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Full text of "La structure de la matière. Rapports et discussions du Conseil de physique tenu à Bruxelles du 27 au 31 octobre 1913, sous les auspices de l'Institut international de physique Solvay"

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University  of  British  Columbia  Library 


http://www.archive.org/details/lastructuredelamOOinst 


INSTITUT  INTERNATIONAL  DE  PHYSigUE  SOLVAY 


LA 


STRLCTURK  DE  LA  MATIÈRE 


RAPPORTS   ET  DISCUSSIONS 

nu 

CONSEIL    DE    PHYSIQUE 

TENU  A  BRUXELLES  DU  27  AU  31  OCTOBRE  1913 

S0C8    LES   AUSPICG9 

DE  LINSTITUT    INTEHNATIONAL    DE   PHYSIQUE   SOLVAY 

Pabliés  par  la  Commission  administrative  de  l'Institut 
et  HM.  les  Secrétaires  du  Conseil 


PARIS 
GAUTHIER-VILLARS  ET  C'%  ÉDITEURS 

LIBRAIRES  Dt'   BUREAU    DBS  LONGITVDES,   DB  L'ÉCOLE  POLYTECHNIQUE 
55,  Quai  des  Graods-Augustins,  55 

1921 


LA 


STRUCTURE  DE  LA  MATIÈRE 


l'AUlS.  —  nil'IilMEUIl:;  C.ALTHIKR-VII.I.AHS   KT  O 
Quoi  des  Graiids-Augustins,  5j. 


INSTITIT  INlKliNATIONAI.  Itlv  l'IlVSIQrK  SOI.VAV 


LV 


SÏRL'CTLRE  M  LA  MATIÈRE 


RAPPORTS  i:t  discussions 

IH_' 

CONSEIL    DE    PIIVSIOUE 

TKNi:  A  BlU  XKl.LKS   IK     ,!7    M     .Il  nCTuliliK  IllKÎ 

sots    I.KS    AISIMCKS 

l)K    I.INSïm  I    I.NTEHNATKi.NAI.    IIK    riIVSK.HK    SdLV.VY 

Publiés  par  la  Commission  administrative  de  l'Institut 
et  HH.  les  Secrétaires  du  Conseil 


0^^m:0^ 


PARIS 
(JAUTHIKR-VILLAlîS   Kl    (.%  ÉDITEI  US 

I.IBBMHKS    III      UlRKXl    DES    l.OXIilTl  0I■:^;,    W.    I.'ki.OI.K    l'Ol.VrFXllNIOIK 
i5,  Quai  (les  Giands-Augiislins,  65 

1921 


Tons  ilidils  (lo  li-.Klnrlion,  il-  rr|)nu1tirlii)n  ri  il':)(hi|»lnlion  réserve» 
pour  Inii*  [>iiys. 


INSTITUT  INTKHNATlOWf.  KK  l'll\SIQIE  SOF.VAY. 


NOTICE. 


A  la  sulle  du  Cons)'il  de  Plujaiiiue  ([iii  s'est  réuni  à  Bruxelles 
du  a9  octobre  au  3  novembre  nji'î  t't  dont  les  travaux  ont  été 
publiés  en  un  volume  intitulé  :  Im  théorie  du  rayonnement  et 
les  quanta  ('),  M.  Ernest  Soivay  a  fondé,  le  i*""  mai  if)i->.,  pour 
ime  période  de  trente  années,  un  Institut  intertiational  de  Phy- 
sique. Les  ressources  de  cet  Inslilut.  |iioviiianl  d'un  capital 
de  I  million  de  francs,  serviront  à  encourager  de  dilîérentes 
manières  des  recherches  qui  soient  de  nature  à  étendre  et  sur- 
tout à  approfondir  la  connaissance  des  phénomènes  naturels. 
L'Institut  aura  jiriiicipalcMii  ni  en  vue  les  jjrofjrès  de  la  l'iiy- 
sique,  et  cherchera  à  y  contribuer  par  l'octroi  de  subsides  qui 
faciliteront  les  travaux  ex|)érimeutaux  dans  celte  science,  pai- 
l'octroi  de  hour.sea  d'cludex  à  de  jeunes  savants  bftltres  ayant  donné 
des  preuves  de  leurs  aptitudes  et  de  leur  désir  de  se  vouer  aux 
études  scientifiques  et,  enfin,  par  l'organisation  périodicjue  de 
Conseils  de  Physique,  sortes  de  congrès  internationaux  ne  com- 
portant qu'un  petit  nombre  de  participants,  ((ui  se  réuniront  à 
Bruxelles  et  seront  analogues  à  celui  qui  fut  convoqué  en  191 1, 
à  l'initiative  de  M.  Solvay. 

L'Institut-  international  de  Physique  Solvay,  dont  on  .trou- 
vera ci-après  les  statuts  révisés  le  a8  mai  191 9  et  le  3o  mars  193.0. 
a  son  siège  à  Bruxelles,  au  Parc  Léopold,  dans  les  locaux  de 
l'Institut  de   Physiologie  édifié   jiar  le   fondateur. 

In  Conseil  de  Physique  a  été  réuni  à  Bruxelles,  du  9,7  au 
.'^i    octobre  i9i.'>,  sous  les  auspices  de  l'Institut.  L'impression  du 

(')   Paris,  (jauthicr-V'illars,  l>jii. 


M  NOTICF.. 

Compte  rendu  des  travaux  de  .ce  Conseil  a  été  achevée  au  cours 
de  l'année  i9i4i  rnais  il  a  paru  impossible  à  la  Commission  admi- 
nistrative de  soumettre  le  texte  imprimé  au  visa  de  la  censure 
allemande  et  de  le  publier  pendant  l'occupation,  alors  que 
loute  activité  collective  d'ordre  scientifique  était  supprimée  en 
Belgique. 

Le  texte  du  Compte  rendu  publié  ci-après,  primitivement 
rédigé  dans  les  dilïérentes  langues  employées  par  les  auteurs 
des  rapports,  a  été  complètement  traduit  en  langue  française 
par  les  soins  de  M.  le  })rofesseur  .T.-lv  \  crschalïelt,  et  l'édition 
en  a  été  confiée,  comme  l'avait  été  celle  du  Comjite  rendu  du 
premier  Conseil,  à  la  librairie  scientifique  Gaulliicr-\  illars  et  C'^. 

Avril   l'J20. 


STATUTS. 


Ahticlk  I'Hkmieh.  —  Il  est  fondi-,  à  Uruxclles.  à  riiiitialivc  île 
M.  I'.hmst  SOLVAY  et  pour  une  période  de  trente  années,  à  ]>arlir 
(lu    i'^''  mai    ii)i.i.   un   Institut   inteniatioiidl  dr    Pliiisitjur. 

Par  suite  du  non-fonctionnement  de  l'Insliliil  peiidanl  les  années 
lie  guerre,  la  ])ériode  de  durée  expirera  en   \',)\[). 

Aht.  :>..  -  Le  liiil  de  l'Iiislilul  est  d'encuiiraiicr  des  reelierclies  i|Ui 
;oienl  de  nature  à  étendre  et  surtout  à  ai)profondir  la  connaissance 
des  ]>hénoniènes  naturels,  à  lM(|uelle  M.  Solvay  ne  cesse  de  s'intéresser. 

1/Institut  a  principalenieiil  en  \(ie  les  ])rogrès  de  la  Physii|ue, 
sans  exclure  cependant  les  prcddèmes  a])])artenant  à  d'autres  bran- 
dies des  sciences  naturelles,  pour  aulanl,  bien  entendu,  que  ces  pro- 
blèmes se  rattachent,  à  la   Physifiue. 

Aht.  .1.  —  L'Institut  internai  loiial  de  Pliysii|ue  a  son  siège  à 
liruxelles.  au  Parc  Léopold,  où  une  portion  des  bàlinuiils  di'  llnslilnl 
Solvay  (Physiologie)  lui  sera  réservée. 

Art.  î.  —  L'Institut  est  régi  par  une  Comniissiim  (ulminislrative 
comprenant  trois  membres  belges,  et  par  un  Comité  scieidifique  inter- 
natn)nal  comprenant  neuf  membres  ordinaires  au.\(piels  peut  être 
ajouté  un  membre  extraordinaire  ayant  les  mêmes  droits  (|u"im  membre 
ordinaire. 

.\nT.  ;">.  —  Les  trois  membres  de  la  ('.Diiiniissidii  adniimslrulive 
sont  : 

l"  M.  Ernest  Solvay  ou  une  personne  désignée  par  lui; 

>"   In  membre  désigné  par  S.   .M.  le  Uoi  des  Belges; 

.!"   (  n    membre   désigné  par   l'I  niversilé    Libre   de   Hru.xelles. 

.\  défaut  de  .M.  Solvay  ou  d'une  personne  di'sigiiie  )i:ir  lui.  les  deux 
autres  mendires  aurcuil  la  liberté  de  laisse^  le  choix  d'un  membre 
(])oiir  la  jilace  nommée  in  premier  lieu')  à  ceux  des  descendants  directs 
de  .M.  lirnest  Solvay,  auxquels  ils  voudront  s'adresser,  ou  bien  de  choisir 
eux-mêmes   un   membre,   de  préférence   parmi   ces  descendants. 


VI 11  STATITS. 

Art.  6.  —  Au  i*"''  juillet  1919,  la  Cotrunissiun  iidminisliatife  est 
composée  des  membres  suivants  : 

^^.  E.  TASSEL,  professeur  honoraire  à  l'I  niversité  Lihre  de 
Bruxelles,  désigné  par  M.  E.  Solvav: 

-M.  P.  IIEGER,  professeur  honoraire  à  Tl  niversité  Libre  de 
Bruxelles,  désigné  par  S.  M.  le  Roi  des  Belges: 

M.  .I.-E.  \  ERSCHAFFELT,  professeur  de  Physiipie  à  11  niver- 
silé   Libre   de   Bruxelles,   désigné  par  Université. 

Le  Comité  scicntijiijUf  mtcirialiuiKil  est  composé  des  niend^res  ordi- 
naires suivants   : 

M.  H. -A.  LORENTZ.  professeur  à  rrni\-orsilé  de  Leyde,  pré- 
sident : 

\Ime  p    CL'RIE,  professeur  à  la  Faculté  des  Sciences  de  Paris; 
M.  W.-H.  BRAGG,  professeur  à  l'I  niversité  de  Londres: 
M.   .\L   BRILI^Ol  IN,  professeur  au  Collège  de   France,  à   Paris: 
-M.     IL     KAMERLINGHONNES,      professeur      à     1  Tniversité     de 
Leyde; 

M.   M.    KNUDSEN,  professeur  à   11  nixcrsilé  dr   Copenhague; 
M.  A.    RIGHI,   professeur  à   l'L  niversité  de  Bologne: 
M.    E.    RL'TIIERI'X)RD,   professeur  à  l'I'niversité   de   Cambridge; 
M.  E.  VAN  AUBEL.  professeur  à  l'Université  de  Gand. 

Art.  7.  —  Le  mandat  de  ]irésidenl  de  M.  l.orenlz  expire  le 
3o  juin  igSo:  à  partir  du  00  juin  uj^.ô,  jusipfau  jour  où  il  quittera  la 
présidence,   il   sera    membre    extraordinaire    du    Comité. 

Quatre  membres,  à  désigner  par  le  sort,  sortiront  du  Ciunité  le 
.îci  juin  H)'!."),  el  les  autres  meiubres  le  3ii  jum  ii)3o. 

La  durée  du  mandai  des  uk  inbres  ordinaires  fulurs  du  Comilé  sera 
i\c  dix  ans. 

Le  renou\  cllcMieril  |Kirllcl  du  Cionili'  iiuil  iuuora  à  axoir  lieu  tous  les 
ein(|  ans. 

Aur.  S.  Le  mandai  A'\u\  iueiid)re  ordinaire,  iiui  entrerait   dans  le 

Comilé  à  une  époipii'  inlirmédiaire  enire  celles  indi(|uées  à  Larliele 
]iré(édcnl.  eN|iire  le  j'oir  ni'i  s(Ui  ])réd(''cesseur  aurait  cessé  d'être  membre 
ordinaire. 

C.epcndaiil.  si.  en  xi'ilu  de  celle  dis|ioMlioM.  la  durée  d'un  luamlal 
élall  de  mciius  de  di'iix  ans.  il  sera  ]irolon^i'  )ioiir  dix  ans. 

A  HT.  9.  -  Le  mniidal  «lu  ])résidenl  se  continue  ]iendaiil  eiiu|  ans 
a])rès  le  jour  où  il  cesse  d'être  lucliibre  ordinaire.  A  parlir  de  ce  jour 


ST.\Tl!TS.  '^ 

JMSiiu'au  iiuimt'iit  m'i  il  ipiil  le  la  ])rrsi(lpncc.  il  ilc\  inil  iiiciuhrc  cxliaordi- 
iiairc  (lu  ('.nrnilt'. 

AiiT.  lo.  —  Cha<|iie  fois  que  des  vacances  se  produiront  dans  le  Comité, 
soit  par  cxijiratioii  de  mandat,  soit  pour  toule  autre  cause,  le  Comité 
désignera  i\c\:x  candidats  ])our  cliaiiue  place  vacante;  ces  candidats 
seront  choisis  dans  une  liste  dressée  par  le  Comité  après  consultation 
du  Conseil  de  Physitpie  dont  il  est   question  à  l'article    i'>. 

Un  meudire  sortant   du  Comité  ne  peut  être  réélu  immédialemcnt. 

La  nomination  des  nouveaux  membres  du  Conseil  est  faite  cnsinle 
par  la  ("ommission  administrative,  qui  est  tenue  de  limiter  son  elioix 
aux  candidats  désignés  par  le   Comité  scientifique. 

Akt.  m.  —  Le  l'nndaleur  manifeste  le  désir  (pi"a\aiil  Inul  l'Ins- 
titut montre  dans  tous  ses  actes  une  parfaite  inqiarlialité;  (|u'il  encou- 
rage les  reclierclips  entreprises  dans  un  vrai  esprit  scientifique,  qu'elles 
proviennent  d'un  laboratoire  isolé  ou  d'un  grand  centre  scientifique,  el 
d'autant  ])lus  que,  à  valeur  égale,  elles  auront  im  caractère  plus 
objectif  et  par  consé(|uent  plus  satisfaisant,  il  lui  semble  désirable  que 
cette  tendance  se  reflète  dans  la  eomposilioii  liu  ('.uniilé  seieiitilique. 
Par  conséquent,  s'il  y  a  des  savants  qui,  sans  occuper  une  baute  posi- 
tion officielle,  peuvent  être  considérés  pour  leur  talent  et  leur  i)er- 
sonnalilé  comme  de  dignes  représentants  de  la  Science,  ils  ne  devront 
]>as  être  oubbés  ])ar  ceux  (|ui  désignenuil  les  eaniliilals  aux  places 
vacantes. 

Art.  19..  —  Le  Comité  scientilique  se  réunil  sur  coiivoealiun  du 
président,  de  préférem-e  de  manière  que  les  réunions  se  rattachent 
à  celles  des  Conseils  de  Physique  dont  il  est  cpiestion  à  l'article  i3. 

Le  Comité  devra  être  convo<|ué  lorsque  trois  membres  le  désirent. 

Les  réunions  se  tiennent    à  Bruxelles. 

Art.  i3.  —  A  des  é])oques  déterminées  par  le  Comité  scientifi<pu', 
il  se  réunira  à  Bruxelles  un  Conseil  de  Physicjuc  analogue  à  celui  ipii 
a' été  convoqué  par  M.  Ernest  Solvay  en  octobre  191 1,  et  ayant  pour 
but   l'examen  d'irrqxirtanls  problèmes  de  la   Physi(|up. 

Le  nond)re  total  de  |iarticq>auls  aux  Conseils  de  Physiqui^  ne  pûinra 
dépasser  vingt -cin<|. 

Le  texir  des  Comptes  rendus  des  travaux  des  Conseils  de  Phy- 
sique, arrêté  par  le  Président  et  les  Secrétaires  du  Conseil,  sera  publié 
en  langue  française  ]>ar  les  soins  de  la  (^iminission  administrative 
de  rinstitiil. 

Aiii.   I  '|.  —  Le  Comité  scientificpie  choisit   les  sujets  dmil   le  (iimseil 


de  Physique  de\  ra  s'occuper,  et  propose  à  la  Cumniission  adniinislralive 
les  savants  qiri  le  composeront.  Ces  savants  s.mt  invités  par  a  Com- 
mission administrative,  qui  organisera  la  partie  matérielle  de  la  réunion. 
D'autre  part,  la  Commission  administrative  a  le  droit  de  désigner,  sur 
le  désir  du  Fondateur,  deux  ]iersoiines  pon\anl  assister  aux  séances 
du  Conseil  de  Physique. 

Le  président  et  les  secrétaires  du  Conseil  de  Physique  sont  désignés 
par  le  Comité  scientifique. 

Le  président  du  Conseil  de  Physique  adresse  à  quelques-uns  de  ses 
membres  la  demande  de  pré]iarcr  les  rapports  (|ui  serviront  de  base 
aux  discussions. 

Art.  1 5. —  La  Commission  administrative  gère  les  fonds  appar- 
tenant à  rinstitut  de  telle  manière  ijue  ces  fonds  soient  épuisés  à 
I'ex])iralioii  de  la  durée  de  l'Institut  et  que  la  somme  qui  pourra  être 
dépensée  pour  le  but  indiqué  dans  l'article  a  soit,  autant  (|ue  pos- 
sible, de  la  même  imjiurtaiice  chai[ue  année. 

Ain.  16.  —  Le  rcN'enu  annuel  de  l'Institut  sera  alfeclé  juu'  les  soins 
de  la  (iommission  administrative  : 

1"  A  des  Suhsidi's  à  des  savants  belges  en  \ue  d'encourager  les 
recherches  de  I^hysicpie  pure  cl  ;qq)li(|ure  cl  la  pruductiou  de  lia\aux 
nnginaux  : 

•?."  A  des  Bourses  d'études  à  conférer  à  des  jeunes  gens  belges  ayant 
donné  la  preuve  de  leurs  a]>titudes  cl  de  leur  désir  de  se  vouer  à  l'étude 
de  la  Physii|ue  : 

3"  A  des  Subsides  extraordinaires,  d(uil  le  luoutaut  cl  la  destination 
seront  fixés  par  le  Comité  scienti(i(|ue  et  i|ui  stiont  attribués  à  des 
savants  belges  ou  étrangers  ])our  des  travaux  ]iiéseiitaul  nue  nupnr- 
lanee  et  un  intérêt  exceptionnels: 

'1"  A  l'organisation  ]iéri(idi(|ue  des  u  Ciniseils  de  Plii/sique  "  men- 
t  iiiiniés  à  l'article  i.î  ; 

.")"   Aux   frais  géii(''i;ui\  de   l'Iustitut. 

A  11  r.  I  7.  —  Les  Subsides  et  Hmirses  d'études  |)ré\  us  aux  jiaragraphes  i" 
et  •■"  de  l'art  lele  ])réeé(leiil  sont  acenrdés  i)ar  la  ('.nnmiissinii  adniiiiistra- 
li\e  qui  jMiuira  faire  ,'i|qiel.  ]iiiur  se  j;uidi'r  ilaii--  le  eliiii\  qu'elle  devra 
laii'i'  dis  titulaires.  muI  à  Piqniumi  de  ^a\anls  belges,  soil  a  Iaxis  de 
eeu\  dis  Miembre'^  du  (.Minilé  seieiil  1  liqiie  quelle  jugera  le  niieiix  a 
îiièiiie  lie  l;i  iiiisei;^ni  r  sur  le  iiiérile  des  candidats. 

1.(s  Subsides  eilnninliiKiires  pn''\  us  ]iar  le  paragrai>lie  3"  siironl 
accordés    jiar    la    Ciuiiiiiis^inn    .idiuini-iliat  i\e    sur    la    proposition    du 


ST.VTi  is.  .  :;i 

Comllc  scienlifi(|iK'.  aux  iiuliciilions  (lui|iicl  illc  si  ra  ti-imc  de  se  cciii- 
fornier  jxiur  aulant  que  l'étal  des  liiiaiires  le  iii-niicl  le.  Irie  réserve 
spéciale  sera  créée  à  cet  cITet. 

Aht.  i.S.  —  Les  savants  auxquels  un  subside  aura  été  accordé  par 
le  Comité  scientifique  seront  tenus  de  le  mentionner  dans  la  publication 
des  résidtats  de  leurs  recherches. 

Le  titulaire  d'une  bourse  sera  tenu  ilc  Iréiiutiilcr  un  hiljiiraloirc 
désigné,  du  pays  ou  à  l'étranger,  ou  bien  de  s'appUipicr  à  des  études 
théoriques  sous  la  direction  d'un  savant  désigné.  Il  remettra  à  la  Com- 
mission administrative  un  rapport  sur  ses  travaux  dès  c|ue  ceux-ci 
auront  pris  lin. 

Aht.  19.  —  Les  frais  généraux  comprennent  l'iitre  autres  :  les 
menues  dépenses  de  chauffage,  d'entretien  des  locaux  et  de  garde 
des  objets  appartenant  à  l'Institut;  les  frais  de  secrétariat  et  les 
frais  de  bureau  du  secrétaire  du  Comité  scientifique:  les  frais  d'im- 
pression, éventuellement  ])our  la  publication  de  recherches  (pii 
auront  été  favorisées  par  l'Institut.  Ils  comprennent  encore  les 
dépenses,  notamment  les  frais  de  voyage  et  de  séjour,  occasioimées 
par  les  réunions  à  Bruxelles  du  Comité  scientificpie.  par  celles  du 
Conseil  de  Physique  mentionné  à  l'article  in,  et  jiar  les  conférences 
que  des  savants  pourront  éventuellement  être  priés  de  venir  faire  à 
Hruxelles. 

Art.  20.  —  Si  le  revenu  annuel  de  l'Institut  n'est  pas  complètement 
utilisé  au  cours  de  l'année,  l'excédent  pourra  être  reporté  ou  employé 
par  la  Commission  administrative  à  des  buts  utiles  au  progrès  de  la 
science  physique  en  Belgique  ou  à  l'étranger. 

Aiii.  u.  —  X  partir  du  .h>  juin  i;)'i(),  la  Comiulssion  administra- 
tive prendra  les  mesures  ipii  seront  nécessaires  pour  la  liquidation 
de  l'Institut.  Elle  continuera,  pour  autant  (]ue  les  circonstances  le 
permettront,  et  avec  le  concours  du  Comité  scientifupie,  à  employer 
les  ressources  de  l'Institut  pour  le  but  général  indiqué  à  l'article  2, 
mais  elle  ne  sera  plus  tenue  de  se  conformer  aux  articles  s]>éciau.\  de 
ces   Statuts. 

Si,  dans  cette  dernière  période  de  l'existence  de  l'Institut,  des 
vacances  se  produisent  dans  le  Comité  scientifitpie.  elles  ne  serojil  pas 
remplies. 

La  liquidation  se  terminera,  en  trois  ans  au  plus,  ])ar  le  IransTerl 
à  ri  niversité  de  Bruxelles  de  tout  ce  <pii  se  Inuivera  encore  dans  la 


XII  STATITS. 

possession   de  rinstitui,  e\   par  la   dissolution   du   Comité  scientifique 
et  de  la  Coniinission  administrative. 

Art.  22.  —  Dans  le  cas  où  les  dispositions  de  ces  Statuts  donne- 
raient lieu  à  des  doutes  ou  à  des  difficultés  qu'on  ne  pourra  résoudre 
d'une  autre  manière,  la  Commission  administrative  priera  S.  M.  le 
Roi  des  Belges  de  prendre  une  décision. 


DKl  XIKME  CONSKIL  DE  PHYSIOIE. 


Les  participants  à  ce  Conseil  scientilique,  réuni  :'i  Bruxelles 
du  27  au  3i  octobre  191 3.  étaient  : 

Président   :   le   professeur    11. -A.    Lorentz.   de    Ilaarlcm. 

Membres  : 

les  professeurs  M.  Brillouiri  et  M™"^  Curie,  de  Paris  ;  G.  Gouy, 
de  Lyon;  P.  Lancrevin,  de  Paris; 

les  professeurs  W.  Barlow,  de  Staniuore;  W.-ll.  Braofr,  de 
Leeds;  J.-II.  Jeans,  de  Lntidrcs;  W'.-.l.  P<)|)e,  de  Cambridge; 
E.    Rutherford,   de   Manchester;   J.-.J.   Thornson,  de  Cambridge  ; 

les  professeurs  E.  Gruneisen,  W.  Nernst  et  IL  iiubens,  de 
Berlin;  A.  Soininerfeld,  de  Munich;  W.  Voigt,  de  Giittingue;  le 
président  I^.  Warburg,  de  la  Reichsanslalt,  de  Cbarlottenburg; 
le  professeur  W.    Wien,   de  Wurzbourg; 

les  professeurs  A.  Einstein,  M.  v.  Laue  cl  P.  Weiss,  de  Zurich  : 

les  professeurs  F.  Haseniihrl,  de  N'ieunc;  H.  Kamerlingh 
Onnes,  de  Lcyde;  M.  Knudsen,  de  Copenhague;  R.-W.  Wood, 
de  Baltimore. 

Les  secrétaires,  membres  du  Conseil,  étaient  le  D''  R.-B.  Gold- 
schmidt,  le    D''   M.  de   Broglie,  le  D''    F. -A.    Lindcnianu. 

Les  collaborateurs  de  M.  Ernest  Solvay,  f|ui  assislaieni  au 
Conseil,  étaient  les  D^s  Ed.  Ilerzcn  et  G.  llostelet,  de  Bruxelles. 


I.A 


STUUCTLUK  IIK  LA  MATIÈIIK 


LA  STHLCTIRK  DE  L'ATOME 

Pau  m.  .I.-.I.    IIIOMSON. 


PREFACE. 


Je  n'ai  pas  ciierclip  à  tldiincr  dans  ic  rapiiorl  un  aiicr(,'u  de 
la  l)ihIiograpliie  relative  à  la  structure  de  l'atome:  mon  l)ut 
a  été  d'exposer  quelques  points  pouvant  servir  de  bons  sujets 
de  discussion;  pour  cette  raison  aussi,  je  n'ai  pas  hésité  à  intro- 
duire dans  mon  rapport  quelques  questions  d'une  nature  plus 
spéculative  qu'il  n'aurait  convenu  de  faire  dans  un  exposé  plus 
précis. 

Constitution  de  l'atome. 

La  théorie  moléculaire  de  la  matière  nous  a])])rend  ([ue  la 
matière  de  toute  espèce  est  constituée  par  de  petites  particules, 
et  que  ces  particules  peuvent  être  divisées  en  un  nombre  limité 
de  types,  les  atomes  des  éléments  chimiques,  au  nombre  de  80  ou 
plus.  En  groupant  ces  atonies  de  dl\erses  façons,  en  leur  attribuant 
des  mouvements  de  diverse  nature,  nous  essayons,  dans .  la 
théorie  moléculaire,  d'expliquer  les  propriétés  des  innombrables 
variétés  de  la  matière.  Depuis  l'origine  de  la  science  physicpie. 
la  théorie  moléculaire  a  été  préférée,  d'une  façon  générale,  à  la 
théorie  o|)posée.  dans  laquelle  la  matière  est  considérée  comme 
homogène.  .Non  pas,  jusque  dans  ces  derniers  temps  du  moins, 
parce  qu'il  existait  l'un  ou  l'autre  phénomène  servant  d'expé- 
rience cruciale  entre  les  ileux  théories,  car  le  fait  est  cpi'il  se  passa 
beaucoup  de  temps  avant  qu'un  pareil  phénomène  fût  découvert, 

INHTITI   T    SUI.\  AV  l 


i,A  STiucTLni:  ni-:  la  matikrk. 


mais  parce  que  la  théorie  de  l'hoHiogénéité  ne  ])ei-inettait  pas 
d'expliquer  les  phénomènes  pliysi([ues.  Ce  même  sentiment  nous 
empêche  toutefois  de  nous  sentir  satisfaits  de  la  théorie  atomique 
sous  la  forme  qui  suppose  l'existence  d'une  centaine  environ 
d'espèces  différentes  d'atomes  et  qui  attribue  arbitrairemeni  des 
propriétés  à  ces  atomes,  sans  aucune  possibilité  de  les  expliquer. 
Nous  sentons  que  nous  avons  besoin  d'une  théorie  sub-atomique. 
une  théorie  qui  serait  à  l'atome  ce  que  la  théorie  atomique  est  à  la 
matière  ordinaire,  une  théorie  dans  laquelle  les  propriétés  des  diffé- 
rentes espèces  d'atomes  seraient  expliquées  comme  la  consécjuence 
des  arrangements  dill'crents  d'un  tout  petit  nombre  de  suli-atomes. 

Les  propriétés  des  atomes  eux-mêmes  suf;gèrent  fortement 
une  pareille  théorie  :  la  similitude  de  propriétés  d'éléments,  tels 
que  le  chlore,  le  brome  et  l'iode,  le  carbone  et  le  silicium  etc., 
confirme  l'idée  que  leurs  atomes  ont  quelque  chose  en  commun; 
la  loi  périodique  de  la  relation  rythmique  entre  plusieurs  pro- 
priétés de  l'atome  et  le  poids  atomi<[ue  accentue  cette  manière 
de  Aoir,  qui  trou\  c  une  expression  ])ositive,  bien  que  grossière, 
dans  l'hypothèse  île  Proust,  daprès  la([uelle  les  atomes  des  divers 
éléments    seraient   des   agrégats    d'atomes    d'hydrogène. 

Je  crois  bien  que  depuis  quelque  temps  déjà  il  n'y  a  plus  eu 
beaucoup  de  physiciens  ou  chimistes  qui  ne  pensaient  pas  qu'on 
finirait  par  jirouver  que  les  atomes  sont  constitués  d'éléments 
plus  simples,  bien  <pie  plusieurs  d'entre  eux  aient  pu  douter  que 
nous  connaissions  assez  des  propriétés  des  atomes  poiir  être 
capables  de  soumcllre  une  théorie  à  l'épreuve  d'une  façon  assez 
satisfaisante,  pour  (|ue  sa  considération  ait  quelque  valeur  pra- 
tique. 

Dans  ces  dernières  années,  notre  connaissance  des  atomes 
a  considérablement  augmenté  et  les  nouveaux  résultats  nous 
donnent  une  grande  (pianlité  de  renseignements  sur  la  consli- 
InlKMi  lie  I  alornc;  ilaiis  licaucciii|i  de  cas.  ils  sont  inênic  siiflisam- 
nirnl  précis  ])our  servir  de  coiitrêjlc  à  rime  ou  laulrc  I  liéoric 
(|ne  l'on  pourrait  émettre,  concernant  rarchileclure  tra])rès 
l:ii|iirllr    les  atomes  sont   édifiés  au   moyen   de  ces  constituants. 

t.ommenvons  par  considérer  les  données  (]ui  nous  renseignent 
sur  les  matériaux  <'om]>osant  l'aloine.  Nous  savons  cpie  dans 
certaines  conditions  pliysi<pies,  jiar  exemple  lorsqu'un  gaz  raréfié 


I.A    STIItCri  Ht:    IIK    LAIOMi;. 


«'nntiiiil  Mil  (-(iiinint  élei'trit|ii(',  mi  (|iuiiKi  des  solides  sont  poj'lrs 
;'i  une  tivs  luuilc  teinpéraliiii'  nu  exposés  à  la  luiiiirrc  ultia- 
Molflte,  la  iiialiiTe  éincl.  des  particules  négativement  élee- 
Irisées.  dont  la  masse  n'est  «pie  la  171)0''  partie  de  la  masse 
d'un  atonie  d'hydrogène.  Au  |ioinl  de  \  uc  de  la  coastil  ulicui 
de  l'atome,  la  remarque  la  plus  iiuportante,  peut-être,  à  faire 
au  sujet  de  ces  eor|)Uscules.  uu  éleetrons,  eomme  on  a  appelé 
ces  partieules  négativeineni  eiiarijées,  c'est  qu'ils  sont  tous 
les  mêmes,  quelle  que  soit  la  source  d'où  ils  sont  issus.  Les  cor- 
puscides  de  l'hydroirène,  par  exenq>le,  sont  identiques  à  ceux 
du  plundi.  Ainsi  donc,  le  corpuscule  est  uu  constituant  de 
l'atome  de  chaque  élément  et  forme  une  des  briques  dans 
l'édilice   de  l'atome. 

Nombre  de  corpuscules  dans  l'atome. 

Nous  avons  à  examiner  ensuite  combien  il  y  a  de  ces  paili- 
cnles  dans  chaque  espèce  ])articulière  d'atomes.  A  cette  iin, 
deux  méthodes  ont  été  employées.  La  première,  et  la  plus  satis- 
faisante, à  mou  avis,  consiste  à  mesurer  l'intensité  du  rayon- 
nement Riuitcjen  dilïusé,  produit  ])ar  le  passage  d'un  rayon- 
nement Riintgen  primaire  éncr<rique  à  travers  un  essaim  d'atomes. 
Le  rayonnement  Riintgen  diffusé  est  dû  aux  ondes  émises  par 
les  corpuscules  dans  l'atome,  lorsqu'ils  sont  affectés  par  les 
forces  électriques  dans  le  faisceau  de  rayons  primaires.  Si  les 
rayons  jirimaires  sont  notablement  plus  durs  qu'une  quelconque 
des  radiations  caractéristiques  du  gaz  à  travers  lequel  les 
rayons  passent,  il  est  aisé  île  montrer  (*)  que  le  rappori  de 
l'énergie  dilfiisée  en  un  temps  ([uelconciue  |)ar  le  gaz,  par  unité 
lie   longueur  du   faisceau,  à  l'énergie    dans    le    faisceau   primaire 

passant   à   travers    le   gaz   pendant    ce    temps   est   égal  à  '  "  \    , 

où  N  est  le  nombre  de  corpuscules  par  centimètre  cube  du  gaz, 
e  la  charge  el  m  la  masse  du  corpuscule;  lorsf|ue  les  ravoiis  pri- 
maires ne  sont  pas  très  durs  en  comparaison  du  rayonnement 
«•aractéristique  delà  substance  diffusant  les  rayons,  cette  formule 

(')    J.-.J.  Thomson,  Condurliim  0/  Hlrrlrirtly  throuiih  dases,  p.  ViC. 


4  LA    STRliCTLRE   DE    LA    MATIÈRE. 

doit  être  modifiée.  Lorsqu'elle  est  applicable,  nous  voyons  que 
le  rapport  de  l'énergie  dans  le  rayonnement  dilTusé  à  celle  dans 
le  faisceau  primaire  est  indépendant  de  la  dureté  des  rayons 
primaires;  comme  nous  connaissons  les  valeurs  de  e  et  m,  si 
nous  mesurons  ce  rapport,  nous  avons  des  données  suffisantes 
pour  déterminer  la  valeur  de  N.  Les  premières  mesures  de  l'éner- 
p;ie  dans  le  rayonnement  diffusé  furent  faites  par  Barkla  (^), 
qui  trouva  que,  pour  les  gaz  légers,  le  rapport  de  l'énergie  diffusée 
à  l'énergie  dans  les  rayons  jiriniaires  est  indépendant  de  la 
qualité  de  ces  rayons:  il  trouva  aussi  que.  pôin-  les  divers  gaz, 
le  rapport  est  proportionnel  à  la  densité  de  ces  gaz,  ce  qui 
signifie  que,  pour  des  gaz  à  la  même  température  et  sous  la 
même  pression,  N  est  proportionnel  au  poids  atomique.  Or, 
comme  dans  ces  circonstances  il  y  a  le  même  nombre  de  molé- 
cules de  chaque  gaz,  le  nombre  de  corpuscules  dans  les  divers 
atomes  est  proportionnel  au  poids  île  ces  atomes.  Pour  l'air  à  la 
pression  atmosphérique  et  à  i5°C.,  Barkla  a  trouvé  que  le  rapport 
était  o, 00023;  posant  e=  i,53  X  lo  -",  —  =  1,77  X  ic,  nous 
déduisons   de  l'équation 

8-  Nc' 


=  0,00023 
in- 


quc 

Ne  =  C. 

Si  n  est  le  nombre  de  molécules  ])ar  centimètre  culu'    dans   un 
gaz  à  cette  température  et  à  cette   pression, 


d'où 


de  sorte  que,  dans  eha([ue  molécule  d'air,  il  y  a  environ  10  cor- 
puscules. Nous  concluons  de  là  que,  dans  un  aUunc  d'un  gaz. 
le  nondirc  de  cor]iuscul('s  est  à  jieu  ]irès  la  inoilié  du  ])oi(ls  alo- 
iniqur.  (.rowliicr  ('-)  conqiara  les  iulcusilcs  du  rayoïuiciuciil 
diffusé  par  un  grand  iiond)re  de  gaz  dillércnls;  ])our  les  gaz 
légers,  il  vérifia  le  résultat  que  le  rapport  de  l'énergie  des  rayons 

(')   Rahm  \.  /'//.;.   U,.;..  C."  s.-ri.-.  I.  \ll.  nie].  )..  5,^. 

(")   CiiowniLii,  l'Inl.  ,W.;;'.,  (i'' s.-ii.-.  I.  \1\',  m,i'7.  1'.  01  i. 


I 


I.A    HHlllTllir.    UK    LATOMK.  5 

(lilTiisés  à  celle  îles  rayons  ])riiiiaires  est  iiidriiciulaiil  ilc  la 
((uallté  lies  rayons  et  que,  sauf  pour  l'Iiytlrci^^'i'iu'.  il  est  |irii|)iii- 
tionncl  au  poids  atomique  tlu  {jaz.  Pour  rhydrojj^iMic,  il  trouva 
que  le  rayonnement  diiïusé  était  à  peu  près  1,7  fois  ce  (ju'il 
serait  eonforniément  à  cette  règle,  l'air  étant  pris  comme  sub- 
stance de  coni])araison.  Ce  résultat,  s'il  n'est  ])as  dû  à  (|iii'l(|iu.' 
impureté  de  riiydn)<;ène.  a  une  très  irrande  portée  pour  la  (|ues- 
tion  de  la  constitution  de  l'atonie.  Nous  v  reviendrons  hicntôt. 
Une  autre  méthode  de  délciniiiKiliiui  du  nombre  de  coriius- 
cules  dans  l'atome  est  de  mesurer  l'aniile  moyen  dont  sont  dé- 
viés les  constituants  d'un  faisceau  parallèle  de  particules  élec- 
t  risées  et  à  mouvement  rapide,  lorsqu'elles  passent  à  travers  une 
lame  de  matière.  Prenons  le  cas  de  corpuscules  se  mouvant  rapide- 
ment, le  cas  des  rayons  j.  par  exemple.  Ceux-ci  sont  déviés  lorsqu'ils 
passent  dans  le  voisinage  d'un  corpuscule  et,  quand  im  faisceau 
de  particules  qLii,  au  début,  se  mouvaient  dans  la  même  direc- 
tion, a  ]iassé  à  travers  la  ])laque,  la  direction  dans  laquelle  se 
meuvent  les  particules  n'est  plus  la  même  pour  toutes;  elles 
s'étalent,  certaines  d'entre  elles  étant  déviées  plus  que  d'autres. 
Si  l'on  ne  considère  que  les  déviations  produites  par  les  cor])us- 
cules  dans  l'atome,  en  supposant  que  ceux-ci  sont  libres,  on  peut 
montrer  (')  que  la  déviation  moyenne  des  particules,  après  le 
jtassage  à    travers   une   plaque   d'épaisseur  d,   est   égale   à 


im-  y     ■}.b 

où  N  est  le  nombre  de  corpuscules  par  unité  de  volume  de  la 
plaque,  c  la  vitesse  de  la  particule  |ï,  m  sa  masse  et  «  sa  charge. 
La  véritable  déflexion  des  particules  ^  sera  duc  à  la  partie  po- 
sitivement électrisée  de  l'atome  tout  aussi  bien  «pi'aux  corpus- 
cules, et  la  grandeur  de  la  déviation  produite  par  cette  cause 
dépendra  de  la  façon  dont  l'électricité  positive  est  distribuée  dans 
l'atome;  elle  sera  par  exemple  dilîérente  suivant  que  cette  charge 
positive  est  distribuée  uniformément  dans  un  ci'rtain  volume,  ou 
rpi'elle  est  constituée  j)ar  un  certain  nombre  de  parties  séparées, 
ou  encore  (pi'elle  est   concentrée  en    un    point.   .V  ce  sujet,   i'iii- 

,')   .J.-.l.  Thomson,  f'ror.  (  iimhr.  l'Iiil.  Sw.,  t.  W,  p.  il)3. 


6  LA  STniniRr:  de  i.a  matieiii:. 

certitude  est  encore  grande.  En  outre,  la  grandeur  de  la  dé- 
flexion due  aux  corpuscules  dans  l'atome  dépendra  de  la  me- 
sure dans  laciuelle  ces  corpusctdes  peuvent  être  considérés  comme 
libres;  si  les  forces  agissant  dans  Fatoine  les  retiennent  si  fer- 
mement au  même  endroit  qu'ils  ne  s'en  écartent  pas  notable- 
ment après  avoir  été  en  collision  avec  une  particule  |j,  ils  fe- 
ront dévier  cette  particule  d'un  angle  plus  grand  qu'ils  ne  fe- 
raient s'ils  étaient  libres  de  se  mouvoir  sous  l'action  de  la  répul- 
sion de  la  particule  [3.  Pour  ces  motifs,  la  méthode  est  loin  d'être 
aussi  bien  définie  que  la  précédente.  Crowther  (^)  fit  une  série 
de  déterminations  des  déviations  subies  par  les  particulss  3 
en  passant  par  de  minces  plaques.  Il  vérifia  le  résultat  que  la 
déviation  moyenne  varie  en  raison  inverse  du  carré  de  la  vi- 
tesse, et  il  appliqua  ses  résultats  à  la  détermination  du  nombre 
de  corpuscules  dans  l'atome,  admettant  que  la  charge  positive 
était  distribuée  uniformément  sur  une  sphère.  Il  trouva  que, 
dans  cette  supposition,  le  nombre  de  corpuscules  dans  l'atome 
était  proportionnel  au  jioids  atomique,  mais  ce  nombre  était 
considérablement  plus  grand  que  celui  doniu-  par  la  méthode 
précédente,    car    il    était   environ   trois   fois    le    puids   atomique. 

La  partie  positivement  chargée  de  l'atome. 

Il  y  a  une  très  forte  évidence  (jiie  des  corpuscules  négative- 
ment chargés  font  partie  de  tous  les  atomes.  La  (|nestion  se 
))ose  niaintenanl  de  savoir  quels  sont  les  antres  consliluants  de 
ialdinc.  t".i'iix-ci  doiNciil  rire  clcrlrisés  jiosiincmcnl  pour  neu- 
trahscr  les   charges   négalivcs   des   corpuscules. 

l*()uvons-iu)MS  trouver  (pielqiu's  iiulications  de  stnicliMc  mi>- 
lécnhiirc  (hms  cette  )iail  ii'-l.i  de  l'atome  et  pouviuis-nous  dc- 
c()U\rii-.  dans  les  dillérenls  atonals,  un  conslituaiil  l'oiumiiti 
des  p.ulic^  |Hisil  i\("inrnt  chargées?  Il  esl  cerlaiii.  nie  scndilc- 
l-il,  (|nc  (le  paicils  cinistiluanls  exisleul,  liicii  qiir  l'éxitlencc 
ne  soil  ])as  aussi  flagrante  que  pom  l;i  pallie  uégatixc.  (.etic 
évidence   esl   de    deux    sortes:    il   y    a    daliord    Icn  idence   directe 

l')  CnowiniMi,  Proc.  Roy.  Soc,  (A),  t.  l.XX.MW  l'ji  i,  i».  iiO. 


I.A    STIUdlHK    l)i:    I.  ATOMi:.  7 

t|'.:"il  y  a  îles  produits  de  désiiitéijralion  (■oinimms  de  diiïé- 
ifotes  espèces  d'aloines;  eti  seeoiid  lieu,  révideiu-e  fournie  par 
les  relations  nuinériiiues  (jui  existent  entre  les  poids  atomiques 
des   divers   éléments. 

l/exemple  le  mieux  connu  de  l'évidenee  de  première  espèce  est 
celle  doiincc  par  les  substances  radioactives.  Plusieurs  substances 
ladioactivcs  émettent  des  j)arlicules  x  et,  bien  <[ue  les  sources 
de  particules  7.  soient  dillcreiites,  ces  particules  elles-mêmes  sont 
toutes  de  même  nature  :  ce  sont  des  atomes  d'iiélium  charges 
positivement,  quel  que  soit  l'élément  qui  les  ait  émises.  L'in- 
terprétation la  ])liis  simple  de  ce  résultat,  c'est  que  l'atome  d'hé- 
lium est  un  c(uist  ituaiit  ordinaire  des  atomes  des  éléments  radio- 
actifs. 

l*our  ma  part,  je  pense  (piil  y  a  une  grande  certitude  que 
d'autres  atomes  que  ceux  des  éléments  radioactifs  peuvent 
être  désintéirrés.  et  (pu-  de  riiéliuiu  peut  être  obtenu  comme  un 
des   produits. 

J'ai  trouvé  que,  quand  des  métaux  sont  bond^ardés  par  des 
rayons  cathodic[ues  à  grande  vitesse,  de  l'hélium  est  mis  en 
liberté.  Dans  beaucoup  de  cas,  la  plus  grande  partie  de  cet  hé- 
lium est  du  gaz  qui  a  été  absorbé  ])ar  le  métal.  Mais  il  y  a 
d'autres  cas  où  cette  explication  est  en  défaut;  c'est  ainsi  que 
j'ai  pris  des  sels  solubles  du  métal,  (pie  je  les  ai  dissous  dans  de 
l'eau  distillée,  évapore  cette  solution  à  siccité  et  répété  l'opé- 
ration une  douzaine  de  fois,  et  cependant,  malgré  cpie  le  sel  ait 
été  traité  de  cette  façon,  il  abandonne  au  bombardement  par 
les  rayons  cathodiques  de  l'hélium  en  quantités  suffisantes  pour 
être  aisément  décelées  par  la  mélhotle  des  rayons  positifs.  De 
même,  certains  sels  tels  ipie  Kl  peuvent  être  obtenus  en  per- 
mettant aux  vapeury  de  leurs  constituants  de  se  combiner  di- 
rectement à  l'étal  gazeux.  Dans  ce  jiroccssus,  il  ne  paraît  pas 
qu'il  \'  ait  un  semblant  (ral)sor|)ti(ui  (riiéiiuni,  et  pourtant, 
des  sels  produits  de  cette  façon  donnent  de  l'hélium  lorsqu'ils 
sont  Ixunbardés.  Les  métau.x  alcalins  et  spécialement  le  po- 
tassium donnent,  à  ce  que  j'ai  pu  observer,  la  plus  grande 
(piantilé  d'hélium,  mais  d'autres  substances  le  fournissent  aussi 
en  (piantilés  appréciables.  C'est  ainsi  ipie  j'ai  obtenu  de  l'hé- 
lium   en    partant    de    sels    d'argent    traités   de  la    façon  décrite. 


8  i.A  STnii;TiiiE  iiK  i.\  .\urii;iii:.    . 

Dans  plusieurs  cas,  j'ai  aussi  observé  des  traces  de  néon.  Si 
dans  ces  cas  l'émission  d'hélium  est  due  à  la  désintégration  des 
atomes  des  éléments,  l'atome  d'hélium  peut  être  regardé  comme 
un  constituant  d'autres  atomes,  peut-être  de  tous  les  atomes 
dont  le  poids  atomique  est  plus  grand  que  _{•  Comme  tous  les 
poids  atomiques  ne  sont  pas  des  multiples  da  .\,  il  faut  qu'il  y  ait 
des  constituants  de  pareils  atomes  autres  que  l'hélium.  Dans  ces 
cas,  la  méthode  du  bombardement  donne  des  résultats  qui  ne 
sont  pas  décisifs  quant  aux  autres  constituants.  Quand  les 
substances  sont  bombardées  par  des  rayons  cathodiques,  nous 
trouvons  une  cjuantité  considérable  d'hydrogène  dans  le  tube  qui 
les  contient.  Mais,  dans  de  pareils  tubes  à  vide,  on  peut  toujours 
trouver  de  l'hydrogène,  celui-ci  pouvant  provenir  d'humidité 
présente  dans  le  gaz  ou  condensée  sur  les  parois  du  tube, 
d'hydrocarbures  abandonnés  par  la  graisse  sur  les  joints  ou  par 
des  impuretés  sur  le  verre,  ou  encore  des  électrodes;  voilà 
pourquoi  nous  ne  pouvons,  sans  expériences  quantitatives 
développées,  qui  manquent  encore  pour  le  moment,  déduire,  des 
expériences  où  des  substances  sont  bombardées  par  des  rayons 
cathodiques,  des  conclusions  définitives  quant  à  la  source  de  cet 
hydrogène  (*). 

Nous  pouvons  obtenir  (piehpies  indications  quant  aux  cons- 
tituants de  l'atome,  en  considérant  le  poids  atomiipie  des  élé- 
ments chimiques.  Chaque  nombre  entier  doit  être  de  l'une  des 
formes  suivantes  4 n,  4 «  +  i-  t»  -r  :>-,  -\n  -\-  3,  où  n  est  un  nombre 
entier.  Or,  si  nous  groupons  les  quarante  premiers  nomljres 
entiers  en  quatre  colonnes,  en  plaçant  ceux  de  la  forme   '\  n   dans 

(')  La  persistance  de  l'iiydrosrène  dans  des  tiil)es  à  vide  est  im  pliénomciie 
li'ès  roniarqualde.  Lorsqu'on  analyse  le  gaz  dans  de  pareils  tubes  par  la  niélliode 
des  rayons  positifs,  on  trouve  invarialilenient  <le  lliydroaène,  à  njoins  cpi'oii  ne 
fasse  ]>asser  eonslamnient  un  eonranl  d'oxygène  à  travers  le  tulie,  et,  dans  ce 
las.  la  raison  pour  laquelle  on  ne  voit  pas  d'hydrogène  est  prohablement 
lelle-ei,  que  tout  ce  gaz  a  été  attaqué  par  l'oxygène  et  transformé  en  vapeur 
il 'eau.  Dans  les  mêmes  circonstances,  on  ne  peut  pas  déci'ler  de  vape\ir  de  nuT- 
cure  dans  le  tube,  malgré  qu'il  soit  relié  à  inu>  pompe  à  mercure;  la  vapeur  de 
mercure  aussi  bien  ijue  l'hydrogène  a  été  attaquée  par  l'oxygène.  Lnrqne 
l'hydrogène  semble  avoir  été  éliminé  du  lulu'  par  l'action  de  l'oxygène,  l'hydru- 
gêne  refait  pnsque  iinmédiatemeiil  sou  apparition  dès  que  le  courant  d'oxy- 
gène l'st  arrêté. 


1  A  SI  111  (Il  m:  ni:  i.  aiomi;  9 

la  ]ireiuiL'iT,  ceux  ilc  la  formi'  i /i  1  ilaiis  la  scidikIi'  cl  ainsi 
(le  suite,  éurivanl  il  ailli'iiis  cii  iliillics  rdiiiaiiis  limt  iiciinluc  <{iii 
corrcspoiul  au  poids  altuniinif  d  iiii  t'Iéint'iil  cl  en  iliillrcs  aralx's 
tous  les  autres,  nous  obtenons  le  résultai  suivant  : 


\ll. 

i  /(  -1-  1 . 

in 

+  ■:. 

i  "  -i-  3. 

IV  (  Ile.  0) 

KII) 

•î 

:! 

S 

." 

(1 

VII  (Li.  I) 

XII  (Ci) 

ixrGl.  2; 

10 

XI  (15.3) 

XVI  (0.6) 

V.i 

XIV 

(  N.  -.  ) 

i:i 

XX(.\e.  0) 

17 

18 

XI\(F1.7) 

X\IV(Mg.  ai 

:2I 

■i'i 

XXIII  (Na.  1) 

wvm  (Si./,) 

"ir, 

id 

XWII  (AI.  3) 

xwii  (S.t;, 

-i!» 

:îo 

XXXI  (1'.  5) 

;{(> 

;î3 

:u 

XXXV  (Cl.  7) 

XI,  (Ca.1) 

37 

;!8 

XXXIX  (K.  I) 

Nous  voyons,  d'après  cette  liste,  qu'à  très  jicu  d'e.\i'(>plions 
près,  les  poids  atomiques  des  éléments  les  plus  légers  sont  de  la 
forme  4"»  ou  4" +  3.  Parmi  les  ao  nombres  de  cette  forme,  il 
n'y  en  a  que  .^^,  peut-être  même  .3  seulement,  ([iii  ne  sont  ])as  des 
])oids  atomi([ues  d'éléments,  tandis  ([ue  des  20  nombres  res- 
tants, de  la  l'orme  4"  +  i  "i'  4»  +  '-'-y  i'  n'y  en  a  que  '.'>  qui 
correspondent  àdes  poids  alonii(|iies  d'élénienls,  cl  iiin  de  ceux-ci 
est   l'hydrogène. 

Kn  outre,  si  nous  considérons  les  8  groupes  de  .MendelécU  ilans 
lesquels  les  éléments  sont  divisés,  nous  voyons  que,  que  nous  pre- 
nions les  nombres  de  la  forme  'tn  ou  ceux  de  la  forme  :\n-\-3, 
une  augmentation  du  poids  atomique  de  4  entraîne  une  aug- 
mentation de  ■>.  de  l'ordre  du  groupe  auquel  félément  appar- 
tient: c'est  ainsi  (|ue  Xll,  le  carbone,  est  ilans  le  gi(iii|)e  j:  W  1. 
l'oxygène,  dans  le  groupe  (i;  XXV F!  I,  le  silicium,  dans  le  groupe  j  ; 
XXXII,  le  soufre,  dans  le  groupe  6;  et  ainsi  de  suite,  et  la  même 
chose  est  vraie  pour  les  nombres  du  type  4«  +  3.  Le  fait  que  les 
poids  atomiques  sont  ou  bien  de  la  forme  in,  ou  bien  de  la  forme 
4n  -j-  .i,  fait  supposer  ([ue  les  atomes  des  éléments  à  valence  [)aire 
ont  comme  noyaux  positifs  des  agrégats  d'un  certain  nombre 
d'atomes  d'hélium,  alors  ipie  ceux  des  al  unies  à  \alcnce  impaire 
sont  des  agrégats  d'un  certain  iioinlirc  <ral<inies  ci  licliiini  avec 
trois  atomes  d'hvdrogène. 


I.V    STIirCTlIlE    DE    LA    MATII-Ri:. 


Pour  les  élémenls  à  poids  atomique  plus  grand  que  4o,  les 
relations  arithmétiques  entre  les  poids  atomiques  cessent  d'être 
aussi  régulières  qu'elles  le  sont  dans  le  cas  des  éléments  les  plus 
légers.  Une  raison  de  ce  fait  peut  être  celle-ci,  qu'il  est  possible 
que  l'agrégation  qui  a  lieu  à  l'iTitérieur  de  l'atome  peut  être 
accompagnée  d'une  légère  variation  de  masse.  Ce  changement 
deviendra  plus  grand  à  mesure  que  le  nombre  d'atomes  d'hé- 
lium augmente,  jusqu'à  ce  que,  pour  les  éléments  les  plus  lourds, 
le  poids  atomique  cesse  d'être  un  indicateur  exact  du  nombre 
de  parties  de  l'atome.  Mais  il  y  a  des  indications  qu'à  partir 
ou  dans  les  environs  du  poids  atomique  40j  il  se  produit  une 
ru.pture  plus  importante  dans  la  loi  de  structure  de  l'atome. 
Ainsi,  au-dessous  du  poids  atomique  4o,  un  accroissement  de  i6 
dans  le  poids  atomique  nous  amène  à  un  élément  ayant  des 
propriétés  chimiques  semblables  à  celles  de  l'élément  dont  nous 
sommes  partis.  Li,  Na  et  K,  C  et  Si,  0  et  S,  He  et  Ne.  sont  tous 
des  exemples  de  ce  fait.  Au  delà  du  poids  atomique  jn,  il  faut 
un  accroissement  du  poids  atomique  presque  trois  fois  plus 
grand  avant  d'arriver  à  un  élément  ayant  des  propriétés  chi- 
miques semblables:  Rb,  par  exemple,  le  métal  alcalin  venant 
après  K,  a  un  poids  atomique  de  85,^  et  le  suivant,  le  caesium, 
en  a  un  de  i33.  Le  sélénium,  l'élément  le  ])lus  proche  jiarent.  du 
soufre,  a  un  jjoids  atomique  de  7<).^>.  :  le  slrontium,  le  métal  le 
iilus  rajiprociié  du  ralriiini,  a  un  poids  aliiiuKpie  de  87,5  et  ainsi 
de   suite. 

Le  lalileau  de  Mendeléciï  présente  aussi  des  signes  île  discon- 
liiiuilé  vers  cet  endroit,  car  c'est  là  à  peu  près  que  les  longues 
pi'iiodcs  lioiNcnl  rire  ml  ruduilcs  pour  placci'  les  élémenls  à  |)r()- 
pi'iétés  chimiipies  similaiies   ihms   les   mêmes   colonnes  \erlicales. 

La  loi  suivant  hupielle  sont  grou|jé<'s  les  parties  île  lalome. 
semble  snblr  un  changement  disconlmu  à  peu  près  à  cet  endroit 
dans  la  série  des  éléments  lourds.  Nous  poii\ons  illustrer  une  telle 
espè('e  de  disconliiiuité  par  uu  exemple  physique,  (".onsidérez  la 
façiui  dont  se  disposent  l'w  ciMlaiu  luunbre  de  corpuscules  négatifs. 
I(irsi|u"lls  siiiil  en  é(|uilibre  sous  l'elfet  de  leurs  répulsions  iiui- 
tiielics  et  tie  lai  traction  d'une  force  centrale  direclemeni  pro- 
|iort  lomiclle  à  la  distance.  I.orscpie  le  nombre  des  cor])iiscnles 
ne  déliasse  pas  .">,   ils  se  disposent    sur  un  simple  anneau  aux  soni- 


LA  STiiirri  UK  m-:  i.  ato.mi:. 


mois  (I  un  |)(il\  i;niic  rr<;iilic'r:  (■"csl-n-diro  ((iic  trois  ccn'iMiscules 
se  placeiil  aux  spminets  d'mi  lriaii;^lr  r-i|iiihilrial,  (|iiali'c  aux 
sommets  diiu  oarré.  oin((  à  tciix  d  un  pt'nlaLjonc  ri'iinlicr.  Mais, 
(|iiun(l  il  y  a  plus  de  eiu(|  eorpiiseides,  la  loi  de  disposition  elianf>e 
subitemeiil.  Ainsi.  ])ar  exemple,  six  corpusenles  ne  se  plaeeiit 
pas  aux  coins  d'un  hexajrone  réi;uliei',  mais  ein([  vont  aux  coins 
il'un  |ienlatjone  réj;uJier,  tandis  cpie  le  sixième  est  au  centre; 
lu  dis|>osition  en  doux  anneaux  subsiste  jusqu'à  ce  que  le  nombre 
lie  corpuscules  soit  17:  à  ce  moment,  la  loi  change  de  nouveau  et 
nous  avons  besoin  de  trois  anneaux  pour  faire  un  arrangement 
stable.  De  même,  si  le  noyau  d'un  atome  était  constitué  d'atomes 
d'hélium  électrisés  positivement,  la  façon  dont  ces  atonies  se 
!j;roupent  |>ourrait  oiiaiiirer  d'une  façon  discontiiuio  dès  (pie  le 
nombre  d'atomes  d  hélium  dépasserait  une  certaine  valeur,  et, 
à  cet  endroit,  il  y  aurait  une  certaine  discontinuité  dans  la  rela- 
tion entre  les  propriétés  de  l'atome  et  le  poids  atomique.  Si, 
par  exemple,  les  systèmes  positivement  chargés  formant  le  novau 
positif  dos  atomes  se  séparent  en  groupes  lorsque  le  nombre  de 
pareils  systèmes  dépasse  une  certaine  valeur,  les  effets  cliimiipies 
produits  par  l'addition  d'un  autr(>  système  positif  au  noyau  à  ce 
moment  |)ourraient  être  fort  dill'érents  de  ceux  dus  au  système 
additionnel   à   un   moment   antérieur. 

On  pourrait  m'opposer  qu'il  n'est  pas  probable  qu'un  système 
très  stable  comme  un  atome  puisse  être  formé  par  l'agrégation 
d'atomes  aussi  inertes  que  ceux  de  l'hélium.  Si  deu.x  atomes 
d'héliuMi.  poiirrait-oii  dii'c,  11  oui  pas  d'affinilé  suflisanl:>  l'un 
pour  1  autre  pour  lormer  une  molécule,  est-il  vraisemblable 
qu'ils  puissent  s'allier  au  point  de  former  une  chose  aussi 
stable   «pie   l'atome   (l'un    éléiucnl    ciiiinique  ? 

Celte  olqection  11e  me  paraît  pas  valable,  <-ar,  bien  ([ue  pour 
la  facilité  nous  donnions  aux  matériaux  dont  sont  édifiés  les 
atomes  le  nom  d'atomes  d'hélium  positivement  chargés,  nous 
ne  devons  pas  oublier  que,  selon  toute  probabilité,  les  proirriétés 
lie  l'atome  d'hélium  chargé  sont  tout  à  fait  dill'érentos  île  celles 
de  l'atome  neutre  non  chargé.  .M''me  si  nous  regardons  l'atome 
d  hélium  neutre  comme  l'élément  ((ni  sert  à  construire  d'autres 
atonies,  /iliis  la  charge  électriipie  nécessaire  à  le  neutraliser, 
il  est  aisé  de    loinc^voir  que  deux  pareils  atomes  d'hélium  puis- 


li  lA    STULCTl  un    DE    LA    MATlKRIi. 

sent  exercer  rmi  sur  l'autre  clés  forces  très  petites,  s'ils  sont 
placés  dans  des  conditions  où  les  corpuscules  ne  soient  jamais 
détachés  des  atomes,  et  cjue,  par  une  nouvelle  disposition  des 
corpuscules  négativement  électrisés,  on  puisse  édifier,  au  moyen 
des  deux  noyaux  charoés  positivement  et  des  particules  char- 
gées négativement,  un  système  dans  lequel  toutes  les  parties 
seraient   solidemenl   liées   ensemble. 

Il  est  possible  que  nous  puissions  faire  la  distinction  entre 
diverses  espèces  de  novaux  positifs  d'une  façon  telle  que  celle-ci. 
Les  expériences  sur  la  diffusion  des  rayons  Rontgen  par  les 
éléments  les  plus  légers  indiquent  que,  d'une  façon  grossière 
du  moins,  le  nombre  des  corpuscules  dans  un  atonie  est  pro- 
portionnel au  poids  de  cet  atome,  et  il  y  a,  dans  les  expériences 
de  Crowther,  quelques  indications  de  ce  fait  que  le  nombre  des  cor- 
puscules dans  l'atome  d'hydrogène  excède  celui  indiqué  par  cetle 
règle.  Il  est  possible  que  des  expériences  soignées  sur  le  rayon- 
nement diffusé  apprennent  que  l'éctiTt  à  la  loi  de  proportionnalité 
au  poids  atomique  est  lié  aux  propriétés  chimiques  de  l'élé- 
ment. Car,  nous  avons  vu  (pie  le  poids  atomique  de  la  grande 
majorité  des  éléments  les  plus  légers  peut  être  mis  sous  l'une 
des  formes  in  ou  \n^3.  La  première  forme  \)e\)\  'Hre  regardée 
comme  une  agrégation  de  ii  particules  x  ou  atomes  d'hélium. 
Si  nous  supposons  quuu  alome  dhélium  ne  contient  que  deux 
corpuscules,  c'est-à-dire  que  tous  les  corpuscules  en  sont  chassés 
lorsqu'il  est  lancé  avec  une  grande  vitesse  ctunme  particule  a, 
alors,  si  l'atome  conticiil  ii  atonies  dhélium,  c'esl-à-dire  si  son 
])(iids  atomique  est  \n.  \r  nuiiii)re  des  corpuscules  dans  l'atome 
serait  y.ii,  soil  la  ruoilié  du  pouls  aloiiiii|uc:  de  cette  façon.  |i(Uii' 
tous  les  élénieiils  de  ce  l\|ie.  le  nombre  de  eorpuseules  serait 
proportionnel  :iii  pouls  alomi(|ne.  (.(Uisidérez  niaiiilenanl  les 
éléments  doul  li's  poids  ali>iiiii|iu's  sont  de  la  fonue  j  ;i  t-  .!. 
cl  (pu  piiivinl  i^re  regarilés  comme  couslilués  de  n  atomes 
d'iiéliiiin  el  (le  1  d'hydrogène;  les  ;i  atomes  d'hélium  (hmiKM'aienl 
■>.ii    eiiipiisenles.     les    .1     d'Iivdrogène     .:>    cor])Uscules  ;     le     iionibre 

lolal    de   eorpuseules    sérail     '  ;i    --  .5  ou    -.     .\    élaiil     le    poids 

al'iinicpie.     l)oiie.     pour    ce     I  \  pe    d  l'IeiueiiU.     le    iionilire    de    eor- 
puseules  Ile    seiail    pas    exaeleinenl     piopiul  loniiel     .m    pouls    alo- 


i.v  STiii c.Ti m;  1)1-:  i.'ato.mi:.  i3 

nii<|iir,  liiiMi  uni-,  si  It-  poids  atomique  est  «.'raiid,  la  (lill'(''r(>ncp 
ne  soit  pas  t-oiisiilérahli'.  Si  iimis  lalculims.  dr  rtllc  iaçoii,  le 
nomlire  dt'  corpiiscnles  dans  (|U('l(pies-iins  des  éléments  les  plus 
léi;ers,  nous  obtenons  les  résultais  suivants  : 

Klùineiil II.       Ile.       I.i.       C.        O.        II.         N.i         a. 

.Nombre  de  corpuscules.,      i  >         i         (>         S  ii  i3  if) 

l.e  résultat  le  ])lus  remar(|ual)le  de  ee  iahlean  e'est  la  firamleur 
du  nondjre  de  corpuscules  dans  riiydro<;ène  par  rapport  à  sou 
poids  atomifpie  :  il  a  deu.\  l'ois  le  nombre  normal.  Les  me- 
sures de  Crowtlier  du  rayonnemenl  Uiint;;en  tlilliisé  ont  donné 
1,7  fois  le  nombre  normal  |)oiir  riiydrogènc.  Mais,  outre 
celui-là,  il  y  a  encore  d'autres  cas  où  les  relations  entre  la  façon 
dont  riiydrofiène  se  coniluit  électriquement  et  son  poids  ato- 
mique sont  anomales.  C'est  bien  ce  que  nous  pouvons  attendre 
d'après  les  considérations  précédentes,  puiscpie  le  rapport  entre 
le  nombre  de  corpuscules  et  le  poids  alomiqui-  est  plus  ijrand 
que  pour  tout   autre   élément   connu. 

Configuration  de  l'atome. 

La  discussion  faite  dans  le  dernier  Chapitre  conduit  à  cette 
conclusion,  que  l'atome  est  formé  de  corpuscules  négativement 
chargés,  de  masse  uniforme  et  portant  des  charges  électriques 
égales,  et  de  charges  d'électricité  positive.  Ces  dernières  se  pré- 
sentent sous  un  nombre  limité  de  formes,  peut-être  pas  plus 
de  deux.  L'une  de  ces  formes  est  celle  de  particules  a,  c'est- 
à-dire  d'atomes  d'hélium  ayant  perdu  deux  corpuscules,  l'autre 
l'St  celle  d'un  atome  d'hydrogène  ayant  perdu  un  corpuscule. 
11  semble  qu'il  y  ait  certaines  raisons  de  croire  (|ue,  dans  les 
atomes  les  plus  légers  du  moins,  les  atomes  d'hydrogène  se 
présentent  en  groupes  de  trois.  Voilà  quels  sont  les  matériau.x 
aux  moyens  desquels,  dans  cette  hypothèse,  les  atomes  sont 
construits. 

Nous  devons  passer  maintenant  à  la  question  de  la  configu- 
ration de  l'atome,  c'est-à-dire  de  la  façon  dr)nt  les  parties  posi- 
tive et  négative  se  disposent,  lors(|ii'clles  sont  dans  un  état  d'équi- 


l4  LA    STRUCTIRE    DK    l.A    MATlKHi:. 

libre.  Cette  disposition  dépendra  des  forces  que  les  systèmes 
exercent  l'un  sur  l'autre  à  l'intérieur  de  l'atome,  et  par  consé- 
quent à  des  distances  inférieures  à  lo  "  centimètre.  Or,  nous 
n'avons  pas  de  preuve  directe  de  la  loi  de  force  entre  deux 
corps  électrisés,  lorsque  la  distance  qui  les  sépare  est  aussi  pe- 
tite, ni  quand  les  charges  électriques  sont  aussi  petites  que 
celles  des  corpuscules  et  des  particules  positives.  L'ancienne 
preuve  en  faveur  ^e  la  loi  du  carré  de  la  distance  était  déduite 
de  la  considération  de  cas  où  les  charges  électriques  sont  des 
millions  et  des  millions  de  fois  celles  que  nous  considérons  main- 
tenant, et  agissent  à  des  distances  énormes  en  comparaison  de 
celles  dont  nous  disposons  à  l'intérieur  de  l'atome.  Il  est  donc 
important  d'examuier  si  nous  pouvons  obtenir  quelque  preuve 
de  la  \alidité  de  la  loi  de  l'inverse  du  carré  dans  le  cas  où 
les  corps  chargés  sont  des  corpuscules  ou  des  particules  posi- 
tives, placées  à  des  distances  comjiarables  à  celles  qui  existent 
dans  les  atomes. 

Considérons  d'abord  le  cas  de  la  force  agissant  entre  deux 
corpuscules.  Pour  soumettre  celui-ci  à  l'épreuve,  nous  devons 
trouver  l'un  ou  l'autre  phénomène  dans  lequel  cette  force  inter- 
vient le  plus  directement  possible.  Prenez  le  cas  d'un  rayon 
cathodique  ou  d'une  particule  ^  passant  par  un  gaz.  Nous  sa- 
vons :  1°  que  la  particule  est  déviée  et  .>.°  que  des  corpuscules 
sont  chassés  hors  des  atomes  du  gaz  à  travers  lequel  la  parti- 
cule passe.  l,"('\plI(atl(Mi  la  plus  naturelle  de  ces  ellVl s  est  celle- 
ci,  (pie  la  ])arlicule  mobile  est  repoussée  par  les  corpuscules 
dans  les  atomes  tpi'clle  traverse  et  est  donc  déviée,  et  qu'elle  coin- 
nuini(pu^  aussi  à  ([uelques-uns  des  corpuscides  dans  les  atomes 
une  (pianlilc  suffisante  d'énergie  pour  Icui'  piMincllrc  de  s'écha]i- 
|)er  de  ralome.  Voyons  ce  que  seraient  les  lois  île  ces  ellels  si 
la  loi  de  force  était  celle  de  l'inverse  du  carré  de  la  distance.  Nous 
])o\i\(iTis  déiiKMil  ICI'  larilciiiciil  :'l  cpie  M  niic  |Kn'licnle  l'Iiar- 
gée  de  masse  .M,  cl  de  charge  c  se  lueiil  a\cc  une  \il(sse  \  \ ers 
une  autre  |)arliciile  de  masse  Mj  et  de  cliaru<'  K.  priiiiili\  emeiit 
eu  repus,  et  si  d  esl  l;i  |iri  iicndliiilail'c  abaissée  du  centre 
de    la    scroiiib'    |iail  iculi"   sur   la    dircrl  mu    iniliali'    du    nion\rmenl 

(')   N'oir  J.-J.  Thomson,  Conduction  oj  Ktcciricilij  throiigh  Otisrs,  p.  378. 


UV   STRICTIHI-:    1)K    1.  AlOMi;. 

de   la   j)remière,   nous   avons 

iM,-,-.VI,i» 


-y  /   M,. Mo  y 


où    (^   est   l'énergie    l'Oinnniniquée   à    \:\    |);irl  iciilo    dans    rainnu', 

T  =  -  M,  V*    l'énersrie    ciiiétiiiiic    dr    la    luil  iriilc    'i  an    iiioiiii'iil 

de  sa  projection.  Le  corpuscule  dans  ratumc  est  supposé  libre 
de  toute  contrainte  et  capable  de  se  mouvoir  librement  lors- 
<]u'ii  est  repoussé  par  la  particule  p.   Si  -j  est  l'angle  dont  la  par- 

cule  p  est  déviée, 

M,  sinO 
laiii;o 


.Ml—  MjCosO 


f)      -     M,. M,       (/\^ 
■i       (.M|-i-\lj)    eh 

Dans  le  cas  d'une  rencontre  entre  deux  corpuscules,  M,  =  M. 

cl  c  =  K,  de  sorte  (pie 

T 

■  H 7- 

<■• 

fl  0        rfT 

a  —  -  et         cot      =  — -  • 

'  2         e- 

Pour  (pie  la  particule  [â  puisse  ("-Ire  déviée,  par  un  seul  clioc, 
d'un  angle  de  grandeur—,  il  faut  (pic  d  ne  dépasse  pas 

gî        0, 
„T  col  — • 
1  i 

Le  nombre  des  cliocs  subis  par  une  j)arlicule  [î  sur  un  centi- 
mètre, et  j)our  les(iucls  d  ne  dépasse  jias  cette  ^■alellr,  est  n-d-, 
où  n  est  le  nombre  de  corpuscules  par  cenliiiiélrc  cube.  F.n  sub- 
stituant  la    valeur   de    (/,    nous   trouvons   (pic  le  iKinibrc  Ai'  chocs 

est  égal  à 

nre*        .  0, 

ou  bien,  si  le  gaz  à  travers  lequel  la  particule  se  meut  est  à  la  tem- 
ratiire   et  à   la    pression    normales,    et    qu'il   y   ait  donc  2,8  X  lo'" 


iG  i.v  sriu DTiini;  de  la  MAriKRii. 

molécules    par    centimètre    cube,    le    nomlire    des    chocs    est 

e-'  0, 

■;!/7-  —  X  «,8  X  lo"  col-  —  > 

si  p  est  le  nombre  de  corpuscules  dans  un  atonie  du  gaz. 

Posant 

e 

—  =J,3xio'",  e  =  4-8X10-'", 

m  1 

nous    trouvons    que    le     nombre    de    chocs    par    centimètre    est 

égal  à 

3,Si5  X  lO''"  0. 

Le  Tableau  suivant  donne,  pour  différentes  valeurs  de  -L,  les 
distances  en  centimètres  qu'une  particule  ^  dont  la  vitesse 
est  de  2,10'"  cm  :  sec  doit  parcourir  dans  l'air  à  pression  atmo- 
sphérique avant  de  subir  dans  un  seul  choc  une  déviation  dan 
moins  'l  degrés:  pour  j)  on  a  pris  la  valeur  7,5. 


V- 


l)isl  11  lice. 


iS fio 

1.1 ii 

lo \- 

(> G 

■i o ,  li(i 

Le  Tableau  suivant  fail  connaîtic  les  valeurs  correspondantes 
dans  le  cas  d'une  particide  cathodique  dont  la  vitesse  est  5,io" 
cm  :  sec. 

'i.  Dislancc. 

I)  cm 

!"> ■'■•^ 

3  ) 1,1 

•>■) O,  ) 

r .') o ,  I G 

5 ",017 

l.rs  ilcNial  Kiiis  que  suliil  iiiir  |i:irl  niilc  [j.  loisipi  elle  se  meut 
à  lra\crs  laii'.  siinl  adiuiiMlilfiniiil  iimnlrées  par  la  mélliode 
des  liiiiiiillanls  de  (..'i.-lî.  W  dsiiii,  dans  laquelle  les  trajectoires 
des   pailiculcs  ipii  se   luiMiMMl   à   Iraxers    l'air  à   pression    atnio- 


l.V    STIll  i:H  III'.    l)K    I.  ATlIMi:.  17 

S])hérii|iie  peuvent  rtre  pliotoifrapliiécs.  Dans  son  tra\ail  (^), 
Wilson  communique  des  photoi;raphics  des  trajecloires  des  par- 
ticules libérées  par  les  rayons  Ri'mltjen,  lorscpi'ils  tombent  sur 
les  molécules  d'air,  et  aussi  des  particules  p  cniises  ]iar  le  ra- 
dium. Dans  le  premier  cas,  bien  ((uc  la  courbun;  soil  continue 
dans  la  plus  jurande  partie  ilc  la  course,  ce  (pii  uHuilrc  (pie  l'in- 
flexion est  due  à  une  superposilicui  d'un  cerlaiii  nombre  de 
déviations  très  petites,  il  y  a  de  leni[>s  en  temps  des  variations 
brusques,  comme  il  s'en  présenterait  si  les  particules  étaient 
déviées  d'un  angle  fini  dans  un  seul  choc.  Cela  est  tout  à  fait 
d'accord  avec  les  résultats  donnés  par  la  formule  précédente 
et  la  grandeur  des  déviations  senilile.  autaiil  (pie  cela  puisse  ctre 
déduit  d'une  inspection  générale  des  pluiU)gra|)liies,  ('tre  de 
l'ordre  de  grandeur  iiuli(jiié  |)ar  la  théorie.  Dans  le  cas  de  la  par- 
liculc  [^,  on  ne  voit  ])as  de  changements  hrus([iics  de  direction. 
nuiis  il  y  a  bien  une  courbure  très  ap[)réciable  du  chemin  suivi. 
Considérons  maintenant  l'ionisation  produite  par  la  particule 
mobile.  L'explication  la  plus  naturelle  de  l'ionisation  du  gaz  par 
les  particules  mobiles  est  celle-ci,  que  ces  particules  commu- 
niquent à  quelcpies-uns  des  corpuscules,  dans  les  atomes,  une  quan- 
tité d'énergie  sullisante  pour  les  mettre  en  liberté.  Si  W  est  cette 
énergie,   comme  Q,  l'énergie   conununi(piée   à   un    corpuscule    est 

donnée  par  l'équation 

T 


Q  ne  sera  pas  aussi  grand  (pic  \\  ,  à  moins  (pie 

r 


d'-     .Ç^(w-'j- 


l,e  iiiiiiibre  de  chocs  (pie  la  particule  subit   jiar  miiiI(''  de  huigueur 
de  sa  trajectoire,  pour  lecpiel  d  satisfait  à  cette  condilion,  est  égal  à 


n-dK 
c'est-à-dire  à 

rt-e*  /  T 


Ti 


a-)- 


(*)  Wilson,  Proc.  Roy.  Soc,  (A),  t.  LXXXVII,  l'.ii'.  [>.  77;. 

INHTIT»   r    »iiM.V,\V 


lo  I.A    STRlCTL'nE    DE    LA    MATIIMIE. 

Cette  expression  doit  représenter  le  nombre  d'ions  produits  par 
une  particule  (3  par  unité  de  longueur  de  la  trajectoire.  L'expi-es- 
sion  a  une  valeur  maximum  lorsque  T  =  W  et,  lorsque  T  est 
grand  en  comparaison  de  W,  le  nombre  des  ions  varie  en  raison 
inverse  de  l'énergie  cinétique  de  la  particule  mobile.  Des  déter- 
minations des  nombres  dions,  produits  par  des  particules  néga- 
tivement chargées  se  mouvant  à  des  vitesses  dilïérentes,  ont  été 
faites  par  Durack  (^),  Glasson  {^),  Kessel  (=')  et  Bloch  (').  Elles  sont 
d'accord  avec  les  formules  précédentes  aux  points  de  vue  sui- 
vants. 

Elles  indiquent  (]u'il  y  a  une  vitesse  particulière  de  la  par- 
ticule pour  laquelle  l'ionisation  est  maximum  et  que,  lorsque 
la  vitesse  est  très  grande,  l'ionisation  par  unité  de  longueur  de 
la  trajectoire  est  inversement  proportionnelle  à  l'énergie  ciné- 
tique de  la  particule. 

Il  y  a  cependant  un  sérieux  désaccord  entre  les  valeurs  de 
l'énergie  cinétique  pour  laquelle  l'ionisation  est  maximum,  telle 
qu'elle  est  indiquée  par  cette  théoi'ie,  et  celles  fournies  par 
l'expérience.  Conformément  à  la  théorie,  l'ionisation  est  maxi- 
mum lorsque  T  =  2  W.  Or  W,  le  travail  nécessaire  pour 
ioniser  un  gaz,  est  égal,  d'après  de  récentes  déterminations, 
à  l'énergie  acquise  par  la  charge  atomique  pendant  la  chute  à 
travers  une  différence  de  potentiel  d'environ  1 1  volts,  de  sorte 
que  des  particules  chargées  négativement,  ))rojotéos  ]iar  une 
différence  de  ]iotentiel  d'environ  -.19.  aoUs.  devraient  donner  le 
maxinuim  dionisaliou.  .Mais  les  expériences  démonircnl  <]ue 
le  maxinuim  dioiiisalion  se  produit  |)our  des  dilïércnces  de 
potentiel  de  plusieurs  centaines  de  aoIIs.  Becker  a  supposé  que 
cela  provenait  de  ce  que  les  particules  les  plus  lentes  n'étaient 
pas  capables  de  pénétrer  bien  loin  dans  l'atome,  de  sorte  que 
le  nombre  de  corpuscules  e.xposcs  à  rinfhieucc  des  jiarticuies 
les  plus  lentes  devait  être  moindre  que  le  nnndire  de  ceux  alfec- 
tés   par  les  plus  7'apides,  (pii  pcuveiil  IraviTscr  tout  droit   lalomc. 


(')  JlritAcK,  Phil.  .Vdi'.,  Cl'' série,  I.  IV.  l;)n.>,  p.  fw. 

{")  (".LAssoN,  Phil.  M(tj!.,  (Wsùrio.  I.  X.XII,  i<)i  1,  p.  C',-. 

{')  KossEL,  Ami.  fier  Pliiin..  t.  XX.WII,  l'.M-'.  !>•  >•.)'• 

(')  Ui.ocii,  .1(1(1.  (It'i-  Plnj-i.,  t.  XXXVITI,  l'M  .',  p.  ■>ji.). 


1.*    STHlCTfRK    IIE    I.'aTOMK.  ig 

Cela  ferait  i(up  ;/  ijui  ciitri'  thiiis  l'expression  à  la  page  17  est 
«ne  foiK-tion  de  T  cl  augnienterail  la  valeur  do  T  pour  le  maxi- 
mum dionisatioii. 

La  quantité  d'énergie  communiquée  à  un  «•orpuscule  dans 
un  atonie  dépendra  dans  une  très  forte  mesure  du  (lei;ré  de  li- 
berté de  ce  corpuscule;  si  celui-ci  est  solidement  tenu  dans  une 
position  déterminée  par  les  forces  agissant  dans  l'atome,  il  rc- 
•cevra  très  peu  d'énergie  quand  il  est  frappé  par  les  particules 
mobiles.  L'effet  d'une  contrainte  de  cette  nature  peut,  jusqu'à 
un  certain  point,  être  représenté  par  un  accroissement  de  masse 
du  corpuscule  dans  l'atome.  I/influence  d'un  pareil  accroisse- 
ment sur  la  valeur  de  ()  peut  cire  exprimée  à  l'aide  de  la  for- 
mule à  la  page  lô.  Nous  voyons  d'après  cela  que,  lorsque  la  masse 
de  la  particule  frappée  est  très  grande  en  comparaison  de  celle 
de  la  particule  c[ui  frappe,  il  n'y  a  pas  de  transport  d'énergie 
d'une  particule  à  l'autre.  La  particule  mobile  est  déviée,  mais 
elle  ne  perd  pas  d'énergie.  Il  doit  arriver  quelque  chose  de 
semblable  lorsque  le  corpuscule  dans  l'atome,  au  lieu  d'avoir 
une  grande  masse,  est  fermement  attaché  à  un  autre  système 
de  corpuscules.  Dans  ce  cas,  il  y  aura  peu  d'énergie  transmise, 
à  moins  que  l'action  exercée  par  la  particule  mobile  sur  la  par- 
ticule lixe  ne  soit  suffisamment  intense  pour  la  détacher  de 
celles  auxquelles  elle  était  reliée. 

Si  nous  ne  considérons  pas  uniquement  le  degré  d'ionisation 
produit  par  les  particules  mobiles,  mais  également  la  réparti- 
tion des  vitesses  sur  les  corpuscules  mis  en  liberté  par  ces  par- 
ticules mobiles,  nous  rencontrons  un  désaccord  apparent  entre 
la  théorie  et  les  résultats  de  l'expérience.  D'après  la  théorie,  le 
nombre  des  corpuscules  qlii,  par  chocs,  ont  acquis  une  quantité 
d'énergie  plus   grande  que  Q  est  proportionnel  à 


T.a-y 


Bien  que  cette  expression  diminue  lorsque  Q  augmente,  elle 
ne  le  fait  pas  très  rapidement.  Cependant,  conformément  aux 
expériences  de  Lenard,  il  n'y  a  que  quelipies-unes  des  particules 
cathodiques  secondaires  (s'il  y  en  a)  qui  possèdent  une  énergie 
plus  grande  que  celle    qui    correspond    à    peu   près  à    10    volts, 


"Ul  LA   STRUCTIRE    DE    I,.\    MAriKRi:. 

tandis  qu'il  y  en  a  un  nombre  très  considérable  qui  ont  à  peu 
près  cette  énergie.  Les  raisons  pour  lesquelles  on  arrive  à  cette 
conclusion  sont  qu'on  ne  peut  pas  trouver  de  preuve  pour  mon- 
trer que  les  corpuscules  rejetés  par  les  particules  prirhaires 
possèdent  assez  d'énergie  pour  ioniser  le  gaz;  ils  l'auraient  pour- 
tant si  leur  énergie  était  supérieure  à  celle  due  à  une  chute  de 
potentiel  de  lo  volts.  Si  ces  résultats  étaient  confirmés,  ils  in- 
diqueraient que  la  plus  grande  partie  des  corpuscules  émis  par 
l'atome  quittent  ce  dernier  avec  la  même  vitesse  et  que  cette 
vitesse  est  indépendante  de  celle  de  la  particule  mobile,  un 
résultat  qu'il  serait  difficile  d'expliquer  si  l'expulsion  était 
simplement  due  à  la  répulsion  entre  les  corpuscules  mobiles  et 
ceux  de  l'atome.  Aous  pourrions  cependant  expliquer  ce 
résultat  en  supposant  que  la  plus  grande  partie  des  particules 
cathodiques  secondaires  sont  libérées  non  pas  par  le  fait  qu'elles 
reçoivent  une  grande  quantité  d'énergie  dans  un  seul  choc,  mais 
par  suite  de  l'accumulation  de  petites  quantités  d'énergie  reçues 
dans  plusieurs  collisions.  Lorsque  l'énergie  accumulée  atteint 
une  certaine  valeur,  qui  est  indépendante  de  l'énergie  de  la 
particule  primaire,  la  particule  cathodique  s'échappe  et  sort 
avec  une  énergie  constante.  Bohr  (^)  a  examiné  l'effet  de  chocs 
entre  une  particule  mobile  et  des  corpuscules  dans  l'atome 
lorsque  les  derniers,  au  lieu  d'être  en  repos,  décrivent  des  or- 
bites circulaires  avec  une  vitesse  angulaire  constante.  11  suppose 
d'ailleurs  que  les  rayons  de  ces  orbites  sont  petits  en  compa- 
raison de  la  distance  d  et  que  la  vitesse  des  corpuscules  dans 
leur  orbite  est  petite  en  comparaison  de  celle  des  particules  mo- 
biles. 


Effets  produits  par  les  chocs  entre  particules 
positivement  chargées  et  les  corpuscules  dans  les  atomes. 


Dans  ce  cas.  M,,  la  masse  de  la  parliculc  mobile,  est  1res  grande 
en    comparaison   de    -Mj,    celle   du   corpuscule    dans   l'alonu'.    Or, 


(')   lioiiii,  Phil.  A/dg.,  0"^  série-,  I.  X.W,  lyi  i,  p.  lo. 


LA    STRICTIIIK    IIE    I.'VTOMK. 

s'il  en  est  ainsi,  les  équations  de  la  page   i5  donnent 


langç 

= 

l-" 

1 

0 
cot  - 

= 

M, 

{ 

M/ry  /, 

,i^ 

I  -+- 

Al,    j    e-- 

i\L'- 

Soit  T'  l'énergie  cinétique  d'un   corpuscule  se    mouvant    avec 
la  vitesse  de  la  particule  positivement  chargée.  Alors,  comme 

M, 

Cl         ..TV 
col     = 


Q  = 


4T' 


1  -^ 


e-'  li' 


Ainsi  donc  le  nombre  des  corpuscules  qui  acquièrent  une  quan- 
tité d'énergie  plus  grande  que  (^  d'une  particule  a  par  centi- 
mètre de  trajectoire  est 


ie'E'/4T'        \ 

4'r«  \-qr    V' 


iwie'Eî 

4 


et,  si  W  est  l'énergie  qu'il  faut  à  un  corpuscule  pour  s'échapper 
d'un  atome,  le  nombre  d'ions  produits  jiar  centimètre  par  une 
seule  particule  a  est 

T.ne''K'-  /4T'  _   \ 
4T'«     i  W        '/■ 

Les  particules  a  des  substances  radioactives  transportent  une 
charge  électrique  dont  la  grandeur  est  deux  fois  celle  d'un  cor- 
puscule. Il  s'ensuit  que  e  =  aE  et  le  nombre  d'ions  par  centi- 
mètre est  égal  à 


Si  nous  comparons  ceci  avec  les  expressions  trouvées  pour  l'io- 


22  LA    STRUCTl  HE    DE    I.A    MATIERE. 

nisation  par  des  particules  j,  nous  voyons  que  l'ionisation  pro- 
duite par  une  particule  a,  lorsque  T'  est  grand  en  comparaison 
de  W,  est  quatre  fois  celle  j^roduite  par  une  particule  (i  se  mou- 
vant à  la  même  vitesse  que  la  particule  a  et  varie  en"  raison  in- 
verse de  l'énergie  cinétique  de  la  particule  a.  La  particule  y.  la 
plus  lente   pouvant   produire   une   ionisation   est   telle   que 

de  sorte   cjue   T,   l'énergie  cinétique  de     la  particule  x,  est 

1  Mi 

Admettant  que  la   masse  du  corpuscule  est fois   celle 

'  '-  1 ,7  X  lo" 

d'un  atome  d'hydrogène  et  que  la  masse   de  la   particule   a   est 

cjuatre   fois   celle   d'un   atome   d'hydrogène,   nous   voyons   que 

T  =  1,7  X  lonv. 

Si  W  correspond  à  ii  volts.  T  correspondra  à  ifjooo  volts- 
environ  et  se  rapporterait  à  une  particule  se  mouvant  à  une- 
vitesse  d'environ  lo"  cm  :  sec.  Si  la  particule  mobile,  au  lieu  d'être 
une  particule  a,  était  un  al  orne  d'hydrogène  chargé  positive- 
ment, l'énergie  qu'elle  devrait  avoir  jiour  ioniser  le  gaz  serait 
d'environ  47^0  volts.  Il  semble  qu'il  y  ail  toutes  raisons  de  penser 
qu'une  particule  positivement  chargée  peut  ioniser  un  gaz  quand 
son  énergie  cinétique  est  beaucoup  plus  jtetite  que  cette  valeur. 
Townsend  (^),  |)ar  expm|ile,  estime  cette  \aleur  à  "o  volts  seule- 
ment. L'estimation  la  ]iliis  élevée,  celle  de  Baerwald  (-),  n'est 
encore  ([ue  de  qSo  \()1|s.  L'ionisation  que  nous  avons  consi- 
dérée est  celle  due  au  détachement  d'un  corpuscule  de  l'atome 
et  cette  espèce  d'ionisation  est  probablement  celle  qui  requiert 
la  moindre  énergie.  Mais,  par  sa  masse  très  petite,  le  cor]mscule 
n  est  capable  dabsoibci-  i|u  nue  fraction  excessiN  cmuiiI  petite 
rie  l'énergie  de  l'atome  tic  gramle  masse  ipii  le  frap])e.  Par  contre, 
SI    l'ionisation    se   produit    par    le    détachement    de   l'atome  d'un 

(■)  TowKSEND.  Phil.  M,i!i..  (')>"  srrii-,  t.  VI,  ii.io'i.  p.  "iijS. 
(')   Hacrwald,  Aiin.  dcr  Plii/s.,  t.  XI, 1,  H|i?,  p.  ^^','^. 


i.A  sriu  cTi  RB  m;  i.  atomic. 


svslt'nic  (le  niasse  pins  «rraiulc  «nie  le  corpusenle,  par  exemple 
un  svsièine  île  masse  eompaïahle  à  eelle  d'une  jiarlicule  a,  alors, 
hii'ii  ipie  ce  svstèine  demaiHl<'  lieain  (mi p  plus  d'énergie  pour  être 
délaehé  de  l'alomc  qu'un  i'or|tuseule,  en  verlu  de  sa  plus  grande 
masse  il  serait  néanmoins  capable  d'ahsorlier  une  l'raction  beau- 
coup i)lns  grande  de  l'énergie  tic  la  particule  a  et  cet  avantage 
pourrait  contre-balancer,  et  au  delà,  la  quantité  d'énergie  plus 
grande  exigée  pour  la  dissociation.  Ainsi,  une  particule  a  serait 
capable  de  céder  à  une  particule  de  même  masse  pratiquement  toute 
son  énergie,  de  sorlc  <pic  l'cncroie  ipu-  la  particule  a  doit  posséder 
jiour  détaclier  une  autre  particule  a  doit  tout  simplement  être 
égale  au  travail  à  faire  jiour  exiraire  une  particule  de  l'ai  orne, 
alors  que,  pour  détacher  un  corpuscule,  la  particule  y. doit  posséder 
une  énergie  égale  au  moins  à  4t'"  fois  le  travail  nécessaire  pour 
libérer  le  corpuscule.  Le  fait  que  des  particules  chargées  posi- 
tivement peuvent  ioniser  un  gaz,  alors  même  que  leur  énergie 
est  beaucoup  plus  pclilc  (pic  celle  (pTi!  faudrait  pour  détacher 
un  corpuscule.,  suggère  l'idée  ipie  rioiiisalioii  par  des  particules  a 
peut,  dans  certains  cas,  avoir  un  autre  caractère  que  celle 
produite  ]>uv  des  particules  'i.  Si  les  particules  jiositives  sont  très 
nombreuses,  alors,  comme  dans  le  cas  des  particules  cathodiques 
(p.  20),  l'ionisation  peut  avoir  lieu  par  suite  de  l'accumulation 
des  énergies  provenant  tl'un  grand  nombre  de  chocs  et  il  n  est 
pas  nécessaire  «pie  l'énergie  coniiiiuuKpiée  par  un  seul  choc  soU. 
égale   à    W,   ni    que    l'énergie  tle    chaque   particule   positive    soit 

égale  a 


4  Mî 

La  répartition  de  l'énergie  entre  les  corpuscules  mis  en  li- 
berté par  le  passage  des  rayons  a  à  travers  la  matière  a  été  me- 
surée par  Baerwald  (^).  (.elui-(i  Iroiixe  (pic  l'iMiergic  de  ces  cor- 
puscules atteint  un  maximum  représenté  par  ao  volts  environ 
et  (pie  le  nombre  de  celles  (pii  ont  une  énergie  cinétique  plus 
grande  est  trop  petit  jKjiir  ('tic  appréciable.  Il  y  a  donc  dans 
le  cas  de  l'ionisation  jiar  des  particules  a  le  même  manque  de 
corpuscules  secondaires  à  grande  vitesse  que  nous  avons 
observé   dans   le   cas   de   l'ionisation   par  des   particules   p.  Tou- 

(')  I3,\En\v.M.D,  Anii.  der  PInjx.,  t.  XLI,  nji'i,  p.  C)','i. 


l'\  l,A    STRIII'.TI  RF.    DK    l.\    MATIÈRE. 

tefois,  Bunisteatl  (')  a  montré  tout  récemment  que  des  par- 
ticules ayant  des  vitesses  croissant  d'une  façon  continue  depuis 
des  valeurs  très  petites  jus(pi'à  ■.i,']  X  lo'-'  cm  :  sec,  et  ayant  des 
énergies  allant  jusqu'à  des  valeurs  représentées  par  2000  volts 
environ,  sont  émises  lorsque  des  particules  a  viennent  frapper 
des    métaux. 

Déviation  de  particules  a. 

L'angle   s  dont  une  particule  a  est  déviée  par  un  choc    avec 
un    corpuscule    est    donné    par   l'éipiation 

M.   .    , 

avec 

col-  = 


eV. 


Comme  Mj  est  très  petit  en  comparaison  de  M,,  la  dé- 
viation des  particules  a  par  les  corpuscules  dans  les  atomes 
doit  être  excessivement  faible  eu  comparaison  de  celle  des  par- 
licules  p.  Et  c'est  aux  <'1ku'S  a%cc  d'autres  parties  de  l'atome 
<pie  nous  devons  attribuer  les  déviations  que  les  particules  a  subissent 
lorsqu'elles  passent  à  travers  la  matière.  De  temps  en  temps  on 
voit  que  la  direction  dans  laquelle  se  meuvent  les  particules  a 
change  brusquement,  comme  si  leur  trajectoire  était  déviée 
d'im  angle  fini  ])ar  une  seide  rencontre  avec  une  molécule.  La 
grandeur  de  la  déviation  ])rouve  (jue  si  elle  est  due  aux  forces 
électriques  exercées  sur  la  particule  y.  jiar  un  corps  chargé  avec 
lequel  elle  entre  en  collision,  à  la  fois  la  charge  et  la  masse  de 
ce  corps  doivent  être  grandes  en  comparaison  des  quantités  cor- 
respondantes d'une  particule  a.  Ceci  a  conduit  le  professeur 
Rutherford  à  considérer  toute  la  charge  posili\e  et  pratique- 
ment toute  la  masse  de  l'atome  comme  concentrée  en  un  vo- 
lume excessivement  ])etil  a\i  centre  de  l'atome,  c'est-à-dire  que 
le  rayon  de  la  région  dans  la(pu'lli'  la  masse  est  supposée 
concentrée  est,  excessi\cincnl  pclil  ywv  rapporl  à  lo  "  cm 
le    rayon    conventionnel    de     l'atome.     I.a     répulsion     de     celte 

(')   lii  msti:ai.,  l'Inl.   l/dg.,  CsOrio,  t.  NXVI,  191  î,  p.  9t5. 


i_v  STiiicniii;  iiK  I.  vTosii'.  'i.i 

•iraiule  cliariro  sur  luif  |i;iili(iili'  ■j.  [cissaiil  Imil  [H'ès  est.  regar- 
dée comme  la  eaiise  des  irrc<;ularités  nui  se  préscniciil  piir 
intervalles   dans  les   trajectoires   de   ces   |iailicules. 

Si  ces  irréjïularités  dans  la  trajc<t()irc  des  pailicules  v.  sont 
dues  aux  ré|)ulsi()ns  d'une  charité  é<j;ale  à  la  cliar<re  totale  de 
tous  les  corpuscules  de  l'atome  et  concentrée  en  un  ])oint,  le 
champ  électrique  provenant  de  cette  charge  doit  produire  dans 
la  trajectoire  d'une  particule  électrisée  néf;ativenicnt  un  nombre 
de  brisures  beaucoup  |)ius  nrand  que  dans  celle  dune  parti- 
cule chargée  positivement,  puiscpie  la  niasse  de  la  particule 
négative  est  de  beaucoup  la  plus  petite  des  deux.  Dans  le  Tahleau 
suivant  j'indic(ue  le  nombre  de  fois  par  centimètre  cprun  corpus- 
cule, se  mouvant  avec  une  vitesse  c,  serait  dévié  d'un  angle  0 
dans  une  seule  rencontre  sous  l'influence  de  la  charge  positive 
placée  au  centre  de  l'atome.  .Je  suppose  que  le  corpuscule  se  meuve 
à  travers  de  l'air  à  la  pression  atmosphérique  et'j'ai  pris  la  charge 
au  centre  de  l'atome  huit  fois  ])lus  grande  que  celle  d'un  cor- 
puscule. Les  résultats  ont  été  calculés  à  l'aide  de  l'expression 
donnée  à  la  page  i6  : 


:  5  X   10'.       C  =  ?    -    1(1". 


3o. 
>.a. 
I  j. 
lo. 


iG 

"."7 

■i4,-. 

o,  i4 

'ii 

0,73 

i38 

o,:-,i 

)5/ 

•2 ,  ■>. 

Mais  les  photographies  (pic  (",.-T.-H.  \\'ilson  a  faites  des  trajec- 
toires des  particules  négatives  émises  j)ar  les  molécules  d'air, 
lorsqu'elles  sont  exposées  aux  rayons  Hiintgen,  ne  présentent 
aucune  trace  de  changements  brusques  de  direction  des  corpus- 
cules d'une  grandeur  approchant  de  celle  indiquée  dans  ce  Ta- 
bleau. Cela  me  parait  indiquer  que  les  grands  changements, 
qui  de  temps  en  temps  se  produisent  brusquement  dans  la  di- 
rection du  mouvement  des  j)arti(ules  a,  ne  sotil  pas  produits 
par  des  forces  dues  à  des  charges  électriques,  c'est-à-dire  ((u'ils 
ne  sont  pas  produits  par  des  forces  «pii  agiraient  aussi  bien  sur 
un  corpuscule  chargé  que  sur  une  particule  a  chargée.  A  mon 
avis,  ils  doivent  plutôt  être  attribués  à  des  forces  spéciales  qui 


26  LA    STRlCTL'nE    DIÎ    I.A    JIATIKRK. 

entrent  en  jeu  lorsque  deux  particules  a  se  rapprochent  l'une 
de  l'autre  à  une  distance  inférieure  à  une  certaine  limite.  Je 
pense  qu'en  réalité,  lorsque  deux  particules  a  s'entre-choquent 
à  l'intérieur  d'un  atome,  les  forces  qui  s'exercent  entre  elles 
ne  sont  pas  unicpiement  celles  qui  seraient  exercées  entre  les 
charges  des  particules  en  vertu  des  lois  ordinaires  de  l'électro- 
statique. Outre  ces  forces-là,  il  y  en  a  d'autres  qui  se  font  sentir  et 
ce  sont  elles  qui  produisent  les  irrégularités  caractéristiques  dans 
les  trajectoires  des  particules  a. 

Sur  la  disposition  des  corpuscules  dans  l'atome. 

La  façon  dont  se  comportent  les  corpuscules  négatifs  lors- 
qu'ils passent  à  travers  la  matière  paraît  être  tout  à  fait  com- 
patible avec  l'idée  que  la  force  agissant  entre  deux  corpuscules 
est  inversement  proportionnelle  au  carré  de  leur  distance.  En 
admettant  que  telle  est  la  loi  régissant  la  force  entre  les  cor- 
puscules et  cjue  les  corpuscules  sont  attirés  par  la  charge  posi- 
tive de  l'atome,  nous  allons  passer  à  l'examen  de  la  disposition 
des   corpuscules   à   l'intérieur   de   l'atome. 

Prenons  le  cas  d'un  certain  nombre  de  corpuscules  se  re- 
poussant mutuellement  et  soumis  à  l'action  d'une  force  attrac- 
tive radiale,  et  examinons  de  quelle  façon  ces  corpuscules  se 
disposeraient  dans  un  état  d'équilibre  ou  décriraient  des  orbites 
circulaires,  si  elles  étaient  en  mouvement.  Pour  simplifier,  nous 
envisagerons  le  problème  à  deux  dimensions  dans  le  cas  où  les 
corpuscules  se  trovivent  dans  un  seul  plan.  La  façon  la  plus 
simple  de  disposer  les  corpuscules  serait  de  les  disliibucr  à  des 
distances  égales  sur  une  circonférence  de  cercle,  tloul  le  centre 
serait  au  centre  de  la  force  attractive.  En  étudiant  la  stabilité 
de  ce  groupement,  on  trouve  qu'il  est  instable  lorsque  le  nombre 
de  corpuscules  dans  l'anneau  dépasse  une  certaine  valeur,  qui 
dépend  de  la  façon  dont  la  force  attractive  varie  avec  la  dislance. 
Si  la  force  est  proporlioniu'lle  à  la  distance  au  centre,  comme  c'est 
le  cas  si  la  charge  positive  est  distribuée  imiforménienl  sur  uiu- 
sphère,  le  plus  grand  nombre  de  corpuscules  <]ui  puissent  cire 
disposés  de  celte  manière  sur  un  anneau  est  de  cinq.  Si  la 
force   croissait  avec   la   distance  au   centre  plus  rapidement    que 


la    STRI CTl  m:    l>K    1,  ATOMM.  U7 

suiviiiit  la  ]>remière  puissance  de  cette  distance,  le  nombre 
sérail  |>liis  jrrand,  tandis  que,  si  la  force  diininuail  à  mesure  (]ue 
la  dislance  aui^mcnle,  ainsi  que  cela  arriverait  si  la  charge  posi- 
tive était  rassemblée  en  un  point,  un  équilibre  de  ce  genre  serait 
impossible,  sauf  pour  un  très  petit  nombre  de  corpuscules. 

Nous  pouvons,  cependant,  avoir  plus  de  cinq  corpuscules  dans 
un  anneau,  si  cet  anneau  entoure  d'autres  corpuscules  négatifs, 
et  nous  pouvons  en  réalité  rendre  stable  réi|uililiic  d'un  nombre 
quelconque  de  corpuscules  sur  un  anneau  en  plaçant  dans  cet 
anneau  un  nombre  suflisanL  tle  corpuscules  négaUls.  Le  nombre 
nécessaire  pour  cela  augmente  très  rapidement  à  mesure  que  le 
nombre  de  particules  dans  l'anneau  extérieur  ticvient  iilfis  grand; 
d'une  façon  grossière,  il  est  proportionnel  au  cube  du  nombre 
de  particules  dans  cet  anneau. 

Grâce  à  l'influence  stabilisante  des  corpuscules  négatifs  inté- 
rieurs, nous  pouvons  donc  obtenir  un  anneau  de  particules  en 
équilibre  stable,  même  si  la  densité  de  la  charge  positive  dans  la 
sphère  n'est  pas  uniforme,  mais  est  considérablement  plus  grande 
au  centre  qu'à  la  périphérie  de  la  sphère.  La  décroissance  de  la 
densité  de  la  charge  positive  du  côté  de  la  surface  favorise  l'ins- 
tabilité; cette  tendance  peut  être  neutralisée  par  des  corpuscules 
négatifs  tout  près  du  cenlre. 

Nous  obtenons  donc  une  disposition  possible  pour  l'atome  en 
distribuant  les  corjiuscules  en  une  série  d'anneaux  concentri- 
ques, ou,  dans  le  cas  du  j)roblème  à  trois  ibmensions,  en  une 
série  de  couches  sphériques  successives. 

Les  vibrations  des  anneaux  intérieurs  sont  beaucoup  ])lus  ra- 
pides que  celles  des  anneaux  extérieurs.  Tel  est  surtout  le  cas  si 
la  densité  de  la  charge  positive  est  plus  grande  à  l'intérieur  de 
l'atome  qu'à  la  surface.  Une  pareille  concentration  pourrait  être 
produite  si  les  charges  positives  étaient  placées  sur  des  atomes 
d'hydrogène  ou  d'hélium  et  si  ceu.\-ci  gravitaient  autour  du 
centre. 

Le  nondire  de  corpuscules  dans  les  divers  anneau.x  dépendra 
de  la  distribution  de  la  densité  de  la  charge  i)ositive  à  l'intérieur 
lie  l'alome.  Si  la  densité  était  uniforme  à  travers  tout  l'atome, 
les  nombres  de  corpuscules  dans  quelques-uns  des  anneau.x  pour- 
raient être  considérables;  par  exemple,  avec  loo  corpuscules  dans 


2f>  LA    STniCTlRE    DE    LA    MVTfKRK. 

l'alome,  il  pourrait  y  en  avoir  au  moins  20  dans  l'anneau  extérieur. 
-Mais,  si  la  charge  positive  était  plus  dense  au  centre  qu'à  la  pé- 
riphérie, les  nombres  de  corpuscules  dans  les  anneaux  extérieurs 
seraient  fortement  réduits. 

Les  anneaux  ou  couches  externes  de  corpuscules  paraissent 
être  ceux  qui  déterminent  les  propriétés  chimi(jues  des  atomes 
et  dans  une  large  mesure  la  partie  visible  du  spectre  émis  par 
l'atome,  tandis  que  les  artneaux  intérieurs  sont  ceux  qui  déter- 
mment  la  qualité  du  rayonnement  Riintgen  caractéristique  des 
atomes. 

La  question  que  nous  avons  à  discuter  maintenant  est  de  sa- 
voir jusqu'à  f[uel  point  un  pareil  modèle  de  structure  atomique 
promet  d'expliquer  les  propriétés  chimiques  et  physiques  des 
atomes  réels. 

Nous  commencerons  par  les  propriétés  chimicpies.  Voyons 
d'abord  de  quelle  manière,  dans  cet  ordre  d'idées,  les  atomes  sont 
reliés  entre  eux.  Cela  pourrait  se  faire  par  l'intermédiaire  des 
corpuscules  voisins  de  la  surface  des  atomes.  Comme  ceux-ci 
sont  mobiles,  deux  atomes  placés  l'un  près  de  l'autre  de\Taient 
s  attirer  mutuellement.  Car,  tout  comme  deux  aimants  librement 
suspendus  s'orientent  et  se  placent  de  telle  façon  (pie  la  force 
qui  s'exerce  entre  eux  soit  attractive,  les  corpuscules  à  la  sur- 
face des  atomes  se  disposeraient  de  telle  façon  (jue  les  deux  atomes 
se  conduisissent  comme  des  doublets  électriques  dont  les  axes 
viseraient  dans  la  mrme  direction.  Lorsque  cela  a  lien,  les  atomes 
doivent  s'attirer  mutuellement,  malgré  qu'il  n'y  ail  ])as  do  pas- 
sage de  corj)uscules  d'un  atome  à  '\iulre,  chargeant  l'un  posi- 
livcment    <'t    l'autre    Ticgati\(Miu  .ir. 

Il  \  a  assez  bien  de  preuves  à  fournir  en  faveur  de  l'idée  que 
les  atomes  dans  un  composé  gazeux  sont  chacun  électriiincnient 
neutre  et  que  la  cohésion  entre  les  atomes  d'une  molécule  n'est 
|ias  duc  au  hiit  (|iic  (pielques-uiis  d'entre  eux  ont  une  charge  posi- 
tive, les  autri's  une  charge  négative.  Cest  ainsi  (pic  certains  ga/.. 
comme  le  carbonyle  de  nickel,  se  dissocient  à  des  tcm|)ératurcs  l)ieii 
modérées,  mais  la  combKlihililé  électrique  du  gaz  ne  manifeste 
aucun  accroissement  particulier  lors(]ue  la  tem])ératuri>  est  sufli- 
samment  élevée  pour  ipic  la  dissociation  soit  consiilérable:  si  l'atome 
dans  le  carbonyle   de   nickel  cl  ail    ciiargé,  nous  nous  attendrions 


1.4  sTiirni  iii;  iik  i.  atomi:. 


à  ce  que  la  dissociation  fût  afcoinpagiu'f  (lutic  trôs  forte  aui,'iiicn- 
tation  de  coiidiictiliilili'. 

Autre  ])reu\e,  lors([ii"on  l'ail  passer  la  (léilKU;j;e  éleetriqiie  à 
travers  uti  <;az  composé,  tel  ([ue  CO,  à  une  pression  suflisamineni 
basse  pour  donner  des  rayons  positifs,  les  deux  atomes  C  et  O 
existent  en  quantités  éfrales  dans  ces  rayons;  or,  si  l'atome  de  car- 
bone avait  eu  préalablement  ime  charfie  positive  et  l'oxygène  une 
charge  négative,  il  y  aurait  eu  beaucou])  plus  d'atomes  de  carbone 
(jue  d'atomes  d'oxyj;cne   tlaus  ces   rayons. 

La  liberté  de  mouvement  des  corpuscules  dans  le  voisinage  de 
la  surface  de  l'atome  est  tic  la  plus  gratulc  inipurtancc  au  [)oinl 
de  vue  de  l'attraction  entre  les  atomes.  Lorscpie  deux  atomes 
sont  réunis  dans  une  molécule  comme  dans  le  cas  sim])le  repré- 
senté par  la  figure  i,  oiî  il  est  supposé  que  chaque  atome  n'a  qu'un 
seul  corpuscule  libre  près  de  la  surface,  ces  atomes  doivent  attirer 
avec  force  un  autre  atome,  à  condition  qu'il  soit  placé  dans  une 
position   particulière,   notamment    suivant   l'axe   de   la   molécule. 


Fi;; 


Mais  le  système  n'attirera  pas  un  atome  placé  au  hasard  autant 
<|ue  le  ferait  un  seul  atome,  s'il  était  placé  dans  la  position  occu- 
pée par  la  molécule.  Car  tout  ce  ([u'il  faut  pour  (]ue  les  atomes 
isolés  s'attirent  mutuellement  avec  le  maximum  de  force,  c'est 
que  les  corpuscules  mobiles  dans  les  deux  atomes  se  meuvent  de 
telle  façon  qu'ils  soient  sur  la  droite  joignant  les  centres  des  atomes  ; 
mais,  lorsque  deux  atomes  sont  réunis  en  uiir  molécule,  ces  cor- 
puscules sont  tenus  en  place  par  rapport  à  l'atome  et,  pour 
exercer  le  maxinumi  d'attraction  sur  un  atome  extérieur,  tout  le 
système  doit  tourner  jusqu'à  ce  que  l'axe  Ac  la  molécule  |)asse  par 
le  centre  de  cet  al<Mue.  Cela  lu-cessite  le  mouvement  îles  atomes 
flans  la  molécule  comme  un  seul  corps  et  ]>;is  seulement  le  mou- 
vement d'un  corpuscule,   comme  dans  le  cas  li'un  simple  atome. 


3o  I.A    STRUCTlllE    DE    I.A    MATIÈRE. 

Comme  la  masse  de  l'atome  est  énormément  plus  grande  que  celle 
d'un  corpuscule,  la  molécule  aura  une  difficulté  beaucoup  plus 
grande  que  l'atome  à  se  mettre  dans  la  position  dans  laquelle 
elle  peut  exercer  le  maximum  d'attraction. 

Nous  pouvons  comprendre  de  cette  façon  pourquoi  la  tendance 
à  entrer  en  combinaison  est  beaucoup  plus  grande  lorsque  la  ma- 
tière est  à  l'état  atomique  ou  «  naissant  »  que  lorsqu'elle  est  dans 
la  condition  moléculaire. 

La  force  attractive  entre  les  atomes  pourrait  faire  que  les  atomes 
tournent  l'un  auto\ir  de  l'autre,  l'attraction  étant  contre-balancée 
]iar  la  force  centrifuge  due  à  la  rotation.  Une  autre  façon,  qui  se 
présente  à  l'esprit,  dont  le  système  pourrait  s'établir  dans  un 
état  d'équilibre,  ce  serait  que  les  deux  charges  positives  A  et  B 
restent  en  repos  et  que  les  deux  corpuscules  négatifs  C  et  D  tour- 
nent autour  de  la  ligne  AB,  dans  un  plan  à  angle  droit  sur  cette 
ligne  et  bissecteur  de  cette  ligne.  Nous  pouvons  démontrer  que 
si  les  angles  CAB,  DAB  sont  tous  deux  de  60°,  le  système  est  en 
équilibre  stable.  Mais  il  y  a  de  fortes  raisons  jiour  supposer  que 
cela  ne  peut  pas  être  la  seule  manière  dont  les  atomes  sont 
tenus  ensemble  dans  la  molécule.  Car,  supposons  que  nous  ayons 
deux  charges  positives  A  et  B  et  un  corpuscule  C  seulement, 
comme   dans   le    cas   d'iuie    molécule    dhvdrogène    chargée   posi- 

ti\'cmeiit,   alors,  ]iour  qu'il  y  ait  ccjuilibre.  il  faul   cos'CAB  =  -7; 

mais  il  est  aisé  de  prouver  c|ue  si  l'équilibre  doit  «"'tre  stable  pour 
des  déplacements  de  C  parallèles  à  AB,  cos  CAB  doit  clri>  plus 

])etil  que  — ^  ou  cos^  CAB  moindre  que  — -=.   Or,  comme  -,  csl  plus 

V  3  j  \/3  I 

<'rand  que  — ^^  nous  vovons  (|uc  la   molécule  posilivement  char- 

gée  est  instable.  Mais  l'étude  des  rayons  positifs  prouve  que  des 
molécules  d'hydrogène  chargées  positivement  existent  dans  tout 
tube  à  vide,  dans  lequel  on  fait  passer  un  courant  d'électricité. 

Saturation  de  ratome.  Valence. 

Nous  avons  déjà  fail  allusion  au  fait  (|u"il  y  a  une  limite  au 
nombre  de  corpuscules  (pii  ))cu veut  èlrc  en  é(|uilibre  dans  \in 
seul  anneau  sm-  une  couche  siiliériquc.  l-e  nond)re  de  corpuscules 


■  1.A  stuittiiik  de  i.'atci.mi:.  3i 

dans  l'anneau  extérieur  d'un  atome  aura  doiu-  une  liiiillc  liiiic 
Cette  limite  ne  j)eut  pas  être  calculée  u  priori' sans  ([ne  l'on  connaisse 
plus  de  la  structure  de  l'atome  que  nous  n'en  savons  en  ce  mo- 
ment; elle  dépend  entre  autres  de  la  distribution  de  l'élcclricité 
positive  à  l'intérieur  de  l'atome.  Pour  des  raisons  que  l'on  com- 
prendra tantôt,  nous  admettrons  (|ue  cette  limite  est  ét;aie  à  S 
et  que  le  iiond)re  de  corpuscules  dans  la  couche  extérieure  de 
l'atome  ])eut  avoir  toutes  les  vakurs  jusqu'à  S.  Xous  allons  mon- 
trer que  le  pouvoir  de  saturation,  la  valence  de  l'atome,  dé- 
pend du  nombre  de  corpuscules  dans  la  couche  extérieure  et  que 
la  relation  entre  le  nombre  de  ces  corpuscules  et  la  valence  est 
celle   indiquée   par  le   Tableau   suivant  : 

No  m  lire 
de 
corpust'ules.  Propriétés  de  laloine. 

I...  Kleclropositif  :  valence  i  (électronégalif  i,     7  (électropositif  1 

2. . .  >'               :)>■;(  u  6                » 

3. . .  »              :         »        3  »  5               » 

4  - .  -  —            ;        '»       4  "  4              *• 

5...  IMectronégatif  :        »        5  »  Su 

6. .  .  »               :         »        0  »  '2                » 

7. . .  '               :         ff        7  "  1                ï>     • 

tt. .  .  --             ;         »        8  )»  o                M 

o. . .  —             :         1)        o  1)  8                » 

Considérez  donc  le  cas  d'un  atome  A  ayant  7  corpuscules  dans 
lanneau  extérieur,  .\lors,  si  un  autre  atome  B  avec  un  corpus- 
cule à  l'extérieur  esl  placé  tout  iirès,  les  sept  corpuscules  de  A  et 


le  seul  de  B  formeront  jiratiqucmcnt  un  anneau  de  8  corpuscules, 
ce  qui  est  le  ma.ximum  de  stabilité.  Si  nous  approchons  donc  un 
autre  atome  du  type  B,  il  n'y  aurait  pas  déplace  pour  son  corpus- 


32  I.A  STiiicrtnE  dk  i.\  matikue. 

cule,  et  ce  second  atome  ne  serait  pas  lié.  Mais,  si  A  avait  été 
un  atome  avec  6  corpuscules  dans  l'anneau  extérieur,  il  y  aurait 
eu  place  pour  deux  atomes  du  type  B  avant  que  l'instabilité  fût 
atteinte,  et  nous  pourrions  obtenir  des  composés  du  type  AB^. 
Si  A  avait  eu  5  corpuscules  à  l'extérieur,  il  y  aurait  eu  place 
pour  trois  autres  du  type  B,  et  nous  pourrions  avoir  le  composé 
AB:|.  De  même,  si  B  avait  i  corpuscules  et  A  7,  l'un  des  corpus- 
cules de  B  pourrait  former  un  anneau  de  8  avec  ceux  de  A,  et  il 
resterait  im  corpuscule  de  B  libre  de  former  un  anneau  de  8  avec  un 
autre  atome  A,  de  sorte  que  nous  aurions  la  possibilité  de  former 
le  composé  BA^  et  ainsi  de  suite. 

Nous  avons  vu  comment  un  atonie  A  avec  sept  particides  à 
la  surface  peut  être  «  saturé  »  par  un  seid  atome  a^•ec  un  seid  cor- 
puscule libre.  Dans  ce  cas,  l'anneau  de  huit  corpuscules  est  dans 
l'atome  A  ou  tout  près  de  lui,  de  sorte  que  celui-ci  agit  comme 
l'élément  électronégatif  dans  le  composé,  et  maintenant  il  est 
univalent.  .Mais,  l'atome  A  pourrait  faire  partie  d'un  composé 
saturé  d'une  autre  façon.  Au  lieu  cpie  la  saturation  se  produise 
par  l'approche  d'un  autre  corpuscule  des  sept  de  l'atome,  chacun 
de  ceux-ci  pourrait  servir  à  compléter  un  anneau  de  huit  dans  un 
autre  atome  qui,  primitivement,  contenait  7  corpuscules.  De  cette 
façon,  7  atomes  pourraient  être  placés  autour  du  premier,  ainsi 
que  l'indique   la   figure  3.    Dans   un   tel   arrangement,  l'atome  A 


l■■i^.  :). 

agit  comme  rélément  éiecli-oposilif  dons  le  composé  et  nous 
voyons  (]ne,  mainlcniuil ,  >ii  \  ali-iicc  est  7.  11  est  aisé  de  généraliser  ce 
résultai  et  nous  voyons  (|uc,  lorscpTun  atomo'agit  comme  un  élément 
électroposilif,  sa  valence  est  égale  au  nond)re  de  corpuscules 
dans  la  couche  extérieure,  tandis  que,  lorsqu'il  agit  comme  l'élé- 


I.A    STHITTIHK    l>lî    I.'aTOMI;.  Jt 

nient  électroné^alif,  sa  valence  est  é<;ale  au  nombre  (]ui  doit 
être  ajouté  à  la  couche  extérieure  pour  porter  le  total  à  8; 

Si  nous  identifions  la  valence  avec  le  nombre  de  corpuscules 
dans  l'anneau  extérieur,  nous  trouvons  une  explication  du  ré- 
sullat  indiqué  par  le  Tableau  à  la  page  (j,  qu'une  augmentation 
de  4  Ju  poids  atomique  correspond  à  une  augmentation  de  •'. 
de  la  valence.  En  effet,  une  augmentation  de  4  du  poids  ato- 
mique correspond  à  l'addition  d'un  atome  d'hélium,  dont  nous 
avons  supposé  qu'il  contient  deux  corpuscules.  Si  ces  corpuscules 
se  rendent  à  l'extérieur,  ils  doivent  produire  une  augmen- 
tation de  valence  de  2.  Lorsque  le  nombre  de  corpuscules  à 
l'extérieur  atteint  de  cette  façon  7  ou  8,  et  qu'un  autre  atome 
d'héliuni  vient  s'ajouter,  puisqu'il  ne  peut  pas  y  avoir  plus  de 
huit  corpuscules  dans  la  rangée  extérieure,  un  nouvel  anneau 
extérieur  est  formé,  contenant  l'excès  des  corpuscules  au-dessus  de 
huit,  c'est-à-dire  un  si  le  nombre  de  corpuscules  était  primitive' 
ment  sept,  deux  quand  il  y  en  avait  huit. 

Supposons  (|u'une  particule,  électrisée  négativement,  soit  émise 
comme  particule  3  par  le  noyau  de  l'atome.  Elle  laisserait  l'atome 
comme  une  masse  électrisée  positivement  qui  attirerait  uri  autre 
corpuscule,  lequel,  s'il  s'arrêtait  dans  la  couche  extérieure,  augmen- 
terait de  I  la  valence.  De  même,  l'expulsion  de  deux  particules  3 
produirait  le]  même  effet  sur  la  couche  extérieure  (jue  l'addition 
d'un  atome  d'hélium. 

Si  nous  considérons  deux  types  d'atomes,  l'un  formé  aux  dé- 
pens d'un  atome  A  ])ar  rex[)ulsion  de  deux  particules  [i,  l'autre 
par  l'addition  d'une  particule  x,  les  couches  extérieures  seraient 
semblables  et  il  y  aurait  seulement  une  différence  de  4  dans  le 
poids  atomique.  Les  propriétés  chimiques  des  deux  éléments  se- 
raient très  ressemblantes,  et  il  pourrait  être  impossible  de  séparer 
les  deux  types  par  îles  méthodes  chimiques. 

Propriétés  physiques  de  l'atome. 

Il  y  a  unt-.i-lassp  élenduc  et  importante  de  pro|)riclés  atomi- 
(pies  qui  implitpient  la  relation  VV  =  hn  entre  l'énergie  W  com- 
muniquée à  quelques-uns  des  corpuscules  dans  l'atome  et  la  fré- 
quence   n    (le    la    Jumière    dont    cette    énergie    dérive;    h    est    la 


34  LA   STRUCTURE    DE   LA   MATIÈRE. 

constante  de  Planck,  laquelle  est  la  même  pour  toute  espèce 
d'atome  et  égale  à  6,5  X  io~-"  dans  le  système  d'unités  C.  G.  S.; 
ses  dimensions  sont  celles  d'un  moment  de  quantité  de  mouve- 
vement   ou   l'intensité   d'un    filament   tourbillonnaire. 

Des  exemples  de  ce  type  de  propriétés  sont  :  i°les  eiïels  photo- 
électriques, dans  lesquels  des  corpuscules  sont  émis  sous  l'influence 
d  une  impulsion  lumineuse  correspondant  à  une  quantité  d'éner- 
gie =  hn\  1°  la  relation  entre  la  «  dureté  »  de  rayons  Riintgen  et 
l'énergie  cinétique  des  rayons  cathodiques  qui  les  produisent; 
3°  la  nature  de  la  radiation  R<intgen  caractéristique  émise  par 
l'atome  et  probablement  le  caractère  de  son  spectre  visible.  En 
réalité,  tous  les  effets  dus  au  rayonnement,  que  ce  soit  de  la  lu- 
mière visible  ou  des  rayons  X,  paraissent  être  des  manifestations 
de  ces  propriétés. 

On  regarde  d'ordinaire  l'équation  de  Planck  comme  expri- 
mant que  l'énergie  rayonnante  a  une  structure  moléculaire.  Dans 
des  articles  publiés  dans  les  Proceedings  of  the  Cambridge  Philo- 
sophical  Society  (XVI,  p.  643)  et  le  Philosophical  Magazine 
(mai  191a)  j'ai  fait  remarquer  qu'on  arriverait  au  même  résultat 
sans  faire  aucune  hypothèse  semblable  concernant  le  caractère 
de  l'énergie  rayonnante,  si  le  mécanisme  atomique  par  lequel 
cette  énergie  est  transformée  en  énergie  cinétique  était  tel  qu'il 
exigerait  que  Ton  fournisse  au  mécanisme  une  quantité  déter- 
minée d'énergie,  suffisante,  par  exemple,  pour  décomposer  l'un  ou 
l'autre  système,  avant  que  la  transformation  puisse  avoir  lieu; 
qu'en  somme  la  relation  de  Planck  dépend  plutôt  des  propriétés 
de  l'atome,  l'agent  qui  transforme  l'énergie,  que  de  l'existence 
d'une   structure   d.ans   l'énergie   elle-même. 

J'ai  essayé  de  décrire,  dans  les  pages  suivantes,  un  atome  d'une 
espèce  telle  que  la  transformation  d'énergie  rayonnante  en 
énergie    cinétique    eût    lieu   conformément    à    la   loi   de    Planck. 

Des  phénomènes  qui  impliquent  cette  loi  paraisscnl  convenir 
parliculièreiucnt  bien  à  des  considérations  en  rapport  avec  des 
théories  de  la  constitution  de  l'atome,  car  leur  caractère  géné- 
ral est  le  même  pour  tous  les  atomes,  et,  par  conséquent,  le  mé- 
canisme qui  en  est  la  cause  doit  exister  dans  toute  espèce  d'atome 
et  doit,  pour  cette  raison,  être  d'une  importance  fondamentale 
dans    toute    théorie    de    la    structure    atomique. 


LA    STRICTI  HK    IIE    I.ATOMK.  35 

(hiaïul  nous  fin  is;i(.'coiis  les  forces  qui  peuvent  se  faire  sentir 
;i  l'intérieur  dv  rulonic,  nmis  ne  devons  pas  perdre  de  vue  que 
nous  ne  ])i>ii\ oiis  pas  admettre  que  les  forres  produites  par  les 
charges  élcetriques,  à  l'intérieur  de  l'atome,  ont  exactement  le 
même  caractère  que  celles  qui  répondent  aux  lois  ordinaires  de 
l'électrostatique.  Ces  lois  peuvent  luut  au  plus  représenter  l'effet 
moyen  d'un  grand  nombre  de  pareilles  charges  et,  dans  le  calcul 
de  la  moyenne,  quelques-unes  des  particularités  présentées  par 
les   charges  individuelles  peuvent   disparaître. 

Ainsi,  il  est  possible  que  la  force,  exercée  par  une  seule  charge 
atomique,  ne  soit  pas  distribuée  nnifoiinémenl  dans  toutes  les 
directions,  mais  soit  concentrée  le  long  de  certaines  lignes  ou 
cônes. 

Les  lignes  de  force  électrique  issues  d'une  pareille  charge  peu- 
vent ne  pas  remplir  tout  l'espace  autour  de  la  particule  chargée, 
chaque  particule  peut  être  le  centre  d'une  force  qui,  au  lieu  de 
remplir  tout  l'espace,  peut  être  confinée  en  un  étroit  tube  de 
force,  en  dehors  ducpiel  la  particule  chargée  ne  produit  pas  d'effets. 
En  somme,  nous  pouvons  attribuer  aux  forces  à  l'intérieur  de 
l'atome  une  distribution  et  un  caractère  dilTérents  de  ceux  aux- 
quels on  pourrait  s'attendre,  si  les  forces  exercées  par  les  charges 
atomiques  obéissaient,  à  tous  les  points  de  vue,  aux  lois  ordi- 
naires de  l'électrostatique.  Le  seul  critérium  que  nous  dussions 
appli^iuer  aux  forces  à  l'intérieur  de  l'atome,  c'est  que  les  pro- 
priétés que  cet  atome  posséderait  en  vertu  de  ces  forces  corres- 
pondissent aux  propriétés  réelles. 

Nous  allons  maintenant  tâcher  de  montrer  que  des  propriétés 
du  genre  t|ue  nous  considérons,  l'atome  les  posséderait  si  la 
distribution  de  la  force,  agissant  sur  un  corpuscule  intérieur,  était 
du  type  suivant   : 

Une  force  répulsive  radiale  variant  en  raison  inverse  du  cube 
de  la  distance  au  centre,  distribuée  à  travers  tout  l'atome,  com- 
binée à  une  force  attractive  radiale  variant  en  raison  inverse  du 
carré  de  la  distance  au  centre,  confinée  à  un  nombre  limité  de 
tubes  radiaux  dans  l'atome. 

Au  sujet  de  ces  forces,  l'une  variant  en  raison  inverse  du  cube, 
l'autre  en  raison  inverse  du  carré  de  la  distance,  nous  pouvons 
reniar(|uer  que  ce  sont  les  forces  qui  se  présentent  le  plus  sou- 


id  LA    STRUCTURE    DE    I.A    MATU'îRE. 

vent  dans  la  mécanique  classique.  Il  n'est  pas  nécessaire  de  déve- 
lopper ce  point  pour  la  loi  du  carré.  Quant  à  la  force  variant  en 
raison  inverse  du  cube  de  la  distance,  elle  est  du  même  type  que 
la  force  centrifuge  ordinaire.  C'est  le  type  le  plus  commun  de  force 
due  à  l'énergie  cinétique  du  système,  si  nous  envisageons  les  forces 
provenant  de  l'inertie  de  systèmes  associés  au  premier.  En  effet, 
les  mêmes  elTets  que  ceux  qui  sont  produits  par  la  force  variant 
en  raison  inverse  du  cube  de  la  distance  s'obtiendraient  si,  dans 
la  structure  de  l'atome,  il  y  avait  cjuelque  chose  qui  obligeait  le 
moment  de  la  quantité  de  mouvement  d'un  corpuscule  autour 
d'un  axe  dans  l'atome  à  rester  parfaitement  une  constante,  dont 
la  valeur  ne  dépendrait  pas  du  tout  de  la  nature  de  Fatome.  Mais 
nous  n'entrerons  pas  ici  dans  des  considérations  relatives  à  l'ori- 
gine de  cette  force.  Nous  admettrons  tout  simplement  son  exis- 
tence. • 

Un  corpuscule,  qui  se  trouverait  en  P  dans  l'un  des  tubes  de 
force  attractive  à  l'intérieur  de  l'atome,  pourrait  être  transporté 
à  une  distance  infinie  :  i°  en  le  déplaçant  graduellement  vers 
l'extérieur  tout  en  le  maintenant  tout  le  temps  dans  le  tube.  Si 
la  force  attractive  par  unité  de  charge,  à  une  distance  r  du  centre, 

est  —  f  le  travail  nécessaire  pour  éloigner  le  corpuscule  de  cette 

façon  de  r  à  une  distance  infinie  est  —  ;  mais  le  corpuscule  pourrait 

être  transporté  à  une  distance  infinie  d'une  autre  façon;  ■?."  ne  le 

déplaçant  de  côté  en  dehors  du  tube  en  P  et  en  l'éloignant  ensuite 

jusqu'à  distance  infinie  à  l'extérieur  de  ce  tube;  ce  dernier  processus 

n'absorberait  aucun  travail,  puisque  la  force  attracti\e  disparaît 

en   dehors   du    tube.   Or,   d'après  le  principe   de   la    conservation 

de  l'énergie,  le  travail    nécessaire    doit    être  le   nu^me,  que  nous 

ap|iliquions  le  processus  i°  ou  le  processus  ■?.°;  le  travail  à  elfcctucr 

pour  déplacer  le  corpuscule  de  côté  hors  du  tube  en  I'  doit  donc 

.       ,    .    A.' 
cire   égal   a  —  ■ 

Un  cor])usculc  peut  être  en  é(pnhbic  stable  lorsqu'il  se  trouve 
dans  une  région  où  il  est  soumis  à  la  hns  à  la   force  répulsive  et 

à  la  force  attractive.  Soient  --,  la  force  répulsive  sur  rniiilé  de 
charge  à  une  distance  r,  —  lii  force  atlractive.  (.".es  deux   forces  se 


L*    STRl'OTl'HE    DE    l'\TOMK. 

font  équilibre  à   iitie  distance  a  si 


ii^  n.- 


Piiiir  montrer  (|ii('  cet  é(|uilibre  est  stable,  nous  supposons  que 
la  particule  soit  déplacée  radialenient  sur  une  petite  distance  x; 
posons  r  ^=  a  -^  X.  Alors,  si  m  est  la  masse  du  corpuscule,  e  sa 
charge,  l'équation  du  mouvement  est 


d-x  l'.e  \r 

m 


do  (  ci  -:-  j-  I»         I  a  -H  X  >' 

_Ce/         ix\        \e  /    _;^\__2fr 
""   n»  V  a  /         a'  \  a  )  ~        «»  '  ' 

T  étant  la  durée  de  vibration,  l'équilibre  est  donc  stable  si 

^=./^. 
T        \'^   ma'- 

Le  travail  effectué  par  la  force  répulsive  sur  un  corpuscule  qui 
se  déplace  de  r  =  a  à  r  =  x.  est 

Ce 

Nous  voyons  donc  que  ce  travail,  que  nous  appellerons  w.  est 
proportionnel  à  =>  la  fréquence  de  la  vibration.  Si  :^  =  n,  nous 
avons 


tv  ^  m:  i/Cem. 
Nous  choisirons  C  de  telle  sorte  que 

■K^Cem  —  h. 

où     /i  =  constante    de     Planck  =6,5  X  lo"-'.    Si    nous    posons 

e  =  •!  7  X  lo-'",  —=5,3  X  lo'',  nous  trouvons  C  =  lo"''. 
m 

Considérons  maintenant  quelques-unes  des  propriétés  que  pos- 
séderait un  atome  dans  lequel  agiraient  des  forces  de  ce  genre. 
Prenons  d'abord  l'effet  photo-électrique.  Supposons  que  de  la 
lumière  de  fréquence  n  tombe  sur  l'atome;  elle  trouvera  l'un  ou 
l'autre    corpuscule    avec    lequel    elle    entrera    en    résonance    et 


38  LA   STBUCTl  RE    DE    LA    MATIÈBE. 

auquel  elle  communiquera  de  l'énergie.  Le  corpuscule  ne  sera  pas 
capable  de  sortir  du  tube  de  force  attractive  dans  lequel  il  est 
situé,   à   moins   qu'il    ne    reçoive    assez   d'énergie    pour   en  sortir 

latéralement.    Nous   avons   vu   que   cette   quantité   d'énergie   est 

Ae        Ce  y  ,,,  .  . 

—  =  — j-=  2M'.  Lorsque  i  énergie  atteint  cette  valeur,  le  corpus- 
cule sort  du  tube  et  son  énergie  cinétique  est  épuisée  dans  le  pro- 
cessus. Il  vient  maintenant  sous  l'influence  absolue  de  la  force 
répulsive  et  acquiert  de  l'énergie  cinétique  ;  l'énergie  cinétique, 
avec  laquelle  le  corpuscule  quitte  l'atome,  est  égale  au  travail 
effectué  par  les  forces  répulsives  sur  le  corpuscule  lorsqu'il  se 
meut    de    r  =  a  à   r  ^  ce.    Ce    travail    est    égal  à   — '-  ^  w    et 

cela  est  égal  à  hn,  n  étant  la  fréquence  de  la  vibration.  Nous 
voyons  donc  que  l'énergie  cinétique  avec  laquelle  le  corpuscule 
est  expulsé  dépend  uniquement  de  la  fréquence  de  la  lumière  et 
est  égale  à  cette  fréquence  multipliée  par  la  constante  de  Planck. 

C'est   la   loi   bien   connue   de   la   photo-électricité. 

Bien  que  l'énergie  communiquée  au  corpuscule  par  la  lumière 
semble,  à  première  vue,  être  une  augmentation  de  vitesse  radiale, 
il  est  aisé  de  concevoir  des  processus  par  lesquels  la  vitesse  radiale 
serait,  sans  perle  d'énergie,  transformée  en  vitesse  latérale. 
Cela  arriverait  par  exemple  si  le  corpuscule,  en  passant  par  la 
position  d'équilibre,  venait  sous  l'influence  de  quelque  force 
magnétique  accidentelle,  agissant  perpendiculairement  à  la  di- 
rection du  mouvement;  le  corpuscule  serait  alors  dévié  et  la 
vitesse  radiale  diminuerait,  tandis  que  la  vitesse  transversale 
augmenterait  sans  (ju'il  y  eût  une  variation  de  l'énergie  ciné- 
tique. Nous  voyons  donc  qu'il  est  parfaileinent  possible  qu'un 
corpuscule,  sur  lequel  agit  la  lumière,  acquière  de  l'énergie  ciné- 
tique sans  accroissement  notable  d'amplitude  des  déplacements 
radiaux. 

Un  atome  de  cette  espèce  absorbera  de  l'énergie  rayonnante 
de  fréquence  n  uniquement  par  midtiples  de  lin.  Car,  à  moins  que 
le  corpuscule  ne  soit  écarté  du  tube  dans  lequel  il  se  trouve,  il 
ne  peut  pas  y  avoir  réellement  absorption  d'énergie  ;  si  une  onde 
de  lumière  })assait  sur  lui  sans  le  faire  sortir  du  tube,  elle  le  fe- 
rait vibrer  avec  la  menu;  fréquence  et  l'énergie  de  ce  mouvenieni 
vibratoire  serait  dissipée  sons  forme  d'oiules  électriques,  c'est-à-dire 


I.\    STRUCTUHE    l>E    l'aTOMK.  '!() 

de  lumière,  de  sorte  que  le  seul  effet  serait  une  diffusion  de  la 
lumière  sans  absorption.  Mais,  lorsque  l'énergie  fournie  au  corpus- 
cule est  surnsaute  pour  le  faire  sortir  du  tube,  il  y  a  réellement 
absorption  d'énergie,  puisque  la  particule  cesse  de  vibrer  et  que 
son  énergie  est  dépensée  maintenant  sous  forme  cinétique.  Ainsi 
l'énergie  est  absorbée  par  portions,  une  portion  étant  la  quantité 
d'énergie  nécessaire  pour  délivrer  un  corpuscule  de  son  tube.  <•( 
celle-ci  est  égale  à  2hti. 

Considérons  maintenant  la  transformation  d'énergie  potentielle 
en  énergie  rayonnante  par  un  atome  de  cette  espèce.  Nous  regardons 
la  lumière  comme  produite  par  la  chute  dun  corpuscule  venant 
de  l'extérieur  de  l'atome  et  tombant  dans  sa  position  d'équilibre. 

Le  corpuscule  viendra  dans  cette  position  avec  une  certaine 
quantité  d'énergie,  qui  sera  dissipée  sous  forme  de  lumière  si  le 
corpuscule  vibre  autourde  sa  position  d'équilibre  avecla  fréquence  n. 

L'énergie  cénétique  que  possède  ce  corpuscule,  lorsqu'il  tombe 
vers  sa  position  d'équilibre,  est 


ou   bien,   comme 
cette   énergie   est 


\e 

1   Ce 

a 

■i   a* 

A 

C 

— 

=3 

— -   1 

a 

a* 

I  Ce 


Si  nous  représentons  cette  énergie  par  w  et  par  n  la  fréquence 
de  la  vibration  du  corpuscule,  nous  avons 

ic  =  hn. 

L'énergie  potentielle  du  corpuscule  situé  en  dehors  de  l'atome 
est  donc  transformée  en  lumière  de  fréquence  n  par  multiples 
du  quantum  hn. 

Nous  voyons  ainsi  qu'un  atome  de  l'espèce  que  nous  considé- 
rons possédera  les  propriétés  d'un  atome  réel  au  point  de  vue  des 
phénomènes  qui  impliquent  des  transformations  d'énergie  rayon- 
nante en  énergie  cinétique  ou  potentielle,  et  inversement. 

L'existence  d'une  force  répulsive  variant  en  raison  inverse  du 
cube  de  la  distance  est  confirmée,  me  semble-t-il,  par  la  consi- 


/\0  LA    STRUCTURE    DE    1-A    MATIÈRE. 

dération  de  la  théorie  de  Ja  production  des  rayons  X  par  des 
ravons  cathodiques. 

Un  rayon  cathodique  venant  frapper  un  atoijie  y  pénétrera 
jusqu'à  ce  qu'il  soit  arrêté  par  la  force  répulsive;  alors,  sous 
l'action  de  cette  force,  il  sera  repoussé  et  expulsé  de  l'atome. 
Aussi  longtemps  que  le  corpuscule  se  trouve  dans  l'atome  il  sera 
accéléré  et  émettra  donc  un  rayonnement;  ce  rayonnement  cons- 
titue les  rayons  X. 

Si  la  particule  cathodique  se  rapproche  radialement  de  l'atome, 
son  équation  de  mouvement  sera,  x  étant  la  distance  au  centre 
de  l'atome  à  l'instant  t, 

d^x       Ce 
dt^         x^ 

ou 

/dxy  Ce 

\  dt  J  x'  ■ 

OÙ  V  est  la  vitesse  de  la  particule  cathodique  avant  qu'elle  frappe 
l'atome.  En  intégrant  cette  équation  et  posant  /  =  <i  au  moment 
où  la  particule  est  à  la  plus  petite  distance  du  centre  de  l'atome, 
nous  trouvons 

Ce 


Nous  voyons  d'après  cela  que  le  temps  pendant  lequel  la  par- 
ticule cathodique  est  dans  le  voisinage  de  l'endroit  le  plus  rap- 
proché de  l'atome,  où  son  accélération  est  la  plus  grande  et  par 
conséquent  son  rayonnement   le  jilus  énergique,  est  mesuré  par 

Si  nous  admettons  que  2-  fois  ce  temps  correspond  à  la  durée 
de  vibration  des  rayons  Riintgen,  la  «  fréquence  »  n  de  ces  rayons 
sera  donnée  par  l'équation 

Il  =  — ;—  OU  =  lin. 

■>.  Il  ■> 

Ainsi  se  vérifie  la  relation  de  Planck  entre  l'énergie  cinétique 
(les  rayons  ralliodiqucs  et  la  «  fréquence  »  des  rayons  Riintgen 
qu'ils   produisent. 


1^\    STRIOTI'HK    IIK    l.ATOMK.  jl 

l^a  (|iiaiitité  totale  d'énergie  dans  le  rayonnement  Riintgen 
est  proportionnelle  à 

ou  bien,  comme 

dp   ~  mr> 

et 

Ce 
x»  =  Vs/»^  — —  . 
III  \  « 

cette  énergie  est  proportionnelle  à 

Ainsi  donc  l'énergie  du  rayonnement  Riintgen  est  proportion- 
nelle à  la  quatrième  puissance  de  la  vitesse  des  rayons  catliodi- 
diques  qui  l'excitent.  Ce  résultat,  que  je  communiquai  dans  un 
article  dans  le  Philosophical  Magazine  (août  191 7),  a  été  vérifié 
par  les  expériences  de  M.  Whiddington  (^). 

Nous  pouvons  nous  faire  une  idée  de  la  grandeur  des  forces 
attractives  variant  en  raison  inverse  du  carré  de  la  distance  en 
considérant  l'énergie  nécessaire  pour  exciter  le  rayonnement  dans 
l'atome.  Nous  admettons  que  le  mécanisme  du  rayonnement  est 
à  peu  près  le  suivant.  Un  corpuscule  est  chassé  de  sa  position 
d'équilibre  dans  l'atome  en  laissant  cette  place  vacante.  Alors, 
ou  bien  ce  corpuscule  ou  un  autre  tombe  à  cette  place,  vibre 
autour  de  ce  point  et  dissipe  sous  forme  d'énergie  rayonnante 
l'énergie  cinétique  qu'il  avait  acquise  dans  cette  chute.  Donc, 
pour  exciter  la  vibration,  nous  devons  chasser  un  corpuscule 
de    sa    position    d'équilibre.    Si    cette    position    se    trouve    à    la 

Ae 

distance  a  du  centre  de  l'atome,  le  travail  nécessaire   est  —  et, 

comme  a  =  —,  cela  est  égal   a   -r^- 

A  \j 

Les  expériences  de  M.  Whiddington  (^)  prouvent  que,  pour 
exciter  le  rayonnement  Riintgen  caractéristique  le  plus  dur  dans 

(')  Whiudington,  Proc.  Roy.  Hoc,  (A),  t.  LXXXV,  igi  i,  p.  99. 
(»)   Ibid..  p.  Î23. 


4a  I.A  STRBCTIBE  DE  LA  MATIÉBE. 

un  atome  dont  le  poids  atomique  est  tj,  la  particule  cathodique 
doit  avoir  une  vitesse  d'au  moins   lo*  <•>.   L'énergie  cinétique  de 

l'une  de  ces  particules  est  donc    -    lo"'  to^  m;  égalant  ceci  à    — ^  ? 
nous  obtenons 

Comme 


■2  G 


—  =  5,3  X  toi".  C  =  io-". 

m 

nous  trouvons 

A  =  tti  X  3, 1  X  10-'». 

La  charge  e  d'un  coTpuscule  est  4,7  X  io~'"  et  la  force  a  une 
distance  r,  due  à  une  charge  we  et  calculée  d'après  les  lois  ordinaires 

de  l'électrostatique  est    "^-^^ •    Nous  voyons  donc  que 

la  force  le  long  d'un  des  tubes  contenant  les  corpuscules  qui  en 
vibrant  donnent  le  rayonnement  Runtgen  caractéristique  le 
plus  dur  est  à  peu  près  de  même  grandeur  qu'elle  le  serait  si, 
conformément  aux  lois  ordinaires,  elle  était  produite  à  la  même 
distance    par    une    charge    d'électricité    positive,  comprise    entre 

-  i>>e  et  we.  Si  la  valeur  trouvée  par  Whiddington  pour  la  vitesse 


était  trop  grande  d'environ  ao  pour  loo,  la  charge  serait  -  (oe;  si 

elle  était  trop  petite  de  5o  pour  loo,  la  charge  serait  «oc. 

La  distance  du  centre  de  l'atcime  à  laquelle  les  particules  qui 

produisent  ces  rayons  durs  sont  situées  est  -^  ou 

—  3,2  X  !(>-*  cm. 

(O 

Appli(|uons  ce  résultat  au  cas  de  l'hydrogène.  Nous  suppo- 
serons que  dans  ce  cas  «oe  ^  A,  ou  bien,  comme  ii)  =  i ,  A  =  c.  La 
fréquence  du  rayonnement  caractéristique  est  ilonnée,  d'après 
la  page  87,  par  l'équation 

Ce  e   A* 


puisque 


C 


i.\  srmcTiiip:  i>k  i.'vtomk.  1 1 

Posant    A  ■=  e  et  suhstiliiaiit    pour  C  el  --    leurs  \aleurs,  nous 

trouvons 

•  rt  =  8,->.  X  lo'*. 

Cette  fréquence  correspond  à  de  la  lumière  dans  l'ultraviolet. 
Mais  ce  {|ui  est  intéressant  dans  ce  résultat,  c'est  que,  dans  les 
limites  d'erreur  de  l'expérience,  la  fréquence  que  nous  venons 
de  trouver  coïncide  avec  la  tète  de  la  série  de  raie^  données  pour 
l'hydrogène  par  la  loi  de  Balmer. 

Si.  pour  riiélium,  nous  admettons  A  =  -  loe,  la  valeur  corres- 

pondante  de  n  serait  3,28  X  10^',  ce  qui  indiquerait  un  rayonne- 
ment dans  la  région  de  Schumann.  Pour  les  éléments  plus  lourds, 
la  fréquence  serait  d'un  ordre  correspondant  aux  rayons  Rontgen. 

La  complexité  de  divers  spectres,  par  exemple  du  second  spectre 
de  l'hydrogène,  qui  contient  plusieurs  milliers  de  raies,  est 
remarquable  si  nous  considérons  que  ces  raies  sont  émises  par 
des  systèmes  dans  lesquels  le  nombre  de  corpuscules  est  exeessi- 
veraent  petit  en  comparaison  du  nombre  de  raies  dans  le  spectre. 
Il  est  vrai  que  le  nombre  de  périodes  de  vibration  d'un  système 
qui  est  en  état  de  mouvement  continu  n'est  pas  égal  au  nombre 
de  degrés  de  liberté,  comme  dans  le  cas  où  les  vibrations  s'effec- 
tuent autour  de  positions  d'équilibre. 

Un  système  comme  un  soleil  avec  une  planète,  bien  que  ne 
se  composant  que  de  deux  corps,  peut,  par  variation  de  la 
distance  à  laquelle  la  planète  tourne  autour  du  soleil,  être  forcée 
à  donner  un  nombre  indéfini  de  périodes;  on  peut  dire  la  même 
chose  d'une  toupie  effectuant  son  mouvement  de  précession  au- 
tour d'un  axe  vertical.  Il  y  a  cependant  de  grandes  difficultés 
à  sup])oser  que  les  raies  spectrales  sont  émises  par  des  corpus- 
cules dans  un  état  de  mouvement  uniforme.  La  difficiflté  capi- 
tale est  celle-ci,  que  la  période  de  pareilles  rotations  dépend  de 
l'énergie  du  corpuscule,  de  sorte  que,  dès  que  le  corpuscule  com- 
mence à  vibrer  et  à  perdre  par  conséquent  de  l'énergie  par  rayon- 
nement,  la  période  de  la  vibration  devrait  changer. 

Il  se  peut  ijuc  les  vibrations  des  champs  électriques,  distinctes 
des  vibrations  des  particules  chargées,  soient  les  sources  de  ces 
spectres  compliqués. 


44  LA    STHUCTllRE    DE    LA    MATIÈRE. 

Les  lignes  de  force  électrique  autour  de  corps  chargés  forment 
un  système  avec  un  nombre  infini  de  degrés  de  liberté,  tout  comme 
une  corde  tendue  en  a  un  nombre  infini.  Les  vibrations  des  lignes 
de  force  dans  un  système  électrique  auraient  un  nombre  infini 
de  périodes,  lesquelles  seraient  les  racines  d'une  équation  trans- 
cendante. Si  la  vitesse  de  propagation  d'une  ])erturbation  électrique 
le  long  des  lignes  de  force  électrique  à  l'intérieur  de  l'atome  était 
la  même  que  dans  l'espace  libre,  les  longueurs  d'onde  de  la 
vibration  seraient  comparables  au  diamètre  de  l'atome.  Comme 
en  réalité  la  longueur  d'onde  est  beaucoup  plus  grande,  nous 
devons  supposer  qu'à  l'intérieur  de  l'atome  la  vitesse  de  propa- 
gation des  perturbations  le  long  des  lignes  de  force  est  beaucoup 
plus  lente  qu'à  l'extérieur. 


i.A  stkii:tihi:  dk  i.'atd.mk.  /Ji 


DISCrSSlON  m    KAI'I'OUT  W.  SIK  .I.-.I.  TIKIMSO.N. 

\|me  Clrie.  Los  résultats  annoncés  par  Sir  J.-,J.  Thomson 
relalivenienl  à  la  formation  il'héliuin  dans  les  sels  alcalins  ou 
autres  soumis  au  bomiiarilemenl  de  rayons  cathodiques  se  rap- 
pcwtent  à  une  (|uestion  d'inlérèt  si  considérable  (ju'il  me  semble 
utile  de  faire  à  ce  sujet  les  remarques  suivantes  : 

Nous  sommes  tous  convaincus  que  ces  expériences  ont  été 
(■Ifectuées  avec  le  plus  j^rand  soin  et  avec  toutes  les  garanties 
possibles.  Pourtant,'  comme  il  s'agit  ici  d'un  dégagement  d'hé- 
lium extrêmement  minime,  l'interprétation  des  expériences  de- 
vient très  délicate.  La  présence  de  l'hélium  est  constatée  seule- 
ment par  la  méthode  des  rayons  positifs,  et  la  quantité  observée 
correspond,  d'après  Sir  J.-.i.  Thomson,  à  celle  qui  [lourrait  pro- 
v('nir  de  i"^  d'air  atmos])hérique.  Avant  d'admettre  définiti- 
vement la  transformalloii  atomique  dans  le  cas  considéré,  il 
semble  légitime  de  se  demander  s'il  est  absolument  prouvé  que 
l'hélium  observé  ne  peut  avoir  été  occlus  dans  les  sels  qui  le 
détrairent.  Ce  doute  est  augmenté  par  le  fait  que  le  dégagement 
dliélium  s^épuise  pour  un  sel  donné,  alors  que  dans  le  cas  d'une 
transformation  alomi(|ue  produite  par  les  rayons  on  aurait  plutôt 
espéré  <jue  la  (|uantilé  ilégagée  augmentât  proportionnellement 
au  temps.  Sir  .I.-.I.  Thomson  explique  ce  fait  en  admettant  que 
setds  sont  déconqjosés  par  les  rayons  cathodiques  certains  atomes 
qui  étaient  déjà  dans  un  état  instable  et  se  trouvaient  présents 
en  nombre  limité.  On  peut  se  dire  cependant  que  de  tels  atomes 
instables  doivent  exister  surtout  dans  les  corps  radioactifs  et  que, 
par  conséquent,  il  devrait  être  beaucoup  plus  facile  d'influencer 
la  transformation  des  éléments  radioactifs  que  de  produire  celle 
d'éléments  ([ui  n'ont  pas  de  radioactivité  appréciable. 

Or,  je  dois  rappeler  ici  que  les  transformations  des  atomes  ra- 
dioactifs se  sont  montrées  jus(|u'à  présent  indépendantes  de  nos 
moyens  d'action  et  (|ue,  en  particulier,  nous  n'avons  encore  pu 
mettre  en  évidence  aucune  action  du  bombardement  par  les  rayons 
qiif  ces  corps  émettent,  et  dont   certains   (rayons  a)   sont   doués 


4{)  LA   STKICTIIBE    DE    LA   MATIERK. 

(l'une   énergie   considérablement  plus  grande  que  celle  des  rayons 
cathodiques. 

Cette  circonstance  entraîne  une  certaine  réserve  vis-à-vis  des 
essais  de  transformation  des  éléments  ordinaires  par  l'action  d'un 
ravonnement.  Je  ne  connais  jusqu'à  présent,  dans  cet  ordre 
d'idées,  aucun  exemple  qui  paraisse  établi  avec  une  certitude 
comparable  à  celle  que  nous  avons  au  sujet  des  transformations 
radioactives  (production  d'hélium  par  le  radium,  etc.).  Je  re- 
connais, d'ailleurs,  bien  volontiers,  l'intérêt  considérable  qui 
s'attache  aux  recherches  si  délicates  de  Sir  J.-J.  Thomson  et  je 
souhaite  que  la  continuation  de  ces  recherches  puisse  conduire, 
avec  le  temps,  à  une  solution  définitive.  Je  pense  aussi  qu'il  est 
très  important  de  continuer,  dans  les  meilleures  conditions  pos- 
sibles, l'étude  de  l'influence  des  causes  extérieures  sur  les  trans- 
formations radioactives. 

M.  Langevin.  —  S'il  y  avait,  comme  le  pense  Sir  J.-J.  'riiomson, 
mise  en  évidence  par  le  choc  des  rayons  cathodiques  d'une 
transformation  radioactive  restée  en  quelque  sorte  latente  faute 
d'une  énergie  suffisante,  il  semble  que  le  choc  de  particules  a 
devrait  produire  un  effet  analogue.  11  pourrait  être  intéressant, 
à  ce  point  de  vue,  de  voir  si  le  fait  de  mélanger  de  l'émanation 
du  radium  à  un  sel  de  potassium  donne  aussi  lieu  à  l'émission 
d'une  quantité  limitée  d'hélium. 

Sir  J.-J.  Thomson.  —  La  question  de  la  production  de  l'hélium 
est  l'une  de  celles  auxquelles  j'ai  fait  allusion  dans  le  commen- 
cement de  ce  rapport,  comme  étant  introduite  dans  i'ospoir  de 
provoquer  une  discussion.  Je  ne  considère  pas  la  question  de 
l'hélium  comme  définitivement  réglée  :  il  faudra  encore  beaucoup 
plus  de  travail  expérimental  pour  décider  entre  les  diverses  sources 
possibles  de  ce  gaz.  .le  n'avais  pas  l'intention  de  prétendre  que 
la  désaj;régation  de  l'atome  (en  admet  tant  que  c'est  là  l'origine 
de  l'hélium)  est  proiluilc  jiai-  le  bombardement  par  les  rayons 
cathodiques;  l'idée  que  j'ai  émise,  c'est  (jue.  dans  les  substances 
productrices  d'hélium,  il  peut  y  avoir  une  espèce  de  tendance 
infructueuse  à  la  radioactivité.  La  particule  a  étant  délogée, 
mais  non  expulsée  avec  une  vitesse  suffisante  pour  lui  pcrmotlro 


I.A    STRI  IVn  RK    l)K    I.'ATOME.  ,\- 

de  s'afTrunehir  de  l'atonii',  elle  est  restée  liée  à  l'atonie  dans  une 
espèce  de  combinaison  chiniiiiue:  le  rôle  du  boniliardement  par 
les  rayons  était   de   la   séparer  de   ratonie. 

Bien  que  l'énergie  des  particules  a  soit  très  grande,  le  nombre 
de  ces  particules  émises  par  disons  3o™s  de  bromure  de  radium, 
est  si  petit  en  comparaison  du  nombre  de  particules  dans  les 
rayons  cathodiques  ou  positifs,  que  ces  derniers  communiquent 
beaucoup  plus  d'énergie  à  la  substance  qu'ils  bombardent  qu'il 
n'y  en  a  dans  la  particule  a.  J'ai  essayé  cependant  de  faire  une 
expérience  avec  les  particules  a.  J'ai  examiné  les  gaz  provenant 
d'un  tube  scellé  dans  lequel  So"""  de  bronuu-e  de  radium  avaient 
été  enfermés  durant  lo  ans  à  peu  près.  J'ai  trouvé,  comme  je 
m'y  attendais,  de  grandes  quantités  d'hélium  et  aussi  une  grande 
quantité  de  néon,  plus,  je  pense,  qu'on  ne  saurait  expliquer  par 
la    présence    d'air   dans   le    tube. 

M.  Nernst.  —  Les  poids  atomiques  ne  se  réduisent  pas,  comme 
on  sait,  exactement  à  des  rapports  numériques  simples  et  ration- 
nels ;  il  se  présente  des  écarts  petits  et  grands  et,  ce  qui  est 
important,  désignes  différents  (voyez  spécialement  aussi  Rydberg, 
1898).  Je  ne  vois  pas  comment  on  peut  expliquer  ces  écarts,  si 
l'on  admet  que  les  éléments  se  composent  d'atomes  d'hélium 
(éventuellement  unis  à  3  atomes  H).  Même  l'explication  toute 
naturelle,  que  c'est  la  variation  d'énergie  qui  entraîne  la  varia- 
tion de  la  masse,  paraît  être  en  défaut  ;  si  le  poids  atomique  de 
l'oxygène  est,  par  exemple,  à  fort  peu  près,  le  quadruple  de 
celui  de  l'hélium  (il  arrive  que  la  relation  correspondante  est 
vérifiée  avec  une  grande  précision),  on  devrait  s'attendre,  dans  de 
pareils  cas,  à  une  liaison  assez  lâche,  qui  pourtant  n'existe  certai- 
nement pas.  Dans  les  cas  où  la  différence  est  affectée  du  mauvais 
signe,  l'atome  devrait  être  instable.  Les  difficultés  sont  donc  bien 
grandes  . 

Sir  J.-J.  Thomson.  —  Notre  connaissance  des  forces  élec- 
triques à  l'intérieur  de  l'atome  n'est  pas  encore  suffisamment 
bien  établie  pour  le  moment  pour  nous  permettre  de  calculer  la 
diminution   de    masse   due   à   l'agrégation  des  éléments  constitu- 


4^  I.A   STRUCTURE    DE    L\    MATIÈRE. 

tifs  dans  un  atome  complexe.  Nous  ne  pouvons  pas  nous  assurer 
que  les  lois  de  force  électrique  à  l'intérieur  de  l'atome  sont  iden- 
tiques à  celles  qui  ont  été  déduites  d'observations  faites  avec  des 
charges  énormément  plus  grandes  et  séparées  par  des  distances 
qui  sont,  pour  ainsi  dire,  infinies  en  comparaison  de  celles  pour 
lesquelles  il  y  a  place  dans  l'atome.  Nous  ne  savons  pas  non  plus 
si  les  forces  électriques  sont  les  seules  forces  qui  agissent  à  l'in- 
térieur de  l'atome.  A  moins  que  les  lois  de  force  électrique  dans 
l'atome  soient  différentes  de  celles  à  l'extérieur,  il  semblerait 
qu'il  doit  y  avoir  d'autres  forces  dans  l'atome,  car,  autrement, 
nous  nous  attendrions  à  ce  que  les  deux  charges  positives  d'une 
particule  a  se  repoussent  mutuellement  avec  une  telle  énergie 
que  la  particule  se  sépare  en  deux. 

Quant  aux  changements  de  masse  déduits  d'observations  sur 
le  poids  atomique,  parmi  les  éléments  dont  le  poids  atomique 
est  4o  ou  moins  trois  seulement  :  le  glucinium,  le  silicium  et  le 
magnésium  ont  des  poids  atomiques  dépassant  le  nombre  entier 
lorsque  le  poids  atomique  de  l'hydrogène  est  pris  comme  unité, 
ainsi  qu'il  est  évidemment  nécessaire  de  faire  pour  notre  but.  Les 
poids  atomiques  de  tous  les  autres  indiquent  une  diminution  de 
la  masse  par  agrégation.  L'augmentation  la  plus  forte  est  celle 
du  magnésium,  dont  le  poids  atomique  (H  =  i)  est  a  {,08.  Pour 
que  la  réalité  de  cette  augmentation  soit  établie,  il  faut  que 
l'erreur  possible  sur  le  poids  atomique  du  magnésium  soit  moindre 
que   I    pour  3oo. 

M.  Lanckvin.  —  A  propos  de  la  queslion  de  M.  Nernst,  je 
crois  utile  de  rappeler  (pic  la  lliéorie  de  l'inertie  et  de  la  jiesan- 
teur  de  l'énergie  donne  une  explication  simple  du  fait  que  les 
poids  atomiques  ne  sont  pas  exactement  dans  des  rapports  simples. 
Les  écarts  seraient  déterminés  par  les  quantités  d'énergie  émises 
ou  absorbées  dans  les  transformations  atomiques  par  désinté- 
gration spontanée  ou  par  association  d'élénicnts  primordiaux. 
Les  échanges  d'énergie  (pi'il  est  nécessaire  d  adnicl  Ire  ainsi  pour 
rendre  compte  des  écarts  à  la  loi  de  Proust  sont  tout  à  fait  du  même 
ordre  que  ceux  observés  dans  les  transformations  radioactives. 
La  différence  entre  la  masse  atomique  de  l'oxygène  et  seize  fois 
celle    de    l'hydrogène    correspondrait    à    une    dilîércnce    d'énergie 


i.v  sri;i  cTi  HK  m;  l  viomi-,  i'1 

ililoriif  liiK]  fois  |)lii-;  mande  sciilciiicnl  chic  la  |)('ll('  d  imhm;:i(.' 
oliservée    dans    la    di'siiiléjîial  uni    d'iiii    alimie    de   radium. 

L  exisicncc  des  petits  écarts  a|>|iara{ii'ait  coinmi'  nur  (oiifir- 
nintiiiii   di'  la   llicorie  de  l'inerlie  de   l'éiierf;ie. 

M.  I.VNcr.xiN.  Le  [iiiids  alipniÈi[iÈe  de  riiéliiim  est-il  assez 
liien  eciiinii  pimr  (luiiii  puisse  le  eiinsidérer  eoinnie  exaelemenl 
éjial  an  (|iiart  de  celui  de  l'oxyi^ène  ?  D'autre  ])art,  une  difTé- 
rei\ee.  mèiiie  inférieure  à  la  liiiiile  de  précision  des  mesures  eor- 
respimdrait  encore  à  une  dillerence  d'éner<;ie  interne  considé- 
rable entre  un  atome  d'oxvfjèue  et  tpialre  atomes  d'hélium, 
bien  su])érieure  probablement  à  ce  que  nos  moyens  d'action  nous 
permettraient  de  fnuniir  pour  réaliseï-  la  dissociation  de  l'oxv- 
<;ène  eu   liéliiim. 

M"'^    (!l  un..  —  (In    donne    ael  iielieineiil     J.gg. 

M.  WiK.N.  -  -  sir  .I.-.l.  riioiii-iiiii  a  eu  dahurd  iopinioii  ipie  les 
atomes  d'hydroo;ène  \ieimeul  ({"autres  atomes  dans  les  rayons 
positifs.  .Te  voiidiais  deiiiaiider  à  Sir  .I.-.l.  I  liumson  s'il  a  encore 
cette  o|)inion. 

Sir    .I.-.l.  '  I  iio.Mso.N.  Les    rayons    [msitifs    conlieniient     tou- 

jours des  atomes  et  des  molécules  d"}ivdro<.'ène.  à  moins  qu'on 
ne  fasse  circuler  à  travers  le  tube  de  décharge  un  ecnirant  continu 
d'oxygène  ;  aussi  longtemps  (|ue  ce  courant  dure,  il  y  a  peu 
d'atomes  ou  de  molécules  d'hydrogène  parmi  les  rayons  posi- 
tifs. Leur  absence  est  due  probablement  à  la  combinaison  de 
l'hydrogène  avec  l'oxygène,  ('.ar,  dans  les  mêmes  conditions,  des 
atomes  de  mercure  font  défaut  dans  les  rayons  positifs,  bien  <]ue 
de  la  vapeur  de  mercure  doive  être  introduite  dans  le  tube  par 
la  pom|)e.  Si  le  c(>uranl  d'o.xygènc  est  arrêté,  les  atomes  et  molé- 
culi's  d  hydrogène  apparaissent  en  une  ou  deux  niiniiles.  Cette 
persistance  de  l'hydrogène  me  semble  très  remarquable:  mais, 
comme  le  tube  est  en  communication  avec  des  robinets  et  des 
joints  à  graisse  qui  i)ourraienl  fournir  des  hydrocarbures,  ce  n'est 
pas  là  une  preuve  suffisante  <|ue  l'hydrogène  provient  de  la 
désagrégation   d'autres   éléments. 

I>STITI  T    sol.\.\%  4 


!)n  LA  STiacrruE  de  i.a  matière. 

M.  RuTHERFORD.  —  La  conclusion  tirée  par  Sir  J.-J.  Thomson 
de  la  difîusion  des  ravons  X  par  la  matière,  savoir  (]ue  le 
nombre  d'électrons  dans  un  atome  est  la  moitié  de  son  poids  ato- 
mique, est  fortement  appuyée  par  d'autres  évidences  nettes.  Par 
exemple,  l'atome  d'hélium  à  poids  atomicjue  quatre,  lorsqu'il 
est  expulsé  de  la  matière  radioactive.  j)orte  avec  lui  deux  unités 
de  charge  positive.  Il  est  difficile  d'admettre  que  l'atome  d'hé- 
lium puisse  conserver  quelques-uns  de  ses  électrons  constituants, 
en  s'échappant  de  l'atome  lors  des  chocs  violents  contre  les  atomes 
de  matière  qu'il  rencontre  sur  sa  route.  L'atome  d'hélium  neutre 
contiendrait  ainsi  deux  électrons,  tandis  que  l'atome  d'hydro- 
gène, par  analogie,  n'en  contiendrait  qu'un.  Les  expériences 
sur  les  grands  angles  de  difîusion  de  particules  a  par  la  matière, 
examinés  en  détail  par  Geiger,  Marsden  et  d'autres,  conduisent 
à  la  conclusion  que  l'atome  consiste  en  un  noyau  positif,  entouré 
d'une  collection  d'électrons  dont  le  nombre  est  égal  à  la  moitié 
du  poids  atomi(iue.  Il  est  difficile  de  fixer  avec  précision  par  les 
méthodes  actuelles  le  nombre  réel  d'électrons  dans  un  atome 
lourd.  Il  se  peut  bien,  comme  van  den  Broek  et  Bohr  en  ont 
exprimé  l'idée,  que  ce  nombre  soit  à  peu  près  égal  au  numéro 
d'ordre  de  l'atome  lorsque  les  atomes  sont  rangés  en  série  sui- 
vant leurs  poids  atomiques. 

L'idée  que  l'hélium  est  un  constituant  des  atomes  trouve  son 
appui  le  plus  fort  dans  l'étude  des  transformations  radioactives, 
où,  comme  on  le  sait  bien,  l'atome  d'hélium  est  mis  en  liberté 
dans  plusieurs  des  transformations  successives.  Il  semble  (ju'il  n'y 
ait  pas  de  raison  particulière  pour  laquelle  l'hélium  soit  un 
constituant  des  atomes  radioactifs  seuls  et  non  d'autres  atomes 
lourds,  mais  non  radioactifs.  Mais,  comme  il  y  a  encore  tant 
(I  inccrlitude  au  sujet  de  la  i|ucslioii  de  sa\oir  si  la  masse  diin 
atome  dépend  ilc  la  dis])osition  jiarticiilièrc  de  ses  ])arli<>s  consti- 
tutives, il  est  difficile,  pour  le  moment,  de  tirer  une  conclusion 
liicn  ])récise  à  ce  sujet.  Nous  savons,  )>ar  exemple,  que  le  change- 
nicnl  (le  poids  atomi(pie  de  riiraniiiiii  au  radium  et  du  radium 
au  plomb  ne  s'accorde  ]ias  tout  à  fait  avec  la  dilTcrence  déduite 
de   la   jierte   d'atomes  d'hélium    sous  forme   de   particules  a. 

Siv  .l.-.l.    Ino.MsoN.  .le   pciisi-  qiril   y   a   plus   d'un   axailtage 


i.A  STiirc:riiiK  i-i-:  i.  atosik.  ai 

à  t"lal)lir  iiiu'  tlu'-orif  île  la  slniclurc  at()ini((ue  sur  une  hase  plus 
lar<if  ijue  lelli'  île  la  radioactivité,  (.ost  ainsi  (nic  parmi  les  pro- 
priétés les  plus  iulércssautes  de  l'alonic  il  y  a  cellfs  (]ui  iin{)li- 
ipient  raclioii  d'un  atome  sur  un  autre;  ces  propriétés,  qui  eom- 
preniieiil  les  propriétés  chimiques  des  atomes  et  un  très  «^rand 
iiondire  de  propriétés  physiques,  dépendent,  de  la  distribution 
des  électrons  dans  le  voisina<;e  de  la  surface  des  atomes;  ces 
électrons  n'interviennent  pas  dans  les  transformations  radioac- 
tives, (jui  ne  peuvent  donc  nous  donner  aucun  renséi<;iicment 
à  leur  sujet.  Qiumt  au  uoinlirt'  d'électrons  dans  lafomc,  même  si 
nous  considérons  (pie  le  fait,  que  la  particule  a  n"a  perdu  ([ue  deux 
électrons,  prouve  que  l'atome  d'hélium,  lorsqu'il  n'est  pas  chargé, 
ne  contient  pas  plus  d'électrons  que  les  deux  qu'il  perd  lorsqu'il 
est  exj)ulsé  sous  forme  de  particule  a:  nous  n'avons  aucune 
indication  au  sujet  du  nombre  des  électrons  dans  les  atomes  des 
autres   éléments. 

Le  nombre  des  électrons  dans  l'atome  déjjendrait,  en  tout 
premier  lieu,  du  nombre  de  systèmes  constituant  les  atomes.  Si 
ce  nondire  de  systèmes  pouvait  être  déterminé,  la  relation  entre 
ce  nombre  et  le  nombre  d'électrons  dans  l'atome  serait  fort  pro- 
bablement satisfaite  avec  une  précision  beaucoup  plus  grande 
((ue  la  relation  semblable  avec  le  poids  atomique.  Mais  le  poids 
atomique  était  l'indication  la  plus  convenable  que  nous  eussions 
du  nombre  de  systèmes  dans  l'atome. 

M.  l^A.NGEVi.N.  -  -  La  conclusion  à  laiincllc  aboutit  Sir  ,J.-.L 
Tlionison,  et  d'après  la(|iiflle  les  phénomènes  d'ionisation  par  les 
particules  a  et  ^  seraient  dus  à  des  actions  de  nature  (lifTércnte, 
est  obtenue  en  appli({uant  aux  chocs  intra-atomiques  les  lois  de 
la   dynamique   ordinaire. 

!l  semble  qu'on  ail,  au  contraire,  beaucoup  de  raisons  d'ad- 
mettre f|iie  CCS  lois  ne  sont  plus  valables  à  l'intérieur  des  atomes. 

.M.  Wiic.N.  —  On  peut  supposer  que  léiiergie  vient  de  l'inté- 
rieur des  atomes.  Si  j'ai  bien  conqiris  Sir  .J.-.J.  Thomson,  il  a 
accepté  l'hypothèse  que  cette  énergie  est  em])runtce  à  l'énergie 
lies  corpuscules  qui  bombardent  les  atomes.  Mais,  comme  il  est 
nécessaire  de  faire  cette  hypothèse  iiour  l'efTet  photo-électrique, 


■)■?.  LA   STRICTURE    DE    I.A    MATIEIIH. 

il  me  semble  plus  simple  de  l'appliquer  aussi  aux  éleclrons  secon- 
daires sortant  de  l'atome  par  le  bombardement  des  corpuscules. 

Sir  J.-J.  Thomson.  —  Il  est  possible  (juo  le  travail  elfectué 
par  la  particule  cathodique  soit  employé  à  rejeter  l'électron  dans 
l'atome  hors  d'une  position  d'équilibre,  et,  (piand  l'électron  est 
chassé  de  cette  position,  il  peut  venir  sous  l'influence  de  forces 
agissant  dans  l'atome  et  recevoir  de  l'énergie  de  l'atome.  Dans 
le  cas  d'un  choc  entre  un  électron  et  une  particule  a,  les  forces 
agissant  entre  ces  particules  sont  attractives:  il  se  ]iourrait  donc 
qu'à  un  certain  moment  du  choc  l'électron  eût  beaucoup  plus 
d'énergie  ipi'au  ilébut  et  qu'à  ce  moment  il  s'échappât  de  l'atome. 

M.  WiEN.  —  L'électron  peut  acquérir  cette  vitesse  aux  dépens 
de  l'énergie  intérieure   de   l'atome. 

M.   LiNDEMA.N.N  fait  remarquer  (jue  l'hypothèse  de  Sommerfeld 

exigerait   qu'une   particule   a    fût    plus    aisément    déviée    qu'une 

particule  |j.  Supposant  par  exemple  qu'elles  aient  même  énergie, 

la    particule  |j  aurait    une    vitesse    80    fois    ]>lus    grande    qu'une 

particule   a    et    la    durée    du    choc    serait    environ   80   fois   plus 

courte.  Les  énergies  étant  égales,  la  particule  a  pourrait  fort  bien 

être    déviée,   alors   qu'une   particule   p   ne   le  serait  jias.  puisque, 

conformément  à  Sommerfeld,  le  produit  énergie  X  durée  du  choc 

,    ■                 -,         .      ,    .      // 
doit  au  moins  être   c<>:al    a 

^  ■}.  T. 

-M.  EiissTEiN.  —  D'après  «  la  théorie  de  raccumidalion  »  de 
l'effet  photo-électrique  on  doit  admettre  (]u"un  atome,  immédia- 
tement après  avoir  émis  un  électron,  a  besoin  d'un  ccrlain  lemiis 
avant  tle  pouvoir  en  émettre  un  autre.  S'il  était  donc  jiossible 
d'enlever  do  l'espace  tra\ersé  ])ar  le  rayonnement  les  aloini's 
qui  viennent  d'émettre  un  éleclrrui  cl  de  les  réunir  dans  un  autre 
espace,  la  substance  accumulée  dans  cet  espace  il('\rail  mani- 
fester une  moinilre  sensibilité  photo-éleclri(iue.  Ur.  une  pareille 
accumulation  serait  possible  imi  principe  (dans  un  gaz)  sous 
l'action  (i"ufi  champ  électrique,  qui  rejette  les  atomes  iinmé- 
diali'Mirnl    après    ipiils    ont    éims    un    électron. 

M.  Wii;n.  —  Le  iKuulirc  des  ions  produits  par  le  rayonnement 


l.A  STRirrilu;   iiK  i,  vtomi:.  5> 

lie    la    lumière   est    très    pplil.    Il    faiulrail    trop    l()ii<;l('iiips    pour 
séparer  les   ions  des   molécules  du   gaz. 

M.  WooD.  •  Je  voudrais  demander  à  Sir  .losepli  'riioinsoii 
s'il  y  a  une  explieation  satisfaisante  de  la  courbure  des  trajec- 
toires des  particules  [i  obtenues  par  \Vilson  ;  en  d'autres  termes, 
pourquoi  les  petites  déviations  (jui  se  produisent  à  clia(|ue  choc 
sont  toujours  dans  le  même  sens,  de  façon  à  constituer  une 
courbe  déterminée  assez  étendue. 

.M.  HiTHKiuoHD.  — •  Sir  .I.-.I.  1  lionisnu  a  attiré  l'attention 
sur  le  fait  imi)ortant  que  les  traces  des  particules  ^i  lixces  j)ar 
voie  pbot()j;;raplii<pie  par  C.-T.-R.  Wilson  ne  présentent  pas 
les  nombreuses  jurandes  déviations  qu'on  attendrait  d'après  la 
théorie  du  noyau  atomique  que  j'ai  mise  en  avant  il  y  a  quelque 
temps.  Je  voudrais  insister  sur  la  précision  de  l'évidence  expé- 
rimentale sur  laquelle  cette  théorie  est  basée.  C'est  un  fait  bien 
connu  que  les  particules  a  sont  de  temps  en  temps  déviées 
d'un  grand  angle  et  il  est  évident  que  ceci  n'est  pas  le  résultat 
d'un  grand  nombre  de  rencontres  avec  des  atomes,  mais  de 
l'approche  jusqu'au  contact  d'un  seul  atome.  Si  nous  songeons 
à  la  grande  vitesse  et  la  grande  énergie  de  la  particule  a,  nous 
sommes  obligés  de  conclure  que  pour  subir  une  aussi  grande 
déviation  elle  doit  passer  à  travers  un  champ  électrique  intense 
dans  l'atome.  Pour  rendre  compte  de  ces  résultats,  l'idée  a  été 
émise  que  l'atome  consisterait  en  un  noyau  central  de  dimen- 
sions excessivement  petites,  ])ortant  une  charge  positive  et  con- 
tenant la  plus  grande  partie  de  la  masse  de  l'atome.  Ce  noyau 
a  été  entouré  d'une  série  d'électrons  pour  rendre  l'atome  élec- 
tri([uenient  neutre.  .)'ai  supjiosé  que  les  grandes  déviations  étaient 
dues  au  passage  de  la  ])articule  a  à  travers  le  champ  intense  danb 
le  voisinage  immédiat  du  noyau  atomique  central.  Une  compa-. 
raison  soignée  de  la  théorie  et  de  l'expérience  a  été  faite  par  Geiger 
et  Marsden  et  les  déductions  tirées  de  la  théorie  ont  été  trouvées 
en  accord  parfait  avec  les  résultats  expérimentaux.  On  a  pu  en 
déduire  que  la  charge  du  noyau,  et  jiar  conséquent  le  nombre  des 
électrons  dans  l'atome,  était  environ  égale  à  la  moitié  du  ])oids 
atomique  de  tous  les  éléments  examinés.  La  force  agissant  entru 


5i  H    STRLCTIRE    DE    LA    MATIKKE. 

la  particule  a  et  le  noyau  était  supposée  suivre  la  loi  ortlinaire 
du  carré  inverse  et  l'on  trouva  que  toute  autre  loi  de  force  était 
incompatil>le   avec   les   faits  expérimentaux. 

On  s'attendrait  évidemment  à  ce  que  des  électrons  à  haute 
vitesse,  ayant  à  peu  près  la  même  énergie  ([ue  la  particule  a,  su- 
bissent aussi  de  grandes  déviations  brusques  en  passant  tout  près 
du  noyau.  Je  rappellerai  toutefois  que,  alors  que  l'énergie  de  la 
particule  ^  considérée  par  Sir  .(.-J.  Thomson  est  beaucoup  jilus 
petite  que  celle  de  la  particule  a,  elle  est  supposée  passer  à  tra- 
vers le  champ  intense  produit  par  le  noyau  central.  0r,  je  pense 
qu'il  est  douteux  que  la  particule  p  à  petite  vitesse  pénètre  dans 
la  région  considérée,  où  la  particule  a  subit  ses  grandes  déflexions; 
il  me  semble  plutôt  qu'elle  restera  dans  la  région  de  l'atome  où 
le  champ  produit  par  le  noyau  est  fort  affaibli  et  où  elle  subira 
de  petites  déviations  par  suite  des  chocs  contre  les  électrons 
associés  à  l'atome. 

La  question  de  savoir  si  une  particule  [i  à  grande  vitesse, 
d'énergie  comparable  à  celle  de  la  particule  a,  subit  de  grandes 
déviations  brusques,  a  une  très  grande  importance  théorique  et 
l'on  est  en  train  de  l'examiner  expérimentalement.  A  moins  que 
l'on  ne  suppose  que  les  atomes  ont  un  noyau  chargé  de  petites 
dimensions,  il  est  iuqiossilile  d"ex|)li(|ucr  les  faits  expérimentaux  de 
la  diffusion  des  particules  a.  sans  admettre  que  des  forces  d'attrac- 
tion et  de  répulsion  nouvelles  et  uisoupçonnces,  d'une  nature 
très  intense,  agissent  entre  les  atomes  lorsqu'ils  sont  très  rapj)ro- 
chés.  Si  l'on  considère  que  la  tliéorie  du  noyau  conduit  au  même 
nombre  il'électrous  dans  un  atome  (|ue  la  diffusion  des  rayons  X, 
il  me  ])araît  plus  sinq)le  de  supposer  qu'un  |)areil  iu)yau  chargé 
a  une  existence  réelle  et  est  \\u  constituant  fondanitntal  de  tous 
les  atonies. 

M.  Lam;i:\in.  —  Les  mesures  de  déxialKin  des  parla  ides  a 
conduisent  .\1.  Rutlicrford  à  supposer  (|ue  le  luiyau  positif  ciMitral 
de  l'atome  est  enl(Uiré  d'un  nombre  d'électrons  périphcriijnes 
sensiblement  égal  à  la  moitié  du  )>oiiis  at(imi(|ue,  c  est -à-dire 
sensiblement  égal  au  iHunlirc  loi  al  des  électrons  présents  dans 
l'atoiiie  d'après  le  résultat  des  mesures  de  dispersion  des  rayons 
de   Hiiiitgen.   Ceci  peut-il  se  concilier  avec  l'idée  <pie  les  pliéiio- 


I.A    STHICTIJBE    UK    1.  ATOMi:.  )  J 

hr'iu's  railioactifs  oui  leur  sii-ije  dans  ce  noNau  ci'iitral  ?  Celui-ci 
ilevrail  conleiiir  les  électrons  t|ui  sont  émis  sous  forme  de  par- 
ticules 3  pendant  les  transformations  radioactives.  Il  semble 
(lifliiile  de  ne  pas  admeltn^  pour  ces  rayons  p  une  orijiine  pro- 
fonde  à   rintcricur  de   lalome. 

Dans  riiy|)()tlièse  où  les  rayons  ^  \ienneii!  ilii  noyau  central, 
le  nf)nd)r<'  total  des  électrons  présents  dans  l'atome  doit  être  supé- 
rieur à  l'elui  des  électrons  périphériques.  Interviennent-ils  tous 
au   niènie  degré  dans   la   tlispcrsiou   des   rayons  de  Riintgen  ? 

M™*'  ("i  isiE.  —  Il  me  semble  que  l'on  est  tout  naturellement 
conduit  à  admettre  l'existence  d'électrons  tlans  le  noyau  central 
de  l'atome.  .le  crois,  en  elïet,  (pu-  nous  ne  jiouvons  éviter  d'admettre 
«pie  les  électrons  qui  ft)ut  ])arlie  île  l'atome  sont  de  deux  espèces. 
J'ai  déjà  eu  l'occasion  d'attirer  l'alteiiliou  sur  ce  sujet  dans  les 
discussions  qui  ont  eu  lieu  lors  de  la  réunion  du  Conseil  de  Phy- 
sique en  191 1.  Divers  ])hénoniènes  révèlent  dans  l'atome  la  pré- 
sence d'électrons  qui  interviennent  dans  les  relations  de  l'atome 
avec  le  milieu  extérieur,  électrons  qui  rendent  compte  des  phé- 
nomènes d'émission  et  d'absorption  de  rayonnement  et  de  con- 
ductibilité métalli<pie.  On  constate  aussi  que,  dans  bien  des  cas, 
des  électrons  peuvent  s'échapper  des  atomes  avec  unç  assez  grande 
facilité;  c'est  ce  ipii  arrive  pour  les  métaux  éclairés  par  la  lumière 
ultraviolette  (phénomène  de  Hertz),  pour  les  corps  chauds  (phé- 
nomènes d'Edison),  jiour  les  gaz  ionisés,  etc.  Rien  ne  s'oppose 
à  suj)j)oser  que  les  électrons  qui  jicuvént  être  facilement  déta- 
chés de  l'atome  proviennent  de  la  même  région  que  ceux  qui 
émettent  et  absorbent  le  rayfinnement.  En  particulier,  les  vitesses 
que  l'un  i'sl  amené  à  leur  allribuer  sont  du  même  ordre  dans  les 
deux  cas  (lo'  cm  :  sec). 

Mais  il  existe  des  élcclnuis  doiil  le  rôle  dans  l'atome  est  tout 
dilTérenl  cl  dont  l'existence  nous  est  révélée  par  les  phénomènes 
radioactifs;  ce  sont  les  électrons  cpii  constituent  les  rayons  j3. 
Un  tel  électron  est  caractérisé  par  cette  considération  (pi't/  ne 
peut  être  séparé  de  Vatome  qui  le  contient  sans  que  cette  séparation 
entraîne  nécejssairemeni  la  destruction  de  Valoine.  Il  semble  bien 
<|ue  ce  fait  foiulamental  suflise  pour  ])rouver  que  les  électrons 
qui    se    trouvent    dans  ces  conditions  ne  sauraient  être   assimilés 


56  LA    STRUCTUnE    DK    I.A    MAIIKBE. 

au  point  de  vue  de  la  structure  de  l'atome,  à  ceux  dont  le  départ 
n'occasionne  aucune  perturbation  de  caractère  atomique.  Je 
reviens  donc  sur  la  proposition  que  j'ai  déjà  faite  précédemment 
et  qui  consiste  à  établir  entre  les  deux  espèces  d'électrons  dans 
l'atome  une  distinction  nette,  en  les  désignant  par  des  noms 
différents. 

Les  électrons  qui  ne  peuvent  être  séparés  de  l'atome  sans  que 
celui-ci  change  de  nature  peuvent  être  nommés  électrons  essen- 
tiels. Il  est  naturel  de  supposer  qu'ils  font  partie  du  noyau.  Cette 
supposition  est  rendue  probable  par  l'ordre  de  grandeur  de  leur 
vitesse  d'expulsion,  laipielle,  pour  certains  d'entre  eux,  est  très 
voisine  de  celle  de  la  lumière  et,  en  tout  cas,  dépasse  en  général 
lo"  cm  :  sec.  Elle  est  donc  considérablement  plus  grande  que  celle 
des  électrons  de  rayonnement.  En  ce  qui  concerne  ces  derniers, 
il  est  naturel  de  les  supposer  placés  dans  la  périphérie  de  l'atome, 
avec  un  arrangement  en  anneaux  tel  cpi'il  a  été  suggéré  par 
Sir  J.-.J.  Thomson.  On  peut  leur  donner  le  nom  iV électrons  périphé- 
riques. ,Ie  pense  que  les  méthodes  jiroposées  jiar  Sir  .I.-.I.  Thom- 
son pour  détcrniliicr  le  nombre  tles  électrons  dans  un  atome  ne 
permettent  d'atteindre  (|ue  les  électrons  [lériphériques.  C'est  donc 
à  ces  derniers  seulement  que  l'on  jieut  a)i[ili(pier  le  résultat  d'après 
lequel  le  nondire  d'électrons  ])ar  atome  est  proportionnel  au 
poids  atomique  et  égal  peut-être  à  la  moitié  environ  de  ce  nombre. 
ÎSous  ne  savons  encore  rien  s>ir  le  nondire  des  électrons  essentiels 
<lans  les  atomes. 

En  résumé,  je  pense  cpi  il  esl  uldc  drlalilir  l:i  disInulKin  entre 
les  électroii.i  essentiels  et  les  électrons  péripliéritpics  de  i  atome, 
celte  distinction  étant  basée  :  i°  sur  le  rôle  joué  dans  l'atome  en 
ce  qui  ciniccinr  une  pussihililé  de  séparai  nui  ;  ■'."  sur  l'ordre  de 
grandeur   des   \ilcsses   observées  dans   les  deux   cas. 

M.   1)1.  liiioi.i.ii \  Mrinc  pcuir  les  ricci  ions  eNléncurs.  (Ui  dnil 

renoncer  à  la  mécanique  luilinaire,  si  l'iui  admet  les  ipianla  dans 
les   pliéuomèiies  plnitii-éleil  riques. 

M.  Kl  BENs.  --  11  me  semble  que  la  liaison  des  atomes  dans  la 
molécule,  dans  le  cas  d'une  combinaison  comme  11  Cl  .est  autre  <|ue 
pour  un  élément .  comme  par  exemple  1 1-  ou  Cl-,  car  la  molécule  1  ICI 


I  A    STBUCTl'RE    IIK    I.  ATOMK. 


«'■mot  en  Inurnaiil.  ainsi  ([iic  le  prouxc  l":ilis(ir|il  idii  dans  le  spcftrc 
ultraroiii;e  à  li)n<;ues  oniles,  iiii  rayonricnii'iil  él(Htronia<;iiéli(jiie, 
alors,  que  ce  rayonnement  n'a  pas  ciuiire  pu  èlre  établi  jiiscin'iei 
pour  les  molécules   1 1-  et   ("1". 

On  pourrait  admettre  d'après  cela  (pic  les  (l<iix  atomes  d'une 
molécule  II  Cl  sont  tenus  ensemble  i>ar  des  charges  ojiposées  et 
l'on  pourrait  se  liirurer  que  le  processus  de  la  dissociation  est 
introduit  i)ar  le  fait  (pie  les  deux  atomes  commencent  par  égaliser 
leurs  charges.  Ils  perdent  alors  leur  cohésion  |)our  la  plus  grande 
partie  et  peuvent  être  séparés  sans  travail  considérable.  On  peut 
s'attendre  à  ce  que  dans  ce  cas  les  atomes  dissociés  ne  soient  pas 
chargés,  et  ipie  la  conductibilité  du  gaz  ne  soit  pas  augmentée 
dans  la  dissociation,  tout  comme  dans  les  considérations  de 
-M.  Thomson. 

M.  i)i:  Biioci.iE.  —  Il  semble  exister  ileux  classes  de  composés 
chimiques:  dans  l'une,  les  atomes  auraient  leurs  charges  séparées 
et  donneraient  les  phénomènes  de  rayoïiiii-iucnt  dont  11  xiciil 
d'être  parlé.  L'autre  correspondrait  aux  atomes  neutres  de 
Sir  J.-J.  Thomson;  beaucoup  de  faits  paraissent  s'interpréter  en 
faveur  de  cette  dernière  catégorie.  Par  exemple,  l'examen  ultra- 
microscopiipie,  dans  un  cliaiuii  (■ieclKPstaticiiie,  des  particules 
formées  dans  un  gaz  au  cours  de  certaines  réactions  chimiques, 
montre  qu'en  général  ces  particules  sont  électriquement  neutres 
(à  condition  d'éviter  des  causes  parasites  d'ionisation).  Cela 
s'expli(pierait  diflici.lement  si,  au  cours  de  ces  réactions,  il  y  avait 
mise  en  liberté  d'atomes  chargés. 

.M.  Weiss.  —  La  théorie  des  diélectriques  de  Debye  permet 
de  reconnaître  (pielles  sont  les  molécules  ([ui  possèdent  une  pola- 
rité électrostali(pie  en  dehors  du  champ.  Ce  sont  celles  des  diélec- 
triques dont  la  constante  est  fonction  de  la  Icmpératurf.  Il  y 
en  a,  mais  ce  cas  |)araît  être  plutôt  l'exception.  Dans  le  plus  grand 
nombre  des  cas,  la  constante  diélectrique  est  indépendante  de 
la  température  et,  par  suite,  le  centre  de  gravité  des  charges 
positives  est  confondu  avec  celui  des  charges  négatives. 

M.  La.ngevin  se  demande  s'il  n'y  a  [)as  lieu  de  faire  intervenir 


58  i.v  STnrrniiE  dk  i.a  MviiKni:. 

les  actions  maunéliques  parmi  celles  (jm  jiroduisent  les  associa- 
tions d'atomes,  si  les  actions  mutuelles  de  courants  particulaires 
ne  peuvent  pas  être  du  même  ordre  que  les  actions  électrosta- 
tiques. Le  fait  ([ue  les  moments  matmétiques  moléculaires  ne 
suivent  pas  une  loi  d'additivité  dans  les  combinaisons  semble  être 
une  indication  dans  ce  sens.  Si  une  molécule  n'a  pas  le  même 
nombre  de  magnétons  que  l'ensemble  des  atomes  composants, 
s'il  v  a  eu,  par  exemple,  compensation  mutuelle  de  magnétons 
de  sens  opposé,  l'action  mutuelle  correspondante  a  dû  intervenir 
pendant  la  condiinaison, 

M.  Haseniiurl.  —  Si  j'ai  bien  compris  Sir  .I.-,I.  Thomson, 
on  pourrait  facilement  calculer  l'énergie  de  la  combinaison  des 
subatomes  dans  l'atome.  Ce  ne  serait  alors  non  plus  difficile  de 
calculer  la  stabilité  de  l'atome  en  fond  ion  de  la  température  en 
usant  des  formules  bien  connues  dans  la  théorie  de  la  dissociation 
de  Boltzmann.  \  une  température  très  élevée,  on  aura  certaine- 
ment dissociation  complète:  il  faudrait  calculer  juscju'à  quelle 
température  il  y  a  stabilité.  Est-ce  que  Sir  .l.-.l.  Thomson  pour- 
rait me  dire  si  de  tels  calculs  ont  déjà  été  faits  .' 

Sir  .I.-.l.  IHoMsoN.  —  Dans  une  molécule  où  les  atomes  ont 
des  pro])riélés  très  nettement  accusées,  comme  dans  celle  citée 
]iar  le  professeur  Uubens,  il  est  possible  (pi'il  \'  ait  un  transport 
dnn  électron  de  rat(Uiie  élecl  roposil  d  à  Inloiue  élect  rouégatif. 
t.e  I  r:uisp(irl  serait  considérableuient  facilité.  |)ar  la  présence  de 
\ii|ie\ir  deau,  qui  pourrait  former  un  composé  moléculaire  avec 
la  molécule.  Des  substances  clans  Icsipielles  il  y  aurait  un  jiassage 
d'électricité  seraient  probablciuciil  caractérisées  par  une  liante 
valeur  du  ]>ouvoir  inducteur  spécifique  ei  produiraient  une  forte 
ionisation  des  sels  dissous;  leur  poiuoir  inducleur  sjtécilique 
varierait    aussi   a\  cr   la    I  enqiérat  nrc. 

M.    J.iMJi.MWN.  Il    peut    être   iiitéressaiil    d  attirer   I  altcn- 

lioii  sur  le  fait  (pinii  modèle  de  molécule,  semblable  à  celui  décrit 
par  Sic  .l.-.I.   rinunscui,  semblerait   renqjlir  dilTérentcs  coiulilions. 

A  moins  d'admettre  un  écpiillbre  (lyn:imi([ue,  nous  ue  pouvons 
Jamais  construire  un  corps  an  moyen  des  seules  forces  électriques. 


i_\  sriiUiTiui:  m:  i.'mumk.  5i( 

Tous  les  phriiointMics  irmi  curiis  solide  iinlii|ii(ii(  rcxislctice  triiiie 
force  répulsive  a<fissant  entre  les  atomes.  On  peut  admettre  «iu';'i 
une  certaine  distance  en  dehors  de  l'atome,  cette  force  répul- 
sive est  contre-balancée  par  les  attractions  électrostatiques. 
Nous  obtenons  ainsi  un  niodèii'  d  une  molécule  gazeuse  sim|ilr, 
coni])osée  de  deux  atomes  monox  alcnts,  consistant  en  dcu.x 
noyaux  positifs  placés  à  une  certaine  distance,  et  deux  électrons 
disposés  symétriquement  et  à  an<;les  droits  sur  la  droite  joijifnanl 
les  noyaux.  Supposant  que  les  électrons  de  valence  se  trouvent 
•à  une  distance  égale  au  rayon  de  l'atome,  lorsque  celui-ci  n'est 
pas  combiiu'-,  ainsi  tpi'il  semblerait  être  indi((ué  par  le  fait  que 
cette  hypothèse  nous  |)ermet  de  calculer  la  période  de  l'effet 
|iholo-électri<pu^  sélectif,  nous  pouvons  calculer  de  trois  façons 
la  dislaïue  des  noyaux  positifs  dans  la  molécule.  En  la  calcidant 
à  partir  tie  la  chaleur  de  coiuiiitiaisou  legardée  conimi;  éij;alc  an 
travail  éleclroslaticpie,  à  partir  du  moment  d'inertie  déduit 
par  le  professeur  llubens  de  ses  mesures  d'absorption,  ou  à  partu" 
de  la  fréquence  des  électrons  de  valence,  nous  trouvons  approxi- 
mativement la  même  \aleur  (^). 

.M.  Langf.vin.  —  Le  fait,  que  le  pouvoir  inducteu.r  spécifique 
des  gaz  simj)les  diatomiques  ne  varie  pas  avec  la  température, 
à  densité  constante,  semble  difficile  à  concilier  avec  le  modèle 
proposé  par  Sir  .).-.!.  Tiiomson  dans  la  figure  i  de  son  Rap])orl 
(p.  29).  S'il  y  avait  des  doublets  représentant  un  moment 
électrostasti<pie,  un  champ  clcetiicpie  extérieur  tçndrait  à 
orienter  les  molécules  et  il  eu  résulterait  dans  le  ])ouvoir 
inducteur  spécifitpie  un  terme  inversement  proportionnel  à  la 
température  absolui'.  M.  Debye  m'a  fait  lécermuenl  remarquer 
qu'un  tel  terme  existe  dans  le  cas  des  gaz  composés  tels  (jiie 
l'eau,  l'acide  chlorhydiifpic,  etc.  Ces  dernières  molécules  de- 
vraient donc  renfermer  des  doublets  électrostatiques  perma- 
nents. Les  deux  charges  d'un  tel  doublet  sont-elles  dans  un  même 
atome,  ou  le  doublet   unit-il  deux  atomes  ? 

.\L    l'oi'K    fait    remanpier    la    nécessité    (lune    explication    des 

(')    l'cr/i.  d.  deut-srlieii  l'Iiyn.  Ces.,  I.  XIII,  HJII,  p.  ne;. 


6o  l.\    STB f en  II E    IIE    l.V    MATIKIli;. 

façons  plus  compliquées  do.nt  la  valence  se  manifeste  et  du  fuit 
que  la  formation  de  composés  sous  l'action  de  la  valence  ne  peul 
pas  toujours  être  distinguée  nettement  de  l'addition  cristalline. 
C'est  ainsi  que  le  rubidium  fournit  les  composés  Rb  1,  Rb  F. 
Rb  I',  RI)  r  et  le  caesium  la  substance  Cs  I'-' ;  dans  tous  ces  com- 
posés, le  métal  semble  être  univalent,  les  composés  complexes  se 
dissociant  en  solution  en  Rb  I  ou  Cs  I  et  de  l'iode.  Mais  l'iodure 
de  thalliuni.  Tl  I ',  qui  est  isomorjilic  avec  le  triiodure  de  rubi- 
dium, Rb  I ',  contient  du  thallium  trivaleiit  :  l'isomorphisine 
indiquerait  que  Rb  I'  contient  aussi  un  métal  trivalent,  bien  qu'il  ' 
se  comporte  comme  un  composé  additionnel,  Rb  I,  F,  lorsqu'on 
le  traite  par  un  solvant.  Il  est  donc  naturel  de  penser  que  les 
composés  Rb  I'  et  Rb  I'  peuvent  aussi  contenir  des  atomes  métal- 
liques polyvalents. 

Le  besoin  d'une  interprétation  de  ces  aspects  complexes  de 
la    \alence    et    dautres    encore    se    lait    fortement    sentir. 

M.  Nernst.  —  La  théorie  de  Sir  ,I.-.l.  rinniison  n'est  certai- 
nement aj)plicable  qu'à  des  combinaisons  ipii  ont  un  caractère 
unitaire  (.\-,  Cil  ',  etc.),  comme  on  dit  en  Chimie;  des  combinaisons 
ayant  un  caractère  éleelrochimicpie  prononcé  (comme  11  Cl  et 
d'autres  du  inrine  genre),  <pii  |icu\('iit  d'ailleurs  être  déjà  parti- 
culicrenienl  stables,  doivent  sans  doute  cire  traitées  d  autre 
façon.  Nous  pouvons  bien  laisser  de  coté  tout  dabord  des  c(uubi- 
naisons  (pu  sont  manifeslcnicul  ce  ipi  lUi  ap|i(llc  des  combinai- 
sons de  nujiécules  (KF  |iar  exemple)  ou  même  des  ciunbinaisons. 
comme  Cs  1",  qui  n'existent  pas  à  l'état  gazeu.x,  ni  en  solution  et 
ne  sont,  dans  l'erlîiines  circonstances,  probablement  qvie  des  cnchc- 
vètremenl>  de  di\ers  réseaux  iristallms;  pour  ces  combinaisons 
on  doit,  ciunme  \\  criicr  l'a  prouvé,  réellemcnl  ciciulrc  la  ihcorie 
tvpicpie  de   la   valence. 

l'iinr-  ce  (|ui  regarde  hi  cciiiil)iMais(Ui  11',  je  voudrais  demander 
à  Sir  .l.-.l.  riiniiis<in  si  clic  est  établie  a\cc  cerlilude  et  si  l'on  ne 
jieul  |)as  l'écrire  II'.  Il-  -  II';  dans  ce  cas,  clic  serait  aiKilo>;ue 
à  la  combinaison   liicii  ciuuiue 

l\r»=  K-h  !'[=  I.I»]. 

Sir    .l.-.l.     llloMSdN    ])cii>c    que    des    roilipcisés    iiinlcciiiaircs    sont 


i.v  sTiiif.Ti m-:  m-;  i.'atomi:.  <',i 

une  «•nnsi''<iiicii(c  tialnri-lle  de  la  manu-rc  <!<■  se  rc|ir(''sciilrr  mio 
i-oinhiiiaisoii  i'liiiiii<|iU',  proijosi'^c  i>ai'  lui,  [niiscuril  y  a  dans  cer- 
taines «lireclions  autour  de  la  nioléeule  îles  elianips  clectri(|iies 
intenses,  (jui  à  la  molécule  pcu\'eiit  en  lixet-  daulics,  si  elli's  ont 
(les  nionii.-nts  éleclrit|ues  eonsidéral>les. 

Quant  à  !['.  il  voudrait  faire  reniar(|uti- ijuc,  |)niM|u'rllc  a  |iu 
être  gardée  et  eninia<;asinée,  elle  doil  poux  oir  exister  à  l'état  neutre 
et    ne   peut    pas  dau<   cet    état    cire   rei)résenté(.'   par     H'. 

M.  L.vNGKviN.  — -  Comment  Sir  .I.-.I.  Thonison  peut-il  earaelé- 
riser  l'existence  du  com|)osé  IP  i|iiaiiil  sa  iriolécule  est;  électri- 
i(uement    neutre  '.' 

Sir  .I.-.I.  1  uuMso.N.  —  Si  ciiai|ue  atome  de  II,  bien  ([u  élec- 
tri([uemenl  neutre,  se  conii)ortail  comme  un  doublet  électri((ue, 
les  trois  atomes  pourraietil  tenir  ensemble  tout  comme  trois  ai- 
mants le  feraient  s'ils  étaient  placés  de  façon  à  former  un  trianij;le. 

M.  WiE.N.  11  me  send)le  ipi'il  y  a  une  diflicullé  pour  ex])li- 

([uer  l'absorption  de  la  lumière,  (^uand  un  atome  n'a  pas  reçu 
assez  d'énerffie  pour  accumuler  un  (|uantum  entier,  cette  énerjrie 
n'est  pas  retenue  par  l'atome,  mais  émise  dans  toutes  les  ditcclions. 
Il  en  résulte  une  dill'usion  de  la  lumière,  que  l'on  n'observe  pas 
dans  les  corps  liomo<;ènes. 

Les  électrons  des  divers  atomes  ayant  des  positions  iiréj;ii- 
lières  et  n'absorbant  pas  en  même  temps  la  mcinc  quantité  de 
lumière,  les  rayons  dilfusés  ne  peuvent  par  conséquent  pas  avoir 
les  mêmes  phases  et  df)nner  lieu  à  une  interférence  qui  pourrait 
'supprimer  la   ddlusion   de  la    lunuèrc. 

Sir   .l.-.i.     I  iroMsoN.  On    peut    envisajrer   la    propagation   de 

la  lumière  à  travers  tout  milieu  réfringent  comme  accoiui)agnée 
d'une  dilTusion  de  la  lumière  par  les  molécules  du  milieu,  l.a 
raison  pour  laipielle  l'intensité  est  beaucoup  plus  grande  dans  la 
direction  de  propagation  que  dans  loule  aulic  direction  est 
celle-ci,  ipie  suivant  cette  direction  les  ondes  produites  par  la 
lumière  diffusée  ont  toutes  même  phase,  alors  (|ue  tlans  d'autres 
directions  elles  ont  îles  phases  différentes,  lorsqu'elles  se  réunis- 
sent,   l'oni-  cette   raison,  l'intensité  est    beaucoup   plus   pellle. 


6?,  LA    SritlTTl  RE    l)K    LA    MATIKIŒ. 

M.  Li.xDEMAN.N.  —  Si  Sir  J.-J.  Thoiiisoii  11  avuit  pas  rejett' 
toute  idée  d'être  capable  de  se  passer  de  la  théorie  du  quantum, 
je  lui  aiu'ais  demandé  comment  son  modèle  explique  les  phéno- 
mènes de  la  chaleur  spécifique,  dont  la  théorie  du  quantum  rend 
si  exactement  compte.  Le  modèle  d'atome  n'expliquerait,  me 
semhle-t-il.  le  rayonnement  que  conformément  à  une  loi  autre 
que  celle  de  Rayleigh,  si  la  force  attractive  était  confinée  dans 
un  cône  géométriqu.e,  c'est-à-dire  si  les  parois  du  cône  étaient  infini- 
ment minces  et  si  les  charges  électriques  étaient  concentrées  en 
un  point  géométrique.  Si  tel  n'était  pas  le  cas,  nous  aurions 
une  trainsition  continue  d'un  des  champs  de  force  à  l'autre,  ce 
qui  conduirait  à  la  formule  de  Rayleigh. 

-M.  \\  ARBURG. —  Il  y  a  une  classe  importante  de  jjhéiiomènes 
qui  doivent  dépendre  de  la  structure  de  l'atome  et  qui  n"a  pas  été 
discutée  dans  le  rapport  de  Sir  .J.-J.  Thomson.  Je  fais  allusion 
aux  réactions  photiochimiques  et  je  serais  très  heureux  de  savoir 
quelle  est  la  manière  de  voir  de   Sir  J.-J.  Thomson   à   ce  sujet. 

Pour  ma  part,  je  voudrais  faire  quelques  remarques  sifr  cette 
mallère.  Dans  son  travail  sn.r  la  coiidnction  de  1  élcclricité  à  Ira- 
vers  les  gaz,  Sir  J.-J.  Ihoinson  cx|)rinu'  l"oi)iiiion  que  la  jireinièrc 
phase  d'un  processus  jihotochiniic[ue  pourrait  être  un  ellet  photo- 
électri(iue,  c'est-à-dire  la  mise  en  liberté  d'un  rl(<lron  [lar  un 
atome  et  la  même  idée  a  deruièreincnl  s<M\i  de  base  à  la  théorie 
de  divers  chercheurs. 

Or.  il  nie  semble  <\u"i\  y  a  à  cet  le  manière  de  voir  plusieurs 
iilijeclioiis  graves,  cpii  ont  déjà  été  soulevées  par  le  professeur 
Lenard. 

l:u  |)reiuirr  Iieii.  exeeplioii  laite  |ieiil-rire  ])(UH'  quelques  cxpé- 
lieuces  du  pr<pfesseui'  llalier,  on  lia  jamais  troiixé  la  moindre 
conductibilité  électrique  accompagnant  les  réactions  chiini(|iies 
par  lesquelles  une  molécule  se  selude   eu  ses  alnmes  eonstitnants. 

A  son  tour,  le  professeur  l.iiiard  ((inslale  qu'un  ciiamp  élee- 
tritpie  n'a  jias  diiifliieiiie  sur  lailioii  ph(it<jeliinu(pic.  .1  al  inoi- 
niême  trouvé,  dans  (|iiel(pies  e\i)éiieiiees  ipii  n'iuit  pas  été  pu- 
bliées, (|u'un  champ  éleel  ii(|iie  alternai  if  intense  n'a  |ias  tl'iii- 
lluiiii'c  sur  la  décoiiipiisil  11)11  plml  ncluiinque  de  I  ammoniaque 
à    létal    cra/.eux. 


I.A  siiii'<:ti  iti;  m:  i.'atomk.  Ci'i 

.Mais,  à  mon  sfiis,  rolijoilKiri  la  |)lus  j^ravc  se  Iroiivc  dans  le 
fait  clalili  par  li'  jn'ofi'ssi'iir  l.ciiard.  (|iir  roll'cl  |)ln)lo-él('ctri<nic 
sur  l'air,  (ItM'diLVcrl  par  lui,  u'csl  lUdduil  ipic  par  les  «•diulcs  loii- 
fîueurs  iriindo  de  la  réj:ii)n  «le  Scluiniauu,  akus  ipie  les  loufiueurs 
d'onde  plus  oraiidcs,  ipii  ne  seul  pas  capahies  de  niellre  des 
.électrons  en  liberté,  ont  le  pouvoir  d'ozoniser  l'air  ou  l'oxyifène. 

On  peut  montrer  que  ces  observations  s'accordent  avec  d'au- 
tres fails.  Suivant  Franck  et  Hertz,  la  »  tension  d'ionisation  »  est 
de  9  volts  pour  l'oxytrène,  de  7.6  volts  |)Our  l'azote,  de  sorte  que 
l'éncririe  nécessaire   |)our  ioniser  une  niuiéi  iilc  d'azote  est  éijale  à 

-,5  X  10'  X  4, (il)  X  10-'" 

i -— ^-^ ="'-7  X  ii>-'-  CI'', 

)  X  lo"" 

et  le  «piantum  d'éncroie  /iv,  correspondant  à  la  longueur  d'onde 
«>'\i7  de  la  région  de  Scliumann,  a  à  peu  près  la  même  valeur, 
savoir,  11,6. I0~'^.  Or,  je  Irouxe  (|uc  la  longueur  d'onde  o!^-,r>.53 
ozonise  l'oxygène  de  100  atmosphères  de  pression  et  le  quantum 
d'énergie  correspondant  à  cette  longueur  d'onde  est  7,8.10  '^"  erg, 
ce  qui  est  beaucoup  plus  petit  ([ue  l'énergie  correspondant  à  la 
tension  d  ionisation  de  <)  \'olts,  c'est-à-dire  de  i|,T.in  ^'-  <'rg 
nécessaire   pour   ioniser  une   molécule   d'oxygène. 

Je  pense  que  les  processus  implifpiés  dans  l'ionisai  ion  de  l'oxy- 
gène sont  fort  différents  de  ceux  «pii  se  déroulent  dans  l'ionisation, 
de  sorte  Cjue  le  travail  nécessaire  dans  les  deu.x  cas  pourrait  ne 
pas   '"tre   le   même. 

.\1.    I. M 111; .NT/,.  ,Ie  troine  des  (liflicnllés  à  me  représenter  la 

manière  dont  l'électron  sera  éloignéd  u  liibe  imaginé  par  Sir  .l.-.l. 
riiomson  à  travers  la  surface  «pii  le  limite.  Ce  déplacement  ne 
me  semble  guère  possible  si  la  particule  est  assujettie  seulemeiit 
aux  forces  attractive  et  répulsive  <jui  sont  admises  dans  le  mo- 
ment, el  si  une  certaine  résonance  est  nécessaire  pour  tpie  l'élec- 
tron obtienne  la  vitesse  re([uise. 

.'Vprès  un  déplacement  de  l'électron  dans  le  sens  radial,  il  y 
aura  une  force  résultante  (|iii  tend  à  le  ramener  vers  sa  position 
d'équilibre,  et  des  vibrations  infiniment  petites  dans  celte  direc- 
tion auront  une  fréquence  propre  déterminée.  .Mais  un  déplace- 
ment inliniment  petit,  perpendiculaire  au  r;iyon  de  la  sphère,  ne 


(;;  I.A  STniiCTllIlE  dk  l.v  matiicrk. 

donnera  lieu  à  aucune  force  nuasi  élastique.  Il  s'ensuit  qu'une 
augmentation  progressive  de  l'énergie  de  léleitron,  sous  l'action 
d'une  série  continuelle  d'ondes,  ne  peut  a\oir  lieu  ([ue  tlans  le 
cas  où  ces  ondes  tendent  à  déplacer  la  particule  dans  le  sens 
radial. 

Sir  .I.-J.  Thomson  a  déjà  remarqué  iiue,  même  pour  cette  direc- 
tion, l'elTet  de  résonance  est  nécessairement  limité  par  la  circons- 
tance cjue,  pour  des  déplacements  un  peu  considérables,  la  force 
résultante  n'est  plus  proportionnelle  à  l'écart,  et  que,  par  consé- 
quent, les  \ibrations  cessent  dètre  simjdes  et  à  fréfiuenee  con- 
stante. 

Je   voudrais   signaler   une   autre   dilliculté   eiicure. 

Dans  la  notation  de  Sir  .J.-.I.  Thomson,  l'énergie  potentielle 
—  qu'on  peut   supposer  nulle  à   dislance   inlinic    —  a   la   valeur 

Ce  \e  \e 

■}.(t-        a  Kl 

dans   la   position   d'éfjuilihrc.   et   la   valeur 

-4 

■>.a 

à  l'extérieur  du  cône  à  égale  dislance  du  renlre.  l'niir  (pic  1  élec- 
lidu    puisse    lra\crsei'    la    surface    du    cône,    il    laiit    donc    qu  il    ait 

ac([uis    une    \itesse    correspondant    à    uni;    énergie    cinéll(|ue  ^^ — • 

Or,  cette  vitesse  ne  peiil  jaiuais  être  atteinte  dans  une  \iliration 
ï-adiale,  car  les  valeurs  ipie  je  viens  d'indiquer  montrent  que  Télcc- 
tron   s'éloignera  dana   le  cône  à   distance   inliiiie  dès  ((u'il  aura  la 

vitesse    corresixuulaiil    à   une  éiicri;ie    moilié  iiiomdre,    -    .    Uail- 
'  '  t  II 

leurs,  <ui   \iiil    iiumcdiali'iiicnl    qui"   le   Iraxail   nécessaire,  pour  dé- 

placiT   lélrcliini   à    travers   la   surface   tuhniaire,  est  égal  à  celui 

qu  il    faiuliail    |iiiiir   le   piiiler  à   distance   infinie  à   l'intérieur  du 

(  rme  cl    pdiii    II'  laiiiciii  r  ensuite  à  la  dislance  |>rimilivc  du  ciMiIre 

dans   la   rcgnm   où    il   \    a   sciileinciil    la    liuce   rcpulsivc.   t.e  ilerniei' 

(léjilaccnicnl  exige  un  travail  positif  et  le  travail  corres|)(Midant  an 

|>remier    déplaceiiieiil    dnil     donc    être    inférieur    à    l'énergie    (]ue 

l'électrmi   doll    axiur   pour   traverser  la   surface   du    liibe. 

(_)n    iirnl    cssavcr    d  rvilcr    celle    diflicullc    en    ml  rodiiisanl    des 


I  A  siniicTiRi:  Ki:  i.  atomk.  ()i 

forces  ma<^'n<''li(|ucs  (jui  proiltiisnil  im  cliaiifirment  conlinuol 
dans  la  ilirecliou  du  iuou\i>iiR'iit,  mais  il  reslc  à  ilénionlrer  que. 
dans  ces  nouvelles  circonstances,  l'électron  peut  réellement  prendre 
la  vitesse  cpie  lui  suppose  Sir  J.-J.  Thomson. 

Du  reste,  l'hypothèse  proposée  soulève  une  autre  objection, 
de  nature  jilus  •générale.  Ou  peut  considérer  comme  tlémoutré 
i|u"iiii  modèle  dans  lt'(|iicl  tout  se  passe  suixaut  les  lois  de  la  Méca- 
nii[uc  oriliuaire  conduira  à  la  formule  de  Lord  f{avleii;li  |)our  le 
rayonnement  noir.  Comme  le  moilclc  de  Sir  .I.-.I.  Thonisou  ue 
contient  rien  i|ui  soii  incom[)atiblc  avec  les  rèfjlcs  de  la  Méca- 
nique, il  semble  fort  douteux  qu'on  puissi'  en  lircr  la  \  i aie  loi 
ilu  rayonnement  ('). 

M.  Brillouin.  —  La  difliculté  sijinaléc  |)ar  M.  Lorenlz  peut 
être  levée,  à  ce  qu'il  semble,  en  introduisant  des  forces  ([uasi 
visqueuses  très  anisotropes,  l'une  très  intense  suivant  le  rayon, 
l'autre  insii;nifiante  normalement  au  rayon.  Le  mouvcmeul  radial 
de  l'électron  ne  prendrait  jamais  qu'une  amplitude  très  petite, 
même  au  maximum  de  résonance,  tandis  (|uc  le  mouvement 
transverse  par  sinqjle  entraînement,  sans  résonance,  proportionnel 
à  l'amplitude  incidente,  quelle  que  soit  la  période,  pourrait  être 
beaucoup  plus  ample  et  permettre  à  réicctron  de  sortir  laté- 
ralement; mais  les  relations  de  l'émission  ainsi  diitcnuc  avec  les 
propriétés   de   la   source   excitatrice    uc   sont    ifiière   satisfaisantes. 

yi.  Langevi.n.  —  Sir  .I.-.f.  Tlionison  attribue  la  répulsion  en 
raison  inverse  du  cube  de  la  distance  à  un  mouvement  de  rota- 
tion avec  moment  constant  de  quantité  de  mouvement.  D'autre 
part,  il  a])pli([ue  cette  même  loi  de  ré|)ulsion  à  des  parluides 
cathodiques  \'cnant  du  dehors  jxjup  en  déduire  que  lènerjrie 
émise  sous  forme  de  rayons  de  U  inirten  augmente  comme  la  (jua- 
trième  puissance  de  la  vitesse  de  ces  particules.  Est-il  possible 
de  concilier  ces  deux  [loiiits  de  vue  ?  Comment  la  particule  catho- 
di([ue  incidente  pourrait-elle  acquérir  ])ar  rapport  au  centre  de 
l'atome  le  moment  particulier  de  (piantitè  de  mouvement  ipii 
correspond  à  la  constante  M  de  la  loi  île  répulsion  ? 

i  I  Voir  La  théorie  du  rayonnement  el  les  quanta  (Rapports  si  discussions  du 
p.eiiiier  Conseil  de  Physique.  Paris,  lyi'.",  p.  i.>i-I2j). 


<iG  LA    STRUCTURE    DE    I,A    MATIÈRE. 

M.  WooD.  —  Je  voudrais  attirer  l'attention  sur  le  fait  que  là 
«  diiîusion  «  sans  absorption  appréciable,  exigée  par  Sir  Joseph 
Thomson,  a  été  trouvée  dans  le  cas  des  vapeurs  de  mercure  el 
de  sodium.  Si  la  vapeur  de  métal  est  à  très  basse  pression  (disons 
Qmm^ooi),  l'énergie  monochromaticjue  enlevée  au  rayon  incident 
est  complètement  rééniise  ou  difl'usée  par  les  molécules  de  mer- 
cure, sans  changement  de  longueur  d'onde:  si  la  pression  est  élevée 
(une  ou  deux  atmosphères  par  exemple),  une  réflexion  sélective 
remplace  la  réflexion  diiîuse.  Si,  d'un  autre  c(Mé,  la  pression  est 
graduellement  augmentée  ])ai-  l'introduction  d'un  gaz  chimique- 
ment inerte  (hydrogène  ou  azote),  la  diffusion  diminue  propor- 
tionnellement à  l'augmentation  de  pression,  et  est  remplacée  par 
une  véritable  absorption,  dans  laquelle  se  produit  une  transfor- 
mation d'énergie.  11  me  semble  que  cette  différence  entre  l'eifet 
produit  par  la  proximité  de  molécules  semblables  et  celui  prove- 
nant de  la  présence  de  molécides  dissemblables  (azote)  a  quelque 
inqiortance  dans  la  ihéorie  de  l'absorption.  On  trouvera  le  tra- 
vail expérimental  se  rapportant  à  ce  sujet  dans  le  Pliilosopliical 
Magazine  de  1912  (')  et  dans  des  Mémoires  ipii  sont  sur  le  jioint 
d'être  publiés  par  L.  Dunoyer  et   ]iar  nioi-iuèmc. 

M"'^  CcRiE.  -  -  Sur  la  lui  fiimlaincnUtle  des  transformations 
radioactives.  —  Dans  l'étude  de  la  conslilution  des  atomes  qui 
nous  occu])c  en  ce  momenl.  les  phriiiiniiiic-;  de  l;i  radioarl  i\  ilé 
ajiportent  des  moyens  ilinvcsligation  unporlauls.  INiur  se  former 
une  opinion  sni'  la  disliibulion  des  charges  dans  1  attune, 
M.M.  .l.-.l.  I  hiunsiiii  el  Kulhcrford  ulilisenl  les  peil  urbalious 
apportées  dans  la  propagalion  des  rayons  ^  ou  %  par  la  matière 
que  traversent  ces  raycuis.  Ou  est  ainsi  contluit  à  des  conclusions 
impoilantes  relali\emenl  au  nombre  des  éleelrous  dans  l'aloine 
(loul  ;mi  miiiii>  (■{■lui  di'S  éleel  l'ous  ji^riphéniiues)  el  à  la  eonre|>- 
I  ion  d'un  noyau  eeiihal  posilil  de  petites  dimensions  enloiiré 
d'une  distribution  déleelrons.  IJi  ee  qui  concerne  les  relatii>iis 
entre  la  structure  des  atonies  de  diverses  espèces,  les  phénoniènos 
bien    établis    de    I  r;i  n^l(irin.il  ions    radioactives    nous    e(m(liii--eiil    à 


(')  WooD,  Sélective  rellexion,  snUleriir^  unit  ati.iiirplinii   l>ii  1  <'\(iii(i/iii,s  s;as 
molécules  {Phil.  Mag.,  0" série,  1.  ,\.\lll,  i;)!.»,  p.  r>s<)). 


I.A  STmiTini;  dk  i. atomk. 


admettre  tjiie  l'atome  d'Iiéliiiin  coiistil  ne  riitii>  di's  pierres  angu- 
laires  de  l'édilu'e  :ili)nii<|iif  pour  einirtiti  >.n  atomes  radioactifs 
et.  prol)al>lcmenl,  pour  les  atomes  eu  jjéiu'-ral.  Il  est,  par  exemple, 
très  remaripiahle  ipie  dans  les  I  r;iiisformatioiis  siiceessives  tl'uu 
atome  d  une  substance  telle  cpie  l'uranium,  la  séparation  iliiii 
atonie  iriiélium  se  produit  à  jilusieurs  reprises,  indi(|naul  que 
les  atomes  d'hélium  constituent  des  groupements  qui  existent 
dans  l'atome  primitif  avec  une  certaine  indépendance.  Ou  peut 
espérer  que,  grâce  à  leur  caractère  strictement  atomiipie,  les 
|)liénomèni's  radioactifs  se  niontreronl  aptes  à  nous  renseigner 
<le   plus  en   plus   sur  la   structure   des  atomes. 

Actuellement,  je  me  pro|)Ose  d'attirer  votre  at  tenlimi  sur  un 
côté  de  la  question  fpii  n'a  pas  encore  été  envisage  »lans  cette 
réunion  et  (pii  cependant  est  en  liaison  étroite  avec  la  (pieslion 
de  la  constitution  des  atomes,  .le  veux  parler  des  réfle.xions  (pn 
])euvent  être  suggérées  par  la  loi  joiulamenlaJc  di's  Iransjormutions 
ruiliodcin'cs. 

Celle  loi  exponentielle  est  bien  connne:  elle  a  été  ilécoineric 
|)ar  re.xpérience  et  sert  de  base  à  la  théorie  des  transformations 
radioactives.  I^lle  dit  que  si  X„  atomes  d'une  substance  radio- 
aclixe  sini|iic  existi-nl  au  temps  n.  le  niinibie  N  ilr  ces  atomes 
présents  au   lenqis  /   est    donné   ])ar   la    fornnde 

N  =  .\„e-"", 

où  A  est  une  constante  caractéristique  de  la  substance  consi- 
dérée,  nommée  sa   conslanle.   radioartis't'.    Ui\    pcnl    aussi   écrire 

,/\  =  —  A  N„  e  "*'  i/t  =  —  A  N  (/t. 

Le  nondire  des  atomes  transformés  dans  rinlervalle  de  temps  dt 
rapjjorté  à  l'unité  de  temps  est  une  fraction  déterminée  du 
nombre  d'atomes  |)résent.  Ainsi  ((u'il  a  souvent  été  remarqué, 
<-ette  loi,  qui  est  également  observée  dans  (piebpies  transfor- 
mations chimiques  (transformations  monomolécidaires  irréver- 
sibles), exprime  seulement  ce  fait  que  la  |ir(d)al)illlé  de  la  trans- 
formation est,  à  un  moment  doniM',  la  mémt;  |)our  tous  les  atomes 
considérés,  (^esl  donc  une  loi  slatistiipie  qui  s'appliipie  il'autant 
plus  exactement    ((ue  le  nombre  des  atomes  mis  en  jeu  est  [dus 


G8  LA   SiniCTlRE    DE    l.\    MATI^nE. 

grand,  et  à  partir  de  laquelle  on  peut  prévoir  des  écarts  dont  la 
distribution  peut  être  soumise  au  calcul.  La  loi  moyenne  a  été 
vérifiée  surtout  avec  une  grande  approximation  dans  le  cas  de 
l'émanation  du  radium;  le  rapport  de  la  quantité  initiale  à  la 
quantité  finale  dans  certaines  expériences  était  de  l'ordre  lo"  et 
davantage.  La  loi  de  distribution  des  écarts  a  été  vérifiée  sur 
l'émission  des  particules  y.  du  radium  et   du  polonium. 

La  loi  exponentielle  dont  il  s'agit  est  d'une  importance  fonda- 
mentale. On  peut  en  chercher  une  interprétation.  Celle-ci  résul- 
terait immédiatement  si  l'on  admettait  que  la  transformation 
d"un  atonie  est  déterminée  par  une  sorte  de  mécanisme  de  déclan- 
chement  qui  dépend  d'une  cause  extérieure  à  l'atome.  On  pour- 
rait concevoir  en  ce  cas  que,  parmi  tous  les  atonies,  ceux  qui  se 
transforment  à  un  moment  donné  sont  ceux  cjui  se  trouvent  par 
rapport  à  l'action  de  cette  cause  extérieure  dans  une  position  par- 
culièrement  favorable.  Si  le  nombre  des  atomes  est  grand,  l'agi- 
tation thermique  pourra  fournir  les  conditions  suffisantes  pour 
que  la  loi  du  hasard  s'applique  à  l'action  efficace  de  la  cause 
extérieure  sur  l'ensemble  des  atonies. 

Cette  interprétation  est  simple.  Mais  comme,  jusipi'à  présent, 
il  a  été  impossible  d'observer  une  influence  des  causes  extérieures 
sur  les  transformations  radioactives,  l'iiyiiothèse  qui  fait  inter- 
venir de  telles  causes  manque  de  tout  a]ipui  expérimental. 

Si  l'on  renonce  à  faire  intervenir  des  causes  extérieures,  il  devient 
difficile  de  concevoir  un  mécanisme  conduisant  à  la  \o\  exponen- 
tielle. Si  la  cause  tic  transformation  d'un  atome  déterminé  n'est 
pas  hors  de  cet  atome,  elle  doit  lui  être  intérieure.  K\  puis(pu». 
[lariiu  iiii  giauil  iioiulirc  d  alonics  |>iéseiits,  <(Mlaiiis  se  détrui- 
ront aussitôt,  tandis  (pie  d'autre^  pourront  exister  |icndant  un 
temps  très  long,  il  n'est  plus  possible  de  c(uisiilérer  comme  eiiliè- 
rement  semblables  lous  ces  atomes  (Tune  même  substance  simple, 
mais  on  dtiil  adincl  I  ic  (pic  la  ddïéreine  de  leurs  destinées  est  déler- 
iniuée  ]iar  les  diiféreuces  intlixiduelles.  Inc  nou\'elle  difficulté  se 
présciilc  alors  ;  les  dill'éreni'cs  ([ue  nous  ferons  intervenir  doivent 
èlri'  (le  Icllc  iialiiic  i|uc'lles  ne  [luissenl  délerminer  ce  ipic 
l'iMi  |ii'iil  iKiiimiri-  le  i'icillix}iriiicnl  de  la  substance;  elles  (loivenl 
rirr  icllcs  (|iir  la  |ii  ohaliilil  é  i>our  qunn  atome  dure  encore  un 
lrin|is    donne    soit    indépendante    dn    temps    pcndani    ictpiel    il    a 


I.V    STRLiTlRi:    IIK    I.ATOMi:..  Cm) 

déjà  existe.'   loiilt'  llu'oric'  de  la  slnicliiri'  des  al omes  devra  irni- 
]ilir  l'eltf  l'orulilioii  si  l'on  se  j>la<e  îiii  |i(>iiil  de  vue  précéilciil . 

.le  suis  ainsi  amenée  à  i)arler  il'mie  liypollièse  faite  ))ai'  M.  i)e- 
liieiiie  |i(iiir  salislaire  à  cette  condition.  M.  1  )il)i('riie  l'ail  ifiiiar- 
<|uer  «[lie,  ilans  le  eas  tl'une  réaelion  niononioléeulaire  eliiniiciiie 
irréversible,  e'est  ra<ïitation  thernii(|ne  (pii  assure  la  constance 
de  la  prohabililé  de  destruction  duiir  iiniléeule  individuelle. 
Klle  constitue  l'élément  de  désordre  qui  renouvelle,  constam- 
ment, i)ar  l'intermédiaire  des  chocs,  l'état  des  molécules;  elle 
est  donc  la  cause  réelle  de  la  forme  cxiionentiellc  de  la  loi  de  des- 
truction. On  coin|M(iul  ainsi  pinir([mpi  les  variations  de  tempé- 
rature influencent  fortement   la  \itesse  de  transformai  ion. 

Il  n"en  est  pas  de  même  jiour  les  transformations  radioactives 
<|ui  ne  semblent  pas  influencées  par  la  température.  Nous  avons 
récemment  montré,  M.  Kamerlingh  Onnes  et  moi,  qu'à  la  tem- 
pérature de  riiydrogène  li([uide,  le  rayonnement  du  radium  n'est 
pas  modifié  à  la  ])récision  de  i  pour  oooo.  C'est  donc  à  cette 
même  précision  i|ue  la  \ilesse  de  dcsl  nu  lion  tlii  radium  doit 
être  considérée  comme  constante  dans  ces  limites  de  tempéra- 
ture. 

L'absence  de  Imilr  influence  de  la  lem|)éialnre  sur  les  trans- 
formations radioactives  obliije  à  chercher  à  l'intérieur  de  l'atome 
l'élément  de  désordre  nécessaire  ])our  expli(|iier  l'application  d'une 
loi  de  hasard. 

M.  Debierne  suppose  que  chaipie  atome  passe  dans  un  petit 
intervalle  de  temps  par  un  ijrand  nombre  d'états  différents,  mais 
que  l'état  moyen  reste  conslani  et  indépendant  des  circonstances 
extérieures.  Il  en  résulte  (pie  les  propriétés  sont  exactement  les 
mêmes  en  moyenne  pour  tous  les  atomes  d'une  même  espèce. 
M.  Debierne  pense  ((ue  pour  réaliser  cette  succession  d'états  variables 
avec  probabilité  constante  de  destruction,  il  est  nécessaire  d'ad- 
mettre une  grande  complexité  de  la  structure  intérieure  des  atomes, 
ceux-ci  étant  composés  d'un  grand  nombre  d'éléments  doués  de 
inouvemenis  désordonnés.  Celle  agitation  intra-atomiqne  déter- 
minerait de  temps  en  temps  un  état  instable  suivi  de  la  transfor- 
mation de  l'atome.  Klle  doit  èlre  considérée  comme  indépendante 
du  mouvement  général  d'agitation  moléculaire,  c'est-à-dire  de  la 
température. 


LA    STRlT.TinE    DE    I.A    MATIEHK. 


L'agitation  intra-atomique  est  localisée,  selon  M.  Debierne,  dans 
la  [larlie  centrale  de  l'atome,  le  noyau  central  qui  constitue  la  partie 
la  plus  importante  de  l'atome,  el  M.  Dehierue  pense  (pi'on  ])Ourrail 
peut-être  déliuir  une  sorte  de  température  interne  ilc  lalome  beau- 
coup plus  élevée  que  la  température  extérieure,  conformément  à  ce 
t'ait  que  les  vitesses  des  constituants  du  noyau  central  doivent  être 
très  élevées,  à  en  juger  par  la  vitesse  des  projectiles  expulsés  par 
l'atome  lors  des  transformations  radioactives.  La  région  externe 
de  l'atome  esl  occu])ée  |)ar  des  électrons  iiéripliéri([ues  dont  les 
vitesses  sont  beaucoup  moins  élevées.- 

Le  désordre  intra-atomiipic  dciit  cire  ilune  nature  parliculière. 
On  a  des  raisons  jiour  croire  (pie  les  atomes  d'une  même  substance 
ne  peuvent  être  très  différents  ;  c'est  ainsi  que  les  particules  a  expul- 
sées par  les  atomes  radioactifs  d'une  même  espèce  ont  des  vitesses 
initiales  égales  à  la  précision  près  îles  expériences.  Il  faut  donc 
supposer  f|ue  les  écarts  à  partir  duii  état  moyeu  sont  petits, 
mais  absolument  irréguliers. 

On  jiDurrail  ainsi  supposer  tpu'  létal  inti'a-atiiuuquc  u  est  pas 
absolument  indépendant  des  causes  extérieiues  et  de  1  agitation 
moléculaire  cl  (pi'un  écbangc  déncrgie  se  produise  dans  une  très 
faible  mesure,  bien  que  ci'la  n'ait  [)u  encore  être  c(uistaté  par 
l'expérience.  La  possibilité  d'influencer  les  transfoiuia lions  radio- 
actives ne  serait  ])as  alors  conqilètemcnt  exclue. 

^L  Debierne  fait  aussi  rcmar(|uer  (ju'unc  iclatiou  iemar(puil)le 
a  été  élalilir  |iai-  M.  (iciger  entre  les  cousiantes  railioadivcs  des 
éléments  radioactifs  el  les  |)arcours  tles  pari  Irulcs  a  expulsées 
lors  des  transformations  correspondantes.  Les  logaril limes  des 
constantes  radioactives  sont  proportionnels  aux  logarithmes  des 
parcours.  Il  revient  au  même  de  dire  que  la  |ir<i|iabililé  de  la  des- 
truction d'un  atonu-  iluiie  certaine  espèce  est  reliée  par  une  relation 
sim|ilc  à  la  vitesse  d Cxpulsiou  des  particules  y.,  (.elle  relation  est 
la  pi'iinièrr  que  I  nu  ail  I  rou\  ce  |ioui'  la  cinélnpic  de  l'atome. 

.le  nenireiai  pas  dans  >l  autres  considérations  générales  dévelop- 
])écs  |)ar  .M.  Debierne  relalivemeni  à  la  slinu'tnre  des  atomes,  car 
elles  sont  très  analogues  à  celles  (pii  ont  déjà  trouvé  place  dans  lu 
discussion. 

•le  crois  seulement  intéressant  d'insister  sur  l'idée  d'un  désordre 
intra-atonn<|ue.  On  peut  se  demander  si  la  réalisation  tic  celui-ci 


I.A  sTBfcTfRi;  ni:  i,  vtomi:.  71 

iinpliquo  nécessiiiii'iiii-iil  uni'  striiiUiiT  ('oin|)liqiiée  déterminéo  p.'ir 
lin  irraïul  nombre  de  |>aiain('li'os,  cl  si  \v  iiii'mc  résultat  ne  pourrait 
être  (il)t("nn  a\('i'  une  siriulurc  at()iiii(pi('  assez  simple,  le  fj^rand 
iionihre  des  aliimes  ml  rMiliii>anl  si'ul  hi  Icu  du  liasard.  l/ima<.'e 
suivante  |iermel  de  se  reiulre  eomple  i\r  rr  <|iie  jeulends  par  là. 
Iniafjinons  une  midéinle  ipu  esl  mcd>ilr  à  l'iatérieur  d'une  boîte 
munie  d'une  petite  oiiverlnre.  (hiaïul  la  moléeide.  au  cours  de  son 
mouvement,  rencontrera  l'ouverture,  elle  sortira  de  la  boîte  et 
le  système  sera  profondément  modifié.  Si  nous  disposons  d'un 
grand  nombre  de  boîtes  contenant  chacune  une  molécule,  et  si  les 
vitesses  et  les  positions  initiales  des  molécules  sont  différentes,  il 
jiourra  peut-être  arriver  (pie  le  phénomène  de  sortie  des  molécules 
paraîtra  ré<.'i  par  la  loi  du  hasaril.  bien  ([u'il  s'agisse  de  systèmes 
de  constitiiliiiii  nlali\ cment  simple. 

M.  Ner.nst.  —  A  vrai  dire,  dapiès  la  théorie  de  IManrk.  ou  ne 
doit  pas  s'attendre  à  trouver  une  influence  de  la  température  sur  la 
vitesse  de  la  désa<rréj;ation  radioaclixe  aux  basses  températures; 
mais  au.v  températures  très  élevées  il  devrait  s'en  manifester  une. 
notamment  dès  ([uc  les  (pianlités  d'énergie  absorbées  par  l'atome 
même  (non  par  sa  rotation)  sont  coniiiieiisurables  avec  l'énergie 
des  particules  x. 

M.  Rltheukoiu).  —  .le  suis  tout  à  l'ait  tl'accord  avec  la  manière 
de  voir  générale  de  .M™^  Curie  et  du  l)""  Uebierne  ((ue  la  preuve 
déduite  de  l'étude  des  transformations  radioactives  jette  une 
forte  lumière  sur  le  problème  de  la  constitution  des  atomes.  Au 
sujej  de  la  théorie  du  noyau  atomi((ne,  il  en  résulte  nécessaire 
ment  ipie  la  dislriiïul  ion  élcct  ninicpie  extérieure,  c'est-à-dire  le 
sNstème  tics  électrons  périphéii(pies.  intervient  seule  dans  les  phé- 
nomènes physiques  et  chimiques  ordinaires,  tandis  cpie  les  transfor- 
mations radioactives  ont  Inif  origine  dans  le  noyau  de  l'atome. 
La  loi  de  la  transformation  radioactive,  universelle  |)onr  toutes 
les  substaïues  radioactives,  paraît  ne  pouvoir  être  expliquée  que 
comme  une  consécpuînce  générale  de  troubles  fortuits  dans  le  noyau, 
conformément  aux  lois  de  probabilité.  .Mais,  dans  l'état  actuel  de  nos 
connaissances,  il  ne  paraît  pas  |)ossible  de  se  former  une  idée  bien 
nette  quant  à  la  conslilution  du  noyau  atomique  même,  ni  des 
causes  (pii  conduisent  ù  sa  désintégration. 


72  I.A   STRltTinE    DE    l.A    MATIKRE. 

M.  RuBENS.  —  Les  grandes  quantités  d'hélinm  qu'on  observe 
sur  le  Soleil  et  beaucoup  d'étoiles  fixes  paraissent  tout  de  même 
indiquer  une  influence  des  températures  très  élevées  sur  la  désa- 
grégation radioactive  de  l'atome.  La  température  à  la  surface  du 
Soleil  n'est,  il  est  vrai,  que  de  6000°,  mais  à  l'intérieur  les  tempé- 
ratures sont  sans  aucun  doute  beaucoup  plus  hautes  et  proba- 
blement d'un  tout  autre  ordre  de  grandeur.  D'ailleurs,  à  côté  du 
mouvement  thermique  désordonné,  des  mouvements  ordonnés  à 
vitesse  inouïe,  comme  il  s'en  présente  probablement  dans  les  pro- 
tubérances, peuvent  jouer  ici  un  rôle.  On  pourrait  se  figurer  que, 
dans  de  pareilles  conditions,  même  les  atomes  des  substances,  qui 
dans  nos  laboratoires  ne  sont  pas  radioactives,  se  désagrègent. 

^L  Langeviin.  —  Il  me  semble  intèressani  de  se  ileniander  tlans 
quelle  mesure  la  loi  de  probabilité,  suivie  par  les  transformations, 
exige,  conxiTie  le  pense  M.  Debierne,  une  structure  complexe  pour 
chaque  atome  individuellement,  et  implique  la  nécessité  d'un 
grand  nombre  do  paramètres  pour  fixer  la  configuration  d'un 
atome.  Dans  un  cas  aussi  simple  que  celui  du  jiroblème  des  trois 
corps,  la  forme  des  trajectoires  est  déjà  1res  complexe.  Comme 
]";i  montre  lliiul  Poincaré,  à  rexclusiou  de  cas  exceptionnels 
de  prol)ai)ililé  ludle.  une  trajectoire  quclcon([uc  tourne  indéfi- 
niment, s'approche  de  solutions  asymptoliipics  ]iour  s'en  éloigner 
ensuite  et  présente  l'aspect  d'un  fil  ]ielolonné.  On  n'aurait  pas 
besoin  d"auL;uiciilcr  beaucoup  le  unnilirc  tic  tiegrés  de  liberté  du 
svstème  pour  a\ou'  le  droit  dapiihcpicr  le  postulai  ilc  Maxwell  : 
chaque  atome,  jiarti  d'une  innligili  almn  iiiilialc  (pielcompie, 
piMMia  passer,  au  cours  du  temps,  aussi  près  (piou  le  Muuira 
<rniie  iiiuliguration  donnée,  iclle,  par  cxcin|)le,  qui  iicrmet  la 
(loi  Miel  iiui  spontanée.  l*eut-oTi  se  dcmanih'r  quel  serait  le  nombre 
iiiiiiiinuMi  de  degrés  île  liberté  néeessaiie  pour  <pie  la  loi  du  hasard 
soit  suInIc  au  degré  de  jirécision  (|ue  ilniiiient  h-s  expériences? 
Il  sullirait  pai'  exemiile  d'admetlic  que  hi  distribution  en  ]>hase 
initiale  des  divers  atomes  est  sensiblement  uniformi»  sur  la  surface 
d'énergie  conslanie  si  I  ou  \enl  siipposeï'  à  tous  lis  aloines  une 
Tnènie    éuei'gie  luleriie. 

M.  iSiiii.i.ouiN.  —  La  remarque  (le  M.  Nerusl  iiaraît  extrêmement 


I\    STIlIcriRK    IIK    LATOMi;.  ;( 

inléressanlc.  Si  rinflueiii-e  tie  la  teMi|)(  rai  un-,  nulle  au-tlcssiiiis 
d'iiiu'  ccrlaine  liinllc,  croît  «'xlrr'incincnl  vite  ilrs  (|in'  rette  limite 
est  ilépassée,  il  y  a  surtout  intérêt  à  opérer  à  très  haute  lenipc- 
rature:  il  srinlilc  ((u du  |iiMiriail  essayer  d  eiilcrmer  un  -élénieril 
radioactif  à  très  courte  vie  dans  mu'  l)ond)e  contenant  un  mélange 
explosif,  mesurer  N,,,  produire  rcxplosioii,  mesurer  de  nouveau  N^, 
aussitôt  après  refroitlissement.  Si  une  haute  température  influe  sur 
la  vie  moyenne,  la  dis|)arition  plus  rapide  pendant  que  la  tempé- 
rature est  |)lus  élevée  se  traduira  par  une  différence  entre  N„  après 
et  N„  avant.  Je  ne  sais  pas  d'ailleurs  si  la  réalisation  d'un  tel  plan 
d'expérience  ne  se  heurterait  pas  à  des  dilTieultés  considérables. 

M™®  CviîiE.  —  On  ne  s'attend  qu'à  de  très  petits  ellcts  et  Ton 
cherche  à  les  mettre  en  évidence  par  des  méthodes  de  compen- 
sation. 

M.  WiK.N.  —  A  mon  a\is,  on  ne  jicul  s  attendre  à  lrou\cr  une 
influence  de  la  tempérai  ure  sur  les  processus  radioacl  ils  que  lois(|ui' 
la  température  est  tellcnieni  él('\éc,  (|ue  la  force  viv  emoyenne  des 
atonies,  i)rovenaiit  du  nmuvenient  thcrmi([uc,  devient  comparable 
à  la  force  vive  des  rayons  corpusculaires.  D'après  cela,  on  devrait 
s'attendre  à  trouver  une  influence  de  la  température  en  premier 
lieu  dans  les  transformations  radioactives  où  se  présentent  des 
rayons  [3  à  faible  vitesse. 

M.  Li.NDK.MANN.  — Aiusi  (pic  Ic  profcsscur  Nernst  l'a  fait  remor- 
<pier,  l'émission  d'une  particule  ^  à  vitesse  lo'"  correspondrait  à 
un  quantum  de  5.io~'.   Des  degrés  de  liberté  dont  le  quantum 

serait  de  cet  ordre  ne  varieraient  avec   la  température  que  si  -Ty^, 

était  de  l'ordre  ilc  Innilé,  c"est-à-tlire  si  T  était  de  l'ordre  .^.lO*. 
Le  seul  moyen  de  jiorter  des  substances  radioactives  à  des  tempé- 
ratures de  cet  ordre  serait  de  donner  une  très  haute  vitesse  aux 
atonies  radioactifs  dans  un  tube  à  rayons  positifs  et  de  les  laisser 
frapper  un  solide  ou  de  bombarder  le  matériel  radioactif  au  moyen 
de  rayons  positifs  ou  de  rayons  cathodiijues.  Les  expériences  de 
Sir  .Joseph  'riiomson  ou  de  Sir  William  Ramsay,  oii  il  serait  fait 
usage  de  cette  dernière  méthode  avec  des  matériaux  non  radio- 


74  •  V    STmcTtRK    IlE    \.\    MATIKRE. 

actifs,  pourraient  peut-être  nous  conduire  à  prévoir  une  aucrmen- 
tatiou  considérable  de  l'activité  des  matériaux  radioactifs. 
L'objection  que  du  radium  en  équilibre  avec  de  l'émanatioTi  n'est 
pas  affecté  par  le  bombardement  de  particules  y.  serait  réfutée 
))ar  le  fait  que  la  probabilité  de  la  rencontre  dune  particule  a 
avec  un  atonie  de  radium  au  moment  où  il  est  dans  les  conditions 
voulues  poiu'  se  désagréger  est  petite,  eu  égard  au  petit  nombre  de 
particules  a  en  comparaison  du  nombre  de  rayons  canaux  ou 
catbodiques  aisément  produits  dans  un  tube  à  vide. 


LES   PHENOMENES   li'IiNTEUFEHENCES 

DKS  MAVONS  1)1-:  lîONTliKN 

l'iSiiliLITS  l'Ali  I.E  ItKSEM    riillHMK.XSKiWL  DES  ClilSTAlX; 

I'ar  m.  V.   LAI  K. 


INTRODUCTION. 

Depuis  plus  de  Go  ans  existe  eu  ciishilld^.'iiipluf  hi  lliéonc  d  après 
laipiolle  la  diirércncp  essentielle  entre  les  étals  erislalliii  et  solide, 
amorpiie  eoiisiste  en  ccei  (pie.  dans  le  premier  étal,  les  atonies  ou  les 
molécules  sont  groupés  sui\  anl  des  réseaux  dans  l'espace.  .Vu  délml , 
cel>c  théorie  était  surtout  l'ontlée  sur  les  propriétés  de  ratifuialité 
bien  connues  des  eristau.x,  puis  encore  ap|)U\ée  par  certaines  ciuisi- 
dérations  sur  le  eli\a<re.  .Mais  il  ne  pousail  être  ((uestion  d'une 
vérification  immédiate,  sous  le  microscope  par  exemple,  aussi 
loiin;lemps  que  pour  toutes  les  vibrations  électromafjnéliques  dont 
on  pouvait  disposer,  la  plus  petite  l()n;:;ueur  d'onde  était  du  inènic 
ordre  de  grandeur  (lo  •'  cm)  (pie  dans  la  lumière  \isilile.  Car.  liitn 
i(ue  les  constantes  des  réseau.x  ciislailins  ne  puissent  encore  èdc 
établies  en  aucun  cas  d'une  façon  cerlaine,  on  [leiit  néanmoins 
déduire  de  la  densité,  du  poids  moléiidaire  des  cristaux  et  du  nombre 
des  atomes  par  atome-gramme  (pie  leur  ordre  de  grandeur  doit  être 
lo  "  cm.  Pour  la  lumière  visible  et  toutes  les  radiations  à  oiules  plus 
longues,  les  cristaux  smit,  dans  ces  condi lions,  des  milieux  conlinus. 

Cet  état  de  choses  ne  se  modilia  (pic  Imsipruii  reiimiuil  dans  les 
rayons  Rrinigen  un  rayoniiemenl  à  ondes  lieaiuoiip  |)lus  courtes. 
Les  mesures  de  dilTraclion  de  llaga  el  Wind,  W'aller  et  l'olil,  ainsi 
(|ue  les  estimations  de  la  longueur  d'cuule  d'aiirès  le  mode  de  géné- 
ral ion  de  ces  rayons  conduisirent  à  un  (U'dre  de  grandeiirde  lo  '■'  cm. 
Pour  de  pareilles  ondes,  des  réseaux  à  constantes  de  l'ordre  lo  " 
conviendraient  exactement:  le  fait  que,  dans  les  Cristaux,  on  a  affaire 


70  i.A  sTRicTiiti:  iiK  i.A  :MATir;Ri:. 

non  pas  à  des  réseaux  à  périodicité  simple,  comme  en  optique,  mais 
à  des  réseaux  dans  l'espace  à  triple  périodicité,  doit  évidemment 
avoir  une  influence  sur  les  phénomènes  de  diffraction,  mais  ne 
peut  pas  empêcher  leur  production. 

Telles  furent  les  considérations  qui  conduisirent  aux  expériences 
de  Friedrich  et  Knipping,  dans  lesquelles  un  faisceau  de  rayons 
Rcintgen  fut  lancé  à  travers  un  cristal  et  les  spectres  de  réseau 
dilTractés  furent  reçus  sur  une  plaque  photographique  placée  der- 
rière. Vous  savez  que  le  résultat  fut  inattendu  au  point  de  vue  de  sa 
beauté  et  de  sa  simplicité  relative.  Un  grand  nombre  d'autres 
recherches  vinrent  s'y  attacher,  de  sorte  que  déjà  maintenant, 
une  année  et  demie  après  la  preinière  épreuve  de  cette  espèce,  nous 
disi:)OSons  d'une  riche  moisson  de  doiuiées.  J'ai  l'honneur  d'avoir 
été  chargé  de  vous  donner  ici  un  aperçu  de  ces  recherches  et  comme, 
malgré  cjuelques  points  encore  restés  obscurs,  la  théorie  a  montré 
son  utilité  pour  diriger  les  recherches  et  y  mettre  de  l'ordre,  vous 
me  permettrez  de  commencer  par  développer  cette  théorie. 

PREMIÉHE  PARTIE. 

I.  Théorie  générale.  —  Nous  déterminerons  le  lieu  du  «  centre  » 
d'un  atome  dans  le  réseau  à  trois  dimensions  par  les  coordonnées 
rectangulaires  .r,  y,  z,  dont  le  système  d'axes  est  orienté  de  façon 
([uelconque  et  dont  l'origine  est  placée  au  centre  d'un  atome  qucl- 
C(in(|ue  de  la  parlic  irradiée  du  réseau.  .Nous  su|)i)oserons  d'abord 
ipic  le  réseau  appartient  au  type  le  i)lus  général,  triclinicpie,  dans 
lesquel  les  arcles  du  parallélé])ipè(l('  éléiucnlauc.  nqirésenté  ici 
par  les  trois  vecteurs,  0,,  lU,  il;,,  ont  des  longueurs  et  des  direc- 
tions quelconques.  Les  coordonnées  des  centres  des  atomes  ou, 
pour  abréger,  des  atomes  etix-mènies.  sont  alors 

!    .)■  =  «i|U|.r-+-  '»;llj,i-    •     "':iil;i.r. 

(i)  y  —  «i|"i.>-(-  /".lljj  -H  /"Sllsy, 

'    C   ==  «1,11].  ■+-  II), a,.  -+-  «Ijlla;, 

dû  III,.  111^.  III,  soiil  des  riiunbrcs  cnllcrs.  ])(>silifs  ou  négatifs  (zéro 
inchisivenienl).  numérotant  l'alomi'. 

Mous  considérfriuis  le  ravoiuicuicnl  nindcul  idinnic  un  système 
d'ondes  plaïu's  cl    de   \il)ratiiins  suuisoïdalcs.   (.haquc  atome  est 


LES    PHKXOSIENKS    II  IN TEnKKRENCKS    DES    B.WOXS    DE    RONTOEX.  77 

alors  le  point  de  départ   d'une  onde  spliériciue,   qu'à  une  ^laiidr 
distance  r  nous  pouvons  représenter  par 

ft  'ihr 

>r 

/• 

La  fond  11)11  M'.  (|iii  (lr|iriiil  lie  la  lciii;^iiriii'  il  imde  /,,  des  eosiinis 
de  direction  {x„,  [îo,  Y")  ^'i'  rayon  incident  et  des  cosinus  de  direction 
(«,  p,  y)  du  rayon  vecteur  de  l'atome  à  l'origine,  mais  ne  dépetid 
plus  de  r,  nous  la  laissons  provisoirement  indéterminée  :  plus 
tard  nous  aurons  à  en  parlei'  iniiiiui'iiicnt.  Si  l'on  étend  alors 
à  des  réseaux  dans  l'espace  la  llicoMc  ordiruiire  des  réseaux,  on 
trouve,  (|u"cn  un  point  inliniinenl  éloigné,  rinlensité  de  la  vibration 
résultante  est  proportiouniHc  à 

.     sln»M,.\|  siii'MjAj  slnîMiAs 


siii-  -  \|     sin-  -  \,     siii-  -  \3 


où  l'on  a  posé  pour  abréger 


■j 


Ai  =  ^"  [ai.r(ï  —  ïu)  +  «o'  ?  —  h)  -^  "i:fV  —  ■.'"'>]. 


/. 


Nous  avons  fait,  pour  arriver  là,  la  supposition,  sans  importance 
pour  ce  qui  va  suivre,  que  la  partie  irradiée  du  cristal  est  un  parallé- 
lépipède dont  les  côtés  ont  les  longueurs  2M1  a,,  2Mjaj,  y.Maa;,. 
Indépendaninient  de  celte  hypothèse,  on  |)eut  dire  (pi'une  intensité 
ufilablf  ne  peut  être  attendue  (pie  là  où  les  trois  ([uotients  de  sinus 
siiul  au  moins  approximativement  des  maxiiiia  iirincipaux,  c'est- 
à-dire  là  où  les  équations 

.    \i  =  y.//|-       011        „|^(a_  2„)  _n|j.([3  _  |3„) -u  „,.(-.- Y„)  = /(,/., 
•l'i       \j=i/(j-       011       a.xi'J-  —  i„)-^-a.y('j  —  %) -^  Aîz('(  —  "0)  =  h  tî; 

'     \,=   j./l,.T.  ou  Il3.r(3l  —   a,))  -l-a3v(?  —  3o)  -+-  «.lïCV  —  Yo)  =  /':)''■ 

sont  vérillées  avec  des  valeurs  entières  tic  /i,,  //j  et  /;,. 

2.  Conxéqiii'nrcx  iièiu-rales.  —  Nous  allons  transformer  ces  équa- 
tions en  introduisant  dans  les  directions  a»,  jîoi  Y»  ^^  *'  P'  Y  't'^' 
vecteurs  unités  S„  et  S,  dont  les  composantes  sont  données  par  les 
cosinus    de    direction     correspondants    eux-mêmes.     Ainsi     nous 


78  i.A  STHUCTIRK  Dr:  la  AUTiKnr. 

déduisons  de  (a) 

/     («1,   9  —  3„)  —  /(,),. 

(3)  '  (a,,  s  —  5„  I  =  //,/.. 

(   (a.),  s  —  5„  )  =  /<:,),. 

Si  nous  introduisons  le  vecteur  I)  défini  par 

(4)  (iiil))  = /'!''■         irt.l)  )  = //,),,         (  11,1)  I  = /(jX. 
il  vient  nécessairement  et  sans  indétermination 

(5)  5  —  s„=b. 

('-onime  le  produit  scalaire 

(iii  .a  I  =  «1  C()s(ii|.  s  ;, 

la  première  des  équations  (3)  est  vérifiée  pour  des  valeurs  déter- 
minées de  l'angle  (il,,  S)  formé  jiar  il,  et  S,  c'est-à-dire  sur  un 
faisceau  île  cônes  circidaires  ayant  le  \ccleur  i),  comme  axe.  Une 
chose  analogue  piiil  rlic  ililc  des  deux  aulrcs  ccpialious.  On  peul 
donc  prévoir  un  maxinuim  d'interférence  là  où  les  trois  fais- 
ceaux de  cônes,  tracés  à  partir  du  nichie  point  comme  sommet, 
ont  une  droite  commune.  Pour  une  lonifueur  d'onde  déterminée  a. 
ce  n'est  évidemment  qu'exceptionnellement  (pie  cette  circon- 
stance sera  exadcinent  réalisée,  mais  on  peut  jirévoir  que  ce  n'est 
pas  une  vérification  niatliématiqucmcnl  exacte  ijui  importe, 
mais  simplement  une  vérification  appioilicc:  nous  y  revien- 
drons plus  loin.  Comme  première  corilirmalion  de  la  théorie, 
nous  ferons  remar(|uer  que,  sur  loulcs  les  pholoi^raphies  d'inter- 
férences, les  points  d'iulcrférences  pcu\cnl  elfectiveinent  être  rangés 
suivant  des  systèmes  de  sections  coniques  interrompues.  Dans  divers 
ras,  par  exemple  p(uir  le  sulfate  «le  nickel,  une  pareille  coordination 
s'impose  à  l'œil. 

La  subdivision  «lu  réseau  trldimcusioiiai  en  |iarallclcpipcdes 
élémentaires  peul  toujours  être  faite  d'une  infinité  de  façons. 
Cela  i(\  ii'ul  à  sitlisliluer  aux  trois  xcclcnrs  il,.  lU,  il,  trois  autres  : 

n',  —  a,'  «1  -+-  a ,*  a^  -i- 1 ,■* ' O;,. 
n',  =  «'5>'ii,-i-  aj"n,-t-a,"û,, 
«'■.  =  «s"'ii-+-«',"rtï-i-  =t?'«3  : 


l.i;S    l-IIÉNOMKNËS    II  INTERKKRKM'KS    IIKS    BAVONS    DK    IliiNKiKN.  7'! 

les  coellicients  a^''  sont  entiers  cl  leur  déloruiinant  A  a  la 
valeur  i,  puisque  les  grandeurs  des  parallélépipèdes  construits 
sur  rt|,  Uj,  iV,  et  A\,  H,,  ilj  doivent  être  é>;ales.  L'é<;alité  d'impor- 
tance du  système  de  vecteurs  munis  d'accents  el  de  laiilif  se  tra- 
duit aussi  dans  nos  étpiations  fondamentales;  car,  si  l'on  combine 
les  trois  équations  (3)  avec  t.'  ,  y.j'  ,  n''  ,  on  obtient 

(«,,»  —  •„)  =  /(',  À,         /(',  =  7.,'  '/i|-i-  a,"/i2-i-  ■J.i'^/i.i, 
et  <rune  façon  analogue 

(Oj,  »  — 9„)  = /l'jX,  /(',=  Z3" //,-+- a.,*'/is-4- »','/(,     (I). 

Tout  comme  il  correspondait  aux  trois  vecteurs  il  un  système 
de  <froupement  des  points  d'interférences  suivant  des  sections 
coniques,  il  existe  une  pareille  combinaison  pour  les  vecteurs  n'. 
A  chacune  des  façons,  en  nombre  inlini,  de  [)artager  le  réseau 
dans  l'espace,  correspond  un  pareil  groupement.  Dans  la  photo- 
graphie à  symétrie  quaternaire  des  cristaux  réguliers,  M.  Wiilll 
a  dessiné  de  pareilles  sections  coniques  (//^'.  i  )  ;  les  nombres  y 
ajoutés  font  connaître  les  indices  de  la  direction  <ristallogia]ilii(pie, 
qui  est  l'axe  du  cône  circulaire  corrcspomlaiil. 

3.  Cjmalruclion  d' Ewald  dunnanl  les  rayons  difjractcs.  —  Les  direc- 
tions dans  lesquelles  des  maxima  d'interférence  (rayons  diffrac- 
tés)  sortent  du  cristal  peuvent  aisément  être  trouvées  par  une 
construction  basée  sur  les  équations  (3).  Nous  |)artageons  la  droite, 

sur  laquelle  se  trouve  le  \ccleiir  il,,  en  parties  de  longueur  —  et 

menons  par  chaque  point  de  division  un  plan  perpendiculaire. 
Nous  procédons  de  la  même  façon  avec  flj  et  rt.-i.Ces  trois  systèmes 

(')    Coiiimi'  Ir  iloli  riniiKiiit   .\  =   1,  les  sohilioiis  par  rapport  à  li 

oui  égalcmriil  «les  rii<IIi(iiiils  l'iilicrs.  Si  11  est  Ir  plus  <;raiul  rcimmun  ilivisc'tir 
drs  /*,  n  psi  aiissi  codimiuii  tlivisciir  d<rs  /(';  ri  niriin"  le  plus  ^rand,  l'ar  aulrc- 
niont  (d'après  les  t'ipialions  dr  rccipnirité)  lis  li  aiiraiiiit  aussi  uu  diviseur 
plus  ^raiid.  Dans  le  passa);c  dvs  vrcicurs  o  aux  Mclrurs  il'  \i:  iiuiuhru  fi 
garde  donc  sa  signification  ;  cela  est  imporlant  pour  l.-  n"  i. 


8o 


LA   STHUCTIRE    DE    LA    MATIERE. 


de  plans  parallùJes  et  équidistaats  constituent  le  «  réseau  tridimen- 
sional   réciproque  »  (1).  A  partir  d'un  point  0  de  ce  réseau,  nous 


l-is.  >. 


menons  le  vecteur  OS"  ^  —  ~  i'i    (lécii\ons   autour  tic   sou  extré- 
mité S"  la  sphère  de  rayon  S"!).  Vers  chaque  point  réiieulairc  S 


(')    Lo  j)arali«''ir|>ij>ù(ir  rlôinnilairo  do  on  réseau  es!  «IrtcriiiiiM'  par  l<'s  vec- 
teurs suivants,  réei|)ro<nies  de  .i|,  is,   i.i  (d'aînés  (nl)Iis)  : 


b,= 


l>,= 


(H!ii:ini)' 


!•:.= 


Irtiil. 


(  il:iil|i»i  I 


Connue.  d'a|iiés  [\).  1)  —  (/(|l'i-(-  /'jlij-t-  /iil':i»/..  1)  n  apparlienl  aux  d.rec- 
l:ons  d'arêtes  eri8lall<);irapliii|ueiuent  pussibles  ((Ui'  dans  lo  phs  où  les  trois 
vecteurs  n  sont  épaux  et  perpendieulaircs  cuire  eux,  c'est-à-dire  ilaus  le  cas 
d'un  rcscnu  eulii<|ne. 


I.KS    IMIKNO.MKNKS    11  IM  |;UFKRK\C.KS    IIKS    IIWO.NS    DE    RONTCliX. 

—  V 


81 


qu'attfini  la  spliric,  nous  traçons  mi  vccleur  S''S  =  y;  ce  veclciir 

fait  connaître  la  ilircction  d'un  niaxliiiinn  d'interférence  possible. 
Démonstration  :  le  vecteur 

OS  =  '-  =  OS»-^  S"  S  ^. 

>■  /. 

a,  d'après  la  construction,  la  nnijcction  -^  =  —  sur  rt,  :  une  rela- 

tion  analogue  s'applique  aux  projections  sur  il.,  et  H:,,  de  sorte  que 
les  équations  fondamentales  {'/>)  sont  satisfaites. 


i.  La  n-jle.vion  apparente  sur  les  plans  crislallographiqucs.  — 
Une  autre  interprétation  très  simple  des  équations  fondamentales 
est  indiquée  ])ar  la  formule  (5).  Tout  d'abord,  d'après  cette  équa- 
tion, les  trois  vecteurs  S,  l),SoSont  dans  un  même  plan;  puis, comme 
6  et  5,  ont  la  même  longueur  i,  l'angle  formé  par  S  et  I)  est  le  supplé- 
ment de  l'angle  formé  par  e„  et  I)  {fig.  a).  Or,  cela  veut  dire  que  le 


rayon  diffracté  6  est  situé  de  la  même  façon  que  s'il  était  produit 

par  réflexion  du  rayon  incident  5,,  sur  le  plan  perpendiculaire  à  I). 

Ce  qui  est  important,  c'est  que  ce  plan  est  une  face  cristallogra- 

phiquement  possible,  dont  les  indices,  rapportés  à  il,,  n..,  iV,  comme 

axes,  sont  déterminés  par  le  rapport  des  numéros  d'ordre  /;,,  /(j, 

/(:i.   Démonstration:   d'après  {.'{).  la  comj)osante  de  tli  suivant  la 

direction  de  I)  est 

A,-/ 


«1/,  = 


ID! 


Or,  si  l'on  se  figure  que  rt|,  il;.,  ir,  et  I)  soient  tracés  à  partir  d'une 


IJISTITUT   Hdl.V.VV 


8-i  LA   STRICTIRE    DK    1  A    MATIKIIE. 

même  origine  0  et  que  l'on  jjrojette  les  trois  premiers  vecteurs 
normalement  sur  I),  on  trouve  sur  la  droite  I)  les  segments 

0A._^,         OA.-^,  '-"-^'-TH 

Déplaçons  maintenant  les  trois  droites  projetantes  parallèle- 
ment à  elles-mêmes,  jusqu'à  ce  qu'elles  passent  toutes  par  le 
point  H  de  la  droite  I).  Elles  sont  alors  situées  toutes  trois  dans  un 
même  plan  perpendiculaire  à  I)  et  coupent  les  droites  0,,  lU,  1I3  aux 
distances 

OH        _On|b;    -»,  011  OHîtil    a,  (iH        _l)|l|li|    ,», 

de  0.  Et  comme  les  segments  coupés  sur  les  axes  par  le  plan  en 

question  sont  entre  eux  dans  le  même  rai>port  que  7-^  :  -j-^  ;  7-^»  les 

indices  de  ce  plan  sont  les  plus  petits  iinnilires  entiers  t, ,,  T.a,  t,^ 
qui  sont  entre  eux  comme  h,   '.  h-,  ;  /(;,. 

Le  rayon  diffracté  déterminé  par  les  numéros  d'ordre  h,,  lij.li,,  est 
dirigé  comme  s'il  était  réfléchi  sur  la  face  dont  les  indices  ti,.  y.j,  ifis 
sont  entre  eux  comme  II ,  ;  h-,  ;  h,. 

Mais,  outre  cette  détermination  de  direction,  les  éipiations  foiula- 
mentales  contiennent  encore  un  renseignement  relatif  à  la  Kuigucur 
d'onde  X.  D'après  la  figure  ?.  on  a,  ))uisque  |s|  =  |s„l  =  i, 
(I))  =2  coss,  en  entendant  par  a  1'  «  angle  d'incidence  »  (entre  Su 
et  I)).  Ensuite,  on  a  d'après  {'i) 

>  =  I  I,  I  ?i^  —11)-—  =  I  h  I  —  =  -il  --  =  lAl  ILîi'  =  ÏAl  !Li* 

/(]  /(.,  /l,  H         T,  I  II         T,j  «  r,j 

où  n  est  le  ])lus  grand  facleiu'  coiniiiun  di's  trois  nombres  h 
{h,=  nr,,,  etc.).  Or 

«iii  _  iij'i  _  iii/i 

'^i     ~    T,.     "~     T,., 


est  Ni  |iIus  cdurlc  di'^laucc  il  «le  deux  plans  coiixitIs  d'atomes 
à  indices  y, ,,  y|.j,  Y,:,,  l  ne  simple  consiiléral  ion  géométrique  apprend, 
en  clVel,  que  le  vecteur  rt,,  donc  aussi  le  segment  a,/,  sur  la  droite  I), 


I-IS    l'MKNOMKNES    n'iNTKnpDIir.NTr.S    DUS    IUVONS    lir.    HciNT(;l-.\.  ti 

coupe  iiii  iioinliro  r,t  «If  pareils  plans.  H  \ieiil  «loue 
(G)  ;iX  =  îf/cosç. 

('.(■Ile  éipiatiou  e.xpriiiie  exaclenieiil  la  cdiiiliihin  ] r  ipir.  dans 

la  réflexion  di-  la  hiruière  sur  une  phuiue  ]>arallèle  trépaisseur  d, 
il  se  produise  uu  nia.\inuini  d'interférence.  Il  faut  pour  eela  que 
les  ondes  «  réfléciiies  »  par  deux  ])lans  successifs  (t,,.  y,;,,  r,,) 
couverts  d'atomes  interfèrent  avec  une  différence  ilc  marche  il'un 
nondire  entier  di-  loui;ueurs  d'onde.  l'Jle  montre  en  même  temps,  ce 
i|ue  nous  savons  d'ailleurs  déjà  par  l'optique,  qu'à  l'entlroit  d'un 
nia.xinuim  |>oMrla  lunjrueur  d'onde  a.  les  longueurs  d'onde  -.  -.  •  ■  • 
donnent  aussi  des  niaxinia.  I.e  numéro  d'ordre  n  du  maximum 
loiisidéré  est  le  jilus  i;rand  coiumun  diviseur  des  nombres  //,,  /(_,,  h}. 
Aènsi  que  nous  l'axons  dit  plus  haut,  les  conditions  (?>)  pour  la 
])roduction  d  un  maximum  d  iiilerférenee  )i<'  doivent  jias  être 
fxaclement  remplies,  mais  il  suHit  (pfelles  le  soient  avec  une 
certaine  approximation.  Or,  en  ce  moment,,  nous  pouvons  dire 
quehpu;  chose  de  plus  précis  au  sujet  du  degré  de  cette  a])proxi- 
mation.  Les  ileux  assertions  contermes  dans  la  loi  de  léllexicui 
doivent  être  rigoureusement  vérifiées  d'ajirès  la  ihéoiie.  .Mais  le 
degré  d'exa<'titude  auipiel  la  troisième  condition  Ci)  doit  être 
remplie  pour  une  longueur  d'ipiide  ddiiiiée  dépend  de  la  netteté  des 
nutxima  d'interférence,  donc  en  premier  lieu  du  nombre  tles  jdans 
successifs  qui  coopèrent,  et  de  la  régularité  du  réseau  dans 
l'espace,  en  second  lieu  du  numéro  d'ordre  h.  Bien  qu'il  ne  soit 
pas  encore  possible,  pour  le  moment,  de  fournir  des  chilTres,  il 
semble^  cependant,  d'après  les  expériences  dont  nous  allons  parler 
tantôt,  ipie  la  précision  doit  être  assez  élevée. 

()ue  la  situation  îles  points  d'intei-férence  obéit  à  la  loi  de  ré- 
flexion, c'est  ce  (pie  MM.  Hragg  ont  constaté  les  jiremicrs  |)iuir 
des  cristaux  réguliers  sur  îles  photographies  à  symétrie  ((uater- 
nairc.  C'est  à  eux  que  nous  devons  l'éijuation  (ti),  ainsi  que  les  plus 
belles  des  e.xjiériences  faites  jusqu'ici,  qui  confirment  ces  deux 
lois  dans  toute  leur  généralité.  .Nous  y  ajouterons  immédiatement 
que  ces  exjiériences  ont  été  répétées  avec  une  précision  plus  grande 
encore  jiar  Moscley  et  Darwin  (*). 

l'i    W.-L.    I!ii*(.<;,    l'rnr.    <  iiiiihiUlw    l'hit.    S;r.,    I.    XVII,    |.)i  '..    p.    p..     - 


LA   STRICTIRE    TIK    LA    MATIi.RF,. 


.1.  La  réflexion  sélective  sur  des  cristau.r.  —  La  théorie  traitée 
jusqu'ici  suppose  que  le  rayonnement  incident  est  monochro- 
matique.  Au  lieu  de  cela,  le  tube  de  Ri'ntgen  fournit  un  rayonne- 
ment dont  le  spectre  est  étendu  et  continu,  mais  auquel  sont 
cependant  mélangés  le  plus  souvent,  comme  on  le  sait  déjà  depuis 
longtemjîs,  des  rayons  monochromaticpies,  des  rayons  de  fluores- 
cence caractéristiques  de  la  matière  constituant  lanticathode.  Ce 
n'est  que  de  ces  radiations  spectrales  homogènes  cju'il  sera  question 
ici,  de  sorte  que  nous  pouvons  considérer  dans  l'équation  (6)  la 
longueur  d'onde  X  comme  donnée.  Cette  équation  exprime  alors 
qu  une  réflexion  avec  une  intensité  notable  ne  se  produit  que  pour 
des  angles  d'incidence  bien  déterminés,  dont  les  cosinus  sont  entre 
eux  comme  les  nombres  entiers,  i,  2,  3,  etc.  Or  cela,  les  expériences 
des  auteurs  cités  l'ont  montré  pour  une  grande  quantité  de  cris- 
taux, sel  gemme,  blende,  gypse,  ferrocyanure  de  potassium  et 
d'autres.  Dans  la  figure  3  (  '  )  les  deux  courbes  représentent  l'in- 


tensité du  rayonnemcnl  de  Riintgcn  réfléclii  en  fonction  de  l'angle 

d'incidence  o  (dans  la  figure  on  a  pris  coinine  al)scisse  - — 'J  •  Les 
1   \  "  'i        ' 


W.-ir.  (1  W.-L.  Bragc,  Pror.  Uoij.  Soc,  (A).  1.  LXXXVIII,  i.jiS.  p.  428. 
—  II.  C.  .7.  Mosi:m:y  H  C.  G.  Daiuvin,  Pliit.  Miig..  G"  sprii-,  t.  XXVI, 
1913,   ]).   MIO. 

(I)   Donnée  i)ar  MM.  l!i;i{,'g. 


LKS    l'IlKNUMKNKS    lUXTEnFHBKNCK*    IIKS    HAYONS    DK    lUlNTCKX.  ">  > 

deux  courbes  se  rapportent  au  sel  gemme,  mais  pour  la  courbe  I 
la  face  réfléchissanle  était  ime  face  de  cube  (HH1),  pour  la  courbe  II 
une  face  d'octaèdre  (III)-  Dans  les  deux  cas,  des  groupes  de  trois 
maxinia  bien  nets  se  superposent  à  la  courbe  qui,  d'une  façon  jréné- 
ralc,  s'éteint  vers  la  droite;  ces  groujies  correspondent  aux  angles 
d'incidente  -j.  par  lesquels  l'équation  (6)  est  satisfaite  pour  la  longueur 
d'onde  d'un  rayonnement  de  fluorescence  caractéristique.  Comme 
les  cos  3  pour  les  trois  niaxima  indiqués  par  les  mêmes  lettres  A,  B 
ou  C  sont  entre  eux  comme  i  :  a  :  3,  on  les  rapporte  à  un  même 
rayonnement  et  l'on  admet  que  leurs  numéros  d'ordre  sont  i,  a 
et  3.  Une  autre  vérification  nette  de  la  théorie  consiste  dans  la  com- 
paraison des  deux  courbes.  Le  rapport  des  cos  a  de  ces  courbes 
est,  pour  A|,  i  :  \  i  et  ce  rapport  est  le  même  pourB,  et  C,.  Or, 
comme  la  distance  de  deux  faces  de  cube  est  égale  à  l'arête  a  du 
cube  dans  le  réseau  régulier  et  que  la  distance  de  deux  faces  d'oc- 
taèdre esta  :  y  3,  on  voit  que  dans  les  deux  cas  l'équation  (6)  donne 
pour  d  cos»,  donc  aussi  pour  ).,  la  même  valeur.  Disons  au  sujet  de 
la  précision  des  mesures  que  Moseley  et  Darwin  purent  déjà  déter- 
miner les  angles  s  à  une  minute  près  et  que,  d'après  leurs  indications, 
on  pourra  atteindre  dans  la  suite  une  précision  encore  plus  grande. 

Dans  la  courbe  I  de  Bragg,  on  observe  des  maxima  jusqu'au 
troisième  ordre.  Moseley  et  Darwin  rapportent  qu'ils  sont  même 
parvenus  à  observer,  bien  que  difïicilement,  des  maxima  d'ordre 
plus  élevé  encore,  jusqu'au  sixième. 

La  parfaite  analogie  avec  l'optique,  qui  caractérise  notre  théorie, 
se  vérifie  aussi  dans  certaines  mesures  d'absorption.  Pour  l'inten- 
sité du  rayon  réfléchi,  il  est  indifférent  que  nous  interposions  un 
corps  absorbant  (aluminium)  sur  le  chemin  du  rayon  incident  ou 
du  rayon  réfléchi. 

Nous  passerons  sous  silence  les  applications  importantes  de  ces 
expériences  à  l'étude  spectroscopique  du  rayonnement  caractéris- 
tique des  corps,  dont  M.  Bragg  m'a  fait  communication  par  lettre; 
j'espère  que  M.  Bragg  lui-même  fera  un  rapport  sur  ce  sujet. 

<).  La  réflexion  générale.  —  Ainsi  que  le  montre  l;i  figure  3  et  aussi 
la  figure  .\  (<\m  se  rapporte  au  ferrocyanure  de  potassium)  ('),  une 

C)   Knipruiitéc  au  travail  de  .Moscliy  cl  Darwin.  Les  maX'tna  qui  corrcs- 


S6 


,A    STIIICTIRE    DE    LA    MATIEliR. 


réflexion  a  lieu  pour  tous  les  angles  d'incidence  entre  certaines 
limites.  Cette  réflexion  «  générale  »  doit  être  attribuée  au  spectre 


continu  du  rayonncincul  tic  Riinlgeii  iiu-idcnl  cl,  nous  basant  sur 
ré(|ualiou  (()),  mise  eu  rapport  avec  les  expériences  de  Moseley  et 
Darwin,  luuis  pouvons  conclure  à  son  sujet  cc((ui  snil.  De  l'enseniblr 
des  longuetu's  d'onde  présentes,  celles-là  sont  chics  ])(iur  un  -z  donné. 
ipii  satisfont  à  rc<piation  (d).  Si  nous  commençons  par  l'incidence 

rasante  {'^  =  -' )  ■  il  n'y  a  aucune  loiiiiucur  (ronde  finie  (pii  salis- 
fait  à  cette  condition  et  il  n'y  a  doiu'  pas  de  réflexion.  A  mesure  qiu> 


poiuleiit  au  rayoïiiicniont   carai-li-risliquc  sont  laissés  ilr  côte,  mais  leur  si- 
tuation est  indiquée  pur  In»  points  A|,  fie. 


i.KS  i'ilK.NOMKNi:>  Il  iNTi:ni'i;iii:.\(:i:s  nrs  hayons  de  ui)M(ii:.\.  f<7 

langlt"  (l'incidence  Llinuiuif.  et  ijin'  [>;ir  consé(|uent  son  i()sinu> 
aufinicnte,  nous  arrivons  peu  à  peu  dans  un  domaine  où  les  plus 
petites  longueurs  d'onde  présentes  satisfont  à  l'équation  avec  n=  i 
et  donnent  donc  des  interférences  du  premier  ordre.  L'intensité  cor- 
respondante du  rayonnement  incident  commencera  par  être  faible, 
mais  auiimentera  peu  à  peu;  conformément  à  cela,  l'intensité  du 
rayonnement  réfléchi  ira  aussi  en  augmentant,  jusqu'à  ce  qu'un 
maximum  soit  atteint,  qui  correspondra  au  moins  approximative- 
ment au  maximum  diiiieiisité  dans  le  spectre  du  rayonnement 
incident.  Au  delà  de  ce  point  la  courbe  s'abaisse.  Mais  bientôt  se 
présente  la  complication  que,  lorsque  cosi  continue  à  augmenter, 
il  se  présente  aussi  des  interférences  du  second  ordre,  de  sorte  que 
maintenant  nous  avons  dans  le  rayonnement  réfléchi  deux  lon- 
gueurs d'onde  pour  un  même  -.  Plus  tard,  il  s'y  ajoute  même  une- 
troisième,  une  quatrième,  etc.  Si  l'on  pouvait  isoler  des  interfé- 
rences d'un  ordre  déterminé  n,  elles  donneraient  une  courbe  de  ré- 
flexion semblable  à  celle  qui  vient  d'être  décrite,  mais  s'étendant 
sur  un  domaine  n  fois  plus  grand,  en  mesurant  sur  l'échelle  des 
COS.;.  Kn  réalité,  toutes  les  courbes  de  ce  genre  se  superposent  et 
il  se  forme  en  général  une  courbe  de  réflexion  à  plusieurs  maxima. 
Dans  la  figure  4-  vous  voyez  par  exemple  un  second  maximum 
correspondant  aux  interférences  du  troisième  ordre.  Les  interfé- 
rences du  second  ordre  ont  une  intensité  relativement  faible  et 
ne  donnent  en  conséquence  que  l'inflexion  de  la  courbe  dans  le 
voisinage  de  a  =  87°. 

Si  cette  interprétation  est  exacte,  il  faut  (|iic  le  rayonnement 
réfléchi  dans  le  voisinage  de  l'incidence  rasante  soit  plus  pénétrant 
que  celui  qui  répond  à  un  angle  d'incidence  plus  [H-tit  et  plus  péné- 
trant aussi  que  le  rayonnement  incident.  Il  faut  ensuite  que  les 
maxima  des  courbes  se  déplacent  dans  le  sens  des  grandes  lon- 
gueurs d'onde,  donc  des  petites  valeurs  de  3,  lorsque  le  tube  devient 
plus  mou.  Tout  cela  a  été  confirmé  par  l'expérience. 

L'allure  de  la  courbe  de  réflexion  depuis  l'incidence  rasante 
jusqu'au  premier  minimum  doit  faire  connaître  à  peu  près  la  distri- 
bution de  l'intensité  dans  le  spectre,  l-llle  ne  le  ferait  rigoureuse- 
ment que  si  le  pouvoir  réflecteur  était  constant  entre  ces  limites. 

7.   La  question  de  la  jonction  T.  —  Ces  belles  expériences,  notani- 


00  I.V   STRICTIRE    IIE    LA   MATllHK. 

ment  celles  sur  la  réflexion  sélective,  confirment  bien  de  la  façon 
la  plus  certaine  la  théorie  de  la  structure  réticulaire  des  cristaux 
et  en  même  temps  la  théorie'  ondulatoire  des  rayons  Rontgen. 

Mais  la  formule  de  l'intensité  d'un  rayon  diffracté  contient  encore 
le  facteur  W,  qui  dépend  de  a,  a„,  p,,)  Yo.  «j  ?,  Y  et  ne  saurait  être 
déterminé  par  la  théorie  des  interférences:  ce  facteur  exprime, 
en  effet,  comment  un  seul  élément  du  réseau  répond  à  l'onde  inci- 
dente. Pour  le  déterminer  théoriquement,  on  devrait  connaître  la 
structure  des  atomes.  Comme  celle-ci  est  encore  entourée  d'obscu- 
rité, la  réponse  à  la  question  de  savoir  quelle  est  la  fonction  U'  me 
paraît  excessivement  importante,  il  est  vrai,  —  car  ce  facteur  déter- 
mine enlre  autres  la  distribution  de  l'intensité  dans  les  images  d'in- 
terférence —  mais  aussi  excessivement  difTicile.  Dans  cette  partie 
de  la  théorie,  et  dans  cette  partie  seulement,  il  y  a  encore,  je  pense, 
place  provisoirement  pour  diverses  manières  de  voir. 

Déjà  dans  le  réseau  optique,  nous  avons  quelque  chose  de' tout 
à  fait  semblable.  Les  endroits  des  spectres  de  réseau  peuvent  être 
déduits  simijlement  et  en  toute  certitude  des  constantes  des  réseaux. 
Néanmoins  des  réseaux  ayant  les  mêmes  constantes  peuvent 
différer  considérablement  dans  leur  façon  de  se  comporter  et  dans 
les  résultats  qu'ils  donnent,  lorsqu'ils  se  distinguent  les  mis  des 
autres  parla  forme  des  traits  et  ont  donc  des  fonctions  *!'  dilTérentes. 

<S.  Première  hi/polhèse  au  sujet  de  la  fonction  W.  —  J"ai  moi-même 
essayé  au  début  d'attrilnier  à  la  fonction  U"  —  en  vue  notamment 
du  rayonnement  Rimtgen  caractéristique  des  éléments  —  des  pro- 
priétés fortement  sélectives,  en*  ce  sens,  que  l'atome  ne  résonne 
qu'avec  une  ou  quelques-unes  des  longueurs  d'onde  dans  le  spectre 
du  rayonnement  incident.  Je  ne  ^•ous  citerai  pas  toutes  les  raisons 
qui  sont  contraires  à  celte  sui)])osition,  et  ne  mentionnerai  que 
celle  qui  est  décisive.  Si  la  su])position  était  notamment  exacte, 
on  ne  pourrait  trouver  aux  dill'érents  points  d'interférence  que 
ces  seules  longueurs  d'ondes  élues  par  l'alomc  et  pas  d'autres.  Or, 
pour  une  longueur  d'onde  donnée,  une  réflexion  sur  un  plan  cris- 
tallogra|)hique  déterminé  ne  peut  a\oir  lieu,  d'ai>rès  la  foriiuile  (6), 
<|ue  ])our  des  angles  irini-idcnri'  liicii  déterminés.  Si  l'on  tournait 
donc  un  iicu  le  cristal,  les  points  d'interférence  existant  à  un 
moment   (loiiiié,  (lc\raieiit  disjiaraîlrc  cl    de  nouveaux  ili-\raicnl 


I.KS    l'IlK.NOMKNKS    II  INTKRKKIIKNCKS    DES    BAYOXS    DK    HilNTUKN.  Si) 

apparaître  à  leur  ()lace  à  des  eudroils  tout  différents.  Or,  cette  ex[)é- 
ricnce  est  facile  à  faire,  depuis  que  Terada  (^)  a  réussi  à  rendre  le 
phéuoinènc  d'interférence  ininiédialement  visilile  à  l'œil  sur  un 
écran  fluorescent.  Terada  ra|ip(irtc,  et  il  est  aisé  de  se  convaincre 
de  l'exactitude  de  son  assertion,  que  lorsqu'on  tourne  le  cristal,  les 
points  ne  font  <(ue  se  déplacer  conformément  à  la  loi  de  réflexion; 
il  n'est  pas  (pieslion  d'une  ilisparition  et  d'une  réapparition  à 
d'autres  endroits.  La  formation  d'un  de  ces  points  d'interférence 
répond  donc  pleinement  à  la  réflexion  «  générale  »  et  non  à  une 
réflexion  sélective,  de  sorte  qu'il  est  prouvé  que  la  supposition 
en  question  est  erronée. 

9.  Deuxième  hypothèse  concernant  la  fonction  M".  —  L'hypothèse 
diamétralement  opposée  à  la  première  est  la  suivante  :  Un  atome, 
ou  |>lulùt  tin  élément  du  réseau,  résonne  avec  la  même  intensité 
pour  toutes  les  longueurs  d'onde  des  rayons  de  Rimtgen.  Elle  est  ex- 
primée dans  un  travail  de  AL  Ewakl.  Les  conséquences  déduites  de 
cette  supposition  me  paraissent  sulFisamment  importantes  pour 
être  présentées.  Nous  admettrons  d'ailleurs  que,  dans  le  spectre  du 
rayonnement  incident,  toutes  les  longueurs  d'onde  sont  représen- 
tées avec  la  même  intensité  dans  un  domaine  d'une  certaine  éten- 
due    où  r-  varie  de  A  U  J    •    La  plupart  de  ces  longueurs  d'onde 

seront  supposées  notablement  plus  petites  que  les  distances  des 
surfaces  «  réfléchissantes  ». 

Dans  ces  conditions,  l'intensité  d'un  point  d'interférence  est 
évidemment  égale,  à  un  facteur  constant  près,  au  nombre  des 
longueurs  d'onde  présentes  qui,  d'après  la  formule  ((j),  peuvent  être 
<i  réfléchies  »  sur  le  plan  considéré.  Or,  ce  nombre  est  égal  à  celui 
des  nombres  entiers  n  qui  sont  conq)ris  dans  le  domaine  d'étendue 


irfcosoA  (  r  ) 


c'est-à-dire  (ju'il  est  en  fuit  liroportionncl  à  la  distance  de  deux 
plans  d'atomes  de  l'espèce  considérée.  On  sait  d'autre  part  que  la 
densité    superficielle    avec    laquelle    ces    plans    sont    recouverts 

(')  Terad.v,  Toliijo  Malh.-phys.  Soc,  uji'i. 


<)0  LA    SrniCTlRE    UE    I.A    .\UTII-;RE. 

d'atomes  est  proporlionnelle  à  d(').  D'après  cela,  cliaque  plan  cris- 
tallographique  réfléchit  dans  la  mesure  de  la  densité  avec  laquelle 
il  est  couvert.  Nous  sommes  ainsi  conduits  à  une  idée  qui  se 
trouvait  déjà  à  la  base  des  premiers  travaux  de  .MM.  Bragg. 

Il  y  a  beaucoup  à  dire  en  faveur  de  cette  idée.  Elle  semble  par 
exemple  pouvoir  expliquer  ce  fait  excessivement  remarquable  que 
tous  les  cristaux  cubiques,  lorsqu'ils  sont  traversés  par  les  rayons 
dans  des  directions  correspondantes,  donnent  en  réalité  des  figures 
d'interférence  semblables.  Pour  les  divers  cristaux,  les  points  d'in- 
terférence ne  se  distinguent  pas  par  leur  situation,  mais  simplement 
par  leur  intensité  relative.  Ce  sont  donc  toujours  les  mêmes  plans 
qui  «  réfléchissent  »,  et  cela  est  plausible  si  c'est  la  densité  de  distri- 
bution des  atomes  qui  donne  la  mesure  de  cette  réflexion. 

Et  cependant  je  tiens  Tidée  pour  inexacte.  J'en  tire  la  preuve 
de  la  considération  des  photographies  à  symétrie  ternaire  faites  avec 
des  cristaux  cubiques. 

jNous  y  voyons  en  général  des  groupes  de  six  points  d'interférence 
équivalents,  apparemment  réfléchis  sur  six  plans  dont  les  indices 
se  déduisent  de  ceux  r, , ,  y, 2,  f,A  de  l'un  d'entre  eux  par  permutation 
de  ces  nombres.  (Deux  de  ces  nombres  sont-ils  égaux,  le  groupe 
de  six  se  réduit  à  trois,  mais  nous  ne  traiterons  pas  ce  cas-la  sépa- 
rément.) On  constate  aisément  que  tous  les  plans  d'un  groupe 
forment  le  nicnie  angle  avec  l'axe  ternaire  (m),  de  sorte  que  les 
points  réfléchis  sur  ces  plans  doivent  se  trouver  sur  un  cercle  ayant 
comme  cculic  la  trace  du  rayon  incident.  Ainsi,  jiar  exemple,  le 
groupe  <|ui,  jxuir  la  blende,  donne  les  six  (loints  les  plus  intenses 
a   les   indices 

T  I  —  I ,         '',1  =  —  >•         'fi.i  =  ■+-  ^> 

et  l'un  (les  triplets  a  les  indices 

f,i  =  — I.         15  =  —  1,  ltl5=   !. 


(')  -Si  l'un  ilccoiiipiisi'  iiulaiiinioul.  \v  lisiau  ilans  I  ispaii-  de  ti'llr'fai;on  quf 
le  parallcicpipèdc  soit  limité  par  deux  paralléloi.'raniini's  situés  dans  do  pareils 
plans,  et  si  F  est  l'aire  de  ces  parallélotrramines,  rfl"  est  le  volume  du  paral- 
lélépipède, ee  qui  est  dojic  une  eonslauti'  pour  toutes   les  faces  cristallo^raplii- 

ques.  Mais,  sur  ers  faces,  la  densité  superlicielle  des  alonu'S  est   .%  • 


I.KS    l'IIKNC>Ml:\h>    l>'l\TKBKKItKM;Kl«    l)f>    UAU>NS    lli:    IlONIMN.  i|l 

l*r,  ;i  l'iiailuc  groii|)u  en  corres|ioiiil  un  aulri;  ilonl  les  intlii-cs  sonl 
donnés,  ilans  le  cas  où  yj,  +  r^.,  -\-  y.;,  ncst  pas  divisible  par  3,  par 


1  ^,'i  ^—    f,t-^'^'.i-^'-r,:t, 

!   t/.  -  -*-  irj,  —     T,;  -+-  ■>.  r,;,, 
I   T,j  =  -t-  ■>r,,-(-  .IT,,—     r.;. 


cl,  duHS  te  cas  où  /,  I  +  y,...  -—  y,:,  est  dii'isiblc  par  3,  par 


r.    =  :r   — 


,1         •',|-t-2'»li-l-''-';j|      (')> 
I  *^  '  <   1j=  3[-i-2r,i  —     r,j-h  •J.iT).,  1, 


^11^  -f— 'iif,! 


-*-   7  T., 


Dans  les  deux  exemples  eilés  on  anrail  dniir 
y,'i  =  — I,     f,',=  -i-\\.     r,',  =  —  -     et      t/,  = -J- 5,     ï/j=  +  5,     r/3  =  —  7. 

Les  plans  du  sextel  pourvu  d'aeeenls  fornicnl  avce  l'axe  (iii)  le 
même  an(;le  que  ceux  du  sexiel.  non  pourvu  (raeceiUs,  caries  cosinus 
des  angles  formés  parleurs  perpendiculaires  cl  l'axe  en  qucsl  ion  sont 


cl  ces  expressions  concordent  avec  (7)  cl  (S).  Les  six  points  donnés 
par  i<  réflexion  »  sur  ces  [)lans  doivent  donc  s(r  lrou\cr  sur  le  uicme 
cercle  que  les  six  premiers.  \  oyons  niniiiliniuil  ipicllc  csl  riulen- 
sité  à  laquelle  on  jicul  s'allendre. 

Pour  la  dislance  rf  de  deux  pIans(Y,  |,y,i,y,:,)  nous  avons  trouvé  plus 

haut  rf=  —  t  où  II  est  leur  normale.  Or,  dans  le  réseau  cubique, 

■f.i 
les  cosinus  de  direction  de  ces  plans  sont,  d'après  ("i). 


^,1 


de  sorte  que 


'.I 


tii/i  ■■ 


/yiî-t-Tj-i-Tiî 


l'I  On  (iiiiirrait  roiisicicrrrr  \i:  cas  où  les  iiidicrs  »i|,  lîj,  »j  détprininés 
par  (8)  ont  encore  un  fadeur  commun;  on  aurait  alors  à  diviser  par  ce  farlcur; 
mais  ce  cas  est  sans  importance  pour  les  points  d'inlerférciicc  qui  se  pré- 
eeuti'iil  en  réalité. 


92  I.A   STRICTIRE    DE    LA    MATIERE. 

et 


On  voit  par  là  que  tous  les  plans  du  même  sextet  se  trouvent  à  la 
même  distance  les  uns  des  autres  et  l'on  peut  donc  s'attendre  à 
trouver  la  même  intensité  pour  tous  les  points  d'interférence.  Cela 
est  d'accord  avec  l'expérience.  Cette  distance  a  encore  la  même 
valeur  pour  les  plans  du  sextet  à  accents  que  pour  ceux  du  sextet 
sans  accents,  lorsque  r,,+  y,-.-;-  r,.,  est  divisible  par  3,  car  d'après 
(8)  on  a 

Cela  encore  est  confirmé  par  l'expérience,  car  le  seul  point  d'inter- 
férence de  notre  photogramme  pour  lequel  t,  ,  +  tjo  -\-  t,«  est  divi- 
sible par  3  se  présente  douze  fois  avec  la  même  intensité.  Mais, 
lorsque  r, ,  +  '■,0  +  Tut  n'est  pas  divisible  par  3,  la  distance  dans  le 
sextet  pourvu  d'accents  n'est  qu'un  tiers  de  la  distance  dans  celui 
qui  n'en  a  pas,  puisque  d'après  (7) 


Aux  six  premiers  points  d'interférence  devraient  donc  s'en 
ajouter  encore  six  autres,  également  distants  du  centre,  dont  l'in- 
tensité serait  le  tiers  de  celle  des  premiers  points.  Comme  on  ne  voit 
réellement  pas  trace  de  ces  autres  points,  je  ne  pense  pas  que  la 
supposition,  que  chaque  plan  «  réfléchit  »  proportionnellement  à  la 
densité  avec  laquelle  il  est  garni  d'atomes,  soit  la  bonne  (^). 

Des  suppositions  relatives  à  la  fonction  H",  autres  que  celles  que 
nous  venons  de  faire  et  d'écarter,  ne  se  rencontrent  pas,  à  ma 
connaissance,  dans  la  bil)liographie:  la  question  reste  donc  entiè- 
rement ouverte.  • 


(')  l'oiir  ùlrc  ci>mi>k't,  il  y  a  tiiic  iXcM'[itiiiii  iiuo  1  un  iir  pont  i<as  loTiliv 
ili'  VHP.  Dans  le  cas  du  diamant,  il  y  a  nn  point  d'interférence  qui  se  présente 
s!x  fois,  alors  que  Vji  =  t,2  et  que  /,i  -•-  r,j  +  r,;)  n'est  pas  divisible  par  3,  raison 
pour  laquelle  il  ne  se  présente  que  trois  fois  dans  d'autres  cristaux.  Cela  n'est 
eepcndant  pas  une  confirmation  de  l'hypothèse  faite  dans  le  texte,  puisque, 
d'après  cette  hypothèse,  trois  de  ces  six  points  devraient  avoir  un  tiers  do 
l'intensité  des  autres,  alors  qu'en  réalité  tous  les  six  ont  la  mémo  intensité. 
(  l'oi»' aussi  2"^  Partie,  n"  3.) 


l.KS    PIIÉXO.MKNKS   d'iNTF.RFÉIIKNCKS   DICS   HAYONS   i>r.   iiii.\T(;i:v.  y1 

Je  pense  que  les  considérations  précédentes  peuvent  être  résu- 
mées ainsi,  qu'au  sujet  de  la  tliéorie  intcrférentielle  proprement 
dite  il  n'existe  jilus  le  moindre  doute,  mais  que  la  façon  dont 
un  élément  isolé  du  réseau  dans  l'espace  est  affecté  par  les  rayons 
de  Rtlntgen  est  encore  iVirl  incerlaini-. 

10.  Relations  de  rtilionalitâ  'ciitir  les  jinints  iV interférence.  — 
Qu'il  me  soit  permis,  pour  terminer  ces  considérations  sur  la  fonc- 
tion T,  de  mentionner  une  observation  qui,  comme  elle  n'est  pas 
expliquée  par  la  théorie  interférculicUe  clle-iur'me,  doit  certaine- 
ment contenir  une  indication  rcl;ili\c  aux  propriétés  de  la  fonc- 
tion U'.  Des  nombres  ordinaux  v, ,,  y,.j,  Yj;!  d'un  point  d'interférence, 
on  peut  déduire  sans  ambiguïté  la  situation  de  ce  point  sur  la 
plaque  photographique,  de  sorte  qu'inversement  on  peut  aussi 
déduire  ces  nombres  Y|,, 7,2,  Y,j  de  cette  situation.  D'autre  part,  on 
peut  calculer  sans  ambiguïté,  à  partir  de  ces  nombres,  la  plus 
grande  des  longueurs  d'onde  qui  peuvent  se  présenter  au  point 
d'interférence.  De  pareils  calculs  des  nombres  y,,,  y,^.,  y.i  ont  été 
effectués  par  moi-même  et  aussi,  avec  le  plus  ])arfait  accord,  par 
MM.  W.-L.  Bragg  et  Terada,  sur  les  photographies  à  symétrie 
quaternaire  ou.  ternaire  de  cristaux  réguliers.  J'ai  fait  en  outre 
le  calcul  d'une  épreuve  quaternaire,  obtenue  avec  de  la  cassi- 
térite,  et  d'une  photographie  faite  avec  du  quartz.  Dans  tous  ces 
cas,  les  endroits  des  points  d'interférence  se  laissaient  représenter 
aisément  et  exactement  par  trois  nombres  entiers  pas  trop  élevés 

Al)  ''i^i  ''il- 

Or,  lors(jn'on  calcule  de  la  façon  indiquée  les  plus  grandes  lon- 
gueurs d'onde,  on  trouve  qu'il  existe  entre  elles  une  relation  ration- 
nelle remarquable.  Pour  les  cristaux  cubiques  qui,  comme  il  vient 
d'être  dit,  fournissent  des  images  d'interférçncc  semblables,  tous 
les  rapports  -  [a  étant  la  constante  du  réseau)  qui  se  présentent 
dans  l'épreuve  à  symétrie  quaternaire  sont  des  multiples  entiers 
de  4,75.io~^:  dans  l'épreuve  à  symétrie  ternaire  il  y  a  une  série  de 
points  pour  laquelle  le  même  nond)re  est  un  diviseur  commun  de  -> 
alors  que  pour  l'autre  série  c'est  le  nond)re  4.92.10"'  qui  joue  ce 
rôle.  Pour  la  eassitérite,  on  trouve  que,  pour  la  plupart  des  points, 
7,75.10"'  est  un  fadeur  comnnm  de  -'  [a  est  ici  la  longueur  de  l'axe 


1)4  i.A  strutl'ri;  dr  i.\  matikhk. 

secondaire),  alors  que  pour  le  ijiiariz  une  jiareille  relation  n'existe 
pas,  du  moins  pas  aussi  parfaitement.  Bien  que  ces  relations  ne 
soient  pas  mathématiquement  exactes,  les  écarts  n'atteignent 
cependant  que  quelques  pour  loo.  Je  ne  saurais  toutefois  dire  ce 
qu'on  peut  «léduiie  de  là  au  sujet  do  la  fonclidu  T. 


DEUXIEME  PARTIE. 

1.  Injluencp  de  Thémiédrie  sur  l'image  d' interjérence.  —  Dans  la 
première  Partie,  nous  n'avons  considéré  (jue  les  réseaux  dans 
l'espace,  tels  qu'ils  se  présentent  dans  les  cristaux  holoédriques 
et  même  n'avons-nous  pas  considéré  ces  réseaux  complètement. 
C'est  ainsi  que  le  réseau  d'un  cristal  holoèdre  ne  contient  pas  néces- 
sairement des  atomes  aux  sommets  des  cubes  élémentaires  seule- 
ment, mais  les  centres  des  cubes  ou  les  centres  des  faces  du  cube 
peuvent  également  être  occupés  par  des  atomes  de  même  espèce 
ou  d'espèces  diiTérentes.  Dans  les  cristaux  hémiédriques,  la  struc- 
ture devient  encore  beaucoup  plus  complicpiée  :  d'après  Schiinilies, 
il  y  a  en  tout  280  systèmes  réguliers  de  points,  d'après  lesquels  les 
atomes  ])ouvent  cire  groupés  dans  les  cristaux.  Malgré  cette  com- 
plication, il  est  aisé  de  modifier  dans  ce  sens  la  théorie  intcrfé- 
rcnlicllc  (hi  phénomène  en  question.  Nous  n(>  nous  ociuperons 
pas  du  caliid,  si  simple  qu'il  soit,  cl  nous  ne  conunuuKiucrons 
que  le  résidtat. 

Si  nous  j)artageons  d'une  façon  (pielconquc  le  réseau  en  paral- 
lélépipèdes élémentaires,  pour  le  réseau  simjile,  comme  nous  l'avons 
considéré  ]ilus  haut,  il  correspond  à  chaque  )iarallélcpii)èdo  un  seul 
aloinc  situé,  jiar  excnqili',  au  Sdinnicl  aiiléio-infrricur  de  gauche. 
A  chaque  ])aralléléj)ipèdc,  on  |)ouna  encore  ajouter  daulros 
atomes  situés,  les  uns  à  rintériciir,  h^s  autres  sur  ses  arcles  ou 
ses  faces.  Tous  ces  atomes,  nous  les  réunissons  avec  le  jiremicr  en 
un  seul  élénicut  réiiculaire.  i.e  réseau  constitué  parées  élénienls 
csl  un  rr>;<'aii  sinqde.  de  soric  que  la  ihéorie  précédente  est 
applicalilc.  ( .('  qui  a  iliaiiné  avec  IrléMiiiil  du  réseau,  c  esl  la 
fdiiiliou  M'  (■orî'c--|ioii(laiil  I'.  l'I  cillc-ci  coiilicut  un  fatleur 
nquésiMilanl  I ClVet  îles  inlerfcrenees  ciili'i"  tous  les  atomes  dun 
élément  de  réseau.  D'après  cela,  même  pour  les  sirucluri's  h"s  plus 


l.i;S    PIIÉNOMKNRS    II  IN'TEnFKIlKNCES    DKS    II^^O^S    m:    R()NT(ii:N.  Iji 

conipli»! liées:,  les  iiiaxiina  iriiilcili'Tpnce  ne  peiiveiil  se  jirésenter 
que  là  où  les  équations  fondamentales  { >.)  ou  (,})  sont  satisfaites. 
Mais,  eonune  le  faetenr  introduit  par  l'iiéiniédi-ie  a  une  influence 
sur  l'intensité  des  points  d'interférence,  et  jieut  même  la  réduire 
à  zéro,  la  structure  liémiédrique/jci(/  se  traduire  dans  rinia^e  d'inter- 
férence, mais  ne  le  doit  pas  nécessairenienl . 

Ces  circonstances,  nous  pouvons  les  illustrer  au  moyen  tic  loule 
une  série  de  photographies.  Les  premières  épreuves  de  Friedrich 
et  Knipping  furent  faites  au  moyen  de  blende,  qui  appartient  à  la 
classe  liexakistétraédrique  du  système  régulier.  Pas  plus  que  les 
épreuves  obtenues  avec  le  diamant,  qui  a])parlient  à  la  même 
classe,  et  une  épreuve  obtenue  avec  la  cupritiî  (classe  icosilétraé- 
driqne  pentagonale)  elles  ne  montrent  un»;  influence  de  l'héniiédrie, 
mais  par  la  situation  des  points  elles  s'accordent  paifaitement  avec 
les  épreuves  correspondantes  niilmues  a\cr  des  représentants  de 
la  classe  holoédri([ue  du  système  régulier  (spath  fluor,  sel  gemme). 
Par  contre,  des  épreuves  obtenues  par  Friedrich  avec  la  hauérile 
et  la  pyrite  trahissent  une  pareille  influence.  Dans  toutes  deux,  la 
direction  d'irradiation  était  une  arête  de  cube;  on  voit  à  l'image 
d'interférence  qu'ici  cet  axe  n'est  qu'im  axe  hinaiie.  Chose  remar- 
quable, mais  pas  du  tout  incompréhensible  dans  la  théorie,  les 
deux  images  d'interférence  se  distinguent  aussi  l'une  de  l'autre 
]iar  la  situation  de  certains  points,  bien  que  les  deux  cristaux 
appartiennent  à  la  même  classe,  celle  du  dyakisdodécaèdre;  en 
effet,  le  nombre  des  systèmes  de  points  possibles  est,  comme 
nous  l'avons  vu,  beaucoup  plus  grand  que  celui  des  classes  cristal- 
lographiques,  de  sorte  qu'à  une  même  classe  correspond  toute 
une  série  de  systèmes  de  points. 

La  structure  hélicoïdale  du  quartz  se  manifeste  dans  l'image  d'in- 
terférence d'une  façon  tout  à  fait  frappante.  Dans  le  cas  d'un  cristal 
hexagonal  holoédrique,  les  rayons  le  traversant  parallèlement 
à  l'axe  principal,  on  observe  évidemment  une  symétrie  sénaire, 
comme  le  montre  par  exemple  la  photographie  du  béryl  (faite  par 
M.  Tank  et  moi).  Si,  dans  cette  photographie,  nous  traçons  par  le 
centre  les  trois  droites  ])arallèles  aux  axes  secondaires,  nous  trou- 
vons qu'à  chaque  point  d'interférence  correspond  son  symétrique 
par  raj)port  à  l'un  de  ces  axes,  de  même  que  le  point  diamctrale- 
nienl  opposé;  tous  ces  points  ont  même  intensité. 


fjG  I.A    STRLCTIHE    DE    I.V    MATIICRE. 

Il  en  est  tout  autrement  dans  le  cas  du  quartz.  Sa  structure  est 
déterminée  par  un  «  abwechselndes  Dreipunktscliraubensystein  >> 
—  j'emprunte  ceci  à  la  Physikalische  Krystallographie  de  Groth. 
Dans  ce  système,  trois  réseaux  hexagonaux  ordinaires  s'entre-pé- 
nètrent  de  telle  façon  que  les  directions  de  leurs  axes  sont  exacte- 
ment les  mêmes,  mais  que  nous  parcourons  une  hélice  lorsque  nous 
passons  d'un  élément  du  premier  réseau  à  l'élément  correspondant 
du  second  et  de  là  à  l'élément  correspondant  du  troisième. 

Dans  la  figure  5,  les  cercles  clairs  sont  supposés  situés  dans  le 

plan  du  dessin,  les  cercles  hachurés  à  une  distance  -  au-dessus  de 


j 


o 

o    @  ®    o 

0  m  m   o 

1  «   o   @  ^ 


Kig.  5. 

ce  plan  et  les  cercles  noirs  à  une  distance  -r-  >  tandis  qu'à  la  hauteurr 
on  doit  se  figurer  de  nouveau  des  cercles  clairs:  le  chemin  condui- 
sant d'un  cercle  clair  à  un  cercle  hachuré  et  puis  à  un  cercle  noir 
a  la  forme  d'une  hélice.  Le  quartz  droit  et  le  quartz  gauche  se  dis- 
tinguent uniquement  par  le  sens  dcnroulcment  de  celle  hélice. 
L'élément  de  réseau  dans  le  sens  de  notre  théorie  se  compose  dans 
ce  cas  d'un  cercle  clair^  il'iin  cercle  hachuré  et  d'un  cercle  noir. 

Le  résultat  du  calcul  peut  se  traduire  comme  suit  :  si  l'on  ne  juirtc 
l'attention  que  sur  la  situation  des  points,  on  retrouve  la  symétrie 
sénaire.  Mais,  si  l'on  exaniiiif  un  ihiImI  d'interférence,  ainsi  que  son 
symétrique  et  son  opposé,  au  point  de  \  ne  des  intensités,  on  trouve 
qu'en  général  celles-ci  sont  différentes.  Cela  ]ieut  aller  si  loin  que 
l'intensité  d'un  lie  ces  points  dc\iciil  nulle,  l'ar  suite,  l'image 
d'interférence  dans  son  ensemble  ne  donne  ])lus  rim|iression  d'une 
structure  hexagonale,  mais  d'une  slruclure  trigonale.  Un  vérifie 
tout  cela  sur  la  i)hotographie  faite  par  .M.  Tank  et  moi. 


I.KS    PlIKNOMKNl;»    It'l.NTKnPKRK.NTKS    l>l:s    RAVONS    l>E    Rli.NTliKN.  <)- 

Ail  passiifîe  du  quartz  droit  au  quartz  gauche  doit  répondre 
un  retournement  tle  cette  iniacre  (par  exemple  suivant  l'un  des 
axes).  La  dilTérence  entre  les  deux  quartz  se  montre  très  nettement 
lorsqu'on  fait  passer  les  rayons  parallèlenionl  à  un  axe  secondaire, 
ce  que  M.   Tank  et  moi  nous  avons  ci^alciiient  fait. 

Lorsqu'on  regarde  de  pareilles  pliotoirraphies,  on  se  demande 
tout  naturellement  :  Pouvons-nous,  au  moyen  des  interférences 
de  rayons  de  Riuitgen,  déterminer  la  structure  d'un  cristal  d'une 
façon  quantitativement  complète  cl  univoque?  S'il  en  était  ainsi, 
un  des  problèmes  les  plus  importants  de  la  cristallographie  serait 
résolu. 

Malheureusement,  la  réponse  à  cette  (juestion  ne  peut  pas  encore 
être,  pour  le  inoinent,  adirniative  sans  restriction.  Car  nous  nous 
trouvons,  vis-à-vis  des  cristaux,  à  peu  près  comme  si  nous  avions  à 
examiner  un  réseau  optique  sans  microscope,  au  moyen  de  ses 
spectres  seulement.  Il  est  vrai  que  le  système  de  ces  spectres  contient 
tous  les  éléments  dont  se  compose  l'image  microscopique.  Mais, 
jiour  la  construction  de  cette  image,  la  connaissance  de  l'intensité 
des  spectres  ne  suiïit  pas.  En  efTet,  si  dans  le  microscope  nous 
modifions  la  phase  d'un  spectre,  l'image  se  modifie  aussi.  Jusqu'ici, 
nous  ne  connaissons,  pour  les  cristaux,  que  l'intensité  des  spectres 
du  réseau  dans  l'espace.  Or,  pour  «  microscoper  »  la  structure  cris- 
lalliiic.  nous  devrions  au  moins  connaître  encore  les  différences  de 
phase  entre  ces  spectres.  Il  est  vrai  <[u'en  principe  cela  n'est  pas 
impossible,  mais  il  y  a  là  un  problème  encore  irrésolu  dans  l'art 
de  l'expérimentation.  Il  n'est  toutefois  pas  exclu,  évidemment,  que 
déjà  dès  maintenant  nous  puissions  prouver  la  fausseté  de  cer- 
taines hypothèses  concernant  la  stniclurc,  ([ui,  autrefois,  parais- 
saient admissiiilcs. 

Coinme  il  n'y  a  certainement  aucun  crislal  dont  la  structure  soit 
établie  avec  certitude,  les  grandeurs  des  constantes  des  réseaux 
sont  encore  alïectées  d'une  incertitude  qui  retentit  sur  les  lon- 
gueurs d'onde  des  rayons  de  Riintgen  ;  les  phénomènes  d'inter- 
férence permettent  en  effet  uniquement  de  comjjarer  ces  longueurs 
tl'onde  à  ces  constantes.  Mais,  bien  que  les  valeurs  numériques 
soient  incertaines,  comme  ordre  de  grandeur  on  trouve  toujours 
ii)^*  cm,  comme  on  pouvait  s'y  attendre  depuis  les  expériences  sur 
la  diffraction  des  rayons  de  Rilntgen  à  travers  une  fente. 


INSTITI  T    HtH,\  \V 


98  LA   STRUCTURE   ;)E    LA   MATIÈRE. 

2.  La  forme  des  points  d'ititerférence.  —  Si  l'on  considère  une 
figure  d'interférence  obtenue  avec  un  diaphragme  suffisamment 
étroit  et  un  cristal  pas  trop  épais,  on  observe,  au  lieu  de  points 
d'interférence,  des  traits  qui,  lorsque  la  plaque  photographique  est 
placée  perpendiculairement  au  rayon  incident,  sont  dirigées  tangen- 
tiellement,  c'est-à-dire  perpendiculairement  au  rayon  vecteur 
mené  du  centre  de  la  figure  à  l'endroit  de  l'interférence.  D'autres 
formes  résultent  éventuellement  de  ceci,  que  le  faisceau  de  rayons 
de  Rontgen  incidents  est  très  large,  ou  que  le  cristal  est  très 
gros;  en  particuHer,  cette  dernière  circonstance  a  pour  effet,  pour 
des  raisons  géométriques  évidentes,  d'allonger  radialement  les 
points  d'interférence.  Si  l'on  pouvait  observer  à  travers  une  lunette 
visant  à  l'infini,  de  pareilles  circonstances  accessoires  n'auraient 
plus  d'influence  sur  la  forme  des  points.  Nous  devons  donc  nous 
placer,  avec  la  plaque  photographique,  à  une  distance  du  cristal  qui 
est  grande  par  rapport  aux  dimensions,  pour  observer  le  résultat. 

L'expérience  prouve  que  cet  allongement  des  points  disparaît 
au  fur  et  à  mesure  que  la  source  du  rayonnement,  l'anticathode 
du  tube  de  Runtgen,  s'éloigne  du  cristal.  Cet  allongement  semble 
donc  dépendre  de  la  courbure  des  ondes  incidentes  et,  vu  la  peti- 
tesse des  longueurs  d'onde  des  rayons  de  Rontgen,  une  influence  de 
la  courbure  est  efl'ectivement  à  prévoir,  a  yriori,  comme  M.  Rubens 
l'a  affirmé  le  premier.  Que  cette  influence  consiste  précisénieiil 
dans  l'allongement  observé,  il  est  aisé  de  s'en  rendre  compte, 
si  l'on  admet  (ce  qui  est  toujours  permis  avec  une  approxima- 
tion suffisante)  que  les  rayons  incidents  ont  une  direction  cristal- 
lographiquement  possible.  C'est  dans  cette  direction  que  nous 
jdaçons  un  des  vecteurs  fondamentaux,  par  exeinjilc  n,,  par  les- 
<]uels  nous  avons  re|>réscnté  le  réseau  dans  la  ])rcmièçe  Partie. 

L'expression  (la)  \hiuv  rinlctisitc  contient  le  ju-oduit  de  trois 
quoi  ieiils  de  sinus.  Le  jircnucr  de  ces  (juolicnts  correspond  à  riiitcr- 
fcrence  d'éléments  du  réseau  qui  sont  groupés  le  long  d"ui»c  droite 
liarallèle  art,.  Les  deux  autres  donnent  l'elTet  d'interférence  d'un 
réseau  croisé,  situé  dans  le  plan  des  vecteurs  rt^  et  rt,.  Il  se  produit 
un  maximum  visible  là  où  un  spectre  du  réseau  croise  se  trouve 
Millisamnienl  près  d'un  des  cercles  sur  lesquels  le  premier  quotient 
de  sinus  a  ses  maximn. 

Mais  l'expression  (10)  n'est    ;i]ipli(alili'  (|ni'  dans  le  cas  où  les 


I.KS    PIIKNOMëNES    I>  INTKRFKBE.VCKS    des    hayons    m-:    HuNTCKN.  \)[) 

ondes  inciileiilcs  sont  planes.  Dans  le  cas  où  les  ondes  sont  si)lié- 
riques,  cette  expression  est  remplacée  par  une  aiilre  où  fij^nrent  de 
nouveau  comme  facteurs  d'abord  un  terme  provenant  d'éléments 
réticulaircs  ijroupés  parallèlement  à  tl,  :  eu  second  lieu,  un  Icruio 
indiquant  l'cITet  du  réseau  croisé.  Mais  les  niaxinia  du  dernier  t<'rmc 
ne  sont  jilus  limités  à  des  étendues  aussi  ]>eliles  qu'avant  :  les  s])ec- 
tres  du  réseau  croisé  se  sont  notablement  élargis.  Leur  netteté 
primitive  était,  en  elTet,  déterminée  par  le  fait  t|u'entre  dcu.x  ondes 
interférantes  existait  chaque  fois  exactement  la  même  dilïérencc 
de  phase;  or,  cela  n'est  plus  le  cas  maintenant.  Par  contre,  les 
maxima  d'interférence  qui  proviennent  d'éléments  rétic^daircs 
disposés  parallèlement  à  rt,,  c'est-à-dire  parallèlement  à  la  direction 
de  propagation  de  l'onde,  sont  aussi  nets  qu'avant  ;  ici  la  courbure 
n'a  pas  d'influence.  Mais  une  clarté  visible  apparaîtra  là  où  les 
cercles  qui  contiennent  les  maxima  nets  du  premier  tenue  coupent 
les  spectres  de  réseau  croisé  élargis.  Il  est  clair  que  cela  dnniK^  lieu 
à  l'allongement  observé  des  taches. 

Une  autre  explication  de  la  forme  des  taches,  inie  explication  géo- 
métrique-optique pourrait-on  dire,  a  été  donnée  par  M.W.-L.  Bragg. 
Je  ne  crois  pas  qu'elle  touche  l'essence  même  du  phénomène,  parce 
que,  d'après  elle,  l'allongement  devrait  être  surtout  accusé  lorsque 
la  distance  de  la  pla<[ue  au  cristal  est  un  peu  plus  petite  cpie  la 
distance  du  diaphragme  au  cristal.  Or.  d'après  le  matériel  d'obser- 
vation dont  nous  disposons,  un  pareil  optimum  de  situation  ne 
paraît  pas  exister. 

;5.  Influence  du  mouvement  thermique  (^).  —  C'est  un  phénomène 
tout  à  fait  général  que  les  rayons  diffractés  diminuent  d'intensité 
à  mesure  que  l'angle  f[u'ils  font  avec  le  rayon  incident  devient  plus 
grand. 

Cela  s'observe,  par  exemple,  dans  les  expériences  de  réflexion  dont 
il  a  été  fpiestion.  La  réflexion  cesse  lorsque  l'angle  d'incidence  est 
plus  petit  que  5o°,  c'est-à-dire  lors(|ue  l'angle  compris  entre  le 
rayon  incident  et  le  rayon  ■<  réfléchi  »  devient  [dus  grand  que  So°. 

(')  1'.  Uebyl,  Verlt.  il.  Ucul^tli.  l'Inja.  f;c.s-.,  t.  XV,  J-H  1.  |>.  O^S  tl  ^iS.  Ce 
paragraplio  a  été  ajoute  et  a  pour  cette  raison  moins  de  (icvtIo]ipi.nu-iit  que 
ne  le  voudrait  l'importance  du  sujet. 


LA    SXniCTlRE    DE    LA    MATIKUE. 


C'est  ce  que  montrent  aussi  les  figures  d'interférence  dans  le  genre 
de  celles  obtenues  par  Friedrich  et  Knipping;.  à  rexception  d'un 
seul  cas,  tous  les  rayons  difîractés  se  trouvent  ici  à  l'intérieur  d'un 
cône  faisant  un  angle  d'environ  5o°  avec  l'axe,  le  rayon  incident. 
La  théorie,  telle  qu'elle  a  été  développée  jusqu'ici,  ne  sait  rien 
d'une  pareille  délimitation  de  phénomène. 

L'exception  à  laquelle  nous  faisions  allusion  est  donnée  par  le 
diamant.  Déjà  Friedrich  et  Knipping  ont  constaté  cjue.  lorsqu'on 
lance  des  rayons  à  travers  le  diamant,  on  obtient  aussi  des  points 
d'interférence  sur  une  plaque  qui  se  trouve  entre  le  tube  Riintgen 
et  le  cristal,  qui  se  trouve  donc  devant  le  cristal  dans  le  sens  des 
rayons  incidents.  Je  puis  vous  montrer  trois  photographies  (faites 
par  M.  Tank  et  moi),  dans  lesquelles  le  passage  des  rayons  se  fait 
suivant  un  axe  ternaire.  Dans  l'une  des  épreuves,  la  plaque  était 
perpendiculaire  au  rayon  incident  et  placée  derrière  le  cristal  (comme 
d'ordinaire),  dans  la  seconde  elle  était  placée  à  côté  du  cristal, 
parallèlement  au  rayon  incident,  et  dans  la  troisième  perpendi- 
culairement à  ce  rayon,  devant  le  cristal.  Vous  voyez  qu'ici  il  n'y 
a  pas  de  limite  au  domaine  des  maxima  d'interférence,  mais  que 
des  rayons  correspondant  aux  maxima  sortent  aussi  du  cristal 
sous  des  angles  obtus  et  même  sous  des  angles  de  presque  180° 
par  rapport  au  rayon  incident.  Toujours  est-il  que  l'intensité  des 
points  est  plus  forte  sur  la  première  plaque  que  sur  la  troisième. 

Cette  diminution  de  l'intensité,  par  augmentation  de  la  distance 
au  rayon  incident,  et  cette  particularité  du  diamant  ont  trouvé 
dans  ces  derniers  temps  leur  explication.  Il  s'agit  de  l'influence 
du  mouvement  thermique;  qu'il  me  soit  permis  de  vous  commu- 
niquer l'idée  fondamentale  de  la  théorie  de  Debye. 

Debye  calcule  l'intensité  qui  résulte  de  l'interférence  des  ondes 
émanant  des  alonies,  dans  le  cas  où  ces  atomes  s'écarlent  d'une 
façon  quelconque  de  leurs  positions  d'équilibre  déterminées  par 
le  réseau.  Comme  on  connaît,  d'autre  part,  i>ar  des  considérations 
de  statisti((uc,  la  probabilité  d'un  écart  déterminé  et  jKir  consé- 
quent l'intensité  correspondante,  on  peut  aisément  calculer  son 
«  espérance  niathéniatitpie  ».  Celle-ci  est  riulensité  f<iuriiic  ])ar 
l'observation. 

Le  résultat  dilîère  de  rcxprcssion  (la)  essenlicUfuicnt  vu  ceci, 
que  (si  nous  nous  bornons  à  considérer  le  cas  d'un  réseau  régulier. 


LES    PlIKNOMENES    IH.NTERFKnENCKS    DKS    lUVONS    DE    llciNTGEN.  lOI 

dans  lequel  les  vecteurs  il  sont  dirigés  suivant  les  arêtes  du  culje) 
il  intervient   nu  fucteiu- 

K  =  e      /'•' 
qui.  pour  un  point  d'interférence  h,,  li,,  /(.,,  dcxicnt  d'après  (a) 

;  r'  <  T  , , ,     , .     , .  1 

l/*î-t-Aj  H-ftj) 

K  =  e       ""  (<)■ 

Dans  cette  expression,  '1"  représente  la  température  absolue  du 
cristal,  A'  la  constante  de  Boltzmann;  /  est  une  jrrandcur  mesurant 
la  force  «  élastique  »  qui  lie  les  atomes  à  leur  position  d'équilibre. 
Pour  la  plus  grande  des  longueurs  d'onde  pouvant  exister  an  point 
d'interférence,  on  a 

K  =  e       ' 
De  là  se  déduisent  les  conséquences  suivantes  : 

1°  Si  0  est  l'angle  formé  par  le  rayon  incident  et  le  rayon  dévié, 

on  a 

lï  — «0  )'-!-(  ° —  ?())' -t-^ï  — 70)'=  2(1  — cos&i; 

K  diminue  donc  à  mesure  que  o  augmente.  Ce  n'est  que  dans  le  cas 
du  diamant,  qui  a,  comme  on  sait,  un  /  particulièrement  grand 
et  ,  en  outre,  un  mouvement  thermique  anormalement  faible  à  la 
température  ordinaire,  que  cette  diminution  se  fait  à  peine  sentir. 

2°  Ce  ne  sont  que  les  points  dont  les  valeurs  de  t, ,,  y,2,  /,;i  sont 
faibles  qui  ont  une  intensité  notable.  Ce  sont  donc  uniquement 
les  surfaces  cristallograi)liii[ucment  possibles,  celles  (jui  corres- 
pondent à  de  petits  indices,  qui  peuvent  réfléchir  notablement. 

3°  La  densité  avec  lac[uelle  une  surface  est  couverte  de  points  • 
est,  comme  nous  l'avons  déjà  vu,  d'autant  plus  grande  que 
Ti|  +  ï,;  +  T,^  est  plus  petit.  L'assertion  de  M.  Bragg  junior,  que 
les  surfaces  recouvertes  de  la  façon  la  plus  dense  réfléchissent 
seules,  se  vérifie.  Mais  la  raison  de  ce  fait  n'est  pas  immédiatement 
compréhensible;  elle  réside  dans  le  mouvcmcnl  lhcrmi<(iif.  Il  faut 

(')  Je  fais  déjà  usage  ici  d'une  gcnéralisalion  qui;  M.  Sommcrlcld  m'a 
communiquée  personncllcmcnl;  celte  communication  est  rapportée  en  partie 
t(  xtuellement  dans  la  suite. 


^'^î-^'.s 

^^-j 

'ir   .  ^5 

■'â 

a!     ■    6' 

c'- 

lO?.  LA   STRICTIRE   DE    I.\    MATIÈRE. 

cependant  ajouter  que  ia  petitesse  des  indices  est,  à  mon  avis, 
une  condition  nécessaire,  il  est  vrai,  pour  cjue  la  surface  réticulaire 
correspondante  ait  le  pouvoir  de  réfléchir,  mais  pas  une  condition 
suflisante.  Car,  s'il  en  était  autrement,  la  plupart  des  points  de 
l'épreuve  ternaire  du  diamant  devraient,  à  mon  avis,  se  présenter 
de  nouveau  douze  fois  au  lieu  de  six  fois  [voir  i^^  Partie,  §  9). 

4°  Les  expériences  de  réflexion  sur  des  cristaux  cubiques  donnent 
une  plus  orande  intensité  poxu-  cette  raison-ci  que  le  plus  souvent  on 
se  servit  de  la  face  du  cube  : 

^il  =  Ï!  ■'ii=  ■',;)=  O,  T,î  — ■''li -*-  '..i  = '• 

5°  Dans  le  système  rhombique. 


est  remplacé  par 


Lorsque  «  •<  è  <  f,  la  face  y,,  =  i,  y,o  ^  v,  i  =  o  réfléchit  mieux 
que  r,  I  =  i,  r,2  ^  "/■,3  =  o.  Dans  le  cas  du  système  triclinique  aussi 
c'est  en  réalité  la  grandeur  des  Yh,  r,;,  y,:,  qui  importe;  la  formule 
doit  alors  subir  cjuelques  modifications. 

6°  La  ])lus  grande  longueur  d'onde  pouvant  être  réfléchie  uni- 
quement par  la  face  réfléchissante  y,,.  y,.j,  y.;,  est  donnée  par 

À  _  alTiiao-t-T,;Po-t-r,..iYo>_ 
a  yri-^Tj-*- r,3 

L'intensité  dépend,  outre  du  mouvement  thermique,  éN  idemment 
aussi  de  l'intensité  avec  laquelle  le  A  exigé  est  représenté  dans  le 
spectre.  Mais,  mcnie  pour  de  petites  valeurs  de  y,,,  y,o,  y,-,,  la  tache 
corrcs]iondanle  ]ieiit  manquer  complètement,  si  le  À  est  en  deçà 
ou  au  delà  des  limites  du  spectre. 

7°  I>e  ri"""'  ordre  {h ,  =  ?rr,  ,Jt<  =  nr..^,  /'.i  =  'ly,;!,  au  lieu  de  y, , ,  y,2,y,:i) 
esl  alladili  hcMucoup  ])lus  jiar  le  mouvement  ihermique  que  le 
premier  ordre;  au  lieu  de  K  nu  a  alors  K"'.  l'nur  K  ^=  -  et  n  =  2. 
00  a  ]>ar  exemple 

K"'.^  f 'V'=  -;.         K  :  K"'=  S  :  I. 

\2/  10 


I.KS    l'IlKXOMKNES    I)  INTERFKHKNTDS    DKS    m\ONS    l>K    IlilNTGEX.  lui 


DISr.lSSlON  DU  RAPI'OUT   HE  M.   I.AUE. 

M.  LoHENTZ.  —  Il  me  semble  qu'il  n'est  pas  nécessaire  de  parler 
d'une  réflexion  apparente  sur  les  plans  cristallographiques,  mais 
qu'on  peut  fort  bien  eonsidérer  les  phénomènes  comme  provenant 
d'une  réflexion  réelle. 

Supposons  que  les  moIéculeS  soient  placées  aux  nœuds  d'un 
réseau  de  Bravais,  dont  les  cùiés  a,  h,  c  ont  les  directions  a,  [î,  y. 
On  peut  alors  passer  d'une  molécule  (ixe  O  à  une  autre  ([iielconque 
1*  en  faisant  m  pas  éf^aux  à  a  dans  la  direction  x,  n  ]jas  de  la  gran- 
deur b  dans  la  direction  ^  et  p  pas  égiaux  à  c  dans  la  direction  y; 
m,  n,  et  p  sont  des  nombres  entiers  qui  déterminent  la  position  de 
la  molécule  P  par  rapport  à  0. 

Soit  L  le  point  de  départ  des  rayons  et  examinons  l'état  de 
vibration  produit  en  un  point  A  de  l'écran,  les  distances  de  ces 
points  au  cristal  étant  très  grandes  par  rapport  aux  dimensions 
de  ce  dernier.  Comme  cha<iue  molécule  qui  est  frappée  par  les 
rayons  devient  un  centre  d'ébranlement ,  une  vibration,  partie  de  L, 
peut  atteindre  le  point  A  par  l'inlcrmédiaire  de  chaque  molécule. 
Seulement,  la  phase  de  la  vibration  qui  arrive  en  A  changera  avec 
la  position  de  la  molécule  considérée.  Si  l'on  désigne  par  s,  la  diffé- 
rence de  phase,  exprimée  en  longueurs  d'onde,  qui  est  produite  par 
un  déplacement  a,  et  par  .ij  et  *■,  celles  qui  corrcspondciil  aux  dé- 
placements h  et  c,  il  y  aura  ime  différence  de  phase 

entre  les  vibrations  qui  sont  dues  au.\.  molécules  U  et  1'. 

Or,  d'après  la  manière  de  voir  de  .M.  Laiie,  .i,,s.,,  s.,  sont  des 
nombres  entiers  pour  chaque  position  du  point  A  où  il  y  a  un 
maximum.  Il  en  résulte  qu'après  avoir  choisi  un  des  maxima, 
on  peut  satisfaire  à  ré((uation 

;ji.<i  -•-  ns,  -+■  pS;,  —  o. 

par  une  inlinité  de  iinmlucs  entiers  m,  n  et   /).    l'ividemment,  on 
détermine  ainsi  des  molécules  P  ipii  se  trouNcnl    toutes  dans  un 


104  LA    STRICTIRE    IlE    LA   MATIÈRE. 

plan  dont  la  direction  dépend  des  positions  de  L  et  de  A.  Pour 
chacune  d'elles,  la  somme  des  distances  à  L  et  à  A  a  la  même 
valeur,  et  l'on  peut  bien  dire  que  cette  couche  de  molécules  réfléchit 
les  rayons  vers  le  point  A.  En  effet,  l'essentiel  dans  la  réflexion 
par  un  miroir  est  précisément  l'égalité  en  phase  des  vibrations 
que  le  point  éclairé  reçoit  par  l'intermédiaire  des  diiïérents  élé- 
ments de  la  surface. 

M.  Laue.  —  Lue  réflexion  dans  le  sens  optique  ordinaire  ne  se 
produit  que  sur  des  faces  qui  sont  garnies  d€  particules  très 
rapprochées  (en  comparaison  de  la  longueur  d'onde).  Un  réseau  à 
larges  mailles,  au  contraire,  produit  toujours,  en  dehors  du  ra\  on 
réfléchi,  le  spectre  d'ordre  zéro,  beaucoup  d'autres  spectres  encore. 
C'est  cette  différence  cjue  j'ai  eu  en  vue  lorsque,  dans  ma  confé- 
rence, je  me  suis  servi  de  l'expression  «  réflexion  apparente  ». 
D'ailleurs,  même  si  l'on  ne  considère  cjue  le  spectre  d'ordre  zéro, 
il  y  a  encore  une  différence  lorsque  les  ondes  incidentes  sont 
sphériques   au   lieu   d'être  planes   {^). 

M.  LoRENTZ  remarque  qu'à  hi  rigueur,  l'expression  (la)  de 
M.  Laue  (p.  77),  bien  qu'elle  fasse  connaître  la  position  des  maxima, 
ne  représente  pas  les  intensités  qu'on  ol)serve.  Elle  conduit  ptnir 
les  maxima  à  des  valeurs  proportionnelles  à  M;  M^  M^,  c'esL-à-dire 
au  carré  du  nombre  des  molécules  qui  sont  en  jeu,  tandis  qu'en 
général  rnitensilé  observée  sera  jirnporlionnelle  à  ce  nombre 
même. 

La  question  csl  analogue  à  celle  (pii  se  jircsenle  en  ojili(|ue 
dans  le  cas  de  la  diifraclion  par  1111  léseau.  Soit  /)  le  nombre  des 
traits,  cl  supposons  (|uc  les  rayons  incidents  soient  parallèles 
entre  eux  et  ipic  la  lumière  dilfractée  soit  reçue  sur  un  écran  placé 
à  grande  dislance.  Pour  nu  des  maxima,  l'intensité  au  milieu, 
mesiu'ée  ])ar  l'énergie  cpii  y  arrixc  ))ar  unité  de  surface,  est  projior- 
tionnelle  à  /r.  Mais,  d'ajirès  un  théorème  bien  connu,  la  largeur  du 
maximum    est     iu\'ersenient    j)roportiounelle    au    nombre    n.    On 


(')  Comj).  à  ce  siijrt  M.  Laie  cl  1".  Tank,  Auii.  d.  Pliys..  t.  XL,  1 ',('>, 
p.  loo3;  p.irt.  p.  idoCi  ci  1007  (l.i  les  cociTirionls  C,<lcpciulciit  des  conslaalos 
a  du  réseau;. 


LES   PIIÉNOMKNKS    h'iNTERFÉRENCES    VK^    RAïONS    DE    Ilii.NTGKN.  loi 

coniproiul  dune  <|ue,  pour  l'intensité  totale,  le  calcul  conduise  à  une 
valeur  siiii|iloiiicitt  proportionnelle  à  /(. 

Remarquons  que  la  laru;eur  an^tulaire  du  maximum  est  donnée 

par  -7>  si  )■  est  la  longueur  d'onde  et  /  la  largeur  du  réseau.  Dès 

que  cette  fraction  est  très  petite,  on  ne  pourra  observer  que  l'in- 
tensité totale.  C'est  bien  le  cas  qui  se  présente  dans  les  expériences 
avec  les  rayons  de  Rimtgen. 

M.  DE  IBroglie.  —  Quelles  sont  les  valeurs  que  l'on  peut  admettre 
pour  les  nombres  entiers /(,,  h-,,  hj?  Il  semble  que  les  ordres  possibles 
d'interférence  soient  liés  à  la  nature  périodique  ou  non  de  l'onde 
incidente  et  à  la  longueur  des  trains  d'onde. 

.M.  .NiiH.NST.  —  Je  ^oudrais  demander  si  des  observations  on  ne 
peut  rien  conclure  au  sujet  de  l'énergie  au  zéro  absolu  ;  il  semble 
en  effet  que  les  observations  faites  sur  le  diamant  ne  plaident  pas 
en  faveur  de  l'existence  d'une  pareille  énergie.  Ici  se  pose  certai- 
nement la  (piestion  fondamentale  de  savoir  si,  d'une  façon  ou  d'une 
autre,  l'énergie  au  zéro  absolu  peut  se  manifester  optiquement. 

M.  SoMMEKFELD.  —  Lcs  obscrvatious  dont  nous  disposons  actuel- 
lement ne  permettent  pas  encore  de  trancher  la  (juestion  de 
l'énergie  au  zéro  absolu,  ainsi  (pi'une  étude  préliminaire  m'a  paru 
le  montrer. 

.M.  Einstein.  —  Il  y  a  de  graves  objections  contre  l'hypothèse 
d'une  énergie  du  point  zéro  consistant  en  vibrations  élastiques. 
En  effet,  si  l'énergie  (thermique)  de  vibrations  élastiques  ne  tend 
pas  vers  zéro,  mais  vers  une  valeur  finie  positive  à  mesure  que 
la  température  s'abaisse,  on  doit  s'attendre  à  trouver,  pour  toutes 
li's  propriétés  des  corps  solides  qui  dépendent  de  la  température, 
une  allure  semblable,  notamment  une  tendance  vers  des  valeurs 
constantes  et  finies  à  basse  température.  Or,  cela  est  contredit 
par  l'importante  découverte  de  Kamerlingh  Onnes,  qui  a  trouvé 
que  les  métaux  purs,  lorsqu'ils  se  rapprochent  du  zéro  absolu, 
deviennent  des  «  supraconducteurs  ». 

M.  LiNDEM.vNN.  —  La  preuve  décisive  qu'il  existe  oui  ou  non  une 


I06  I.A   STRUCTIRE    DE    LA    MATIÈHI:. 

énergie  au  zéro  al)solu  ne  peut  certainement  être  fournie  que  par 
les  formules  plus  rigoureuses  que  ^I.  Debye  a  déduites  en  considé- 
rant 1  écart  à  la  loi  de  Dulong-Petit.  A  priori,  les  observations  ne 
me  paraissent  pas  jdaider  en  faveur  de  cette  énergie.  Mais  le  fait 
que  le  diamant  réfléchit  sous  tous  les  angles  ne  peut  pas  s'expliquer 
uniquement  par  la  petitesse  des  amplitudes  de  ses  vibrations  ato- 
miques. Car,  si  tel  était  le  cas,  la  pyrite  aussi  devrait  réfléchir 
dans  toutes  les  directions  à  la  température  de  Fair  liquide,  à 
laquelle  ses  atomes  ont  une  amplitude  vibratoire  notablement 
plus  jjetite,  tout  comme  les  atomes  de  diamant  à  la  température 
ordinaire.  M.  de  Broglie  a  trouvé,  comme  il  va  nous  l'exposer, 
que  tel  n'est  pas  le  cas.  L'explication  de  la  réflexion  dans  tous  les 
sens  dans  le  cas  du  diamant  doit  être  cherchée  dans  le  fait  qu'une 
réflexion  du  premier  ordre  ne  se  produit  que  lorsque  À  ^  2  rf  cos  o. 
Or,  pour  le  diamant,  d  est  petit,  c'est-à-dire  que  ce  sont  des  ondes 
relativement  courtes,  pour  lesquelles  A  =  3  rf,  qui  sont  renvoyées 
sous  un  angle  d'incidence  nul.  Dans  le  cas  de  la  pyrite,  oii  d  est 
beaucoup  plus  grand.  /,  devrait  être  beaucoup  plus  grand  et  ces 
rayons  mous  manquent  probablement  dans  le  spectre,  ou  bien 
parce  qu'ils  sont  absorbés  par  la  paroi  du  tube,  ou  bien  peut-être 
parce  que,  vu  le  degré  de  dureté  du  tube  employé,  ils  ne  sont  pour 
ainsi  dire  pas  engendrés.  Des  interférences  de  degré  plus  élevé 
auraient  une  intensité  beaucoup  jilus  faible,  comme  Debye  1  a 
montré. 

M.  DK  BnoGi.iK.  — •  .Je  voudrais  préciser  les  conditions  expé- 
rimentales dans  lcs<|uelles  les  résultats  prévus  par  M.  Debye 
semblent  ne  pas  complètement  se  réaliser.  Il  s'agit  d'abord 
diiilciisités  appréciées  au  moyen  de  photographies,  c'est-à-dire 
Iles  grossièreiiKMit.  .Fe  me  suis  adressé  à  la  tourmaline  pour  pouvoir 
aller  iustiu'aii  rouge  dans  un  bec  lîunsen,  sans  trop  abimer  le 
iiislal;  h'  même  corps  a  été  essayé  à  la  température  ordinaire  et 
à  celle  de  l'azolc  litpiidc. 

Les  maxima  iriiilerfércnce  ont  encore  une  grande  netteté  à 
haute  température,  ce  qui  confirme  bien  la  première  conclusion 
di'  M.  DrliNc.  rcl;ili\c  à  la  conservation  de  la  ]>iirelé  des  dia- 
grammes. .Miiis  les  intensités  relatives  des  taches  voisines  des 
bords  el  du  centre  ne  paraissent  jias  présenter,  quand  la  tenipé- 


LRS    PlIKXO.MhNES    u'iNTKnFKRKXl  i:S   DKS   RAYONS    I)K    luiNTGKN.  I07 

rature  varie  dans  (l'aussi  larges  liiiiiles,  les  variations  cnnsiclérahles 
prt'vues  par  la  théorie. 

Les  expériences  à  la  température  de  1  air  li(|iiiilc  ont  été  répétées 
avec  la  pyrite  de  fer  et  la  fluorine,  qui  devraient,  d'après  les  indi- 
eations  de  leur  période  propre,  être  très  sensibles  aux  \ariations 
tlierniitpies;  la  pyrite,  vers  la  température  de  l'air  li(iiiide.  devrait 
même  se  trouver  dans  des  coiulitions  plus  favoraldes  ipie  le  dia- 
mant à  la  température  ordinaire,  .\utant  que  j'ai  pu  m'en  rendre 
compte  en  plaçant  des  plaques  phntoi;raphi([ues  eu  avant,  en 
arrière  et  de  eliarpie  côté  du  cristal,  les  variations  pré^■u(■s  ne 
semblent  pas  se  produire  (^). 

Cependant,  si  les  intensités  relatives  des  points  élojgncs  ou 
rapprochés  du  centre  n'ont  pas  paru  varier  bien  sensiblement, 
l'intensité  irénérale  du  diagramhic  a  toujours  send)lé  un  |)eu  ])lns 
faible  aux  températures  élevées,  malgré  l'absorption  tie  l'air 
liquide  qui  aurait  plutôt  amené  le  résultat  inverse  (Le  h'nilnini, 
août  1913,  ]i.  ■>  [i)^. 

M.  DE  Broclik.  —  .Je  voudrais  faire  une  autre  remarrpie  au 
sujet  de  la  fonction  T  de  direction,  introduite  par  .M.  Laue; 
cette  fonction  pourrait  subir  une  variation  au  moment  des  phé- 
nomènes d'orientation  moléculaire  f[ue  subit,  {)ar  exem]>le,  la 
magnétite  dans  un  champ  magnétique. 

L'expérience  faite  -avec  un  champ  d'cnvirnii  10  000  unités, 
normal  au  faisceau  de  Ri'mtgen  qui  coïncidait  avec'  l'axe  ternaire 
d'un  cristal  de  magnétite,  n'a  montré  aucune  influence  sensible 
de  ce  genre  sur  les  diagrammes  photographiques  obtenus  avec  et 
sans  champ  magnétique. 

Après  l'exposé  de  .M.  de  Broglie,  M.  K.\Mi:ia.iNr.ii  0.nm:s  fait 
une  observation  sur  l'intérêt  qu'il  y  aurait  de  faire  la  recherche 

l'I  L'(  xprossioii  à  la<|iirllc  on  arrive,  dans  la  fonnuli-  ilo  iM.  Detiyp,  vn  inlro- 
duisant  la  formuli'  ilc  .\[.  IJragg  n).  =  '^.(2sin  x,  conduit,  du  reste,  à  envisager 
l'aflail)lisspment  diiitiiisité  avec  la  température'  comme  indépendant  de  la 
déviation,  pour  les  Uiches  ducs  au  même  ordre  du  spectre,  ainsi  que  cela  a 
été  indique,  en  particulier  par  M.  Sommerfeld.  On  peut  remarquer  aussi 
qu'en  général,  les  taches  formant  les  diagrammes  proviennent  des  bande»  à 
courte  longueur  d'onde  qui  se  présentent  au  <lél>ut  des  spectres  des  rayons  do 
Rtintgcn,  émis  par  les  tubes  ordinaires  au  platine  ou  au  tungstène. 


I08  LA   STRLCTIRE    DE    LA    MATIÈRE. 

aux  très  basses  températures,  pour  avoir  affaire  à  une  plus  grande 
valeur  du  facteur  de  M.  Debye. 

M.  EiNSTEi>'.  —  Si  nous  voulons  introduire  une  énergie  au  point 
zéro  dans  le  résonateur  de  Planck,nous  ne  pouvons  pas,  à  mon  avis, 
admettre  (jue  cette  énergie  dans  un  corps  solide  consiste  en  vibra- 
tions élastiques  dans  le  sens  de  Debye.  Dans  cette  manière  de  voir, 
contre  laquelle  il  y  a  de  graves  objections,  comme  je  l'ai  déjà  fait 
remarquer,  il  est  inévitable  que  nous  attribuions  à  cette  énergie 
une  influence  sur  l'intensité  des  points  d'interférence  de  Laue. 

Je  dois  aussi  faire  remarquer  à  ce  propos  que  les  arguments  que 
j'ai  avancés  avec  M.  Stern  en  faveur  de  l'existence  d'une  énergie 
au  zéro  absolu,  je  ne  les  considère  plus  comme  valables.  En  pour- 
suivant plus  loin  les  considérations  que  nous  avons  faites  à  propos 
de  la  déduction  de  la  loi  du  rayonnement  de  Planck,  j'ai  en  elTet 
trouvé  que  cette  voie,  basée  sur  l'bypotbèse  de  l'énergie  au  point 
zéro,  conduit  à  des  contradictions. 

M.  WiEN.  —  Pour  la  théorie  de  la  conductibilité  électrique, 
l'hypothèse  de  l'énergie  au  zéro  absolu  n'est  pas  indispensable. 
Si  l'on  s'y  attache  cependant,  on  ne  peut  pas  l'interpréter  comme 
une  énergie  vibratoire  des  atomes.  Je  ne  suis  pas  d'accord  avec 
M.  Einstein  lorsqu'il  prétend  que  cette  intcrprélalion  est  la  seule 
admissible,  puisque  la  théorie  de  Planck,  dans  laquelle  cette 
énergie  est  introduite,  ne  se  prononce  pas  au  sujet  de  la  forme  sous 
laquelle  cette  énergie  existerait  dans  l'oscillateur. 

M.  Nernst  (question  à  M.  Einstein).  —  Si  vous  n'admettez  plus 
d'énergie  au  zéro  absolu,  le  calcul  que  vous  et  M.  Stern  avez 
donné  des  chaleurs  moléculaires  mesurées  par  Eucken  jiour 
l'hydrogène  aux  basses  tem])éra turcs  doit  évidemment  être 
considéré  comme  n(ui  avenu." 

M.  Einstein  ^(réponse  à  la  (|ucslioii  de  M.  Nernst).  — Je  dois 
évidcmincnl  me  placer  à  ce  jioint  lic  vue  <(uc  par  là  les  considéra- 
lions  qui  ont  conduit  à  la  formule  pour  lliydrogène  perdent  leur 
fondement. 

M.  LoiiENTZ.  -      Eorscpii'   \I.    l'Iauck   fut  conduil   ])iiur  la  prc- 


LES   PllENOMi:\F.S    D  INTF.RKKBKNCKS    DES    HAYONS    DE    RIlSTGEN.  lOi) 

inière  fois  à  la  notion  d'une  énergie  ([iii  existerait  encore  au  zéro 
absolu,  il  s'a<;issait  de  ra<;italion  (U:  vrais  vibrateurs.  Or,  dans  la 
théorie  moderne  de  la  chaleur  spécifique  des  corps  solides,  les 
atonies  jouent  le  niènie  rôle  que  les  \il)raleurs  de  M.  Flanck  dans 
la  théorie  du  rayonnement.  Far  eonsé([ueiit,  dans  cet  ordre  d'idées, 
l'énergie  an  zéro  absolu  consisterait  en  un  vrai  déplacement  des 
atomes  de  leurs  positions  d'équilibre  et  pourrait  donc  avoir  une 
influence  appréciable  sur  les  phénomènes  d'interférence  des 
rayons  de  Riintgen. 

M.  SoMMF.ui'ULD.  —  Je  crois  pouvoir  montrer  dans  le  cas  des 
épreuves  faites  avec  la  blende  (pie  la  photographie  porte  tous  les 
points  qui  peu'vent  exister  en  vertu  de  l'étendue  du  spectre  du 
rayonnement  primaire  et  en  vertu  du  mouvement  thermique,  à 
condition  de  faire  au  sujet  de  la  structure  de  la  blende  des  hypo- 
thèses convenables.  Il  me  semble  donc  qu'il  n'y  a  pas  de  place 
pour  une  loi  de  rationalité  entre  les  longueurs  d'onde  qui  se  pré- 
sentent et  je  dois  considérer  comme  fortuites  les  relations  numé- 
riques entières  trouvées  par  Laue,  d'autant  plus  que  les  longueurs 
d'onde  calculées  d'après  la  théorie  de  Laue  ne  satisfont  pas  exac- 
tement à  ces  relations. 

Pour  ce  qui  regarde  la  fonction  U'  de  Laue,  j'accorde  évidem- 
ment, d'après  l'analogie  avec  le  réseau  à  traits,  qu'on  doit  l'intro- 
duire dans  l'intérêt  de  la  généralité  et  qu'on  peut  y  comprendre 
aussi  l'influence  de  la  coopération  de  plusieurs  réseaux.  Mais  il 
me  semble  que  pour  les  rapports  d'intensité  des  taches  il  ne  lui 
revient,  comme  grandeur  à  variation  lente,  (pi'une  faible  influence 
dans  le  cas  d'un  réseau  simple;  les  nœuds  du  réseau  peuvent  être 
considérés  pratiquement  comme  de  simples  dipôles,  ainsi  qu'on  le 
fait  dans  l'évaluation  du  l'.iyiiiinciiiciit  diffusé.  Les  effets  d'inter- 
férence des  réseaux  composés  ont  déjà  été  examinés  en  détail 
par  ^L  Bragg.  Je  dois  y  revenir  dans  le  cas  de  la  blende,  il  ne 
me  semble  pas  recommandable  de  les  comprendre  d'une  façon 
générale  dans  l'inconnue  'I'. 

Le  mouvement  thermique  a  pour  effet,  comme  on  peut  conclure 
de  la  théorie  de  Debye,  que  des  faces  recouvertes  de  points  d'une 
façon  trop  peu  dense  ne  réfléchissent  plus,  ou,  pour  l'exprimer 
autrement,  que  des  taches  ayant  des  numéros  d'ordre  li,,  h,,  /ij 


IIO  LA    STRLCTLRE    DE    LA    MATlKftE. 

trop  élevés  ne  peuvent  pas  se  présenter.  On  ne  peut  pourtant  pas 
dire  que  les  taches  sont  d'autant  plus  intenses  que  leurs  numéros 
d'ordre  sont  plus  petits  (^).  En  eiTet,  si  pour  iine  certaine  valeur 
de  h'^-'t-hl  -\-  hl  (ce  n'est  que  cette  combinaison  des  numéros  d'ordre 
qui  importe)  l'exposant  du  facteur  de  Debye  est  petit  pour  une 
température  donnée,  l'effet  thermique  est  sans  importance;  pour 
une  tache  ayant  une  valeiu'  de/i,  +  bl  -\-  h^  plus  petite  encore,  il 
l'est  évidemment  aussi,  sans  tjue  pour  cela  la  tache  puisse  être 
plus  intense.  Pour  Fintensité  des  taches  (présentes  en  vertu  du 
mouvement  thermique),  c'est  plutôt  la  distribution  de  l'intensité 
dans  le  spectre  primaire  des  rayons  X  qui  décide. 

M.  LoRENTZ  se  permet  de  revenir  sur  le  calcul  des  intensités.  Pour 
elïectuer  la  composition  des  vibrations  qui  se  réunissent  en  un 
point  déterminé,  on  peut  combiner  les  molécules  dans  un  ordre 
quelconque.  On  peut,  par  exemple,  se  limiter  d'abord  à  une  rangée 
de  particules  alignées  dans  la  direction  des  rayons  incidents  et  con- 
sidérer ensuite  l'extension  du  système  dans  des  directions  jierpcu- 
diculaires  à  ces  rayons.  Mais  il  semble  préférable  de  commencer 
par  les  couches  réfléchissantes,  rjui  ont  la  direction  de  plans  cristal- 
lographiques.  Cela  nous  permet  de  nous  alïranchir  de  l'hypothcsc 
que  le  point  d'émission  L  et  le  point  considéré  Q  de  l'écran  se 
trouvent  à  des  distances  infinies.  Soient,  pour  des  positions  quel- 
conques de  L  et  de  Q,  U  un  plan  réfléchissant,  A  un  point  (]ucl- 
conque  de  ce  plan,  /  =  LA  -)- AQ,  et  Ao  la  i)osition  de  A  pour 
laquelle  /  esl  un  iiiiiiiniinu  /„  ;  A,,  sera  ce  quon  peut  appeler  le 
point  de  réflexion  réiniliî'rc. 

Tant  que  la  différence  /  /„  reste  très  petite  par  rapport  aux 
longueurs  LA„  et  AoQ,  les  lignes  l  =  const.  dans  le  plan  U  seront 
des  ellipses  ayant  le  point  A,,  pour  centre,  et  l'on  peut  se  rendre 
compte  des  dilTérentcs  phases  (pi'nn  trouve  en  Q  en  considérant 
les  elli])ses  iiui  correspondent  aux  \alcurs  l=Ia-T\,\  'n  +  ^-j 
/(,-)- 4^-j  •••• '■'  M'"  uiius  T;i|)|icllenl    les  zones  de  Fresncl.   1.  iutcu- 

(')  Hcinarqiii'  Hiili'  Uns  ilc-  l;i  coiicrlidM  \rn  nji  i)  :  O  qui  vioul  il'clro 
ilil  ici  ne  Se  rappoiti'  (|ii';'i  l'cIVri  I lu  rMil({iii'.  Lo  facteur  de  sonsihililo  <|uo 
M.  I.iiri'iilz  \icnl  diiKliinirr  cnlro  tinips  (loiu)i.  Deiiyi;,  .t»i;i.  rf.  Plii/s., 
I.  Xlilll,  nul,  !'■  <,)')  '''^"■'i'^"' P'"' contre  les  taclics  à  petits  iiuincros  d'ordre 
dans  loulis  les  oireonslances. 


LIS    I11I.M>MIM:s    ll  I.NTKHKKIIKNCKS    des    IIAÏOSS    DE    m'iNTdEN.  III 

site  résullantp  ppiit  t'Ire  calciilùi'  i-xaclemenl  à  l'aide  d'une  mé- 
thode bien  connue,  indiquée  jiar  Kirehlioiï  {').  On  trouve  qu'elle 
peut  être  regardée  comme  due  à  la  ]i:iilie  centrale  de  la  réfiion 
limitée  jiar  la  promière  ellipse  et  qu'il  y  a  une  dilîércnce  de  phase 
ile  J  ),  entre  les  \il)ratioiis  résiillaiiles  et  celles  (pii  appartiennent 
au  rayon  réfléchi  au  point  A,,. 

Il  est  vrai  que  les  formules  de  Kirchhoif  contiennent  des  inté- 
grales au  lieu  des  sommes  dont  il  s'agit  dans  le  cas  qui  nous 
occupe,  mais  on  pourra  toujours  s'en  servir  si  les  distances  molécu- 
laires sont  très  petites  par  rajjport  aux  dimensions  des  ellipses  dont 
il  vient  d'être  question. 

Kn  posant  LA,,  =  a,  A„Q  =  i  et  en  désignant  par  S  l'angle  d'in- 
cidence  au   point   A,,,  on  trouve  pour  les   demi-axes   de   l'ellipse 


./I«^      et  ^,i/^ 


ô' 


Pour  ).  =  iQ— '  cm,   a  ^=  b  =^  :jo'"',    ces   longueurs   de\iennent 

1.0. 10-*  cm 


I  ,l\.  Kl-'  cm 


cos 


On  voit  ainsi  que  les  dimensions  des  ellipses  sont  bien  supé- 
rieures aux  distances  moléculaires,  mais  que,  d'un  aulie  côté, 
une  petite  étendue  seulement  du  plan  réfléchissant  doit  être  con- 
sidérée comme  ellicace.  Les  circonstances  sont  donc  bien  dilîé- 
rentes  de  celles  qu'on  aurait  si  L  et  Q  se  trouvaient  à  distance 
infmie. 

On  peut  niaiiilciiaiil  mener  par  le  cristal  une  série  de  plans 
équidistants  parallèles  à  celui  que  nous  venons  de  considérer, 
de  sorte  que  cha(|ue  molécule  se  trouve  dans  un  de  ces  plans.  La 
composition  des  elTets  (|u'ils  produisent  au  |)oint  Q  ne  présente 
aucune  difiiculté,  l'amplitude  de  la  vibration  et  la  dill'érence 
de  |)hase  entre  deux  vibrations  consécutives  restant  sensiblement 
constantes  dans  toute  la  série. 

Enfin,  pour  achever  le  calcul,  on  devra  tenir  compte  de  l'étendue 
de  la  source  des  rayons  et  des  différentes  longueurs  d'onde  qui 
se  trouvent  représentées  dans  le  faisceau  incident. 

(')   KmciiiiiiKF,    Z/(j     Théorie  der    Lichhlialilen  iAnn.  d.  Pliij>:.  u.    Clieiii., 

t.  .XVI r.  i88i,  p.  mv. 


1  r>  LA   STRUCTIIIE    DE    LA   MATIEIIE. 

En  faisant  ces  remarques,  je  n'ai  aucunement  voulu  mettre  en 
doute  le  résultat  important  auquel  M.  Debye  a  été  amené  dans  un 
de  ses  derniers  Mémoires,  à  savoir  que  le  mouvement  calori- 
fique des  molécules  ne  diminue  en  rien  la  netteté  des  taches. 
M.  Debye  a  montré  clairement  que  la  distribution  de  l'intensité 
dans  les  maxima  n'est  pas  altérée  par  ce  mouvement,  dont  l'unique 
effet  est  une  augmentation  de  l'intensité  <iénérale  du  fond  dont 
les  maxima  se  détachent.  Sa  conclusion  est  indépendante  des 
détails  que  les  calculs  indiqués  dans  ce  qui  précède  pourraient 
faire  connaître. 

Il  convient  d'ajouter  que,  si  l'on  veut  se  contenter  de  la  con- 
naissance de  l'intensité  totale  d'un  maximum,  on  peut  simplifier 
le  problème  en  supposant  le  point  Q  in  Animent  éloigné;  il  est 
clair,  en  effet,  que  l'énergie  totale  d'un  maximum  ne  variera  pas 
avec  la  position  de  lécran. 

M.  WooD.  —  Il  semble  probable  que  l'on  puisse  réduire  considé- 
rablement la  durée  d'exposition  dans  les  expériences  du  pro- 
fesseur Lauc  en  appliquant  le  principe  que  l'émission  des  rayons  X 
ne  suit  pas  la  loi  du  cosinus  de  Lambert.  L'intensité  du  rayonne- 
ment X  est  sensiblement  indépendante  de  la  direction  dans 
laquelle  ces  rayons  quittent  la  surface  de  l'anticathode.  Il  résulte 
de  là  que  l'intensité  intrinsèque  de  la  source  (c'est-à-dire  son  inten- 
sité par  millimètre  carré)  doit  cire  beaucoup  plus  grande  lorsque  la 
source  est  vue  dans  une  direction  oblique,  ]Miis<jue  alors  la  même 
intensité  de  rayonnement  vient  d'une  source  jiius  petite  (anti- 
cathode «  raccourcie  »). 

Cette  augmentation  dans  rinlcnsité  est  aisément  prouvée  en 
photographiant  l'anticathode  dans 'les  deux  positions  au  moyen 
d'un  trou  d'épingle  dans  une  plaque  de  plomb.  J'ai  observé  un 
phénomène  semblable  dans  le  cas  de  la  fluorescence  de  surfaces  • 
de  verre,  vui-s  dans  une  direction  oblique,  sous  l'action  des  rayons 
à  l'intérieur  du  milieu. 

Dans  les  expériences  du  ))rofesseur  Bragg.  in'i  il  est  fait  usage 
d'une  source  linéaire,  on  pourrait  se  passer  de  la  fente  en  faisant 
usage  de  ranticathode  sous  une  émergence  presque  rasante. 


LA   HKILFAION    DES   RAYONS   X 

LE  SPECTKOMKTUE  A  RAYONS  X; 

l'Mi   M.  W.-II.   HKAGG. 


Lorsque  des  ondes  plaiii-s  tombent  sur  un  j)lau  contenant  des 
points  qui  dilïuseiil  le  rayonnement,  il  se  forme  une  onde  réfléchie 
dont  la  direction  du  mouvement  suit  les  lois  ordinaires  de  la 
réflexion.  Si  les  ondes  primitives  continuent  leur  marche  et  ren- 
contrent un  second  plan  semblable  et  parallèle  au  premier,  il  se 
forme  une  seconde  onde  réfléchie  et  de^  la  même  façon  d'autres, 
ondes  peuvent  être  réfléchies  par  d'autres  plans  parallèles. 

Lorsque  la  longueur  d'onde  a,  la  distance  d  entre  les  plans  et 
l'angle  d'incidence "j sont  liés  entre  eux  par  l'équation  n'j.=  2d  sinO, 
de  sorte  que  les  ondes  réfléchies  sont  en  concordance  de  phase,  la 
concentration  de  l'énergie  du  rayonnement  diffusé  dans  le  rayon 
réfléchi  peut  être  très  forte. 

De  cette  façon,  des  rayons  X  peuvent  être  réfléchis  d'une  façon 
fort  parfaite  par  des  plans  parallèles  dans  des  cristaux.  Les  plans 
qui  réfléchissent  le  mieux  sont  généralement  ceux  qui  sont  riches 
en  atomes,  et  pour  cette  raison  ils  sont  plus  distants  que  les  autres. 
Leurs  «  indices  de  Miller  »  sont  petits.  Une  des  raisons  (probable- 
ment pas  la  seule)  pour  lesquelles  leur  pouvoir  réflecteur  est  élevé, 
c'est  que  leurs  distances  correspondent  à  la  réflexion  de  rayons  X 
de  longueurs  d'onde  comme  celles  qui  existent  généralement  dans- 
le  rayonnement  de  tid)es  à  rayons  X. 

Cette  façon  de  décrire  les  effets  d'inlerférence  des  rayons  X, 
récemment  découverts  par  le  D''  Laue,  a  été  donnée  par  W.-L. 
IJragg  (^)  et  constitue  une  méthode  de  vérification  de  l'hypothèse 
originale  de  Laue. 

(')  Proc.  Cambridge  Phil.  Soc,  t.  XVII,  1912,  p.  ',!. 

I.NSTITI-'T    NIH.VAY  8 


Il/i  lA   ;JTIltCTinE    IlE    L\    MATIÈRE. 

L'n  instrument  a  été  imaginé  par  W.-II.  Bragg  pour  mesurer 
l'angle  de  réflexion  de  ravons  X  de  longueur  d'onde  déterminée. 
L'intensité  du  rayon  réfléchi  est  mesurée  par  l'ionisation  produite 
dans  une  cham.bre  d'ionisation  remplie  de  SO-,  ou  d'un  autre 
gaz  qui  absorbe  fortement  le  rayonnement.  Le  courant  d'ionisa- 
tion est  mesuré  au  moyen  d'un  électroscope  incliné  de  \Ailson. 
L'appareil  peut  être  appelé  le  spectromètre  à  rayoiis  X.  Le  cristal 
remplace  le  prisme  ou  le  réseau  d'un  spectromètre  ordinaire  et 
la  chambre  d'ionisation  remplace  la  lunette. 

Des  spectres  de  rayonnements  X  provenant  d'anticathodes 
faites  de  divers  métaux  peuvent  être  aisément  observés.  Les 
spectres  de  l'osmium,  du  platine  et  de  l'iridium  contiennent  une 
quantité  considérable  de  rayonnement  général,  dans  lequel  la 
longueur  d'onde  paraît  varier  d'une  façon  continue  entre  cer- 
taines limites.  En  outre,  chaque  spectre  contient  des  groupes  de 
rayons  caractéristiques;  et  il  y  a  une  ressemblance  de  famdle  entre 
les  rayons  caractéristiques  des  trois  métaux.  Le  rhodium  et  le  pal- 
ladium émettent  chacun  deux  forts  rayonnements  homogènes 
nettement  déhnis;  leur  rayonnement  général  est  relativement 
faible.  Le  cuivre  et  le  nickel  aussi  émettent  deux  systèmes  homo- 
gènes de  ravons;  dans  ce  cas,  le  rayonnement  général  est  ])lus 
intense. 

Les  intensités  relatives  du  rayonnement  général  et  du  rayon- 
nement caractéristique  dépendent  certainement,  jusqu'à  un  cer- 
tain point,  des  conditions  dans  lesquelles  les  rayons  X  sont  excités. 
La  forme  du  spectre  dépend  aussi  du  pouvoir  séparateur  de  l'ins- 
trument et.  en  particulier  de  la  largeur  des  fentes.  Les  angles  d'inci- 
dence ])0ur  les  rayons  caractéristiques  de  quelques-uns  des  mé- 
taux cités  sont  donnés,  en  degrés,  dans  le  Tableau  suivant  : 


PJ. 

Rh. 

Cil. 

Ni. 

"',' 

5,â 

i4,! 

i5,6 

i,9 

r.,3 

I  (■).() 

K^^ 

Le  réflecteur  était,  dans  tous  les  cas,  du  sel  gemme  (100). 

On  remarquera  ([ue  pour  les  quatre  métaux  l'écart  entre  les 
deux  raies  est,  relativement,  le  mi'me.  De  plus,  la  longueur  d'tuidc 
diminue  avec  |i'  ]i,)ids  alomi<pii"  du  radiateur. 

Les  pouvoirs  al)sorl)ants  dv  divers  écrans  sont  faciles  à  obtenir 


I.V    BKKLEMON    l>i:s    UAVONS   X    KT    I.K   SI'KCIROMtTIli;    A    IIAVONS    \.  Il  i 

et  sont  très  intéressants.  On  trouve  aisi-incnl  que  l'elîet  absorl)ant 
d'un  écran  conune  le  i-uivre  aii<rinento  d'une  façon  continue  avec 
la  lonijueur  d'onde  de  la  radiation  transmise,  ou,  ce  qui  est  une 
façon  plus  appropriée  de  s'exprinier  pour  le  moment,  avec  l'angle 
sous  lequel  le  raxon  est  réfléchi  par  le  sel  j>;emme  (100).  .Mais,  tpiand 
la  lonu;ueur  d'onde  s'a|iproclie  de  celle  ilii  rayonnement  que  le 
cuivre  émet  lui-même,  il  se  produit  mit'  nette  et  forte  diminution 
du  coellicient  d'absorption,  l  ne  substance  est  jiarliculièrement 
transparente  pour  ses  pro|)res  rayons.  Lorsque  ce  point  est  dépassé, 
il  y  a  de  nouveau  une  ausîmentation  continue  du  coellicient  d'ab- 
sorption à  mesure  que  la  longueur  d'onde  augmente. 

Par  exemple,  une  lame  de  ])alladiuni  placée  sur  le  chemin  de 
rayons  issus  d'un  tube  à  palladium  transmet  les  radiations  propres 
du  palladium  bien  plus  facilement  que  des  rayons  de  longueur 
d'onde  plus  courte.  .Ius(ju"à  des  angles  d'incidence  de  5,0,  le  spectre 
est  prescpie  complètement  détruit. 

Ces  résultats  auraient  pu  être  déduits  des  recherches  de  liarkla 
sur  les  coellicients  d'absorption,  mais  ils  sont  obtenus  ici  ]>ar  une 
nouvelle  voie. 

Les  conséquences  de  ce  phénomène  sont  très  frappantes  lorsque 
le  cristal  réfléchissant  contient  un  alonu^  tpii  absoibe  foil<iiient 
une  partie  du  spectre  réfléchi.  Par  exemple,  la  blende  donne  une 
bonne  réflexion  de  la  bande  <mi  raie  du  platine  sous  un  angle  d'inci- 
dence dei3,5:mais,  comme  le  zinc  absorbe  fortement  les  deux 
autres  raies  vers  9,5  et  ii,5,  ces  deux  dernières  sont  à  ])eine  visibles 
dans  le  spectre  donné  par  la  blende.  A  cause  de  la  présence  d'aTscnic, 
l'arséniate  de  sodium  donne  une  forte  réflexion  des  rayons  à  ii,5 
et  i3,5,  en  n'absorbant  que  le  rayon  à  <),ri.  Le  bromure  de  potas- 
sium réfléchit  les  trois  raies  dans  le  rapport  exact.  Le  brome, 
l'arsenic  et  le  zinc  se  succèdent  dans  l'ordre  des  poids  atomitpies. 
décroissants  et,  à  mesure  «pic  le  poids  atomique  diminue,  il  y  a  une 
augmentation  de  longueur  de  l'onde  tpii  a  le  coellicient  d'absurj)- 
tion  maximum. 

De  même,  en  considérant  les  longues  ondes  du  spectre  de 
l'osmium,  on  peut  montrer  que  le  cuivre  est  relativement  opaque 
à  des  rayons  de  1-3,5,  tandis  que  le  zinc  les  transmet,  et  (|ue  le 
cuivre,  tpioifjue  ojiaque  à  i3,5,  est  transparent  à  i3,75. 

Il  est  assez  important,  pour  cette  raison,  <le  tenir  compte  du 


ïlU  I.A    STRICTIRE    DE    I.\    MATIERE. 

coellicient  d'absorption  de  la  matière  constituant  le  cristal,  lorsque 
nous  étudions  les  intensités  des  taches  par  réflexion  dans  les  pho- 
tographies de  Laue.  Une  absorption  implique  principalement  une 
transformation  de  l'énergie  des  rayons  X  en  énergie  de  rayons 
cathodiques  et,  lorsque  cette  transformation  a  lieu,  l'énergie  a 
d'autant  moins  l'occasion  d'être  réfléchie.  C'est  pour  cela  qu'en 
général  ce  sont  les  atomes  de  faible  poids  qui  constituent  les  meil- 
leurs réflecteurs,  surtout  l'oxygène,  le  carbone,  etc.  Car  même 
l'aluminium  absorbe  les  rayons  X  neuf  fois  plus  que  le  carbone,  à 
poids  égal. 

Déjà  pour  ces  seules  raisons  le  diamant  doit  être  un  excellent 
réflecteur.  Si  nous  tenons  compte  en  outre  de  la  petitesse  des  distances 
entre  les  plans  de  ce  cristal,  nous  pouvons  facilement  comprendre 
pourquoi  la  réflexion  s'observe  à  des  angles  bien  plus  élevés  que 
pour  d'autres  cristaux.  Il  n'est  évidemment  pas  exclu  que  la 
faiblesse  de  l'agitation  thermique  du  diamant  puisse  contribuer  à 
la  perfection  de  la  réflexion. 

Il  n'y  a  pas  de  preuve  jusqu'à  présent  que  les  atomes  du  cristal 
répondent  par  résonance  à  ■  des  composantes  particulières  des 
rayons  incidents. 

On  peut  conclure  de  ce  qui  précède  que  la  diffusion  par  les 
atomes  dans  le  cristal  (la  dilfusion  étant  considérée  comme  la 
base  de  la  réflexion)  n'est  pas  proportionnelle  à  l'absorption.  Il 
résulterait  plutôt  de  diverses  expériences  que  la  diffusion  est  plus 
ou  moins  proportionnelle  au  poids  atomique  et  ne  présente  aucune 
des  discontinuités  du  coefficient  d'absorption. 

Le  spectromètre  à  rayons  X  peut  également  être  appliqué  à 
l'étude  comparative  des  dislances  dans  les  cristaux.  S'il  est  possible 
de  déterminer  d'une  façon  ou  d'une  autre  la  valeur  absolue  d'une 
longueur  d'onde,  en  évaluant  par  exemple  les  distances  dans  un 
cristal  déterminé,  alors  le  spectromètre  peut  être  applique  à  une 
recherche  de  degré  plus  élevé,  savoir  la  détermination  des  dis- 
tances dans  tous  les  cristaux. 

W.-L.  Bragg  a  tâché  de  faire  cette  détermination  absolue  de 
fiirnic  dans  le  cas  de  la  série  des  chlorures  alcalins  (^).  11  a  montré 


')  l'roc.  Roy.  Soc,  (A),  l.  LX.XXIX,  i'.ii  3,  p-  5 ',8. 


I.A    RKFLFAION    DKS  nAVOXS    \    ET    LK    SI'KCTROSIKTBr.     V    BAVONS    \.  II7 

que  les  tracés  photographiques  et  Us  spectres  des  rayons  X  soiil 
d'accord  pour  prouver  (pio  la  suhsiiliition  de  l'atome  K  à  la  place 
de  Na  dans  NaCl  transforme  des  phénomènes  qui  sont  essentiel- 
lement caractéristiques  pour  un  réseau  à  faces  centrées  en  d'autres 
qui  se  rapportent  au  réseau  cubique  simple.  Le  spectromètre 
apprend  ensuite  (pie  le  côté  du  cube  est  deux  fois  moins  long  dans 
le  dernier  cas  que  dans  le  premier.  Une  simple  explication  en  est 
fournie  par  la  construction  suivante  :  plaçons  les  atomes  de  l'halo- 
gène aux  coins  et  aux  centres  des  faces  d'un  cube  de  côté  2«.  et 
les  atomes  métalliques  aux  milieux  des  arêtes  du  cube  et  au  centre 
du  cube  (ou  vice  versa,  les  deux  procédés  opposés  étant  exacte- 
ment équivalents).  Si  l'atome  d'une  espèce  est  beaucoup  plus 
lourd  que  l'atome  de  l'autre  espèce  représentée  dans  le  cristal,  le 
résultat  doit  prendre  les  caractères  d'un  réseau  à  faces  centrées  de 
côté  20,  car  un  des  atomes  mettra  l'autre  complètement  dans 
l'ombre.  Ces  caractères  s'observent  encore  si  les  poids  des  doux 
atomes  ne  diffèrent  pas  jjIus  que  le  font  ceux  de  ?sa  et  Cl.  Mais  si 
les  atomes  ont  à  peu  près  le  même  poids,  comme  c'est  le  cas  pour 
K  et  Cl,  et  par  conséquent  sont  à  peu  près  équivalents  dans  leur 
action  sur  les  rayons  X,  le  réseau  devient  effectivement  un  simple 
réseau  cubique  de  côté  a. 

Nous  pouvons  admettre  que  les  distances  dans  les  chlorures  alca- 
lins sont  déterminées  par  ces  considérations.  On  trouve  alors  (^) 
que  la  longueur  d'onde  de  la  bande  centrale  de  rayons 
homogènes  d'un  tube  à  Pt  est  égale  à  i,io  X  lo-"  cm.  La  lon- 
gueur d'onde  de  la  principale  bande  Pd  (longueur  d'onde  la  plus 
grande)  est  0,5-6  x  lo-*  et  ainsi  de  suite.  L'erreur  est  peut-être 
de  I  pour loo. 

Nous  pouvons  mesurer  l'angle  de  réflexion  d'un  rayon  donné 
(par  exemple  un  rayon  Rh  ou  Pd)  fourni  par  diverses  faces  de 
divers  cristaux.  Les  expériences  déterminent  le  nombre  des  atomes 
dans  l'élément  de  volume  ou  la  cellule  unitaire  du  cristal,  ou  en 
d'autres  mots  le  nombre  de  réseaux  dans  l'espace  qui  s'entre- 
pénètrent. 

Au  surplus,  on  peut  se  servir  des  intensités  relatives  des  spectres 
de  divers  ordres  pour  déterminer  les  positions  relatives  des  ré- 

(')  Proc.  Roij.  Soc,  (A),  t.  LXXXIX,  1913,  p.  2'|G. 


!l8  LA    STRLCTlllE    HE    lA    MATIÈRE. 

seaux  qui  s'entre-pénètrent.  Par  exemple  (^),  les  grandeurs  des 
angles  de  réflexion  sur  les  plans  (100).  (110),  (111)  du  diamant 
prouvent  qu'il  y  a  deux  réseaux  cubiques  à  faces  centrées  qui 
s'entre-pénètrent,  et  la  disparition  du  spectre  du  deuxième  ordre  de 
la  réflexion  (111)  et  du  spectre  du  premier  ordre  de  (100)  indique, 
comme  on  peut  le  prou^'e^,  que  les  deux  réseaux  peuvent  être 
dérivés  l'un  de  l'autre  par  une  simple  translation  le  long  de  la 
diagonale  du  cube,  d'une  quantité  égale  au  quart  de  la  longueur 
de  cette  diagonale.  Cela  conduit  à  une  disposition  curieuse,  mais 
très  simple,  des  atomes  de  carbone,  dans  laquelle  chaque  atome 
se  trouve  au  centre  d'un  tétraèdre  régulier,  aux  angles  duquel  se 
trouvent  ses  voisins  les  plus  proches. 

Dans  le  cas  du  diamant,  la  disparition  complète  du  premier 
spectre  (100)  et  du  second  spectre  (111)  est  une  conséquence  du  fait 
que  les  deux  réseaux  sont  exactement  les  mêmes.  Dans  le  cas  de  la 
blende,  on  trouve  que  les  deux  réseaux  sont  de  même  forme  et 
reliés  entre  eux  de  la  même  façon  que  dans  le  cas  du  diamant. 
Mais  un  des  réseaux  est  constitué  entièrement  d'atomes  Zn.  l'autre 
entièrement  d'atomes  S,  et  les  deux  espèces  d'atomes  n'ont  jias  le 
même  poids  atomique.  Il  s'ensuit  que  les  deux  spectres  qui  dispa- 
raissent dans  le  cas  du  diamant  sont  présents,  mais  faiblement, 
dans  le  cas  de  la  blende. 

Le  spath  fluor  offre  un  cas  intéressant.  Il  y  a  ici  trois  réseaux 
à  faces  centrées  qui  s'entre-pénètrent  :  les  deux  réseaux  du  fluor 
se  déduisent  de  celui  du  caliiimi  par  des  déplacements  égaux  mais 
opposés  le  long  de  la  diagonale  du  cube,  la  grandeur  du  déplace- 
ment étant  de  nouveau  un  quart  de  la  longueur  de  celle  diagonale. 

Si  l'on  examine  cette  construction,  ou  lrou\c  que  les  plans  (100) 
contiennent  alternativement  rien  que  des  atomes  de  calcium  et 
rien  que  des  atomes  de  fluor.  Comme  les  poids  du  fluor  et  du  cal- 
cium dans  le  spath  fhior  sont  presque  les  mêmes,  il  y  a  en  réalité 
des  |)()ids  ég;uix  dans  les  plans  successifs  et.de  nouveau. les  spectres 
ressciiililent  étroitement  à  ceux  du  iliainant. 

Dans  la  série  de  la  calcite,  les  expériences  mollirent  (pic  tes 
atomes  mélalli(|iies  sont  ]ilacés  dans  un  réseau  à  faces  centrées, 
rélémeiil    «le    xoliinie    étant    maiiilciKinl    un    >imple    rluiml)Ocdrc. 

(')   Pror.  lioij.  Soc.  (W  t.  LXXXIX,  191:5,  p.  ••:;. 


LA    IIÉFLKXION    DKS    RAVON'S   \    KT    l.K    SI'KCTROMKTBE    A    BAVONS    X.  1  l<( 

Lps  autres  aloinos  sont  ilistrihuôs  ilo  telle  fai-dii  ([iie  les  plans  (111) 
(qui  sont  jieriiendiiulaires  à  l'axe  prineipal  et  éfraleinent  espacés), 
lontienaent  alleruativeineqt  tous  atonies  métalliques,  ou  tous 
atomes  d'autre  espèce.  Conformément  à  ce  fait,  les  membres  d<; 
la  série  peuvent  être  classés,  comme  ri-dessous,  dans  un  Tableau 
(dû  à  W.-L.  Bragi^)  tpii  montre  une  augmentation  «rraduelle  du 
rapport  du  spectre  du  deuxième  ordre  au  premier  à  mesure  que  les 
jioids  dans  les  plans  (111)  se  rapproclient  davantai;e  de  l'éiralité. 
Le  nitrate  de  sodium  a  été  intercalé  dans  ce  'l'ablcau  j)afcc  qu'il 
a  la  même  forme  que  la  série  de  la  calcite. 

Uapport 
Poids  des  inlrnsités 

dans  les  plans  des  spectres 

alternatifs.  du  1"  et  du  ^  ordre. 

ÏS'aNO' J-i  <W.  5  :  3 

CaM-(CO'|î 37.  (io  égaux 

CaCO' io  (io  i  :  5 

Mn  CO' :')5  (io  pas  de  i"  cidre 

FeCO» 3(i  (io  id. 

Lorsqu'on  examine  un  cristal  de  quartz  au  moyen  du  si)eclro- 
mètre  à  rayons  X,  on  trouve  ((u'il  contient  trois  réseau.x  hexa- 
gonaux qui  s'entre-pénètrent  et  contiennent  des  atomes  de  silicium 
et,  par  conséquent,  six  réseaux  semblables  d'oxygène.  Dans  sept 
plans  importants,  les  angles  de  réflexion  s'accordent,  à  i  ou  :>. 
pour  100  près,  avec  les  valeurs  calculées.  Il  csl  bien  remarquable 
(pie  jusqu'ici  on  n'a  pas  observé  de  réflexion  dans  le  plan  per- 
j)cndiculaire  à  l'axe  principal  (^).  Les  rapports  exacts  des  di\eis 
réseau.x  entre  eux   n'ont  pas   encore  été    déterminés. 

Le  soufre  contient  huit  réseaux  enchevêtrés,  chacun  d'eux 
étant  obtenu  en  plaçant  un  atome  à  chaque  angle  d'un  parallé- 
lépipède rectangle  et  dans  les  centres  de  deux  faces  opposées.  Les 
arêtes  du  parallélé[)ipède  sont,  dans  les  limites  d'erreur  des  expé- 
riences, dans  les  rapports  des  axes  cristallographicpies  0,8 1.'^,  1, 
1,!)0.T  et  les  faces  centrées  sont  perpendiculaires  à  l'axe  le  plus 
long.  l'our  un  grand  nombre  de  plans,  les  angles  de  réflexion  sont 


(')  Cette  réflexion  a  été  découverte  depuis  lors.  Des  travaux  publiés  dans 
les  Royal  Society  Procccdings  contiennent  un  rapport  complet  de  ces  recherches. 


120  l.A    STRICTUBE    IIE    1_\    MATIERE. 

d'accord  avec  les  valeurs  calculées,  sauf  dans  le  cas  du  jdaii 
(001).  Celui-ci  donne  une  distance  huit  fois  trop  faible,  ce  qui 
indique  que  l'un  des  éléments  du  mouvement,  par  lequel  les  huit 
réseaux  peuvent  être  déduits  successivement  les  ims  des  autres, 
consiste  en  une  translation  le  long  de  l'axe  sur  un  espace  égal  à 
un  huitième  de  cet  axe.  Les  autres  éléments  du  mouvement  n'ont 
pas  encore  été  déterminés. 

Le  cjuantum  d'énergie,  correspondant  à  une  longueur  d'onde 
de  rayons  X  déterminée,  peut  être  aisément  calculé.  Il  est  approxi- 
mativement égal  à  l'énergie  du  rayon  cathodique  qui,  selon  Whid- 
dington,  est  capable  d'exciter  ce  rayon  X. 


LA    BKFLEXION    DKS    H.VÏO.NS    X    KT    l.V.    SI-KCTHOSIEmE    A    RAYONS    \. 


DISCUSSION  DU   RAPPORT  DK  M.   BP.AUG. 


M.  WooD.  —  Les  expérieiu'cs  rlécriles  par  le  professeur  Bragg,  et 
ilans  lesquelles  il  emploie  les  couches  niolcculaircs  rcflécliissanles 
d'un  cristal  comme  un  interféromètre  pour  l'analyse  du  rayon- 
nement X,  sont  analogues  à  une  expérience  d'opticpie  t]ne  l'on 
peut  faire  avec  certains  cristaux  de  chlorate  de  potasse.  Ces 
lamelles  cristallines,  qui  ont  ime  épaisseur  d'environ  o""",2. 
réfléchissent  souvent  une  lumière  ayant  un  haut  degré  de  pureté. 
Le  pouvoir  réfléchissant  peut   l'tre  d'einiron   loo  pour  loo  jiour 

une  région  du  spectre  d'une  largeur  de  lo  à  i5  u.  A.  et  de  quelques 
pour  loo  seulement  pour  le  reste  du  spectre.  La  pureté  de  la  lu- 
mière réfléchie  résulte,  comme  Lord  Rayleigh  l'a  fait  remarquer, 
de  la  présence  de  plans  de  màcle  parallèles  et  équidistanis  dans  le 
cristal. 

A  propos  de  la  remarque,  faite  par  le  professeur  Rutherford,(iu'il 
est  peu  probable  que  nous  soyons  capables  d'obtenir  des  rayons  X 
à  pouvoir  pénétrant  plus  élevé  que  ceux  (]ue  nous  obtenons  main- 
tenant, il  pourrait  être  intéressant  d'examiner  la  nature  du  rayon- 
nement X  émis  par  un  type  de  décharge  particulier,  semblable  à 
un  arc,  qui  se  produit  entre  deux  toutes  petites  perles  de  platine, 
distantes  de  i"""  à  a""",  et  que  j'ai  décrit  dans  le  Physical  llei'iew 
de  1908.  La  décharge  ne  se  produit  que  lorsqu'une  interruption 
à  étincelle  externe  est  introduite  dans  le  circuit;  les  rayons  catho- 
diques diffus  se  concentrent,  pour  ainsi  dire,  en  formant  un  mi- 
nusculi;  arc  de  rayons  cathodiques,  qui  jaillit  directement  sur  la 
boule  formant  anode.  Si  je  me  souviens  bien,  la  décharge  peut  être 
excitée  dans  un  vide  plus  élevé  que  celui  qu'on  peut  employer  avec 
le  type  de  tube  ordinaire,  et  il  paraît  possible  cpie  des  rayons  X 
excessivement  durs  puissent  être  produits.  Le  rayonnement  par 
millunèlre  carré  est  très  intense  et  des  tubes  de  ce  type,  s'ils  étaient 
perfectionnés,  pourraient  se  montrer  utiles  dans  des  ex])ériences 
conmie  celles  du  professeur  Laue,  où  l'on  désire  avoir  une  très 
petite  source. 


12-2  LA   STRUCTURE    DE    LA   MATIERE. 

M.  DE  Broglie.  —  Il  y  aurait  un  moyen  de  réaliser  un  réseau 
à  trois  dimensions,  qui  pourrait  jouer,  vis-à-vis  de  la  lumière, 
le  même  rôle  <iue  les  réseaux  cristallins  pour  les  rayons  de  Rontgen; 
ce  serait  de  profiter  des  couches  d'argent  réduit  qui  se  produisent 
à  l'intérieur  de  la  couche  sensible  dans  le  procédé  de  photographie 
des  couleurs  de  M.  Lippmann.  Il  sutlîràit  de  photographier  en 
lumière  monochromatique  un  réseau  à  deux  dimensions,  de  lignes 
ou  plutôt  de  points,  qui  se  trouverait  reproduit  en  stratifications 
successives. 

M.  RuTHERFORD.  —  D'après  le  pouvoir  pénétrant  des  types  de 
rayonnement  trouvés  par  Bragg,  Moseley  et  Darwin  dans  le  spectre 
d'une  anticathode  en  platine,  il  semblerait  que  ces  ondes  font  par- 
tie de  la  série  «  L  »  de  radiations  caractéristiques  trouvées  par 
Barkla  et  que.  par  conséquent,  ce  rayonnement  a  un  caractère 
complexe.  Le  voltage  appliqué  à  un  tube  ordinaire  à  rayons  X 
est  beaucoup  trop  faible  pour  exciter  le  type  «  K  »  de  rayonnement 
dans  un  élément  aussi  lourd  que  le  platine.  Mais,  dans  les  corps 
radioactifs,  nous  avons  affaire  à  l'émission  de  rayons  y  très  péné- 
trants, dont  on  reconnaît  qu'ils  appartiennent  à  la  série  «  K  »  de 
Barkla. 

Il  y  a  un  ])oint  important  à  envisager  lorsque  Ion  considère  la 
nature  du  rayonnement  X  émis  par  un  tube  à  rayons  X.  Doit-on 
le  considérer  comme  un  spectre  continu  sur  un  large  domaine  de 
longueurs  d'onde,  avec  des  raies  brillan'lcs  correspondant  aux 
radiations  caractéristiques  à  fréquences  bien  ilétcrminées,  ou  bien 
consiste-t-il  principalement  en  un  certain  nombre,  et  peut-être 
un  grand  nombre,  de  radiations  caractéristiques  ayant  chacune 
une  fréquence  différente  ? 

Ainsi,  par  exemple,  le  professeur  Bragg  a  fait  remarquer  que  le 
rayonnement  d'une  anticathode  île  rhodium  se  compose  le  plus 
souvent  lies  radiations  caractérisllcpics  de  cet  élément.  Si  nous 
admettons  la  théorie  ordinaire  du  rayonnement  par  des  électrons 
retardés  ou  accélérés,  nous  présumerions  évidemment  que  le 
spectre  des  rayons  X  doit  être  continu  sur  une  grande  étendue.  Mais 
il  est  toujours  possiide  f|uc  l'électron  i>erilc  la  plus  grande  partie 
de  son  énergie  eu  excitant  les  ])ériodes  <lc  vibrations  naturelles 
de  1  alouH'.  Même  si  le  spectre  se  ciiiiiiKisail   priuiitiv  einenl  de  raies 


i.v  hi:fi.k\I()X  des  bayons  \  ft  lk  si'ixTnosiÉTiii:  a  havons  \.       i-f.'i 

brillantes,  le  ra\onneiiient  sérail  jj;iii(iiiellf'iiiciit  transformé,  à 
mesure  qu'il  s'éeliajtpe  de  Tanticathode,  en  passant  à  travers  la 
matière  absorbante  et  iinaleniriit  il  doiinerail  un  sjiectrc  continu 
avce  des  raies  lirillanlcs. 

M.  Mhii.i.ol  IN.  l'aul-il  supposiT,  loinnie  le  font  supposer  les 
nombres  des  Tableaux,  ([ue  l'alonu'  de  Ca  est  séparé  et  (pie  tous  les 
atonies  C()''  ou  NO'''  sont  réunis  dans  un  très  jietit  volume  ? 

Il  faudrait  faire  l'étude  de  la  réflexion  sur  îles  faees  obliques 
à  l'axe  pour  discerner  les  posilious  des  divers  atomes  C  ou  N' 
et  00' O". 

M.  Bragg.  — -  Le  Tableau  dont  parle  M.  Brillouin  décrit  les 
spectres  réfléchis  par  les  plans  (111)  de  divers  membres  de  la  série 
de  la  calcite.  Ces  plans  contiennent  alternativement  Ca  (ou  le 
métal  correspondant)  seul  et  CO  '  seul.  Le  pouvoir  réflecteur  d'un 
plan  contenant  des  groupes  CO^  ne  dépend  pas  de  l'arrangement 
des  atomes  de  chac|ue  groupe:  il  suffit  de  savoir  que  les  atomes  sont 
tous  situés  dans  le  plan.  Les  situations  véritables  do  cha<pie  atome 
peuvent  être  trouvées  eu  considérant  la  réflexion  sur  d'autres 
plans.  Cela  a  été  fait  :  un  Ménidire  de  W. -Lawrence  Bragg,  conte- 
nant la  solution,  paraîtra  pioclKiinement  dans  les  Proceedings  of  the 
Royal  Socic'ti/. 

Le  professeur  Lai  e  fait  observer  que  la  façon  dont  MM.  Bragg 
considèrent  les  phénomènes  est  ideuti<pie.  en  ]iriiici|ie,  à  la  théorie 
qu'il  a  défendue  dès  le  début. 

M.  Bragg.  —  .M.  Laue  a  parfaitement  raison.  La  seule  préten- 
tion de  la  méthode  d'interprétation  par  réflexion  est  la  facilité  avec 
laquelle  elle  peut  cire  comprise  et  employée. 

.M'ne  Clhii:.  -  -  Les  phénomènes  très  intéressants  observés  |)ar 
M.\l.  Bragg  fiennettent  de  prévoir  (pie  les  figures  de  diffraction 
obtenues  avec  les  cristaux  cubiques  et  qui  ont  paru  très  sem- 
blables entre  elles  peuvent  cependant  diil'érer  notablement  en  ce 
rpii  concerne  l'intensité  relative  des  taches.  Il  y  a  ])oiir  cela  deux 
raisons  :  i°  la  ilislribution  de  l'intensité  dans  le  spectre  des  rayons 
primaires  semble  dépendre  de  la  nature  de  l'anticathodc;  2°  le 


124  I.A    STRICTI  RE    DE   LA   MATIERE. 

cristal  intervient  de  son  côté  pour  modifier  cette  distribution  en 
exerçant  une  absorption  sélective  sur  certaines  régions  du  spectre. 
Ainsi  il  n'y  aurait  pas  lieu  de  s'étonner  que  certains  groupes  de 
taches,  dont  l'existence  peut  être  prévue,  manquent  cependant, 
ainsi  qu'il  résulte  des  observations  de  M.  Laue. 

M.  Bragg.  —  Les  limites  générales  du  diagramme  de  Laue 
dépendent  de  l'étendue  du  domaine  de  longueurs  d'onde  des 
rayons  X.  Si  certains  groupes  de  taches  n'apparaissent  pas,  cela 
tient,  d'ordinaire,  à  une  interférence  entre  les  effets  des  réseaux 
enchevêtrés.  Ainsi,  par  exemple,  la  photographie  de  Laue  du  dia- 
mant, dans  laquelle  le  plan  (111)  est  perpendiculaire  aux  rayons  X, 
montre  des  réflexions  par  les  plans  (221)  et  (021),  mais  pas  par  le 
plan  (121).  La  raison  en  est  (^)  que,  dans  le  diamant,  il  y  a  deux 
réseaux  qui  s'entre-pénètrent.  Chacun  d'eux,  pris  isolément,  don- 
nerait une  tache  par  réflexion  sur  ce  plan,  mais  les  phases  des  deux 
faisceaux  réfléchis  par  les  deux  réseaux  diiïèrent  jiresquc  exacte- 
ment d'une  demi-longueur  d'onde.  Dans  le  cas  des  plans  (221) 
et  (021)  les  deux  réseaux  ne  donnent  jias  lieu  à  une  interférence. 

Les  anticathodes  de  platine  habituellement  employées  ont  une 
grande  étendue  de  longueurs  d'onde,  jusqu'à  lo  "  cm.  Ce  rayon- 
nement général  donne  le  diagramme  de  Laue.  Ce  serait  un  pur 
hasard  si  l'un  des  faisceaux  liomogènes  frappait  le  cristal  exacte- 
ment sous  le  bon  angle  pour  donner  lieu  à  une  réflexion.  V.n  réalité, 
les  faisceaux  homogènes  n'intervicnnenl  pas  dans  le  diagramme 
de  Laue. 

Les  ciïcls  particuliers  d'absorption  décrits  dans  mon  rapport 
s'observent  principalement  dans  la  région  des  longueurs  donde 
qui  sont  plus  grandes  que  celles  dont  il  est  fait  usage  dans  la  "mé- 
thode de  Laue. 

M.  DE  BnoGLiE.  -  Les  diagrammes  ])holographi([iics  de  dilTrao- 
llon  utilisent  en  général  la  partie  de  la  radiation  incidente  ipion 
jiourrait  assinnlcr  à  un  spectre  continu:  il  ne  semble  jias  que 
l'emploi,   connue   atil  i<-alhc>dc,   de   platine   ou   de   wolfram   se   lr;t^ 

(')  Proc.  fîoy.  Soc,  (A),  t.  LXXXIX,  ifji'?,  p.  -.'.t!;!- 


I.A    RKKI.KXION    MES   BAYONS   X    KT    I.E   SI'KnTROMKTni;   A    RAYONS    X.  I  ï.  J 

duist\  dans  ces  ocuulitions,  par  iiiif  iinnliCH'atioii  considt'Tahle  de 
riiitoiisité  des  iiuixiina  de  dillVaclloii. 

M.  SoMMi;iiFi:i.i).  —  Sur  les  phntoiirammes  quaternaires  et  ter- 
naires de  la  blende  et  le  spectre  du  rayonnement  de  ROntgen.  —  Pour 
compléter  ce  que  j'ai  fait  observer  dans  le  cours  de  la  discussion,  je 
voudrais,  en  m'appuyant  sur  quelques  figures,  prouver  la  présence 
de  toutes  les  taches  d'interférence  qui  sont  possibles  en  vertu 
des  limites  du  spectre  primaire,  de  la  structure  de  la  blende  et  du 
moui'ement  thermique  des  atomes.  Je  me  base  pour  cela  essentiel- 
lement sur  les  brillants  travaux  expérimentaux  de  M.  W.-H. 
Bragg  et  les  magnifiques  recherclies  théoriques  de  son  fils  W.-L. 
Bragg,  auxquelles  nous  devons  entre  autres  la  connaissance  de  la 
structure  de  la  blende. 

Sur  l'axe  des  abscisses  nous  avons  porté  dans  nos   figures  —, 

c'est-à-dire  le  double  de  la  constante  du  réseau  divisé  par  la  lon- 
gueur d'onde.  On  déduit  aisément  des  formules  fondamentales  de 
la  théorie  interférentielle  de  Laue  que,  pour  l'épreuve  quaternaire, 
ou  pouv  l'épreuve  ternaire, 


■>.a         S 

2«           rrS 

ou 

T-^'l 

T  ~  Jl 

où.  l'on  a  posé,  pour  abréger, 

(21  S  = /i;-i- /i5-f- A;,  s  = /i|-i- /i.-l- /l,,. 

Les  systèmes  possibles  de  trois  nombres  h,,  k-^,  h,,  sont,  comme 
nous  le  verrons  tantôt,  théoriquement  déterminés  par  certaines 
conditions  arithmétiques.  Par  là  sont  établies  les  valeurs  des 
abscisses  dans  notre  figure.  Suivant  l'axe  des  ordonnées,  sont 
portées  les  intensités  observées  des  taches  d'interférence  corres- 
pondantes, mesurées  sur  une  échelle  qualitative  que  j'ai  enqjruntée 
à  M.  W.-L.  Bragg.  La  figure  i  appartient  à  l'épreuve  quaternaire, 
les  figures  a  et  3  à  la  ternaire.  Les  courbes  I,  II,  III  dans  la  figure  i 
relient  les  points  pour  lesquels  /13  =  i,  =  2  ou  =  3  dans  l'épreuve 
quaternaire.  Les  courbes  I,  III,  V  dans  la  figure  2  réunissent 
les  points  pour  lesquels  «  =  i,  ^3  ou  ^5  dans  l'épreuve  ter- 
naire. Les  autres  points  de  l'épreuve  ternaire,  pour  lesquels  s  =e 


12b 

7 
fi 
5 

3 
2 
I 


LA    STBLCTLBE    DE    L^    MATIERE. 


30 


W 


1-iS.   I. 


50 


l-ii: 


dO 


X 


l-iï.    i. 


lA    RbFLRXION    ItlîS    RAVONS    \    KT    I.E   SI'KCTIlOMÈTMi:    A    11  VI  DNS    \.  1-^7 

et  =  4.  srtnt  représentés  dans  la  figure  3;  ceux  (|tii  se  rapportent 
à  s  =  1  sont  reliés  par  une  cciurlje:  le  jxiint  isolé  i^î/j  appartient 
à  s  =  r>.  La  courbe  poinlillée  1\  dans  la  li<j:ure  ■?.  est  déduite  de  la 
courbe  de  la  figure  3  par  une  réduction  (|ui  scia  c\pli(|iiée  plus 
loi.M. 

Nous  constatons  tout  d  abord  :  qu'à  chaipie  longueur  d  onde 
ihèoriquenient  possible  (à  cbaque  valeur  calculée  de  l'abscisse) 
correspond  une  tache  d'interférence  observée  (une  valeur  en  or- 
donnée, représentant  une  intensité  déterminée).  Toutes  les  taches 
d^ interférence  lliéoriqiwnienl  possibles  se  présentent  donc  réelle- 
ment: sans  recourir  à  la  fonction  inconnue  M'  de  Laue.  on  peut 
se  rendre  compte  de  ce  que  les  figures  d'interférence  sont  com- 
plètes. Dans  le  cas  de  l'épreuve  quaternaire  des  taches  dinterfé- 
T^nce  avec  Aj  ">  3  ou,  dans  le  cas  des  épreuves  ternaires,  avec 
i-     ■  5.  ne  sont  ni  théoritpiement  possibles  ni  réellement  observées. 

Ensuite,  les  diverses  courbes  I,  II,  III,  ...  ont  une  allure  sem- 
blable (pour  mieux  dire  :  vu  l'indécision  dont  elles  sont  alTectécs, 
on  peut  les  considérer  comme  semblables  et  approximativement 
parallèles,  surfout  si  on  les  fait  passer  entre  les  points,  comme  il 
a  été  fait  pour  la  courbe  III  de  la  figure  i,  ce  qui  semblait  permis, 
eu  égard  au  caractère  purement  qualitatif  de  la  mesure  d'inten- 
sité). Nous  regarderons  ces  courbes  comme  l'image  de  la  distri- 
bution de  Vintensilé  dans  le  spectre  du  rayonnement  primaire. 
D'accord  avec  M.  Bragg  nous  considérerons  cette  distribution 
comme  donnant  la  mesure  de  l'intensité  des  taches  d'interférence. 
En  particulier,  le  maximum  de  la  courbe  spectrale  correspond  dans 
tous  les  cas  à  la  même  valeur  de  l'abscisse.  Si  l'on  déduit  cette 
valeur  de  l'abscisse,  d'abord  des  courbes  I,  II,  III  de  la  figure  i 

11''"  •  ')  -      •  lî 

on  trouve  une  valein-  «le  — —  comprise  entre  -.l'j  et  .3a;  si  1  on  coin. 

pare  à  cela  la  figure  a,  courbe  I,  on  voit  que  le  point  de  l'épreuve 
ternaire  (numéros  d'ordre  3,  3,  i,  abscisse  -:— =  33)  qui  est  de 
beaucoup  le  plus  intense,  tombe  précisément  dans  cette  région 
d'intensité  maximum.  D'ailleurs,  en  raison  de  l'intensité  prédomi- 
nante de  ce  [)oint.  le  degré  su])érieur  d'intensité  de  l'échelle  dans 
la  figure  2  a  été  élevé  d'une  unité  comme  dans  la  figure  i. 

Le  fait  que  les  courbes  d'intensité  I,  II,  III  dans  la  figure  i  et 
1,  m,  ^   dans  la  figure  a  ne  sont  pas  identiques  entre  elles,  mais 


128  LA   STRI'CTIRE    DE    LA   MATIÈRE. 

sont  décroissantes  en  grandeur,  s'explique  d'une  façon  satisfai- 
sante par  l'absorption  dans' la  plaque  cristalline.  La  théorie  de  Laue 
donne  notamment  pour  l'angle  ^  entre  le  rayon  primaire  et  le 
rayon  dévié  la  relation 

(i)  ■!<  i  COsS')   =    S(  —   )      , 

d'où,  en  tenant  compte  de  la  relation  (i)  pour  l'épreuve  quater- 
naire, respectivement  ternaire, 

( /|  )        I  —  cos;j  =  /i3  — >  rc'peclivcnient  i  —  cos;3'=  — -—• 

Pour  la  même  valeur  de  -^  l'angle  S.  et  par  conséquent  aussi  le 
chemin  parcouru  dans  le  cristal  par  le  rayon  dévié,  sont  donc 
d'autant  plus  grands  que  /(..,,  respectivement  s.  est  plus  grand. 
L'absorption  a  donc  iine  influence  plus  grande  sur  la  courbe  II 
que  sur  I,  plus  grande  sur  III  cjue  sur  II,  etc.;  il  en  résulte  que 
pour  des  valeurs  égales  de  l'abscisse,  les  ordonnées  de  la  courbe  II 
sont  plus  petites  que  celles  de  I,  etc. 

On  peut  cependant  montrer  que  quelques  points  s'écartent  d'une 
manière  frappante  de  l'allure  régulière  de  notre  distribution  de 
l'intensité  spectrale.  Ce  sont  dans  la  figure  i  le  point  842 
et  particulièrement  802  ;  ce  dernier  se  trouve  tout  près  du  maxi- 
mum d'intensité  et  devrait  donc  avoir  une  intensité  réellement 
plus  élevée;  dans  la  figure  ?>.  le  point  244>  correspondant  à  s  =  2, 
est  remarquablement  faible,  malgré  qu'il  soit  situé  près  du  maxi- 
mum d'intensité  et  que.  d'après  la  mesure  de  l'absorption,  nous 
nous  attendrions  à  le  \oir  plus  haut,  comme  les  points  de  la  courbe 
située  au-dessus  et  correspondant  à  s  =  4- 

Nous  constatons  ensuite  imiquement  que  tous  ces  points  appar- 
tiennent à  des  numéros  d'ordre  dont  la  somme  5  est  de  la  forme 

.5  ^  9.  (  niofl  4  >• 

Nous  trouverdiis  une  cxidicalion  tout  à  fait  satisfaisante  de  ces 
cas  d'exception  dans  la  sliiicUirc  ilc  la  lilciulc.  telle  qu'elle  a  été 
donnée  par  M.  lîragg. 

•l'ai  maintenant  à  indi(iu('r  brièvement  d'après  quelles  considé- 
rations peut  se  faire  le  choix  des  longueurs  d'onde  théoriquement 
possibles  ou  de  liiirs  numéros  d'ordre  correspondants  h,,   h-,  h., 


I.V    Hr:Kl.i;\U>.N    IU:S    ll.VVOXS    \    KT    I.K    SPRC.THOMKTnK    ,\    IIVVONS    \.  I  '<) 

I.  Les  limites  du  spectre.  -  \'a\  nous  appuyant  sur  nos  figures, 
donc,  a  posteriori,  nous  adnu'llroiis  i[uc  le  rayonnement  primaire 
ne  contient  que  les  loni;ueurs  iroinle  [)our  lesciuelles 

III  I  >*  <  -i—  <  (>o. 

V.n  réalité,  éviileniiiient,  la  liniile  ne  sera  bien  tranchée  ni  du 
côté  des  petites  longueurs  d'onde  Mri).  ni  du  côté  des  grandes  (i8). 
Il  y  a  donc  un  i)eu  d'arbitraire  dans  l'admission  de  valeurs  numé- 
riques déterminées  pour  ces  limites.  Nous  prendrons  comme 
exemple  l'épreuve  quaternaire  et  notamment  les  points  d'inter- 
férence de  cette  épreuve  pour  lesquels  /(:i  ^  i.  En  vertu  de  (i)  on 
tire  de  (5)  pour  ces  points  : 

I  <•  I  lS<S<{">li  DU  17  <  /l;  -I-  /l|  <    "iQ. 

'2.  Le  mouvemenl  thermique  des  atonies.  —  Celui-ci  produit, 
d'après  Debye  (*),  un  ailaiblissement  des  taches  d'interférence  dans 
le  raj)port  e~".  où.  jxtur  des  températures  élevées  (T  ,-  B  )  et 
pour  le  système  régulier  [voir  aussi  (.3)]  : 

(7)  M  —  — T- r:  <  '  —  cos  J  )  =  — , — -  — -  S. 

N       =  nond)ri'  de  Loschmidt  par  molécule; 

ix       =  poids  moléculaire; 

ft       =  température  caractéristique; 

h.  I;  =  constantes  du  layoniiement. 

L'influence  du  mouvement  thermique  est  donc  en  réalité  déter- 
minée par  la  grandeur  S  =  h]  +  /i-  +  A*,  de  telle  sorte  que  des 
points  d'interférence  à  S  trop  élevé  sont  éteints  par  le  iiiou\  cuiciit 
thermique. 

Nous  supposerons  aussi  que  la  limite  tracée  ])ar  le  mouvement 
thermique  est  nette,  alors  (pi'il  est  évident  <]u'on  aura  en  réalité 
une  transition  continue  entre  les  points  qui  ne  sont  pas  du  tout 
affaiblis  par  le  mouvement  tliermi(ivie  et  ceux  qui  sont  (■oiiq)lè- 
tement  éteints.  Pour  la  blciidc  nous  choisirons 

(8)  S  <  10». 

t';  Ann.  il.  Plnjs.,  I.   M,V,  nji  1,  p.  .iy. 

I.NSTITIT    SOI.VA^  !l 


l3o  1,A    STlllcriRE    |]|:    la    MAllKtll'. 

Cela  signifie  que,  si  nous  estimons  le  (-)  pour  la  blende  à  aoo°, 

le  facteur  d'afraiblissement  <?  ^'  ne  sera  pas  plus  jietil  que  -• 

Dans  notre  exemple,  où  /*:,  =  i  pour  l'épreuve  (juaternaire.la  con- 
dition (8)  n'intervient  jias,  puisqu'elle  est  remplacée  par  la  condi- 
tion plus  restrictive  S  -  60,  contenue  dans  (6).  Par  contre,  dans 
le  cas  où  /(:,  =  2,  ou  /(;,  =  3,  c'est  la  condition  (8)  qui  est  la  plus 
restrictive,  puisque  de  (j)  et  (i)  on  déduit  comme  limite  inférieure 
du  spectre  S  •'    120,  ou  S  -'   180  lespcclivemcul. 

'•\.  Le  réseau  des  atomes  de  zinc.  —  Dans  sa  première  publication, 
Lauc  fait  remarquer  entre  autres  l'absence  des  points  49^  et  261, 
dont  les  longueurs  d'onde  sont  représentées  dans  d'autres  points. 
Leurs  numéros  d'ordre  sont  un  mélange  de  nombres  pairs  et  impairs. 

Or,  d  après  MM.  Bragg,  le  réseau  des  atomes  Zn,  dans  Zn  S,  est 
un  réseau  cubique  à  «  faces  centrées  »,  dans  lequel  chaque  coin  de 
chaque  cube  et  cha(|ue  milieu  de  face  sont  occupés  par  un  atome  Zn. 
Dans  ce  réseau  il  ne  peut  apparaître  (pie  des  taches  d'interférence 
dont  les  numéros  d'ordre  sont  ou  ])i('n  tous  pairs,  ou  bien  tous 
impairs  (la  preuve  est  analogue  à  celle  qui  sera  donnée  plus  loin 
sous  5). 

Dans  notre  e.xcnqilc  il  faut  (kuu-,  comme  /r,  =  i.  (pie  /(;.  cl  /(, 
aussi  soient  impairs.  La  cniKlilion  [()]  ne  jieul  ilonr  ("Ire  salislailc 
que  par  les  six  couples  siii\  aiils  de  \  a  leurs  de  /i^  et  II,  : 


/'.=  1, 

/,,  =  ,■, 

//,=  3, 

A,  =  3 

/<,=  -.. 

//,=  ■.. 

t.e  soiil  là  les  SIX  poiiils  ipii  soiil  repiéseulés  sur  la  courbe  I 
{/ig.  i).  Le  cas  /(o  =  7,  /(,  ;^  I  a  été  laissé  de  C()té,  parce  ipiil  donne 
le  itii'nic  poinl  ipic  II'  cas/),  I,  // ,  -.  considéré  dans  la  |ire- 
iuk'tc    Ii;:iic. 

'(.    (innidcur  liiiiilrc  de  la   /i/i/i/uc.  Il    iaiil    encore    ajouter    la 

coudiliou  simple  (pie  dans   la   disposil i(Ui    des    expériences    priini- 
livcs  la  yiandciir  de  la  pla(|uc  ne  pernietlail  pas  île  lixer  des  points 

pour  les(picl-.  .%         ',  ■  (  )r,  il  résulle  des  équations  (  {)  et  (l)  que  dans 


LA    RÉFLEXION    OFS    HATONS    \    RT    I.R    Sl'IXTROMKTIlK    A    RA\ONS    \.  I  i  I 

le  ras  (le  réprouve  t[ua ternaire 


de  sorle  t|ue  Ib        -7  iloillie 

-Nous  combinons  cette  condition  avec  (8)  j)Our  prouver  qu'à 
/i:,  ?)  ne  correspondent  pas  de  points  d'interférence,  de  sorte 
que  dans  la  figure  i  seules  les  courbes  I,  II  et  III  pouvaient  être 
dessinées.  En  effet,  avec  /in  =  /i,  (9)  donne  déjà  S  11  a,  ce  qui 
est  en  contradiction  avec  (8). 

.'».  Le  réseau  îles  alonies  Je  soufre.  —  Dans  Zii  S,  d'après  MM.  Rragg, 
le  réseau  des  atomes  S  est  tout  comme  celui  des  atomes  '/ai  un 
réseau  cubique  à  faces  centrées,  lequel  est  déplacé  par  rapport  à 
celui  des  atonies  Zn  d'un  quart  de  la  diagonale  du  cube,  —  tout 
comme  dans  leur  modèle  ingénieux  du  diamant,  où  les  deux  ré- 
seaux sont  constitués  par  des  atomes  C.  Si  d'une  façon  générale  le 
second  réseau  est  déplacé  par  rapport  au  premier  de  ç,  y,,  Z,  il 
vient  s'ajouter  à  l'amplitude  du  rayon  dévié,  calculée  pour  le  pre- 
mier réseau,  le  facteur  (que  ni>us  indiquerons  par  M'  dans  le  sens  de 
Laue)  : 

«f  =  I  n-  A  e  '  |, 

où  a,  ^,  Y,  ou  bien  3C„,  ^„,  y,,  sont  les  cosinus  diretleurs  du  rayon 
dévié,  ou  bien  du  rayon  primaire.  Entre  ces  cosinus  directeurs 
existent   les  relations   fondamentales  de  la   théorie  de  Eaiie  : 

a  —  ï„  =  /i ,  - ,  3  —  'j„  =  /( ,  — ,  Y  —  •'„  =  //j  -  . 

(t  '  a  II 

On  a  donc  aussi 

(1..1  >f  =  I  1  —  A  e 


Le  facteur  A  mesure  le  pouvoir  réflecteur  (ou  ])ouvoir  diffusif) 
des  atomes  du  second  réseau,  relalis  enient  à  celui  du  premier. 
Pour  le  diamant  Meux  réseaux  iileutiqucs  d'atomes  C)  on   aurait 


A  =  i, 


•i3-2  i.\  STnrc.TKRR  m-:  lv  matiérk. 

donc,  d'après  (lo), 

T- =  I  I  +  e  -  '         I   =.ico»-^- 

I 

Ici  on  a  donc,  comme  M.  P.  Ewald  la  fait  remaniuer  le  premier  ; 


II)  111' 

.5  ?"  O  (  inocl 

\  1. 

<r^=  i. 

» 

s  ^  1           >> 

>r^=  -2, 

» 

i  s^  ■>.         » 

A-'-  =  o, 

)1 

j  =  'i          » 

^■'=  ■>. 

Pour  une  même  sitiialion  des  deux  réseaux  on  a  A  <;  i  dans  Zn  S, 
parce  que  le  pouvoir  réflecteur  des  atomes  S  est  plus  petit  que  celui 
des  atomes  Zn.  Dans  le  cas  où  s  h^  2  (mod4),  on'n'aura  donc 
pas  une  extinction  totale,  et  dans  le  cas  «  es  o  (mod  4),  on  n'aura 
pas  un  renforcement  complet.  Dans  tous  les  cas,  les  deux  effets 
se  font  fortement  sentir  ici  aussi  :  dans  les  figures  i  et  3,  les  points 
802  et  244.  pour  les(|uels  s  ^es  2  (mod4)j  ont  notamment,  comme  on 
l'a  vu,  une  intensité  troj)  faillie.  D"aulre  part,  les  points  de  la 
figure  3  réunis  en  une  courlie,  pour  lesquels  s  ^2  o  (mod  4))  sont  rela- 
tivement trop  élevés.  Si  Ton  réduit  cette  courbe  à  peu  près  dans 
le  rapport  3  ;  \,  pour  la  reudre  conipaialilc  aux  courlies  de  la 
figure  2  (avec  A  =  i,  diamant,  on  aurait  à  effectuer,  d'après  les 
valeurs  données  pour  T-,  inic  réduction  dans  le  rapport  1  :  2),  on 
trouve  qu'elle  s'accorde  Lien  comme  courbe  W  avec  les  courbes 
de  la  figure  2.  .\  \rai  dire,  uni'  réduction  scmliialde  devrait  être 
apportée  aussi  à  la  courbe  11  de  la  figure  i. 

Deux  remar(|ues  ciucire  pour  finir  : 

a.  A.res  polaires  de  la  hleitde.  La  structure  de  la  blende,  donnée 
par  MM.  Bragg.  fait  prévoir  une  pyio-électricité.  l'in  cn'el,à  cause 
de  l'altcriuiucc  de  Zn  et  S.  les  deux  cxlrénirlés  des  axes  ternaires 

sont    ililVérrnles. 

//.  (iniiiilriir  atisahie  de  la  lungitcur  d'onde  au  maximum  de  la 
disirihuliiiii  ,l' riui-'^ie.  ---  (Ihariiie  cnbo  a^  liaus  le  modèle  de 
Bragg  iiinlrn:inl  j  atomes  /ii  cl  j  atomes  S.  on  tléduit 
du  poids  spéciliqiic  cl  du  piud-^  nKilécnlalrc  de  Zn  S.  au  lien  de  la 
valeur  rt  =  3,3.S.io    "   calcnlre    pai-    l.aue. 

rt  =  i'  4  X   !,  :8. 10  «  —  "1,  11.  10-'. 


IV    BKKLKXION    llK-i    ltVM)\S    \    l'T    II)    Sl'lll  TIlllMl':  l'ItK    A    lUVONS    N.  l'i'i 

r.oiiiine  nous  avons  Irouvi''  jiour  \v  niiixinimii  s|)('clral 

A 

il  vient 

>.  —  3.  iii-'. 

D'après  la  théorie  des  qiiaiila.  il  l'xisic  riilre  la  lorigiiour  d'onde 
et  la  tension  V  du  liilif  di-  HiPUi<r(Mi  la  iclalidii 

'"• 
(II)  V  A  =  —  , 

c 

que  nous  appli(iiierons  ici  spécialement  à  la  longueur  d'onde  cor 
resj)3ndant  à  l'intensité  maximum  :  /.  —  /i.io  '.  On  déduit  de  (ii) 

\'  =  .jo  iK)o  volls, 

ce  qui  était  ell'citi\  emeiit  la  lensinn  moyenne  dans  les  tubes  des 
épreuves  primitives  (mesurée  au  moyen  d'un  micromètre  à  étin- 
celles dans  le  cas  d'un  tube  de  dureté  analogue,  excité  par  une 
machine  à  influence  . 

(Addition  faite  lors  de  la  correction)  :  Cette  relation  numérique 
avec  la  théorie  des  quanta  est  très  incertaine  pour  la  raison  sui- 
vante :  nos  ligures  ne  donnent  évidemment  pas  le  spectre  des 
rayons  deRi'mtgen  ni  dans  le  Inbe  ni  au  moment  où  ils  frappent  le 
cristal,  mais  le  spectre  à  l'endroit  de  la  plaque  pliotograplii<[ue, 
donc  après  que  les  rayons  ont  traversé  la  plaque  cristalline.  Or, 
l'expérience  a  appris  que  dans  ZnS  l'absorption  est  très  considérable, 
en  particulier  dans  la  partie  des  grandes  longueurs  d'onde  du  spectre. 
Le  maximum  du  spectre  primaire  est  donc  très  probablement 
déplacé  par  l'absorption  vers  les  longueurs  d'onde  plus  courtes 
et  correspond  en  réalité  à  une  iiingucMii-  d'onde  /,  >  .^.lo  '.  l'our 
faire  la  conqiaraison.  îles  épreuves  sont  faites  avec  le  diamant 
(absorption  beaucoup  plus  faible). 

M.  1*.  Ewald  a  étendu  le  traitemenl  qui  vient  d'être  conununiqué 
ici  avec  le  meilleur  résultat  aux  autres  épreuves  faites  avec  Zn  S 
(ternaires  et  asymétriques)  et  il  fera  à  ce  sujet  une  communica- 
tion dans  les  Annalen  der  Physik.  Dans  ces  mêmes  Annalcn  seront 
apportées  à  nos  courbes  spectrales  les  modifications  (pu  sont  néces- 


i34  r,\  sTHUtrrLUK  iik  la  matikri;. 

saires,  conformément  ;i  une  remarque  importaiile  de  M.  II. -A. 
Lorcnlz  {^). 

Le  prolcsseur  Laue  demamle  pourquoi  M.  le  professeur  Soiuiiicr- 
felcl  a  choisi  précisément  le  nombre  loo  jtour  l'influence  ihcrmicpie. 

M.  SoMMERFEi.D.  —  Lc  iiombrc  loo  pour  l'influence  de  la  clia- 
leur  est  évidemment  un  ])cu  arbitraire  et  a  été  clioisi  a  posteriori, 
de  même  cjue  les  nombres  pour  les  limites  du  spectre  :  dans  tous  les 
cas,  en  effet,  nous  avons  affaire,  non  à  des  limites  nettes,  mais  à 
des  transitions  graduelles.  D'ailleurs,  le  nombre  loo  ne  s'applique 
pas  aux  deux  courbes  I.  mais  est  remplacé  dans  ce  cas  par  le 
nombre  j)lus  pclil  correspondanf  à  la  limite  du  spectre  aux  courtes 
longueurs  dondc,  de  sorte  fjue,  si  nous  remplacions  par  exemple  loo 
par  200,  de  nouveau.x  points  ne  viendraient  ])as  se  placer  sur  ces 
courbes,  mais  seulement  sur  les  courbes  d'ordre  plus  élevé. 

M.  LiNDEMANN.  —  Conformément  à  toute  théorie  basée  sur  la 
mécanique  ordinaire,  la  fréquence  d'un  électron  à  la  distance  r  du 
centre  d'attraction  serait  proportionnelle  à  — -•  D'après  les  lois 
élémentaires  de  l'électrostatique  l'énergie  nécessaire  pour  éloigner 
l'électron  jusc[u";i   liuliiu  serait   —  •  Nous  ne  pouvons  donc  poser 

/(■/  =  const.  —  =  que  pour  un  seul  /■  déterminé  cl  par  conséquent 
pour  nn  seul  v,  correspondant,  comme  on  le  xoil  aisément,  à  la 
fré([uence  de  la  lumière  \  iolelte.  Les  vitesses  des  électrons  de  l'circl 
pholo-élccfrir[uc  ne  sont  pas  encore  déterminées  avec  une  exacli- 
tude  siillisantc-  ininr  nous  permettre  de  dire  si  l'énergie  est  propor- 
I  Kiririclli'  M  —  ou  à  -,  car  rnènic  imur  lii  liunnic  nll  ra\  lolcl  te  de 
longueur  d'onde  de  i>.oo'''^  la  dilférence  n'est  cpie  de  îo  pour  loo. 
Puisque  le  professeur  Sommerfeld  et  le  professeur  Bragg  ont 
montré  (|ue  l'énergie  est  égale  à  /iv  dans  le  cas  des  rayons  X,  nous 
sommes  ]ieul-èlre  en  dioil  de  poser /iv  =  — -,  l'énergie  cinétique. 

La  formule  ■/  --  — -  doniiç  la  fiéciuriicc  de  l'clfet  pholo-électrique 
sélectif  a\cc  une  reiiiaicjualilc  cxaclitude  ilans  le  cas  de  Hb,  K. 
Na,  Li,  si  nous  posons  r  égal  au  rayon  de  ralonic. 

(')   C/.  Uiiiivr,  .\iiii.  il.  /'/(;;>..  1.  .\l.lll,  ]<ji  j.  y.  \)">. 


I,V    lliihLEMON    l>i;s    HAÏONS    \    IM'    I.K    M'KC.  I  IlOM  IIHI;    \    Il  M  (IXS    \.  l3') 

M.  KfTiiERFoHu.  -     l.e  professeur  Hrafr;^  nous  a  cxiiIkiui''  (oni- 
iiii'iit   la   iiiélhoilf  (le  réflexion  séle<'li\e  jifut    èlit-  ein[)loyée  pour 
analyser  les  fréipienees  des  rayons   Uiint<;en  émis  par  tlilïérenles 
aulioallioiles.  Il  est  iln  plus  grand  intérêt,  sous  ce  rapport,  de  con- 
sidérer jusqu'à  <[uel  point  les  résultats  obtenus  avei;  Içs  rayons  X 
sont  applicables  à  l'élude  des  rayons  y  des  eorps  radioaelifs.    .le 
voudrais  en  tout  premier  lieu  donner  un  résumé  succinct  du  lias  ail 
qui  a  été  fait  dans  l'analyse  de  la  nature  des  rayons  ^  et  y  émis 
par  les  substances  radioactives,  car  il  n'y  a  jias  de  doiilc  que  les 
émissions  d'énerpie   sous  ces  deux   formes   ne   soient  en   lelation 
étroite.  La  répartition  des  vitesses  des  rayons  |î  émis  par  les  sub- 
stances radioactives   a   fait   réceniiiicul    l'olijcl    de  recherches  dé- 
taillées.  Ilaliii,  \-.   Baeyer  et  .M'^'^  .Meitncr  ont   les  premiers  attiré 
Tattcntionsur  le  fait  remarquable,  que  le  rayonnement  [i  de  di- 
verses substances  radioactives  se  compose  d'un  certain   nmnbre 
de  groupes  de  rayons  p,  dont  chacun  est  expulsé  avec  une  vitesse 
déterminée  et  caractéristique.   Cela   a  été  nionlré   eu   examinant 
]iar    la    méthode    pbotngraphi<pie    la    déviation    il  un    faisriaii    de 
rayons    dans   le   iharnp   ina^nrl  lipn'.  dans  le  cas  où  l'un  iiliser\  ait 
sur  la  plaque  un  \éri  table  s])e(lre.  (iel  le  et  iule  fut  étendue  au  cas  de 
proiluils  du   radiiiin  )>ai-   Dau\s/,,   qui.   en  jirenant    comme  source 
une  grandi»  qiianlilé  démanal  nui   dans    un    liibe   à   jiarois   ininccs, 
]irouva   que   le   rayonnement    p    du    radium   B    et    du   radium  (. 
est    très    complexe   et    se   compose   (ren\ii<in    '.'m   groupes    hoinn- 
gènes. 

Kn  collaboration  avec  M.  11.  Koliiiison,  j'ai  léi-emment  examiné 
la  même  question  et  j'ai  déterminé  séparémeul  les  groiqies  de 
ravous  [i  émis  i)ar  le  radium  li  et  le  radium  ('-.  (!iu(iuante  groiqies  au 
moins  furent  observés  dans  le  dernier  cas  et  il  y  avait  eu  outre 
un  «jrand  nombre  de  raies  faibles,  ((ui  ne  furent  pas  notées.  Pour 
expliquer  cette  remar([uable  émission  de  grou[)es  homogènes,  j'ai 
émis  l'idée  que  la  particule  S,  en  s'écbappant  de  l'atome,  passe  à 
travers  une  ou  plusieurs  régions  où  les  systèmes  éleclronifpies  sont 
mis  à  vibrer  de  façons  déterminées,  de  sorte  que  de  l'énergie 
est  soustraite  au  rayon  (3  par  mtdtiples  déterminés  de  l'énergie 
nécessaire  pour  exciter  ce  rayonnement.  D'après  cela,  le  giaiid 
nombre-  de  grf)ii|)es  de  rayons  homogènes  émis  ne  |U'ovient  pas 
d'un  sriil  atome,  mais  est  un  elïet  stalisti(pie  auquel  cnllaborenl  un 


l36  LA    STIlICTIIIK    I)f;    l.A    MATIERE. 

"randinombre  d'atomes,  dont  chacun  fournit  un  ou  plusieurs  groupes 
de  rayons  p,  dépendant  du  système  mis  en  vibration.  Conformément 
à  cette  manière  de  voir,  les  radiations  excitées  pendant  le  départ 
de  la  particule  p  furent  considérées  comme  étant  les  radiations  y 
de  corps  radioactifs  et  il  serait  à  présumer  que  celles-ci  correspon- 
dent à  un  ou  plusieurs  des  types  de  radiations  caractéristiques, 
dont  Barkla  a  montré  qu'elles  sont  excitées  par  des  rayons  X 
frappant  la  matière. 

Dans  le  but  de  vérifier  ce  point,  des  expériences  ont  été  faites 
par  M.  H.  Richardson  et  par  moi-même,  où  nous  avons  examiné 
par  une  méthode  spéciale  la  nature  des  radiations  y  émises  par 
un  grand  nombre  de  produits  radioactifs.  Une  étude  approfondie 
a  appris  que  les  radiations  y  peuvent  être  décomposées  en  un  cer- 
tain nombre  de  constituants  séparés,  à  pouvoirs  pénétrants  diffé- 
rents, et  dont  chacun  est  absorbé  conformément  à  une  loi  exponen- 
tielle par  un  élément  léger  comme  l'aluminium.  Ainsi,  par  exemple, 
nous  avons  montré  que  le  radium  B  émet  trois  types  distincts 
de  rayons  y,  pour  lesquels  les  coefBcients  d'absorption  'j.  dans  l'alu- 
minium  sont  280,  /[O  et  o,5i.  D'autre  part,  le  radium  C  émet,  à 
ce  qu'il  paraît,  un  seul  type  de  rayonnement  pénétrant,  pour 
lequel  a  =  o,ii5.  Des  résultats  d'un  caractère  analogue  ont  été 
obtenus  par  l'analyse  d'un  grand  nombre  d'autres  produits  à 
rayons  y.  Notons  que  les  radiations  du  radium  B,  a  =  ?.3o  et 
M.  =  /^o,  sont  plus  molles  (pic  les  rayons  X  ordinaires  émis  par  un 
tube  de  Rontgen.  La  radiation  u.  =  o,5i  a  à  peu  près  le  pouvoir 
pénétrant  le  plus  élevé  que  l'on  puisse  obtenir  avec  un  tube  à 
rayons  X,  lorsqu'on  y  apiiliqne  une  différence  du  potentiel  d'environ 
100  000  volts.  La  radiation  du  radium  C,  [>  =  o.iio,  est  probable- 
niiiil  plus  pénélraiile  ([ue  celles  (pi'oii  ])ciil  produire  commodé- 
ment a\ec  un  tube  à  rayons  X.  11  semble  que  la  radiation  u.  =^  |<^ 
du  radium  B  correspond  à  la  radiation  caraolénsticpic  de  la  série  L 
d'un  éléiiu'iit  a\aul  le  |)ouls  al miiupic,  cl  les  Taxons  ilu  radium  (. 
correspondent  par  leur  |iiiii\iiir  jiciiétranl  à  ce  qu'on  pourrait 
prévoir  jiour  la  série  K  de  cet  élément.  Les  homologues  des  radia- 
tions u  1=  '^^o  et  u  =  o,5i  émises  jiar  le  radium  ]i,  qu'on  devrait 
obtenir  en  faisanl  londicr  des  layons  X  sur  des  éléments  lourds, 
ii'iuit  pas  encore  clé  obserxés  juscpi'ici. 

Barkla  cl  d'aulres  ont  démontré  que  les  radiations  caracléris- 


I.A    HEKI.l-.X10N    l)i:S    IIVVONS    X    hr    1.K   SI'Kc  TKOMi:  rllK    .V    BAMI.NS    X.  I  >7 

tiques  des  éléments  sont  absorbées  siii\  :inl  une  loi  ex])onentiellc 
jnir  des  éléments  à  faible  poids  at(iiiiii|iii'  coiiuiii'  rMlnininimii,  et 
généralement  on  les  a  considérées  ooinnie  lionioiièiies. 

D'un  autre  côté,  l'analyse  des  rayons  X  obtenus  au  moyen  d'une 
anticatliode  en  platine,  faite  par  Brag;g  et  Darwin,  indique  que  ee 
rayonnement  consiste  non  en  ondes  d'une  seule  espèce,  mais  en 
un  groupe  d'ondes  de  fréquences  différentes.  Il  est  jirouvé  à  l'évi- 
dence (jue  les  groupes  de  rayons  ainsi  examinés  doivent  être  classés 
dans  le  rayonnement  de  la  série  L  du  platine.  l'our  contrôler  la 
théorie  de  la  relation  entre  les  rayons  ^  et  y  de  substances  radio- 
actives, que  j'ai  esipiissée,  il  est  de  toute  importance  de  savoir 
si  les  divers  types  de  rayons  fournis  par  les  produits  à  rayons  y 
sont  homogènes  ou  sont  constitués  d'un  groupe  de  rayons  à  fré- 
quences déterminées.  Dans  ce  but,  M.  le  D''  Andradc  et  moi  nous 
avons  récemment  entrepris  des  expériences  pour  analyser  par  la 
méthode  de  réflexion  la  constitution  de  chaque  groupe  de  rayons  y 
émis  par  le  radium  B  et  le  radium  ('.  Lu  étroit  tube  de  verre  à 
minces  parois,  contenant  loo  niillicuries  d'émanation  de  radium, 
servit  de  source.  Dans  un  pareil  cas,  le  rayonnement  y  provient 
de  produits  de  l'émanation  du  radium  B  et  du  radium  C.  Les 
rayons  tombaient  sur  un  cristal  de  sel  gemme  et  les  rayons  ré- 
fléchis frappaient  une  plaque  photographique.  Des  précautions 
convenables  furent  prises  pour  réduire  à  un  minimum  l'effet  sur 
la  plaque  photographique  dû  aux  rayons  (î  primaires  et  aux 
rayons  [3  excités  par  les  rayons  y.  Des  dispositions  furent  d'abord 
])rises  pour  cxaniiucr  la  constitution  du  rayonnement  a  =  /\o.  Le 
t-alcul  avait  appris  que  celte  radiation  présenterait  une  réflexion 
sélective  poiu'  un  angle  d'incidence  d'environ  9°.  Sous  cet  angle 
(in  observa  sur  la  plaque  photographique  un  groupe  de  fines  raies 
correspondant  à  des  angles  de  réflexion  compris  entre  8°  et  10°, 
indiquant  ainsi  que  ce  rayonnement  a  =  /\0  est  de  nature  com- 
plexe.' Ces  résultats  expérimentaux  ne  sont  que  préliminaires,  et 
des  expériences  sont  en  voie  d'exécution  jiour  examiner  en  détail, 
par  celte  méthode,  la  nature  du  rayonnement  y  des  produits  du 
radium.  ?Sous  espérons  trouver  par  cette  méthode  les  modes  de 
vibration  fondamentaux  de  ces  atomes  lourds  et  obtenir  des  don- 
nées pour  exj)liquer  la  distribution  des  groupes  de  rayons  ^  des 
substances  radioactives. 


i38  i.A  STRiiriiii:  hk  i,\  matikri;. 

M.  WooD.  —  Une  vibration  moléculaire  des  couches  dans  les 
cristaux  du  jiiofessciir  Bragg  affaiblirait  les  spectres  d'ordre  supé- 
rieur au  premier,  à  en  juger  d'après  l'analogie  en  optique,  où 
les  spectres  d'ordre  supérieur  au  premier  disparaissent,  lorscjue  les 
bords  des  éléments  opacjues  du  réseau  de  diffraction  sont  rendus 
]iartiellement  transparents  (dégradés).  Cela  fut  observé  expéri- 
mentalement par  A.-B.  Porter.  Si  des  expériences  à  haute  tempé- 
rature sont  nécessaires  aussi  bien  que  des  expériences  à  basse 
température,  il  n"cst  peul-ctre  ]ias  inutile  de  rappeler  que  les 
beaux  cristaux  d'oxyde  de  magnésium  obtenus  par  le  D''  Fritsch 
dans  le  fourneau  électrique  peuvent  être  chauffés  sans  dilTicullé 
jusqu'à  la  température  de  la  llamme  oxyliyiJrj<|uc. 

INI.  Einstein.  —  Dans  le  cas  de  réactions  radioactives,  on  pour- 
rait applic|uer  Ihypothèse  des  quanta  pour  essayer  détablir  le  bilan 
de  l'énergie.  Dans  le  cas  où,  dans  la  désagrégation  radioactive, 
il  ne  se  présente  qu'une  seule  particule  [i  et  des  rayons  y  (mono- 
chromatiques), on  pourrait  par  exemple  sattcntlre  à  trouver  ce  qui 
suit.  Soient  E,,  E^,  ....  E„,  ...  les  énergies  cinélupies  des  rayons  Ç> 
ayant  des  vitesses  dilTéventes;  v,.  ....  v.^,  ...  les  fréquences  des 
rayons  v;  alors  les  divers  rayons  (3  et  y  pourront  être  associés  les 
uns  aux  autres  de  telle  façon  (}ue 

K„ -i- //7„  =  éiiei'^ii'  lie  liiui'ifrpriiiniion  i  iiilinaiMivc. 

donc  la  niénic  soninic  pour  toutes  les  valeurs  de  //. 

• 

.M.  lit  I  111:111  (iiiL)  (icponse  à  des  (|uc,s|  mus  du  professeur  Eins- 
tein). —  La  théorie  générale  île  la  relation  entre  rayons  ^  et  y, 
(|ue  j'ai  mise  en  a\anl.  snp|iii>r  iui|ili(iliiii(iil  <|ur  les  ililférences 
d'énergie  enlic  les  groupes  de  rayons  [i  dépendent  ilu  système 
mis  en  \ibrali(ui.  Si  Ton  fait  usage  i\o  riiypotlièse  îles  (piaula,  on 
peut  |iié\  (lir  que  1rs  relaliiins  sont  du  type  indi<|ué  par  le  professcui' 
Einstein.  C  est  |i(iiii  idle  raison  (|ue  je  suis  désireux  de  déter- 
miner |)ai'  les  nouvelles  méthodes  la  ctuistitulion  et  les  fréquences 
des  l\|>cs  de  rayons  y  émis  par  les  corps  radioactifs:  car.  sans  de 
])aredlcs  (liinuées,  il  est  dilliiilc  de  faire  une  comparaison  entre  la 
lllédiic  ri    I  cNipérience. 


IV    HKFl.KAION    liK>    flMDN»    \    Kl     II;    -rKi.  lllliMI.  I  l;l:     \    llXMlNr.    \.  l'fc) 

M.  .Ni:RNsr.  -  <  hi  il  iiic  sml  |)ciiins.  \  ii  l'cxl  iMiiriliiiiiirr  iiii|ii(r- 
taïK'f  lli'S  résilltills  île  MM.  lïraj;;.'-  |i(iui  la  |i|i\  sii|iic  iiiiilrcnhilli' 
lU's  iiir[is  ï.(ili(li's,  (l  essayer  de  lésiiiiiir  ici  I  rial  de  la  ([iics- 
tion. 

Ainsi  ipi  il  \i('iil  (Irlic  (lil.  il  sriail  (■(•riaiiiciiicnl  |iiissililc. 
(/  jiiiiin.  i\\\c  le  rùli-  clos  liipiiles  iioiiis  clans  le  iiiodclc  du  dianianl 
de  M.M.  iJiajrj;  fùl  r<'iii|ili  par  iiii  cinij.dunKMal  de  n  alninrs  ('.: 
mais  alors,  dans  les  aul  irs  iiuidiics,  il  di'\  rail  \  a\  inr  aussi  ciiaciiii' 
fois  II  atonies  au  lien  d'un  seul.  Or,  outre  (|ue  eela  esl  fort  peu  pro- 
bablo,  il  nie  sendile  (|ue  de  nouveau  la  clialciir  spéciThiue  doiini'  ici 
des  renseigiuMUcnls,  eoninn-  c'étail  d'aillciiis  le  cas  (iaii>  les  re- 
ehcrches  classicpies  de  KiiimIi  ci  \\  ailpiiii;.  l'inu- le  diamaiil,  la  \  a- 
riatioii  de  la  elialenr  aloini(|ue  est  iiotaniineiil,  eoniiiie  Lindeniaiin 
et  moi  l'avons  montré,  celle  d  un  corjis  mf)noaliiinii|iie.  Nous  ne 
cle\oiis  ilouc  |)as  adnielti'c  i|ue  dans  les  modèles  de  MM.  liragirles 
divers  points  iloivent.  être  rem])laeés  |)ar  des  ae;ré<rals  d'atomes. 

Quant  à  la  eoneej)tion  t(ue  les  molécules  se  résolvent  en  leurs 
atomes  séparés,  une  scission  en  ions  éleetiulyl  i(pies  (jus([u";i  un 
certain  point  analogue  à  la  dissociai  ion  éleclrolyti(jue)  n'a 
rien  de  surprenant  en  soi,  mais  il  me  semble  ([u'il  esl  fort  impor- 
tant qu'une  pareille  décomposition  ]jaraisse  déjà  prouvée  avec  cer- 
titude, alors  f|ue  nous  aurions  jm  jus(|u  ici  nous  conleiiler  de 
l'idée  <|ue  par  exemple  des  molécules  K  (.1  se  IrouM'iil  aux  na-iids 
du  réseau  et  <|ue  les  rayons  reslanis  doi\ciil  leur  origine  à  une 
vibration  interne  de  la  moléeiije. 

Mais  pour  la  ^laee,  ])ar  exemple,  nmis  ne  |hiii\iiiis  pas  admettre 
une  décompf)silion  en  atomes  d"o.\y;rèiie  cl  d  li\ droiréne  ;  d'après 
la  chaleur  sjiéciliipie.  l'élémenl  conslitiil  if  du  ciislal  serait  la  molé- 
cule (ll-O)-.  Non--  |pnii\(iiis  admellre  aussi  que  dans  le  modèle 
de  Ca  CO'  de  .\I.M.  Bra^'^  les  trois  atomes  d'oxyjrène,  <pii  sont 
i;ionpés  autour  de  l'atome  de  caibfuie,  sont  plus  rapproeliés  de 
ce  dernier  que  de  l'alonie  île  calcium:  de  celle  façon  ('.a  etCO' 
vibreront,  aux  basses  températures,  à  j)eu  près  comme  des  sys- 
tèmes solides,  cl  ce  n'est  (pi'aiix  tein|)ératures  élevées  rpie  les 
atomes  séparés  vibreront  les  uns  par  rapjiorl  aux  autres. 

(.'est  n\vv  la  plus  <;rande  inqtalience  que  nmis  al  tendons  de 
nouvelles  reeberelies  eoncernant  la  ;.dace.  le  i.frapliile,  les  eom- 
jiosés  orj,'anii|ues,  etc.  Je  \-oiidrai>;  seulemeni  demander  encore  à 


l4o  LA    STRICTIRE    DE    LA    »HT1LRE. 

"SIM.  Bragg,  si  clans  le  modèle  du  soufre  la  molécule  S",  caractéris- 
tique pour  ce  corps,  joue  un  rôle. 

M.  Bragg.  —  Les  atomes  du  groupe  CO'  sont  certainement  plus 
rapprochés  les  uns  des  autres  qu'ils  ne  le  sont  de  l'atome  Ca.  Les 
vraies  distances  sont  données  dans  un  travail  de  W.  Lawrence 
Bragg,  qui  paraîtra  prochainement  dans  les  Proceedings  of  the 
Royal  Society.  Pour  le  moment  la  méthode  de  la  réflexion  ne 
donne  aucun  renseignement  au  sujet  de  la  question  si  le  groupe  CO  ' 
se  comporte  comme  un  système  solide. 

Comme  il  y  a  dans  le  cas  du  soufre  8  réseaux  qui  s'entre-pénètrent, 
les  atomes  peuvent  certainement  être  partagés  en  groupes  conte- 
nant chacun  un  atome  de  chaque  réseau  et  composés  par  consé- 
quent de  8  atomes.  Seidement,  le  groupement  peut  se  faire  d'un 
grand  nomlire  de  façons. 


LA 

RELATION  ENTKE  LA  STiaCTLUE  CRISTALLINE 

F.T    I.A 

CONSTITLTIO>'   ClIIMIOUE 

Fui    MM.    W.    liVKLOW   fi    W.-J.    P(1I»E. 


1.  La  déterniinatioii  de  la  relation  ((iii  existe  entre  la  strucUire 
cristalline  et  la  lonstitution  chinii(jiie  peut  se  faire  dans  deux  direc- 
tions d'examen  principales  :  (a)  la  recherche  de  la  façon  dont  se  dis- 
posent les  parties  géométriquciiient  possibles  des  cristaux  cl 
(6)  la  recherche  de  la  nature  des  parties  qui  doivent  se  grouper  et 
des  forces  atomiques  qui  produisent  ce  groupement. 

La  classification  ainsi  donnée  du  sujet  convient  particulière- 
ment bien  pour  le  moment,  parce  que  l'étude  (a)  a  été  faite  com- 
plètement, alors  que  les  questions  contenues  dans  [b)  ont  paru 
excessivement  obscures  jusqu'à  ces  dernières  années  et  ne  se  sont 
montrées  susceptibles  d'élrc  traitées  d'une  façon  (•onipréheusilile 
que  tout  récemment. 

La  communication  suivante  s'occupera  du  second  genre  de  re- 
cherches {b),  mais  qu'il  nous  soit  permis  de  donner  aussi  un  court 
exposé  de  la  solution  du  problème  géométrique  (a). 

2.  L'étude  de  la  structure  cristalline,  tant  sous  son  aspect  expé- 
rimental qu'au  point  de  vue  théori<|iie,  dans  le  courant  du  siècle 
dernier,  a  conduit  à  la  conclusion  <|ue  l'ensendjle  des  propriétés 
physiques,  géométriques. et  mécani([ues  des  solides  cristallins  est 
en  harmonie  avec  la  délinilioii  géométrii|ue  suivante.  In  simple 
individu  cristallin  est  un  édifice  hotnorfène,  c'est-à-dire  un  édi- 
fice dont  les  parties  sont  répétées  uniformément  à  travers  toute  la 
masse,  de  sorte  que,  si  l'on  fait  abstraction  des  limites,  des  points 


Ija  lA   STIUnillF.    I)K    l.A    MATIÈRE. 

correspomlanls  ont  partout  le  ni<'nie  entourage.  L'accord  entre 
cette  conception  et  les  faits  est  si  jiarfait  qu'il  prouve  de  façon 
certaine  (pie  la  différence  caraclérisliipic  entre  les  solides  cristal- 
lins et  d'autres  corps  est  cette  honicioénclté  de  structure  des  indi- 
vidus cjui  les  composent.  De  ce  |)riii(i|)c  de  Ihomogénéité  de  la 
structure  on  peut  immédialcinenl  ilédiiiic  toutes  les  diverses 
formes  sous  lesquelles  a  été  établie  la  loi  fondamentale,  empiri- 
*[uement  observée,  de  la  cristallographie,  telles  que  la  loi  de  zones, 
la  loi  des  indices  rationnels,  etc.,  et  l'on  peut  conclure  que  le  trait 
dislinctif  de  la  régularité  externe  de  la  forme,  prise  jiar  \ni  indi- 
vidu cristallin,  esl  lié  à  la  classe  île  sliucluie  lionidgène  au(pu'l 
il  appartient. 

L'examen  des  modes  dhomogénéilé  de  slruehue  possibles  est, 
comme  nous  venons  de  le  dire,  terminé;  nos  conaaissances  relatives 
à  cette  partie  de  notre  sujet  ont  été  olitenues  ])ar  les  trois  éln]ies 
suivantes  : 

a.  Bravais  fiSoo)  ilélermiiia  le^  diverses  manières  dont  on  peut 
distrdjucr  uniliuniéuieiil  à  liii\eis  l'espiLce  diiinilé  des  |)iil\èdres 
idenliquemcnl  send)lables,  de  façon  (pie  chacun  d'eux  soit  entouré 
du  reste  de  rassemldage  d'une  niani(''re  semblable  et  avec  la 
même  orienlalion.  Cette  dernière  cciiulition  impliipie  la  ])ropriété 
«pi'une  Iranshil  ion  litiéaiie  de  tout  rassendilage.  soi-  une  longueur 
et  dans  une  direclion  (pil  sont  celles  d  une  dioile  joignant  les 
centres  de  deux  (pu'lcon(pies  des  ])olvèdres,  produise  la  coïnci- 
dence de  l'assenihlage  aj)iès  le  (lé|)]aeciiienl  a\ee  l'assemblage, 
Ici  ipi  il  éiail  a\aiil;  les  centres  de  ces  corjis  foriiienl  ]iar  cousé- 
(|iieiil  un  liiillis  |iarallélé])ipédique  ou.  comme  on  lajipelle.  un 
réseau  à  Irois  ilimensituis.  Hra\ais  nidiilra  (pi  il  existe  i  j  espèces 
de  |iaicils  réseaux  cl  (pie  par  leur  s\niélrie  ils  eorrespondenl  aux 
sept  grands  sysièmes  crislallins.  Comme  exemple  d'un  assem- 
blage 7'éliculaire  de  Hra\ais  nous  cilei'(wis  la  dis])osilion  des  som- 
met (le  ciiIk^  réMill:iiii  (riiii  |iailai:c  de  rcsjiaee  en  cubes  égaux 
par  Irois  sysièmes  de  plans  ]iaiallèles  cl  é(piidislaiils,  les  trois  sys- 
ièmes élanl  ideni  i(piemeiil  semblables  et  chacun  étant  perpendi- 
culaire aux  deux  aiil  l'es. 

h.  SoliMcke  (1^7(1)  a  (ièleiniiné  huiles  les  espèces  d'arrangemenl 
•tmiiormc  jiossibles     (pie  l'on  oblieiil   en  élcndani   la  dèiiiiil  khi  de 


I.\    STHH:riRK    CIIISTAM.INK    I;T    I.A   <:0\ST1TITI0N'   CMIMIOI  i:.  I  i  î 

Bravais,  la  nioclilii-atioii  consistant  à  al)aii<lonnei-  la  ciimlil  mn  (un- 
ies eiitourajjes  st'nil>lal)les  des  imités  doivent  avoir  i(lonti<|uenionl 
la  même  orientation.  Ce  eliangenieiil  de  délinition  l'ail  ilisparaitre 
la  néeessité  d'atlriimer  nue  symétrie  iiistaliiiic  axiale  à  Tniiité 
elle-même:  d'après  cela,  tonte  nnité  dr  l{ia\  ais  syinélri(|ue  |)eul 
être  s;éométi-ii|n(Mii<'iil  décomposée  en  des  iiinlés  plus  petites,  iden- 
litpienient  similaires,  privées  de  symétrie  axiale,  lui  emploNaiit 
des  points  au  lieu  des  unités  jiolyédriciues  de  Bravais,  et  rendant 
les  premiers  aussi  nombreux  que  les  mouvements  de  coïncidences, 
axiaux  et  translationncis.  du  système  considéré,  Sohnckc  a  l'ait 
<|ue  les  mouvements  de  co'incidence  de  ses  systèmes  de  |i(iinls 
exprimaient  toutes  les  façons  dont  les  j)arties  ])euveiit  se  répéter 
identifpiement.  (  tii  a  distingué  ainsi  soixante-eiiii|  types  d'arrange- 
ment homogène,  iimnus  sons  le  nom  de  «  systèmes  de  Solineke  »; 
outre  les  esj)èces  de  symétrie  cristalline  présentées  par  les  réseaux 
Iridimenslonaux  de  Bravais,  composés  de  simples  points,  les  sys- 
tèmes de  Sohncke  donnent  des  types  ((ui  par  leur  symétrie  corres- 
pondent à  la  plupart  des  classes  cristallines  restantes  des  'V>.  dans 
lesquelles  se  subdivisent  les  sept  grands  systèmes  cristallins,  l  n 
exemjile  d  lin  sysième  de  Sobnckc  pi'iil  être  dédiiil,  loiniiie  dlus- 
t ration,  du  réseau  de  Bravais  décrit  sous  i«).  Dans  ce  léseau, 
chaque  point  a|i])artient  en  commun  à  huit  cuiies  et  à  douze 
faces  lie  cube,  cliaciiiie  des  dernières  étant  rnniniiiiie  à  tieux 
cubes.  Uenijilacez  chaque  point  |iar  un  agrégat  de  i>.  jiomts,  dont 
chacun  est  situé  sur  une  des  iliagonales  de  face  de  cube  tracées  à 
partir  du  point  original  cl  tous  ])lacés  à  la  même  distance  de  ce 
dernier.  Uépétez  celte  opération  à  lra\ers  tout  le  système  juscpi'à 
ce  que  clia(|1ie  [xiint  du  réseau  soit  reuqilaeé  d  une  façon  semblable 
et  syniétri(]ue  par  un  agrégat  de  i  >..  L'assenddage  construit  par 
cette  ré[)étition  symétrique  à  travers  l'espace  est  un  système  de 
Sohncke.  composé  de  la  réseaux  enchevêtrés,  (pii  sont  amenés  en 
coïncidence  les  uns  avec  les  autres  par  une  sim])!e  rotation  axiale; 
tous  les  points  sont  reliés  de  la  même  façon  à  tout  l'assendilage 
illimité.  r 

<■.  (In  constata  ensuite  (pie  les  mouvements  de  coïncidence 
d'un  système  de  Sohncke  ne  représentent  (piuiie  répétition  iden- 
ti<|uenient   semblable  de  jiarties  et   finit   cléperidre  la  resseiiddaiice 


lii  I.\    STUlrriRF.    DE    LA    JUTlliRK. 

énantiomorphe  (ou  ressemblance  d'image  spéculaive)  de  parties  de 
l'expression  de  quelque  condition  additionnelle.  La  règle  employée 
par  Bravais,  dans  le  but  de  rendre  compte  des  types  de  symétrie 
cristalline  observés,  mais  qui  ne  sont  représentés  par  aucun  des 
Il  types  de  réseaux  composés  de  simples  points,  consistait  à  attri- 
buer unesymétrie  appropriée  aux  unités  polyédriques  employées  à  la 
place  des  points,  de  façon  à  imposer  une  symétrie  moindre  au  réseau 
considéré.  Cette  méthode  ne  fournit  qu'une  solution  partielle  du 
problème,  mais  une  extension  tout  à  fait  générale  et  adéquate  de  la 
définition  d'homogénéité  de  structure  fut  obtenue  par  une  nouvelle 
modification  de  la  condition  d'entourage  semblable.  On  a  vu  que 
deux  points  dans  un  assemblage  sont  entourés  d'une  façon  sem- 
blable, mais  non  pas  identic[ue,  lorsque  l'arrangement  de  l'assem- 
blage illimité  autour  d'un  des  points  est  l'image  par  réflexion  de 
l'arrangement  autour  de  l'autre;  et  aussi  que  des  opérations  de 
coïncidence  sur  des  centres  de  symétrie  ou  des  plans  de  symétrie 
remplissent  alors  la  fonction  remplie  dans  les  systèmes  de  Sohncke 
parles  mouvements  de  coïncidence  et  qu'elles  expriment  les  relations 
entre  points  semblables  qui  sont  reliés  d'une  façon  énantiomorphe 
au  reste  de  l'assemblage.  Fedorofï,  Schiinflies  et  Barlow  ont 
étudié  indépendamment  les  uns  des  autres  cette  concepliou  élargie 
de  similitude  d'entourage  et  démontré  que  l'admission  d'opérations 
de  coïncidence  reliant  des  points  semblables,  donl  les  entourages 
présentent  une  similitude  d'images  ])ar  réflexion,  conduit  à  distin- 
guer beaucoup  plus  de  types  de  symétrie;  or,  les  derniers  four- 
nissent des  représentants  des  trente-deux  classes  de  symétrie  cris- 
talline. Le  nombre  loi  al  de  l\  ]ies  d":irrangement  symétrique  rendus 
j>ossiblcs  par  cette  nouxelle  extension  delà  défiiiiliou  est  de  :i3o, 
et  ceux-ci  sont  rejiréscutés  par  les  >..'h)  t\i)cs  de  s\stcmes  de  ])oints. 
Comme  illiisl  rai  imi  de  celle  mélliode  de  déri\aliou  plus  large, 
(ui  [leut  ell'ectuer  l'opérai  loii  sui\:uile  sur  le  système  de  Sohncke 
décrit  ci-dessus.  Déplace/.  clia(|iic  jioinl  dans  \iu  groupe  de  ia 
à  partir  de  la  face  de  eulie  dans  lai|iu'lle  d  se  Irouve,  les  douze 
polnis  élanl  dé|ila('és  de  façon  similaire,  syinél  ii(|ueuieiil  cl  ilaus 
la  direclion  eorresp(nulanle,  vers  îles  poinis  à  liuléiieur  des  cubes; 
cette  opération  peut  être  e(fecluée  de  telle  façon  que  le  groupe 
résnilaiit  de  I  '  iMiiiits  n'est  plus  ideuti<|ue  a\  ce  son  image  ])ar 
réflexion.    I  laile/.  un  groupe  atljaeenl   de  la   même  façon,  mais  en 


uv  ^iTlll  (  l'iiii':  cil  si'ai.lim:   i:i    i.\  i  on-i h  i  iion  iiiiMiyti:.  i  1  "i 

reiidanl  rarraiifieineiil  iilcntique  à  riiiui<;e  juir  réflexion  du  preiuior 
et  répétez  ces  opérations  symélri<|ii(Mnent  et  alternativement  à 
travers  tout  l'espace  jusqu'à  ce  (|mc  Ions  les  systèmes  de  i  ■>.  points 
orinrinaux  aient  été  déplacés  de  la  façon  appropriée.  (Jn  enirendn- 
ainsi  nu  des  i..]ii  systèmes  de  points  :  il  consiste  en  un  réseau  de 
Bravais  dans  le<piel  diaipie  point  est  rem])la<'é  |)ar  un  système 
send>lai>le  de  la  points,  de  forme  énantionupi  plu-,  ilisposé  autour 
de  la  position  oritrinale  du  ]iiiiul  :  une  moitié  des  groupes  a  la 
configuration  droite,  l'autre  la  lonliguration  gauche.  L'assem- 
blage peut  aussi  être  considéré  comme  une  interpénétration  d'un 
système  droit  et  d'un  système  gauche  de  Sohncke,  une  interpéné- 
tration, notamment,  ipii  est  déduite  par  une  répétition  par  images 
spéculaires  soit  du  composant  droit,  soit  du  composant  gauche  ilu 
système  de  Sohncke. 

Comme  aucune  es|)èce  d'opération,  autre  (pie  celles  qui  ont  été 
employées  dans  les  systèmes  de  Sohncke  et  dans  ceux  ((ui  en  ont  été 
déduits  par  répétition  d'images  spéculaires,  ne  peut  former  un  com- 
posant d'une  opération  de  coïncidence  compatilile  avec  l'homo- 
généité de  structure,  la  première  partie  de  l'examen  concernant  la 
structure  cristalline,  celle  qui  s'occupe  du  mode  d'arrangement 
des  parties,  est  en  réalité  terminée, 

'A.  .\lors  que  la  siuqdc  hypothèse  de  rhomogénéitc  de  la  dispo- 
sition des  particules  s'est  montrée  suffisante  pour  conduire  à  une 
solution  j)ratiquement  complète  du  problème  contenu  dans  la  délei- 
minalion  des  types  d'arrangement  des  particules  ultimes  qui  sont 
possibles  pour  les  cristaux  eux-m'''mes,  il  est  évident  qu'une  nouvelle 
supposition  est  nécessaire  pour  coordomier  ou  icuiiirdans  une  repré- 
sentation compréhensible  les  diverses  relations  entre  la  forme  cris- 
talline et  la  constitution  chimique,  dont  on  a  fréquemment  observé 
l'existence.  Les  faits  compris  sous  les  noms  cVisomorphisme  et  de 
morpholropie,  et  l'observation  ([ue  généralement  une  symétrie 
cristalline  d'ordre  élevé  est  accompagnée  d'une  grande  sim|)licité 
de  constitution  moléculaire,  peuvent  être  rappelés  à  ce  propos, 
Nous  verrons  qu'une  simple  hypothèse  concernant  la  nature  des 
])arties  dont  l'arrangement  constitue  l'édilicc  cristallin,  non 
seulement  sullit  |)our  ex|)liquer  d'une  façon  conqiréhensiblc  un 
"rand    nondnc  dr'   faits  observés  reliant    la   forme  cristalline   et   la 


INîiTITI   T    MOI.V  \^ 


l46  l.A    STRICT!  IIK    DK    T. \    MATIKRE. 

composition  chinii(|ue,  mais  conduit  même  à  une  relation  nouvelle 
et  plus  intime  entre  la  forme  cristalline  et  la  constitution.  Cette 
hypothèse,  nous  l'avons  faite  et  nous  en  avons  développé  les  consé- 
quences dans  une  série  de  travaux  (*):  nous  en  indiquerons  briève- 
ment les  points  principaux  dans  la  présente  Connnunication. 

i.  -Nous  supposons  <iue  dans  une  structure  cristalline  chaque 
atonie  agit  comme  un  centre  d'action  exerçant  deux  influences 
contraires,  savoir:  a.  une  force  répulsive,  qui  peut  être  attribuée  à 
l'énergie  cinétique  des  atomes;  h.  une  force  attractive;  toutes 
deux  sont  régies,  comme  la  gravitation,  jjar  une  loi  où  intervient 
1  inverse  de  la  distance.  I/assemblage  cristallin  est  supposé  être 
stable  ci>mme  résultat  d'un  é<[uilibre  établi  entre  les  systèmes  de 
forces  émanant  ainsi  des  atomes  en  jirésence  et  agissant  entre  eux. 

On  verra  que  dans  cette  hypothèse  on  a  négligé  l'influence  de 
rallinité  chimique,  comme  force  distincte  des  deux  espèces  de 
forces  en  question;  il  n'est  donc  tenu  aucun  compte  des  forces  qui 
pcuNcrit  être  supposées  relier  les  atomes  entre  eux  pour  iimsliliier 
des  molécules  chimiciiics.  .\insi  ipie  nous  le  verrcms  plus  loin,  on  ne 
]ieut  pas  faire  abstrailion  de  cette  force  d'alliuilé.  mais  elle  révèle 
son  existence  eu  niodillaut  lussemblagc,  i|im  |i(miI  rire  nuislriiil 
lonformément  à  la  simple  hypothèse  de  Boscovitch,  que  nous 
venons  île  rap|ieler;  comparativement  aux  elfels  des  forces  ré]iul- 
sives  et  attractives  qui  sont  siqqjosées  agir,  celui  de  la  force  d  alli- 
niléparaîl  failili'.  (rapièslc  chaugenieul  ipiil  iiil  nuluit  dans  les  résul- 
tats auxquels  nous  anivous.  LVIÏet  des  lories  dallinilc  (|ui  relient 
les  alomes  eiilrc  eux  dans  la  uioléiule.  bien  cpie  souveni  laible  dans 
lu  UMidi  lirii  I  Km  qu  il  ;ippiirl('  à  la  si  luiliiie  ciislailiiH'.  pcul .  ilans  la 
|iiupail  des  cas,  rire  couslalé  plus  ou  moins  ncllement  dans  les 
résultats  dcveiop|)cs  dans  les  ))ages  suivantes. 

.">.  Pour  ilouniT  niir  idée  ilc  r^qipjiral  inii  i\v  I  ll\polhèse  énnsc 
dans  le  para^ra|ilic  i.  il  esl  a\aulageux  île  diseiili  r  le  las  le  |ilus 
simple  piissiUIr,  -.iiNiiii  celtu  de  la  sliiichire  iiisl  allllie  alîeclée  par 
un   rIrllH'll  1     llliilHI.I  I  nliui|llr      M.III--     llllc    |  la  I  eillc   s|  |||i-|  IMC   l'i'isl  alluiC 

(M  Tniit.1.  (hem.  Soi:,  I.  I,XN.\1.\,  i>.|<i<>.  p.  H'c;  '•  ^'"''  ''.>"7-  P-  'l5"; 
t.XClII,  I<.»i>«,]i.  l5>»;  I.  XCVM,  I.)|n,  ,..  ..inS. 


I.V    STIlllTlRK   rilHTM.l.lM-:    \.T    l.\    rONSTITUTlON    CM  IM  loi  K.  \  \- 

on  adinci  (iiic  ions  li^s  aldiiics  loiniiosjiiils  soiil  iilenli<|ues,  lanl 
par  It'iir  iialiiic  ([n'aii  piiiiil  de  vue  de  leur  ciilonraj;;!':  ils  seront 
ilisposôs  i'onl'i(iiii('>inciit  à  l'mi  dt-s  ■>..'>o  types  de  slnictiire  lioniofïènc 
dont  il  a  éli'' (pifslion  ci-dessiis.  I.a  iii>ii\  l'ili'  li\  prilliùse  apporte  une 
«'Oiidiliuii  rcslvii'lnc  coiisislaiit  en  rcci.  i|uc  raiiani^cinent  [H'ésenlé 
par  i'clénieiit  cristalliu  doit  être  une  disposition  d'é<|iiilil)re  de 
centres  de  forées  opposées  de  l'espèce  définie. 

\oilà  pourquoi  il  est  nécessaire  de  déterminer  quelles  sont  les 
«'ondilioiis  qui  réf;issent  l'arraufjement  d'équilibre  d'un  pareil 
système  tle  centres,  identiquement  setnl)lai)les.  de  forces  al  tractives 
et  répulsives.  L'examen  nionltcia  que  si  l'on  se  liorne  à  considérer 
l'action  mutuelle  d'atomes  \-oisins,  un  arran<,'enicnt  irér[uiiil)re 
s  établit  lorsqu'il  satisfait  à  la  condition  que,  pour  une  densité 
déterminée  de  groupement  des  centres  de  force,  les  distances 
séparant  les  centres  les  plus  rapprochés  soient  un  maximum;  cette 
condition  est  remplie  par  deux  des  réseaux  de  Bravais,  possédant 
I  un  la  symétrie  eubique,  l'autre  la  symétrie  hexacronale. 

l'oui-  niiuitrer  les  })ro])riétés  géométriques  de  ces  deux  asseni- 
blafjes  réticulaircs,  il  est  reeominandable  de  les  transformer  de 
sinq)les  assemblages  de  points  en  modèles  plus  concrets  el  ])lus 
Hiiiiiiifs.  Dans  ce  but,  les  points  du  réseau  sont  remplacés  |iar  des 
sphères  toutes  égales,  qui  peuvent  se  dilater  uniforniénieul 
jusqu'à  ce  que  des  sphères  voisines  viennent  en  etuitact  entre  elles; 
les  ligures  i,  vj  et  .j  montrent  des  fragnieuls  des  deux  assem- 
blages de  sphères  qui  en  résulleul. 

Les  deux  espèces  d'arrangemenl  <le  s])lières  ainsi  obtenues  seront 
distinguées  comme  assemblages  cubique  {fig.  i  et  9.)  et  hexagonal 
ifig.  3)  les  plus  eonqiaets  de  sphères  égales;  elles  tlilîèreul  de  toul 
autre  arrangement  en  ceci,  ([u'ellcs  présentent  l'empilement  le  i)lus 
s<'rré  des  sphères  composantes.  La  condition  d'équilibre  dans  les 
sinqdes  assemblages  rétieulaires  de  Bravais,  savoir  que  pour  une 
densité  de  groupement  donnée  des  centres  de  force,  la  distance 
séparant  les  points  les  plus  rap|)roeliés  doit  être  un  maximum,  se 
traduit  dans  les  assend)lages  de  sphères  par  la  condition  que  les 
sphères  doivent  être  empilées  de  la  façon  la  plus  compacte  possible. 

Si  l'on  jjermet  aux  sphères  de  ces  assend)lagcs  de  continuer  à 
s'étendre,  de  façon  à  s'aplatir  aux  points  de  contact,  juscpi'à 
n^nplir    l'espace    de    polyèdres,    ou,    ce   «jui    revient    au    même, 


i48  i.A  sïiircn  lu;  m;  i.a  matikuk. 

si  l'on  remplace  les  surfaces  sphériques  par  des  plans  tangents 
menés  en  leurs  points  de  contact,  les  assemblages  de  sphères  sont 
transformés  en  des  piles  de  dodécaèdres  à  faces  planes,  qui  rem- 
plissent l'espace  sans  interstices.  Les  dodécaèdres  ainsi  déduits  des 


assemblages    (iilii([iic    cl     lirx:iL;oiial    s<iiil     ic|>ii''sciilcs    ilans   les 
figures  4,  a  cl  h. 

Chaque  |)OimI  de  lasscudilai^i'  relu  Mihin\'  de  lira\ais  original  est. 
)iai'  liyiKillièsc,  le  cciilrc  d"uM  |scul  atome  de  la  structure  cristal- 
line: iliaqiir  s|ihrir  de  I  .l'^MMidila t:r  de  s|)iicrcs.  dcdiul  du  réseau 
de  la  fa^^'Dii  décrilc  ci-dcssus.  rcpicsc  ulc,  poiu'  plus  de  clarté, 
un  atonie  dans  la  matière  cl  chaque  tlodécacdre  dans  lamas  de 
polyèdres  obtenu  en  délinitixc   est   l'espace   i\   trois   dimensions 


I.V    SlIIll.TIllK    1  KIMAI.I.INK    KT    I.A    (  DNSTITI  TIOX    CIIIMU.»!  i:.  II!) 


life-.    -i  a. 


l'is.    t  b. 


■^^ 


Vif.  3. 


LA    STftlCTlliK    l)l-:    l.\    MATII-.UE. 


dans  lequel  un  atome  exerce  une  influence  précloniinanle;  on 
peut  convenablement  appeler  cet  espace  le  «  domaine  d'influence 
atomique  »  de  cet  atome. 


l-i^.   'i  ".  lig.  1  ''. 

Dans  rassemblagc  cubique  hdinoiicuc  le  ])lus  compact  de  s[)lières 

l' nif/ie  sun'dfi/   1 1 1 


f-A'] 

f-^A"^ 

D4<X 

^^•'1i 

c^ 

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SI  M  X 

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f^ 

^ 

jf^ 

>-'  tf 

DîiL'clioii  i/c  l'axe  tic  lu  ;onf  llll 
\->^.  -'. 

loulcs    égaies,    toutes    les   dimensions    relatives    MUit    délinics    ]>ar 
la  syméliie;  les  lijiures  j  et  d  rc|>rcseulcnt   des  projections  de  ce 


I.V    >THIi  llltl;:   (  lllST.Vl.l.l.NK    IT    lA   COJtSri  I  (  TluN    iiiiMigu:.  l5l 

systrmc  sur  la  farc  ilc  l'oclai'ilii'  (111)  ft  sur  rclU'  du  tiihe  (100). 
La  li;j;iiri'  "i  iiioiilrt'  «i"»-  rass('nil)lai.a'  irsiillc  dv  la  sii|i('i|)(tsilii)n  de 
i'ouchcs  de  spliÎTcs  loiilfs  siiiililalilfs.  a\aiil  Irtiis  |iiojfclioiis 
difTérenli's  sur  un  plan  |icr|u'iuliiulaii'o  à  un  a\c  ilc  syiuôtrie 
ternaire;  la  lii.'iue  (i  uiiuilrc  (jue   !<■    luèiue    asseiuLila^ie   peut    cire 


'iut(>r 

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hirertinn  de  /axe  iilO  </»  cHic 
Fis.  '■■ 


obtenu  en  snperjiosanl  des  couelies  loules  scnildables  (|ui  se 
projettent  dv  deux  façons  did'crentes  sur  un  plan  perpendieidan-e 
à  un  axe  de  symétrie  (luaternaire. 

La  projection  de  l'asseniblatfe  hexaf;onaI  le  plus  compacl  sur  un 
plan'  perpendiculaire  à  l'axe  de  symétrie  leiiuiire,  donnée  dans 
la  lif;urc  7,  intli<(ue  (jne  l'assiMohlage  se  construit  par  superposilion 
di;  niuclies  toutes  semblables  de  s|dières,  ru;  se  projelaiil  ipu-  tic 
deux  façons  dinerenics  sur  un  tel  plan.  I)ans  ce  système  les  dimen- 
sions relatives  ne  stuit  pas  luules  délciniinées  par  la  symétrie  :  on 
peut  les  définir  comme  le  rappm'l  de  deux  déplacements  a  et  c, 
a  dans  le  plan  de  la  lipure  7.  et  c  per|>etidiculaire  à  ce  plan.  Si  l'on 
considère  les  quatre  s|ihères  a,  h,  c  et  il  {fi^.  S)  d'ime  couche  de  la 
lioure  7  en  même  temps  (pie  les  deux  sphères  c  et  /,  placées  immé- 
diatement au-dessus  et  au-dessous,  on  constate  i(ue  les  déplace- 


iT>  LA  sTRicTinp,  m;  ia  matierk. 

nients   sont  ab  et  cf,  de  telle  façon  que 

«  ;  r  =  a/j  :  p/  =  I  :  2 1  /  T7  =  1  :  I  ,(j  io. 

Ce  rapport,  ou  l'autre  possible  dans  le  système  hexagonal,  savoir 

0 


fis.  -.. 


a  l  c  ^  ï   '.  i,.\i/\.i  [a  étani    iiiainlcnant  la  ilistance  du  centre   au 
milieu  de  ef,  et  c  la  moitié  de  la  longueur  cf),  définit  les  dimensions 


i-i^.  s. 

relatives  de  rassenii>la^c   hoxai^diial   le  plus  eompael   de  splicres 
égales. 

(i.    I>"apiès   rarguiiiiril     exiiosé    au  paragraphe    .">.    l'iiypollicse 


H   STRtC.TlRK    CIIISTU.I.INH    i:t    l.K    roNSTlTITIHN    CIIIMIOIK.  I  V'i 

foiulainciiliile  iiulii|iio  ([iie  les  ('■léniciils  in.iii();il()mi<|ii(;s  diiixinl 
cristalliser  iljiiis  le  système  t'iihiquc  ou  le  système  liexafio- 
nal  et  i|ue,  dans  te  dernier  eas,  les  rapports  des  axes  oliservés 
doivent  être  <;  ;  r  =  i";  i,633o  ou  a  :  c  =  i  :  i.|i  j  >..  Le  Talileaii 
suivant,  donné  par  Rettrers  ('),  fuil  ronnaiiro  la  proportion  dans 
laquelle  des  suhsianies  de  degrés  de  complexité  moléculaire  difFc- 
rents  cristallisenl  ilaus  les  divers  systèmes  cristallins. 

Tai>i.i;ai:  I. 

Siibslaiiccs    inoi'gaiii(|iics 
dont  le  iionilirc  it'atonics 
par  nioléc'iile  isl 

l'Ius  .Subslaiiccs 

Sxslèmc.             i;icmeiils.      3.  :i.  i.  5.  île  (i.  orgaiiiiiiies. 

Cubique ,ïo  (;s,")  |),  ",  17,  ")^s  a,) 

Hexagonal i">  ii),")  ii  > 'i  is  ij,(')  4,0 

Télragonal i  4,5  ii|  ".  (\  -  i^o 

Orlliorhoiiiliiipie. .  .           i  'i,o  '.'i,')  'm  'U\  '7,  >  i|.<> 

Monorliniqiie >  .{ ;  >  >  '  •>  >r- >  i7-' 

Tricliniqiic o  t>  1  .  ">  d  jt  S  7,0 

IVombie  «le  cas  osa- 
mines  pourcliaqiic 

colonne  verticale.       .Jo  '"'7  •>  '  'o  "h>  li;  !  'iS'i 

Ce  Tableau  montre  clairement  qu'à  mesure  ipie  la  conq)lexité 
moléculaire  autçmcnte,  le  système  cristallin  lend  à  prendre  une 
symétrie  de  plus  en  plus  basse.  On  y  voit  que  la  moitié  des  éléments 
examinés  sont  cubiques  et  peuvent  être  rapportés  provisoirement 
àl'assemblage  cubique  le  plus  compact  de  sphères  égales; 35  pour  100 
sont  liexagonau.x  et  leurs  rapports  d'axes,  pour  autant  qu'il? 
ont  été  déterminés,  sont  consignés  dans  le  Tableau  suivant  : 

Tab!.kai    II. 

liapport  (le-  aves 

se  lapiU'iClianl 
a  :  c.  "les  valeurs 

Gluriiiluin 1  ;  1  , '>8oA  i,(i3io 

Magnésium 1  :  i.da'i?.  » 

Zinc I  :  I  ,  l  ")li  (  I  ,  1 1  i  i 

Cailminm 1  ;  i,3'l")0  » 

.\ rscnic '  !  '  )  |0'^  •  " 

Antimoine 1  I  1  .  iyW>  » 

liismiilli I   :  i.'io'i'i  i> 

Te  II  II  le 1  :  r ,  l2i)S  n 

(  )  Xril.siltr.  j.  iihijs.  Chcm.,  t.  \'1\  .  l^<',»i,  p.  1. 


ij.î  I.A    STRICTlIli;    IIK    I.A    MATIKUl.. 

On  voit  (|ue  clans  chaque  cas  le  rapport  axial  observé  est  d\i 
même  ordre  que  celui  \calcii!é  d'après  l'assemblage  idéal;  mais, 
comme  les  mesures  goniométriques  faites  sur  des  cristaux  des  élé- 
ments ne  sont  en  t;'énéral  qu'approchées,  comme  on  sait,  vu  la 
difliiulté  de  jiréparer  des  cristaux  sullisanimcnt  dévelojipés,  il  est 
inutili'  de  discuter  les  donuées  d'une  façon  plus  ajjprofondie.  C'est 
cependant  un  fait  signidcatif  que  l'inspection  des  observations 
montre  que  les  mesures  faites  sur  des  cristaux  d'arsenic  et  de  magné- 
sium sont  beaucoup  plus  précises  ([ue  celles  faites  sur  d'autres 
éléments  mentionnés  dans  le  Tableau  :  or,  ces  deux  éléments  sont  ceux 
pour  lesquels  les  rapports  des  axes  observés  s'accordent  le  mieux 
avec  le  rajiport  des  déjilacemcnt  s  caKnlés  pour  l'assemblage  idéal. 

7.  Bien  i|u  il  sdil  clair  (|Ui-  les  fnrnies  cnslalbnes  présentées 
par  So  pour  II >o  des  éléments  mesurés  au  goniomètre  sont,  autant 
que  les  données  ex]3érimentales  permettent  de  faire  la  comparaison, 
d'accord  avec  la  forme  cristalline  suggérée  par  lliypothèse  fonda- 
mentale concernant  l'établissement  de  l'équilibre  entre  les  forces 
centrales,  i5  pour  loo  des  éléments  mesurés  s'écartent  entièrement, 
à  ce  point  de  vue,  des  deu.x  asseml)lagcs  nléaux.  Nous  ferons 
cependant  lemarqiicr  que.  dans  ce  qui  ])récé(lc.  rélémenl  a  été 
considéré  comme  moiioatoniii|iie  ri  rimonlcslable  ciunplexité 
moléculaire  de  plusieurs  des  éicnicnls  ii  a  pas  élé  prise  en  consulé- 
ralioii.  l'.n  siippusaiil  ipir  dans  un  élément  crislallin  solide  il  existe 
des  ciiniplixcs  miiléciilaues  conlciuinl  plusieurs  atomes,  on  peut 
rendir  iiunplr  .'i  de  ces  éiail^  ilr  Li  s\inéli-ie  cristalliiH^  élevée 
quedrvi^ill    pîr-riilcr   illl    rlénirul    niiilliia  1 1  uiiK  pie    idéal. 

•  In  coiistale  soiivenl  ipii'  des  pari  iciilanlcs  dans  la  slriidure 
moléculaire  soni  cause  de  la  colorai  ion  des  composés  organiques; 
à  ce  propos,  il  est  inléressant  cle  faire  remarquer  (pieu  générai  les 
éléineiils  ciibiqnc'c  cl  licxagonaiix  sonI  iniiilnri-s.  landis  que  ceux 
c]ui  s'écai'lfiil  de  la  symétrie  élevée  caractéristique  de  ces  systèmes 
shnt  toujours  fortement  colorés.  C'est  ainsi  ipie  le  phosphore  inco- 
lore esl  ciibicpie,  landis  (pie  la  modiiicalion  rouge  esl  miliorhom- 
liiipii';  le  diaiiiaiil  fsl  iiibiqiic.  laM(li>  ipie  le  ijraphile  noir  est 
inonociiniipie.   On    peiil    donc   suj)poser  que   l'écart    de   la   simple 

(')    Tidiis.  (Il  lin.  Sur.,  I.  Xi'A.  \\)i>'.  p.  i  ll'>. 


I.\    !<lllllllllK    CIIISIM.I.IM:    i;r    I.V    (  l>\Mri  I  TION    c  lllMIyLK.  11) 

symôlrie  ('iil>ii|iii'  nu  liexu^'oiiifli'  dans  iiti  i-lémi'iit  crisliilliii  est 
dû  à  rt'xistfiu'i.' (riino  a<ri('-y;alii>ii  iiicilc'riilaiiu  il"mi  ty|>c  pari  itiillcr. 
Mais,  comnif  la  inoloi-iile  r(>ln|>lc.\r  i|ui  si  rail  ainsi  coiistiniilc  est 
i(iiii|)(isrc  (I  alciiiirs  Iciiis  seinl)lal)lcs.  on  |)(Mil  s'allcnclrc  à  cf  <|iic 
la  ffiriiR'  crislallini'  pirscn !('•<■  dans  un  pareil  cas  ne  s'écailora  pas 
l)caiu-ou|i.  par  ses  tlinicnsintis  iilali\('s,  di'  rasscnil)laL'f'  li(iniiij:(-tic 
i'ul)i(iiie  un  lii'xa;;()nal  If  pins  cunipai  I  ;  |iar  consiMpicnl .  ((infoiiné- 
nifiil  à  riiNpollu-sc  fondaiiu-nlalc.  coinpllipu'c  par  roxislence  d"nm- 
coiiibiiiiiisnn  i-liinii(iue  cntri'  les  aloincs,  laquelle  conduit  à  la  for- 
mation d'a<;rc<;ats  moléculaires,  les  éléments  polyatomiques  qui 
ne  se  conforment  ]>as  à  l'un  des  types  de  structure  idéaux  décrits, 
le  cubique  ou  l'hcxafional,  devraient  offrir  une  similitude  de 
dimensions  1res  a])pr()cliée  de  ces  deux  types  de  structure. 
Le  soufri'   nioïKiiliniipic,   a\ei' 

rt  :  /<  :  c  =  ".i.ioiî*  ;  i  ;  0,9988,       |i  =  (jv  jG', 

se  rapproche  ncllcmcnl  par  ses  caractères  morpliologiciues  de 
l'assemblacre  culiiquc  avec 

Il  _  /j  ;  c  —  i  .  I  :  i ,        3  =  <)<>"  : 

la  seconde  forme,  nionocliniqnc.  du  scinfre.  avec 

Il  ;  Il  \  i:  =  I  ,o(iiM)  :  I  ;  o.7o<)i,         jJ  =  'ii"  \~', 

est  clroilenicnl  lice,  jiar  ses  diiiiensions,  à  un  système  de  coor- 
données reelatifrulaires  choisi  de  telle  façon  dans  l'asseniblafre 
cubique  que  a  et  b  sont  les  longueurs  des  dia<îonalcs  d'une  face  de 
cube,  tandis  ((ue  c  est  lit  lonirueur  de  l'arc  le.  On  trouve  ainsi  les 

valeurs 

,  <  r.  „ 

Il  :  o  :  c  —  I  :  I  .  —z:  =  \  :  i  :  ",707 1 ,        i  =  go  . 

y/ï. 

L'iode  est   ortlnirhondiiqne  avec 

(7  :  6  :  r  =  o,(i(ii  (  !  1  '■  I  ,36">3  ; 

dans  les  limites  d'erreur  ex|)érimentale  de  la  mesure,  ces  rapports 
sont  identiques  à 

a  :  h  :  c  —  i  :  >  :  4  =  f>,6r.(i7  :  i  ;  1  ,»>î>. 


i56  i.A  STRif^riRE  m:  i.a  MvriKHE. 

de  sorte  que  dans  ce  cas  encore  on  observe  une  analogie  de  dimen- 
sions très  rapprochée  avec  l^asseniblage  cubique. 

Sans  citer  d'autres  exemples,  on  peut  dire  que  toutes  les  données 
dont  on  dispose  pour  les  éléments  cristallins,  qui  ne  sont  ni  cubiques 
ni  hexagonaux,  indicjuent  C]ue  leurs  rapports  d'axes  donnent  une 
identité  approchée  ou  une  analogie  avec  l'assemblage  idéal  cubique 
ou  hexagonal. 

On  peut  donc  conclure  que  l'hypothèse  fondamentale  dont  il  a 
été  cjuestion  au  paragi-aphe  4  sufllt  pour  coordonner  d'une  façon 
très  simple  les  formes  cristallines  présentées  par  tous  les  éléments. 

8.  Le  Tableau  1  indique  une  analogie  remarquable  entre  les 
formes  cristallines  des  éléments  et  celles  des  composés  brnaires, 
en  ce  sens  qu'un  très  grand  nombre  de  ces  composés,  85  et  88 
pour  IDG,  cristallisent  respectivement  dans  le  système  cubique  et 
le  système  hexagonal.  L'explication  de  ce  fait  paraît  devoir  être 
cherchée  dans  une  conclusion  à  laquelle  on  est  arrivé  par  l'étude  des 
arrangements  d'équilibre  homogène  convenant  à  la  représentation 
de  composés  cristallins  en  général.  Sans  entrer  dans  le  détail  des 
opérations  géométriques  par  lesquelles  on  est  arrivé  à  cette  conclu- 
sion, il  suffira  pour  le  moment  de  la  mettre  sous  la  forme  d'une  loi 
pour  l'acceptation  de  laquelle  une  ample  justification  est  donnée 
dans  les  pages  suivantes. 

Dans  une  structure  i  rishilline,  clKupic  aloiuc  s"appro]u-ie  un 
domaine  d'influence  ))ré(hiuiinanle  dont  le  volume  est  approxi- 
juativement  proportionnel  à  sa  valence  fondamentale.  C'est  ce 
qu'on  appelle  la  hi  des  volumes  de  valence  et  c'est  une  conclusion 
débattue,  fondée  sur  la  discussion  de  tous  les  points  les  plus  sail- 
lants relatifs  à  la  structure  cristalline  et  la  constitution  chimique, 
examinés  à  la  lumière  de  la  condition  d"équilibre  qui  est  supposée 
exister. 

L()rs((u'on  examine  les  rajtporls  axiaux  dans  les  exemples  de 
symétrie  trigonale  ou  hexagonale,  un  fait  ]ilus  frapiiant  encore  que 
l'analogie  que  nous  venons  de  menlidiincr  ap]>arail  ;  les  rapports 
axiaux  des  com])osés  binaires  trigonaux  sont  très  rapprochés  des 
valeurs  idéales  données  ci-dessus  pour  l'assemblage  hexagonal  le 
plus  compact  ih;  sphères  égales,  nu  de  la  valeur  ■y.a  \  c  ^^  \  '.  o,8i65. 
Ce  fait  est  prouvé  par  le   Tableau  sui\anl   (Talilcau  III)  ipii  donne 


i.v  srmiTiiti-:  <:»i.stali.im-;  i;t  i.\  (onstiiition  ciiiMiyii:.  1^7 

les   rapporls    axiaux    îles    composi's   l)iiiaires    Irigonanx    observés 
jusqu'ii-i    : 

'I'ahiim    III. 

(I  :  c. 
c.lo 1  :  I  j\u<; 

Zntt 1   :   1.(11)77 

y.nS I  :  o,si7". 

r.ii  s 1  11)  ,ni<".) 

A^i I  :  (>,si.|C. 

l'rai iiHicment,  les  seules  formes  cristallines  de  composés  binaires 
ilorit  011  sait  qu'elles  apparliciiiioiil  à  daiilrcs  systèmes  que  les  sys- 
tèmes cubique  cl  licxaixoiial  -idiit  celles  du  chlorure  cl  du  bromure 
mcrcureux  lélrajroiiaux,  du  proloxyde  de  |iluiid)  (l'Iid)  orllio- 
rhoinbique,  de  rarscniurc  de  fer  (FeAs)  ortliciriioinl)ii|u<'  aussi,  cl 
de  l'oxyde  mercuri([ue  (llgO),  du  sulfure  d'arsenic  (AsS)  et  ilc 
l'oxyde  cuivricpic  (CuO),  monocliniques.  Dans  ces  substances, 
ré<zalité  de  valence  des  deux  éléments  constituants  n'est  pas  établie 
ni  reconnue  avec  la  même  certitude  que  dans  d'autres  composés 
binaires,  plus  nombreux,  qui  cristallisent  dans  le  système  cubique 
ou  le  système  hcxaffonal. 

Contrairement  à  ce  qui  est  le  cas  |)(Mir  les  éléments  he.xatfonaux 
ou  trifjonaux.  les  \aleurs  communiquées  pour  les  eonq)osés  liinaires 
ci-dessus  ont  été  déterminées  avec  une  assez  granile  précision;  or, 
il  est  bien  significatif  que  toutes  les  valeurs  du  Tableau  III  corres- 
pondent pratiquement,  dans  les  limites  des  erreurs  de  mesure,  à 
la  valeur  a  ;  c  =  i  ;  i,().3.3o,  ou  à  la  moitié,  a  '.  c  =  i  ;  o,8i65,  cal- 
culées pour  l'assemblage  hexagonal  le  plus  compact  de  sphères 
égales.  Eu  égard  à  la  uatiu'e  de  cette  valeur,  il  faul  reinariiuer  (pic- 
les  couches  de  l'assemblage  hexagonal  le  plus  eouipaet.  diS|)osées  eu 
triangles,  ont  le  même  plan  d'arraiigeiueul  des  s[)lières  conq)osantcs 
(pu-  dans  l'assemblage  (nhicpie  et  ipie  ces  couches  sont  appliquées  les 
unes  contre  les  autres  de  la  même  façon  dans  les  deux  assemblages. 
l'ar  consé(|uent,  la  valeur  0,8165  exprime  dans  les  deux  cas  la 
moyenne  épaisseur  d'une  couche  de  sphères  en  fonction  du  dia- 
mèlre  de  la  sphère.  L'espèce  de  relation  dimensionnelle  qi\i  existe 
entre  les  deux  asseinblages  j)eut  être  exprimée  sous  forme  de 
ihéorèiue  géomélri(pie  comme  suit  : 

Si  deux  assemblages  iioniogènes  de  niciiic  composition   ullimc 


i')8  i.A  sTRicTini:  m;  n  matikre. 

sont  formés  de  la  même  espèce  de  roiichos,  dont  les  parties 
sont  arrangées  d'une  façon  semblable  dans  les  deux  cas,  et  si 
ces  couches  sont  superposées  avec  la  même  densité  d'empile- 
ment rclalive.  de  manière  à  jirésenler  la  même  épaisseur  relative 
moyenne  dans  les  deux  assendjlaucs,  les  rajiporls  de  dimension 
correspondants  seront  les  munies  dans  les  deux,  bien  qne  la  symé- 
Irie  et  les  dimensions  vraies  soient  différentes. 

Cette  proposition  est  d'une  application  étendue  et  elle  n'est  pas 
du  tout  limitée  aux  deux  assemblages  décrits  ci-dessus.  En  effet, 
ilans  tous  les  cas  où  un  asscmbla(>e  présentant  une  certaine  espèce 
de  symétrie  est  composé  de  comlies  constituées  de  telle  manière 
que  des  couches  exactement  semblables  jieuvent  être  appliquées 
les  unes  contre  les' autres  d'une  façon  tout  aussi  compacte,  mais 
d'une  manière  symétrique  dilférente,  les  assemblages  dimorphes 
ainsi  obtenus  doivent,  cela  est  évident,  présenter  les  mêmes 
rapports  d'axes,  si  l'on  choisit  des  directions  axiales  appropriées. 

Le  fait  (pie  les  composés  énnmérés  dans  le  Tableau  I II  présent  en  I 
les  ra|>pi)il  s  d'axes  indii|uês  doil  donc  être  cousidéi'é  comme  une 
preuve  ((ue,  dans  les  cas  de  ces  substances,  il  doit  être  ]iossible  de 
donner  aux  atomes  constituants  une  certaine  dis|iosilioti  à  symé- 
trie cubique,  et  ([ue  la  fiirinc  hexagonale  |ieul  êlic  envisagée  comme 
dérivée  de  la  forme  cubiipie  ])ar  une  uouxclle  disposition  dos 
couches  à  arranoement  triangulaire  de  celle  deiiiière  forme,  ne 
moililianl  |)as  la  sli'iu'lure  des  couches  composantes  ni  la  nature 
de  leui'  sujjei'piisil  Kui.  Celle  euneliisrou  esl  i(iii  (irinée  pai'  l'exameu 
de  nombreux  cas  de  diiuorphisme. 

Alors  (pi'il  existe  une  ])aifaile  égaillé  de  diinensmns  enire  les 
élémeuls  et  les  l'ompiisés  bmaiics,  (iii  |ii'ul  pré\(Hr  (piiiuc  motli- 
hcalKui  sera  inirodiule  pai'  la  présence  de  deux  espèces  d'atomes, 
dans  ces  com|Misés;  eu  fail.la  symétrie  des  derniers  ne  sera  ])as 
aussi  élexée  ipu'  <-elle  présentée  par  li's  assemblages  idéaux.  cubi<pn> 
<iu  hexagonal,  de  sphèics  égah's.  .\us^i  a-l-nn  idisevvé.  conformé- 
m<'nt  à  ci'la,  ipie  les  conq)osés  binaires  culuqucs  ou  hexagoiuuix 
crislalliseni  i-n  sous-classes  hêniiédriques  ou  lélartoédiiipies  des 
deux  sysièmi's. 

Nous  pouvons  esquisser  maiuleiiaiil  la  façon  demi  un  assem- 
blage cubique  homogène  le  plus  icitiqiad  de  sphères  ((uiles  égales 
jieul   êlre  modilié.  de  manière  à  représcnler  la  svniélnc  cristalline 


i.A  srRUTi'RE  c  iiisi  \i.i.im:  ivr  n  i  onstitution  ciiiMioii:.  i 'm 

oITcrte  j);n'  un  i')iin|>osé  hiiuiirc  ttil)l(|ii('.  Iil  i|ii(.'  l'iodiire  de  potas- 
sium: le  |>rof('ssiis  coiisislf  vn  un  rcm|il;ir(iiii'iil  syiiu''tri()ii('  trniic 
moitié  lies  s|ihèrt>s  ilans  l'asscmlila^^e  iiiodMc  par  un  nu'iiip  iioiiilirc 
(If  sphères  UN  M ul  a|>]irci.\iiiial  i\  ciuciil  la  iiii'iiic  grosseur,  l  ne  riié- 
lliodc  df  rcmplacctiictil  liiiil  iiidi(Hit''c,  a|ipliiiiit''0  aux  Iniis  coiiclics 
di>  I  assfml)lag<' (■ul)i(|U('  qui  se  succèdent  poi  pcndii  iilauemcnl  à  un 
axe  de  symétrie  ternaire  (/ij».  5),  donne  lieu  à  une  dnulilc  suiccssion 
de  deux  systèmes  de  trois  couches,  en  tout  six,  connue  cela  est 
représenté  dans  hi  lifjure  [).  dont  cha(|ue  dia<;ramme  représcnlc  je 
plan  d'une  couche  située  inunédiatenicnt  au-dessus  de  celle  «lu  dia- 
;;ramnie  sui\aut.  Dans  cet  assemblable,  les  sphères  des  deux  espèces 
se  présenlenlen  i,'roupes  tétraéili'i<(ues.  tels  <|up  A-,  /,  m,  d'une  couche 
avec  «  de  la  couche  suivaiile.  el  dans  lesipiels  c  lia([ue  s])lière.  telle 
<|ue  II,  est  aussi  un  ineuilirr  d'un  anlrc  ^;riiii|ic  I  él  iaé(liii|ur.  Idniic 
par  o,  p,  </,  d'inw  aulie  couche  et  (|ui  a  une  autre  orientatitui. 

Iv  assend)laj;e  coniplexe  représenté  dans  les  diay;rainmes  possède 
la  symétrie  coniplèle  nu  h(iliié(lij(|ne  du  sysiénie  eul)i([ue;  mais,  si 
I  on  considère  ijuela  loi  des  \iiliinies  de  \alince  n'exige  pas  que  les 
domaines  d'influence  aloniique  îles  deux  éléniciits  existants  soient 
<!e  même  grandeiu'.  un  \(mI  que  la  densité  de  renq)ilenien1  des 
sphères  de  deux  espèces  ne  dilléianl  jias  lieaii(iiu|)  en  j.niisseiir 
peut  être  aujiinenlée  en  laisanl  louiiier  dune  façon  semhialile 
chaque  groui)e  tèti-aédii(|ue  de  (juatre  sphères  éijales  dans  une 
..direction  approj>rice  aiiiouf  dun  de  ses  axes  ternaires  de  svniétrie. 
d'une  manière  (fui  est  compatihie  avec  la  conser\  ali(ui  de  la  symé- 
trie cubique.  Lors(pic  celle  (qiéralion  est  ell'cctuée  et  (|ue  l'assem- 
blage est  fei'nié  dans  les  limites  ainsi  rendues  ])ossil)les,  la  symé- 
liie  du  système  résidtani  est  idenl  i(|ue  à  relie  de  la  classe  gyroé- 
<lri<pn.'ment  héniiédriipie  du  syslème  eul)i(|ue,  présentée  ])ar  les 
<omposés  halogènes  des  mètau.x  alcalins,  tels  ipu-  le  chlorure  cl 
I  lodine  de  polas-^iuni  ('). 

()ulre  la  coni'oi-datu'e  remai-(|in'-e  entre  la  symétrie*  des  eoni- 
posés  halogènes  de  métaux  alcalins  enhiques  eb  celle  présumée  par 
la  discussion  des  arrangenienl>  d'écpiilibre  possibles  à  la  lumièie 
de  la  loi  des  volumes  de  valence,  d'autres  grandes  analogies  existent: 
la  façon  dont  s(î  produisent  lés  màcics  (ît  la  direction  des  plans  de 

')    Tritiis.  (  hriii.  Sur.,  ;.  .\(;l,  M^HC-  !'•  l''*^- 


^ 
1 

1 

l'"iS-  U- 


i.\  sriiir.ii  m:  i  histai.i.im:  i:r  i.\  i  ONsriri  tio.n  (:iii.mh.ii  i:.  il'n 

glissement    dans    de    Utiles    siilistaiices    sont    toutes    en   harnionir 
avei'  les  iiulieatlons  de  la  ihéniie. 

9.  Alors  (|uau.\  lfm|>rralures  ordinaires  les  eomposés  halo- 
{jénés  lies  niélaiix  alcalins  eristallisent  cfans  la  sous-elasse  gyroé- 
drii|ueinent  liéniiédiiiiiie  ihi  système  cubique,  ainsi  que  le  fait  pré- 
voir la  théorie.  Tiodure  d'ar^^eril  (Au  1),  le  sullure  de  zinc  (Zn  S)  et 
d'autres  substanees  send)laliles  cristallisent  dans  la  sous-classe 
liémimorphe  du  système  hexagonal;  dans  celte  sous-classe  Taxe 
trigonal  est  polaire. 

La  loi  des  volumes  de  valence  explique  comment  des  substances 
à  caractères  ehimitpies  aussi  dilîéi'ciils  (|ue  Tiodure  d'argent  el  le 
sulfure  de  ziin-  peinent  ]>résenter  une  aussi  grande  ressemblaïuc 
de  structure  cristalline;  nous  avons  encore  à  montrer  comment 
ces  substanees  pruxcnl  cire  lapiinnhées  cristallographnpicnient 
des  composés  halogènes  des  métaux  alcalins,  cubiques,  et  commciil 
on  peut  rendre  compte  île  leui'  ])olarité. 

La  forme  trigonale  hénumnT  plie  de  riddure  tlaigeut,  slalile  à  la 
température  ordinaire,  se  change  à  i  ir)°-i-i7°en  une  modification 
cubique  et  semble  ainsi  se  conformer,  au.\  hautes  températures,  au 
système  cristallin  pris  par  l'iodure  et  le  chlorure  de  potassium. 
Nous  avons  dit  que  Imis  plans  consécutifs  lie  sphères  de  l'assem- 
blage cubique  le  |)lns  conqiact  de  sphères  toutes  égales  ont  des  jiro- 
jeetions  ililTérenles  sur  un  plan  i>erpendicidaire  aux  axes  trigonaux, 
tandis  que  dans  le  cas  de  l'assemblage  hexagonal  correspondant  on 
ne  peut  distinguer  ainsi  (|ue  deux  plans  de    sphères  consécutifs. 

Si  l'assemblage  cubique  est  divisé  en  systèmes  de  deu.x  couches 
de  sphères  consécutives,  [lerpendicnlaires  à  un  a.\e  trigonal,  et  que 
l'un  diinnc  à  chacun  de  ces  systèmes  de  deux  couches  une  petite 
translation  con\cnable,  on  le  convertit  en  un  assemblage  hexagonal. 

Si  l'on  a|ipliqiK-  cette  opération  à  l'assemblage  cubique  indicpié 
pour  les  l'omposés  binaires,  et  dans  lci|ncl  une  succession  de  six 
plans  vient  à  la  place  des  trois  i\\h-  Ton  distingue  dans  l'assemblage 
plus  simple,  on  proiluit  également  un  assemblage  hexagonal:  mais 
ce  dernier  n'a  pas  la  symétrie  com|ilète  du  système  hexagonal 
holoédrique  ;  il  présente  l'hémimorphisme,  l'axe  trigonal  étant 
polaire.  La  raison  de  ce  fait  est  que,  tandis  f[ue  dans  l'assemblage 
cubique  original  de  deu.x  espèces  de  sphères,  les  groupes  tétraé- 

INWTITIT   Sdt.VAl  il 


l62  I.A    STniCTiriE    IIK    l.\    MATIKIIE. 

driques  de  sphères  ont  leurs  soiniiiets  tlirigés.  en  nonilires  éfraux, 
dans  deux  directions  opposées',  dans  FasseniLlaiie  triy;onal  qui  en 
dérive  par  le  déplacement  de  plans  que  nous  venons  de  décrire, 
les  groupements  télraédriques  semblables,  qui  ne  sont  pas  détruits 
par  le  déplacement,  ont  tous  même  orientation;  les  sommets  d'une 
espèce  de  groupe  tétraédrique  sont  dirigés  vers  l'une  des  extrémités 
de  l'axe  trigonal,  ceux  de  l'autre  espèce  vers  l'autre  extrémité.  La 
polarité  de  l'axe  trigonal  résultant  de  là  est  tout  à  fait  d'accord 
avec  le  caractère  hémimorphe  des  cristaux  hexagonaux  d'iodure 
d'argent,  de  sulfure  de  zinc  et  d'autres  substances  semblables. 
La  discussion  précédente  montre  que  le  polymorphisme  consiste 
ans  l'existence  d'un  arrangement  d'écjuilibre  alternant,  présentant 
deux  ou  ])lusieurs  types  de  structure  cristalline  pour  des  complexes 
moléculaires  identiques,  et  elle  apprend  cjue  cette  circonstance 
résulte  de  la  possibilité  d'entasser  les  couches  semblables  dune 
façon  également  dense  de  deux  manières  diflérentes. 

10.  Les  faits  concernant  les  structures  cristallines  présentées' 
par  les  composés  binaires  cubiques  et  hexagonaux  «t  le  dimor- 
phisme  de  l'iodure  d'argent,  lorsqu'on  les  interprète  à  l'aide  de 
l'hypothèse  fondamenlale,  conduisent  à  cette  conclusion  que  les 
deux  espèces  de  structure  soiil  é(lili(M's  ])ai'  la  siqici'iiositiou  île 
jiaires  de  couciies  de  si)hères  des  ileux  espèces  rei)résenlées  dans 
la  ligure  y;  les  deux  assemblages  ainsi  produits,  à  symétrie  cubique 
et  hexagonale,  sont  homogènes  et  présentcnl  le  même  maximum 
de  densité  d'empilement.  La  transforniation  de  l'iodiu-e  d'argent 
cubi(jue  dans  la  modilication  hexagonale  peut  donc  être  repré- 
sentée comme  produite  jiar  un  simple  déplacement  symétrique 
de  paires  de  couches  à  travers  toute  la  masse  de  l'assemblage 
ciibiipie,  de  façon  à  donner  la  disposition  hexagonale  des  couches. 

Si  Tiui  peut  appliquer  dune  façon  générale  cette  iilée  de  l'origine 
du  polymorphisme,  les  dimensions  relatives  des  diverses  formes 
polymor|)hes  dune  même  substance  donent  être  les  mêmes,  ou  à 
peu  près,  lorsqu'on  les  mesure  ilans  îles  ilireclions  correspondantes, 
à  condition  que  les  divers  assemblages  ai)proi)riés  juiissent  être 
regardés  comme  construits  a\i  moyen  de  couches  identiques  de 
sphères  serrées  le  plus  possible  dans  les  dilférents  types  de  symé- 
trie; deux  coordonnées  choisies  dans  le  plan  des  l'tiuches  doivent 


\.\    STBllITlKi:    CHISTAl.l.INE    KT    LA    (  OVSTI  ll-TI()\    CIIIMIQUI-^  '''-5 

correspondre  ilaiis  les  ilivers  assi'inl)la<fcs,  pur  suite  de  l'Ideiililé 
des  couches,  et,  si  l'entassemeul  est  éi;alenient  serré  dans  les  di\ers 
asseml)laj;es,  ceux-ci  doivent  avoir  des  dimensions  égales  suivant 
une  troisième  coordomu'e,  ipii  n'est  pas  située  dans  le  plan  des 
cnuclies.  La  eoniirmalion  de  l'exactitude  de  tonte  la  méthode  de 
traitement  ainsi  adoptée  et  des  résultats  olitenus  sera  donc  fournie, 
>i'il  est  possible  de  montrer  qu'il  existe,  eu  général,  un  lion  accord 
entre  les  dimensions  relatives  des  substances  cristallines  poly- 
morphes. 

t)n  comiaît  tleux  substances  ayant  la  composition  îCuO,  N-O', 
3II-0  :  le  minéral  orthorliondjique  gerhardite,  avec 

rt  :  /y  :  (•  =  0,9»  1  ;  :  i  ;  i , 1 5(i2, 

et  le  composé  s\nthétii|ue,  ipii  est  monoclinique,  avec 

(I  \  /j  :  c  ■—  «1,(1190  ;  I  ;  1 ,  i  10/,        S  =  S5"»7'. 

De  même,  la  ionq)osilion  XaGI  1 1  Si '0"  s'observe  dans  deux  mi- 
néraux, ré|>idiilymite  orthorhombique,  avec 

ri  :  h  :f  =  i,7i2i  :  i  ;  i,oCKo 

cl   rciiiliilvmite  monoclinique,  avec 

rt  ■/>:'■=  1 ,711  >7  :  1  !  1 ,  1071 .        ^  =  8(i"  I  J'. 

L'identité  de  dimensions  relatives  des  deux  formes  polymorphes 
est  évidente  dans  les  deux  cas. 

I^e  tétrabromure  de  carbone,  CBr'',  cristallise  dans  le  système 
1  ubi(pie  à  des  températures  supérieures  à  47"  et  dans  le  système 
monocliuii(ue,  avec  a  ;  b  :  c  =  i,74ii  :  i  '.  1,9617,  ^  =  i?.5°3',  aux 
températures  ordinaires.  Bien  que  Groth  ait  remarqué  que  la  forme 
monocliniqiic  est  peudo-cubique,  la  similitude  de  ses  dimensions 
relatives  et  de  celles  de  la  forme  cubi(pie  n'est  pas  immédiatement 
apparente,  eu  égard  au  manque  de  correspondance  entre  les  direc- 
tions des  axes  choisis  pour  décrire  les  deux  modifications.  Mais, 
si  l'on  change  les  indices  des  formes  observées  (001),  (iOll  et 
^  1  Kl  )  de  la  substance  miuioi  linique  en  (  1  1  1  I,  (  1  11  I  et  (111), 
les  rapports  des  axes  deviennent  a'.h'.c  =  1,0260  :  i  :  i,  a  =  S9°44'> 
fi  =  Y  =  f)oo33';  la  modilicaticni  moiuM'Iiniipie  est  donc  pres(]ue 
identique,  par  ses  flimcnsions,  à  la  modilicalion  cubique. 


l64  l-A    STIUCTIRIÎ    DE    T.A   MATIÈllE. 

La  pyrargyrite,  un  minéral  rhomboédrique  liéminiorphe,  avec 
a  :  c  =  I  '.  0,7892,  et  la  fire-blende  nionocllnique,  avec 

Il  ;  // :  c  =  i.i.i-IfTi  :  I  ;  1,01)73.         'fi  =  i)o", 

représentent;  des  modifications  polymorphes  du  composé  Ag'SbS'. 
Lorsque  les  rapports  des  axes  de  la  pyrargjTite  sont  rapportés 
à  un  système  de  trois  axes  coordonnés,  en  changeant  les  indices 
des  formes  I  lOÎl  I  et  (0001)  en  (OU)  et  (010),  ils  deviennent 
presque  identiques  à  ceux  de  la  fire-blende  : 

Pviaigyiile  ....     «  ;  6  :  c  =  i  ,9007  :  i  :  i  ,097  I  °  =  90" 

Fiie-blentle  ....     «  :  />  :  c  =  i  ,9J(>J  :  1  :  i  ,097  !  'fi  =  90" 

Les  exemples  ci-dessus,  choisis  parmi  un  grand  nombre,  suffiront 
pour  prouver  que  la  similitude  de  dimensions  des  sul)Stances  poly- 
morphes se  rapproche  de  l'identité,  conformément  à  Tidée  exprimée 
ci-dessus  quant  à  l'origine  du  polymorphisme. 

Une  application  importante  de  cette  conclusion  relative  à  la 
nature  du  polymorphisme,  et  qui  implique  aussi  la  loi  des  volumes 
de  valence,  peut  être  faite  à  propos  des  formes  cristallines  de  subs- 
tances qui,  bien  quayant  les  mêmes  valences  fondamentales 
des  atomes  conslitiuuits,  ne  sont  cependant  ])as  suiîisamment 
apparentées  ('himi(|uement  pour  ]irésenter  risomorjihisme.  Cest 
ainsi  cpie  le  nitrate  de  rubidium  est  orthorhombiquo  a\ec 
«  :  //  :  r  =  1,7866  :  i  :  0,7108,  tandis  que  le  nilralc  do  sodium  est 
rhomlioédrique  avec  rt  :  c=  i  :  0,8276;  bien  i|uc  le  rubidium  et  le 
sodium  soiciil  tons  deux  monovalents,  leurs  sels  ne  sont  générale- 
ment pas  isoHHirplu's  el  n'offrent  pas  de  similitude  nette  dans  la 
forme  cristalline.  .Mais  la  loi  des  volumes  de  \alcnce  exige  que  Us 
unités  cristallines  RbNO'etNaNO'  aiciil  les  mêmes  dimensions 
relatives,  et  la  définition  du  polyrnorpliisnic  uuliiiuc,  par  ronsé- 
((uent,  <|u'il  doit  exister  une  similitude  <l('  dimensions  enlre  les 
structures  cristallines  do  symétrie  très  dinênnlc  (pTelles  aiïeciciit. 

l'.l  ill'trl  i\  I  incnl  .  on  ii(ni\c  (|u"rn  rapportant  les  rap|HMls  des 
a.\es  du  miralc  de  soduini  liiomlioêdriquc  à  un  systèiui'  de  coor- 
données rectangulaires,  telles  ipic 

(/:/<:  c  — iiiiig(i(i"  :  i  :  (i.^>7rirosf<,"=  i.7i>.o  :  1  ;  11,7111, 


Nitrate  de  niUiiliiiiii  .  .  . 

ti 

:/':•':, 

Nitrate  tie  sodiiiin 

II 

'h',r=^\ 

L\    STHL'CTI  HK    ClIISr VI.LI.M':    ET    I.A    CONSTITl  TIDN    CIILMIULi:.  I<')'i 

il  se  révèle  que  les  ileux  substances  possèdenl  des  rapports  dimcii- 
sionaux  presque  iileutiipics  : 

:3(')(;  :  i  :  0,710s 
7  i'io  ;  I  !  ",71  >i 
• 
Comme  la  loi  et  la  délinition  dont  il  est  fait  usage  ici  sont  toutes 

deux  des  conclusions  déduites  de  l'application  de  l'hypothèse  fonda- 
nicnlalc.  la  fertilité  de  cette  dernière  est  de  nouveau  illustrée  par 
un  exemple. 

II.  11  est  é\idcmnient  clair  i[ue  tout  ce  qui  vient  d'être  exposé 
n'est  pas  touché  par  le  fait  que,  généralement,  le  passage  d'une  sub- 
stance polymorphe  dans  une  autre  modification  est  accompagné 
d'un   changement  considérable  du  volume  absolu. 

Les  assemblages  compacts,  qui  ont  été  décrits  dans  les  pages 
précédentes,  sont  tous  formés  de  sphères  égales  ou  presque  égales; 
ils  représentent  les  structures  cristallines  de  substances  composées 
d'atomes,  des  mêmes  éléments  ou  d'éléments  différents,  ayant  la 
même  valence  fondamentale.  Des  assemblages  de  cette  espèce 
peuvent  être  soumis  de  différentes  façons  à  de  simples  opérations 
de  substitution,  à  l'aide  desquelles  on  peut  déduire  la  structure  cris- 
talline appropriée  à  des  substances  composées  d'éléments  de  va- 
lences différentes;  les  assemblages  ainsi  |iroduits  sont  formés  de 
sphères  de  volumes  différents. 

Pour  illustrer  cela,  on  peut  fixer  son  attention  sur  un  assemblage 
ainsi  obtenu,  qui  représente  la  structure  cristalline  d'un  composé 
ternaire,  tel  que  le  fluorure  de  calcium,  CaFl-,  dans  la  molécule 
duquel  un  atome  d'un  élément  bivalent  est  combiné  à  deux  atomes 
il'un  élément  monovalent. 

En  examinant  les  diagrammes  formant  la  figure  9,  on  voit  que 
l'assemblage  cubi(|ne  homogène  le  plus  compact  de  sphères  toutes 
égales  peut  être  décomposé  en  deux  assemblages  squelettes  homo- 
gènes et  semblables,  formés  uniquement  de  sphères  noires  ou 
blanches.  Chacune  des  cavités  principales  dans  l'un  ou  l'autre  de 
ces  assemblages  squelettes  peuvent  ctrc  remplies  à  peu  jtrès  exac- 
tement par  l'introduction  d'une  simple  sphère  ayant  à  peu  près 
le  double  du  volume  des  petites  sphères  primitives.  Maintenant,  les 
grandes  sphères  de  l'assemblage  sont  deu.x  fois  plus  nombreuses 


!<>('  I.A    STRCCTIRE    DE    LA    MATIÈRK. 

que  les  petites,  et  Tassemblage  possède  la  symétrie  cubique  liolot- 
drique  présentée  par  le  fluorure  de  calcium;  on  peut  le  prendre 
pour  représenter  un  arrangement  d'équilibre  d'atomes  bivalents 
associés  à  un  nombre  deux  fols  plus  grand  d'atoines  monovalents, 
conformément  à  la  loi  des  \olumes  de  valence. 

Tandis  que  les  volumes  des  domaines  atomiques  d'éléments 
différents  sont  approximativement  proportionnels  aux  nombres 
entiers  qui  représentent  leurs  valences  fondamentales,  l'examen 
des  données  goniométriques,  pour  un  grand  nombre  de  composés  de 
la  même  série  d'éléments,  prouve  que  les  faibles  écarts  d'une  stricte 
proportionnalité  entre  le  volume  et  la  valence  ont  toujours  le  même 
caractère  pour  un  même  élément.  C'est  ainsi  que  l'étude  des  com- 
posés trihalogénés  des  métaux  alcalins,  somme  KBr-I,  prouve  que 
les  faibles  difl'érenccs  dans  les  rapports  axiaux  entre  ces  substances 
orthorhombiquts  indiquent  uniformément  tjuele  volume  de  valence 
du  chlore  est  notablement  plus  petit  que  celui  du  brome,  qui,  à  son 
tour,  est  notablement  plus  petit  que  celui  de  l'iode;  les  métaux 
alcalins,  potassium,  rubidium  et  f  a-sium  ont  des  volumes  de  valence 
peu  différents,  mais  celui  du  caesium  est  le  plus  grand  {^).  Le 
caractère  .spécial  du  fluorure  de  «alciuiu  [iro\ient  peut-être  d'une 
relation  particulière  entre  les  volumes  de  valence  des  cléments 
constituants. 

l!2.  I^a  découverte,  par  Laue  et  ses  collaborateurs,  du  fait  que 
les  rayons  X  subissent  une  diffraction  dans  leur  passage  à  travers 
un  cristal,  cl  ra|)plication  de  ce  fait  par  W.-II.  Bragg  à  l'analyse 
des  rayons  X  réfléchis  par  des  lames  cristallines,  nous  fournissent 
im  moyen  puissant  d'investigation  de  la  structure  des  cristaux. 
Les  méthodes  (.l'interprétalion  des  résultats  expérimentaux,  qui 
ont  été  mises  en  avant,  conduisent  toutes  à  la  conclusion  que  les 
atomes,  constituant  tm  composé  cristallin,  conservent  leur  indivi- 
dualité; elles  af)prernienf  ensuite  (pie  tout  l'espace  occupé  par 
ime  molécule  comiilcxc  iTesl  i)as  dis[)oiiiblc  pour  être  occiq^é,  à  des 
instants  successifs,  \\;\v  un  atome  cnnslituant  particulier,  .\insi 
donc,  dans  rinterprétali(Ui  des  résultats  obtenus  avec  les  rayons  .\. 

il  est  tout  aussi  nécessaire  dadnietlre  (juc  les  atomes  sont  liés  à 

ft 

(*)    Traits.  (  liriii.  Suc,  I.    XCl,  l<,)07,  [>.  il()'i. 


I.V    STniCTIHE    CRISTALLINK    ET    l.,\   r.OXSTITlTION    CIIIMIQl'i:.  lH- 

tles    porliuiis  ilii   volmiic   iiKil/u'iilnire,   (|ik'  cela   l'a  été  dans  nos 
|iriiprcs  reclioiTlu's. 

Mal<.'ré  le  caractère  fi'a|>|>aril  des  lésullats  idjlemis  par  l.auc, 
Bra<;i:  et  d'autres  à  ce  sujet,  il  es!  pr(il>ai)lc  (lu'il  faudra  beaucoup' 
plus  de  recherciies  ex|)ériiueutales  eurore  avant  ipion  puisse  en 
tirer  des  coiu'lu>;iiiii>  I  liéorliiucs  certaines.  Dans  ces  conditions,  il 
ne  sera  pas  inutile  de  dé<rire  les  dill'érenls  types  d'arranfçements 
qui  se  présentent  dans  les  structures  que  nous  avons  assijrnées 
aux  substances  cristallines,  telles  tpie  le  sel  «rcnune,  la  blenile,  le 
spath  fluor  et  le  ihaiiianl  ;  une  pareille  ilesi-riptiou  facilitera 
peut-être  rinter[)rétation  de  la  structure  cristalline  par  la  méthode 
des  rayons  X. 

Trois  seulement  des  assemblages  réliculaires  de  Bravais  ont  la 
symétrie  cubique;  ils  peuvent  être  caractérisés  comme  suit  :  Le 
premier  (a)  a  des  points  situés  aux  ani;les  d'une  simple  division 
cubique  de  l'espace;  le  second  [b)  a  ses  points  aux  angles  et  aux 
centres  des  cubes  obtenus  par  cette  division,  et  le  troisième  (c)  a 
ses  points  situés  aux  angles  et  aux  centres  des  faces  des  culies  de 
ce  partage  cuhifpie.  Le  réseau  {a)  peut  être  considéré  comme 
résultant  de  l'interpénétration  de  deux  réseaux  du  type  (c):  de 
même  i  b)  se  com|>ose  de  quatre  réseaux  (f)  <[ui  s'enlre-|)énètrent. 
11  semble  résulter  des  faits  expérimentaux  (|u'on  peut  distinguer 
l'ellicacité  d'un  réseau  en  observant  la  difiraction  et  la  réflexion  des 
rayons  X:  en  vue  de  l'examen  par  les  rayons  X,  il  serait  flinic  utile 
d'analyser  tout  système  de  points  Sohnckien  existant  au  point  de 
vue  de  ses  réseaux  constituants.  Mais  la  façon  dont  ces  réseaux  sont 
combinés  sera  un  factcni'  irrq)ortant.  Ainsi,  si  une  structure 
cristalline  cubique  particulière  contient  des  atomes  du  même  genre 
uni(|uement  aux  centres  des  faces  dune  division  cubique,  on  devra 
porter  son  attention  vers  la  triple  intercalation  du  réseau  cubique 
du  type  (a),  par  laquelle  ce  système  de  points  est  constitué. 

L'assemblage  cubitjue  homogène  le  [)lus  compact  de  sphères 
égales,  décrit  dans  (5),  constitue  un  réseau  du  type  (c)  :  dans  le  but 
cKen  déduire  des  a.ssemblages  les  plus  compacts  possibles,  représen- 
tant les  formes  cubiques  du  chlfjrnre  de  sodium,  ilu  chlorure  de 
potassium,  du  sulfure  du  zinc,  etc.,  l'assemblage  générateur  a  été 
décomposé  en  deu.x  squelettes,  formés  chacun  de  groupes  de  quatre 
.sphères  disposées  en  tétraèdres.  L'inspection  des  diagran>mes  de  la 


l68  LA    STniCTlRE    DE    LA    MATIÈRE. 

figure  9  montre  que  les  deux  espèces  de  groupes  tétraédriques, 
distingués  par  leurs  couleurs  noire  et  blanche,  peuvent  être  choisies 
de  telle  façon  que  leurs  centres  forment  ensemble  un  assemblage 
du  type  (a),  dont  la  moitié  des  angles  est  occupée  par  des  centres 
du  groupe  tétraédrique  blanc,  et  l'autre  moitié  par  des  centres 
du  groupe  noir. 

Les  résultats  obtenus  aux  rayons  X  avec  les  composés  halogènes 
des  métaux  alcalins  et  du  sulfure  de  zinc  ont  été  interprétés  comme 
indicjuant  que  les  centres  de  diffraction  sont  disposés  suivant  un 
réseau  du  type  (a)  et  distribués  comme  il  est  décrit  ci-dessus.  Si  l'on 
conclut  que  chaque  point  du  réseau  est  occupé  par  un  seul  atome 
et  non  par  un  groupe  tètraédricpie  d'atomes,  comme  dans  notre 
arrangement,  on  rencontre  la  même  difficulté  que  celle  qui  gêna 
le  développement  du  travail  de  Bravais:  les  conclusions  tirées  des 
expériences  avec  les  rayons  X  demandent  à  être  étendues,  de  façon 
à  être  mises  d'accord  avec  le  fait  que  les  structures  cristallines  des 
substances  considérées  n'ont  pas  la  symétrie  cubique  holoédrique. 

Un  examen  précis  de  nos  diagrammes  (/(g.  9)  apprend  que  la 
structure  cristalline  attribuée  aux  composés  binaires  cubiques, 
dans  laquelle  les  groupes  lètracdi'i(|ues  sont  localisés  aux  nœuds 
du  réseau  (  a),  peut  être  soumise  à  une  opération  simple,  qui  tionne 
la  symétrie  cubique  partielle  exigée  par  les  faits  observés.  Lopè- 
ration  consiste  en  une  rotation  de  clia(|ue  groupe  tétraédrique 
autour  d'un  axe  trigonal  dans  une  direction  a])proprièe,  et  à  per- 
mettre aux  quatre  sphères  de  chaque  groupe  d'être  tracées  plus 
près  les  unes  des  autres:  la  diminution  nécessaire  du  degré  de  symé- 
Iric  cubique  est  (hnic  iibiciiiii'  |iai-  une  opéraliou  symétrique,  (pii 
est  indiquée  comme  nétessairc  pour  produire  un  empilement  serre 
dans  le  cas  où  les  deux  espèces  de  sphères  employées  nont  pas 
exactement  les  même  volumes. 

Alors  qu'avant  cette  opération  les  centres  des  sphères  constituent 
un  réseau  du  type  (c),  la  structure  actuelle  est  du  type  énanlio- 
in(ir])hc  .)  ou  j  de  la  classification  de  Barlow  (^).  Le  réseau  (r)  a 
clé  dét  tiiil  cl  li's  rcnl  rcs  des  s]ilièrcs  rdirnciil  iiiaintcnaut  un  tiirlii'- 
vêlrcmcnl  de  huit  l'cscaux  disliucls  de  ce  lypc 

lin  ])assaul  des  (■oni|)osés  binaires  cubiipiesdu  l\  pc  du  sel  gemme, 

(1)    Xtil.Hln:   Kiijyl.  Min..  1.  XXIll,   ISijl,  y.  7. 


I-V    STnrr.Tl'BK   CniSTAI.I.lNK    Kr    l.\    CONSTITUTION    IMIMIOli:.  I''>i| 

lies  chlorure,  hrointirc  et  ioiiiiro  ilc  ))olassiiiin,  ou  de  la  hlciulc 
à  un  composé  ternaire  coinnie  le  sjiatli  fluor,  (",a  l'"|-,  les  conditions 
liu  trroupenicnt  changent  considérahlciutnl.  l."assi'nililai:c  proposé 
pour  le  spath  fluor  est,  comme  ihuis  l'avons  ^•u,  déri\é  île  celui 
approprié  aux  composés  binaires  ci-dessus  en  reniplai;anl  un  îles 
ilemi-  systèmes,  représentés  pai-  les  Iciraèdres  ilc  sphères  noires  ou 
l)lanches  de  volume  i,  par  des  sphères  de  calcium  de  volume  :>., 
d'une  telle  manière  (|uc  cha(]ue  cavité  laissée  dans  l'assemhlage 
squelette  de  tétraèdres  noirs  est  occupée  par  une  seule  grosse 
sphère.  Le  réseau  ipii  détermine  l'assemblage  est  de  nouveau  du 
tyjie  (a)  :  une  moitié  des  nœuds  du  réseau  est  occupée  ])ar  les 
centres  lie  groupes  létraédriques  de  ([iiatrc  atonies  de  fluor,  l'autre 
moitié  par  les  centres  des  atomes  de  calcium.  L'assemblagf  prui 
aussi  être  envisagé  comme  \ine  interpénétration  de  deux  réseau.x 
du  type  (c),  dont  les  nœuds  sont  occuj)és  respecli\emenl  par  les 
centres  de  sphères  de  calcium  et  les  centres  des  groupes  létraé- 
driques de  sphères  de  fluor,  chacune.de  ces  sphères  a|iparteiiaiil  à 
la  fois  à  deux  groupes. 

A  jiropos  de  celte  question  du  i:r(iii|i(iii(iil  des  aloines,  nous 
feriuis  inenliou  des  résultais  oiilcnus  onit  le  (liiuiKiiil  :  une  slruc- 
ture  iluii  tvpe  tout  partii'iiher  a  été  altribuée  à  ce  minéral  ])ar 
W.-ll.  et  W.-L.  Bragg  ('),  pour  interpréter  leurs  ()bs^rvali()lls.  l,a 
structure  qu'ils  proposent  est  liée  géométriqueiiieiil ,  d  une  façon 
remarquable,  à  l'assemblage  cubique  homogène  le  plus  compact  de 
sphères  égales,  dont  l'assemblage  représentatif  ilu  diamant  est 
dérivé,  d'après  nos  résultats,  jiar  la  diminution  de  symétrie  due 
au  groupement. 

In  assemblage  réticulaire  du  type  (b)  se  com])ose  de  quatre 
réseaux  du  ty])e  (c),  enchevêtrés  symétriquement  d'une  telle  niaiiière 
que,  si  l'on  se  déplace  le  long  d'un  axe  trigon.il  i|ii(lconqiic.  les 
nœuds  du  réseau  générateur  (  i/),  reiu'ontrés  à  des  distances  égales, 
appartiennent  successivement  aux  quatre  réseaux  composants  (c). 
Donc,  si  les  points  successivement  rencontrés  sont  nommés  A,  B, 
C,  D,  A,  B,  C,  etc.,  tous  les  points  indiqués  par  une  iiiriue  lettre 
tombent  dans  un  même  réseau  de  type  (c). 

Or,  la  hgureij  miuitre  ([iic  l'assemblage  ciibiipie  homogène  le  plus 

(')   Proc.  Bon.  ^oc,  (A),  t.  I.XXXIX,  i..)i3,  |i.  7;;. 


l.k    STRICTIHE    DR    LA   MATIEHK. 


compact  peul  être  regardé  ou  bien  comme  composé  de  groupes 
tétraédriques  semblablement  orientés,  dont  les  centres  forment 
un  réseau  cubique  du  type  («).  ou  bien  comme  consistant  en  deux 
séries  de  pareils  groupes,  d'orientations  opposées,  et  dont  les  centres 
forment  deux  réseaux  du  type  (  c).  La  première  manière  d'envisager, 
dans  laquelle  les  deux  systèmes  de  groupes  tétraédriques  ont  la 
même  orientation.  im])li(|ue  le  choix  de  couples  de  points  alter- 
nants, AC,  BD,  le  long  des  axes  trigonaux,  pour  représenter  l'as- 
semblage; le  second  mode  exige,  pour  la  représentation  du  système, 
le  choix  de  couples  de  points  qui  se  présentent  consécutivement 
dans  la  série,  tels  que  AB.  BC,  CD.  DA. 

L'arrangement  de  Bragg  est  clone  celui  de  centres  de  groupes  d'un  • 
arrangement  homogène  le  plus  serré  possible  de  sphères  toutes 
égales,  groupées  en  tétraèdres  de  telle  façon  ([ue  les  groupes  de 
tétraèdres  inversement  orientés  sont  également  nombreux  et 
sont  disposés  conformément  à  une  symétrie  cubique  holoédrique. 
L'hémiédrie  sphénoïdale  du  diamant  n'est  pas  indiquée  par  les 
résultats  de  Bragg.  mais  est  compatible  avec  le  groupement  suggéré 
par  nos  recherches. 

L'étude  (le  la  structure  cristalline  au  moyen  des  rayons  X  est 
encore  dans  une  première  période  de  son  dévclop|>ement  ;  ses  résul- 
tats ne  concordent  pas  tout  à  fait  avec  ceux  que  nous  avons  obtenu 
par  des  méthodes  totalement  différentes.  La  discussion  précédente 
révèle  l'existence  d'une  analogie  géométrique  tellement  intime 
entre  les  conclusions  tirées  des  deux  procédés  de  recherche  (ju'ellc 
ne  laisse  |)rcsfpie  pas  de  doute  à  ce  sujet,  que  les  modilicatious. 
aux(|uclics  les  expériences  futures  conduMout.  rciuhuut  identiques 
les  deu.x  séries  de  conclnsiiuis. 

l!{.  Un  coiuiaîl  un  gr:iiicl  iionibre  île  cas  ilans  lescpiels  il  existe 
une  relation  quantitati%c  frappante  entre  les  formes  cristallines 
présentées  par  deux  ou  plusieurs  substances  qui  sont  chimique- 
ment aj)parei>lées.  Lors(|uc  la  parente  chimi(|uc  est  très  étroite, 
comme  c'est  le  cas  par  exemple  pour  le  sulfate  ilc  jiotassiuni 
(  K-SO'  )  et  le  sulfate  de  rubidium  (Rb'-SO'  ),  il  \'  a  aussi  une  étroite 
similitude  cristallographique;  les  diverses  substances  sont  dites 
isoinorphi'x  et  les  rajqiorts  d'axes,  représentant  les  dimensions 
relatives  île  la  struclufc  cristalline    le  Ioul'  d  axes  de  coordonnées  à 


i.\  «iiiiiiiiu:  I  iii~i  vi.i.i.NK  II'  i.\  i;ii.\-Tii  I  TiiiN  ciiiMiyli:.  171 

trois  (liiiiciisinns,  cml  ù  peu  près  les  mêmes  valeurs.  Mais,  oiilrc  l(> 
cas  «i'isumorphisme,  on  uoiinaîl  de  nombreux  exemples  où  la  simili- 
liide,  laiit  chimiipic  (|ue  eristallofîraphir|iie,  est  moins  inariiiiée, 
bien  (pTelle  soil.  etieore  [)arfaiteinciit  accusée  ;  des  subslaiices  de 
cette  espèce  sont  dites  m(irpliotr()pi(|uerueiil  liées  entre  elles  i;l.. 
a\anl  la  déduction  de  la  loi  des  volumes  de  \;dtnrc.  mi  n<;  dis- 
posait  d'aucune  indicalniri   poiiicxpliqiier  la  nioipliol  ropie. 

C'est  ainsi  tpie  l'anlivilrule  eanipliorique  (/  (l^'"  1 1'' O  '  )  est  lié 
iuorphotropi(|uement  au  loriiposé  cpie  l'acide  camphoriquc  forme 
avec  l'acétone  [C"  II"0',.^(C11 ')'-(;0]  ;  les  deux  substances  sont 
orthorhombiques  et  le  rapiiorl  des  axes  c  '.  b  est  à  peu  prés  le  même 
pour  les  deux. 

La  loi  des  volumes  de  valence  iiidi((ue  que,  pour  les  tleu.x  siilis- 
tances,  les  domaines  d'influence  aloniique  flu  carbone,  delo.xyirène 
et  lie  riiydro<;êne.  siuil  dans  le  rapport  i  ;  ■'.  :  i .  Considérez  par 
conséquent  ileu.x  blocs  rectangulaires  dont  les  voliuiics  sont 
|)roportionnels  aux  sommes  des  valences  qui  constituent  les  deux 
molécules,  et  sont  les  côtés  ont  des  longueurs  ([ui  sont  dans  le 
même  ra|>port  que  les  axes  a'.b'.c  pour  les  deux  substances;  les 
sommes  des  \alences  coniposanlcs,  ee  qu'on  appelle  les  volumes 
de  valence.  W,  sont  respect ixenienl  Go  et  7'i,  et  les  trois  longueurs 
des  côtés,  .r,  yelz  (liées  entre  elles  par  x  '.y  '.z  =  a:  h  '.c  et  .rijz  =  \\  ), 
sont  ai)pelées  les  paramètres  d'équivalence.  Les  valeurs  en  question 
sont  consignées  dans  le  'rableau  siii\anl  : 

Volumes 

de 

valence.  l'aramilrc<î  it'éqiiivaleuce. 

Rapports  d'axes  1  ■    — ^ — ^ 

Substance.                  \\ .                 n:h.r.  .r.             y.               z. 

r.ioH'^o^ fio     1,0011  :  1  :  i.;<.7o     ;,2<i")i    3.>.(ii8    îjiiiii 

r.ioH'«0',^(CH»)«oo.    71     i,>!Mfi  :  1  :  1,7172     i,o'|i">    3,>.(;',f.    "..(•u)<io 

L'égaillé  approximative  du  rapporl  <■  \  b  csl  donc  traduite  dans 
les  paramètres  d'équivalence  par  une  égalité  approximative  des 
valeurs  respectives  de  y  et  s;  une  considérati(Mi  bien  simple  \a 
montrer  que  si  les  unités  de  vidume,  choisies  dans  les  deux  cas, 
dilléraicnt  notablement  de  la  proportion  relative  des  valeurs  de  W, 
les  volumes  de  valence,  cette  correspondance  n'existerait  pas. 

l  ne  relation  morphotropif[ue  remarquable  a  été  reconnue  depuis 


l-j-i  H    STniCTIRIC    DE    I A    MATIKHE. 

longtemps  entre  les  minéraux  dils  du  groupe  humile  (^).  Le  minera 
monoclinique  appelé  chondrQdite  Mg'  (SiO')^,  2Mg  (FI,  OH),  l'iui- 
miteorthorhombiqueMg'(SiO')^  2]\Ig(Fl,  OH),  et  la  clinohumite 
monoclinique,  Mg' (SiO' ) ',  2Mg(Fl,0H),  pour  chacun  desquels 
Tangle  |j  entre  les  axes  est  90°,  sont  reliés  d'une  façon  telle  que, 
tandis  que  le  rapport  axial  a  :  I)  est  jiratiquement  le  même  pour 
tous,  les  valeurs  de  c:  h  sont  aj)proximativement  dans  le  rapport 
5  ;  7  ;  9  pour  les  trois  substances  respectives.  Si  l'on  assigne  à  Mg, 
Si  et  0  des  volumes  de  valence  égaux  à  2  et  à  FI  et  H  des  volumes 
égaux  à  I,  et  que  l'on  admette,  pour  la  simplicité,  que  le  fluor  et 
l'hydroxyle,  isomorphiquement  substituables,  sont  présents  en 
quantités  équivalentes,  les  volumes  de  valence  cjui  correspondent 
aux  compositions  ci-dessus  deviennent  respectivement  34,  4^  ^t  62  ; 
grosso  modo  ces  valeurs  sont  entre  elles  comme  les  nombres  0:7:9, 
indiqués  par  les  rapports  d'axes  c  :  h. 

Les  minéraux  chondrodite,humite  et  clinohumite  ont  été  mesurés 
avec  précision  et  l'on  verra  qu'ils  forment  une  espèce  de  série 
homologue  dans  laquelle  l'incrément  d'homologie  a  la  composition 
Mg^SiO';  si  l'on  retranche  cet  incrément  de  la  composition  delà 
chondrodite,  il  reste  le  résidu  MgSiO ',  2Mg  (FI,OH).  Ce  dernier 
a  la  composition  qu'on  attribue  à  la  jirolectite  (^),  qui  jieut  donc 
être  considérée  comme  le  premier  membre  de  la  série  de  l'iuimite. 
D'ailleurs,  la  forstérite,  Mg^SiO',  a  précisément  la  composition  de 
l'incrément  d'homologie  de  la  série. 

Taiilkau  I\'. 

l'ar.'unélrc?  ti\''iiiiiv;ilcnec 
Rapports  axiaux  — -«^ —   -    — ^ — 

Minéral.  \\ .  a  :  h  :  r.  x.  i  .  ,-.  W 

Cli.iiiilioditc il  I  joSri  3<i  :  I  :   i, 111751  v.iîCj  «.ino  ••,7'"«ii  0,198(11 

Miiiiiiie 18  i.oSoai  :  I  :  1.40!  il  -.(.33.13  a.iGio  <).mi")  o.ti)8'.>i 

Clinoliiimile (i  >  i.o8o9.S:  1  ;  i.('))S83  u.338i  2.i(>.i(î  19., ai;)!  o.ii);,')!' 

riiilcclile  :  observé. .  'O  i.o8o3     :  i  ;  i.S8('>>  >.3i3i>  '>,iiii  .'i.o3S">  <'.i'.l9~" 

>'            cajculé  .  .       »  1,0818     :  1  :  i.8(')i8  (.ïiiri  «..i^Si)  i,o>ii  i>,ii);)liS 

l'nrsliiile  :  obscrvi-..  1  j  0,979(1     :  1  :  1.  171  .j  -.(..S.i'.r»  '.1778  2.7.1  la  o.i9()oi 

»            calciili'..  "  0.9»  j  11     ;  1  ;  1.171  1  i.3'!(i"i  ».i"iSi)  ■).7|33  0.19591 

l.a  prcilcclile  et  la  forsléiilc  (inl  élc  mcsuiées  nmiiis  bien  ipie  les 

C)   Pe.nfif.ld  aiul  Howks,  Zeilschr.  hnjsl.  Min..  I.  \XIII,  1891,  p.  78. 
(')   Sjoghcn,  Zeilschr.  I\njsl.  Min..  I.  .WVI.  i8<)(i,  p.  10'!. 


1..V  siiiiciiiiK  cHl^^^ vi.i.iNi;  i:r  i.\  (iixMiiirioN  i  iiimh.ii  i:.  17» 

trois  inuii'laiix  |ii(''(éilciils;  mais,  en  se  liasaiil  sur  la  hii  des  \olmiics 
de  valeni'e,  il  est  possible  dr  calculer  les  ra|p|i(iils  (I  axes  et,  les 
paramètres  crô(niivalcnee  de  ces  ileiix  minéraux  à  paillr  des  dmiiiées 
])lus  exactes  dont  on  dispose  ])Oiii'  les  trois  |>remieis.  I,c  laMeaii  1\ 
coMiiiHimi|ne  ces  données  calculées  en  même  leiii|ps  (|iie  les  xalenrs 
des  rapports  axiaux  ol)ser\'és  el  des  paramètres  décpiivalenee  rpie 
l'on  en  déduit.  La  concordance  eiilre  les  valeurs  ol)ser\ées  el 
calculées  est  très  bonne:  on  \dil  (pie  les  direcluuis  <i  el  /;,  dans  la 
forslérite,  correspondent  res|)ectivciiiciil  aux  paramètres  d'é(puva- 
lencc  1/  et  .r.  Les  seuls  ehan<remenls  (jui  ont  été  introduits,  eu  \ue 
du  calcul,  dans  les  ra|)])orts  axiaux  publiés,  c'est  que,  jiour  la 
forstérite,    l'uiulé  de  loML'ueur  sui'  Taxe  h  a  été  tlivisée  [jar  ■'.. 

On  voit  (|ue  la  relatiiui  de  nuu'photropie,  dont  il  a  été  lait  usa<ie 
ici.  est  d  un  caractère  |>lus  étend.u  (|ue  e  Ile  observée  ])rimiti\'enieiil 
par  Penfield  el  llowes  enlre  la  cIhuhIi  odile,  lliiiniito  et  la  cliiin- 
humite.  On  peut  se  la  représenter  eu  imaufinanl  un  bloc  rectan- 
gulaire dont  les  dimensions  des  côtés  sont  mesurées  par  les  para- 
mètres d'éfpnvalence  du  premier  membre  de  la  série,  la  prolcc- 
tite;  en  y  superposant  un  bloc  reitaiiL;ulaire  ayaul  des  dimensions 
éfrales  aux  i)aramètres  d"é(iui\  aleiice  de  rincrémeut  (rhomoloijie, 
la  forslérite,  dans  une  position  telle  ([ue  la  tlimensiou  :  soit  allon>;ée, 
tandis  que  .r  et  y  rcsteul  les  mêmes,  on  juotlull  un  solide  ideuliipie 
au  bloc  ayant  les  diniensi(uis  de  la  chondiodile.  La  répétition  de 
cette  opération  fournit  la  ligure  représenlaul  l'Iiuinite,  el  l'ad- 
dition d'un  nouveau  bloc  égal  à  l'incrémeu!  homologue,  donne 
naissance  à  un  solide  rectangulaire  ipii  a  des  dimeusions  égales 
aux  paramètres  d'é([uivalence  de  la  clinoiiumite. 

L'identité  approchée  entre  les  deux  séiies  de  \  aleurs  ilc  ;  :  \\ 
])rouve  (pie  la  loi  des  \(>lunies  de  \alence  est  satisfaite  avec  une 
assez  grande  précision. 

Le  fait  (pie.  dans  ces  calculs,  le  \ dluiue  de  \  aleuce  du  silicium  est 
posé  égal  à  ■>.  el  non  à  j  peiii  doiiuei-  lieu  à  commentaires:  mais 
l'examen  d'un  grand  nondire  de  cas  prouve  que  la  valeur  '.i  s'ac- 
corde beaucou])  mieux  axec  les  résultats  obreniis  yxiiir  les  composés 
du  silicium  (pie  ne  le  fait  la  valeur  .'((')■ 


(')   Traiis:  (hem.  Soc,    I.    XC.III,    l<ji>8.    p,   l5j(),    ■    -    Juhcsai.km,    Tiann. 
Chem.  Soc,  I.  XCV'II,  h.iki,  y.  vuio. 


174  l-V    STRlCnitE    DE    LA    MATIERE. 

On    pourrait    donner    beaucoup    d'autres    exemples    encore    do 
l'application  de  la  loi  des  volumes  de  valence,  mais  on  peut  dire- 
que  les  deux  cas  cités  ci-dessus  fournissent  une  preuve  convain- 
cante de  l'existence  de  cette  loi. 

1  i.  On  connaît  un  yrand  nombre  de  cas  de  substances  qui 
présentent  une  similitude  très  prononcée  de  forme  cristalline, 
si  l'on  considère  du  moins  les  rapports  axiaux  cristallographiques; 
des  substances  apj)arenlées  de  cette  façon  ont,  en  général, 
des  compositions  moléculaires  comprenant  des  atomes  de  mêmes 
valences  en  des  proportions  correspondantes,  et  sont  décrites 
comme  isomorphes.  Le  Tableau  suivant  indique  le  genre  de  rela- 
tion fjui  a  été  observé  entre  les  rapports  axiaux  d'une  série  de 
substances  isomorphes;  le  système  cristallin  est  le  système  ortho- 

rhombique. 

Tahlevi  \'. 

TI^SO' ,1  :  ô  :  c  z=  o.  J5j5  ;  1  :  «.-i'X 

K2S0* o-'KK  '.  '  :  ii:l>f* 

Kb^Su» o, J7'.3  :  I  :  ci,7i,sj 

Cs-So* o. i"!'.  :  1  :  0.71  ji 

KHSO> u.hSo6  :  1  :  o.7.iy<) 

I  NU'  i-so* (I.  iiii5  :  1  :  0.7  in.i 

(  .Ml*iHSO' o.ih  .(i  :  1  :  o.7i3(i 

En  ce  qui  concerne  l'existence  d'un  isomorphisme  entre  les  sels 
qu'un  même  acide  spécifique  forme  avec  les  divers  méfaux  mono- 
valcnls,  l'explication  par  noire  méthode  est  claire;  bien  (|ue  les 
\  niunies  moléculaires  d'une  série  de  substances  isomorphes  varient 
cousidéi'ableinenl,  les  volumes  atomiques  dans  chacune  d'elles  sont 
liés  entre  eux  l'onfdrmémeiit  à  la  loi  des  volumes  de  valence.  L'iso- 
morphisme  cuire  les  sels  d'aminonium  et  les  sels  correspondants 
des  métaux  alcalins  ne  s'exjilique  ])as  aussi  aisément;  nous  nous 
sommes  toutefois  occu])és  de  certains  c«s  de  cet  isomorphisme 
cl  sonunes  en  train  d'étudier  le  sujet  à  fond  (^).  1/idée  «pii  est 
souvent  énnse,  qiir  le  |i(ilassiiiui  et  l'annnouiuni  sont  isouioi|ihi- 
(pieiuent  sulist  il  uables  |iaree  que  le  viilunie  aliiuiiipie  de  l'un  est 
Miment  pral  i(|ueineul  idi.'ntic|ue  au  \'(ilume  nuiléculain;  de  l'autre, 
seudile    icncnulier    uni'    objectio)!    irréfutable   dans    l'obserNalion 

')   'l'nin.t.  Chriii.  Snc,  t.  XC.I,  i'.)i)7,  p.  r.»",. 


l.\    STBKH'IIIK   CIIISTAI.I.INK    Kt    LA    CONSTll  ITION    ('IIIMlQri:.  17I 

<|m"  II-  sulfate  il'ainniuiiiuni  iiciilrc  a  |in's<|ur  kIimiI  i"|Mi'iiiciil  la 
iiiriiie  forme  crislalliiie  ([lie  Ir  siilfalf  acidi-  irainiiuiniiiiii;  Ir  lailiial 
aininonium  <ît  l'hydroficMii'  ilcvraiunl.  si  I  iiléc  ^lail  acct'iitée, 
(K-fii|i«'r  (les  volimies  «•>xaii.\  «laiis  la  inoléciili'  (lu  sulfate  aeiile. 

liJ.  La  loi  lies  voliiines  de  valciicf  iiitroiluil  une  nouvelle  coneep- 
tioii  de  la  inaiiière  dont  est  eoiistruil  le  vohinic  iiioléeulaire  d'un 
composé  cristallin:  elle  exige  que  le  voliinif  du  doniaine  atomique 
<ui  le  volume  atomique  d'un  élément  constituant  spéeidriue  <iuel- 
eonque,  soit  ap|)roximativemeul  proportionnel  à  la  valence  fonda- 
mentale de  l'élément.  Ainsi  donc,  dans  le  benzène  cristallisé, 
(?  M',  de  volume  moléculaire  77,4.  cha<jue  atome  de  carbone  a  un 
\dluine  atomicpic  quatre  fois  plus  (.Tand  qu'un  atome  d'hydro<;ènp; 
dans  le  benzène  téliahrumé  cristallisé,  (','■  ll-Br',  à  volume  molécu- 
laire i3o,>  on  a  la  iiièiiic  rclalion.  chaque  atonie  de  carbone  ayant 
un  volume  aloniit[ue  i|uadru])le  de  ceux  de  i'hydrowène  et  du 
brome.  Lorscpi'on  passe  du  benzène  au  benzène  tétrabromé,  les 
volumes  atomiques  du  carbone  et  de  l'hydrogène  ont  donc  été 
augmentés  de  i3o,2  :  77,4,  tout  en  restant  dans  le  rapport  i  :  1 . 

Il  est  dillicile  de  se  figurer  (pie  la  loi  régissant  les  volumes  molé- 
culaires dans  l'état  cristallin  soit  essentiellement  dilVérente  de  celle 
régissant  l'état  liquide;  il  semblerait  donc  iiiic  la  vérification  de  la 
loi  des  volumes  de  valence  dans  l'état  solitlc  cristallin  doive  entraî- 
ner son  acceptation  pour  les  composés  li(piidcs.  On  peut  prévoir 
(|ue  le  remplacement  de  la  méthode  de  calcul  des  volumes  molé- 
culaires employée  par  Ko])p  (-t  ses  imitateurs,  dans  laquelle  i\  est 
fait  usage  de  volumes  atomiques  déduits  empiiiipienient  par  une 
méthode  de  différences,  par  une  autre  basée  sur  la  loi  des  volumes 
de  valence,  conduira  à  des  progrès  dans  i-c  domaini-  iuIiik  I  miix 
pisfpi'ici. 

(".ette  (jueslion  a  été  examinée  jiar-  Le  IJas  {'),  <pii  a  cl  iidié  les 
volumes  molécidaires  d'un  grand  nondire  de  substances  organi([ues; 
L(;  Bas  montre  (pi'à  l'état  li(pii(lc,  dans  des  cfuiditions  correspon- 
dantes, il  existe  un  parfait  accord  entre  les  valeurs  observées  des 
volumes   moléculaires   et   celles   calculées   en    supposant   que   les 

(>)  Tiann.Chiiii.  Soc,  1.  XCl,  nin;,  ],.  11..;  Phil.  Maii.,  I.  XIV,  i<j<i7,  p.  J-^  i  ; 
t.  XVI,  I  ■>()«,  p.  O'j. 


i;(i  LA    SrRlfiTlRK    DE    LA    MATIKBE. 

volumes  atomiques  composants  obéissent  à  la  loi  des  volumes  de 
valence.  L'accord  entre  l'observation  et  le  calcul  est  beaucoup 
plus  parfait  que  celui  que  l'on  obtient  en  se  servant  des  valeurs 
ordinairement  attribuées  aux  volumes  atomiques.  Le  Tableau 
suivant,  emprunté  à  Le  Bas,  fait  connaître  les  volumes  moléculaires 
observés  d'une  série  de  paraffines  normales,  à  l'état  liquide  aux 
points  de  fusion,  ces  points  étant  pris  comme  températures  corres- 
jiondantes  pour  la  série  ;  les  volumes  moléculaires,  calculés  en  suppo- 
sant que  le  carbone  a  un  volume  atomique  tjuatre  fois  ]ilus  grand 
i[ue  celui  de  rhydrogène,  ([ul  a  été  pris  égal  à  S  =  3,970  dans  toute 
la  série,  sont,  comme  on  voit,  remarquablement  bien  d'accord 
a\ec  les  \olumes  observés.  Pour  permettre  la  comparaison,  on 
a  ajouté  au  Tableau  une  colonne  donnant  les  volumes  moléculaires 
calculés  d'après  la  supposition  ordinaire,  que  le  volume  atomique 
tlu  carbone  est  le  double  de  celui  de  rhydrogène^  ;  on  \oll  nettement 
que  les  dernières  valeurs  ne  s'accordent  que  très  grossièrement 
avec  les  valeurs  observées. 


Ilvdrocarhiiip.  \\ . 

C"112i OS 

C'Mh'-' :', 

CMl-» So 

ci''H3i) sii 

CMP^ i)< 

CI''I1''' <.)S 

CM!" loi 

C'8H'8 110 

G'-' II'" 11(1 

(;^"ii-2 Il' 

C'^ill" 1.8 

('."il-'' i3i 

Cî-'II'" I  1" 

(>■•  II  "1 Uli 

CS'II"'.. Kil 

C'ir't iss 

C'ill«" i-ii 

C'MP» >I2 


Tahi.eai    \'I. 

\\".S  —  X'oUiriie 

\oluine 

\'ciliiiiie 

moléculaire 

moléculaire 

iiuiléculaiie 

calculé 

calculé 

observe 

C=5H, 

C  =  2H, 

V. 

ll=S=-.'.9Tt). 

Il  =  S=i.  4-208. 

'01  .  i 

201  .()(> 

203.36 

2  1')-  '.1 

■'.i<).7S 

221  .o/| 

23;,  i 

2) 7. Go  ■ 

2.38,74 

'■)j.  1 

aîi,  i-->. 

a56.4i 

27},  2 

273.24 

■i7i-0!» 

agi.». 

21)1  ,o(> 

■^91.77 

3o9 . 0 

3o8,88 

3o<).  16 

32G.;) 

i2(>,7l> 

327,14 

i/il.7 

ill.V' 

i 11.8a 

M\> .  ") 

36'.  31 

3C.a.  M 

!.S().  ! 

i8o.  l(> 

I80.19 

3.(8.3 

3<.i8...o 

39:-»7 

i  !(■>.' 

il').  Si> 

il  "..>(•> 

131.1 

i33,(i. 

133,24 

48:.. 1 

iS7.oS 

.185.2.) 

5)8.  i 

■..S.  Jli 

*     5)7.02 

•")7ti.2 

)7r).i8 

■>ri.7o 

f>i>t.  > 

iWli.tiJ 

627.75 

i.v  sniurriiiK  ciiistai.i.iM':  ivr  i.v  constitition  ciimini  i:.  177 

l().  Nous  avons  iiKPiitn-,  dans  les  paj^cs  prérédeiiles,  qu'on  peut 
('lalilir  une  grande  aiialoi^ic  ;iéomélri(iue  eiilrc  les  faits  coiu'crriant 
la  strucltire  eristailiiK",  le  polyniorphisnic,  les  relations  morpho- 
tropiques,  etc.,  cl  les  asseniLlafjes  homogènes  serrés  de  Sphères; 
la  constatation  de  cette  analojrie  est  basée,  dans  cette  communi- 
cation, sur  la  représentation  de  structures  cristallines  comme 
arrangements  d'équilibre  de  systèmes  de  forces  centrales  considérés 
comme  atomes,  et  elle  conduil  à  la  démonstration  de  la  loi  des 
volumes  de  valence. 

L'analogie  est  si  parfaite  et  d'un  caractère  si  étendu  ((u'elle 
justifie  un  développement  de  l'applicaliun  des  mêmes  principes. 

Nous  avons  représenté  (^)  les  conli<iurations  d'un  système 
d'assemblages  homogènes  serrés,  formés  de  sphères  de  volumes  i 
et  4;  présentes  en  des  proportions  indiquées  par  les  compositions 
des  paraffines  C"!!^""''-,  un  assemblage  correspondant  à  chaque 
paraffine  normale,  secondaire  ou  tertiaire,  f^e  nombre  des  assem- 
blages correspond  au  nond)re  des  hydrocarbures,  et  tous  ont  le 
même  caractère  géométrique:  ilia(|nr  assemblage  est  géométri- 
quement divisible  en  unités  corres|)()ndanl  par  leur  composition 
à  une  molécule  d'hydrocarbure  et  présentant  une  configuration 
qui  s'accorde  parfaitement  avec  la  conception  stéréochimique 
généralement  acceptée  pour  la  configuration  moléculaire.  La  confi- 


l-iu. 


guration  ainsi  fibtcnuc  pour  la  molécule  de  méthane  est  représentée 
figure  10.  Il  y  a  deux  façons  de  partager  géométriquement  l'assem- 


(')  Trans.  Chem.  Soc,  1.  XCVIl,  hjio,  p.  iivS. 


INSTITLT    -tiiI.V.X^ 


12 


IjS  I.A    STRLCTIRF.    nfî    I. \    M ATlHdi;. 

blage  de  l'éthane:  elles  conduisent  aux  deux  espèces  de  configu- 
rations représentées  dans  la  figure  ii   (a  et  6)  ;  ainsi  est  indiquée 


Fi".    II. 


une  analogie  avec  la  doctrine  de  van't  llnlT  de  la  rotation  libre 
des  atomes  de  carbone  du  méthylc. 

Des  systèmes  d'assemblages  homogènes  serrés,  correspondant  par 
leur  composition  et  leur  nondire  aux  hydrocarbures  éthyléniqucs 
et  acétyléniques,  C"  H^"  et  C"ll-"  -.  ont  également  été  décrits: 
chacun  d'eux  contient  un  élément  de  structure  géométrique  corres- 
pondant à  hi  jiréscnce  d'une  souilui'c  éliiyléniquc  ou  acélyiéni(pic, 
et  est  géomctri<|uement  suIxIIn  isihlc  en  unilés  i|ui  nul  la  configu- 
ration iiiih'(|nci'   par  les  considérations  sléréochimiques. 

Bien  (juc  MOUS  ne  disposions  que  de  peu  de  données  rela- 
tives aux  hydrocarbures  non  saturés  et  de  leurs  dérivés  simples, 
elles  s'accordciil  Imiles  avec  les  dlincnsi(uis  des  assemblages  dont 
nous  venons  de  ])ailer;  mais,  connue  les  ilérivés  des  hydrocarbures 
aronialiipies  oui  clé  examinés  ])his  complètement  au  ]hiuiI  de 
vue  crist;dliigra]ihi<pic.  il  pciil  r\vv  ni  lie  ilc  rcNoii-  à  la  hmuèrc  de 
noire  hypothèse  fondameiilale  les  conclusions  ipii  oui  clé  déiluiles 
à  propos  du  benzène  el  de  ses  dérivés. 

t)n  j)rul  cdiisl  riiir  c  deux  assend)lages  liomogèTU's  el  serrés  de 
sphères,  conquises  de  imiiiliics  égaux  de  s|ihrrcs  de  vulnnie  j  cl 
de  volume  i,  cl  ipii  soni  sulidix  isililes  eu  unités  de  composilicni 
r,"ll",  a\anl  la  (■(Uiliguralion  lepiésenléc  dans  la  ligiiri'  i  '.  1,'un 
des  deux  (ti),  qui  déil\-e  par  smIinI  il  ni  ion  Ac  rassciidilagc  liexagonal 


i.v  sTBicTiiii-:  cnisTAixiNi-:  i;t  i.v  i;oNsriTi'rio\  chimique.  17;» 

le  plus  loinpail  de  sphères  (oui es  t''t;;il<'s,  i-l  a  li-s  |)aranièties  (J'éqiii- 
vali'iKc  .1.  1/,  :  —  .^,101,  ;'),  j8(),  '.,780,  <'st  doduil  de  la  forme  cristal- 
line ortliorlioinl)i(|u<'  du  benzène  même,  avec 

a'.b'.c—.  0,891  :  1  :  0.71)1) ; 

dans  cet  assemblage  des  iinilés  nioiriiilaiit>s  de  l'espèce  repré- 
sentée  (ijîure   ij>.,  se  siipei|Kisciit   en  ciiloiiiies  lomine  l'iadique  la 


l-i;;.   K>. 


figure  i3,  (|ui  montre  la  dimension  :.  L'autre  assemblage,  dérivé 
de  l'assemblage  cubique   le   plus  compact   de   sphères  égales,   ne 


Fis.   1». 


contient  i)as  ces  colonnes  droites,  composées  de  couches,  à  arran- 
gement  triangulaire,   de  trois  sphères  de  cuibone  d'orientations 


l8')  LA   STRUCTinE    DE    I.\    MATIÈRE. 

opposées:  dans  cet  assemblage,  la  dimension  z  serait  un  peu  plus 
petite  que  dans  l'autre,  savoir  2,6  au  lieu  de  2,78. 

Lorsqu'on  examine  les  données  relatives  à  un  grand  nombre  de 
dérivés  du  benzène,  on  voit  que,  parmi  les  paramètres  d'équi- 
valence, il  y  a  des  valeurs  qui  se  rapprochent  de  la  valeur  2  =  2,780 
pour  le  benzène.  Le  Tableau  VII  donne  les  rapports  des  axes 
pour  un  certain  nombre  de  sels,  orthorhombiques  et  monocli- 
niques, des  acides  picrique  et  styphnique,  étudiés  par  Jérusalem  (^), 
ainsi  que  les  paramètres  d'équivalence  qui  en  ont  été  déduits  par  le 
calcul;  dans  divers  cas,  comme  cela  a  été  indiqué,  une  des  dimen- 
sions axiales  a  été  divisée  ou  multipliée  par  un  nombre  simple, 
2  ou  4)  avant  de  calculer  les  paramètres  d'équivalence. 

On  voit  que,  dans  chacun  de  ces  cas,  il  revient  une  valeur  qui  se 
rapproche  de  la  valeur  importante  de  z  pour  l'un  ou  l'autre  des 
assemblages  ci-dessus  représentant  le  benzène.  De  ces  exemples  et 
d'un  grand  nombre  d'autres  il  a  été  conclu  que,  dans  le  passage 
du  benzène  à  l'un  de  ses  dérivés  simples,  l'édifice  cristallin  s'ouvre 
dans  certaines  directions  pour  inclure  d'une  façon  serrée  les  groupes 
substitués  et  que  dans  l'une  des  directions,  comme  celle  pour 
laquelle  z^  2,780,  la  dimension  subsiste  sans  grande  altération 
dans  la  substitution. 

Diverses  séries  de  dérivés  sulfoniques  du  benzène,  très  intuitives, 
ont  été  étudiées  par  Armstrong  et  Rodd  (-);  ces  auteurs  ont  de 
nouveau  obtenu  des  résultats  qui  sont  tout  à  fait  d'accord  avec  la 
conclusion  que  le  noyau  benzénique  de  la  figure  la  existe  dans 
les  structures  cristallines  des  dérivés,  et  ils  ont  pu  montrer,  avec 
une  certaine  précision,  de  quelle  façon  les  parties  constituantes  de 
la  molécule  sont  distribuées  à  travers  la  structure  cristalline. 


(')  Traus.  Chem.  Soc,  t.  XCV,  1909,  p.  34a. 

n  Proc.Ttoy.  Soc,  (A),  t.  LXXXVII,  1912,  p.ao/j  ;t.  LXXXIX,  igiS.p.aga. 


LA    STHICTIRK   CRISTALLINE    ET    L\    CONSTITUTION   CIIIMIQIE.  l8l 

Tahi.kau   \II. 

Mul- 
tiples 
Substance.  (t  ;  It  :  c.         ■    choisis.  \V.  x  :  y  :  z.  ?. 

Pi' i.ilc  (ramiiioiiiuiii ',8911  :  1  :  i.iSji  u  16  i.aîi  '.  > ,'z^ '.  3,83'.  90" 

de  dimclliylaïuine  .  1,9^9.»:  i  :  0,90049  ic  08  .5,  l86  :  •->,(i98  :  i.859  90° 

<ie  inoiioi'-llivlamine  2,7768:  i  :  i,535o  u  68  6, 126  :   t.iMii  :.î,i3o  9-*''-27'7.o' 

'le  IrictIiN  lamine  ..  /,97Ï''.  !  1  :  i.'i7ji  »  92  8.o»6  ;  '2.698  :  1,>49  90" 
»        iletélraélhylammo- 

nium ■>..9;)<)9  :  I  :  I  .607.Î  »  io4  8.337:2.788:4,481  g/'i'Vao' 

d'aniline 3.7!-;!0  :  i  :  >.  ioi8        -        8',     .5,  iG3  :  2.782  :  i,855     9a°47'5o' 

c 
de  naphtaline 2.3">82:  i  :   I.1816        -        98     6,4oi  :  2,71 5  :  0,679     9''" '18 

<;'l|5(.\0»)',  C'«H» 2.3170:1:1,0961         -        ()6     6,327  :  >,73i  :"), 593     96°36' 

Acide  styplinique 1 .73 >  1  :  1  :  i  ,3890        n        52      1,825:2,786:3,869     Ilexagunnl 

Sl\|>lina:e   de    inonoéthyl-  )       .   „  .,     ..         '•*        ^,      -     o-  r,  .  ,  ca'-a  « 

•'.                                  •       ■  o.>232  :  I  :  0,3716        -        64     1,785:2,764:4,109     76°3)  5o 
anime \  4 

Styplin:iirdediélliylaniine.     2.95o3  :  1  :  1,2606        »        70     7,849:2,660:3,354     9i"a6'2o' 

St^|lllnale    <le     Irimétliyl- 

nniine s.'iifio  :  i  :   1 .  349I         »        7G     7,824  :>  ,683  :  3,621     yo" 

17.  On  peut  objecter  à  la  configuration  solide  de  la  molécule 
du  benzène  représentée  dans  la  figure  12,  que,  bien  qu'elle  satis- 
fasse aux  conditions  indiquées  par  l'isomérie  des  dérivés  du 
benzène,  elle  exige  que  certains  types  de  dérivés  du  benzène, 
comme  C"  H*  XY  et  d'autres,  aient  des  configurations  moléculaires 
énantiomorphes  et  que  par  conséquent  il  faut  que  ces  dérivés 
soient  optiquement  actifs  à  l'état  liquide;  or  on  n'a  découvert 
aucun  cas  d'activité  optique  de  ce  genre. 

L'e.xamen  des  assemblages  attribués  au  benzène  montre  que 
chacun  d'eux  peut  être  décomposé  géométriquement,  de  deux 
façons,  en  unités  de  constitution  C"  H",  et  que  chaque  mode  de 
partage  fournit  une  unité  nioléoulaire|  de  même  configuration. 
Ainsi,  dans  l'assemblage  d'origine  hexagonale  contenant  des 
colonnes  de  sphères  comme  le  montre  la  figure  i3,  chaque  couche 
de  la  colonne  consiste  en  trois  atomes  de  carbone  et  trois  atomes 
d'hydrogène,  et  la  décomposition  peut  accoupler  la  première 
couche  et  la  seconde,  la  troisième  et  la  quatrième,  etc.,  ou  bien  la 


l82 


I.A    SrniCTlRK    DE    I.A    MATEERK. 


seconde  et  la   troisième,  la  quatrième  et  la  cinquième,  etc.,  pour 
formel-  ainsi  des  molécules  complètes.  L'inspection  de  la  figure  14 


Kig.    l'i. 

montre  que  chacune  de  ces  méthodes  de  décomposition  fournit  des 
molécules  d'un  dérivé  disubslitué  C^'H'XY,  d'une  seule  configu- 
ration énantionior|)he,  et  que  si  les  deux  espèces  de  décomposition 
se  présentent  dans  diverses  parties  de  la  siruclure.  il  en  résulte 
le  produit  compensé  extérieurement. 

Que  dans  ces  conditions  l'analojrie  géométrique  existe  Ion  jours, 
cela  semble  indiqué,  parce  que  celte  façon  de  considérer  la  décom- 
position suggère  une  raison  pour  le  fait  que  les  orthodérivés  et 
les  paradérivés  du  benzène  ont  beaucoup  de  caractères  communs, 
mais  diffèrent  fortement  des  méladérivés  (^). 

Un  très  jiuissanl  argumeul  en  faveur  de  celle  manière  de  voir 
est  tiré  de  l'étude  de  la  lanhuuérle.  Ainsi,  lorsqu'on  étudie  l'assoni- 
blagc  homogène  i(iii  cnnNii'nl  an  jildoroghiciuol ,  le  i  :  3  ;  5- 
I  rlhydroxybenzcnc.  on  distingue  deux  modes  de  (h'eoinposition 
qui  l'durnissenl,  comme  unités  moléculaires,  des  groupes  de  confi- 
gurations dilférenles;  la  conliguraliou  de  l'un  de  c(>s  groupes  cor- 


(')   Traits.  Chtm.  Soc,  t.  LXXXIX,  i<)n(>,  p.  iGyO. 


i.\  STHi  <  rim-;  ridsrvi.i.iM;  i;i'  i.\  ionstitiïion  ciiimuji  k.  i^! 

respoiul  à  i-cllc  «lu  i  ;  .'i  ;  f)-lriliyili't>xylK'nzi'iie,  laiidis  que  raiilii' 
ri'prôsfiito  le  i  ;  o  ;  j-trikét(ilu'x;\iii<''l  li\  Iriic  (".c  sont  là  les  deuN 
fornifs  tautomères  du  phlorofiluciuoi  cl  lUti  peut  les  déduire  pâl- 
ies deux  Miélhodcs  de  décomposition  du  même  assemblage.  On 
peut  doue  définir  la  taulomérie  comme  l'existence  de  deux 
méthodes  de  décomposition  irun  assendila<re  serré  iiomofjènc  en 
unités  moléculaires  de  même  composition,  mais  de  constitutions 
dilTérentes. 

Nous  avons  une  preu\e  ilirecte  de  cette  délinillon.  Dans  divers 
cas  où  il  est  possible  d'isoler  les  deu.\  formes  tautomères  et  de  les 
soumettre  séparément  à  l'e.xamen,  --  cas  de  dcsmotropic  — ,  des 
mesures  cristalloi!;raphi([ues  ont  été  faites.  l'uis<(ue  les  deux  con- 
ligurations  de  l'unité  obtenue  par  la  décom])osition  de  l'assem- 
blage qui  convient  à  la  substance  tautomcre  soTit  déduites  séparé- 
ment il'un  seul  assend)lau;e,  elles  tloivent  pouvoir  être  réunies 
de  nouveau  en  produisant  le  même  assemblage;  de  même  les  deu.x 
espèces  de  configurations  il'une  substance  desmotrope  doivent 
être  capables  d'être  réunies  pour  former  deux  assemblages  ayani 
presque  identiquement  'la  même  structure  et  les  mêmes  dimen- 
sions. On  doit  donc  pouvoir  trouver  une  relation  morphotropique 
étroite  entte  les  formes  cristallines  des  deux  substances  formant 
une  paire  de  substances  desmotropes;  rexem])le  suivant  cité  par 
Glover  et  Lowry  (^)  sidlira  pour  montrer  que  la  similitude  atten- 
due existe  èffectivcnienl  : 

Substanci'.  Systcnie  nislalliii.  a  :  h  :  c. 

|{eii/.oylcani|iliie  êniilK[ue oïliim  li<iiiiliii|iii'  o.G^SS  :   i  :  l,07>iii 

Hcn/.ovliampliie  crliniique ■>  "i7'7'  •  '  •  I,<J-'<1 

(')   Trans.  Cliein.  Soc,  l.  CI.  uj\.i,  p.  kjio. 


(,)LEL(JUES  C.ONSIDKUATIONS 

SUR  LA  STRUCTUHt:   DES  CRISTAUX 

ET 

L'ANISOTHOIMK  DKS  MOLÉCULES. 

DIMOKPHISMK    Dl    CAIIUONATK   DE   CALCIUM. 
PiR  M.  M.  I!I!1LI,()[  IN. 


I.  Deux  modes  principaux  de  raisonnements  sont  utilisés  par 
les  physiciens  contemporains  (piand  ils  clierthent  à  rattacher  la 
structure  des  cristaux  aux  propriétés  de  la  molécule  chimique. 

Le  premier,  généralement  préféré  par  les  jihysico-chiniistes, 
est  plus  particulièrement  géométrique  et  ne  fait  intervenir  que 
la  notion  d'encombrement,  ou  de  volume  et  de  forme  de  la  molé- 
cule; généralement  même  la  molécule  perd  toute  individualité, 
et  le  cristal  est  considéré  comme  une  agglomération  de  sphères 
atomiques  impénétrables  et  contiguës;  la  composition  centési- 
male intervient  pour  distribuer  régulièremeiil  les  atomes  en  ])ro- 
portion  convenable;  mais  les  atomes  sont  su|)posés  entassés  sous 
le  minimum  de  volume  total,  ou  à  peu  près,  sans  que  rien  indique 
de  quelle  molécule  tel  atome  fait  partie,  étant  aussi  proche  des 
atomes  de  la  même  molécule  que  des  atomes  d'une  autre.  Habi- 
lement maniée,  cette  hypothèse  a  conduit  à  quelques  résultats 
intéressants;  mais  pour  qu'elle  ait  une  signification  géométrique 
simple  et  claire,  il  faudrait  qu'elle  pût  se  développer  en  ad(i|il:nil 
pour  chaque  atome  un  volume  indépendant -de  la  combinaison 
dont  i\  fait  partie.  Il  ne  semble  pas  que  tel  soit  le  cas. 

L'autre  mode  de  raisonnement,  généralement  préféré  des  géo- 
mètres, conserve  à  la  molécule  toute  son  individualité.  Tous  les 
atomes  constituants  sont  supposés  réunis  dans  un  volume  très 
petit  par  rapport   à   la   maille   moléculaire.   Ce  sont  les  actions 


l8C  I.A    STnUCTlRK    DE    l,A    MATIl'lRE. 

mutuelles  à  distance  qui  maintiennent  les  molécules  éloignées, 
et  les  caractères  généraux  que  le  premier  mode^de  raisonnement 
attribue  à  l'ensemble  des  volumes  des  atomes  appartiennent  ici 
aux  figures  à  l'aide  desquelles  on  peut  se  représenter  le  champ 
dynamique  d'action  mutuelle  des  molécules.  Les  difficultés  du 
raisonnement  analytiijue  obligent  à  supposer  les  molécules 
extrêmement  petites  par  rapport  aux  distances  qui  les  séparent. 
Au  point  de  vue  de  la  localisation  des  atomes,  les  deux  hypo- 
thèses sont  ainsi  aux  deux  extrêmes. 

Elles  diffèrent  aussi  beaucoup  à  un  autre  point  de  vue.  Dans 
la  première  hypothèse,  toute  la  représentation  se  fait  facilement 
dans   l'espace    ordinaire,    à   trois    dimensions:    l'atome,    la    molé- 
cule sont  caractérisés  par  l'espace  qu'ils  occupent,  sans  se  préoc- 
cuper  des   autres   atomes   ou   molécules;    du   moins,    l'emploi   de 
l'hypothèse   exige   qu'il   en   soit   ainsi,   à   moins   de  tomber  dans 
des  subtilités  inquiétantes.  Au  contraire,  dans   la  seconde  hypo- 
thèse, il  est  impossible  de  caractériser  dynamiquement  une  mo- 
lécule sans  dire  en  même   temps  avec  quelle  autre    molécule   on 
la  met  en  rapport;  il  faut  connaître  l'énergie  mutuelle  des  deux 
molécules,    et,   jusqu'à   présent,    on   ne   sait   pas   définir   (comme 
pour  la   gravitation   universelle)   cette   énergie   mutuelle   de   ma- 
nière à  y  mettre  en  évidence  par  un  produit  de  deux  coefficients 
spécifiques  l'influence  des  deux  substances  en  présence,  et  il  n'est 
même  pas  probable  que  cela  soit  possible.  Cette  énergie  mutuelle 
dépend   d'une   variable,   la   distance,   si  les   deux   éléments   sont 
isotropes;  de  deux  variables  (distance  et  un  angle)  si  l'un  des 
éléments  est  isotrope,  et  l'autre  de  révolulion;  de  trois  variables 
(distance  et  deux  angles)  si  l'un  des  éléments  est  isotrope  et  l'autre 
anisotrope   comme   un   solide;   enfin,   de   plus   de   trois  variables 
dans  tous  les  autres  cas.  Ainsi,  dans  l'hypothèse  encore  simple, 
où,  aux  distances  moléculaires,  l'énergie  mutuelle  n'est  pas  plus 
corii|ill(|U('c  i|iic  nllc  de  deux  solides  anisotropcs,  on  ne  peut  pas 
se  la  rcj>rcsciilcr  dans  un  cs|)ace  à  trois  dimensions.  Fixant  l'orien- 
I  al  ion    d'inic    des    niolcculcs,    nous    pouvons    dans    l'espace    qui 
rtMiliimr    lixcf  srnl<'riiciil    le  centre  de  la  secoiuie   luoiccnle,  dont 
les  axes  |)euv('nt   encore  ])rendre  des  orientations  arbilrain-s;  de 
là   (Il   chaque  point  du  chaniit  spatial  qui  environne  une   inoié- 
I  ulc,  une  triple  infinité  de  valeurs  de  l'énergie.  Il  est  donc  inipos- 


I.A    STHlCTlHi:    Di:S    CIUSTM  \    Kl     I.'aXIM)TIIOI'IK    DKS    MOI.KCI  LKS.  I S7 

sililc  (11-  se  représenter  l'énei-ffif  iiinl  mllr  de  dfiix  iiiiil(''i'ules  niii- 
solropcs  clans  un  espace  à  trois  dimensions.  De  là  une  diflioiilti- 
à  utiliser,  sans  erreurs  graves,  le  sens  géométrique,  et  aussi  à 
manier  l'outil  analytique.  C'est  encore  bien  pire  si  l'on  adniet 
|)our  chaipie  molécule  îles  iliiertés  de  déformation  interne. 

Malgré  ces  dillicultés  de  maniement,  c'est  cette  hypothèse 
seule  i|ui  me  paraît  avoir  le  degré  de  com])lexité  qu'exige  la 
nature  des  choses:  mais  on  ne  sera  pas  éloniié  (|uo  l'ignorance 
acinellc  de  la  forme  de  rénergic  nnitucllc  laisse  subsister  une 
indélermiiialion  considérable  dans  les  conséquences  qu'on  peut 
obtenir  ])ai'  ce  mode  de  raisonnement. 

Les  bypotiièses  ingénieuses  et  souvent  suggestives,  mais  incon- 
testablement partielles,  <|ui  ont  cours  depuis  quelques  années 
sur  la  constitution  éleclronif|ue  des  atomes,  sont  encore,  à  mon 
avis,  beaucoup  trop  arbitraires  pour  (|u'il  soit  à  propos  d'entre- 
prendre des  calculs  précis  avec  l'une  d'elles;  et  il  n'y  aurait  rien 
à  gagner  en  maniabilité  des  é([iuitions  générales. 

Je  me  bornerai  à  indiquer,  dans  les  ])agcs  suivantes,  quelques 
tentatives  faites  en  me  plaçant  au  point  de  vue  dynami([ue  pour 
essayer  de  tirer  des  propriétés  des  substances,  polymorphes 
([uelques  indications  sur  les  propriétés  de  la  molécule  qui  les 
constiine. 

"1.  L'étude  des  substances  j)(ilyniorphcs  a  été  poursuivie  par 
les  minéralogistes,  en  se  basant  surtout  sur  des  considérations 
i-ristallogra|>lnques,  tirées  de  l'observation  des  grou])enicnls 
cristallins,  des  macles  naturelles  ou  artificielles,  etc.  C'est  à  un 
point  de  vue  un  peu  dilTérent  que  je  me  placerai  dans  cette  note. 
Parmi  les  propriétés  physiques  des  corps,  il  en  est  qu'on  sait 
être  caractéristiques  de  la  molécule  et  pour  lesquelles  on  sait 
remonter  avec  quehjue  certitude  des  propriétés  du  corps  à  celles 
de  la  molécidc:  ce  sont  les  propriétés  qui  sont  régies  par  des 
relations  linéaires  entre  deux  vectein-s  :  influence  électrique, 
influence  magnétique  (sans  hystérèse),  propagation  de  la  lumière. 
On  peut  utiliser  ces  pro))riétés  pour  la  recherche  des  orientations 
moléculaires  dans  les  diiïérentes  formes  cristallines  d'une  même 
substance  et  chercher  ensuite  dans  quelle  mesure  les  orienta- 
tions ainsi  définies  conviennent  pour  la  représentation  des  pm- 


'**8  I..4   STRUCTIRE    DE    LV    MATIÈRE. 

priétés   plus   compliquées,   telles   que   l'élasticité   des   cristaux   et 
les  propriétés  électriques  et  magnétiques. 

La  molécule  chimique  telle  que  la  définiraient  la  cryoscopie 
ou  les  densités  de  vapeur,  pour  les  corps  auxquels  ces  méthodes 
expérimentales  sont  applicables,  est  certainement  l'élément  le 
plus  simple  qui  puisse  être  commun  aux  deux  édifices  cristal- 
lins. 

La  symétrie  du  champ  d'action  mécanique  d'une  molécule  sur 
une  autre  de  même  espèce  peut  être  beaucoup  plus  élevée  que  la 
symétrie  de  constitution  chimique  de  la  molécule;  et  il  n'y  a 
aucune  raison  qui  impose  l'obligation  de  regarder  l'élément 
commun  à  deux  formes  cristallines  différentes  d'une  même  subs- 
tance comme  formé  d'une  même  association  de  plusieurs  molé- 
cules {}). 

Ces  molécules  peuvent  former  des  édifices  cristallins  diffé- 
rents, inégalement  stables  aux  diverses  températures,  en  raison 
de  l'inégale  agitation  thermique  qui  modifie  l'intensité  et  la 
symétrie  du  champ  de  force  moléculaire  moyen.  Dans  le  cas  le 
plus  simple,  l'élément  proprement  cristallin  est  formé  par  l'asso- 
ciation d'un  petit  nombre  de  molécules,  d'orientations  diverses, 
présentant  la  symétrie  mécanique  du  cristal  complet;  on  construit 
le  cristal  homogène  en  superposant  en  position  parallèle  un  grand 
nombre  de  ces  éléments  aux  nœuds  d'un  réseau.  Mettant  un 
nœud  d'un  réseau  identique  au  réseau  général  au  centre  d'une 
molécule,  on  trouve  en  tous  ses  nœuds  des  molécules  correspon- 
dantes, ]iarallèles  à  la  première.  Il  y  a  ainsi  autant  de  réseaux 
s'entre-j)énélrant  qu'il  y  a  de  molécules  distinctes  dans  l'élément 
cristallin.  On  passe  d'un  de  ces  réseaux  à  l'autre  par  une  translation, 
mais  ces  translations  ne  sont  pas  rigoureusement  multiples  les  unes 
des  autres,  ou  sous-multiples  de  la  translation  générale,  les  distances 
d'équilibre  étant  vraisemblablement  modifiées  par  la  diversité  des 
orientations  à  l'intérieur  de  Vêlement  cristallin. 

Deux  formes  cristallines  d'une  même  substance  se  distingue- 
ront jiar  réléiuent  cristallin  de  chacune  d'elles.  Dans  Tune,  cet 
élément  inuiira  se  réduire  à  une  iiKilécnli-.  tandis  que,  dans  l'autre, 
il  est  constitué  par  a,  3,   ...,  S  molécules,  ou  même  davantage. 

(')   Voir  note  A. 


i\  MKicriiu:  i>i;s  ciiisivi  \  i;i  i. 'amsiithoi'ik  dks  siolkci  i.i  s.  is.) 
Nous  verrons  |)lus  loin  (n°  ',))  ([ue,  pour  diviser  le  réseau  en  élé- 
ments crislalliiis  ayant  la  niènic  symétrie  que  le  réseau,  on  peut 
être  obligé  de  considérer  une  molécule,  orientée  elle-même  symé- 
triquement, comme  ;i|)ii;nleiuuil  |):ir  moitié  à  ileux  éléments 
cristallins  continus.  11  y  a  alors  nue  molécule  symétrique  de  celle-ci 
jouant  un  rôle  analogue.  Cette  division  en  deux  se  présente  pour 
les  molécules  placées  sur  un  axe  de  symétrie.  Pour  les  quatre  molé- 
cules symétriques  situées  dans  un  pian  de  symétrie  du  réseau,  on 
peut  être  conduit  à  les  attribuer  par  quarts  à  quatre  éléments 
parallélépipèdes  rectangles,  contigus  par  une  arête.  Enfin,  on  peut 
être  conduit  à  attribuer  par  huitièmes  chacune  des  8  molécules 
symétriques  à  8  élémenls  contigus  par  un  sommet. 

On  peut  probablement  éviter  ces  subdivisions  artificielles  en 
attribuant  à  l'élément  une  forme  convenable,  autre  que  le  paral- 
lélépipède, mais  toujours  douée  de  la  symétrie  du  réseau. 

L'élément  cristallin  paraîtra  constitué  d'une  manière  d'autant 
plus  simple  que  la  propriété  à  l'aide  de  laquelle  on  cherche  à  le 
déterminer  est  moins  directement  liée  à  la  diversité  des  atomes. 
A  ce  point  de  vue,  les  figures  de  corrosion  obtenues  par  attacpie 
chimique  et  non  par  simple  dissolution  révèlent  certainement 
plus  de  dissymétries  qu'il  n'en  intervient  dans  l'équilibre  méca- 
nique du  réseau  (').  En  outre,  les  molécules  peuvent  sembler 
parallèles  pour  une_  propriété  et  non  pour  une  autre,  si  dans 
la  molécule  même  ces  deux  propriétés  ont  des  orientations  diverses. 

3.  Il  semble  donc  qu'il  faudrait  d'abord  étudier  les  propriétés 
mécaniques  et  chercher  quels  sont  les  éléments  cristallins  les 
plus  simples  qui  puissent  sullire  à  l'explication  des  propriétés 
mécaniques  du  cristal,  puis,  abordant  les  propriétés  plus  par- 
ticulièrement atomiques,  rechercher  si  deux  éléments  méca- 
niquement équivalents  sont  néanmoins  dill'érents;  soit  que  cette 
différence,  n'ayant  aucune  influence  mécanique,  se  distribue  au 
hasard  dans  les  différents  éléments,  avec  compensation,  ou  iso- 
tropie,  ou  coordination  de  révolution,  suivant  son  orientation 
dans  la  molécule,  soit  que,  la  cristallisation  ayant  eu  lieu  dans 

(')    Voir  note  A. 


igo  LA    STRlCïtmF.    DE    LA    SLVTIKRE. 

un  champ  actif  sur  cette  propriété,  il  y  ait  une  certaine  régularité 
d'orientation. 

Malheureusement,  les  jjropriétés  mécaniques  se  prêtent  trèx 
mal  à  cette  étude,  et  il  est  jusqu'à  présent  impossible  de  remonter 
avec  quelque  vraisemblance  des  propriétés  élastiques  du  milieu, 
même  déterminées  aussi  complètement  que  l'a  fait  M.  Voigt,  aux 
propriétés  mécaniques  de  l'élément  cristallin,  et  de  la  molécule. 
Cela  tient  à  ce  que  les  propriétés  élastiques  résultent  d'actions 
mutuelles  dont  nous  ignorons  la  loi  élémentaire,  et  qui  s'étendent 
au  moins  à  quatre  ou  cinq  distances  moléculaires  (^)  ;  une  molé- 
cule subit  l'action  de  3oo  à  5oo  molécules  qui  l'entourent,  ce  qui 
rend  impossible  une  étude  de  la  structure  fine  de  l'édifice. 

Pour  faire  une  tentative  qui  ne  soit  pas  trop  indéterminée,  il  faut 
s'adresser  à  des  propriétés  qui  mettent  en  jeu  principalement 
l'action  d'un  champ  extérieur  sur  les  molécules  prises  individuel- 
lement, et  les  réactions,  suivant  une  loi  connue,  des  molécules 
les  unes  sur  les  autres.  C'est  ce  qui  arrive  pour  les  propriétés 
diélectriques,  magnétiques  ou  optiques.  Le  champ  moyen  est  un 
champ  uniforme,  ou  lentement  variable  dans  l'espace,  auquel 
la  présence  des  molécules  ajoute  une  modification  périodique 
proportionnelle  au  champ  lui-uirine,  et  de  même  maille  que  \i- 
réseau.  C'est  par  l'interniédlairc  de  cette  réaction  des  molécules 
îiur  le  champ  que  les  molécules  agissent  les  unes  sur  les  autres. 
On  admet  que,  même  dans  des  domaines  très  inférieurs  à  la  maille, 
les  équations  élémentaires  du  champ  électromagnétique  sont  les 
mêmes  que  dans  des  domaines  finis,  ou,  sous  forme  moins  précise. 
<[ue  les  lois  de  Coulomb,  d'Ampère,  de  Faraday  subsistent  sans 
modification  à  cette  très  |)elite  échelle  (-).  .Sous  cette  condition. 


(')  nitiLLOviN,  l^ennions  sniJfilicieltfs  et  jornies  aislallines.  Donuiine  d'acUoii 
iiiolécidaire  (Ann.  de  Cliiin.  et  de  Phi/s.,  t.  VI,  iSy»,  p.  i'iO]. 

(^)  Cette  hypothèse,  universellement  admise,  uon  seulement  à  l'écliellr 
moléculaire,  mais  même  à  l'échelle  éleelj'onique,  me  paraît  incompatible, 
«léjà  n  l'échelle  moléculaire,  avec  les  r('s\ill:i1s  des  expériences  de  Maurain  sur 
I  aimaiilaiiou  de  eouehes  minces  de  Ici'  dé]>iisées,  en  l'absence  de  toiil  champ 
iiia<méti(iue,  s\ir  la  zone  neutre  d'un  aimant  très  long,  et  aussi  avec  l'existi'nci- 
iiii'-mc  des  aiinanls  pcrmanenls  [liitii.i.oi  in,  Aiinanlatioii  aucotitorl  il  slrndiirr 
riisfdlliiic  [.Inn.  de  Cliini,  el  de  /Vii/s.,  1.  111,  u,)oi,  p.  'io"))]. 

Mais  ce  n'est  pas  ici  le  lieu  d  enlrrpriiidre  cette  discussion. 


\.\    STRfCTIRE    IIKS   OIIISTAIX    KT    I.   VMSOTROI'IE   DES   MOLÉCLLBS.  Ic)I 

il    résiilti-,    ooiiiiiic    1111    sait,    des    travaux    de    Poisson,    Mossotti, 
Clausius  {^)  <]tif 


sont  des  combinaisons  de  la  densité  d,  soit  avec  le  pouvoir  iuduc- 
tetir  spécifiiiue  K,  soit  avec  la  perniéabilité  magnéti(iuc  a,  dont 
la  valeur  se  conserve  quel  que  soit  réiat  du  corps.  Dans  Fhypo- 
thèse  électronitiue,  11. -A.  Lorcntz  a  iiioiilré,  par  iine  discussion 
beaucoup  j)lus  a]>profondie  (-),  que  la  quantité  <]iii  se  conserve 
est  bien 

K  —  1  2 

KT^  d 

dans  un  corps  cristallisé  suivant  un  réseau  cubique,  les  molécules 
identicpies  et  identiquement  orientées  occupant  les  nœuds  du 
réseau;  il  a  donné  aussi  de  bonnes  raisons  d'admettre  qu'il  en  est 
de  même  pour  un  corps  isotrope.  Mais,  pour  un  corps  anisoiropc. 
Lorenlz  a  toujours  insisté  sur  le  caiailcrc  uppi'oxiuial  11'  de  cette 
relation;  la  relation  complète  est 

(l)  r =ronsl.  =  — -e2  V- f^; 

N^  =  nombre  d'Avogadro, 

Mjj  =  masse  moléculaire  (molécule-gramme)  chimique  du  corps, 

V  =  vitesse  de  la  lumière, 

e   =  charge  électrique  d'un  électron  (unités  électromagnétiques), 

s   =  terme  correctif  de  Lorentz, 

dans  chaque  direction  principale  i,  -).,  3  d'un  corps'dont  la  maille 
est  vin  parallélépqtède  rectangle,  en  supposant  que  les  nœuds  sont 
occupés  par  des  molécules  parallèles,  n'ayant  qu'un  électron 
mobile:  la  molécide  a  les  mêmes  plans  de  symétrie  électrique  que 


(')  Clacsics,  Mémoires  relatifs  à  la  théorie  mécanique  de  la  chaleur,  tra- 
duits pas  Folie;  addition  de  iSdG  an  .Mémoire  X,  p.  i))  et  loî  de  la  traduction 
(l"  édition|. 

(')  If.-A.  LoRE.NTZ,  La  théorie  êleclromagitélique  de  Majc^vetl  et  son  application, 
aux  corps  mouvants,  i8ij?,  p.  108-111  ot  i3i-i35. 


if|>.  i.A  siTiuininR  Di;  i.A  mvtikre. 

le  réseau  pour  les  composantes  /,,  /:.,  /:,  de  la  force  quasi  élastique 
qu'elle  exerce  sur  l'électron. 

Nuls  séparément  pour  le  réseau  cubique,  les  termes  correctifs 
T,,  3-.J,  •7:,  sont  probablement  petits  (mais  peut-être  pas  très  petits) 
séparément.  On  montre  facilement  que,  en  admettant  la  loi  de 
Coulomb  aux  distances  moléculaires,  ce  sont  des  nombres  purs, 
caractérisant  la  forme  de  la  maille,  mais  indépendants  de  ses  dimen- 
sions absolues  (^). 

Pour  une  constitution  plus  compliquée  du  milieu,  la  formule 
correcte  se  complicjue  aussi  et  contient  des  coelFicienls  qui  dé- 
pendent non  seulement  de  la  molécule,  comme  /,,  /':.,  /:,,  et  de  la 
forme  du  réesau,  comme  a-,,  i.,.  T;,,  mais  aussi  de  la  constitution 
de  l'élément  cristallin  en  molécules;  elle  devient  donc  inutilisable 
en  toute  rigueur,  mais  la  comparaison  entre  la  formule  simple 
et  l'expérience  est  déjà  assez  bonne  pour  cju'on  puisse  raison- 
nablement l'employer  dans  une  première  exploration. 

Il  résulte  des  travaux  de  H. -A.  Lorentz  que  les  mêmes  consi- 
dérations s'applicjuent  en  optique,  en  remplaçant  le  pouvoir 
inducteur  spécifique  par  le  carré  de  l'indice  de  réfraction  et  com- 
parant les  expressions  (i)  relatives  à  une  même  couleur,  pour 
laquelle   le   corps  est  transparent. 

On  trouvera,  dans  le  livre  de  M.  Chéneveau  sur  Les  propriétés 
optiques  des  solutions  (Gauthier- Villars,  iQiS),  d'innombrables 
comparaisons  relatives  aux  liquides  purs  ou  mélangés,  montrant 
le  degré  de  concordance  très  satisfaisant  de  la  formule  simple 
avec  l'observation,  malgré  des  écarts  observables  et  certains,  sen- 
sibles surtout  en  passant  de  l'état  licpiide  à  l'état  solide  (*). 

La  concordance  tout  à  fait  satisfaisante  des  formules  relatives 
à  la  théorie  générale  de  la  dispersion  et  de  l'absorption  de  la  lu- 
mière, fondées  sur  les  mêmes  considérations,  avec  les  indices 
observés,  est  bien  visible  ilans  les  nombreux  tableaux  du  petit 
livre  de  M.  A.  (îoldliamnier  :  Dispersion  und  Absorption  des 
Lichles  (Teubner,  lyij).  Bien  entendu,  les  coellicients  de  la  réac- 
tion quasi  élastique  et  cpuisi  visqueuse  sont  traités  dans  cette 
comparaison   comme   des   constantes   arbitraires,   (pi "auciuic   coii- 

(')    loir  note  H. 
(')  \'uir  note  C 


I.V   STBlCTtnE    DES   CKISTAUX    ET    I.'.VMSOTllOPIE    DES   MOLÉCILES.  Igî 

siilération  théoriijiiL'  no  prriin'l  ailiK'Uciui'nt  de  tlôliiiii-  a  iiriori : 
ou  K's  choisit  ili"  manière  à  obU'iiir  k-  ini'illt'ur  accord  avec  l'cxpé- 
liencc,  lanl  pour  la  dispersion  que  pour  rahsorption. 

■i.  Dans  les  théories  relatives  aux  liquides  ou  aux  solides  iso- 
tropes, ces  réactions  quasi  élastiques  et  quasi  visqueuses  sont 
traitées  comme  isotropes.  Il  n'est  pas  permis  de  conclure  du 
succès  des  formules  théori(|ues  que  ces  réactions  soient  indivi- 
duellement isotropes;  l'isotropie  expérimentale  peut  résulter 
uniquement  de  la  distribution  apparente  isotrope  de  molécules 
individuellement  anisotropes.  C'est  ce  que  montre  très  bien  la 
double  réfraction  électrique  de  Kerr,  et  l'accord  de  la  théorie 
développée  à  ce  point  de  vue  par  M.  Langevin  [^)  avec  les  expé- 
riences de  MM.  Cotton  et  Mouton. 

Je  crois  utile  de  rappeler  ici  les  arguments,  déjà  bien  vieux, 
favorables  à  l'anisotropie  optique  de  la  molécule  elle-même.  La 
([uestion  importante  est  celle-ci  :  dans  quelle  mesure  les  propriétés 
électriques,  optiques  ou  magnétiques  d'un  corps  dépendent-elles 
de  la  structure  discontinue  du  corps  et  des  propriétés  individuelles 
de  la  molécule  ? 

Pour  la  dispersion  de  la  lumière,  l'influence  de  la  structure 
est  tout  à  fait  secondaire;  c'est  ce  qu'a  montre  péremptoire- 
ment lord  Kelvin  en  iS83  dans  une  conférence  à  l'Institution 
Royale  (^).  La  théorie  proposée  par  Cauchy,  mise  sous  la  forme 
qui  donnerait  à  la  structure  le  maximum  possible  d'influence  ('), 
exigerait  qu'il  n'y  eût  pas  plus  de  6  à  8  molécules  réfringentes 
par  longueur  d'onde  dans  les  verres  ou  le  sulfure  de  carbone  (au 
lieu  de  45o  à  5oo  en  réalité)  pour  fournir  la  dispersion  de  ces  corps 
transparents.  Nous  savons  en  outre  que  la  structure  est  incapable 
d'c.\pli((uer  rabsor[)tion,  la  dispersion  anuii'.ale,  etc. 

Cela  étant,  il  paraît  très  douteux  non  seulement  que  la  struc- 
ture doive  sullire  à   explirpier  la  tloublc  réfraction,   mais  même 

(')  Langevin,  Sur  les  birélringences  électrique  et  magnétique  (Le  lîudiuiii, 
t.  VII,  M.iro,  ]).  vj!)). 

(*)  The  nize  of  aloms.  l'opiilar  lecture^  and  udilresses  (London,  Macmillaii], 
j).  14",  voir  p.  185  et  193.  (Traduction  fra;içaisc,  Paris,  Gauthior-Villars.) 

(')  Badkn  PowEti-,  Viciv  of  llie  L'ndulalonj  Ttieonj  as  applied  lo  llie  Dis- 
persion of  Ligbt,  il*  5 1 . 

NSTITCT  SOLVAV  l'J 


194  L^  STHICTIRE  DE  L.\  MATIÈRE. 

qu'elle  y  doive  jouer  un  rôle  important.  Mallard,  dans  son  Traité 
de  Cristallographie  (t.  II,  1884,  p.  493  et  suiv. ),  en  a  donné  les 
raisons  qui  mont  toujours  paru  convaincantes.  Malgré  la  forme 
un  peu  vieillie  du  langage,  je  crois  intéressant  d'en  faire  ici  une 
citation  : 

«  Indépendance  entre  la  biréfringence  et  les  paramètres  cris- 
tallographiques.  —  La  loi  de  Gladstone,  dont  l'exactitude  approchée 
n'est  pas  douteuse,  démontre  clairement  qu'un  corps  réfringent 
est  formé  de  molécules  réfringentes  plongées  dans  un  milieu  non 
réfringent,  c'est-à-dire  dans  l'éther  lumineux  du  vule.  Il  est  clair 
que  la  même  conséquence  doit  s'appliquer  aux  milieux  biréfrin- 
gents et  que  ceux-ci  sont  formés  de  molécules  hnéfringentes 
plongées  dans  l'éther.  Chaque  molécule  doit  donc  être  considérée 
comme  im  petit  corps  biréfringent,  dont  les  propriétés  optiques 
sont  déterminées  «  par  un  certain  ellipsoïde  »  (semblable  à  celui 
du  cristal  quand  les  molécules  sont  parallèles).  ... 

»  Il  doit  nécessairement  en  résulter  ([u'il  ny  a  pas  de  relation 
directe  entre  la  double  réfraction  et  les  paramètres  crislallogra- 
phiques.  Or,  c'est  précisément  ce  que  les  faits  montrent  avec  la 
plus  entière  évidence,  ainsi  (]uc  nous  allons  le  faire  \o\v  par 
quelques  exemples. .  . . 

»  Parmi  les  sidjstanccs  cristallisant  dans  le  système  rhom- 
lùque,  il  en  est  un  très  grand  nombre  dont  la  maille  parallélé- 
pipédique  du  réseau  est  mi  jjrisme  droit  ayant  pour  base  un 
rhombe  de  iao°  ou  voisin  de  120°.  Le  réseau  possède  alors  rigou- 
reusement ou  à  peu  près  la  symétrie  sénairc.  S'il  y  avait  un  rap- 
])Ort  direct  entre  la  structure  du  réseau  et  la  forme  de  l'ellipsoïde 
optique,  celui-ci  devrait  être,  dans  toutes  ces  svd)staiu'es,  rigmi- 
reusenienl  ou  à  peu  près  de  révolution  autour  de  l'axe  sénaire 
du  réseau.  Or,  il  n'en  est  rien;  les  deux  axes  de  l'ellipsoïde  per- 
pendiculaires à  cet  axe  sénaire  sont  toujours  inégaux.  Dans  liien 
des  cas  même,  la  diiïérence  entre  ces  deux  axes  (h'  rdlipsoïde 
n'est  i)as  la  jibis  ])ctite  ])ossib]c,  c'est-à-dire  que  la  bissectrice 
aiguë  ne  cdïiiridc  pas  .•i\t'<'  l.ixc  séiiairc  <•  (bi  réseau  ».  Siii\i'nt  des 
cxemjiles  probants. 

»  Toutefois,  on  ne  jicul  ]>as  dire  ipie  l'indépendance  cuire  les 
paramètres    crislallograplii(iues   et    les    paramètres   optiques   soil 


l.V    STHri:TlBE    DES   CRISTAIX    ET    1.  AMSOrilOIMK    DES    MOI.ÉCl  LES.  H)') 

absolument  coinplèle,  car  les  uns  et  les  antres  sont  réj;is  ])ar  mie 
même  cause.  (|ui  esl   la  «  forme  et  la  naliiie  de  la   incili'cule....  « 

nelations  vnlrc  hi  biréfringi'nce  vl  la  coniposilion  tliiiiil<iii<' 
(p.^gS-^oi).  -»  ...  Il  y  a  donc  des  atomes  dont  raclioii  sur  la  biré- 
fringenee  est  presinK!  identi<|ue;  d'autres  atomes,  au  contraire, 
dont  l'action  sur  les  paramètres  crislallofjrapliiques  est  presque 
la  même,  exercent  des  actions  très  dilTércntes  sur  la  dciuhle  réfrac- 
tion. 1) 

t-etle  discussion  de  .Mallard  établit,  à  mon  avis,  que  la  biré- 
fringence est  principalement  liue  à  l'anisotropie  de  la  molécule; 
pour  les  calculs  numériques  sur  le  spath  et  l'aragonitc,  j'admettrai 
que  Vorienlation  de  la  molécule  par  rapport  au  réseau  a  seule  une 
influence,  mais  que  la  symétrie  du  réseau  et  la  grandeur  des  para- 
mètres cristalloorapliiques  nont  aucune  influence.  C'est  une  hypo- 
thèse certainement  excessive,  mais  qui  permet  de  l'aire  des  calculs 
bien  définis. 

o.  Lorsqu'il  existe  une  relation  linéaire  entre  deux  propriétés 
vectorielles  de  la  molécule,  on  effectue  facilement  le  changement 
d'orientation  des  axes  de  référence.  Désii.nions  par  i,  i,  3  les 
directions  principales  de  la  molécule,  qui  font  avec  les  axes  x, 
y,  z,  auxquels  est  rapporté  le  milieu,  des  angles  ayant  pour  cosinus 
ai,  |3i,Yii  *.;)  Pii-Yî-  '^i^'^:s,'{ti-  Rapportés  aux  axes  principaux,  les 
coefficients  sont  Ar, ,  A'j,  Atj  ;  rapportés  aux  axes  x,  y,  z,  ils  deviennent 

/'JTJ-  =  «1  ^1  -i-  2  J  /.  j  —  Ij  /.3, 


/•>>  =  ^VX  =   ï|  ?1  /'l  -!-  »i  h  /■  !  -+-  23  Sj  f'J 

avec  trois  relations  invariantes  entre  les  A>,,-,  •  •  •,  dont  une  seule 
nous  est  utile  : 

f-.cx  ■+-  f^ry  -t-  Z^;;  =  '•  I  ^  '' !  ■+-  /'3- 

Si  l'élément  cristallin  se  compose  de  n  molécules  diversement 
orientées,  on  aura  pour  une  ipielconque  d'entre  elles,  de  numéro  /), 

et  pour  le  moment  total  de  l'élément  cristallin 


igG  LA  srmcTiiiE  m;  ia  matii;re. 

en  appelant 

VP       r-P       \:P 

la  force  électrique  au  point  où  se  trouve  la  molécule  p. 

On  peut  regarder  cette  force  comme  se  composant  d'une  partie 
moyenne  commune  à  toutes  les  molécules  (qui  proA'ient  dun 
champ  extérieur  commun  et  du  moment  moyen  des  éléments 
complets)  et  d'une  partie  variable  avec  p  (qui  provient  de  l'excès 
du  moment  des  molécules  les  plus  voisines  sur  le  moment  moyen 
d'une  molécule).  Je  supposerai  que  cette  seconde  partie  est  assez 
petite  pour  qu'on  ait  encore  une  approximation  utilisable,  quoique 
grossière,  en  la  négligeant  ;  on  pourra  alors  écrire 

V  Mî = £^21  ^'-^  + 1^/2  ^'ô  +  K= 2  ^'"•-' 

p  p  r  p 

d'où,  pour  les  valeurs  moyennes, 

^,,=  lA-,y  (a';r+  lA-,y  i^'iy-^  1/,3V  (^py-^ 

P  r  r 

/^.r,  =  i/-.^  (-Î3';)  -t-  -i  /-^^  (a?p;'  )  -^  -^  A,V  (,';3'3'), 
/'  /'  /' 

et   en  particulier 

Cette  condition  est  nécessaire,  mais  non  suffisante,  pour  que  ht 
partie  périodique  de  la  force  électrique  soit  négligeable.  Je  la  prendrai 
comme  crilcriuiit  nécessaire  dans  chaque  cas  particulier. 

Les  Aj.r  ne  sont  pas  eux-mêmes  donnés  directeniont  par  l'obser- 
vation; ils  sont  rattachés  aux  cocdicicnts  K  observés  par  la  for- 
nude 


:i  ■'■•''         K:r(l-t-'x)-t-  ■<  —  «r 

si  les  axes  .r,  y,  z  soiil  les  axes  piincipaux  du  indu'u.  Les  t.,,  t,,  T; 
sont  des  nombres  (jui  dépcnih'iil  de  l'écart  cnlrc  le  réseau  réel 
fl  un  réseau  cubique.  Ces  nombres  peuvent  être  calculés  pniir 
un  réseau  à  trois  plans  de  symétrie  orthogonaux  dont  les  nœuds 
sont  occupés  par  des  molécules  isotropes,  cl  ils  ne  sont  pas  aussi 


lA    STmCTlIlE    KRS   CRISTAUX    KT    L  ANISUTROPIE  DES    MOtEOlLES.  l'.C 

petits  qu'on  pourrait  le  désirer  (*).  Mais  po\ir  des  molécules  ani- 
solropi's  non  parallèles,  dont  on  cherche  la  disposition  dans  l'élé- 
nuMil  cristallin,  ces  uoinlires  t  ne  peuvent  pas  être  calculés  à  l'aide 
des  seuls  paramètres  en  laissant  iiiidiiiiues  les  di\erscs  orienta- 
tions-moléculaires,  l'ne  seule  li\  potlicsc,  évidoninicnt  ^Tossière, 
permet  d'aller  plus  loin,  c'esl  celle  ([ui  les  traite  comme  négli- 
fîeables   : 

.rai)pliquerai  dcmc  à  cluupic  a.\e  séparément  la  formule  simple 
de  Lorentz 

ni,  îi:^7,,=  ^£:^. 

G.  Cela  posé,  on  cherchera  s'il  y  a  des  raisons  d'admettre, 
dans  l'une  des  formes  ci'islallines  de  la  substance  polymorphe, 
une  distribution  particulièrement  simple  des  orientations  molé- 
culaires. Pour  qu'il  ne  soit  pas  absurde  de  supposer  les  molécules 
toutes  parallèles  dans  Fun  des  cristaux,  il  faut  que  tes  valeurs 
extrêmes  de  Avr,  A-,-,,  A';-  appartiennent  à  ce  même  cristal;  car  tqut 
écart  du  parallélisme  donne  des  valeurs  principales  moyennes 
comprises  entre  les  extrêmes  des  molécules  parallèles.  Il  peut 
arriver  ainsi  que  l'hypothèse  du  parallélisme  et  par  conséquent 
de  l'élément  cristallin  monomoléculaire  ne  soit  admissible  pour 
aucune  des  formes  cristallines,  de  la  substance.  Mais  même  lors- 
qu'elle est  admissible  en  raison  du  jjhénomène  étudié,  il  peut 
arriver  ((ue  d'autres  phénomènes  conduisent  à  en  préférer  une 
.nitre. 

Quoi  tpril  en  soit,  dans  chaque  cas,  la  symétrie  de  la  forme 
cristalline  limite  le  champ  des  hypothèses  possibles,  en  appre- 
nant qu'à  chaque  molécide  d'orientation  déterminée  en  corres- 
]iondent  un  certain  nombre  d'autres  par  raison  de  symétrie.  On 
lonstruit  ainsi  facilement  l'élément  cristallin  le  moins  indéterminé 
«•ompatible  avec  la  symétrie.  On  peut,  s'il  est  nécessaire  à  d'autres 
éjjards,  doubler,  tripler,  .  .  .  l'indétermination  de  l'élément  cris- 
tallin. 

Ayant  adopté  une  constitution  déterminée  de  l'élément  d'un 
des    cristaux,    on    pourra    déduire,  des    orientations    moléculaires 

(')    Voir  itotr  15 


igS  LA    STRICTURK    DE    LA    MATIEKE. 

adoptées  et  des  coellicients  A- mesurés,  les  k,,  A^,  A'j  caractéristiques 
d'une  molécule  isolée.  Les  Aj».  AW)  ''.-r  mesurés  sur  le  deuxième 
cristal  fournissent  alors  trois  relations  entre  les  k  moléculaires 
et  les  quantités  qui  définissent  les  orientations  moyennes.  Si  la 
symétrie  rattache  toutes  les  orientations  nécessaires  à  celle  d'une 
seide  molécule,  il  y  a  seidement  trois  cjuantités  indépendantes  à 
calculer  pour  tout  définir,  et  les  trois  équations  obtenues  y  sulfisent. 
Mais  s'il  y  a  plus  d'une  molécule  d'orientation  arbitraire  dans  l'élé- 
ment cristallin  minimum,  ces  trois  relations  ne  suffisent  pas,  et  le 
phénomène  étudié  ne  donne  pas  complètement  la  constitution  du 
deuxième  cristal  (jui  résulte  de  la  constitution  admise  pour  le  pre- 
mier. 

7.  Application.  —  La  seule  substance  pour  laquelle  j'ai  trouvé 
des  données  suffisantes  est  le  carbonate  de  chaux,  à  létat  de  spalli 
rhomboédriquc,  et  iVaragonite  orthorbombique. 

Magnétisme.  —  La  susceptibilité  magnétique  a  été  étudiée  au 
laboratoire  de  M.  Voigt  et  a  été  rapportée  au  gramme  (et  par 
conséquent  au  même  nombre  de  molécules)  : 

x.  y.  z. 

Spaiii — 3.04.10   •         — 3.64.10   •         — 4,06.10' 

.\i'agoim  ..     — i. 1)2. 10"         — 'i..''7.  K)-'         — 4,14-'f-" 

Ces  valeurs  sont  tellement  ]ietites  que  la  réaction  magiiéliq\;e 
des  molécules  les  mies  sur  les  autres  est  tout  à  fait  négligeable 
Il  semble  donc  (pic  les  fniiiiiilcs  iH)  tievraient  s'appliquer  rigou- 
reusement. Mallieureusement,  (pielle  «ju'en  soit  la  cause  (traces 
de  fer  clans  le  spath  par  exemple),  toutes  les  valeurs  relatives  au 
spath  sont  inférieures  séparément  à  celles  de  l'aragonite,  et  la  diffé- 
rence du  total  1^  -  1 1  ,.)4  .  io~"  jiour  le  spath  et  — i2,a3. 10  '  pour 
l'aragonite)  est  trop  grande  pouf  i|ii"(iii  puisse  essayer  de  remonter 
aux  propriétés  de  la  molécule. 

L'écart  eiilre  les  A  exliéitics  nu  peu  jilns  grand  (n,;')),)  pour 
l'aragonite  i[ue  ])our  le  spath  (o,|'.)  conduirait  à  sujiposer  (]iie  les 
axes  magnétiques  des  molécules  sont  plus  voisins  du  parallélisme 
dans  l'aragonite  ([iie  ilans  le  spath,  mais  le  critérium  (I)  étant  en 
défaut,  on  ne  peut  guère  se  fier  à  celte  indication. 


I.A    STnilTI  KK    KKS   CllISTAl  X    KT    l.'ANIi'OTHOIME    DES   MOLKCll.ES.  U.t^» 

Electricilè.  —  Le  |)ouvc)ir  iiiiluclciir  spéciri([ue  d'un  grand 
nombre  de  orisluiix  a  été  étudié  par  M.  Schniidt  pour  des  oscil- 
lations hertziennes  de  75'"'  de  longueur  d'onde  (^).  Les  meilleures 
mesures  oui  liuiiiié  pour  un  éclunihllnu  de  spalh  cl  pour  deux 
éclianlillous  d'arai,'ouite   les  résultats   suixauls   : 

K,.  K^.  K,. 

Spath S.io  8,ïo  S.oo 

Aragonile  (de  Hongrie) 9.80  7.CS  C.")'> 

Indices  (le  réfraction i.CiSoS         i,(')8V'i  i  .  VigS 

\  Aragonitc  («le  Westplialie)  .  .     t|.So  7i7o  <i,')5 

(  Indices  lie  réfraction i,lJ8o4  i  ,(58V2         i ,  ")3o2 

Les  ituliees  de  réfraction  mesurés  sur  les  échantillons  eux- 
mêmes  (raie  D)  donnent  un  exemple  typique  du  désaccord  entre, 
les  propriétés  optiques  et  les  propriétés  électriques. 

Ce  ne  sont  évidemment  pas  les  mêmes  électrons  qui  inter- 
viennent, il  faul  (|u'il  y  ait  dans  la  molécule  un  électron  (ou 
plus  exactement  uu  uukIc  de  dél'ornialion  du  système)  particu- 
lièrement mobile. 

De  ces  valeurs  de  K,  ou  tire  pour 

K— I    i_ 
les  valeurs  suivantes  : 

d.  \\ex.  y.  z.  Total. 

Spaili 'Jf.Jî        o,9.6a5         o/JiGîj        o,-257î         0,7825 

Aragonitc '.".O-^         o.-ïd^j         o,-236  o,2>.iî         0,7120 

Le  crilériuni  (I)  n'est  pas  satisfait.  L'écart  relatif  j^  ne  semble 
pas  attribuable  à  des  erreiu-s  de  mesure.  Il  est  plus  probable  que 
l'écart  est  dû  à  l'influence,  non  néglicjcable,  du  réseau.  Malgré 
cette  circonstance  ([ui  cm])êche  de  poursuivre  les  calculs  numé- 
riques, on  peut  faire  quekjues  remarques  curieuses.  Les  valeurs 
relatives  au  spalh  sont  i)res([ue  égales  (différence  relative  -^^  seu- 
lement) el  supérieures  à  la  plus  grande  de  l'aragonite.  L'écart 
relatif  dans  l'aragonite  est  considérable  (77;;);  il  semble  donc 
certain   que,   pour  la   déformation   électrostatique,   les   molécules 

(')  .'1(1(1.  d.  Pliijs..  t.  IX,  1902,  |>.  919. 


I.A    STRICTI'RE    DE    LA    MVTIERE. 


de  l'aragonite  sont  plus  près  du  parallélisme  que  celles  du  spath; 
les  valeurs  relatives  au  spath  devraient  alors  être  un  peu  inférieures 
à  la  moyenne  0,24  de  l'aragonite,  au  lieu  d'être  supérieures  à  la  plus 
grande  valeur. 

Uincertilude  relative  à  Vinfluence  du  réseau  rend  impossible 
de  tirer  des  mesures  électrostatiques  aucune  conclusion  ferme,  autre 
que  leur  discordance  manifeste  avec  les  résultats  des  mesures 
optiques. 

8.  Propriétés  optiques.  —  Les  propriétés  optiques  sont  très 
bien  connues.  Je  citerai  seulement  ici  les  nombres  relatifs  à  la 
raie  D  : 

71,..  n,..  «..  d. 

Spath 1,6585  i,65S5  i,4863  2,72. 

Aragonite 1,6859  i,G8i6  i,53oi  2,93 

Les  densités  ne  sont  pas  connues  avec  une  précision  aussi 
grande  que  les  indices.  On  en  déduit  pour  la  combinaison  (I), 
en  prenant  pour  k,,  k,,  k^  les  grandeurs 

«7. —  I    I 


«1-  ^  -2    (/ 
''r-  "'.'  ^=-  -(V). 

Spalli o,i35)  o.i355  o.ogar)  o,3G3(i 

Aiagonite o.riijSî  o.r>ij2!  OjioVîi  o,3Cî) 

L'accord  des  sommes  est  suiïlsanl  pour  permettre  de  pour- 
suivre. 

Les  valeurs  extrêmes  V|,  v,  relatives  à  des  molécules  parallèles 
sont  nécessairement  extérieures  ou  identiques  aux  valeurs  extrêmes 
■du  Tableau  précédent.  Ces  valeurs  extrêmes  0,1 335  et  0,099.9 
appartenant  toutes  deux  au  même  état,  spath,  il  est  permis  de 
supposer  que  dans  le  spath  il  y  a.  parallélisme  optique  des  moUculcs ; 
cette  hypothèse,  étant  la  seule  déterminée,  sera  seule  examinée; 
elle  conduit  à  adniellre  (|\ie  la  molécule  de  carbonate  de  chaux 
est  oi)liquciii('nl  de  révolulion.  Au  contraire,  yiiuir  l'aragonite, 
les  valeurs  extrêmes  sont  comprises  entre  les  extrêmes  du  s]iath; 
il  nesl  pas  permis  de  stipposer  que  les  molécules  soient  optiquement 
parallèles  dans  faragonite.  Le  classement  de  ces  valeurs  est  assez 
net  et  le  critérium  de  non-influence  du  réseau  est  assez  exactement 


1.*    STRlCTinE    DES   CBISTAIX    ET    I.'aNISOTROPIE    DES    MOI.ÉCILES.  ÎOI 

satisfait,  pour  que  cette  double  conclusion  soit  très  probable 
Voyons-en  les  conséquences. 

L'aragonilc  a  incontestablement  la  symétrie  orthorhombique 
pour  les  propritéés  optiques,  car  le  plan  des  axes  et  la  bissectrice 
aifinë  sont  les  mêmes  pour  toutes  les  longueurs  d'oudc  ('). 

l>n  peut  construire  un  élément  cristallin  ortliorbornbiquc  à 
l'aide  de  plusieurs  molécules  de  révolution  de  bien  des  manières. 

Par  exemple,  il  suffit  d'associer  8  molécules  symétriquement 
placées  dans  les  8  octants,  l'axe  de  révolution  ayant  pour  cosinus 
directeurs  ±  a.",  rh  (5",  ±  y",  doimés  par  les  équations 

0,12985  =o,i355(i—  a"=  I  +  0,01)^9  z"', 
o,  lagai  =  o,  i355(i  —  p'*)  -s-  0.0929  â"^, 
o,  io544  =  o,  1  îSKi  —  Y  ^)  "•"  ")07'9ï"'» 

L'axe  de  révolution  de  la  m'olécule  fait  avec  les  axes  cristal- 
lograpliiques  de  l'aragonite  les  angles 

68-33',     f)7°35'.     Sa"!»'. 

Celte  orientation  n'a  pas  de  relation  simple  avec  les  paramètres 
cristallograpliiques  de  l'aragonite;  mais  cela  n'a  aucune  impor- 
tance. Le  cristal  ainsi  constitué  est  optiquement  identique  à  l'ara- 
gonite pour  la  raie  D. 

L'élément  cristallin  contient  S  molécules;  leur  ensemble  est 
disposé  symétriquement  dans  la  maille  orthorhombique  qui  les 
contient;  on  peut  diviser  celle-ci  par  ses  plans  de  symétrie  en 
S  mailles  moléculaires,  mais  les  molécules  n'occupent  pas  néces- 
sairement le  centre  de  celles-ci;  les  molécules  non  parallèles  ne 
forment  pas  nécessairement  une  rangée  rigoureuse,  mais  seule- 
ment approximative. 

La  manière  la  plus  simple  de  construire  le  cristal  avec  cet  élé- 
ment est  de  mettre  le  centre  d'un  élément  en  chaque  nœud  d'un 
réseau  parallélépipédique  rectangle;  les  plans  des  joints  entre  les 
éléments  contigus  s'étendent  sans  interruption  à  travers  tout 
le  cristal. 

On  peut  aussi  associer  autrement  ces  éléments  (comme  les 
assises  de  briques  d'un  mur)  ;  car  les  propriétés  optiques  ne  seraient 

(')   Voir  note  A. 


loi  LA    STRUCTURE    DE    LA    MATIERE. 

pas  changées  si  l'on  supposait  que  les  éléments  chevauchent  d'une 
demi-longueur  délément,  dans  une  ou  plusieurs  des  trois  direc- 
tions principales. 

9.  L'élément  dont  la  constitution*  vient  d'être  déterminée 
est  le  plus  simple  du  système  orthorhombique.  Il  correspond  au 
mode  hcxaédral  rectangle  (dénomination  du  Traité  de  Cristallo- 
graphie de  Mallard).  Trois  autres  modes  sont  possibles  dans  ce 
système. 

Mode  octaédraJ  rectangle.  —  Dans  le  réseau  parallélépipé- 
dique  rectangle,  aux  sommets  duquel  on  met  8  molécules  obliques 
symétriques,  —  comme  dans  le  mode  hexaédral  reqtangle,  —  on 
ajoute  au  centre  de  chacpie  parallélépipède  une  molécule.  Il  y  a 
trois  variétés  d'orientation  de  la  molécule  centrale  de  révolution 
conformes  à  la  symétrie,  suivant  que  son  axe  de  révolution  est 
parallèle  à  l'axe  des  x,  des  y  ou  des  z. 

Si  toutes  les  molécules  centrales  ont  même  direction,  les  indices 
déterminent  encore  complètement  l'obliquité  commune  ±  a.'  , 
±  Çt",  ±  y",  des  8  molécules  obliques.  Supposons  par  exemple 
que  la  molécule  centrale  ait  son  axe  parallèle  à  l'axe  des  :,  les 
équations  qui  déterminent  l'obliquité  des  huit  autres  sont  : 

o,  i(9S)  =  -  [o,  1  jj5(i  —  a"-)  -t-  0,0919  x"--~  o,  riiS], 
(j,io.Ç) Il  =  -  [o.  i3i5f  1  —  ?"-)-*-  0.0929  J3"'-(-  o,  rir>], 
o.iiô  i:i  =  -[i>.i3')5ii — Y ')  +  "-'"J".)  ï"'~^ ''?0929l, 

car  il  y  a  autant  de  molécules  centrées  que  de  molécules  obliques. 

On  écrirait  de  même  les  équations  relatives  au  cas  où  les  molé- 
cules centrées  ont    leur  axe  parallèle  à  Taxe  O.r  ou  à   l'axe   Oy. 

I.;i  symétrie  n  c.vige  nullement  tpie  les  niolécides  centrées  soient 
luulcs  |iar:ilièl(-s:  on  pourrait  les  diviser  en  deux  on  trois  groupes, 
parallèles  iliaiiin  à   I  1111  des  axes  de  syinclric. 

I  .(irsquc  tous  les  parallélépipèdes  sont  centrés,  on  ne  peut  pas 
eu  ilélaclier  uu  élément  cristallin  avant  même  symétrie  formé 
lie  luoléeules  eiunplèles;  on  est  conduit  à  re^^arder  les  molécules 
dnni    l'axe   (le    icmiIuImiii    est    paialléle    à    mu    des   axes   du    réseau 


la    STRICT!  Ht    IlES   CRISTAUX    KT    I.'aNI^^OTHOI'IE    Ii|:S    MOI.KCULES.  fui 

comme  api)iirlcn:iiit  iioiir  -  (sur  les  6  faces),  ou  pour  -  (sur  les 
la  arêtes),  ou  |iour  -  (sur  les  S  sonimels)  aux  éléments  cris- 
tallins conti<îus.  Aux  «S  molécules  obliques  symétriques  s'en  rat- 
tachent ainsi 1 — 7  +  t'   en   plus  de  la   moléeule  centrale,  soii 

2  i)  b 

8  en  tout.  L'élément  cristallin  comprend  ainsi  16  molécules. 

On  pourrait,  sans  im-onvénienl  pour  la  symétrie,  conservant 
toujours  la  molécule  centrale  de  notre  élément  ciislallin,  sup- 
primer, soit  toutes  les  molécules  comprises  entre  les  faces,  soit 
les  molécules  com]irises  entre  les  arêtes,  soit  les  molécules  cor- 
respondant aux  sommets,  soit  deux  de  ces  séries,  soit  les  trois. 

Ce  sont  encore  d'autres  distributions  de  molécules  dans  les- 
quelles les  obliquités  des  8  principales  sont  complètement  définies. 

Mode  hexaédral  rhoinbique.  —  Conservant  toujours  nos  8  molé- 
cules principales  syniélri(|uement  inclinées,  nous  pouvons,  au 
centre  des  faces  parallèles  à  vm  des  plans  de  symétrie,  placer 
I  molécule  dont  l'axe  soit  parallèle  à  un  des  axes  de  symétrie; 
cela  fait  9  variétés. 

Mode  oclaédral  rhnmbique.  —  Enfin,  nous  ])ouvons  centrer  les 
trois  faces  dans  les,  mêmes  conditions,  ce  (pii  donne  lieu  à  27  va- 
riétés. 

Dans  toutes  ces  variétés,  l'obliquité  commune  aux  S  molécules 
obliques  est  complètement  tiéterminée  ])ar  des  éf[uations  aiia- 
locrucs  à  celles  déjà  écrites. 

On  peut  encore,  dans  le  mode  hexaédral  rhoinbique  (prisme 
droit  à  base  rhombe),  se  contenter  de  8  molécules,  situées  aux 
8  sommets,  et  dont  l'axe  de  révolution  est  dans  le  plan  de  symétrie 
(hauteur  et  diaf;onale  du  rhombe).  Si,  par  exemple,  on  prend  le 
plan  xy  pour  plan  du  rhombe,  on  trouve  facilement  que  les  molé- 
cules, dont  l'axe  de  révolution  est  dans  le  plan  rz,  font  avec  l'axe 
des  z  un  angle  de  ±:  3i°o';  et  celles  dont  l'axe  de  révolution  est 
dans  le  plan  yz,  un  angle  de  32°  Sa'. 

On  pourrait  d'ailleurs  supposer  que  le  plan  du  rhombe  est  le 
plan  zx,  ou  le  jilan  zy.  ce  f[ui  donnerait  deux  nouveaux  groupements 
analogues  des  8  molécules,  mais  avec  des  orientations  différentes. 

Il    semble    inutile    d'insister    davantage.    Les   données    optiques 


204  LA  STRICTURE  DE  I.A  MATIERE. 

laissent,  comme  on  voit,  une  très  grande  latitude  pour  le  choix 
des  orientations  moléculaires,  même  en  se  bornant  aux  disposi- 
tions les  plus  simples. 

Elles  n'apprennent  absolument  rien  relativement  aux  distances 
moléculaires,  c'est-à-dire  aux  paramètres  cristallins,  du  moins 
au  degré  d'approximation,  qui  m'a  paru  seul  praticable,  où  l'on 
néglige  les  nombres  a  dans  la  formule  de  Lorentz  (^). 

Bien  entendu,  elles  n'apjirennent  rien  non  plus  sur  l'excen- 
tricité de  chaque  molécule  (-)  dans  sa  maille  moléculaire,  qui 
fractionne  en  mailles  géométriquement  égales  la  maille  de  l'élé- 
ment cristallin. 

10.  Avant  d'aller  plus  loin,  une  remarque  est  nécessaire  sur 
le  nombre  de  molécules  qui  peuvent  constituer  un  élément  cris- 
t  allin  orthorhombique,  de  la  forme  la  plus  simple,  en  occupant 
les  sommets  d'un  réseau  de  parallélépipèdes  rectangles  (mode 
liexaédral  rectangle).  Soient  a,  h,  c  les  côtés  de  la  maille  molé- 
culaire, et  /),  a,  p.,  b,  p:fC  les  côtés  de  l'élément  cristallin. 

1°  Si  Pi,  p-2,  p:\  sont  des  nombres  pairs,  les  molécules  se  classent 
par  groupes  de  8,  symétriquement  orientées,  une  tlans  chaque 
octant. 

2°  Si  l'un  des  nombres  p  est  impair,  il  y  a  un  plan  médian  dans 
lequel  les  molécules  se  classent  en  groupes  de  (  symétriquement 
orientées  dans  chaque  cadran.  Ces  molécules  une  fois  exclues, 
toutes  les  autres  se  divisent  en  groupes  dé  8  symétriques. 

3°  Si  deux  des  nombres  sont  impairs,  il  y  a  deux  tels  plans,  et 
leur  partie  comnuuie  est  une  rangée,  le  long  de  laquelle  les  molé- 
cules se  divisent  en  groupes  de  .î  symétriquement  orientées. 

4°  Enfin,  si  les  trois  nombres  p  sont  impairs,  il  y  a  trois  plans 
semblables,  trois  rangées  d'intersection  semblables,  et  un  nœud 
central,  où  se  trouve  une  molécule  qui  doil  a\(>ir  l(>s  liois  mêmes 
]>lans  de  symétrie  que  le  réseau. 

11.  Parmi   les   autres   dispositions   auxipielies   on   peut   songer, 


(')   Voir  note  B. 
(')  Ibid. 


1.4    STIUCTIRE    DES    CIllSTAll    KT    I.' AMSOTBOPII*  DES    MOLÉCir.rS.  2o"> 

une  lies  plus  siiii]tlcs  scniil  la  siiisaiitc  :  nu  lieu  d'être  obliques,  les 
axes  de  révolution  seraient  toujours  orientés  suii'ant  un  des  trois 
axes  rectangulaires  du  réseau;  il  y  aurait  clans  un  élément  cris- 
tallin, n,  molécules  dont  l'axe  est  orienté  suivant  l'axe  des  .r; 
Hi  suivant  l'axe  des  //;  «;,  suivant  Taxe  des  ;.  l'our  que  cela  soit 
[lossible,  il  faudrait  il'ahiird  ([u'on  puisse  satisfaire,  eu  nombres 
entiers  pas  trop  graiuls,  aux  trois  équations 

/i,o,o«-29  -f-  (■«.-(-  rtj)o.  i355  =  («i  -+-  ru  -t-  «,;(>.  ivîgS.i. 
(n,-t-  n.i)o,l'55i  -4-  n,«. 09-29  =  («i  +  /u  +  n,  )o.  12929., 
(/ii  -t-  /i;)().  I  i"i5  -i-  «30.099,9  =  («i  -H  «2-+-  n, )o.  io5.i '1, 

et  ensuite  que,  i)arnii  ces  solutions,  on  en  trouve  une  permettant 
de  construire  un  élément  cristallin  parallélépipède  rectangle,  en 
nous  bornant  au  mode  hexaédral  rectangle. 

I.a  suppression  des  orientations  obliques  serait  assez  satis- 
faisante et,  à  ce  ([u'il  semble,  plus  simple. 

-Malheureusement,  la  solution  la  plus  simple  est 

n,  =  8,        «2=9-        /»3=4i,        7ii-f  /îo-H  «3=  59 

(on  trouve  en  réalité  lu  =  8,85  et  n.i  =  42,3). 

Ces  nombres  sont  déjà  très  OTands;  leur  somme  09  est  un  nombre 
premier;  on  ne  peut  donc  en  faire  qu'un  édifice  linéaire,  suivant 
un  quelconque  des  axes  d'ailleurs,  avec  une  molécule  y,  au  milieu 
de  la  lile,  et  les  autres  molécules  symétriquement  de  part  et  d'autre 
de  la  molécule  centrale,  après  avoir  rangé  clans  un  ordre  arbitraire, 
il'un  côté,  les  4  molécules  .r,  les  4  molécules  //  et  les  21  molécules  :. 
l'our  obtenir  la  symétrie  orthorhombique,  il  faudrait  mettre  cote 
en  côte  en  carré  4  files  semblables.  La  maille  aurait  ainsi  pour 
côtés  2,  2,  09  molécules;  en  tout  286. 

C'est  une  disposition  bien  peu  satisfaisante. 

On  pourrait  songer  à  faire  la  maille  de  tio  molécules  au  lieu 
de  59,  en  forçant  le  nombre  42,3  jusqu'à  43,  ce  qui  est  encore 
acceptable  numéri<[nement.  Mais,  dans  l'élément  cristallin,  il  ne 
jieut  y  avoir  qu'un  seul  des  trois  nondjres  impairs,  car  ce  n'est 
])ossible  qu'avec  une  des  molécules  de  cette  orientation  placée 
au  centre.  Il  faudrait  donc  encore  une  maille  de  16,  18  et  86  molé- 
cules d'orientation  .t,  y,  2;  120  en  tout.  Il  faudrait  alors  une  maille 
dont  un  côté  soit  pair,  et  deux  impairs,  3,  5,  8. 


•206  I.A   STRICTIBF.    DE    LA    JIATIÈRE. 

En  mettant  2  des  18  molécules  {y),  et  2  des  8G  molécules  (;) 
sur  la  rangée  centrale  de  8  molécules,  et  4  d.es  molécules  (2)  dans 
un  des  plans  médians  (3  X  8)  ou  (5  X  8),  on  pourra  trouver  un 
très  grand  nombre  de  distributions  symétriques  des  16  molé- 
cules (.t),  des  16  molécules  {y)  et  des  80  molécules  {z)  qui  restent. 

L'indétermination   est   encore   énorme,   et   l'élément  bien  gros. 

l!2.  Conclusions.  —  Il  parait  inutile  de  pousser  plus  loin  ccl 
essai,  et  je  crois  qu'on  peut  conclure  ainsi. 

Les  propriétés  optiques  du  spath  et  de  l'aragonite  dans  Fétenduc 
du  spectre  lumineux  et  un  peu  au  delà  sont  compatibles  avec 
l'hypothèse  que  la  symétrie  optique  de  la  molécule  de  carbonate 
de  calcium  est  de  révolution. 

On  peut  supposer  que  le  spath  est  formé  de  telles  molécules 
dont  l'axe  de  révolution  est  parallèle  à  l'axe  optique  du  cristal. 

On  peut  alors  représenter  les  propriétés  de  l'aragonite,  en  la 
supposant  constituée  par  des  groupes  de  8  molécules  de  révolu- 
tion dont  l'axe  est  incliné,  symétriquement  par  rapport  au.x  trois 
plans  de  symétrie. 

Ces  éléments  peuvent  d'ailleurs  être  empilés  de  diverses  ma- 
nières pour  former  le  cristal.  * 

L'élément  cristallin  ainsi  délini  est  le  plus  sinqilc  à  laide  duquel 
on  puisse  représenter  les  propriétés  optiques  de  l'aragonite  ; 
les  orientations  calculées  à  l'aide  de  la  formide  (II)  de  Lorenlz, 
où  l'on  fait  aljstraction  de  l'influence  de  l'écart  entre  le  réseau 
réel  et  un  réseau  cubique,  ne  sont  données  quà  litre  d'approxi- 
mation, peut-être  grossière. 

On  peut  d'ailleurs  indiipier  un  très  graml  nondire  d'autres  ilis- 
posilious  |)lus  conipli(|urcs  dos  niolécnics  de  réxululion,  —  plus  ou 
moins  indélciniiru'cs.  com|ial  ibiis  avec  les  ]U'o]iriétés  optiques 

de  l'aragonite. 

L'hypothèse  que  la  molécule  lie  carlionalc  de  lalcmm  est  de 
révolution  est  sullisanle;  elle  n'est  pas  nécessaire:  toute  autre 
hypothèse  est  iiic()in|>lètemcnt  ilétermiiu'-o  par  les  seules  ])r(q)riélés 
optiques   du   spalli   cl    de  l'aragonilc. 

Les  propriétés  électriques  du  sjialh  et  de  l'aragonite  sont  1res 
diiïérentes  des  propriétés  oplicjues.  Si  elles  salisfaisnient  au  cri- 
léiiuni  (I),  on  aurait  ]iu  cssa\  er  de  tésciudre  la  question  suivante  : 


I.l   STRlCriHK    IIF.S   cmSTAI  X    KT    I.  AMSIl TIIOl'Ii:    IIKS    MOI.KCri.KS.  •>.0- 

l"^sl-il  possible  d'inia»;;iiier  une  iiKiloiiilc  de  carboiuite  do  cidciiiin 
anisotrope  dont  les  trois  plans  de  symétrie  soient  eonimiiiis  nui  pro- 
priétés optiques  et  électrostiiliques,  bien  <(iie  les  trois  «iraiideiirs 
principales  optiques  soient  dilïérentes  îles  nrnndriirs  ])rincipales 
électriques,  et  de  constituer  a\ec  une  telle  iimlrciile  deux  cléments 
cristallins  à  8  molécules  obliques,  convenant  l'un  au  spath,  l'autre; 
à  l'araoronite  ?  Une  telle  constitution,  dans  laquelle  l'élémenl 
cristallin  du  spath  et  celui  de  l'aragonite  seraient  formés  du  même 
nombre  de  molécules  et  se  transformeraient  l'un  en  l'aulrc  ])ar  un 
chan<;enient  modéré  d'orientation  moyenne  des  molécules,  accom- 
pagné d'un  chan<xement  faible  des  paramètres,  serait  assez  sédui- 
sante. 

Malheureusement,  le  critérium  (I)  n'étant  pas  satisfait,  Il  est 
impossible  d'aborder  celle  question. 

Admettant  une  constitution  du  spath  cl  une  de  l'aragonite 
d'après  les  considérations  optiques,  adoptons  des  distances  molé- 
culaires déterminées  parmi  toutes  celles  qui  sont  com[)atibles 
avec  les  paramètres  cristallographiques;  admettons  enfin  que 
l'énergie  mécanique  mutuelle  de  deux  molécules  de  spatli  est  celle 
de  deux  corps  de  révolution  ayant  même  axe  (juc  les  propriétés 
optiques  (ce  que  la  bizarrerie  des  propriétés  éleclrostaticiues  rend 
douteux),  les  coellicients  d'élasticité  déterminés  par  M.  Voigt 
sur  le  sp)ath  donneront  des  renseignernents  sur  cette  énergie 
mutuelle  et  permettront  même  de  la  déterminer,  si  l'on  fait 
«luelques  hypothèses  simples  (mais  arbitraires)  sur  la  distribution 
angulaire  du  champ  et  si  l'on  admet  que  les  actions  cessent  d'ctre 
sensibles  au  delà  de  deux  distances  moléculaires,  ou  peut-être 
même  un  peu  avant. 

Adoptant  alors  ]M>nr  Taragonile  cette  forme  (l'èiicrf;ic  mutuelle, 
avec  la  constitution  la  ])lus  sinq)le,  à  8  molécules  obli(pies,  pour 
l'élément  cristallin,  et  les  obliquités  correspondantes,  on,  jiourrait 
calculer  les  coefficients  d'élasticité  de  l'aragonite  et  voir  s'ils  coïn- 
cident avec  les  valeurs  observées. 

Kniin',  toute  déformation  mécanique  d'un  eiislal  tel  que  l'ara- 
gonite, à  molécules  obli<[ues,  produit  une  tléfurmation  du  réseau 
et  une  rotation  des  molécules  (tout  à  f.iil  indépendante  de  la  rota- 
tion élémentaire  du  réseau).  Les  ex])érienies  piézo-optif[ues  com- 
j)lètes,    comme    celles    de    l'nekels,    renseigneront    surtout    sur    la 


208  LA   STRUCTIRE    DE    LA    MATIÈRK. 

variation  angulaire  de  l'énergie  mécanique  mutuelle,  dans  un  petit 
domaine  autour  des  orientations  naturelles. 

Les  éléments  de  ce  calcul  m'ont  paru  encore  si  arbitraires  que 
jen  ai  négligé  longtemps  l'exécution;  repris  récemment,  il  n'est 
pas  achevé,  et  je  ne  puis  en  donner  le  résultat. 

Parmi  les  données  nécessaires  se  trouvent  les  distances  molé- 
culaires sur  lesquelles  l'optique  n'apprend  rien  en  première  approxi- 
mation. D'autre  part,  on  sait  combien  les  données  cristallogra- 
phiques  laissent  de  liberté  dans  le  choix  des  paramètres  cristallins. 
Il  semble  bien  que  cette  incertitude  serait  levée  si  l'on  pouvait 
faire  les  expériences  de  diffraction  de  M.  Laue,  avec  une  longueur 
d'onde  définie  par  le  passage  préalable  à  travers  un  premier  cristal, 
au  lieu  d'employer  la  source  beaucoup  trop  complexe  directement 
fournie  par  un  tube  à  rayons  X. 


APPENDICE. 


NOTE  A. 


S   2.   —    SVMtTlUE    MÉCANIQIE    ET   SÏMKTBIE    CHIMIOIK. 
Slf.MFlCATION    DKS    FIGIRKS    DE    CORROSION. 

Certains  cristallographes  ont  cru  nécessaire  de  prendre  comme 
élément  cristallin  m\  groupement  de  molécules  assez  nombreuses 
pour  qu'on  jniisse  donner  au  groupement  la  symétrie  du  cristal 
lui-même,  en  regardant  comme  distincts  les  atomes  de  nature  diffé- 
rente. C'est  ce  point  de  ^■ue  qui  inc  jiaraîl  faux.  Pour  la  symétrie 
cristalline,  définie  à  l'aide  des  propriétés  géométriques  et  méca- 
niques du  cristal  (à  l'exclusion  des  propriétés  purement  chimiques, 
telles  que  les  figures  de  corrosion),  les  propriétés  mécaniques  de 
l'atome  importent  seules;  quand  on  \oh  des  atomes  aussi  diffé- 
rents ([110  l'hydrogène,  le  chlore,  le  brome,  l'iode,  jouer  dans  l'inté- 
rieur même  île  la  inoléiiilf  un  rôle  analogue,  on  doit  admettre 
que  deux  alomcs  pcuvctil  ((inlribucr  exactement  de  la  même 
manière  au  cliaiiip  d'action  exlériciu-  d'une  molécule,  tout  eu 
étant  de  nature  cliimi(|ue  très  dilTércnte.  C'est  une  question  encore 
inabordable  à  l'expérience  directe  de  savoir  si,  aux  distances  mole- 


l.V   STBI<:TIRE    UKS   IIIISTAIX    KT    I.'.VMSOTROPIE    des    molécules.  V!"») 

culaircs,  on  peut  allriliucr  à  Ions  les  atomes  une  luôiiie  influence 
niécaninue,  ou  s'il  faut  hiiii-  i-oinple  de  leur  masse,  comme  dans 
ia  firavitation  universelle,  ou  île  Iciu-  valence,  comme  en  chimie. 

Par  exemple,  en  attribuant  à  la  molécule  de  carlmuate  de  cal- 
cium la  construction  ligurée  ci-dessous,  si  l'on  s'attache  aux  diffé- 
rences jiurement  chimiques,  cet  édifice  a  seulemenl  une  symétrie 
ternaire,  autour  de  l'axe  C,  Ca,  et  le  plan  des  trois  atomes  d'oxy- 
gène n'est  pas  un  plan  de  symétrie. 

Il  n'y  a  rien  d'absurde  à  supposer  que  ses  propriétés  méca- 
niques, rt  dislance  moléculaive.,  soient  de  révolution  autour  de 
l'axe  C,  Ca,  et  même  que  les  deux  extrémités  soient  mécani- 
quement équivalentes  malgré  leur  différence  chimique. 


Dans  un  ciistal  de  sjjath,  on  pourrait  trouver,  par  exemple, 
une  succession  de  couches  équatoriales  ayant  les  unes  le  calcium 
en  haut,  les  autres  le  calcium  en  bas.  Le  mélange  pourrait  être 
plus  intime  encore,  et  les  orientations,  calcium  en  haut,  calcium 
en  bas,  réglées  par  les  lois  du  hasard,  si  la  cristallisation  avait 
heu  en  solution  très  agitée,  sans  que  les  jiropriétés  mécaniques 
ou  optiques  du  cristal  cessent  d'être  uniformes. 

Les  figures  de  corrosion  au  moyen  d'un  acide,  au  contraire, 
pourraient  présenter  une  dissymétrie  différente  suivant  les  plages. 

Je  pense  qu'on  doit  donner  une  interprétation  analogue  aux 
expériences  de  M.  BeckenUamp  (1888,  1891)  sur  les  stries  natu- 


INSTITI  T    SOLVAV 


aïO  H    STRlCriRE    IIE    I.A    MATIKRE. 

relies  et  les  fitjures  de  corrosion  jiar  lacide  chlorhydrique  des 
carbonates  ortiiorhorabiques  et  en  particulier  de  l'ara^jonite. 
Ces  figures  permettent  de  distinguer  par  l'orientation  de  leur 
pointe  des  plages  de  deux  espèces.  M.  Beckenkamp  en  conclvit 
que  l'aragonite  est  en  réalité  triclinic]ue.  à  réseau  nionoclinique 
<[uasi  ternaire. 

Cette  interprétation  me  paraît  al)usive.  L'orientation  de  la 
])ointe  des  figures  de  corrosion  par  H  Cl  doit  ctre,  à  mon  avis, 
on  relation  (difficile  à  préciser)  avec  l'orientation  de  la  direction 
C  ^-  Ca  de  la  molécule  dans  les  diverses  plages,  et  se  renverser 
avec  elle.  Mais  le  renversement  de  cette  ligne  C  -^  Ca  peut  n'avoir 
aucune  influence  sur  la  symétrie  mécanique  et  la  symétrie  optique. 
Il  est  abusif  de  réduire  la  symétrie  mécani(]ue  d'un  cristal  à  l'aide 
de  considérations  tirées  des  figures  de  corrosion. 

NOTE  |{. 

§   3,    3    ET   '.t.   —    Im-I.IENCE    UU    RÉSKAl     SI  11    L\    niRÉKni^GENCE. 

I.  Dans  la  théorie  électromagnétique,  supposée  complète- 
ment applicable  à  l'échelle  moléculaire,  l'influence  de  la  forme 
du  réseau  est  complètement  calculalilc,  <]uoi<|uc  ])éniblement. 
Un  élève  de  M.  Sommerfeld,  M.  Ewald,  a  dcvclop])é  récemmenl 
la  théorie  pour  un  réseau  orthorhombiquc  aux  nœuds  duquel 
>;ont  supposées  des  molécules  optl(|iicmcnl  isotropes,  elil  a  ap])liqué 
ses  résultats  à  l'anhydrite,  doni  le  réseau  diffère  peu  d'un  réseau 
cubique.  Ses  fornuiles  l'ont  conduit  aux' résultats  suivants. 

La  biréfringence  peut  être  caractérisée  par  les  trois  constantes 
(indépendantes    de    la    couleur)   : 

D.„,    n,,,    D;.r, 


(  I  —  vf  )(l  —  •-;  ) 

où  V,,-  est   l'indice   princijnd   pour  la   \ibralion   clcclriquc  dirigée 
suivant  l'axe  de  ;r,  etc. 

Les   valeurs   calculées   à    laide   des   paramètres   et    les   valeurs 
dédiiilis  <lcs  indices  ])0ur  la  raie  du  sodium  sont   : 

".,■  1',,  "vf 

('.;iliiil 0,178,18  <>)i7'.t'*'î  0,001  t» 

Ob.sorviilioii o,o')i|5  OjO;");)!'»  o,oo85.1 

Paramètres  crislallograpliiqiios  a'Joplés  ;  o,8i)1>;   i:   1,0008. 


i.v  siiu  iTi  lu:  iiKS  cHisT.u  \  i:r  l'anisoilioi'ii;  ih;s  Mi)i.iii:iii.i:-i.       aii 

('.iiiuiiic  le  reiiKir(|iie  M.  KwriKI,  les  valeurs  ealculées  montrent 
<]iip  la  siriieliire  siillit  ;i  iiroiiiiii'c  une  liirél'iiiifrence  de  mcnic  ordre 
<|iie  la  faillie  liiréfrin'::eiu'e  observée  ("'r  =  l,5(3()3;  v,.=  1,5702; 
V-  =  i.fii.'^o);  mais  la  «irandeiir  en  est  tout  à  fait  clifTérente. 

Le  désaeeord  entre  le  caleiil  et  l'observation  donne  de  l;i  |pié- 
eision  à  l'observation  de  Mallard;  mais  l'ordre  de  grandeur  fourni 
jiar  le  ealeid  pour  un  réseau  i|Mi  diffère  si  |)eu  du  cube  est  eertai- 
nenienl    imprévu. 

D'autre  |)art,  la  fornudc  de  dispersion  obtrinic 


{(•  =  vilesse  lumière  dans  le  vide)  eontient  une  constante  A,  com- 
mune aux  o  indices  principaux.  Pour  chaipie  indice,  on  peut  la 
calculer  à  l'aide  des'observations  faites  [)our  ■>.  couleurs  dill'érentes; 
M.   Kwald   en  obtient  ainsi  3  valeurs  expérimentales 

Aj=  I  .Gi'D.  10-'',         A,  =  1 .672G.  10   '',         A;  =  I .  >5i)i .  i()-3^ 

qui  devraient  être  ét^ales  et  difTèrciil  de  près  de  — ■ 
'  '^  '10 

Ces  inégalités  sont,  à  mon  a\  is,  la  conséquence  atténuée,  et 
indirecte,  de  ranisotropie  réelle  de  la  niolécnle. 

"2.  L"imi)ortaiice  de  rinfluencc  du  réseau  sur  la  biréfringence 
est  une  consécpience  reniartpiable  des  mesures  déjà  anciennes 
de  Poekels  sur  la  biréfringence  due  aux  actions  mécaniques. 

Dans  le  cas  du  spath  soumis  à  des  dilatations  D.,-,  D_,,  D;  et  à 
des  glissements  Gj-,  G^-,  G;  élastiques,  sous  l'influence  de  pres- 
sions extérieures,  l'axe  :  étant  l'axe  optique  à  l'état  iialurcl,  la 
surface  des  indices  à  l'état  déformé  est 

n,,  J---I-  a_,j^'-i-  «,3^'—  ia,,yz  -h  ia^zx  -t-  ■?a,iarj  =:  1 
avec 

(/,,  =  (o.Giia  ()■»)♦-+-  i>,ii95Dx-t-  •',  189D,  -t-  i>,ai"i  D;  —  o,()<)6G.r. 
rtj,  =  Cii,6(i7,  95)'-!-  Il,  i8(jDx-t-  "jOgS  Dj.  +  II,?. i5D;-i-  o.oDfiGj., 
a,3  =  Mi,l>72  79  1--^  ",'ii'9i  Djr-t-  D,  )  -*-  o,  178  H;, 
d,]^  <),oio(Dj —  \)y)  —  o.ogoGx, 
flji  =  —  ii,i»9oG,  -i-  fi.oioG;. 
aii=  —  11, 1)1 16  G^ —  <>,<<i'Gz- 


212  LA   STRlCriRE    DE    L\    MATIKRK. 

Lor&cju'on  regarde,  comme  je  l'ai  fait  dans  mes  calculs  numé- 
riques, les  molécules  du  spath  comme  parallèles,  les  change- 
ments dus  à  la  déformation  proviennent  entièrement  dos  chanor- 
ments  de  dimension  du  réseau.  On  peut  donc  certainement,  dans 
ce  cas,  rattacher  la  valeur  des  constantes  du  réseau  aux  coefficients 
déterminés  par  Pockels. 

Je  me  contenterai  de  faire  remarquer  combien  ces  coefficients 

sont  importants  :  une  dilatation   D.i-  de  —  changerait' les   indices 

ordinaires  de  —  et  ^^ .  et  l'indice  extraordinaire  de  ^ .  si  les  for- 
mules  expérimentales  s'y  appliquaient  encore.  C'est  bien  un  ordre 
de  grandeur  qui  laisse  à  la  formule  (II),  simplifiée,  de  Lorentz 
une  valeur  approchée,  mais  assez  grossièrement,  pour  les  réseaux 
très  anisotropes. 

3.   La  conclusion  à  tirer  de  tout  cela  me  paraît  être  la  suivante  : 

Dans  les  cristaux  peu  biréfrins:ents,  Vinfluence  du  réseau  et  celle 
de  la  molécule  sont  de  même  ordre. 

Il  serait  donc  tout  à  fait  utile  de  posséder  une  table  toute  cal- 
culée des  s  complémentaires  de  la  formule  de  Lorentz,  poi;r 
quelques  rapports  paramétriques,  permettant  de  tenir  compie 
exactement  de  la  structure  pour  chaque  cristal  et  chaque  direc- 
tion principale,  au  moins  ])our  les  réseaux  parallélépipédiques 
simples. 

Peut-être  conviendrait-il  de  calculer  une  autre  caractéristique 
de  la  structure,  qui  soit  sûrement  indépendante  de  l'anisotropie 
moléculaire  supposée  orientée  de  niêino. 

NOTE  C. 

S  3.  —  1.1.  poi  xoiii  i;i:piu.N{.ent  M(>i.É(:bi.Ain|E  et  la  constiti  tion  riiiMiytE. 
Dkkoiimahilité  des  ato.mks  l'i.riin  ai.iats.  Anisotiuumi:  des  molécllks. 

I.  L'élude  apiirofondie  des  relations  entre  la  composition 
(•liiiiii<|nr  tl  riiuliic  de  réfraction  dos  hquidos  a  tnoniré  t\\w  lo 
pouvoir  réfringent  n'est  pas  une  propriété  cxolusivonicnt  atn- 
ini(iue,  puis(iu'un  même  atome  apporte  une  contribution  nclle- 
mcnt   dillérenle   suivant  ses  liaisons,   et  qu'en  outre,    même  en 


I.A   SrBUCTlRE    OKS   CBISTAIX    KT    l.'ANrsnTIlOIMË    DKS    MOI.KCri.KS.  ali 

tenant  compte  des  liaisons.  le  iionMiii-  niolémilaire  (';il(uli!>  iliiïère 
ciicdie  nu  in-ii  tlii  jioiivoir  mesuré,  l/iiifliicnce  du  noiiihif  des 
liaisons  paraît  bien  prédominante  et  non  celle  de  l'atome  dille- 
rent  avec  lequel  ces  liaisons  sont  établies. 

D'autre  part,  dans  une  étude  qui  a  fait  l'objet  de  mes  leçons 
de  1913.-1913  au  Collège  de  France,  et  dont  la  publication  est 
seulement  commencée,  j'ai  abouti  à  la  conclusion  que  le  champ 
d'action  extérieure  d'un  atome  plurivalent  ne  peut  pas  être  le 
même  quand  cet  atome  est  lié,  soit  uniquement  à  d'autres  atomes 
imivalents,  soite  en  partie  à  des  atomes  plurivalent  s.  Pour  que  la 
saturation  soit  possible,  il  faut,  à  mon  avis,  que  l'atome  pluri- 
valent soit  déformable,  à  peu  près  à  la  façon  de  n  atomes  mono- 
valents articulés.  Tandis  qu'un  atome  monovalent  peut  conserver 
non  seulement  sa  niasse,  mais  sa  forme,  définie  par  son  champ 
d'action  extérieure,  et  probablement  sa  constitution  interne, 
quelle  que  soit  la  molécule  chimique  dont  il  fait  partie,  je  pense 
qu'un  atonie  pluri\alent  a  diverses  formes  types,  suivant  la  va- 
lence (mais  non,  ou  à  peine  suivant  la  nature)  des  autres  atomes 
avec  lesquels  il  est  lié. 

A  ce  point  de  vue,  rinfluciuc  de  la  constitution  d'un  composé 
sur  le  pouvoir  réfringent  à  attribuer  à  chaque  atome  serait  une 
influence  directe  de  la  forme  que  jirend  l'atome,  suivant  les 
liaisons,  sur  ses  vibrations  propres. 

L'hypothèse  que  l'électron  mobile  est  attaché  par  une  force 
quasi  élastique  isotrope,  déjà  douteuse  pour  un  atonie  mono- 
valent ('),  paraît  certainement  fausse  pour  un  atome  plurivalent. 

Il  semble  jirobablç,  d'après  les  déformations  nécessaires  de  son 
champ  extéiieur,  ([u'un  atome  «-valent  contient  n  électrons 
mobiles  importants,  qui  sont  équivalents  quand  les  n  liaisons  sont 
identiques,  et  ont  alors  trois  périodes  fondamentales  distinctes; 
ou  peut-être  deux  seulement;  mais  quand  certaines  liaisons  sont 
multiples,  les  3n  périodes  peuvent  se  dissocier.  L'importance  des 
termes    de    conslilution   dans    le   pouvoir   réfringent    moléculaire 


(')  Le  chanij)  <  x'crieur  d'un  atome  inonovalcnt  ne  pouvant  être  isotrope, 
mais  au  moins  de  révolution,  il  est  peu  vraisemblable  que  l'électron  caracté- 
ristique ait  lui-même  une  liaison  isotrope  avec  l'atome  (M.  Bhii.i.oci.n,  Ami. 
de  Chim.  el  de  Pliys.,  t.  XXVIII,  igiS,  p.  .',8,  50;;  t.  XXIX,  p.  ff-'i). 


2l4  LA    STUrCTlRE    DE    lA    MAT1KHE. 

semble  indiquer  que  d'importants  thangements  de  l'iéquencc 
accompagnent  cette  déformation  de  l'atome  plurivalent. 

L'insuffisance  de  ces  termes  de  constitution  montre  en  outre 
que  la  nature  du  second  atome  joue  encore  un  rôle.  Ce  peut  être 
une  modification  des  forces  quasi  élastiques  dans  un  atome,  due 
à  l'action  directe  des  atomes  contigus;  ce  peut  être  une  influence 
indirecte,  beaucoup  plus  ])robab]e  à  mon  avis,  provenant  de  ce 
que  divers  atomes  de  même  valence  ne  provoquent  pas  exacte- 
ment la  même  déformation  d'un  atome  plurivalent  auquel  ils  sont 
liés;  à  de  minimes  différences  de  forme  (pour  une  distribution  de 
liaisons  restant  la  même  au  point  de  vue  chimique)  correspon- 
draient des  différences  de  réactions  quasi  élastiques  purement 
internes. 

Les  relations  très  complexes  entre  la  constitution  et  l'absorption 
sélective  ])lus  directement  liée  à  la  réaction  quasi  visqueuse  rendent 
bien  peu  vraisemblable  que  celle-ci  soit  isotrope. 

Pour  ne  pas  trop  s'écarter  de  la  réalité,  il  semble  indispensable 
de  supposer  que  la  réaction  quasi  élastique  et  la  réaction  quasi 
visqueuse  sont  anisotropes. 

2.  Sous  la  forme  où  elles  sont  actuellement  développées,  les 
théories  de  la  dispersion  des  corps  qui  possèdent  plusieurs  bandes 
d'absorption  suiiposent  que  chacune  est  due  à  un  seul  électron 
à  liaisons  isotropes. 

Je  crois  nécessaire  d'insister  sur  le  caractère  exce])lioiinel  il  mic 
telle  constitution. 

Chaque  bande  correspond  à  une  période  propre,  et  s'il  y  a  plus 
de  trois  bandes,  l'atome  contient  certainement  plus  d'un  élec- 
tron actif.  Ces  u  électrons,  qui  font  pai'llc  d'un  même  atome, 
foi'mcul  un  si/.\lrni(':  les  réactions  électriques  (du  moins  si  ou  leur 
appliiiue  les  lois  ordinaires  du  champ  électrique)  ne  peuvent  être 
négligeables  entre  ces  électrons  contigus;  il  faut  donc  supposer 
que  l'énergie  jiotentielle  de  déformation  contient  des  doubles  jiro- 
duits  (les  déplaii'inculs  des  divers  électrons,  (ui  en  l'exprimant 
au  moyen  des  ntoiumls  m,,  m,-,  «j.-.  "',.  '"'•  '"'•.  "' 

Kiicigic  |)(iiciuicll(; 

=  7(/ii"'.î-*-/.'2"'v-^/i.i"'H-.Av"'.'r  -»-•  •• 

-t-        i,in,m    -(-... -H  -i /"i    /H  r/"!tH- ■•' A»"'>  "'x  "*"•  •  •)■ 


I..V   STBITTIRK    DES   CIllSTAl  \    V.T    I.'.VNISOTIUIPIK    IIKS    MOLKCtI.KS.  2 1  > 

.l(/mW/o;i.sMii;uiit(>nant  t|iie  le  cli;im|i  é!i'(lrir|tic  d'orifriiie  exté- 
rieure à  l'atome  est  niiirorriie  dans  retendue  de  eelui-ci,  E.r,  E,, 
K,-.  et  i[ue  tous  les  éleelpuis  ont  nièine  charge  e,  les  équations 
<ré»|uilibre  éleetn)slati<[iie  seroni 

(■>;  l'-j-  =  /ll"l..-^/l2"'.,  -+-/i:i"':-<-/ii»i'x-^/iô"'',  + 

Pour  avoir  le  moment  total  (!<■  Talome,  il  faudra  résoudre  en 
III,-,  niy.  III:.  ni,,  ele  et  ajoutei'. -On  olitiendia 

;    Mj=  ntjr-i-  m'j.-h.  .  .=  /..rj-lij:+  Xr.v'V-*-  f'x.E: 

(  .1  )     y\y  =  /« ,  +  ,„  ;.  ^- . . .  =  /,,.^  E,  -+-  kyy  E ,  -+-  kyz  R.      (  /  r ,  =  /.-.,  X,  ...). 

'    M.  =  nî;  -I-  //(l  -^ .  .  .  =  /,,^  F.,r  -+■  A -y  K,  -+-  f'z:  K; 

Il  est  bien  imraisemhlalile  (|ue  l'isolropie  apparaisse  fmale- 
ineut  pour  le  moment  total  statique. 

Pour  le  moment  total  dynamique,  au  cas  d'une  vibration  de 
fréquence  v,  ce  serait  bien  plus  extraordinaire  encore.  On  sait 
(|iie,  dans  ce  cas,  il  sidlil  de  leiuplacer  les  coefficients  quasi  élas- 
tiques plirs  par  des  coellicients  a|)|)areiils  (complexes) 

(/-i-i.i--iff—  'fT.^-r-iJ.),,,,, 

en  appelant  gp,f  les  coefficients  de  quasi  viscosité,  aussi  notn- 
hreux  que  les  coefficients  de  quasi  élasticité  /,  et  'j.  les  coeffi- 
cients d'inertie.  11  semble  raisonnable,  vu  le  caractère  d'élément 
ultime  de  l'électron,  de  su])poser  son  inertie  isotrope,  au  moins 
dans  les  limites  de  vitesse  des  oscillations  lumineuses,  et  de  sup- 
poser tous  les  électrons  idenlifiues 

Dans  la  discussion  des  théories,  ce  ne  sont  pas  les  coefficients  / 
qui  ap|)araissent:  ce  sont  les  coefficients  k,  quotients  d'un  déter- 
minant de  degré  (3  n —  i)  en  /  par  !;•  déterminant  symétrique 
de  degré  3/i  en  /.  Ils  sont  décomposables  en  3n  fractions  simples, 
dont  les  3;i  dénominateurs  sont  les  mêmes  pour  tous  ces  coeffi- 
cients, et  de  la  forme 

1-'  -h/.2-vC.  —  lnîvî.:M; 

mais  il  n'y  a  aucune  raison  de  supposer  que  l'isotropie  des  |/  se 
retrouve  dans  les  M. 


21 G  LA    STRUCTinE    DE    LA   SIATlÈRE. 

Ainsi  décomposés,  les  coefficients  k  ressemblent  assez  aux 
coefficients  des  théories  plus  simples  soumises  jusqu'ici  au  con- 
trôle numérique;  mais  la  signification  des  constantes  F,  G,  M  est 
bien  moins  simple  :  en  particulier,  l'emploi  de  ces  constantes  pour 
la  détermination  du  nombre  des  électrons  mobiles  dans  une  molé- 
cule, —  en  supposant  tous  ces  électrons  mobiles  avec  la  même 
période,  comme  le  fait  Drude,  ~-  me  paraît  bien  aventureux. 

La  dispersion  dans  la  région  transparente  ne  peut  suffire  à 
nous  renseigner  sur  la  forme  de  l'énergie  potentielle,  de  l'énergie 
cinétique  et  de  la  fonction  de  dissipation  du  système  vibrant  dans 
une  molécule;  il  faudrait  désormais  analyser,  à  la  lumière  des 
théories  générales  de  l'électro-optique,  les  observations  déjà  très 
nombreuses  sur  l'absorption  des  composés  organiques,  et  proba- 
blement refaire  avec  précision  des  mesures  dans  les  régions  de 
dispersion  anormale  des  corps  d'une  même  série;  on  pourrait  alors 
demander  à  l'expérience  la  forme  exacte  de  ces  fonctions,  au  lieu 
de  chercher  à  leur  imposer  à  l'avance  des  formes  évidemment  trop 
simples. 

3.  Insistons  maintenant  sur  une  autre  difficulté.  Toutes  les 
recherches  physico-chimiques  sur  les  relations  entre  les  propriétés 
physiques  et  la  constitution  chimique  sont  fondées  sur  l'hypo- 
thèse naturelle  que  les  atomes  conservent  certaines  de  leurs  pro- 
priétés caractéristiques  en  entrant  en  combinaison.  J'ai  déjà  dit 
qu'à  mon  avis  un  atonie  plurivalent  est  déformable,  suivant  la 
valence  des  atomes  auxquels  il  s'unit.  Les  propriétés  optiques  des 
liquides  et  des  solides  indiquent,  à  ce  qu'il  semble,  une  modifica- 
tion bien  plus  i)rofoiide  :  des  périodes  propres  de  Valome,  qui,  à 
Vêlai  gazeux,  sont  parfaitement  définies  par  le  speetre  d'énnssion 
et  d'absorption,  ne  jouent  aucun  rôle  dans  la  propagation  à  trai'ers 
un  composé  solide,  liquide  ou  dissous,  dont  la  molécule  contient  ce 
même  atome.  On  sait  que  Veau  ne  présente  aucune  absorption 
sélective,  aucune  singiilarilé  de  réfraction  dans  le  voisinage  des 
raies  caraclérislicpics  (h'  l'hydrogène:  on  a  observé  la  tiispersion  et 
l'absorption  de  iioni])reux  coiiqiosés  du  sodium  sans  rencontrer 
aucune  singularité  au  ^■oisina^n'  de  la  raie  D. 

Cette  non-interMMil ion  «les  xllualions  jiroprcs  de  l'aloinc  libre 
dans  les  jihéiionièiics  opli(pics  des  composés  qui    le   coiilieunenl 


I.A   STRIT.TCBE   IIBS   OBISTAIIX    ET    l'aNISOTBOIME   DES   MOLECl'LES.  i  1 7 

rosli"  (llHicilciiiPiil  cxiiIio;il)lo.  Il  semble  nécessaire  iradmellre  ime 
piofoiule  iiiodilicalion  des  ])ériodes  (ji-opres  de  l'atome,  c'est- 
à-dire  de  sa  constitution  dynamique,  et  il  faudrait  comprendre 
comment  cette  modification,  due  à  la  combinaison,  est  presque 
exclusivement  définie  par  la  distribution  des  liaisons  indépcn- 
damuienl  de  la  nature  propre  des  atomes  continus. 


2l8  LA    STRUCTIBE    DE    LA    MATIERE. 


DISCUSSION  DES  RAPPORTS  DE  MM.  BARLOAV  ET  POPE 
ET  DE  M.  BRILLOUIN. 

M.  LoRENTz.  —  ]\IM.  Barlow  et  Pope  (p.  147)  énoncent  une 
règle  géométrique  qui  détermine  l'arrangement  des  particules. 
Est-ce  qu'il  s'agit  ici  d'un  théorème  mathématique  qui  a  été 
démontré  en  se  basant  sur  l'hypothèse  de  forces  attractives  et 
répulsives  ? 

M.  Pope.  —  Bien  que  la  condition  dont  nous  avons  supposé 
qu'elle  régit  l'arrangement  d'équilibre  dans  l'espace  d'un  système 
boscovichien  de  centres  de  forces  attractives  et  répulsives  soit 
relativement  simple,  elle  n'a  pas  été  jusqu'ici  mise  sous  forme 
d'une  proposition  mathématiquement  démontrée. 

M.  LoRENTZ  demande  si  Ion  pourrait  interpréter  en  foiution  des 
forces  attractives  et  répidsives  la  proportionnalité  des  volumes 
des  sphères  avec  les  ^•alences. 

M.  Pope.  —  La  relation  outre  les  volumes  de  valence  et  le  sys- 
tème de  forces  dont  l'éipiilibre  détermine  l'espacement  des  centres 
constitue  un  problème  pour  le  physicien  mathématicien;  la  tra- 
duction de  l'ell'et  de  l'action  de  centres  de  forces  attractives  et 
répulsives  de  res])èce  supposée  sous  forruc  dime  luoixiil  ionnalité 
de  volumes  et   de  valeiu'os  ]iaraîl    rire  ])ossible. 

M.  l.lNur.MA.NN.  -  Les  niodrlcs  de  MM.  l'ojic  et  Hariow 
constituent  sans  aucun  doute  la  première  tentative  sérieuse  de  sys- 
tématiser les  nombreux  ])liénomènes  de  cristallogra])hie  en  partant 
tlu  point  de  \  ue  moléculaire  et  l'on  ne  |ieut  évidemnien"  ]ias  exiger 
(luils  cxiiliiiiirnl  Imis  les  délails  en  i<'  niiiiiirnl.  l'in-ienrs  de  li'urs 
conclusions  ])en\(Mit  sendder  surprenantes  |)(iur  le  siin|ile  physicien. 
Ainsi.  ]>ar  exein|ile,  lorscpi'ds  tron\ent  que  le  carbone  a  nu  volume 
al(inili|Mc  qi  lad  ru  [lie  de  celui  de  l'hydrogène  dans  les  hydrocarbures, 
alors   (lue    le    \iilunie    al<inni|ne    de   I  liyilrogèue   non    condnné   est 


1_\    STRl'CTl  RF    DKS   CHISTMX    KT    I.  ANISOTIIOI'IK    l)i:S    MOI.KCULKS.  219 

pres«|iu>  (itiatre  fols  plus  praïul  (|iie  celui  ilu  carhone  pur.  Ce  para- 
doxe est  l'iicori'  |ilus  frap|i:inl  dans  le  cas  tics  sels  lialoïdes  alcalins. 

M.  l'ui'i.  (  Iti  peul  prévoir  ipi  une  élude  plus  approfondie  des 
(pK'slIiins  (liiril  il  s'agit  appieiulra  <pie  le  parailoxe  indi(pié  par 
le  l)""  Lindeniaiin  n'existe  jias  en  réalité.  On  a  eu  riial)iluile  jusiju'ici 
de  supposer  (|ii"il  existe  (piei(|iie  relalion  siin|pie  entre  les  volumes 
atoniiipies  des  éléments  libres  et  ceux  des  mêmes  éléments  à  l'état 
de  combinaison;  mais  un  examen  critique  des  données  expérimen- 
tales montre  (ju'une  pareille  sujjposition  n'a  pas  de  fondemcnl. 

Cela  est  d'accord  avec  des  faits  comme  ceux  cités  par  le  l)""  l.iri- 
dcmann,  faits  d'une  espèce  qui  commence  seulement  à  apparaître 
sons  les  elVorts  de  l'école  moderne  de  physico-chimistes,  el  qv.'i 
prouxent  clairement  «pie  le  ra]iport  des  volumes  atomiques  du 
carbone  el  de  l"hydro<rèiie  à  l'état  libre  (où  C^  i  et  II  =  f  env.) 
doit  dillerer  considérablement  de  ce  qu'il  est  à  l'état  combiné 
(où  C  est  certainement  plus  ijrand  que  H). 

M.  LoiiE.NTZ.  —  M.  lîarlosv  considère  la  splière  qui  appartient  à 
un  atome  comme  la  région  dans  laipielle  cet  atome  exerce  une 
action  jirépondérante.  C'est  là  une  question  dillerente  de  celle 
de  l'action  mutuelle  des  atomes,  ([ui  détei-niiuera  leur  arrange- 
ment. 

M.  Baiu.ow.  —  La  découverte  de  la  loi  des  volumes  de  valence 
rend  indispensable  la  recherche  des  relations  d'espace  entre  ces 
volumes  et  leurs  atomes  respectifs;  puisque  les  volumes  de  valence 
occupent  de  l'espace,  cette  recherche  se  ramène  à  la  décomposition 
de  l'espace  en  cellules  dont  chacune  contient  un  atome.  On  a  fait 
voir  que  la  conception  la  plus  sinq)le  possible  est  celle-ci,  que  l'ail ri- 
bution  à  chaque  atome  de  l'espace  dans  lequel  son  influence  est 
jirépondérarite  définit  les  limites  du  volimie  de  valence.  11  est  vrai 
([ue,  conformément  à  ce+te  conception,  on  peul  donneraux  domaines 
d'influence  toutes  les  formes  capables  de  s'adapter  exactement 
les  unes  aux  antres;  on  trouve  toutefois  (pie  la  simple  notion  que 
ces  domaines  d'influence  se  ra]i]irochent  de  la  s]jhéricité  et  peuvent 
pour  la  plupart  des  buts  être  re])résenlés  |)ar  des  sphères  aussi 
serrées  que  possible,  relie  un   grand  nombre  de  faits.   Ainsi  que 


220  I.A    STRICTIRE    DE    LA    M.VTIÉRlî. 

M.  Lôrentz  le  fait  observer,  la  détermination  des  limites  des  vo- 
lumes de  valence  est  vm  problème  distinct  de  l'action  mutuelle 
des  atomes  qui  détermine  Farrangement  ;  la  diversité  des  formes 
polymorphes  d'une  même  substance  est  une  confirmation  frap- 
pante de  cette  manière  de  voir. 

M.  VoiGT.  —  Je  suis  tout  à  fait  du  même  avis  que  ^I.  Lorentz, 
que  les  idées  de  MM.  Barlow  et  Pope  demandent  a  être  déve- 
loppées dans  le  sens  physique.  Le  problème  consistant  à  conclure 
de  l'hypothèse  des  amas  de  'sphères  aux  forces  physiques  qui 
donnent  lieu  à  une  pareille  configuration  ne  sera  certainement  pas 
déterminé  et  laissera  place  dans  une  certaine  mesure  à  l'arbitraire. 
On  peut  donc  probablement  caractériser,  avec  une  certaine  raison, 
l'état  de  la  théorie  défini  par  les  idées  de  MM.  Barlow  et  Pope 
comme  acceptable  provisoirement,  lorsque  l'on  considère  la  configu- 
ration admise  par  eux  comme  l'expression  même  des  forces  qui  la 
régissent.  Il  n'est  pas  impossible  que  même  en  restreignant  la 
théorie  de  cette  façon,  les  nouvelles  idées  permettent  déjà  de  faire 
un  progrès  au  point  de  vue  physique.  En  efl'et,  pour  déduire  des 
conséquences  physiques  d'hypothèses  moléculaires,  on  n'emploie 
le  plus  souvent  pas  les  lois  pour  les  caleurs  absolues  des  forces  mo- 
léculaires, mais  seulement  celles  relatives  aux  changements  que 
subissent  certaines  fonctions  qui  dépendent  de  ces  forces,  lorsqu'on 
modifie  très  peu  la  configuration. 

M.  Poi'E.  —  Les  contlilions  délerminantcs  en  cristallographie 
chimiciue  sont  probablement  trop  complexes  pour  être  formulées 
d'une  manière  susceptible  d'être  attaquée  par  les  méthodes 
actuelles  de  l'analyse  mathématique;  il  est  donc  uniquement  pos- 
sible de  montrer  qu'on  a  fourni  un  moyen  logique  d'accorder 
quantitati\ciii(iil.  d"unc  luanière  cohérente,  l'ensemble  de  données 
chaoli([ue  jusiiuc-là.  11  reste  au  ])hysicien  mathématicien  d'entre- 
prendre le  classement  ordonné  des  faits  tpie  nous  avons  présentés 
et  de  montrer  que  le  liml  jicul  t'Ire  déduit  île  sinq)les  j)rémisscs 
nuitliémaliques, ---  ijui  r<']>résenteront  probablement  notre  concep- 
iroii  fondamentale  de  la  même  manière  (pi'on  a  fait  à  propi>s 

il<s  théories  de  la  lumière  ou  du  son. 

Il   est   cependant   clair  (pie,   tout   comme   la   chiniic    organique 


Lv  sriiit;TinK  des  cristaix  kt  lanisotiiiu'ii-;  dks  MOi.iicii.ES.       lai 

cclia|i|»e  au  inatliôniatiiicii  à  cause  de  la  coniplexilé  logi(iuc  de 
sa  parfaite  classification  des  faits  observés,  le  problème  actuel 
semblera  difficile  à  attaquer  à  cause  de  la  complexité  des  fac- 
teurs dont  ou  doit  tenir  compte  dans  tout  Irailemcnt  matbéma- 
tiipie.  Loril  i\i'l\  in  a  fait  rcniar(|ii('r  que  rciilassenicnl  le  plii> 
I Dmpact  de  sphères,  ou  une  autre  com-ejition  simple  de  ce  <;enre, 
peut  servir  à  relier  entre  eux  un  grand  nombre  d<.'  pliénoniènes; 
mais  en  même  temps  il  prévient  contre  la  supposition  cpie  les  phé- 
nomènes présentent  réellçmenl    une  aussi  orandc  sim|>Iiiilé. 

M.  l.iNDEMAN.N.  MM.  Fopc  ct  Barlow  admettent  un  assem- 
blage le  plus  serré  possible  à  la  fois  dans  le  système  cubique  <^ 
dans  le  système  hexagonal.  Ne  s'at  tendraient-ils  pas  à  ce  <jue.  dans 
cette  hypothèse,  les  volumes  atomicfues  du  diamant  et  du  graphite 
fussent  identiques  ?  Il  semble  qu'on  ne  puiss(;  échapper  à  cette 
conclusion  qu'en  supposant  un  changement  dans  les  forces  agissant 
entre  les  atomes,  ce  qui  indiquerait  un  changement  dans  la  cons- 
titution des  atomes  tel  que  nous  le  trouvons  uniquement  associé 
aux  transformations  radioactives.  D'un  autre  côté,  des  densités 
dilTérenles  du  nrèmc  élément  dans  diverses  modifications  allotro- 
piques s'expliquent  très  simplement  si  nous  n'insistons  pas  sur  l'en- 
tassement le  plus  serré  possible. 

M.  l'oi'E.  -^  Les  assemblages  cubique  et  hexagonal  de  sphères 
toutes  égales,  décrits  et  représentés  dans  notre  rapport,  sont  les 
plus  compacts  possible  et  sont  également  compacts;  notre  théorie 
est  une  théorie  statique  et  elle  est  incapable,  sous  sa  forme  actuelle, 
d'endirasser  ou  d'expliquer  les  changements  de  \olume  qui  accom- 
pagnent le  passage  de  deux  formes  allolropicpics  d'un  élément 
l'une  dans  l'autre.  La  différence  de  volume  aloinicpie  du  carbone 
dans  le  diamant  et  le  graphite  est  explicable,  conformément  à  notre 
théorie,  en  supposant  que  les  forces  agissant  entre  les  atomes 
diffèrent  en  grandeur  absolue  dans  les  deux  minéraux  et  il  paraît 
impossible,  pour  des  raisons  physiques,  que  les  rapports  d'énergie 
entre  les  atomes  de  carbone  soient  les  mêmes  dans  le  diamant 
que  dans  le  graphite.  .Nous  ne  disposons  pour  le  moment  d'aucune 
explication  (piantitative  simple  des  dilîéreuces  de  densité  d  im 
même  clément  dans  les  diverses  modifications  allotropiques. 


9.9.2  I.A    STRl'CTinE    DE    LA    MATIÈRE. 

Si  nous  abandonnions  le  tassement,  c'est-à-dire  la  tendance 
des  domaines  atomiques  à  la  sphéricité,  nous  perdrions  l'explica- 
tion quantitative  que  M.  Barlow  et  moi  avons  donnée  des 
correspondances  de  dimensions  entre  des  substances  reliées  par 
la  morphotropie  et  la  polymorpbie.  Sans  cette  idée  du  tassement, 
ou  de  quelque  chose  qui  y  correspond,  nous  retournerions  à  l'état 
chaotique  qui  existait  avant  que  nous  présentions  notre  théorie. 

M.  LoRENTZ.  —  Si  j'ai  bien  compris,  il  n'y  a  rien  dans  la  théorie 
de  MM.  Barlow  et  Pope  qui  détermine  la  fjrandeur  absolue  des 
sphères.  Dans  sa  forme  actuelle,  la  théorie  ne  peut  donc  fournir 
aucune  indication  sur  les  changements  de  densité  produits  par  des 
influences  extérieures. 

M.  Pope.  —  Ainsi  que  M.  Lorentz  -le  fait  remarquer,  notre 
théorie  est  incapable  de  rendre  compte  de  la  orrandeur  des  volumes 
absolus  des  domaines  atomiques;  celle-ci  est  déterminée  en  premier 
lieu  par  des  transformations  d'énergie  et  l'on  trouverait  que  cela 
implique  des  problèmes  de  thermndynami((ue  dont  nous  ne  nous 
sommes  pas  occupés  jusqu'ici. 

M.  Nernst  fait  observer  que  la  façon  différente  de  se  conduire 
du  diamant  et  du  graphite,  laquelle  se  manifeste  dans  l'oxyda- 
tion avec  formation  de  CO  ou  d'acide  graphitique,  doit  trouver 
une  indicaliiHi  dans  les  foinuilcs  Ac  constitution  des  substances 
solides. 

.M.  PopK.  —  L'arrangement  que  M.  Barlow  cl  moi  avons 
proposé  pour  le  graphite  fut  trouvé  en  considérant  non  pas  seu- 
lement la  forme  cristalline  du  graphite,  mais  aussi  le  fait  que  cfl 
minéial  donne  de  l'acide  grajdiiticpie  jiar  oxydation. 

M.  Kamkri.inch  Onnks  rapproi-lic  l'idée  île  MM.  Barlow  et  Pojie. 
f|ui  considèrent  la  densité  des  composés  cristallisés  comme  déter- 
minée par  d'autres  considérations  ipic  les  volumes  [relatifs  de  leurs 
atomes,  d'une  liy])othèse  à  laipu-lle  on  a  été  conduit  en  étudiant 
les  parties  de  la  surface  de  (îibbs  (entropie,  énergie,  volume)  qui 
aj)parliennent  au.\  dillérenls  états  soliilcs  d'une  même  substance. 


l.\   STBt'CTDRE    DES   CRISTAI  \    KT   LAMSOTnOl'IK    DICS    MOI.ICCI  l.KS.  rii 

D'après  cette  liypotlièse  ('),  la  cause  pifiiiii-re  <lf  la  diirércncc 
des  étals  cristallins  liivers  d'une  même  substance  est  la  dillén-nce 
du  volume  moléculaire  h  de  van  der  Waais  (compression  dilVé- 
rente  des  molécules)  dans  les  deux  états  et  la  dill'érence  de  la 
ilensité  de  la  substance  (pii  s'cnsuil  inimédiatcinent  :  lorscju  on 
dévelo|ipe  en  fonctions  spliériipies,  d'après  \  oiot.  rciicrt;ie  ])oten- 
tiellc  d'arran<ienR'nt  et  «roricntatioii  des  molécules  du  cristal, 
énerfîie  qui  ne  jouerait  <pruii  rôle  secondaire  auprès  de  celui  déter- 
miné par  la  densité,  les  coeilicients  dans  ce  développement  dépen- 
draient de  la  densité. 

Il  scndde  que,  lorsqu'on  appliipicra  à  un  syslènic  avec  une 
énergie  potentielle  de  cette  nature  les  piiiuipcs  de  la  mécanique 
statistique  (loi  de  Bollzniann.  considérations  d'Kiiislein  et  de 
SmoluiliowsUi),  on  jjourra  arriver  à  dillérciils  états  d'équilibre 
stable  constitués  par  des  formes  cristallines  diverses  et  à  l'existence 
d'un  point  criti(]ue  entre  deux  formes  cristallines  (non  réalisable 
])arce  que  la  pression  criti((uc  est  énorme). 

L'un  des  arrangements  de  MM.  Barlow  et  Pope  jiourrail  donc 
se  transformer  d'une  manière  continue  dans  l'autre,  la  dillcrcnce 
des  deu.x  arrangements  s'effaçant  près  de  la  température  critique 
par  l'agitation  thermique  et  l'égalisation  des  densités,  et  des 
noyaux,  dont  l'arrangement  se  rapproche  de  l'une  des  deux  iiiodi- 
lications,  se  formant  alors  au  milieu  du  système  dont  1  arrange- 
iMcnl  se  rapproche  de  l'autre. 

M.  Pope.  —  Une  des  justifications  de  la  théorie  que  M.  Barlow 
et  moi  avons  avancée  au  sujet  de  la  relation  entre  la  structure 
cristalline  et  la  constitution  chimique  réside  dans  le  fait  que  notre 
théorie  ne  donne  j)as  l'explication  des  changements  de  volume 
avec  la  tem]>cralure,  les  conditions  ])hysiques  (])olyMior|diisme),  ou 
l'état  d'unifui  chimi(|ue  des  alomes  coristil  uanis.  L'influence  d'un 
changement  de  température  ou  de  l'état  jthysique  sur  le  \(ilume 
absolu  devrait  être  expliquée  par  des  hmétodes  dynamiques 
comme  celles  de  Clerk  Maxwell,  Gibbs  et  van  der  WaaIs;  l'appli- 


(')  Kameiilincii  Onnes  et  Haimm:!..  Connu.  PIii/m.  Lab.  LcUleii,  n°  86.  Hjo'J. 
—  KAMF.Hi.iNfiii  On.nes  cI  Kki;>om,  Eiici/lil.  lier  iiinlliem.  Il'is'if/i.sf/i.,  I.  \', 
p.  lo.  C'omin.  Pliijs.  Lab.  f.eiiliii.  Siipjil.,  \i'"î'.\.  |i|i  '.    iS  ~'î. 


224  l-A    STRUCTinE    DF    LA    MATIÈRE. 

cation  de  l'équation  des  gaz,  modifiée  par  van  der  Waals,  aux 
états  gazeux,  liquide  et  solide,  a  été  tellement  fructueuse,  qu'elle 
nous  permet  d'attendre  de  nouvelles  études  relatives  à  cette  équa- 
tion une  explication  plus  complète  du  problème  du  volume  qu'on 
ne  l'a  donnée  jusqu'ici.  Nous  sommes  donc  tentés  de  douter  qu'une 
théorie  toute  nouvelle,  donnant  une  solution  du  problème  du 
volume  d'une  espèce  toute  différente  de  celle  que  nous  prévoyons, 
puisse  résulter  du  développement  futur  de  l'œuvre  de  van  der 
Waals;  la  ligne  de  conduite  tracée  par  le  professeur  Kamerlingh 
Onnes  se  montrera  sans  doute  fertile  à  cet  égard. 

M.  VoiGT.  —  MM.  Barlow  et  Pope  font  remarquer  que  les  cris- 
taux de  nitrate  de  rubidium  et  de  nitrate  de  sodium  indiquent  une 
constitution  de  sphères  élémentaires  presque  identique  dans  les 
deux  cas.  Or,  au  point  de  vue  optique,  les  deux  cristaux  se  com- 
portent d'une  façon  tout  à  fait  différente;  le  premier  est  biaxe, 
le  second  uniaxe.  Je  voudrais  demander  si  MM.  Barlow  et  Pope 
ont  fait  une  tentative  pour  rendre  compte  de  cette  façon  différente 
de  se  comporter  malgré  une  même  constitution. 

M.  Pope.  —  Ainsi  que  M.  Voigt  le  fait  observer,  les  propriétés 
optiques  du  nitrate  de  sodium  rhomboédrique  et  du  nitrate  de 
rubidium  orthorhombique  sont  entièrement  différentes;  ceci, 
avec  la  symétrie  cristalline  différente  des  deux  sels,  prouve  que 
les  structures  cristallines  sont  différentes.  Le  fait,  que  nous  avons 
prouvé,  que  les  rapports  des  axes  de  l'iin  se  rapprochent  quanti- 
tativement très  fort  de  ceux  de  l'autre  substance  cristalline,  indique 
non  seulement  que  les  constitutions  des  deux  assemblages  sont 
semblables,  mais  fait  supposer  qu'un  seul  système  d'arrange- 
ment plan  des  atomes  composants  est  commun  aux  deux  struc- 
tures. Cela  peut  se  faire  tout  à  fait  comme  dans  le  cas  des  assem- 
blages cubique  et  hexagonal  homogènes  les  plus  compacts,  de 
sphères  toutes  égales;  ces  deux  asseinl)lages  sont  formés  de 
couches  idciil  ii|ues,  ■ —  les  couches  |);irallèlcs  au  plan  (III)  dans 
rarrangcmeiil  cubiciue  -,  mais  les  coudies  sont  einpilccs  de 
deux  façons  ihffércnles,  ipii  iloiiiienl  respectivement  la  symétrie 
cubique  et  la  symétrie  hexagonale. 


i.\  sTHicriHK  iiKs  I  lll^TV^  \  M'  1.' w isd iKiii'i i:  iii:s  M(ii.i;ri  i.i;s.        2'S 

M.  I\  \  M  I  lii.iMiii  (  I\m;s  ilciiiaïul)*  s'il  II  y  jiMiiiil  |>;is  liru  ilc  Icnii' 
«.'omjilu,  dans  les  rtmsitli'-ralioiis  de  ce  Mriiiiiirc  sur  k's  rapports 
des  axes,  îles  varialiuns  t|iriiilroduiseiil.  !orsi|n\m  passe  aux 
basses  teinpéralures,  les  dlirérenees  de  dilalalimi  dans  la  tlircction 
des  dilTérenls  axes.  En  descendant  au  point  d'éhuililion  de  l'Iiydro- 
jîène,  le  elian<renient  ullÎM-ieur  de\ient  prolialilenient  iiéi^diireablc 
et  l'on  obtiendrait  les  ra|iporls  dont  il  s'aij;it,  ilénués  de  l'influence 
perturbatrice  ilc  rajritatiou  llicrnii(|iic. 

M.  l'cipi:  pensant  ipic  les  mesures  ne  pouriaicnt  rtre  faites  à  ces 
basses  teni|)ératnres.  M.  Kamichi.i.ncii  ()n.m;s  ajoute  (|u  il  sera  très 
heureux  de  rendre  à  M.  l'ojie  les  mesures  à  ces  très  basses  tempé- 
ratures ]ires(pie  aussi  faciles  (|u'à  la  température  ordinaire  en  pro- 
litant  de  la  manière  dont  l'hydrogène  liquide  est  manipulé  à  Leyde. 

M.  Pope.  -  -  Jusfiu'à  jirésent  on  n'a  pas  fait  do  mesures  <roiiio- 
métricpies  à  des  températures  beaucoup  plus  basses  que  les  condi- 
tions atmosphériques  (irdiiuiircs:  l'acquisition  duii  ccrtaiu  rminliii' 
lie  données  obtenues  à  des  températures  ap])rocliaut  ilu  zéro 
absolu  serait  certainement  de  la  plus  haute  valeur  pour  l'éclair- 
cissement des  questions  posées  devant  le  Conseil.  Si  le  professeur 
Kamerliniih  Onnes  rend  ]iossible  la  mesure  de  cristaux  au  point 
d'ébullition  de  l'hydrogène,  il  ajoutera  un  nouveau  service  aux 
nondireux  grands  services  qu'il  a  déjà  rendus  à  la  Chimie  physiijue 
et  je  tâcherai  certainement  de  jiroiitci-  di-  laide  (|u  il  m'offre  aima- 
blement. 

M.  LoRENTZ.  —  Est-ce  que,  dans  le  modèle  du  diamant  piMqiosé 
par  MM.  Barlow  et  Pope,  on  peut  \<)ii'  les  ([uatre  valences  de 
l'atome  de  carbone  ? 

M.   Pope.  Dans  le  modèle  de  structure  du  diauiaiil    proposé 

par  le  professeur  Bragg  et  qui  paraît  être  eu  harmonie  avec  les 
conclusions  ilu  professeur  Nernst  et  du  11""  Lindcmann,  on  recon- 
naît la  pi'(i|)ricté  géomélrii|uc  que  ihaipic  atome  est  entouré 
tétraédiii[uement  île  ses  quatre  voisins  les  plus  [)roches.  Ce  modèle 
est  relié  au  nôtre  d'un  façon  géométriipie  sinqile;  si  Ion  divise 
notre   modèle  d'une  manière  homogène   particulière   en   groupes 


INSTITtT    sotVAV 


5îf)  l.V   STRlCTinE    DE    l.A    MATIKIin. 

télraédriques,  chacun  de  quatre  atomes  de  carbone,  el  qu'on  rem- 
place chaqu.e  <rro\jpe  tétraéd-rique  ainsi  situé  par  un  simple  atome 
de  carbone,  on  obtient  l'arrangement  de  Bragg.  La  relation 
entre  les  deux  assemblages  étant  de  cette  simple  forme  géomé- 
trique, il  en  résulte  que  c{uelque  chose  de  correspondant  à  la  pro- 
priété géométricjue  trouvée  dans  l'arrangement  de  Bi-agg,  et  qui 
limite  la  distribution  de  Aan't  Hoff  des  quatre  liaisons  de  valence 
d'un  atome  de  caibone,  doit  se  retrouver  dans  notre  arrangement. 

M.  LixDEMANN.  —  Il  serait  intéressant  d'apprendre  si  MM.  Bar- 
low  et  Pope  ont  élaboré  des  idées  relatives  à  la  stabilité  de  diffé- 
rentes formes  de  la  même  substance.  Il  semblerait  à  première  vue 
que  tous  les  arrangements  serrés  doivent  être  à  pevi  près  égale- 
ment stables.  11  n'en  serait  pas  de  même  pour  d'autres  systèmes 
d'entassement.  Le  diamant  du  professeur  Bragg,  par  exemple, 
ne  serait  stable  qu'aussi  longtemps  que  l'amplitude  tle  vibration 
de  chaque  atome  est  moindre  que  sa  distance  normale  au  |)lan 
passant  par  trois  atomes  voisins.  Un  modèle  de  graphite,  que  l'on 
suppose  composé  d'un  grand  nombre  d'anneaux  hexagonaux 
superposés,  serait  probablement  stable  à  une  température  beau- 
coup plus  élevée.  On  doit  admettre  <|U('  l'amplitude  pour  laf|uelle 
on  pourrait  s'attendre  que  le  modèle  du  professeur  Bragg  dc\icnne 
instable  correspond  à  une  température  l)ien  jilus  cle^■ée  que  celle 
à  laquelle  le  changement  se  produit  en  réalité.  Avec  les  systèmes 
les  plus  serrés,  en  devrait  probablement  admettre  un  diangement 
de  constitution  interne  des  atomes  à  la  température  à  la(|uell<' 
l'une  des  formes  devient  plus  stable  <(ue  l'autre. 

M.  Poi>E.  l,ors(pie  deux  assemblages  sont  égalemeni  compacts, 
noire  méthode  ne  fournil,  aucun  moyen  de  s'assurer  leipiel 
des  deux  modes  d'arrangemenl.  siqiposés  représentés  jiar  deux 
subslanccs  spécifiques,  doit  cire  le  plus  stable.  IVoIre  tiiéorie 
conduit  à  la  conclusion  que  le  tasiicinenl  serré  acconipagnc  la  stabi- 
lité, et  en  supposant  un  empilement  lâche,  la  condilion  (ré(piilibre, 
de  loulc  inqtortance  pour  notre  lliéoric.  est  abandonnée.  Le  tas- 
sement serré  impli(]ue  une  limitai  ion  des  conditions  et  le  tassement 
lâche  n'est  pas  soumis  à  une  telle  liinilalion  :  alors  ipie  le  nombril 
d'arrangements  serrés  d'une  conqiosilion    particulière   est    étroi- 


I.A  srRiTTi  HK   i)Kj  i:nisTAi\   i;t  I.  AMSOTIIOI'II:   IIUS  MOLKCILICS.         >27 

It'iiii-nl  liiiiiti',  on  pfiit  iniat^iiicr  iiiu>  iiiliiiilé  (l'arraiigemcnts 
lâches,  composés  de  la  même  façon.  Comme  le  tassement  serré, 
nvev  ses  limitations  dans  le  ehoix  de  l'arrangement,  fournit  une 
méthode  de  relier  entre  eux  un  j^rand  nombre  de  faits,  il  semble 
illo}ji(iue  d'admettre  la  possibilité  d'arrangements  lâches  dans  les 
substances  cristallines,  aussi  longtemps  tpi'on  n'a  j)as  plus  de 
preuves  expcrinii'iilalcs  (pi'on  n'en  a   |tis(|u'à  présent. 

M.    liiiii.i.oL  i.\.  .\    propos   du   Tableau   \  I   du  rapport   de 

M.  l'ope,  il  faut  remartpier  que  la  confirmation  apportée  aux 
idées  de  MM.  l*ope  et  Harlow  n'est  pas  très  forte.  Comme  ce 
tableau  commence  à  C"  11-*,  les  mesures  qu'il  contient  ne  déter- 
minent bien  «|ue  le  volume  de  CH-,  et  médiocrement  le  rapjiort 
de  H-  à  CM-  et.  par  consé([uent,  de  C  à  II. 

M.  Popi;.  —  La  critique  de  M.  Brillouin  est  fondée,  pour  autant 
(|ii'elle  se  rapporte  au  tableau  donné  dans  notre  rapport;  ce 
tableau  indique  nettement  que  les  nombres  expérimentaux 
s'accordent  parfaitement  avec  l'idée  (jue  le  volume  atomique  du 
carbone  est  quatre  fois  plus  grand  (|ue  celui  de  l'hydrogène; 
mais,  comme  le  tableau  commence  par  C"  H-',  on  pourrait  attri- 
buer cet  accord  à  une  f  rreur  progressive  et  fortuite  dans  les  déter- 
minations du  volume  moléculaire.  Seulement,  le  tableau  ne  repro- 
duit c|ue  sommairement  Tune  des  nombreuses  séries  de  résultats 
obtenus  par  Le  Bas  et  dans  d'autres,  auxquelles  je  renvoie,  sont 
compris  des  hydrocarbures  de  poids  moléculaires  plus  bas  que 
ceux  mentionnés  ci-devant;  des  données  se  rapportant  à  d'autres 
l'spèces.de  conditions  correspondantes  de  température  et  de  pression 
ont  également  été  discutées  d'une  façon  assez  détaillée  par  Le  Bas. 
In  examen  soigné  de  toutes  les  données  dont  on  dispose  ne  larssc 
aucun  doute  quant  à  la  légitimité  de  la  conclusion  que  le  volume 
atomique  du  carbone  dans  les  hydrocarbures  est  quatre  fois  plus 
grand  que  celui  de  l'hydrogène  dans  un  seul  et  même  composé. 

.M.  Bmi.i.oriN.  ---  Si  j'avais  connu  les  résultats  que  nous  a 
apportés  M.  Bragg  au  moment  où  j'ai  écrit  mon  rapport,  j'aurais 
pu  l'abréger  considérablement;  il  est  même  probable  ([ue  je  ne 
l'aurais  pas  écrit  du  tout.  Déjà,  lors  de  l'apparition  des  premiers 


aaS  i.A  STRuiTi  nr,  de  ia  matikke. 

travaux  de  M.  Laue,  il  semblait  très  probable  que  la  question  qui 
me  préoccupait,  —  comme  point  de  départ  de  recherches  physico- 
mathématiques sur  les  actions  moléculaires,  l'élasticité  des  cristaux, 
leur  rupture  par  clivage,  —  celle  de  la  distribution  de  la  matière 
dans  le  cristal  serait  résolue  à  bref  délai.  Néanmoins,  l'existence 
d'une  double  inconnue,  —  constitution  des  rayons  Riintgen  et  dis- 
tribution de  la  matière  dans  le  cristal,  —  la  complexité  des  images 
photographiques,  certaines  particularités  de  celles-ci  (identité  des 
images  obtenues  pour  un  même  réseau  à  différentes  températures) 
laissaient  craindre  une  incertitude  de  quelcjue  durée.  C'est  seule- 
ment en  arrivant  à  Bruxelles  cjue  j'ai  reçu  de  notre  collègue, 
M.  Bragg.  ses  Mémoires  récents,  et  en  particulier  le  Mémoire  de 
son  fds,  W.-L.  Bragg,  communiqué  à  la  Société  Royale  le  S  juin 
igiS  :  Tlie  structure  of  some  crystals  as  indicated  by  their  Diffrac- 
tion of  X  rays.  Mon  impression  est  que  la  discussion  précise  et 
ingénieuse  des  photogrammes  de  KCl,  Kl,  K  Br,  XaCl  ne  peut 
laisser  aucun  doute;  les  atomes  diffringents  ne  sont  pas  concentrés 
en  une  molécule  de  très  petite  dimension,  séparée  de  la  molécule 
voisine  par  une  grande  distance,  suivant  l'hypothèse  favorite  des 
physico-mathématiciens.  Au  contraire,  les  distances  d'un  atome 
aux  atomes  voisins,  identiques  ou  différents,  sont  de  môme  ordre, 
sans  distinction  notable  jusqu'à  présent,  entre  les  atomes  d'une 
même  molécule,  ou  de  molécules  différentes,  si  cette  distinction  a 
encore  un  sens  comme  je  l'indiquerai  plus  loin.  Géoiuétriquemenl 
(mais  non  dynamiquement),  le  cristal  est  construit  cm  atonies  et 
non  en  molécules.  Cela  diminue  considérablement  la  ]iortée  des 
considérations  exposées  dans  mon  rapport  imprimé;  je  les  expo- 
serai donc  assez  brièvcmciil.  .\biii  l)ul  était  d'obtenir  un  rensei- 
gnement sullisanuuent  précis  sur  la  distribution  de  la  matière 
dans  des  cristaux  de  spath  et  d'aragonite  (et  plus  généralement 
de  substances  polymorphes)  pour  faire  une  comparaison  théorique 
de  leurs  propriétés  élastiques  et  mécaniques  telles  (|ni'  notre  col- 
lègue Voigt  les  a  fait  connaître  dejuiis  longtemps. 

Dès  que  M.  Bragg  aura  fait  et  discuté  des  observations  sous 
diverses  iilih(|uilcs  sur  le  spath,  nous  saurons  conuncul  sont  dis- 
tribués les  alonics  dans  le  spath;  dès  à  présent,  le  ])arailélisnic  des 
molécules  dans  le  spath  send)ie  bien  acquis.  L'oliservalion  et  la 
discussion   des   propriétés   de   l'aragonile   seront   sans  doute  jilus 


\.\  srniCTinK  ni'.s  i:RiSTAtx  kt  i.'amsothoi'ik  des  molécilks        viag 

dillit'ilcs  si,  coinino  l'indiijiii-iil  les  i)ropriétés  optiques,  l'élément 
qui  se  reproduit  péri<idi(|ueiiieul  esl  uu  édifice  (Ca  CO'')"  (avec 
n  =  S  dans  mou  hypollièse  la  plus  simple).  Mais  la  eomparaison 
avec  les  autres  carbonates  isomorphes  permettra  vraisemblable- 
ment, comme  pour  les  haloïdes,  de  lever  les  incertitudes.  Dans 
quelques  semaines  ou  dans  queUpies  mois,  les  physico-mathéma- 
ticiens connaîtront  la  distribution  «géométrique  des  masses  actives, 
au  lieu  d'être  réduits  à  l'imaginer;  on  peut  espérer  que  la  recherche 
des  lois  d'action  entre  atomes  et  entre  molécules  cessera  d'être 
aussi  décevante  ([ue  dans  le  ]iassé. 

Toutefois,  il  subsistera  une  dillicullé  considérable,  dont  je  vais 
dire  quelques  mots. 

11  est  acquis  que  le  cristal  doit  être  construit  géo mal rique ment 
en  atomes;  cela  est  déjà  très  favorable  aux  vues  que  défendent, 
depuis  plusieurs  années,  MM.  Barlow  et  Pope;  nous  ne  larderons 
évidemment  pas  longtemps  à  savoir  quel  est  le  degré  de  généralité 
de  la  conception  de  nos  collègues  rclalivement  à  la  proporlioima- 
lité  du  volume  à  la  valence,  dont  leur  ra|)|)orl  <0Mlieiit  tant  d'ajipli- 
cations  séduisantes. 

Mais,  je  tiens  à  insister  sur  ce  point,  celte  conslruclion  du  cristal 
en  atomes  n'empêche  pas  la  composition  du  cristal  d'être  cons- 
tante; la  régularité  de  distribution  des  atomes  de  Na  et  de  Cl  dans 
le  sel  gemme  montre  bien  que  l'équivalence  géométrique  de  l'atome 
de  Na  et  de  l'atome  de  Cl  n'entraîne  ])as  leur  équivalence  dyna- 
mique complète;  on  ne  peut  pas  remplacer  une  partie  des  atomes 
de  Na  par  autant  d'atomes  de  Cl;  la  composition  chimique  d'un 
cristal  n'est  pas  indéterminée,  bien  au  contraire,  comme  chacun 
sait.  Pour  qu'il  en  soit  ainsi,  il  faut  que  Na  se  distingue  dynami- 
<piement  de  Cl,  etc.,  et  que  la  lujtion  de  molécule  chimique  con- 
serve un  sens.  D'autre  part,  il  semble  bien  (d'ajîrès  le  succès 
de  la  notion  même  de  liaison  et  de  i'alence,  sous  la  forme  ordi- 
nairement employée  par  les  chimistes)  qu'il  faille  restreindre  ces 
différences  dynamiques  entre  les  différents  atomes  à  un  domaine 
étroitement  localisé  au  voisinage  iniméilial  de  chacun  d'eux; 
les  résultats  de  la  discussion  de  M.  Bragg  relativement  aux  haloïdes, 
ceux  des  ingénieux  édifices  de  MM.  Harlow  et  Po|)e  montrent 
«pie  les  inégalités  de  distance  mutuelle  d'alomes^monovalents  dilfé- 
rents  sont  très  petites  dans  le  cristal.  .Néanmoins,  je  pense  que 


I.A    STRl'CTlRl:    IIE    LA    JIATfKnE. 


ces  dilierences  existent,  que  chaque  atome  de  Na  est  plus 
particulièrement  lié  à  un  seul  atonie  de  Cl  et  qu'il  en  est  plus 
proche:  c'est  ce  qu'il  faudra  examiner  avec  la  plus  grande  préci- 
sion expérimentale  pour  arriver  à  analyser  la  loi  d'action  chimique 
en  fonction  de  la  distance.  On  peut  donc  s'attendre  à  de  rapides 
progrès  dans  la  coordination  des  propriétés  géométriques,  mais  à 
de  grandes  difficultés  dans  l'étude  du  domaine  d'action  chimique, 
puisque  celle-ci  exigera  une  connaissance  extrêmement  précise 
des  distances  mutuelles  des  atomes. 

Autre  remarque  :  la  notion  actuelle  de  valence  correspond  à 
une  anisotropie  extrême  du  champ  d'action  chimique  des  atomes  (^), 
dont  les  constructions  de  MM.  Barlow  et  Pope  ne  tiennent  aucun 
compte,  et  cela  me  paraît  constituer  une  difficulté  de  leur  théorie: 
une  autre  difficulté  résulte  du  changement  de  la  valeur  absolue 
du  volume  correspondant  à  une  valence  en  passant  d'un  com- 
posé à  un  autre  (^),  et  aussi  de  ré<[uivalence  fréquente  du  volume 
de  C-  H'  et  de  II.  Cela  empêche  de  considérer  les  sphères  de 
MM.  Barlow  et  Pope  comme  représentant  le  volume  de  cha<]ne 
atome  impénétrable  aux  autres  atomes.  Cette  conception  simple 
reste,  à  mon  avis,  inacceptable.  Ces  difficultés  me  paraissaient 
récemment  encore  fournir  de  très  fortes  objeclious  contre  les 
idées  de  MM.  Barlow  et  Po]ie.  11  me  semble  aujourd'hui  que  toute 
conciliai iiiii  n'est  pas  imitossihlc.  et  que,  peut-être,  le  succès  des 
(  otislrni-tions  avec  des  sphères  jieut  s'expliquer  par  le  caractère, 
non  pas  des  actions  répulsives  à  petite  distance,  mais  des  actions 
attractives  à  grande  distance  entre  atomes,  lesquelles  sont  ci>r- 
taincment  à  peu  près  isotropes. 


(')  lÎRiLLouiN,  Caractères  fiénéraux  des  aciions  entre  molécules  \.\nn.  de 
Chiin.  cl  de  Phys.,  t.  XXVIII,  191'^,  p.  18;  Qimlqiuis  caractères  généraiir  des 
actions  mutuelles  atomiques  {Ibid.,  t.  XXVIII,  igiS,  p.  567);  L'atome  moiio- 
i'alenl  ne  peut  pas  être  un  doublet  ijur  {Iliid..  \.  W\X.  uji",)!.  f|~'^). 

(')  C' II'  «'l'istalllsi'.   volunii'  nioU-rulaii'i'. . .        77vi 

COIPBr-         «  ■■  Kio.ï. 

Les  forme*  crisUillIncs  iili'iitiqui'S  s'ai'corrlciil  liicii  avic  ratlriliiilioii  au 
carlioiif  il'iiii  voliiiiU'  <iuailriiplc  «le  cihii  de  H  ou  do  lir;  mais,  ilaiis  le  si'ooiul 
rorps,  It's  vciliimrs  absolus  sont  niuhiplics  par  1,(58  In"  Ti  dn  Happorl.  p.  i(>7<.) 
du  iMcmoin;  <li,-  i <(<><>,  Traiis.  Client.  Hoc). 


IV  <ruirTiiir.  iiK!;  riii>rvi\   ivr  i.  wisoTiioni:  iir.s  moi.kci  lks.        ■>  >i 

(^•iii)i  <|ii'il  i?ii  soil.  (III  ne  |icmI  [iliis,  liaiis  les  ihcorics  cristal- 
liiics,  i-oiisitlt'TtT  la  molécule  eu  hloc;  il  faut  Kjealiser  les  atomes 
isolémenl  :  r"e-;|  une  eomplication  <M>iisiiléraj(le  dans  les  ealeuls 
tlicoriqiies.  \\\\  revanelie,  eela  rend  liieii  [iliis  laeile  à  comjirendi'e 
la  iliseonlinuilé  de  propi'iélés  veelorielies  (jiie  manifestent  les 
elivaj;es,  et  aussi  la  rareté  des  édifices  cristallins  dans  lesquels 
les  eliva<ïes  soient  nets,  correspondant,  par  exemple,  à  des  direc- 
tions de  plans  de  part  et  d'autre  desquels  les  molécules  restent 
coinplèles,  si,  nimnie  je  le  crois,  il  faut  continuer  à  jïrouper  dyna- 
niiqueineiil  les  atomes  en  molécules  bien  déterminées,  bien  que 
larrangenient  lîéomélrique  des  atomes  ne  soit  que  très  faibletncnt 
alTeclé  [lar  ces  liaisons  dynamiques  anisotropes. 

M.  I  lASE.\«"mnL.  -  .)(■  \(iii(liais,  pai-  (|iicl(nics  mots,  attirer 
l'attention  de  notre  assemblée  sur  une  publication  de  M.  Lanipa  (^). 
bien  <|ue  ce  travail  parte  d'un  point  de  vue  peu  moderne.  Ainsi 
<|ue  Clausius  cl,  Mossotti  ont  liéduit  leur  formule  en  supposant 
lies  sphères  conductrices  dans  le  \idc,  Lampa  a  imaginé  des 
molécules  conductrices  de  forme  d'ellipsoïiles  orientées  dans  le 
même  sens;  il  a  obtenu  des  résultats  (|ui  [louiraienl  être  comparés 
avec  ce  que  nous  venons  <renlciidit'  et  (jui  pourraient  peut-être 
intéresser  M.  Mrillouiu. 

M.  Lam.kvin.  —  11  me  sciiililc  (|u Du  ne  doit  ]>as  atlaciier  une 
f^ande  importance  aux  écarts  observés  dans  les  cristaux  entre 
les  indices  de  réfraction  et  les  racines  carrées  des  pouvoirs  induc- 
teurs spéciliqiies.  Dans  le  cas  où  les  pouvoirs  inducteurs  spéci- 
liques  ont  des  valeurs  aussi  élevées  que  celles  citées  par  M.  Bril- 
louin  dans  son  rapport,  il  intei'vicut  très  probablement  tians  la 
pularisalion  électri(]ue  du  milieu  un  |>liénomcnc  d'orientation 
de  doiibleivsous  l'action  du  champ,  analojjue  à  celui  qui  donne 
lieu  au  paramajjnétismc  et  cpic  M.  Debye  a  étudié  récemment. 
Ce  phénomène  demande,  pour  se  produire,  en  raison  de  l'équi- 
libre slalisliqiic  auipiel  il  correspond,  un  temps  très  long  par 
rapport  au.\  périodes  liiniincuses  et  ne  doit  )ias  intervenir  dans  la 
polarisatitiii   électrique  associée  à   la   propagation  de  la  lumière. 

(')  SilzitngKher.  Wien.  11  n.  1.  (UV,  iHij5,  p.  C8i,  i  i  7<J. 


■•' i-i  1.A  STRicTinn:  nE  i.a  jutièrk. 

La  relation  de  .Maxwell  ne  peut  subsister  avec  quelque  exactitude 
qu'en  l'absence  d'une  telle  .orientation  de  doublets.  L'influence 
de  cette  orientation  varie,  comme  les  constantes  paramagnétiques, 
en  raison  inverse  de  la  température  absolue,  et  il  serait  intéressant 
de  reprendre  la  mesure  des  pouvoirs  inducteurs  spécifiques  des 
cristaux  à  diverses  températures.  Je  pense  qu'on  observerait  une 
variation  plus  rapide  pour  cet  élément  que  pour  les  indices  et  qu'on 
se  rapprocherait  de  la  relation  de  Maxwell  aux  températures 
élevées.  Peut-être  aussi  l'influence  de  l'orientation  disparaîtrait-elle 
aux  très  basses  températures  si  les  doublets  s'y  trouvaient 
immobilisés  en  même  temps  que  tout  l'édifice  cristallin. 

M.  \  oiGT.  —  Je  voudrais  dépeindre  l'impression  générale 
que  m'ont  laissée,  comme  physicien  cristallographe,  les  deux  confé- 
rences et  la  discussion  qui  a  eu  lieii  jusqu'ici. 

A  mon  avis,  le  premier  problème  de  la  jihysique  des  cristaux, 
posé  par  toutes  les  théories,  est  le  sui\aut   : 

En  partant  de  principes  généraux  et  à  l'aide  de  simples  considé- 
rations de  symétrie,  on  trouve  jiour  les  divers  donuiines  de  la 
pliysi([iie  cristalline  et  les  diverses  classes  de  cristaux,  les  lois  sous 
leur  forme  la  plus  générale,  avec  un  nombre  de  paramètres  le 
plus  grand  possible.  Pour  qu'une  hypothèse  molécidaire  prouve 
son  utilité,  elle  doit  pouvoir  réduire  ce  grand  nombre  de  paramètres 
indépendants  à  un  nombre  plus  pclil  ]iar  des  relations  entre  eux 
et  l'oliservation  doit  confirmer  ces  relations. 

Dans  la  théorie  moléculaiie  de  l'élasticité,  on  peut  admctlrc, 
confoiiiiéinsiii  aux  anciennes  représentations,  qu'aux  nœuds  des 
réseaux  i\v  15ra\ais  il  existe  îles  masses  élémentaires  dont  les  po- 
tentiels ])ossètlenl  la  symétrie  de  la  forme  cristalliiu'.  I*".n  général, 
ces  éléments  ne  ])euvent  pas  èlrc  ((institués  par  les  molécules 
(■liiini(|ijcs,  parce  (pie  (•clles-ci  ndiil  pas  la  symétrie  nécessaire, 
mais  ils  (l(ii\('nl  ("tre  formés  de  plusieurs  molécules,  disposées 
suivant  <'erl aines  lois. 

Lorsqu'on  |iail  de  ccl  le  ((incepl  ion,  la  \(iic  de  la  théorie  CSt  lonl 
in(li(piée.  ('.Iia(|iii'  pol eut iel,  a\anl  la  symétrie  ilésirée,  ])eut  èlre 
représenté  |iai  une  série  de  foiu'tions  sphéri<|ues,  à  hupieilc  il 
faudra  a|(inl(i'  des  termes  représenlani  une  i'é|uilsioii  tliermi(|ue. 
La    coniiiinaisdii    dune   pareille  li\  pollièse  avec  un  réseau  éléiucn- 


I.V   STRICTIIIK    l>KS   CniSTAI  \    KT    I.'aMSOTIIOI'M;    1>1:s    MOI.ÉOILF.S.  'Ti 

taire  ap|iro|)ri(''  à  la  fininc  ciislalliiH'  fnmiiil  alors  une  base  iialii- 
relle  el  eoiivenable  ])our  la  théorie  iiioléeiilaire.  .le  pense  (|ii'on 
|ieiit  espérer  que  sur  eette  l)ase  le  iioii\  eau  iiioilèlc  ihi  (iKiinaiit  de 
M.M.  Bra^^  |)oiirra  être  étudié. 

Les  hypothèses  sur  la  structure,  dépassant  les  idées  de  Bravais, 
reviennent  à  ceci  qu'on  représente  ces  éléments  de  structure  par 
des  systèmes  de  points.  L'ancienne  théorie  n'a  pas  hesoiTi  d'utu' 
|)areille  spécialisation,  car  c'est  à  peine  si  elle  fournil  (piehpie  chose 
lie  |)lus  que  la  re])résentatioii  ilu  potentiel  |)ar  des  fonctions  splié- 
riqucs. 

Les  nouvelles  idées,  défendues  surtout  jiar  M.  Bragg,  y  apportent 
jusqu'à  un  certain  point  un  changement.  Vis-à-vis  des  hypo- 
thèses de  Sohncke,  Schiinflies,  Fedorow,  la  nouvelle  hypothèse 
sur  la  structure  se  laisse  formuler  peut-être  de  la  façon  la  plus  pré- 
cise en  disant  qu'elle  ramène  les  systèmes  de  ])oints  admis  |)ar  les 
premiers  auteurs  à  des  atomes,  qu'elle  sépare  les  uns  des  autres 
au  ])oint  de  rendre  leurs  distances  commensurables  avec  celles 
des  divers  éléments  ou  points  du  réseau. 

Il  n'est  pas  nécessaire  que  ce  changemenl  dans  la  structure  ait 
des  conséquences  dans  tous  les  domaines  de  la  physique  des  cris- 
taux. Autant  ([ue  je  puisse  voir,  elle  ne  changerait  rien  d'essentiel 
en  élasticité,  si  tous  les  atomes  se  comportaient  de  la  même  façon 
vis-à-vis  d'une  déformation  et  si  la  sphère  d'action  pouvait  être 
considérée  comme  très  grande  par  rapport  aux  mailles  des  réseau.x 
de  Bravais. 

Mais  on  arriverait  à  de  nouvelles  conclusions,  si  Ton  de\ail 
donner  aux  divers  atomes,  dans  une  déformation,  des  déplacements 
(liffércnls.  11  est  vrai  que  chaque  réseau  atomique  doit  subir  la 
même  déformation  ;  mais,  pour  les  divers  réseau.\,  des  dislocations 
réciproques  sont  possibles,  qui  doivent  évidemment  obéir  aux  lois 
de  la  symétrie  eiislalline.  Uans  uni'  jiaii'iile  manière  de  voir.il 
semble  par  exemple  qu'il  soit  jxjssible  de  rattacher  direelemcnt 
parla  théorie  l'élasticité  à  la  ])yro-électricité  et  la  j)iézo-éleclricité. 

11  me  semble  que  les  nouvelles  conceptions  donnent  actuellement 
des  indications  physicpies  importantes  dans  celte  direction,  c'est- 
à-dire  dans  la  poursuite  des  conséquences  d'une  dislocation  réci- 
j)roque  des  diverses  espèces  d'atomes  d'un  cristal. 


204  LA   STniCTUHE    DE   LA   MVTIBRE. 

M.  \\eiss.  —  M.  Brilloiiin  s'est  demandé  si  le  réseau  pouvait 
être  rendu  responsable  des  contradictions  entre  les  renseigne- 
ments déduits  des  mesures  optiques  et  des  constantes  diélec- 
triques. L'analogie  avec  le  magnétisme  des  cristaux  permet  de 
penser  qu'il  en  est  bien  ainsi.  Par  l'étude  expérimentale  de  ces 
cristaux  magnétiques,  on  est  amené  à  introduire  trois  coefficients  : 
-\i,  No,  N':j,  relatifs  à  trois  axes  rectangulaires,  jouant  le  rôle  du 

coefficient    -  de  la  théorie  de  Lorentz  des  diélectriques.  Il  semble 

donc  indiqué  pour  les  diélectriques  de  considérer  de  même  trois 

coefficients  n,,  «j,  113,  sans  doute  voisins  de -4".  mais  différents 

î 

entre  eux.   Ces  valeurs  différentes   doivent  influer  différemment 
sur  celles  des  constantes  diélectriques. 


SL'U  LA 

MKLVTION  KNTI{K  LA  PYHD-KI.KCTIUCITK 

i:t  l.\  tempkkatlhk 

Pau    m.   \V.   VOir.T. 


Notre  présitloiU  m'a  fait  l'honneur  île  me  permettre  de  \ons 
faire,  un  rappurl  sur  les  résuUals  d'une  recherche  sur  la  relation 
qu'il  y  a  entre  la  pyro-éleilricité  de  tpielques  cristaux  et  la  leiniié- 
ratiire,  reclierclie  ([ui  lui  ell'ecluée  dans  l'institut  que  je  dirige. 
Le  sujet  me  paraît  convenir  à  un  exposé  dans  cette  réunion,  pas 
sculemeni  |)arce  (pi'il  se  rapporte  certainement  à  des  cristaux  et 
peut-être  à  l'hypothèse  des  quanta;  sous  d'autres  rapports  encore 
il  se  rattache  à  des  questions  qui  ont  été  discutées  ici. 

La  méthode  que  nous  avons  appliquée  dans  l'étude  de  la  pyro- 
électricité  des  cristaux  est  une  légère  modilication  de  la  méthode 
de  compenaation  hien  t'onnue,  imajiinée  par  MM.  I'.  et  .1.  Curie. 
L'idée  fondamentale  de  la  méthode  est  la  suivante  :  le  cristal  à 
examiner,  de  forme  prismatique,  est  muni  sur  deux  faces  paral- 
lèles de  couches  mélalli(iues  sur  les({uelles  des  charges  prennent 
naissance  par  excitation  du  cristal.  Les  couches  métalliques  sont 
reliées  à  un  dispositif  a|>proprié,  qui  permet  d'annuler  les  dill'é- 
rcnces  de  |)otentiel  produites  par  les  charges  et  de  mesurer  les 
charges  que  dans  ce  hut  il  faut  apporter  sur  les  couches.  L'avan- 
tage de  la  niélhode  est  d"é\ilcr  presque  complètement  toute  perte 
de  charge  et  cet  axanlagc  est  encore  plus  imj)ortant  dans  le  cas 
de  la  pyro-électricité  «pie  dans  le  cas  de  la  piézo-électricité.  tin  effet, 
dans  le  dernier  cas.  l'excitation  est  instantanée,  tandis  que  dans 
le  jiremier  elle  demaiule  toujours  im  certain  temps,  eu  égard 
à  la  lenteur  avec  la([ui-lle  une  dilférence  de  température  s'établit. 

Je  commencerai  par  décrire  le  dispositif  électrique  employé 
(/tg.  i).  K  est  la  préparation  cristalline  prismatique  avec  les  arma- 


•^ 


9-36  LA   STRUCTURE    DE    LA   MATIERE. 

tures  métalliques  A  et  B.  L'armature  A  est  reliée  au  sol,  B  au  iil 
d'un  électromètre  de  Hankçl  E  de  très  petite  capacité.  P  est  une 
batterie  de  Kriiger,  dont  le  circuit  est  fermé  à  travers  une  très 
grande  résistance  R;  un  contact  à  curseur  S  établit  la  communi- 
cation avec  un  des  conducteurs  d'un  condensateur  de  mesure  C, 


'iSJSiJ>SJ>J>SSSSJ>SJ>J)S>J>JWJ 


modèle  de  Ilarms,  dont  l'autre  conducteur  est  également  relié  au 
fd  de  l'électromètre.  Si,  après  une  mise  à  la  terre  passagère  de 
l'armature  B,  le  cristal  K  est  excité  par  un  changement  de  tempé- 
rature, le  fd  de  l'électromètre  peut  être  ramené  au  zéro  par  un 
déplacement  convenable  de  S.  La  situation  finale  de  S,  mise  en 
rapport  avec  la  capacité  du  condensateur  (1,  permet  de  déter- 
miner la  charge  développée  (et  compensée)  sur  B  et  par  consé- 
quent aussi  la  constante  pyro-électrique. 

Pour  pouvoir  lui  communiquer  le  changement  de  température 
désiré,  la  ])réparalion  cristalline  avait  reçu  la  forme  d'une  colonne 
prismatique  mince  et  courte  d'environ  a  X  3  X  la'"'",  et  était  fixée 
dans  l'axe  d'un  lubc  tu  laiton  à  paroi  miiue:  sur  ce  tube  était 
enroulée  une  couche  dun  mince  fil  isolé  et  là-dessus  était  glissé 
un  second  tube  de  laiton  nuiice.  Tout  ce  système  était  plongé  dans 
un  liaiii  de  température  constante,  à  la  température  duquel  s'éta- 
blissait un  premier  étal  (réipiilibre  ihei-miijui'  el  éleclnque  dans 
le  système. 

En  envoyant  mu  laible  cduiant  élect  inpic  à  travers  le  Iil  eu 
s|urale.  on  pimlnisait  alors  un  sccuncl  rial  d  i''i|mliiii'r  lliri'miqne  et. 
Ton  déterminait  en  même  tciiqis  par  la  met  hode  décrite  ci-ilessus 
la  charge  mise  en  liberté  sur  les  armatures  A  (>t  B.  A])rès  inler- 
rM|)lion  du  couranl,  la  |ii'emi(rr  Irnipératm-e  se  rétablissait  el 
Itui  mesurait  égaicmciil   la  iliaii;c  ({lu  |ircnail   naissance. 


SI  II    I.X    r\KI.ATIO.\    K.VTIIK    LA    rMIO-KlMC  lllll  ITK    KT    I.A    TliSIl'hlIA  T  l  111..       f/i- 

l.,cs  lt'iii|>i'M;il  lires  ilii  irislal  liiiiiil  iiicsiirécs  au  inoycii  iriiii 
thenim-éléiiitMil  élalonné,  a|)])ll(Hié  ooiilrc  le  irislal.  On  foiilrnla 
(|U('  la  li'iupi'ial  lire  de  la  préparation  erislalliiie  était  seiisibie- 
inenl  i-oiistaiite.  lu  fliani;emeiil  i|iii  se  sérail  proiliiil  de  la  inènic 
façon  dans  les  tieiix  températures  eonibinées  n'aurait  d'ailleurs 
pas  tripul>ié  iiolahlenienl  les  résultats. 

L'aieord  entre  des  observations  répétées  sur  la  mèiue  pré|jara- 
lion  ou  entre  les  observations  faites  sur  diverses  préparations 
d'un  même  eristal  fut  très  satisfaisant. 

Les  observations  furent  faites  sur  la  plupart  des  erislaux  dont 
.M.  ilayashi  mesura  il  y  a  (piel([ues  années  la  pyro-éleetricité 
à  20°  C.  ;  les  matériaux  étaient  les  niriiies  ipir  iciix  ipi'il  avait 
préparés  et  employés.  C'étaient  trois  espèi-es  de  Imninaline  (verte, 
jaime,  rouge),  puis  les  sels:  sulfate  double  de  lilhiuni  et  de  sodium, 
ditartrate  de  stinnlnmi  trlrali\  draté,  siillatc  de  lilluuiii  niuiio- 
hydraté,  tartrate  neutre  de  potassium,  sulfate  double  de  potas- 
sium et  de  litbiiim,  tartrate  droit  d'ammonium,  séléniate  double 
de  litliium  et  de  soilium  hexahydraté,  séléniate  de  lithium  mono- 
hydraté.  Les  nouvelles  mesures  ont  été  i'ailis  |>ar  M.  .\iker- 
mann. 

Les  préparations  de  tourmaline  purent  être  examinées  depuis  la 
température  d'ébullition  nnrriiale  de  l'indrogène  jusque  vers 
.'{00°  C.  :  les  sels  ne  ])ermettaient  évidemment  pas  de  dépasser 
loo"  C. 

Malgré  les  très  grandes  dill'éienees  dans  lis  \  aleurs  absolues 
de  l'excitation  pyro-èlectri<pie,  ipii  varient  dans  le  rap|)ort  i  :3o, 
toutes  les  substances  examinées  présentent  aux  basses  tempé- 
ratures la  même  allure,  savoir  une  diminution  à  zéro  de  l'excita- 
tion p\TO-électrique  lorsque  la  température  (absolue)  tend  vers 
zéro;  cette  allure  paraît  être  la  même  ipie  celle  observée  par 
M.  Nernst  et  ses  collaborateurs  pour  la  chaleur  spécifique.  Aux 
températures  les  plus  élevées  qui  puissent  être  atteintes,  les  sels 
présentent  aussi  pour  la  pyro-électricité  une  allure  semblable  à 
celle  de  la  chaleur  spécifi([ue;  leur  excitation  paraît  notamment 
tendre  vers  une  valeur  limite.  Pour  la  tourmaline,  on  a  pu 
constater  avec  une  parfaite  certitude  qu'a])rès  une  dfminulion  de 
l'ascension,  il  se  ]>roduit  une  nouvelle  augmentation. 

La    figure    >.    représente   ce   type;   l'étendue   a[î   correspond   au 


2^>!^  LA   STRIXTIRE    DE    LA    JUTIÈRi", 

domaine  de  températures  qu'il  est  possible  d'examiner  pour  les 
sels. 

Ces  résultats  paraissent  particulièrement  sui'prenants.  si  l'on  se 
rappelle  que  les  observations  de  piézo-électricité  qui  furent  faites 


iiP 


Fig.   j. 

d'abord  dans  le  laboratoire  de  M.  Runtgen  (Munich),  puis  dans 
celui  de  M.  Kamerlingh  Onnes  (Leiden),  donnèrent  pour  l'exci- 
tation piézo-électrique  jusqu'aux  températures  les  ].)lus  basses 
tnie  dépendance  fort  insignifiante  de  la  température. 

Pour  interpréter  les  résultats  esquissés  sur  la  pyro-élcctricilé,  on 
doit  tenir  conqjtc  de  ce  que  l'action  de  la  tenq)érafure  est  double  : 
il  y  a  une  action  tpie  l'on  jiourrait  ajipeler  directe  et  une  autre 
indirecte.  L'action  directe  est  la  partie  qui  resterait  si  l'on  |)ouvait 
annuler  arliliciellement  toute  déformation  dvi  cristal:  je  l'aiipelli' 
la  pyro-électricité  craie.  L'action  indirecte  est  celle  ifui  .s'exer- 
cerait, si  l'on  j)roduisait  mécaniquement,  sans  variation  tle  tenqié- 
laliirc,  la  défoi mal  ion  obtenue  par  diangenicnt  ilc  température; 
elle  est  de  nature  jiiézo-électrique:  je  l'appelle  la  fiiii.s.se  pvro- 
éleclricilé.  Cela  jieul  être  exprimé  en  rcjtrésenlaul  rcxcilalioii 
pyro-cleclriipu-  /)  par  la  formule 

/>=/>« -4-/;,. 
Suisanl  les  fornudes  (]ue  j'ai  données  il  y  a  à  peu  près  •':">  ans. 


S|:n    l.\    RKLATIO.N    KNTIIK    l.\    l'VIIO-Kl.KCTBH^ITK    ET    I.V    TDMI'KIIATI  HK.      ■x'il) 

la  fausse  pyro-électricilt-  p,  peut  rfre  représenlrc  |iai'  rexjiressioi» 

h  k 

OÙ  Il's  a/,  représentent  certains  coeilicients  de  dilatation  tlirr- 
inii|ue,  les  rf*  certains  modules  ])iézo-électriqucs;  les  c/,i^  sont  des 
constantes    d'élasticité    de    la    substance. 

t)r,  d'après  ce  qui  vient  d'être  remaniué,  les  d^  ne  présentent 
pas  une  diminution  considérable  lorsque  la  leinpérature  s'abaisse. 
Une  "allure  semblable  est  fournie  pour  les  <■/,/;  aussi  bien  par  la 
théorie  que  M.  (.Iriineisen  a  développée  précédemment  f(ue  par 
l'expérience.  Par  contre,  la  théorie  et  l'observation  indiquent 
une  diminution  des  a/,  suivant  une  allure  aiialof);ue  à  celle  pré- 
sentée par  la  chaleur  spécifique  et  la  même  allure  est  exigée 
par  la  relation  ci-dessus  pour  la  fausse  pyro-éleclricité  p,. 

Les  observations  sur  p  =  />„+  P\  donnent  donc  aussi  la  même 
chose  pour  la  jiyro-électricité  vraie.  11  n'y  a  en  ellet  aucuiu-  dilll- 
cidté  à  relier  cette  fonction  à  l'énergie  cinétique  d'une  même  façon 
que  la  chaleur  spécifique.  Une  méthode  tout  à  fait  grossière,  mais 
particulièrement  simple,  par  laquelle  on  peut  établir  une  pareille 
relation,  est  celle-ci,  (|u'on  admet  l'existence  dans  un  crislal  de 
dipôlcs,  qui  vibrent  l'un  vis-à-vis  de  l'autre  et  s'entre-choquent 
dans  une  position  moyenne.  La  moyenne  distance  est  alors 
approximativement  proportionnelle  à  la  racine  carrée  de  l'énergie 
cinétique. 

De  pareilles  considérations  j)araissent  montrer  que  la  vraie 
pyro-électricité  aussi  peut  ou  doit  être  mise  en  relation  avec  l'iiypo- 
thèse  des  quanla  et  il  me  semble  ([ue  ceJa  n'est  pas  sans  intérêt. 
L'allure  plus  compIi(|uée  de  p  dans  le  cas  de  la  tourmaline  sem- 
blerait alors  indiquer  l'existence  de  deux  domaines  de  ^  ibrations 
propres. 


■Î^O  l.A    STRICTLRE    DE    I.A    MATIERE. 

DISCUSSION  DU  RAPPORT  DE  M.  VOIGT. 

M.  Langevi.n.  —  Au  lieu  de  supposer,  comme  le  fait  .M.  ^  oigt, 
f|ue  le  cristal  pyro-électrique  contient  des  dipôles  de  moment 
variable  avec  la  température,  ne  pourrait-on  pas  admettre  la 
présence  de  dipôles  de  moment  constant  et  d'orientation  variable  ? 
Au  lieu  d'être  nulle  à  basse  température,  la  polarisation  du  cristal 
serait,  au  contraire,  maximum,  mais  ne  se  manifesterait  par  la 
production  d'aucun  cham])  électrique,  parce  que  les  charges  fic- 
tives c|ui  la  représentent  seraient  exactement  compensées  par  des 
charges  vraies  superficielles  produites,  grâce  à  la  conductibilité 
soit  de  l'air  environnant,  soit  du  cristal  lui-mcmc.  La  somme 
de  ces  charges  vraies  est  nulle. 

Si  l'on  élève  la  température,  l'agitation  thermique  ])i(Hluit  un 
désordre  croissant  d'orientation  et  diminue  la  ]iolarisation  glo- 
bale sans  changement  des  moments  individuels.  La  conqiensation 
n'existant  plus  entre,  les  charges  fictives  et  les  charges  vraies, 
un  champ  clcctri(iue  a]ij)arait  à  lexléricur  du  cristal  donnant 
liiMi  à  la  pyro-électricité. 

LU  cristal  pyro-électric[ue  serait  ainsi  exactement  comparable 
à  un  cristal  ferromagnétique.  Sous  l'action  diin  champ  molécu- 
hiire  (jui  est  pcul-rlrc  (h"i  m  une  même  cause  dans  les  deux  cas, 
il  y  aurait  ])olarisat  ion  électrique  ou  magnéti(]ue  spontanée, 
saturation  s])ontanée  décroissante  quand  la  lempcraliue  s'élève 
en  raison  de  l'agitation  iheiiniipie  superposée  à  l'action  du  champ 
molécnlaii'c. 

L'absence  de  masses  magncli(|ues  vraies  permcl  d  obser\er  la 
polarisation  inagnéticpie  tout  entière,  tandis  que  l'existence  des 
masses  éleclri(pies  \  rai<'s  iic  pii  inci  d'observer  <]uc  les  vana- 
I  ions  (le  la  poliirisalitui  cli'cl  ii(|i  11'  a  \  cr  la  Icnqicrature.  ])ar  exemple. 

M.  \oi(,i.  t.etle  rc])rcsenlalioii  mcsl  aussi  tout  à  fait  fami- 
lière; je  n'ai  ineutlonné  l'aulre  (pic  ]>arce  ipielle  représente  encore 
plus  simplcniclil   le  mkhiu'IiI   résiillanl. 

Les  mesures  pyro-éleclri(|ues  ne  se  rapportent  qu'aux  chaugr- 
iiirnts  de  ce  montent  et  non  à  sa  valeur  absolue.  On  peut  rendre 
sensible  en  (piehine  sorte  la  valeur  absolue  en  rom|iant  un  barreau 


Slll    IV    IIKUTION    KNniE    I.V    IM  IlO-KI.KCTIlll  ITK    KT    I.  V    TE.MI'KIIATI  «i:.      2  |  1 

cristiillin;  il  se  produit  alors  sur  les  cassures  des  charges  qui  pro- 
vifunont  des  inoineiits  absolus.  ^ 

M.  Langevi.n.  —  Quand  le  cristal  est  brisé,  on  mesure  les 
charges  vraies  présentes  sur  une  portion  de  sa  surface  et,  par 
suite,  la  polarisation  qu'elles  compensent,  à  condition  ce])endant 
qu'il  ne  se  soit  pas  produit  de  nouvelles  charges  vraies  au  mo- 
ment de  la  rupture.  11  est  probable,  par  exemple,  que  le  champ 
électrique  intense,  apparu  entre  les  deux  faces  de  la  coupure, 
donne  lieu  à  une  décharge  disruptive  par  effluve  dans  l'air,  d'où 
apport  lie  nouvelles  charges  vraies  sur  les  surfaces  nouvellement 
créées.  Ce  champ  électrique,  égal  à  4~  fois  la  polarisation  spon- 
tanée du  cristal,  doit  en  général  être  assez  intense  pour  provo- 
quer l'effluve. 

C'est  probablement  ainsi  (jue  s'expliquent  les  phénomènes  de 
triboluminescence,  en  j)arliculier  les  effluves  observées  quanti 
on  brise  un  morceau  de  sucre  dans  l'obscurité. 

M.  \'oiGT.  —  Une  pareille  compensation  se  produit  certaine- 
ment; l'observation  ne  fournit  donc  qu'une  limite  inférieure  pour 
le  moment  absolu.  Je  pense  aussi  que  la  luminescence  qui  se  pro- 
duit lors  de  la  rupture  de  nombreux  cristaux  est  en  rapport  avec 
cette  compensation.  Pour  la  constater,  j'ai  engagé  M.  Hayashi  à 
briser  dans  l'obscurité  des  prismes  taillés  dans  des  cristaux  de 
sucre  et  différemment  orientés.  Les  prismes  parallèles  à  Taxe 
polaire  donnaient  le  maximum  de  luminescence,  les  pfismes  per- 
pendiculaires à  cet  axe  n'en  donnaient  pas  du  tout.  Cela  est 
d'accord  avec  la  manière  de  voir  exposée. 

.M.  I3rilloli.n.  — •  I^a  séparai  idii  des  fré(|uences-limites  rela- 
tives au  phénontène  pynj-électriijue  vrai  de  la  tourmaline,  et  au 
phénomène  pyro-électrique  faux  (ou  pyro-électrique  de  réseau), 
me  parait  très  intéressante.  VAle  fait  espérer  qu'une  séparation 
analogue  pourrait  être  observée  dans  les  études  piézo-optiques, 
et  qu'en  les  poursuivant  à  tenq)érature  de  plus  en  plus  basse,  on 
verrait  dis])araître  l'influence  de  l'anisotropie  du  réseau  avant 
celle  de  l'anisotropie  jiropre  à  la  molécule  (ou  aux  atomes).  Cela 
permettrait  de  séparer  expérimentalement  l'effet  de  ces  deu.x 
anisotropies. 


TIIK(l|{li:  MOLKClLMIil-:  llKS  Clllirs  SOLIIII^^ 

I'ak  m.   K.  (ililNKISKN. 


Le  bul  de  la  théorie  moléculaire  des  corps  solides  est  d  indiquer 
un  système  d'atomes  et  d'électrons  qui  réunit  en  soi  les  pro- 
priétés des  corps  solides.  La  condition  fondamentale  pour  atteindre 
<i'  liut  est  de  connaître  la  structure  de  l'atome  et  les  actions  mu- 
tnt'llcs  entre  atomes  et  électrons.  Bien  que  l'on  s'occupe  activement 
d'élucider  ces  questions  par  la  théorie  et  par  l'expérience,  nos 
coimaissances  sont  encore  tellement  im[)arl'aitos  (|uc  nous  devons 
avouer  que,  dans  l'établissement  d'une  théorie  moléculaire  des 
corps  solides,  nous  sommes  encore  loin  du  ]tu\. 

Mais  l'expérience  a  appris  que,  bien  que  les  liaisons  entre  les 
atomes  et  les  électrons  soient  extraordinaircmont  intimes  dans  les 
corps  soH<les,  ainsi  que  le  prouve,  par  exemple,  la  relation  découverte 
par  Ilaber  (^)  entre  les  fréquences  propres  infra-rouges  et  ultra- 
violettes, beaucoiqi  de  propriétés  des  corps  solides  peuvent  être 
interjirétées  par  des  itlées  atoniistiques,  sans  qu'on  ait  à  considérer 
la  présence  des  électrons.  C'est  à  ces  propriétés-là  des  corps  solides 
que  je  désire  me  borner  dans  ce  qui  suit. 

.Nous  considérerons  l'atome  comme  un  édifice  <lc  forme  inconnue 
dont  la  niasse  est  é<;ale  au  poids  atomique  chimi([ue,  et  qui  est  armé 
de  forces  qui  déterminent  ses  propriétés  chimiques  et  physiques. 
Nous  ne  (levons  pas  nous  représenter  pour  cela  les  forces  atomiques 
himiques  et  physiques  comme-  séparées.  Il  est  tout  à  fait  conforme 
aux  idées  modernes  (-),  de  ramener  les  propriétés  chimiques  et 
physiques,  au   moins  partiellement,  aux^mènies   forces.  Car,  tout 


,')    r.    Il  MiKit,  IVr/i.  d.  I)eia.ii:h  Pliijs.  Gei.,  I.  .\1II,  191  I ,  |«.  1  I  1  ;. 

(*)  Voir  par  .•xiMii|ile  \V.  Nernst  i;i  F. -A.  Lindemann,  Sitziuigshi-i:  .tAnrf. 
lierlin,  ii)i.»,  p.  iiO'i;  1".  Mahf.h,  loc.  cil.;  J.  Stakk,  Jahrh.  d.  Jimlioalil.  u. 
KleUtroiiiU.,  1.  V,  ii.)oS,  p.  \}\. 


244  LA   STRUCrVRE    DE    LA   MATIÈRE. 

comme  la  théorie  de  la  valence  en  chimie,  la  théorie  de  l'élasticité 
exige  des  forces  atomiques  qui  [dépendent,  non  seulement  de  la 
distance,  mais  aussi  de  la  direction  (').  On  a  observé  en  outre  (-) 
qu'il  existe  des  relations  très  nettes  entre  les  forces  chimiques  et 
la  compressibilité.  C'est  pour  en  rendre  compte  que  Richards 
a  admis  la  compressibilité  de  l'atome.  Il  pense  (■')  qu'aucune 
autre  hypothèse  connue  ne  saurait  expliquer  que  la  formation 
d'une  combinaison  d'un  élément  fortement  compressible  est  accom- 
pagnée d'une  diminution  de  volume  plus  grande  que  la  formation 
d'une  combinaison  analogue  d'un  élément  moins  compressible, 
dans  des  circonstances  égales  d'aillctirs.  Quelque  commode  et 
utile  que  puisse  être  l'hypothèse  de  Richards,  elle  ne  saurait  cepen- 
dant résoudre  l'énigme  des  forces  atoiniques;  il  s'agit,  en  effet, 
précisément,  d'expliquer  la  compressibilité  du  volume  atomique 
en  partant  des  forces  atomiques. 

I.  —  La  capacité  d'énergie  des  corps  solides  monoatomiques. 

Dans  les  considérations  qui  vont  suivre,  nous  entendrons  par 
capacité  d'énergie  uniquement  l'augmentation  d'énergie  que  subit 
un  corps  lorsqu'on  le  chauiïe  à  volume  Cq  constant  à  partir  du 
zéro  absolu.  Cet  accroissement  d'énergie  se  distingue  de  celui  à 
pression  constante  par  suite  de  la  dilatation  thermique  du  corps. 
Nous  commençons  donc  jiar  ne  pas  tenir  compte  de  celle-ci.  Lors- 
qu'on diiïérenliant  la  cajiaclté  d'énergie  par  rajiiiort  à  la  tempé- 
rature T  nous  formons  la  chaleur  atomique,  nous  obtenons  C„  , 
alois  ([uc,  en  parlant  du  t".,,  observé,  nous  ne  ]ioit\-ons  calculer  que 
Cj.,  au  moyen  de  ré([ualioii  thermodynamique  bien  connue  do;uiant 
Cp-C,,.  Mais,  pour  la  comparaison  des  calculs  suivants  avec  l'expé- 
rience, la  faible  différence  entre  C,.  et  C,.^  est  sans  importance.  Nous 
laisserons  donc  l'indice  o  de  côté. 

L'cx)iérieiu"oap])rcnd,  comme  on  lésait,  q  ue  la  chaleur  atomique  C,. 
des    éléments    solides     monoaloniiques,    dont    nous    supposerons 


C)   \V.  VoiGT,  .IWi.  (I.  C't.  ,1.  W  i-is.  Cilliii!!,!!.  I.  XXMV.  1SS7. 
(')  Tu.  \\'.   tiicii.Mtns,    par  cyoiTi|iU'   l'iirailiiij  Lirtiiic,    i'.)ii;   \V.    Nkunst 
et    F. -A.    I.I^|)I;MA^^•,  /oc.  ciV. 
C)  I.oc.  cil. 


THÉOllIi;    MOLI.CIL.VIIIE    lll.S   CORPS    SOLIDES.  2.i5 

l'allure  représentée  ilans  un  liiagrainnie  C,.,  T,  s'abaisse  d'une 
façon  excessivement  rapide  du  côté  des  basses  températures,  à 
partir  de  la  valeur  de  Didon^-Pelit,  (pii  reste  assez  bien  constante 
dans  un  intervalle  de  température  moyen,  et  qu'elle  (init  par  suu're 
de  très  près  l'axe  des  températures,  tandis  que  vers  les  hautes 
températures  elle  augmente  lentement. 

Conmient  la  théorie  moléculaire  doit-elle  interpréter  ce  résultat? 

L'ancienne  théorie  admettait  que  les  atomes  d'un  corps  solide 
cristallise  sont  liés,  par  les  forces  agissant  sur  eux,  à  des  situations 
d'é(|uilibre  autour  des((uclles  ils  efTeotuent  en  première  approxi- 
mation des  vibrations  quasi  élastiques.  (]omme  dans  ce  cas  la 
moyenne  énergie  potentielle  devait  être  égale  à  la  moyenne  énergie 
cinétique  et  que,  pour  cette  dernière,  on  admettait  comme  valable 
le  principe  de  l'équipartition,  on  devait,  en  supposant  que  chacpie 
atome  a  trois  degrés  de  liberté,  poser  la  moyenne  énergie  à  la  tem- 
pérature T  égale  à  3AT  (  A-  =  i,36.io^"'  ,"" ,  ]■>  donc  celle   d'un 

\  degré/ 

atome-gramme  avec  N  véritables  atomes  {^)  égale  à 
E.N  =  3>AT=  3MT. 

On  déduisit  de  là,  en  diiïérentiant  par  rapport  à  T,  la  chaleur 

atomique 

C,.  =  i  R, 

de  sorte  qu'on  avait  trouvé  ainsi  une  explication  théorique  de  la 
relation  découverte  par  Dulong  et  Petit,  que  la  chaleur  atomique 
de  la  plupart  des  éléments,  à  la  température  ordinaire,  oscille 
autour  de  la  valeur  3R  =  5,96. 

Mais  comment  fallait-il  expliquer  les  écarts  aux  basses  tempé- 
ratures et  aux  températures  élevées  ? 

Richarz  (2)  a  indicpié  trois  causes  qui,  d'après  lui.  pouvaient 
venir  ici  en  ligne  de  compte.  D'abord,  la  formation  de  molécules 
complexes  ou  l'agglomération  aux  basses  températures,  donc  une 
diminution  du  nombre  des  degrés  de  liberté.  Je  ne  vois  pas  comment 
cette  manière  de  voir  pourrait  être  mise  d'accord  avec  le  fait,  que 


C)  BoLTZMANN,  SUzungsber.  Wien,  II,  t.  LXIII,  1871,  p.  73i. 
(*)  F.  RiciiARZ,  Zeilschr,  /.  anorg.  Chem.,  t.  LVIII,  njo8,   p.  350;  t.  LIX, 
p.  146 


«40  LA    SrmcïlIlK    DE    l.A    MATIIRV. 

la  compressibilité  des  corps  solides  monoatomiques  ne  se  modifie 
qu'infiijimeiit  peu  aux  basses  températures.  En  elFet.  pour  qu'il  se 
produise  une  diminution  du  nombre  des  degrés  de  liberté,  on  devrait 
admettre  que  les  complexes  deviennent  rigides.  Malgré  cette  objec- 
tion, dé]à  souvent  faite,  l'hypothèse  de  l'agglomération  a  trouvé 
récemment  un  nouveau  défenseur  dans  C.  Benedicks  (').  Celui-ci 
développe  une  théorie  de  l'agglomération,  qui  conduit  sans  quanta 
à  la  loi  de  répartition  de  l'énergie  de  Planck.  Je  suppose  qu'une 
contradiction  est  cachée  dans  sa  théorie.  Car  l'application  de  la 
loi  de  répartition  de  Planck  au  corps  solide  conduit  à  une  faible 
variation  de  la  compressibihté  aux  basses  températures  (-).  ce 
qui  est  contrane  à  l'agglomération  supposée. 

Comme  deuxième  cause  de  la  dépendance  de  la  chaleur  atomique 
de  la  température,  Richarz  (•■•)  cite  le  fait  ((ue  pour  les  élénients  à 
faible  poids  et  volume  atomiques  les  amplitudes  ne  sont  plus 
petites  vis-à-vis  des  distances  des  centres  de  gravité  des  atomes. 
Alors  l'énergie  potentielle  •-  d'un  atome  individuel,  juovenant 
de  l'action  combinée  des  al  ornes  Aoisin-^.  ne  ]icut  plus  être  consi- 
dérée comme  une  fonction  du  second  degré  des  écarts  de  la  jiosilion 
d'équilibre,  mais  on  doit  également  tenir  compte  des  puissances 
plus  élevées.  Comme  seules  des  puissances  paires  des  écarts  peuvent 
entrer  en  ligne  de  compte,  on  ])eul  poser 


î&   =    ©2  -^  Oi  - 


OÙ  Ço  <?st   une  fonction  homogène  du  deuxième  degré  des  écarts, 
'i;  une  fonction  semblalile  du  i[ua1riènie,  etc. 

Or,  Richarz  iléduit  du  tluiorcme  du  a  iricl  <|ue  l'énergie  potentielle 
mov.eune  devient 


mai-  1  riicrgic  ciiiélKinc  nuixcunc 

I,  =  O.-l-  2!»i-*-.  . .. 

Ce  ij'csl  (lniH  ipi  <  Il  s'arrclanl  aux  Icrmcs  du  second  degré  «ju 


{')     (!.     l'il.M DU   KS,    .tu».   </.    /Vl//.v.,    I.    .\l,ll,    IIJI    1,    |>.    I    >>. 

(')    ]'erli.  il.  Driilmli  l'Iiyn.  (ifs..  I.  .\II1,  nji  i,  p.  .;yi. 

(')    I'.   lîiniAii?.,  .1(1».  (/.  Phjs.  ii.diciii..  I.  .XLVIII,  iSo^i,  y,.  708. 


TlIKOllIi:    MOI.KI  I  I  \II(K    l>i:s    (MHPS    SOLIDES.  ■(!|7 

Imuve  lii  loi  di'  l)uloni;-Pi'tit.  Dans  le  cas  où  l'on  doit  tenir  compte 
aussi  des  lernies  du  (|Malririni'  dc;:ii''.  lîicliar/.  pose  de  nouveau 


d'où  lésulte  alûi> 
donc 


l,  =  ïj-f-  «i.  =.,  -/,T. 
■à. 


Oii  doit  reeomuiîl  1  c-  ipinii  a  découvcit  là  une  cause  de  petits 
écarts  à  la  valeur  normale  de  la  chaleur  aloniKjue,  mais  elle  ne  se 
fait  sentir,  en  tout  cas,  rpi'aux  hautes  températures,  où  s,  n'est 
pas  négli};cal>le  vis-à-vis  de  ■:.■,. 

Pour  les  iiK'Iaux.  Richarz,-  Kœnigsbcrfrer  et  d'autres  ont  en  outre 
indiqué  la  possibilité  d'attribuer  des  degrés  de  liberté  aux  élec- 
trons de  conduction.  Mais  que  les  électrons  vibrants,  auxquels 
on  ramène  les  fréquences  proj)res  ultraviolettes,  n'entrcnl  pas 
encore  en  considération  dans  le  calcul  de  la  chaleur  s[)écilique  de 
l'état  solide,  c'est  là  un  point  cpii  est  à  peu  près  généralement 
admis.  D'après  la  théorie  de  Planck,  cela  résulte  sans  plus  de  la 
hauteur  des  fréifuences. 

Enfin,  voici  encore  un  point  (')  à  considérer  dans  l'augmentation 
de  la  chaleur  atomique  aux  hautes  températures.  Si  les  atomes 
d'un  cristal  solide  ne  sont  pas  en  rotation,  c'est  qu'ils  sont  main- 
tonus  dans  leur  direction  par  des  moments  de  rotation,  sous  l'in- 
fluence desquels  ils  peuvent  aussi  effectuer  des  vibrations.  Il  se 
peut  que  la  fréquence  de  ces  vibrations  soit  Icllc  (jue,  d'après  la 
théorie  des  quanta,  ces  degrés  de  liberté  se  fassent  sentir  à  des  tem- 
pératures élevées. 

On  peut  donc  dire  que  plusieurs  causes  peuvent  être  rendues 
responsables  de  l'augmentation  de  la  chaleur  atomique  au-dessus 
de  la  valeur  3R.  Toutefois,  les  circonstances  ne  sont  jias  encore 
bien  explicpiées,  ni  expérimentalement  ni  théoriipiement.  Quant 
à  l'abaissement  de  la  chaleur  atonii(|uc  au-dessous  de  la  valeur  3R, 


'j    Oiilr.  .1.-11.  Jkans.  La   lliéorie  du  riiijiniiieineiit  et  lei  iiniiiihi   (  l'rt'iiiii  r 
Conseil  de  pliysiciiic  Solvuy),  lyrj,  |>.  (W. 


248  I.\    STIllCTUBE    DE    LA    MATIÈRE. 

pour  lui  la  seule  explication  qui  soit  encore  admissible  est  celle 
jui  renonce  au  principe  de  l'écpiijiartition  de  l'énergie. 
Einstein  (  '  )  fut  le  premier  à  faire  obser^•er  que,  si  l'expression 


q 


^ 


déduite  par  Planck  pour  l'énergie  moyenne  du  résonateur  élec- 
trique en  équilibre  avec  le  rayonnement  noir,  était  confirmée  par 
l'expérience,  on  aurait  probablement  à  poser  la  même  expression 
pour  l'énergie  moyenne  d'un  atome  vibrant  dans  les  liaisons  du 
corps  solide.  En  supposant  d'abord  que  les  vibrations  de  tous  les 
N  atomes  d'un  atome-gramme  soient  sensiblement  monochro- 
matiqueS;  il  obtint 

(2)  E>^3R— i^  =:3RT-J— 

P'  c- —  I 


=  ->  $  =  w.  ]  pour  l'énergie  de  \ibration  et 
(3)  C^=3K-    ^ 


(ei~ir- 


pour  la  cbaleur  atomique.  Celle-ci  se  trou^ait  donc  être  une  fonction 
universelle  du  ([uolient  d'une  constante  v  caractéristii[ue  de 
l'atome  et  de  la  température  absolue  T. 

Bien  que  cette  idée  d'Einstein  se  soit  mou  liée   immédiatement 
très  fertile,  jiuisque  la  cluite  de  la  cbaleur  al()iiii<juc  pour  les  corps 

monoatomiques  suivant  une  fonction  unixcrscllc  de  -.   ayant  le 

caractère  général  de  la  fonction  d'Einstein,  se  Nérifia,  les  expé- 
riences, surtout  celles  de  ^sernst  et  de  ses  élèves,  apprirent  que  dans 
les  détails  la  tbéorie  était  encore  insullisante.  Einstein  (-)  recon- 
luil  qu  il  ncsl  |ias  jierinis  de  considérer  les  xibralions  tberiniques 
comme  nionocbroniatiipies.  ])uis(]ue  les  atomes  scnit  liés  entre  cu.x. 
l,"énergie  d'un  atome-gramme^  doit   ])lutôt   être   représentée   par 


(')    A.  l'^iNSTKiN,  Anii.  il.  l'Inis..  I.  XXll,  11(117.  j).   1  So  pt  800. 
(*)  A.  KiNSTEiN,  Aiin,  il.  l'Iiy.w,  t.  X.WV,  \\)\  i,  p.  G79. 


Tiitonii;  »ioi.K(:i'u\iRE  dks  coups  soliiiks.  ''ig 

l'intéi;ralc 

/*  *      Il  > 

e'  -I 

OÙ  /  (v)  doit  être  considéré  cnniinc  la  prohabilité  relative  de  la  fré- 
quence V.  Cette  idée  fout  à  fait  juste,  comme  on  le  reconnut  plus 
tard,  exiii;ca  donc  la  solution  du  problème  de  déterminer  toutes 
les  vibrations  atomiques  possibles  dans  un  corps  solide,  ainsi  que 
leur  probabilité  relative. 

Ce  problème  fut  attaqué  à  la  fois,  et  de  deux  façons  différentes, 
par  Debye  et  par  Dorn  et  v.  Ki'.rmàn,  et  il  fut  résolu  jusqu'à  un 
certain  point.  Les  deux  rechercbes  concordent  en  ce  sens, 
que  l'atome-gramme  est  considéré  comme  un  système  de  N  points- 
masses,  à  trois  deprés  de  liberté  et  ayant  entre  eux  des  liaisons; 
ce  système  a  en  général  3N  fréquences  propres  différentes,  aussi 
longtemps  que  les  forces  directrices,  qui  poussent  l'atome  vers  sa 
position  d'équilibre,  sont  constantes.  Dans  la  théorie  des  systèmes 
accouplés  vibrant  librement,  on  prouve  (')  que  la  vibration  de 
chaque  oscillateur  peut  être  représentée  par  une  superposition  des 
3N  vibrations  propres  sinusoïdales.  Dans  le  cas  où  il  n'y  a  pas 
d'amortissement,  toutes  les  vibrations  des  différents  oscillateurs 
ont  la  même  phase  ou  des  phases  opposées.  Or  Debye  aussi  bien 
que  Born  et  v.  Kàrmàn  emploient  l'artifice  consistant  à  attribuer 
à  ces  vibrations  propres  l'énergie  de  \ibration  moyenne 


e^  —  \ 


correspondant  à  leur  fréipience  v;  cette  énergie  n'appartient  donc 
pas  à  un  seul  atome,  mais  est  répartie,  en  général,  sur  tous. 

11  reste  encore  à  déterminer  la  ])robal)ilité  /  (v)  dans  l'intervalle 
de  V  à  V  +  cl'^,  et  à  sommer,  d'après  les  indications  de  l'équation 
d'Einstein  (  {),  pour  les  3N  fréquences.  C'est  dans  cette  partie  la  plus 
difiicile  du  problème  que  les  recherches  des  auteurs  diffèrent. 

Partant  de  l'idée  que  les  vibrations  thermiques  rej)osent  sur  les 
forces  élastiques,  de  telle  façon  que  les  ondes  calorifiques  les  plus 


(')  Voir  par  exemple  RaYLEicu,  Tlieonj  of  Sound,  1,  189',,  p.  107 


230  l.\    STUlCnilE    DE    LA    MVIIi:nE. 

lentes  sont  identiques  aux  vibrations  élaslifjues  que  nous  connais- 
sons. Debye  (^)  entreprend  témérairement  de  déduire  la  répartition 
/  (v)  des  fréquences  des  vibrations  thermiques  des  équations  difïé- 
rentielles  de  la  théorie  classique  de  l'élasticité.  Il  traite  les  vibra- 
tions élastiques  d'une  sphère  isotrope  et  homogène  dans  le  cas  où 
les  déplacements  sont  nuls  à  la  surface  de  la  sjdière.  Cette  condi- 
tion limite  correspond  évidemment  au  cas  d'une  sphère  en  équilibre 
avec  l'ambiance,  puisqu'il  n'y  a  alors  pas  d'énér<rie  cédée  ni  enlevée 
par  la  surface.  Debye  trouve  ([ue  le  noml)re  de  vibrations  propres 
inférieures  à  une  fréquence  déterminée  v  est  donné  par 

(5)  z  =  '/<i'\', 

OÙ  i'  est  le  volume  et  F  une  (;raudeur  calculée  à  partir  des  vitesses 
d'ondes  élastiques.  Si  c,  signilie  la  ^■itesse  des  ondes  torsionnelles, 
Cf  celle  des  simples  ondes  de  dilatation  ou  des  ondes  longitudinales 
sans  contraction  transversale,  on  a 


(fil 


-¥['a)"-a)>^ 


où  c,„  représente  une  vitesse  moyenne.  L.'écpialion  (5)  donne  comme 
nombre  des  vibrations  dans  rintervalle  (/•/ 

(7)  rfc=iv2rlw/v, 

donc  poui'  la  jirubabilité  des  \iliiatious  dans  l'inteivr^llr  i/v 

(8)  /(v)=ivScF. 

(  hi  \(iil  (lune  i|iir  la  ]U(ibalirhl  é  iinîl  |)r(i|)oiiiunnellemeut  au 
carré  de  la  graiuleur  (le  v. 

Or,  comme  la  fniiiic  du  i(ir|)s  élastiipic,  i|ui  est  prise  comme  base 
du  calcul,  ne  peut  avoii-  une  influence  sur  le  résultat  oVttenii  ici, 
réquati'in  (S)  peut  rire  considérée  coinnu'  \alable  pour  un  alonie- 
granime  ilc  l'orme  ipielconque.  Mais,  alors  (]ue  dans  un  milieu 
continu  une  Inlinité  de  vjbratifuis  sont  ]iossibles,  le  système 
à  liaisons  édifié  d  atimicv  ne  peut  a\  oir  cpw  ,1\  \ilirations,  ]iour 
lescpielles  à  pro]>reinenl  ))arler  réqiialion  (f))  n'est  plus  exacte.  Si 
on  la  considère  toutefois  avec  Debye  comme  une  approximation, 

(  '   P.    Dr  .  -  1  .     ((,;,.  (/.  /'//i/s..  I.  \\.\l\.   Mil  ..  |..  7S1J. 


TllKnHiK  uoi.é<:i  i.MiiK  iii>  «oiU'S  soi.ilir.s.  'lal 

ce  nui  est  siirtoul  permis  aux  liiissc^  IctnpéraUires,  ou  penl  Inni 
c-oinpie  (le  ec  que  le  noniltre  îles  vilual  iiuis  esl  liiuilé  eu  aiTèUluI 
\u  série  indéfinie  au  ,îN''*""  terme,  l.a  fréquenee  maximum  ■/„  lie 
eclle  xnhration  esl  alors  (iétcriiiinée  par  celle  enrulition,  que  le 
iionihr»' de?  vibrations  au-dessous  de  •/,„  esl  éfral  à  .IX.  On  a  donc 
d'a]>rès  (d)      • 

»  y  »  ".  N  =  •/?„  r  F. 

Mn  éliiiM'nanl  V  ejilve  (8)  el  (9)  il  \  ieril 

(1..,  /,.,,  =  ---, 

et  il  résulte  doiu-  de  (  j) 

<?'    -1 

Si  l'on  introduit  sous  le  si^'tie  d'irilép-ralion  la  \;iriable  ^  =  ;,  on 
obtient 

fiv„, 


L^éncroie  d^un  atome- gramme  est  donc  égale  à  l/i  i'oh'ur  de  Dulong- 
Pclit,    mulliplice   par   un   facteur  qui   cul   une   forulion    universelle 

En  difTéreuliatit  jiai'  rap]ioil  à  T  on  nhlietil  la  elialcur  atomique 
[t*J„     eî-1        e'— ij 


(li 


0,^ 
OÙ  .r  remjilace  ^^  • 

/m  chaleur  aloiniquc  (],.  des  corps  solides  monoalomiques  esl  donc 

une  jonction  iini\'erselle  de  -^  • 

La  diirérencc  des  formules  (11)  et  (rp.)  de  Del)ye,  vis-à-vis  des 
formules  primitives  d'Kinstein  (p.)  et  (3),  réside  donc  uni((uement 

en  ceci,  que  la  forme  de  la  fcmelion  universelle  de  -  est  elianfjéc  en 

une  autre.  Tout  comme  avant,  la  capacité  d'énergie  et  la  chaleur 
atomique  sont  complètement  déterminées  par  une  seule  fréquence 


252  [.A    STRlCTLRi:    DE    LA    MATIKRE. 

caractéristique  v„,.    Mais    au   point   de    vue    de    la    forme    de    la 
fonction,  la  différence  est  e'xtraordinairement  grande. 

Comme  Debye  a  considéré  toutes  les  fréquences  depuis  o  jusqu'à 
v,„  et  comme  il  est  mis  à  la  base  de  la  forme  de  l'expression  (i) 
qu'à  basse  température  cette  expression  prend  des  valeurs  d'autant 
plus  grandes  que  v  est  plus  petit,  il  faut  que  dans  la  formide  de 
Debye,  pour  la  capacité  d'énergie,  les  contributions  des  vibrations 
thermiques  lentes  produisent  précisément  à  basse  température  un 
grand  écart  de  la  formule  d'Einstein.  Et  en  effet,  l'expression 
d'Einstein  pour  C...  tend  exponentiellement  vers  zéro,  alors  que 
Debye  trouve  pour  le  cas  limite  de  la  température  la  plus  basse 
(avec  moins  de  i  pour  loo  d'écart  lorsque  T 

(.3)  C..=  3HÎ^('^ 

A  des  températures  suffisamment  basses  la  chaleur  atomique  devient 
proportionnelle  à  la  ttoisième  puissance  de  la  température  absolue, 
et  la  capacité  d'énergie  devient  proportionnelle  à  la  quatrième 
puissance. 

D'après  l'équation  (9),  le  factetu'  de  proportionnalité  de  (i3)  doit 
être  calculable  à  partir  des  propriétés  élastirjues  du  corps  solide. 

Avant  de  soumettre  la  théorie  de  Debye  au  contrùle  de  l'expé- 
rience, nous  voulons  encore  parler  rapidement  des  résultats  de  la 
théorie  de  Born  et  v.  Kàrmàn  ('). 

Ces  auteurs  choisissent  comme  modèle  d'un  corps  solide  mono- 
atomique non  pas  un  milieu  continu  isotrope,  mais  im  réseau 
cubique  inliniment  éteiulu.  Aux  nœuds  du  réseau  ils  jilacent  les 
atomes.  Entre  les  atomes  voisins  agissent  des  forces  qui  sont  ]no- 
portionuelles  au  déplacement  relatif  de  deux  atomes  et  sont  prises, 
pour  le  reste,  telles  qu'elles  correspondent  aux  forces  élastiques 
dans  un  cristal  cubi(iiie.  En  établissant  les  vibrations  possibles 
dans  ce  système  à  liaisons,  on  trouve  que  l'équation  (7)  de  Dcliye, 
pour  la  répartition  des  \ibrations  dans  toute  l'étendue  îles  fré- 
quences, est  encore  aj)plicable  exactement  au  réseau  cristallin,  si 
l'on  remi)la<c  la  fréquence  v  par  l'inverse  de  la  longueur  d'onde  r- 

(')  U.  BonN  et  Tii.  v.  Kakman,  Plnjs.  Zeilsch.,  1.  Xlll,  I<)I7,  \k  }()-;  1.  XIV, 
1913,  p.  i5  et  Ci. 


TIIKORIE   MOLÉCI'UIRK    DKS  CORPS  SOLIDES.  '.>.3  l 

Entre  v  et  /.  existe  la  loi  de  dispersion 

"'"  I         ('  =  '.2,3), 

où  les  coeflicieiits  c,,  les  vitesses  de  |)ro|);iii;alion  du  son,  sont  des 
fonctions  délerniinées  de  ).  et  do  la  direction  des  ondos.  L'indice  i 
caractérise  l'onde  longitudinale  et  les  deux  ondes  transversales. 
On  trouve  pour  le  réseau  ponctuel  régulier  cinq  fréquences  maxi- 
mum dilTérontes,  au  \oisina;;;e  d('S(piclIes  il  y  a  une  accuniulatioii 
des  vibrations.  Les  diverses  fréquences  limites  correspondent  aux 
ondes  longitudinales  et  transversales  les  plus  courtes  qui  puissent 
parcourir  le  réseau  dans  les  directions  des  arêtes,  des  diagonales 
des  faces  et  des  diagonales  cubiques  des  cubes  élémentaires. 

Dans  l'application  pratique  de  la  théorie,  il  s'agit  maintenant 
de  déterminer  une  vitesse  moyenne  des  ondes.  Si  l'on  considère  les 
vitesses  comme  indépendantes  de  la  direction  et  aussi  comme  indé- 
pendantes de  la  longueur  d'onde  jusqu'aux  ondes  calorifiques  les 
plus  courtes,  on  calcule  la  vitesse  moyenne  c,„  comme  chez  Debye. 
On  obtient  donc  aussi  les  formules  d'approximation  (ii)  et  (12) 
pour  E,  et  C„.  Mais  cette  façon  d'agir  est  justifiée  tout  au  plus  pour 
des  corps  isotropes  ou  des  métaux  quasi  isotropes.  Déjà  dans  les 
cristaux  cubiques  la  vitesse  moyenne  ne  peut  être  déterminée  que 
par  des  calculs  particuliers,  qui  n'ont  été  effectués  jusqu'ici  que 
dans  le  cas  d'une  faible  anisotropie.  Dans  le  cas  de  forte  anisotropie, 
oii  les  vitesses  du  son  varient  considérablement  avec  la  direction, 
on  ne  peut  ]>as  s'attendre  à  ce  cpi'on  arrive  au  résultat  au  moyen 
des  formules  de  Debye  seulement. 

11  v  a  encore  un  autre  résultat  du  travail  de  Born  et  v.  Kàrmân 
dont  nous  devons  faire  mention  ici,  parce  qu'il  nous  servira  à 
interpréter  les  phénomènes  observes  dans  des  solides  polyatomiques. 
Ces  auteurs  se  demandent  quelles  sont  les  vibrations  d'un  réseau 
cubique  aux  nœuds  du([uel  se  trouvent  alternativement  des  atomes 
de  masses /«i  et  »i-..  .Vu  lieu  de  ce  système  compliqué,  les  auteurs  ne 
traitent,  il  est  vrai,  qu'un  système  à  une  dimension,  formé  de 
points  équidistanis  portant  allernalivcmeni  les  masses  ;«,  et  m.,. 
Des  forces  directrices  constantes  s'opposent  d'ailleurs  au  change- 
ment de  dislance  de  deux  masses  voisines.  Si  m,  ^  m,,  on  obtient 
deux  domaines  de  fréquence  entre  lesquels  se  partagent  les  vibra- 


254  l-A  STBICTLRE  DE  l.A  MATIÈRE. 

tioiis  du  svsième.  L'un  de  ces  domaines  s'étend 


l/- 


(le  o  il 

'"  I 


où  D  est  un  facteur  proportionnel  à  la  force  directrice,  le  second 
s'étend 


del/^ài/D(-^-^-L), 


La  dernière  fréquence,  c'est-à-dire  la  pins  haute,  est  celle  pour 
laquelle  toutes  les  masses  /»,  vibrent  on  même  temps  contre  toutes 
les  masses  ??io.  Plus  m^  devient  petit  vis-à-vis  de  m^.  plus  le  second 
domaine  de  fréquence  se  rétrécit  en  tendant  vers 

tandis  que  le  premier  domaine  conserve  son  étendue. 

Born  et  v.  Kiirmàn  pensent  que  les  rapports  sont  analogues  dans 
l'espace  à  trois  dimensions,  c'est-à-dire  que  là  aussi  il  y  a  deux 
domaines  spectraux  tout  à  fait  sépaiés.  dont  les  \il)iali(uis  limites 
correspondantes  sont  inversemciil  |picip(ii  I  Kuinrllcs  aii\  racnies 
carrées  îles  masses. 

\  ('ri  ficalion  p.r  péri  mentale  de  la  théorie  de  Dehtje.  —  .\insi  que 
Dehyera  montré  lui- même,  et  comme  le  montrèrent  plus  tard  Nernst 
et  Lindemann,  la  lurmule  (la)  convient  eiu'orc  mieux  )iour  la  re- 
■  jjrésentation  de  la  chaleur  a1onui]i]c  diiii  rlrniful  s(ih<h'  mono- 
atomique  que  l'ancienne  formule  cinpEiiquc  de  Ncrusl  et  laiide- 
m.inu,  au  sujet  des  hons  résultats  (h'  la(|uellc  M.  .Nernst  (')  a  fait 
ni  un  ra|ipipil  d  y  a  deux  ans.  Ce  (|u  d  laul  siirloul  fane  leniarcfuer, 
c'est  (pir  la  clialrur  atomiipie  du  diamant,  piiui'  laquelle  la  fornudi' 
de  Nernst-Lindemann  doniw,  aux  tempérai  ures  les  plus  basses, 
iusqu'à9o°obs.,  des  valeurs  beauciMip  I  inp  j'^illili's.  prend,  d'ajirès  la 
formule  de  Dcbye,  des  valeurs  un  ju  n  Imp  cli'\  ées,  il  est  vrai,  mais 
est  représentée  par  cette  formule  aM'c  une  erreur  relative  benu- 


(')    \V.  NriiNsT,  Lu  Ihi'iirif  du  liiiioiiiiiiiiiiil  it  lia  (jiiiiiilii    l'ii  iniir  (.oiisi-il  ilo 
liliysii)iii-  .^(ilv.iy),  \\)\>,  |i.  ■'')!. 


rill^ORIK    MOLKIHLAIIIK    DES    lOllPS    SUI.IUKS.  '2  >  i 

e«)U]>  plus  petite.  Le  Tiihleaii  I  ilmine  l;i  i-onipaiaisoii  «les  oliserva- 
tioiis  lie  Neinst,  Koref,  Dev\ar  et  Weber  avec  la  foriiiule  de  Debye, 
lions  lat|uelle  on  a  posé  (') 

JJv,,,  =  18G0. 

Tabi.kau  I. 

I Mania  11 1  (  J;v„,  —  iS6(>). 

^> 
-  — -^      I»  Oiircrcnce 

I.  .ibseiïc.  caliulé.  (obs.-calc). 

S8 0,02s  0,0'n.)  — 0,021 

<)•;>. <>.<)33  0,0)8  — o.o?.) 

voi o.lirS  o.()i  -(-<),  008 

•/og .6f)2  o.Cfi  -i-0,002 

2!0. "7'''  "-T'i  — o.o>. 

22";! 11.7(1  0.71  — n.oi 

■2't'i <l.<|'l  "■'(.'•>  -t-0.02) 

2f'ii I  .  I  i  1 .  m  -t-o,ol 

•iS.j. I  . 3 "1  I  .  i2  -i-o,o3 

îot; 1.5s  1.14  -*-o.o.i 

3{i i.SJ  1.S2  -1-0.02 

3  '18 2.12  2.07  -i-o ,  o  5 

ii3 -.'.(ili  2. "(il  -l-o.o') 

iif)<) "i.i5  'i,  1;)  — 0.04 

'Faisons  eiuore  oiiserver  ipie  rinlnvMllc  Ar  liiii|iéralure  dans 
lequel  la  loi  simple  en  T',  éipiation  (i3),  est  vérifiée  à  moins  de 
I  pour  100  près,  s'étend  pour  le  diamant  de  T  =  o  à  T^i5o. 
Malheureusement  les  constantes  élastiques  du  diamant  n'ont  pas 
été  observées,  de  sorte  qu'iii  la  \  ci  i  lirai  imi  de  la  formule  (91, 
c'est-à-dire 

/3N\ï      /  fN \ï 

n'était  pas  possible.  Pour  cette  vérilicalion  nnus  ne  disposions  que 
des  métaux  quasi  isotro)»es.  Debye  employa  les  constantes  élas- 
tiques relatives  à   la   température  ortiinaire   et    Irnma   ainsi   des 


(')   I);i|irr-.  AV.   .Nehnst  et   l'.-.\.   Lisdkmann,   Silzuiig.ibei:  -tAarf.   JJerliit, 
iijr.',  ]>.  1  iliii. 


256  LA   STRUCTURE    DE    Lk    MATIERE. 

valeurs  de  v„,  qui  s'accordaient  particulièrement  bien  avec  celles 
qu'il  faut  mettre  dans  sa  .formule,  pour  représenter  les  chaleurs 
atomiques  (Tableau  II). 

Tableau  11. 

d'après 
l'éqiialion        Chaleur 
(9a).  spécifique. 

AI 399  396 

Cu 329  3og 

Ag. 212  21 5 

PIJ 72  95 

Il  est  vrai  que  cet  accord  est  dû  en  partie  au  hasard,  ^insi 
que  Eucken  (')  l'a  montré  récemment.  En  elfet,  si  l'équa- 
tion (9  a)  était  exacte,  v,„  devrait  en  réalité  être  proportionnel 
à  la  racine  carrée  du  module  de  torsion.  le(|uçl  change 
relativement  fort  avec  la  température  pour  quelques  métaux, 
comme  Pb  et  Al.  Or,  Eucken  a  calculé  les  valeurs  des  fréquences 
pour  des  températures  très  basses  en  tenant  compte  de  cette 
variation  avec  la  tem]iératurc  et  il  a  montré  que  ces  \alcurs 
ne  s'accordent  plus  avec  celles  observées  pour  C,..  Cela  ne  doit 
pas  encore  nous  faire  douter  de  la  validité  de  l'équation  (Ofl), 
surtout  dans  le  domaine  des  températures  très  basses;  mais  nous 
aurons  à  songer,  qu'à  propos  des  constantes  élastiques  observées 
pour  les  métaux,  des  contradictions  se  sont  déjà  souvent  présen- 
tées antérieurement,  et  que  ces  contradictions  ont  pu  provenir  de 
ce  que  le  conglomérat  cristallin,  qui  constitue  les  métaux  que  l'on, 
a  étudiés  ordinairement,  se  compcute  en  réalité  autrement  que  de 
simples  cristaux  métallifpies  au  point  de  vue  des  pro]iriélés  élas- 
ti(pics  et  aussi  au  jioiul  de  vue  de  la  dé[)endancc  de  la  température. 
1'a\  faveur  de  celte  manière  de  voir  plaide  encore,  comme  le  fait 
observer  Eucken,  le  fait  (juc  l'allnre  générale  de  la  chaleiu-  ato- 
mique avec  la  tempéiahiri'  jkmiI.  pnur  toute  une  série  de  métaux, 
être  bien  représculéc  piir  la  fimction  de  Debye  en  employant  une 
valeur  v„,  constanlc  alors  <|ue  île  {'to).  cond)iné  avec  les  observa- 
tions relatives  à  la  variabilité  du  module  de  torsion,  il  résulterait 

(')   A.  KicKiiN,  Wrii.  il.  Deiiiscli  P/ii/.s\  Gcs.,  1.  XV.  iguî,  p.  !)~\. 


TlIKOniK    MOI.K(:tl.VIRK    IIKS   C.OIII'S   SOI.IIIKS.  ll'j- 

unc  variabilité  de  v,„  tellement  grande,  ([u'oii  devrail  drjà  en  tenir 
compte  dans  le  développement  tle  la  fonetion  de  Dcbye. 

Dans  la  suite  nous  nous  placerons  donc  à  ce  point  de  vue,  ((ue 
l'équation  (9a)  est  valable  pour  de  très  basses  températures,  mais 
que  la  variabilité  de  v„,  avec  T  ne  peut  pas  être  déduite  avec 
certitude  de  la  variabilité  observée  du  module  de  torsion;  celle-ci 
peut  être  réellement  trop  grande. 

Remarques  sur  les  anciennes  fcrniules  pour  le  calcul  des  fréquences. 
—  11  y  a  deux  ans,  MM.  Xernst  et  Einstein  ont  fait  rajiport  ici  sur 
des  formules  qui  permettent  de  déduire  la  frc«|uence  caractéristique 
de  la  formule  de  Nernst-Lindemann  pour  C,.  de  la  compressibilité  (^) 
et  de  la  temjjérature  de  fusion  (-).  Ces  formules  partent  de  l'hy- 
pothèse de  vibrations  atomiques  monochromaticfues.  Elles  condui- 
sent néanmoins  pour  la  fréquence  à  des  valeurs  qui,  au  point 
de  vue  de  l'ordre  de  grandeur,  concordent  avec  les  fréciuences 
limites  v,„,  déduites  par  Debye.  Cela  était  à  prévoir.  Car  parmi 
toutes  les  vibrations  propres  du  réseau  atomique  cubi((ue  non 
amorti,  celle-là  doit  avoir  à  jicu  i)rès  la  plus  haute  fréquence  qui 
correspond  à  la  vibration  relative  de  deux  atomes  voisins  en  ojjpo- 
sition  de  phase,  parce  qu'à  masse  vibrante  égale  les  forces  direc- 
trices ont  la  plus  grande  valeur.  Mais  cette  vibration  propre  a  une 
grande  analogie  avec  la  vibration  monochromati<(ue  admise  par 
Einstein  et  Lindemann  dans  la  déiluclion  de  leurs  formules." 

Or,  alors  que  la  formule  d'Einstein,  qui  ne  ((inticnl  ((uc  la 
compressibilité,  peut  être  considérée  comme  liépassée  par  la 
formule  (9a)  de  Debye,  qui  refjuiert  deux  conslanles  iréhislicité, 
rien  n'est  changé  à  l'importance  de  la  fiirinulc  iln  point  de  fusion 
de  Lindemann,  comme  bonne  formule  d'approximation,  l'allé  doit 
seulement  prendre  un  autre  facteur  numérique.  Mais  à  un  point 
de  vue,  dans  tous  les  cas,  la  formule  d'Einstein  paraît  s'accorder 
mieux  avec  l'expérience  (|iic'  l'éipiation  (90)  de  Dobyc.  l,a  com- 
pressibilité change  moins  avec  la  température,  et  pour  Al  et  Pli 
même  beaucou[)  moins,  rpie  le  mo<lMle  de  torsion,  de  sorte  qu  au 
sujet  de  la  variabilité  de  v,„  avec  la  température,  la  relation  d'Eins- 


{')  A.  Einstein,  Ann.  d.  Phys.,  t.  XXXIV,  191 1,  p.  170. 
(*)  F.-A.  Lindemann,  Phys.  Zeilschr.,  t.  XI,  lyio,  j).  Goy. 

IXSTILt'T    SOI.VAV 


258  l.A    STRICTIRE    DE    LA    MATIKRE. 

tein  donne  probablement  une  meilleure  idée  que  celle  de  Debye. 
D'après  ce  qui  vient  d'ètre'dit,  la  cause  n'en  réside  probablement 
que  dans  notre  connaissance  imparfaite  des  propriétés  élastiques 
des  cristaux  métalliques. 

II.  —  Déduction  de  l'équation  d'état  du  solide  monoatomique. 

On  a  fait  quelques  essais  d'établissement  de  l'équation  d'état 
du  corps  solide  isotrope  nionoatomique,  lesquels  se  rapportent  tous 
au  cas  d'une  pression  uniforme  de  tous  les  côtés.  Des  équations 
d'état  où  il  est  tenu  compte  d'un  changement  de  forme  n'ont  pas 
encore  été  considérées  |iis([u'ici  (^).  On  n'a  pas  davantage  essayé 
jusqu'ici  d'établir  des  écpiations  d'état  pour  des  corps  solides 
anisotropes. 

t-omme  nous  \oHlons  maintenant  tenir  compte  des  changements 
de  volume  du  corps  solide,  nous  avons  à  composer  l'énergie  interne 
totale  U,y  de  l'atome-gramme  au  moyen  de  l'énergie  de  vibration  E;^, 
déduite  dans  le  Chapitre  I,  et  de  l'énergie  potentielle  des  atomes 
considérés  comme  en  rejws  à  leurs  centres  de  \  il]ration.  Nous 
désignons  cette  partie  de  rénergie  par  F(t'),  de  sorte  que 

(i4)  l  .v=  K>  -+-  Kl  c). 

Disons  encore  que,  si  l'on  déduit  la  formule  de  Debye  en  s'ap- 
]iuyant  sur  la  nou^•plle  ihénrie  de  l'Iancl'.,  d'ajuTS  laquelle  l'énergie 

luiiyenni'  d'iui  résonateur  est  ]ilus  grande  de -/ic.  on  doit  ajouter 
à  E,.  un    Irrmr  cnnstaut    de   oianih'iu' -^  N/m',„.   i]ue  nous  pouvons 

faire  eiilici'  dans  l"(t').  (.cla  ne  rliaugc  rien  à  ce  qui  \a  suivre. 

La  voie  la  |ihis  simple  jinur  aiii\'ei'  à  léquation  du  corps  solide 
est  celle  qui  a  été  suivie  \n\r  Ornslein,  Debye  et  Hatnowsky  (-). 
Ces  auteurs  calculent  l'énergie  lil)re  (i\i  l'eTiIropic  en  parlant  des 
idées  de  (^libiis  et    Boltzmanu   cl    y   intioduisaul    l"liypolhèse  des 

(')  Cela  vi.-iil  .1  ."II.  lail  p;ir  1!.  I  linx  \v,  \',ili.  il.  I>,iitsrli  l'Iijis.  Cfs.,  I.  XV, 
191  i,  |>.  77*. 

(')  I..  S.  l>iiNsii,i\,  l'ioc.  Afdil.  Aiiisifiilniii.  I.  NIV.  l'ii  ',  |i.  <|S'>;  1'.  PuiiYE, 
(iolliitjiir  II  <illsl(cM-Voilrn\i.  nji  •;S.  Katmiwsky.  .Imi.  (/.  l'Iii/s..  1.  WWllI, 
i>(rj,  I'.  'i  '7;  l  cW/.  rf.  IJeiiIsch  l'Iiiis.  Ces.,  I.  XV,  kji  >,  ji.  7  ». 


niKoiiii':  Moi.Kct'l. \inK  kks  «drps  soudes-.  «  h.» 

quanta  ilo  Plaiiik.  Si  l'im  ailuu-l .  |i:ii  r.\rin|ilc,  i|iic  rrTiliii|iic  i|i- 
ratfiinc-<;rainiiu'  irnii  solide  iiiiiiiiialiiiiiii|ui-  avec  3N  \  ilirations 
|irii|>i-('<,  |ifiit  l'iic  idoiilllire  avec  Ifiilropie  de  3  \  résoiialeurs  di; 
Plaiick,  dunl  lis  fr('i|nciu"es  s'arcordeiit  avec  celles  des  vilirations 
pi'<i|)rcs.  lin  Iroiixi"  pour  ri'iiliiipic  de  r^iloiiir-'jniiniuc 


où   l'iiii   diiil    posci',  cuiir<)i'incincnt    à   l'aïKi'ciiiic  tliéorie  de  l'ianek, 

,1  I 

Au  lieu  de  faire  la  somme  de  tous  les  S.^  nous  formons,  en  tenant 
compte  de  l'éipiatinn  (lo),  l'intéirmlo 

d'où  résulte  (M 

>•'„, 

/  T  \  »  /'  '  r  t  gÇ  1 


Sous  lirons  (le  là  la  conclusion,  importante  pour  nous,  que  T entropie 
est  une  jonction  universelle  du  rapport  -^  ■  Nous  écrirons  en  abrégé 


^-K^)' 


C.ojiime  il  résulte  de  l'éiiualidn  (ii)  de  Deliyc  pour  réiiirf;ie  de 

viliratiiiu   ijne  -^   est  aussi   une   fimitum    iiruverselle  de  ^,  nous 
■'  lit  ' 

jifiiivoiis  nous  liiiuier  ipii'  dans  fi:"))  on  ait  exprimé  ^  au   moyen 


1     '-^     .  1  • 

lie  —  et   uiius  oliteuoiis 


(a\) 


'    -'/(ê)=4^^^J 


l')     s.    lÎMNilWSKY,   tlIC.  fil. 


26o  I.A    STHITTIRE    Di;    I.A    MATItltK. 

Les  relations  thermodynamiques  connues 


_!.         (—  \    —  Z! 
donnent 


'',„■'   "  T'  L        v,„  v?„  rf^.  J-^   ^  T' 

et  puis 

(.7)  [;.  +  F'(.)]-=-^E., 

où  En  doit  être  remplacé  par  sa  ^■aleu^  tirée  de  l'équation  (ii). 
Nous  laisserons  dans  la  suite  l'indice  N  de  côté,  parce  qu'une 
confusion  n'est  plus  à  craindre. 

Nous  avons  supposé  ici  que  la  fréquence  est  une  fonction  du 
volume,  ce  qui  est  indispensable,  si  nous  voulons  obtenir  une  dila- 
tation thermique  finie  (').  La  fréquence  dépendra  toutefois 
uniquement  du  volume,  c'est-à-dire  qu'à  volume  constant  elle  ne 
dépendra  pas  de  la  tem])érature.  A  ce  propos,  il  faut  encore  remar- 
quer ce  qui  suit.  D'après  la  théorie  de  Debye  (-),  il  résulte  de 
l'équalion  (90)  que,  si  la  fréquence  dépend  du  volume  dans  la  mesure 
qui  est  exigée  par  la  dilatation  thermique  observée,  il  faut  que  les 
constantes  élastiques  qui  entrent  dans  c,„  dépendent  aussi  jdu 
volume;  en  d'autres  termes,  la  loi  de  Ilooke  ne  peut  jms  être  rigou- 
reusement satisfaite.  Debye  voit  donc  dans  la  dilatation  thermique 
une  preuve  directe  des  écarts  à  la  loi  de  Hooke. 

Ce  résultat  est  assez  sur])rcnant,  car  les  écarts  observés  à  la  loi 
de  Ilooke,  pour  les  corps  dont  il  s'agit  ici,  scint  le  plus  souvent  très 
faibles.  On  ne  doit  toutefois  pas  perdre  de  vue  ipie  la  dilatation 
thermif[ue  du  zéro  ab.solu  à  la  température  ordinaire  correspond  à 
une  augmenlation  élastique  très  considérable  du  volume  à  o^  abs. 

D'après  ce  (\\w  l'on  a  obscr\c  au  sujet  de  la  diminution  tlu 
modidc  d'élasticité  aux  fortes  extensions  (^},  il  est  permis  de 
poser  la  ^•ariation  relative  des  constantes  élasli(iues  ]iroporlionnclle 

(')    Veili.  d.  Deutsdi  Phijs.  Ces.,  I.  XllI,  lyil,  p.  \)f^. 

(')   P.  Dehye,  Gôltinger  W'oljskchl-Vortrag,  igiS. 

(')  V.  A.  SciiuLZE,  Silzungsber.  Ces.  z.  Bef.  d.  JS'atwwiss.  Miirbnrg.,  1909, 
p.  92.i  ;  K.  OnÏNEisEN,  Verli.  d.  Dciiisch  Pliiis.  Ces.,  t.  VIII,  Ifiofi,  p.  4C9; 
Ann.  d.  Pliys.,  1.  XXII,  lyn;,  ».\.\. 


THKORIK    MOLKCl'I.AinK    DKS   COUPS   SOI.inBS.  -zl'n 

à  la  iléforrnalion  relative.  D'après  cela  nous  pourrions  donc  poser 
aussi  pour  la  fréquence  v„, 

OÙ  Y  est  un  nombre  positif,  constant  en  première  approximation. 
Par  là  l'équation  d'état  (17)  devient 

II.))  [p~F-(v)]v  =  -!\Z.' 

Mais  par  là  le  problème  que  la  théorie  moléculaire  a  à  résoudre 
dans  l'établissement  de  l'équation  d'état  des  corps  solides  mono- 
atomiques  n'est  pas  du  tout  encore  résolu.  Il  est  vrai  qu'une  relation 
a  été  établie  entre  les  propriétés  thermiques  et  élastiques  des  corps, 
relation  qui  est  vérifiée  dans  les  grandes  lignes  par  l'expérience, 
mais  on  n'a  pas  encore  ramené  ces  propriétés  à  un  petit  nombre 
de  grandeurs  caractéristiques  de  l'atome.  Le  but  serait  atteint, 
si  la  fréquence  v„,  décisi\e  pour  E  et  la  fonction  F  {i>)  étaient 
exprimées  par  le  poids  atomique  et  les  forces  agissant  entre  les 
atomes.  Mais,  comme  nous  sommes  encore  dans  l'ignorance  au 
sujet  de  la  nature  de  ces  forces,  une  solution  tout  à  fait  satisfai- 
sante est  évidemment  encore  impossible  pour  le  moment. 

Une  tentative  pour  poursuivre  la  théorie  moyennant  des  hypo- 
thèses provisoires  concernant  les  forces  atomiques  a  toutefois  été 
faite  depuis  lon<;temps  par  Mie  (')  et  plus  tard  par  moi-même  {^). 
Nous  avons  introduit  des  forces  attractives  et  répulsives  entre 
les  atomes,  variables  suivant  des  puissances  élevées  de  l'inverse  de 
la  distance  des  atomes.  Pour  la  force  attractive,  ce  qu'il  y  a  de 
plus  avantageux,  c'est  d'admettre  la  force  de  cohésion  de  van  der 
Waals-;  au  sujet  de  la  force  répulsive,  nous  avons  supposé  qu'elle 
varie  suivant  une  puissance  beaucoup  plus  élevé^e.  Nous  obleuons 
ainsi  pour  l'éneroie  potentielle  des  atomes  supposés  en  repos  en 
leurs  centres  de  vibration 
(70)  |.,,M=----4-— . 

(')  G.  Mie,  Ann.  d.  Phys.,  t.  XI,  190.J,  p.  ùiy.  Nous  renvoyons  ici  aux 
anciennes  recherches  de  Slotte,  Ofv.  af  Finska  Vet.  Soc.  Fôrh,  t.  XXXV, 
1893,  p.  16. 

(*)  Verh.  d.  DetUsch  Phys.  CM.,t.  XIII,  191  i,p.8ji;;.ln«.d.PAi/s.,t.XXXIX, 
I  912,  p.  25;. 


262  l.A    STR1(TI  BK    1>K    I.  \    MATIKRE. 

Comme  au  point  zéro  et  sous  pressioîi  extérieure  mille  les  atomes 
se  trouvent  dans  nne  position  (réquiliLre.  F(t'„)  est  un  mininiuni 
pour  des  variations  de  i'„.  Il  s'ensuit 


(■'!) 


l'J, 


Au  lieu  de  la  constante  B  de  la  force  répulsive  on  peut  donc 
])rendre,  à  côté  de  A,  le  volume  atomique  i^,  comme  une  des  gran- 
deurs caractéristiques  de  l'atome. 

Nous  considérons  l'énersie  vibratoire  de  l'atome  comme  donnée 
par  la  théorie  de  Debye.  Il  ne  suffit  pas  toutefois  de  ramener  la  fré- 
quence caractéristique  v„,  aux  constantes  élasticfues  du  corps 
solide,  comme  cela  est  fait  dans  Téquation  (9)  ou  (go);  nous  cher- 
chons plutôt  comment  elle  dépend  des  grandeurs  caractéristiques 
de  l'atome.  Nous  renonçons  toutefois  à  en  déterminer  la  valeur 
absolue  exacte.  Ce  que  nous  désirons  en  premier  lieu,  c'est  établir 
la  variabilité  de  v„,  avec  le  \olunie  v,  parce  que  cette  variabilité, 
comme  nous  l'avons  déjà  vu  ilaus  l'équation  (17),  est  décisi\e  ])our 
l'éipiation  d'état.  Moyennaul  celte  restriction,  nous  pournms 
calculer  •/,„  en  supposant  les  vibrations  mouochromali(pies.  Oti 
obtient  ainsi.  ;'-  étant  un  facteur  numérique  et  M  représentant  le 
poids  atonii(|nc. 

'"'=-•—1(7)        ■ 


,/U 


D  après  cela,  le  ra]ip(irt  de  la  \aiialiou  relat  i\  c  tic  la  fiéquence  à 
la  vanalidii  1  tlal  i\  c  du  \iilnrui'  iicsl  pas  sini|ilciiiinl  nulépoiidant 
de  la  teinpéf,\l  ui'c  cl  i\r  la  ]>ression,  lomnic  cela  fut  déjà  admis 
dans  l'éipiation  [m),  mais  ou  jieut  prévoir  que  ;/;.  ou  y-  <'^'  ''" 
même  ordre  de  grandeur,  (mi  du  uioins  duti  ordre  semblable,  pour 
les  divers  élénients.  Dans  tous  les  t-as.  il  est  naturel  de  sujiposer 
que  les  lois  suivant  lescpicilcs  agissent  le-;  foicc-;  aloiui((ucs  sont 
de  nat  ure  uiiixerscile. 

L'équaliou   d'étal    même   s'olilictit    sau--   dillicullé   à    partir  du 


TIIKORIK    MULBCI  I.AIIIH    DKS   t.Olll'S   SOI.IllKS.  >6i 

llii'ori'iiie  (lu  virlcl  sous  la  fuiiiii-  {') 


,           A               IJ     1          '{ m  -+-  x  „ 
(  i  !  I  I  />  -+•  -,  -  '"  ^,—,  \  ''  =  ?. ^ 


,,J  ,.«!-.- 1     1  C, 


Mais,  uu  égard  à  h.o)  et  (.ia),  ccUo  équaliou  ii'isL  (iu"uiic  foriin* 
spéciale  de  (iq).  dan^  laquelle  ne  (iguieiit  réellemenl,  en  dehors 
de  la  pression,  du  volume  et  de  la  température,  que  des  gran- 
deurs caracléristi(iues  de. l'atome  même.  Ce  qui  ne  satisfait  pas 
là-dedans,  c'est  <iiie  les  fori-es  introduites  ne  remplacent  que  très 
imparfaitement  les  véritables  forces  atomi((ues.  surloul  parce  que 
le  caractère  polaire  Iciu'  inanquc. 

III.  —  Conséquences  déduites  de  l'équation  d'état. 
Chan'j^emenl  d'éUit  à  t'olunie  coiiataiil.  —  L'équalion  (19)  doiim- 

d'où,  en  lenani  compte  d'une  relation  lherinoilynaMiii[ivc  connue, 

'•(5),.  _   '(.t). 


(74 1 


\op),  ^'"(i.'s 


c.  r^ 


L'indice  S  indique  un  cliaiiiicmcnt  d'état  adia!)atique.  I.e 
membre  de  gauche  de  la  dernière  équation  ne  contient  que  des 
grandeurs  observables,  qui  permettent  decalculery.  Le  Tableau  III 
donne  quelipies  valeurs  numériques,  qui  montrent  que  y  est  bien 
du  même  ordre  de  grandeur  pour  toute  une  série  de  métaux,  mais 
n'est  pas  du  lout  constant  dans  les  liiniles  des  erreurs  ex])éiiinen- 
tales  possibles.  Les  valeurs  déduites  pour  m  de  l'équation  {v.) 
varient  d'une  façon  correspondante.  Mais,  ce  qui  est  intéressant, 
c'est  qu'il  faut  admettre  des  puissances  aussi  extraordinairement 
élevées  de  la  distance  des  atomes  (le  triple  de  m  !)  pour  rendre 
compte  dos  faits  (-) 

(')  (J.  .Mil:,  foc.  ril.  —  t:.  «iiii  \i:iM.N,  Aiiii.  tl.  /•'/ii/«.,l.  \.\.\l.\.  |C)i  '.  p.   '"'7. 

(*)   Si  l'on  siippos»-  qiif  pour  le  diam.iiil  uiis^»i  e  isl  de  l'ordre  df  'ruiidiMir 

dp  i.  1111  rali-ulr  >a  cuiiiprcssibililé  à  o. i  .io~'*  (C. O.S.),  donc  trlleiiuiil  petite 


2fiî 

l-V 

sthv'ctire  de 
Tabi.eai 

LA 
III 

MATIERE. 

r. 

<%) 

1-    -.o.=  (lf 

IC.O.S.J. 

)• 

IC.G.S.j. 

m. 

M^... 

■     i4,4 

7  ),0 

2.<) 

23,1 

1,61 

2,6 

AI.... 

IO,0 

0^4 

1,36 

23,4 

2,06 

3,2 

Fe.... 

7,--i 

33,6 

0,62 

24,  S 

^,V 

2,5 

M.... 

(i.li 

38,1 

0 ,  )7 

•26,0 

1 ,70 

2,7 

Cii  . . . 

7.  I 

47,7 

'-.7'i 

23,5 

1,95 

3,2 

Pd  .. 

•        «.() 

34,  •> 

0,  57 

24,9 

2.16 

3,7 

Ag... 

10,3 

55,5 

0,92 

23.9 

2,  Go 

'1 .  5 

Pi..., 

y-> 

■26,4 

0,40 

21,1 

■^39 

4,1 

Au.. 

10. '5 

42,3 

0.60 

24,8 

2.93 

5,2 

Pb... 

.     18.3 

8f).i 

',4 

25,3 

2,60 

4-i 

L'exigence  que  v  soit  indépendant  de  la  température  est  vérifiée 
d'une  façon  très  satisfaisante.  L'expérience  a,  en  effet,  prouvé 
que  - — -  est  à  peu  près  indépendant  de  T  à  basse  température, 
mais  augmente  lentement  à  température  élevée.  On  peut  dire  la 
même  chose  de  la  compressibilité  adiabatique  -  (  —  j  •  On  peut  donc 
conclure  que  y  et  m  ne  varient  pas  beaucoup  avec  T. 

Au  lieu  de  l'équation  h.'\)  nous  pouvons  encore  écrire 

(^^«)  {% 

où  C  est  l'énergie  par  unité  de  voliinie,  la  densité  de  l'énergie.  Un 
toutes  lettres  cela  \eut  dire  : 

Le  changement  isopykniqite  de  la  pression  at'cc  la  densité  de 
r  énergie  est.  une  constante  par  chaque  corps  solide  monoatomique  et 
du  même  ordv"  pour  tous  ces  corps  ('). 

Changement  d'étal  sous  pression  constante.  -  -  Pour  le  rapport 
des  chaleurs  atomiques  C,,  et  C  nous  trouvons 


C„  T 


_''  = 


'■^-ï; 


C,      •  '  % 


(àT/,,-'    •'\c)t),: 


(|ir(X|iériniriit.ilomci>t  il  serait  difiicilc  do  la  mesurer.  1\ichahds  [/.eituchr. 
/.  phys.  Chein.,  t.  LXI,  ignH,  p.  i83)  a  estimé  la  compressibilité  du  diamant 
au  quilitiiple  de  celle  valeur. 

(')   Pour  les  gaz  parfaits  monoatomiques  cette  grandeur  est  constante  et  a 
la  valeur  J. 


TIIKORIK    MOI.KI.l  I.VMU:    DKS    OIKI'S   SOLIIIKS.  a<>i 

Nous  supposerons   maintenant  (lue  la   pression  est  infiniment 
petite  et,  pour  aliréi^er,  nous  introtliiirons  l'énerfiic 

.'Alt 


(    1    — 


calculée  pour  T  =  u  et  dans  laquelle 

nous  déduisons  alors  de  (:>.3),  eu  négligeant  ipielques  termes, 

t'T  —  v„  Kt 


(2(i) 


m  -1-  -2 
<Jo '-  r 


Comme  Qo  est  toujours  grand  vis-à-vis  de  E,,  on  a  le  thcorcme  : 

Le  changement  de  volume  relatif  entre  les  températures  6  et  T  croit 
()  peu  près  dans  le  même  rapport  que  rénergie  vibratoire  à  la  tempé- 
rature T.  Plus  T  est  petit  par  rapport  à  ,3v,„,  plus  Er  est  donc  petit 
et  plus  la  proportionnalité  doit  être  vérifiée  avec  exactitude.  A  haute 
température,  Vf—v^  doit  donc  croître  plus  rapidement  que  Ef. 

Pour  représenter  la  dilatation  thermique  d'un  solide  mono- 
atomique on  n'a  donc  besoin  que  de  trois  constantes  caractéris- 
tiques :  v,„,  Qu  et  m,  dont  la  dernière  n'entre  en  ligne  de  compte 
'[u'aux  hautes  températures.  Nous  allons  maiiiLciianl  vérifier 
l'équation  (26)  à  l'aide  du  diamant.  Le  Tableau  IV  fait  connaître  les 
mesures  faites  récemment  par  Rilntgen  (  '  )  à  un  morceau  de  dia- 
mant de  S""", 708  de  longueur;  à  côté  sont  placées  les  dilatations 
linéaires,  calculées  d'après  l'ét] nation  (?.6),  en  posant  conformément 
au  Tableau  I  |jv,„  =  1860  et  choisissant  pour  Qo  la  valeur  la  plus 
convenable.  Le  terme  de  correction  en  m  était  encore  néghgeablc. 
La  concordance  entre  le  calcul  et  l'observation  est  bonne,  de  sorte 
que  la  théorie  est  confirmée  dans  ses  grandes  lignes.  Les  écarts 
indiquent  toutefois  des  erreurs  systématiques  de  la  théorie  ou  de 
l'expérience,  dont  la  cause  ne  saurait  être  indiipiée  pour  le  moment. 

(')   VV.-C.  RoNTCEN,  Silzungsber.  Munchen,  lyii,  p.   ifii. 


•îGlJ  l.A    STRICTLBE    DE    I.V    MATIÈRE. 


ÏABI.KM      I\  . 


Diamant  (J3v„,=  i8r)ii). 

Chaiigenirnt 

Itili;rvd!Ie  de  longueur  eu  |j. 

de  leinpL-ralure  -^ -- — — — — -  Difl'érenee 

absolu.  observe.  calculé.  en  u. 

8'|.8-ii|i.i 0.071  o.ofi)  -!-o,oio 

^4,8-2-1, 2 0.2I7  ".24S  — 0,001 

S4 ,8-29(i,-2. o.33i  o,)3>  — 0,002 

8.^.S-i2f>.o l'.jri  ",-l7i  — o.ooi 

SJ.H-'iîi.i fi.  MC  i'- 'llî  -;-o,ooi 

Une  comparaison  analogue  est  faite  dans  le  Tableau  V  pour  le 
cuivre  {^).  Ici  E  est  encore  calculé  d'après  l'ancienne  formule  de 
JVernst  et  Lindemann,  laquelle  exige  pour  C...  la  valeur  'jv  =  Sao. 
Mais  par  là  l'image  n'est  pas  esseutiellement  modifiée.  Ici  encore 
la  concordance  est  satisfaisante,  surtout  à  haute  température. 
On  dut  donner  à  m  la  valeur  5  au  lieu  de  la  valeur  3,2  déduite  dans 
le  Tableau  III.  L'ordre  de  grandeur  du  terme  de  eorrectiona  donc  été 
exactement  prédit  par  la  théorie.  L'écart  provient  en  partie  de  ce 
que,  au.x  hautes  températures,  C,.  dépasse  la  valeur  normale  3R,  de 
sorte  que  E  est  donné  trop  faible  par  la  formule  de  Nernst-Linde- 
mann. 

Tahi.uai    \'. 

Cuivre. 

///  — ,—  ^ 
/„  =  1 000"""  ;         Q„  =  r»  I  non  cal  .^  :         ^=3,'>;         âv  =  Î20. 

A/ 

1\  l^bse^^r.  calriilt'.  <^l»s.-r;iU'. 

mm  nini  moi 

20.4-So,"> f',*!'  o,a>  -+-0,0'| 

«2-289 2.<(3  2,83  -)-o,io 

289-  )2i i.Ol  ),OI  ±1) 

)23-C>48 j.'yi  ■>  ,'i'i  — o.oi 

(it8    773 2.)"'  5,4i  -HO, 01 

-73-S9S »,"«)  a.vS  -f-0,01 


C)    Ce  Tablenu  is1  eiiipiuiilé  il  Ami.  d.  l'Iiiis..  1.  .\.\.\l.\.  \\\\:<.  p.  287.  Les 
ob-ervaliuiis  soiil  île  I >ilteiiberL'er.  lii'iiuiii!;.  Cb.-b.  Limltuiami. 


TIII.IIRIK    SIKLKI  I  I.MHI-:    l>KS   (OUI».    S111.II1K>.  5tti7 

(hiiiigemcnl  d'étal  adiabnluiui'.  —  Du  llirofciiic  f|iii  dit  inif 
rfiitropie  est  une  fonction  universelle  de  -^  il  résulte  iniiiu'iliii- 
lenienf  que  dans  les  eliant;enierits  d'état  adial)ati(|ues.  non  seule- 
ment tJ^»  mais  aussi  Imili'  foinliiMi  f(ueleoii(|ue  de  ^p  doit  rester 
eonslante.  Dont- 

■',.,  \  <'/'  .'s       TV/» /s       C,,\dl-/,,  '.■Vc/'/s 

Le  cliangcineni  relalif  de  fréquence  qui  aceonipciiine  une  compression 
udiahatique  est  égal  au  changement  relalif  de  température  qui  se 
produit,  i'.ti  nuire  : 

■  /,)\:\    _     I    /,h,„\    ^      _   i  /àv\ 
ti\-JpJs      -'mX'ip  /s  'l'VV/s" 

L'énergie  vibratoire  augmente  dans  le  même  rapport  que  la  fré- 
quence ■/,„. 

Eu  égard  à  ees  relations  ou  déduil  de  ré(|ualio!i  d'élal  pour  la 
(•()m|U'essi|)ilité  adial)ali(|ue 

>o  V'V'/s  \'ll/ 

où 

(..01 


(  /n  —  1  )  A 


est  la  «onipressibililé  au  zéro  absolu  et  sous  pression  extérieure 
infiniment  petite. 

La  tiernière  é(|ualion  indif|u(r  un  moyen  simple  de  comparer  A 
au  potentiel  des  forées  at  Irailives.  Le  ealcul  apprend  rpie  A  ne 
elianjre  pas  beaucoup  d'un  élément  à  un  autre,  en  tout  eas 
beaucoup  moins  que  le  poids  atomitiuc  el  le  volume  atomique  ('). 

On  trouve  ensuite  ])nur  le  cocdicienl  de  température  de  la  com- 
pressibilité  adial>ati<(ui' 

I    à/.s       ,  ,    I    '^i' 

y.s  dt  i'  <M 

cl  pour  le  eoellieient  de  pression 

—-  =  (  nt  -<-  4  )zs. 

xs  dp 

(')  !•;.  (liiÏNKisUN,  Verli.  d.  Deitlucli  Ptiijs.  Ces.,  t.  XllI,  Hjr  1,  p.  bjo;  conl'r. 
aussi  W.  VoiGT,  Ami.  d.  Pliyi.  u.  C'Iiein.,  l.  XLIX,  i^^O^i  P-  ^^- 


268  LA   STRUCTURE    DE    LA    MATIÈRE. 

Comme  on  observe  non  pas  la  compressibilité  adiabatique,  mais 
la  compressibilité  isothermique,  les  dernières  équations  ne  sauraient 
être  comparées  immédiatement  avec  l'expérience. 

Changement  d'état  isothermique.  —  Puisque  dans  le  cas  d'une 
augmentation  de  pression  isotherniique  la  fréquence  •/,„  augmente 
conformément  à  l'équation 


et  cju'une  fréquence  limite  plus  élevée  détermine  une  augmentation 
plus  lente  de  la  chaleur  atomique,  il  ^■ient  immédiatement  que  : 
La  chaleur  atomique  C,.  et  Vénergie  vibratoire  E  diminuent  lorsque 
la  pression  augmente  isothermiquement .  Et  cela  se  produit  confor- 
mément aux  équations 


et 


c^r'xm-^m} 


Pour  .la  compressibilité  isothermique  et  sa  variabilité  a^■cc  la 
température,  on  tire  de  l'équation  d'état  la  relation 

(3o)  =  (m  -+-3 ^-  TT  n      -??       — 

où  Qi,  est  défini  par  l'écjualiun  (aj)  et  x„  par  ré([  nation  (29).  Pour 

^  on  peut  mettre  la  valeur  tirée  de  {^l'i).  Le  sccoiul  terme  du 

second  membre  de  (3o)  ne  représente  qu'une  correction. 


.lO'MC.  ti.  s.].  -27;i" 

„     \    ol)S u 

Cil 

(   c.tIc  .  .  .  <>.7H> 


/   calr  .  . 


|,^  ,   ........ 

(  calf  . . . 


TaBLKAI: 

M. 

—  l'Jll". 

4- 17-. 

+  131". 

-t-l(i5*  l" 

0,71s 

"."7-' 

0,81  j 

f>,82» 

0,717 

-'."'• 

0,81  ■. 

..,8j..5 

"/i:i 

ii,39>. 

"H"l 

o,.(<M 

o.i;! 

o ,  3i(  1 

l>,.jol 

0,  loi 

(t  ,(îl)(t 

<.,(;33 

0.604 

0,67'» 

<l,()oi 

0,638 

'o,66i 

0,67» 

TIIKORIK    MOLl'xil.MRK    IIKS    i:onPS   SOLIOES.  '«OO 

I.o  Tableau  ^I(')  piinivc  (lu'cn  rllrt  rôi|iiatiim  (io)  rciul  assez 
bien  la  variabilité  île  la  comprcssiliilité  dans  U:  iloinainc  des  basses 
teni]iérat  lires  :  dans  ce  Tableau  les  observations  faites  sur  le  otiivre. 
le  plalinc  et  le  fer  sont  comparées  avec  le  calcul  d'après  l'équa- 
tion (3o).  La  valeur  île  m  +  3  nécessaire  pour  la  bonne  repié- 
senlalion  des  observations  fut  Ironvce  égale  à  (-)  : 


Cuivre. 

Philinc. 

Ker. 

m  -~  i.  . .     S. 9 

8,C. 

8,5 

alors  que  d'après  le  Tableau  III 

Cuivre. 

Plalinc. 

Fer. 

m  -h  >.  .  .     6 , ?. 

7.' 

5,5 

Ainsi  est  donc  confirmée  la  relation,  que  le  coefficient  de  tempé- 
rature de  la  compressibilité  est  en  réalité  un  bas  multiple  du 
coefficient  de  dilatation;  il  est  vrai  c|ue  la  concordance  au  point  do 
vue  du  nombre  m  -\-  3  laisse  encore  à  désirer.  Cela  peut  être  expli- 
qué en  partie  par  la  difficulté  qu'il  y  a  à  mesurer  d'une  façon  qui 
ne  prête  pas  à  critique  le  coeirnienf  de  température  de  la  compres- 
sibilité. 

Pour  le  coefficient  de  pression  de  la  compressibilité  jsothermique 
on  obtient 

I    /)/.  r 
(  3i  I  —  ■ —  (/Il  -+-  .'\)xj. 

A,       <)f> 

Déjà  Richards  a  conclu  de  ses  observations  que,  plus  la  compres- 
sibilité est  grande,  plus  est  grande  aussi  sa  diminution  à  mesure 
que  la  pression  augmente.  Mais  l'équation  (3i)  détermine  aussi 
l'ordre  de  grandeur  du  coefficient  de  pression  et  il  semble  (jue  Ja 
théorie  le  détermine  à  pen  ])rès  exadcnicnt.  Dans  tous  les  cas,  les 
données  expérimentales  sont  encore  très  peu  nombreuses  (?). 

I.a  chaleur  de  sublimai  ion  au  zéro  ahfiolu.  —  Alors  (pTon  peut  en 
réalité  arriver  aux  conclusions  trouvées  jusqu'ici  sans  recourir  aux 


(')   Emprunté  à  \'eih.  d.  Deiilsch  Pliys.  Oen.,  t.  Xlll,  l'ji  i,  p.  5oi. 
{«)   Voir  Ann.  d.  Phys..  I.  XXXIX,  MjV).,  p.  284. 

(')    Voirun  exposé  deiisemblo  dans  Wih.  d.  Deiilsrh  Phy.i.    Ges.,  1.   XIII 
igii.p.  8.1i. 


•2-0  I.A    STKICTIRE   DE    l.A    MATIKRE. 

forces  attractives  et  répiiisives,  cette  hyjiolhèse  conduit  à  un 
résultat  lout  spécial  «laiis  la  déduction  de  la  chaleur  de  sublirua- 
lion  au  zéro  absolu.  Celle  ^fraudeur  est  égale  à  la  quantité  donl 
augmente  l'énergie  jjoleutielio  interne  par  atome-gramme,  lorsque 
les  atomes,  partant  de  la  siluution  d'équilibre  au  zéro  absolu, 
sont  amenés  à  une  grande  distance  les  uns  des  autres.  Xi>us 
obtenons  ainsi  comme  chaleur  de  sublimation  au  zéro  absolu 


D'une  simplicité  ])nrticulière  est  la  relation  entre  (Ou),,  et  le 
rapport  limite  de  la  chaleur  atouii(|ae  et  du  coefficient  de  dilalatiori, 
(^)ii.  parce  que  le  nond)rc 


6  m 


malgré  les  valeurs  assez  ^•ariables  de  m,  a  néanmoins  une  valeur 

assez  bien  constante,  environ  0,6.  La  chaleur  de  sublimation  peut 

donc  être  calculée  avec  ime  assez  grande  probabilité,  même  pour 

des  éléments  dont  le  m  est  inconnu,  par  exemple  pour  le  diamant 

et  l'iridium. 

I'ahlkai    \II. 


¥)  . 


-  1{  1  . 


0I15. 

— - 

1 

ji-alc.     ' 

l'iieeinx . 

N     Waii 

kf-cal 

// 

w 

rr 

4- 

r/ 

ff 

.',8 

" 

" 

k^-i-Al  kg'Cil  k'j-ral 

C.  .  .  .  i7<>  "',t>^  (28<i)  " 

M^...  81  ..,6>.  5<)  3 

.\l  .  .  .  S"  ll,()(l  .Îj!  4 

Fe. . .  177  11,(1  !  1  I  !  "  //               Il              n 

Ou...  \>'S  o.Gi  7  "1  ')  71)             "1              " 

I>(1...  ■        l8i  .>.,<)  lo,S  7  loi 

Ag...  w  y.  '■< .h^  0")  1,()  On              >li             («1 

11-..  ..  S>\  (o,('>)  (  H)3)  ^iJ)  i  180) 

l'i...  K.  i(i  ll.")8  1  37  Kl  \).-                     "                      " 

Au...  I ')ii  ii,)(j  ^\  (')  78               "                » 

l'I)...  7<),(>  Cl, '18  il), 2  (.11  ;(\,>.          ji             43 

Le  Tableau  \'II  (')  contient  les  \alcurs  de  (p,;,),,  calcidécs  d'après 


(')   Pris  dans  Verh.  à.  Deiilnch  P/ii/s.  Ces.,  I.  XIV,  191»,  p.  3a». 


Tiii:oiiiE  MOI  i:(:i  i.MRi:  lus  roiirs  S()i.iiii;s.  >'' 

liMlualion  [■>'>.).  l'oiir  rcmire  ]>ossililL'  la  lomiiaraisoii  avci-  Icxpô- 
rifiH't*,  on  a  retram-hé  la  correction  relativement  petite  î,a+  -RT, 
(çij  =  chaleur  de  fusion,  1',=  tempéralurc  (rclMillitiou),  ce  <|ui 
Hoiine  une  valeur  a|ipnuliéc  di-  la  clialonr  ilo  vaporisation  p^j 
au  point  d'éhullition. 

l.a  concordance  avec  les  \aleurs  lrou\écs  expciiinciilaliiiicul 
par  Greenwood  (')  et  11.  v.  Warlenbcrg  (*)  est  parliculièrenient 
lionne,  mais  cela  se  conipreiid,  si  l'on  sonj;e  que  la  chaleur  de 
siililinialidii  figure  coniuic  dillércnce  de  deux  \aleiirs  de  fonctions 
potentielles  F(,)  —  F(«'o),  pour  lesquelles  il  est  indillV-icnt  quelles 
valeurs  intermédiaires  F  (c)  elles  preunenl.  Il  siiilil  que  les  valeurs 
extrêmes  soient  exactement  déterminées. 

Ileniarque  sur  lu  chaleur  de  fusion.  —  Si  l'on  se  permet  d'appli- 
quer l'cquation  d'état  jusqu'aux  hautes  températures,  bien  que 
cela  ne  soit  pas  sans  iircter  à  critique,  comme  nous  l'avons  vu, 
on  reconnaît  qu'une  série  de  relations  déjà  cipiiniics  siml  étroi- 
tement liées  entre  elles,  par  exeiii|)le  la  forniule  de  Lijidemann 
pour  le  [>oint  de  fusion  et  la  refile  qui  dit  que  la  dilalalimi  iclative 
de  zéro  au  point  de  fusion  est  la  même,  sinon  cxaclcnicnl,  du  moins 
a]iproximativenient  jiour  les  éléments  monoatonii(|ues.  Je  n'in- 
sisterai pas  cependant  sur  ces  relations  et  d'autres  et  me  bornerai 
à  mentionner  encore  le  résultat  suivant  concernant  la  chaleur  de 
fusion  (').  Si  l'on  se  demande  (|U(1  Iraxail  doit  être  effectué,  d'après 
les  forces  supfiosées,  pmii'  ])i(iduiic  l'écartement  des  atomes  qui 
correspond  au  chaniioment  de  volume  ohserxé  dans  la  fusion,  on 
trouve  que  ce  travail  n'exifçe  ([ue  le  tiers  on  la  iiKiilié  environ  de  la 
chaleur  île  fusion  totale.  Le  reste  de  la  chaleur  de  fusion  doit  donc 
être  employé  à  au<:menter  l'énergie  vibratoire  ou  une  atltre  énergie 
de  mouvement  des  atomes.  Comment  cela  a  lieu,  on  ne  l'a  pas 
encore  indiqué.  M.  F. -A.  l.lndenianii  pense  que  dans  la  fusion  les 
frécjuences  diminuent  consiilérablement,  devieiment  pratiquement 
nulles,    et    que    pour    celte    raisin    l'entretien    île   la  leinpéralure 


(')   II.-C.   fiiiEENwooD,  l'ri/r.  Jluy.   Soc,  (A),  l.   LXXXIII,  i;)ii>,  p.    183; 
Zeilschr.  /.  Pliys.  Cliem.,  t.  LXXVI,  Mji  i,  p.  JS^. 

(*)   H.  V.  Wartenbf.rc,  Zeisclir.  j.  EleUtrochem.,  t.  XIX,  iiji  ">,  |>.  '\'i<}. 
(')    Nous  mivoyons  ;'i  .\iiii.  il.  Pliii-s.,  1.  XXXIX,  H)iv>,  p.  j')~. 


Vt-1  LA  SrniCTlRE  DE  L\  MATIERE. 

requiert  l'apport  d'une  énergie  qui  serait  donnée  à  peu  près  par 
3  RT,(  —  E  — -  ^  Rp  v„,  [T,    =    point     de    fusion,     E    donné    par 

l'équation  (ii)].  Cette  énergie  expliquerait  en  partie  le  leste  de  la 
chaleur  de  fusion,  mais  pas  entièrement.  Mais,  si  l'on  admettait 
une  énergie  au  zéro  absolu,  d'après  la  nouvelle  théorie  de  Planck, 
celle-ci  se  libérerait  en  quantité  ,Rpv„,  si  les  fréquences  diini- 
nuaieiit  fortement  dans  la  fusion,  et  cela  cou\  rirait  complètement 
le  déficit  d'énergie  calculé  ci-devant.  Alors  l'explication  de  Lin- 
demann  pour  le  reste  de  la  chaleur  de  fusion  tomberait. 

IV.  —  Capacité  d'énergie  et  constitution  de  solides  polyatomiques. 

Nernst  et  ses  élèves  ont  montré  qu'il  y  a  des  composés  polyato- 
miques solides,  cristallisant  généralement  dans  le  système  cubique, 
dont  la  chaleur  atomique  (=  chaleur  moléculaire  :  nombre  d'atomes 
dans  la  molécule)  peut  être  représentée  par  la  formule  de  Debyc  avec 
une  seule  fréquence.  A  ces  composés  appartiennent  par  exemple  KCl, 
Na  Cl,  K  Br,  Ca  Fl^.  I^es  v,„  se  confondent  à  fort  peu  près  avec  les 
maxima  des  régions  de  rayons  restants  observées  par  Rubens. 

D'autres  composés  solides,  entre  autres l'AgCl  crislallisant  dans 
le  système  cubique  et  toute  une  série  de  solides  diatomiques  ou 
polyatamiques  cristallisant  dans  d'autres  systèmes,  conmie 
Agi,  llgCI,SiO-,  CaCO',  l'bCP,  présentaient  une  allure  delà  chaleur 
moléculaire  plus  comi)liquéc,  |iouvaul  être  représentée  par  une 
superposition  de  jihisieurs  fonctions  de  Del>ye  ou  dl'.inslein  avec 
des  fréquences  dillerentes.  Il  semble  qu'avec  deux  fréquences 
arbitrairement  choisies,  ou  lout  au  plus  trois,  on  atteigne  toujours 
\[ui-  \:iiialiou  sulUsautc  de  la  forme  de  la  courbe,  surtout  si  l'on 
donne  ih-s  poids  dilTérents  aux  foncticuis  ajiparleuant  aux  divers  v. 
En  tout  cas.  les  frécpieuces  des  rayons  reslanis  ne  sullisent  pas 
])our  la  représeiilal  Kiii  (h'  la  chaleur  luoléculaire. 

Enfin,  il  y  a  aussi  des  éléments  chimiques,  comme  S  et  C  sous 
forme  de  giaphite.  dont  la  chaleur  moléculaire  ne  peut  également 
être  représentée  qu'an  uhincu  de  plusieurs  valeurs  de  v.  Ce  sont 
là,  comme  Neiii-.!   cl    {.iiuleiuann  (M  I  on   fait    observer.  ]>robal)le- 


(')  \V.  .Niiu.NST  M.  1".-A.  l.iNnicMANN.  Silziiiiii.iber.  Aknit.  Jieiliii,  1912,  p.  l  i(io. 


TlIKUniK    MOI.Énn.AlRE    DKS   CORPS   SOLIDES.  ■/73 

nuMit  tons  les  éléinents  i|iii'  piuir  d'autres  raisons  encore  on  con- 
sidère comme  [uilijalniuiiitics. 

Quelle  position  la  théorie  nioléiiilaire  ipreiid-eile  vis-à-vis  de  ce 
résultat   d'e.\|>éricnce  ? 

Puistiue  nous  avons  à  considérer  la  niolécule-irrannne  du  solide 
cristallisé  n-atomique,  d^ns  le  cas  le  |ilus  simple,  comme  un 
système  à  3fiN  degrés  de  liberté,  ([ui  csl  capable  d'eiïectuer  tout 
autant  de  vibrations  propres,  la  capacité  d'énergie  devra,  confor- 
mément aux  idées  d'iMnstein,  Debye,  Born  et  v.  Kàrnii'm,  évi- 
demment i)ouvoir  être  représentée  de  nouveau  ]>ar  l'écpialion 
générare  (4).  I-a  dilliculté  réside  encore  dans  la  détermination  de 
la  fonction  de  répartition  /(v).  Celle-ci  dépend  essentielleinent 
de  la  ([uestion  de  savoir  si  l'on  admet  que  le  groupemeul  îles 
atomes  dans  la  molécule  est  déterminé  ou  non  dans  le  cristal  solide. 
Nous  avons  d'après  cela  à  distinguer  deux  classes  de  solides 
polyatomiques,  qui  paraissent  être  toutes  deux,  comme  nous  allons 
le  voir,  représentées  dans  la  nature. 

Si  les  nœuds  d'un  réseau  cubique  sont  occupés  alternativement 
par  les  ions  positifs  et  négatifs  d'un  composé  dlalomiipie  ('),  ce 
n'est  éviilemiuent  pas  sans  ambiguïté  tjue  nous  parlons  d  une 
molécule  de  ce  corps.  Si,  de  i)lus,  les  deux  ions  nul  encore  la  même 
masse,  la  constitution  du  corps  diatomique  est  fort  send)lable 
à  celle  d'un  corps  nionoatomiqiie  et  l'on  pourra  se  servir  de  la 
fonction  tle  répartition  /  (v)  (c(iuatioii  lo)  de  Debye.  Si  Ton  liouve 
donc  que  pour  K  Cl  (M  =  Sg,!  +  35,5)  et  NaCl  (M  =  28,0  +  35,5) 
la  fonction  C..  de  Debye  avec  un  seul  v,„  sullit,  il  c.st  tout  indiqué 
de  conclure  qu'ici  une  situation  alternative  d'ions  positifs  el  néga- 
tifs aux  n-ruds  d'un  réseau  cubi([ue  donne  une  iinaL'c  convenable 
de  la  coiislitution  du  cristal. 

La  question  devient  déjà  plus  compliquée  lors((nc  les  deux 
ions  ont  des  masses  fort  différentes.  Ici  le  cas  d'un  système 
linéaire  de  masses  dilférentes,  traité  par  Born  et  \.  K;irmàii  et 
mentionné  plus  haut,  apprend  qu'on  doit  probablement  tenir 
conqite  de  deux  domaines  de  fréiiuenee  séparés,  dont  le  plus  bas 
peut  être  représenté  à  peu  i)rès  |»ar  la  fonctiim  de  Debye,  nuiis 
dont  le  ])lus  élevé  tend  de  plus  en  plus  à  devenir  nionochroina- 

(')   K.  .Madi'.i.cng,  PIiijs.  Zeilschr.,  I.  XI,  lyn),  \t.  t<ijS. 

INSTITLT   SitLVAV  IH 


274  LA    STIILCTURK    DE    LA    MATIKRE. 

tique  à  mesure  que  les  masses  deviennent  plus  iliiTérentes.  Quelle 
est  la  fonction  par  laquelle  ce  domaine  de  fréquence  fournit  sa 
contribution  à  la  chaleur  niolccukiire,  c'est  là  une  question  fjui 
n'est  pas  encore  résolue  théoriquement.  En  jnatique,  la  fonction 
d'Einstein  (équation  3)  sulFira  souvent.  Il  se  peut  que  ce  cas  se 
présente  pour  AgCl,  peut-être  aussi  pour  KBr,  mais  pour  ce 
dernier  les  mesures  n'ont  ]ias  été  ])ousfées  sullisanmienl  loin  du 
côté   des   basses  températures. 

Le  fait  (]ue  pour  la  fluorine,  triatomiquc,  la  chaleur  UK^léculaire 
peut  être  représentée  par  la  fonction  de  Debye  avec  un  seul  v„,  (') 
est  surprenant,  mais  il  s'explique  peut-être  par  cette  circonstance 
que  les  niasses  de  Ca  et  de  FI-  ne  sont  pas  fort  difl'érentes. 

La  conception  relative  à  la  constitution,  exposée  ici,  ne  serait 
j)as  encore  fort  apiuiyéc  ]iar  lallnre  de  la  chaleur  moléculaire 
seule.  Mais  il  y  a  d'autres  conséquences  encore  de  cette  con- 
ception  qui   sont   \érifiées   par  l'expérience. 

Comuic  la  fré(|ucnc(-  ojitique  (des  rayons  restants)  correspond 
par  exemple,  d'après  .Madelunp;,  à  une  vibration  simultanée  de  tous 
les  ions  ])ositifs  vis-à-vis  de  tous  les  ions  négatifs,  la  longueur 
d'onde  étant  grande  ])ar  rapport  à  la  dislance  des  atomes,  et  qu"en 
réalité  on  ne  peut  pas  bien  se  re])réscnlcr  des  vibratnuis  plus 
rajiidcs  des  atonies,  la  frc(iuencc  opliqui-  doit  être  voisine  de  la 
limite  sujiérieurc  de  tout  le  doiiiaii)e  de  IVéqueîU'cs,  même  dans 
le  cas  où  les  ions  ont  des  masses  dinércnlcs.  F.1  en  i-llet  les  expé- 
riences de  IS'ernst  et  Eucken  prouvent  la  coïncidence  de  ■/,„  avec 
les  rayons  restants,  bii'sipr'//(c  seule  fréquence  sidlll  poin*  rejiré- 
senter  C,.,  j)ar  exeniplc  |i(iur  KCl,  .Na  Cl,  K  Hr  et  Ca  FI-.  Il  est 
vrai  que  potn-  les  chaleurs  moléculaires  de  AgCI,  d'après  le  calcul 
]iiimilif  di'  iS'ernst  (comme  somme  de  deux  fonctions  de  ^se^nsl- 
Lindemann),  la  frcrpicncc  su]>éiieure  ne  se  confond  jias  avec  \i\ 
liéipicnci'  ii|ilicpic.  Mais  on  iieul  aussi  choisu'  la  représentation 
de  telle  façon  ijue  cette  condilion  soit  s.'ilisfaite. 

Un  autre  argument  encore  pour  admettre  que,  dans  les  combi- 
naisons considérées  juscpi'ici,  les  atomes  ne  sont  pas  élroilenient 
liés  entre  eux  dans   la    mciiéiiilc,  csl    dniiné    \i:\v    la    possibilité   de 


(')   A.   KfCKKN  el  V.  Sciiwi'us.   IVr/i.  il.  Driilsrli  i'hijx.  (les.,  I.  XV.   i;(i  '. 
p.  57S. 


TIIKDBIF.   MOI.KCHI.AinK    PKS  CCIHl'S   SOLIDKS.  '7  > 

cilciilcr  la  fréf|iieiu'»^  o|)li(iin;  propre  à  partir  des  conslaiites 
élastiques,  ce  <|iii  confliiisit  Matiehing  ('),  comme  on  sait,  à  prouver 
le  premier  la  reialiiin  miméri<|iie  cuire  |i-«  \iliial  ions  caloriliinies 
cl   les  propriétés  élastiques. 

L  n  caractère  commun  à  tons  les  composés  ilc  la  pirinicre  classe 
esl   d'ailleurs  qu'ils  cristallisent  dans  le  système  cubique. 

Voyons  malnlenant  la  seconde  classe  des  solides  polyalomiques, 
dan<  laqiiclli-  le  <:r(iupenient  des  atomes  en  molécules  est  netlcment 
délerminc.  I.-i  il  est  iililc,  selon  Xcrrist  (-),  de  se  (i^turer  les  vibra- 
tions dans  le  solide  comme  conqiosces  îles  vibrations  des  centres 
de  <;ravilé  des  molécules  et  des  vibrations  des  aiorncs  de  chaque 
molécule  par  rapport  au  centre  de  gravité. 

D'à  près  Nernsl  on  pourrait  appliquer  aux  mouvements  des  centres 
de  gravité  les  mêmes  considérations  qui,  dans  le  cas  de  corps 
nionoatomiqucs,  conduisent  à  la  fonclion  de  Debye.  Quant  aux 
vibrations  dans  la  molécule,  en  partie  parce  que  les  masses 
vibrantes  sont  ])lus  petites,  eu  |)artie  aussi  par  suite  des  liaisons 
plus  fortes  dans  la  molécule,  elles  auraient  des  fréquences  plus 
élevées  et  donneraient  lieu,  selon  Nernst,  à  d'étroites  bandes 
spectrales.  Aussi  leurs  contributions  à  la  chaleur  moléculaire 
seraient-elles  données  approximativement  par  la  fonction  d'Ein- 
stein (é(|uation  3).  Aux  très  basses  températures,  où  les  hautes 
fréquences  ne  se  manifesteni  plus,  la  loi  eu  T'  existerait;  comme 
Debye  l'a  déjà  fait  observer,  pour  la  chaleur  moléculaire  de  ces 
cor|)S-là  aussi.  .Nernst  a  attiré  l'attention  sur  le  fait  ((uecela  ouvre 
la  perspective  de  l'a  déleruunal  Ion  de  la  grandeui'  de  la  nudécidi' 
à  l'état  solide. 

Dans  cette  classe  de  corps  polyalomiiiucs,  les  rayons  restants 
correspondraient  à  des  vibrations  intramoléculaires  et  ne  pour- 
raient donc  plus  être  calculés  au  moyen  des  constantes  élastique-s, 
puisque  celles-ci  seraient  en  réalité  déterminées  par  les  forces 
agissant  entre  les  centres  de  gravité  des  molécules. 

.\  cette  classe  de  corps  solides  semblent  ap]iarlenir  tous  les 
éléments  et  toutes  les  combinaisons  qui  ne  cristallisent  pas  dans 


(')    F..  Madf-lun<;,  loc.  cit. 

(*)   \V.  Ncn.NST,  Gôllinser  W'oijsliehl-Vorlra'^.  nji'i. 


l'Cl  I.A  striciihf.  iif,  i.a  matikre. 

le  système  cubique,  par  exemple  S,  le  grapliite,  Si  0-,  Ca  CO^  ('). 
En  tout  cas  on  ne  doit  pas  perdre  de  vue  qu'il  n'existera 
pas  de  limite  bien  tranchée  entre  les  deux  classes  de  solides  que 
nous  avons  distinguées  ici.  En  y  regardant  bien,  les  vibrations 
à  l'intérieui'  de  la  molécule  s'efTectuent  aussi  sous  l'action  des 
molécules  voisines.  Voilà  pourcjuoi  il  sera  souvent  arbitraire  d'ap- 
pliquer la  fonction  d'Einstein  à  la  représentation  de  l'énergie  des 
vibrations  intramoléculaircs. 

V.  —  La  variation  isopyknique  de  la  pression 
avec  la  densité  d'énergie  dans  les  corps  polyatomiques. 

La  dilicreuce  entre  les  deux  classes  de  solides  polyatomic(ues 
caractérisés  ci-dessus  apparaît  d'une  façon  1res  intuitive 
lorsqu'on  calcule  la  grandeur  (  -^)  ,  qui,  on  s'en  souviendra,  est 
■  du  mcnie  ordre  de  grandeur  pour  les  corps  monoatoniiques  et 
est  d'ailleurs  indépendant,  pour  ces  corps,  de  la  température  et 
de  la  pression. 

D'après  le  Chapitre  IV,  nous  pouvons  admettre  que  la  chaleur 
moléculaire  d'un  cristal  solide  polyatomique  peut  être  représentée 
par 

c,^Vr.,(-), 

OÙ  F„  est  ou  liicii  la  louclion  du  Doliyc,  ou  bleu  la  fonction  d'Ein- 
stein, ou  une  autre  foi'me  de  fonction  encore  à  trouver,  propre  aux 
vibrations  intramoléculaircs.  Eu  égard  à  la  faible  différence 
entre  Cy,  et  C,.  à  basse  température,  il  résulte  de  la  conception 
de  l'ianck  du  théorème  <!e  Nernst 

que  la  dihdiil  itm  1  horinitjm:  est  domirc  approximativement  par  (-) 


{')  Mais  piiil-î'ln'  iiussi  <|iiiUiiiis  rlriiiruls  cristallisant  liiiii  dans  le  système 
tul)iqur,  par  (  x  niiili'  le  ]ilnisi>lii)ro  lilaiic. 

(»)   \'iili.  (l.  Detilsch  niiys.  des.,  t.  Xltl.    kiit,  p.    '|>C.. 


T11K)I1IK    MOI.ÉCl'l..\IRR    DES    CORPS    SOLIDES.  '77 

Si  i'  représente  le  volume  moléculaire  et  si  l'on  pose 


(3..  •"" 


■'■(r) 


</lo^l.      ""  (■„. 

la  ilcrnière  équation  devient 

(jr)„=--r(?)r'-"2;-^"'?" 

ce  que  nous  pouvons  encore  écrire 


(M) 


'^TTEV  ~\ô€)>-    ^''"^"' 


II 


Pour  les  corps  anisotropes,  p  ne  serait  évidemmenl  pas  le  même, 
en  général,  ilans  toutes  les  directions;  /;  représentera  donc  la 
pression   moyenne. 

Les  grandeurs  q„  représentent  \eé  proportions  dans  lesquelles 
les  diverses  fonctions  F„  contribuent  à  la  chaleur  moléculaire. 
Pour  la  fréquence  la  plus  basse  (la  fonction  de  Del>ye)  d'un  corps 

n-atomiqne,  q  décroît  de  la  valeur  i,  ([u'il  a  à    1'=^  o,  jusqu'à 

à  très  haute  température;  pour  les  fréquences  plus  élevées,  les  q 
augmentent  à  partir  de  la  valeur  zéro  qu'ils  ont  à  T=  o.  Dans  tous 
les  cas,  on  a 

>   o,.  —  I. 


Les  grandeurs  v„  définies  par  (33),  nous  pouvons  les  considérer 
comme  indépendantes  de  la  température  et  de  la  pression  avec 
le  même  droit  que  pour  le  corps  monoatomique.  Mais  elles  ne 
sont  pas  du  tout  toutes  du  môme  ordre  de  grandeur. 

Si  par  sa  constitution  le  corps  monoatomique  appartient  à  la 
première  classe  du  Chapitre  IV,  un  changement  de  volume  de  la 
molécule  modifiçra  toutes  les  distances  atonii(iues  dans  le  même 
rapport,  cl  il  est  tout  naturel  d'admettre  que  toutes  les  fréquences 
subissent  la  même  variation  relative,  d'autant  plus  r[ue  •,-  est  dn 
même  ordre  de  grandeur  pour  les  corps  monoatomiques  les   plus 


27'**  I.A    STlllCTl  BE    DS    H    MATIÉMK. 

difl'éi-ent?.  Lts  divers  -.-«  l'Ouiraient  donc  être  remplacés  dans  ce 
cas  par  un  seul  et  même  y  ejt  l'on  obtiendrait,  comme  pour  le  corps 
solide  monoalomique, 

Ou  peut  s'aUendre  à  ce  que  y  soil  indépendant  de  lu  température 
et  soit  du  même  ordre  de  grandeur  que  pour  les  éléments  monoato- 
miques du  Tableau  III.  Cette  prévision  paraît  se  réaliser.  Du  moins 
Ch.-L.  Lindemann  (i)  a  trouvé  pour  le  sel  gemme  que  le  rapport 

(TV^r)  '^''"^'""''  *^i  pc"  c1>?  3a3o  abs.  à  5o",4  abs.  qu'il  est  justifié 
d'admettre  que  y  est  constant  en  première  approximation.  Ensuite, 
le  Tableau  VIII  montre  que.  [lour  les  composés  de  la  première  classe 
cristallisant  dans  le  système  cubique,  y  tofnl)c  parmi  les  valeurs 
pour  les  éléments  monoatomiques.  Les  coellicients  de  dilatation 
ont  été  mesurés  par  Fizeau.  les  compressibilités  par  Richards  et 
Jones,  celle  de  Ca  Fl'^  par  W.  Voigt. 

Tadleai'  \III. 

V-  \i-  'ilj  \i-  âp)        C„.10--.  \ii<t) 

!<CI ;>7,7  ii4  5,-,.  48, r.  i,7„ 

KBr 43, «  \r>.{\  (5,4  io  1,7., 

Kl 54,"  r>.S  8,8'  48  r,5: 

NaCi ■).■],■>.  i-.i  4^3  48  1,5,, 

AgCI -25,8  \)^.'  ?-,4  Jl  2,l>7 

AgBr ■.).i),7  lo'i  îjS  il  2,o„ 

Ca  l-'l-  ...      ■>!\  .8  "17  ,  I  ,  >  i"))!  1 ,7, 

Si  d  :iulii-  pari  les  molécules  siiul,  loiunic  poui  les  irprcscnlanls 
de  la  deuxième  classe,  des  groupes  bien  délerminés  d'al  ornes  liés 
entre  eux  plus  fortement  que  les  molécules  entre  elles,  un  cliantre- 
ment  du  vf)Iiime  total  c  modifie  les  distances  des  atomes  et  celles 
des  centres  de  {gravité  des  molécules  dans  des  rapports  \ariables; 
ainsi  par  exemple  le  ra])[irocliement  des  molécules  par  élévaliou 
de  jircssion  sera  relati\'ement  \t\wi  {jrand  que  le  rapprochenicnl 
des  atomes  à  l'inléricur  de  la  molécule.  Si  l'on  admet  donc,  comme 

(')  t'.ii.-L.  Lindemann,  Pliifs.  Zeilsclir..  I.  Xlll.  ii|i.>.  p.  717. 


TIIKOHII-:    UnLKCl'I.AIRR    DKS   C0I1I>S    SOl.IDRS.  >-\) 

il  t  si  loiit  in(lii|iit''  lie  le  f;iirr  d'aprt's  li-s  di'- s  (•I(i|i|i(iiiimiIs  [«recèdent  s, 
<|ul'  diins  un  cliaiiLTfiiu'iit  iclaliviMiuMil  iniirniinc  lU-s  dislanco 
df  lous  les  aloiiH's  toiili's  les  frôqniMiCfs  siiliissciil  lo  niômc  cliari- 
jionu'iit  rulalil,  iMi  di'il  iniiiliiii'  ipic  ilaiis  une  inodilicatioii 
déltTiniiii'e  du  noIuiuc  lolal  les  fri'Tiuciict's  ([ui  sout.  élevées  ])ar 
suite  d'une  forte  liaison  se  luodiOenl  eu  vénérai  relativement 
inoins  que  les  basses  fréquences.  En  particulier,  les  y„  des  vibrations 
intramoléculaires  seront  plus  petits  que  le  y,,  qui  correspond 
à  la  fréquence  inaxiina  de  Debye  des  centres  de  «gravité  molécu- 
laires. 

il  s'ensuit  ipTau  voisinage  du  zéro  absolu  (q,  =  i) 


m-'- 


c'est-à-dire  d'abord  ([ue  yi  est  constant  et  ensuite  r[uo  probalilc- 
ment  il  est  de  nouveau  du  mcmc  ordre  de  iirandeur  que  jiour  les 
éléments    monoulonuipies.    Mais    à    mesure    que    la    température 

s'élève.  (-;=)     doit   diminuer,   parce    qu'ïdois  les  v„  inlramolécu- 

laircs  prennent  de  plus  en  plus  (iiiiriucncc.  Nous  dei'ons  donc 
(onchire  que  la  coinpressihiUlé  ne  se  modifie  ((lie  relativement  peu, 
el  que  le  coefjicienl  de  dilatation  croît  plus  lentement  que  la  chaleur 
atomique  moléculaire. 

D'accord  avec  cela  est  le  fait  i|u.-  pmir  Sb,  Bi  (')  et  l>eaucoup 
l)lus  nettement  encore  pour  le  SiO-  cristallisé,  comme  Ch.-L. 
Liiulemann  (^)  l'a  montré  et  l'a  déjà  correctement  interprété,  le 
i-oellicient  de  dilatation  croît  ])lus  lentement  par  aucfuientation 
tie  température  <[ue  la  chaleur  moléiulaire;  mais  que  d'autre  part. 
comme  le  montre  le  Tableau  l.\,  pour  ces  corps  solides  et  poui' 
d'autres,  dont  on  peut    bien  ailmetlrc  qu'ils  aiiparliennent  à  la 

seconde  classe,  (-^)    prend  à  la  température  ordinaire  des  valeurs 

plus  petites  (|ue  pour  les  éléments  m(iiioaloniic|uos  (Tableau  III) 
et  les  composés  de  la  première  classe  (Tableau  ^'l^). 

Mais  ici  aussi  on  reconnaît  nettement  ipiil  n'existera  pas  de 


(')  Ann.  d.  PInjs..  1.  XXXIII,  p.  7^. 

(-)  Cii.-L.  LisDEMASN.  Pliys.  Zeilsclir.,  I.  XIII.  i<t''.  ]'•  7'7. 


28o  I.A    STRICTIRB    IIE    LA    MATIÈRE. 

séparation  bien  tranchée  entre  les  deux  classes  de  solides.  Ainsi, 
par  exemple,  les  métaux  alcalins  Na,  K,  Cs,  que  l'on  tient  géné- 
ralement po\ir  monoatomiques,   se  placeraient,  avec  les  valeurs 

1,1 :  1,3;  1,3  pour  {-;L)  >  plutôt  dans  le  Tableau   IX  que  dans  le 

Tableau  IJI. 

Tableau  IX. 

ur 


P  (bl-inc,  cubique).  |(),G  Sjo 

S  (rliombique  )  .  .  .  .  i5,5  i8o 

.Vs ij.a                i4 

."^b 17,9               33 

Bi -u  ,2               4o 

Si O- (quartz; 22,8               36,î 

CaCO*  (calcilej. .  .  37,0               15,4 


t:„-io-'. 

m. 

20,5 

24 

1.25 

12,7 

23.0 

",'.)6 

4,5 

23 

o.lc 

2,4 

24 

1   ,"3 

3,0 

•      25 

I.I3 

2,6; 

i:.- 

().(>ï 

.,5 

8i 

<>,4'> 

TIIK0II1K   MOLKi:lL\lRK    DKS   COUPS   SOLIDES.  >S| 


DISCUSSION  m    KVl'l'OHï  DK  M.  (iUUNKISLX. 

M.  WiEN.  —  Permettez-moi  île  faire  nnc  remarque  sur  la 
([uestion  de  savoir  si  l'énergie  des  électrons  dans  les  métaux 
contribue  pour  une  port  à  la  clialeur  spécifique.  Il  est  hien  conuu 
que  cette  contribution  est  très  faible  à  la  température  ordinaire. 
C'est  à  cause  de  cela  que  j"ai  iiitnnhiit  dans  la  théorie  de  la  résis- 
tance électrique  riiy|>othèse  <(ue  la  vitesse  moyenne  des  électrons 
dans  les  métaux  est  indépendante  de  la  température  et  qu'il  faut 
•ndmettre,  par  conséquent,  une  aj^italion  au  zéro  absolu.  Cette 
hypothèse  n"a  pas  rencontré  la  sympathie  de  M.  le  Président 
et  je  voudrais  attirer  l'attention  sur  le  fait  qu'elle  n'est  {las  abso- 
lument nécessaire  pour  la  théorie  de  la  résistance  électrique  des 
métaux.  Cotte  théorie  est  fondée  sur  la  formule  de  Drude  : 

5=  — !— eSM. 
■>.  m  II 

{t  conductibiliïé,  e  charge  électrique  d'un  électron,  N  leur  nombre, 
L  le  chemin  libre,  m  leur  masse,  u  leur  vitesse  moyenne). 

Pour  conserver  ma  théorie  de  la  résistance,  il  suffit  que  — 
soit  indépendant  de  la  température,  et  il  est  possible  de  choisir 
u  comme  fonction  de  la  température  de  luanièrc  à  le  faire  dispa- 
raître au  zéro  absolu. 

Par  conséquent,  1/  devient  plus  grand  ([uand  la  température 
s'élève, et  il  est  possible  <|u"il  (ni  résulte  une  contribution  à  la 
chaleur  spécifique. 

M.  \Vhile  (^)  a  trouvé  que  la  chaleur  spécificpie  du  platine 
augmente  continuellement  jusqu'îi  la  température  de  i;ioo°  et 
surpasse  considérablement  la  valeur  qui  correspond  à  la  loi  de 
Dulong  et  Petit.  Il  me  scndjle  possible  que  cela  puisse  être  expliqué 
par  l'intervention  de  l'énergie  des  électrons. 

.\I.     Li.NDEMANN.    —     Il     Serait    peut-être    reciimniandable     de 

(')  Americ.  .lotirit.  oj  Science,  t.  XXVIII,  Mjoij,  p.  iJ'i. 


iS->  i.A  sTnicTinr.  dk  i,\  matikke. 

faire  lout  «on  possible  pour  conserver  le  caleiil  de  la  constante 
de  W'iedeuiann-Franz.  Une  théorie  des  électrons  métalliques 
libres,  qui  n'explique  pas  la  conduction  calorifique,  ne  sera  pas 
aisément  développée.  Même  dans  l'ancienne  théorie  il  se  présente, 
semble-t-il,  de  grandes  difficultés,  par  suite  des  nouvelles  idées 
concernant  l'énergie  d'une  yjarticule  oscillante.  Ainsi  par  exemple 
on  doit  bien  admettre  quuiî  éleolron  à  l'intérieur  d'un  métal 
suit  toute  vîiriation  de  channi,  produite  par  le  rayonnement 
noir.  La  probabilité  que  cet  électron  a  une  frécjucnce  déterminée 
doit  être  proportionnelle  à  la  densité  de  rayonnement 


son  énergie  est  ains 


En  moyenne  il  aura  donc  l'énergie 


Celle-ci  est 


V   .É_l  /<•  ^mi  II'  I 


ce  qui  est  égal  à  0,1678. ..A  T.  l'^n  considérant  les  trois  degrés  de 
liberté,  on  trouve  comme  énergie  moyenne o.5o'i/vT au  lieu  de  i,5A'T. 
Il  vient  donc  une  conslanic-  de  la  lui  de  ^^  icdenumii-F'ranz  à  peu 
pli"-;  nenl  fois  liiip  [pctilc.  La  proposition  de  M.  le  pi-ofcsscur  \N  ien, 

lie   prendre  —   constant,  mais  N  et  u  ^•ariables,  paraît  excellente 
'  Il 

au    )>rcmier   abord,    juiisipi'il    en    résulte   N '^^"1",  conformément 

au  résultai   déduit,   [lar  sir  .losejdi    I  lionison,  de  reifcl  Thomson. 

On   déduit    aussi   de   celle   iiypoliiése   des   fornndes   parfaitement 


TIIKORIK    MOUÉCI  I.KIRR    l>K$    COIII'S    SOIJIIKS.  aS  > 

iilllisaltles  pour  l;i  roiiilucl  ihilil''-  (').  Mais  celle  reprcseiUalioii 
coiuliiil  }•  la  «rraïuie  dillieiillé  que  lout  ehaiipcinent  de  tenipéraliire 
sérail  aecumpa^né  d'un  eliaii^ciiieut  de  \n  eoiieenlraliiiii  des 
élcetroiis  (pii,  i>ar  siiilr  de  la  di  diiii-  de  dissuiation,  se  Jiianifcs- 
Irrail   eerlainetiieiit    d.uis  la   iiusiiri'  d('  la   eiialeiii'  spéti n(|iie. 

M.  Xersnt.  —  Je  ne  crois  pas  qu'on  puisse  expliquer  l'élévation 
des  chaleurs  atomiques  des  métaux  au-dessus  de  la  valeur  C,.  =  3  H 
par  Téncrtrie  ties  éleclrons.  D'abord,  aux  hautes  températures, 
la  correction  jiour  passer  de  C^,  el  C,.  ne  peut  le  ]dus  souv(Mit 
pas  être  apportée  avec  certitude,  pnice  (jti'on  ne  connaît  pas  exacte- 
ment les  conqiressihilités  et  les  dilatations  ihermiques.  Souvent 
en  ne  peut  donc  ])as  décider  si,  d'après  cette  correction,  on  obtien- 
drait la  valeur  C,.=  3  H  ou  une  valeur  plus  grande.  On  doit  songer 
ensuite  «luc,  jusqu'ici,  on  n'a  pas  encore  montré  une  différence 
typitpie  entre  les  substances  à  conduclioti  niélalli([ue  et  les  nou- 
ujétaux;  nous  |)ou\otis  par  exoni|iIc  comparer  entre  eux  le  plomb  et 
l'iode,  l'argent  et  le  tddorure  de  jxilassium  el,  aux  températures  éle- 
vées, nous  trouvons  des  courbes  tout  à  fait  analogues.  Il  est  donc 
tout  à  fait  arbitraire  de  donner  aux  métaux  une  ]dace  spéciale 
aux  hautes  températures.  D'ailleiu-sBoltzmanna  déjà  fait  remarquer 
(pie  la  valeur  de  C,.  =  3R  peut  être  dépassée,  lorsque  les  forces  ato- 
niirpies  cessent  d'être  quasi  élastiques.  Or,  d'après  toutes  nos  idées 
actuelles,  cela  a  lieu  aux  hautes  températures. 

M.  i.ouKMz.  —  Il  me  senddc  qu'on  a  de  bonnes  raisons  poiu- 
admettre  une  vraie  agitation  thermi(pie  pour  les  électrons.  Si, 
l>ar  exemple,  une  telle  particule  se  trouve  dans  un  champ  de 
rayonnement  noir,  elle  prend,  sans  doute,  un  mouvement  brow- 
nien dont  l'intensité  augmente  avec  la  température  (^),  et  il  est 

('J  Cj.  aussi  Silzuiig.iher.  Akad.  lierlin,  \\)\  i,  p.  Jiti. 

(')   Ccpcntlaiil,  dans  la  valeur  -  k"V  qu'on  trouve  pour  roiiprfiir  ciiiclii|uc 

de  l'électron,  la  constanle  A-'  est  notalilemont  inférieure  .t  la  constante  A'  de 
Af.  Plaiick  [voir  La  Ihéorie  du  riiyoïmeinenl  et  les  iiuania  (l'remicr  Conseil  de 
pliysiipieSolvay),p.35-'5<(|.  Dans  uneTlièse  récente  {Over  Jirown'sclie hetyegin(;eii 
in  hel  ■siraltiig.wcld,  cir.,    Leiden,    i'.)!)).   M.   A.    D.    I''okk<r   trouve   environ 

A'  =  A''- 
'  I 


284  '-^    STRICTI'RF.    DE    LA    MVTIKRE. 

naturel  d'attiilnier  à  un  électron  libre,  contenu  dans  un  métal,  la 
même  énergie  cinétique  que.  pourrait  lui  commuuniquer  le  rayon- 
nement. 

M.  Wien  a  nié  l'existence  d'un  mouvement  dépendant  de  la 
température,  parce  que  l'application  de  la  loi  de  l'équipartition 
conduirait  à  la  formule  de  Lord  Rayleigli  pour  le  rayonnement, 
^lais  le  même  raisonnement  s'appliquerait  aux  ions  d'une  solutioiï 
électrolytique.  Leur  mouvement  doit  également  produire  un 
rayonnement  pour  lequel  on  trouverait  la  formule  de  Lord  Rayleigh, 
si  l'on  s'en  tenait  aux  règles  de  la  mécanique  classique.  Cependant, 
en  Vue  des  jjclles  recherches  de  AI.  Nernst  et  de  j\L  Planck  sur  les 
phénomènes  que  jirésentent  les  clectrolytcs,  aucun  physicien  ne 
doutera  de  l'existence  d'un  mouvement  calorifique  des  ions. 

11  me  semble  donc  que,  dans  la  forniidc 


pour  la  conductibilité  électrique,  la  vitesse  u  doit  être  regardée 
comme  dépendant  de  la  température  et  que  la  solution  des  dilii- 
cultés  doit  être  cherchée  surtout  dans  des  considérations  sur 
le  nombre  N  des  électrons  libres  et  sui'  la  longueur  moyeime  L 
tic  ieiir  trajet  de  libre  parcom-s.  Cette  longueur  est  déterminée 
par  les  chocs  contre  les  atomes  dont  le  mécanisme  nous  est  inconnu. 
C'est   ici  «]ii"(in  jiourrait  faire  inlervenir  l'hypothèse  des  quanta. 

M.  Wien.  —  Je  voudrais  faire  observer  encore  (|u"cn  partant  de 
la  couduclibiiilé  calorifique,  considérée  comme  due  aux  électrons, 
il  est  possible  de  trouver  la  relation  entre  la  vitesse  et  la  tempé- 
rature. Quant  aux  expériences  de  Whitc.  on  ne  peut  évidemment 
pas  les  considérer  comme  probanli'S,  mais  je  voulais  néanmoins 
attirer  l'alteiilion  sur  cette  question  importante,  afin  que  ces 
expériences  soient  reju-ises  en  tenant  coiupli-  de  toutes  li's  doimées 
nécessaires. 

M.  RiJDENS.  —  La  courbe  du  spectre  acousli(pic  (//■,'.  i),  calculée 
par  Debye,  est  bien  confirmée  i^ar  les  mesures  optiques  faites 
(!ans  le  spectre  ultraviolet  de  ipn^lques  cfimposés  diatomiques. 
par  cxem])le   le   sel   de   gemme.    I.:i  fiéipieui-e  limite,  calculée  au 


TlIKORIt:    MOLKi:l LAIIIK    l>KS   CltRI'S   SOLIDES. 


'85 


moyen  des  <Ioiiiiées  rlasliijiics,  s'accorde  très  liieii  avec  celle 
donnée  par  les  rayons  reslHiits,  si  l'on  tienl  ooniple  de  ce  que  le 
maximum  du  jjouvoir  réflecteur  est  déplacé  vis-à-vis  du  maxinmm 
d'absorption  d'une  petite  quantité  du  côté  des  grands  v.  La  forme 


l-.g.  .. 

delà  eourbe  aussi  est  confirmée,  en  principe,  parles  mesures  optiqiies. 
La  chute  de  la  courbe  de  réflexiDii  du  côté  des  longues  ondes  est 
toujours  plus  douce  que  du  côté  des  courtes.  Il  est  certain  que 
l'allure  particulière  de  l'indice  de  réfraction  fait  aussi  sentir  son 
influence.  Mais  si  la  eourbe  du  pouvoir  léflecteur  descend  du  côté 
des  longues  ondes  un  peu  plus  rapidement  cpie  la  courlic  de  Debye. 
cela  tient  bien  en  outre  à  ceci,  que  seules  lescourles  ondes  de  toul 
le  complexe  ont  une  forte  action  électromagnéli(|uc,  alors  que  les 
longues  ondes  ■•  acoustiques  »  n'exercent  plus  d'action  électroma- 
gnétique sensible. 

.\I.  IlASii.Nonni..  — ■  I!  y  a  jiour  nioi  une  dilTiculté  dans  le  partage 
de  toute  l'énergie  en  énergie  vibratoire  et  un  reste  F(t')  indépendant 
des  vibrations.  Il  me  semble  que  cette  dernière  énergie,  qui  dépend 
de  la  situation  des  atonies,  doit  influencer  aussi  les  vibrations. 
Il  ne  me  parait  pas  immédialenient  clair  t[u'unc  vibration  liarmo- 
nique  se  superpose  simplement  à  cette  influence. 

il  y  a,  de  même,  pour  moi,  unedinicullé  dans  le  fait  que  l'entropie 
n'est  calculée  que  comme  entropie  de  vibration  (correspondant 
à  E>)  et  que  l'énergie  F  {c),  dont  je  viens  de  parler,  n'influence  pas 
du  tout  l'entropie. 

M.  GniJNEiSKN.  —  .l'ai  cru  pou\oir  admettre  ([ue  la  décompo- 


9.86  1,A    STRlCTinE    DE    l.A    MATIKBE. 

sitioïi  (le  l'énergie  totale  en  énerg-ie  de  vibration  et  en  énergie 
potentielle  du  centre  de  vibration  est  permise  en  première  approxi- 
mation, ainsi  que  Mie  l'a  déjà  fait  d'ailleurs. 

Que  le  volume  ne  figure  pas  dans  l'entropie,  je  me  le  suis  expli- 
(jué  ainsi,  que  dans  un  solide  les  atomes  ne  se  disputent  pas  l'espaee. 

Cela  fait  disparaître  de  l'entropie  du  corps  solide,  du  moins  à 
basse  température,  un  terme  dépendant  de  r,  couinie  celui  que 
Planck  a  introduit  dans  l'entinjiic  d'un  \in7.  uHinoatomif[ue. 

.M.  Laue.  —  Que  l'entropie  S^  puisse  être  calculée  sans  faire 
entrer  l'énergie  potentielle  F  (c)  dans  léipiation  (i  1),  cela  est 
déjà  justifié,  me  semble-t-il.  jiar  léqualiiui  ilifïérentiellc  ]i()ur 
l'entropie  : 


</S.x  = 


T  r 


Car,  si  pour  arriver  à  un  point  tiuelconque  f,  T  dn  diagramme 
volume-température,  on  intègre  cette  équation  d'abord  le  long 
«l'un  chemin  isothermique  correspondai\l  à  T  =  d,  parlant  de 
''  =  t'ii  (où  i'„  peut  être  choisi  arl)iliaircmcnl)  et  aboutissant  à  la 
valeiu'  t',  puis  pour  v  couslaul  de  1  =  o  à  la  \  alcur  ilmuicc  I .  la 
première  intégrale 


( 


,lv 


est    ludlc  d'après  le  théorème  de  Nernsl  :  cela  est  ]iossible.  parce 

(|u"à    T        (I 

/»  +  V'{v  \  —  1) 

e.sl  la  condition  d"c(|uilibrc  [voir  p.  atia,  éipiation  (>.i);  sauf  (|ue  /i 
est  négligé  à  cet  endroit].  La  seconde  intégration  le  long  de  Tiso- 
thermc  est  remplacée  dans  la  conférence  de  M.  Cinineisen  par  la 
considération  statistique  tjui  est  à  la  base  du  calcul  de  S,,  et  S^:  en 
réalité,  ou  y  supimse  cpie  i'=— ■  const.  On  trouve  ainsi  (]ue  S^  a 
enectiveinenl  la  \alciu'  indépendante  de  I'' (>')•  donnée  par  Kal- 
noswky. 

.M.    lîiiii  i.(H  IN.  Dans    toutes    les    théories    itiolcculaircs.    il 

semble,    à   première    \w.    que    l'énergie    |ioli'nlicllc.    1(>    \  nirl    m- 


TIIKOIIIK    MOLKCl  l.^llti:    KKS    COHPS    SOLIDES.  /X" 

t<Tii«".  eto.,  si>itMit  fniu-liiiiis  ilii  volume  sfiil;  il  csl  faiilc  do  voir 
t|ilo  leur  valiMir  nioyciiiit;  ilcpciul  di-  l'a^iitalinii  t  licriiiiiiue  i;l 
('oiiiiiii'iit.  lue  rum-tioii  t|iit'lc(m(iiie  I' (')  <li'  la  tilslaïui'  ilc  deux 
points  isotropes  a   |iiuir  \ali'iir  nuiyi'iiiic 

K(7]=P(7,.»(l^).^(i;)..... 

l'ii  tiésigiiaiil  la  iniiyt'iiiu'  par  imt,-  Ijairc  ut  los  ilérivécs  i>ur  des 
accents.  Ç  est  la  projection  du  déplacement  relatif  sirr  la  distance 
moyenne,  o  est  le  dcplaccmcnl  relatif  en  tons  sens. 

Pour  ces  valeurs  lelatives,  Tisotropie  moyenne  îles  dépla- 
cements  absolus   de   iliacun   des    points   n'entraîne   pas   du   tout 

l'iso1ro])ii'   du   iléplaccment  relatif  :  ;-  n'est    pas        de  p-. 

l'oin-  calculer  ces  moyennes,  j'ai  supposé  que  le  milieu  est 
parcouru  en  tous  sens  par  des  ondes,  les  unes  longitudinales, 
les  autres  transversales;  le  relard  de  l'onde,  passant  d'un  ])oint 
à  un  autre.  iuimIimI  un  déplacement  relalil  ilcml  le  carré  moyen 
se  calcule  sans  diliicullé.  Dans  mes  leçons  anciennes,  j'avais 
examiné  diverses  hypothèses  quant  aux  relations  entre  l'ampli- 
tude des  ondes  et  leur  fréquence.  Il  sullit  actuellement  d'adop- 
ter la  relation  de  Planck-Einstcm,  en  tenant  compte,  bien  entendu, 
du  nombre  de  de<ïrés  de  liberté  du  corps  pour  chaque  fréquence, 
])ar  exemple  d'après  la  rèi;le  île  Debye,  avec  une  nicnie  fréquence 
nnnimum  jiour  les  ondes  longitudinales  et  transversales,  on  mieux 
ai'cc  une  mriiw  longueur  iVomte  iiiiniiniiiii  longitudinale  ou  (rans- 
i'emale  /.„  : 

'"=V''-TiôrTTïïîî'     "-'^•^•^' 

M,  masse  moléculaire  du  corps; 
IJ,   <lensité  du   coips  solide. 

Négligeons,  conmie  Debye,  la  complication  produite  par  la 
dispersion  au  voisinage  de  la  longueur  d'onde  minimum,  ce  qui 
est  acceptable  un  peu   loiti   des  températures  : 

:{.io'"/.„  ■{.ii>'">.o' 


•288  LA    STRICTIHE    DE    LA    MATIÛBK. 

il,  vitesse  des  ondes  de  condensation  ; 

to,  vitesse  des  ondes  de  rotation  dans  le  solide. 

Posons 

olx)^    /      — , 

nous  aurons  (/(,  /v,  constantes  de  Planck) 

^=  it(t-',)'"[t^=^(S;) -^- ït 'K^)]''=  •"'■'• 

où  A  et  B  sont  des  fonctions  de  W. 

Pour  une  molécule,  entourée  des  autres,  la  valeur  moyenne 
de  F  (énergie  potentielle,  viriel,  etc.)  est 

la  somme  ^  étant  éteniliip  à  loutcs  les  \-aleurs  de  r  pour  les- 
quelles  F,   rF',   r'-V"   onl    des   \alcurs   sensibles. 

Pour  les  N  molécules  de  ruuilé  de  Aolume,  cela  fait  — F,  qui 
dépend  à  la  fois  tie  la  forme  et  tle... la  température. 

L'introduction  de  l'airitalion  dans  les  termes  d'énergie  poten- 
tielle et  de  viriel  —  et  par  suite  ilans  les  cocllicicnts  d'élasticité  — ■ 
étend  singulièrement  le  (iomaine  ilapplicalion  des  tiiéories  molé- 
culaires aux  ])ro]uiétés  t  iiermodynamicpies  :  dilatation,  change- 
ments d'état,  etc. 

11  est  remarcpiaide  que  ce  soit  la  même  fonction  'j  (.r)  qui  convient 
pour  re]irésenter  l'influence  moyenne  des  (Irplaceivcnts  relatifs 
cl  jHMir  représenter  l'énergie  cinélitpie. 

A\i'c  lin  |it'ii  MKuiis  de  en  I  il  mlc,  les  nirines  conclusions  pcu\t'ut 
être  éleiuliirs  aux  corps  aiiisoti'oprs. 

.M.   1,i.m>i;ma  N.N.  Dans  les  nii'l  lindis  ordinaires  de  déduction 

de  la  lui  ilr  récpiiparlitioii  de  lénergie,  le  fait  qu'à  chaque  accé- 
lérai imi  d'un  leulic  de  fiucc,  dmit  la  force  se  jtropage  avec  nue 
\itessc  ronshiiilr,  il  \  a  nu  rayoïniement  d'énergie,  n'est  considéré 
(pi'anlanl  qnd  s  atiisse  de  foi  ces  éleclritpies.  Mais  on  sait  qu  il  ne 


TIIKORIB   MOLKCrUVIKE    DI-.S   «OIIPS   SOUDIvS.  V.89 

siifllt  pas  de  considérer  uinijucmcnl  îles  forces  électri([uos.  Bien 
ijne,  dans  l'iimorance  où  nous  sommes  encore  an  sujet  de  la  fonction 
de  force  lies  forces  atomiques,  il  soit  iliflicile  pour  le  moment  de 
dire  qnel<|ue  chose  de  certain  d'un  pareil  rayonnement,  il  n'est 
|)eut-èlrc  jias  permis,  cepentlant,  de  n'en  tenir  aucun  compte, 

-M.  LoisKNTz.  Les  beaux  résultats  obtenus  par  M.  Griineisen 
dépendent  en    partie    de    la    formule    pour    l'énergie    potentielle 

(p.    2Jl), 

A         li 

dans  laquelle  la  dillérence  des  exposants  de  *'  est  attribuée  au  fait 
que  les  Jorccs  attractives  et  répulsives  ne  varient  pas  de  la  même 
manière  avec  la  distance  ;•.  On  voit  facilement  qu'on  obtiendra 
une    énergie    potentielle    inversement    proportionnelle    à    c'"    en 

admettant  des  forces  proportionnelles  à  ,,„_^,  »  mais  on  sait  aussi 
que    le   terme     -—   n'implique   aucunement   la    loi    —    ])0ur    les 

attractions  moléculaires.  Dans  la  théorie  de  .M.  van  lier  Waals, 
on  obtient  ce  terme  on  admettant  seulement  que  ces  attractions 
s'exercent  à  de  très  petites  distances. 

Je  crois  pouvoir  conclure  de  cet  exemple  que  des  lois  définies 
pour  les  forces  moléculaires  ne  doivent  être  admises  que  sous 
une  certaine  réserve.  Ne  vaudrait-il  pas  mieux  éviter  autant  que 
possible  des  hypothèses  spéciales  sur  la  loi  des  forces  et  la  forme 
de  la  fonction  F(t')?  Comme,  dans  les  applications,  il  ne  s'agit 
(|ue  de  petits  changements  du  volume,  tout  dépendra  probable- 
blement  de  la  première  et  de  la  seconde  dérivée  de  la  fonction, 
et  l'on  pourrait  examiner  avant  tout  ce  que  les  phénomènes  nous 
apprennent  à  l'égard  de  leurs  valeurs. 

M.  GniJNEiSEN.  -  .le  voudrais  répondre  aux  remarques  de 
M.  Lorentz  que  les  lois  de  puissances  ne  sont  ([u'uno  manière 
empiri((ue  de  remplacer  les  vraies  forces  atomiques,  valable 
seulement  de  façon  approchée  entre  certaines  limites  de  variations 
du  volume.  Indépendamment  de  la  façon  de  procéder  de  Mie, 
je  fus  conduit  à  admettre  des  forces  proportionnelles  à   certaines 

I.NsriTIT    SOLVAY  19 


ago  1^    STRICTIRE    DE   LA    MATIERE. 

puissances  lorsque  je  trouvai  empiriquement  que  le  coeflicient  de 
température  de  la  compcessibilité  est  à  peu  près  le  septuple  du 
coefficient  de  dilatation,  et  que  le  coelllcient  de  pression  de  la 
compressibilité  est  à  peu  jirès  le  môme  multiple  de  la  compressi- 
bilité  même.  Ce  fait  s'interprète  le  mieux  de  cette  façon-ci,  que 
la  compressibilité  varie  suivant  une  puissance  très  élevée  du 
volume. 

M.  Nernst.  —  Discusxion  ihcrmodyiuunique.  —  Comme  suite 
à  l'exposé  de  M.  Grûncisen  sur  la  tliéorie  des  corps  solides,  je 
voudrais  revenir  sur  une  discussion  qui  se  produisit  lors  du  premier 
Congrès  Solvay  (^)  au  sujet  de  la  question  de  savoir  si  les  con- 
séquences de  mon  théorème,  pouT  autant  qu'elles  intéressent  les 
changements  d'état  et  les  transformations  chimiques  des  solides, 
peuvent  déjà  se  déduire  du  fait  que  les  chaleurs  spécifiques  des 
corps  solides  aux  basses  températures  deviennent  infiniment 
petites  d'un  ordre  au  moins  égal  au  premier,  c'est-à-dire  que  nous 
pouvons  par  exemple   poser 

D'après  Debye,  les  deux  premiers  coefficients  a  et  h  seraient 
même  nuls  également  aux  basses  températures.  Mais  pour  la  preuve 
de  mon  assertion,  il  suffit  (]ue  l'écpiation  précédente  existe  avec 
des  coellicients  finis. 

Cela  fut  contesté  jiar  M.  Einstein,  qui  se  basait  jkuu'  cela  sur 
des  cousidéralions  dont  l'exactitude  me  ]>araissait  déjà  douteuse 
à  ce  moment-là;  M.  Lorentz  s'était  d'ailleurs  rallié  à  la  manière  de 
voir  d'Einstein. 

En  ce  moment,  je  puis  bien  faire  remarquer  que,  dans  l'entre- 
temps.  de  nombreuses  apjilications  de  mon  théorème  à  des  réactions 
chiniicpies  se  sont  trouvées  coulirniées,  kw  ])aitie  )iar  des  mesures 
très  précises.  lût  oulic,  les  recherches  de  Kanicrliiigli  Oniu's  et 
de  Wielzel  ont  fourni  réconinimit  la  preuve  (juc  relïet  l^sltier 
divisé  par  la  température  absolue  ilisparait  égalemcul  aux  très 
1 

(')  La  lliioiie  du  roijonufitieiU  ri  les  quniiln  [Prvwier  Conseil  tie  I^li;isiqiie 
Snlvatf,  p.  3o-.>). 


TlIKOniË   MOLKXL'LMRG    KKS   COUl'S   SOI.IDKS.  MJl 

basses  températures,  ce  ([iii  serait  une  généralisation  «le  ini)ii 
tliéorème  (^). 

Mais  ce  n'est  pas  seulement  ]>ar  l'expérienee,  cesl  aussi  par  la 
lliéttrie  «pie  je  ertiis  pouvoir  «pialilier  de  réfuté  l'argument  de 
M.  Minstein.  Si  nous  eonsidéions  par  cxeni])le  la  dilatation 
d'un  soliile  et  «pie  nous  admettions  que  la  elialeur  spécilicpie 
disparait  aux  basses  températures,  sans  que  cependant  mou  théa- 
rènie  soit  vrai,  nous  arrivons  à  des  conséquences  réellement 
inadmissibles.  Au  sujet  des  chan<;ements  d'état  des  corps  solides, 
mon  théorème  apprend  qu'aux  basses  températures  le  coeirulent 

de    pression    -^    doit    diparaître.    Admettons   un    moment    que 

cette  conséquence  ne  se  vérifie  pas;  il  serait  alors  possible,  comme 
on  le  prouve  aisément,  d'atteindre  le  zéro  absolu  par  une  dila- 
tation finie  et  de  parcourir  un  cycle  par  lequel  le  principe  do 
C.arnot  serait  mis  en  défaut.  Nous  devons  donc  bien  conclure  ([uc 

im  -rr  =  i>         |i(iiii-    I   =  o, 
«:'l 

c'est-à-dire  que  mon  théorème  doit  être  satisfait. 

M.   lÙNSTEi.v.  —  Je  l'accorde  parfaitement. 

M.  Nernst.  —  Mais,  pour  les  réactions  chimi([ues,  la  question 
est  exactement  la  même  en  principe;  et  si  nous  soumettons  par 
exemple  au  calcul  la  transformation  d'une  des  modifications 
«lu  soufre  dans  l'autre,  nous  arrivons  aux  mêmes  conséquences 
étranges  qui  sont  déduites  dans  la  note  «pii  vient  d'être  citée. 

M.  LoHENTZ.  Voici  la  manière  dont,  avant  nos  discussions 

il'il  y  a  deux  ans  ('-),  j'ai  cru  pouvoir  démontrer  le  théorème  de 
M.  Xcrnst.  l'^n  l'exposant,  je  nie  sei'xiiai  ih's  iiolatioiis  «pii  me 
sont  les  i>lus  familières,  mais  cela  ne  cliangc  rien  au  fond  des 
choses. 


i')   ( I.  W.  Nernst,  Sitzwigsber.  Akad.  Berlin,  i<ji?,  p.  i3'|. 
C)   Vu  r  Im  llièorie  du  raijniiiiewcul  cl  les  quanta  (Premier  Conseil  de  Pliij- 
sique  Solvay,  p.  3o9.  et  3o3). 


2()''.  lA   STRUCTURE    DE    lA   MATIERE. 

Je  considère  deux  phases  «  condensées  »,  solides,  par  exemple 
I  et  2  d'une  mOme  substance,  et  je  suppose  que,  même  au  zéro 
absolu,  l'une  de  ces  phases  puisse  se  transformer  dans  l'autre, 
et  que,  les  densités  étant  diflérentes,  il  puisse  y  avoir  équilibre 
sous  une  pression  déterminée.  Pour  fixer  les  idées,  j'imagine 
entre  les  phases  une  couche  de  transition  dans  laquelle  l'arran- 
gement des  molécules  passe  graduellement  de  celui  qui  est  propre 
à  la  première  phase  à  celui  qui  existe  dans  la  seconde. 

Oh  pourra  alors,  par  un  changement  du  volume  total,  déplacer 
à  volonté  cette  couche. 

Dans  l'absence  de  tout  mouvement  calorificjue,  l'équilibre 
sera  de  nature  purement  statique  et  le  principe  des  vitesses  vir- 
tuelles conduit  à  la  condition 

dans  lac[uelle  U  et  v  représentent  l'énergie  et  le  volume  de  Tunité 
de  masse. 

Supposons  maintenant  que  la  température  soit  un  peu  au- 
dessus  de  zéro.  L'agitation  thermique  interviendra  et  l'équa- 
tion précédente  cessera  d'être  vraie.  Cependant,  on  peut  tou- 
jours écrire 

si  l'on  désigne  par  to  un  terme  de  correction  qui  dépend  du  mou- 
vement calorifique  et  qui  tend  vers  zéro  quand  ce  mouvement 
disparaît. 

D'après  la  théori([uc  nuidcruc  des  clialeurs  spécifiques,  l'énergie 
cinéti([ue  E  diminue  dans  le  voisinage  du  zéro  absolu  avec  une 
telle  rapidité  que  le  rapjiorl    '  tend  vers  la  limite  zéro.  Je  suppose 

que  la  grandeur  lo  diminue  avec  la  même  rapidité  et  que,  par 

conséquent,  pour  T  =  o, 

.     <.) 

Illn  ;j;    =   o. 

Cela  sullit   piuif  arriver  au  théoi'ènic  de   M.    Ncrnst. 

l'.u  clh'l,   la   vraie  écpialiim  de  ré(|uilihre  esl,  connue  on  sait, 

Ui -I- /)C|  —  T.S,  —  l\ -+- /(Cj— TSj, 
où  S  représente  {"ciiliniiic  |iar  unité  de  masse.  Si  l'on  relranciie 


THKORIR    UOLÉCl'I.Aini':    DKS   rOHI'S   SOLIDES.  'X.l  > 

ci'tte  équation  de  notre  deuxième  formule  et  si  ensuite,  après 
a\oif  divisé  par  T,  un  passe  à  la  limite  T  =  n.  on  trouve 


liiii  I  Si  —  s*  )  ^  (>, 

ce  qui  est  bien  le  théorème  dont  il  s'ai^it. 

Malheureusement,  on  peut  mettre  en  doiilc   l'hypothèse 

hni  ^  =  o, 

dont  cette  démonstration  dépend  entièrement.  Si  l'énergie  est 
concentrée  en  quanta  finis,  il  est  possible  que  l'influence  d'une 
faible  énergie  cinétique  sur  l'équilibre  soit  déterminée  plutôt 
par  la  grandeur  des  quatila  (jue  par  leur  nombre  et  que,  par  con- 
séquent, le  terme  to,  ipii  exprime  cette  influence,  diminue  moins 
rapidement  cpie  nous  venons  de  le  supposer. 

C'est  là,  en  termes  un  peu  différents,  une  remarque  qui  a  été 
faite  par  M.  Einstein  dans  la  discussion  de  191 1. 

.l'ajouterai  ([ue  la  dernière  démonstration  «[ue  M.  Nernst  a 
donnée  pour  son  théorème,  en  se  basant  sur  le  jiostulat  qu'il  doit 
être  impossible  d'atteindre  le  zéro  absolu  par  des  changements 
finis,  me  semble  être  à  l'abri  de  toute  objection. 

M.  Einstein.  -  -  I^a  question  que  nous  avons  à  traiter  en  premier 
lieu  est  la  suivante.  Maintenant  que  les  recherches  expérimentales 
de  Nernst  et  de  ses  élèves  ont  appris  de  façon  convaincante  (juc 
la  capacité  calorifique  C  de  systèmes  condensés  aux  basses  tem- 
pératures tend  plus  rajndement  vers  zéro  que  la  température  T 
elle-même,  la  question  se  pose  si  par  là  le  théorème  de  Nernst  est 
démontré.  Nous  avons  vu  au  premier  congrès  Solvay  qu'à  ce 
sujet  les  opinions  dureraient.  M.  Nernst  lui-mémo  était  d'avis  que 
son  théorème  pouvait  être  déduit  par  voie  thermodynamique  de  la 
dégénérescence  des  chaleurs  spécififfues  aux  basses  températures; 
plus  tard,  il  a  tâché  de  fonder  sa  manière  de  voir  sur  une  recherche 
thermodynamique  qui  — Inen  qu'à  mon  sens,  elle  n'ait  pas  atteint 
ce  but  —  est  néanmoins  de  très  grande  importance  pour  l'inl di- 
ligence nette  du  fond  du  théorème. 

Nernst  cherche  d'abord  à  prouver  l'impossibilité  de  l'existence 
d'un  processus  adiabatiqne  se  déroulant  entre  des  limltef  finies, 


•'94 


I.A    STRUCTURE    DE    I.A    MATIERK. 


par  lequel  le  zéro  absolu  est  atteint.  Si,  en  effet,  de  pareils  processus 
adiabatiques  existaient,  il  y  aurait  des  cycles  de  Carnot  où  la  tem- 
pérature inférieure  serait  zéro  (T2=o),  ainsi  donc  des  cycles 
conformes  au  diagramme  de  la  figure  2. 


Fig.  5. 


Dans  notre  cas  (où  T2  =  o),  l'équation  générale  bien  connue 

?~  =  ^     exige  la   disparition  de  q-^.  L'isotherme  CD  de\Tait  donc 

être  considérée  en  même  temps  comme  une  adiabatiquc.  Elle 
pourrait  être  ])aicourue  par  le  système  sans  qu'on  ait  besoin  de 
recourir  à  un  réservoir  de  chaleur  à  temjiérature  T.j  =  o.  Pour 
le  cycle,  il  ne  faudrait  donc  cju'i/h  seul  réservoir  de  chaleur,  ayant 
la  température  T  =  T,,  dont  la  chaleur-  pourrait  être  transformée 
en  travail  —  ce  qui  serait  en  contradiction  avec  le  principe  de 
Carnot.  M.  Xernst  en  conclut  qu'une  adiabatiquc  du  type  BC 
ne  saurait  cxistei-. 

,Ic  doute  de  la  force  démonstval  ive  d(>  ce  raisonnement  pouR 
le  molif  suivant.  D'ajirès  tnoi,  il  est  impossible  en  principe 
dellectucr  adiabatiqucment  la  partie  CD  du  processus.  En  effet, 
toute  irréversibilité,  si  petite  qu'elle  soit,  doit  avoir  pour  effet  de 
ramener  le  système  par  compression  de  l'état  C  le  Ion»  de  Tadia- 
batique  vers  H  el  non  vers  D.  Car,  puisque  des  processus"  exac- 
Icnicnt  rév"ersil)les  n'existent  pas  dans  la  nature,  une  compression 
de  notre  système  à  partir  de  C  ne  sera  pas  jjossifde  iwcc  une  réver- 
sibilité alisolue:  des  quantités  minimes  d'énergie  seront  toujours 
transformées  eu  énergie  désordonnée  (chaleur).  Quelciue  petites 
que  soient  ces  cjuantités  d'énergie,  elles  existent  certainement  et 
elles  forcent  le  système  à  <phttcr  l'axe  T  -^  o  pour  suixre  Tadli:- 


THKORIE   .MOI.KI'II.Aini:    DKS   COIll'S   SOLIDES.  2'J  » 

batiqne  Clî.  Le  cycle  cnusitléri'-  csl  doue  essentiellement  irréali- 
sable. 

Si  nous  reconnaissons  ainsi  ([ue  la  pn-uve  ne  tienL  pas,  nous 
«levons  néanmoins  avouer  (pi'il  est  très  désagréable,  pour  le  sen- 
timent lin  physicien,  de  devoir  admettre  l'existence  de  pareilles 
adiabatiijues.  Il  me  semble  (pie  l'on  voit  une  issue  bien  meilleure 
en  |)artant  inversement  de  la  supposition  (pi'il  est  impossible 
d'atteindre  le  zéro  absolu  au  moyen  d'un  processus  fini;  en  d'autres 
tonnes,  en  élevant  l'assertion  de  Nernst  au  ranfj  de  postulat.  On 
arrive  ainsi  à  formuler  le  théorème  de  Nernst  d'une  façon  très 
intuitive,  mais  malheureusement  cela  conduit  de  nouveau  à  des 
conséipiences  qui,  par  leur  caractère  étrange,  éveillent  la  méfiance. 

Tirons  d'abord  de  l'hypothèse  de  la  non-existence  de  pareilles, 
adiabatitpies   la   consé(]ucuce  thermodynamique   générale  !   Con- 
sidérons un  système  dont  l'état  est  déterminé  par  la  température 
absolue  T  et  un  paramctn'  arbitraire  i".  Pour  un  processus  adlaba- 
lique  on  a 

»  =  rf^  =:  T  dS  -  T  f^  dT  +  ^  dA . 

Or,  il  résulte  de  cette  éi[iia(inii  ([ne  T -^  est  la  rapacité  calo- 
rifique C  du  système  à  >■  constant,  de  sorte  que  nous  pouvons 
encori'  mettre  l'écpiatimi  de  cotte  adiabati([uc  sous  la  lorme 

(/S  _       C  </T 
Ov  ^        T   dv 

Mais  on  sait  que,  d'après  fexpéricnce,  =;  disparaît  à  la  limite 

lors(|u'on  s'approche  du  zéro  absolu;  il  est  donc  certain  a  fortiori 
que  cette  irrandeiir  ne  tend  pas  vers  des  valeurs  infiniment  grandes. 
Pour  que  le  zéro  absolu  ne  puisse  pas  être  atteint  avec  le  processus 

adiabatiriue  considéré,  il   faut  (iiie  -;— tende  vers  zéro   en   même 
'  '        dv 

temps  que  T.  Notri;  é(|ii;il  inri  apprend  donc  qu'au  zéro  absolu  ou 

doit  avoir 

et,  comme  v  est  un  paramètre  (pielconque  du  système,  on  trouve  : 
Lorsque  la  capaqité  calorifitpie  d'un  système  ne  disparaît  pas  • 


296  I.A    STRUCTUnE    DR    LA    MATIÈRE. 

moins  vite  que  T  à  Tapproche  du  zéro  absolu  et  qu'il  n'y  a  pas 
d'adiabatiques  qui  coupent  l'axe  T  à  distance  finie,  l'entropie  a  la 
même  valeur  S  pour  tous  les  états  du  système  à  T  =  o.  Le  théo- 
rème de  Nernst>  formulé  à  la  façon  de  Planck,  ne  s'applicjue  donc 
pas  seulement  à  des  systèmes  à  phases  chimiquement  homogènes, 
mais  aussi  à  des  mélanges  quelconques  à  l'état  condensé. 

Remarquons  encore  que, dans  cette  façon  d'envisager  le  théorème, 
il  est  même  fort  peu  probable  qu'il  ne  s'applique  uniquement 
qu'à  des  systèmes  condensés.  Car  le  mouvement  eh  zigzag  des 
molécules  gazeuses  a  aussi  un  caractère  quasi  oscillant,  de  sorte 
qu'il  est  à  peine  douteux  que  la  chaleur  spécifique  d'un  gaz  sous 
volume  donné  ne  disparaisse  vers  le  zéro  absolu  de  la  même  façon 
que  la  chaleur  spécifique  de  systèmes  condensés. 

Si  l'hypothèse  de  Nernst  de  l'impossibilité  d'atteindre  le  zéro 
absolu  par  des  processus  adiabatiques  se  vérifie,  nous  nous  trouvons 
devant  un  des  résultats  les  plus  fondamentaux  de  la  théorie  de 
la  chaleur.  On  sait  que  beaucoup  de  conséquences  déduites  du 
théorème  ont  été  confirmées  d'une  manière  satisfaisante  par  l'ex- 
périence. D'autre  part,  on  a  déjà  fait  observer  que  le  sentiment 
physique  refuse  d'admettre  l'existence  (exclue  par  le  théorème) 
d'adiabatiques  du  type  BC  de  la  figure  ci-dessus. 

Il  y  a  néanmoins  un  argument  théorique  qui.  aujourd'hui  encore, 
nous  met  un  peu  en  déliante  contre  le  ihéorènic  de  Xcrnst;  c'est 
le  même  qui  a  conduit  Planck  à  limiter  le  llioorème  à  des  corps 
chimi([ues  homogènes.  Dans  l'expression  de  l'entropie  de  certains 
systèmes,  il  y  a  notamment  des  termes  qui  ne  dépendent  que  du 
groupement  des  subsUmces  et  non  de  la  température,  et  il  est 
particulièrement  (lillicilc  de  se  représenter  que  ces  termes  dispa- 
raissent lorsqu'on  se  ra])proche  du  zéro  absolu. 

Exemjile  :  supposons  que  dans  le  volume  partiel  r  dun  sohanl 
occupant  le  volume  total  <>„  nous  ayons  une  solution  diluée  d'une 
molécule-gramme  d'une  substance.  11  >■  a  alors  entre  l'enlropic 
du  système  et  la  grandein-  du  volume  ]>articl  r  luu^  relation  doiuiéc 
par  l'équation 

S  =  So-^  KIogc. 

Du  terme  R  log  ('  on  déduit,  coiuuic  on  sait,  la  loi  bien  cminuc 
de  la  pression  osmoli<|ue;  l'existence  de  ce  terme  est  liée  au  degré 


TiiKoniK  siOi.i:i:ii..viiii-:  i>ks  rom-s  solides.  297 

crorr/i;»fl/ionilu  svslènu-,  i(iii  l'onsislt'  en  ceci  ([uc  toutes  les  molécules 
dissoutes,  au  lieu  d'clre  ilistriimces  au  hasartl  à  tra\tîrs  le  voluini! 
total  f„,  se  trouvent  ilaiis  la  partie  c.  Ce  terme  n'a  rien  de  commun 
avec  des  facteurs  énerijétinues  (température,  chaleurs  spécifiques, 
forces  moléculaires,  etc.),  mais  ne  dépend  que  de  propriétés  d'ordi- 
nation relatives  au  •irou]>ement  i;éoniétri(iuc.  Il  est  donc  difficile 
de  se  figurer  comment  ce  terme  iiourrait  perdre  sa  signification 
aux  basses  températures  et  cette  dilficulté  ne  disparaît  pas  du  tout 
lorsqu'on  soumet  à  une  révision  soignée  les  théories  thermodyna- 
miques des  solutions  diluées  de  van'L  Ilolf  et  de  Planck.  Il  n'est 
pas  aisé  de  trouver  une  raison  pour  laquelle  ces  théories  soient  en 
défaut  aux  basses  températures. 

Evidemment,  il  n'est  pas  possible  pratiquement  d'observer 
des  pressions  osmotiques  à  des  températures  sullisamment  basses 
pour  que  nous  nous  trouvions  avec  certitude  dans  le  domaine 
therniiqucinent  anormal  où  la  substance  dissoute  aiu'ait  une 
valeur  de  l'énergie  cinétique  moyenne  des  mouvements  de  pro- 
gression des  molécules  plus  petite  ([ue  celle  fournie  par  la  méca- 
nique statistique.  Mais  il  y  a  un  deuxième  domaine  de  phénomènes, 
où  interviennent  également  des  différences  d'entropie  qui  ne 
reposent  que  sur  un  changement  de  l'ordre  dans  le  groupement 
géométrique;  c'est  le  domaine  des  phénomènes  paramagnétiques. 
Ici  l'orientation  des  molécules  joue  le  même  rôle  que  la  situation 
de  son  centre  de  gravité  dans  les  phénomènes  osmotiques.  La 
loi  de  Curie-Langevin  exprime  tout  aussi  bien  la  résistance  que 
l'agitation  thermique  oppose  à  une  égale  orientation  des  molécules, 
que  la  loi  de  la  pression  osmoti<pie  est  déterminée  par  la  résistance 
que  l'agitation  thermique  oppose  à  une  limitation  du  volume 
dont  dispose  la  molécule  dans  son  mouvement  de  diffusion.  11 
est  donc  de  la  plus  haute  importance  d'apprendre  si  la  validité 
de  la  loi  de  Curie-Langevin  cesse  esseiilicllcment  aux  basses 
températures.  Ou  plus  exactement,  la  ([uestion  se  pose  de  savoir 
si  la  loi  de  Curie-Langevin  est  liée  à  des  degrés  de  liberté  dans  la 
rotation,  qui  normalement  (c'est-à-dire  conformément  à  la  méca- 
nique statistique)  contribuent  à  la  chaleur  spécifique.  La  réponse 
expérimentale  à  cette  question  nous  apprendra,  me  semble-t-il, 
si  au  zéro  absolu  le  degré  d'ordination  géométritiue  entraîne  des 
différences  d'entropie,  ou  non;  si  les  expériences  se  prononcent 


■'.gS  I.A   SrnLTTlBE    de    la    MATIlillE. 

dans  ce  dernier  sens,  il  n"y  aura  presque  plus  à  douter  de  l'cxacti 
tude  du  thém-cme  de  Nernst. 


M.  Kamerlingh  Oxnes  fait  observer  (^)  que  le  sulfate  de  gadoli- 
nium  cristallisé  suit  encore  la  loi  de  Curie,  même  lorsqu'on  descend 
au  point  de  solidification  de  l'hydrogène  (-),  tandis  qu'il  est  à 
attendre  que  la  chaleur  spécifique  à  cette  température  très  basse 
aura  déjà  subi  un  changement.  Des  déterminations  qui  feront 
connaître  ce  changement  (et  e.  a.  celui  de  la  chaleur  spécifique 
du  sulfate  de  manganèse  cristallisé)  (  ■'  )  sont  en  préparation  à  Ltyde. 
On  pourra  en  profiter  e.  a.  lorsqu'on  voudra  mettre  à  l'épreuve 
la  théorie  de  ^I.  Oosterhuis  (  *)  sur  les  déviations  de  la  loi  de  Gurie. 
Il  semble  pourtant  qu'elles  ne  suliiront  pas  pour  ce  but  et  qu'il 
sera  nécessaire  de  disposer  aussi  des  résultats  ((ue  pourrait' 
peut-être  donner  une  étude  par  les  procédés  de  MM.  I^aue  et 
Bragg  sur  l'extinction  aux  basses  températures  dont  il  s'agit,  des 
mouvements  thermiques  déterminés  par  différents  degrés  de 
liberté  dans  le  corps  choisi  pour  la  vérification. 

M.  Langf.mn.  —  Le  terme  de  Rlogv',  qui  représente  dans 
J  'entropie  l'influence  de  la  distribution  des  molécules,  est  obtenu 
en  négligeant  les  aciions  muluclles  entre  celles-ci  et  n'est  exact 
f[ue  pour  la  matière  diluée.  Pour  les  états  condensés,  où  l'intro- 
duction d'une  nouvelle  molécule  est  gênée  ]iar  la  jirésencc  des 
autres,  ce  terme  doit  être  modifié  cl  iin\urail.  au  zéro  absolu, 
tendre   ^•e^s   une  valeur  indépendante   du   volume.    De   ([uelfiues 


(  ')  \'oir  Ka.meri.inc  II  On  nés.  lîejmrt  on  researches  mode  in  tlie  Leiden  Cijro- 
genic  Lnhoratonj  behveen  Ihc  2''  and  llie  V  I niernalional  Congre-is  of  rejn nom- 
lion  [Tliird  Inicrntilional  Congre.is  oj  relrigontlion.  r.liioa<ro,  iijr!.  S  3). 

(-)  Kamehuncii  Onnes  l't  Peuhif.r,  LciV/c/i  Conini..  n»  {■Ha.  Kameiu.in(;ii 
U.NNEs  et  OosTEHiiuis,  Leiden  Comm.,  n"  i'i.'ib.  Co  corps  est  parliciiliiTomenl 
iiitrrcssanl  parce  qu'il  repond  tout  à  tait  à  la  théorie  de  Langeviii.  S'il  si^ivait 
cm-dri'  la  loi  do  Curie  au  point  d'éhuUilion  de  l'Iiclium,  on  pourrait  constater 
avec  lui,  grâce  à  la  grande  valeur  <le  a,  les  |)héuomî'ues  de  saturalioii  <|Ue  Tait 
allendre  la  théorie  de  Lansievin.  A  la  température  du  point  de  selidilicalion 
<li'  l'Iiydrojîcne.  eu  acoord  avec  cette  théorie,  ils  ne  furent  pas  lro\ivés. 

(')    D'après  un  échange  de  vues  avec  M.  Kinsleiii. 

(')   t)osTEniiuis,  Leiden  Connu.,  suppl.,  n^itl. 


TIIKOIIIK    MOLKClLAIBE    IIKS   CORPS   SOLIDRS.  7.(|r> 

lentalives  que  j'ai  faites  pour  (létci-iiiiiicr-  la  probaiiilité  clo  distri- 
bution en  voliiiiKMles  molécules  en  leiiaut  compte  de  Iciu's  actions 
mutuelles,  il  me  paraît  résulter  que  le  seul  état  d'équilibre  pos- 
sible au  zéro  absolu  est  la  distribution  régulière  en  réseau  cris- 
lallip;  il  ne  saurail  plus  être  question  de  probabilité  dans  ces 
conditions,  on  plutôt  la  probabilité  serait  é<:ale  à  l'unité  et  l'entro- 
pie nulle,  comme  le  sm)[uise  M.  Nernsl. 

11  me  semble  que  la  même  conclusion  subsiste  quand  il  s'agit 
d'un  mélange  de  diverses  espèces  de  molécules  :  dans  la  mesuri? 
où  les  dilïérenees  entre  ces  molécules  peuvent  avoir  une  signifi- 
cation thermodynamique,  les  véritables  configurations  d'équilibre 
au  zéro  absolu,  susceptibles  d'intervenir  comme  limites  de  trans- 
formations réversibles,  ne  sauraient  être  des  mélanges  homogènes 
en  proportions  continûment  variables.  Les  solutions  ne  peuvent 
exister  qu'à  la  faveur  de  l'agitation  thermique,  et,  celle-ci  disparue, 
l'état  d'é(|uilibre  doit  correspondre  à  la  séparation  des  molécules 
en  réseaux  cristallins  tlislincis  ou  à  un  mélange  en  proportions 
définies,  si  un  seul  réseau  existe,  l'ne  solution,  un  mélange  homo- 
gène en  proportions  quclc(m([ues,  n'auraient  plus  de  sens  au  zéro 
absolu;  les  configurations  d'équilibre  y  seraient  discontinues 
et  chacune  fonctionnerait  encore  avec  >mo  probabilité  égale  à 
l'unité,   équivalente   à  la   certitude. 

De  même,  au  zéro  absolu,  la  distribution  des  orientations 
moléculaires  serait  rigidement  déterminée  dans  la  configuration 
d'équilibre  et  ne  pourrait  varier  de  manière  continue,  comme  le 
jiermet  l'agitation  thermique.  Il  ne  saurait  donc  y  être  question 
des  probabilités  pour  diverses  distributions  formant  une  série 
continue. 

Ij'hy])othèse,  quelquefois  soutenue  depuis  c[uelques  années, 
(ju'il  subsiste  une  agitation  au  zéro  absolu,  obligerait  à  y  faire 
encore  de  la  statisti(iue;  mais  l'hypothèse  ancienne  —  que  je 
préfère  à  moins  d'impossibilité  -  de  l'absence  d'agitation  ther- 
mique au  zéro  absolu  ne  laisse  plus  aucune  place  à  la  statistique, 
mais  seulement  aux  considérations  de  la  statique  et  de  la  dyna- 
mique rationnelles,  anciennes,  (pii  ne  semblent  pas  s'accorder 
très  bien  avec  tout  ce  qui  vient  d'être  dit. 

.\1.   IIasemuiiil.     -  On  ne  peut  pas  parler  de  probabilité  d'un 


3oo  n  stuicturk  de  ia  matièrk. 

état  déterminé,  mais  simplement  de  probabilité  que  l'état  soit 
compris  entre  certaines  limites  étroites,  mais  d'ailleurs  arbitraires. 
Statistiquement  parlant,  c'est  la  probabilité  que  dans  l'espace 
des  phases  le  point  représentatif  soit  situé  dans  le  domaine 
ilq,  .  ..dq„.  .  .dp,.  ..  dp,,. 

Au  zéro  absolu,  tous  les  dp  sont  nuls  ;  la  définition  de  probabilité 
n'y  est  pas  applicable. 

M.  LoRENTZ.  —  Est-ce  que,  actuellement,  M.  Xernst  considère 
son  théorème  comme  tout  à  fait  général  et  comme  appUcable, 
par  exemple,  à  des  gaz  mono-atomiques  ? 

A  la  rigueur,  on  ne  devrait  jamais  parler  de  ce  qui  se  passera 
quand  le  zéro  absolu  aura  été  atteint,  mais  seulement  de  ce  qui 
aura  lieu  un  peu  au-dessus  du  zéro.  On  passera  ensuite  à  la  limite 
T=o  en  prenant  les  précautions  qu'exigera  éventuellement 
la  rigueur  mathématique. 

M.  Nernst.  —  M.  Einstein  trouve  que  ma  démonstration  n'est 
pas  convaincante,  parce  que  l'adiabatique  CD  {^'oir  la  figure  ci- 
dessus)  n'est  pas  réalisable. 

Abstraction  faite  de  ce  que  l'on  pourrait  critiquer  beaucoup 
de  prem-es  thermodynamiques  parce  qu'elles  font  intervenir  un 
processus  irréalisable,  il  me  semlilc  que  dans  notre  cas  spéciale- 
ment l'objection  d'Einstein  n'est  pas  fondée.  La  courbe  BC  conduit 
directement  au  zéro  absolu  (et  non  pas  asynqitoli(]uement  par 
exemple);  cela  seul  suffit  déjà,  à  mon  avis,  povu-  déclarer  qu'une 
pareille  allure  est  impossible;  cela  veut  dire  que  déjà  la  circons- 
tance, que  le  calcul  donne  BC,  prouve  que  les  critiques  que  M.  Eijis- 
tein  a  faites  autrefois  à  ma  manière  de  voir,  et  d'après  lesquelles 
la  ilécroissance  de  la  chaleur  s|)écifi(|\ie  jusqu'à  zéro  ne  conduirait 
]ias  nécessairement  à  mou  théorème,  ne  teiiaiciil  ]>as.  (1r,  une  fois 
([ue  l'on  est  réellcMient  ariivé  au  zéro  alisolu,  comiuont  ])0urrait-il 
exister  une  ((irré\ersibilité,si  petite  soit-cUe»?  .le  le  réi)ète,  j'admet- 
trais une  pareille  objection  si  le  calcul  était  asym])t«iniiquc,  mq^is 
il  ne  s'agit  jias  de  cela  ici,  ce  que  M.  Einstein  accorde  d'ailleurs. 

Aujourd'hui  (maintenant  que  l'apjilicalion  do  mon  lliéorènu^ 
à  des  phénomènes  lhcrnio-électri(|ucs  est  mise  expérimentalement 
hors  de  doute)  M.  Einstein  ne  croit  pas  qu'on  puisse  l'appliquer 


TiitoiiiE  MOI  i;i:i  i.mhi:  uks  r.oni's  solides.  3oi 

aux.  idiéiiomèncs  parainagiiétiquos  ;  je  crois  iiiif  tout  ce  ([uc  l'on 
sait  actuellement  indique  déjà  le  contraire.  .Mais,  pour  éviter  do-, 
malentendus,  je  dois  faire  observer  qu'à  un  point  de  vue  de  pra- 
tii[ue  expérimentale  il  s'afjit  ici  il'nm-  (piestion  assez  accessoire; 
si  mon  théorème  peut  s'appli([uer  aux  changements  d'état  et  aux 
transformations  cliimiciues  -  -  et  il  semble  bien  que  cela  ne  soil. 
plus  discutable  -  cela  sullit  el  a  une  importance  pratique  suffi- 
sante pour  qu'un  puisse  passer  sur  une  cjuestion  aussi  accessoire 
que  celle  suggérée  par  M.  Einstein. 

Je  ne  puis  pas  non  plus  trcuncr  de  rap|>ort  direct  entre  mon 
théorème  et  la  ipiestion,  certainement  importante  en  soi,  soulevée 
par  .M.  Einstein,  de  savoir  si  le  degré  d'ordination  géométrique 
entraîne  des  différences  d'entropie;  mon  théorème  donne  des 
formules  précises,  que  l'on  vérifie  jnir  l'expérience  et  que  de  pa- 
reilles abstractions  ne  touchent  pas. 

Pour  ce  qui  regarde  enfin  la'cjuestion  de  M.  Lorentz,  si  je  consi- 
dère mon  théorème  comme  applicable  aux  gaz,  je  voudrais  faire 
observer  qu'à  mon  avis  la  réponse  à  cette  question  doit  ctre  affir- 
mative, si  l'on  croit  à  ce  que  l'on  appelle  la  «  dégénérescence  des 
gaz  »;  ainsi  que  l'ont  montré  s])écialomcnt  Tétrode,  Sackur  et 
d'autres,  on  peut  même  calculer  alors  les  «  constantes  chimiques  » 
des  gaz,  c'est-à-dire  déduire  les  équilibres  chimiques  entre  gaz  en 
partant  de  données  thermiques  (effets  thermiques  et  chaleurs 
spécifiques),  ce  qui  a  été  dès  l'abord  le  but  de  mon  théorème.  Mais 
cette  question  (bien  qu'elle  soit  intéressante  par  elle-même)  a 
peu  d'importance  à  un  |iiiiul  de  vue  expérimental,  parce  <[u'à 
l'avenir  encore  il  vaudra  bien  mieu.x  calculer  les  équilibres  gazeux 
de  la  façon  que  j'ai  donnée  dès  le  commencement  et  qui  consiste 
à  passer  par  les  systèmes  condensés. 


llAVO]\i>EME.M    DE    UÉSO.NAlNCE 

ET 

SPECTRES  DE  RKSO^AN(:E 

l'Ai!   M     It  -W.   WOOI). 


Dans  le  rapport  suivant  j'exposerai,  sous  une  forme  condensée, 
quelques-uns  des  résultats  les  plus  importants  qui  ont  été  obtenus 
))ar  les  recherches  expérimentales  concernant  l'action  de  gaz  ou 
de  vapeurs,  ayant  ce  (pi'on  appelle  des  raies  d'absorption,  sur 
l'énergie  vayonnantc.  La  question  de  savoiv  ce  que  fait  un  pareil 
milieu  de  l'énergie  ([u'il  enlève  au  rayon  incident  est  une  des  plus  in- 
téressantes qui  se  rattachent  aux  théories  modernes  de  la  structure 
de  la  matière  aussi  bien  quà  la  théorie  générale  de  l'absorption. 
Il  semble  que  la  réponse  à  cette  question  ait  été  assez  bien  donnée 
par  les  résultats  d'expériences  faites  durant  les  deux  dernières 
années  et  un  grand  nombre  de  ]>roblèmes  bien  détcnniiiés,  de  tia1  ure 
mathématifpie,  demandent  à  cire  solutioruiés. 

Nous  commencerons  par  considérer  le  cas  le  ])lus  siin|)le  de  tous, 
celui  d'une  vapeur  mélalli(pie  ayant  une  seule  raie  d'absorption. 
Si  l'on  néglige  de  faibles  bandes  dans  l'extrême  ultraviolet,  la 
condition  est  remplie  d'une  manière  assez  parfaite  par  la  vapeur 
de  mercure,  qui  a  une  raie  d'absorption  très  forte  à  la  longueur 
d'onde  a536.  Ce  cas  a  été  étudié  d'une  façon  très  eom])lèto  {^), 
le  désavantage  provenant  de  la  circonstance  que  tous  les  phéno- 
mènes doivent  être  étudiés  jjur  la  photographie  ayant  été  compensé 
dans  une  certaine  mesure  en  conse  vaut  une  épreuve  de  chaque 
observation. 


(')  VVooD,  Sélective  reflerion.  scallerini;  and  uhsoijilion  bij  resonaling  ga.s 
molécules  [Phil.  ^^a^.,  t.  XXIII,  1912,  p.  689;  Pliijs.  Zeitsehr.,  t.  XIII,  \')i>, 
,..  355). 


3o'i  i.A  siRLCTum;  de  i.a  matikre. 

A  la  température  ordinaire,  la  vapeur  de  mercure  a  une  pression 
d'environ  o'"™,ooi.  Si  nous  admettons  une  distribution  uniforme, 
cela  nous  donne  une  molécule  dans  chaque  cube  dont  les  côtés 
sont  égaux  à  la  longueur  d'onde  de  la  lumière  ultraviolette 
employée  dans  les  expériences.  Lorsqu'un  faisceau  de  lumière 
monochromatique,  de  longueur  d'onde  égale  à  celle  de  la  raie 
d'absorption  2536,  obtenu  en  isolant  à  l'aide  d'un  monochromateur 
en  quartz  la  raie  d'émission  correspondante  de  l'arc  au  mercure 
formé  dans  une  ampoule  en  quartz,  était  concentré  au  centre  d'un 
ballon  de  quartz  rendu  vide  et  contenant  une  goutte  de  mercure  (le 
tout  à  la  température  ordinaire),  on  trouvait  que  la  lumière  était 
énergiquement  diffusée  par  la  vapeur  :  des  pliotograpliies  du  ballon, 
faites  au  moyen  d'une  lentille  en  quartz,  montraient  le  cône  des 
rayons  à  peu  près  comme  si  le  ballon  était  rempli  de  fumée.  Mais 
la  plus  grande  partie  de  la  lumière  passait  à  travers  le  ballon 
sans  une  réduction  sensible  d'intensité,  même  si  le  diamètre  du 
tube  était  suffisant  pour  donner  au  cône  lumineux  so.n  maximum 
d'extension;  carie  cône  est  le  plus  éclatant  là  où  les  rayons  entrent 
dans  le  ballon,  l'intensité  diminuant  rapidement  le  long  du  cône, 
par  suite  de  l'enlèvenieut  au  rayon  incident  de  l'énergie  ayant 
précisémeiil  la  fréquence  nécessaire  pour  exciter  la  résonance. 
Pour  une  ])rcssion  de  o'""'.doi  ,  on  trouva  que  l'intensité  de  la  partie 
effective  du  rayon  incident  était  réduite  à  la  moitié  de  sa  valeur 
primitive  après  le  passage  à  travers  une  couche  de  vapeur  de 
5""".  Cette  détermination  fut  faite  en  faisant  passer  un  faisceau 
de  rayons  parallMes  à  travers  la  vapeur  et  mesurant  l'intensité 
du  rayonnement  diffusé  le  long  lUi  cliemin. 

Si  l'intensité  au  [loiiit  d'entrée  est  loo,  celle  au  buul  d'une 
distance  de  i""  est  aj,  alors  ([u'à  une  distance  de  >.""  du  point  d'en- 
trée elle  n'est  que  6.  Cela  signifie  que  dans  un  ballon  ayant  3'"' 
<lc  diamètre,  le  cône  lumineux  atteindra  à  peine  la  paroi  opposée. 
Malgré  le  ■sur]>renaiit  jjolivoir  de  cette  vapein-  métallique  excessive- 
ment raréfiée  d'arrêter  des  ondes  ayant  tout  juste  la  bonne  fré- 
(piencc,  nous  voyons  (|u'une  grande  ])ortion  de  l'énergie  tra- 
verse le  liaildu  sans  être  inriiiciuée  par  la  \a|)eiM'.  Hes  expé- 
riences ont  montré  (pic  cela  est  dû  à  cette  circonstance  (]ue  la 
raie  d'émission  a  une  largeur  finie  et  que  c'est  la  portion  centrale 
seule  qui  est  dissipée  par  les  nuilécules  résonnantes.  Cela  est  rendu 


i\v\()Nm:\ii:m   i'\r  itKSON.VNCE  et  spI'*ctiiks  1)i;  iii;sonance.  3o» 

clair  par  la  litjuro  i,  clans  laquelle  ABD  représente  la  ilistrihiilioii 
de  l'intensité  dans  la  raie  iréniission  de  l'arc  et  ClîC  la  portion 
centrale  enlevée  par  la  vapeur  de  mercure  à  la  tenipéralurc  ordi- 


naire. Après  avoir  traversé  le  ballon,  la  raie  d'émission  paraîtrait 
sillonnée  d'une  fine  raie  noire  de  largeur  CC,  si  nous  disposions 
d'un  spectroscope  ayant  un  pouvoir  séparateur  sulFisant  pour  le 
montrer. 

Si  l'énergie  enlevée  par  le  faisceau  Incident  est  réémise  par  la 
vapeur  sans  changement  de  longueur  d'onde,  il  est  clair  que  la 
largeur  de  la  raie  spectrale  de  la  lumière  émise  par  la  vapeur  de 
mercure  froide  dans  le  ballon  doit  être  comme  E  dans  la  figure  i  ; 
en  d'autres  termes,  nous  possédons  un  moyen  d'obtenir  de  la 
lumière  qui  est  probablement  plus  homogène  que  toute  autre 
lumière  obtenue  jusqu'à  présent.  C'est  là  un  point  qu'on  est  en 
train  d'examiner  (juantitativement  en  ce  moment.  J'ai  donné 
le  nom  de  rayon.nement  dk  résonance  aux  radiations  dif- 
fusées de  cette  façon  par  des  molécules  résonnantes,  sans  clianiie- 
nienl  de  longueur  d'onde.  Un  ballpn  émettant  de  la  lumière  de 
cette  façon  peut  être  appelé  une  lampe  à  résonance  et  l'on  trou- 
vera dans  la  Comnninication  à  laquelle  je  viens  de  renvoyer  un 
grand  nombre  d'expériences  curieuses  faites  avec  une  pareille 
lampe. 

Une  lampe  de  ce  type  a  été  employée  dans  beaucoup  de  re- 


INHrlTtT   SOLVAV 


3o6  LA   STBl'CTl  RE    DE    I.A    MATlÈtlE. 

cherches  sur  le  pouvoir  diiïusant  et  absorbant  de  la  vapeur  de 
mercure,  pour  la  raison  que  cette  vapeur  n'émet  que  des  ondes 
qui  sont  exactement  synchrones  avec  les  résonateurs  moléculaires, 
alors  que  même  la  simple  raie  a536,  isolée  des  radiations  de  l'arc 
au  mercure,  contient  des  fréquences  qui  sont  Ubremcnt  transmises 
par  la  vapeur. 

Rayonneutenl  de  résonance  secondaire.  —  On  a  trouvé  que  la 
vapeur  de  mercure  extérieure  au  cône  himinevix  traversé  par  les 
rayons  excitateurs  émettait  aussi  de  la  lumière,  une  lueur  rem- 
plissant le  ballon  tout  entier.  Les  expériences  ont  montré  que  cela 
était  dû  principalem.ent  à  une  dissipation  secondaire  de  la  lumière 
émise  par  les  molécules  directement  excitées;  en  d'autres  termes, 
le  cône  lumineux  de  vapeur  agissait  comme  une  source  lumineuse, 
qui  excitait  ces  portions-là  de  la  vapeur  cfui  n'étaient  pas  en  réalité 
traversées  par  le  faisceau  de  lumière  incident.  L'intensité  de  ce 
rayonnement  de  résonance  secondaire,  comparée  à  cell<-  du  rayon- 
nement primaire,  surprend  par  sa  grandeur;  elle  est,  en  effet, 
si  grande,  qu'au  début  j'inclinais  à  penser  que  ce  rayonnement 
était  dû,  en  partie  du  moins,  à  une  persistance  de  la  luminosité 
des  molécules  en  mouvement  rapide,  qui  avaient  passé  dans  la 
région  traversée  par  le  rayon  de  lumière  excitateur.  .Mais  les  expé- 
riences ont  prouvé  que  l'introduction  d'mie  mince  couche  de 
rjnariz  cnire  les  régions  de  résonance  ])rimaire  ne  diminue  pas 
cette  dernière  à  nn  degré  appréciable.  Cela  ])rou\ait  i]ue  le  phé- 
nomène résultait  d'une  excitation  par  la  lumière  émise  par  les  molé- 
cules directement  excitées  et  ne  provenait  pas  d'une  persistance 
de  luminosité  (phosphorescence),  car  la  jjlaque  de  quartz  est 
transparente  pour  la  lumière  ultraviolette,  mais  arrête  les  molé- 
cules en  mouvement.  Les  résultats  iinliquaient  ce]iendant  (|iie  la 
phosphorescence  pouvait  peui-ctre  jouer  un  rôle,  car  le  <]uartz 
sembhiit  réduire  l'intensité  du  rayonnement  secondaire  un  peu 
plus  qu'on  ])0uvait  attendre  d'«>]>rès  l'csl  incii  ion  di-  son  jiouvoir 
réflecteur  pour  la  radiation  en  question. 

L'intensité  relativement  grande  dn  rayonnement  secondaire 
résulte  de  cette  circonstance  qu'à  ces  faibles  densités  il  n'existe 
]ws  de  K'érilabh'  absorption;  en  d'autres  termes,  il  n'y  a  pas  de 
transformation  de  l'énergie. 


«VUIWKMKNT    l>All    BKSOXANCE    KT   SPECTIIKS    1)E    MKSOXANCK.  j(>- 

l'.n  nipsuranl.  le  r;ii>part  dus  deux  intensités,  on  peut  eu  eiïet 
«léli'iiniiHT  si,  oui  ou  non,  il  y  a  un  dei;ré  appréciable  de  véritable 
absdrpliou.  J'entends  par  là  tpi'il  est  possible  île  lalculer  l'intensité 
«lu  rayonnement  de  résonance  secondaire  en  fonction  de  l'intensité 
du  rayonnement  primaire,  dans  le  cas  où  il  n'y  a  pas  d'absorption 
vraie.  Cette  valeur  peut  alors  être  comparée  à  celle  trouvée  par 
l'expérience. 

Kn  faisant  l'expérience,  il  est  nécessaire  de  faire  passer  le  rayon 
excitateur  aussi  près  (|ue  possible  de  la  paro'  en  quartz  de 
la  cliambre  contenant  la  vapeur  de  mercvire.  .Je  me  suis  servi 
d'une  boite  en  laiton  munie  de  fenêtres  en  quartz,  le  faisceau 
de  rayons  parallèles  excitateurs,  de  section  recta n<j;ulaire,  rasant 
presque  la  fenêtre  d'observation.  Il  est  possible,  de  cette  façon, 
d'observer  les  rayonnements  de  résonance  primaire  et  secondaire 
à  travers  un  minimum  d'épaisseur  de  la  vapeur  de  mercure. 
Des  mesures  soignées  ont  montré  que  l'intensité  du  rayonnement 
secondaire  à  une  distance  de  i""""  à  peu  près  du  bord  du  faisceau 
excitateur  était  larorement  un  quart  de  l'intensité  du  rayonnement 
primaire,  observé  dans  le  faisceau  des  rayons  excitateurs.  Dans 
quelques  cas,  la  valeur  était  très  voisine  d'un  tiers,  mais  c'était 
alors  un  faisceau  excitateur  de  section  plus  grande  et  l'on  en  verra 
l'explication. 

Il  est  fort  désirable  de  calculer  l'intensité  de  la  résonance  secon- 
daire dans  des  conditions  déterminées,  mais  le  problème  est  un  peu 
t>lus  compliqué  qu'il  ne  semble  l'être  à  première  vue,  car  chaque  molé- 
cule est  excitée  à  un  degré  plus  ou  moins  élevé  par  le  rayonnement 
de  toutes  les  autres  molécules.  Une  approximation  s'obtient 
peut-être  de  la  manière  suivante. 

Nous  allons  considérer  le  faisceau  incident  .\B,  ayant  une 
section  carrée  (ondes  planes),  et  nous  supposerons  que  toute 
l'énergie  soustraite  est  émise  à  nouveau  {/ig.  a). 

Nous  avons  besoin  de  l'intensité  du  rayonnement  de  réso- 
nance secondaire  d'une  couche  située  immédiatement  au-dessus 
du  plan  CDGII  de  la  même  tranche  du  faisceau  excitateur,  com- 
parée à  l'intensité  du  rayonnement  de  résonance  primaire  dans 
cette  même  tranche.  La  résonance  secondaire  est  e.xcitée  par 
l'énergie  déversée  par  les  molécules  résonantes  situées  sur  le  chemin 
du  faisceau  primaire.  L'énergie  qui  s'échappe  de  la  tranche  ret- 


3o8 


L.\    STRICTIRE    DE    LX    JIATlEnE. 


langulaire   représentée    ci-dessus    passe   dans    une   même  mesure 
j)ar  les  quatre  faces,  car  celle  qui  s'échappe  à  travers  les  surfaces 


Fis 


CDEF  et  GlilJ  reste  dans  le  faisceau  et  ne  contribue  pas  à  l'exci- 
tation de  la  résonance  secondaire. 

L'excitation  en  un  point  K,  situé  immédiatement  au-dessus 
du  faisceau  excitateur,  peut  donc  être  regardée  comme  dépendant 
du  flux  d'énergie  ])assant  à  travers  la  face  CDIIG,  lequel  sera 
approximativement  un  quart  de  l'énergie  totale  rayonn'ée  latéra- 
lement par  la  tranche  représentée.  La  quantité  totale  d'énergie 
ravonnée  latéralement  représente  l'énergie  soustraite  au  faisceau 
primaire  ])ar  les  molécules  situées  dans  la  tranche  et  rintonsité 
du  rayoniicmout  primaire  sera  proportionnelle  au  nombre  de  ces 
molécules.  Nous  nous  attendrions  donc  à  trouver  que  l'intensité 
du  rayonnement  secondaire  est  un  quart  à  peu  près  de  l'intensité 
primaire,  ainsi  ([uc  c'est  ie  cas  dans  l'expérience.  S"il\-  a  une  véritable 
aiisor])lion,  le  rapport  sera  tout  à  fait  dilïércnl.  Supposez  que  de 
l'énergie  soustraite  au  faisceau  primaire  une  moitié  soit  réémise 
cl  l'autre  moitié  absorbée.  Alors  l'intensité  du  rayonnement 
primaire  ne  sera  que  la  moitié  de  ce  qu'elle  était  avant.  Mais  nous 
])ouvons  la  ramener  à  sa  valeur  ]irimitivc  en  doublant  l'intensité 
du  faisceau  excitateur.  La  ([uantité  d'énergie  s'écliappant  par  les 
faces  de  la  tranche  représentée  est  maintenant  la  môme  (pravani, 
mais  la  moitié  seulement  a  de.  relTel.eu  produisant  du  rayonnement 
secondaire,  l'autre?  moitié  étant  jicrdue  par  al)sorplion.  Le 
rayonnement  secondaire  n'aura  maintenant  que  la  moitié  île  l'iu- 
Icnsité   (pi'il   a\ait   avant,   alors   cpic   le   primaire   auia    la   même 


haw>n'.\k.mi;nt  par  rkson\nci;  kt  spkcthks  de  hkson\nce.  3c)() 

inlensitt',  le  r;ii>|>ort  étaiil  un  liiiilirinc  ;iu  liru  (riiii  <|iinil .  Nous 
voyons  donc  qu'en  mesurant  le  rapport  des  intensités  des  rayon- 
nements de  résonance  secondaire  et  primaire,  nous  avons  le  moyen 
de  iléteriniiier  le  rapport  de  la  tiiirusii)ii  à  l'absorption  vraie, 
("ela  rend  fort  désirable  une  déteVminatioa  mathématique  rifjou- 
reuse  du  rapport  (|ue  l'on  trouverait  dans  le  cas  il'ime  dilTusion 
conqiléte  sans  aucune  ahsorplion.  I.a  ([uestion  est  particuliércniont 
eonqdi(]uée,  car  non  seulement  iiii  pimil  situé  à  l'extérieur  du 
faisceau  ])rimaire  est  frappé  par  des  rayons  venant  de  tous  les 
points  à  l'intérieur  du  faisceau,  mais  il  est  atteint  aussi  par  des 
rayons  venant  de  tous  les  points  extérieurs  au  faisceau,  et  la 
même  chose  peut  être  dite  des  points  situés  à  l'intérieiu'.  Eu 
d'autres  termes,  chaque  molécule  contribue,  dans  une  mesure  ])lus 
ou  moins  large,  à  l'éclalrcniçut  île  toute  autre  molécule. 

Il  semblerait  donc  qu'en  doublant  le  nombre  des  molécules 
par  unité  de  volume,  on  doive  faire  plus  ([ue  doubler  l'inten- 
sité du  rayonnement  par  résonance.  Cette  relation  n'a  i)as  été 
examinée  jusqu'ici  dans  le  cas  de  rayonnement  de  résonance 
direct,  mais  dans  le  cas  de  la  fluorescence  de  la  vapeur  d'iode, 
ce  qui  est  im  jihénomènc  plus  compliqué,  l'étude  pliotométrique, 
faite  en  collaboration  avec  .M.  \\  .-P.  Speas,  a  appris  qu'on  dou- 
blant la  densité  de  la  va])eur  on  ne  doublait  ]ias  ilu  tout  l'inten- 
sité. Cela  provient  de  ce  (juc  le  rayonnement  tl'une  molécule  d'iode 
est  diminué  par  d'autres  molécules  se  trou\ant  tians  son  voisi- 
nage, de  la  même  façon  ([ue  jiar  addition  d'air  ou  d'un  autre 
gaz. 

Nous  avons  trouvé  par  exemple  qu'à  une  pression  de  o"'™,oo3 
l'intensité  était  24,  alors  qu'à  une  pression  de  o''"",oo6  elle 
n'était  que  3.3.  C'est  là  exactement  le  contraire  de  ce  que  l'on 
devrait  prévoir  dans  le  cas  d'un  rayonnement  par  résonance  où 
toutes  les  molécules  sont  elllcaces  et  où  il  n'y  a  pas  de  \éritable 
absorption,  à  condition  ((u'il  n'y  ait  jias  de  diminution  de  l'inten- 
sité résultant  de  l'action  de  molécules  voisines. 

Absorption  iraie.  —  Le  facteur  d'absor])tion  vraie  se  montre 
«lès  qu'on  introduit  de  l'air  ou  un  autre  gaz  étranger  dans  le 
ballon  contenant  la  goutte  de  mercure.  Même  si  la  ])ression  n'est 
que  de  i""",  l'ellot  est  très  marqué.  L'intensité  du  rayonnement 


3lO  I.A   STRICTIRE    DE    LA    MATlÈnE. 

primaire  est  diminuée  dans  un  certain  rapport,  alors  que  le  rayon- 
nement secondaire  est  réduit  à  un  degré  beaucoup  plus  élevé 
pour  la  raison  que  je  viens  de  dire  il  y  a  quelques  instants.  A  la 
pression  de  6™™,  c'est  à  peine  s'il  reste  encore  une  trace  du  rayon- 
nement de  résonance  secondaire,  bien  que  l'intensité  du  rayonne- 
ment primaire  ne  soit  réduite  qu'à  un  tiers  de  la  valeur  qu'elle  a 
en  l'absence  complète  d'air. 

Principe  de  Iluygens  et  rayonnement  par  résonance:  réflexion 
sélectii'e.  —  Un  autre  point  qui  a  un  intérêt  considérable  est  la 
détermination  des  conditions  dans  lesquelles  il  est  possible  d'appli- 
quer le  jirincipe  de  Iluygens  aux  ondes  secondaires  émises  par  les 
résonateurs  moléculaires.  Dans  certaines  discussions  théoriques 
concernant  l'absorption,  les  résonateurs  sont  regardés  comme 
émettant  des  ondes  qui  interfèrent  d'une  façon  dest^ucti^'■e  avec 
l'onde  primaire  dans  la  direction  de  sa  marche,  tandis  que  dans 
la  direction  opposée,  où  il  n'y  a  pas  de  courant  d'énergie  avec 
lequel  elles  puissent  interférer,  elles  s'unissent  jioiu-  former  une 
onde  qui  retourne  à  la  source;  ce  phénuniène  constitui»  une 
réflexion  sélective.  Alors  qu'il  n'y  a  pas  de  doute  que  les  réso- 
nateurs sont  suffisamment  rapprochés  pour  justifisr  l'application 
du  principe  de  Huygens,  il  y  a  certains  autres  facteurs  qui.  me 
semble-t-il,  doivent  être  pris  en  considération.  En  premier  Heu, 
dans  une  vapeur  à  basse  pression,  l'onde  est  obligée  de  passer 
jiar  \ni  uiunbrc  énorme  de  molécules  avant  que  son  intensité  soit 
forlenicnt   réduile. 

Pour  donner  un  exemple  numérique,  nous  avons  trouvé  que,  dans 
le  cas  de  la  vapeur  de  mercure  à  la  température  ordinaire,  l'intensité 
était  réduite  à  la  moitié  de  sa  valeur  primitive  lorsque  la  lumière 
avait  traversé  ime  couche  de  vapeur  de  .5"""  d'épaisseur.  La  jiression 
à  la  température  ordinaire  est  d'environ  (i"'"\(ioi,  ce  qui  nous 
(loiiiic  à  ])ou  près  ;uic  molécule  par  cube  ibiiil  les  ciMés  sont  égaux 
à  la  h)ngneui'  d'oiulc  do  la  lumière  idlraviolcl  le.  l.a  lumière  a 
donc  à  |iasscr  par  idooo  conciles  de  molcciilcs  avant  de  perdre 
la  iiidilir  de  sou  iiilcusité,  si  nous  admettons  que  les  nioléniles 
sont  dis[)osées  dans  l'itrdre  cubicpie.  Si  les  radiations  émises  par 
les  molécules  se  condiinaient  conformément  au  principe  de 
Iluygens,  de  façon  à  former  nniî  onde  régnlière.  cela  constituerait 


BAVOXXKMKNT   PAU    RÉSONANCE    ET   Sl'ECTBICS    IIK    IIKSONANCK.  1!  1  I 

tlaiis  ce  cas  ce  que  nous  pourrions  appeler  une  «  réflexioiule  volume  » 
par  opposition  à  réflexion  supor(i'"iell»!. 

Unie  scinl)le  <|u"il  est  inconou\  ahie  «lu'uiKMt'fiexion  de  cette  na- 
ture puisse  exister,  pour  la  niènic  raison  qu'une  réllcxion  ne  peut 
]iass«'  proiliiirc  à  la  limite  entre  deux  milieux  de  densités  optiques 
dilïérentes,  si  la  transition  est  <;raduclle  au  lieu  d'être  l)UiS(]ue.  On 
pourrait  peut-être  se  demander  jjourquoi  il  y  a  une  dill'usion  de 
la  lumière  par  les  molécules,  lorsqu'il  y  en  a  beaucoup  dans  la  lon- 
gueur d'ontle.  Nous  avons  l'habitude  de  considérer  un  milieu, 
dans  lequel  la  structure  (si  je  puis  m' exprimer  ainsi)  est  petite 
par   rapport    à  la  lonj;ueur  d'onde,  comme  un  milieu  liomogène. 

iMais  il  y  a  dans  le  cas  actuel  un  autre  facteur  ([ui,  sans  aucun 
doute,  a  une  importance  dans  le  problème;  c'est  la  circonstance 
(jue  chaque  molécule  est  excitée  à  un  degré  plus  ou  moins  fort 
par  les  radiations  venant  de  ses  voisines,  qui  se  meuvent  toutes 
à  grande  vitesse  dans  toutes  les  directions.  Il  me  semble  que  cela 
dtinnerait  une  distribution  au  hasard  de  la  phase  parmi  les  vibra- 
tions venant  des  molécules  et  empêcherait  tout  à  fait  l'interfé- 
rence du  type  considéré  dans  le  principe  de  Iluygens. 

J'ai  toutefois  observé  (]ue  si  la  pression  de  la  vapeur  de  mercure 
est  élevée  à  plusieurs  atmosphères,  une  réflexion  régulière 
de  nature  sélective  se  produit  à  la  surface  intérieure  du  ballon. 
La  longueur  d'onde  la  plus  fortement  réfléchie  ne  concorde  pas 
exactement  avec  le  centre  de  la  raie  d'absorption,  mais  se  trouve 
légèrement  du  côté  des  petites  longueurs  d'onde.  Cela  est  dû 
probablement  à  la  circonstance  que  l'indice  de  réfraction  de  la 
vapeur  a  une  valeur  anormalement  basse  en  ce  point,  car  la  raie 
d'absorption  présente  une  très  forte  dispersion  anomale,  l^our 
une  réflexion  sur  la  surface  intérieure  d'un  ballon  de  quartz,  nous 
nous  attendrions  à  un  accroissement  prononcé  du  pouvoir  réllec- 
teur  pour  les  valeurs  de  ).  pour  lesquelles  l'indice  de  réfraction 
tlu  milieu  dans  le  ballon  est  inférieur  à  l'unité.  La  réflexion  sélective 
de  la  vapeur  de  mercure  pour  des  longueurs  d'onde  voisines  de 
la  raie  h536  devrait  être  étudiée  quantitativement.  Pour  le  moment 
je  n'ai  fait  qu'un  examen  qualificallf ;  mais,  comme  j'ai  appris 
maintenant  à  régler  l'intensité  et  la  largeur  de  la  raie  d'émission 
de  l'arc  au  mercure,  je  suis  convaicu  que  cette  étude  peut  être 
faite  d'une  manière  satisfaisante. 


3  12  LA    STBUrTl  RE    l)K    LA    MATIÈRE. 

,  Je  désire  également  insister  encore  une  fois  sur  la  nécessité  qu'il 
y  a  (le  traiter  théoriquement,  d'une  façon  rigoureuse,  la  question  de 
rémission  d'énergie  rayonnante  par  des  molécules  résonantes,  qui 
émettent  toute  l'énergie  quelles  enlèvent  au  rayon  primaire,  pour 
un  gaz  fortement  raréfié  et  pour  un  gaz  très  dense. 

Une  grande  partie  de  la  valeur  expérimentale  du  travail  sera 
perdue  si  cette  étude  théorique  n'est  pas  faite. 

Très  important  est  le  calcul  de  l'intensité  relative  des  rayonne- 
ments de  résonance  primaire  et  secondaire,  dans  des  conditions 
vérifiables  par  l'expérience.  11  me  semble  que  la  meilleure  condition 
est  le  cas  d'un  faisceavi  excitateur  de  rayons  parallèles,  de  section 
carrée,  passant  à  travers  le  gaz  parallèlement  à  la  fenêtre  pav 
laquelle  les  observations  sont  faites,  et  la  rasant  presque. 

Importante  aussi  la  détermination  de  ce  qui  arrive  lorsque 
le  gaz  est  assez  dense  pour  arrêter  pratiquement  les  rayons  inci- 
dents avant  leur  pénétration  jusqu'à  une  profondeur  de  plus 
de  une  ou  deux  longueurs  d'onde:  si  la  condition  intermédiaire 
pouvait  être  étudiée,  cela  aussi  serait  désirable.  J'entends  par  là 
la  façon  dont  nous  passons  de  la  diffusion  à  la  réflexion  régulière 
ou  spéculaire,  ce  que  j'ai  examiné  expérimentalement. 

La  réflexion  régulière  est  toutefois  loin  d'être  aussi  énergique 
que  nous  nous  y  attendrions  dans  le  cas  où  il  n'y  a  pas  d'absorp- 
tion. A  mesure  que  nous  augmentons  la  densité  de  la  vapeur, 
l'intensité  du  rayonnement  dilïusé  dé<roîl  cl  finalement  il  est 
remplacé  par  la  réflexion  régulière.  Je  ne  crois  cependant  pas  que 
le  pouvoir  réflecteur  sélectif  soit  supérieur  à  ao  pour  loo,  ce  qui 
signifie  que  le  facteur  d'absorption  vraie  a  été  introduit  par  l'aug- 
mentation de  la  densité  de  vapeur. 

.Je  n'ai  pas  encore  déterminé  quantitativement  l'elTet  d'un 
accroissement  de  densité  de  la  vapeur  de  mercure,  comjiarc  à 
<'(liij  d'une  augntentation  de  jircssion  dans  le  même  rapport, 
due  à  l'introduction  d'un  autre  gaz.  Mais  je  suis  Unit  à  fait  sûr 
qu'une  Aéritable  absorption  est  introduite  à  un  degré  plus  fort 
dans  le  dernier  cas,  c'est-à-dire  que  des  chocs  avec  des  molécules 
étrangères  produisent  une  absorption  plus  énergique  ipie  des 
ciiocs  avec  des  molécules  de  mercure.  ,Ic  suis  en  train  d'examiner 
ces  (juestions,  mainlenani  (|no  je  ilispose  d'une  source  d'intensité 
conslaule.  Dans  le  cas  de  la  vapeur  (fiode  c'qst  rin\ersequi  a  lieu, 


nVVONXKMKNT    l'.VIl    RÉSONANCE    ET   SI'KCTIIKS    DK    HKSONANCE.  3l5 

cjir  la  \:i|irur  il'iode  est  lieaucoiip  plus  active  en  rédiiisaiil  I'imIi'u- 
sité  lie  la  fluorescence  de  la  vapeur  d'iode  (juc  tout  autre  gaz 
t'tranjrt'r  examiné  jusqu'ici  (voir  Pliil.  .Ma^.,  I.  X.W'II,  ir)i  {, 
p.  V..). 

Cas  de  la  vapeur  de  sodium.  -  Plusieurs  des  pliéunmcnes  décou- 
verts par  la  pliolof;raphie  dans  le  cas  de  la  résonance  ultraviolette 
de  la  vapeur  de  mercure  peuvent  être  rendus  visibles  en  employant 
de  la  vapeur  de  sodium.  ,I"ai  découvert  le  rayonnement  de 
résonance  de  cette  vapeur  en  i^u.i,  en  chauiïanl  le  métal  dans  un 
tul)c  rendu  vide  et  en  éclairant  au  moyen  des  rayons  venant 
d'uni'  flamme  oxy-iiydrique  au  sodium,  concentrés  à  l'aide  d'une 
grande  lentille.  Lorsque  le  tube  était  cliaull'é  doucement,  le 
chemin  des  rayons  à  travers  la  vapeur  était  marqué  par  une  lueur 
jaune,  qui  se  retirait  du  côté  du  tube  où  entraient  les  rayons  à 
mesure  que  la  densité  augmentait,  jusqu'à  ce  qu'il  ne  restait  plus 
qu'une  mince  couche  de  lumière  jaune,  couvrant  la  paroi  inté- 
rieure du  tube.  Des  tentatives  faites  en  vue  d'obtenir  une  réflexion 
sélective  régulière  en  continuant  à  augmenter  la  densité  de  vapeur 
échouèrent  jiar  suite  d'une  action  chimique  de  la  vapeui-  sur  le 
verre  aux  hautes  températures. 

L'expérience  a  été  récemment  améliorée  par  L.  Dunoycr,  qui 
emploie  une  flamme  de  Bunsen  dans  laquelle  on  introduit  une 
pluie  d'une  solution  de  chlorure  de  sodium,  que  l'on  souffle  dans 
la  base  du  brideur  au  moyen  d'un  pulvérisateur.  Une  cheminée 
en  tôle'  de  fer,  munie  d'une  fenêtre  carrée,  entoure  la  llainme, 
et  une  image  de  la  fenêtre  est  projetée  sur  la  paroi  du 
ballon  à  sodium  au  moyen  d'un  condcnseiu"  à  fpiatrc  lenlilles, 
dépourvu  d'aberration  lorsqu'on  emploie  de  la  lumière  moiioehro- 
matique  (').  Le  ballon  contient  un  peu  de  sodium  métallique,  soi- 
gneusement privé  d'hydrogène  par  distillation  dans  le  vide,  et  est 
évacué  jus<[u'à  un  degré  de  vide  très  avancé.  Il  est  chauffé  dans 
une  colonne  d'air  chaud  s'élevant  d'une  haute  cheminée  qui  entoure 
un  <rrand  bec  Méker.   Le  ravonnenient   de  résonance   commence 


(')   I-.  DcNovKH,  Sur  l'aberration  de  spliéricilé  dana  les  objectifs  [.lournal  de 
Phijuiqiie,  t.  UI,  Kjr^,  p.  \M). 


3l4  LA    STRUCTIRE    DK    LA   MATIÈRE. 

à  apparaître  à  une  température  d'environ  i25°  C,  un  faible  cône 
de  lumière  jaune  se  montrant  dans  le  ballon.  Lorsque  la  température 
s'élève,  il  devient  plus  brillant  et  maintenant  se  montre  le  i-ayon- 
nement  de  résonance  secondaire,  une  lueur  jaune  remplissant  tout 
le  ballon.  A  la  température  de  i8o°  C,  le  cône  de  rayonne- 
ment de  résonance  primaire  disparaît,  et  avec  lui  le  rayonnement 
secondaire,  et  il  ne  reste  plus  qu'un  carré  brillant  de  lumière  jaune 
sur  la  surface  antérieure  du  ballon,  une  image  de  la  fenêtre  éclai- 
rée, projetée  sur  le  gaz  résonant.  Cette  image  est  aussi  nettement 
délimitée  que  si  elle  était  projetée  sur  du  papier  blanc,  mais  elle  a 

une  intensité  qui  n'est  que    —  environ  de  celle  que  l'on  obtient 

lorsqu'un  écran  en  papier' reçoit  les  rayons  venant  du  condenseur. 
En  d'autres  termes,  la  plus  grande  partie  de  la  lumière  venant  de 
la  flamme  au  sodium  passe  sans  obstacle  à  travers  la  vapeur, 
les  parties  médianes  étroites  des  raies  D  étant  seules  efficaces 
dans  la  production  de  la  résonance,  exactement  comme  dans  le 
cas  de  la  vapeur  de  mercure.  Si  on  laisse  le  ballon  se  refroidir 
lentement,  le  premier  changement  qu'on  observe  est  un  manque 
de  netteté  des  bords  de  l'image  carrée  de  la  fenêtre,  tout  à 
fait  comme  si  soudainement  l'image  «  sortait  du  foyer  ». 
Cela  est  dû  au  rayonnement  secondaire,  et  dans  ses  premières 
phases  le  phénomène  est  limité  à  une  mince  couche  de  vapeur 
tout  contre  la  paroi.  A  mesure  cjue  le  ballon  se  refroidit  davan- 
tage, le  cône  de  lumière  jaune  réapparaît,  les  phénomènes  décrits 
ci-dessus  se  jiroduisant  en  sens  inverse. 

Or,  si  aucune  absorption  ne  se  produit  dans  le  cas  de  la  vapeur 
de  sodium,  comme  il  semble  que  ce  soit  le  cas  pour  les  vapeurs 
de  mercure,  nous  devons  oiilenir  une  image  aussi  brillante  sur  la 
vapeur  que  sur  le  i)a|)ier  blapc.  à  coiidilioii  que  noire  source  de 
lumière  émette  uniquement  des  rayons  capables  d'exciter  la  résonance. 

Pour  vérifier  ce  jioint,  M.  Diinoyer  et  moi.  (pii  en  ce  moment 
travaillons  ensemble  sur  ce  sujet,  avons  fait  usage  ilii  ])rinci]ie 
de  la  lampe  à  résonance  décrite  plus  haut  dans  ce  rapport. 

Un  simple  ballon  à  sodium  servait  à  la  fois  comme  lampe  à 
résonance  et  comme  écran  dilTiisant  pour  la  mesure  du  pouvo'r 
réflecteur  (dilTiisif)  de  la  vapeur. 

Iva  disposil  iiiii   (11'  r:qijiaicii  csl    niiuilrée  «lans  la  figure  3,  thuis 


RAYONNKMFNT   PAR    RKSIINANXB    ET   SPECTRKS    DE    RÉSONANCE.  3  I  5 

l;ii|iifll<'  A  est  riiiia<>;e  île  la  fenêtre  carrée  dans  la  cheminée  entou- 
rant la  flamme  à  N'a  projetée  sur  la  vapeur  de  sodium.  I,ors(pie  cette 
imajîe  est  en  partie  couverte  d'un  morceau  de  papier  hlanc,  on 
constate  que  la  luminosité  de  la  portion  de  l'image  sur  le  papier 
est  beaucoup  plus  t;raude  (jue  celle  de  la  jiortion  sur  la  vapeur. 


Le  morceau  de  papier  est  maintenant  enlevé  et  une  image  de  A 
est  projetée  de  nouveau  sur  le  ballon  en  A'  au  moyen  d'un  grand 
miroir  concave  \i.  La  lumière  émise  par  A  est  beaucoup  plus 
homogène  que  celle  de  la  flamme,  puisque  ce  sont  seuls  les  centres 
des  raies  D  qui  sont  diiïusés.  En  d'autres  termes,  A  constitue 
une  lampe  à  résonance,  semblable  à  la  lampe  à  ré.sonanee  de 
vapeur  de  mercure,  employée  dans  les  expériences  antérieures. 

On  peut  voir  sans  didiculté  l'image  en  A',  et  comme  ici  la  vapeur 
(le  sodium  n'est  éclairée  que  par  de  la  lumière  résonant  exactement 
avec  les  périodes  liiiros  des  molécules,  on  doit  s'attendre  à  trouver 
un  j;i(uvi)ir  réflecteur  égal  à  celui  du  ]).ipier  blanc,  s'il  n'y  a 
pas  de  véritable  absorption.  Or,  tel  était  bien  le  cas,  car,  quand 
l'image  en  A  était  j)artiellcment  couverte  d'un  morceau  do 
papier  blanc,  la  ligne  de  démarcation  ne  pouvait  être  observée 


3l6  l.K    STRICTURR    UE    I. A    MVT1KHI;. 

qu'avec  difTiculté.  Il  est  tout  à  fait  étonnant  de  trouver  une  vapeur, 
ayant  à  une  pression  de  0™™,ooo5  peut-être,  un  pouvoir  réflec- 
teur é^al  à  celui  du  papier  blanc,  pour  une  lumière  de  pureté 
sufTisante.  Nous  pouvons  conclure  de  là  que  pratiquement  il  n'y 
a  pîis  d'absorption  par  la  vapeur  de  sodium  pure  à  des  ])ressions 
très  basses,  ce  qui  est  tout  à  fait  d'accord  avec  la  conclusion  tirée 
d'observations  du  rapport  de  l'intensité  du  rayonnement  de  réso- 
nance secondaire  de  la  Aapeur  de  mercure  à  celle  du  rayonnement 
primaire. 

En  ce  moment  nous  sommes  en  train  de  faire  des  observations 
photométriques  sur  le  pouvoir  réflecteur  de  la  vajieur  pour  la  lumière 
de  la  flamme  à  Na  comparé  à  celui  de  l'oxyde  de  magnésium.  Les 
données  obtenues  permettront  d'estimer  la  largeur  de  la  portion 
des  raies  D  qui  est  efficace  dans  l'excitation  de  la  résonance. 

I>es  deux  cas  qui  ont  été  décrits  constituent  le  type  le  plus 
simple  de  résonance,  dans  lequel  l'énergie  soustraite  au  rayon 
incident  est  réémise  sans  changement  de  longueur  d'onde. 

Dans  d'autres  cas,  outre  des  rayons  de  même  longueur  d'onde, 
nous  avons  émis  d'autres  ondes,  les  unes  plus  longues,  les  autres 
plus  courtes  que  les  ondes  excitatrices,  Fémissiou  totale  consti- 
tuant un  spectre  qui,  observé  au  moyen  d'un  spectroscope  à 
faible  pouvoir  séparateiu-,  sendile  formé  de  raies  distribuées  à 
des  distances  à  peu  près  égales  le  long  d'un  spectre  normal.  Des 
spectres  excités  de  cette  façon,  je  les  ai  apppelés  des  spectres  de 
résonance. 

Spectres  de  résonance.  —  11  sera  impossible  de  donner  dans 
ce  rapport  plus  qu'un  exposé  très  bref  des  relations  extrêmement 
complir[uécs  qui  existent  dans  ces  spectres  remarquables,  lesquels 
se  nioutveni  comme  de  ]iliis  en  plus  cniup]i(pu''s  à  mcsin-e  qu'on 
les  étudii'  d."  ])lus  jircs.  In  rajiport  très  c(un])let  de  ce  qu'on  sait 
en  ce  moment  du  cas  qui  a  été  éludlé  de  la  façon  la  ])lus  ajipro- 
fondie   se  trouve  dans   le  7'/i(7.  -Wdg.  et   le  ]^liijs.  Zeilsclir.  ('). 

La  découverte  des  spectres  de  résonance  fut  faite  au  coiirs 
<]<•    (picbjues    expériences    sur    la    fluoicsccuce    de    la    \apciu-    de 


(')  WooD,  liesonancc  spectra  of  iodine  utiiler  hijih  dispersion  (Phit.  ^fue.. 
t.  XXVI,  ujti,  p.  8i8;  Pliif!<.  Zfilsclir.,  I.  XIV,  191!,  p.  iiSy). 


H.WONNEMKNT    PXB    RKSONANCE    ET   SPl:CTHi:S    llK    IIKSONWCK.  117 

sodium:  un  trouva  que  lorsque  la  vapeur  était  éclairée  par  uue 
luniiiTe  inonoi'hroinatique  d'une  loii<rueur  d'onde  correspoiulaiU 
à  celle  d'une  lie  ses  milliers  de  raies  d'alisorplion,  elle  émettait 
un  sj)cetrc  consistant  en  des  raies  largement  espacées  et  distri- 
buées avec  une  remar(|ual)lo  réfrularilé  le  1ou<î  du  spectre. 

Le  phénomène  n'est  présenté  ([uc  par  de  la  vapeur  de  sodium 
de  densité  considérable,  c'est-à-dire  à  une  pression  de  l'ordre  de 
grandeur  de  i'"'"  à  ■?.'"'".  Son  absence  dans  le  cas  de  vapeurs 
à  des  pressions  aussi  basses  que  celles  qui  sont  employées 
pour  l'étude  du  rayonnement  de  résonance  (raie  D  d'émission), 
peut  être  due  à  sa  faiblesse  relative,  ou  peut-être  à  la  «irconstance 
qu'il  est.  produit  ])ar  des  agrégats  moléculaires,  f[ui  ne  se  forment 
pas  aux  basses  ])ressions.  C'est  là  un  point  qui  sera  problableincnt 
tranché  jiar  certaines  recherches  qui  sont  maintenant  en  cours. 

Les  spectres  d'absorption  de  l'iode  et  du  brome  ressemblent 
fort  à  celui  du  sodium.  Avec  mon  spectrographe  à  réseau  plan 
d'East  Ilampton,  dont  la  distance  focale  est  d'environ  14™) 
j'ai  trouvé  qu'il  y  a  environ  35  000  raies  d'absorption  dans  le 
spectre  visible:  nous  en  avons  compté  ii5  dans  une  région  pas 
plus  large  que  la  dislance  entre  les  deux  raies  du  sodium. 

Comme  nous  oblouons  un  spectre  d'émission  différent  pour 
cha(|ue  raie  d'absdrplion  que  nous  excitons  par  de  la  lumière  mouo- 
chroniati(|ue,  nous  nous  trouvons  devant  le  cas  d'un  élément 
auquel  on  peut  théoriquement  faire  émettre  plusieurs  milliers  de 
spectres,  dont  il  nij  en  a  pas  deux  qui  soient  exactement  les  mêmes. 
Le  nondjre  de  speclres  possibles  l'emporte  énormément  sur  le 
nombre  total  de  raies  d'absori)tion,  car  nous  pouvons  exciter 
simultanément  ilcux  ou  ])lusieurs  raies,  dans  toutes  les  combi- 
naisons possibles,  île  sorte  que  le  nombre  total  de  spectres  différents 
possibles  est  pratiquement  infini,  lin  réalité,  ce  n'est  qu'en  prenant 
des  précautions  spéciales  qu'on  peut  e.xciter  une  simple  raie  d'ab- 
sorption, car  les  raies  sont  tellement  rapprochées  les  unes  des 
autres  que  la  plupart  des  raies  d'émission  d'arcs  métalliques  que 
l'on  em])loie  pour  exciter  la  vapeur  ont  une  largueur  naturelle  telle, 
(|u'elles  couvrent  de  deux  à  une  douzaine  de  raies  d'absorption. 
L'étude  de  ces  spectres  de  résonance  m'a  semblé  être  de  la  plus 
grande  inqjortance,  car  c'est  prati(|uement  le  seul  cas,  où  nous  ayons 
une  connaissance  un  peu  exacte  de  la  nature  de  l'excitation.  Dans 


3lS  L\    STRICTLRE    DE    LA    MATIÈRE. 

des  spectres  de  flamme,  d'arc  ou  détincelle  nous  ne  savons  pra- 
tiquement rien  des  forces  qui  agissent  sur  la  molécule,  tandis  que 
dans  le  cas  des  spectres  de  résbnance  nous  pouvons  raisonnable- 
ment être  certains  que  nous  soumettons  la  molécule  à  des  forces 
électromagnéticjues  alternantes  de  fréquence  déterminée  et  à 
aucune  autre.  Evidemment,  ces  forces  peuvent  mettre  en  jeu 
d'autres  facteurs,  en  dissociant  les  molécules  ou  rompant  des 
agrégats  moléculaires,  bien  que  je  regarde  le  fait  que  la  lumière 
émise  est  fortement  polarisée  comme  une  preuve  du  contraire. 
Des  expériences  faites  par  le  professeur  Pupin,  de  la  Colombia  Uni- 
versitVjOnt  montré  que  si  une  armature,  primitivement  sans  courant, 
tourne  dans  un  champ  magnétique  alternant,  l'armature  fournit 
un  courant  constitué  d'un  grand  nombre  de  fréquences  différentes 
augmentant  de  quantités  constantes,  ce  qui  est  donc  une  analogie 
intéressante   des   spectres  de  résonance. 

Je  donnerai  maintenant  un  court  résumé  des  résultats  cjui  ont 
été  obtenus  avec  la  vapeur  d'iode,  en  laissant  de  côté  la  i)lupart 
des  détails  expérimentaux,  c[ui  sont  décrits  d'une  façon  très  com- 
plète dans  les  travaux  auxquels  j'ai  déjà  renvoyé. 

La  vapeur  est  employée  à  la  température  ordinaire  dans  des 
tubes  fortement  évacués;  l'excitation  étant  produite  par  les  radia- 
tions d'un  arc  au  mercure  dans  le  quartz,  triées  par  des  filtres 
convenables.  L'étude  là  plus  soignée  a  été  faite  dans  le  cas  de 
l'excitation  par  la  raie  verte  (5i6i),  au  moyen  de  laquelle  ou 
peut  couvrir  de  huit  à  dix  raies  d'absorption,  en  faisant  varier 
la  consommation  en  watts  de  la  lampe.  En  interposant  un  filtre  de 
vapeurs  de  brome,  il  est  même  possible  d'enlever  certaines  fréquences 
de  la  raie  verte  élargie  et  mettre  ainsi  «  hors  d'action  »  les  raies 
d'absorption  de  l'iode  qui  jiar  hasard  coïncident  avec  les  raies 
du  brome.  Les  spectres  de  résonance  ainsi  excités  ont  été  ]dioto- 
graphiés  tlans  le  spectre  du  quatrième  (U-dre  d'un  réseau  ]>lau  de 
six  pouces,  employé  en  condiinais(ui  a\cc  un  coilimalciir  et  un 
ojjjcctif  à  porlrait  de  Cooke.  spéiiali'uuMil  cnnslinil.  cl'rnvircni 
i3o''"'  de  distance  focale. 

La  vapeur  d'iode  était  contenue  dans  de  longs  tubes  en  verre" 
souillés  à  l'état  de  petit  ballon  à  l'une  des  extrémités,  et  une  itnag(! 
de  l'arc  de  mercure  était  formée  le  long  de  l'axe  au  moyen  d'uîi 
grand  condenseur. 


.     imoNNKMi::jT  lun  bksonanck  et  spectres  i)K  lll•:soNA^■CE.  )ii| 

Dans  les  travaux  antérieurs  on  avait  trouvé  que,  si  le  spectnj 
de  résonance  excité  par  la  raie  verte  du  mercure,  émise  par  l'arc 
au  (|uartz  fonctionnant  dans  des  conditions  uorniales,  était  pho- 
tojrrajihié  sous  haute  dispersion,  les  raies  de  résonance  se  résol- 
vaient en  firoupes  serrés.  On  a  trouvé  que  cela  résultait  de  la  circon- 
stance <|ue  la  raie  verte  était  assez  lar<je  ])our  couvrir  scpl  raies 
»rabsor]>tion. 

En  faisant  fonctionner  la  lampe  à  température  plus  basse,  c'est- 
à-dire  avec  une  faible  chute  de  potentiel  entre  ses  extrémités,  la 
largeur  de  la  raie  verte  peut  être  réduite  jusqu'à  ce  qu'elle  ne 
couvre  plus  qu'une  seule  raie,  ou  deux  au  ]>lus.  Ou  trouve  alors 
<|ue  le  spectre  de  résonance  est  beaucoup  plus  sinqjle,  les  groupes 
compliqués  étant  renqdacés  par  des  raies  uniques  ou  des  coujiles 
de  raies,  l'.n  élevant  le  voltage  de  la  lampe  excitatrice,  lo  nombre 
des  raies  dans  le  groupe  peut  être  augmenté  graduellement,  car 
la  raie  verte  s'élargit  et  couvre  d'autres  raies  d'absorption  à 
mesure  que  la  consommation  en  %vatts  augmente. 

Les  groupes  sont  espacés  à  des  distances  à  peu  près  égales  le 
long  du  spectre  normal,  la  distance  entre  les  groupes  augmentant 
d'une  quantité  à  peu  prés  constante  lorsc[u'on  passe  d'un  groupe 
au  suivant  vers  l'extrémité  rol^e  du  spectre.  Il  y  a  cependant 'de 
légers  écarts  à  la  loi  de  la  constance  des  diiïérences  secondes,  écarts 
qui  ne  sauraient  s'expliquer  par  des  erreurs  de  mesure,  car  les 
longueurs  d'onde  ont  été  déterminées  avec  une  précision  de 
0,02  U.  A.  dans  le  cas  de  photographies  faites  dans  le  spectre  du 
quatrième  ordre. 

Dans  mon  dernier  travail  j'ai  donné  un  tableau  des  longueurs 
d'onde  des  raies  de  tous  les  groupes,  ior.s'que  l'excitation  est  pro- 
duite ])ar  la  raie  verte  élargie.  Les  longueurs  d'onde  pour  les  raies 
simples  et  les  paires  de  raies,  (jui  remplacent  les  groupes  lorsque 
l'excitation  est  produite  par  la  raie  verte  rendue  étroite  (ne  couvrant 
qu'une  seule  raie  d'absorption),  ne  furent  mesurées  que  sur  la 
photographie  et  les  différences  premières  et  secondes  n'ont  pas 
été  données. 

Voila  pourquoi  il  sera  bon  de  les  communiquer  ici  sous  forme 
de  tableau. 

L'étude  de  ce  spectre  relativement  simple  est  rendu  un  peu 
compliquée  par  la  circonstance  qu'en  deux  ou  trois  points  nous 


Jv.O  LA    STIIICTURE    DE    L.V    MATIERE. 

avons  de  simples  raies  au  lieu  de  paires,  et  une  ou  deux  des  paires 
sont  formées  de  composantes  d'intensités  très  inégales,  les  compo- 
santes étant  un  peu  plus  rapprochées  que  pour  la  plupart  des 
paires.  Le  spectre  que  nous  envisageons  ici  est  reproduit  dans  la 
figure  I,  planche  X^  ,  du  travail  que  je  viens  de  citer.  Quelques- 
unes  des  faibles  raies  proviennent  d'une  excitation  par  les  raies 
jaunes  du  mercure  qui  n'étaient  pas  cachées  par  un  écran  dans 
ce  cas  (1). 

Deux  paires  de  la  série  manquent  complètement  et  j'ai  divisé 
dans  ces  cas  par  2  la  différence  des  À  entre  les  paires  adjacentes. 

Le  tableau  du  côté  gauche  donne  les  longueurs  d'onde  des  com- 
posantes des  doublets  ayant  la  plus  grande  longueur  d'onde,  le 
tableau  du  côté  droit  donne  celles  des  composantes  ayant  le  À 
le  plus  petit. 

Les  membres  absents  sont  indiqués  par  des  points.  Les  raies 
simples  ont  été  placées  dans  le  tableau  de  gauche,  parce  que  j'ai. 
reconnu  que  c'était  là  leur  véritable  place. 

>>.  Dillérenccs.  \.  Dilïércnccs. 

G")('>o,7  6558,4 

82,2  8-2 

63 1 0,(1  _.,  ,.  "IN,*  _„  .. 

6-238,0  '    '  (ia36.i  '    ' 

77,  1  ,-    -  T7,0 

GiCo,.)  "  6l3(»,l 

7>  -5 

6.110,8  .,  6oo(j,i 

503-,G  "'  5935,9.  '^'S> 

5866,1  "'■"  586(,5  7"-7 

.     ,.  70,1  

^'^^'°  Co    -  '".M 

'':''''    mis  558P.5     -•" 

ojoa.o  „.    .  ...  "i-  > 

--    ,.     -  fi5,^  3313,0 

e,^   '  65,8  5^60,7 

On  voit  dans  ce  hibleau  que  les  dilTércuccs  secondes  varient 
d'une  manière  irregiilière. 


(')    Do  inriiic,  le  iminbir  G;),!  ilu  côté  droit  est  lo  tiers  do  la  difîéreiico  entre 
586',, 5  cl  5057,1. 


imONNKMKNT    l'AB    BKSONANCF.    KT    SI'KIITRKS    IIK    llKSciWNCi:.  i»! 

Les  tIoul)lets  sont  très  nettement  définis  dans  le  rouije  et  l'oran^^ô 
du  spectre:  mais  dans  la  ri'-ij;ioa  enlio  les  raies  vertes  et  jaune  du 
mercure,  ils  ne  sont  pas  aussi  prononcés,  étant,  remplacés  par  des 
raies  simples  dans  deux  cas  et  par  une  raie  simple  avec  une  série 
de  raies  plus  faibles  du  côté  des  petites  lonj;ucurs  d'onde  dans  le 
cas  du  diiiiblel  à  5 126,6. 

Excitation  multipU.  —  En  augmentant  le  voltage  aux  électrodes 
de  la  lampe  (en  diminuant  graduellement  la  résistance  en  série 
avec  elle),  on  voit  apparaître  d'autres  raies  à  droite  et  à  gauche  de 
chaque  doublet  du  spectre  de  résonance,  jusqu'à  ce  que  finale- 
ment on  obtient  des  groupes  ayant  une  douzaine  de  raies,  (^eia 
arrive  lorsque  la  raie  verte  du  mercure  a  recouvert  huit  raies 
d'absorption  de  l'iode. 

La  largeur  totale  de  chaque  groupe  de  raies  est  environ  trente 
fois  la  largeur  du  groupe  de  raies  d'absorption  recouvert  par  la 
raie  du  mercure. 

Les  groupes  situés  dans  le  voisinage  immédiat  des  raies  exci- 
tatrices se  ressend)lcnt  très  fort  et  la  régularité  de  leur  disposition 
le  long  du  spectre  rappelle  un  des  spectres  do  diffraction  offerts 
par  un  réseau  à  faible  dispersion.  Pour  la  facilité  du  langage, 
nous  les  désignerons  comme  groupes  du  premier,  deuxième, 
troisième,  etc.  ardre,  adoptant  ainsi  la  même  nomenclature  que 
pour  les  spectres  de  réseau.  Les  groupes  silués  du  côté  des  courtes 
longueurs  d'onde  de  la  raie  'excitatrice,  nous  les  appellerons 
d'ordres  —  i,  —  2,  —  3,  etc. 

J'ai  observé  au  moins  vingt  ordres  du  côté  du  rouge  (ordres 
positifs)  et  deux  ou  trois  au  plus  du  côté  des  petites  longueurs 
d'onde  (ordres  négatifs).  Ces  derniers  ordres  constituent  une 
exception  à  ce  qu'on  appelle  la  loi  de  Stokes. 

Dans  le  cas  de  l'excitation  par  la  raie  verte,  les  groupes  d'ordres 
négatifs  sont  extrêmement  faibles,  tandis  que  dans  le  cas  de  l'exci- 
tation i)ar  les  raies  jaunes  ils  sont  très  intenses.  En  d'autres  termes, 
les  exceptions  à  la  loi  de  Stokes  deviennent  plus  apparentes  à 
mesure  que  nous  excitons  par  des  vibrations  de  fréquence  plus 
petite.  On   trouva  la   même  chose  aveu  la  vapeur  de  sodium. 

Origine  des  groupes.  —  La  clef  du  problème  de  l'origine  des 

IWSTITLT    SOLVAV  ;2I 


322 


L\    STRUCTURE    DE    LA    MAIIKRK. 


groupes  doit  être  cherchée  dans  le  fait  qu'un  groupe  apparaît 
à  l'endroit  du  spectre  occupé  par  la  raie  excitatrice.  Ce  groupe 
peut  être  appelé  le  groupe  d'ordre  o  et,  comme  je  l'ai  déjà  dit, 
il  est  à  peu  près  trente  fois  plus  large  que  le  groupe  des  huit  raies 
d'absorption  de  l'iode  que  nous  excitons  et  qui  se  trouvent  au 
centre  du  groupe  d'ordre  i  •. 

Il  est  assez  difficile  de  traduire  en  mots  les  phénomènes  com- 
pUqués  qui  se  produisent.  Dans  le  travail  cité  j'ai  cherché  à  rendre 
compte  de  la  formation  des  groupes;  mais,  comme  l'explication 
peut  sembler  un  peu  trop  longue  et  trop  difficile  à  suivre,  je  tâche- 
rai de  la  mettre  ici  sous  une  forme  plus  simple. 

Supposons  que  nous  stimulions  trois  raies  d'absorption  de  l'iode 
au  lieu  de  huit.  Ces  raies  sont  les  n°'  I,  2  et  3  de  la  figure  4-  Elles 
sont  tellement  rapprochées  que  le  spectroscope  employé  pour  la 
photographie  des  spectres  de  résonance  ne  pouvait  les  séparer. 


123 


B' 


AliC 


A' 


ABC 


I 
I 
I 

A' 


A'  B-         ABC        C' 

Fig.   '(. 

La  largeur   du  groupe  dos  raies  1,  '2,  3  et  ABC  devrait   être  à 

peu  près  —  de  la  distance  entre  B'  et  A'  pour  que  le  diagramme 

fût  fait  à  la  bonne  échelle.  L'excitation  de  la  raie  d'absorption  l 
fait  que  la  vapeur  émet  précisément  la  longueur  d'onde  qui 
donne  la  raie  A  (immédiatement  au-dessous  de  la  raie  1  dans 
la  figure).  C'est  ce  que  nous  appelons  la  ratliation  de  résonance 
et  nous  désignerons  cette  raie  par  R.  U.  La  vapeur  émet  en 
outre  les  raies  A  des  groupes  du  ])remier  ordre,  du  deuxième 
ordre,  etc.  Si  c'était  là  tout,  nous  aurions  un  spectre  de  résonance 
du  type  le  plus  simple,  consistant  en  une  série  de  simples  raies 
équidistantcs. 

Dans  les  recherches  antérieures  je  pensais  que  les  spectres  de 
résonance  étaient  de  cette  nature,  mais  il  est  à  i>réscnt  certain 
que  toi  n'est  pas  le  cas,  car  nous  aurions,  dans  ces  conditions,  que 


RA\ONNt.Mr.M     PAU    HKtONANlK    ET    i-l'KdllKS   l)K    HKSONANr.K.  If^ 

chacune  des  raies  d'absorption  1,  2  et  3  donnerait  une  série  de 
raies  éijuidistantes  qui,  si  l'espaecnient  était  le  niûme,  l'oïncidc- 
raienl,  tandis  que,  si  les  espacements  étaient  diiTéreiits  pour  les 
trois  séries  produites  de  cette  façon,  nous  aurions  des  coupes 
de  trois  raies  chacun,  semblables  en  apparence,  mais  ayant  des 
composantes  d'autant  plus  écartées  que  nous  avançons  dans 
l'ordre  des  groupes.  Dans  ce  cas,  il  y  aurait  non  pas  un  groupe, 
mais  simplement  une  raie  (en  réalité  trois  raies  très  voisines  non 
séparées)  à  l'endroit  de  l'ordre  n.  Or,  je  suis  forcé  de  conclure 
que  la  raie  d'absorption  1  donne,  outre  les  raies  A,  les  raies  satel- 
lites A'.  La  raie  d'absorption  2  donne  les  raies  B  et  les  satellites 
plus  faibles  B',  que  nous  supposerons  situées  dans  ce  cas  à  la  gauche 
des  fortes  raies. 

De  la  même  façon,  la  raie  3  nous  donne  les  raies  C  et  leurs  satel- 
lites C,  ces  satellites  se  trouvant  dans  ce  cas  à  la  droite  de  la  raie 
principale  et  plus  près  d'elle.  Les  raies  principales  A,  B  et  C  de 
chaque  groupe  semblent  se  superposer  au  degré  de  séparation 
obtenu  dans  le  spectre  du  premier  ordre  du  réseau  et  forment  ce 
que  j'ai  appelé  le  noyau  du  groupe  dans  le  travail  cité.  Sur  les  pho- 
tographies faites  dans  le  quatrième  ordre  on  les  voit  légèrement 
séparées  et  les  espacements  ne  sont  pas  tout  à  fait  les  mêmes  pour 
les  trois  séries.  Cette  explication  rend  compte  de  la  simihtude 
dans  l'apparence  des  groupes,  du  fait  que  la  distance  entre  les 
composantes  est  essentiellement  la  même  et  du  fait  que  nous 
avons  un  groupe  semblable  (d'ordre  o)  à  l'endroit  de  la  raie 
excitatrice. 

Dans  la  communication  faite  au  Philosophical  Magazine  on 
trouvera  un  diagramme  des  changements  qui  se  produisent  dans 
les  groupes  par  suite  de  l'addition  de  nouvelles  raies,  à  mesure 
que  la  raie  du  mercure,  en  s'clargissant,  recouvre  un  nombre  de 
plus  en  plus  grand  de  raies  d'absorption  de  l'iode. 

Une  des  questions  les  plus  importantes,  que  j'espère  résoudre 
l'année  prochaine,  est  de  savoir  si  la  nature  du  spectre  de  réso- 
nance est  la  même  lorsque  la  raie  excitatrice  tombe  sur  le  bord  droit 
d'une  raie  d'absorption  ou  si  elle  tombe  sur  l'autre  bord  :  en  d'autres 
termes,  lorsque  la  fréquence  de  la  lumière  est  légèrement  plus 
grande  que  celle  de  la  raie  d'absorption  ou  lorsqu'elle  est  légère- 
ment plus  petite. 


39.4  I-^    STRICTIIIK    IiK    LA    MVTIKRI". 

PoJnriftalion  de.  la  lumière  des  spectres  de  résonance.  —  La  circon- 
stance c[vie  la  lumière  émise  par  la  vapeur  d'iode  est  fortement 
polarisée  et  que  la  polarisation  est  également  accusée  dans  toutes 
les  raies  du  spectre  de  résonance,  indique  que  l'émission  de  lu- 
niicrc  est.  le  résultat  direct  de  vibrations  forcées  dans  la  molécule 
par  les  ondes  lumineuses  et  ne  déjiend  pas  d'une  dissoc^ialion, 
suivie  d'une  recombinaison.  On  trouve  une  courte  communication 
à  ce  sujet  dans  le  Philosophical  Magazine  de  novembre  191 3 
(t.  XXVI,  p.  846),  illustrée  de  photographies  du  spectre  de  réso- 
nance traversé  par  des  franges  dé  Savart,  donnant  la  mesure  de 
la  polarisation. 


E  a  n  A  TA . 


Le  tirafir  de  l'Ouvrage  était  lei'iiiliK',  lorsque  ixmis  parvint  Li  prière  <le 
M.  Griineisen.  de  faire  queltjues  i-orrertions  tlaii<  son  rap[iort;  nous  les  ajoutons 
ici  cuiiinie  errata  : 

Paj:e  ►J-».  ajouter  it  Ut  n-tte  <lu  bas  :  La  llièorie  a  été  perfeolionnce  et  dévelop- 
pée dans  la  suite.  Ci>u(.  BoiiN.  Dynamil.  ilir  nrislallgitter:  Leipzi;;  el  llerlin, 
11)1.1. 

I*«ge  2-i5,  ligne  ?.i.  au  lieu  <if  est  vériliiV,  tire  serait  vérifiée. 

Page  îjx,  lignes  aa  el  sS,  remplacer  v  par  •/ 

Paye  jtij,  formule  (-^'.î),  remplacer  i'^  par  v,_^. 

Paue  iCii,  ligue  i  du  bas,  remplacer  v  par  ■;. 

Page  i6\,  ligne  'i,  au  lieu  tie  .^,  »,  tire  .î,'i;  ligne  ■  du  lias,  nu  lien  tic  iijoS. 
p.  i83,  lire  i;)<)7,  p.    ni. 

Page  j6(i,  Tableau  1\',  remplacer  les  deux  ^lernières  colonnes  par 

Hjoti-j  -i-  0,008 

0,249  — 0,00a 

o,33!5  —  o,oo-.» 

o,',7:!  --o,oo! 

o,.ii)i  1-  ii,o<»*i 

Tableau  \,  remplacer  o~",39  el  -(-o"",o4  par  o"",a3  el  — o"",o2. 

T  T 

Page  26S,  ligne  1  >.  remplacer  —  par  — ;  ligne  19,  remplacer  x  par  x. 

Page  3<)9,  ligne  x,  au  lieu  de  S, 5,  lire  9,5;  ligne  21,  remplacer  j-j  par  xt. 

Paae  178,  ligne  17,  au  lieu  <le{-r-  \  lire  {  -f-  );  ligne  ao,  remplacer  '|S  pai    i" 

I*age  *7ij,  lignes  l'i  à  i<),  la  plirase  doit  être  mt)difiée  romme  suit  :  »  La  corn- 
presèibililé  ne  se  modifiant  que  relativement  peu,  nous  devons  donc  conclure 
que  le  coefficient...   •:  ligne  7  du  bas,  remplacer  v  par  v. 

Page  jHn.  ligne  J,  remplacer  v  par  V. 


IN?«TITUT    S01,VA\. 


TABLK  f)ES  MATIKRRS. 


Notice  sur  l'Institut  inteniali"iii;il  <lr  Physique  Solvay m 

Statuts  de  l'Institut v 

Dpuxièmr  Conseil  de  Physique xiii 

J.-J.  Thomson,  La  structure  de  l'atonu' t 

Discussion 4'i 

M"e  Curie,  Sur  la  loi  fondamentale  des  1rat\sforniatioiis  riidioactivcs.  66 
M.  V.  Laue,   Les  |>liénomèni's  d'interférence  des  rayons  do   Rônigin, 

produits  par  le  réseau  tridimensional  des  cristaux "5 

Discussion ■ io3 

VV.-H.  Bragc,  La  réflexion  des  rayons  Xet  le  spectromètre  à  rayons  X.  .  Ii3 

Discussion l'i 

A.   SoMMEBFELD,   SuT  les  photogramines   quatirnains  et  ternaires  de 

la  hiendc  et  le  spectre  du  rayonnement  de  Rônigcn I25 

W.  Bahlow  et  W.-J.  Pope,  La  relation  entre  la  structure  cristalline  et 

la  constitution  cliiiaiqui: l4l 

M.  HniLLOiiN,  Quelques  considérations  sur  la  structure  des  cristaux  et 

l'unisotrojiie  des  molécules.  Dimorpliisnie  du  carbonate  de  calcium..  l85 

Discussion 2l8 

M.  VoicT,  Sur  la  ri'latiou  entre  la  pyroélictrieité  et  la  température 235 

Discussion 240 

E.  Gni'NEisEN,  Théorie  moléculaire  des  corps  solides 243 

Discussion 2°  I 

Pi.-W.  WoOD,  Hayonni»inrnt  de  résonance  et  sjxctn^s  de  résonance 3o3 


G109.'>       PARIS.  -  IMPRIMERIE  GAUTHIER-VILLARS  ET  C" 
Quai  des  Grands- Auguslins,  55. 


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Frais  de  port  et  d'emballage  :  10  °/„ 


BOTS  (C.-V.),  Membre  de  la  Société  Royale  de  Londres.  —  Bulles  de 
savon.  Quatre  Conférences  sur  la  CfipiUarite,  faites  devant  un  jeune 
auditoire.  Traduit  de  l'anglais  par  Ch.-Ed.  Guillaume,  Docteur  es 
Sciences,  avec  de  nouvelles  Notes  de  l'Auteur  et  du  Traducteur.  In-i8 
(  19-ia),  avec  60  figures  et  i  planche;  1892 2  fr.  75 

CONGRÈS  INTERNATIONAL  DE  PHYSIQUE.  Exposition  universelle  de 
1900.  —  Travaux  du  Congrès  international  de  Physique  réuni  à  Paris 
en  1900  sous  les  auspices  de  la  Société  française  de  Physique,  ras- 
semblés et  publiés  par  Ch.-Eu.  Guillaume  et  L.  Poincaré,  Secrétaires 
généraux  du  Congrès.  4  beaux  volumes  grand  in-8,  avec  figures    5G  fr. 

LANGEVIN  (P.)  et  de  BR06LIE  (H.).  —  La  Théorie  dn  Rayonnement 
et  les  Quanta.  Happorls  et  discussions  de  la  réunion  tenue  à  Brujcelles 
du  3o  octobre  au  3  novembre  191 1,  sous  les  auspices  de  M.E.Solvay. 
ln-8  (25-16)  de  vi-461  pages,  avec  ai  figures;  191a i5  fr. 

LÉHERAY  (E.-M.).  —  Le  Principe  de  Relativité.  Cours  libre  professé  à 
la  Faculté  des  Sciences  de  Marseille  pendant  le  premier  trimestre  191 5. 
(Bibliothèque  des  Actualités  scientifiques.)  In-i6  (19-1»)  de  vi- 
i56  pages  avec  i3  figures;  1916 3fr.  75 

LODGE  (Sir  Oliver).  —  Sur  les  Électrons.  Traduit  de  l'anglais  par 
J.  PuGUES,  Chef  des  Travaux  d'Électricité  à  l'Ecole  Centrale,  el 
E.  Néridier,  Diplômés  de  l'Ecole  supérieure  d'Électricité  ;  préface  de 
I'.  Langevin,  Professeur  suppléant  au  Collège  de  France.  In-i6  (19-ia) 
de  XIII- 168  pages,  avec  6  figures;  1906  a  fr.  75 

ROUGIER  (Louis).  —  La  Matérialisation  de  l'Energie.  Essai  sur  la 
théorie  de  la  relativité  el  la  théorie  des  quanta.  Un  vol.  in-i8  Jésus 
(lao  X  186)  de  XII- 1 48  pages;  1919;  broché 3  fr.  5o 

THOMSON  (Sir  Williams)  [Lord  Kelvin].  —  Constitotion  de  la  matière. 
Conférences  scientifiques  et  allocutions .  Ouvrage  traduit  et  annolé  sur 
la  a'  édition,  par  P.  Lugol,  Agrégé  des  Sciences  physiques.  Professeur 
au  Lycée  de  Pau  ;  avec  des  Extraits  de  Mémoires  récents  de  Sir  fy. 
'J'Iiomson  et  quelques  notes  par  M.  Brillouin,  Maitre  de  Conférences  à 
à  rÉcoleNormale.In-8°(a3-i4)  avec  ligures;  1898 7fr.5o 


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