paffent dans un canal ofîeux creufé dans l'os des
temples & qu'elles entrent dans le ctane vers les
nerfs optiques, à côté de la fclle du fphenoide.
Ainfi ils font deux contours pour empêcher que le
fang ne foit porté dans les pallions en trop gran-
de quantité au cerveau. La même mécanique
s'obfcrve dans les vénes jugulaires & vertébrales.
Ces dernières fe contournent fur la première ver-
tèbre du cou, & puis par un autre contour elles
vont pafler par le trou qui eft derrière les apophy-
fes de l'os occipital : Mais les artères vertébrales
après s'être contournées fur la première vertèbre
du cou , où elles font renfermées avec la féconde
paire des nerfs du cerveau dans une échancrure,
pallent par le trou occipital, bc ayant fait quel-
FIL "Démonflratlon Anatomîque. 4 C i
ques lignes de chemin , elles s'anaftoraofent fur la
moelle alongée, puis vont fe divifer 6c diftribuer
chacune de (on côté , & s'anaftomofent avec les
carotides qui ont eu communication enlemble de
la même manière.
Ayant levé la dure-mere , l'on découvre la pie- I
mere,qui elt une membrane tres-nne ex très - de- ^^^^^
Jiée qu'on a peine à féparer de la Tubdance du
cerveau , dans les plis & replis de laquelle elle
s'enfonce &c dcfcend jufqucs dans les anfraduo-
lïtez les plus profondes, où elle conduit les vénes
& les arteresj ce qui fait qu'elle eft beaucoup plus
grande que la dure-mere.
Elle eft parfemée d'un grand nombre d'artères (^^ ij^pfc^.^^
■qui vien;ient des carotides & des cervicales ; & mctc.
d'autant de vénes qui forment pluiieurs labîrin-
ihes j & qui vont fe décharger dans les fmus.
/^////j- remarque qu'elle eft remplie de quantité de
petites glandes "qui fervent à féparer une liqueur
aqucufe qui humecle ces deux membranes. L'on
prérend que cette pie-mere eft fort fcniîble,& que
c'eft dans cette membrane que les douleurs de técc
ont leur (îege principal,
L'ufaee de la pie-mere eft d'enveîoper imme- , ^[^'^ ^^
j. ^ , f . ;- 1 r • I I^ pic-me-
diatement le cerveau juiques dans les circonvoiu- re.
rions, &: de conduire tous les vaifteaux qui entrent
dans fa fubftance , ou qui en fortent.
Les oenmges étant levées , on voit une grofîe LL
maiTe que l'on divife en partie antérieure , qui eft ^^^^ "'^*
proprement le cerveau , & en pofterieure , qui eft
le cervelet. Ils font tous deux féparez l'un de l'au-
tre par le replis de la dure mère , qui outre cela
iépare , comme je l'ai déjà dit , le cerveau en par-
lie droite, & en partie gauche.
Le cerveau eft iciiué au lieu le plus élevé du Situation
du cer-
veau.
Grân-^eur
du ccLveau.
Fig'jrc du
cerrcau.
M
Circoti-
▼olutionj
du cerveau.
Mouvc
ment du
cerveau.
4(^2 De la Tête & de fis parties ,
corps , non pas a caufe de fa nobleiîc leulemcnt ,
comme quelques-uns l'ont prétendu j mais pour
la commodité des fonélions animales dont il eft
la principal organe. Il eft enfermé de routes parts
dans le cranc , comme dans une bocte olTèufe ,
afin que rien ne puiflc nuire à fa fubftance qui eft
molle.
Le cerveau de Thomme eft non feulement plus
grand que celui d'un bœuf ; mais il Teft encore
plus que celui d'un éléphant , fencend à propor-
tion de tout fon corps : la railon qu'on aporce de
fa grandeur fi confiderable dans l'homme , c'cft
qu'étant le principe des fondions de l'ame , fes
a6tîons en iont d'autant plus parfaites qu'il eft
grand.
La figure du cerveau eft femblableà celle du
crâne , c'eft à dire qu'elle eft ronde & oblonf^ue ,
ayant comme lui une éminencepardevant 6c une
par derrière , & étant aplati par les cotez.
On voit à la furface extérieure du cerveau plu-
fieurs anfradtuofitez ôc circonvolutions , fembla-
bies à celles des intcftins greiles j elles fervent à
introduire les vaifteaux dans le cerveau par le
moyen de la pie-mere , qui defcend jufqu'au fond
de ces filions , qui font autant de pores par où la
matière des efprits entre dans le cerveau ; de for-
te que ceux qui ont plus de ces anfraduofitez ,
doivent former beaucoup plus d'efprits»., & par
confequent être plus vifs & plus capables de con-
cevoir facilement toutes chofes que ceux qui en
ont moins.
Le cerveau a un mouvement de diaftole & de
fiftole , de même que le cœur : quand il fe dilate ,
il reçoit l'efprit vital des artères j & lorsqu'il fe
refterre , il poufte l'efprit animal dans les nerfs.
y 1 1. Bemonfiratîon Anâtomlcjue. 4(^5
Les ufages du cerveau font d'êtire l'oigane prin- Ufagci du
cipal des fondions de Tame , & de filtrer l'efpric ^-^"f^^-
animal' conjointement avec le fuc nerveux qu'il
diftribuë à toutes les parties du corps par le moyen
des nerfs.
Le cerveau eft compofé de deux fubftances dif- P^'^'^ ^^^'
ferentes; la première eft; la fubilance corticale , au- cerveau,
trement dite corps cendre ^ la féconde eii la mé-
dullaire , que l'on apelle corps calleux.
Il faut obferver que ces deux fubftances ne Fn quoi
différent pas feulement en couleur, niais encore <^'™T^'''^
en confiltauce, par exemple , la fubftance cortica- £;bfhncsî.
le eft grisâtre & fort molle ; la mocllcufc eft blan-
châtre &■ moins molle : cette obfervation eft ne-
ceflaire pour les confequences que nous en tire-
rons ci-aprés.
Le corps cendré eft ainfî apelle , parce qvi'il eft , ^^^-p,
grisâtre comme de la cendre ; on le nomme aufîi cendré,
fubftance corticale , à caufe qu'il eft comme Té-
corce du cerveau qu'il environne de toutes parts :
cette fubftance n'eft autre chofe que l'alfemblage
d'une infinité de petites glandes rangées les unes
auprès des autres.
Il faut vous faire remarquer ici que la fubftan- _ ^ ,
ce corticale a les patties plus écartées , cc les po- dulcs 4m
res plus ouverts que les autres fubftances du cer- f^^^J^P^'^"
^ ç, ^ j f . II- tiecortica-
veau 5 & que quand on y lenngue quelque h- ]e du ccr-
queur par les artères , elle ne pénètre qne dans la veau,
partie corticale , & ne pafte point dans la fubftan-
ce médullaire.
Ces glandes ont chacune un tuyau particulier, j^^^ [^^^j.
par lequel couje l'efprit animal qu'elles ont filtré qui f^r.r le
du fang qui y eft porté par les artères carotides &: du^if^i";'^"
vertébrales. Vvillîs prétend qu'elles fervent au (fi
à en filtrer le fuc nerveux , qui eft une liqueur
4^5 4 De la Tête & de fe: parties ,
huileufe & cres-fubcile qui ferc de véhicule aux
efprics animaux,& avec le fang de nourriture aux
partiesice que Ton peut obferveraux bras & aux
jambes des paraliciqueSjqui ne recevant plus de ce
fuc deviennent maigres.
O Le corps médullaire eft ainfi apellé , parce
Le corps qu>j[ ^ft d'une fubftance molle comme de la
:c. moelle : elle 1 eit cependant moms que le corps
cendré. Il eft fiuué diredtemcnt fous le cendre ,
de forte que la pie-mere ne le touche point.
Tous les tuyaux qui partent des glandeSjqui com-
pofent la partie cendréejformcnt tous enfcmblc
en fe rciinilfant,ce corps ou cette fubftance mé-
dullaire.
V Ceux qui admettent le corps calleux , difent
ç^jlç^j^^'^P* qu'on l'apelle ai ni), parce qu'il eft d'une fubftan-
ce plus ferme & plus folide que les deux autres ,
& que c'eft à proprement parler un aflcmblage de
la fubftance médullaire,' & qu'il fert d'aproche
aux petits tuyaux qui la forment j ils veulent que
fa couleur foit tout-à-fait blanche : Mais nous
avons remarqué qu'il ne diffère point du corps
médullaire.
Q.Q. En coupant cette partie , que l'on nomme le
t.iculcs^'fu- corps calleux , on découvre deux grandes cavicez ,
pcricuri. que l'on apelle. les ventricules fuperieurs , ou an-
térieurs i d'autres les apcUent latéraux , parce
qu'il y en a un au côté droit , & l'autre au côté
gauche: ils ont tous deux la même grandeur & la
même figure; leur fituation & leurs ufages font
aulîi les mêmes.
■Fîg«re de £ fiaure , fi vous les confiderez en particii-
culcs. her eft pareille a celle d un croiUant : c eft peut-
être ce qui a fait croire à quelques Anciens ; que
la Lune dominoic beaucoup fur le cerveau ; mais
^ fi
vu. 'Démonstration AnAtomique. y^f ^
fi vous les examinez cous deux enremble,îls ont la
figure d'un fer à moulin : Leur pointe qui eft vers
la racine dû nez où ils commencent eft trcs-etroi-
te , mais ils s'élargifTent peu à peu , bc forment
chacun une grande cavité vers leur fin, ce qui faic
qu'ils font plus amples vers la partie inférieure du
cerveau , que vers la fuperieure , ce font les deux
plus grands ventricules du cerveau.
Leur véritable fituation eft dans la partie mo- LcurCtua-
, ., ^ f, , don.
yenne du cerveau ; car ils iont autant également
diftans de l'os coronal que de l'occipital, & à peu
prés autant de la bafe du crâne que du fommet de
la tête.
Ces deux ventricules font feparcz l'un de l'au- Le fcptuni
tre par une cloifon mitoyenne , que l'on nomme l^^^idum.
feptum lucidum , à caufe qu'elle eft tranfparente*
Il y en a qui ont crû que cette feparation étoic
une membrane , mais elle eft faite d'une portion
très- déliée de la fubftance calleufe renfermée entre
deux membranes , lefquelles font des continuitez
delà pie-mere,qui tapilfe intérieurement ces deux
ventricillcs. , '^^^
T 1 r j ' • r Lcscorpi
Les corps canneiez iont deux emmences conli- caniclci.
derables,qui font d'une couleur plus brune que le
refte: il y en a une à chaque ventricule. On les ap-
pelle corps cannclcz,parce qu'ils font raycz.Qiiel-
ques-uns prétendent qu'il y a une infinité de can*
nelùres en forme de vis qui y font beaucoup de
filions ; & que c'eftdans ces parties que Uvi/lisâ.
établi le fiege de l'ame, étant perluadé que les
cannelures font faites par lesimprellions , des ob-
jets que l'ame reçoit. S
Il y a dans la partie moyenne de ces ventricules aoir/"^°^"
une cavité ronde en forme d'entonnoir , qui dé-
cend à la bafe du cerveau , en fe terminaiK en
4 ^ (5 De la Tète & de fes parties ,
pointe , Se qui va finir fur Ja glande pituitaîre, qui
eft dans la felie de l'os fphenoide ; c'eft cecue cavi-
té que l'on apelle du inoc Latin w/Hudibnlum: Elle
cft formée de la pie-merc : elle eft toujouis pleine
_^-. , de iimphe dans les cadavres.
viniiculcj. Comme les trois ufages que l'on donne à ces
ventricules font fore ditferens & fort oppofcz ,
je vous les raporterai l'un après l'autre , afin
que vous puiffiez juger lequel des trois eft le véri-
table.
Ufagesdc Le premier cft des Anciens, qui pretendoient
CCS vcntii- que l'efprit animal y étoit perfeétionné , & que
cnjc^^leion ^^ même que le cœur avoic des ventricules dans
lelquels les efprits vitaux fe fubdlifoient ; de
même auUi le cerveau en avoit pour la perfedlion
des efprits animaux ; qu'ils en étoîent les refer-r
voirs; &c que de ces cavitcz ils écoicnc envoyez
parles nerfs à toutes les parties du corps, com-
me les efprits viraux y croient envoyez par les ar-
tères.
Leurs ufa- Le fécond eft des Modernes , qui foûtiennenE
t!t.dcrnM au contraire que l'efprit animal n'y eft point for-
mé : la raifon qu'ils en aportent eft, qu'il eft trop
fubtil pour ne pas s'échaper par le trou qui répond
àl'apophife crlfia galll , oa par les arcades de la
voûte qui va au troiiiéme ventricule : D'ailleurs
ics ferofitez donc ces ventricules fe trouvent or-
dinairement remplis , la (Ituation de l'entonnoir
qui eft dans leur milieu , cS: qui leur ferc comme
d'égoût ; Ôc celle de la glande pituitaire , qtiî le
trouve encore diredtemenr au dcflbus pour en re-
cevoir les ferofitez , font Connoître qu'ils lonc
plutôt les refervoirs des humiditez fupcrflucs du
cerveau , que le lieu delà naiftance des efprits ani-
mau».
VI ï, 'Démonflrat'ion Anatomlque, 4(^7
Le ci-oiiiëme eft de MoSeur de la Chambre^ qui Leurs ufa-
,. , r . o 1 • j ri f^cs Iclon
dit que la leparation & le vuide que ront les ven- Mrdela
tricules dans le cerveau lui donnent la liberté de Chambre.
s'ouvrir , de s'cleyer &c de s'abailïer fans y caufcr
aucune violence ^ qu'étant neceiîaire qu'il eut du
mouvement pour faire -les fondions , il n'auroic
pas p 11 en avoir fi tout (on corps eiic été plein &
foiide : QLi'il en eft comme d'un foufflet qui ne
pourroit s'élargir s'il n'y avoit du vuide dans les
ailes , que les animaux dont le cerveau ne femeuc
point j comme celui des poilfons & des infectes
n'ont aucun ventricule ; d'où il conclut que les
ventricules n'ont été faits que pour faciliter le
mouvement du cerveau.
Ce qu'il y a de rougeâtre dans l'un &: l'antre de Le plcxuï
ces vencricuies eft une partie du placi choroïdei choroïde»,
mais comme fa plus grande partie occupe le troi-
fiéme ventricule , je ne vous le ferai Vv^i. q^. a-
prés avoir levé la voûte triangulaire qui le for-
me.
Le corps voure , qu on nomme amli a caule voûx.
qu'il reflémble à une voûte , eft une partie blan-
châtre où le joignent les ventricules ; il eft porté
fur crois colomnes , dont la première le foutient
par devant , 5c les deux atitres par derrière , de
iorte que le delfous reprefente un triangle : Il rend
le même office au troifiéme ventricule que font
les voûtes aux édifices ; car il porte & foutient la
lourde malfe du cerveau , de peur qu'elle ne s'af-
faîde trop fur cette partie , le bord qui eft plus
mince que le reftc s'apelle la corniche de la
voûte.
Après avoir levé les deux piliers poftericurs de iç^Q-fj
la voûte, & les avoir renverlez furie devant dumevciuriT
cerveau , vous découvrez le troiiiémc ventricule, *
4^8 De la Tête & de fes parties ,
donc toute la cavité paroît remplie du lacis cho-
roïde.
Strufîure Le plexus ou lacis choroïde eft un tiflu qui eft
ùioïdiàc ^'^^^ d'une infinité d'artères fort déliées , qui vien-
nent des carotides, & des vénules qui vont fe ren-
dre dans le quatrième finus de la dure-mere. Il eft
auiîi compolé de quantité de vaiflTeaux limphati-
ques , èc de beaucoup de glandes fort petites, qui
feroienc imperceptibles fans le fecours du Microf-
cope ; d'où vient que Stenon croit qu'il fe fait là
une filtration d'une partie de la ferodté qui coule
dans les ventricules.
, picïus cho- ^^ \^z\^ eft fi artiftement fait que l'on a fujet de
rojide. croire qu'il a des ufages conlîderables, c'eft pour-
quoi plufieursfe (ont efforcez de les découvrir j
en voici deux qu'on lui attribue , l'un de fcrvir
comme de Bain-Marie, dont la chaleur douce con-
ferve le mouvement des efprits dans le corps cal-
leux qui eft immédiatement au dedbs de lui,& qui
autrement feroit tiop froid , n'ayant que tres-pcu
de vaiflèaux qui le réchauffent ; & l'autre que la
chaleur de ce lacis entretient la liquidité de la fe-
rofité dans ces ventricules qui la pourroient épaif-
iîr par leur froideur , s'ils n'êtoient échauffez par
ce grand nombre de vailfeaux , ce qui empêche
que ces humeurs ne croupiflent , & ne fallcnt des
obrtruAions dans l'entonnoir.
,X La glande pineale eft ainfi apellée , à caufe
La glande ^ w \ c \' j • n a
pacsle. quelle a la hguredune pomme de pm ; elle elt
pofée à l'entrée du canal qui va du troi/icme
ventricule au quatrième : Elle eft compofée d'une
fubftance dure , jaunâtre j & couverte d'une
membrane déliée. Sa groftcur n'excède -pas celle
d'un petit pois j cependant j'ai trouve une petite
{>icrre dedans ^ & Sylv'ms raporte qu'il y a fore
VIL Demo'fiflrîit'ion Anatoimque, 4(^9
fouvciit trouvé de petits grains de fable ; & une
fois entr'autres une petite pierre ronde qui occu-
poic plus de la moitié de cette glande : Elle eft at-
tachée de chaque côté à la partie pofterieurc du.
lacis choroïde par un petit cordoii. Qiielques-uns
veulent que ce petit cordon foit un nerf qui ac-
compagne le nerf pathetiquCjqui va au mufcle des
yeux.
On a donné des ufages bien difFerens à cette ja gûnde
glande. Defcartes prétend qu'elle eft le fîege de piocaic.
l'ame ; je ne m'amuferai point ici à réfuter Ton
opinion , qui l'a été ce me femble allez par Mon-
iieur Duncan dans le Traité qu'il a fait des allions
animales ,où il dit, après Ariflote^ que l'ame n'efi:
point bornée dans pas une partie , & qu'elle efl:
par tout où elle agit , à la manière des efprits j
ainfi il eft ridicule de la mettre dans le cœur com-
me Empedocle ;dàns la ratte ou dans l'eftomaCjCom-
me f'^enhebnotit : ou dans le cerveau , comme la
plupart des Philofophes , qui font encore parta-
gez quand il s'ac^it de fçavoir fi elle occupe tout
le cerveau , ou feulement quelqu'une de fes par-
ties.
D'autres aloûtent que plus on a cette glande pe- ^^''"'"'^'it
, 1 r • • r ^ . f . fur cette
tite 5 plus on a l elprit vir, parce qu'un petit corps gUndc.
efl: plus aifé a remuer qu'un gros ; & qu'étant le
tamis par où palle l'cfprit animal , les pores étant
forts étroits , il n'en palle que le plus fubtil : Il en
eft de même, difent-ils , des trous d'un tamis avec
lequel on paiie la farine, plus ils font petits & plus
elle eft fine : c'cft pourquoi on voit que l'homme
qui a les autres parties du cerveau plus grandes
que les bêtes, à proportion du refte de fon corps, a
la glande pincale plus petite.
L'ufage de la glande pincale eft de feparcr & de
Gg iij
470 Delà Tète & de fes parties ,
Verîrabic filtrer, comme les antres glandes, quelque liqueur
afagc de pour le verfer dans les ventricules du cerveau.
cctcc glan- i . . .
de. Pour découvrir toutes les parties qui tormenc
Le troific- jg troifiéme ventricule , il faut lever le lacis chô-
me ventn- . , , , « . / i .• n •
culc. roide , lequel étant rejette vers la partie polteneu-
re où il e(t attaché au quatrième finus de la dure-
mere , fait voir le fond d* ce ventricule ,qui n'cft
Il cft aufli a^ji-ç chofe que l'aboutilkmcnt des deux ventricu-
spelie vcn- . ^ . , . ,
tricaic mo- les luperieurs qui s y terminent pa; leur partie in-
yen. ferieure On l'apelle auffi ventricule moyen, tanc
parce qu'il eft fitué entre les deux fuperieurs , &
le quatrième , que parce qu'il occupe le centre du
cerveau , étant également éloigné de l'os frontal
& de l'occipital.
Conduitsde Ce ventricule a deux conduits, l'un antérieur,
ccvcucncu- par lequel il a communication avec la glande pi-
i<^' • • J \ M M j u ^
ruitaire , dans laquelle il décharge par ce moyen
les excremens du cerveau , & l'autre pofterieur ,
qui va au quatrième ventricule.
Pluficurs £t dilatant doucement ce ventricule, l'on aper-
f^-'ou '^ c Ç^^*- ^^^^^""^ éminences , deux fuperieures & plus
dans ce ven grandes , qu'on apelle protubérances orbiculaires j
tncuk. Q^ à&nx autres inférieures & plus petites , nom-
mées Epiphifes des protubérances orbiculaires :
ces quatre éminences font prefque d'une même
grolTèur , qui n'eft pas confiderable dans les
hommes, mais elles fe diftinguent mieux dans les
bétes.
Diffcrenï Les parties qui fe rencontrent dans ces ventri-
noms dcces cules font contenues fous d'autres noms qu'on Icir
a donnez à caufe de la relïem.blance que l'on a pré-
tendu qu'elles avoient avec les parties naturelles :
On a nommé la glande pineale vîrga \ l'ouvertu-
re du conduit qui va à 1 entonnoir , vniva ; l'en-
trée qui va au quatrième ventricule , amtj }, les
VII, Démontrât ion Anatomlque 471
pvoruberançes orbkulaires , nates ; &:les epiphiies
des procubeiances orbiculaires , têtes.
Dans le fond du conduit qiû va au quatrième' Uncaoo-
vencricule vers fa partie pofterieurp , l'on voitt une p'^;'^ ^'''^-
,' . c • i h . (~ . mirormc,
eniïuence raite comme de pluiicurs pièces , avec
des lignes tiaufverfales ; on l'apcllc apophife ver-
iTîiforme , à caufe de la relTemblance qu'elle a avec
\M\ gros ver à foyè ; c'efl: elle qui ferme & ouvre
cepalïarre félon qu'elle s'allonge ou fe racourcit.
Elle ell hruée dans le cervelet , dont je vais vous
faire la Démon ftration.
Le cervelet efl un corps moelleux & anfractueux Lecervckr.
que nous trouvons fous le cerveau dans la partie
inférieure & pofterieure de la tête \ il eft conjoint
& continu au cerveau par en bas 5 mais par en
haut il en eft feparé par le replis de la djre-
mere.
Duncan remarque qu'il eft formé par deux bran- Compofi-
ches , qui partant des cotez du tronc de la moelle "^'^^ ^ *""*
allongée, font une cfpcce de berceau en fe ren-
contrant au milieu , & laiftant entre deux une ca-
vité que l'on apelle le quatrième ventricule, donc
je vous parlerai ci-aprés.
La, figure du cervelet eft plus large que longue; p;g^Jyg f^
il leprei'ente une boule large & plate j il eft fix fois grandeur du
plus périt , & fa lubftance eft plus dure &: plus fo- ccrvckc.
lide que celle du cerveau , on a coutume de l'ou-
vrir tant pour faire voir fa fubPtancc interne , que
pour, démontrer le quatrième ventricule qu'il en-
ferme tout entier.
. La fubftance du cervelet dans les hommes eft Subf^mcc
grifc & traverfée d'une autre fubftance blanche ^" ^^'^^^^'^^*
qui eft fcmbiable à celle du cervelet des bètes :
auîH les adtions vitales &c naturelles qui en dé-
pendent , fe font de la même manière dans les
47 i 2)^ la Tète & défis parties,
hommes que dans les animaux , au lieu qu'il y Or
une difFerence coniîderable entre le cerveau de
l'homme &c celui de la bête , parce que les fonc-
tions font fi difterentes dans l'un & dans l'autre.
Quatre Uvillis remarque quatre fortes d'apophifes qui
apophifci aboutiflènt au cervelet ; premièrement deux late-
au cerYcau r j i. • j
raies ; en lecond lieu une moyenne, puis deux pi-
ramidales ; & enfin deux annulaires
Apophiics Lg5 apophifes latérales font couchées le long de
la moelle allongée fur les bords ; elles fervent à
entretenir le commerce du cerveau avec le cerve-
let y en conduifant les ondulations des efprits de
l'un à l'autre.
/pophifc L'apophife moyenne fertà joindre les latérales
moyenne, gjjç communique aux nerfs pathétiques qui en ti-
rent leur origine ; les ondulations que les paflîons
imprim.ent aux efpiits , & qui paffent du cerveau
au cervelet par les apophifes latérales j ces ondu-
lations d'efprits étant portées aux mufcles des
yeux j^leur font faire certains mouvemcns qui
font propres à fignifier la paffion qui les a eau-
fées ; ce font les nerfs de la quatrième paire, qui
portent ordinairement ces ondulations aux yeuxj
c'eft à caufe de cela qu'on les a nommez patheti-
. .. ques.
Apophi es j^ apophifes piramidales font ainfl nommées à
piran Ida- ~^ , K ^ r ^ iir i r -i r
ici. caufe de leur hgure ; elles iont le relcrvoir des el-
prits qui doivent couler dans la huitième paire des
nerfs , qui font les vagues , lefquels ne faifant que
desmouvemens continuels , comme font ceux du
cceur, des poumons , du diaphragme, & des in-
isftins , ontbefoin de la grande quantité d'efprits
qui font gardez dans ces apophifes.
. , .r Les apophiles annulaires font ainfi apellées ,
Apopbilcf i , r , , V ''Il ••11 11
annulaucî. parce q^u étant placées a cote de la moelle allon-
VIL "Démonflratlon Anatomîqite, 47 3
gée , elles l'embrafTent 'comme un anneau j elles
fervent de lefeivoir aux erpiits qui doivenc être
dillribuez parles 5. 6. & 7, paires de nerfs qui
en fortenc immédiatement.
Comme je viens de vous expliquer , en parlant
de la corapofition du cervelet , de quelle maniè-
re étoit formé le quatrième ventricule qu'il ren-
ferme, je n'ai maintenant qu'à vous dire ce que
c'eft.
Le quatrième ventricule eft une cavité plus .Lcqua-
petite que les trois autres , qui elt lituee dans le meule,
cervelet , bc qui fe termine du côté de l'épine , en
façon de plume à écrire ; d'où vient qu'on a nom-
mé Ton extrémité cdamus \ Il eft environné pair
devant & par derrière des apophifes vermiformes,
qui font deux j l'une antérieure, placée au com-
mencement de ce ventricule , laquelle en s'allon-
gcant ou fe racourcillant en ferme l'entrée , on
la tient ouverte \ de l'autre pofterieure , qui eft
couchée fur la moelle de Tépine, à l'extrémité de
cette cavité.
Le pont de Varole eft le delfus d'un conduit .î-*^ P.°"ï de
qui le trouve dans ce ventricule , lequel va a 1 en-
tonnoir.
Ceux qui ont crû que les efprits animaux étoient
formez dans les ventricules du cerveau , ont ap-
pelle celui-ci le noble, parce qu'ils s'imaginoient
que c'étoit lui qui leur donnoit la dernière perfe-
ction, ôc qu'il en faifoit la diftribution à toutes les
parties du corps par le moyen de la moelle de l'é-
pine.
Après avoir vu les parties du cerveau,il eft tems J^^^J^\(q',
d'examiner les nerfs qui en forrenr. Outre les tcnt rie la
trente paires de la moelle de l'épine, il en fort dix j^°^Ï! ^^'
j 1 -n n ' longée,
de la m.oellc alionizce.
i:
474 De la The & de fes -parties^
,. ,1 . La première paire eft rolfaétoire , apcllc'e des
Lolfactoi- . . 1 , ./ .... '5
fç^ Anciens apophiies mammiUaires \ ces deux pro-
duélions fonc creufes dans les animaux , en faifant
un cul de fac du cocé de l'os cribleux ; cela n'eft
)as ainfi dans l'homme. Les olfadifs naillent de la
)are des corps cannelez par une fibre moëlleufe
qui eft plus grolîe dans Tendroic où ils font un
contour auprès des optiques.
Lcs*neifs ^^ féconde paire font les optiques ; ils nailTenc
optiques, de l'extrémité des corps cannelez j & de la partie
médullaire, apellée les couches des nerfs opti-
ques : en s'aprochant peu à peu ils s'uniffent cn-
fembie au deifus de la fclle du fphenoide ; pour fè
partager après en deux cordons qui vont aux yeux.
Ces nerfs font entourez de petits rameaux des mo-
teurs.Les artères carotides en entrant dans le crâ-
ne font couchées fur le tronc des optiques , de là
Mr Uvlliis tire une confcquence que ces artères,
après le repaSjCaufent le fommeîl lorf^u'eiles/onC
plus remplies de (ang , parce qu'elles compriment
les nerfs optiques.
Lcs'mo- La troiliéme paire font les moteurs dès yeux,
tcursdcs entre lefquels font les artères carotides <"<: l'in-
yeuîk. fundibulum. Ces nerfs naillènt de la baie de la
moelle allongée prés de l'entonnoir , en pallant
par un trou au dclfous de l'optique, que l'on ap-
pelle la fente irreguliere du fphenoide. Ils fe di-
vifent en quatre rameaux qui fe diftribucntaux
mufcles des yeux & des paupières. Souvent le
mufcle croraphite en reçoit aulii une branche ,
c'eft d'où vient la communication de ce muicle
avec les yeux.
4 Onapelle la quatrième partie pathétique ; ce
tiques!*' ^' ^°"^ ^^^ P^'^s petits nerfs du cerveau , ils viennent
de la partie inférieure de la moelle allongée dcr-
VIL Démonflrat'w/t AnAtomlque. j^-j ^
lîerc les nattes ÔC les tejhs. Ces nerfs font apellez
pachcciqiies , parce qu'ils fervent à mouvoir les
yeux dans les différentes pallions, lis fe divifenc
en quatre rameaux , dont Tim va dans le grand
oblique , de l'autre aux mufcles de la lèvre fupc-
rieure , au nez , & aux gencives. Le troihéme ra-
meau fe diftribuë à la membrane des narines, & le
dernier au crotaphite.
La cinquième paire eft plus grolle que toutes les f
autres -, elle commence des cotez de l'éminence ^'^^^'^ "^H
annullaire derrière les pathétiques ; elle fe divife branches ,
en trois branches ; la première eft appellée ophtal- '^^^ ^°"^*
mique ; la féconde maxillaire fuperieure ; 5c la
troinëme maxillaire inférieure.
Le premier rameau ell nommé ophtalmique , ^-^Phtal-
parce qu il va a l oeil ; il le diviie en deux bran-
ches , après avoir donné plufîeurs petits filets qui
entourent le nerf optique , & qui fc diftribuent à
la choroïde. La plus groffe de ces branches fe di-
vife encore en deux , dont l'une fort par un trou
que l'on apcUe orbitaire externe j & l'autre par le
trou furcilier en fe perdant dans les mufcles du
front j& dans l'orbiculaire des paupières , à la
glande lacrimale & au fac nafal. La dernières
braiiches palïant par le trou orbitaire interne , va Lamaxil-
fe perdre lur les membranes des lames olTeufes du ricurc"&'la
nez. La maxilaire fuperieure fe diftribuë aux- ^^'4^'*"^
dents d'en haut ; & l'inférieure aux dents d'en- *" ^"^'*'^^*
bas, en palTant par un trou qui fe trouve à la par-
tie fuperieure ôc interne de la mâchoire infé-
rieure.
La fixiéme paire , apelléc des Anciens gufta- On l'appel-
tive , aftcz mal à proprs , puifqu'ellc ne va pas à '^ "i^' ^
la langue, mais à l'œil ; aulîi bien que les moteurs; cauvc!
les pathétiques , ik la troifiéme branche de
'47 5 J^^ ^^ '^^'^^ ^ de fes parties i
l'ophtalmique, naît auprès de la précédente , de la
partie inférieure de réminence annulaire. Elle fore
du crâne par le même trou. par où palfent la troi-
liéme &c quatrième paire ; elle fc diftribuc dans le
mufcle de l'œil apellé dédaigneux , après avoir
donné une petite branche pour former l'intercoftal
avec deux branches de la cinquième paire. L'incer-
coftal fe diftribuc au cccur , aux mammelles , &C
aux parties naturelles C'ell: par ces communica-
tions que Mr Uvillls explique plufîeurs phéno-
mènes j par exemple , d'où vient le plaifir mutuel
que les amans reilentcnt dans les carelles , & dans
les baifers réciproques. Quelquefois le nerf inter-
coftal cfl; tout-à-fait formé par la fixiéme paire , il
fort du crâne par le même conduit qui donne en-
trée à la carotide interne ; & un demi pouce après
qu'il effc fortîdu crâne , vers Tanglede la mâchoi-
re inférieure , il forme une tumeur qu'on nomme
le premier plexus de l'intercoftal. Sa lituation le
fait encore apeller cervical , ou olivaire , à caufe
de fa figure.
Un paquet II eft bon de remarquer en palîant qu'on trouve
faic des filets eii ^et endroit fous le mufcle maftoidien , un oa-
mepairc. quet rait de plulieurs hlets de la huitième pau-e, a
côté de la carotide interne , de l'intercoftal qui eft
au defTous de la huitième paire; du fpinal , de la
neuvième paire, & de la jugulaire interne ; & qu'an
delTus de ce paquet il y a plufîeurs petites glandes
conglobèes apellées jugulaires. D'où enfuiteil va
reprendre la route de l'intercoftal.
Chemin Se Ce nerf reçoit dans fon premier ganglion , ou
ce nerf avec j^j-jg Çq^ plextus la dixième paire , avec une bran-
linccrcol- 1,1^ . 1 ^1 / • 3 n
lal, cne de la première vertébrale du cou , qui s elt
unie avec la dixième paire du cerveau , ôc une
branche de la féconde vertébrale du cou. Enfin il
Î^JI Démonflratlon Anatomlqne. 477
fort de cette tumeur un rameau qui va au lariiiK.
Le tronc de l'intercoftal décendant fous la huitiè-
me paire , comme on a dit , groiïît d'efpace en et-
pace par plufieurs filets qu'il reçoit de chaqrte ver-
tébrale. Si-tôt qu'il eft arrivé fous la clavicule , il
fait un fécond plexus d'où partent deux filets, qui •
entourent l'artère axillaire , & qui après lui avoir
fait un anneau , vont fe rendre dans un troifiéme
plexus , que forme le tronc de l'intercoflal entre
la féconde & la troitiéme cote ; où il reçoit plu-
fieurs rameaux des brachiaux & des dorfaux, qui
décendent lelon^ des vertèbres, il reçoit encore
o >
à leur entre-deux un filet qui vient des petits gan-
glions que les paires vertébrales forment à leur
fortie vers la bafe du cœur.
Ce nerf produit plufieurs rameaux, lefquels avec , '^'^ifton
d autres de la huitième paire tout les nerrs cardia-
ques , & ceux des poumons ; comme on dira en
parlant de la huitie'me paire. Apres cela, il en fort
trois cordons confiderablcs qui fe joignent enfem-
ble , avant que de percer le diaphragme , pour ne
faire plus qu'un tronc qui n'eft pas fi-tôt entré
dans le ventre , qu'il forme ce fameux plexus ,
qu'on nomme hépatique au côté droit, & fpleni-
que au côté gauche.
Du plexus hépatique fortent quantité de bran- plcxu; he.
ches donc les unes vont au foye , en montant fur P^^^u^^-
le duodénum & fur la porte. Il y a des rameaux
qui vonr au pancréas , & au côté droit du ventri-
cule , d'autres vont à la capfulede Glij[oyi\ & deux
autres plus gros au rein droit, en paiîant fur l'ar-
tère émulgeiite. Tous ces rameaux de nerfs font un
lacis auteur de cette artère , en lui faifant comme
une capfule.
Le plexus fplenique fournit plufieurs rameaux V\c'^^i fple-
478 lyela tête & de fes parties ,
qui vont à la partie gauche du ventricule & (^11
pancréas j d'autres vont à la ratte , & à la capfule
atrabilaire gauche j Ô<: deux autres rameaux con-
iiderables vont au rein gauche , en envelopanc
Ion artère d'une capfule , comnie nous le venons
de voir.
Plexus Eofin plufieurs rameaux , tant du plexus hepa-
qyç^ tique que du Iplenique , parcourent les artères
mefenteriques , & particulièrement la fuperieure,
à laquelle ils font comme une enveloppe qui luit
toute la diflribution des artères. Ce tillu fe nom-
me le plexus mefcnterique , qui refl'cmble allez
bien à un Soleil , de la circonférence duquel par-
tent en manière de ra\on pluiieurs filets qui vont
aux inteftins , en accompagnant toujours les ar-
tères.
Continua- Outre cela il a encore plufieurs rameaux tant
tiondesplc- , , , . j r 1 • * f
xus hcpati- du plexus hépatique que du Iplenique , qui font
due&fple- ^^^ tronc chacun de leur coté. Ce tronc dcfcen-
danr le lone de Taorte , çroilit d'intervalle en in-
tervalle , par des filets qu'il reçoit du tionc de
Tintercoftal que " Ton a laillé dans la poitrine.
Enfin il continue ainfi fon chemin jufqu'à la di,-
vifion de l'aorte ; enfuite il eft foûtenu du péri-
toine , qui attache le rectum avec la veiîie dans
les hommes , & avec la matrice dans les femmes.
Après il fc perd dans toutes les parties de l'hypo-
gaftre , comme au redtum , à la veflie , à la ma-
trice, au vaoina ; & dans les hommes aux vefîicu-
les feminaires & aux prollates.
Tronc de Au icfte le tronc de l'intercollal , après avoir
Àj""«o^- produit les trois rameaux dont on vient de pour-
luivre la diftribution , defcend le long des vertè-
bres , en donnant de temscn tcms des filets à cette
partie du même tronc qui accompagne l'aorte , ^
VI I. Démonjîratlon Anatomiqiie. 475^
de chaque entre-deux des vertèbres il en reçoit un
ou deux rameaux. Enfin il fe perd aux capillaires
qui Te diftribuenc à toutes les parties de Tliypo-
gaftre j principalement a la veflîe,au reclum , à
Tanus, tJc aux parties naturelles.
La feptiéme paire ell Tauditive , elle paile par 7
le trou de l'apophifc uierreufe de l'os des templesi ^^"'^''V^.»
elle vient du bord de la partie micneurs de 1 e- {c en deux
minence annulaire. Ce nerf eft compofé de deux brancnes
s 1 , 1 . n M ■ 1 .une dvirc.X
branches dont la première eit apeilcc la portion l'aurrcraol-
moile ; & l'autre, la portion dure. La molle cil ^^•
employée à l'organe immédiat de l'ouie ; elle for-
me la membrane nerveufe qui revct le limaçon &
le dedans des canaux demi circulaires. La Dortioii
dure fort enfuitc par un trou qui eft entre l'apo-
phife maftoide &: ftiloide ; elle va s'unir avec la
troifîéme branche de la cinquième paire.
Cette portion dure fe partage en deux rameaux
dont Tinferieur va aux mufcles de la langue & de ij^pôj^on*
l'os hyoïde ; &c le fuperieur , après avoir parcouru dure.
le conduit de l'oreille , fc divife encore en trois
branches , dont la première va aux lèvres , à la
bouche , au vifage , au nez , la féconde , aux muf-
cles du front & des paupières j & la troilîéme , aux
mufcles de l'oreille. Enfin il y aune infinité d'au-
tres branches de la portion dure qui vont le cuta-
ner à la peau du vifage; c'eft ce que l'on peut voir
dans la Névrologie de Mr Uvlenjfens , célèbre
Anatomifte de Montpellier.
^- La huitième paire, que l'on appelle vague , 8
parce qu'elle va en ditferens endroits , eft der- y^g^^-^a^ii^fi
riere les auditifs ; elle vient des coiez de la moël- appcUéc, à
le allongée. Son commencement eft compofé de "^^^^2 dif-
plulîeurs filets , aufquels fe joint un autre nerf ap- fcrcns cû-
pellé fpinal j à caufe qu'il vient de la poëlle de '^'^''*"'
4? o De la Tète & de fes parties,
répine ; c'eft le nerf acceiroire de Mr UvUl'is. Ces
deux nerfs foctent enfemble par le même trou ds
l'occipital par où palfe la jugulaire interne j mais
des qu'ils font hors du crâne , le fpinal quitte la
huitième paire , en fe perdant tout entier au muf-
cle trapèze,
h hmSmc I>^^bord que la huitième paire eft fortie du cra-
paire. ne , elle fait un plexus qui donne des rameaux au
larinK & au pharinx ^ & pallant à côté de la caro-
tide interne , en décendant vers Taxillairc , elle
produit le nerf récurrent , dont le droit entoure
î'axillaire 5 60 le gauche l'aorte. Ces deux nerfs re-
montant le long de la trachée-artere, il en fort des
filets qui vont dans les fibres qui attachent les an-
neaux. L'œfophage &: lesmufclesdu larinx en re-
çoivent aufli plu heurs branches-
-,, . , Cette paire de nerfs un peu \)\xxs bas jette plu-
Cherain de ^ rt ^ • /• . ^ ^ y \,' n 1 „
la huiticmc heurs hlets qui kiivent ceux de 1 mtercoltal , &
paire de qui vont au péricarde, au cœur , aux poûmons,&
à la cave , en coulant entre l'aorte & l'artère du
poumon ; de lorte que l'intercoftal & la huitième
paire font les nerfs cardiaques 6c pneumatiques ,
dont les gauches font plus confiderables que les
droits.Vers la bafe du cœur le tronc de la huitième
paire fe divife en deux autres qui font quelque
chemin fur rœrophage,& s'uniflant enfuite, ils ne
font plus qu'un tronc , avant que de percer avec
lui le diaphragme , auquel il donne en pafTant des
filets fort petits. Le tronc gauche de la huitième
paire va s'èpanoUir en forme de pacte d'oye fur le
côté gauche du ventricule j &c le droit fe diftribue
de la même manière fur le côté droit du ventricu-
le ; il en fort des rameaux qui vont à la partie ca-
ve du foye ; & qui communiquent avec ceux de
Tintercoftal.
La
F" 1 1, Demonjiratton Amto/nîqîte. ^%i
La neuvic'me paire preïid origine de plufîears fi- ^
blés au dcllbs de la huidéme. Elle reçoit deux ra- origineTu
meanx de la première vertébrale , &z un de la fe- 'l^'î^! ^e la
conde, en pallant cntie les mufcles de l'os hyoïde.
Ce rameau s'uniilant avec un autre de /a dixiè-
me , fe diftribuë au mufcle fternotlroïdien, &: un
autre rameau de la neuvième paire va aux mufcles
de l'os hyoïde. Enfin le tronc de la neuvic'me pai-
re va enfuice fe diftribuer dans la bafe de la lan-
gue , en lui fourniirant pluficurs rameaux.
La dixième & dernière paire cft faite auiïi de Eiic^çftf^'i,
plalîeurs hkts, elle dcfcend le long de la moelle te de plu-
de l'épine ; elle fort encre la première vertèbre du cuïïécend'
cou & l'occipital j ayant percé la dure-mere auldo^gdcU
même endroit que l'artère vertébrale , avec la- x'cm^
quelle elk fait un contour dans l'échancrure delà
première vertèbre du cou. Ce tronc donne d'abord
des rameaux aux mulcles obliques de la tête , & il
en reçoit un db la première paire vertébrale , en
allant au premier plexus de l'intcrcoflal.
Dnncan remarque que bien que tous le5 nerfs Remarque
partent du cerveau , on peut neanmoms dire qu il
n'en a aucun , puifque pas un- ne s'y infère , &
qu'ainfî fa propre fubftance eft privée du fenti-
ment qu'il donne à tout le corps.
Il faut couper la moelle de l'épine afin de retour- La raoëUç
ncr le cerveau ; ^ afin qu'après avoir vu tout ce ^^ i^Pi^'^
qu'il y a dans la partie fuperieure5& dans Ion corps
nouspuiiîîons examiner ce qu'il y a de particulier
dans fa baie.
Le cerveau n'cft pas moins curieux à voir par fa j^^ ^ ^^^
bafe que par fcs autres parties : il fait fix groflès icw-iné.
èminences qui entrent dans les fix grandes folles
qui font au crâne -, les quatre prcmier^^s & anté-
rieures font faites du cerveau j il y en a deux qui
H h
eau
481 Dh CervUH & àefes parties ,
occupent les cavitez de l'os frontal , & deux au*
très celles des os pctreux; les deux dernières & po-
fterîeures font formées par le cervelet , 5c font (î-
tuées dans les cavitez de l'os occipital.
aa II y a quatre vaiileaux qui font les quatre artères
Dcuxarce- • 1 r j 1 11
Ks caroci- ^^^ portent le lang dans tout le cerveau j les deux
dej. antérieurs font les arcer«s carotides : & les pofte-
rieurs font les cervicales , les premicies entrent
aux cotez de la glande pituitaire , ik. les autres
proche de la moelle fpinale ; auiîi-tot qu'elles
font entrées elles fe joignent enfemble , de forte
que de ces quatre artères il s'en forme un gros
tronc a la bafe du cerveau j d'où il part uue infi-
nité d'artercs qui fc répandent par toute fa fub.
ftance,
bb L'union de ces artères fert à faire un mélange
Dcuiartc- (ju fans artériel , qui cft apporté par ces quatre
Ici. vaiilèaux, avant qu'il foit diftribué au cerveau , &
à en arrêter l'impecuofité , parce qu'il feroit mon-
té avec trop de précipitation par tout le cerveau ;
ce qui auroit nui à la filtration des efprits, à caufe
que les parties qui la font font il molles & fi ten-
dres , qu'elles ne peuvent fouffrir aucune violence;
& qu'un mouvement trop précipité y auroit caufé
des apoplexies de fang,qui ne laiflent pas d'arriver
quelquefois , malgré les précautions que la nature
a prifes pour les éviter,
La moelle de l'épine, ainfi apellée , parce qu'el-
Unionde le eft eraboëtée dans le tuyau de l'épine du dos ,
CCS quatre w'q^ qu'une produélion ou allongement du cer-
arccrcj. i^, r> ij 11 r 1 c r
veau i C eft d elle que lortent tous les nerrs , ians
en excepter même les optiques.
Moelle de Onladivife en deux , dont l'une eft contenue
TEpinç. jjans le cerveau , que l'on apellc moelle allon-
gée , & l'autre cft enfermée dans les vertebres,quc
VI L 'Dsmofîjlratîon AnMomlqm. 48 5
l'on nomme medulle fpiiiale. La première com-
mence à la partie antérieure du cerveau , où les
nerfs optiques prennent leur origine, &: va finir au
f^rand trou occipital, où commence celle de^l'êpine
qui fe continuant par les cavitez des vertèbres va
finir àfl'extrémité de l'os facrum.
■ La fubftancc de la moelle allongée eft plus du- J^h ^S
re que celle du cerveau ; elle eft forme'e par qua- le allongée
tre racines dont les deux plus grandes fortent du
cerveau , & les deux moindres du cervelet : ces
parties s'unillant en(uiteen forment deux qni font
leparccs par la pie-mere •■y c'eft ce qui fait qu'un
côïé peut être paralitique , fans que l'autre le
foit,
La medulle fpinale eft encore plus folide que la j^ j ^**?m°
moelle allongée, étant comme un gros cordon de le dci'épi-
fibres nerveufes qui fe diftribuent dans toutes les '^*'
parties du corps, & qui leur donnent un fentiment
exquis, & un mouvement vigoureux. Elle eft en- Figure de 1«
velopée de trois tuniques ; la première vient desi^^^^-'^^
ligamens qui lont a i endroit auquel i,os occipi-
tal eft joint avec la première vertèbre \ la féconde
vient de la dure-mere j ôc la troifiéme de U pie-
mere.
La figure de la medulle fpinale eft ronde &
oblongue : il y en a qui prétendent qu'elle com-
mence à fe diviler en une infinité de petites cordes
vers le fixiéme ou feptiéme vertèbre du thorax ,
afin de mieux refifter aux freqiiens mouvemens de
l'épine qui fe font en cet endroit \ cependant elle
n'eft pas plus divifée là qu'ailleurs.
L*ulaQ;e de la moelle alloncrée, aulîi bien que de UiaH*:<içla
1 r • 1 n 1 1 . -.-* ^ 1 r '^l'cac al-
la tpmale, clt de donner naillance a tous les ncrrsj ioi.géc &
car des quarante paires de nerfs qui vont par tou- ^^ laipitu-
te la machine, il y en a dix qui prennent leur ori-
Hh ij
4^4 Du Ce?mAu &ài fes fOnîes ,
gine de U moelle allongée j & trente de la fpinale,
quiioncnt le long de Con chemin par foix^nte
trous , qui font entre chaque vertèbre ; vous les
Yerrcz dans leut lieu.
Lcccrre^a L'on fçait que le cerveau eft le pcincip*! orga-
feparelefuc ^^ ^^ j.^^^^ ^ qu'elle fe fcrt de lui pour exercer
animal. r r o^ ^ . r • • . n
les roncbofts i naais oanciçait point ce quelle
eft , ni où elle refidc pârticulicrement. Ce que
l'Auatomie nous aprendà fon égard» c^'eft que le
cerveau ell compofc d'une infinité de petites glan-
des àc de petits ruyaax i que ces petites glandes
font figurées & difpciirées de telle manière qu'elles
ne peuvent fe difpcnfcr de filtrer une liqueur qui
ne peut être que trcs-fubtile \ êc qu'il y a autant
de raillions de petits tuyaux ou fibres creufes, qui
formant des nerfs diftribuent cette liqueur fubci-
le par tout le corps.
l'amc met La connoiiTance de ces chofes nous fait tirer
raouvcm^" deux confequences infaillibles j l'une que ces par-
ties ne font pas capables d'agir par elles-mêmes :
ôc l'autre qu'il faut neccifairement qu'il y air quel-
que chofe d'immatériel qui mette en mouvement
-tous les r efforts de la machine, ôc c'eft ce qu'on
apelle l'amc.
Sentimenï Plufieurs Auteurs fe font efforcez de nous don-
dcs Anciens, ner quelque idée de l'ame ÔC pour cet éfct ils ont
voulu la faire connoître par l'imagination , la
raifon , & la mémoire , qu'ils nomment des facul-
tez prince{fes, parce qu'ils prétendent que toutes
les autres , comme la fenfitive , la motive,2>: beau-
coup d'autres dépendent de ces premières : Ils pla-
cent l'imaginadon dans la partie antérieure du
cerveau ; la raifon dans la moyenne ; ôc la mémoi-
re dans la pofterieure : Ils authorifent ces iitua-
tîons j en difant que quand nous voulons penfer
V J I. Demoyiftration Anatomique, 4Sy
ou imagluer quelque chofc , nous mctcous noire
maiiifur le front, laquelle apuyanc la partie anté-
rieure du cerveau , fait que nous imaginons plus
proaipiemcnc ce que nous clierchons j ils diicut,
en faveur delà raifon , que puifque c'eft elle qui
décide fouvcrainemcnt de toutes chofes , il êtoÎD
jufle qu'elle occupât le milieu du cerveau comme
la place d'honneur j & cniîn que la mémoire- Çit
placée dans le cervelet ; parce qu'ayant une fub-
ftance plus dure , il conferve mieux ce qui y efl ,
une fois impriméi& ils remarquent qu'on fc grat-
te le derrière de la têtci quand on veut fe fouvcnir
de quelque chofe. - .
Je croi que cette opinion elt plutôt fondée fur des Modct-
l'aparence que fur U vérité j mais celle des Mo- ^"*
derncs me paroit plus vrai-fcmblable jils placent
le fens commun dans la partie inférieure du cer-
veau ; qui eft faite des corps canelczrl'imagination
dans la partie moyenne , qui eft la fubftancc mé-
dullaire : & la mémoire dans la fupericure, quiefl;
la fubftance coracale.
Quoique je vous aye raportc les raîfons dont î^^'"! ^^^^
les Anciens le fervent pour apuycr leur fcntiment,
je ne prérens pas pour cela vous raporter celles
des Modernes, parce qu'elles ont leurs difHcultcz,
ik. qu'elles me paroillént non-feuicmcnt trop phy-
iiques , mais mêmes tres-abftraitcs. On les peut
voir toutes dans Duncan , qui en a traité fort am-
plemci:r. Dnrersad-
Le rets admirable , ou lacis retiformc eft décrit "^^"^^='
par Galien , qui l'ayant trouvé dans plufieurs ani-
maux qu'il a dillequez, a cru qu'il étoit auiîi dans
l'homme : Tous les Anatomiftcs qui l'ont crû in-
capable de fe méprendre , l'ont fuivi aveuglément
mais les Modernes qui n'ont voulu en croire que
H h iij
486 "Du Cerveau & de fes parties ,
leurs yeux , l'ont cherché fans jamais l'avoir pu
trouver, parce qu'éfedivemcnt Thomme n'en a
point, il eft bien vrai qu'aux cotez de la glande
pituitaire, où ils difent qu'il eft, on obferve que les
artères carotides y font une double flexion en for-
me de on , avant que de percer la dure-mere,coni-
me on le peut voir aux arrêtes carotides gravées
dans la planche précédente , & marquées aa.
Ufagcidu Les Anciens fe font encore trompez fur les ufa-
rabic. §^s ^ "S o"^ donnez au rets admu-able i ( car ils
lui en ont attribué plu (leurs qu'il n'a pasj6«: que je
ne vous raporterai point , afin d'abréger , ) & ont
omis le veritable,qui eft d'arrêter l'impetuofité du
fang qui eft porté du cœur dans le cerveau parles
artères carotides.
UciHtéjquc Les animaux qui ont la teftc au niveau delà
les animaux . . o • r u \ \ rr
tircn: du poitrme, & qui louvent l ont plus balle en man-
^fî'j^'^'^i- geantjOU en paiftant , avoient befoin de ce rets,
qui empêchât le fang d'être poulfé avec trop de
vîtelfedans le cerveau , parce qu'il les auroit fuf-
foqué , mais l'homme quia par fa figure droite
la tefte au delFus de la poitrine, n'eft pas expofé à
cet inconvénient , c'eft pourquoi la nature ne lui
en a pas donné : elle a feulement fait faire cette
flexion que je viens de vous marquer aux deux ar-
tères carotides , non pas pour empêcher le fang
d'entrer dans le cerveau , mais pour faire retarder
fon cours, de crainte qu'il n'y fut porté avec trop
de précipitation,
ta glande H eft difficile de bien voir la glande pituitaire , à
pituitaire, j^^^jj^^ qu'on ne l'ôte de fa place , comme je viens
de faire : elle eft de la grolfeur d'un très-gros pois
elle eft fîtuée dans la felle de l'os fphenoide , au
deflous de l'entonnoir.
Sa fubftance eft plus dure que celle des autres
yi l. Démonftration Anatonûqm, 487
glandes:elle eft revêtuç d'une membrane qui vienc dçla glande
de la pie-mere : elle eft convexe en fa partie infe- P"*^'*^^*
rieurc , & cave en fa Tuperieure , qui eft l'endroit
par où l'extrémité de l'entonnoir entre dans fa ca-
vité , que l'on trouve toujours enduite de quelque
mucofîté.
Voilà , MeffieuFS, toutes les parties qui font
renfermées dans le crâne , il ne me refte plus prc-
fentement qu'à vous faire voir celles de la face j
que je refervc pour la Démonftration de demain
dans laquelle j'cfperç finir tout ce qui regarde la
tête.
Hh m)
488
H U I T I E' M E
DEMONSTRATION
De la Face O* de fes Parties.
La Fare cft li^.^,.^^1 A Fâce,que j'entreprends de vous faire
I image de iM^^ml • ■ j'i • x < /r n. j
i'amcT IHi^^S ^''^^^ aujourd nui , Meilleurs, elt de
l^^^3 toutes les parties de PHomme celle
^^^^3 qui mérite le plus d'éloges ; c'efl: elle où
font imprimez les véritables caraclcres de la Divi-
nité, ôc qui étant l'image de l'ame , reprefente au
dehors toutes les paffions qui régnent au dedans.
Je lai (Te aux Pauegyriftes à lui donner les louan-
ges qiri hù font ducs , voulant me renfermer f;m-
plement dans le devoir d'un Anatomifte , qui eft
de vous faire connoître feulement les parties qui
la compofent ; & peut être que ce moyen n'eft
pas moins propre pour vous convaincre de fou
excellence, que li j'emnruntois le fecours de l'élo-
quence, pour vous faire quelque difcours à fon
avantage, puifque j- n'ai qu'a vous montrer les
organes des fens qu'elle contient , pour vous faire
demeurer d'accord qu'elle cfl au delî'us de tousies
éloges que je pourrois lui donner.
P •• '!■ oi C'eft par le moyen des cinq fens , qui font , la
Is; cirVrcns veuë , l'oiiie , l'odorat , le goût , ôc le toucher ;
fonc piactz ç.^^ç j^ cerveau efi: averti de toMt ce qui fe paffe au
dehors ; c elt pourquoi ils font tous placez a la
rSS^^"'^-
xvtr
P 4-88
V m. Dçmon^rAtion Angitomlque. 489
face comme à la partie la plus voifinc du cerveau,
car de même que les Miniftres d'un Prince font
toujours auprès de fa perfonnc, pour l'avenir plus
promprement de ce qui vient à leur comioidancc
& pour veiller conjointement avec lui aux affai-
res de l'Etat i de même auffi ces fens étant com-
me les premiers miniftres du cerveau ^ dévoient
en être proche pour l'avertir de ce qui eft bon , a-
fin qu'il le cherchât ; &: de œ qui eft mauvais j a-
fin qu'il l'évitât.
Les parties qui fervent d'organes aux cinq fens Quatiede
fon l'œil , l'oreille , le nez , la langue & la peau,à c" fr"'/^*
l'égard de la peau , qui eft l'organe de l'artouche- cxaninei-.
ment , je vous l'ai fait voir dans la première Oé-
monftration de cette Ariatomie , de forte qu'il ne . .
me relie plus à vous démontrer que les quatre au-
trcsj c'cft ce que je vais faire aujourd'hui en com-
mençant par les parties de la face.
La face , ou le vifage fe divife en deux parties, , r^iW/îon
dont l'une eft fupcrieure , que Ton apellc le * ***'
front ; & l'autre inférieure , qui comprend toutes
les parties qui font depuis les fourcils jufqti'au
menton.
Le front eft ainfi nomme du mot Latin /^r<7,qui Lcfrorc'
fignifie porter , parce qu'il porte devant lui les
marques de l'elprit \ de forte que ceux qui ont le
front petit , ont ordinairement peu d'efprît ; & au
contraire ceux qui l'ont grand , en ont beaucoup,
parce que le cerveau n'étant pas prclfé par un petit
front , peut faire fcs fondions commodément ,• &
qùel'efprit animal qu'il fépai-c , peut fe mouvoir
avec liberté. Il eft borné en haut par l'endroit où
hnllfcnt les cheveux , eu bas par les fourcils , &
aux cotez par les temples.
Les mouvemcns du front fe font par la moyen
49© ^^ '^ ^^^^ ^ de fes parties ^
A de deux mufcleSjque l'on apcile frontaux j ils
clcj^Q™"" prennent leur origine delà partie fuperieiire de
uux. la tête , proche le vertex , & dcfcendanc par des fi-
bres droites, ils viennent s'inférer à la peau du
front proche les fourcils ; lorfqu'ils a^iflcnt , ils
tirent la peau du front en hautj&: la font mouvoir
avec eux , parce qu'ils y font fort adheren s,ils font
un peu féparez l'un de l'autre dans le milieu du
front j ce qui fait que la peau fe ride & fc fronce
en cet endroit , en forte que les fomcils s'entrc-
touchent quelquefois, quand on eft faifi de crain-
_ te ou d'admiration.
Les muf- Deux autres mufcles , que l'on nomme occipi-
clfs occipi- taux , prennent leur origine du même endroit que
les precedens , mais ils font un chemin tout oppo-
fé , allant de devant en derrière s'inférer à la par-
tie inférieure de la peau de l'occiput qu'ils tirent
en haut , lorfqu'ils agilTent.Ces mufcles font plats
ôc minces , «Se n'ont pas leur mouvement aulîi ma-
nifeftc que celui des frontaux.
Divifidn La face fe divifc comme la poitrine & le bas-
dc la Fuc ventre , en parties centenantes & en contenues •■,
conKnantct les contenantes font communes ou propres \ les
& cii conte- communes font les tegumens , qui font les mêmes
"**^*' qu'au refte du corps, & les propres font les muf-
cles & les os,lcs parties contenues font les organes
des quatre fcns,fçavoir de laveuc , del'ouye , de
l'odorat , & du gouc , car pour celui du toucher,il
eft répandu par tout le corps.
ic V« }ltl L^ P^^" ^^ ^^ ^^^^ ^^ femblable à celle des au-
" très parties , excepté qu'elle eft percée en quatre
endroits , aux yeux , aux oreilles, au nez j & à la
bouche-, elle eft unie & déliée aux enfans & aux
femmes , mais aux hommes elle fe couvre de poils
vers le menton , lorfqu'ils ont atteint l'âge de pu-
VIII. 'Démonftration Anatomîejue. 49 1
berté ; de forte que fi les femmes ont pour leur
parcage une peau fine & blanche , & des traies dé-
licats & réguliers, on peut dire que celles des hom-
mes eft dédommagée de ce petit avantage par une
majefté & une fierté qui le mettent au delîus de la
mollellé des femmes.
L'on oblerve que la femence & la barbe ont Pourquoi la
beaucoup de raport enfemble , que l'une & l'au- [a^'^i^g ^
tre parolifenc dans le même âge , qui eft dans le nenncnc
tcms que les parties ne croiflfent plus , parce qu'a- nfétrTir^"
vant l'âge de quinze à feize ans les particules qui
les forment font employées à l'acroilfement du •
corps ; ce qui empêche pour lors qu'elles ne pro-
duifcnt de la femence &: de la barbe \ de manière
qiîe c'eft la même matière qui fait l'une & l'autre *
avec cette différence que les particules les plus
fubtiles filtrées &: féparées par le tcfticule font le
corps de la femence,& que les plus grolfieres por-
tées à la peau produifent la barbe -, ce qui fait que
ceux qui font Us plus abondans en femence fonc
aufli les plus velus , & que les châtrez -n'ayant
point de femence, n'ont point aufli de barbe. Cet-
te opinion eft confirmée par ce qui arrive aux
femmes , on lein- voit paroiftre des poils aux aif-
felles ^ au pubis dans le tems qu'elles commen-
cent à avoir de la femence ; & fi elles n'ont point
de barbe au menton comme les hommes , c'eft
comme j'ai déjà dit, que la matière en eft évacuée
par leurs ordinaires, qui leur viennent dans le mê-
me tems que lafemcnce}& cela eft fi vrai que l'on
a vu des femmes devenir barbues faute d'avoir
leurs purgations.
Je ne dis poij)C ici ce que c'eft que l'œil , par- C
ce qu'il n'y a pcrfonne qui ne fçache , & qui ^°^'^
ne i^oit peiTuadé que c'eft la plus belle partie de
4S>2. De la Face & dcfes parties ,
l'homme , ôc la. plus cligne d'ddmiration.
Raifons de L'œil eft fîtué au deflous du front dans une cavi-
fariruatian. ^^ toute oilèufe , que Ton nomme Torbice. ïntre
les Anatomiftes qui ont cherché la raifon pour-
quoi il étoit placé dans le lieu le plus élevé du
corps, les uns. ont dit que c'étoit afin de découvrir
de plus loin ce qui nous cft pins avantageux ou
nuiiible ; parce qu'il eft comme une fcntinelle qui
veille fans celle pour nôtre confervation : & d'au-
tres ont prétendu avec plus de raifon , que c'étoit
afin de communiquer plus promptemcnt au cer-
. veau l'imprcflion des objets qui le frapcnt.
Figure de La figure de l'ccil , fi l'on regarde feulement
lœil. fon globe , eft ronde : mais fi on le confidere en-
velopé de fies mufclcs , elle eft oblongue & pira-
midalc,ayant fa bafe en dehors, & fa pointe ea de-
dans.
Grandeur La grandeur de l'oeil cft différente &C inégale en
dciiœxl. j différentes pcrfonncs : un gros œil à fleur de tére
cft à la vérité le plus btau mais il n'cft pas h bon
que le petit , ni que celui qui cft enfoncé , parce
qu'il n'aperçoit pas li fubtilcmcnt,&; qu'il cit plus
fujet à être offcnfé par les fluxions & les injures
de dehors.
Couleur j| j^' ^ ^^^^Q l'homme & le cheval entre tous les
4fis ycHX. , ^ ^
animaux qui aycnt les yeux de diverles couleurs,
étant tantôt giis , tsntot noirs , & tantôt bleus ,
ôc cette divcrfité dépend des différentes cou-
leurs qui paroill'cnt dans l'iris. Ils font aifémen:
offcnfez par des caufcs ou trop chaudes , ou
trop froides : & ce qui leur convient le mieux , eft
un air tempéré , Se tout ce qui cft modérément
chaud.
_ L'œil cfi Tout le monde fçait que les yeux font les veri-
'u'r^r '^'^ tables organes de la vue, ôc que c'eft par leur
V î l LBémon^Yâtlon AnM9m. 495
moyen que l'on aperçoit , & que l'on découvre
toutes chofes \ mais la difficulté eft de fçavôir
comment cela fe fait : c'eft ce que je n'expliquerai
point ici , voulant vous faire voir prcfentemcnt
toutes les parties qui les compofent.
Les yeux fe divifent en parties externes ^^"^{^^^
internes : les premières font celles qui les défen-
dent & couvrent, comme les fourcils & les pau-
pières 3 & les autres font celles qui font enfer-
mées dans l'orbite , & qui compofent le globe de
l'œil. T f -
Les fourcils font apellez par les Latins Çitfer» eiis.
cïHa 5 à caufe qu'ils font au dellus des cils. Ce
font des poils arrangez obliquement , & en forme
de croillant , dont la pointe , qui eft proche le
nez , s apelle la tête des fourcils , & celle qui va
vers les temples , la queue : ils font deux , utj au
deflfus de chaque œil. C'eft chez eux que les An-
ciens ont prétendu que le fafte & l'orgueil étoient
placez. Gom^Û-
Il y a quatre lorres de piâirties qui entrent dans fourcili.
la compolkion des fourcits '/premièrement une
peau épailfe & dure ; elle éft ^épallfe pour en for-
mer l'éminence, & dure, afin que les poils y tien-
nent mieux j fecondement'de^ parties mufculcu-
k% , qui font les extrémicez de$ mufcles frontaux
qui fervent à les lever : en troihcme lieu , des
poils à qui l'on donne polir ufacre de décourner
les fueurs qui coulent de la tête & du front , afin
qu'ils n'entrent pas dans les yeux : & enfin la
grailfe qui fert de nourriture à ces poils s lefquels
croillent quelquefois tellement, qu'on eft obligé
de les couper , de peur qu'ils n'incommodent les
yeux.
On remarque que les éminences que font les Ufaj-f.
494 ^^ ^^ Face & de [es parties ,
icsfoBrcils. fourcils, fervenc à rabarrela trop grande clartc,&
que quand elles ne lutlircnt pas , on cft fou-venc
obligé de bailler les foucils, & de mecre la main
au delFus des yeux , pour diminuer l'excès d'une
trop grande lumière.
_ Les yeux feroienc mal défendus , s'ils ne l'é-
LeîPaupic toiênt que par les fourcils , & s'ils n'avoient on-
"*' tre cela des paupières pour les couvrir. Elles fonc
deux. Tune fupcrieuie qui fe meut dans l'honir
me, & même fi vite , que l'on compare toute for-
te de raouvemenc prompt à un clin d'oeil ; & l'au-
tre inférieur , qui eft immobile , ou du moins qui
a un mouvement fort petit. Je dis dans l'homme ,
parce que dans les oifeaux au contraire , c'ell l'in-
férieure qui fe meut , & non pas la iupcrieu-
re.
CciTipofi. Les paupières font couvertes extérieurement
paupières. P^r 1* peau , qui ell en cet endroit mince oc lâ-
che, pour pouvoir s'étendre ou fe froncer dans
les mouvemens : elles font revêtues par leur
partie interne d'une tunique qui eft fort déliée ,
afin de ne pas offenfer le corps de l'œil qu'elle
touche; cette tunique eft une continuité du peri-
crane.
Lej mufcici Les mufcles qui font mouvoir la paupière fu-
rcî. perieurc font deux j l'une s'apelle le releyeur , &
l'autre l'abbailïcur.
,^ Le releveur prend fon origine du fond de Tor-
' bite au dellus du trou par où fort le ncrt optique ,
& vient s'attacher par une large aponévrofe au
bord de la paupière fuperieure , en fe racourcif-
fantil la tire en haut j & par ce moyen découvre
l'œil.
J Le fermeur ou abbaiiTeur prend fop origine au
Lc fciTOf ur. grand angle de l'œil , ôc pallant par dellus la pau-
ic
VIÎL Démonftration AnatomîqHe, 495'
pierc fuperieure va s'inférer au petit angle ; lors-
qu'il agit il tire la paupière fuperieure en bas &
couvre l'œil j & afin qu'il fût fermé plus exaâie-
ment , une partie de ce mufcle palfe par la pau-
pière inférieure ; & va finir au petit angle ;de forte
que les deux parties de ce mufcle ferment parfai-
tement bien l'œil.
Lts angles ou coiiis des yeux font les endroits . L«anglc$
où la paupière de delTus s'afTemble avec celle de
delTbus : ils font deux , l'un auprès du nez,nommé
le grand angle ou l'interne , de l'autre vers les tem-
ples,apcllé le petit angle ou l'externe.
La glande lacrimale efl: ficuéc au delTus de l'œil g
proche le petit angle j elle peut palTer pour con-. Ms^ndc
glomerée , parce qu'elle eft comme divifée en
plu/îeurs petites lobes. Elle a des artères qui vien-
nent des carotides 5 des vénes qui fe déchargent
dans les jugulaires i des nerfs qui viennent de la
cinquième & fixiéme paire , & des vaifiTeaux ex-
crétoires qui percent la tunique intérieure des
paupières prés les cils. Cette glande filtre unefe-
ro/îtéf vifqucufe j qu'elle verfe entre le corps de
l'œil & des paupières , pour en faciliter les mou-
vcmens.
Quelques Anatomiftes ajoutent une féconde Erreur de la
glande lacrimale , iituée au grand angle de l'œil , ^fj^'^fj. *
mais ils fe trompent ; car il n'y en a point dans
l'homme ,& ils prennent cette petite éminence en
manière de caroncule que Ton voit au grand coin
de l'œil, pour une glande lacrirnale. Ce n'efl: ce-
pendant autre chofe que la réunion de la membra-
ne intérieure des paupières. -,
Le bord des paupières eil percé de deux petits p^J^^j j\,_
trous, que l'on nomme points lacrimaux, qui font crimaux.
les ouvertures d'un petit (àc membraneux qu'ils
49 <5 De Id Faâe& âefes parties' y
apellent (àc lacrimâl , ce fac eft proprement
l'encrsc du canal par où pa(ïè la lîqaeur qui vient
de la glande Ucrîmalc pour fe déchaif^er dans la
cavité du nez , c'clt l'ulcération de ce fac <^m cau-
fe la filiale iacrimale , èc qui empêche le palïligc
des larmes dans le nez.
Deux car- Les cartilages qui terminent les paupières , re-
paupic *s* Clivent le nom de tarie & de peigne j ils font
minces & déliez , ce qui les rend plus légers :
leur figure eft demi-circulaire : ils font deux , ce-
lui de la paupière rupcricurc eft plus long que ce-
lai de l'inférieure. Ils fervent également à fermer
i'œii.
Les cil*. Les cartilages ont dans leur bord plufieurs pe-
tits trous d'où fortent les poiîs des paupières,
qu'on apelle des cils , ce font de'pçtits poils cour-
bez en arc : ils gardent toujours !a même gran-
deur qu'ils avoient dans la nailîanceiils fervolent à '
empêcher que les chofes légères ne tombent dans '
l'œil.
Plufietsri Outre CCS trous dans Icfquels font plantez les
au bor(idci^"S,il y aune autre rangée de petits pores au-
P2upj.wei, bord de chaque paupière , d'où fort une petite hil-
mcur , gluante, quifert a humeccer les caitilages
^ à les rendre plus fouples Se plus obcillàns dah^
leurs mouvcmcns:quand cette humeur a de l'acfî-
mom'e , elle fait de pctirs ulcères au bord des pau-
pieresjce qui leur caute une rougeur qui dure tant
que ces ulcères fubfiftcnt
Lcspatbts L'ordre que j'ai toujours obfervé dans le cours
qui coau>«- 4e ces Dcmonftrations , demande qu'après vous
icnr le corps • r • • i • j i> m •
tl^l'cul. avoir raie voir les parties externes de 1 œil^je vous
en démontre prefentemeat les parties imcrnesrLe
globe de l'œil eft compofé de graille , de mufcles,
de yailfeaux , de membranes , Ôc d'humeurs.
Il
FI IL Démonflrat îon Anatomiqiie. ^ç)7
Il y a beaucoup de graiirc dans la cavité de Tor- ^^ graifle,
bice , le corps de l'œil en eft environné de même ,
que s'il écoic dans du coton , cette graille (ert à hu-
mecter les mnfcles , atin de rendre leurs mouve-
mens plus faciles.
Les veux font tous leurs mouvemens par le ,. . ,
moyen de iix mulcles , quatre droits , ôc deux o- clcs aux
bliques. î""^-
Le premier des droits eft apoellé le releveur, mt
ou le fuperbe , il levé Tœil en haut , Se fait regar- Quatre
der le Ciel: le fécond eft l'abaifleur , ou l'huin- droiu"
ble , il tire l'œil en bas , & fait regarder la terre :
le troiliéme eft l'adduéteur ou beuveur , parce
qu'il amené l'œil vers le nez , & fait regarder
dans le verre en beuvant : ôc le quatrième eft
I'addu6teur ou dédaigneur , parce qu'il retire
l'œil vers le petit angle , 3c fait regarder par dellus
l'épaule.
Ces quatre mufcles naîirent (Te la cîrconferen- Origine
ce du trou de l'orbite , par où fort le nerf opti- ^'J^^''^"'î-"
que j ils vont fe terminer chacun par un tendron des.
large & délié , à la cornée par exemple, le fuperbe
vient de la partie fupeiieure de ce trou , & eft at-
taché par fon autre extrémité à la partie fupe-
rieure de la cornée : l'humble i'ient de la partie
inférieure de ce trou , Se s'infère à l'inférieure de
la cornée : le buveur vient de la partie latérale du
trou de l'orbite , Se eft attaché à la cornée proche
le grand angle : & enfin le dédaigneur eft iltué à
l'opolite du buveur, Se fait au fil une a6tion tou-
te oppofée , puifqu'il tire l'œil du côté du petit
angle.Qiiand ces mufcles agllFcnt tous quatre en-
femble , ils tirent l'œil au fond de l'orbite
Le premier des mufcles obliques, qui eft le cin- j^
quiéme de l'œil eft appelle le grand oblique , il Jr^ grand
49 s De la Face & de fes parties ,
crt plus grefle que les precedens , ÔC fon tendon
eft p!us long que celui des aurres miilcles. U
prend Ton origine de la panie inreiieure de l'orbi-
te j & monte le long de l'os à la partie fiiperieurc
du grand angle j où fon tendon palT'e par un petit
caitilac^e annulaire fait en fortue de poulie , que
l'on, ai'clic troclée , &c va aboutir enfuite avec le
petit oblique vers le petit angle , quelques-uns
Tont nommé trocleateur.
L Le fécond des obliques, qui eft le dernier de
obiique^"^ l'œil , eft apcUe le petit oblique : il fort de la
partie inférieure Se extérieure de l'orbite, au délias
de Tunion des deux os de la mâchoire fuperieure ,
& va s'inférer vers le petit angle à la partie infé-
rieure de la cornée : il tire l'œil obliquement vers
le nez.
Autres Qç^ deux mufcles obliques font encore nommez
iVirTiSficCCS ... *■ ,-i r
n-iurdcj. circulaires , ou amoureux , parce qu us ront mou-
voir les yeux obliquement & en rond : Ce font les
mouvemens ordinaires des yeux des Amans , lorf-
qu'ils regardent. leur Maîtrelfe.
r-n^^M^ Quand les mufcles des yeux n'ont pas pris l'ha-
tu louche, bitude d'agir enfemble, comme il arrive fou-
vent aux enfans , ils les rendent bigles & lou-
ches.
, l-es nerfs Lçg nerfs qui vont à l'œil font l'optique , le mo-
teur^ le pathétique , la lixieme paire, oc une bran-
che de la cinquième : mais pour en bien fçavoir
la diftribution , il faut les prendre dés leur origi.
ne. Tous ces neifs ayant percé la dure-raere eu
divers endroits palîent par la fente irrcguli^rc du
fphenoide , excepté l'optique. Le pathétique va
le perdre tout entier au grand oblique : & la di-
xième paire dans le dédaigneur , après avoir don- .
né auparavant une petite branche pour l'inter-
VIII. Vémonfiratlon AnAtomique. 45)5)
codai y comme on l'a dit. L'optique va fomicr la
rétine , qui eft l'organe de la vidon.
Les avteres (ont au nombre de trois. La pre- Artcrcs4c|
miere vient de la carotide interne , elle accompa- ^^"
gne le nerf optique. Apres avoir donné des ra-
meaux aux mufcles & aux membranes voilines,
elle fort vers le srand ane;le. La deuxième vient de
la carotide externe , elle arrofe les parties externes
de Tœil , &: s'anaftomofe avec la précédente. La
troifiéme vient de la dure-mere j elle paflb dans la
milieu du nerf optique , elle parcoure le rétine",
avec autant de vénes que d'artères.
Les vénes qui reçoivent prefque tout le fang Vcnç«<fcrf
porte par les aiteres vont fe rendre aux quatre fi- ycw»
nus qui font à la bafe du cranc , autour de lafelle
du fphénoide , pour delà le décharger dans les la-
téraux , 6c des latéraux dans les jugulaires inter-
nes. Tous les vailfeaux qui portent du fang au
dedans de l'œil * percent la fclerotide en deux en-
droits proche du nerf optique , & à la circonféren-
ce de cette membrane. Il y en a qui entrent dans
la choroïde & qui la parcourent , enfuite ils
la traverfent dans le milieu le long de fa circon-
férence ;& de là ces petits vaifl'eaux vont aux fi-
bres cillaires , & aux fibres longitudinales de
i Ins.
On a accoiirunié de prendre un ccil de bœuf à ^\/^"^j^*
caufe qu'il efi: gros , ou de tirer l'œil du fujet que ^'orbicc
Ton a , hors de l'orbite, afin de mieux démontrer W^^ ^- ^^
les membranes & les humeurs , qui font les deux ' '
parties qui relient encore avons faire voir, mais
je trouve plus à propos de démontrer celui de
rhomnie , quoiqu'il toit petit, parce que c'eft lui
que vous devez connoître préferablement à tout
i i ij
jroo De la Face & de fes partie s ^
Sixmcn-> Les membranes de l'œil font iix , quatre cora-
brancs aux „ , , ^r i
yeux. mîmes ce deux propre^j les communes lont la con-
jondive , la cornée, Tuvée, &: la rétine ; & les pro-
pres font la vitrée' qui enferme l'humeur vitrée : &
l'arachnoïde qui contient le criftallin.
Ul La conjonilivc eft la première membrane de
- ^^5^^" l'œil. Elle eft ainli nommée , parce qu'elle ren-
joncuvc. r , ^ 3^.1 ,
terme toutes les autres , ou parce qu elle attache
l'œil dans l'orbite. Elle eft unie , polie , & d'un
blanc d'albâtre quand on fe porte bien. On die
* .IRpmmunement qu'elle prend origine du pericrane:
cela veut dire qu'elle a des attaches avec cette
membrane, La conjonctive ne forme pas le globe
de l'œil tout entier , cite fe termine au bord de la
fclerotide; elle eft parfemée d'un million d'arte-
' res ^ '^s^vé/^S^ui ne paroiilcnt que lorfque le
mouvem|iS«jijSPiTng eft plus rapide qu'à l'ordinai-
re i c^TOiBî5wîl arrive dans les maladies qu'on ap-
pelle Ophtalmies.
N , La foconde tunique eft la cornée ainfi nommée,
^^ parce qu'elle eft qjaire comme de la corde y elle
liait de la partie de la dure- mère , qui enve-
lope le nerf optique , & palfant par delTous la
conjoindlive 5 elle i:avoit dans l'ouverture qu'elle
lailTe au devant de i . il , & s'y élevé par une pe-
tite éminehce qui excède la ligne circulaire j cette
membrane eft tranfparente dans fa partie ante-
lieure , ce qui la fait apeller cornée en cet en-
droit , mais elle eft épaiflc & opaque dans le
fondj où la conjondtive la couvre ; c'eft pourquoi
on nomme cette partie la fclerotide j c'eft-à-dire
- dure. Il y a des Auteurs qui en font deux mem-
branes quoi qu'elle ne puilTe palTer que pour une
fciïle , étant la même continuité. Nous avons die
que les paupières fervoient à ouvrir & à fermer
VIII. Déntonfiration Anatomîque. 50 1
l'œilinous pouvons encore ajouter a cet ufage des
paupières , celui de netoyer ce qui pourroir s'a-
maflèr fur fes tuniques^ & principalement de polir
la cornée par leur mouvement.
La troifiéme tunique eft l'uvée , ainfi apellée, O
parce qu'elle relTemble à un grain de raifin noir ; L^^^'^^'
elle eft aufli nommée choroïde , à caufe qu'elle
eft faite comme le chorion : elle prend Ton origine
de la pic-niere , qui envelope le nerf optique :
C'eft elle qui fait le trou de la prunelle qui paroîc
au milieu d'un cercle, qui à caule de fcs couleurs,
eft apellée Iris \ elle eft attachée par derrière au
nerf optique , à la tunique reticulaive , & à la cor-
née julqu'à l'iris ; mais par devant elle eft libre ,
I de manière qu'elle peut fe dilater, & s'ouvrir dans
; un lieu fombre , & fe reflerrer darjs un lieu fore
éclairé; ce mouvement de la tunique UTce^eft fen-
iîble dans hos yeux , mais beaucoup p^us encore
dans ceux des chats.
La quatrième eft la rétine , ou reticulaire , ainfi Larctiac
apellée ; parce qu'elle eft tendue en forme de
rets derrière les humeurs : Elle eft faite de la di-
latation des fibres du nerf optique; c'eft dans cette
tuniqoe que fe fait l'impreffio" des objets , parce
qu'il n'y a qu'elle de toute, ^f (.uniques de l'œil
qui n'eft pas tranlparente:de ibrte qce la lumière,
les couleurs , & les efpeces des objets après avoii*
traverfé les autres membranes & les humeurs ,
font arrêtées par la rétine qui les reprefente au
cerveau , telles qu'elle les a reçues.
La cinquième, qui eft la première des propres, Liviaée,
eft la vitrée , ainfi apellée , à caufe qu'elle ren-
ferme une humeur vitrée , elle répand par route la
fubftance de cette humeur de petits filets qui em-
. pèchent qu'elle ne s'écoule:Cecte tunique eft fore
r li iij
f>o % De la Face & de fes parties ,
délicate 5 & lorlqu'elle eft rompue , l'humeur fe
fond & fe tourne toute en eau.
R La iixieme ôc féconde des propres efl; ^arach-
larachnoi- noide, ainiî nommée, parce qu'elle efl: déliée com-
me une toile d'aragnée : elle eft aufli apeliee cri-
ftalloide, à caufe qu'elle envelope immediare-
ment l'humeur crifl:alline : Elle eft diaphane , afin
que les images des objets y paroi ifent , comme
dans un miroir.
Tïoishu- ^^^ humeurs de l'œil font renfermées dans ces
mc«rs aux fix tuniques que vous venez de voir : elles font
yeax. j.^.^jj ^ fçavoir l'aqueufe , la vitrée , & la criftal-
line.
L'aqueufe. L'humeur aqueufe eft ainfi nommée , parce
qu'elle eft fluide comme de l'eau ; elle eft placte (
à la partie antérieure de l'œil qu'elle remplit i el- |
le fait avancer la cornée un peu hors de l'orbite ,
pour recevoir les rayons qui viennent direcce-
ment & obliquement ; elle eft liquide pour faire
la réfraction des rayons , &c pour y lailïèr nager '
l'uvée qui fe doit dilater 3c reflerrer. Cette hu-
meur couvre la criftalline par devant, ôc environ-
ne la vitrée de toutes parts ; elle fe repare aifé-
ment , lorfqu'c4le eft confumée par quelque mala-
^ die , ou évacuée p- ,[ quelque blefleure. Elle fert à
empêcher que les parties de l'œil ne tombent dans
une trop grande fecherefte Se que les iplendeurs
trop vives & trop abondantes ne bleftent les par-
ties de l'œil.
S L'humeur vitrée eft ainfi apellée , parce qu'elle
la vurce, icllcmble à du verre fondu j elle remplit la partie
pofterieurc de l'œil, étant (îtuée derrière la criftal-
line : C'eft elle qui donne la figure fphreniqne à
l'œil , & qui tient la rétine dans une proportion
icquife pour recevoir l'imprefîîon des objets : cile
VIIÎ. T^émonftratlon Anatomlque. ç 0.5
eft d'une confiitance plus folide que l'aqaeu'c , 6z
pius rare que la crillalline, pour faire la reflaclioii
des rayons : elle eft en plus grande abondance
que l'aqueufe.
L'humeur criftalline eft ainfi nommée , parce T
qu'elle eft folide & tranfparente comme du criftalj y^ç^^'^^^^-~
d'autres lui donnent le nom de glaciale , à caufe
qu'elle rcilcmble allez bien à de la glace ; elle eft
placée encre l'aqueufc èc la vitrée vis-à-vis de la
piunellc : elle n'occupe pas tout-àfaic le centre
de l'œil , car elle eft plus en devant afin de mieux
voir. C'eft la plus petite des trois humeurs : elle
31'cft pas exaclcmenc ronde , mais aplatie par de-
vant , &c un peu convexe par derrière 5 elle eft
plongée dans l'humeur vitrée , où elle eft affer-
mie par le ligament ciliaire qui eft fait de plu-
iicurs libres , apellécs prodiidlions ciliaires , ief-
quellcs fortent de la prunelle &c s'écartent comme
des lignes tirées du cendre à la circonférence ; il
.y a des Auteurs qui en faifoient une membrane,
mais ce n'eft qu'un ligament qu'attache l'humeur
criftalline à la tunique uvée , &c qui la tient ferme
.dans la vitrée. Si l'on met l'humcnr criftalline fur
du papier qui foit écrit , elle en fera voiries let-
-tres plus grandes , de même que iî on les rcgar-
doic avec des lunettes : enfin c'eft cette humeur
.que, l'on regarde comme le principal organe mé-
diat de la vue. . ,..
La Jifi-)o(ition naturelle des tuniques ^ des ^^^-^ ^^s
hutneurs de lœ;! nous en aprend les ulacres'; (icïlm-
.çp.lui des tuniques eft de contenir les humeurs , '^■-•-^*'
6ci ce,lai des humeurs de rompre les rayons plus
ou moins , à proportion de leur coniîftance , alin
que par ces refiaètions difterentes, les rayons par-
tant de l'objet aillent diredement fc terminer
1 i iiij
504 DeU Face & de [es parties ,
au point que l'optique demande pour les repre-
femer.
Des ufages difFerens de toutes les parties qui
Ufages de compofent l'œil , il en refulte la vifion ; quin'eft
tour i œil. , ^ /, 1 j I • r' ^i 1
qu un ébranlement de la retme caule par la lu-
mière , foit direde , foie refléchie , dont l'impref-
{ion fe communique au cerveau , & y demeurant
fait qu'on fe relïouvient des chofes' que Ton a
vues , lorfque l'efprit rentre dans ce veftige j de
force que voir n'eft pas faire quelque chofe, mais
feulement recevoir Timpreflion des objets éclai-
rez qui nous frapent.
Mais Mr Brunct confiderant la vérité comme
Syf^êmcdc corapofée d'un nombre innombrable de filets ner-
M. B. fur la ^o s . r -rr'
viûon. veux & membraneux qu4 rorment un tiliu com-
pacle , homogène , & par tout tres-mobilc à la
lumière , en quoi confifte fa tranfparence j a pré-
tendu que l'on ne pouvoit refufer à ce folide
la qualité d'organe immédiat de la vifion : il fup-
pofe donc avec tous le Opticiens que la lumière
qui rejaillit en droite ligne de tous les objets éclai-
rez , envoyé fur nôtre œil qui en regarde quel-
qu'un autant de cônes lumineux qu'il y a de
points dans cet objet , &: que chacun de ces cô-
nes qui a fa bafe environ la prunelle de l'œil, &
ion fommet au point objectif d'où il part , fe
continue à travers les humeurs; en forte que par
les loix de la refraction que les rayons y doivent
foufrir , il fe produit un nouveau cône tout opo-
fé à l'extérieur , Se dont la pointe regarde le fond
de l'œil :Or comme c'eft une maxime que cette
pointe eft toujours d'autant plus éloignée de ce
fond que le point objedif eft éloigné de l'œil ,
il s'enfuivra que tout un objet aperçu , dont les
parties feront à des diftanccs inégales de l'orga-
VII L Démonflrathn Anatomïque. yoj
ne fe gravera en relief dans la profondeur de la
vitrée, & fuivant toutes les proportions qu'il aura
au dehors i de forte que Tame jugera aiCément de
la diftance d'un point vifible , par le fentîmenc
qu'elle aura de t'efpace qui fe trouvera entre la
pointe du cône intérieur , laquelle exprime ce
point , & la partie du fond de l'œil vers laquelle
elle eft perpendiculairement dirigée : & ce qui
fait qu'une très-petite image dans la vitrée peut
nous faire apercevoir un objet tres-vafte , dé-
pend de la multitude de ces cônes , aufîî bien que
de la vivacité & de la diftindîon des imprcffions
que la lumière porte dans la vitrée, comme d'en-
droits fort écartez les uns des autres. M. B. a
promis de démonrrcr ce fiftcme qu'il a publié il y
a déjà quelques années , par une infinité d'expé-
riences - <3c par l'analogie des organes des autres
fens.
Le fens le plus noble & le plus excellent après v
la veuc 5 eft celui de l'oiiîe , tant par la délicateiTe L'orcillc.
avec laquelle il fe fait , que par la ftruélure admi-
rable des parties qui le compofent \ c'eft auili la
raifon pourquoi nous allons examiner les parties
qui lui fervent d'organes, avant que de voir celles
de l'odorat & du goût.
L'oreille fe divife en externe & en interne,l'ex- pivifion de
^ n. . • j u 1 oreille,
terne elt cette partie que vous voyez au dehors ;
& l'interne eft faite de plufieurs particules & cavi-
tez renfermées dans les os petreux.
L'oreille externe eft toute cartilagineufe :, fa fi- L'orci/ic
cure eft demi circulaire , &: alfez femblable à un fxrcrnc lé-
van, étant convexe par dehors, oc cave par dedans: Ycriéc.
elle a plulieurs anfraduofitez qui en rendent l'é-
cho plus réfonnant.
Elle fe' divife en deux parties 3 donc l'une eft ics pâc-
^o6 De la Face & de fis parties ,
tics de Vo- ruperieure ôc l'autre infeneure : la première , qui
ne', eftla plus large , fe nomme l'aile ; & la féconde ,
qui efî étroice j molle & pendante, s'apelle le
lobe de l'oreille : c'cft cet endroit que les Daracs
font percer pour y attacher des perles ou des dia-
mans.
LesdifFe- Le circuit extérieur de l'oreille fe nomme he-
rcns noms ^^^ . l'intérieur qui lui efl: opofé anthelix ; la ca-
dcs parcics . , . ^ ^ , ' . . - ,
de l'oreille Vite qui elt entre ces deux circuits le nomme la
externe. jiajjelle ; c'cft la plus grande cavité de l'oreille ex-
terne: celle qui efl: au commencement du conduit
auditoire , où il s'amalfe des ordures jaunes !Sc
ameres , s'apelle la mche , &c enfin cette eminen-
ce , qui efl: proche les temples, a le nom d'hircus ,
parce qu'il vient des poils en cet endroit : fembla-
bles à ceux d'un bouc.
'Compofi- L'oreille externe efl compofée de peau, de car-
Cion de lo- -., ... 1^1, * ,
rciliecxtcr- tilages, dehgamens , de ncrrs, d artères, de venes,
"^' & de mulcles. La peau qui la couvre efl: fort dé-
liée & adhérente au cartilege par le moyen d'une
membrane nerveufe qui la rend ien/ible ; la carti-
lage elt continu , n'étant pas divifé à l'homme
comme aux animaux ; le ligament qui attache
l'oreille fur l'os petrcux efl: fort , & vient du pc-
ricrane j les nerfs foricnt de la féconde paire des
vertèbres du cou j les artères viennent des caroti-
des i & les venes vont aux jugulaires.
Mufcics de Quoique l'oreille n'ait point de mouvement
ie°ac. '^ ^^' n^ai^ifi^dle , néanmoins on lui donne quatre muf-
cles j fçavoir un fuperieur , octrois pofl:erieurs.Lc
Y premier pvend fon origine du mufcle frontal dont
rieur. ' ^^ ^^^^ ^"^ partie , & va fe terminer a l'oicille
qu'il tire en haut j & les trois autres ne font qu'-
une même chair , qui prend fon origine de l'os
occipital , &: de l'apophife mammillaire , &: va
y III. 'Démonjiratîon Anatomlqtie. 507
fe terminer par derrière à la racine de rorelllc : 222
la raiion pour laquelle on divife cette chair en >« poftc-
trois muicles , c'cll; à caufe qu'elle a différentes '^"^""*
fortes de libres ^ elle tire l'oreille en derrière & en
^^V. r j i> Ml n. j -1 Ufagcidcs
Luiagc de 1 oreille externe elt de recevoir les l'oreille ex-
fons & de les introduire dan's le conduit de l'oreil- ^"°^'
le interne ; de iorre qu'elle ned pas le principal
organe de l'ouye , mais elle contribue beaucoup à
fa perfcion j car ceux qui ont \cs oreilles cou-
pées entendent confufément , ik font obligez de
former avec leurs mains ufie Êa,viçé. autour de Ho-
leille ,,ou de fe fervir d'un cornet donc le bou-c
entre dans la cavité interne de l'oreille, pour y re-
cevoii' l'air agité : On remarque aufli que ceux
qui Icbont avancées en dehors , entendent mieux
que ceux qui les ont aplaties ; & que les cordes
& inégalitez apellécs hélix 6c anthelix , fervent à
modérer la violence de l'air , avant qu'il entre
dans le conduit de l'oreille.
Au deiTus des oreilles il y a de grolîes glandes îf '^"f," ^^
conglomérées , apellées parotides, on vouloit au-i
trefois qu'elles ne fuffent que des emonctoires du
cerveau, mais on a découvert leur véritable ufage,
qui cil de feparer la falive , comme je vous ié
montrerai tantôt, •' i;'
L'oreille interne cft compofée de plufieurs par- t'orcilleîn-
ties, fçavoirde quatre conduits principaux , trois ^^'^'^'^"
membranes crois offelets , une corde, deux muf-
cles , & des nerfs.
Le premier conduit eft celui qui a fon entrée i-<=conduic
au tond de rorcille externe. 11 y a dans la peau
qui le tapiire de petites glandes qui fourniffent
une humeur jaune ^ fort amere , qui empêche les
infectes de s'y aller nicher : l'on eft cependant
ÏOICUCUX.
5o8 *I)e la. Face & de fe s parties ,
obligé de netroycr de tcms en tems ce conduit ,
parce que cette humeut s'y amaffant en quantité,
èc s'y delféchant , elle pourroit le boucher. Il eft
tortueux , oblique & étroit , ce qui empêche que
Tair agité ne porte fa violence diredement contre
la membrane qui le termine ; ainfî il reçoit mieux
les fons qui font fortifiez par la longueur de ce
canal , qui fcroit trop court s'il étoit droit ; d'ail-
leurs étant rond cette efpece d'agitation qui fait
le fon eft mieux confervée , que Ci elle rencontroic
des angles capables de la brifcr , & de lui faire
changer fa détermination. La fïtuation de ce con-
duit , dont l'embouchure eft plus balîc que fon
fond , fait que ce qui y entre , en peut retomber
naturellement.
Leiam- L'extrémité intérieure de ce conduit eft termi-
eour. , . -ri r
née par une petite peau mmce , lèche , tranipa-
rente &c tendue comme la peau d'un tambour,
d'où vient qu'on lui a donné le nom de tambour,
ou timpan , c'eft cette peau qui fépare l'oreille
externe d'avec l'interne : elle ne tient pas égale-
ment à toute la circonférence du cercle olleux
dans lequel elle eft enchaffée : mais il y a à fa par-
tie fuperieurc un endroit libre par où quelques-
uns peuvent faire fortir la fumée qu'ils ont dans
la bouche.
La quaifTc Derrière cette membrane il y a une féconde ca«
du tambour, vite , que l'on apelle la quaifte du tambour j elle
a trois ou quatre lignes de profondeur , & cinq
ou fix de largeur : elle eft remplie de l'air qui en-
tre par l'aqueduc;&: par l'agitation de cette mem-
brane il reçoit les imprefîions &: les mouvemens
de l'air qui eft au dehors. Cette cavité eft tapiftée
en dedans d'une membrane adhérente à l'os , de
manière pourtant qu'on l'en peut féparer facile-
VI I LDémonflration Anatomique, yo^
ment : elle eft tranfparente & claire comme celle
du tambour j ce qui fait croire qu'elle en eft une
continuité.
Il y a dans cette cavité trois petits os que leur Let rrois
figure a fait nomiper le marteau , l'enclume , 5c ^"'^l^'s*
Tétrier. Je vous en ai fait la Démonftration dans
rofteologie j ils font articulez enfemblc ; en forte
que le marteau eft attaché au tambour pour leur
communiquer les agitations qu'il reçoit de l'air.
Le mufcle qui remue ces oftelets eft placé dans II y a une
la quaille du tambour j il eft adhèrent à fa partie dans «ccc
fuperieure ^ & prefque logé tout entier dans un cavicé.
creux ; il produit un tendon aftez court qui s'at-
tache à l'apophife, que le manche du marteau ap-
proche de fa tête. L'action de ce mufcle eft en ti-
rant le manche du marteau en dedans , de tendre
la membrane du tambour , laquelle fe relâche en-
fuite , lorfque le mufcle cefté de tirer ^ parce que
les offelers articulez comme ils font , & attachez
enfemble par des ligamens , font une efpece de
reftort, qui avec celui du tambour, tient Heu d'an-
tagonifte au mufcle.
Les Anatomiftes ne s'accordent pas furl'ufagei^ co^rd"du
de la petite corde qui eft couchée fur la membrane wrabâur.
du tambour j les uns veulent qu'elle ferve à don-
ner quelque fon à cette memibrane , comme fait
celle qu'on met fur la peau des tambours , & les
autres prétendent que cette corde n'eft autre cho-
fè qu'une branche du nerf de l'ouye qui va fe di-
ftribuer à l'oreille externe , &: Mr. M. veut que ce
foit un mufcle doublé qui a fon tendon commun ,
au milieu de fa longueur.
On trouve un conduit long & étroit , qui pafte L'aqueduc,
obliquement de cette cavité jufques dans le pa-
lais ; on lui a dgnné le nom d'aqueduc : c'eft un
5 I o De la Face & de fis parties ,
canal en partie cartilagineux, & en partie mem-
braneux ; il Te termine dans la bouche par une ou-
verture allez grande à côté de la luette , ôc proche
les fentes qui vont aux narines ; la communica-
tion du palais à cette cavité effc fcnhble , en ce que
ceux qui prennent du tabac en fumée , le rendent
quelquefois par les oreilles j &C que ceux qui font
' fourds , entendent quand on leur oaric dans la
bouche. On vouloit que cet aqueduc eût une val-
vule qui empêchât le retour des humeurs qu'on
croyoit s'écouler par le palais ; mais on a reconnu
qu'il n'y avoit point de valvule , pulfque la fumée
du tabac & les fons y peuvent entrer.
- il y a deux ouvertures qui lont comme deux
Les deux te- . •' ^ ^ . i, n i o i»
petites fenêtres , dont 1 une eit ronde oc 1 autre
ncrrcs ron-
des <S:ova- ovale ; celle ci eft plus grande que l'autre ; c'crt:
"' par ces deux ouvertures que les iraprciîîons de
Tair palfent dans la cavité qui fuit.
Lclabyrin- La troifiéme cavité dont ces deux fenêtres font
ihe. l'entrée^eft comoorée de plufieurs conduits qui la
font apeller labyrinthe , à caufe des tours &: dé-
tours qui y font : On a donné des noms difïerens
aux canaux qui s'y trouvent. On apcUe le com-
mencement de cette cavité, veftibule : c'eft uiie
cavité de l'os petreux , qui eft derrière la fenêtre
ovale , ôc qui eft rapiftee d'une membrane parfe-
mée de vaiiïèaux : fa figure aproche de la fphc-
rique.Il en part trois canaux demi circulaires , qui
y retournent par un autre endroit ; ils embraUent
tous trois la voûte du veftibule ; l'un s'appelle
horifontal , & les deux autres verticaux. Le fon
pafTc par le labyrinthe,pour arrivera la quatrième
cavité.
La coquille La dernière cavité eft apellée la coquille , le
limaçon > ou la trompe , à caufe de fa ligure. Le
VIIL Vémonflration Anatomlque, j i r
conduit qui entre dans cette cavité eft étroit. II
monte en fpirale , & va en diminuant & en s'êtrc-
cilfant à mefure qu'il monte. Il a dans le milieu
un noyau qui eft cave dans fa partie moyenne ,
faifant comme un canal pourdonner pallage aux
filets du nerf auditif. Il fort de ce noyau une lame
olïèufe & fort mince, qui tournant en ligne Ipira-
le comme le conduit , le partage tout du long
comme en deux , en forte que cette lame n'étant
attachée qu'au noyau , elle ne fait point le con-
duit double 5 & n'empêche point que la partie qui
eft: au dedus , n'ait communication avec celle qui
eft au dciFous.
Le nerf de la fcptiéme paire , qui eft l'^i^dirif , j^^jl',- °"
fe divife en deux parties , dont l'une eft dure . &: ditiF.
l'autre molle \ la dure après être fortie de l'oreille,
fe divife en trois branches dont fa fuperieure va
au front , aux paupières, & aux mufcles du front;
la moyenne va à la joué" , au nez , & aux lévres}&
l'inférieure à la langue , au larinx & aux mufcles
de l'os hyoïde. La partie molle du nerf auditif
demeure & fe perd toute dans cette dernière ca-
vité , où elle fait le même office que le nerf opti-
que dans l'œil.
Avant que de finir la defcription de l'oreille , il Comnicnt
fane vous dire en deux mots comment fe fait l'oiiie. ff ^^'^
-K ' • • ' ' I 1 r -r- louye.
Iv air exteneur étant agite par des Iccoulies rres-
promptcs , entre dans le premier conduit , & va
h-aper le timpan ; cette membrane ainlî agitée,
ébranle la petite corde qui eft derriere,& les trois
petits os qui y font attachez , ôc fait palTèr
dcîns l'air intérieur l'efpecc de mouvement qu'il
â. reçu de dehors ; cet air fe fubtilifanr enfui-
te & fortifiant fon agitation dans les détours
ou iibvrinthe, & en entr-ant dans ccfic coquille
511 De la Face & de fes parties ,
fpirale , parce qu'il y avance d'un efpace large
dans un plus étroit , il fe communique au nerf
qui le porte au fens commun \ fi bien que ces
differenies modifications de l'air font fiarmer à nô-
tre ame cette fenfation , qu'on apelle {on : car
oliir n'efl: pas faire quelque chofe, mais feulement
recevoir dans les nerfs qui vont à l'oreille \ l'im-
prelïion de l'air agité.
I Le troifiéme fens que j*ai à vous démontrer,eft
°^^" celui de l'odorat , qui a pour organe le nez \ je le
diviferai comme l'œil ôc l'oreille , en nez externe ,
ôc en interne,
i Le nez externe eft tout ce que vous voyez aa
Parties du dehors , on le diftingue en plufieurs parties qui
^ezcxccr- ^^^ chacune leur nom : la fuperieure , qui eft en-
tre les deux yeux, fe nomme la racine du nez ; cel-
le de dellbus , qui eft ofieufe & immobile s'apelle
le dos du nez:la partie la plus pointue qui eft plus
bas, fe nomme l'épine : &: l'extrémité qui eft carti-
lagineufe & mobile eft apellée le petit globe da
nez \ les parties latérales fe nomment les ailes \ Sc
la charnue qui avance au milieu , & qui iéparc
les deux narines , s'apelle la colomne du nez.
Situation Le nez eft dans un lieu éminent pour recevoir
du nez. les odeurs qui montent toujours en haut: Il eft
placé dans le milieu du vifage , parce qu'il eft
unique -, &c il eft unique ; parce qu'un feul fume
pour fon adion : la raifon pour laquelle il eft aa
deifus de la bouche, c'eft qu'étant l'endroit par ou
l'homme prend fa nourriture , la bonne ou mau-
vaife odeur des alimens le détermine à les pren-
dre ou à les reietter.
Figure & Je ne puis pas vous prcfcrirc au julte la hgure
f ^nc^^ & la grandeur du nez , parce que les uns ronc
" ''"* grand , & les autres petit j il vaut mieux l'avoir
graiid
VÎI I. ^émonflratlon ÂfUîtomlqite* J15
qrand aquilin , qu'écrafé & camus j car outre
qu'un grand nez ne gacc jamais un vifage , c'eft
que les narines bien ouvertes font préférables aux
petites, &C à celles qui font Terrées, non feulement
pour la beauté , mais encore pour la commodit.é
de la refpiration.
Le nez efl: compcfé de peau , de mufcîes , de ^
cartilages , d os , de vailleaux , de cavitez , tk. de ùcii du nez
tuniques : Nous avons allez parlé des os du nez
dans nôtrfc Ofteologie pour ne les pas répéter ici.
La peau du nez eft déliée & fine , elle efl. fans La peau du
graillc,de peur qu'il ne devienne trop i^iosjce de- "^"*
faut de grailïè cft caufe aufîi qu'il eft fort expofé
au froid qui le rend rouge brun , ou violet^princi-
ualement en Hyver ; cette peau eft adhérente aux
mufcles des ailes du nez ; elle eft fongueufe en fa
partie , qu'on nomme la colomne , où elle (e re-
plie pour la couvrir & faire les bords des narines.
La peau étant levée , Ton découvre les mufcles Sept muf-
dii nez , qui font au nombre de fept , fçavoir un ^ " ^^ ^^^
commun & iîx propres ; de ces derniers il y en a
quatre qui le dilatent 5 & deux qui le reflferrent ,
tous ces mufcles font fort petits , parce que les
mouvemens du nez ne font pas conhderables ; il
ne falloir pas aulli qu'il s le fulfenr , étant obliçrc
d'être toujours ouvert pour la facilité de la ref-
piration.
Le mufcle commun eft une portion de mafcle f'f.^.^^'^'^*
orbiculaire des lèvres : il abailfe le nez en bas ,
lorfqu'il approche la lèvre fuperieure de l'infc-
rieure.
Les deux premiers des propres font piramidaux, r ^■* -
1 • ,1 • t 1 r ^ 1 .- Les puanu-
ou triangulau-es.Us viennent de la luture du front daux.
& s'inCerent par une fin large aux ailes du nez
qu'ils dilatent.
Kk
514 De la Face & de fes parties ,
, 4 . Les deux antres reiTemblent à une feuille Je
Lcspctiis . t , 11 iM ^ r >•!
dilaccurs. rcinlie ; on les apelle dilateuis , a cauic qu ils
fervent à la dilatation du nez : Ils nailTcnt de l'os
du nez proche l'aîle , ôc fe vont terminer à la ro-
tondité de la même aîlc.
, „ . Les deux derniers font internes & cachez fous
Lrs conitri- , . .ai . m r • o
aeur$& in- la tuniquê qui revêt les nannes j ils lont petits ce
ternes. membraneux ; ils nailTent de la partie interne de
l'os du nez , &c s'infèrent à l'aîle interne de la na-
jine pour la referrer. Vous remarquerez que les
quatre dilateurs font placez exrcricureuient , &
que les deux conftridleurs le lont intérieure-
ment.
Cinq csr.i- -^^ delFus de ces mufcles , il y a cinq cartilages
lagci au qui forment la partie inférieure du nez:car la fu-
"^^* perieure , à laquelle ces cartilages font unis , cil
ofleule. Les deux fuperieurs font adherans aux
deux os du nez j ils lont larges par en haut , mais
ils s'étreciflent & s'amolilîentà mefurc qu'ils dé-
cendcnt en bas:les deux autres , qui font ceux qui
forment les ailes du nez, font attachez aux txtre-
mitez de ceux-ci par des ligamens membraneux ;
ôz le cinquième eft placé dans le milieu } ceft lui
qui fait l'entre-deux des narines.
VaifTcaux Les vailîeaux qui arrpfent intérieurement la
intcrnci du xnembrane du nez font des nerfs , des artères Se
des vénes. Les nerfs viennent de la féconde bran-
che de la cinquième paire , les artères , de la ca-
rotide externe, & les vénes vont à la jugulaire ex-
terne. Ces vailîeaux palient fous la folTe zigomati-
que , & par le trou orbitaire interne palî'e un petit
rameau de nerf de la première branche de la cin-
quième paire avec une véne de la jugulaire inter-
ne , & une artère de la carotide interne.
Tous les vaifleàux qui palFent par l'orbitaire in-
y II I. Démonftratlon Anatom, $ i y
tfiine ,' & par les trous de l'os cribleux , ie dillri-
buent far la membrane des feuilles olleufes : les
vaifTeaux excernes vont fe répandre fur la membra-
ne qui revêt les deux petits os qui font dans cha- cxccmï^du
que narine , & qui bouchent en partie l'ouverture nez.
du /înus maxillaire. Cette membrane & les vaif-
feaux decendent jufques (làns les fînus mêmes. Il
faut remarquer qu'elle efl: parlemée d'un grand
nombre de petites glandes qui filtrent une liqueur
blanche & glâîreufc , qu'on nomm.e la morvejou-
tre ces deux égoûts , il y en a encore d'autres qui
verfent dans les narines une liqueur femblable à
la première.
Le premier de ces canaux excrétoires eft le ca- Canaux ci*
nal nazal , qui eft fait comme l'on a dit par la "^o'^s-
réiinîon àQs deux points lacrimaux , qui palFent
par le trou de l'os unguis, C'cft par ce conduit
qu'une partie des Hqueurs qui arrofent l'œil cou-
lent dans le nez. Le fécond , font les deux trous
à^QS iînus frontaux , qui déchargent dans le nez la
morve que les glandes de leur membrane ont fil-
tré: Le tioifiéme , font les deux trous des finus
du fphenoide , un de chaque coté. Le quatrième,
canal excrétoire font deux ouvertures des finus
maxillaires dont on a parle , qui font prefque tou-
jours pleins de morve , parce que leurs ouvertures ;
ne font pas difpofées comme celles des autres fi- {
nus qui ont leur pente dans le nez j mais au con-
traire les ouvertures des iinus maxillaires montent
en haut. Le cinquième eft l'aqueduc , qui eft en
partie revêtu de la membrane glanduleufe des na»
rines.Enfin c'eft de la décharg-e de tous ces canaux'
excrétoires 6c de ces glandes , que vient la mor-
ve, dont la plus liquide coule parle trou apellé
încifif, & la plus épallfe par les fentes nazales
K k ij
5 1 (î De U Face & de fss parties ,
dans la bouche. Quand on fe porte bien on ne
doit gueres cracher ni moncher , parce que toutes
ces glandes ne doivent filtrer que peu de limphe
dans lafanté.
Lcjnanncî. Les deux ouvcrtuies que l'on voit à labafc du
nez font les narines , qui font les commencemens
de deux cavitcz , par où l'air entre & fort conti*
nuellcmenr. Chacune de ces cavitez fe divife en-
fuite en deux autres,dont l'une monte en haut vers
l'os fpongieux , & l'autre va au delTus du palais fe
rendre dans le fonds de la bouche & de la gorge ;
c'efl: par-là que le breuvage lort quelquefois par
les narines , & que le tabac pris en poudre par le
nez , combe dans la bouche.
On a découvert deux autres conduits qui vien-
nent des narines fe rendre dans la bouche 5 ils ont
leur commencement dans le fond de chaque na-
rine , & padknt par dcffus le palais , ils le per-
cent au delFous des dens incidves fupericures , où
ils finilTenr.
Tunique Toute la capacité intérieure des narines eft ta-
du nez, 'rni ij . • rr ' ••r • n. <
piliec d une tunique allez cpaille, qui elt percée
de plufieurs petits trous à l'endroit de l'os crî-
bleux \ c'eft une continuation de la dure mere,d'oLi
on veut qu'il forte des fibres par ces trous , Icf-
quelles fe dilatant enfuite forment non feulemenE
cette tunique ; mais encore celle de la bouche, dé
la langue & du larinx. Il naît dans la partie infé-
rieure de cette tunique des poils qui (ont ceux que
vous voyez à l'entrée du nés , donc on auroic de
la peine à dire les ufages.
Ufagej du II n'y a gueres de parties qui ayentplus d'ufagcs
■''^* que le nez, nous lui en voyons quatre ou cinq que
l'on ne peut gueres lui contefter : le premier , fe-
Jjon quelques-uns , eft de conduire.jitfqa'au cer-
VIIL 'Démonfiratîon Anatomîque, 5 1 7
veau l'air qui y eft neceîlaire pour la formation des
efprits animaux : le fécond , de donner palTage à
l'air qui entre & fort fans celfe des poumons i ce
qui ell d'une fi grande importance à l'homme^qu'il
meurt auili-rôt que l'air ne peut plus y entrer. Le
troifiéme , de porter les odeurs jufques fur les
membranes qui tapilfent intérieurement les lames
olfeufes du nez, ce qui fait l'odorat. Enfin le der-
nier, c'eft de contribuer à la beauté du vifage. Ces
quatre ufages apartiennent au nez externe , car
celui du nez interne ell d'être le principal organe
de i'odorar.
Le nez interne eft rempli de plufîeurs lames car- zzmt.
tilagineufes feparées les unes des autres : chaque
lame fe partage en plufieurs autres^ qui (ont pref-
quc toutes roulées en foirale, les extrémitcz de ces
lames aboutillenc à la racine du nez 3 & les trous
dont Tos cribleux eft percé ne font que les inter-
valles qui les feparent.
Ces lames font particulièrement deftinées à ^'^K^ ^^
ioutenir la tunique intérieure du nez , laquelle nez,
étant l'organe immédiat de l'odorat , a de même
que les autres organes des fens une tres-longuc
étendue' j ce qui fait que cette tunique eft pliftée
dans les petites cavitez du nez en plufieurs en-
droits, afin d'employer toute fa longueur dans un
petit efpace ; & qu'elle eft roulée tout autour de
ces lames , dont elle couvre exatbemcnt la fuper-
ficie.
Quoi-quc cette tunique foit d'un fcntiment ,.^*' °"."^*^
^ . , r > \, 1 • r . iccc:i:;uc de
tres-exquis , étant parlemee d un nombre inhni cctcc cuni-
dc rayes ; qui font autant de brandies de nerfs : 'i""'
cependant les parties des corps odorans font (î
délicates qu'elles ne pourroient ébranler l'orga-
ne que foiblement , fi la nature n'y avoit pourvu
K K iij
5 1 8 De la Face & de fes parties ,
par la grande étendue qu'elle a donnée à cette tu-
nique ; ce qui donne lieu à un très-grand nombre
de petits corps de la fraper en même tems en plu-
fîeuTs endroits , & de rendre par ce moyen l'im-
preffion plus forte & plus vive.
Autre rai- L'air qui pafle par le nez pour entrer dans la
Ion de Ion .. i^. ^ , . '^ ^ •in
étendue, poitrme , charianc de petits atomes , il elt cer-
tain que s'il n'y avoir eu autant de détours & de
fînuofitez formées par les intervalles de ces peti-
tes lames , la plus grande partie de ces petits corps
auroit pafTé immédiatement avec l'air dans la
poitrine, fans caufer aucun ébranlement dans
l'or<zane.
■Ellceftgar- C'cft encore pour cela que cette tunique efl:
nie de glan garnie de plufieurs petites glandes , qui ont des
tuyaux qui s'ouvrent au dedans du nez ; & qui
l'humeâient d'une humeur épairte & gluante qui
fert à arrêter les exhalaifons feches des corps odo-
rans.
Ce qui fait On ne peut pas douter que la longueur & le dé-
fcdc l'odo» velopement de cette tunique ne lervent aulli a la
^^^^ délicateiTe de l'odorat , puifque l'on voit que plus
les animaux ont de ces lames , plus ils ont le nez
fin 5 qu'entre tous les animaux le nez des chiens
de chafle en eft plus garni que celui de tous les
autres j & que l'homme en a moins qu'aucun au-
tre animal.
Diilribu- Ce qu'il faut remarquer ici , c'efl que les nerfs
nerf- olfac- *^^f^<^oires jettent par les trous de l'os etmoide
îoircj. plufieurs petites branches , comme des tuyaux qui
fe perdent dans la tunique intérieure du nez , /i
bien que par la connoilTance des parties du nez, il
eft aifé de venir à celle de l'odorat , qui en eft une
fuite ncccfldire , & voici en peu de mots comment
il le fait.
VIII. Démo/iflratlon Anatomlqm, 5 r 9
Les pecics atomes qui exhalent d'un corps odo- ^ Comment
ranc font portez avec l'air dans le nez , où frapanr dor«,
fa membrane interieujre j ils ébranlent les petits
tuyaux des neifsolfadoireSjla matière fubtile donc
ils font remplis , participe d'abord à cet ébranle-
ment , qui s'étend en un moment, par le moyen
de la continuité , jufqu'aux éminences cannelées ,
où CCS nerfs prennent leur origine , & où nôtre
ame , qui connoît les différentes ondulations que
chaque objet eft capable de produire dans les cf-
prits , juge que c'ell l'impreffion d'un corps odo-
rant , d'où naît la fcnfation qu'on apelle odeur;
de forte que flairer , n'eft pas faire quelque chofe :
mais feulement fouffrir fur les nerfs de l'odorat,
l'imprefîion que les corps odoriferans font par le
moyen des fumées qui exhalent.
Nous avons encore un quatrième fens à exafni- I-cgoûr,
ner , c'eft celui du goût , qui n'ed pas moins cu-
rieux à connoître que les autres , puifqu'il eft fait
de la même main que ceux que vous venez de
voir.
L''organe du goùr , c'eft la langue , ^ l'une des l^ J* ■
parties renfermées dans la bo'uche , lefquelles
nous examinerons dins la fuite \ mais auparavant
il faut parler de celles que nous voyons au dehors
de cette ouverture , que nous connoilfons tous fous
le nom de bouche.
Les lèvres font les parties externes de labouchc, t ^y
elle font deux , l'une fuperieure , <5c l'autre infé-
rieure \ elles font compofées d'une chair fongucu-
fe j & couvertes d'une tunique fort déliée, qui eft
continue avec celle de la bouche. Avant que de
voir les mu Ides qui les font mouvoir , examinons
les parties externes qui les environnent.
L'élévation ronde qui eft au delfous des yeux l^j jgy^-j^
K K iiij
5 20 T)e la Face & àefes parties,
entre le nez & l'oreille s'appelle la pomette ; cet
endroit efl; ordinairement vermeil , &: parce qu'il
rouffit davantage dans la honte , on le nomme le
fiege de la pudeur -, le delîous de cet endroit , qui
eft lâche , s'apcUe la joue , ou bacca , parce qu'il
s'enfle en Tonnant de la trompette : le dellîis de la
iévre fuperieure s'apelle la mouftache; la fente qui
eft entre les deux lèvres , s'appelle la bouche ; les
deux extrémitez de la fente fe nomment les coins
de la bouche \ les parties avancées des lèvres s'ap-
pellent ^ro/.t^/<^: le delfous de la lèvre inférieure le
menton ; & la partie charnue fpus le menton ,
buccula , ou petite gorge.
Lci jo'oës Quelques Auteurs ont donné deux mufcles aux
non: point . > / . , • p i u •
de tnulcles. joucs , Içayou- le peaucicr & le buccmatcur j mais
nous ne leur en donnons point , car nous mettons
le premier au nombre de ceux de la mâchoire infé-
rieure , & le fécond nous le donnons aux lèvres.
T'?'^^ Les mufcles des lèvres font treize , huit propres
mjlclcs aux . , ., ^ ^
ie/ics. & cmq communs -, des propres il y en a quatre
pour la lèvre inférieure, & quatre pour la fupe-
rieure y & des communs , il y en a deux à chaque
lèvre : Ç\ bien que fix mufcles d'an côté, & autant
de l'autre , font avec l'impaire le nombre de treize
mufcles, qui fervent aux mouvemens des lèvres.
^ 7 Le premier des propres qui apartient à la lèvre
lincifif. Supérieure eft l'incifif-, ainfî nommé , parce qu'il
prend fon origine de l'os delà mâchoire fuperieu-
re à l'endroit des dents inciflves. Il va s'inférer à
la lèvre fuperieure qu'il tire en haut.
8 Le fécond eft le triangulaire , qui eft l'antago-
niftede celui-ci i il prend fon origine de la partie
latérale &^externe de la bafe de l'os de la mâchoi-
re inférieure , & va s'inférer proche l'angle de la
bcuche , a la lèvre fuperieure qu'il abaille.
le tnan
laire
VIII. 'Démonflratîon Anatomlque. jii
Le troifiéme appartient à la lèvre inférieure , 9
c'eft le montantis , ou quarré : il prend fon origine nus*^'"'°"'*"
de la partie antérieure Ôc inférieure du menton ,
ôc de la racine des dents incifîves de la mâchoire
inférieure, & va s'inférer au bord de la lèvre infé-
rieure , qu'il tire en bas.
Le quatrième eft fon antagonifte , on l'apelle ,o
canin , parce qu'il prend fon origine de l'os de la Le canin,
mâchoire fuperieure au dellus de la dent canine,<Sc
va s'infeier à la lèvre inférieure proche l'angle de
la bouche, pour tirer cette lèvre en haut.
Le cinquième & premier des communs eft le u
zigomatique , ainlî nommé , parce qu'il prend fon ^^ zigoma-
origine du zigoma , ôc va s'inférer au coin de la *
bouche pour la tirer vers les oreilles ; on le nom»
me aufli rieur , parce que c'eft lui qui agit dans le
temsdu ris.
Le iîxième & fécond des communs eft le bucci- n
nateur, ou trompeur i ainft nommé ; parce que i-=buccina-
c'eft lui qui s'enfle ôc fait la joue' grofte en fouiir
fiant ou fonnant de la trompette. Il prend fon ori-
gine de racines des dents moUaires de l'une ôc de
l'autre mâchoire^ôc va s'inférer à la circonférence
des lèvres.-
Le dernier , qui eft le treizième & impair , eft 13
rorbiculaiie ; c'eft cette chair qui environne les. .^'orbicu-
dcux lè.vres comme un fplimctcràl ferme la bou-
che en les aprochant l'une de l'autre,c'cft lui auflî
qui fait faire la moue , lorfqu'on avance les lèvres
en dehors.
Les lèvres ont pluueurs glandes que l'on fent Glandci des
aifcment avec le bout de la langue , parce qu'el- ^'^^'^^'•
les font fous la tunique qui couvre les lèvres ; ces
glandes ont des arterioles ôc des venules : mais il
eft à remarquer qu'il y a encore d'autres glandes
Les
vcs.
512 De la Face & de fes parties ,
dans la bouche , qui par plufieurs petits tuyaux ex-
crétoires feparent les liqueurs ; elles humectent
la langue , &c aident à la dilTolution des alimens.
Lâbouchc La bouche contribue beaucoup à la beauté, lorf-
dou ccic qu'elle efl: bien faite , & que les lèvres font ver-
meilles , la plus petite bouche eft la plus belle ,
la différence des yeux , donc les plus grands font
toujours les plus beaux.
Parneî rcn- L^g parties renfermées dans la bouche font les
iCiiT'.c-csdaiis .11 1 1 • I I 1
La bouche, gencives , les dents , le palais , la luecte, les amig-
dales & la langue \ je vais vous les faire voir tou-
tes, excepté les dents , dont j'ai ruffifammenc par-
le dans l'Ofteologie.
gcno Lçg gencives font faîtes d'une chair dure & [o~
lide, qui occupe le dclTus des alvéoles qui font de
petites cellules^jd^ms lefqaelles les dents font plan-
tées. A ceux qui ont des dents gâtées , il arrive
quelquefois aux gencives de petits abfcés que l'on
efl: obligé d'ouvrir avec la pointe de la lancette :
les gencives fervent à affermir les dents dans leurs
alvéoles : elles tiennent fortement aux dents : c'eft
pourquoi lorfqa'on veut en arracher quelqu'une
il faut la déchaullèr , c'cft-à-dire , feparer la gen-
cive qui y eil arrachée , de peur de la déchirer , (Se
d'en emporter une partie avec la denr.
, . - Le palais eft la partie fuperieure de la bouche ;
rc palais. ., ^ f f • 1 c • ni
il clt un peu concave , ce qui le rait apellcr le
ciel, ou la voûte de la bouche ; il eft formé par
les os maxillaiies & les os du palais: Il eft revêtu ,
comme le dedans des joués & de la bouche^d'une
tunique épaiffe & ridée
latuBiquc La fubftance dc "cette tunique eft route p.3rfe-
f?u palais ^^^^ ^\q alandes conglomérées, qui fe continuent
pleine de . r > r\ • j 1 /^ \ A C
glandes. julqu aux tonfiles , ou amigdales. Ces glandes ie-
parcnt une feroficé qu'elles déchargent dans la
VI IL Demonflrat'ion An^tornlque, jij
bouche par une infinité de petits tuyaux qui la
percent comme un crible.
La luette ell une petite éminence piramidale qui
prend du palais fur la racine de la langue. Elle cft ta luet-ca
compofée de la réunion de deux petits mufcles ^[^j"^"^^ '^"''
ronds qui viennent de la cloifon du nez , ou du
vomer. Ils fervent à la lever en haut ; & lorfque
les mufcles n'agilTenr plus , elle decend par fa pe-
fanteur. On joit à côté deux arcades qui font
l'entrée des fentes nazales j elles font faites de fi-
bres demi-circulaires , couvertes d'une peau min-
ce parfemée de grains glanduleux Ces arcs de de-
mi circulaires qu'ils étoient , en s'alongeant de-
viennent droits j pour mieux retenir l'air dans la
bouche quand on enfle les jou'és , elles empêchent
encore , en fermant l'entrée du larinx , que l'air
ne s'échape de l'âpre-arterc , quand on refpirc en
(Cnflant les joues; & fi Ton veut que l'air force fans
ouvrir la bouche, l'on fait un mouvement de la
gorge qui fait relever ces arcades \ & comme les
fibres ceflent d'agir^^: qu'elles tendent à fe remet-
tre dans leur figure naturelle : ces ouvertures s'é-
largififenr.Ordinaircment on donne à la luette qua-
tre mufcles pour faire fes mouvcmens.
Ces mouvemens font fort manifeftes dans cer- ly rç
tainespeifonnes ; ils font faits parles mufcles ap- Î?^V^P^"^-
peliez periltaphilms. Les deux premiers (ont les externes,
pcriftaphilins externes ; ils nailTent de la mâchoire
luperieure au delfous de la dernière dent molaire,
& s'inferenc par un tendon grefle, aux cotez de la
luctcc.
Les deux autres font les periftaphilins internes, ,^ j^
ils prennent leur origine de l'aîle intérieure de Deux pcrif-
l'apophife pterigoide ,oii il y a un petit cartilage lutcrncs.
ragbile qui fert à fon mouvement j ils montent
524 ' De la Face & de fes pitnîesy
le long de l'aile de i'apophile pren'goide , & s'in-
fèrent à la lucttejces quatre mufcles qui font tres-
pccits, & plutôt fibres mufculeufes que mufcles
véritables , font avancer & reculer la luette, iorf.
qu on avale les alîmens.
^ „ La luerre fc gonjBe & s'enflame fou vent, & mê-
GonF.crrrnt i r • Il . ii ii i.
de la luette me quelquefois elle s allonge tellement, que 1 on
ell obligé d'en couper l'extrémité.
Farx ii'sgcs Les Anciens ont donné à la luette des ufages
'**'*^'"'^"^' qu'elle n'a point ; comme de modifier l'air , &
d'être l'archet de la voix , pour ufer des termes de
Rlolan» Mais il n'eft pas vrai que cette partie mol-
le puilLc fervir à modifier l'air : &: fi la voix de-
vient enrouée après que la luette eft perdue , c'eft
que la même caufe , comme quelque ulcère qui a
détruit cette partie , a rongé en même tems ou en-
dommagé d'une autre manière les mufcles & les
cartilages du larinK,leiquels n'ayant plus le rellort
ni la foupleffe qui leur conviennent , ne peuvent
communiquera l'air qui fort par ce tuyau la mo-
dification d'un fon clair & net.
1717 Aux cotez delà luette , entre le larinK & les
arajlalcs" mufcles de l'os hyoïde , il ya deux glandes con-
globées que je vous ai montrées en faifanc voir le
larinK : on les apelle tonfiles ou amigdales, parce
qu'elles rellemblcnt à des amandes peléesrelles ont
toutes fortes de vailLeaux; elles feparent & filtrent
les ferofitez qui fervent à humeder la langue , le
larinK (Si l'œfoDhnge.
18 18 La langue cfi; la dernière partie qui nous refte
i-aiiDgue. ^ examiner dans la bouche ; elle eft aînfi apellée
du vcibe latin Ihiaere, qui fignîfie lécher : les An-
ciens ont reconnu fon excellence , quand ils l'ont
nommée l'inftrument de la parole : on peut dire
auffi que les Anatomiftcs d'aujourd'hui ne l'ont
VIII. Démonfiratîon Anatomique, ^if
pas moins admirée que les Anciens , après qu'ils
ont découvert fa véritable ftructure , qui eft tour-
à- fait furprenantc , par le nombre infini de corps
rapillaircs dont elle eft compofée.
Elle eft fituée dans la bouche fotis la voûte du situation «e
palais i fa figmre eft de manière qu'elle peut ba- figure de la
layer toutes les parties de la bouche ; car d^une
bafe large elle fc termine prefque en pointe.
Elle eft d'une grandeur médiocre &: proportio- Gran^îcur
née à celle de la bouche. Qiiand elle eft trop cour- ^
te 5 elle ne peut s'allonger , loriqu'elle eft trop
groilè , elL fait begaver, & Ç\ elle eft moUe & hu-
mide j comme aux enfans, on ne peut pas bien ar-
ticuler les paroles.
Plnfîeurs fortes de parties entrent dans la com- Compofï-
pofition de la languejfçavoir des membranes , des ['"^l f
chairs , des vaiireaux , des glandes , des ligamens ,
& des mufcles.
La langue eft recouverte d'une membrane alîez 19
forte , qui tient lieu d'épidcrme. Sous cette mem- 7'",""ï"^ *^
1 -i r \ a T r j- v la langue.
brane il y a une lubltance vnqueuie médiocre-
ment épailfe , & percée comme un crible : elle eft
blanche du côté qu'elle touche à cette membrane
extérieure , & noire de l'autre côté j ce ■ qu'on
peut obferver dans le bœuf.
La chair de la langue eft particulière , il ne s'en lo
trouve point de femblable dans le refte du corps, ^^^^"^ '^*^*
elle eft toute hbreale , & plutôt mufculeufe que
glanduleufe , elle eft entourée de fibres en droite
ligne , qui de fa bafe s'étendent jufqu'à fa pointe,
& qui la retirent en dedans & la racourciifent.
Elle a dans fon milieu différentes fortes de fi-
bres , les unes font droites , les autres obliques
& tranfverfcs , & d'autres font en forme de tifïu
de nattes , qui d«ccndenc do haut en bas, C'eft
52ré De la Face & de fis parties y
par le moyen de toutes ces tibres que la langue fe
meutj& qu'elle tourne dans la bouche comme une
anguille^Ccs hbrcs font entie-mêlées de graifle &
de petites glandes vers fa bafe : ce qui la rend fou-
pie , & fait que les langues des animaux font dé-
licates & de bon goût,
de Ta "n* 1-* langue a beaucoup de nerfs qui lui viennent
£uc. de la cmquiéme & de la neuvième paire ; ils fe
perdent prt.fquc tous dans fa fubftance , &: princi-
I^je^fj ^ç jg paiement dans fes tuniques : Ses artères font des
largue, branches des carotides , &: fes vénes vont fe rendre
dans les jugulaires , on les nomme ranulcsxe font
Autresncrfs ^^'^^ ^^^ ^'^" oeuvre avec fuccés dans les fquinan-
dc la langue cies : elles font placées aux deux cotez du filet,
GIsndci de ^'°" trouve quatre grolTes glandes à la langue ,
la Jangtic. deux que l'on nomme hypoglotides ficuées proche
les vcnes ranulaires ; &c deux autres apellées fu-
blinguales , placées aux deux cotez de la langue.
Elles filtrent toutes quatre une fcrofité , comme
une efpecc de falive qu'elles déchargent par de pe-
tits canaux dans la bouche vers les gencives.
Ligamcns L'on voit deux ligamens à la lane'ue , un qui
guc. l'attache par fa bafe à l'os hyoïde , &c l'autre plus
large , qui s'infère à fa partie moycnnej& inférieu-
re , ce dernier eft apellé le frein de la langue. On
en trouve fouvent aux enfans qui naillént un troi-
fiéme qui eft furnumeraire , Se qui les empêchçdcr
teter , parce qu'il s'étend quelquefois jufqu'au
bout de la languejalors on le coupe avec la poin-
te des cifeaux.
Huitmuf- Qiioi-que la langue foit toute d'une fubftance,.
clés alalan- fibreufe & mufculcufe , comme vous avez va , &
qu'elle puiftc par ce moyen fe tourner de tous
cotez dans la bouche , néanmoins elle a des muf-
çlcs pour fes grands mouvemc-ns , comme lorf-
VIII. Démonflratîon Anatomîque. 527
qu'elle fort hors de la bouche , ou qu'elle y ren-
tre. Ils font huit , quatre de chaque cote.
Le premier eft le genioglolle , il prend Ton cri- *î *3
gine de la partie inférieure du menton, & va s'in- niogloflei.
ferer à la partie antérieure & inférieure de la lan-
gue ; c'eft lui qui la tire hors delà bouche.
Le fécond eft le ftilofzloire , il prend fon origine „M ^A
de 1 apopnile Itiloide , «x va s nilerer a la partie la- gioiFcs,
terale & fuperieure de la languejilla levé en haut.
Le troilîéme eft le bafio-lolTe , qui prend fon ^^ *^, ^5
11 • r •" 1 I I V j \> Dcuxbafl-
origme de la partie lupeneure de la baie de 1 os glolTcs.
hyoïde , & s'infère à la racine de la langue ; il la
tire vers le fond de la bouche.
Le quatiiéme eft le cerato^loire , il prend fon t^ '* ^^
. . ^ , , ■ . r ' j 1 j w Deux ccra-
ongme de la partie lupeneure de la corne de 1 os coglolTcs.
hyoïde , & va s'inférer aux cotez de la langue ; il
la tire à côté & en arrière. Quand ces quatre muf-
cles , & les quatre autres de l'autre côté , agilTent
fuccefîivement , ils lui font faire des mouvemens
en rond.
L'on donne quatre ufages à la langue , le pre- Ufagcs de
mier a d'aider à la maftication j en tournant les * ^"^"*^
morceaux dans la bouche , afin qu'ils foient bien
mâchez j le fécond , de fervir à la déglutition en
preffant l'aliment contre le palais , &: l'obligeant
par ce moyen d'entrer dans l'œfophage , le troi-
lîéme , de fervir conjointement avec les lèvres à
J'articulatîon de la voix, parce que ce font leurs
mouvemens qui forment des paroles de l'air qui
fort des poiimons par la trachée artère j & le qua-
trième , d'être le principal organe du goût.
Je vous ai fait voir la membrane qui revêt la 17
tangue,& la fabftance vifqueufe qui eft au delîou^: papUia^S^'
outre ces deux parties \ il y a encore fous elles une de lalan-
tunique q^u'on apcUe corps papillairci elle eft ^^"^*
s 2-0 De la Facs & àe [es parties ,
SulLncc ^^^^^^ remplie des nerfs de la cinquième & de L^
virqacu;e. neuvième paire : de cette tunique ou corps capil-
laire forcent des papilles neiveufes qui pénètrent
la fubftance vifqueufe , pour venir fe terminer fur
la furface de la langue : Ceft par le moyen de ces
fortes de papilles que la langue s'apperçoit des
différentes qualitez des faveurs.
Si vous voulez vous donner la peine défaire
cuire des langues d'animaux , vous verrez une in-
finité de ces petites éminences qui forcent de la
membrane de la langue ; ce font comme de peti-
Ces pointes femblablcs à celles des peignes des
cardeurs.
Comnr-nt ^^^^^ mécanique nous fatc connoîcre que le
fcLiclc goût confifte dans les crcmou{Iem.ms que les
fels des alimens caufent aux efpritsdc la langue,
en frapant les nerfs qui les contiennent j & que
le fentiment de faveur eft caufé par cç.^ tré-
mouffemens : fi bien que les fels de tout ce qui
touche la langue venanc à fraper ces éminences
papîUaires , y caufenc des ondulacions,qui fe com-
muniquenc dans le même moment aux efprits con-
tenus dans les nerfs, qui les portent aux corps can-
nelez ; avec lefquels ils fonc contenus \ &: qui les
reprefencenc à l'ame telles qu'ils les ont reçues : &
ainfi goiJter , n'eft pas faire quelque choie , mais
feulement recevoir fur ces corps papiliaires , qui
lont faics des excrémicez des nerfs de la langae,lc>
imprellions que les corps favoureux,( qui ne fonc
propremenc que les fels des alimens : ) fonc fur
ces éminences nerveufes.
. Les vaif. Puifque je vous ai promis de vous faire voir dans
Sî«!^''" ^^"^ Anacomie couces les nouvelles découverces ,
je vais vous moncr'er les vaifîeaux lalivaires , par
lefquels je finirai la Démonftracioii d'aujourd'hui.
Les
V I lî. Démonjiratton Anatomlqtte. 519
Les vaillcaux faliVaifcs font quatre , deux fupe- ^'^ ^^^^^
; . , ■ j I 1 quatre,
îriciu-s qui ont leur cominenceracnc dans les glan-
des parotides , &: deux inférieurs , qui naitfent des
maxillaires : ils viennent tous Te terminer dans la
bouche. .
Les p^lrotîdes font des glandes conglomeiées *? .
fort grolTcs; elles font placées derrière les oreilles, ncp" jcs'pa*
& rempHlfcnt tout cet elpâce c]ui eft entre l'angle lotidei.
pofterieur de la mâchoire inférieure , & l'apophife
malloïde ; elles ont des artères qui viennent des
carotides , «S^ qui entrent dans leur fubllance , &:
des vénes qui en partent pour aller dans les jugu-
laires ; de ce fangqul palfe par leur fubftance, il
s'en (épare une liqueur appcllée la falive , laquelle ,
eft reçue par deux vallfeaux nommez falivaires ,
qui font formez de plulieurs petits rameaux qui fe
reiinilîent enfemble au fortir de ces gkndes, tScquî
vont le long des joues les percer dins le milieu ,
pour entrer dans la bouche où ils finllFent.
Les glandes maxillaires font ainfi appelle'cs , 50
parce qu'elles font lituées fous la mâchoire infe- ^'^"^7'^"'
• 1 I • I o 1. 1 • 1 11 ncnïdcs
neure , entre le larmlc cclos hyoïde, ces glandeç maxillaires
qui font conglomérées , ont des artères , des vé-
nes , & des vaîireaux falivaires , qui font formez
de pluiicnis rameaux réunis enfemble fous le di-
gaCtriquc : la faiive aiant été filtrée par ces glandes
eft reçûcf par ces vaillcaux falivaires , qui la vont
décharger dans la bouche. Ils y entrcnc fous là
pointe de la langue, aux cotez du frein, vers les
dents incilives d'en-bas.
L'ufagc de ces quatre grojTes gkndes eft detra- Ufigcsdes
iller ians celle à la féparation de la falive , & de «'='.'li'« des
la verlcr par les quatre Vaifleaux falivaires daiis" la faiiviucj.
bouche , pour y être le premier dillblvant dti ali-
mens , comme je vous l'ai déjà fait remarquer
Ll
vai
5 3^ De la Face & de [es parties ,
ci-delTiis 5 en parlant de leur digeftion,
La ficuatioii narurelle de ces glandes eft excré-
mement commode pour leur adlion. A l'égard des
Parotides elles (ont dans une cavité prefque toute
olfeufe : outre cela l'angle de la mâchoire infé-
rieure qui les prefTe dans le tems de la maftica-
tion , oblige la falive de fortir des ces glandes , &
de Te décharger dans la bouche. Les maxillaires
à la vérité ne font pas prellées par une partie oU
feufe , mais elles le font par les mufcles digaftri- v
qucs, qui étant les abbai (leurs de la mâchoire ii>
ferieurc j fe grolïillenc toutes les fois qu'elle s'ou-
vre , & par la tumeur qu'ils font dans leur corps,
expriment la falive qui eft dans ces glandes, &
l'obligent de prendre le chemin de la bouche.
Ainfi ces quatre glandes font placées de maniè-
re que les mouvemens de la mâchoire en font
fortir la falive pour aller dans la bouche j ce que
nous expérimentons même en parlant , & en
baaillant , quoique les mouvemens de la mâchoi-
re foient moindres qu'en mâchant : je dis en
baaillant, car ces glandes étant comprimées for-
tement par la grande dilatation de la bouche , la
falive en fort quelquefois avec tant d'impetuofi--,.
té , qu'elle en eft jettée bien loin hors de la bou-
che.
Voilà , Meiïieurs , tout ce que j'avois à vous di-
re fur les organes des quatre fens que je viens de
vous démontrer ; je me fuis contenté de dilîe-
quer & de développer tous les rclforts Se les par-
ticules qui les compofenc ; & vous avez vu , com-
me moi , que toutes les adions qui en refukent ,
font une fuite neceiTairc de la difpofition natii'rcl-
le de ces pa^rties.
l ^^l
xvnr
p. S 31
531
N E U V I E' M E
DEMONSTRA.TION
tes parties qui compofent les exirémitez.
fuferieures.
L faut vous relTouvenir sMeffieurs s
que nous avons divifé le corps hu-
\ main au tronc , & aux extrémicez.
y Jufqu'ici nous avons démontré afTez
amplement toutes les parties qui entrent dans la
compofition du tronc \ il ne s'agit plus mainte-
nant que de vous faire voir les extrémitez Je
vous en ferai deux Démonftrations , parce que le
nombre des parties qui les compofent efl: fi grand,
que je ne puis vous les faire voir toutes dans une
icule leçon.
Je vous ai dit au commencement de cette Ana-
tomie que ces extrémitez font quatre , fçavoir
deux fuperieures, que l'on nomme les bras; Se
deux inférieures , qui font les jambes. Vous ver-
rez aujourd'huy les fuperieures , &c demain les in-
férieures.
Si j'ai différé jufqu'à prefent à vous entretenir
des genéralitez des mufclcs , ôc de leurs mouve-
tnens, c'cll parce que j'ai crû que c'étoit ici le
lieu le plus convenable pour vous en inftruire ,
puifqu'il ne s'agit prefque que des mufcles dans
cette Démonftration, & dans la fuivantc.
Ll ij
j 3 i I^^-f Extrémltez.JîiperiefireSj
Etymologie ^^ Mvolofïie efl: une icience qui traite des
de la Myc- r , ' ^ . ,. ^ r-jj
logic. mulcies en parnculier. Ce mot le tue de deux
dictions Grecques, de ijLVi , qui lignifie rat , (X de
x'oy'Q- i'(\ui lignifie diJcoHrs ; car il y a des mui-
clés qui appiochen: allez bien de la figure d'un
rat. /
Ncccflitc Toutes les incifions que le Chirurgien fait fur
au Chirur- j^ corps humain doivent erre faites félon la rc6li-
giendc Iça- , / ri i r i
vo;r laMy- tude des nbres des muicles:or comment pourroit-
ologic. j|[ exécuter ce que fon Art demande ; s'il ignoroit
la fituation 3c la tlructure des mufcles ? C'eftdonc
cette partie de l'Anatomic qu'il doit fçavoir pré-
férablemcnt aux autres -, car autrement il feroit
tous les jours dans le hazard d'cllropier ceux fur
lefquels il opère.
Des rouf- Mais avant que de vous démontrer les mufcles,
cicscngc- leurs parties & leurs mouvemens , il efl bon d'a-
Dcral. • ' \ tj 1*
vertir que nous avons trouve a propos d expli-
quer le général des mufcles avec exactitude , de
de rapporter les principaux f\ llémes qu'on y a
fait : Et comme perfonne n'a mieux parlé de leur
ftru^ture que Mv Stenor?) nous expoierons en abré-
gé ce qu'il en a dit.
r»'c V „ Le mufcleefl: défini une partie organique , qui
du mufcic. ell un tiliu de hbres compote d artères , de vencs,
de nerfs & de vaifiéaux limphatîques. C'eft par
eux que fe font tous les mouvemens volon-
taires.
L'arrangement des fibres des mufcles eft diffé-
rent , fuivant les mouvemens qu'ils doivent fai-
re. L'extrémité de toutes les fibres charnues eft
nerveufe , c'eft ce que l'on appelle vulgairement ,
la tête &z la queue' du mufcle qui en font les
tendons. Le ventre ou le milieu de tous les mul^
clés eft charnu , chaque fibre fait pour le moins
/ X. 'T>émonflratlon Anatomlque. 5 3 5"
trois lignes droites inégales , qui font des angles
alternes ; ces angles font ainH nommez , parce
que la ligne qui la forme , eft entre deux paral-
lèles.
Tous les mufcles ont encore plnfieurs couches . CompDfi-
de fibres droites &c tranfveiTes. Toutes celles du mufcles,
même ordre font rangées dans un même plan , en
formant un parallélogramme , ou plutôt un
Rhomboïde dont les deux cotez oppofez font
parallèles & font des angles aigus -, les deux autres
côrez font deux tentions oppofez hors du parallé-
logramme , ou du quarré long. Tout le champ,
ou la furface du Rhombuide eft compofc de fibres
parallèles , dont la réiinion fait les tendons j de
forte qu'il y a autant de fibres nerveufes dans le
, tendon , qu'il y en a dans le ventre du mufcle.Tou-
tes les fibres internes des tendons font plus courtes
que les externes.
Il y a toujours trois figures dans chaque plan Figures des
de fibres , la première &: la dernière font toû- fit>resdu
jours oppoféeSj celle du milieu fait le Rhomboï-
de. Plufiturs couches de fibres parallèles faifant
une cpailicur forment ce que l'on appelle paral-
lélépipède , pour faire le mufcle limple , car le
mufcle compofé eft un alfemblage de pluheurs
parallélépipèdes.
Toute la force des mufcles dépend de la multi- ^'®." f^'
tude des fibres & de leur union , & félon l'expe- ce des muf-
rience de Mr. Stenon , le mufcle grêle interne peut cl«.
fcûtenir un poids de cinquante livres (ans fe rom-
pre. Il ne faut pas croire que les divers arrange-
mens des fibres des mufcles foient toujours pour
mouvoir les parties diftci-emment.
Il y a des mufcles qui ne font qu'un mouve- L'arrang-;-
ment , où les fibres font difpofécs à former deux "^^"^'^^s""
Ll iij
5 34 ^^^ Extrémité z fltperleuret ,
brcï ict rnuicles , c'eft ce que Ton voit dans le demi-
mufclcj. nerveux. Il y a des mufcles où les fîbies vont en
ligne droite félon leur longueur \ il y en a d'au-
tres où elles vont en fpirale j & d'autres enfiri
qui ont un double rang , & qui naiflent des deux
cotez d'un tendon , comme les barbes d'une
plume,
lei mouvc- Toutes les fibres charnues du ventre d^un muf-
mcns du cle (ont moins ferrées que dans le tendon. Le
mouvement des mufcles vient du racourciiremenc
des fibres charnues qui tient les tendons, qui font
quelquefois doubles , triples, &c. comme les ten-
dons du biceps , du triceps , aufH bien que la par-
« tie charnue qui eft quelquefois! double , comme
au diagaftrique.
Lesmufckj Les nerfs entrent indifféremment danslemuf:
contribu-cnc ç.\ç^ p^j. j^g extrémitez ou par le ventre , aprc^
a aitterens . i / i r ■ v i i
mouTc- avoir donne plulieurs rameaux a leurs membra-
îr:en$. nés propres Enfin les mufcles fervent à tous les
differens mouvemens de nos membres \ car il y
en a pour les fléchir , pour les étendre , pour le^
élever , les abaifîer , les aprocher , les éloigner .,
les relâcher , les prefler , les fermer , les ouyrir.
Quand il faut faire des mouvemens violens , les
mufcles ont des tendons conhdcrables , & ceux
qui ne font qu'ouvrir & relâcher , comme les
fphin6ters , n'en ont point.
Il eft encore à remarquer , que tous les mufcles
qui font un même mouvement s'apcUent con-
génères , qu'on nomme ceux qui font unrnouve-
ment opofé , antagoniftes.
Pour le nombre des mufcles, on a peine aie dé-
terminer , parce qu'on l'augmente tous les jours,
quelques Anatomiftes en comptent jufqu'à cinq
cens vingt-neuf.
IX. Démonftratlon Anatomique. j- 3 j
Mais ceux qui voudront avoir une plus ample
connoiflance de la ftriiârure des mufcles, pourront
lire tout le Chapitre du mouvement animal inféré
dans le Livre pofthume de M. Vexàuc de L'pifaae
des parties: c'eftun Recueil curieux des explica-
tions que des Auteurs modernes fort recherchez
ont propofées fur la plupart des fonctions ani-
males.
Le mufcle a deux fortes de mouvemens , celui nfcns"du^*'
de contraction , & celui d'extenfîon. Par le pre- mufcle.
mier il s'acourcit , par le fécond il s'alonge , d'où
s'enfuivent tous les divers mouvemens que nous
voyons au corps. On y en ajoute in troifiéme ,
qu'on apelle mouvement tonique, qui fe fait lorf-
que plufieurs mufcles agillent de concert, & tien*
lient une partie ferme 6c bandée fans la mouvoir
aucunement : Ce qui arrive , par exemple , quand
les quatre mufcles droits de l'œil le tiennent fans
branler, & le font regarder fixement en un même
endroit : ou quand l'homme fe tient debout : car
quoi qu'il ne fe meuve pas aduellemcnt , néan-
moins les mufcles qui le tiennent dans cette poftu-
re droite ne lailTcnt pas d'agir.
Les mouvemens font (iiiiplesou compofez;ceux II y a des
qui fe font en haut, en bas , en devant, en derrie- fi)°pi^"&"*
re , à droite & à gauche , font apellcz fimples descompo-
parce qu'il n'y a qu'une forte de mufcle qui les ^"'
fafl'e \ mais lorfque plufieurs agilTcntenfemble &
fucceffivement , on les nomme compofez , com-
me quand nous mouvons les bras en rond.
L'on remarque que quand le mufcle a^lt , il fc ^^^ "mufcles
a >•} r • n ^1 /- '^ gonflent
gontle , parce qu il le racourcit , & que la grof- en naifTaûC
feur qu'il fait par ce gonflement efi: toujours dans
fon ventre, & qu'elle paroît -en dehors , excepté
aux mufcles de l'Epigaftre à caufe qu'ils
Li iiii
5 3^ 2)^J Extrémîtez. [uperteures,
n'ont point d'os pour les appuyer.
Lcmufclc 11 faut obferver que le miifcle prend toûiours
remue lou- r ... • \ r n -
jours la ion origine a une partie plus ternie que celle ou
partie la il va s'infcrer , & que la partie qu'il doit remuer
moias roli- ^ a- n ^ m l • i3 \ m / r •
^ç^ elt toujours celle on il va hnir : d ou il s enluit
que lors qu'il fe contra6te , il devient plus court ,
6v par confequent une des deux parties attachées
à Tes deux excrémitez doit fe mouvoir , qui eft
toujours celle où il va s'inférer.
^, . ,._ Enfin nous convenons que les mufcles fervent
Il cît diftî- V . 1-1
cilc de fçi- a mouvoir toutes les parties de notre corps
voir ce qui quand il nous plaît , mais on a de la peine à con-
i3K mou- ^ . \ r C • r\ I ■
vo!rl-s cevoir comment cela le raïf. On ne doit pas s en
muicies. eronner , puifaue cette matière a exercé les plus
habiles Anarcmiftes de nos jours , lans qu'ils ayent
pu encore s'acorder.Ncanmoins il ne faut pas que
cela nous arrête , de cette matierejquoique diffici-
le , n'ell: pas impolîible à pénétrer. Je vais tâcher
de vous donner une idée de ce que les Auteurs les
plus eftimez en ont avancé.
C'en le fuc La vue d'un. mufclc nous aprend qu'il peut fe
ani-nal y.r- niouvoir , & qu'il cil toujours en état de le faire ;
ic dans i- .-.ri r ■ \
mu^c!; q.ii maisilraut quelque caule qui le mette en mou-
k taicgon- vement. On croiç communément que cette caufe
vient du cer\ eau, parce qu'auîli-tôt que la volon-
té a déterminé de fléchir le carpe , par exemple j
dans le même tems les mulcles obéiirent , & le
carpe cft fléchi ; & voici comment : Le lang qui
eft vcrfé fans difcontinuation dans le corps du
mufcle par l'arrere , eft toujours prêt de fe rare-
fier pour gonflir le mufcle , mais il ne le peut de
lui-même.C'eft par le mélange du fuc animal qui
eft porté par le nerf dans le mufcle , que fe fait
cette raréfaction , qui écartant les fibres les unes
des autres , les racourcit ; & delà s'enfuit le mou-
/ X. Dérnonfiratlon Anatomlque. j 3 7
vçmcnt de U partie qui efi; attachée a la queue du
îiiufcle.
Cet écoulement du fuc animal dans les mufcles Comment
ne fe fait que quand nous voulons ; c'eft ce qui |^^"^ ^J|.^"
rend leur mouvement volontaire. Si la volonté yerlc.
veut qu'un bras foit en repos , il y demeure : fî
elle veut qu\in pied Te meuve , il le fait en même
tems : Il ne faut pas croira que le fuc animal foit
porté du cerveau dans les mufcles, dans le tems
que l'ame veut qu'ils fe meuvent. Le mouve-
ment fuit de fi prés la volonté , qu'il ne pourroit
pas en faire le chemin en un inftant : Mais les
nerfs (ont autant de canaux pleins du fuc animal ,
toujours prêts de le vcrfer par leurs extrémitez
dans les mufcles où ils vont aboudr ; & lorfqae
U volonté détermine de mouvoir quelque raulcle,
il le fait une petite comprefïîon des fibres du cer-
veau fur l'extrémité du nerf , cette compiefîîon
poulie le fuc animal dont il eft rempli , & l'oblige
a forcir par l'autre bouc du nerf , qui fe termine
dans le mufcle , où fe mêlant avec le fang qu'il y
trouve toujours , il s'y fait une ébullition , d'où
s'enfuit le gonflement.
Je me fers d'une comparaifon pour vous faire Compa-
• • 1 r • ij \ • riifon Qui
concevoir cette opmion ; le relervoir d ou vient donne une
i'vau qui fait joiicr les fontaines , eft toujours pla- iîéccom-
cc- ail lieu le plus éminsnt du jardin; plu Heurs (^f^i^^
concUucs en partent qui vont à toutes les fontai-
nes. Lorfque le Fonrenier en veut faire jouer
q:Jclqu'une, il ouvre le robinet de fon condait,&
f ir le champ on la voir jallir , bien ' qu'elle foit
quelquefois à cinq cens pas du refervoir. Le cer-
veau fait l'office du refervoir , les nerfs en font
les conduits, les fontaines font comme les muf-
cles, & le Fonicaicr reprefente la volonté , c|ui
5 5 5 Vss extrémitez. Juperieuresy
jner quand il lui plaîc tous les mufcles en mou-
vement
Obfcrva- Si nous obfervons ce qui arrive dans nos mou-
tjons qui vemens , roue femblera confirmer l'opinion que
c; hi.ncnt ., ^ j r CL II
çcric en- j avance : Quand uiiC perlonncelt en repos , e|le
mon. n'a pas fi chaud que lors qu'elle travaille , ou
qu'elle marche , parce que le mouvement étant
entretenu par plulieurs eftervefcences réicerées, il
augmentera la chaleur & la circulation du fang
avec bien plus d'aéiivité que da»s le repos j & ii
après une courfe vous mettez la main fur le
ccLur de celui qui a couru , vous le Tentez batrç
plus vite qu'à l'ordinaire , parce que le fang ayant
palfé avec précipitation par les mufcles , & les
ayant gonflez (ouvent par le mélange du fuc ani-
mal , -il fe porte au cœur plus promptement que
de coutume.
Bien que nous aions comparé le cerveau à un
nll ^dic-'ile l'^^fi'voir , cependant il ne faut pas croire qu"'il en
c'^irrr^e le puiffe contenir autant de fuc animal qu'il en
■*'■ faut pour entretenir les mouvemens d'un voya-
geur , qui marchant à pied pendant toute la jour-»
née , ou d'un Forgeron qui travaille incetlam-'
ment : Celui qui produit les premiers mouve-
mens, après s'ctre mêlé avec le fang , repalfe dans
le cerveau par la circulation , la il fe fepare du
fang pour être employé derechef à de nouveaux
mouvemens ; ce qui nous aprend que le fuc ani-
mal circule de même que le fang , & que par
confcquent la difTipation qui s'en fait par le tra-
vail , eft réparée par les alimens que nous pre-
nons; c'eft pourquoi ceux qui font employez à des
ouvrages rudes & pénibles , ont befoin de man-
ger plus fou vent & en plus grande quantité que
les autres.
IX. Dérno/ijiratîon Anatom, j^p
M» Mayi>u a ua Icntiment particulier fur ce Opinfon dç
fujet ; car il croit que les fibres membraiieufe? ' **^y°'^-
qui travçrfent les fibres charnues &qui les afTcm-
blent 5 font tout le mouvement du mufcle , en ce
que les corpurcules nitroaçriens qui font répan-
dus dans toute l'étendue de cet organe , venant à
prendre feu par la chaleur du fang & par Vin-
Huence des efpnts animaux que l'ame ou quel-
que objet y détermine p$r les nerfs , ces fibres fe
tordent &; fe frifent comme des bandelettes de
parchemin expofées à laflâme d'une chandelle, &
en (e refferrant font faire plufîeurs plis aux fibres
charnues , dans le racourcifïèment dcfquelles la
contradlion du mufcle çonfîfte : La fermentation
celîanc , toutes les parties reprennent leur étendue
naturelle. Mais les mouvemens lents & modérez
dont nous fommes capables^ ne s'acordent gueres
avec la pronpiitude neceffaire d'une telle fermen-
tation.
M, Borelli faifant reflexion fur une machine Opir.ion de
apellée fauterelle ou zigzague ; qui eft corapofée M. BoicUi.
de plulieurs pciirs morceaux de bois qui s'entre-
croifent deux à deux par le milieu & s'entretien-
nent chacun avec deux autres par les extrémitez j
de manière qu'ayant tous la liberté de tourner fur
les chevilles qui les arrachent enfemblent , ils ra-
CGuicilTcnt la machine en élargilTant les quadri-
lartres qui refultent de leur afï'emblage, & l'alon-
gent au contraire en les étendant félon un autre
lens, Borelli , dis je , fur les proprietcz de cet în-
ftruraent , s'eft imaginé que les parties infeniîbles
des fibres mouvantes de nos mufcles pouvoicnt
avoir une llrudure pareille , 6c que quelque hu-
meur fpiricueule étant pouHée avec violence , ou
tciiibant avec précipitation dans ces cellules de fi-
gure de lozange , écartera leurs parois & tendra
5 '^o Des Extrémltez.fHPerieHyeSy
à les rendre qnarrces , ce qui produira le gonfle-
ment qui fait l'a6lion du mufcle : Mais cette hy-
pothefe ell: avancée gratis , puîfque ni par la dif-
fsclion , ni par le fecours du mifcrùfcope on ne
découvre rien dans les fibres du mufcle qui favo-
nie une telle mécanique.
De tous les Syftêmes qui ont été publiés jufqu'à
pi'c^fcnt lur le mouvement des mufcles , il n'y en a
point de li naturel ni de fi fimple que celui que
M. Brune ^propofe dans le quatrième Journal dit
■progre's^de la A^edeclne dt Vannée iGoC. Car ne
fupporant dans ces organes que ce qui s'y mani-
fefte aux fens . fçavoir des fibres de plufieurs fier-
tés toutes capables de rellbrr, tendues, raréfiées &
entretenues dans une extrême mobilité par la flui-
dité des hu neurs qui les pénétrent fans celîe, 6c
par la chale-ar des vapeurs qui fortent continuelle-
ment par les pores des vailleaux dans les plus pe-
tits interftices des parties j il fait obfcrver qu'une
légère émotion caufee par le boiiillonnemenr de
quelques gouttes d'humeur, ou par l'impreffion
ïie quelque pointe , luffit pour occafionner une
tres-puilîante contraction dans le mufcle j car la
fibre qui pourra être immédiatement ébranlée par
cette émotion, rencontrant dans mille tours & re-
tours quefon propre relfort lui fera faire , d'au-
tres fibres voi (mes , leur communiqucva une agi-
tation pareille à la fienne, fur tout ii elles font
homogènes , Se qu'elles foient avec elles à l'uni-
fon, con:me le font enfcmble toutes les hbres char-
nues d'un même mulcle : ainfi que l'égalité de leur
groflTeur , de leur figure , de leur tenfion , Se de
leur coniiltance letémoigne,orces fibres en ébran-
leront encore de nouvelles à qui elles tiennent
par quelque endroit, de forte que ce mouvement
IX, 'Démonflration Anatomîque. 541
fe répandant de Pun à l'aiure prcrqa'en un in-
ftant dans tout le corps du mafcle , cet organe fe
conrrade aulïï tôt avec une très- grande force en
atirant fon extrémité la plus mobile , comme pln-
iTcLirs cordes à boyau qu'on auroit miCes à Tuni-
fon fur un inftrument de Muhque , tremblent
tontes d'abord qu'on en touche quelqu'une avec
l'archet , «Si tendant à forcir de la ligne droite, ti-
rent violemment les chevilles qui les y retien-
nent : & de même qu'on expliquera en Phyfique
d'où vient qu'un petit bruit excité dans un bois
par le choc mutuel de deux corps durs , ou par la
voix que l'on poufle foiblement , fe reproduit eil
une infinité d'endroits par le mouvement qui en
eft communique aux branches &c aux feuilles des
arbres , lefquelles comme autant de langues ou de
cliquettes répètent le fon ou donnent à l'air agi-
té entre- elles des modifications qui multiplient
le bruit de toutes parts ; on rendra aufïi raifon
pourquoi la moindre particule de chaque rnufcle
que nous pouvons regarder comme une foret de
reffbrts d'une délîcatelle & d'une agilité furpre-
nante , ne peut frémir que tous ces rellors & les
parties élaftiques de l'air interpofé ne fe débandent
en mrême tems & ne gonflent le raufcle avec beau-
coup d'éfort , parce que pour leurs divers trem-
blemens ou leur jeu ils demandent plus d'efpace ,
que pour demeurer en repos ou dans une ad:ioa
ordinaire & imperceptible.
Il cft vrai que les fibres d'un rnufcle ferrées &
empaquetées comme elles font dans fa membra^
ne , ne font pas fufceptibles d'ébranlemens qui lui
caufent un acourciflTement confiderable : Mais la
nature n'avoit befoin que d'une contradlion fer-
me , & prompte &: faite en peu d'efpace , puifqiie
pour la commodité des mouvemens , aiant inféré
54^ i)^^ extrémltez.fuperlenres ,
les mufcles auprès des articles , la puilTance de
ces organes avoit à vaincre des obftaclcs qui dé-
voient agir fur le même levier qu'elle , dans une
diftarice bien plus grande de l'apui , «3c par confe-
quenc avec un avantage înfigne , comme il eft dé-
montré en mécanique.
Si la moindre irritation peut faire entrer le
mufcle en des contrarions très véhémentes , il
peut en recompenfe être furmonté dans Tes plus
grands éforts par une auflî foible caufe : car de
même que nous voyons une grofle cloche donc
toutes les parties fremiirenc enfemble d'une force
qui furpalFe un million de fois la force de la per-
cufîîon qui aura donné occalioii à ce tremble-
ment, s'arrêter & cefler de réfonner aulTi-tôc
qu'on aplique iur cet inftrument le doigt ou quel-
que corps fouple j ainlî tout ce tremoulfement des
filets d'un mulcle qui s'entretiennent tous dz qui
fe fortifient naturellement les uns les autres dans
leur agitation , fera facilement rufpcndu, ou parce
qu'ils feront tirez par le mufcle antagonifte qui
fe contrariera , ou parce qu'une humeur viendra
en relâcher ou bien en roidir quelques-uns , ou
parce qu'une nouvelle comprefïion rompra leurs
acords.
Cet Auteur ne trouve pas beaucoup de diffi-
culté à expliquer les mouvemens volontaires i car
l'équilibre dans lequel tous les mufcles fe ren-
contrent d'ordinaire ou fe peuvent mettre aifé-
ment, nous fai fane avoir le fenciment d'une puif-
fance qui refide en nous de remuer nos membres
à nôtre gré, lorlqu'il furvient une émotion imper-
ceptible qui détermine par elle-même un mufcle
à fe contraârer , en excitant du plaifir ou de la fa-
nsfadtion dans Tame, nous y conlcmons volon-
î X, Demofiftratlon AnatomlqUe. 543
tiers , & c'cfl: ce qu'on apelle adion libre : Et
parce qu'il y a pliîs d'aparence que l'ame pour
mouvoir les mulcles , foie immédiatement unie
aux fibres motrices qui s'y trouvent , qu'au prin-
cipe de leurs nerfs qui en eft fi éloigné \ l'on re-.
jette comme chimériques dans ce fyftême , les
eTprîts animaux , le fuc nerveux , & tout ce qui a
été fubftitué en leur place , comme les qualitez
iraprefies , les ébranlemens qui fe communiquent
du cerveau par les nerfs à tous les organes da
mouvement ; & l'on atiibuc aux nerfs trois ufa-
ges principaux , l'un de tenir par leur fermeté
toutes les fibres des orc^anes où ils fe diftribuent
en état de faire leurs fondions ; le fécond , de
fervir eux-mêmes par leur foupleiïe , leur relTorc
& leur mobilité à rendre l'adtion des caufes du
mouvement plus forte & plus vive dans ces mê-
mes parties : & le troifiéme de répandre dans \qs
autres parties aufquelles ils font attachez par
quelques fibres , l'impreiîion qu'ils ont contrac-
tée dans les premières.
Mais les confequences qu'il tire de fon hypo-
théfe font merveîlleufes j car comparant fort ju-
ftcment les mufcles à des pandules , il rend raifoii
des battemens continuels du cœur , des contrac-
tions alternatives des organes de la refpiration ,
^c. en faifant voir que iî leurs caufes, qui
font ou le mouvement des humeurs , ou l'agi-
tation des vapeurs , ou l'adion des objets , &c.
demeurent à peu prés les mêmes , ces contrac-
tions paroîtront réglées j mais fi la chaleur inté-
rieure augmente ou diminue , fi l'irritation ordi-
naire des matières qui touchent ces mufcles chan-
ge , on ne manquera pas de trouver ces mou-
vemeuK dans l'irrégularité , ou dans un degr4
544 Des Extrémttez,fhperteHres,
plus fort ou piusioible que le naciuel : Les re-
tours des fièvres & de plufieurs ancres maladies
font encore des corollaires de ce ryftcme. Mais il
leroit à iouliditer que M. B. poallac ces confîdÊ-
rations c>v les éclaîrcït autant qu'il en eft capable',
elles poarroient répandre dans la théorie de Li
Médecine ua aufli çruand jour que la circulacioii
du fang qui a tant change les idées de rœcono-
mie de l'animal.
Faut exa- ^^ilà , MelTieurs ., les generalitez des mufcleS
miner les expliquées , commençons a prefcnt à les examiner''
particulier c^^'^"!'^ ^" leur particulier ; Avant que de vous
faire voir ceux du bras que nous nous fommcs
propofez pour le principal fujet de la Démonftra-
tion d'aujourd'hui, je vais vous décrire ceux de la
mâchoire inférieure :, c^e l'os hyoïde , de la tête ,
& du cou , afin de ne rien oublier.
.. f, La mâchoire inférieure fait fes mouveraens i^au
à la ma- le moyen de douze mufcles , fix de chaque cote ,
choircdc ^ ^j^q^j- jj y ^.^ ^ quatre qui la ferment , Se deux qui
té. l'ouvrent.
_ , Le premier des fermcurs efi; le crotaphite , ou
Faut les ^ i . , . - . . i i • i
voir dans U temporal j il prend Ion origme de la partie la-
du-fepné. ce raie 6i inférieure de l'os coronal , de la partie
che. moyenne oc mleneure de los panerai , es: de la
fupcrieure de l'os petreux i & pallant par deilous
vp"°^*" l'apophile zigomatique , va s'infercr par nSn ten-
don court , fort & nerveux à l'apophifc coro-
noi'de de la mâchoire inférieure. Ce mufcle re-
çoit des nerfs de la troilîéme & cinquième paire ;
ce qui fait que fes blelfures font fouvent mortel-
' les , a caufc des conv al fions qu'elles caufenr. Ses
artères lui viennent des carotides , &: fes venes
fe déchargent dans les intiulaires. Les fibres de
ce mufcle vont de la circonrerence au centre
ÎX. Dernonjlratlon Anatom'ique. ^4/ ,
& c'eft Une des raiions pourquoi l'on doit évicer
d'y faire des incifiops &: des ouvertures. L'on re-
marque que ce mufcle a trois chofes particulières
qui le fortifient dans Ton aélion. La première ,
qu'étant couché immédiatement fur les os du crâ-
ne , il eft recouvert du pericrane.La feconde^qu'il
paire fous le zigoma , qui (emble n'être fait que
pour lui fervir de défenle. Et la troilîéme , que
fon tendon efl: garni pardeirus& par dellous d'une
chair, qui , comme un couflin, empêche qu'il ne
foit bledé.
Le fécond eft: le pterigoidien exterîcurjil prend goïdicn "°
fon origine de l'apophile pterigoi'de , & s'infère
dans l'efpace qui ell entre le condile & le coroné
• de la mâchoire inférieure ; on l'apelle le caché,
parce qu il eft difucib à faire voir , à moins que
l'on ne callc l'os de la mâchoire.
Le troiliéme eft le malfeter , qui a deux ori- d
gincs , dont Tune vient de l'os de la pomette , &!: Lero^fT-"
l'autre de la partie inférieure du zigoma , & deux
infertions ; l'une va à l'angle extérieur de la mâ-
choire , & l'autre à la partie moyenne j fî bien
que les fibres de ce mulcle s'cntrc-croifent en
forme d'un X , parce que celles qui viennenc de
la pomette , vont à l'angle de la mâchoire , ^
celles du zigoma vont à la partie moyenne de la
mâchoire.
Le quatrième eft le pterigoidien interne , il Le pterî-
niit de l'apophife pterigoide , partie interne ; & ^°''^''='*'a-
fe vient inférer à la partie interne de l'angle de
la mâchoire inférieure , il faut remarquer que de
ces quatre mufcles , deux font attachez à l'apo-
phife coronoide , le crotaphite en dehors , &: le
pterigoidien externe en dedans ; & deux à l'an-
gle de la mâchoire i le malfeter extérieurement^
M m
54^ ^^^ Extrêmttez. fuperieures ,
& celui-ci interieurcment.Tous quatre enfemble
font la maftication en aprochant la mâchoire in-
férieure de la fuperieure, ôc les ferrant fortement
l'une contre Tautre.
. "P Le cinquième & le premier des ouvreurs eft le
Le peau- . ^ . r ^ i-i n. ^ ^i
cjg,. peaucier , ainli nomme, parce qu il elt curane.U
prend fon origine de la partie fuperieare du fter-
num , de la clavicule, & de l''acromion,& va s'in-
férer à la partie externe de la bafe de l'os de la mâ-
choire inférieure.
Q Lefixîéme & dernier des ouvreurs eft le digaf-
Ledigartii- trique ou bivcnter , ainfi nommé , parce qu'il a
^"** deux ventres à fes deux extrcmitez , & un ten-
don dans fon milieu •■, il prend fon origine d'u-
ne fiffure qui cfî entre l'os occipital & l'apophife
maftoide , & paflant Ton tendon par un trou qui
eft au mufcle ftiloidien , il va s'inférer à la partie
inférieure & interne du menton. Si ce mufcle
avoit eu fon ventre dans fon milieu , comme les
autres , en fe eonflant il auroic preifé le pharinx,
qui eft le partage de l'aliment ; mais ayant les
ventres à fcs cxtrêmicez , le gonflement s'y fait
lorfqu'il agit ; ain(i la cavité du pharinx , n'é-
tant point preftee, les alimens peuvent y paflèr li-^
brement.
Deux muf- Il faut obferver que la mâchoire n'a que deux
?'nc pimr ™"^cles pour l'abaifler , parce que par fon propre
l'abaiiler. poids elle fe bailfe affez; mais que pour la fermer
elle en a fîx î^ros, parce qu'il falloit plus de force
pour la lever en haut , de pour broyer & mâcher
les viandes , ce qu'elle fait commodément par le
moyen de ces mufcles: Et lors que la mâchoire fe
porte un peu en devant ou vers les cotez ; ce font
les fibres entre-croifées du malïècer qui lui font
f^ire ces mouvcmens.
IX» Démorjflratlo?î Anatomîque, j'47
L'os hyoïde n'eft poiiu articulé avec aucun au- Cinq muf-
tre os , il eft feulement attaché par dix mufcles, hydde de
ces mufcles tiennent dans fa Situation , de me- chaque co-
rne que dix cordes attachées au mât d'un navire ^^'
empêchent qu'il ne tombe d'un coré ou d'un au-
tre. De ces dix mufcles il y en a cinq de chaque
côté.
Le premier eft le gcnihyoïdien ^ il prend fon r^* :
origme de la partie intérieure oc interne du men- hyt.ïdicn,
ton, & va s'infercr à la partie fuperieure de la ba-
fe de l'os hyoïde , qu'il tire en haut.
Le fécond eft le milohyoidien;il prend fan ori- BB
eine de la partie interne de la côte de la mâchoire i ^^j™^'*'
intérieure , environ les dents molaires,oc va s in-
férer à la partie latérale de la bafede l'os hyoïde,
qu'il tire en haut &: a côté.
Le troifiéme eft le ftilohyoidien : il prend fon CC
origine de l'extrémité de Tapophife ftiloïde, & va i ^;\^^'^0''
s'inférer à la corne de l'os hyoïde \ ce qui a fait
que quelques-uns l'ont appelle ftiloceratohyoï-
dien ; ce mufcle eft percé pour Uifter palfer le di-
gaftrique : il tire l'os hvoide vers le coté.
Le quatrième eft le coracohyoidien , il prend DD
fon origine de l'apopiiife coracoïde de l'omo- Lecoraco-
I ?• ,'rvi ' ■ r ' o hyoïaiCD.
plate , 8c vient s inlerer a la partie intérieure ce
latérale delà bafe de l'os hvoide qu'il tire en
bas vers le côté : on le nomme audi digaftrique
parce qu'il a deux ventres à fes deux extrémi-
tez , Se un tendon dans fon milieu , qui eft l'en-
dcoit où il touche les vailleaux , qui lont l'arteré
carotide ôc la véne jugulaire interne; fi fon ven-
tre eiit été dans fa partie moyenne : il eût nui
par fon gonflement au mouvement du fang, qui
fe fait dans ces vailfcaux j c^ qui nous montre
<juc la nature n'a pas été moins ingenieufe dans
Mm ij
54^ 1>es 'Extrèmitez. fuferleuircs,
la ftiiîfture des mufclesjque dans celle des autres
parties. '
• ^,^ ■ Le cinquième eft le flernoîiyoïdien ; il prend
hyoïdien, ion orif^me de la partie interne du premier os da
fterniim , & montant le long de la trachée-
artère , va s'inférer à la bafe de l'os hyoïde, qu'il
tire en bas. Vous remarquerez que ces mufcles,
avec ceux de l'autre côté font faire les raouve-
mens de l'os hyoïde, qui font de s'abailï'er & fe
hauifer dans le temsde la déglutition pour la fa-
ciliter j i3c les ftilohyoidiens en ont un de par-
ticulier, qui eft en tirant les cornes de l'os hyoide
vers leur principe , de rendre la capacité du pha-
rinx plus ample,puifque,comme je vous ai dit dans
l'Ofteologie , le principal ufage de l'os hyoide ,
qui eft fait en croisant , eft de former la capacité
du pharinx.
La tête a La tête fait tous fes mouvemens par le moyen
iH^ufcîcs^ ^^ quatorze mufcles , fept de chaque côré, donc
il y en a un qui l'abailïè , quatre qui la relè-
vent , & deux qui la meuvent demi circulaire-
mcnt,
P Le premier eft l'abaifteur , c'eft le fternocli-
Le fterno- nomaftoidien ; il prend fon orieine^de la partie
cijnoma- ^ i ^ i i • in
(luidicn. lupeneure & latérale du premier os du fternum,
&: de la moyenne de la clavicule ; il va mon-
tant obliquement s'inférer à la partie fuperieure
de l'apophife maftoïde. C'eft lui qui fait bailfer
la tcte far la poitrine en la fléchi iFant , & qui
fait faire le (îgne de la tête , qui veut autant
dire que olii , quand nous conlentons à quelque
„ chofe.
Lcfplcni- Le fécond , qui eft le premier de ceux qui la
que. relèvent , eft le fplenique , ainli nommé , parce
qu'il a la figure de la ratte i il prend foii origi-
IX. Démonjlratlon Anatomîque. J45>
ne des fommicez des apophifes épineafes de? cîncj
vertèbres fuperieures du dos^éc des trois inférieu-
res du coaj& va s'inférer en montant un peu obli-
quement à la partie pofterieure & latérale de l'oc-
ciput.
Le troifie'me efi: le complexus , ain(î appelle , ^
parce qum a plufieurs fortes de fibres ; il prend .i^^a^^'
fon origine des apopliiles tranfverfes des mêmes
vertèbres que le fplenique , & va s'inférer en fe
portant obliquement à la partie pofterieure &
moyenne de l'occiput. Ce mufcle & le précè-
dent s'entre-croifent comme une Croix de faine
André.
Le quatrième eft le grand droit , ainfî apellé, l
non pas à caufe de fa srandeur , qui eft fort me- , ^} Êi'^n^i
diocre , mais par comparailon a celui qui le luic
qui ell: encore plus petit que lui ; il prend fou
origine de l'extrémité de l'apophife épineufe de
la féconde vertèbre du cou , & va s'inférer à l'oci-
ciput.
Le cinquième eft le petit droit 5 il prend fon k
origine de la petite éminence , qui eft à la partie L; petit
pofterieure de la première vertèbre du cou , & "'^'
va s'inférer à l'occiput. Ce mufcle eft ficué fous
le précèdent ; l'un & l'autre font nommez droits^
parce que leurs hbres vont directement de leur
origine à leur infertion. Il faut remarquer qu'il
y a quatre mufcles de chaque côté qui relèvent
la tête , & qu'il n'y en a qu'un qui l'abail]e,parce
que les vertèbres du cou qui fervent de pivot à
la tête ne font pas tout-à fait au milieu , & le
poids étant plus en devant , un feul mufcle fuffic
pour la baiftcr , lorfque quatre ont alïez de pei-
ne à la relever ; ce que nous expérimentons par
la pente naturelle que l'on a de bailfcr la tête,
M m iij
'550 Des Extrémîtez. [uperUttres ,
& que l'on eft oblige de recommander fouvenc
aux enfans , de tenir la tête droite pour la bonne
grâce.
1 Le rixiéme,qui eft le premier de ceux qui meu-
Lê grand vent la têtedemi-circulairement eft le grand obli-
obliquc. , 1 j j 1 A
que , qu on met au nombre de ceux de la tête ,
quoiqu'il n'y ait pas Ton origine ni Ton infcrtion.
11 preixl fon origine de l'épine de la féconde ver-
tèbre du cou,&: va s'inférer obliquement à l'apo-
phife.
M Le feptiéme & dernier de la tête eft le petit
oblique"'^ oblique ; il prend fon origine de l'occiput , con-
tre l'opinion commune , qui veut que fon origi-
ne foit où eft foninfertion ; il va s'inférer obli-
quement à l'apophife tranfverfe de la première
vertèbre , au même endroit où s'infère le précè-
dent. Les deux mufcles obliques du même coté,
en tirant cette apophife rranfvcrfe , font faire à
la tête le mouvement dcrui-circulaire , parce que
les mouvemens delà tête ne fe font pas lur la pre-
mière vertèbre , mais fur la féconde qui a une
éminence odontoïde 3 autour de laquelle la pre-
mière vertèbre tourne comme une roué autour
d'un aiflîeu: Ce font ces mufcles qui font faire ce
mouvement de la tête, qui veut dire non, quand
nous rcfufons quelque chofe fans parler , en re-
muant la tête à droite & à gauche.
Le cou a Le cou fe meut en deux manières , il fe fléchit
clés. & il s'étend, &c ce par le moyen de huit mufcles,
quatre de chaque côté, donc il y en a deux fléchif-
feurs , & deux extenfeurs.
Le fcalcne. ■^^ premier des fléchilTeurs eft le fcalene, ainfî
appelle , parce qu'il relfemble à un triangle fca-
lene ; il a deux origines qui étant éloignées l'une
de, l'autre , lailfent une efpace entr'elles par où
J X» 1>êmonflratlon Anatamlc^ut. yj i
pafTent les vailTcauxjrune vient de la partie fupe-.
rieure de la première côte,& l'autre de la clavicu-
• le j il va sMnferer aux extre'mitez des apophifes
tranfvcrfes des trois & quatre vertèbres fupcrieu-
res du cou qu'il fait fléchir en le tirant en devant
& en bas.
Le fécond des fléchllfeurs eft le droit , ou le ^
long ; il prend fon origine de la partie latérale du
corps des quatre vertèbres fuperieures du dos , &c
va s'inlerer au corps des vertèbres fuperieures da
cou , & quelquefois à l'occiput , il fléchit le cou
conjointement avec le fcalene.
Le troidéme , qui eft le premier des extenfeurs L'épincur.
cft l'épineux , ainfî nommé, pirce qu'il prend fon
origine des apophifes épineufes des quatre & cinq
vertèbres fuperieures du dos, ôc qu'il va s'inférer
à toutes les apophifes épineufes des fix vertèbres
du cou qu'il étend.
Le quatrième & fécond des extenfeurs eft le ^^""^nf-
YCliC
tranfverfe ; ainiî apellé , parce qu'il prend fon
origine des apophifes tranfverfes des cinq ver-
tèbres fuperieures du dos , & qu'il va s'inférer
à l'extrémité des apophifes tranfverfes des trois
& quatre vertèbres iuperieures du cou pour les
étendre. Vous remarquerez que quand tous ces
mufcles agilTcnt enfemble , ils tiennent le cou
ferme & droit , & que quand un excenfeur &un
fléchiireur a^iftent comme le fcalene & letranf-
verfe du même coté , ils font pencher la tête fur
une épaule.
Il y a dans les efpaces des mufcles qui occupent ^^s R^andcs
le cou , plufieurs petites glandes que l'on appel- '"ê^^^"''^''
le jugulaires , à caufc qu'elles accompagnent
les vaifleaux du même nom : Elles font de diffé-
rentes figures , les unes plus grolïes , les autres
M m iiij
'y y î *Des Extrémitez fitperîeures ,
moins j elles font attachées les unes aux autres
par des membranes & des vaiiîeaux, & leur fub-
fiance eft iemblable à celle des maxillaires. On
en trouve jufqu'au nombre de quatorze ; elles
féparent de la limphe qui retourne par les vaif-
feaux limphatiques à tous ces mufcles j Oeft l'ob-
ftrudion de ces glandes qui caufent les écroiiel-
les.
L'cmopla- L'omoplate fe meut en haut , en bas , par de-
tea quatic vant Sc par derrière par le moyen de quatre muf-
îiiufclcs, 1 c, j j «ri
clés propres, cc de deux communs , qui lont le
très-large &: le profond,qui quoique deftinez pour
le bras , s'attachent en palfant , & lui aident en
quelque façon à fe mouvoir.
La trap-. ^^ premier eft le trapèze , ou capuchon, parce
ac, qu'il reflemble au froc d'un Moine ; il prend fon
origine de la partie poftericure de l'occiput des
cpines des i^x vertèbres inférieures du cou, & des
neuf fuperieures du doSj&: va s'inférer à toute l'é-
pine de l'omoplate , & à la partie externe de la
clavicule qui touche l'acromion;& d'autant qu'il
a diverfes origines , & plufieurs fortes de fibres,
il fait des mouvemens differens; par les fibres qui
defcendent de l'occiput , l'omoplate eft levé eu
haut y par celles qui viennent des épines du cou,
elle eft tirée en arrière ; & par celles qui font atta-
chées aux apophifes épineufes du dos, elle eft me*
née en bas.
Q Le fécond eft le rhomboide , ainfi nommé ,
le rhom- parce qu'il a la heure d'une lofange , il eft fitué
lous le trapèze j il prend ion origme des apcr-
phifes épineufes des trois vertèbres inférieures
du cou , & des trois fuperieures du dos , & va
s'inférer à toute la bafe de l'omoplate , qu'il tire
en arrière.
IX, "Demenjlration Anatomlqne, jjj
Le trolliéme eft le relcveur proprciil prend fon , R
j I T . r r j Le relcveur
origine des apophiks Cianlverics des quatre ver- preprc.
tebies fuperieures du cou par des principes diffe-
rens, qui fe réiinillanc vont s'inférer à l'angle fu-
perieur de l'omoplate qu'il tire en haut.
Le quatrième eft le petit pe6loral, fitué fous le S
grand pedoral^il prend fon origine par digitation p!,^^"^^!
de la deux, trois ou quatrième côte fuperieurc du
thorax , ^ va s'inférer à l'apophife coracoide de
l'omoplate qu'il tire en devant.
Cette extrémité fuperieure que je vais vous dé- oivifion
montrer, fe divife en trois,en bras,cn ayant-bras, de l'cxtié-
o<: en mamjle bras elt tout ce qui cit entre l epau- ricmc,
le & le coude ; l'avant- bras commence au coude
& finit au poignet; 6c la main comprend tout ce
qui eft depuis le poignet jufqu'au bout des doigts,
plufieurs mufcles font mouvoir ces parties,il faut
les examiner.
Le bras fait cinq fortes de mouvemens, par le Le bras a
moyen de neuf mufcles ; il eft levé en haut par "^_"^"'-*^^-
deux mufcles , qui font le deltoïde & le fus-épî-
neuxjdcux l'abaîllent, qui font le très-large, & le
grand rond ,• deux le tirent en devant , qui font le
grand peéloral & le coracoidieni deux le retirent
en arriere,qui font le fous-épineux & le petit rond;
& enfin il eft approché des côtes par le fous-fca-
pulaire.
Le premier de tous ces mufcles eft le deltoïde, » T , ■■
' r ' ''\ n- \ \ ^ \ \ /- ^^ deltoi-
amu nommCjparce qu il reiiemble a la lettre Grec- de.
que A,ou autrement triangulaire humeral^il prend
fon origine de la moitié de la clavicule,de l'acroi-
mion , oc de toute l'épine de l'omoplate , & s'e-
trècilfant peu à peu, va s'înfcrer par un fort ten-
don quafi au milieu du bras,qu'il levé en hauts ^c
deltQÏde eft fait de douze mufcles fîraples.
/54 ^cs Extrêmhe\^ flipfrleureSy
_ V Le fécond eft le fus-épiiieux , ainfi nommé ^
Le tus epi- ,., ,. i • ' • n. i r
ncui. parce qu il emplit toute la cavité qui elt au def-
fus de l'épine de Tomoplate , il prend fon origine
de la partie externe de la bafe de l'omoplate , de-
puis fon angle fuperieur julqu'à fon épine , & fe
va inférer au deifous du cou de Tos du bras ,
qu'il entoure avec un large tendon j & qu'il levé
€n haut.
^ X Le troifiéme eft le latïfumus , ainli apelléjparcc
gç^ qu il elt très-large , ou fcalptoram , a caule qu il
porte la main a l'anus ; il couvre prefque tout le
dos de fon côté, & prend fon origine des trois oC
quatre vertèbres inférieures du dos,de toutes celles
des lombes , de l'épine , de l'os facrum , de la
partie pofterieure de la lèvre , de l'os des îles , de
la partie externe des fauiïes côtes inférieures ; il
s'attache à l'angle inférieur de l'omoplate,<S<: fe va
înferer à la partie fupericure & interne de l'hume-
ruSjqu'il tire en bas de plulîeurs manières par les
différentes fibres.
Y Le quatrième eft le grand rond , ainfi nommé,
lo^àF P^""^ ^^ diftinguer d'un autre qui eft rond , & plus
petitj il prend fon origine de la partie externe de
l'angle inférieur de l'omoplate,& vas'inierer avec
le latilîimus à la partie fuperieure & interne de
rhumerus , un peu,au dcfTous de la têteiqu il tire
en bas,
Z Le cinquième eft le grand pedoral,ainfi nomme
pedoia»? P^J^ce qu'il eft placé à la partie antérieure de la
poitrine-, il prend fon origine de la moitié de la
clavicule du côté qu'elle regarde le fternum , &;
de la partie latérale & moyenne du fternum : de
couvrant une partie du thorax va s'inférer par un
tendon court & fort à la partie fuperieure & an-
térieure de l'humérus , quatre doigts au deiïous
ï X, Vemonftration j4natomlqtie. j/^
de la tête j il tire le bras en devant.
Le fîxiénie ell le coracoïdien , ainli appelle , _ '
,., , r . . j ,, 1 T *-^ cota*
parce qu il prend Ion origme de l apophile cora- coïdicn,
coide de Tomoplate ; il va s'inférer à la partie
moyenne & interne de l'humerusifon principe efl:
court & nerveuxjfon ventre oblong & perce pour
laillcr palier les nerfs qui vont aux mufclcs du cou-
de , & Ion tendon robuftejil tire avec le pedoral
le bras en devant.
Le feptiéine eft le fous épineux , ainfi nommé , t eVous-
parce qu'il occupe la cavité qui eft au deflbus de épineux,
répine de l'omoplate, il prend fon origine de la
partie externe de la bafe de Tomoplate , depuis
fon angle inférieur jufqu'à fon épine,&: va s'infé-
rer en palTant entre répine & le petit rond, à la
partie pofterieure & fuperieure de l'humeras, qu'il
tire en arrière.
Le huitième eft le petit rond , ainfî apellé , par- 3
ce qu'il eft rond Se plus petit que l'autre rond,que ^.^^^^ ^^"^
je vous ai montré ; il prend fon origine de la côte
inférieure de l'omoplate , proche fon angle infé-
rieur : &c va s'inférer comme le précedent,à la par-
tic pofterieure & fuperieure de l'humérus, pour la
tirer en arrière.
Le neuvième &,dernier des mufcles du bras eft L<^ Mouf-
le fous-lcapulaire , ainfi appelle , parce qu'il eft "^" "^'^'
iitué tout entier fous l'omoplate , occupant la
cavité qui eft entre elle &: les côtes ; il prend fon
origine de la lèvre interne de la bafe de l'omopla-
te , va s'inférer à la partie interne ôc fuperieu-
re de l'humérus , qu'il fait ferrer contre les côtes;
c'eft lui qui fert aux Ecoliers à porter leur porte-
feliilles.
Tous ces mufclcs font faire au bras ces cinq for-
tes de mouycmens dont je vous ai parléj il y en a
55^ Î^^J" Extrém'tez,fttpeneures,
encore un lixieme en rond^qui fe faic par les huit
premiers mufcles , lorfqu'iis agilîent akernacive-
menc.
Divifion L'avant-bras fe divife en deux , au coude & au
^e l'aranc- rayon j ils onc leurs mouvemens féparez , & par
confequent des mufcles particuliers pour les faire.
Leccu(^ca Le coude n'a que deux fortes de mouvemens
fix mufcles qq\\;^{ (le flexion ; & celui d'cxtenfîon i il fait le
premier par le moyen de deux mufcles , qui font
le biceps &z le brachial incerne ; & le fécond par
le moyen de quatre, qui font le long , le court,le
brachial externe , & l'anconeus.
^ Le premier efl: le biceps , ainii nommé , parce
L: biceps, qu'il a deux têtes , dont l'une prend fon origine
de l'extrémité de l'apophife coracoide , & l'au-
tre de la partie fuperieure du bord cartilagineux
de la cavité glenoide de l'omoplate , qui paflànc
par une finuofîcé en la partie antérieure & fupe-
rieure de l'humérus , va un peu au dclfous du
cou fe joindre avec fon autre tête ; il ne fait alors
qu'un ventre , qui defcendant le long de la par-
tie antérieure du bras , 8c ne faifant qu'un ten-
don, va s'inférer à une tuberollté qui eft à la
partie fuperieure & interne du radius pour fléchir
le bras.
ç Le fécond eft le brachial interne , ainfi nom-
chiaH - ^^^ ' P'^'^^^ ^^'^^ occupe la partie interne du bras;
ne. il eft caché fous le biceps , ôc prend fon origine
de la partie antérieure Se fuperieure de l'humérus
& va s'inférer à la partie fuperieure & interne du
cubitus , pour fléchir l'avant-bras conjointement
avec le biceps.
^ Le troifiéme , qui eft le premier des exten-
io°g-f'5urs, eft le long , ainfi nommé , parce qu'il eft
le plus lon^ des quatre ; il prçnd ion origine de
vin. Démonfvrtut ion Anato m w^ue, 557
la côte fuperieare de l'omoplate proche fon cou,
& en defcendant par la partie pollierieure da
bras , va s'inférer à l'olecrane par une forte
aponevrofe , qui lui eft commune avec les deux
fuivans.
Le quatrième cft le court, ainfî apeljé , parce , 7
qu il cil plus court que le precedenr: il prend Ion
origine de la partie pofterieure & fuperieure de
l'humérus , &: va s'inférer à l'olecrane comme le
précèdent.
.Le cinquième eft le brachial externe,ainfi nom- g
mé , parce qu'il ocupe la partie externe du bras i^^^^*'
c'eft cette mafife de chair qui prend fon origine de externe.
la partie pofterieure de l'humérus , & va s'inférer
à l'olecrane par la même aponeviofe que les deux
précédentes.
Le fixiéme eft l'anconeus , ain/î nommé, parce t <? „
qn'il eft litue derrière le plis du coude , que les mus.
Grecs apellent ancon , & nous l'olecrane , il eft
le plus petit de tous , & prend fon origine de la
partie inférieure du condile externe de l'humcrus
ôc va s'inférer en defcendant entre le cubitus & le
radius , par un tendon , à la partie pofterieure &
latérale du coude,trois ou quatre doigts au delfous /
de l*olecrane:il aide aux précedens à faire l'exten-
/îon de l'avant bras.
Le rayon fait deux fortes de mo'uvemens , Le rayon
l'un que l'on nomme de pronation ; l'autre de ^ (l'unc
/- . ^ . , ' r r ' j I A ir.ulcles.
lupmation j le premier le tait quand la paume
de la main regarde en bas , & le fécond quand
elle regarde en haut j deux mufcles font la pro-
nation , qui font le rond & le quarré ; deux au-
tres font la fupination , qui font le long & le
court.
Le premier des pronateurs eft le rond : ainfi ^o
^ Le rc
roaa.
55^ ^^^ Extrémltezfuperieuref,
nommé à çaufe de fa figure ronde ; il prend fon
origine de l'apophife interne de l'humérus par un
principe fort èc ciiarnu , & va fe terminer obli-
quement par un tendon membraneux à la partie
externe & plus que moyenne du radius.
ir Le fécond eft le quarré.ainii nommé,à caufe de
le quarté, fa figure quadrangulaire j il prend fon origine de
la partie inférieure & quafi externe du cubitus,&i
s'inlere à la partie inférieure & externe du radius.
Ce mufcle eil placé proche le poignet fous les au-
tresril finit par un tendon aufïi large que fon prin-
cipe , & conjoinrement avec le rond ; il fait voir
un mouvement demi-circulaire au radius.
Le premier des fupinateurs eft le long,ain(î
Le long, iiommé, parce qu'il eft plus long que fon com-
pagnon ; il prend fon origine trois ou quatre
doigts au delfas de l'apophife extérieure de Thu-
merus , Se couché fur le radius il va s'inférer à la
partie interne de fon apophife inférieure.
,, Le fécond eft le court , que l'on appelle ainfî
Le court, pour le diftinguer de fon compagnon,qui eft plus
long , il prend fon origine de la partie inférieure
du condile inférieur de externe de l'humérus , ÔC
tournant autour du raion va de derrière en devant
s'inférer en fa partie fuperieure &z antérieure; Ce
mufcle avec le long fait tourner le rayon, de for-
te que la paume de la main regarde en haut , ce
qui fait la fupination.
T.- T „ La main proprement dite eft la rroifiéme partie
Divifion , .r r ^ r
de lamaia de 1 extrémité luperieure ; elle' commence a 1 ar-
ticulation du poignet, & finit aux extrémitez des
doigts y la partie interne fe nomme la paume de la
main , & fon externe le dos de la main;ellc fe di-
vife en poignet ou caipe,en avant-poignec ou me-
- ' tacarpe, & aux doigts.
IX. DmonftrAtmi Anato?nlqu€, ty*)
Les doigts font plufieurs , afin que l'aprchenfion, Ç'»<1,
qui eft i'adion de la main,fe fafTe mîeux.Ils font nSlo" ^
de différentes groffeur & longueur ; ce qui con-
tribue encore à la perfcdion de fon aâ:ion : Ils
font cinq , le pouce , l'index , celui du milieu ,
l'annulaire , hc l'auriculaire : ils ont plufieurs
mukles aulîi-bien que le carpe j nous allons les
voir.
Le carpe fait deux mouvcmens,l'un de flexion, pc ^^^^^ a
l'autre d'extenfion , par le moyen de lix mufcles , '^ ^^ *^'^*
donc trois fervent à le fléchir,(Sc trois à Tetendre,
Avant que de vous les démontrer,il faut examiner
le ligament , que l'on appelle annulaire , parce
qu'il entoure le poignet comme un bralfelet ; ce
ligament eft très-fort 5 car outre qtt'4l fert à join- t
drc les deux os de l'avant-bras proche le poignet
il tient enlemble tous les tendons des mufcles ,
& les empêche de fortir de leur place dans leurs
adfcions.
M.M. prétend que la plupart des tendons qu'on
fait padèr fous le ligament annulaire, ont cha-
cun un anneau particulier , &: que ces divers an-
neaux ligamenteux ont été confondus & pris pour
un feul, parce qu'ils font attachez ^ embarralfez
enfemblc.
Le premier des fléchilTeurs eft le cubital interne ^ç cjfbUal
on le nomme cubital, parce qu'il eft placé le long iocerne.
de l'os cubitus ; & interne , parce qu'il eft au de-
dans du bras , il prend fon origine du condile in-
férieur & interne de l'humeruSj& couché le long
de la partie inférieure de l'os du coude , palfe par
delfous le ligament annulaire , & va s'inîcrer par
un gros tendon au petit os du carpe, qui eft litué
fur les autres.
Le fécond eft k radial interne ; on l'apclle ra-
5 (3 0 Des Extrémltez, fuperîeures,
, 'î ,. , dial : parce qu'il cil Ikué le lonç de l'os radius, 3c:
Le radial. ^ ^ .-in. j j j i -x i
ÎDterBc. interne, parce qu lieit au dedans du bras,u prend
ion origine du condile inférieur & incerne de l'hu-
merus,& fe couchant le long du radius, va s'infé-
rer au premier os du carpe, qui foùricnc le pouce
Il palFe auili fous le ligament annulaire,
\6 Le troiii-éme efl: le pâlmaii€,ainli nomméjparce
Le palmai- ^^^j^jj ^,^ ^j^jj. ^ |^ paume de la main j on mec ce
mufcle au nombre desAcchilIeurs du carpe,qiioi-
qu'il y en ait qui le donnent particulièrement à la
paume de la maîn;il prend fon origine du condile
inférieur & interne de l'humérus, &pairant feul par
delTus le ligament annulaire,va s'inférer à la peau
de la paume de la main.
17 . La premier des extenfeurs efl; le cubital externe
Le cubital . ,- I »M n. 1 ' 1 I J 1'
exccrac. âinli nomme, parce qu il elt place le long de 1 os
cubitus & excerieurementjil prend fon origine de
^ la partie poflierieure du coude ; palfe fous le liga-
ment annulairc,&: va s'inférer à la partie fuperieu-
re & externe de l'os du metacarpe,qui foûcient le
petit doigt*
i8 Le fécond eft le long, aînfî nommé,pârce qu'il
Le long, e^ p^^5 Xq^^o que celui qui fuir; il prend fon ori-
gine de la partie inférieure de l'humeruSjSc s'éten-
danc extérieurement le long du rayon , va palfer
fous le ligament annulaire , & s'inlerer à l'os du
carpe , qui foûcient le doigt index.
, ^^ Le troifiéme eft le court , ainli appelle , parce
qu'il l'eft plus que le précèdent; il prend (on ori-
gine de la partie la plus balle de l'humérus , 8c
étant couché le long du rayon va palfer fous le
ligament annulaire , & fe terminer à l'os du carpe
qui foûticnc le doigt du milieu. Plufieurs ne font
qu'un mufcle de ces deux derniers , ils l'apellenc
radial externe j & d'autres le nomment bicornis,
à
/ X Demonflration Anatomîcjue. ^Gi
à caufe de Tes deux infcrtionsimais aianc deux o-
rigines & deux infercions , &: fe pouvant féparer
dans leurs corps , nous avons eu raifon de les di-
ftinguer.
L'on trouve outre ces mufcleSjà la racine de la ,Une maf-
main,au dellous du mont de Venus^une certaine au dedans
chair mufculeufe de figure quairécjelle prend fon ^^ la main,
origine du tenar,& va slnferer au huitième os du
carpe j elle paroït comme li c'étoient deux ou
trois mufcles , on veut qu'elle ferve à rendre le
dedans de la main concave , &: à former ainfi ce
qu'on apelle le gobelet de Diogene , en amenanc
réminence charnuë,qui eft fous le petit doigt vers
le tenar.
Les doigts font plufîeurs mouvemens,qui font Les doigts
de flexion , d'extenfion, d'abdudion, &: d'adduc- /roir'muï-
tion par le moien de vingt trois mulcles,dont il y clcs.
en a treize communs,& dix propreSjles communs
font ceux qui fervent à tous les doigts qui lont le
fublime,le profondjl'extenfeur communies qua-
tre lumbricauXjôi les hx interolTeux j les propres
font ceux qui font particuliers à quelques doigts,
dont il y en a cinq pour le poijce, trois pour l'in-
dice , & les deux autres pour le petit doigt.
Le premier des fléchilleurs eft le fublime,ainfl , ^°, ,•
' ^-1 n. 1 ' j rr- j 1 • Le lubli-
nomme , parce qu il elt place au dellous de celui me.
qui fuit -, il prend fon origine de la partie interne
du condile inférieur & interne de l'humerusj il fe
divife en quatre tendonsjefquels paflent par def-
fous le ligament annulaire , & vont s'inférer à la
féconde phalange des os des quatre doigts, après
s'être attachez en palTant à ceux de la première,
pour aider à la fl échinées tendons ont à leurs ex-
trémitez chacun une petit fente par où pairenc
les tendons du profond.
Nn
5<j1 Des JEjctré?mtez ftiperleures ,
2-1 . Le fécond eft le profond , ainfi apellé , parce
fond. " qu'il eft placé plus profondément dans le bras que
les autres : il eft fîtué fous le fublime,il prend foii
origine de la partie f uperieure & intérieure du cou-
de , & du rayon , il fe divife en quatre tendons^
qui vont palfer fous le ligament annulaire, & par
les fentes des tendons du fublime , pour s'inférer
à la rroifiéme phalange des os des doigts , que le
lublime & lui fléchilfent enfemble,
Obfet a ^^ ^^"^ remarquer que les tendons de ces deux
tion fur ces mufcles font très-forts, parce que ce font eux qui
dcuimuf- £q,-,ç j^ véritable action de la main , qui eft de
prendre. Que les tendons du premier font troUez
pour donner paftage à ceux du fécond , afin que
la flexion des doigts fe falfe circulairement , ôc
avec plus de fermeté , que les rendons font ren-
fermez dans chacun un long fourreau fort de
membraneux , qui empêche qu'ils ne fe jettent
à droit Ôc à gauche , &c qu'ils ne s'élèvent contre
la paume de la main dans leurs mouvemens : &
enfin que dans ce fourreau , il y a une humeur
gralTe ôc huîleufe qui les humede dans leurs
mouvemens continuels,
il Le troifiéme eft le grand extenfeur commun ,
ainfi nommé , parce qu'il eft plus grand , ôc
rnun. qu'il étend les quatre doigts , il prend fon origi-
ne de la partie pofterieure du condile externe ôc
inférieur de l'humérus , & il fe divife avant que
d'arriver au poignet en quatre tendons plats ôc
comme membraneux , qui paftant fous le liga-
ment annulaire , vont à la deuxième ôc troihcme
phalange des doigts,qu'ils redrelfent ôc étendent,
il faut obferver que les tendons de ce mufcle font
plats, afin qu'ils paroilïent moins fur le do"; de la
main par où ils paflcnt,ce qui auroit été diftorms
L'cxren
îeui- com-
IX, Démof2firanon Amto?nîqHe. ^6^
s*îls eulTent été ronds , & qu'il n'y a qu'un exten-
feur contre deux fléchiiïèurs , parce que la force
de la main confille dans la flexion.
Les quatrième, cinquième, fîxiéme & feptiéme ^^> Qua-
mufcles des doigts font les qaatre lumbricaux, ou caux"^ ""
vermiculaires, ainfi apellez , parce qu'ils relîem-
blent à des vers de terre : ils font placez dans la
paume de la main , & prennent leur origine des
tendons du profond & du ligama^nt annulaire ,
puis portez vers la partie interne des doigts, s'in-
fèrent à leur féconde articulation pour l'abduc-
tion. Vous remarquerez que le mouvement d'ad-
du(5tion eft celui qui mené les doigts vers le pou-
ce, & que celui d'abdaibion eil lorfque les doigts
s'en éloi^nenr.
o
Les huiiiéme,neuviéme & dixième mufcles font Les rreis
les trois interolfeux internes ainfi nommez, parce '.'j'^^'^^'^ii*
.1 . «ni' internes,
qu ils occupent mteneutement, ( qui eit du cote
de la paume de la main) les trois efpaces qui font
entre les quatre os du métacarpe ; ils prennent
leur origine de la partie fuperieure des intervalles
des os du métacarpe j puis mêlant leurs tendons
avec ceux des lumbicaux, vont s'inférer à la par-
tie latérale des os des doigts, qu'ils mènent du
côté du pouce , 5c ainfi en font l'abdudtion.
Les onzième , douzième & treizième mufcles Les trois
communs des doigts font les trois interolfeux ex- '"^^'^"''""^
•ru >M r 1 cxcancs.
ternes , ainii apellez, parce qu ils (ont placez ex-
térieurement, qui efl: du côté du dos de la main ;
ils prennent leur origine des mêmes entre -deux
des os du metacarpe,& vont s'inférer à la derniè-
re articulation des os des doigts , qu'ils éloignent
le pouce, & ainfi en font l'abdudtion.
Le pouce fait fes mouvemens par des mufcles Lcprûce a
particuliers qu'il a : ils font cinq,un qui le fléchit <^'"^'^"'-
N n ij
5 <î4 Des Extrémhez fuperleures ,
deux qui l'étendenc , un qui Téloigne des autres
doigts , &z un qui l'en approche.
'*■],, Le premier de ces mufcles eft le fléchiffeur
Le lie- ^ ., ....
chrfllur propre du pouce j il prend Ion origine de la par-
propic. tie fuperieure & incerne du rayon , & palîanc
tout le ligament annulaire & fous le tenar, va s'in-
férer au premier & au fécond os de ce doigt ,
qu'il fléchit.
i4. Le fécond qui eft le premier des extenfeurs
s'apelle le long, parce qu'il eft plus que celui qui
iiiit , il prend ion origine de la partie fuperieure
6 externe de l'os du coude , il monte par dellus
le rayon , & vient s'inférer par un tendon four-
chu au fécond os du pouce qu'il étend.
iç Le troifiéme , qui eft le fécond des extenfeurs
Le court le court i il eftainfi apellé pour le diftinguer du
précèdent, qui eft le plus long; ils ont tous deux la
même origine , & palfant auiîi fous le ligament
annulaire , il s'infère au troifiéme du pouce, qu'il
étend avec le précèdent.
,^ Le quatrième eft le tenar, c'eft lui qui forme le
Le cenar. mont de Venus \ il prend fon origine du premier
os du carpe de du ligament annulaire , & va s'in-
férer à la deuxième articulation da poiice , qu'il
éloigne des autres doigts.
j_y Le cinquième eft l'antitenar ; il prend fon ori-
L'ar.tice- gjne de l'os du métacarpe , qui foûtient le doigt
""■ du milieu , &z va s'inférer au premier os du pou-
ce , c'eft lui qui l'aproche des autres doigts.
Le âoÎRt Le doigt indice fait trois fortes de mouvemens
noîriruf- P^^' ^^ moyen de trois mufcles ; l'un feit à l'éren-
c!cs. dre, l'autre à l'aprocher du pouces & le troifiéme
à l'en éloigner.
z8 Le premier eft l'indicateur : ainfi apellé , parce
tcur"'^'*^ qu'il nous içxx. à indiquer quelqu'un, il prend fo»
/ X. Démonfiyatlon Anatomicfue, 5 6^
origine de la partie moyenne & poftericare de l'os
du coude , &c va s'inférer par un double tendon à
la deuxième phalange de l'index, & au tendon da
orand extenleur , pour conjointement avec lui
fervir à l'étendre.
Le fécond eft l'addudleur de l'index ; il prend L'adduc-
fon origine de la partie antérieure du premier os j- j-jej,
du poùce,& fe va inférer au premier os du doigt
indice , qu'il aproche du pouce.
Le troiiîéme ell l'abdudbeuv de l'index; il prend ^-' ' '- -'uc-
fon origine de la partie externe & moyenne de l'os
du coude , & partant fous le ligament annulaire,il
va s'inférer à la partie latérale & externe des os du
doigt indice, qu'il tire en dehors vers les trois au-
tres doigts.
Le petit doigt a deux mufcles qui lui font faire , V* P^'"^
les mouvemens d extenlion d abduction ; Içavoir \ ^^ ^^^[,
un qui ferc à l'étendre , ôc un qui l'éloigné des c ".
autres.
Le premier eft fon extenfeur propre ; il prend ..^^
fon origine de la partie inférieure du condile ex- fcur propre
terne de l'humérus , & couché entre les os du
coude de du rayon ; pade par delTous le ligament
annulaire, ôc s'infère par un tendon double à la
féconde articulation du petit doigt ; ce mufcle ai-
de à l'extenfeur commun à faire l'extenfîon du pe-
tit doicrt.
Le fécond des mufcles du petit doigt , qui eft ^ ?o
le dernier de ceux du bras,eft apellé hypothenar; ^^^ ypow-
il prend fon origine du petit os du carpe , qui eft
(îtuéfur les autres, & va s'inférer extérieurement
au premier os du petit doigt , qu'il éloigne , de$
autres.
Quand on voit les doigts d'un Organifte fe flé- ExpHca-
chir de s'étendre féparément avec tant d'agilité ôc ^i^ '^.'""^
N n iij
^6 (y Des Extrémitez fiiperieures ,
en tant de manières diffeientes,on eft porté à croi-
re que chacun d'eux a des mufcles particuliers,
pour tous ces mouvcmens ; on doit donc s'eton-
ncr que l'Anatomie ne trouve en prefque tous que
des fléchifieurs & un extenfeur communs^ qui ne
leur devroient permcctre que de le plier ou de ie
drelTcr en(emble:Mais en attendant que quelqu'un
refolve plus clairement cette difïiculté,nous difons
ou que les fibres qui dans un de ces mufcles com-
muns répondent au tendon du doigt du milieu ,
par exemple , peuvent être ébranlées fans les au-
tres, parce que celles là y feront immédiatement
déterminées par l'ame qui aura acquis avec l'exer-
cice le pouvoir d'en remuer quelques-uns à fon
choix independemmentdu relie , comme elle fait
àcs mufcles qui font éloignez les uns des autres,
quoiqu'ils fe communiquent par quelques fibres
ou que les autres mufcles qui font propres à cha-
que doigt font difpofez par l'habitude à lui don-
ner une telle mobilité ou une telle roidcur , que
quand nous voulons, l'adlion d'un mufcle com-
mun fait remuer ce doigt , ou le laiflé en repos ,
pendant qu'elle donne aux autres doigts une autre
modification.
Faur ei> Voilà , Mcfîîeurs.tous les mufcles que i'avois à
rr.inerles • i>i • r
vaiireaui VOUS montrer aujourd nui : ce (ont tous ceux qui
du bras, fe rencontrent dans l'extrémité fuperieure^Et afin
de rendre cette Anatomie parfaite , je vais à pre-
fent vous faire voir les nerfs , les artères & les vé-
nes qui fe trouvent dans les bras.
Trente La Démonftration du cerveau vous a apris que
rcrfsVop- ^"^"^'s ^^5 "^r^s qui fe diftribucnt par tout le corps,
tentdcla partent de fabafe;ils fortent d'une partie que
i'c°in/. ^ "°^^ avons divifée en deux , en moelle allongée
& en moelle de l'épine : la première fournit dix
/X Démonflratîon Anatomîqm, ^6j
paires de nerfs que vous avez vues , ôc la féconde
tience paires , que j'ai encore à vous démontrer.
Des crente paires de neifs qui partent d^:; la moël- ^^P^ Paires
, , w ■ •\ r ■ r j Kjrcciit du
le de 1 epine , il y en a lept qui lortent au cou , _u.
douze du dos, cinq des lombes , & fix de l'os fa-
crum.Je ne vous ferai voir aujourd'hui que ceux
du cou , & demain vous verrez ceux du dos , des
lombes , & de l'os facrum.
La piemiere paire des nerfs du cou fort entre Lapiemic-
l'occiput ôc la première vertèbre , dont le rameau ic
pofterieur va fe perdre dans les petits roufclcs de
l'occiput, & l'antérieur dans les mufcles du cou qui
font, couchez fous l'œfophage ; Il faut remarquer
que cette paire , aulîi-bien que celle qui fuit , ne
fortent pas par les parties latérales des vertèbres,
mais par les antérieures & pofterieures , à caufe
que les articulations de ces deux premières vertè-
bres ne Çoni pas femblables à celles des autres.
La féconde paire fort entre la première & la fe- Lafccoods
conde vertèbre du cou , & fe divife en deux ra-
meaux par devant &: par derrière; celui de devant
fe perd dans la peau de la facc,& celui de derrière
dans les mufcles de la tête , qui s'attachent à la
féconde vertèbre.
La troifiéme paire fort entre la féconde & la La troifiê-
troifiéme vertèbre j &: ainli de toutes les autres "^^'
confecutivement : au(îi-tôt qu'elle eft fortie, elle
fe divife en deux rameaux ; celui de devant va
aux mufcles fléchifTeurs ducou,&: celui de derriè-
re aux extenfcurs.
La quatrième fe divife comme la précédente , Laqujtjj^,
après fa fortie , en deux rameaux ; le plus petit me-
va aux mufcles pofterieurs du cou , & le plus
gros mufcle de l'omoplate , du bras & au dia-
phragme.
N n iiij
^6S Des Extrêmitezjkperieures,
La cin- La cinquième fe divife auflî en deux rameaux , le
quiemc. i^^ ^^^j^. ^^ ^^^ mufcles pofterieurs du cou,&: le
plus gros aux mufcles de romoplate,du bras,i3ê au
diaphragme.
La fixic- La fixiéme fe divife de même que les préceden-
^^' tes, en un petit rameau qui fe perd dans la nuque
du cou,(3c un gros qui va au creux de l'épaule^aa
bras , de au diaphragme.
tLafeptic- La feptiéme & dernière paire des nerfs du cou,
^^' n'cfl: gaeres différente des trois dernières pour la
divifion; fon moindre rameau va aux mufcles po-
fterieurs , & fon plus gros dans le bras , & juf-
ques au diaphragme.
çi Vous voyez par cette diflribution de quatre
Six nerfs dernières paires de nerfs du cou , qu'elles en-
auxn-.uf- voyent des branches au diaphragme , qui y font
clcs. conduites & apuyées par le medîaftin; ce qui fait
la grande fimpatie qu'il a avec le cerveau. Vous
remarquerez encore que les plus gros rameaux des
quatre paires inférieures du cou fe joignent à la
première paire fupericure du dos,& qu'ils font en-
lemble fix nerfs,qui vont fe répandre par tout le
bras jufqu'aux extrémitez des doigts j il s'agit de
vous les démontrer.
Le premier, qui eft le fuperieur & le plus petit
Le pre- fe'perd tout dans le mufcle deltoïde &c dans lapeau
"«b"as^ du bras.
35 ' Le fecond,qui ell: plus gros^palfe par le milieu
Le '.ecord ^^ bras.iette des rameaux dans le biceps & dans le
rcrf acs r • ' , > j r j- -r
bras. iupmateur;&: étant parvenu au coude le diviie en
trois rameauXjdont le premier va au pouce par la
partie extérieure du bras j le fécond dcfcend obli-
quement vers le poignet i le troifiéme accompa-
gnant la bafilique , va fe perdre dans la peau du
coude & dans la main.
7 X, Démonflratîon Anatomlque. j 6ç)
Le troifiéme fe joint fous le biceps au fécond, 34.
api es avoir donné des branches aux muiclesbra- rriç^gj^jç'
chiaaXj& va eufuite en donner aux fléchilTeurs des ^^as.
doigts , & de petits rameaux aux pouces , & aux
doigts indices & du milieu.
Le quacriéme ell le plus gros de tous , il ac- j. 3Ç
compagne l'artère & la vénc balilique en defcen- niêmc nerf
dant profondément dans les bras ; il envoyé des '^^ ^"'*
fcions aux mufcles externes du coude , & à la
peau du dedans du bras , & étant parvenu au
coude , il fe divife en deux rameaux , donc l'un
fe trame le long du radius , l'autre du cubitus
le premier fait cinq branches , dont deux vont
au pouce , deux au doigt indice , & la cinquième
au doigt du milieu^ le (econd ayant donné des ra-
meaux dans les extenfeurs des doigts , va fe per-
dre dans le carpe.
Le cinquième fe joint au quatrième , &: def- , ^^.
cendant le long de la partie interne du bras, quicmc
diftribuè des rameaux au coude ; ce qui fxit que P^'^ ^^
S appuyant iur quelqu un de ces rameaux , le
bras s'engourdit , il fe divife enfuite en deux
branches , dont l'une va aux mufcles flèchilTeurs
des doigts : & au poignet , le refte fe perd aux
mêmes endroits que le précèdent -, l'autre va le
long de la partie intérieure & latérale du bras faire
cinq rameaux , dont deux vont au petit doigt ,
deux à l'annulaire , S<. le cinquième au doigt du
XTiilieu.
Le fixîème & le dernier des nerfs du bras eft 37
prefque tout cutané , il defcend le long de la ^^fi*î5:
t, .• • J u lin- me nerf d«
partie mterne du bras , accompagnant la bahli- bras.
que , & va fe perdre dans la peau du coude & de
l'avant-bras , 6c dans la membrane commune des
mufcles.
J 7 ® J^^^ Extrémltez. fuferleures,
Cette «îîf- Cette diftribucion des nerfs du bras que ie viens
dirccfific "^ VOUS taire voir,elt celle qui le rencontre le plus
qatlqac- fouvent : il ne faut pas vous étonner fî quelque-
fois vous y trouvez du changement dans quelque
ramification ; cela arrive aulli bien dans les artè-
res & dans les véncs que dans les nerfs , où il fc-
trouve de la diverfité dans le nombre de leurs
î^ branches , aufîi bien que dans leur groiTcur.Vous
dssrcqac. ^^ez vu les nerfs du bras, voyons -en à prefent les
artères & les véncs.
,,19 Vous vous fouviendrez que la fjrolTe arrere af-
L artère , r '• T j 1. n '
aiJibiiç. cendante le ai vue en deux autres,que l on apelle
foûclavieres , qu'enfuite l'une allant à droite , 6c
Tautre à gauche, &: pallant par la fente qui eft en-
tre les deux têtes des mufcles fcalenes , elles con-
tinuent leur chemin vers le bras, où étant parve-
nues elles changent de nom , prennent celui
d'axillaire , à caufe qu'elles palTent par les aif-
felles.
Les ra- Cette artère axillaîre produit un rameau , qui
™??^ partant pardcirous la tête de l'os du bras, va fe
dast dans perdre entre les mulcles longs & courts qui cten-
Ic biasi dent l'avant bras; ce tronc continuant à defcen-
dre le long de la partie interne du briS , diftri-
buë en paÂTant des rameaux au biceps &c au bra-
chial interne & externe , & au delîus du pli du
coude il jette une branche qui s'en va à la partie
interne & inférieure du bras Ce perdre dedans 6c
derrière,
j^Q Ce tronc d'artères ayant atteint le pli du coude
DiTifion fe divife en deux rameaux,dont l'un eft extérieur,
de ccttelar- o ij
teic. ^ ^ ^^^^^ intérieur.
41 Le rameau externe coule le long du rayon , de
"■ jette une branche qui remonte & fe perd entre le
long fupinateur & le brachial internc,puis en deC
meaa*
IX, Démonflratton Anatomlque, 571
cendant il donne des rameaux aux fiechiflfeuis du
caipe & des doigts 5 & étant parvenu au poignet,
il produit un rameau qui va à l'origine du tenar ;
c'ell cette artete que l'on touche au poignée
quand on tare le pouls : enfin ayant palïé (ous le
tendon de l'extenfeur du pouce , il jette des ra-
meaux qui vont à la partie extérieure de la main
& va finir par deux Icions qui vont l'un au pouce
& l'autre à l'index.
Le rameau interne defcend le long du coude 41
T r
au poignet jc'cft lui qui a accoutumé d'acompa- ^^3^
gner la véne bafiliquc^ il jette des branches qnife iaccrcc.
dillribuent dans les mufcles de l'avant bras, & va
fe terminer par trois fcions qui fe répandent l'un
dans le doigt du milieu , l'autre dans l'annulaire,
ôc le troifiéme dans le petit doigt.
Les vénes ne font pas comme les artères , qui 43
portent le fang du centre à la circonference;mais {j^^j""^*^"
elles le reportent de toutes les parties au cœur ;
c'eft pourquoi elles fe doivent examiner d'une
manière toute oppofée & conforme à leur a6tion
Nous avons conduit les aiteres depuis le cœur
jufqu'aux bouts des doigts , & il nous faut con-
duire les vénes depuis les extrémitez des doigts
jufqu'au cœur,parce qu'elles font comme les raci-
nes d'un arbre , qui reçoivent par leurs plus peti-
tes chevelures la fève pour la porter dans de plus
groffes racines de là dans de tres-grolTes , &: enfin
dans le tronc de l'arbre.
Nous trouvons dans les cinq doigts plufieurs .Ratttifîca-
^ -c • j ' • r o • r t'Oni des
tamihcations de venes qui en lortent , oC qui le ycacs.
joignans à d'autres branches qui font tant dans la
partie intérieure de la main , que dans l'exteri.'^u-
rc , &: qui toutes enfemble pall'ant par le poignet
vont former trois vénes confiderables qui font
'fji, Des Extrémités fiipeneuresy
dansl'avanc-bras , l'une eft la cephalique , Pautre
la bafilique , & la troilîéme la médiane.
j ^* , ,^ La cephalique eft ainfi nommée , parce qu'é-
liquc. tant placée dans la partie la plus fuperieure du
bras , elle eft plus proche de la têreielle commen-
ce par de petits rameaux qui" forment une véne
que Ton apclle falvatelle , qui eft entre le petit
doigt 6c l'annulaîrej& que l'on ouvroit autrefois
pour les douleurs de tête j & dans les fièvres ai-
guës. Cette véne paflant par le poignet monte le
long du radius partie externe du bras, & recevant
en chemin , au delTus du pli du coude , un gros
rameau qui vient de la médiane , elle va le long
du bras fe terminer à une grolïe véne, qui eft Ta-
xillaire.
^ 4î La bafilique eft ainfi nommée , parce qu'elle
Le bailli- CL ' • \ r ' r • • n.
que, ^ft principalement iituee iur une partie qui elt
comme la baie du bras : Toutes les vénules qui
viennent des cinq doigts à la main, fe réiinillenc
avec les branches d'autres vénes qu'elles rencon-
trent dans la main , &: toutes enfemble font trois
grolles branches qui conftituent la bafiliquCjl'une
de ces branches eft plus fuperficielle, qui eft celle
que l'on a coutume d'ouvrir dans la faignée du
bras ; l'autre eft plus profonde faite de deux ra-
meaux , dont l'un vient de la partie intérieure de
la main ; &C l'autre de l'extérieure : La troifiéme
eft la véne appellée cubitale , parce qu'elle eft la
plus bafie & la plus proche de l'os du coude : ces
trois branches en montant vers le bras reçoivent
une vene de la médiane, & fe vont rendre fous le
tendon du raufcle pe6loral , à la véne axillaire.
Les Anciens appelloient la véne bafilique droite
fgcorale , 3c la gauche Splenïque , parce qu'ils
croyoicnt que le voifinage de ces vifceres les fai-
/ X. Dêmbnjh'atîon Anatomlque. y 7 ^
foit iîmpatifer avec eux; mais la découverte de la
circulaire a détruit ces fortes d'opinions.
La médiane eft ainfi nommée,parce qu'elle oc- . ^
,.,.,, / 1 ^ ^1 La rac-
cupe le milieu du bras,etant placée entre ces deux dianc.
vénes que je viens de vous montrer ; deux bran-
ches de vénes qui viennent l'une d'entre le pouce
& i'index,que quelques-uns ont nommée la cepha-
lique du pouce , & l'autre d'entre le doigt du mi-
lieu & Tannulaire, fe joignent, & font une grolîè
véne , qui montant le long du milieu du bras va
jufqu'au pli du coude , où elle fe divife en deux
branches , qui font la figure d'un Y , dont l'une
va finir à la cephalique, & l'autre à la bafilique,
fî bien que l'opinion commune ne fe trouve pas
véritable , qui tenoit que la médiane étoit faite
de l'union des branches de la cephaliquc & de la
bafilique. Mais il eft certain que l'une & l'autre
de ces deux vénes fe crrofïiflent en recevant cha-
cune une branche de la médiane.
De ces trois vénes que vous avez vues, il n'y en ^^ ▼énc
a que deux qui montent dans le bras, qui lont la
cephalique & la bafilique, la médiane fe confon-
dant avec elles. La jondion de ces deux vénes en ^j
fait une très-grolTe , que l'on nomme axillaire, à Une gioflc
l'endroit où elle pall'e par l'aiirelle , pour aller yg;.fç^|,^(,yj.
prendre le nom de foûclaviere ; & enfin le nom 'oir Us
de véne-cave à la partie la plus grolfe , qui eft ^^ ^*^^'*
l'endroit où elle entre dans le cœur.
Je finis,Mc{Ticurs,cette Démonftration en aver- AvcrtilTc-
tiflànt les Chiruro;iens de bien examiner les par- ITf f"^ *^'*
• r •/- 1 / 11 c \ Chirur-
ties qui lont voilines des venes des bias.ann de ne ^i^ns pour
pas piquer en faignant ni l'artère qui fait le même ^^ raigrxe,
chemin que la véne bafilique , ni le tendon du
mufcle biceps, qui eft au delfous de la médiane ,
car de de l'ouverture de l'artcre^ou de la piqûre d*
574 ^^^ Extrémitez, fuperleureSy
tendon , il s^enfuic des accidens fâcheux qui per-
dent de réputation un Chirurgien , ce qui eft ie
malheur de la Profeflion , les plus habiles étant
fouvent fort embarrairez, lorfqu'iisont a faigner
de ces bras difficiles, oià il faut aller chercher pro-
fondément des vénes , c'eft pourquoi un Chirur-
gien doit fe précautionner contre ces accidens ,
en évitant de faigner dans ces endroits périlleux,
& bazardant plutôt de manquer, que de vouloir,
à quelque prix que ce Toit , avoir du fang.
xrx
P^JZiL
SIS
DIXIE'ME ET DERNIERE
DEMONSTRATION
Des parties qui comfofent les extré^
mitez^ inférieures,
^ UOIQUEmoiidefreîn,Meffieurs,
foit de vous entretenir dans cette
Démonftration,des extrémitez infé-
rieures , & des parties qui entrent
dans leur compofition, je ne lailTerai pourtant pas
de vous parler encore des mulcles de la poitrine
& des lombes, & j'obferve en cela le même ordre
que j'ai tenu dans la Démonftration d'hier , ou
je vous fis voir non feulement les extrémitez fu-
perieures , mais encore les mufcles de la mâchoi-
re, &: l'os hyoïde , de la tête , & du cou.
Vous ayant fait connoître ailleurs les deux
mouvemens differcns de la poitrine ; qui font de
dilatation & de contra(5tîon , je me contenterai
de vous expliquer ici fes mufcles , &i. ceux des
lombes.
Les nuifcles qui fervent à dilater la poitrine dans La Poî-
l'infoiracion font au nombre de cinquante fepr. ""^ «^ ^*n-
T A • . ^1 ,-1 '^ quant- fcpt
Les Anciens en ont mis trente pour la dilater , mufcles,
quinze de chaque côté, qui font le foûclavier, le
grand dentelé , les deux dentelez pofterieurs , &C
onze intcroffeux externes, ôc vingt-fix qui la ref-
/crrent , treize de chaque côté, qui font le trian-
57^ ^^^ Extrêmltez. Inférieures ,
tnangulaire,le facrolombaiie,(5c onze interofTeux
internes : le cinquante reptiéme eft le diaphrag-
me , qui eft commun à l'un S>c à Tautre de ces
mouvemens.
AA^ Le premier de tous ces mufcles eft le foûclavier
clavier.'^' ^^"^ nomméjparcc qu'il eft fous la claviculejc'eft
lui qui occupe l'efpace qui eft entre la clavicule
& la première côte:Il prend Ton origine de la par-
tie interne &: inférieure de la clavicule,& va s'in-
férer à la partie fupericure de la première côte,
qu'il tire en haut & en dehors.
BB Le fécond eft le grand dentelé , ainfi nommé ,
icaitié V^^^^ *î^ i^ ^^ large , &C qu'il a fept ou huit den-
telures iemblables à celles d'une fcie;il prend fon
origine de la bafe interne de l'omoplate , & va
s'inférer par digîtation aux cinq vrayes côtes infé-
rieures , & aux deux faullbs côtes fuperîéures. Ce
mufcleeft fortcharnUjfes dentelures entrent dans
celles de l'oblique externe de l'épigaftre , & lors
qu'il agît , il tire les côtes en dehors , d>c par
conféquent dilate la poitrine.
ce Le troiiîéme eft le dentelé pofterieur & fupe-
Le dente- rieur ; il prend fon origine par une large aponé-
le porte- r j lt V* . V j •
rieur & fu- vrole des apophiles epmeules des trois Vs-rte-
pcricur. bres inférieures dd cou , & de la première de
celles du dos j là étant cachée fous le rhomboïde,
il va s'inférer obliquement par quatre pointes aux
quatre côtes fuperieures qu'il tire en dehors &c
en arrière.
QP Le quatrième eft le dentelé pofterieur èc infe-
Le dcncc- rieur : il prend fon origine par une aponevrofe
rîeu° & ia- ^^^ apophifes épineufes des trois vertèbres infe-
fcxieur. rieurcs du dos , & de la première de celle des
lombes,& va s'inférer par quatre pointes fendues
par digitation , aux quatre côtes inférieures qu'il
tire
X & dernière T^êmonfiratlon Anatom. j'y/
tire en bas & en dehors \ ce mulcle , aiifîi-bien
que le précèdent , efl: large & plac \ & eft placé
fous le latillimus.
Les onze incercoftaux excernes font ainfî ap- EE
peliez, tant parce qu'ils occupent les onze efpa- ..^^ '"^^^'"
ces qui font encre les douze côccs , que parce xiernes.
qu'ils font (ituez extérieurement : ils prennent
leur origine de la paicie inférieure & excerieure
de chaque côte fuperieure , & vont s'inférer obli-
quement de derrière en devant à la partie fupe-
rieure & extérieure de chaque côte inférieure \ fi
bien que chacun de ces mufcles tirant la côte in- ^
fericure en arrière & en dehors ; aide à la dilata-
tion de la poitrine , qui avec les quatre que je
vous ai montrez , font le nombre de quinze dila-
tateurs de chaque côté.
Le premier de ceux qui reflTerrcnt le thorax efl: p
le triangulaire , ainfi apcllé , parce qu'il a trois I-e.trian-
angles : il eft (îtué au dedans de la poitrine , oc-
cupantla partie intérieure du fternum : il prend
fon origine de la partie inférieure du fternum par
une bafc alTez large -, &; montant en haut, va s'in-
férer aux cartilages des côtes fupcricures jufqu'à
la deuxième ; fi bien que les tirant en bas^qui efl:
vers fon principe , il refiferre & êtrefîit la poi-
trine.
Le fécond efl: le facrolombaire , ainlî nommé, G^
parce qu'il prend fon origine de la partie pofl:e- j T^b ^^c*"
rieurc de l'os facrum , & des épines des vertèbres
des lombes : il efl: nerveux par dehors, 6»: charnu
par dedans ; & montant en haut , il va s'inférer à
la partie pofl;erieure des côtes proche leurs raci-
nes , leur donnant à chacune deux tendons,donc
l'un s'attache extérieurement , &: l'autre intérieu-
rement i de force que tous ces tendons tirant les
Oo
j 7 s ^65 Extrêmltez. fitperîeureSy
cotes , ils les approchenc l'une de l'autre j & ainfî
reirerrent la poitrine.
Les inter- Les onze intercoftaux internes font ainfî nom-
coftauxm rnez par la même ra'ifon que les externes , donc
ternes. ., ^ ,./r - ' M 1
ils ne difterenc qn en licuaiion : ils prennent leur
origine du haut de clvaque côte inférieure ; èc
montant obliquement de derrière en devant, vont
s'iniercr à la lèvre inférieure &c intérieure de cha-
que côte fuperieure , ii bien que les fibres de ces
mufclcs s'entre coupent en forme de Croix Bour-
guignonne , ou d'X , avec celles des intercoftaux
externes. L'otfi remarque qu'ils remplillenc les
efpaces qui font entre les cartilages des bouts
des cotes j ce que ne font pas les externes. Ces
mufcles avec les deux derniers que vous avez vus,
rellerrentla poitrine, èc font le nombre de treize
de chaque coté.
Quand nous donnons aux intercoftaux inter-
nes Tufage de reffcrrer la poitrine , nous fuivons
le fentiment commun de tout le monde , excepté
■ de deux Anatomiftcs étrangers très- célèbres, qui
ont démontré le contraire, en failant voir que les
mufclcs intercoftaux externes & internes ne com-
pofent qu'un mufclequia deux plans de fibres de
direâ:ion- contraire ; & c'eft pourquoi dans la re-
marque précédente fur la refpiration nous avons
embrafte ce fentiment , que nous croyons le vé-
ritable.
Ces muf- L'ufage de tous ces mufcles eft de dilater & de
tcnt &rcf. "^^l^s^rer la poitrine : ce qui fe fait de cette ma-
if rrent la niere.Lorfque le diaphragme fe baiife , & que les
poicunc, mufcles dilatateurs de la poitrine agilîenr , l'air
extérieur qui la touche étant pouffé, eft obligé de
prendre une autre place , qu'il trouve aifemenc
dans les poumons qui le reçoivent , fe diktanc
X. & àern. 'Démonfiratlon Amtoml(jue, 579
fans peine , a caule que la capacité de la poitrine
eft augmentée à proportion de l'adtion des muf-
cles : il en reirort enluite par la contradion que
les mufcies antagoniftes à ceux-ci font de la poi-
trine , & qui oblige ce même air d'en fortir ; car
la mcme neceiîité qui a contraint l'air d'entrer
dans les poumons par l'extenfion de la poitrine,
le force d'en fortir par fa contraciionjce que nous
appelions refpiration , n'étant autre chofe que
ces mouvemcns retirez qui durent tout autant
que la vie, parce qu'ils commencent au moment
que nous voyons le joui*,&: ne fimlfent qu'au der-
nier foupir.
Plulieurs Auteurs ont mis les mufeles de l'abdo- , ^s "^"f*
I • j 1 r • • > n cicsdel ab-
- men au nombre de ceux de la reipiration ; c elt Jomcn ai-
pourquoi ils en comptoicnt jufqu'à foixante &'i-"f^li
cmq. Nous convenons avec eux qu ils y lervenr,
& je vous ai dit dans la premieire Démonftration
en vous les faifant voir,qu'ils agilToient dans une
violente roux , dans les grands cris , & dans une
forte exp"ration; mais ils ne doivent pas être com-
pris dans le nombre de ceux de la refpiration,
puilqu'ellc n'eft pas leur principale action.
L'on fait de deux fortes de refpiration . l'une ^ ^^^^
\> 11 1 M \, > locrcs
que 1 on apclle libre , l autre qu on nomme con- de rcfpira^
traînted'on veut que la refpiration libre ne fe faf- "oq.
fe que par le mouvement du diaphragme,& qu'el-
le foit prefque infenfible ; & l'on prétend que la
refpiration contrainte foit celle qui fe fait par le
^Tioyen de cinquante (ix mufcies de la poitrine.
Vous avez vu des mufcies qui font cette derniè-
re j voyons à prefcnt le diaphragme , que l'on re-
garde comme l'organe principal de la refpiration
libre.
C'eft la coiitume de faire voir le diaphraî'mc Pou»:^io^^
Oo ij
580 Des Extrémitez, fuperienres ,
ïa Démon, en faifanc la Démonftration de la poitrine ; mais
j;'^rilul^ '^^ deux laitons m'ont fait changer cet ordre: la pre-
dtaphrag , ij-. ^' ,f.
me. miere, c elt que le diaparagme étant un des prni-
cipaux mufcies de la relpiration , j'ai crû devoir
attendre à vous le montrer dans le tems que je vous
fcrois voiries autres, la leconde; c'eft que dans la
Demonft) ation de la poitrine , les parties qui y
font contenues cachent prelque tout le diaphiag-
mei& ainfi fi j'ai différé de vous en parlerjce n'eft
qu'afin que vous le vifîîez tout entier , & féparé
des parties qui l'environnent.
H Le diaphragme , que quelques uns appellent
phroRriK* f^P^'^^^ tranfuerfitm , parce qu'il fépare tranfver-
(alemcnt , comme un mur micoyenjla capacité de
la poitrine d'avec celle du bas ventrCjeft une partie
mufculeufe diflinguée de tous les autres mufcies
du corps, par {\ fituacion , par fa figure5& par fou
action : c'efi: cette partie charnue que vous vovez
atachée circulaircmenr' à toutes les extrémités des
cartilages des faulïes côtes.
îigurc du La figure du diaphragn.e cft ronde , ôcrcfifem-
aiaphrag- j^Jg afiez bien à une raquette dont le manche ,
nie , ri . ri
( ou a une raye dont la queue ) repreientc la
pointe ; par laquelle il eft attaché à la première
vertèbre des lombes : fa grandeur eft proportion*
née à celle du thorax , & fa fituarion eft entre la
poitrine &c le bas-vencre, diredlement fous le car-
tilage xîphoide , auquel il eft attaché , & où il
fait comme une voûte mouvante entre les deux
ventres.
£)f„^ Deux membranes tapllfentle diaphragme^l'unc
tneitibtin:seft une continuité de la plèvre , qui le couvre par
phraame. ^^ partie fuperieure , & l'autre eft une continuité
du péritoine , qui' le revêt par fa partie inférieure
quijegarde le ventre.
X & dernière Démonflratlon AnMom, 5 S f
Il a trois oavercares coniideiablesj'une à dioi- _ ^ ,
X , • Il Trous dtS
te, par ou là vene cave monte pour aller au cœur, ^iiapbrag-
l'autre a gauche , par où defcend l'œfophage ; & me.
la troifiérne ell une grande fente qui eft entre Tes
deux origines vers les vertèbres des lombes , par
où defcend la grofle artere.ll y en a encore quel-
ques petites,par où palFent le canal thorachique,
& les nerfs qui vont aux parties contenues dans
le ventre.
Le diaphragme reçoit deux fortes de nerfs; les MM'
uns lui viennent de la pactie va2;ue, & les autres Vaiircaux
dcs elpeces qui lonc entre les quatre vertèbres m- phragmej
ferieures du cou ; les uns & les autres paifant par
la cavité du thorax , & foùtenus du medialtin ,
vont fe terminer par trois ou quatre branches
dans toute fa fubftance. Il reçoit encore deux ar-
tères que l'on nomme phréniques,qui lortent du
tronc de la çrolTe artère : Il a aulîi deux vénes du
même nom , qui vont le rendre dans toute la ve-
ne cave.
La fubftance du diaphragme eft charnue dans SuS<îance
fa circonfercnce^iSc mcmbraneufe dan<> Ion milieu ^hiaerne.
où paroit ce qu'on appelle le centre nerveux.
Tous les Anciens Anatom'ftes mettoient le Le dia-
prîncipe du diaphragme dans fon centre nerveux eiîccriTpo-
& fa fin dans fa circonférence : d autres^comme Tè ic deui
au Laurens & Riola^iOnz prétendu que fon origi- ™*^ "^ '^^'
ne étoit aux vertèbres du dos & des lombes , &à
toute fa circonférence , & fa fin dans fon centre.
Mais les Anaroniiftes modernes ont fait voir que
le diaphragme étoit compofé de deux mufcles ,
qu'ils diftinguent en fuperieur & en inférieur.
Le fuperieur eft de fisurc circulaire ; il eft atta- , ^^
L ' - 1 • j c iV ^ X Le fupô-
che a toutes les extremitez des raulies cotes , ou fleur.
commence fon origine,6: à fa fin il forme un ten-
O o il]
581 Des Extrémltez. fuperieures ,
don plat en aponevrofe , que Ton a toujours pris
pour la partie ncrveule du diaphragme.
O L'inférieur prend Ton origine par deux produc-
Linfc« tions , dont l'une plus longue ( qui eft celle du
côté droit ) vient des trois vertèbres fuperieures
des lombes ; & l'autre plus courte & plus petite,
qui elt la gauche, part des deux vercebres du dos,
éc va fe terminer dans l'aponevrofe du mufcle (u-
perieur , qui fait la divifion des deux mufcles.Ils
difent qu'il reçoit des artères particulières qui lui
viennent des lombaires , ôc qu'il a des vénes qui
vont dans l'adipeufe.
LTagesdu L'on donne trois ufages au diaphragme; le
^lapuag. preiT-jiej. , de fcparer la cavité de la poitrine de
celle du bas ventre , le fécond, de fervir en com-
primant les vifceres du bas ventre , non feule-
ment à la diftribution dti chile & au cours de
routes les humeurs, mais encore à l'expulfion des
excrémens ; & le troifiéme , d'aider à la refpira-
tion libre , en s'aplatiilant lorfque l'on reprend
Ton haleine, & en fe relâchant, ou fc voûtant
dans l'expiration ; car ce font les mufcles du
thorax qui fervent à la refpiration forcée , com-
me nous l'avons déjà dit , en parlant avec les An-
ciens.
Mouve- Le mouvement du diaphragme eft appelle
disphrag- ^'^^^^ 5 parce qu'il eft en partie mécanique, h en
ms. partie volontaire. Il eft mécanique , à caufe qu'il
fe fait le plus fouvenc fans que nous y pcniions,&
il eft volontaire , puifque nous l'arrêtons quand
il nous plaît. Il eft mécanique , à caufe du nerf
qu'il reçoit de l'intercoftal , qui tire (on origine
du cervelet; & il eft volontaire par le moyen des
nerfs qu'il reçoit de l'épine ; car le cervelet prefi-
de aux mouycmens mécaniques ;& le cerveau de
X,& âerniereDémonjiratton Anatomlque. 58^
la moifUe de l'épine fervent aux mouvemens vo-
lontaires.
Von remarque que les mouvemens du dia- Le dia-
phragme font lemblables à ceux du cœur, en ce efri'oTza-
qiic l'un & l'autre commencent à fe mouvoir ne àc la
dès le premier moment de la vie , & qu'ils font iYbie"^"°°
compofez tous deux de deux mufcles chacun ;
mais qu'ils difFerent en ce que c'eft la co'ntradtion
des fibres charnues du cœur qui fait fortir le fang
de fes ventricules^ & que c'ell le relâchement de
CCS mêmes fibres qui laitTe entrer ie fang dans le
cœur ; au lieu que la contraction des mu (clés da
diaphragme fait entrer l'air dans les poumons , /
d'où ils le chalTenc par leur relâchement ; de
forte que les poumons ne font que les inftrumens
paffifs de la rcfpiration , qui recevant l'air par
leur dilatation , entretiennent le mouvement du
langqui palfe parleur lubftance ., & aident ainfi
à la circulation ; & que le diaphragme en eft
l'inftrument adlif par fes mouvemens continuels,
qui font d'une telle importance pour la vie ,
qu'elle finit avec la refpiration aufîi-tot qu'il eft
blelîé : cela s'entend par fa partie nerveule-, car
les blcifures de la charnue ne font pas ablolument
mortelles.
A tous les avantages que l'homme reçoit du Aunes
j' 1 1. . A ^ ,.1 n 1/ utiliccz du
diaphragme ,1 on ajoute encore qu il elt l organe a.aphiag-
du hocquet & de l'éternucment , du ris & des me.
pleurs, ayant des nerfs qui ont une étroite liaifon
avec ceux qui vont aux mulcles , auteurs de ces
differens mouvemens.
L'explication de ces phénomènes nous mené- , ^ «^^"^f»
roit trop loin ; u lufht leulement que vous Iça- phr.igme
chiez , pour concevoir de quelle importance ell '^'^'^' ^^-'?
le diaphragme, que pour vivre, l homme elt dans rauo.;,
Oo iiij
584 T>es Extrêmîtez. {uperleures,
une neccfïîté indiipenlable de rerpirer,& que par
conféqiicnt les mouvemens de cette partie lui font
abfolurnent necclîaires. Souvenez-vous donc que
ces mouvemens commencent par une infpiration,
& finillent par une expiration dans le dernier mo-
ment de la vie : ce que nous reconnoilTons par
la fituation où nous trouvons le diaphragme dans
ceux qui viennent d'expirer. Il y eft toujours reti-
ré en haut comme pour poufler le dernier foûpir,
en obligeant les poumons par fon relToitjde chaf-
fer le dernier ait qu^ils ont reçu.
Lcsiom- Le dos &: les lombes ont fix mufcles qui leur
t/ois'ff'uf- ^°^^^ communs, pour les étendre, les fléchir Si les
clés. plover vers les côtes , lefqucls on attribue plutôt
aux lombes qu'au dos, quoi qu'il y en ait quatre
qui montent, & qui s'attachent à toutes les vertè-
bres du dos.Entre ces fix murcles,quatre font l'ex-
tendon , & deux la flexion,
p Le premier des extenfeurs eft le facré j ainfi
Lcfacré. nommé,parce qu'il prend fon origine de la partie
pofterieure de l'os facrum : il naît aufli de l'extré-
mité poftcrieure & fuperieure des os desîlesril va
s'inférer aux épines des vertèbres du dos qu'il tire
en arrière.
Q Le fécond des extenfeurs eft le demi-épineux ,
Le demi • ,- / I • • ' j r i„
cpmcux. ^^"" nomm^ , parce que lai^moitie de ce mulcle
prend fon origine des épines de l'os facrum ; oC
l'autre moitié des épines des vertèbres des lom-
bes i & montant en haut va s'inférer un peu obli-
quement à toutes les apophifes tranfverfes des
vertèbres du dos jufqu'au cou, &: les tire toutes en
arrière. Ce raufclc eft fitué entre le facré & le fa-
crolombaire,quieft un de ceux de la poitrine: ces
crois mufcles ne femblent faire qu'un corps,& on
a de la peine à les féparerj ils forment cette mafl'e
X. & dernière Demonflraiîon Anatorntque. $î^
c(e chair qui occupe tout le dos depuis l'os facrum
jufqu'au cou. Il falloir qu'ils fulTent fores pour
contrebalancer la pelantcur des parties antérieu-
res ; & néanmoins malgré la force qu'ils ont, on
voit que l'homme a encore de la difpofition à tom-
ber en devant & fur le nez. Ce font ces mêmes
mufcles qui donnent le bon air aux femmes en les
faifant tenir bien droites ; & lorique ces mufcles
ne font pas bien leur action, ou par foibleife , ou
par quelque méchante habitude , l'on devient
voûté j & quelquefois boflu.
Le fléchiflèur des lombes eft le triangulaire,ainfi R-,
nomme par fa figure à trois angles , dont il y en a guiairc!^'
deux à fa bafe, où il prend fon origine à la partie
pofterieure de la côte de l'os des îles,& de la par-
tie latérale & interne de l'os facrum ; & l'autre
angle eft à fa pointe où eft Ion infertion à la der-
nière des faulfes côtes , & à toutes les apophifes
tranfverfes des vertèbres des lombes ; Ce mufcle
avec fon congénère fléchit l'épine en devant. Il
faut remarquer que cette flexion ne fe fait point
en angle aigUjComme aux jointures, mais qu'elle
cfl; circulaire, afin que la moelle de l'épine ne foie
point comprimée; Il y en a qui veulent que la fle-
xion de l'épine ne fe puifl^e faire qu'en dcvant,parT
ce que (i elle fe faifoit en derrierc,la véne cave &
la grofle artère courroient rifque de fe rompre.
Les voltigeurs néanmoins & les danfeurs de corde
qui font mille contorfions du corps , nous font
voir que l'épine peut fe ployer de toutes manières
par Thabitude qu.'ils s'en font dans leur enfance.
Il faut remarquer que les extenleurs des lombes Di»ifion
■fe pourroient divifer, aufîi bien que le facrolom- °-^ ^^-*
1 • 1 r \ .-1 w r . mufcles
bau-e,erf autant de muiclcs qu ils ont d mlertions, en douze
^ c'eltla railon pourquoi quelques-uns qui leur P^^'"-
5 s 6 ï)es Extrémîtez Jltperteures , '
en trouvent douze a chacun, en ont fait trente-
fix mufcles : mais ne voulant pas mulciplier les
êtres fans neccffité , nous en demeurerons au
nombre que je voas ai marqué.
DiyiGon . Toute cette extrémité inferieure,qui efl: depuis
w'uéiaie ^^^ ^^ ^^^ '^^^^ jufqu'aux bouts des doigts du pied,
rieurc. porte le nom de pied ; les autres la nomment la
jambe , ou le grand pied. On la divifc comme la
main , en trois parties ; en fuperieure , appellée
cuiiîe; en moyenne, nommée la jambe;& en infe-
rieure,qui retient le nom de pied,oM de petit pied.
La cuifle ^^ cmlFc eft une parcie fort gralfe , longue &
ronde , qui comaience par fa partie fuperieure à
l'endroit où elle eft articulée avec l'os des îles ,
finit par fon inférieure à la jondion qu'elle a avec
les os de la jambe. Le devant du haut de la cuiiîe
fc nomme Taîne, le côté de dehors la hanche , ôc
le derrière la felfe.On diftingue à fa partie moyen-
ne quatre parties différentes , qui font le derrière,
le delFous, & le dehors de la cuille j le devant de
la partie inférieure fe nomme le genouilj& le der-
rière le jarret ; vous voyez qu'elle eft plus greffe
par fa partie fuperieurCjqui va toujours en dimi-
nuant à mefure qu'elle s'aproche du genoiiil.
La jambe. La jambe, quoique plus petite que la cuilIc, eft
compofée de deux os, elle commence au genoiiil,
6 finit à l'articulation qu'elle a avec le pied; elle
eft moins garnie de chair par devant que par der-
rière , qui fait que nous reffentons tant de dou-
leur quand nous nous heurtons à cet endroit. On
nomme le derrière le gras,ou le mollet de la jam-
be, lequel contribue beaucoup à la rendre bien
faite. Au bas de la jambe en dedans & en dehors
font deux émînences que l'on nomme les malléo-
les ou chevilles du pied.
X & dernière T>émonjiratlon Amtomlc^ue, 587
Le pied proprement pris eft tout ce qui efl Le pîei,
depuis les malléoles jufqu'aux bouts des doigts ,
le deflus fe nomme le coude du pied , & le deC
fous la plante du pied : il fe divife en trois par-
ties , en tarfe , en raetatarfe, & en doigts.La pre-
mière eft un allèmblage de fepc os joints forte-
ment enfemble , dont le plus gros fait une émi-
nence pofterieure , que l'on nomme le talon : la
féconde efl: faite de cinq os grefles & longs ar-
rangez à côté les uns des autres : ils foutiennent
chacun un des doigts ; & la troifiéme , ce font
les doigts , que l'on appelle au pied orteils , ils
font de différente grolTeur & longueur : le pre-
mier efl; appelle le gros orteil, & comme ils vont
toujours en diminuant, le dernier efl; le plus petit
de tous.
Plufieurs mufcles contribuent à faire les mou- I.e»muf^
vemens de ces trois parties. Ils font forts , parce parties "*
qu'il falloir qu'ils fuflent proportionnez à leur ^onr gros
adion : Examinons-les tous les uns après le au-r ' °^'^'
très.
La cuilfe fait cinq mouvemens differens par le ^ quin"e
moyen de quinze mufcles:lc premier de ces mou- mufcles.
vemens eft celui de flexionjequel fe fait par trois
mufcles, qui font le pfoas , l'iliaque, & le pedi-
neus : le lecond mouvement eft celui d'exteniîon
par les trois feiîîers-.le troifiéme celui d'adduction
par les trois tricepsde quatrième celui d'abdiidlion
par le piramidal ,1e quarrc, & les deux gémeaux:
& le cinquième celui de rotation par les deux ob-
turateurs.
Le premier eft le pÇoas , ou mufcle lombaire , . ^ ,
• r ' >-i n. r ' j 1 I Le ï-loas.
amli nomme parce qu il elt iitue au dedans de
l'abdomen, à coté du corps des vertèbres des lom-
bes. Il prend ion origine des apophiles iranfveir
ccus
5S8 Des Extrémltet inférieures y
fes des deux vercebres inférieures du dos, & des
fuperieures des lombesj 6c porté par délias la face
incerne de l'os iléon, il va s'inférer par un rendoii
fore & rond au petit trocanterjc'eft ce mufcle qui
forme cette partie iî cendre des alloyaux , qu'ori
nomme le fileté
X Le fécond eft V'diaque , ainfî nommé , parce
L'iliaque qu'il remplit toute la cavité interne de l'os ileonj
il eft , comme le précèdent , placé dans l'abdo-
men. Il prend fon origine de tout le bord de la
cavité intérieure de l'os des îles, & fe condaiiant
par le même chemin que le pfoas,il va joindre fon
tendon, pour enfuite s'inférer comme lui , au pe-
tit trocanter.
V Le troiiîéme eft \e peBlneui , ainil nommé, par-
Lc pcdli- ce qu'il prend fon origine de la partie antérieure
de l'os pubis appelle peclefi , de vient s'inférer par
devant à l'os de la cuifte , au deflbus du petit tro-
canter : Ces trois mufcles tirent la cuiire en de-
vant , & par conféquent la font fléchir.
, ^ , Le premier des extenfeurs eft le ^rand feffier ,
Le grand . r ' >m r • t 1 J
feiricr, ^^"'1 UDmme , parce qu 11 raie la plus grande par-
tie de la felTe 5 il prend fon origine de la partie
latérale de Tos facrum , & de la partie pofte-
rieure & extérieure de la lévrc de l'os des îles, ôc
s'atcachant au coccix va s'inférer à l'os de la
cuiflè, quatre doigts au deftbus du grand trocan-
ter. Ce mufcle eft le plus épais de cous ceux du
corps.
Y Le fécond eft le moyen fejfier, ain(î appelle, parce
Le moyen q^-j[ j-j^j-jj- [^ milieu tant en grolfeur qu'en firua-.
tion , entre le grand que vous avez vu, & le petîc
qui fuit ; il prend fon origine de la partie pofte-
rieure de la lévrc des os des îles, & va s'inférer
trois doigts au delTous du grand trocanter.
X & dernière T)émonflratlon Andtom. 589
Le troidéme eft /e pf/^/f fejjier , ainfi nommé, Z ^
parce qu'il eft le plus petit de^tiois, il prend fon tcfTicr.^
origine de la partie plus cave &c enfoncée de la
cavité externe de l'os des ileSj& va s'inférer à une
petite cavité qui eft à la racine du petit trocanter
Ces trois aiufcles font rexteniion de la cavité en
la retirant en arrière, & lis forment les fellès qui
font comme desoreillers,qui empêchent que nous
ne nous bleflions en nous alïeyant.
Le premier des addu(5tcurs eft le triceps fupe- , ^:
\, . , r . . j , . i •' i Le triceps
yieur , il prend Ion origme de la partie externe fupcrieur,
& (upedeure de l'os pubis , & va s'inférer à la
partie fuperieure d'une ligne qui eft au dedans de
la cuill'e.
Le fécond eft le triceps moyen; il prend fon ori- » ^ ^
gine de la partie moyenne de l'os pubis,& va s'in- moyen.
ferer à la partie moyenne de cette ligne , qui eft
au dedans de l'os de la cuifle.
Le troifiéme eft le triceps inférieur •■, \\ prend t^^'-^».».
r . . r ] 'j , ■' ..£•*. .1-c triceps
Ion origine non leulement de la partie intérieure mtcncut.
de l'os pubis, mais auflî de la partie inférieure de
l'éminence de l'iû:hion , & va s'inférer à la partie
inférieure de la ligne qui eft au dedans du fémur.
Il y en a qui de ces trois mufclesn'en font qu'un
à trois têtes , qu'ils apellent triceps ; mais ayant
aufîi trois infertions , l'on peut le divifer en trois
mufcles ; ce font eux qui font les défenfeurs du-
pucelage , en faifanc ferrer les cuiftés l'une con-
tre l'antre.
Le premier des abdudteurs eft le piramidal , aîn- te pira-
Cl nommé parce qu'il a la figure d'une petite pi-
ramide ; ou piriforme,pa.vcc qu'il rcflemble à une
poh-e : il prend fon origine de la partie fuperieu-
re & latérale de l'os facrum , & de la partie laté-
rale de l'os des îles j il va s'inférer en une petite
55JO ^^J" Extrémîtez [uperieures,
cavité qui cft à la racine du grand crocanter. ■
. Le fécond eft le quarré, ainfi apellé^parce qu'il
Le quar- a quatre anglesjil prend (on origine de la partie la-
térale & externe de l'éminence de Tifcbion, & va
s'inférer à la partie pofterieure& externe du grand
trocanter.
Les gc- Le troifiéme & le quatrième font les qemeaux ,
ainli nommez , parce qu us lont lemblables en
tout i ils prennent leur origine de deux petites
éminences qui font à la partie pofterieure de l'if-
chion yS<. iç. vont inférer à une petite cavité à la
racine du fjrand trocanter : Ces deux miifcles
font feparez par le tendon de l'obturateur inter-
ne: ils font faire conjointement avec le piri forme
& le quarréjl'abdudcion àz la cuilleenl'éioignanc
de l'autre.
L'obtura- L^ premier des obturateurs , eft l'interne ; il
tcur latct- , V ... , . r
Bc. prend ion ongme de toute la circonrerence m-
terne du trou ovalaire , qui cft à l'os ifchion , &
fon tendon palfant au milieu des deux gémeaux,
va s'inférer à une petite cavité à la racine du grand
trocanter.
T. , Le fécond eft l'externe: il prend fon ori^jine de
L obtura- ■ . r i ^ i •
teur cx.cr- 1^ circonrerence externe du même trou ovalaue,
^^' Se va s'inférer à côté de la cavité qui eft à la racine
du grand trocanter : Ces deux mufcles font la ré-
traction de la cuiile , en lui faifant faire ce mou-
vement , qu'on apelle piroiieter.
La jambe La jambe fait quatre fortes de mouvemens : le
«lufcks pi'emier,celui d'exteniîon par le moyen de quatre
mufcles , qui l|3nt le droit , le vaftc interne , le
vafte externe , 8c le crural : le fécond , celui de
flexion ; par trois mufcles qui font le biceps , le
demi nerveux , & le demi-membraneux ; le troi-
fiéme , celui d'addudion par deux mufcles , qui
X. & dernière Démonfiratlon AnAtomlcjue. j^ i
font le coûtumier &: le grêle : & le quacrie'me ,
celui d'abciuclion par deux autres miifcles , qui
font \tfafcia Uta , ôc le poplhé oa jarret ier.
Le premier des extenfeurseft le droit,ainiI nom- t^i -
, ^ .1 r j • j • r Le droit
me 5 parce qii il a une ngure droite depuis ion
commencement jufqu'à fa hn^îl prend Ton origi-
ne de la partie antérieure & inférieure de l'os des
iies,& defcendant par le devant de la cuifTcjil en-
velope par Ton tendon commun avec les trois fuî-
vans , toute la rotule , & va s'inférer à la partie
fupericure &c antérieure du tibia.
Le fécond eft le vafte interne, ainll apellé,parce ^
qu'il fait cette grolîe malle de chair lituée au de-fnt^jQ^Î*
dans de la cuilfej il prend fon origine de la partie
interne &fuperieure du femur,un peu au dellous
du petit trocanter , & va s'inférer par un tendon
large &c commun avec le précèdent , à la partie
fuperieure & antérieure àa tibia.
Le troifiéme eft le vafte extemCjainfî nommé Le vafte
parce qu'il eft fitué au dehors de la cuilfeàl prend externe.
fon origine de la partie fuperieure & antérieure
du fémur , & va s'inférer avec les précedens.
Le quatrième eft le cruraljc'eft cette chair qui 8
eft attachée à l'os de la cuiifejComme le brachial ^ """^^ '
l'eftà l'os du brasril prend fon origine de la par-
tie antérieure & fuperieure du ftmar , entre les
deux trocanters & revêtant tout l'os de la culife,
il va s'inférer avec les trois précedensjfi bien que
ces quatre mufcles occupent le devant de la cuif-
f e , & ne faifant enfemble qu'un tendon fort lar-
ge , qui enveloppe la rotule , & qui fcrt de liga-
ment au genoiiil , ils vont s'atacher au haut du
gros os de la jambe , qu'ils étendent en la tirant
en devant.
Le premier des flcchifleurs eft le bicepj » ainlî 9
^ '^ Le biceps
s 9^ ^^^ Extrémité^ Juperîeuref,
nommé , parce qu'il a deux teees ; il prend fon
origine par une.'de Tes têtes , qui eft la plus lon-
gue de la partie inférieure de Téminence de l'if-
chion , & par l'autre de la partie extérieure Se
moyenne du fémur, lefquelles ic joignans enfem-
ble ne font qu'un mufcle ; qui fe va inférer à la
partie fuperieure & pofterieure de l'épiphife fupe-
rieure du péroné.
Le fécond efl le demi-nerveux y ^\r\Ç\ nommé.
Le demi- parce qu'il n'eft pas tout-à-fait charnu, & que
neitcux. ç^ fubffcance tient de la nature du nerf : Il prend
fon origine de l'éminence de l'ifchion , & va
s'infcrer à la partie fuperieure &c pofterieure du
t'ibïa.
j^ Letroidéme eft le demi- membraneux, ^infi nom-
Lcdemi- mé , parce qu'il tient en quelque façon de la na-
pTcmora- ^^^^.^ j^^ membraneu>::ll prend fon origine de Té-
niinence de l'ifchion , Ôc va s'inférer à la partie
pofterieure de l'épiphife fuperieure du tibia : Ces
trois mufcles font fîtuez dans le derrière de la
cui(re,& en agiftant ils font fléchir la jambe qu'ils
tirent en arrière.
jj Le premier des abdu6lcurs eft le long , ainfi
Le long, nommé , parce qu'il eft le plus long raulcle qui
foit au corps ; où le couturier , à caufe que c'eft
lui qui fait ployer la jambe en dedans , de la
manière que font les Couturiers pour travailler.
Il prend fon origine de l'épine fuperieure & an-
térieure de l'os des îles , & va s'inférer oblique-
ment à la partie interne (Se fuperieure du tibia,
qu'il tire en dedans.
15 Le fécond eft le grefle , ainfi nommé , parce
Le gccfle. q^.ji ç^ f^j^j. j^ejj^^.j[ prend fon origine de la par-
tie antérieure & inférieure de l'os pubis , & va
Vinferer en defcendant par le dedans de la cuiiTe
à
14
X, & àernUre Dêmonflratlon Amttomlcjue. y 9 5
à la partie fupeneure incerne de l'os de la jambe:
Ces deux mufcles font l'abdii6tion de la jambe en
la menant en dedans.
Le premier des abducteurs efl le membraneux A
ou faicia, lata , ainfi apellc , parce qu'il efl fait /<*r<»
comme une bande large qui envelope les mufcles
de la cuilTe.ll prend fon origine de la partie exter-
ne & latérale de la lèvre de l'os des îles,& va s'in-
férer par une membrane fort large à la partie fu-
perieure & externe du peronéj<Sc il defcend quel-
quefois jufques deiïus le pied.
Le fécond eft le poplité ou jarntler,amCi iç
nommé , parce qu'il eft placé fous le jarret. Il ^^^^^^ ^'^'
prend fon origine du condile externe &c infé-
rieur du fémur , &c va s'inférer obliquement
de dehors en dedans à la partie fuperieure & in-
térieure du tibia : Ce mufcle eft de figure
quarrée , ÔC conjointement avec le membraneux,
il fait l'abdudion de la jambe , en la cirant en
dehors.
Le pied n'a que deux mouvemens principaux ; ^^^p>^<^ *
pourleiquels lia neut mulcles : il lait celui de des.
flexion par le moyen de deux mufcles , qui font
le jambier & le peronier antérieur : Il fait celui
d'cxtenfion par le moyen de fepc mufcles , qui
font les deux gémeaux , le folaire , le plantaire,
le jambier pofterieur , & les deux peronierspofte-
rieurs.
Le premier des fléchifteurs eft le jambier ante- Lc^iam-
rîeur , ainfi nommé , parce qu'il eft placé le long bierancc-
du principal os de la jambe ; ce qui le fait apeU
,1er par quelques-uns tibial. Il prend fon origine
de la partie antérieure ôc fuperieure du tibiaj&
va s'inférer par deux tendons, qui paftent fous le
ligament annulaire , donc l'un s'attache au pre-
pp
rieur.
17
Lt pero-
rier ance
iicui;.
iS iS
Les RC-
ir.caux.
, Ï9
Le folai-
tt.
te plan-
caiie.
594 Des Extrémitezfuperieures,
roier os cuneiformCj& i'aucre à l'os du metatarfe
qui foutient le pouce.
Le (econd ell le peronîer antérieur , ainfi ap-
pelle 5 parce qu'il accompagne le peric os de la
jambe, que l'on nomme péroné: Il prend fon
origine de la partie excerne & moyenne du pé-
roné , <5c pairànt par la fence qui cft fous la mal-
léole exteriture, va s'inférer par devant à Tos
du meratarfe qui roùtient le petit doigt ^ Ces
deux mufclcs tirant le pied en devant le font
fléchir.
Le premier & le fécond des cxtenfeurs font les
deux gémeaux , ainfi appeliez , parce qu'ils font
femblables en tout,& placez à côté l'un de l'autre.
Ils prennent leur origine de la partie pofterieure
des deux condiles inférieurs de l'os de la cuiire,&:
fe vont inférer par un tendon commun avec les
deux fuivans à la partie pofterieure & fupericure
de l'os du talon ; ce font ces mufcles avec le fui-
vant qui forment cette grolTcur , que Ton apelle
le gras de la jambe.
Le tioifîéme eft le folâtre ^^InG apcllé,parce qu'il
reiremble à un fole^il eft placé fous les gémeaux,
ôc prend ion origine de la partie pofterieure &c
fupcrieure tant du tibia que du péroné , & con-
fondant fon tendon avec celui des gémeaux , il
va s'inférer à l'os du talon.
Le quatrième eft \e plantaire, alnfi nomm.é,par-
ce qu'on veut que l'extrémité de fon tendon s'aille
perdre dans la plante du pied.Il eft petit & caché
encre les gémeaux & le folaire:ll prend fon origi-
re du condile externe de l'os de la cuift'e,& con-
fondant fon tendon qui eft fort grefle,avec celui
des trois précedens,va s'inférer au même endroit,
l'on appelle cette corde le tendon d'Achilles ,
X. & dernière Dêmonftration Anatom. ^^j
parce que l'on dit qu'il mourut d'une bleflure
qu'il y avoic reçue. Les playes de cette partie
font fore dangereufes , & caufent de fâcheux ac-
cidcns.
Le cinquième efl le jambier pofterieurjil prend ^^
fon origine de la partie pofterieure de l'os de la bicr pode-
iambe , & s'étendanc le long d'icelui , & palfant f'cur.
par la fente qui eft à la malléole interne,il va s'in-
férer à la partie interne de l'os fcaphoide.
r r •! o r •' r I • Les pero-
Les Iixieme & (eptieme iont les peroniers po- mers t'of-
fterieurs,nommez le lotjg &c le court ; dont le pre- ic"turs.
mier prend fon origine de la partie fuperieure &c
quafi antérieure du péroné , & va s'inférer à la
partie fuperieure & aucunement extérieure de l'os
du metatarfe qui foûtienc le pouce j & le fé-
cond prend fon origine de la partie plus infé-
rieure du même péroné , & va s'inférer à l'os du
metatarfe qui foûtient le petit doigt j lorfque ces
fept mufcles agiiFent , ils tirent le pied en arrière
& ainfi ils en font faire l'extenfion. Il ne faut pas
vous étonner s'il y a fept extenfeurs contre deux
fléchllfeurs ; c'eft en quoi la mécanique du pied
eft admirable , parce que ce grand nombre des
mufcles qui tirent le pied en arrière, &c qui em-
pêchent que l'homme ne tombe en devant , étoic
necelfaire pour contre-balancer le contre de pç-
fanteur qui fe jette en avant lors qu'il marche ,
& deux fuffifoicnt pour faire la flexion du pied,
qui naturellement ne fe fléchi: que trop en mar-
chant.
Le pied , outre la flexion ôc l'extenfion , fait .^,' • ^"^^
encore les mouvemens d'adduâiion de d'abduc- fi s'.^'pro-
tion ; mais il n'a point de mufcles particuliers f^.^- '''"
pour les taire : Quand un extenleur & un fle-
cliilfeur du même côté agiflent comme les jam-
pp ij
J9^ Des Extrémités, inférieures 3
bicrs antérieur &c poftsiieur , le pied fe porrc en
dedans j & c'efl: l'adduâ:ion ; & quand ce font
deux peronicrs , le pied rejette en dehors,<3c c'eft
l'abduétion.
Les or- Les orteils , qui font les doigts du pied, font
\^.nc,°"' leurs mouvemensà la faveur de vingt-deux muf-
«icux mui clés, dont il y en a leize communs,qui font deux
' "* extenfcurs, deux fléchUreurs , & huit interoilèux
& lîx propres , dont quatre font pour le poûcejun
pour le fécond doigt , & le fixiéme pour le petic
doigt.
ti Le premier des extcnfeurs eft apellé exteti^
feiir^con-'- P^''^ commun , parce qu'il étend quatre doigts. Il
inuD, prend fon origine de la partie fuperieure & anté-
rieure du tibia,à l'endroit où il fe joint au péroné,
puis defceniant le long du péroné , fe divifant en
quatre tendons, & palfant fous le ligament annu-
laire.va s'infercr aux quatre articulations des qua-
tre orteils qu'il étend.
15 Le fécond eft le pedleux , ainfi nommé , parce
LcpcuicuT qy^j[ ^.Q. placé fur le pied. Il prend fon origine de
la partie inférieure du peroné,& du ligament an-
nulaire , &c fe divife en quatre tendons qui s'infe-
reni à la partie externe de la première articulation
des quatre orteils : Ces deux mufcles agilîant en-
femble leur font faire i'extenfion,
T ^* , ,. Le premier des fléchifleurs eft le fuhlime y ainfi
Le iiibli- r^ .-1/11 • 1 •
me. nomme , parce qu il eft plus extérieur que celui
qui fuir. Il prend fon origine de la partie inférieu-
re & interne de l'os du talon: il fe divife en qua-
tre rendons troiiez qui vont s'inférer à la partie fu-
perieure des os de la première phalange des quatre
orteils pour les flcchiriCe mufcle eft placé fous
la plante du pied,
Lc^pro. ^^ fécond eft le profond , ainû apellé , parce
X. & dernière Demonfiratîon Anatom, 597
qu'il palfe plus profondément que le procèdent.
Il prend Çovi origine de la partie fuperieure &
poderieure du tibia & du péroné , & porté fous
la malléole interne par la finuofité du calcaneum
fait quatre tendons , qui palfant par les trous des
tendons du fublime vont s'infercr aux os de la
dernière phalange des doigts : Ces mufcles agif-
fanr enfemblc fléchiirent les quatre plus petits
doigts du pied.
Les cinquième, fixiéme , TeptiémeiSc huitième n,:^!'^!.*
mufcles communs font les quatre lumbricauXjain-
(i nommez à caufc qu'ils rellemblent à des vers
de terre : Ils prennent leur origine des tendons da
profond,& d'une malfedc chair qui eft à la plan-
te du pied , & s'unilTant par leurs tendons avec
ceux des interoffeux internes , vont s'inférer à la
partie latérale ôc interne des premiers os des qua*
tre orteils.
Les neufs, dix , onze, douzième mufcles font te? in-
fcs interolleux internesjce font ceux qui remplif- !^" "^'^^
fent les quatre efpaces internes qui font entre les
cinq os du metatarfe : Ils prennent leur origine
des os du tarfe , & des intervalles des os du meta-
tarfe , ôc fe vont inférer avec les lambricaux à la
partie fuperieure & interne des os de la première
articulation des quatre doigts qu'ils amènent vers
le pouce.
Les treize , quatorze, quinze & fciziéme muf- Lr<;întcr-
cles font les interoireux externes : Ils prennent " "^^ '^^^
1 • • j 1 • r • j • cernes.
leur oiigmc de la partie liipeneure des inter-
valles des os du metatarfe, & fe vont inférer à la
partie latérale & interne des premiers os des
doigts qu'ils éloignent , en leur fâifanc faire l'ab-
du dtion.
Le pouce ou le gros orteil fait fes mouvcmens Le gros
1, ... os.
59^ Des Extrêmitez. fuperteures i
tctl a nir- particuliers , qui font de flexion , d'cxtcnfion •
trcmulcks S, jj o- o j^ i j rt» i t
d adduction oc d abduction, par le moyen de qua-
tre mufcles qui lui font propres.
_ ^9 Le premier eft fon fléchiflèur propre : Il prend
Le fie- ^ f . j , . A • o r • .j
clmrc-ur JO'"* origme de la partie poltericure & luperieure da
propre. péroné , & s'avançant par la malléole interne à la
plante du pied , va s'inférer à l'os de la dernière
phalange du pouce qu'il fléchit.
17 Le fécond eft fon extenfeur proprc:Il prend fon
L cxten- origine de la partie antérieure & fuperieurcdu pé-
pie. ioné,entre le tibia & le péroné, & fe traînant par
dclTus le pied , va s'inférer à la partie fuperieurc
^u premier os du pouce pour l'étendre.
- *^ Le troifléme eft le tenar ou abduBenr : Il prend
Le tcnar. ^ . . ., ., \ o • j
ion origine de la partie latérale ex interne de
i'os du talon , des os fcaphoides 5c innorainez ,
& couché extérieurement fur l'os du metatarfc
qui eft fous le gros orteil , va s'inférer à la partie
fuperieure du deuxième os du poûce^qu'il amène
en dedans.
, 19. Le quatrième eft l'antl-tenar ou abduEleur : Il
diui'te- p^gj^^ Çq^ origine de l'os du metatarfe , qui fou-»
tient le petit orteil j ScpalTant obliquement furies
autres os , va s'inférer par un fort tendon à la par-
tic interne du premier os du pouce , qu'il tire eu
dehors vers les autres orteils,
îo Le cinquième des propres & l'abdudteur de
Latduc l'jn<;jice , eft un mufcle particulier pour l'orteil,
reui ce ' r r
l'inacs. qui tient la place du doigt indice: Il prend ion
origine delà partie interne du premier os du pou-
ce, & s'infère aux rangées du fécond orteil , qu'il
mené vers le pouce.
?^ Le fixiéme & dernier des mufcles propres,
rar ouai- auflî bien que ceux de tout le corps eft l'hypo-
duiuur tenar ou abdu(fteur j il eft particuHer pour le petit
aar.
X, & dernière Vémonjiratîon Anatcmlque, J99
orteil , & prend fou origine dr la partie externe
de l'os du metatarfe , qui foûtienc le petit orteil,
& va s'inférer à la partie fupcrieure & externe des
os du petit orteil qu'il éloigne des autres.
Si vous examinez bien la ftru6lure du pied , La ftruc-
vous connoîtrez que l'homme ne pouvoir avoir ^^}\ <Ju
un mltrumenc plus commode pour marcher , oC
pour fe tenir droit , ni qui fût plus convenable
à toutes inégalitez fur lefquelles il falloic qu'il
marchât,cette cavité qui eft au milieu de la plan-
te du pied fait qu'il fe tient ferme aufîi-bien en
marchant qu'en demeurant debout. La flexion
du pied fait qu'il monte aifément les montag-
nes , & l'exteniîon fait qu'il defcend ; l'un &
l'autre s'accommodans à la difpolîtion du ter-
rain.
Je vous ai démontré cous les mufcles,&: comme , Denom-
ce font les parties que les Chirurgiens doivent le dcsmaf-
mieux connoîtrcjje vais vous en faire le dénom- j^'cj (don
I brement dans la Table fuivance : elle foulagera cicns.
beaucoup la mémoire des jeûnes gens qui s'apli-
quent à la Chirurgie ; & leur donnera moyen de ^" ^°
^ . 1 1 ^ 1 A compte
retenir le nombre que les Auteurs en comptent 414.
ordinairement. En voici le calcul.
Du front , X Dularinx, 14
De l'occiput, 2 Du pharinx , 7
Des paupières, 6 De l'os hyoide, 10
Des yeux, \% De la mâchoire infer. 1 z
Du nez, 7 De la tête , 14
Des oreilles externes, 8 Du cou , G
Des oreilles internes, 4 Des omoplates , 8
Des lèvres, 15 Des bras , 18
De la langue , 8 Des coudes , \ S
De la luette , 4 Des rayons , %
P p iiij
6oo Des Extrémltez. fuperteuref.
Des carpes, ,i De la verge ,
Des doigts, 48 De l'anus.
De la rerpiratîon , jy DescullFes,
Des lombes, 6 Des jambes,
DeTabdomen, 10 Des pieds ,
Des teflicules, i Des orteils ,
De la veflie , j -
4
z
30
22
iS
44
Total 434.
^^rl^"" ^'"' ^^ ^^"^'^^ ^" mufcles on a dit que ~
comp- iTiodcrnes en comptoient cinq cens vinat-neuf ,
IrTcîe^s'^' '^^^^,^"^f^^-v^*"gf-quinze qu'ils en admettent plus
' »'^"- que les Anciens^ Ce qui vient de ce que les muf-
cles que l'on a cru /implesjfont compofez de plu-
iieurs autres ; comme , le deltoïde de douze , &c.
Amfi les Auteurs ne s'acordent pas fur un nom-
bre certain ; ceux qui l'augmentent d'un mufcle
leul , ils en font plufieurs , & ceux qui le dimi-
nuent de plufieurs n'en font qu'un. Je confeille-
rois pourtant de s'en tenir à celui qui eft marqué
dans les deux colomnes que nous en avons faites.
Si ce n'eft pas le plus parfait, c'eft au moins le
II rcftc ^ univerfellement reçu,
encore à ^^^ ^^ ois parties que j'ai entrepris de vous faire
l'AnïoIo .^"^[''^^"s "«e Anatomie , qui font la Solancno-
gic. Jf g'Ç , & la Miologie , & l'Angîologie,la Démon-
Itrationque je vous ai faite de tous les vifceres
contenus dans les trois ventres , vous a fufEfam-
irient inftruits de la première partie: je viens d'a-
chever la féconde par l'examen des mufcles de
rexrrémité inférieure ;' il s'agit à prefent de finir
la troifiéme, en vous montrant les vaifTeaux qui
Pf $ aé. 5.'^"*^°"f*'ent «îans cette même extrémité.
n6al tcz^" ^'°"s devez vous être aperçus que tout le tems
fcaui.^''^* "^f "°^ Démonftrations a été également rempli ;
c'clt pourquoi je ne vous ai encore rien dit des gé-
X, & dernière Démonfratton Anatom, 60 1
néralitez des vailTeaux , & j'ai différé à vous en
parler jufqu'aujourd'Iiui , afin que cette Démon-»
ftration , quoique la dernière, ne fût pas la moin-
dre, & qu'elle renfermât, aufîi-bien que les au-
tres des paruicularitez dignes d'être vues &c enten-
dues. Il ne me refte donc plus qu'à vous montrer
les nerfsjles artères & les vénes de l'extrémité in-
ferieurejc'eft ce que je vais faire,aprés vous avoir
dit en peu de mots ce qu'il faut obferver en gé-
néral fur chacun de ces vailTeaux.
Les nerfs font les organes du fentîment , font . néfîni-
des corps longs , ronds & blancs , envelopez de n«f$,"
deux membranes faites de la dure &: de la premiè-
re , & compofez de plufieurs fibres qui viennent
toutes àQS çlandes de la fubftance corticale da
cerveau & du cervelet , & qui étant unies en-
fcmble font la moelle allongée dans le cerveau &
la moelle de l'épine dans les vertèbres.
Pour connoître parfaitement la ftrudure des â^zi^^l^'^
nerfsjil faut y confiderer trois chofcs. Première-
ment la moelle , ou la fubftance intérieure , qui
s'étend en forme de filets depuis le corps corti-
cal & le cervelet jufqu'aux extrémitcz des mem-
bres. Secondement , les membranes qui envi-
ronnent les petits filets , & compofent les tuyaux
dans lefquels ces petits filets font enfermez. Et
en rroifiéme lieu , les efprits animaux , qui étant
poitez par les mêmes tuyaux dépuis le cervelet &
la moelle de l'épine jufqu'aux mufcles, font que
les filets rendus ne peuvent être touchez, fans que
les mou vemens qu'ils en reçoivent ne foîent trantt
mis au cerveau j ce qui fait ce que nous apellons
fenrimenr.
Ce Phénomène s'éclaircira mieux par la corn- s'iU y a°dc$
paraifon fuivante ; Nos yeux ne nous font point favitez
- ' * dans les
nerfs»
6oi Des Kxtrêmttez. Juperîeures,
découvrir de cavicé dans les nerfs j comme dans
les artères & dans les vénes néanmoins il eft:
certain qu'il y en a ; car de même que dans le
tronc d'un arbre nous ne voyons point de con-
duits aparens par où cette liqueur , qu'on ap-
pelle la lèvre , foit portée de la racine de l'arbre
jufqu'au plus haut de fes branches , les fibres li-
gneufes; que l'écorce entoure fervans de canaux
à cette fève pour la diftribuer dans tout le corps
de l'arbre ; il faut concevoir que la même choie
fe paiïe dans les nerfs : ils ne font pas feulement
compofez de plufieurs petits filets , qui prenans
leur origine du cerveau , vont fans interruption
jufqu'aux mufcles les plus éloignez : ils font aufli
cnvelopez de membranes , qui font le m.ême offi-
ce que l'écorce fait à l'arbre },de plus ces petits
filets fe trouvans renfermez dans des tuyaux
pleins d'efprits & de fuc animal , qu'ils conduis
fent dans le corps des mufcles , y caufent l'en-
flure & la contradion , parce que ces efprits &
ce fuc animal ne manquent pas de fe faire pat-
fage ; y étant déterminez par l'impulfîon qui fe
fait dans le cerveau fur l'extrémité de ces fii-
lets.
moëUc *de Quant à la moelle de l'épine , elle commence
l*é|>iac. à la fortie du crâne , & finit à l'extrémité de l'os
facrum : Elle eft dans tout le chemin qu'elle
fait , défendue par toutes les vertèbres , qui lui
donnent paflage par une cavité qu'elles ont dans
leur partie moyenne , toutefois il ne faut pas
vous imaginer que cette moelle ait dans toute fa
longueur la même grolFcur qu'elle a en fortanc
du crâne j car elle diminue' non feulement à me-
furc qu'elle jj'eii éloigne , mais aufli à mefure
X. & dernière Vémonfiratton Anatom» Cc>f
qu'elle diftribuë les nerfs qui en forcent à droi-
te & à gauche,depuis fon commencement jufqu'à
la fin.
Ceux qui ont comparé la moelle de l'cpine à La mocN
une queue de cheval,difent qu'elle eft un faifTeau n^ rcÀJiîj'
compofé d'une infinité de filets qui fe continuent blc à une
dans route fa longueur j de même que la queue ^jJJL"^ *^*
eft un failTeau de plufîeurs crins continus d'ua
bout à l'autre ; Et comme la queue n'eft pas fî
grofle vers fa fin que dans fon commencement ,
parce que tous les crins ne vont pas jufqu'au bou£$r
aulli la moelle de l'épine diminue à mefure qu'une .
partie des filets qui la compofent s'échapent,n'al-
lant pas tous jufqu'àfon extrémité , comme vous
le pourrez voir fi vous tirez une mj^dulle fpinale
des vertèbres , & que vous la fecouiez un peu :
Vous conviendrez alors qu'elle relTemble alTez
bien à la queue d'un cheval.
Des trente paires de nerfs qui forment la moelle T'<^nt*
i u I • 9 ' r 1 •/■ paires de
de repmCjOC qui en lortent parles trous qui lonc nerfs qui
entre chaque vertèbre , nous avons vu lesfept du «ûforicnc
cou ; il nous faut à prefent voir ceux du dos , des
lombes , & de l'os facrum.
Les douze paires de nerfs qui fortent des ver- L,-^°"l*
tebres du dos lont les plus petites de toutes ; aum nerfs for-
ne font-elles pas un grand chemin ; car elles ne ^«"f P^r'^*
rr I • c J 1 • • m vertèbres
palient pas la circonrerence de la poitrine : Elles du dos.
fe dîvifent chacime en deux rameaux , Tan grand
qui eft celui de devant , & l'autre petit , qui eft
celui de derrière. Ceux de devant fe diftribucnt
dans chaque efpace intercoftal aux mufcles inter-
coftaux externes, & internes,& donnent auiîî des
rameaux aux mufcles de la poitrine , <Sc aux obli-
ques defcendans de l'abdomen. Ceux de der-
rière fe recourbent , & vont fe perdre dans les
^04 Des Extrémités Juperleurejy
TOufcles qui font adheians aux vertèbres & dans
ceux du dos.
Cînqpai. l^s cinq paires qui fortent des lombes font
les des plus groUes que les précédentes; elles le divitent
lombes, aufli chacune aux deux rameaux , l'un antérieur,
& l'autre pofterieurjlefqoels fe diftribuent en par-
tie dans les mufcles des lombes , & de l'hypoga-
ftre , & en parrie dans ceux de la cuifle j Voici à
peu prés leur dillribution.
Les prc- La première paire des nerfs des lombes donne
tnicr.s iesun rameau qui va fe perdre dans le diaphragme ,
&- refte dans les mufcles des lombes & de l'abdo-
men.
Lafccon- La féconde donne un rameau aux vailTcaux
^' fpermatiques ; & le furplus , qui eft la plus gran-
de partie , va aux mufcles de la cuiflTe , & de la
jambe.
la rroi- La troifiéme donne des rameaux qui fe répan-
^^^' dent dans les mufcles des lombes , &: le refte ac-
compagne la faphene, & fe perd dans les genoux
&C dans la peau qui les couvre.
Laqu»- La quatrième eft la pUisgroffe de toutes ; elle
tnemc. ^^ ^^^^ mufcles antérieurs de "la cuiiTe & de la
jambe jufqu'au genou.
La cin- La cinquième paife par le trou de l'os des han-
quiéme. ches,elle diftribu'e des rameaux à la vcrge,au coii
de la matrice , & la vcflie , & le furplus va fe
perdre dans les mufcles' de la cuiffe.
rcsdcnafs L'os facrum donne ilTue à fix paires de nerfs -,
qui forcent quoi qu'il n'ait que cinq trous de chaque côté ,
crurâ*'^ nous y comprenons pour faire le fixiéme , celle
qui fort entre lui & la dernière vertèbre des lom-
bes.Souvcnez-vous que nous avons compté pour
la première paire, celle qui fort entre l'occiput &C
la première vertèbre j qu'enfuite nous avons
X. & dermere "DémofiflratUn AnMom. 60^
compté autant de paires qu'il y a de vericbres au
cou , au dos,& aux lombes,& qu'ainfî nous com-
prenons avec l'os facrum,celle qui fore au delTous
de la dernière veitebre des lombes.
Des fix paires de l'os facrum , il n'y a que la i[^°Q'J,*j'î'
première paire qui forte par la partie latérale; les cenc.
cinq autres forcent par devant ôc par derrière ,
parce que l'articulation qu'il a par fes parties la-
térales avec les os des îles,empêche qu'il ne foie
percé en ces endroits j en recompenfe il eft par
devant ôc par derrierejon y remarque vingt trous
fîx antérieurs & fîx pofterieurs-, des uns auili bien
que des autres jil y en a cinq de chaque côté par
où fortenc autant de nerfs.
La première paire de l'os facruth fe divife,com- M prc-
me celles des lombes ; en deux rameaux, l'un an- ro"{^crum
teneur, & plus grand qui vient en devant,«S(: l'au-
tre pofterieur & plus petit , qui fe perd dans les
mufcles voifins.
Les feconde,troifiéme ôc quatrième paires fe di- Li Tecon-
vifent ciiacune en deux rameaux , donc les ante- ^è & qVa*
rieurs & très-gros defcendent dans les cuilTes ôC «icmc
dans les jambes ; & les pofterieurs, qui font plus
petitSjfediftribuent comme les lombaires dans les
parties pofterieures les plus voiiînes.
Les cinquième &c fixiéme paires font les plus quiémc'âc
petites,elles fe divifent comme les précédentes en U lixiémc.
antérieurs & en pofterieures , qui vont toutes fe
perdre dans les mufcles de l'anus , au cou de la
vcfïie,&: dans les parties honteufes,tautde l'hom-
me que de la femme.
L'extrémité de la moelle de l'épine finit par pa^c™"^
un nerf, qui fortant par un trou qui eft pofte-ncrhde
ricurcment à la fin de l'os facrum , va fe dirtri- ^^^^'
?o(? Ties ÉxtYemttez fnpeneure! ,
buer à la peau qui cft entre les felTes, & à l'amis,
mais comme il jette des rameaux qui vont juf-
qu'aux mufcles de la cuilTe , & qui vont à droite
&: à gauche , on en pourroit faire une partie en
particulier.
Quatre Les plus gros rameaux des trois paires infe-
*S vJli?^* Heures des Ipmbes , & ceux des quatre fupeiieu-
dans l'cx- resde l'os facrum fe joignent les uns aux autres en
ferkufc!"* dtfcendant en bas , & forment les nerfs qui vont
aux cuifl'es , aux jambes , Se aux pieds,& tous en-
femblc font quatre branches de nerf, dont il y en
a deux qui ne patTent pas les cuifles , un qui va
finir dans la jambe,& la quatrième qui va jufqu^au
% 5 La première branche qui defcend aux cuiOeSjeft
•«VJ^I; formée de la troifiémc & quatrième paire des lom-
niicic pal- , * . *■ r J*/l *
rc des cuir- bes , & partant proche le petit trocanter,ie diltri-
^"' buë aux mufcles & à la peau de la cuiire,ô^ à quel-
ques-uns de ceux qui font mouvoir la jambe,& fe
prend toute au dellus du genou.
, S4 La féconde branche fortant du même endroit
lï kcon- ^jefccnd par les aînés à la cuilTejelle accompagne
^ ' la véne & l'artcre crurale,& fe diftribuë aux muf-
cles de devant , à la peau de la cuifle , 5c autour
du genou : elle jette un rameau confiderable qui
accompagne la fphene jufquà la malléole interne
où il fe perd. , ,
3^ La troifiémc branche fort d'entre la quatrième
tattoifîé-&la cinquième vertèbre des lombes» & palTant
*^- par le trou qui eft à la fin de l'os pubis , elle fe .
diftribu'd aux mufcles du haut de la cuifle , aux
parties honteufes, & principalement aux mufcles
qui prennent leur origine de l'os pubis , com-
me aux triceps i elle fe perd dans la peau des
aînés.
X. & dermere Vémonflratîon Anatomic^ue, Goj
La quairiéme branche, qui eft la plus grofle & i6
la plus longue de toutes , eft auffi la plus dure, ^^.^^ua-
Elle eft formée des quatre nerfs fuperieurs de l'os
facrum , qui joints enfemble font un ^ros nerf ,
que l'on nomme crural,6c qui ayant paiFé proche
l'éminence de l'ifchion , defcend tout entier au
jarret , où il fe fend en deux gros rameaux , donc
l'externe va de la partie extérieure du pied aux
mufcles du péroné , & fe refléchiftanc vers la che-
ville externe , y finit \ ôc Tinterne^qui eft le plus
grosjdefcend le long de la jambe aux mufcles du
pied , & fe diftribuant à la malléole interne va fe
perdre dans la plante du pied,&: à tous les doigts
par deux rameaux qu'il leur donne à chacun.Voi-
la tout les nerfs cxpHqués.
Vous connoifTez allez les artères pour fçavoîr Dèfîni-
que ce font des vailfeauxlongSjronds & creux qui ''°" dat-
ent leur commencement au ventricule gauche du ""*
cœur,oLi ils reçoivent le fang qu'ils diftribuent par
toutes les parties du corps.
Tous les Anciens ont crû que les artères né- ^«^«e-
* • ri 11. ^^^ (ont
toient compolees que de deux tuniques i mais les quatrctir.
Modernes qui les ont examfnées de plus prés, en "*^"^«»
ont trouvé quatre, dont la première eft ner-
vcufe 3c déliée, ayant fa fuperficîe extérieure
remplie de pluiîeurs petits répandus de tous
cotez, &fa fuperficie intérieure .iftuë de petites
artères & vénes , dont les extrémicez penetrenc
les autres>1liembranes. La féconde eft alandu-
leu fe ôc a^erenre à la première j elle eft parfe-
mée d'une infinité de petites glandes blanchâtres:
La troifiéme eft mufculeufe , étant tiftee de plu-
sieurs fibres annulaires artangées les unes à côté
des autres. La quatrième eft une tunique trcs-
déliée , dont les fibres hni en droite ligue , cm*
6o 8 Des Extrémltez ptpertettres ,
pant les fibres annulaires de la troifiéme a angles
.ciroicsjces fibres font aparentes dans l'aorte pro-
che du cœur.
TJ'"3fr« Ceux qui nous ont fait remarquer ces quatre
dccesqua- différentes tuniques aux artères, nous difent que
ques.''"* ces petites arterioles portent le fang necelïaire
pour la nourriture de ces tuniques,que les véna-
les reprenentle fuperflu pour le reporter au cocuri
que les glandules iéparent les ferofitésjde ce même
fana,& enfin que les petits nerfs verfent dans les
fibres mufculeufes de ces tuniques des efprits ani-
maux , qui fervent à entretenir le battement con-
tinuel des artères.
Du batte- Le battement des artères , auflTi-bien que celui
mcnr des j^ cœur, confifte dans ces deux mouvcmcns que
*"'"''' nous avons apellez dlafiole ^ fiftole , kfquels-
étant pareils à ceux du cœur , fe font mécanique-
ment comme les fiens , tant par la ftrudure^ des
fibres des arceies,quc par le fang même,qui étant
poufTé avec violence par la contra6tion des fibres
mufculeufes du cœ-urdans l'aorte,dilate les fibres
droites & circulaires de fes tuniques , qui par un
mouvement de rclTort fe rcmettans enfuite dans
leur premier état , continuent à poulTer le fang
vers les extrémitez des artères , à mefure qu'elles
le reçoivent du cœur,
le batte- On ne peut pas douter que le battement des
îîïrVs" ;. artères ne réponde à celui du cœur ■ on en fera
eciui dû convaincu en mettant une mam fur l^egion^ du
^'^"^' C6£ur , & tâtant le poulx de l'autre "W la même
perfonne,parce que l'on fentira que les pulfations
de l'un fe font en même tems que celles de 1 au-
tr • que fi Ton découvre une artère à un animal
vivant, & que l'on y falfe une ligature , le batre-
ment cefTera à cette artère au delTous de la liga-
ture.
X. & âern, "Démonflratlon An Atomique, Co<)
tiire , & fe concinuera au defsusj ce qui fera con-
noicre que les arreies ne battent pas par une ver-
tu elallique particulière qu'elles ayent , mais par
l'impulfion du fang que le cœur lance dans leurs
cavitez.
\.t^ ufages des artères font Ç\ e'videns , qu'il ne Ufagcs
faut pas un grand raifonnement pour les prouver, <^"*""c»«
vous voyez qu'elles font autant de canaux qui
ayans reçu du cœur le fang , le vont porter & ré-
pandre par toute la machine pour la faire fubfi-
fter : & que (ans cet efprit de vie qu'elle reçoit
fans ccfse par un million de petites artères 3 elle
periroit bien-tot.
La Mécanique dont la nature s'efl: fervîe en fa- La nature
briquant le cœur 6c les artères , cft fi belle qu'elle cft«^*mpo-
' / 1 j I j y\ j 1 r les dans la
a ete le modèle de ce qu il y a de plus lurprcnant machine
dans les machines que l'homme a inventées. La ^*^ Mirly,
nature a été fimplement copiée dans le mouve-
ment circulaire du fang , par celui qui a fait cette
grande machine de Marly , avec laquelle il fait
monter l'eau de la Seine jufques fut une des plus
hautes montagnes voifines.Toutes les circonftan-
ces qui fe trouvent dans la circulation du fang,fc
rencontrent dans cette machine : & je vais vous
les faire obferver en peu de mors.
Une grande roue' tourne fans cefle , parce Preuves
qu'elle eft difpofée de telle manière que l'eau la ^,|^ ".'*
frapant , elle ne peut s'empêcher de tourner, fon
mouvement poulie cette eau dans un conduit , &
l'oblige par fes différentes impuUions d'aller juf-
qu'au bout non feulement de ce conduit , mais
encore de tous ceux qui y aboutilTent , & d'en
fortir par leurs extrémitez pour faire joiier toutes
les fontaines de Verfaillcs. Cette roue reprefen-
te le cœur , les conduits font l'office de artères \
Q.1
6 1 o Des Extrémltez, fuperieures ,
les différentes reprifes qui poulfent l'eau, font le
même effet que le diaftole Se le iîftoleiles Fontai-
nes qui jouent refï'emblent aux mufcles dans lef-
quels le fang eft verfé : les décharges de ces Fon-
taines , qui raportent dans la Seine l'eau qu'elles
ont reçue . imitent les vénes qui reçoivent le fans
verfé dans les parties pour le reporter au cœurjôc
enfin cette même eau frapant derechef la roue,
fait que par fon mouvement elle la rcpouffe dans
les mêmes conduits , pour faire encore le même
chemin qu'elle a déjà fait. Tout ceci cfl la figure
du fang reporté qui fait mouvoir le cœur , & qui
eft par lui renvoyé dans toutes les parties^Sc ainiî
continuellementxe qui entretient ce mouvement
circulaire qui nous fait vivre. Et tout de même
que le fang a befoin d'être reparé par l'aliment ,
pour remplacer celui qui s'employe pour la nour-
riture des partieSjde même il faut que la fource de
la Seine fourniffe une nouvelle eau pour fupléer
au défaut de celle qui s'eft confumée ôc perdue
dans le chemin qu'elle a fait.
37 Après que le tronc de l'artère iliaque eft forti
rc crurale, du bas ventre , il criange de nom , oc s apelle
crural aufïï-tôt qu'il eft entré dans la cuilfe j c'eft
cette artère qui porte & diftribuë le fang dans
toute cette extrémité par une infinité de bran-
ches qui fortent de fon tronc , à mefure qu'elle
aproche du pied où elle finit. Et entrant dans la
cuilfe elle produit trois ou quatre petits ra-
meaux qui n'ont point de nom , lefquels fe per-
dent dans la peau & dans les mufcles du haut ôC
du devant de la cuiffcimais quatre ou cinq doigts
au delfous de l'aîne , l'artère crural produit trois
orolfes branches.
La première eft apellée mufculaire interne ,
&
arrcre
iic
X. & dernière Démonfiranon An^tomlque. 6ii
parce qu'elle eft dans les mufcles intérieurs de la 3^
cuifle ; elle jette d'abord quatre branches qui muicula
vont , la première, pofterieurcment dans lesmuf- incerne.
clés abduàeurs de la cuilfe , dans la tête du tri-
ceps , dans celle des biceps , des demi- nerveux &
des demi-membraneux j la féconde , dans le haut
du triceps , la troiiiéme ôc la quatrième dans le
corps du triceps, & dans le greflcEnfuite le tronc
de cette mufculaire fe dlvife en trois rameaux ,
dont le premier après avoir palTé à la fin du troi-
fîéme des triceps , fe perd dans le demi-membra-
neux:le fécond paffe fous l'os de la cuiire,& fe perd
dans le vafte externe : & le troidéme defcendanc
en bas jette des rameaux à la fin du croifiéme des
triceps , & fe perd dans le demi nerveux, & dans
la tête du biceps.
La féconde eft la mufculaire externe ; elle j^
va à la partie extérieure de la cuifle , & palfant ,L<' mufcu-
lous le couturier & le grelle droit, jet'e des bran- ^ç.
ches à la fin de l'iliaque dans le vafte externe ,
dans le crural , & dans \efafcla lara, ou membra-
neux.
La troifîéme fort prefque du même endroit de 40
le crurale que la précédente ; elle jette des ra- ^"^'^f .
j i t o j 1 n. o mufculaire
meauxdans le crural & dans le valte externe : oc
va fe perdre dans les membranes, &c dans la graif-
fe de la cuilfe.
A mefure que l'arterç crural defccnd , elle 41
jette plufieurs petits rameaux qui vont dans li^s |^ j",^'^';jjjjf
mufcles voifins, Sc elle entre plus avant dans le uovi de
derrière de la cuiire j elle palfe proche les ten- 'j^J^^ïc^
dons du triceps , & va gagner le jarret , où étant
parvenue , elle jette de petites branches qui vont
à l'extrémité des mufcles du derrière de la cuifle ,
& fe perdent dans la grailTc : Enfuite elle produit
0.4 iJ
^12 ^es Extrémités, fuperîeures ,
Ions le jarret les deuxapoplirces qui einbraffent le
genou , Tune par dedans , l'autre par dehors , &C
plus bas lesfuturaleSjqui vont au commencement
des gémeaux , du folaire , du" plantaire , & du
popliié , elles environnent les os de la jambe de
tous cotez par plufieurs petits rameaux qui s'y
perdent.
, 4i Après cela elle fe divife en deux m-olTes bran-
La ciura- 1 * , , . „ , . ^
le antc- clies , dont la première oit la crurale antérieure ;
Heure. quî pa^g ^ travers la membrane qui joint les os
de la jambe , puis continuant fa route , va don-
ner àss rameaux dans le jambier extérieur , &
dans les mufcles extenfeurs du pouce iSc des
doigts,
^, La féconde eft la crurale pofterieure , elle eft
Lacrar:.- plus grolîè que l'antérieure ; elle fe divife eu
ut^içT tlcux branches , l'une qui eft la première pofte-
rieure j qui ayant difl-ribué des branches au fa-
laire , au peronier pofterieur , au fiéchilTeur du
pouce ; monte par la malléole externe , &: va fe
perdre au delîus du pied i l'autre , qui eft la fé-
conde pofterieure , jette en defcendant des ra-
meaux au folaire j aux fléchiftcurs des doiq;ts , &
au jambier pofterieur,& de là palfant par fa cavi-
té de l'éperon , fe divife en deux branches , donc
l'une palle fous le tenar pour aller au gros orteil,
^' l'autre entre le mufcle court & l'hypocenar fous
la plante du pied, & va fe diftribuer aux quatre
autres doigts.
Véncs de II me refte encore à vous faire voir les venes
intaicme? ^"^ ^^ trouvent dans l'extrémité inférieure , t'cft
ce que je vas faire dans un moment , après que je
vous aurai dit des généralitez des vénes ce que
l'on ne peut fc difpenfer d'en fçavoir.
. néfini- Les vénes f«nt des conduits membraneux qui
lion des
vtncs.
X & dernière Démonfiratlon Anatomîque. C i 5
reçoivent le fang de toutes les parties du corps ,
pour le porter au cœur; elles font comporées de
quatre membranes diiFerentes : La première eft
un tilFu de Hbres nerveufes en droite ligne, quoi-
que difpofées irrégulièrement j elle eft lâche &
s''etend facilement , n'étant pas attachée aux au-
tres , en forte que l'air qu'on y introduit la gon-
fle. La féconde eft un tiffa de petits vailfeaux en
forme de rets , qui fournit l'aliment aux autres
tuniques. La troiiîéme eft toute parfemée de pe-
tites glandes qui reçoivent les ferofîcez aportées
par les vailîeaux quicompofent la féconde tuni-
que : Et la quatrième eft compofée d'un arrange-
ment de fibres mufculeufes & annulaires qui en
fe rctrecilfant , font cheminer le fang dans leurs
cavicez.
' On ne peut pas vous déterminer le nombre des Le nom-
•vénes , il eft trcs-çrand . mais en général il fur- br:dcs vé-
D ■' o n S elt
paffe celui des artères ; il falloit que ce fût de très-grand
la forte ; parce que fi le fang n'ayoit pas trouvé —
en fortant des artères où il eft prefte , allez de
vailTcaux pour le recevoir , il auroit reft'é trop
long-rcmxS dans les chairs par là le mouvement
circulaire étant retardé , le fang en auroit reçu
de l'altération, 6c toute la machine en auroic
fouftert.
La groireur des vcnes eft diffcrentc , les deux Grandeur
principaux troncs font ceux de la véne cave &'icsvencj.
delà porte. Les crurales & les émulgentcs font
un peu moins groflès , &: ainft des autres à pro-
portion qu'elles font éloignées de leurs troncs ,
OLi le nombre augmente à mefure qu'elles di-
minuent en groftcur. il y en a que l'on apelle
vénes capillaires , parce qu'elles ne font pas plus
grolïes que les cheveux j &: même il y en a de iî
6i4 Ties Extrémltez. inférieures ,
petites qu'elles font imperceptibles j elles font
répandues par toutes les parties du corps j enfin
il y en a julques dans les os mêmes pour y rece-
voir le (ang que les rameaux des artères y ont
porté
Les yé- Les opinions font différentes fur l'origine des
f"c^de" "vénes, la plus reçue étoit qu'elles la tiroient du
coûtes ks foye , mais la plupart des Modernes difent qa'el-
corps.^ " ^^^ ^'^'^ ^''■'^ point de particulière , non plus que
toutes les autres parties du corps , qui trouvent
toutes leur principe dans l'œuf, dont elles ne
font que ie déveloper infenlîblemenr. Ils ajou-
tent que 11 l'on vouloit leur en donner une autre,
il y auroit plus d'apparence de la chercher dans
toutes les parties du corps , & de croire qu'elles
la reçoivent des petits rameaux qui y font diftrî-
b'jez, qui pourroient leur fervir de principes,
comme autant de racines qui vont produire un
tronc , & comme autant de ruilFeaux qui par leur
jon6lion vont former des rivières.
Qu'eft- L'union des deux vailTeaux qui fe joignent en-
ec qu'ana femble par leurs extrémités s'apelle anaftomofe :
Il s en trouve beaucoup de vene a vene , aulli-
bien que d'artère à artère j mais les anaflomofes
d'artères à vénes ne font que dans l'imagination
de ceux qui les ont conçues . puîlque l'on n'en
trouve pas une en éfet. Les premiers qui ont
connu la circulation du fang fuppofoient que les
extrémitez des artères s'abouchoicnt avec celles
des vénes ; que les premières portoient le fang
que les autres recevoient , & qu'aînfi le mouve-
ment circulaire fe faifoit fans ceffe ; mais outre
que nos yeux nous découvrent le contraire , U
raifon ne veut pas que cela foie ainfî; carde cet-
te manière le fang feroit toujours contenu dans
X & dernière Dêmonjlratlon Anatomlque. G 1 5
des vaillcaux, & la nourriture ne fe pourroit pas
faire , paifque pour qu'elle fe falTe , il faut qu'il
foit excravalé dans les parties , comme effective-
ment nous voyons qu'il eft : Et de même qu'un
arbre ncw feroic pas mieux quand il auroit fcs ra-
cines environnées de plufieurs conduits pleins
d'eau , de même les parties ne feroient pas nour-
ries, fi le iang étoit toujours dans les vai(reaux;&
comme pour rafraîchir l'arbre, il faut que l'eaa
foit verfée dans la terre où fes racines font répan-
dues, il faut au{îi pour nourrir une partie , que le
fang forte de fes conduits, & qu'étant verfé dans
la partie, il la touche de toutes parts.
Je vous ai fou vent parlé des valvules , & je ne Dfstal-
vous en ai point encore fait voir,parce que j'atten- Général?
dois à vous montrer celles des vénes de la cuilfe;
qui font les plus apparentes de toutes ; & pour
cet éfet j'ai ouvert cette véne tout de fa longueur,
afin que vous en voyiez plufieurs.
Ces petites membranes que vous voyez dans Ce que
la caviré de cette véne s'appellent des valvules ; yj'^i^Jîes^,
elles font difpofées d'cfpace en efpacc , en telle
forte qu'elles s'ouvrent du côté qui regarde le
cœur , & fe ferment du côté des extrémitez ,• ce
qui empêche le retour du fang,& qui le foûtient,
contre fon propre poids, de peur qu'il ne combe
en bas.
La fubftance des valvules eft membraneufe & Subftan-
A QgJ VâL*
quoique déliée elle ne lailfe pas d'être affez forte \ \\x\z%,
leur nombre eft incertain ; & l'on dit qu'il y en
a jufqu'à cent , ou environ : Les artères n'en ont
pointjil s'en trouve plus dans les vénes des bras ,
des mains , des cuiflcs , des jambes & des pieds ,
que dans celles des autres parties , parce que le
fang venant de plus loin , a plus befoin de leur
6 1 6 Des Extrémitez. infcrîetires ,
fecours pour gagner la véne cave. Il y en a dans
les jugulaires incernes qui empêchent que l'ani-
mal, ayant la têce baillée , ne foie luffoqué par le
retour du fang dans le cerveaUj«3£ il n'y en a point
dans les jugulaires externes, ni dans la cervicale,
parce qu'elles ne viennent que des parties exter-
nes , ôc non pas du cerveau,
des'valvu- ^^^ valvules font faites en forme de croiiïant,
les. ou de panier de pigeons : elles font ordinaire-
ment tîmples , quelquefois doubles , triples &:
quadruples en un même endroitâl faut remarquer
que plus leur nombre efl grand,plus elles font pe-
tites. Leurs ouvertures font alternativement dif-
pofées ; afin que le fang qui s'échape & retombe
de rune,puifl'e être arrêté par la fuivante ; fî bien
qu'elles font autant d'échelons qui fervent au
fang pour monter jufqu'à la véne cave.
Obfcr- L'on voit aux vcnes extérieures des bras & des
canons fur jambes, comme de petits nœuds d'efpaces en efpa-
ics. ces ; ce fonf les endroits où il y a des valvules ,
les Chirurgiens doivent éviter d'y faire les ponc-
tions dans les faignées , parce que la valvule fe
ti'ouvant à l'endroit de la piqueure , empêche le
fang de bien fortir.
UfaRcs La feule mécanique des valvules devoir fuffire
des valvu ^y^y^ Anciens pour leur faire connoître le cours
du fang dans les vénes,puifqu'elles lui permettent
de retourner de la circonférence au centre , &C
qu'elles l'empêchent d'aller du centre à la circon-
férence : Mais ils étoient tellement prévenus de
leur principe , qui étoit que le foye envoyoic »
par le moyen des vénes , le fang nourricier aux
parties ; que quoi qu'ils y vilfent de l'oppodtion
de la part des valvules , ils perfiftoicnt dans leur
erreur , §c difoieiit «jue ks çliiiicukez qu'elles y
X & dernière Démonftratlon AnMomlques. 6 ij
appoitoient, iVétoient que pour que le fang, ne
defcendît avec trop de précipicaiion; mais l'expé-
rience nous apprend que cecce opinion n'eft pas
véritable.
Je vous ai die que la nature éroic copiée en tou- - .,
tes chofes, ëc que toute l'indu ftrie de l'homme cutecftco-
n'alloit qu'à l'imiter dans Tes ouvrages. Nous P'^c fur la
voyons qu il y a reulli lur le irait des artères ex des ^cs arteies
vénes. La Nature a fait des artères très-fortes , ^'i" ^e-
parce que le fang y eft forcé ôc prefTé par les di-
vcrfes impullions du cœur & du nouveau fang
qu'il oblige d'y entrer j elle a fait les vénes plus
minces , parce qu'elles ne font que des tuyaux
pour conduire le fang au cœur , &c qu'étant en
plus grand nombre que les artères, & ne rappor-
tant pas la même quantité de fang que les artères
en ont portée dans les parties , elles ne foufFrenn
aucune violence,& aiiifi elles n'ont pas befoin d'ê-
tre fi fortes. L'homme copie toutes ces circon-
ftances dans les fontaines qu'il fait pour les jar-
dins ; les tuyaux qui y conduifent l'eau du refer-
Voir font très-forts,parcc que l'eau y eft forcée^&T
que Timpuliion que fait celle du refervoir , les
feroit crever s'ils n'étoient renforcez^ les conduits
de décharge font foibles , ÔC fouvent on fe con-
tente de les faire de grés , parce que ne fouffranc
aucuns eftorts, ils ne font fimplement que con-
duire l'eau dans quelque ruiiFeau : & fî le con-
duit de décharge efl: toujours plus grand que l'ou-
verture de l'ajuftoir, quoiqu'il n'ait pas plus d'eau
à recevoir que celle qui y a pafléj il imite enco-
re en cela la nature qui a mis plufieurs vénes pour
recevoir le fang qu'une feule artère a verfée , 6C
qui en débite plus elle feule que deux vénes n'en
peuvent reporteç.
6 1 8 Des Extrémltez^ inférieures ,
Ce qui 11 arrive quelquefois que les membranes des
fait les ta- ' r ^^\ -r- i
riccs. venes le dilacenc , ce qui taie les varices 6c ces
petites tumeurs & grofï'durs que l'on nomme va-
ricoceles: elles font eau fées par des efforts , &
principalement aux femmes par des accouche-
mens violens , parce que dans ce tems-là l'en-
fant prelïantles vénes iliaques, empêche le cours
ordinaire du fang ; fi bien que ne pouvant mar-
cher , les vénes s'emplillcnt tellement , que leurs
membranes en s'étendant font ces fortes d'in-
commoditcz , que Ton nomme des varices. C'eft
ce qu'on trouvera clairement expliqué dansl'^rf
de faîgner,
44 Dans l'extrémité inférieure fe trouve une grof-
Véncsde Çq y^iie que l'on nomme crurale ; elle eft formée
1 rxnemi- - i i i / •
téint'ericu- par Iix branches d'autres venes qui s y viennent
^^' inférer , & qui font comme Ç\x vailTeaux dont
l'eau vient de plufieurs fources , & qui tous en-
femble font un bras de rivière.
.. La première eft la fciatique majeure , qui com-
Lafciatî- mence par des fcions de vénes , dont deux vien-
icure'"^" nent de chaque orteil, & qui font un rameau au-
quel fe joint un autre qui vient d'entre le péroné
éc le talon ; ces deux rameaux monteur par les
mufcles du gras de la jambe, & n'en font plus
qu'un qui va finir à la crurale.
4^ La féconde cft lafurale, qui cft formée par
La fura- Jeux branches de vénes , dont l'une eft extérieu-
re & faite de la plupart de celles que vous voyez
ramper fur le pied ; l'autre eft intérieure & pro-
duite par des rameaux de vénes qui viennent
du gras de la jambe ; ces deux branches en mon-
tant fe joignent , & font la furale , qui eft ailèz
47 grolfe.
pliûque? La troifiéme eft la poplitiquea elle eft formée
X & dernière Demonfiratîon Anatomlque, 6 1 9
de dlfFerens rameaux unis enfemble ; elle monte
du talon , où elle commence par pludeurs fcions,
tant de ceux du talon , que d'une partie de ceux
du cou àxi. pied j elle s'enfonce aflez avant dans
les chairs j & palFant par le jarret fe va terminer
dans la crurale.
La quatrième eft la mufcule qui comprend ^g ^g
deux branches , fçavoir la mufcule externe , qui ^^ niuf-
vient des mufcles extérieurs de la cuiffe j & la
mulcule interne, qui vient des mufcles intérieurs
de la cuiire : ces deux branches vont fe rendre à
la crurale vis à vis l'une de l'autre.
La cinquième eft la fciatique mineure : qui , ^^ .
ell la plus pente de toutes ; elle elt taire de que mi-
plufieurs ramifications qui viennent de la peau "'^"•^s*
& des mufcles qui en environnent l'article de la
cuiflTe.
La fixiéme eft la faphene, qui eft la plus Ion- .^
gue & la plus groiTe des (îx : elle commence par La faphc-
quelques rameaux qui viennent du gros orteil, °^'
& de deflus le pied j & montant par la malléole
interne le long de la jambe , & par la partie in-
térieure de la cuiiTe entre la peau & la mem-
brane charnue , elle va fe rendre environ les
glandes de l'aîne dans la crurale : Elle reçoit
pluûeurs branches dans fon chemin,ôc c'eft cette
vénc qu'on a accoutumé d'ouvrir dans la faignée
du pied.
Ces fix vénes vont toutes fe terminer dans la Ccj (jj
crurale, pour y porter le fang qu'elles ont reçu *'"« 'ont
de toute l'extrémité inférieure , la crurale mon- *''''*"''^'
tant en haut , & ayant paflé l'aîne , va iinir à
l'iliaque , & y conduit le fang qu'elle a reçu des
autres. L'iliaque le porte dans la véne cave, &
celle-ci dans le ventricule droit du cœur, n bien •
^20 T>es 'Extrémités. Inférieures ,
que cz% vénes font comme une longue rue qui a
plufieurs noms, quoique ce ne foit que la même
concinuiré d'un bouu à l'aune,
L'angio- L'angiclogie ne traicoit autrefois que de trois
logie trai- fortes de vailfeaux, qui écoienc les nerfs, les artè-
re aulii des „ , , . ^ i • j '
vaifTeaux ^^^^ ^ ^^^ venes j je vous les ai démontrez tous j
limphaci- Mais les Modernes y en ajoutent de deux fortes
qu'ils ont découvertes dans ce fîécle ; ce font les
ve'nes lactées , & les vaifTeaux limphatîques. Je
vous ai parlé des vénes lactées dans leur lieu , ÔC
je vais vous dire quelque chofe des vailléaux lim-
phatiques.
Strufla- Qq font de petits canaux à peu près comme des
redesvail-, ^, r • i, • r j 'i- ' r i i
fcaur lim '^ctses , taits d une tunique rorc dehee lembla-
phatiqucs. blés à delà toile d'araignée, 8c remplis de valvu-
les qui s'ouvrent comme celles des vénes vers le
cœur , & qui fe ferment en allant du cœur vers
les extrémitez,
_ . Ils font appeliez vailfeaux limphatîques fe-
Pourquoi ^f -nu- • r
ainfi ap- ^^^^^ » aqueux, ou crittaUms, qui iont tous noms
peliez» fynonimes qu'on leur a donnez, à caufe que la
liqueur qu'ils contiennent eft claire , fereule de
tranfparente.
. , Ces vailTeaux n'ont point de refervoiu com-
dc CCS ïi^i^n ; car les uns vont dépofer leur limphe dans
vaifleaux. les refervoirs , ou dans le canal torachique , 6c
les autres dans les vénes immédiatement. Les uns
viennent des vifccres , & les autres des glandes
qui font répandues par tout le corps. Ceux qui
viennent des glandes conglobées portent leur
limphe dans les vénes ; &c ceux qui viennent des
glandes conglomérées la portent dans des cavi-
tez particulières^ comme dans les yeux , dans la
bouche, dans le duodénum, &c. Il y en a encore
d'autres qui viennent des glandes qui font daus
X. & dernière DemenjiraHon Anatom* <jî i"
les articles , comme font ceux des genoux , lef*
quels rampans le long de la cuifle , vont fe dé-
charger dans les refervoirsdu chile.
Leur nombre cft fort grand ; car outre ceux tcur nom-
que l'on voit , il y en a une infinité de petits que trls-guod
l'œil ne peut découvrir ; leur figure eft fembla-»
ble à celle des autres vailTeaux : ils paroiirent
noueux aux endroits où font leurs valvules , à
caufe de la diverfité de leur divifion. Leur fîtua-.
tion efl: dans toutes les parties du corpSj& prin-
cipalement proche les articles, autour du foye ,
qu'ils ceignent de toutes parts comme une cou-
ronne.
La limphe qui contient ces vailTcaux vient , *^ou|eur
des ferohiez du fang qui fe filtrent dans les glan- p^c.
des \ elle elt ordinairement claire &: tranfparente
mais elle change de couleur à proportion des
teintures qu'elle prend du chile , de la bile,& des
autres humeurs contenues dans le fang , elle efb
infipide d'elle même -, néanmoins on la trouve
quelquefois acide, amere ou falée \ elle fe fige 6c
fe coagule par le mélange des humeurs &: ladif-
folution des fels , de même que les ferofitez du
fang : &: elle a une odeur particulière quand elle
cft defléchée.
Il y a quelques Auteurs qui croyent qu'elle vient
du fuc nerveux qui eft porté par les nerfs dans les
glandes , & qui y eft filtré ; il y en d'autres qui
prétendent que la découverte de ces vaifleaux a
fait connoître la caufe de l'hydropîfie j ils difent
qu'elle n'cft caufée que par la rupture de quel-
ques-uns de ces valifeaiix qui diftillent leur féro-
cité dans quelque capacité, y
A l'égard des ufatres de la liqueur limpharique „r . j„
Je croi que 1 on en a ule comme on a hir a l e- U limphe.
6 11 Des Extrémltez, fuperleures ,
gard de quelque remède nouveau , à qui Ton
donne plus de vertu qu'à tous ceux qui ont pré-
cédé : Car on dit que la limphe fert à détremper
le chile & le fang , & ainfî à les rendre cou-
lans , qu'elle fert à la nourriture & à raccroif-
fement du corps , qu'elle empêche la trop gran-
de compofition des efprits , qu'elle diflout les
felsj qu'elle aide à faire les fermentations, &
enfin qu'elle tempère l'acrimonie des acides &: de
la bile.
Pourquoi J'imite aujourd'hui Polldlte , ce fa.mei\K Pein-
Ics ongres! ^^^ ' 4^^ achevoit toutes les figuies qu'il peignoic
par les ongles,& qui difoit que fes derniers coup*
de pinceau ne lui faifoient pas moins de peine ,
que tons ceux qu'il avoît donnez auparavant. Je '
finis comme lui la Demonllration de l'Homme
par celle des ongles, & j'avoue en même tems
que CCS parties , quoique (Impies, ne donnent pas
moins de peine à ceux qui travaillent à les bien
connoître, que toutes les autres parties du relie
du corps.
La narurc Les ongles font faciles à démontrer, c'eft pour-
aflex dfffi.* quoi s'ils embaralTent , ce n'eft ni dans leur dé-
cile à con- monftrarion , ni dans leur dilTedtion ; mais la
nojtic. difficulté eft de pouvoir bien developer leur natu-
re ; ce qui n'eft pas aifé , à caufe des differens
fentimens dans lefquelsnous voyons les auteurs à
leur égard : néanmoins il ne faut pas nous rebuter
au bout de la carrière , au contraire nous devons
nous éforcer de nous éclaircir , en pénétrant les
obfcuritcz qui nous cachent leur nature, c'eft ce
> que nous allons faire fuccinélcment , 3c par ou
nous finirons ce Cours d'Anatomie.
Défini- Les ongles font des corps durs, ronds , blancs,
ongles? & diaphanes , fituez à l'extrémité des doigts. Il y
X & àern, *Dêmonflratlon Anatomlque, 61^
a des Auteurs qui leur conteftent le nom de par-
tie , difant qu'ils ne le fonu qu'en prenant ce mot
df partie laigement,& de la même manière qu'on
le donne aux cheveux, mais il femble que c'eft
leur difpnter injuftement cette qualité , puifqu'ils
font aufli bien parties que les dents,à qui on n'en
a jamais refufc le nom.
Je trouve beaucoup de convenance entre les Conve-
dents & les oneles,ces deux parties ont leurs raci- °^""s des
nés par ou elles le nournlienrjelles iont en partie avec les
fenfibles & en partie infenfibles , elles croilTent '^^""•
toutes deux , & l'on peut limer l'extrémité des
unes j & couper les bouts des autres, fans refentir
de la douleur; & enfin elles ont les unes &C les au-
tres des afages dont l'homme a delà peine à fe
palfer. Je remarque au contraire de la difconve-
nance entre les ongles & les poils , puifque nous
tirons autant d'utilité en rafant & faifant tomber
les poils, que nous en recevons en confervant les
ongles, & l'obfervation de Paré , qui dit les avoir
vu croître à un mort de vingt-cinq ans , ne fuffic
pas pour les priver du nom de partie.
Les onglcs,les cornes , les plumes , le cal , &c. Jornja-
ayant une fubftance fort femblable, s'engendrent ongles des
à peu piés de la mêmemanierejcar ce ne font que cornes des
J jn.' J '• • -JlJl plumes Se
des productions des emincnces piramidales de laj.j cal qui
peau, lefquelles pouffent en fe "roflîirant la cuti- ^'cnt aur
1 • 1 \>\ 1 J 11 mains Se
culc qui les couvre; l humeur gluante qu elles ^mpi^^j,^
expriment fous cette couverture les lie enfemble,
& formant plusieurs couches les unes fur les au-
treSjil s'en compofe à la fin un corps épais &: dur
diverfement figuré félon la direction des endroits
d'où il s'avance , & la dilpolition que la matière
peut avoir à s'arranger '
Les poils , félon Malpigy , ont des racines qui Des pot
^14- Des Extrêmltez Juperlenres ,
relFemblent à celles des oignons de rulipes,& qui
font nourries par des vai(leaux fanguins accom-
pagnez de nerfs , en forte que les cheveux croif-
fent & grofîîirent quelquefois julqu'à devenir
charnus & douloureux, faignant abondamment
quand on les coupe,comme cela fe remarque dans
la maladie appcllée^//c4 , à laquelle les Polonoîs
font fujets. Voyezià delFus la Parologie de M.
Verduc où routes les maladies externes lont exoli-
quées iuivant la Phyfique moderne^dans laquelle
l'Auteur paroît fort verfe.
"Figure La figure des ongles eft ovalaire , étant plus
es ong es ^Qj^g^ ^^^g larges ; il font plats & un peu courbez
par les côrez pour s'accommoder à la figure ron-
de des doigts. Leur s^'andeur eft différente : ceux
des mains font plus larges que ceux des pieds,ex-
cepté celui du gros orteil , qui eft le plus grand &C
le plus épais de tous. Leur nombre efl; réglé ,
riiomme en a vingt , cinq à chaque main , &: au-
tant à chaque pied.Leur couleur eft difficile à dé-
finir ; elle n'eft pas tout-à-fait blanche , &: ils pa-
roilfent rouges & livides félon la couleur de la
chair qui eft au delfous , parce qu'ils font tranf-
parens.Enfin leur fubftance eft médiocrement du-
re afin de refifter, & néanmoins flexiblejpour cé-
der un peu & ne fe rompre pas.
dcsonlles. O" confidere deux furfaces aux ongles , l'une
' externe , & l'autre interne \ l'externe eit celle qui
paroît au dehors, qui eft polie & infenfible,&: la-
quelle nous pouvons ratilîer fans douleur : l'inter-
ne eft celle qui eft attachée à la chairjces deux fur-
faces ne font point de parties différentes, car elles
ne fe peuvent divifer étant continues &: produites
par une même fubftance,
Divifion On divife l'oncle en trois parties j La pre-
dcs ongles *" miere
X,& àernlere TiémonflratlôH Anaiom, 6' 2 y
inîere eft apellée la racinejquî ordinairement ell
blanche \ elle eft attachée à la chair & au tendon
elle a aaiîi un fentiment fore vif: La féconde cfl:
celle du milieu , qui eft vermeille en ceux qui fe
portent bien:La troifiéme eftl'exfrémité,quî croie
toûjours,5v: qui devient quelquefois fort longue 5c
crochue comme les griffes des oifeaux. Il ne faut
pas que les ongles foient plus longs ni plus courts
que les excremitez desdoigtSjparce qu'étant trop
longs ils ne fçauroienr prendre exadiement les pe-
tits corps,de même que ceux qui font trop courts
rendent les extrémitez des doigts inutiles à pren-
dre : mais ceux qui égalent les bouts des doigts
font qu'on prend & qu'on tient plus aifé-
ment.
H eft certain que les ondes fe nourri (TentjPtiif- S^^"^""^^^^
qu ils croulent a proportion que les doigts grol- Te nouciif-
/ilïènt 5 ils reçoivent leur nourriture par leur ra- *
cine i ce que nous pouvons remarquer tous les
jourSjlorfqu'il y a une tache fur une ongle^nous
voyons qu'elle s'éloigne de la racine à mefure que
l'ongle croît, & que l'on le coupe \ il fc nourrie
de même que les os & les cartilages.
L'homme tire plufieurs ufaçes des onsles , ils . ^f^geî
ce TT iJ • "' j j • '\ \ ' P V <i"s ongles
attermilient i extrémité des doigts:iis lui fervent à
prendre les corps durs & menus : ils défendent
les bouts des doigts , qui étant fenfibles , fe-
loîent fouvent blelTez fans les on^les;ils contrî-
buent a rornement j enfin outre les utilitez gé-
nérales que tout le monde reçoit de ces parties,
il en eft de particulières que de certains artîfans
en tirent pour la perfedtion de leurs ouvrages,
& entr'autres le Chirurgien à qui ils font d'un
grand fecours dans les opérations les plus déli-
cates,
R r
6i6 Des Extrtm infer.X.& àern.Démonfir^An.
Lej Vit Je ne fçai pas fi les Chiromanciens par l'infpec-
tcnris tion des ongles , qu'ils appellent OnychomamU ,
inàisations connoiffenc le palTé 5c pénètrent dans l'avenir
'^cnd-s'oD- comme ils le publient ; mais je fçai bien que les
£ics," habiles Médecins en tirent beaucoup d^ndications
dans plnfieurs maladies , comme dans la Phtifie ,
dans l'Hydropifie , le poifon & les Fièvres aiguës
> qui rendent les ongles crochus & livides.
Nous voici enfin parvenus à la fin de nos De-
monftrarions Anatomiques^je lésai faites avec le
plus d'exactitude que j'ai pu : je ferai trop recom-
penfé des peines qu'elles m'ont données fi vous
êtes contens (Se fatisfaits de mon travail.
/
y
DESCRIPTION
D'UNE
OREILLE DU COEUR
EXTRAORDINAIREMENT DILATE'E.
'EsTenobfervâctouc cequifccroii-
ve de parciculier dans Thommc que
l'on peut pénétrer &déveloper tous
Icsreirors d'une aufïî belle machine
qu'cft celle du corps humain; rnni-
que moien d'y parvenir c'ell d'examiner attentive-
ment les faits qui nous paroilTenc les plus furpre-
nans.En voici un qui peut paffer pour un des plus
curieux & des plus rares que l'on ait vus,c'eft une
oreilkdroite du cœur extrêmement dilatée, & d'iu
nefiÉ^|-e monftrueufc que l'on a trouvée à Breft
à l'ouverture du corps de Monficur Dubuiifon
Capitaine de VaiireaUj mort depuis quelques mois,
& après fon retour de l'expédition de Cartagene,
où il commandoit le Vaiiïeau le Fort.
Ceux qui ouvrirent le corps étonnez de voir l'o-
reille droite du cœur d'une grofTeur prodigieuie,&
ne pouvant pas,dans le peu de tems que l'on eft à
faireces fortes d'ouvertures,examiner fufïirammenc
un fait aulîi rmgulier,ils la feparerent du corps^ôc
l'ayant pendant quelque tems confervée dans de
l'eau de vie , enfuite fait fécherj^c mife dans une
boëte,ils me l'ont envoyée^perTuadez qu'ils ne me
faifoientpasunprefent indigne d'un Anatomiftejje
l'ai reçu comme je devois,& après l'avoir examiné
avec toute l'attention que l'on doit avoir quand oa
Rr ij
•6 2. s Defcrîptlon d'une Oreille dû cœur
cherche à bien connoître l'homme, j'ai crû que je
îie poLivois pas mieux faire que de le rendre public.
Je ne fuis pas du femimenc de quelques-uns,qui
négligent les faits extraordinaires,prétédans qu'ils
ne font qu'embarafif^jr Tefprit par des reflexions
inutilesjje croi au contraire que ce font ceux qui
font caufe àcs progrès que l'on a faits,& que l'on
fait tous les jours dan^ la Médecine & dans la Chi-
rurgie,rexemplede nos AncienSjquinousontlaiffé
par écrit les fingularitez de leur tems^nous engage
a communiquer aux autres ce qui nous tombe en-
tre les mains de particulier , c'eft le moyen de dé-
couvrir les caufes des maladieSj& d'en trouver les
remèdes convenables;enfin je fuis perfuadé que les
Obfervations font abfolument nece(raires,&; que
fans leurs fecours nous ferions privez des plus
belles connoifTances , & des meilleurs remèdes
que nous ayions.
Ces raifons ne m'ont paru que trop fortes pour
m'engager à faire delîigner & graver cette oreille
furprenante^afin qu'un fait fi digne de la curiofitç
des fçavans , & qui peut leur fournir une ample
matière de raifonnemens fe répande dans la Repu-
blique des Lettresije l'ai fait reprefentcr au naturel^
de forte qu'on la voit ici dans la figure & dans la
grandeur qu'elle a été trouvée; je la garde même
' dans de l'eau de vie pour la montrer à ceux qui
•prévenus que fouvent l'on fupofe des faits imagi-
naires , veulent les voir avant que de les croire.
Il y avoitdans la boete une relation fuccinre de
la maladie & de la mort, que je vais vous raporter
dans les mêmes termes qu'elle m'a été envoyée,
Monfieur Dubuiflbn eft mort âgé de quarante
deux ans,ilétoit incômodé depuis douze ou treize
années d'une difficulté de refpirerjavec un- poulx
rude 6c frequentjoint à un batemcnt de cœur vio-
extrAorâlnairemevt dilatée, Cz^
îent & continuel, qui fe remarquoit fenfiblement
fous le fternum,oii il fencoic un picocemêc fembla-
ble à l'éfetde plufieurs épines qui l'auroient piqué,
ce lentimêt douloureux augmentoît félon les lieux
& les cems. Le malade s'allica fepc jours avant fa
mortjpendâtlcfquels il ne pouvoic demeurer cou-
ché qu il ne foutfrît plus qu'a l'ordinaire^: il étoic
prefque toujours aflis furie bord de fon litres jam-
bes pcndantes,5<: la tête panchée fur la poitrine,fes
pieds étoient fi froids que l'on ne pur jamais les ré-
chaufter^ils commencèrent à s'enfler auffi-bienque
les jambes dés les premiers jours qu'il fe mit au lit,
& cette enflure & ce froid o;aanerent infenfible-
ment le haut des cuilies : Son poulx alla en dimi-
nuant jufqu'à la mort , qui arriva fans fièvre ni
tranfport au cerveau:ll avoir le jugement fain & la
mémoire bonne j il s'alToupifloit par intevalles de
temSjdont il étoit réveillé par des douleurs extra-
ordinaires & infu portables qu'il fentoit à l'endroit
de la région du cœur.Lonçc-tems avant fa more il
s'endormoit à table,même en foûpant en compag-
nie,& environ une heure après lamort,il jetta une
très- grande quantité de fang par le nez.
L'ouverture dti corps aiant étérefolué,ellefut re-
mife au lendemain-,& faite par Mr Guiot Chirur-
gien Ayde Major de Marine au Port de Breftj on
trouva toutes les parties alTés faineSjexcepté le pé-
ricarde qui étoit adhèrent au cœur , en forte que
l'on eut beaucoup de peine à l'en détacher , & il
étoit privé de fon humidité ordinairejmais on fut
furpris devoir Toreille droitedu cœur d'une grof-
feur fi étonnante,étant plus groffe que n'eft la tête
d'un enfant nouvellement né:elle étoit rendue co-
rne l'-n balonj&: remplie de fang,dont la plus grande
pirtie étoit coagulée j il y en avoit la quantité de
R r iij
6^0 'Defcrlptlon à' une Oreille du cœur.
plus de trois demi fepciersjl'on iépara cette oreille
de la bafe du cœur,& après en avoir vuidé le fang
on la trouva ofîifiée intérieurement , c'eft-à-dire
quefatuniqueinterne étoit enduite d'une fubflance
ofleufe & écailleufe , femblable à la coquille d'un
oeuf tres-dure,quila tenoit toujours tenduc,le fang
tant de la véne cave afcendante que de la defcen-
dante le vcnoit verfer dans la cavité de cette oreil-
le, & l'embouchure de l'oreille dans le ventricule
droit du cœur éuoit prodigieufement grande.
L'empreflement que l'on eut pour enterrer le
corps , fut caufe que l'on ne put pas examiner les
parties voifîneSjaulîi bien que Ton eût pu fouhai-
terjl'on fe contenî-a de féparer promptement cet-
te oreillcjquc l'on vous prie de faire voir aux plus
habiles Anatomiftes de Paris.
Monfieur DubuilTon a dit plufieurs fois à fes
amis particulierSjque ce mal avoir commencé il y
avoit environ douze ou treize ans , à l'occafion
d'une violence qu'il fe fit un jour pour retenir les
premiers mouvcmens d'une grande colerejCnfuite
dequoi il fentit pour la première fois les picote-
mens dont on a ci- devant parlé.
Voilà ce que contient la relation que l'on m'i
envoyée , l'on ne peut pas fe difpenfer d'y faire
quelques réflexions ; mais avant que de les com-
mencer il faut jetter les yeux fur la planche que
j'ai fait gravcr^Sc ces lettres alphabétiques inftrui-
ront de tout ce qu'elle reprefente.
K Le cœur.
E L'oreille droite du cœur furieufement dilatée,
C La véne cave defcendante ; qui verfe le fang
dans la cavité de cette oreille.
D La véne cave afcendante , qui apoxte le fan g
dans cette même cavitéj
extrao-ràlnairement dilatée. 6^1
E L'artère des poumons qui fore da ventricule
droit da cœur.
F L'oreille gauche du cœivr de la grandeur qu'el-
le doit être naturellemenr.
G La véne des poiimons , qui apporte le fang
dans le ventricule gauche.
H L'aorte 01^ la groffe artère qui diftribuë le fang
par tout le corps,
I Une oreille droite du cœur de la grofTeur de de
la figure qui lui eft naturelle.
La première réflexion que l'on doit faire fur ce
faitjC'eft d'examiner comm.ent il eft pofTible qu'une
oreille du cœur puilîefe dilater jufqu'au point où
celle-ci eft parvenuë,il eft vrai que les oreilles da
cœur étant membraneufes peuvent s'étendre & fe
groiïîr,de même que l'eftomac,les boyauxja vef-
îîe , la matrice , &:c, comme parties membraneu-
fes prêtent tout autant que ce qu'elles contiennent
les oblio-e de fe dilaterjelles font de même fubftan-
ce que cesparties:elles peuvent donc comme elles
devenir plus greffes qu'elles ne doivent être;j'ai fort
fouvcnt trouvé de ces oreilles qui avoient la grof-
feur d'un œuf,ce qui arrive lorfque quelque polipc
rcmplidant leurs cavitez les contraint de s'étendre
à mefure qu'il groflfit : mais l'on n'en a point vu
qui à beaucoup prés ait aproché de cette grolkur
que l'on peut appelle r prodigieufe , parce qu'il ne
s'en eft jamais rencontré une femblable.
Le malade a toujours crû que ce qui avoit don-
ne nailfance à cette indifpoficion croit de s'être fait
violence pour retenir les premiers mouvemens
d'une grande colere^il s'agit de fçavoir fi cette cau-
fe peut produire cet effetjc'eft dont on ne doit pas
douter,puifque dans les trâfportsde colère le fang
fe porte parles vénes avec impetuofité au cœur,
R r iiij
<Ç 3 i Defcrl^tîon d'uni Oreille du cœur
Les artères ont quantité de petits nerfs qui les en»
vironnent coivme des cerclcs,& qui dans la colère
les ferrant obligent le fang qu'elles contiennent
de fe répandre dans les parties ; c'eft ce qui fait
rougir toute la peau,& particulièrement celles des
jouës:& pour lors ce fang répandu rentre dans les
vénes promptement,^ marche vers le cœur avec
plus àc précipitation qu'il ne faiioit ayant qu'on
fe fut mis en colère.
Les oreilles font placées àl'extrémitédesvailfeaux
qui y aportent le fang pour être vcrfé dans les
ventricules;elles fervent de melure au fang avant
qu'il y foir verféjcar fans les oreilles le fang tom-
beroit entrop grande quantité dans les ventricu-
les du cœurjce qui le fufFoqueroitjcela fe fait ainfî
quand le cours du lang eft réglé, mais un mouve-
ment de colère donnant de l'adtion au fang,& pré-
cipitant la cîrculationjil le fait fe lancer avec vio-
lence dans les oreilles du cœur,OLi faifanc effort il
les oblige de redilater;& lors qu'elles ont une fois
foufFert ce premier effort d'extenfîon,elles ne font
qu'augmenter tons les jours par l'impulfion con-
tinuelle du fang ; qui pafl'ant fans cefîe dans leurs
eavitez , pouffe leurs parois en dehors.
Il ne faut point s'étonner s'il avoir un poulx ru-
de & frequcnr,c'étoit une fuite de cette difpoiition.
Les oreilles mefurent le fang qui doit tomber dans
les ventricules , afin qu'il n'y en entre ni plus ni
moins qu'il en fautj& leur cavité efi; la mefure de
ce qu'il y en entre à chaque pulfation.Cette oreille
par la trop grande dilatation ne faifant plus cette
fondioujlc fang tomboit à floc dans le ventricule
droit du cœur , qui par des efforts réitérez & ^re-
quens tâchoit de fc débaralfer d'une trop grands
c^uamité de (ang <jui étoic toujours prête de le fuf-
extraordmalrement âîlatée. 6^^
foquei* -, le cœur écoit par ce moyen tellement en
adion, & Tes batteirsens croient fi violens que l'on
les aperccvoit à l'endroit du fternum , ce qui ne
pouvoit pas fe faire fans douleur : & en éfet il en
relîentoit de continuellesjqui les piquoient comme
des épingles dans la région du cccur.
Qiioique le fang eût une entrée libre dans le
ventricule droit, il ne palToit pas pour cela plus
vite d'un ventricule à l'autre , au contraire cette
quantité de fang qui ne^^l'empliflbit que trop em-
pêchoit que le cœur ne lançât ce fang dans l'artère
des poumons 5 de forte qu'il n'en étoit porté que
trés-peu dans le ventricule gauche,qui ne pouvoir
envoier aux parties par les artères que cette petite
quantité qu'il avoir reçue; ainfi toutes les parties
du corps ne recevoient point autant de ce fang
vital qu'il leur en falloit pour les animer , &c les
nourrir ; c'eft ce qui caufoit ce grand froid qu'il
avoir par tout le corps , ôc particulièrement aux
pieds , qui étoient toujours fi froids que l'on ne
put jamais les réchauffer.
Ce qui m'étonneroit le plus feroît cette croûte
olfeufe ôc écailleufe qui tapifToit intérieurement
cette oreille,fi je n'en avois pas vu de pareilles en
dedans de la dure-mere ; j'en ai trouvé une à un
Potier d'Eftain du Fauxbourg de S.Germain,dont
je iîs l'Anatomie publique au Jardin Royal , qui
l'avoit prefquc tor.teofleufe-.le fuc qui nourrit ces
membranes peut par fa chaleur excefllve les delTe^
cher Ôc les ofîlfier de la même manière que nous
voyons fouvent l'aorte devenir olfeufe proche le
cœur par la chaleur du fang qui eft en ces parties
ôc par l'exprclîion qu'elles font continuellemenc
de la liqueur qui les rend fouples.
L'on n'a point trouvé d'huraidltez dans le péri-
6 ; 4 0#'-''''-tTe ^o" ;„em du fang & du cœur
carde,parce 1"= '= ^^^ } ,,ation qui fe fait par
n-etanr po.m "ff'kàn cœur,& par celles du pe-
licatde.ne le pou .on \ ^ ;, andes étoïc
ae plus le peu qm ^ ^ '°^„tens lu cœur trop .
bien tôt confume par '" <« ■ ,„„ecinc
f..q„e„s,de f°;-^2";/i^aTp r cardl , il ne fauc
U fépavat,on ''«. «î^/^f t",es s'entre-touchant fa
poim être luvpns i. ce pau. 3,,iechanti& de
Font a"-t-«'. ""^VatSt U Vroffeur de la tête
a-un enfant F°'^'"" ' ' . „„i„,de;ce qui pcutcn-
ae s-appliquer --^ f, Hont'on a pfrlé. _
core avoir caufe 1 adhc u ^^ ..^
Enfin 1-on demande s '' ^^'^ J ;, „. -^^^
«'^'"^>^^°r;i°Mdc"nr6c''delaChirur^gie
a,„sle P;-°' ,7 :,7dent ;maiscet exen,ple ne
ae rcmed,ei a cet ^^^^ ,.^„ „^.
aoit point autorifer «»^ «J^ extvaordinaites;car
8''s''"°'JrfcrTrianatrdecelle-ci,ilyena
pour une c^ui lera de ^^^^^ f^^^^.
pi»'--" tm^lirno- ina^-nt les retnedes
connoitte la m»'»?^'= , ^. veilles occalions,
qne nous devons f^^ f^^';\,'„? , rfen à négliger
il faut ao"='°"^°^''"/;'V™e cesobfervations
aansla nature ; & S"^"^" ."^, p"ffibiiicé qu'il y
aécoavriroient q«M"^ ?^^' "Pu, „o„s procu-
, de guérir certan.es ^f^^Xcr des confequen-
,ent a"; moins l'avantage d en tne ^^. ^^^^^
ces plus i»ft".5'r„X mm « en état 'de nous
font '""""""f^ATprônoIlic que nous devons
moins tromper lur ic jjw
faire des maladies.
'^ A^
^■^■i
j<
^5/
EXPLICATION
DE LA FIGURE DU MOUVEMENT
du Cœur.
où ion A rendu plus fenfible te circuit des prî»^
cipaux vaijfeattx ou du réceptacle du fang^
en ftparant les ventricules du cœur Cun de
Cautre.
LE premier tronc commun da réceptacle du
fang eft compofé de l'oreillete droite du cœur
A du ventricule droit du cœur B. & du tronc du
l'artère pulmonaire , C.
Les premiers rétrecilTeraens du réceptacle da
fang , marquez DDD. où les rameaux fe divifenc
infenfiblement de plus en plus.
EEE.délîgnent ces mêmes rétréci (Temens qui
échapent à la vûeySrqui compofent la plus gran-
de partie de la fubftance des poûmonSjaiant com-
munication avec les racines du vaifleau excrétoi-
re pulmonaire Q.qu'on nom.me âpre artère.
FFF.m.arquent ces racines qui concourent peu
à peu à former le tronc fuivant, Tçavoir;
Le fécond tronc commun du reccpracle du fang
qui réfulte de l'oreillete gauche du cœur, G. du
ventricule gauche , du cœur W,^ du tronc T. de
Vartere qui doit être diftribuée à tout le corps ,
tant aux parties fuperieures qu'aux inférieures.
Les féconds rétreciiremens du réceptacle du
^$6
fang , où les rameaux KKK , fe fubdivifent tou-
jours en fe létrecilTant de plus en plus.
LLL, ces mêmes récreciflemens prefqu'impeû-
ceptibles dont la fubftance des reins , de la racce,
&c cfl: principalement confl:ruite,& qui commu-
niquent avec les racines des vaifleaux excrétoi-
res des reinsjRR.qui font apellez artères, & des
autres vifceres.
MMM. les racines qui concourent des reins
avec les racines des autres parties pour former le
premier tronc commun.
NN. les racines qui concourent de la ratte &
des autres parties dans le troifiéme tronc du ré-
ceptacle du fangjequel on nomme Porte de n'eft
pas commun à toutes les parties :
O.reprefente ce troiiîémes tronc du réceptacle
<Ju fang.
PPP. font les troifîémes récreciflTemens du ré-
ceptacle du fanf;,lcfquels compofent la plus gran-
de partie de la iubftance du foyc , 6c communi-
quent avec les racines des vailTeaux biliaireSjd'où
res derniers rétrecilTemcns fe produifent pour
concourir au premier tronc commun du récep-
tacle du fang.
FIN.
hM^à^^i
i^i
TABLE
DES MATIERES ET DICTIONS ANATOMÎQUES
cxplic^uées dans ce Livre , &c rangées par Alphabet.
A
ABAi-iSEUR OU humble , mufcle AmigJales , glandes. 416. & 417
de l'œil. Page45>7 Araphiarcrofe , articulatioQ neucrc.
Abdomen , ou ventre inférieur , ce 11
que c'cft. 1^0 Anaftoraofc, ce que c'cft. ^14
Abdudeur de l'index mufcle. 181 Anacomie , ce que c'eft. 114.
Abducteurs ou dédaigncurs , muf- Anacomie, & fon fujet, lOi
des des yeux. 497 Aoatomie.necciTaite aux Médecins
Abduâiion , ce que c'eft. ^po & aux Cbiruigicns. 114
Achiles. tendon du calon. 41^0 Auchilofe.raatadie des articles. 11 j
AcidCjfuc réparé par le pancréas 109 Anconeus , mufcle du bras. 557
Acroraion , apophifc de l'omoplate Angiologic hiftoitc des vaifTcaux ,
97 1^4
Abdufteur de l'index, mufcle. 56 j Angles de; yeux. 49 j
Abdudeui du gros orteil , mufcle. Anneaux fibreux de la veflîcule da
558 fiel. 197
Abdudeurs, oubeuveurs, mufcles Annulaire , apophifc du cerveau,
des yeux. 497 47t. & 473
Abdudion , ce que c'cft. }$o Annulaire, cartilage du larior. 414,
Adhérence de la peau. 137 Annulaire , doigc. 101
Adhérence des poumons. 400 AnDu'airc,ligameDtdu poignet. 5 j^
Adipeufc, mcmbiane commune.i3p Annulaire, ligament du tarfe. 594.
Adipcufe, membrane des reins. 2:4 Annulaire, ou fpindcr , mufcle de
Adipeufe, vénc.
Aines, ce que c'cft.
Air, & fcs ucilitcz.
Air fe mêle avec le fang.
Ailes de l'oreille.
Ailes du nez.
lit l'anus. 177
zn Antagoniftcs, mufcles opofez. 535^
}^6 Anthelix , partie de l'oreille. 507
414 Antipetiftalaque , mouvement des
^06 boyaux. 171
511 Anciccar, mufcîc du pied. j^8
Aiifellcs, toujours garnies de poils, Anrircn.3r,n-iu(ci£ du pouce 5^4 56c
H y Antropologie , eu difcours de
Albugineufc tunique des cefticules. l'homme. ixj
iji ^ Anus cxrtémicé du redum. 131
Alvéoles, caviccz qui reçoivent les Aorre, gioiïe arrête xij». & j^j
denrs. 53 Aponcvtolcs des mufcles du ven.
Ame eft une étincelle de la divi- rrc 149
nitc. 443 Apophife , ce que c'cft, 17
TABLE
Apophife du Cerveau. 471 Axil'airc , Vertèbre. 7tf
Apcnatce du cœcum. 175 Azigos , ou fans paire , Tcnc. 438
Apciidiccs graideufcs du Colon i-j6
Apichcnfion c(t 'adion de la main; B
Aqueduc, canal dans l'oreille. Ç07. T^Aaillement , comment fc
& 51 î O faic. Page 43 1
Aqueufe , humeur de l'œil, 501 Bartolin , fon fentimcnc , i.& 11
Arachiuoide, tunique du cnftâUin. Baie du cœur. 374
tà-n.me. Bafe de romoplatc. 98
Aréole , cercle du mamelon. 3 59 Bafigloffe, mu fde de la langue. 571
Aritci)oiiicii,murcledu larinx. 416 Baâliquc, véne du bras. 571
AritenoidcjCarciiage du larmx. 313 Ballîn, cavité de l'hypogaftre. ifç
Arierefaix, ou placenta. 159 Badincc des reins, Hf
Arccre , ce que c'eft. 607 Bcuveur ou lifeur, roufcle de l'œil.
Articulation des os. 7.& 8 497
ArtroJie , ce que c'eft. 9 B.ceps , mufcle du bras. 4^6'
Attron , efoecc d'articulation. 8 Biceps, mufcle de la jambe. 592.
^/e//i«/ a trouvé les vcncs ladées Bicornis , mufcle du carpe. 561
en i<5^ii. i8r Bile , ce que c'eft. 198
Afcendante , arrere. 435 Bilcjl y en a de deux (oncs.là-jTré.
Afcendante vcne. iio & 438 Bivcnter ou digafttique,mufclc.54é
Afphalites , dernière vertèbre des Blanc de l'œil. 499
lombes. 77 Bord ligamenteux. p8
Aftragal. 117 Boral , trou proche le cœur, i jp
Atlas, première vertèbre du cou. 74 Bouche, ce que c'eft. 519
Attaches des poumons. 400 Bouche du ventricule. i6ç
Avant bras , ce que c'eft. loi Boyau gras , c'eft le recSlum. 561
Auditif, nerf de l'oreille. 479 çii Boyau, ce que c'eft. 170. & ijz
Avertillement aux Chirurgiens fur Boyaux font fix. i73
le crâne. 37 Branches du corps , font les bras&
Avcrtiflement aux mêmes fur le les jambes. 9Ç
fémur. 115 Brachial externe, mafcicdu bras, j 57
AvertilTemcnt aux mêmes fur la Balanus ou gland. 14*
faignée. 616 J74 Bras , os. ^ 9^
AveuilTemenc aux mêmes fur le Bras , extrémité fuperieure. 167
VerumoHtanum. 13 <J Bronches de la trachée artère. 40 j
Avertiflemcnt aux mêmes fur l'u- 40*
jetre. *46 Bronchialc artère des poûmons.40}
Auriculaire, petit doigt. 108 B^nchiale , véne des poumons.
Axeou aiftîeu,troi{iémcvcrtebre.7 5 là même.
Axillairc , artère. 457 Bronchique, mufcle du larinx. 42 Ç
Axillaitc , réac. Ik-méms. Buccioatcur, rauldc des lèvres. 5x1.
DES M
BMfff«/*, ou petite gorge. Çio
Buciccufes, oa parties du iâii. 364
CAl, comment fe fait. Page 17
Calamus, cavité du quatrième
ventricule. 473
Calcaneum, os du talon, 118
Canal arcerieux. ^17
Canal commun de la bile. ^^7
Canal pancréatique. 20^
Canal thoraçhique. 183
Canal nazal. 5 1 7
Canaux excrétoires du nez. l/i-mê.
Ganin mufcle des lèvres. 511
Canines , dents. 64
Capillaires, véncs trés-pctites. 613
& 614
Capfulcsatrabilaircs,ccqucc*cft.2io
CâpCule de Glijfon. i^x
Carotides , artères. 482
Carpe , partie de la main. 13
Caruncules du coin de l'oeil. 59 j
Caruncules mirtiformes. i66
Cafeufcs , ou ftomagcufes , parties
du lait. 3(^4
Cave la plus groffc vcne. 391
CavitcZjOu parties caves des os. 1 9
Cavitez delà tête. 66
Cavitcz des os fonc différentes. 7
Cavitez doubles. 10
Cavitcz fimples. l^-méme.
Caufcs des os, quelles font ii,& 13
Geignante , dernière vertèbre du
dos. y6
Centre nerveux de diaphragme.5 81
Géphalique, véne Hu bras. 571
Ccphalopharingien , mufcle. 419
Cétatogloffc , mufcle de la langue.
Cercle membraneux des inteftins.
171
A T I E R E S.
Cerveau ce que c'cft. 4^1
Cervelet , ce que c'c/l. 47*
Cervicales , artères. 481
Cervicales, vénes. 43 5
Chair de la langue eil particulière.
Cheveux , ce que c'eft. 174
Chilc , ce que c'et. 167
Chilification, comment fe fait. i8y
Chirurgie , ce que c'eft. l
Chirurgicri doit être bon Anato*
miftc. 124
Cholidoque,conauit de la bile. 157
Choroïde, tunique des yeux, joi
Cicatrice, ce que c'cft. 13S
Ciliairc , ligatBent des yeux. 305
Cils , ce que c'cft. 49<^
Circulaires, fib-es dcsinteftins. 171
Circolaire ligament des articles. 10
Circulaire , petit 01 de l'oreille. 4c
Circulation du fang ^ comment le
fait. 394
Ciftiqucs , ancres. 151
Ciftiques , vénes. 19a
Clavicules , os de la poitrine. %j
Cfinoïdes , apophifes. ^g
Clitoris, ce que c'eft. a^j
Coccii, os de l'extrémité de l'cpice,
79
Cœcâle, véne. i8i
Cœcum , gros inteftin. 17 c
Cœliaque , artère. no
Cœur , ce que c'eft. 375
Coins de la bouche. jto
Col , éminence d'os, 17
Col , fes vertèbres. 73
Col de la matrice. 17 g
Col court de la matrice. 1^^
Gol , partie de la poitrine. 41. t
Col de la vcftîc. xig
Gol de la veflîcule du fiel. 196
Colomoe du nez. jii
Colon , gros intcftio. i-j6
TABLE
Complexus , murde de la tête. J49 Çdftales , rcrtebres. jy
Condilc, petite tête de i'os. 17 Côtes , os delà poittine. ^4
Conduit iK.gLJicr. 1^8 Cotiloidc , cavité de l'iichion. lo
Conduits bi laircs dans îc foye ijt Couches des nerfs optiques. 474
Conduit uiinaiie de ia femme, 16 j Coude , ce que c'cft. 101
Coiigenetcs , mulcies. J35 Coude du pied. jg7
CoDgiobées, gl.;Ddc$. 107 Couleur des os. xç
Conglomérées, «fpcces de glandes. Couronnement, ce que c'cft. %(,\
*o8 Court , mufcie du bras. jj^
Conjoiidivc, tunique de l'oeil, joo Court , raufclc du carpe. 5^0
Cooflticleurs du nea mufcles. 514 Court , mufcIc du pouce. J64
Coquilles, cavité ie l'oreille, çio Court, mufcie du rayon. ç^g
Coracoide, apophifc de l'omoplate. Court , mufcie peronicr de la jam-
99 be. j,ç
Coracohioïdien, mufcie. î47 Goûturiet , mufcie de- la jambe*
Coracoïdicn, mufcie du bras. 555 jjt
Corde, qui cft dcrriac ic tambour. Crâne , ce que c'eft. j*
Î09 Crafle de la peau, comment fe fait.'
Cordon qui va de i'eofant à l'artîe- 137
rc faix. 15^ Crcmaftcr, mafclc des tefticuies.
Cornée , tunifjiie de l'œil, 500 231
Cornes de /a matrice. 170 Crête de coq , apophife. 48
Corne de l'os hyoide. 65 Crcte de l'omoplate. 99
Corniche de la voûte, 4^7 Cricoatitcnoidiens latéraux , muf-
Coronal, os. 57 clés. 41 y
Coronalc , future. 34 Cticoaritenoidicns pofteticurs ,
Coronaires , artères du cœur. 377 mafcles. ' là-méme.
Coronaires, vcnes à\iccc\ii.là'mém Cticoide , cartilage du larinx. 411
Coronaires ftomachiques,vénes.i8i Cricotiroidiens, mufcles. 415
Coronc, pointe d'os. 18 Criftalline , humeur de i'œil. 505
Corps calleux du cerveau. 4^4 Grotaphites , mufcles. y44
Corps canelez du cerveau. 435 Crural, mufcie de la jambe. 591
Corps caverneux de la verge. 145 Crurale, artère. 6to
Corps cendré du cerveau. 463 Crurale antérieure , artère. 6iz
Corps glanduleux du foye. 190 Crurale pofl:erieure,attere./«-«»?'«».
Corps mammillaites des reins. Il j Crurale , véne. ^18
Corps médullaire du cerveau. 4^4 Cubital externe , mufcie. 560
Corps pampiniforme. Z24 Cubital interne, raufclc. jj^
Corps papillaires de la langue, j 17. Cubitus , os du bras. lor
& jiS Cuboïdc , os du pied. 114
Corps voûté, partie du cerveau. 4^7 Cui.Te , ce que c'eft. 5^^
Corticale , fubftancc du cerveau. Cunéiforme, os du lar.^e. 119
4<S3 Cuticule , tégument commun. 13$
DES MATIERES.
D
ARTos.mufcIe cutané.Pag.iji
Dcdaigncur , mufcle de i'œil.
A97 ^
Définition doir être claire, 13
Dé ferons , va ffeauï. 135
Déglatition, comment fe fait, j 17
Dclioidc , mufcie du bras. 553
Demi circulaires , fibres du cceur.
Demi épineux, mufcle des lombes.
Î84
Demi membraneux , mufcle de la
jambe. j9i
Demi>nervcut,mufcle delà jambe.
la- même.
Dent , ce que c'cft. 57
Dent de lait. 60
Dent de fageffe. la»méme.
Dentelé, mufcle de la poitrine. 57^
Dentelé pofterieur & infe.icur,
mufcle. Ik-méme.
Dentelé portcricur & foperitur,
mufcle. là- même.
Derme , ou peau. 13e
Defcente , artère. 4j6
Defcondantc , vénc. 438
Diaphragme , ce que c'cfl. 580
Diartrolc , efpecc d'articulation. 8
Diaftole.mouvcmcntducœur. 378
Différence des os. ç
Digafttique , mufcle. 546
Digcftion des alimens. 168
Dilararcurs , roufdes du nez. ^14
Diploé , ce que c'cft. 32,
Differration fur ia Géuératioa. 173
DiiUmilaites , parties. 12.8
Doigts , font cinq. iO
Dos , partie pofterieuic de la poi-
trine. . 454
Dos , fes v'èrtcbtcs, 76
Dos du nez. 512,
Douteufe, efpecc d'articulation. 10
Droit , mufc c de l'abdomen. 144
Droit, rnufc'e de la jambe. 551
Droits , grands &c petits mufcles de
la fête. 16^ & 16^
Du Laurens , fes raifons 3 &15
Duodénum , inrcftin , g, éie , 173
.174
Dure rocre, raemb;ane du cerveau.
45i
E
EAu du péricarde, comment fc
Efet de la femence retenue. 3Z5
Ejaculatcurs, mufcles de U verac
140
Ejaculatcurs, mufcles du clitoris.
16^4
Ejaculacoitcs, vailTcaux de l'hom-
me. i-^6. & 137
Elitroïdc.tunique des cefticulcs. 23 i
Eminence annulaire du cerveau.
471475
Eminentc, première vertèbre du
dos. j^
Emulgentes, artères. 210
Emulgenres , vénes. 2, , r
Enartrofe , efpece d'articulation. 8
Enclume os de l'oreille. 44. & «o^
Enervâtion du mufcle droit. 147 14S
Entonnoir, partie du cerveau. 4^5.
466
Epaule formée par l'omoplate. 97
Epidctme , ou ferpeau. 133
Epididime, ce que c'cft. X34
Epigaftre , partie du ventre. 130
Epigaflriquc , artère. 120
Epigaftrique, vénc. lÀ-m.n7e.
tpiglotc , cartilage. ^1^
Epine , ce que c'cft. 69
Epine du nez ^ , 2
Epincufes, Apophifes des vertèbres.
73
Epineux , mufcle du col. 5 c j
Si
T A
Epîphire, ce que c'eft. I5
tpiphifcsdes protubetanccs orbicu
iaires. 470
Epiploïque, artères. 191
Epipioïque , vénc. l&l
Lpipioiqqe poftcrieure,Téne. la-m.
Epiploon, ce que c'cft. i ^9. & I60
trccicurs muiclcsde la vcige. i^l
tiédeur» niulcics du clitoris. 164
Ercdion, ce qui la fait. 145
Eritioïde tunique des tcfticulcs x j
Efprit animal. 463
El!;rK vita;. la-mfme,
Eiiomac , orlËcefopcrieut du vcn.
tricule. 16 j
Etmi idalc , (uture. 3 f
tttroide, os du ctaoe. 47
Etner^os de rorcille. S4^& 5°9
Examen particulier de l'épine. 73
Expcricncc qui conduit le chilc au
cœur, 441
Expcricncc , qni prourc la circula-
tion. Î97
Expcricncc fur le foye. 195
Expcricncc fur le mouvement du
cœur, 3 ?4
Expérience fur le mouvement des
inrcflins. lyi
Expcricncc fur la génération. 3x1
Expérience lur latcufion de la ver-
ge- M4
Expérience fur les vaiflcaux fper-
matiqucs. 217
Expiration , c'eft la fortic de l'air
des poûrnons. 4U,
Extenfcur commua des doigts,
mufcle. jér
Extenfcur propre du petit doigt,
mufcic. ' 56 j
Extenfcur commun des orteils,
mufcic. jj6
Eitcnfeur propie du gros orteil.
ibufcic. ^^S
BLE
Extrémité fupcrieurc,lc bras, j 19
Extiémitc inferieuie, la jambe. Ix
même.
Extrémité rupeiieutç compofce de
6t os. 14
Extrémité infciicurc çompoféc de
éo os la- même,
F
F Ace , cft l'image de l'amc. Page
48&49
Fagouë glande. 43 8 & 43^
Faim comment fe fait fcniir. 1^3
& 164
Faits particuliers fur la geneiation
Fifcia lara, mufcle. 59$
Faits extraordinaires. 377
Faulx partie de la dure-mere. 4f$
Fémur, os de lacuilTc. ili
Fente irregulietc du fphenoïde 474
FefTes , parties inférieures du dos
131
Fefliers , grand , moyen, & petits
raufdes. 588
Fibres , parties (imilaires. 918
Fermur,mufclc des paupières, 494
49Î
Fiel, ou bile. 19%
Figure de la poitrine. il & 81.
Figure de la Tète. 3
Filet delà langue. 517
Flancs, parties latérales de l'hypo-
gaftrc. 131
FlcchilTcur propre du gros orteil,
mufcle. îjS
Fléchiffeur propre du pouce, muf-
cle. ^64
Fociles, grand & petit os du bras.ioL
Fœtus, comment fe nourrir. loj
Fond de la matrice. 170
Fond de la vc/Hc. 118
Fond de la vcfficule du fiel, i»^
Fond du ventricule. i^i
DES M
Fontaine de têcc. 7
Foires, ca virez des os. 19
PofTes cx-crnej de la tête. 67
Foffjs internes du czâac. là-meme.
Pofle uaviculaire. i66
Foye, ce que c'eft. 188
Frein de la verge I45
Front, partie du vifage. 489
Frontal , ou cotonal , os du crâne
57
Frontaux, mufcics. 450
GAlien , fes raifons. Page 1
Gaftrépiploïquc, véne. 181
Gaftrépiploïque, artère. 97
Gadrique majeure^ véne- 181
Gaftrique vaincaieyvénc.là'méme.
Gaftrique, artère. if 1
Gemeaux.mufclcs de la cuilTc. 550
Gémeaux, mufdes du pied. 594
Gcncires.ceque c'eft. 511
Géncration,comment fc fait. 3J0
& 3SI
Génération des os. 7
Génihyoidicn, tnufclc. - 547
Genioglofle mufcle. 517
Genou, partie de la jambe, 113
Ginglimc, articulation d'os. 9
Glaire, humeur des jointures. 113
Gland de la verge. 241
Gland du clitoris 2.^4
Glandes en général. X07
Glandules, ou petites glandes du
cerveau. 463
Glcnoide, cavité de romoplâte to
G'obe du nc2. 511
Glotte, cartilage du latinr. 415
Goro^bofc, articulation des dents
10
Gobelet de Diogene. j^i
GoQoiées, leur Hege. 1 j 8
A T I E R E S.
Gotier , le dcvantdu col. 411
Goût, comment (c fait, 518
Grains glanduleux des conglomé-
rées. toS
Grains g'andu'cux du foye. 191
GraifTc, tegufiic-iit commun- 139
Gra.deux, vaiffeaux de l'épiploon.
Grande fente de la matrice, léi
Grandeur des os. 1 y
Grandeur de la poitrine. i8i
Grandeur de la tête. 35
Gras delà jambe. 58^
Grêles, intcftins. 173
Grêle,mufcle de la cuifle. 5^1 Se
Gros intcftins 173
Gueule, ou pharini. 410
Guftatifs, nctfs de la langue. ji6
Guftatif,ncrf du goût. 47 y
H
H Anches , font faites des trois
os. Pages?
Harnie , cTpccc d'articulation. 11
Hélix , pa'tie de l'oreille. 507
Hémorroidale , artère. 180
Hémorroidale, véne. 181
Hcmorroidc , maladie, la-même.
Hircus, partie de l'oreille. ^os
Hiftoirc qui a fait roirfef rênes
iadées dans l'homitie. 184
Honteufe , artère. tio
Hontcufe, véne. Ik-mèm \
Humble, ou capucin, mufcle des
yeux 497
Humerale, artère. 43^
Humérus, ou du bras. 99 (k. 100
Humeur glaitcufc des protaftcs.
138 & 135»
Humeur Yifqucufe de roefophagc
Sf ij
TABLE
Humidité vifqucufe du latins, 417 Intercoftalc inférieure, arccrc, 457
Hydropific , maladie. ' 1S9 Inceicoftaie , vénc. 438
Hyaicn , ne (c trouve point. 16 8 îutercoltaux externes mufcles. 410
Hyoïde os de la Ungue 64 5c ^77.
Hyotiioidiens , muicies. 41^ Intercoftauz internes, mufcles. 578
HypoL-otid es parties latérales de Interodcux internes & externes,
l'ép'.galirc ' 13 mufcles de la main. 563
Hvpogàdre partie da ventre. 131 IntcroiTeux internes & externes
Hypo^-aftriqucs , artetes. ' iio mufcics du pied. 51^7
Hypo^artriques , vénes. là tnémf. înrcftinalc, véae. I75
Hypogloudcs , glandes de la lan. Inteftins , quels ils font. 1^9
eue. 516 Jf uës , parties du vifage. J13
Hypotcnar , mufcle du petit doigt. Iris , ce que c"c(l. joi
^66 ïfchion , os des hanches, 51
Hypotenar , mufcle du petit orteil. Ifles , parties du ventre. 13 1
568 Jugai , ou zigoma , os. çy
I Jugcmeas tics quatre opinions fut
!a génération. joj
ÎA M B E , extrémité iafciieure. Jugulaires , glandes du cou. 551
Pa^c 58^ ' ' Jugulaires externes & internes, vé-
Jambe du clitoris, 164. iics. 438
Jarrbier antérieur , mufcle. ^93
Jamb.er porter. eur , mufcle. 555 L
Jarret , ce que c'c.'l. 595
Jerrctier , ou poplité, mufcle ^i6 T ABiRiNTHÊ,cavité dç roreillc,
Jeju um , l'un des inteftins grêlés. L# Page j 1 1
174 Lacis choroïde. 4^8
Ileon , autre intcrtin grêle. lyj Lacis tetiforme. 48J
Iliaques externes & intcrncis , artc. Lacrimal , fac. 455. & 4^^
res. ' xto Lacrimale , glande, Ik'méme.
Iliaques internes & externes , ve- Lacrimaux , os. 51
nés. là-méme. Ladécs , vénes ncuvcUement dé»
Iliaque , mufcle de la cuiflc. 588 couvertes. 182,
llion , os des hanches. 50 Lacunes ou canaux excrétoires. 1(56^
Incilif, mu'^cle des lèvres. jzo Lait , ce que c'eft. 3^4
locifîfs , trous du palais. J3 Lait clair, partie du lait, la-même.
Incifives , dents. 63 Lambdoide future. 34
Index , iccond doigt. I08 La'^goe,ce que c'eft. 5x4 & S2,y
Indicateur , niulcle. 5^î Larinx , organe de la voix. 42.1. &
înfpiracion , apporr d'air. 408 411
ïiucrcoftal , nerf. 434 Lattjfimtts , mufcle. Î54
Intcrcortale , fupcricure , artère. Lèvres de la bouche. 519
43 î Lèvres de la matrice. i^i
DES U A
tigsmenc , ce que c'cft- - 17
Ligament caicilaginsuï. 107
Lii^amciis de i'cpine. 71
Ligamcns du foye. 18j
Liganicns de la langue. ^16
Ligatntns de la ratte. zoi
Ligamcns de la verge. 14.1
Ligaracns larges de la matrice. zo8
Ligamcns membraneux. zi
Ligamcns nerveux. Ih-mèm».
Lignrr.ens ronds de là macticc. 1^7
Digne blanche , ce que c'eft. i^i
Limph itiques , véocs. 610
Liir.phe , ce que c'cft. ^ ôti
Liqueur huileufe , ou fuc nerveux
ce que c'cft. 461
Lobes du foye. 58>
Lobes de l'oreille, ^06
Lobules des poumons, 40 ;
Lombaires , artères. ito
Lombaires , glandes. jS'j
Lombaiics, véncs, in
Lombes , parties du dos. 7^
tombes , parties du ventre. îji
Lombricaux, mulcles de la main.
Lombiicaux , muTclcs du pied 5?8
Lotig , mofcle du carpe. y>o
Long , mufclc du cou. 551
Long , mufcic du bras. 5 5(î & 557
Long , mulclc du pouce. 5^ +
Long, mulclc du rayon. 558
Long où coutuiiet , raufclc de la
jambe. 591'
Luette , ce que c'eft. ji}
Lunaire , caitiiagc du gcnoa. 1 1 j
M
MAcHouU inférieure Page îJ
Machoi»e (upcrieurc. 51
Main , & fori clcgc. ?>
Tr£îlES.
Maiieolè cxcerne.
Malléole incerne. Ik-mer.
' Aî.*:'p:phi , fur la graille. 141
Ma ! uni , os de la face. 52,
Mj.mmaircs , arccres. 43 5
Mammaires , vénes. 437
Mammelles'des rcmmes, 35^
MamiTiellcs des hoaimcs lÀ-m^/».
Mammelon , ce que cVft. 3 çtf'
M.immi.laircs , productions 474
Marteaà ■ os de l'ouyc. 505» &: 44
'viaiictcr , mu'cle. jj-y
Miftication , Comment fc fait, ^o
Maitoïdc , apouhife, 43
Matrice , ce que c'crt. sj3&i54
Maxillaires , altères." 47 j
M.iïillaires > glande^. ;i9
Maxillaires , os j j
Mécanique admirable du nez in-
terne. J17
Mécanique de la langue )xy & ^2.8
Mécanique des valvjles. 61 f
Médiane , vénc du bras. 5-5
iVlediaftin , ce que c'crt. 3<>8
Mediaftinc , véne. 365»
Médullaire , lubrtance du cerveau.
4^1
Membrane, la plus grande du corps;
Membrane charnue 141
Membrane commune dc> mulcles.
143
Membranes du cerveau. 451
M^nfiiuës j ou otdinaiies des fem-
mes, a^9>
Mciiion , partie de la fui.:i.
Métacarpe , ce que c'cft. 107
Métataifc , ou avant pied. 11^
Mcfarai.)ues , vénes. i%6
Metcntcrc , ce que c'cft. 178
îvié'enceriqae lopcrieure , attcrc
iO
S r ii)
TABLE
Mcfcntctîqueînfcrîcutc , aitcrc../<ï-
méme.
MefcBcericjue , nerf. 4(34
Mefentcriquc, vcnc. 180
Milieu , doigt. 180
Milohyoidicn , mufclc. 547
M irtifoimcs, caroncules. 189
Mirtalcs , valvules. 3^3
Mcëi'e allongée, 471 & 485
Moelle rpinale. 481
Moelle, lue des oS. it & 13
Molaires , dents. 64
^onrai.tt-s, n.ufclc des lèvres 511
Morceau d'AHam. 411
Morceau du Diable. ijl
Morve j ce CjUC ccft. 51 ç
Moteurs des yeux, nerfs. 474
Morte.ou Monc de Venus. 2.61
Moustaches , le deffus de la lévjc
lupeiieurc. 510
Mouverrcnt da cœur Te fait pat le
fang. 384
Mouvement du cerveau fuie celui
du cœur, 461
Mcuvcmens de la durcmerc , font
rr.anifcftcs. 460
Mouvcn tns des mufcîcs, comment
fc foiitjluivain l'opinion comniu*
ne, Î3(î
Sifi^jant EorclliAk-méme^
btii'uar.t M. Brunet, 540
Mouvement des os. 6
Mouvtmens cor>icjucs, Ce cjue c'eft.
Mjlcofucz des inteftins. 170
Muî'cle, ce que c'cft. ç^r
Molculaire, arrerc du cou. ^35
Mii'cuîaires fupprieurts & infcticu-
res , artères des lombes. no
Miirciîlaiies fupcricurcs, moyennes
& infciicurcs , vénes des lorabcs,
2&1
Mufculaircs fupcricurcs & inférieu-
res , vénes ducol. 43'^
Mufculaiies internes , externes , &
petires , arrcrcs de la cuilTc. 6n
Mufcle , vcne de la cuifle. 619
MyologicjOu difcours des mufcles,
It4
N
NA R I N E s , cavitez du nez.
PageçKî.
Nalfelle , partie de l'oreille. jo^
Ncites , parties du cerveau. 471
Naviculaires ou du pied. ri8
Nephrii.s, première vertèbre àcs
lombes. 76
Neifs , ce que c'ed. Éoi
Neifs caverneux du clirotis. 1*4
& 165
Nerfs caverneux de la verge. 141
Névrologie , ou hiftoire des Nerfs.
601
Nez, ce que c'efl. 141.
Nez , compofé de cinq cartilages
Nez , formé par deux os. 51
Nez, organe de l'odorat. 511
Nombre des côtes. S6
Nombre des dents, trente deux. 6^
Nombre des muCcles, félon les An*
ciens .quatre cens trcnre quatre.
Nombre des mufcles , félon les
ModerncSjCinq cens viogt-ncuf.
600
Nombre des os deux cens quaran-
rc-rcLif. ij
Nombril , ou umbiiic 155 & 15^
Nourrice doit avoir le rriammcion
petit. 3Î^
Nourrirure des oî. 11
Nuque du cou. 42.1
Nymphes, ce q^e c'cft. x^i
DES MATIERES.
Oreille dfoicc da cœut prodtgicU-
) fcmenc gcodîe. i^ S
Organe, ce que <'eil ii<^
Organiques.parcics. Ikvem.
Orrficc excerne de la matrice z6i
Orifice interne de la macrice. 159
Orifices des trompes. i^i
Orteils, ou doigcs du pied. liO
Os ce que c'eft. ^ î
OUification fc fait peu à peu. iS
OIteologic . ou difcours des os. j
O.airc, ou tefticulé. ^50
O/alairc.rtou de rifchion. 91
Ovariftes , ceux qui croient les
œufs. _ ^70
Ouraque ce que c'eft. M7
Ouyc, comment fc fait. 511
OB L I ciu ï afccndant , ttufclc.
Page 14 j
Ob'ique dcfccndant, mufcle. 144
Obliques grands & petits , mufclcs
de la tête. 5 5°
Obliques grands & petits ,mufcles
des yeux. 49 8
Obfcrvations fur les poumons 401
Obturateurs internes & externes
mufclcs de la cuiftc, 590
Occipital os de la tête. 590
Occipitaux, mufclcs. J^o
Occiput, partie de la tête. 44S
'Odontoide apophifc. 7 5
Odorat , comment fc fait. 519
Oeil, organe de la vûë. 49I & 4?^
Ocilicrcs, dents. 64
OcfaphagCjCe que c'cft. 43 o
Ocfof hagien , mufcle. 4^9
Oeufs , principes de toute généra-
tion. ~ ^7^
Olecrâne, ce que c'cft. 5^7
Olfaaoires.nc^fs. 474
Omcntum.ou épiploon. 159 & 1 60
Omoplate.ou de l'épaule. 97
Ongles, parties des dosgts. 6iz Se
613
Onychornuchio , ou infpeélion des
ongles. <^2,6
Opinico la plus reçue fur les œufs.
M3
OphtaliTiie , maladie des yeux.500
Ophtalmiques , nerfs. 47 î
Optiques, nerfs des yeux. 474
Orbiculairc, roulclcdcs lèvres. ^2.1
OrbitairCjtrou. 7^
Orbites, c-ivitcz des yeux. 54
Oreille externe. ^05-8^ *°^
Oreille inrcrnc. 507
Oreilles da ccrur. ^3 +
PAiREsde nctfs du cerveau, dit
Page 47 î
Paires de nerfs de l'épine , trente,
(Î03
Palais, ce que c'cft. 5^'
Palais fes os. H
Palmaire, mufde. 5^»
Pancrcasglande. ^°7
Paniculc charnu , ne fe trouve
point. ^
Papilles nervcufes delalangae.i48
Paraltncs.ou épidimes. ^34
P.iiistaax os. 4o & 4^
Parois de la tête. la-meme.
Parotides glandes. 5°^
Parties des os. ^ ***
P.itTion iliaque, ce que c'; ft. 17
Pathétiques, nerfs. 47 + & 47 î
Pavillon de la trompe. ^î
P,iûmedc la main. S^°
Paui'icre infcvicurc. immobile. 494
P.5npierc fupeicure, mobile, là-tné.
Pcirnchimc, ce que c'cft. x?»
TABLE
Peau , tégument commun. 136 Picuitairc , glande. 487
Pcaucicc , mufcle. 64.6 Plâceiua, cc que c'cil. 1^^
Ptiîten , os. 91 Plantaire, muiclc du pied. 5^4
Pedtineux , mufcIc, 5S8 Plante da pied. 587
P.ftoral , mufcle du bras. -)5+ P.'évic, membrane de la poiciinc.
Pcdoral, petit muiclc de l'omo- 166. & 167
plaïc, 553 Plexus choioidcs. 46J
Pé lieux , mufcle. 496 Plexus hcpaciquc. 477
Pénil , le de/lus de la partie hon- Plexus méfcnrcriquc. 478
tcufc. Ï31 Plexus fpléniquc. Ik-méme.
Tequity celui qui a tfouvé le canal Plexus du ventricule. \66
thorachiquc. 185 Plica , maladie des cheveux. 614
Péiicarde. 370 Poignet , ou carpe. loy
Péricrane, ce que c'eft. 4J0 Poils de la peaa. 138
Périiié , ligne du fcrotum. 131 Points lacrimaux. 495. & 49^
Péfi^^ltece, cc que c'eft. 450.&4JI Poitrine , Tes os. 84
Pé:ifilto!e, repos du cœur. 3751 Poitrine , ce que c'eft, 3^3
Périftalt:que , mouvement des in- Pomerres. 51
teftins 171 Pont de varole. 475
Pérjftalphilins externes. 513 Poplité , mufcic. /9J
Périftaphiiins intcincs. 514 Poplitique, vénc. 61%. & 61^
Péritoine, ce que c'cît IJ4 Pores biliaires. 196
Péroné , os de la jambe. ïii Pores, trous de la peau. 137
Péroné anrcricur, mufcic. ^94 Porte , grofle véne du ventre. 181
Péfoniers poftericurs , le long & le Pouce , os. loS
court mufcics. j9ç Poumons , ce que c'cfè. 399
Petir doigt. Io8 Premières véncs ladléeï. 185
Pécrcux , os de la tête. 42 Préparans , vailTcaux Tpermatiqucs,
Phalat-g'.ie, ou rangées d'os. 108 zi6
Pharinx , ce que c'eft. 419 Prépuce de la verge. 143
Phtéoiques , artères. 437 Prépuce du ditotis. ^f^
Phrcr.iques, véncs. 438 PrefToir , ou fînus droit de la dure-
Pied , extiémicé inférieure. 117. Se mcre. 4^6. &4S7
p9 Profond, mufcic des doigrs. j6t
Pie mcre , Membrane du cerveau. Profond, muicle des orteils. îç7
4iJi rrfl/^^.'« parties de lèvres. 510
Pilijr'j , orifice inférieur du ventri- Ptonanon , ce que c'eft. 5^7
cu'f, j^, j Proportion des parties externes,
Pm^aie , glande du cerveau. 468 117
PiramidiLjx. mufcle du nez. J13 Proftsrcs , corps glanduleux. 337
Piraiiiidaux.mufcîe du ventre. 119 Protaftes des femmes. ^66
Piriforme ,oupiraraidal , tnufdcs. Protubérances orbiculaircs. 470
389 Prunelle de i'ceil. 501
DES MA
l'foas , mufcles. 587
pf-zcûlogic^qui rraf'c de l'Ame. 114
Pccrigoides, apopliifcs. 45
Pccrigoidien extérieur, tnufcle. 54 j
Pterigoidien intérieur, mufclc. 546
Ptcrigophariens , mufcles. 430
Pubis, os, pi
Pucelage ,& Tes marques. 2.68
Pulmonaire, artcre. 391
Pulmonaire , vénc. 3^3
Purification du fang , comment fe
fait. 187
QUaisse du tambour Page 508
Quarré mufcle pronateur. 558
Quarré , mufcle de la cuifle. J90
Quarré , ou montA'iius , mufcle des
lèvres. 511
Quarré figure des os du palais. 54
Quatre opinions fur la génération.
ij8. & fuiv.
T I E R E S.
Relcreuts de l'anus, mufcles. 178
Rclcvcur des paupières, mufcles.
494
Reins , ce que c'eft. xit
Pvénales , glandes. tit
Refcrvoirs du chile. 18^
Rcipiration, comment fc fait. 408
& 579
Rétine , du rcticulairc , membrane
des yeux. joi
Rets admirable de Gallen. 48c
Rhomfaoidc , tïlufcle. 551
Rocher , partie de l'oreille. 44
Rond, grand mufclè du bras. 55a
Rond, petit mufcle du bras. jjj
Rond, mufcle pronateur. 557.^58
Rotation, mouvement de la cuifle.
SS7
Rotule , os du genou. 115
Ruche partie de l'oreille. 50^
RARE, partie poftericure du ven-
tre. Page 131
Radial externe, mufcle. 550
Radial interne, mufcle là même.
Radius , ou rayon, os. 105 & 104,
Raifon de la fituation du cerveau.
444
Rnifon de la fituarion du cœur.374.
& 37Î-
Ranulcs, véncs de la langue. 51^
Rarte, ce que c'cft. 100
Raye qui lépare les fefTes, 131
Rectum gros intcflin. I7y
Recurrens droits, nerfs. 43^
Rcrcurrenî gauchcs,Dctfs./«-;w?TO#.
Reievcur de l'omcplatc , mufcle.
S Acre , mufclc de» lombes. Pa-
ge y 84
Sacrée, artère. xio
Sacrée , véne. xii
Sacrolombairc , mufclc. 577
Sacrum , os, 77
Sagittale , future. 34
Salivaires , glandes. 5x9
Saiivaires, vaiiTeaui. Ik-méme.
Salive , eft un diflblvanr. 1^8
Salvatel.'e , vénc de la main. 571
Sang, doit être purifié. 188
Sanguification.fefaic aucœur.187
Saphéne , vénc. 610
Sarcologie , ou hiftoirc des parties
molles. iiA
Scalcne, mufclc du COU. yjo
Scapoide , os. ug
Scapulaircs externes Sc internes, ar-
tères. 43<f
TABLÉ
Scapulaîrct externes & internes,
véncs. 437
Sciaiique majeure. 436
Sciaiique nuncure. là-métn-.
Sclciocide,parrie de la comée )00
5ctoium, ou boutle des (clticulcs.
233
Scutiforme , od tùoide , cartilage.
4*3
Secondaires, tcdcs li-dlécs. 1J3
Selle de l'os (phétiOide. 45
Semence, (épatée par Ics tefticules.
131 & x,3
Scnciment des os. \x &C 13
Septum luddtttHê 46 J
Sepcum med'um. 3?9
S'piumtranfverfumi J80
Scfartoides os. Iio&iit
Siège du baaillemenr. 431
Siège de la beauté. 49
Siège des gonorthéeS. 238
Sigmoides, valvules. 3ji
Similaires parties , quelles elles
font. lis
Simphife avec moyen. it
Sifrphifc fans moyen, là-méme.
Sinarcrofe , cfpece d'articulation.
10 & II
Sincipur le devant de la tctc. 44;
Sincondcofe, articulation. 11
Sinevrofc, articulation. Ik-méme.
6inus, cavité des os. 19
iSinus iufeticut de la dure-meie.
4j«
S'iius droit. làtnéhte.
Sirus latéraux. là même.
Sinus longitudinal. là-méme.
Sifarcole cfpccc d'articulation, ix
Siftolc, ce que c'ett 3"8
Soif, comr^cnt Te fait fentir. 169
Volairc, mufcle. 5JÎ
SoiBmcr de la tête. 44S
Souclavicr, malclc. 57^
Soueiavicrcs , arteréS. 436
Sourci s, ce que c'cft. ii^j
Soû Scapulaire, mufclè. ijj
Sous épineux, mufcle. la-meme.
Spermatiques , arteics des femmes.
148
Spermatiques, artères des hommes.
z;,o & 1^4
Spermatiques , ténes des femmes.
148
Spermatiques , véncs des hommes.
toi
Sphcnoidale, future. 3 ç
Sphenoidc, os. 45
Sphinder de l'anus. 130
Sphiadctde la yefTic. ti3 & 119
Spinal, nerf. 479. & 480
Splanchonologie , ou hiftoitc des
Vifcercs. 114
Sp'énique, mufcle. 548 & 549
Splénique, vene. 105
Spondiloides, ouvertebrcs. 7a
Squammeufes, futures. 35
Squelcte,ccquc c'eft. 3
Squelette de dcua fortes. 4
Sternoiiioidien,mufc'e. 548
Sternotiioidieo, mufcle. 415
Stcrnoclinomaftoidicn, mufcle. J48
Sternum , le devant de la poitrine.
8i
Sternum, compoféde ttois os. 83
StiloglolTc mufcle de la langue. 5 17
Stilohioidien , muscle. 487
Stiioide, apophife 55
Stilopharingicn, mufcle. 430
Stomachiques , nctrs, 43 4
Suc acide. 164
Sue pancréatique. 2.09
Sublime, muscle des doigts. jél
Sublime mufcle des orteils. y^tf
Sueurs, comn^ent le font. 137
Suif ce qucc'cit. 140
Sublinguales, glandes. \\6
DES MATIER1ES.
Subftaoce vifqucufe de la langue. Tiroides , glandes. 41^
518 Tournoyantes féconde vertèbre. 7^
Superbe, mufcle de l'œil. 497 Trachée . attere , ce que c'cft. 404
Superfticion , des noiicmcns d'ai- Ttanrpiration infenfiblc. 19^
guillctcc. 310 Tranfveifales , future. 3Î
Supination , ce que c'eft. 557 Tranfverfc , mufcle du cou. 551
Suiaie, vénc. 618 Tranfverfe , mufcle du ventre. 14 j
Sus épineux , mufcle. 554 Trapèze, mufcle de i'omoplate.^ 5*
Suture fauffc. 10 Triangulaire, mufcle des lèvres, s lO
Suture viaye. Ik-mémt, Tiiangulairc , mufdc des lombes.
T Triangulaire , mufcle de la refpira-
tion. 577
TAcT , fentiment de toucher. Triceps , mufcle de la cuiflc. 58J»
Page 6}6 Triglochiocs , ou tticupidcs > val-
Tambour , ou timpan. 508 vules- 591
Tarfcs cartilages des paupiercs,49<î Tiocanters grands & petits , apo-
Taifes , parties du pied. 117 phifes. iit
Tempes, os 43 Troclée , ou poulie. 598
Tempes, parties latérales de la tête. Trompes de la matrice. 15 1
44 j Trompeteur , mufcle. jtt
Temporal , mufcle. 545 Tronc , ce que c'cft. 11
Ténar , mufcle de la main. Ç64 Tronc compofé de foiiantc»fept 05
Ténar, mufcle du pied. 358 i^, & 74.
Tendon d'Achilles. 118 Trou , cavité des os. il
Tendons , cxtrémitcz des raufcics. Tuberofué de rifchioQ, 5S
Têtes , parties du cerveau. 470 V
Tefticulcs des femmes. 150
Tcflicules des hommcs.ii8.& iio T T Agîn , ou Tagina. Page i58
Tête , compofée de foixante OS.X5 y Vague , huitième paire de
Tète , domicile du cerveau. 434 nerfs. 455
Tétc , partie d'os. 38 Varices , comment fe font. 6\l
Thorachiquc , canal. 440 f^ïj fcr^re , ce que c'cft. 147
Thorachiqucs fupcrieurcs & infc- Valvules , ce que c'eft. tfiy
rieurcs, artères. 436 Vafte externe , mufcle. 1^1
Thorachiqucs fupcricures & infc- Vaftc interne , mufclc. I^I
rieurcs vénes. 437 Vcnc , ce que c'eft. 615
Thorax , ce que c'eft. 355.&354 Ventre inférieur. 130
Thimus , ou fagouë . glande. 439 Ventre moyen, açg
Tibia , os de la jambe. Ï15 Ventricule , ou cftomach. \6x
Tiroaritcnoïdicn , mofc'c. ^x6 Ventricule da cerveau. 4<«4
Tiroïdc , cartilage. 413 Vcntticulc du cœur. %6
TABLE DES MATIERES^
Vcro^e de Vhonrm 2.39
Vtriuiculai c, mouvement des intc-
ftin> 171
Vetmiculaiics, muîc'e* de la main,
S63
V"'micuiaircv,mofc es du pied. 557
Vt;rmiformcs ai-'ophucs du cer-
veau- 471
Vertébrale , ane.c. 43 ^
Verccbrale , vènc. 43 8
Vcrrebre , os, 7y
Verccx , ou ïomrocc de la tête. 445
Tjerumen'um ce c\Mf ccd. 137
Vcrtlcule du fiel. 19^
VcdîculcS rondes des poûnnons.400
Vefficulcs feoiinaircs des femmes,
Vclîicules feminaircs des hommes.
Vedie de l'urine. 217
Veflicule , cavité de rorcillc. \ o
Vcuë , comment fcfair. Ç04
Virfungus , celui qui a trouvé c
canal pancréatique. X09
Vitrée , humeur de l'œil. 501
Vitrée , tunique des yeux. 500
Uoibilic, ou nombril. i}i.8ci^6
Umbiliculc , région du ventre, i 3 î
Umuihcaui vaiffeaux. i J7
"V'iguis y os, J^
Vomer , os. 58
Voûte du foye. 189
Voûte du palais. ^8
Uretères , conduits de l'urine. zi6
U'etre canal commun, 14^
Urine feparcc par les reins. ii8
Uriiité de l'anacomie. z
Uvéc , tunique de l'œil. joi
X
IphoïEe , cartilage. Page 91
YE u X de divcrfcs couleurs.
Page 4^1
Yt^liloïde , ouhioide , os» 6^
7Tgom A , ce que c'eii. Page 5 8
Zigomatiquc , mulcle. 511
Zigomaciquclucuic. 3 S
Fin de la Table des MatkreSi
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