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STORAG£-ITi:«
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LA
THÉORIE DU RAYONNEMENT
ET LES QUANTA
RAPPORTS ET DISCUSSIONS
DE LA
Réunion tenue à Bruxelles, du 30 octobre au 3 novembre 1911
Sous LES AUSPICES DE M. E. SQLVAY
Publiés par MM. P. LANGEVIN et M. de BROGLIE
PARIS
GAUTHIER-VILLARS, IMPRIMEUR-LIBRAIRE
DU BUREAU DES LONGITUDES, DE l'ÉCOLE POLYTECHNIQUE
Quai des Graads-Augustins, 55.
1912
LA
THÉORIE DIJ RAYONNEMENT
ET [.ES QUANTA.
49460 P\HIS. - IMPRIMERIE GAUTHIER-VILLARS,
Quai des Grands-Augustins, 55.
LA
THÉORIE DU RAYONNEMENT
ET LES QUAMA.
RAPPORTS ET DISCUSSIONS
DE LA
Réunion tenue à Bruxelles, du 30 octobre au 3 novembre 1911
Sous LES Auspices de M. E. SOLVAY.
Publiés par MM, P. LANGEVIN et M. de BROGLIE.
PARIS,
GAUTHIER-VILF.ARS, IMPRIMEUR-MBRAIRh:
DU BLhEAU DES LONGITUDES DE l'ÉCOLE PO L V T E C II N 1 0 U E ,
Quai des Grands-Augustins, 55.
1912
Tous droits de traduction, de reproduction et d'adaptation
réservés pour tous pays.
CONSEIL DE PHYSIQUE.
Lu Conseil scientiiique (sorte de Congrès [)rivé l s'est réuni à
Bruxelles, sous les auspices de M. Ernest Solvaj, du 3o octobre
au 3 novembre 191 1, dans le but de discuter une série de points
controversés des théories physiques modernes.
Les participants à ce Conseil scientifique étaient :
Président, le proiesseur H.-A. Lorentz, de Leyde.
l*our l'Allemagne, les professeurs ^^ . Nernst, de JJerlin ;
M. IManck. de Berlin; H. liubens. de Berlin; A. Sommerfeld,
de Munich; \\ . ^^ien. de \^ urzbourg; le président K. \\ arburg,
de la Reichsanstalt, de Charlottenbourg.
Pour l'Angleterre, les professeurs J.-H. Jeans, de Cambridge,
et E. Rutherford, de Manchester.
Pour la France, les professeurs M. iîrilloiiin. M""' Curie,
V. Langevin, .1. Perrin, H. Poincaré, de Paris.
l'our rAutriche. les professeurs A. Einstein, de Prague ;
F. Hasenohrl. de \ lenne.
Les professeurs H. Kamerlingh Onnes, de Levdc (Kollande), et
Martin Knudsen, de Copenhague (Danemark).
Les secrétaires du Conseil scientifique ('taient le D' il. (îold-
schinidl, de Bruxelles: le D' M. de Broglie, de l^aris; le D' l\- A.
Lindemann. de Berlin.
Les collaborateurs de M. Ernest SoKav qui assistaient au
Conseil étaient le D'Ed. llerzen, de Bruxelles, et le D' (1. Mostelcl.
de Bruxelles.
Lord Rayleigh, de Londres, el le [)rofcsseur .l.-lJ. van der
Waals, d'Amsterdam, ont également participé officiellement au
Conseil, mais sans y assister.
LA
THÉORIE DU RAYONNEMENT
ET LES QEAMA.
ALLOCUTION
D1-:
>r. Ernkst solvay,
A L'OUVERTURE DU « CONSEIL DE PHYSIQUE »
TENU A BRI XEM.KS LE 3o OCTOBIU: 191I.
.■)0 octobre lyi i •
ALvTiAAiK. Messieurs,
.l'éprouve une suprême satisfaction à nie \oir aiijourd iiiii
entouré de savants éniinents alors surtout qu'en partie je suis
cause de leur réunion. Hien dans mon passé ne semblait devoir
autoriser une si en\ial)le situation, si ce nesl cependant mes aspi-
rations constantes et vives vers la Science. Je vous remercie du
fond flu cœur, ^Jessieurs, pour le i;rand honneur (pie vous me
faites en vous réunissant ici.
.le vous remercie aussi au nom de M. Xcrnst, car c'est lui cpii
eut l'idée première de ce « Conseil » ; il a pro\oqu('- et dirigé le
mouvement comme un vrai djnainiste (piil est.
Excusez-moi de ne pas j)rononcer de discours ; je ne m en sens |)as
L. ET DE B. 1
2 I.A TllKORlE DU RAVONNK.MKNT KT LES QUAMA.
le droit, et d'autres [jourront le faire avec toute l'aulorité voulue
s'il y a lieu. Je lue bornerai donc à ('"Uiellrr un vo'u 1res vif, c e.-<l
que le a Conseil » soit fructueux.
.le voudrais maintenant, conformément à ma lettre de convoca-
tion et avant que \ous abordiez Tordre du jour chi « Conseil »,
vous dire un mol de l'étude gravito-matérialitique que j'ai fait
imprimer à 1 occasion de notre réunion. A ous en a\ez reçu cliacuu
un exemplaire, mais trop tardivement pour en prendre connais-
sance. Vous verrez, quand ce sera possible, que le fond de mes
reclierciies et celui des vôtres sont communs^ en ce sens qu'ils se
rapportent lun et l'autre à la constitution de la matière, de I es-
pace et de lénergie; et cela prou\e que si \l. Nernst n'avait pas
sonj^é tout d'abord à réunir un « Conseil » sur le sujet, j'aurais
peut-être pu, curieuse rencontre de situations, son^jer à le faire
moi-même, si j en avais eu l'audace, pour \ous soumettre mon
élude: je pense, en ellet, a\ec fermeté, qu'elle ct)iiduil à la con-
naissance exacte, et par conséquent déliniti\e, des éléments finis
fondamentaux de l'Univers actif.
La méthode que j'ai suivie a été déductive. .le suis parti inilii-
leinent d'une conception générale préalable qui put. à mon sens,
satisfaire l'esprit philosophique constructif le plus scrupuleux :
élher direct et éther inverse atomiquement et invariablement cubi-
liables; surface matérielle séparatrice constituée par des faces
d'atomes alternali\ ement positives et négatives: concurrence uni-
verselle entre ces deux étiiers din'érenciés, quoique identiques au
fond, par l'intermédiaire de molécules spaciliables et superlicia-
lisables: spacilication el superlicialisation énergétiquemenl pro-
duites, et énergie exclusi\enient engendrée par contai'ls molécu-
laires. Le contact moléculaire, négligé juscju in, devient un
élément essentiel supérieur dans ma théorie. Je suis parti ensuilf
de l'admirable loi newtonienne incontestée et, par conséquent,
capable de satisfaire res|)rit scientih(pie le |)lus rigoureux, ou plus
justement, je suis parti de l'adinir.ible troisième loi de Ki'-pler qui
renterme l'essentiel de la prc-cédenle pour mon problème, et, a\ec
ces deux bases de dé-parl seulement, je me suis imj>ost'' de restituer
AM.OCITIOX DE M. SOLVAV. 'î
IL al\ers actif avec le mécanisme intime, déterminé, de ses élé-
ments primordiaux. (Jiertes, mon travail fondamental n'est pas
fini, vous le remarquerez l)ien ; il n'est ni parfait ni complet;
bien des éléments de suite y manquent qui sont déjà presque
entièrement établis; j'ai dû, à mon extrême regret, exposer mes
résultats acquis avec précipitation. Dans un an, l'étude atteindr.i
sans doute un degré d'acht'\ ement général admissible, et je
regrette à ce point de \ ue ((ue le « Conseil » n'ait pu être ajourât'
jusque-là.
Vous verrez donc qu'au fond, d après ce qui précède, cette
étude est d'ordre plutôt de philosophie physique que de physique
courante. J'émets depuis plus de quarante ans loiMnion que, pour
la reconstitution mentale essentielle de IXnivers actif à laquelle
nous travaillons tous avec con\iction. le dernier mot de suprême
éclairement devra être dit |)ar le philosophe plutôt que par rexj)é-
rimenlateur : dans celte voie, ce ne sera |)bis, en gén<'-r;d.
l'expérience qui devra, par la suite, continuer à pro\oquer le
calcul, c'est le calcul qui devra surtout, dorénavant, pro\0(pier
l'expérience. Je me suis représenté, déjà alors, la méthode |)ure-
menl expérimentale, qui exige le minimum de contention d'esprit,
comme ne devant être qu'un outil transitoire dans 1 histoire de la
science de principes et j'ai pensé que la suprématie, à ce point tle
vue et à un moment donné, reviendrait de droit à la méthode phi-
losophique châtiée, s'appuyant sur la contention de la pensée avant
de s'appuyer sur l'expérience. D'après cela, on aurait donc, dans
la dernière période, involontairement et par nécessité temporaire,
parcouru une voie conduisant à la complexité et même au mysté-
rieux plutôt qu'au simple, et menant ainsi au désintéressement de
l'objectivité des éléments et des causes de leurs niandVslalion>.
Cette voie doit être abandonnée à notre épocpn^, telle est ma
pensée, car le philosophe moderne, qui veut être précis et correc-
tement curieux, c'est-à-cHre exclusivement objecti\ isle, cherche
par le fait à voir l'Univers actif tel qu'il est dans sa réalité et non
Ici (pi'on peut artiliciellemcnl se le représenter dans ses multiples
phénomènes, souvent avec une grande fantaisie.
4 UA TIIÉORIK DU R.VYONXKMENT KT UKS OUANTA.
Ainsi en esl-il, à mon sens, de Ja itiéorie cinélique de la
matière. N'ayant pas préalablement calculé l'énergie dans son
essence même, ainsi que je crois l'avoir fait en j;ravilo-malériali-
lique, on n'a pu mettre au jour lélémeut lout simple qui la
représente excliisi\ ement et (pii est la surface de contact molé-
culaire par unité de volume: et. dès lors, on s'est trouvé dans
loldigation de construire artificiellement un état de la matière,
r état cinétique . (|ui put donner une représentation analytique des
variations de l'énergie d un système.
Il ne peut y avoir de doute |)Our moi que la matière partlculaire
ne possède pas par elle-même du mouvement, qu'elle n'en prend
d'une façon visible, dans certains cas, que pour se désénergétiser
lorsqu'elle est énergétisée a\ec excès. Si, par exemple, les parti-
cules colloïdales qui sont en suspension dans un liquide avaient
le même pouvoir d'absorption que celui-ci. elles ne subiraient
pas, d'après ma conception, la nécessité de se mettre en mouve-
ment brownien, attendu cpielles n'auraient en aucun cas à
écouler un excès d énergie. Il me paraît ainsi vraisemblable,
à première réflexion, «pie, dans un bain approprié, des particules
colloïdales ti"ès peu absorbantes, soumises à l'influence de radia-
lions ne possédant que le minimum d'énergie ou de radiations ne
se transformant pas en chaleur à leur contact, pourraient très
!)ien ne pas se mettre en mouvement brownien, alors qu'elles le
feraient néanmoins dans le cas contraire. Ce fait pourrait sans
doute être vérifié.
Ainsi doit-il en être encore, je |)ense, de l'explication que I un
donne de Forigine de lénergie des corps ladio-actifs, s en-
chaînant d'ailleurs assez bien avec celle que Ion donne du mou-
vement brownien. Il eut été, me semble-l-il. bien plus logicpie.
mais J)eauc()up |)lus laborieux, puiscpi il eut fallu |)Our cela
r<'fonner les vues courantes sur l'organisation de la matière,
d'admettre ([ue les coi-ps radioactifs s'alimentent en énergie dans
le milieu ambiant, idée cpie Curie lui-même avait émise au début
de ses recherches. Sans entrer dans le dtlad pislificatif tie la
«piestion, il me |)araît xraisemblabic, ici encore, (pie, si I on mélan-
AI.LOCUTIOX DE M. SOLVAV. 5
gcail inlimcnient un sel de radium avec une certaine (juanlilé
de chlorure d'argent, la moitié de ce mélange étant emprisonnée
dans du plomb sans vides, et l'autre moitié étant simplement
placée à l'air libre dans l'obscurité et dans les mêmes conditions,
on Iroiiverail que cette dernière partie noircirait le chlorure bien
plus que la première pendant le même temps, ce qui prouverait
le fait de l'alimentation énergétique du radium par le milieu
ambiant.
Je me limite à ces deux cas. Si l'expérimentation me donnait
raison, il serait ainsi confirmé, qu'à notre époque et en fait de
principes, le raisonnement a\anl l'expérience égareini moins
souvent que le laisonnemeal après l'expérience.
J'ai cru, Madame, Messieurs, devoir vous communiquer les vues
cpii précèdent dans la |)ensée qu'elles aideraient à vous éclairer
sur ma vraie situation dans cette réunion, ayant le souci de me
présenter objecti\emenl à vous, c est-à-dire avec la même sincé-
rité que celle qui domine mes investigations scientificjues.
Je suis heureux maintenant de céder ma place à notre éuiinent
président, AJ.Lorenlz.
DISCOURS D'OIVERTLRK DE .M. LORENTZ.
Selon un désir exprimé j)ar M. Solvav. j aurai I lionneur de
présider vos séances et les discussions bien animées, je l'espère,
dont cette salle retentira. J'apprécie hautement la marque de
confiance qui ma été donnée, et j'en profite tout d abord pour
exprimer la joie que j éprouve en vovanl réunis aujourd liui
presque tous les savants auxcpiels M. Solvav a adressé son in\i-
lation. \e désirant rien mieux que de commencer vos travaux,
vous n'attendez pas de moi un loui; discours ])rélinn'naire. Aussi
vous l'épargnerai-je ; mais vous me permettrez cependant île dire
quelques mots sur le l)ut de ce Conseil scientifique et sur les
questions importantes dont nous aurons à nous occuper. .le dis
importantes^ parce quelles touchent aux principes mêmes de la
Mécanique et aux propriétés les plus intimes de la matière. Peut-
être même, espérons qu'il n'en sera pas ainsi, les équations fonda-
mentales de l'Electrodvnamique et nos idées sur la nature de
Téther, s'il est encore jîermis demplover ce mot, se trou\eront-
elles quelque peu compromises.
Les recherches modernes ont fait ressortir de plus en [)lus les
i;raves difficultés qu on rencontre (piand on cherche à se repré-
senter les mouvements des plus petites particules des corps pon-
dérables et la liaison entre ces particules et les phénomènes qui se
produisent dans léther. \ Iheure qu'il est, nous sommes loin de
la pleine satisfaction d'es|)rit (pie la théorie cinéti(pic des gaz,
étendue peu ;i peu aux iluides. aux dissolutions diluées et à des
systèmes d'c'-lectrons, pou\ait donner aux phvsiciens d il y a une
vingtaine ou une dizaine d années. \u lieu de cela, nous avon?i
maintenant le sentiment de nous trouver dans une impasse, les
DiPcouR* ni-: \i. i.oriKNTz. 7
anciennes théories s'étanl montrées de plus en |)liis impuissantes à
percer les ténèbres qui nous entourent de tous côtés.
Dans cet état de choses, la belle hypothèse des éléments
dénergie. émise pour la première fois par M. Planck et ajjpliquée
à de nombreux phénomènes par M. Einstein. M. Nernst et dautres,
a été un précieux trait de lumière. Elle nous a ouvert des perspec-
tives inattendues et même ceux f|ui la reijardent avec une certaine
méfiance doivent recdnnaîlre son im|)ortance et sa iV-condité.
Elle mérite donc bien délre le sujet jirineipal de nos discussions,
et certainement 1 auteur de cette nouvelle iivpothèse et ceux qui
ont contribué à son dé\eloppement méritent que nous leur
rendions un sincère hommage.
Cependant, cette nouvelle idée, si belle quelle soit. soulè\e à
son tour de sérieuses objections. Je ne lui reprocherai pas de nous
mettre en contradiction a\ec les idées sur le mouvement et sur
l'action des forces (jni ont eu cours pendant des siècles : je com-
prends parfaitement que nous tiaxons aucun droit de croire que
dans les théories physiques de l'avenir tout se fera coutoniK-meiit
aux règles de la Mécanique classique. Mais il est hors de doute
(jiie, quels que soient les jjrincipes dont elles se sei'vironl. ces
|)rincipes de\ront être aussi prt'-cis (|ue ceux de la Mécanique
actuelle. Eh bien, c'est cette précision qui me semble faire défaut
encore dans les nouvelles théories, ce qui, du reste, est bien
naturel, vu la difficulté des problèmes dont il s'agit et le caractère
nécessairement provisoire des théoiies.
Au point de vue de la précision, on ne saurait se («uili'iiter
d'admettre qu'un. vibrateur moléculaire, exposé au bombardement
des atomes d'un gaz, ne puisse prendre l'énergie (jue par des
portions finies d'une grandeur déterminée; nous a\ons le dioil
d'exiger qu'on imagine entre les molécules gazeuses et le \ ibraleur
un mode d'action qui conduise à cr. ré'sullat. (-esl de celle
manière seulement qu'on arrixera à établir, soil par des làlonne-
menls patients, soit par quehpie heureuse inspiration, cette nou-
velle Mécanic|ue cjui prendia la place «le I ancienne.
Il esl facile mainlenanl d'escpiisser le programme (pie nous
8 LA THKOKIK DU K.VVONNKMKNT ET I.KS QUANTA.
devrons suivre. Il faudra, d'abord, nous rendre compte bien clai-
remenl des imperfections des théories anciennes en précisant
autant que possible la nature et les causes de leurs défauts.
Ensuite, nous examinerons cette idée des unités d'énergie sous les
diltérentcs formes cjuon lui a données: nous nous occuperons
éi;alement des expositions prudentes et systématiques, et de?
coups de main hardis qu'on a quelquefois tentés. Nous nous eflor-
cerons de distinguer l'accessoire de l'essentiel et de nous faire une
idée aussi nette que possible de la nécessité et du degré de prctba-
bilité des hypothèses. Enfin, nous serions bien heureux si nous
pouvions nous approcher un peu de cette Mécanique future dont
je viens de parler.
(^)uel sera le résultat de ces réunions? Je n'ose le prédire, ne
sachant pas quelles surprises peuvent nous être réservées. Mais,
comme il est prudent de ne pas compter sur les surprises,
j'admettrai comme très probable que nous contribuerons pour
peu de chose au j)rogrès immédiat. En ellel, ce progrès se fait
plutôt par les efforts indi\iduels que par les délibérations de
Congrès ou même de Conseil, et il est fort possible que, tandis
que nous discutons un problème, un penseur isolé, dans quelque
coin reculé du monde, en trouve la solution. Heureusement, il
n v a dans cela rien qui doive nous décourager. Si nous ne par-
venons pas à surmonter les difficultés, nous sei'ons excités et pré-
parés à les attaquer de nouveau, chacun à sa manière, et nous
remporterons d'ici des idées et des vues qui nous seront de la plus
grande utilité.
La nature de nos discussions ne permettra pas de passer aux
voles et de faire prendre des résolutions à une majorité. Cependant,
les concordances et les divergences d opinion sailliront bientôt. .le
ferai tous mes ellorls pour les résumer et je serai bien heureux
s il m est donné- de constater l'accord général sur un i^rand mimbre
de questions.
Et dès ce moment déjà, il v a un sentiment qui nous e>l
commun. C'est le sentiment de \i\e reconnaissance envers
M. Sol\a\, dont la généreuse initiative a pro\oqui'' cette réunion.
DISCOURS DE M. LORENTZ. 9
Nous devons aussi remercier M. Solvav de la pari qu il a bien
\oulu prendre à nos travaux par le Méuioire ( ') (|u"il a eu la
bonté de nous envoyer, et par le discours dans le([uel il vient de
nous en expliquer la portée.
(') Ernest Soi.vay, Sur l'établissement des principes fondamentaux de la
Grainlo-Matérialitiqiie ; Fînixelles, u)ii.
DISCOURS DE M. NERNSÏ.
Madame, Messikuus,
M. Solvay a été hier et aujourcriiui assez aimable pour inen-
lioniier mon rôle dans la constitution de notre Conseil.
•le voudrais rappeler que l'idée de ce Conseil est venue au cours
(Tune conversation que j ai eu I honneur et le |)laisir d'avoir avec
M. Solvay, il y a à peu près seize mois; et certaiuement cette idée
n'aurait pas pris naissance, si je n'avais remarqué lintérét profond
de M. Solvay pour toutes les questions de Science pure, intérêt
(|ue nous avons éi;alement eu l'occasion d aduiirer eu lisant
le Mémoire qui nous a été envoyé par AJ. Solvay.
l*ermettez-uioi de nous dire quelques mots d'un Congrès de
chimistes qui a eu lieu à Carisruhe, il v a presque exactement
un demi-siècle. Ce Congrès était également convoqué pour étudier
une seule question londamentale d'alomistique et je crois qu'il est
le seul ayant un peu de ressemblance avec le nôtre.
Exactement comme aujourd liui, certains problèmes fonda-
mentaux de la Science se lrou\aienl complèlemenl transformés
à la suite d uu examen plus approfoudi, cl il parul indispensable
aux chimistes d'il y a cinquante ans environ. Av modifier la défi-
nition des poids atomiques et d'en constituer un nouveau système
exempt d'arbitraire.
A cette époque on employait pour lepri-sculer l'eau les (li\ erses
formules H-C), HO, H-O-. Ivopp, en Vllemagne, et Cannizzaro,
en Italie, cherchaient à établir une l)ase sure pour les foruiules
chimiques par le choix heureux d'un système de poids alomiipies.
l^rincipalemcnt sur l'initiative de Ki'-kulé. un Congrès com-
DISrOlRS DE M. XERNST. Il
prenant les cent (|uaianle principaux chimistes d'Europe, se réunil
à Carlsrulie, le ) septembre i(S()o, et ses discussions durèrent
plusieurs jours, soil en réunion pléniè're, soit en commissions (').
Nous savons au jcnirdiiui que Gannizzaro, dans son célèbre
Ouvrage, Cours de Chimie théoi'ujue, avait posé les hases exactes
d'une nomenclature, dès i 858. en saj^puyant principalement sur
l'emploi systématique de la loi d'Axogadro. J.e Congrès ne put
cepcndaut pas aboutii- à une com|)réhension couiplète de cet
Ouxrage, et le résultat des réunions a été peu explicite; on se
contenta d'exprimer le vo^u « que des symboles barrés soient
employés pour les atomes dont les j)oids atomitpies seraient
doublés par rapport à ceux employé-s jus(|u'alors ».
Cependant linlluence ultérieure de ce Congrès a (Hé considé-
rable parce qu il a appelé l'attention générale sur ces problèmes,
de sorte que peu après une clarté complète s'était faite.
Notre Congrès se traduira-t-il aussi par la conclusion (jue les
formules tie la théorie des quanta devront être barrées ? Certai-
nement non, car des idées fondamentales et fécondes comme celles
de Planck et d'Einstein, qui doivent ser\ir de bases à nos discus-
sions, peuvent être modifiées et approfondies, mais ne peuvent
certainement pas disparaître.
JNous devons espérer aussi que notre réunion exercera ultérieu-
rement une influence importante sur le développement de la
Physique, et peut-être avons-nous sur le Congrès deCarlsruhe cet
avantage que les tra\aux du Conseil Solvay ont ('lé mieux |)ré-
parés. Les nombreux Rapports (pii sont depuis (juehpic temps
entre nos mains fixeront la direction de nos discussions et nous
empêcheront de nous égarer.
(') loir l'exposé (l<- l-:.-V. Mevor {Joitrn. prukt. Cliemie, t. lA.WIll. i')ii,
p. 1S2).
SUH
L'APPLICATION Al RAYON NEMEM
DU
THÉORÈME DK L'ÉQUIPARTITION DE L'ÉNERGIE:
Par m. H.-A. LOHENÏZ.
I. Parmi les pliénomènes physiques, il n'y en a guère qui soient
plus mystérieux et plus difficiles à déxoller que ceux du rayon-
nement calorifique et lumineux.
11 est vrai que, depuis IvirchholT, on sait que le rapport entre
le pouvoir émissif E et le pouvoir absorbant A dun corps
est indépendant de sa nature spéciale, et que la valeur de ce
rapport ou, ce qui revient au même, Tintensité du rayonnemenl
d'un corps noir, a élé déterminée par de nombreuses recherches
expérimentales. De plus, une heureuse application des principes
de la Thermodynamique a permis, à Boltzmann et à M. ^^' . Wien,
d'arriver à des lois générales importantes, qui ont été pleinement
vérifiées par l'expérience. Mais, malgré tout cela, les idées qui
avaient cours jusque vers la fin du siècle passé ne suffisaient pas à
faire comprendre pourcpioi un morceau de fer, pai- exenqtle. n «'■met
pas de lumière à la température ordinaire.
Si le métal contient des particules qui peuvent vihrei- a\ec une
fréquence déterminée par leui' nature, counnent se fail-ii que ces
vibrateurs restent entièrement muets tant qu'on n'a pas atteint une
tem[)érature suffisamment élevée? El si, au lieu de se figurer de
tels vibrateurs, on préfère penser à des mouvements irréguliers
dans la matière, |)roduisant dans Téther un pareil état, que nous
décomposons en vibrations harmoniques par un procédé arbitraire
et artificiel, comment couq)rendre alors cjue, dans cette décom|)o-
sition, les hautes fréquences disparaissent complètement (piand
tlAVONXKMEM' Kl' TIIÉOKÈAJE I>K 1. KQUI PARTITION DE l'k.M:IU;I1:. i3
li-ucrgie totale diminue? On ne peut pas admettre tpril n'y ail
aucune connexion entre les ondes lumineuses et les pliénomènes
(|ui se passent à Tintérieur d'un corps froid, car, après tout, le corps
((bsorbe de la lumière quoi qu'il n'en émette pas. Il faudra donc
inventer un mécanisme qui permette le passage d'énergie sous
forme de vibrations rapides, de l'étlier à la matière pondérable,
mais qui exclue le passage dans la direction opposée.
Ce sont des questions de ce genre, auxquelles iVJ. Planck. a trouvé
une réponse par sa remarquable hypothèse des éléments d'énergie^
hypothèse qui a trouvé des vérifications inattendues et qui mérite
bien d'être le sujet principal de nos discussions. Avant d'y entrer,
il conviendra cependant de nous rendre compte bien clairement
de l'insuffisance des anciennes théories. C'est ce que je tâcherai
de faire eu précisant un peu les difficultés que je viens de signaler
en termes généraux.
!2. Corisidéions une enceinte (jui est parfaitement rélléchissante
du côté intérieur et qui entoure un corps pondérable quelconque
maintenu à une tenq^éraiure déterminée T. le reste de l'espace
étant occupé par l'éther. Entre ce milieu et le corps, il s établira
un état d'écjuilibre caractérisé par la quantité d'énergie qui se
trouve dans l'unité de volume de l'éther et par la distrd)iilion (h^
cette énergie entre les diflV'rentes longueurs d'onde. Désignons par
.?(}., T). /À,
l'énergie du rayonnement par unité de volume pour autant qu'elle
appartient aux rayons dont la longueur d'onde est conq)rise entre
A et A H- cVl. Selon la loi de Rircliholï', la fonction F sera indépen-
dante de la nature spéciale du corps pondérable, et d'après les lois
de Holtzmann et de \Yien, elle peut être mise sous la forme
(i) -T( X, T ) = — 9( aT ),
où il n"v a |)lus (piune fonction à une seule variable, sa\oir le
produit A T.
Or, comme Lord Rayleigh (') l'a reconnu le premier, on peut
(') Lord Haylkiuh. /{e/nar/.s upon l/ie f(nv of complète rculiation {l'Itil.
Mag., 'y série, t. XLIX, n)oo, p. 'iSg).
l4 T.A THÉORIE Dt UAYOXNEME.NT ET LES QUANTA.
clclciininer la forme de cette fonction en appliquant à létlier et à la
matière pondérable le tliéortuie de Téquipartilion de l'énergie qui
joue un rôle si considérable dans les théories moléculaires. On
peut renoncer comme il suit. Si deux corps ou systèmes, qui
peuvent échanger entre eux de la chaleur, sont de telle nature que,
pour chacun deux, l'énergie cinétique intérieure peut être rej^ré-
sentée par une somme
où les grandeurs q sont des vitesses dans le sens de Lagrange, dont
le nomlire est égal à celui des degrés de liberté, alors l'équilibre
thermique, c'est-à-dire l'égalité de température des deux systèmes,
exige que leurs énergies cinétiques soient proportionnelles aux
nombres de leurs degrés de liberté. On j)eut dire aussi qu'en
moyenne, les systèmes auront pour chaque degré de liberté la
même quantité d'énergie cinétique, quantité qu'on peut déter-
miner en considérant un cas simple, celui, par exemple, d'un gaz
monoatomique.
Ecrivons, avec M. Planck, -/. T pour l'énergie cinétique moyenne
d'une molécule gazeuse à la tenqiérature T: nous devons alors
attribuera chaque degré de liberté l'énergie cinétique -AT.
3. La méthode est surtout remarquable parce quelle est indé-
pendante des propriétés spéciales des systèmes et de la manière
dont s'opèrent les échanges de chaleur. Ainsi, si Ton veut l'appli-
quer à l'éther contenu dans l'enceinle dont nous avons parlé, il
n'est même pas nécessaire de s'y figurer un corps pondérable: on
peut considérer l'espace intérieur comme vide de toute matière.
Cela posé, on cherchera les différents étals élémentaires dans
lesquels tous les champs électromagnétiques possildes peux enl èlr«^
décomposés. Chacun de ces états, qui ne sont autre chose que des
systèmes d'ondes slationnaires à fréquences déterminées, cor-
respond à un degré de liberté, et aura, en moyenne, une énergie
cineliciue -Al.
■)
Bien enlendu, on ne lrou\e pas ainsi Tt-nergie toUilo du ravou-
nemenl noir, l-^ii clTel, celle-ci se compose de deux parties, l'énergie
UAVON.NKMKNT ET TlIKOItKAf K DE L K(Jl I l'ARïn lOX [)E I. ÉNERGIE. 1)
électrique et l'énergie maii;né tique, et Tane des deux correspond à
Ténerî^ie cinétique d'un système mécanique. Comme, dans le
rayonnement, les deux énergies sont égales entre elles, il faudra
mettre comme énergie totale pour chaque degré de liberté /.T.
Pour simplifier, on peut donner à l'enceinte la forme d'un
parallélipipède rectangulaire. Si les longueurs des arêtes sont
/, g, A, on trouve pour le nombre des systèmes d'ondes staùonnaires
dont la longueur donde est comprise entre les limites ). et A 4- dj-
On en déduil, |>our lénergie du rayonnement propre à linter-
valle r/A,
8 -AT
A* •'
et pour la fonction cliercliée
A*
C'est la formule que i^ord Kayleigh a trouvée et qui a étt- déduite
de nouveau et amplement discutée par M. Jeans (').
4. On reconnaît facilement que le résultat trouvi- nous ferait
attendre des phénomènes bien diflerenls de ceux qu'on observe.
En efi'et, si, pour calculer l'énergie totale du rayonnement noir,
on prend linlégrale
^.f(A, T)f//..
.h
entre les limites /. = o et >> ^ x, on trouv e une \ aleiir infinie. Cela
signifie que. piuir donner une (Mévalum de Icuipératurç finie à un
système contenant de létlier. il faudrait lui communiquer une
quantité de chaleur infiniment grande. On peut dire aussi que.
(') J.-H. .Ikaxs. On tlie parlitioii of e/ierg}- Oclween nialter and aetlier
{Phil. Mag., C)' série, l. \. 190.'), p. 91) ; Teniperaliire radiation and the par-
tition of energy in continuons média [Ibid., <)° série, l. Wll, 1909, p. .!!9) :
The motion of électrons in solids ( Ibid., (i" série, l. Wll. 11)1)9. p. 77 > et t. X\ III.
1909, p. 209).
I() LA TIIKORIK DL RAVO.NXEMKXT ET LES QLA.NTA.
dans un svslènie composé de matière et dVther. l'énergie finira
toujours par s'accumuler entièrement dans l'éther. où elle se
trouvera sous la forme d'ondes de longueur extrêmement petite.
Ce sont là, d'ailleurs, des conséquences inévitables du théorème de
l'équipartition, si on l'applique à deux systèmes dont lun a, grâce
à sa parfaite continuité, un nombre infini de degrés de liberté,
tandis que ce nombre est fini pour la matière pondérable à cause
de sa structure moléculaire. On serait conduit à une conclusion
analogue si Ton considérait le partage de l'énergie entre un système
de molécules et un fluide ou corps élastique remplissant l'espace
sans aucune discontinuité.
N'oublions pas de mentionner que la formule se vérifie dune
manière 1res satisfaisante pour les grandes longueurs d'onde ( les
lavons de l'infra-rouge extrême) et que c'est pour les vibrations
rapides qu'elle est en défaut, le désaccord avec l'expérience s'ac-
centuant de plus en plus à mesure que ). diminue. I.es consé-
(juences absolument inadmissibles dont je viens de jiarler pro-
\iennent de ce que l'intégration a été étendue à partir de a= o.
Du reste, le désaccord commence déjà pour des rayons qu'on
peut facilement observer. On doit regarder comme un des résultats
les plus importants de l'observation que. pour une température
déterminée, la fonction -"^(a, T) passe par un maximum pour
une certaine \aleur de la longueur d Onde, ^)r, la formule n en
montre rien.
Remarquons aussi qu'il ne peut être question de la projjortion-
nalité, pour une longueur d'onde déterminée, de l'intensité du
rayonnement noir avec la température. Si elle existait, il faudrait
qu'un corps noir, qui brille très vivement à la température de
1200° C, fût encore visible dans l'obscurité à i^'C, la température
absolue étant, dans ce dernier cas. einiroii la cinquième partie de
ce qu'elle est à i>.oo". Il devrait en être de même de chaque corps
qui n'est pas fort transparent, l ne placjue d'argent polie, par
e\fin|)le. qui à 1 5" G. a un pouvoir absorbant jiour la lumière de
près de j^, de\rait luire avec un éclat égal au cinquantième de
celui qu'on observe chez un corps noir à 1200". Evidemment, si
' 1 on \eul attribuer à la plaque une certaine émission, elle doit être
des milliers de fois plus faible. Nous nous retrouvons toujours
devant cette énigme : pour(|uoi un corps froid, tout en pouvant
«AVONNEMENT ET THÉORÈME DE L ÉQLIPARTITION DE LÉNERGIE. 17
absorber les vibralions lumineuses qui lui viennent du dehors,
n*éniet-il [);is la moindre Irace de lumière?
0. ^ a-t-il moyen d'échapper, soil au ihcorènie de l'équiparli-
tion en général, soil à son application au problème qui nous
occupe ?()uant à la |)remière question, il faut se rappeler que la
démonstration du théorème est basée sur des considérations de
probabilité ; on regarde l'état qui se réalise dans un système composé
d'innombrables particules comme l'état le plus probable. Cela
exige que, dans les raisonnements, on ne se borne pas à un seul
état, mais qu'on fasse intervenir un grand nond)re d'états plus ou
moins diflérent-;. ( )n peut, par exemple, mesurer la probabilité des
états qui, dans le cours des mouvements intérieurs, se succèdent
dans un système, par les intervalles de temps pendant les(piels ils
existent. Des écarts tant soit peu considérables de l'état le [)lus
probable sont limités à des intervalles tellement courts qu'ils
deviennent inaccessibles à l'observation, et toutes nos expériences
et mesures ne nous font connaître que cet état le plus probable qui
existe pendant la p!'cs(jut' totalité du tem[)s.
Une autre méthode consiste à considérer un grand nombre ou
assemblage de systèmes, qui sont des copies les unes des autres,
mais qui. à un moment déterminé, se trouvent dans des phases
bien différentes. De tels ensembles peuvent être conçus de plusieurs
façons, quoiqu'on doive s'imposer cette restriction qu'au point de
vue statistique l'état de l'ensemble soit stationnaire. Après avoir
fait le choix, on mesure la probabilité d'un (Hat quelconque par le
nombre de fois qu'il se trouve parmi les systèmes de l'ensemble,
et l'on admet que nos observations sur un corps réel nous font
connaître l'état qui, dans l'ensemble, se montre le plus frc-quem-
nient.
Ici encore, des é-carts un [)eu considérables se monlrcnl très
rarement. C est pour cette raison que, pour les grandeurs mesu-
rables qui se rapportent au système le plus probable, on peut aussi
substituer les moyennes des valeurs qui se trouvent dans I en-
semble.
Enumérons brièvemeiit quehjues ensembles qu on a imaginés.
D'abord, on peut se figurer un nombre de systèmes qui, à un même
instant, reproduisent tous les états qui se succèdent dans le cours
L. ET DE B. 2
i8 i.A TiiiiouiE ui iiavonm:.mi:>t et i.ks quanta.
du temps dans un système réel. La considération d'un tel assem-
blage sera <'f[iii\alentc à Tt-tude de la probabilil('* de ces étals
successifs.
En second lieu, on peut introduire un ensemble de 1 espèce que
Boltzmann a désignée comme ergodiqiie et Gibbs comme micro-
canonique. C'est un ensemble beaucoup plus vaste que le précé-
dent; il embrasse tous les états qui sont compatibles avec une
valeur donnée de l'énergie totale. Enfin, il v a les ensembles cano-
niques inventés par Gibbs. Dans ceux-ci, on admet, même pour
1 énergie, toutes les valeurs imaginables. Seulement, ces valeurs
sont distribuées sur les systèmes de lassemblai^e suivant une cer-
taine loi qui a été choisie de telle façon (jue, dans la grande majorité
des systèmes, l'énergie puisse être considérée comme de la même
grandeur. Il en résulte qu'en fin de compte un ensemble canonique
est équivalent à un ensemble micro-canonique.
Ces différentes manières d'appliquer les méthodes du calcul des
probabilités donnent lieu à nombre de questions intéressantes, sur
lesquelles je ne puis métendre ici. On ne saurait nier, àcequil me
semble, que leur emploi n implique toujours un élément d incerti-
tude, l'identité de l'état que Ion considère comme le plus probable
avec l'étal réel ne pouvant guère être démontrée avec une rigueur
entièrement satisfaisante. Sans doute, on pourrait avoir plus de
confiance dans les résultats, si 1 on pouvait v arriver au moven du
théorème H de Boltzmann, je veux dire si 1 on pouvait introduire
dans chaque cas une grandeur analogue à la fonction H île ce
savant, et démontrer que, dans un seul et iruMue système, cette
grandeur va nécessairement en diminuant jusqu'à une certaine
limite qui caractérise l'état d'équilibre.
Malheureusement, ce n'est que dans les cas très simples, tel que
celui d'un mélange gazeux, que cette voie à une démonstration du
théorème de l'équipartition nous est ouverte, et, en général, on
devra avoir recours aux méthodes un peu moins sûres que je \iens
(I imliquer. En paiiaul de leur emploi, je n ai j)as voulu perdre de
\ ue une certaine réserve, mais, d'un autre côté, il importe de ne
pas exagérer la prudence. Il est toujours permis d'espérer qu'on
pourra é-branler le théorème de l'équipartition par une critique
de la démonstration (pi on en donne, mais je crois que c'est là un
espoir bien faible et (pie, dans la mécanique statistique, les méthodes
HAVONNEMENT ET THÉOIlÈjIE DE l'ÉuUII'ARTITIOX DE LENEIIGIE. I9
ilii calcul des probabilités conduisent à des conséquences qui sont
elles-mêmes très probables. Aussi me servirai-je de ces méthodes
sans trop de scrupules.
C'est celle des ensembles canoniques qui nous conduira au but
le plus rapidement.
G. Tous les physiciens savent ce qu'on entend par un ensemble
canonique. Mous désignerons par ,y,, q^, ... les coordonnées,
dans le sens de La^range, qui déterminent la position et la confi-
guration d'un système, par q^. q-,, ... les vitesses, et par/?,,/?^' • • •
les moments correspondants, enfin par è' l'énergie totale. Chaque
système peut être représenté par vin point dans un espace poly-
dimensionnel, dans lequel les grandeurs q^^ q.^ />,. p.y. ...
sont prises pour coordonnées; pour abréger, on peut dire que le
système se trouve au point (^,, q-,., . . .. p,, p.^. . . .) de cet esj)ace.
Soit <ifT un élémeul de l'extension (^y,, q.^, .... />i,/>o. ...). On
aura un ensemble canonique si le nombre des SASlèmes qui se
trouvent dans un tel élément est donné par
ô
(3) Ce •=> c/t,
où C et (-) sont des constantes. La dernière, le module de l'en-
semlde. jouera le rôle de la température.
La propriété de l'ensemble d être stationnaire au j)oinl de \ ne
statisticpie peut être démonti'ée au moyen du théorème de Liouvillc :
Si les systèmes qui se trouvent à un eerlain moment t dans
un élément d-z de l'espace (^j, //^ />, . p-^ . . . ). occupent Vêle-
ment d~ à un instant postérieur, on aura
(4) a-.'=d-.
Ce théorème, à son tour, est une conséquence des équations du
mouvement dans la forme que Hamillon leur a donnée, cl ainsi
les résultats auxquels on arrive [)ar la consid(''ralion d un cnseud)lc
canonique, reposent, en fin de compte, sur l'hypothèse que, quels
que soient les phénomènes qui se passent dans le système étudié,
les équations de Hamilton y soient applicables.
7. IVous allons examiner maintenant si, ellecliN emenl. on pcul
20 L\ THÉORIE DU RAYONNEMENT ET LES QUANTA.
construire un ensemble canonique stationnaire avec un syslème
composé de matière et d'éther. et entouré d'une enveloppe que
nous supposerons parfaitement conductrice et. par conséquent,
parfaitement réfléchissante.
On peut remarquer en premier lieu (|ue. pour cela, il nest pas
du tout nécessaire de donner une explication mécanique des phé-
nomènes électromagnétiques. Il suffira que les équations qui déter-
minent ces phénomènes paissent être écrites dans la forme des
équations de Hamilton.
Figurons-nous que la matière pondérable contienne des électrons
mobiles et prenons pour point de départ les équations fondamen-
tales (')
(5) () P.. , d X)y , dD, ^^
^ ^ dx ' <iy ' oz '
dU, dU, _ >
^'^ -d^ ^- c^"'
^ ' dy dz c dt ^ ' ' '
dans lesquelles c représente la vitesse de la lumière, c la densité de
la charge d'un électron, D le déplacement diélectrique et en même
temps (grâce au choix des unités) la force électrique, H la force
magnétique et C le courant électrique. Ce dernier se compose du
courant de déplacement D et du courant de convection. pour
lequel on peut écrire ot', si v est la vitesse d'un point dun élec-
tron. A ces équations, il faut joindre les conditions qu en chaque
point de la paroi le vecteur D doit être normal et le vecteur II
parallèle à sa surface (je suppose que les électrons natteignenl
pas la paroi, de sorte qu'on y a o = o).
(Kiant aux lorces exercées par le ciiam|) électromagnéticpie sur
les électrons, leurs composantes par unité' de cliarge sont données
par les expressions
(9) D^+i(tvH,-r,-H,)
(') M. Loientz emploie dans ce rapport le syslème ralionnel d'unités qu'il a
proposé.
KAVONNEMENT ET THÉORÈME DE l'ÉQUPARTITION DE LÉNEIU.IE. 21
l*.u- lin calcul un peu compliqur, mais qui n'oflre aucune diffi-
culté, ou (Irduit de ce qui précède réquation sui\ante qui exprime
un principe analogue à celui de Hamillon :
\f"'^
Ici, lénergie électrifjue est représenlée par V. lénergie magné-
tique par "^ ( '). elle signe de variation o se rapporte au passage
d'un état de choses réel à un état fictif que je nommerai Vétat ou
le mouvement varié, et que nous précisons comme il suit. A partir
de l'étal rt'-el qui existe à un moment quelconque t, nous donnons
des déplacements infiniment petits aux électrons et des change-
ments infiniment petits aux composantes Dj-, D^, D-, tels que
chaque élément de \olume dun électron conserve sa charge, cjue
l'équation (5) ne cesse pas d'être vraie et que D reste normal à la
paroi. Ces déplacements et variations peuvent être des fonctions
continues quelconques du temps; quand ils ont été choisis comme
telles, nous connaissons pour chaque instant la position variée des
électrons et le champ électrique varié dans l'iHlier. Le mouvement
varié n est autre chose que la succession des états variés, et les
nouvelles vitesses des électrons, les valeurs de
et les arandeurs
qu'on peut appeler les composantes du courant varié, se trouvent
complètement définies.
Entendons ensuite par H le vecteur détermin('- |)ai' les ('{[na-
tions ('()) et (7) avec la condition d'être tangentiel à la paroi (-) et
calculons la valeur de -'^ pour les deux mouvements par la formule
(.1) y = iyH-^./s,
(') Jo m'écarte de la notation usuelle (T pour rénergic cinétique ou magné-
tique, J^ pour la fonction de Lagrange) parce que le symbole ï est déjà employé
pour la lemj)ératuro.
(-) Il existe toujours un seul vecteur qui a ces propriétés.
d\},. aD,
fJD-
dt ' Ot '
lit
à Dr
dt '^ •"
22 LA THÉORIE DU nAYOXXEMEM ET LES QUANTA.
OÙ d^ est un élément de volume : nous aurons alors la valeur
de of. Pareillement, nous obtiendrons o'O en prenant pour les deux
mouvements lintésrale
c
(12) U
-J '>'-'"
On peut démontrer maintenant que l'équation ( lo ) est toujours
vraie, pourvu que les déplacements des électrons et les variations
de D s'annulent aux instants fixes, arbitrairement choisis /, et ^o-
Jusqu'ici nous n'avons parlé ni des particules sans charge, ni
des actions non électromagnétiques. On en tiendra compte en
comprenant sous le symbole 19 l'énergie potentielle correspondant
à ces actions, et sous J^ l'énergie cinétique des molécules ou
atomes. Si nous voulons attribuer aux particules chargées une
certaine masse matérielle, J^ devra contenir également l'énergie
cinétique qui est propre à cette masse.
8. Pour passer de l'équation générale (lo ) à des formules qui
ont la forme des équations de Hamilton, il est nécessaire d'intro-
duire un système de coordonnées q^ propre à définir la position
des particules de différentes espèces et le champ électrique dans
l'éther.
Choisissons d'abord un nombre de coordonnées, que j appellerai
toutes ^,, qui déterminent les positions des particules non chargées,
et un système de grandeurs q-i qui fixent la position des électrons.
Cela fait, il nous reste à choisir les coordonnées pour le champ
électrique dans l'éther. Or, quel que soit ce champ, on peut
toujours le décomposer en deux parties superposées, dont la
première est le champ qui existerait si les électrons se trouvaient
en repos dans les positions indiquées par les coordonnées q.^^
tandis que la seconde satisfait partout à la relation
(i3) c)Dx , ()Dv , '^Dç ^p
ôx oy ' ôz '
cbacune des deux parties remplissant les conditions aux ])arois.
La première partie est entièrement déterminée par les coordonnées
q2, et si Ton donne à l'enceinte la forme d'un parallélipipède rec-
angulaire, le théorème de Fourier nous permet d'écrire pour la
i
nAVONNKMI'M ET TIIÉOKKME DE LKQL IPAR TITIOX DE LKXERGIE.
seconde partie
II-
Dx= -(y.jx -;- 7'., a') ces —^x sin — ^ y sin —^ z.
t .i' -^ h
("u'j <( Dv = -•''/a '^ -!- 73 3') sin — ^a^cos— ^ y sin — ^ j,
j " ■ ' ./ .A' /'
f r. V, / ,,.;/- .1- ir-
I L>; = Kf^T;) Y -t- (/.,-; ) sin— r-.r sin — ycos-y— j.
Ici, on a pris pour axes des coordonnées trois arêtes du parallé-
lipipède, el Fon a de nouveau représenti'- par /', :?•. h les lougueiii-s
des arêtes. Les coefficients u. k\ ir sont des noiiihres entiers el
|>ositifs, et pour chaque svstènie de leurs valeurs, on a introduit
deux directions déterminées par les cosinus a, j. y, a', 3', v', ces
directions étant arbitrairement choisies, à la condition cependant
d'être perpendiculaires entre elles et à celle (pii c-t ilf'tcrminée
U V W ,, , , , , Il
par 7' T' 7"* IJe P'"^'^? pour charnie système 1 //, c. iv), il y a deux
j ^ Il
coeflicients q,^ el q.^\ enfin, les sommes doivent être étendues à
toutes les combinaisons possibles des u^ r, (X". Ce sont les gran-
deurs (/.(, ^,,. indiquées dans la suite par le seul -\iiiIik1c y;,, (pu
seront les coordonnées pour rélher.
Les deux états élémentaires, qui correspondent à un système de
valeurs II, t', (ï", peuvent être appelés conjugués. Ils ont chacun
une longueur d'onde
(i5) À = —===.
/tt.
ir-
7^
9. C(jmme les grandeurs y,, yo, y^. (li'U'i'inincnl la |iosiliuii de
toutes les particules et le champ éleclricpic dans r('lhcr. l'énergie
électrique et potentielle t) peut être exprinu'e en (onction de ces
coordonnées. Dun autre côté, on voit facilemeut que les vitesses
Vu Vil 7.1 nous font connaître le mouvement des j)articules et le
courant électrique en clnupie |)onit de res|)ace. c est-à-diic les
grandeurs dont dépend Ic-nergie magnétique et cinétique '^. l*ar
un calcul quil serait trop long de répéter ici, je trouve
(16) x)==X},^ '^fghlql.
•24 I.A TIIKOHIE 1)1 RWONNEMENT l'ï LliS QUANTA.
^Oo étant une fonrtiou des coordonnées y,. 70 el
(<7) ^: =-- -Co + (3^^ 2:À2^1-(-2^'V'/^'^/37.
'7
OÙ J'o est une fonction homogène du second degré des \ilesses 7,,
q.2- Le dernier terme de -(^contient tons les produits d'un 70 par
un 73, chaque produit étant multiplié par un coefficient qui est
une fonction des coordonnées de l'électron auquel se rajjporle ^j-,,.
En supposant que les électrons sont des sphères de ravon R portant
une charge superficielle e, el en désignant par 7;,^, 7(0 , 7(3) les
cooi'données i^ectangulaires du centre d'une de ces particules, je
trouve pour le coefficient /(i^y correspondant à la première de ces
coordonnées et à un r/^j quelconque
(18) /(,)y = ^—7^^ sin -— cos -^ 7ii) s'n — 7,2) sui — 7,3,.
Comme ',' est une fonction homooène du second deoré des
vitesses 7, tandis que V dépend seulement des coordonnées, il y
a une étroite analogie avec les énergies cinétique et potentielle des
systèmes que l'on considère en mécanique. Seulement, ces derniers
ont ordinairement un nombre fini de coordonnées, tandis que le
système dont nous nous occupons maintenant en a une infinité.
Pour éviter les difficultés <pii en pourraient résulter, j imaginerai
que, par l'introduction de nouvelles liaisons, tous les champs élec-
triques représentes par les formules (i4) pour lesquels la longueur
d'onde serait inférieure à une certaine limite Aq, soient exclus (' ).
Sur le système fictif S qu'on obtient de cette manière, on peut
raisonner exactement comme on le fait sur les svstèmes mécaniques,
et l'on cherchera à se former une idée de ce qui se j^asse dans le
(') Si l'on veut exclure un cliaiup éléuientaiic A correspondanl à des valeurs
déterminées de u, v, h-, a, !ï, y, il sufdl d'imposer au déplacement diélectrique
la condition
, , fl' p, "~ i'~ . (Vr .,^ l/T. l'T ir-
(iq) / aD C0S-— xsin — TSin -r— ;: 4- > D, sin — r-jcos- — Tsin—— c
.' \ ./ S ' ''■ ■ S ?; ' /'
.^ . ur. . {.'- t\- \ ,,
+ "/U.sin — - ,r siu — r cos — ;— ; a-> = o.
./ g ' Il '
V.n effet, tons les champs élémentaires déterminés par les coordonnées ^„ satis-
font à cette équation, et il en est de nu-me, aussi bien du champ (/^ conjugué
avec A que de tous les autres champs q ,. L'élat A est le seul qui ne remplisse
pas la condition et qui se trouve ainsi exclu.
nAVONXKMENT ET TIIKORÈ.ME DE l/ÉQUlPARTlTION DE l/ÉNERGIE. 2J
syslènio réel en examinant ce que deviennent à la limite Aq = o les
résultats obtenus pour le sAstème fictif (').
10. Imi premier lieu, l'équation générale (lo) conduit maintenant
pour le système S aux équations de Lagrange
< 20 ) — -^ = -L^
dt \ (Iq I (iq
Après y avoir introduit les valeurs (16) et ( i"), on peut passer à
la limite Ao=t'. On arrive ainsi à des formules qui déterminent,
dune part le chanij) électromagnétique provenant du mou\ement
des électrons, et, d'autre part, lintluence du champ électro-magné-
tique sur ce mouvement même.
En second lieu, on peut, toujours pour le système fictif S, intro-
duire, au lieu des vitesses 7, les moments/) correspondants, définis
par
or dC
(2') P = T^ = ~r'
"'I ^'/
si vL' est 1 énergie totale '^-r- V\
En considérant J^et ^L" comme des fonctions des coordonnées et
moments, on arrive aux équatinns de Hamilton
^ ' ' Oq
II va sans dire qu'il est bien clifdcile de se représenter !a nature des liaisons
requises. Cependant, on peut remarquer que, d'après l'équation (19), elles s'ex-
priment par des relations tiomogènes et linéaires entre les composantes du dépla-
cement diélectrique en diiTérents points de l'espace.
(') Il faut remarquer qu'en se bornant aux états pour lesquels ). > \, on se
met dans l'impossibilité de pénétrer tous les détails des phénomènes. On sait, par
exemple, que le champ électrique qui entoure un électron se mouvant avec la
vitesse c, didére du champ électrostatique d'une manière sensible, quand les
termes de l'ordre — ne peuvent pas être nésli^és.
c- ' "
Or le cluimp accessoire (ju'il faut superposer an champ électrostatique pour
avoir l'état réel, rentre dans notre analyse dans les formules (i4) et il est clair
que. pour le représenter exactement, il faut aller jusqu'aux termes pour lesquels
la longueur d'onde est inférieure au rayon R de l'électron.
Par conséquent, si l'on prend ).„ beaucoup plus grand que \\, cela implique (|u'on
néglige le champ accessoire dont je viens de parler, ce qui n'est permis que pour
des vitesses petites par rapport à c. V.n réalité, cette condition se trouve remplie.
Remarquons cependant qu'on peut [U'cndre pour a^ une longueur quelcon(]uo si
petite qu'on voudra.
26 LA THÉORIE DV RAYONNEMENT ET LES QUANTA.
Conjointement avec (21), elles nous conduisent au théorème de
Liouville, et il n"v a donc aucune objection à former avec lesvstème
ficlif" S un ensemble canonique slationnaire.
1 1. Parmi les propriétés d'un tel ensemble, il y en a une qui est
dun intérêt spécial pour notre but. Supposons qu'une des coor-
données y, ou un des moments p n entre dans l'expression
de l'énergie «1' que dans un seul tei'me de la forme ciff- ou ///>-.
On démontre alors que la valeur moyenne de la partie de
l'énergie qui est indiquée par ce terme, c'est-à-dire de la partie de
l'énergie qui correspond à l'ordonnée ou au moment en question,
est donnée par la moitié du module H.
Ce résultat s'applique à quelques-unes des variables que nous
avons à considérer. P^n premier lieu, si m est la masse d'une par-
ticule non chargée, disons d'un atome ou molécule d'un corps 011
placé dans l'enceinte, et q^ une des coordonnées rectangulaires
du centre de gravité de celte particule, l'énergie "^ contient le
terme - m <]'\ ou -^> si p^ est le moment qui correspond à la coor-
donnée ^y,. Evidemment, ce moment ne se retrouve dans aucun
autre terme de J^; la valeur movenne dans 1 ensemble canonique
de la partie de -'^ qui lui correspond est - H. et l'on trouve - (-) pour
la valeur moyenne de l'énergie due au mouvement du centre de
gravité de la molécule. En effet, on peut répéter le raisonnement
j)récédent, en entendant par q^ la deuxième ou la troisième coor-
donnée de ce point. Fixons maintenant noire attention sur un
noml)reux groupe de molécules égales contenues dans le corps OH. ;
soit V le nombre de ces molécules. L'énergie totale qu'elles ]>os-
sèdent en ^ertu du nuunementde leurs centres de graMlé. auia
dans 1 enseml)le canonique la valeur movenne -v(->. t-l il faudra
lui attribuer la même \aleur dans le coips réel ^\L.
Mais nous savons déjà que 1 énergie en question est égale
à /,• V T . 1 1 fa 1 1 1 d o ne q uc
(•i3) e = /.T.
En second lieu, chaque coordonnée q,', de lélhcr ne se montre
KWONNK.MEM- ET TIIKORÛ.ME DE LEQl IPAItTITIOX DE LÉXERGIE. 27
<jue diin^ un seul terme
de lexpression pour lénergie électrique.
Nous en concluons que, dans l'ensemble canonique, l'énergie
qui appartient à une seule coordonnée q^ est donnée, en movenne,
par
Nous nous trouvons donc ramenés au théorème de léquijjarli-
tion. quoique la forme soit un peu différente de celle sous laquelle
il a été présenté au paragraphe ï2. In dernier pas dans le raison-
nement nous conduira de nouveau à la formule de Lord Kavieigh.
En effet, comme le nombre des états élémentaires q^ ])0ur lesquels
la longueur d'onde est comprise entre /, et /. — dh. est ('-gai à
on trouve
pour l'énergie électrique moyenne dans les systèmes de Tensemble
canonique, en tant que cette énergie appartient à rinter\alle
(A, À -i- <:/),). L'énergie doit avoir cette même \aleur pour le système
que nous étudions, ce qui donne
jiour l'unité de volume. Remarquons enfin ({ue, dans l'élher qui
entoure le corps Oit, l'énergie magnétupie est égale à 1 énergie
électrique et nous voyons qu'il faut doubler la \;deur lrou\ée el
cjue la fonction /i^ doit avoir la forme que lui assigne 1 écpiation {12).
Il importe de remarquer que celte démonstration de la formule
de Rayleigh est tout à fait générale. Elle embrasse tous les modes
de mouvement des électrons, translations cl rolatit)ns, el toutes les
actions qui s'exercent enlre ces particules el la matière : nous
n'a\ons pas eu à distinguer les électrons libres et ceux qui \ibrcnl
autour d'une position (rt'quilibrc. l'.uliii. bicu cpie ce suit d une
28 I-A THEORIE Dl KAVONNEMENT ET LES Ql ANTA.
manière implicite, il a été tenu compte de l'influence du rayonne-
ment sur le mouvement des électrons et de la modification que ces
particules produisent dans les rayons par une espèce de diffraction
et qui peut être accompagnée d'un changement dans la fréquence
confoi'me au principe de Doppler, si les électrons ont un mouve-
ment de translation.
12. 11 est intéressant de calculer encore, pour Tensemble cano-
nique considéré, la ^aleur movenne de la vitesse de translation c
d'un électron. A cet eft'et. il faut remarquer que les composantes
de cette vitesse entrent dans l'expression (i-) pour (^ de trois
manières différentes. 11 y a d'abord une partie J^,, qui est une
fonction homogène du second degré des trois composantes de c.
Lue deuxième partie .^^2 contient les produits de ces trois gran-
deurs avec les vitesses des autres électrons. Enfin, il faut tenir
compte de ceux parmi les termes de la dernière somme en (17)
qui se rapportent à l'électron qu'on considère.
Supposons que la distance de cette particule à celui des autres
électrons qui en est le plus rapproché, ainsi que la plus petite
distance à la paroi soit beaucoup plus grande que le diamètre 2R.
Dans ces circonstances, on peut négliger '^2? et l'on peut prendre
l>our '^,
I
- inv-.
1
où
(24)
(i-cMl
est la masse électromagnétique de l'électron (pour de petites
vitesses). C'est cette énergie -nu- (pion peut appeler l'énergie
cinétique de la particule.
La valeur moyenne cherchée est donnée par
/-
^ d-.
(^5)
f,'"^ d-.
où les intéirrations doivent être étendues à toute 1 extension de
RAYONNEMENT ET THÉORÈME DE LÉQLIPARTITION DE l"ÉNER(.IE. ig
rcnseinble canonicjue. En les effectuant, je trouve
(5(6) - /«'(■■- — - /. T.
le facteur ni' étant déterminé par
Si Ion suppose maintenant que la limite inférieure A,, ^'cs lon-
gueurs d'onde (§ 9) est beaucoup plus grande que le diamètre d'un
,1 1 . 2-R o-R p. III-
électron, on peut remplacer sin^ — par —. — l^ar cela, le dernier
terme devient
IJ-C^Ao
ce qui est très petit par rapport à /n. On peut donc négliger celte
grandeur, de sorte quon a m' = m el, au lieu de (26)
(28) -/n^=-/.T.
Cela nous apprend que, lorsqu'on peut faire abstraction des ondes
de longueur extrêmement petite, l'énergie cinétique movenne
d'un électron est égale à celle d'une molécule.
Le résultat devient tout autre si la longueur d'onde *Ao est com-
parable aux dimensions d'un électron ou leur est même inférieure.
A la limite Ao=o, le dernier terme de (27) devient égal à ni. On
obtient alors ni = o et la formule ( 2*3 1 entraine une valeur iuliuie
pour V-. Inutile de dire que cette conclusion n'a j)as de sens
physique, pas plus que les conséquences relatives à l'énergie de
Tétlier (§ 4) qu'on tire du théorème de l'équiparlition, en l'appli-
quant même aux viljralions les plus rajùdes.
13. M. van der Waals junior a eu l'obligeance, il y a déjà
quelque temps, de me faire oljserver que, lorsipie les électrons sont
dépourvus de masse matérielle, leurs vitesses sont complètemeni
déterminées dès que l'on connaît en tousses détails le champ élec-
tromagnétique. Si, par exemple, on les considère connue (.\e^ cor-
puscules de forme invariable, la force et le coui)le résultants qui
proviennent des actions indiquées par les expressions (9) doivent
s'annuler, ce qui nous donne les composantes des vitesses de
translation et de rotation. Or, comme les équations de llamiUon
3o LA TIlÉORIt: I)L HAYONXKMENT ET LES OLANTA.
fixent les grandeurs des accélérations, en laissant indéterminées
celles des vitesses, elles ne seraient plus applicables et il serait
impossible de construire un ensemble canonique dans le sens
ordinaire de ces termes. L ne remarque analogue a été faite récem-
ment par M. Me Laren ( ' ).
Si l'on se sert des formules développées dans ce qui précède, on
ne voit pas au prejnier abord pourquoi les équations de Ilamilton
seraient en défaut. Cependant, en y regardant de plus près, on
reconnaît que, si Ion étend les raisonnements à toutes les lon-
gueuis d'onde, même les plus petites, on est arrêté précisément
par l'obstacle sur lequel Al. \an der Waals a appelé l'attention.
En etlet, il se trouxc que l'expression (17) pour '^ peut alors
être mise sous la forme
(•■^9)
où j'ai posé
iV
V
^j
(hJ
hi.
,^u<ii'
)'}
Maiulenant le terme ( !^) contient seulement les vitesses ^y,, le
dernier terme
(3o)
^\rj(^'^j'i^-'
de l'expression {^{)) étant égal à la partie de '^0 dans la formule (17^.
qui contient les vitesses des électrons.
Formons les équations de Lagrange (ao) pour une coordonnée q-^i
cl pour un yuy. ( )n trouve
(3i)
(3->.)
f)(4:-i')^
i L \ /
3y
(') S. lî. Me Larkn, Hamilton's équations and the partition of energy be-
tween matter and radiation {PhiL Mag., d- série, t. \XI, 1911. p. i5).
RAYONNEMENT ET TIlKOllÈME DE l'ÉQIIPARTITION HE l'ÉNERGIE. 3i
OÙ ce sont les premiers termes qui cinitiennent les accélérations.
Ces termes disparaîtront si, pour un i arbitrairement choisi, on
prend la somme de toutes les équations fSa) après les avoir mul-
lipliées chacune parle facteur .v ^7 qui lui correspond, et que la
somme soit retranchée de l'équation (3i). On obtient alors une
relation qui ne contient que des coordonnées et des vitesses et,
comme il y a une formule de ce genre pour chaque valeur de i, on
peut, en eflfet, déterminer toutes les vitesses q-, en fonctions des
coordonnées et des vitesses 7.5.
Dans ce qui précède, la difficulté a été tournée au moven de
larlilice des liaisons fictives ([ui imposent pour la longueur d'onde
la limite inférieure Aq (§ 9). En effet, si dans la somme (3o) on
omet tous les j pour lesquels ). << ).„. la somme ne sera plus égale
à la partie de i^o dans la formule (17) qui dépend des vitesses q^
et il faudra ajouter au second membre de (29) une fonction
homogène du second degré de ces vitesses. Même, si Aq est
pris beaucoup plus grand que le diamètre d'un électron, la valeur
de (00) devient très petite par rapport à la partie de J^o <P'e je
viens de nommer; le terme qu'il faut ajouter à (29) prend alors la
forme 2, " 'fi^', si 1 <JU se place dans les conditions indiquées au
paragraphe précédent. Tout se passera donc comme si les électrons
étaient doués d'une masse /». non électromagnétique mais ma-
térielle.
L'introduction des liaisons fictives qui assurent l'iuégalité /. >> Ao
m'a paru être le seul moven d éviter les complications et les incer-
titudes qui pourraient résulter de la considération des longueurs
d'onde extrêmement petites. Il va sans dire que cette introduction
elle-même n'est pas à l'abri des objections. Cependant il ne faut
pas perdre de \u.e que. ilans la comparaison avec les expériences,
il s'agit de longueurs d'onde bien supérieures à ).o et qui ne sont
nullement atteintes par notre exclusion. 11 me semble assez plau-
sible d'admettre à titre d'hypothèse que lorsque, pour une raison
ou une autre [voir le paragraphe suivant), les vibrations les plus
rapides n'entrent pas enjeu, les phénomènes dus aux vibrations plus
lentes se passeront comme si les petites longueurs d'ondes étaient
écartées par des liaisons dans le système.
IL (Jn a quelquefois émis ro|)iniou que la formule pour le
02 LA THEORIE Dl' RAYONNEMENT ET LES QUANTA.
rayonnement noir déduite du théorème de l'équipartition serait
bien vraie, mais que l'état de choses quelle représente, ne se
montrerait pas dans nos expériences, l'échange d'énergie entre la
matière et l'éther s'accomplissant avec une lenteur extrême si
l'on en vient aux petites longueurs d'onde. Ainsi, comme M. Jeans
s'est une fois exprimé ('), le théorème nous ferait bien connaître
l'état normal d'un système composé de matière et d'éther. mais
cet état ne se réaliserait que dans un temps infini, et au point de
vue expérimental un autre état, celui peut-être qui est représenté
par la formule de M. Planck, pourrait bien apparaître comme
l'état final du système.
Je ne crois pas qu'on puisse venir à bout des difficultés au moyen
de cette distinction. On pourrait s'en contenter si ce n'était que
pour les ondes très courtes, disons pour l'extrême ultraviolet, que
le théorème de l'équipartition conduisit à des conséquences,
incompatibles avec la réalité. Mais, comme nous l'avons fait remar-
quer, il y a aussi un désaccord très marqué entre les résultats-
théoriques et expérimentaux dans les limites du spectre infra-
rouge et visible. Considérons, par exemple, la lumière jaune, et
revenons pour un moment à la plaque d'argent dont il fut question
au paragraphe 4, et que nous supposei'ons placée dans une
enceinte à parois parfaitement réfléchissantes. D'après le théorème
de l'équipartition, il est certain qu un système de rayons jaunes
de l'intensité déterminée par la formule de Lord Rayleigh et
s'entrecroisant dans toutes les directions, pourrait être en équilibre
avec la plaque maintenue à la température de lo^C. Or, je ne vois
aucune raison pour ne pas admettre, comme on le fait d'ordinaire,
que cet équilibre serait du à l'égalité des quantités de lumière
absorbée et émise dans un même intervalle de temps. Il s'ensuit
nécessairement, eu égard à ce que nous savons de la grandeur du
pouvoir absorbant, que le pouvoir émissif doit avoir la grandeur
indiquée au paragraphe 4, et cette grandeur est telle que si,
au commencement, les rayons jaunes n'existaient pas dans l'espace
entourant la plaque, il en serait rempli dans une fraction extrê-
mement petite d'une seconde.
En tirant celte conclusion, j ai admis qu à une température
(') ^'oir le premier des Mémoires cites plus haut.
KAVDN.NKMEM Kï TllKOKKME DE L 'ÉQl ll'AU TITION DK I.IJXERGIE, 33
donnée, le poindir rinissir du iiu-tal csl lou jours le même, que
res|);ie<' en\ iionniinl soiL déjà rem|)li de ravons ou (|u"il en soit
\lde.
15. Tandis que le lliéoième de l'équiparlition ne peut pas rendre
eompte du maximum de la fonction -^(À.T) pour une certaine
valeur /.,„ de la li.niiuriir d'oinh'. ht foruiule de M. PlancU en
explique Texistence ; elle nous donne pour le produit),,,/!", (pii
doit ètie constant selon la loi de Wien, la relation
( 00 ) /„, 1 = O.IOl — ,
où // est la se(^onde constante que Planck a inlroduilf diius la
théorie du rayonnement à coté de la constante (pii apparaît aussi
dans la formule de Rajleigli.
( )n comprend facilement que la rormiilc pour le la vonuf-mcnl
noir doit contenir an niuiii^ deux constantes, dont la picmiére
détermine 1 intensité totale / -'().. 1 if/)., landrs cpic la seconde
fixe la position du maximum. Il faut, de plus, que ces constantes
soient toutes tieux de nature universelle, c est-à-dire que leurs
valeurs dépendent de (juclqne chose (pu >()it commun if I(Mis les
corps |)Oiidéraldes on hh'ii de (piel(|ne chose qui appartienne à
létlier.
Or la chari;e électrique c d un ilt-clion. sa mas>(' /// cl -on
rayon R sont des yrandenrs de ce genre, et. eu iaisant attention
aux dimensions, on voit (pi on doit a\oir. -i la (•liari:c est e\|)rim(''e
en mesure électrostaticpif.
('M\) //( = )—(= )cin W.
où le signe (= ) indi(|ue ijue les i\^'\\\ grandeurs (ju il réunit ne se
distinguent que par un facteur numéinpie ind<''peiidant du choix
des unités. On a aussi, si Ton l'-crit c- pour la inoynnc du rarrc de
la vitesse dun électron à hi Icnipi'r.il ure T. et / poiii' la distance à
laquelle If-nergie potentielle inutucljf — de deux ('•lectron> e>t égale
à l'énergie /. T,
c- R e-
( 35 ) l„, { = ) ^rr- ( = /— T=: ( = ) / .
J- //JC-
L. i;t I)i; IJ. ^
j j I,A TlIKOlUi; I)L llAVONNEMliNT KT LES^ (JLANTA.
S'il ('-iHil possible dc'-lahlir une (orimile satisfaisanle du ravon-
neinenl sans avoir lecours à daiilres idées que celles de la théorie
ordinaire des électrons, on |»oiirrait trouver pour une de ces
équations une déduction théorique et l'on fixerait en même temps
la valeur du coefficient nuuiériquc. \r,iis, dai^rés tout ce qui \ienl
d'être dit, on ne peut yucre espérer y réussir; il semble bien que
la constante h devra être interprétée au moyen de considérations
d'un ordre entièrement différent. Ciomme ce sont les équations de
Hamilton (pii couslitueut le véritable fondement du théorcmede
1 équqiarlition, on peut mêuie prévoir qu il faudra luiaginer des
actions auxquelles ces é(piations ne soient pas applicables et qui
soient de toute autre nature que celles tlonl on s'occupe dans les
prtt blêmes mécaniques.
10. Je n ai pas à discuter, dans ce |>reinier Rapport, l Inpolhèse
des éléments ou unités (V énergie tpii a été proposée par M. Planck.
Cependant, je me pcrmeltrai d entrer dans quelques considérations
au sujet de la constitution du rayonnement noir dans I éther.
Supposons que lémission de la lumière et de la chaleur rayon-
nante se fasse toujours par des quantités liniesd énergie aA'ant une
grandeur déterminée pour chaipie fréquence. Alors, il y a encore
deux possibilités. Les éléments d'énergie peuvent conser\er leur
individualité pendant leur propagation, c'est-à-dire qu'ils restent
concentrés en des espaces plus ou moins restreints, ou bien chaque
élément s'étend sur un espace de plus en |)lus grand, à mesure
(pi'il s éloigne (^c son point dOiigine.
Si l'on s'en tient aux é(|uations de Maxwell pour le champ élec-
tromagnétique, c'est pour la dernière alternatixe qu on doit se
décider; il n'y a rien dans ces <''quations (pu puisse maintenir une
quantité d'énergie dans v\\\ volume limité. La remarque tloit être
faite parce que, tout en reconnaissant ce que nos théories ont d'im-
parfait et de passager, on peut dire (pie les équations de ALixwell
résument admirablement ec (pToii >ait des |)lien(tmèiies électro-
magnétiques dans lélher, et qu'on se heurterait à de> dil'liculté>
bien sérieuses si l'on voulait tenter de les modilier.
iJu reste, même si l'on veut faire abstraction de ces éqnati<)ii>
et se baser uniquement >ur les observations et sur des raison-
nements généraux, on peut ilémontrer (pi'iine concentration de>
u.v^onm:.mi-:.\t i;t nitoRÈAft: de i.'KQiii'AirriTio.\ itK l kxergie. 35
iiniu'"> dans île Irés petits espaces est inadmissible; elle est
incoinpatihie a\ec beaucoup de phénomènes de diflraction et
d'interférence. En effet, comme il est naturel de considérer comme
incohérents entre eux les différents éléments d'énergie, parce qu'ils
sont émis indépendamment les uns des autres, il faut admettre que
les vibrations, capables d'une interférence nette, appartiennent au
même élément. Or, il y a des cas où, dans le faisceau primitif
avec lequel on opère, les \ ibrations qui interféreront se trouvent
à une distance l'une de l'autre de plus de i'^'", soit dans la direc-
tion des rayons, soit dans une direction latérale; il faul donc que
chac|ue élément puisse s'étendre sur un espace de plus de i''"'' et
cela étant admis, on ne voit pas pourcpioi il ne s'étendrait |)as
bien au delà.
1/. La question peut être abordée d du autre cùt(''. Dans un
espace rempli du rayonnement noir, I énergie' n est jamais dis-
tribuée d une manière absolument uniforme ; au contraire 1 intensilé-
du champ électromagnétique y variera irrégulièrement d un point
à 1 autre, et, dans le même lieu, d un instant à l'autre. Des iné-
galités de ce genre sont nécessairement produites par l'inlerférenct;
des rayons incohérents entre eux, qui s'entrecroisent dans toutes
les directions, et elles existeront à un degré plus prononcé encore
si, dans chaque faisceau considéré séparément, il \ a i\e> acciinm-
latioiis locales de l'énergie, si, outre les ellels triuierh-iencc. le
rayonnement a une certaine structure .
Remarquons à ce propos qu'une telle >tiucturc, si elle ii ol pas
inhérenteà la nature même des rayons, ne pourra pas (Hre produite,
sauf à de très petites distances, par les irrégularités et les lluc-
tuations du mouvement moléculaire dans la matière dont les rayons
émanent. Ces irrégularités, il est vrai, se feront >ciilir dans \c>
rayonnements élémentaires issus des diUérentes molécules: mais à
une distance du corps ravfmnant qui est très grande |)ar ra|)poil
aux dimensions molé-cuiaiif^s. elles se seront ellacées parce (pie b-
mouvement s'y compose d'une inllnil('- de mouvements élémen-
taires, dans chacun desquels l'énergie est. pour ainsi dire, inhni-
ment diluée.
Quelle que soit l'origine des inégalités du ra\oiinemeiil. il va
des cas où elles peuvent produire un ellet sensible. >i, |iar
:')() I.A THEORIE DU ItAYONNIiMENT ET LES QUANTA.
exemple, un petit corps M de nature quelconcp e, se trouve dans
Tespace occupé par le rayonnement noir, il en éprouvera une
pression qui n'est pas la même de tous les côtés et. poussé tanli'd
dans une direction, tantôt dans rautre, il prendra un mouvement
semblable en cpielque sorte au mou\emenl brownien d'un petit
corps suspcudu daus un licpiide. Oi-, de même que lintensité de ce
dernier mou\ement corres])ond à la température du lluide andiiant,
on i^eut s'attendre à une agitation du corj)s M correspondant à la
température du rayonnement. Celte remarque qu'on doit à
M. Einstein (') nous fournit le moyen de nous former une idée de
la grandeur des inégalités en (juestion; elles doivent être telles que.
s'il y a un grand n<)ad)re de cor[)s identiques à Al, ils reçoivent en
mo\ enne, pour cIkujuc degré de liberté, une énergie cinétique - AT.
M. JMnstein a indiqué une mi-lliode ingénieuse pour laiie le
calcul nécessaire. Su])posons, pour (ixer les idées, que le corps Al
ne puisse se mou\oir que dans la direction de l'axe des x. et consi-
dérons les valeuis r, f' de sa vitesse à tieux instants séparés par un
intervalle t, (|ui esl très grand par rapport aux périodes des
vibrations et en même tem))s suffisamment petit pour que la dif-
férence de c et r' soit très petite. On trouve, en général, que la
force exercée par le rayonnement se couqjose de deux parties, dont
la première est proportionnelle à la vitesse r et peut r\\e consi-
dérée comme une résistance, ^^ous la désignerons par -l.r. où -l.
est un facteur indc'peudanl des incgaiih's. mais dt-lerminé par la
valeur jnovenne de Ic-uergie par nuil('' de \oluuje. La deuxième
parlw de la force, au contraiic. |)ro\icnt précisément des
iné'galités.
Soient -V. la (pianlih'- de mouvemeul comiiiunicpui-c au corps, par
celt(^ <lei-uicrc partie de la force, pendanl le leiiip> t. cl /;? la mas>c
du cor|)s. ( )u aura
( 3(i ) v' — vi \ — —— ) -i .
\ ni I m
Figurons-nous maiulenanl (piil v ail un grand ncnnbre de corps
idenli(ptes à M, <•( forun)ns, |)our chacun d"cu\, une équation
(') A. l-;i\sTi:iN' iinil !.. Ildi'i'. Statislisc/ie L'nlersucJiiini,' (/cr /iei\e^'uiig eines
/Icso/ialors in eine/ii Slralihtugs/eld {liin. dcr PItys.. t. WXIit. niio. p. uo')).
KVVONNKMKXT KT I 11 KOIIK.M K DK I.HOL IPAUTITION I»K I.'kMCIKJIK. ij
«>rml)lal»le à (36). Cela lait, nous preiulrons les valeurs iiiovcunes,
pour Tenscnihle des corps M, des dvu^ uienihies élevés au carré.
Comuie le svstème est supposé se trouver dans un état slalionnairc,
ou a !•'-:=<■■-. ^ u la petitesse de — ^ , ou peut omettre le carré de
cette grandeur, et Ton peut piiser cA". ^= o, parce que r et A- auroiil
indilï'éreniment le sii^ne positif ou u<''i;atif. \insi l'on trouve
(07) - nu-
i-l.T
Si Ton fait des hypothèses spéciales sur la constitution i[\i ravou-
uement et sur la nature du C(u-ps M. cette formule nous pcrmcl de
calculer l'intensilt' de lagitalioii «pu lui est communicpiéc.
18. En applujuant cette iiK'tliode à un résonnaleiir liiu aire tel
(ju'il a été imaginé |)ar M. l'Iauck, et en supposant (|u il 11 \ ait
(pie les inégalit(''S produites par les interférences. MM. Iju^leiu
et ITopl ont ti'ou\<'' pour />?(■- une \ aleur qui est nolahlciiicnl iufé--
rieiirc à -A T. ( )n dc\iail donc conclui'c à rexislcnce d iin<-
structure du ravonnemenL. celle par exemple (pu est rc([iiise pai-
1 hy|)0tlièse des éléments d énergie persistants, si I on pouvait èli-e
sur de ce (pu se |)as>e dans le r(''Sonnaleur. Mais malllelll•eu■^(■menl.
j)réci.-«ément (|uand on adopte la tlu-orie des unités d'énergie, les
phénouK-nes dans le résonnaleur écha|)pent à notre anahse. et il
est clair que les détails de ces phénomènes peu\eiil avoir une
influence très marquée sur les forces exercées par les ravoiis.
C'est pour cette raison que j ai soumis au calcul un aiil rc cas, le
plus simple qu on |)uisse imaginer, et peul-ètic (■cliii >iir le(piel,
dans cette question, on peut raisonner avec le plii> de conliancc.
.lai a|)|di(|ué l'équation ( ?)- ) à un seul électron, (pie j ai consi-
déré comme entièrement libi'C. ('ela n'emp«'clie pas I emploi de la
formule et il faudra seulement la miilliplier par ■') pour avoir la
\aleur movenne de 1 énergie cinelKpie totale.
.1 ai trouvé, en (''crivant .' an lieu de -'().. T),
( J.S j ri, = / ,v (h.,
c ,'
(3(j) .V^= ii"^ fl'.i^-dl.
■>. c . I
38 I.A THÉOIUE DL RAVONMi.M KM ET LES Ql ANTA.
et pour I énergie clierchée,
I — I > . '
.(4o) -nn--^—-
J ■' •"■
Ce résiillal donne lieu iiii\ conclusions suivantes :
a. Supposons <|ue la dislrihuiion de IVnergie soil conforme au
lliéorème de réfjuipartilion, avec exclusion des longueurs d onde
inférieures à Ào ( j^ 9). Alors on a, d'apré-i la foiinule (2), indé-
pendamment de Ào,
I — ' > , ...
J'avais espéré trouver, comme au pai'agraplie 12. 7 AT. Le fac-
teur-, pai" lequel le résultat se distingue de cette \aleur, pio\ienl
prohahlemenl d'une erreur dr calcul, mais il ma clt- nn|M»ssible
de la lrou\ er.
b. Comme la méthode <pie nous sui\ons maintenant est tout
antre (pie celle de la Mécanique statistique, on [)eut essayer pour -^
telle fonction <pi on \oudia. Pour tous les cas compatibles avec les
lois de Boltzmann et de V\ ien, on obtient, en se reportant à la
forinide (1) et en posant aT = j",
, , \ I — 1". T . '0
i yi) - nu- =
. ... / T..0
Ch'
n4. r-^^,^.
J„ ■^■•'
Le rapport des deux intégrales est une constante et l'énergie
mojenne dun électron sera donc proportionnelle à la tempt'i-ature.
c. Ce (pii doit nous intéresser surtout, c'est la vaiciii- ipic piend
It-nergie cinéli(pie quand la fonction J a la forme
(13) iù,T) = ^-^,l_,
<pie lui assigne la tliéoiic (\i- IManck: en iU'el. cette fonction peut
HAVt)\NE.\IEM- Kl TIlkoRÈME l)K I.KQl IP ARTITION DE l'ÉNEIU.IE. dQ
être regardée comme la représentalion de la distribution réelle de
Téneririe.
Kn posant
\c trouve
/ — '■ -. (i>'
1 — I ) . /.. ( e-r — I )2
(■il) - niv'^ = -— AT
S
ou
(45) - «l^•- = <),3i 3/iT,
le rapport des deux intégrales étant égal à o, M)<S.
Il est bien satisfaisant que la constante h ait dis|)aru, et (|ue
l'énergie prise parlélectron dépende uniquement de /rT. Mais je
coefficient numérique est presque .5 fois trop petit.
F^ent-on (djtenir un meilleur résultat en prenant pour .' une
fonction (pii dilîV're de celle de AI. I^lanck et qui soit pourtant
en accord avec les obser\ations sur le ravonnemenl noir? Kn
soi-même, il n"v a aucune difficulté à trouver une fonction à un
seul maximum et présentant ainsi l'allure générale de la fonction
du rayonnement, qui donne pour le second membre de ( ^o i une
valeur aussi élevée qu'on \oudra, car, si Ion suppose le maximum
de plus en plus t'troit en maintenant \\\e, la valcu!- d.e / -'r/).. on
fait accroître indf'dinimenl iintt'gi aie (pii coulienl J- par rapport à
rintégrale / ^ d'j.. Toutefois, \ ii la grande diHcrencc cuire ( ff) )
e{-/,T. il est fort à craindre (jiiiinf fonction qui donne cctlc
dernière valeur, ne s'éloigne trop de celle de IManck pour être en
accord a\ec les expériences, il semble donc que l'cnergie de I agi-
tation imprimée aux électrons |)arle ravonnement noir, à cause des
3
inégalités d'interférence seules, ne peut atteindre la \aleur - /,• I,
quoiqu elle soil <lu iiK^-me ordre de grandeur.
DISCUSSION DU RAPPORT DE M. LORENTZ
M. LoKi.ATZ. — Aiilrelois on a cru qu on pourrait arriver à la
loi du rayonnement noir en se basant sur les anciennes théories,
l/aiileur a calculé I émission et l'absorption d'une mince plaque
de métal contenant des électrons libres. On en déduit la formule
cherchée, mais seulement pour de grandes longueurs d'onde
(formule de llavleigh ). Du reste, la voie était tout indiquée, après
les recherches de Hagen et Riihens et de Urude.
Ensuite, il sagis^ail détendre la théorie à des longueurs donde
plus petites. On pourrait imaginer des électrons se mouxant dans
toutes les directions (mouvement calorifique) dans un espace
rempli du raA'onnement noir. Les ravons sont rétléchis (difl'ractés)
[)ar les électrons ; ceux ipii rencontrent un électron le sont avec
une plus grande inlensité- et avec une plus liante fréquence que
ceux ([ui vont dans le niéine sens que la particule. Cette dillérence
est d autant plus grande que le mouvement des électrons est plus
rapide. Ainsi, on pourrail comprendre qu une élévation de la tem-
pérature favorise les vibrations à petite longueur donde. L'auteur
en a parlé aulrefois avec M. f^angevin (pii avait eu la même idée.
Mais cela n'aboutit à rien.
Puis on poiirraiL imaginer des mouvements des électrons d'une
nature particulière, j)ar exemple, ce cpii se présente tout d'abord,
une n'-pulsion par un centre lixe in\ersement pro|)orlioiinelle au
cube de la distance. Cela non j)liis ne donne aucun résultat.
Plus tard, l'auteur a reconnu (|ue tous les mécanismes qu'on
peut inventer conduiraient à la formule de Ravleigh, si ces méca-
nismes étaient d'une telle nature que les équalions île Hamillon
leur soient applicables. On le ih-montre en se servant du calcul des
probabilités sous yine des formes qu'on peut lui ilonner.
I -Méthode de (libbs (ensembles canoniques ou microcanoniques).]
Lu lin de coinpie, loiil cela semble rexenir au iii('me. Il n v a pas
là un moyen d'arriver à une autre formule que celle de Kavieigh.
-M. Lorenlz demande si (juelqu'un a des objections à présenter
nisci ssio.N m iupport di: m. i.oukntz. 4'
au sujet tic ia forme sous la(]iielle il a a|)|)li([U('' la Mécani(|ue
slalisli(|ue.
Al. Hiiii.i.oi I \ . — lN)iir olilenii' iiiu' loi de réparlilion de
lénergie entre les diverses longueurs d'onde, il faut faire inter-
venir un mécanisme faisant passer lénergie dune fréquenee à une
antre : c'est le piincipe de Doppler qui joue ce rôle dans l'étude
du rayonnement noir. ( )n arri\e alors à une répartition /?«?/■ /;«<'/-
nente. l'équipartiliou |)ar exemple. Pour que cette répartition ail
un sens |)liysique. il faudrait être assuré qu'elle est stable. Ne
pourrail-il |)as arriver que la réj)arliliou ainsi obtenue soit slaldc
seulement entre certaines limites de fréquence, et inslajjle en
dehors ? Pourrait-on encoie attribuer un sens à cette répartition
instable ( ')?
M. l>oiti;Ar/.. — lous les nic'canismes soumis aux loi-< de
Hamillun sont <^(iinpri> dan>> une telle théorie générale : mais si I ou
pou\ait exclure certains état.- à cause de leur instabilité, cela
serait, en ellel. une échappatoire.
M. Ibi ii.i.oi 1 N . — Dans tous les raisonnemeiit> b)iidt''s sur
lexpresslou de lénergie sous forme d'une somme de carrés, ou
suppose que les \ariables peuvent atteindre les valeurs les plus
grandes, sans que lexpression adoptée cesse d'avoir un sens
physique. Or. il peut arriver ([iie. par la nature des choses, les
valeurs physiquement admissibles soient limitées. Comment cette
circonstance modifierait-elle les résultats ? Ne conduirait-elle pas
à une répartition autre que léquiparlition '.'
M. l*oi\<.\iir.. — [.es aueieuues théories sont. |)ar didinilioii.
celles (|ui ailmellenl sans restriction les éciualions de llaiiiillon;
le raisonnement de M. Loreulz uioulre qu'elle^ condiiiseul tmiles
au même résultat.
M. L^xcrvix. — J.es •'•(jiialions cessent de preiubc la lorme
de Hamilton dans le cas où le> \ itesses des électrons cessent d'èire
petites par rap|)ort a la vitesse de la lumière. Il inler\ient une
Cj Les. é(iLi;ilioi.s de llainillon onl pour conséquence nécessaire, non seulement
que l'équiprirtition est possii)!c. m;ii> encoie ([u'clic est stable. {.\olc de >/.
Poincarc. )
4-2 I. \ TlIKORIE m RAYONNEMENT ET LES OIANTA.
déformation des électrons qui dépend de la vitesse, de sorte que
l'énergie potentielle devient, elle aussi, fonction non quadratique
des vitesses el non plus seulement des coordonnées. Ceci ne doit
d'ailleurs avoir aucune importance pour les problèmes du rayon-
nement noir, dans lesquels les vitesses des électrons sont toujours
assez petites.
M, LouKNTZ répond quil a simplement décomposé le champ
électrique en deux parties : i" le champ qui existerait si les
électrons se trouvaient en repos dans leurs positions instantanées:
2" une deuxième partie qui, dans le cas d'une enceinte paral-
lélipipédique, peut être décomposée par le théorème de Fourier.
Cependant, en quelques endroits, on a supposé petit - ( i-, \ite5se
des électrons).
(hiant aux électrons déformables, pour les faire entrer dans
celte théorie, il faudrait faire intervenir les tensions iutérieures
imaginées par M. Poincaré.
M. LvNGEViN. — Si l'on fait intervenir l'équilibre entre la
|)ression de M. Poincaré et les actions électromagnéliques pour
déterminer la forme de l'électron, il sinlroduira ici encore un
nombre infini de degrés de liberté correspondant aux déformations
|)ossibles de l électron.
M. LoRE]\Tz explique qu'il lui a semblé nécessaire d'éviter la
considération d'un système à un nombre infini de degrés de
liberté. C'est pour cela qu'il a imaginé de nouvelles liaisons qui
excluaient les longueurs d'onde au-dessous dune certaine limite.
Cet arlilice lui a également permis d'échapper ;"i la difficulté
signalée par M. Van der Waais fils.
M. LwGEvix, à propos du calcul donné au paragraphe \iL
du Rapport de M. Lorentz, iudicpie un calcul très simple d'où il
semble résulter que les longueurs d'onde très courtes, de même
ordre que le diamètre de l'électron, peuvent jouer un rôle pré-
jxmdérant. Il suppose un électron isolé, assujclti à ne se mouvoir
(pie dans la direction des .r et soumis à l'action diin lavounement
extérieur. Les forces qui interviennent sont la force électrique e/i.if
la réaction de ravonnement "'.." -r-, et la force d inertie, d'où
DISC! Sî^lON m UAIM'OHT DK \l . I.OIlliNTZ.
43
(■(|iiati(in
l^a soliilion de léyiine pcnnaiient qui correspond pour v à un
terme périodi<nie du développenieul de lix en série de bourier
A„ sin 'iT.nt esl
siiM •>-/«/ — '^.i I.
\
|-;-ioe-
La vilesse correspondante en régime permanent |)ériodiqiie
soljlienl |)ar intégration par rapport au temps, et la valeur
moyenne de lénei'gie cinétique tolale est
en {)osanl
s t:- m m^ /i" { I -\- ./•- ) '
r = ■ /i.
iinr
Si Ton admet la loi de l^ayleigli-.leans, il vient
/.T /'" dx /.T
on retrouve oieu 1 f(|uiparlili()n.
Mais si l'on veut limiter les longueurs d'ondes à Ao, on oitliciil
seulement
arc tani; ^ — >
et cette valeur reste très petite tant que ).„ n'est })as lui-même très
petit. Si Ion admet que l'inertie de réieelron est d'oiigine (•leclid-
magnélique, on a
m
;k '
et le ri'sultal prt'cédent devient
I /.T .t:
- un- = iiic liiim -^-
■X - • A,
il reste 1res petit lanl (|uc /.„ nest pas de l'ordre de H. Il semhle
donc (jue ce soient surtout les radiations de très courte longueur
(l'onde (|ui sont elficaces pour commuuifpier à l'éleclron sa part
d énergie cinc'tiqiie.
44 I-V TlllioUIK DU IIAYONNEMENT ET Î.KS Ol^NTA.
Si Tou adineL pour le rayonnemeiiL la loi de M. Planck, on
obtient pour l'électron une énergie extrênienienl faible aux tem-
pératures réalisables, et proportionnelle dans ces conditions au
carré de la température. Si ce résultat devait s'appliquer aux
électrons pn-senls dans un métal, il rendrait compte de la varia-
tion de la conductibilité en raison inverse de la température
absolue.
M. L\_M. i:\iN signale encore (|ue la lornie de l'équation du
inimvenicnl obtenue pour lélectron correspond à une instabilité
du régime permanent. [)uisque le terme de régime variable contient
une exponentielle ;i exposant positif. Ce résultat doit-il être
rapproché de la question posée par M. Jîiillouin. concernant la
stabilité de la répartition ddiinée par la statistique !
M. LoiîFNïz |)rnse que la divergence entre les résultats de
-M. I. angevin et les siens peut être due à ce cpie M. Langevin a
omis le terme qui représente la pression de la lumière (vitesse de
lélectron X champ magnétique). C"e>t pour cela que M. Langevin
peut lr(iii\er - /. I dans le cas où il ne le trouve pas, et in\er-
sement.
M. Lvm;i:\i\ ne croit pas que la résistance proportionnelle à la
vitesse doive intervenir dans le cas dun électron assujetti à se
mouvoir dans une seule dimension. Cette résistance provient de
l'action du cliamp magnétique de l'onde sur l'électron mis en mou-
vement [1,11 le champ électrirpie. et exige plusieurs degrés île
liberté pour I électron.
M. Langevm demande à M. [.orentz s'il a publié les calculs qui
I ont conduit aux équations (ôH i et (M)) de son Ra|)port, et s'il
existe un raisonnement simple permettant de comprendre
comment la charge de l'électron s'élimine du second membre de
ces ('quations.
-M. Loi'.KXT/. na pas publi(' ces calculs, il csprie rtnenii sur
cette (|uestion.
M. l'oiM vr>r. - L;i loiiiiu le de dépail de M. Langevin pourrait
liISCUSSION 1)1. RAPPORT DE .M. I.ORICNTZ. (5
coiilciiir (le- (l(''ii\(''es (Jordre supérieur. Le citlciil piii' lequel ou
'dt
inlroduil ee tcruie eu -7^ est très grossu-reinenl approclie (^' ).
M. Lam;i:\ i_\ ( roil que I expressioji Je la réaeiKtu de raxonue-
inenl s"apj)lique l()rs(pu' les xariallous de raccélc'-ratiou ue soûl |)as
lro|) raj)ides (- i.
( ' ) Si le calcul était applicable sans clianj;enienl dans loiis le» cas. un pounaii
considérer le cas d'un électron unique, assujetti à se mouvoir en ligne droite, pri-
mitivement au repos et en l'absence de tout champ initial ; l'équation tle -M. Lan-
gevin où le second membre aurait disparu montrerait que l'électron serait en
équilibre instable et se mettrait de lui-même en mouvement. Cela est manifeste-
ment impossible. {\ote de M. Poincaré.)
('■) La limitation de la réaction de rayonnement au terme en — - reste légitime
' ^ dl ^
quand il s'agit d'un mouvement périodique tlont la longueur d'onde est grande
par rapport au rayon de l'électron, el il est facile de voir pourquoi elle cesse de
Tètre dans le cas limite considéré par M. Poincaré dans la note précédente, c'est
à-dire lorsque l'équation simplifiée conduit à une instabilité. L'équation du mou-
vement contient, en elFet, toute une série de termes d'ordre supérieur dont chacun
est (le l'ordre de «i-aiideur obtenu en mnlliplianl le précédent iiar - —p i a étant le
ravon de l'électron. Ce facteur doit être pclil [)cjiir ipie hi ^ll[lpression des termes
en — 7-; > ••• Soit légitime. Dans le cas considéré |iar .M. l'oincaré. on a pour la
solution de rr^ipiiil ion -inipliliée:
d 'o II
CV^-"' -
d ! ma
c dt > ;j:„ e-
Cfjmme la masse m est égale ou >upi-rieure à la masse électroniagnéliquc
2 \j.„ e-
5 on a donc dans ce cas :
a d y
1:0}-
el la simplification n'est pas légitime. L'cqualion rom[>liti-. comme il est évideiU
a priori, ne conduira pas à l'instabilité.
Dans le cas d'un mouvement périodique correspondant à une longueur d'onde À,
on a
ad 1-a
c dt
V —
el la simplification est légitime lanl que la longui ur d'onde csl grande par rap-
port au ravon de l'électron. Ma conclusion subsiste donc : dans un champ de rayon-
nement conforme à la loi de IJavlcish-Jeans. un élcclroii libre, mais n'ayant ([u un
46 i.v TiiKORii; m kavonnksikm kt lks qlama.
M. Brilloii.x remarque qu'en se plaçanl au poinl de vue de
M. I.augevin, il .semble bien, sans aucun calcul, que léleclron ne
doive emprunter une quantité notable d'énergie à Téther que pour
des longueurs d'onde comparables à sou ravon: il s'agit é\ideuï-
nienl d'une sorte de résonance.
\J. l\A_\ck se demande si la formule (36) du Rapport de
M. Lorenlz peut être appliquée à un électron libre dans un champ
de rayonnement noir et pense que la contradiction que M. Lorenlz
il irtuivée entre la valeur calculée (40 de l'énergie cinétique
movenno de Téleclron cl la \aleur attendue - /.T s'expliquerait
ainsi. Il pense (piil n'est pas possible d'introduire un temps -
(comme on a fait à la page 36, Rapport de M. Lorentz) qui soit
grand par rapport anx périodes d'oscillation, et en même temps
assez petit pour que le cliangemeni de vitesse de l'électron
pendant le temj)s t reste |)elit.
i.a formule générale suivante mérite plus de confiance que la
formule (36); elle donne le mouvement d'un électron libre dont
la composante suivant O.r s'exprime par
(// • c 3f al-
Si l'on introduit la restriction, irréalisable dans la nature, (pie
l'électron se ment seulement sui\ant l'axe des x, les termes en U,
seul degré de liberlc. ne prciKlra quune énergie ciDétique lies petite par rapport à
AT
— sous l'action de la partie du rayonnement qui correspond à des longueurs
d'onde grancles [.ar rapport à son rayon. Il me semble quOn ne peut |)as obtenir
pour lui l'énergie moyenne correspondante à l'éfiuipartilion en limitant le rayon-
nement à de telles longueurs d'onde.
II est possible qu'un tel électron (qui représente cependant un cas liniiic «lu
résonnateur de M. IManck) ne corresponde à aucune réalité. Quand on admet
trois degrés de liberté, la pression de radiation entre en jeu et, comme le nionlrc
M. Lorentz dans son lîapport. peut permettre à l'électron de prendre l'énergie
moyenne de l'é(iuipartilioii sous la seule action des rayonnements de grande lon-
gueur d'onde.
On |>eut encore remar(iuei (|ue. d'après ce qui précède, l'extension de mon
calcul jusqu à À = o n'est |)as légilime. Il est assez remar«|uablc que si on la fait,
tenant ainsi compte de manière incorrecte des longueurs d'onde de l'ordre du
rayon de l'électron, on retrouve précisément pour l'énergie moyenne la valeur qui
correspond à l'équiparlition. {.\ote de ^f. Langevin.)
IHSCISSIOX liL UM'I'dUr i)i: m. i.orentz. 47
cl II- (lisj»;ir;iiss('ril. ol le calcul donne, |jolii- lénerj^ie moyenne
(I MM clecli'on.
"' " ' = ? ô — /
•À b-c- //i . '
"a- .Î( a, T ) c/>.
OÙ .l^i A, T ) c//- l'cpiésente la dcnsilé en \oImmic de réneroie <lu
ravouncMienl uoir entre ). el L^dL. Dan- la loi i.\i^ ixavleliili
^- . .p. S-/.T , I .. /.T '. ,
,HA,1)= — r-; — 1 et alors. /// U:. = — coMune om nousail sv
attendre : avec la loi i\r Plauck. !a v.dcMr est l)eaMcoM[» phis
petite.
M. LoKE.VTz. — Le inouveMient de I électron peut être décom-
|)Osé en un niou\einent de proi;ression combiné avec une
vibration. C est la \ilcsse du |)remier mouvement dont il s'agit
dans le calcul.
xM. Loreutz expose pourquoi il a consiiléré x\n électron el non
pas un petit corps pondérable : la nature dun électron nous est
mieux connue (pic celle d Un tel corps. Il ne lui .-enible pas
permis de limiter le inoiixcmenl à une lii^ne droite: cela noMs
éloignerait tro|> de l;i réalité-.
11 répond à M. La.nge\iii <ju il \ a deux raisons pour lesquelles
il peut V avoir une force résultante : la première est précisément
une vitesse de translation de 1 électron: elle donne lieu à la résis-
tance — ^-l.c; la seconde est due aux inégalités dans le ravonne-
ment. ([ui proviennent îles interférences.
M. EixsTEiN. — • Plus la densité d énergie dans le raxonnemenl
est petite, [dus on j)eiit sc-parrr exactement 1 énergie oscillatoire
de l électron, causée par 1 action momentanée de la ladialion. de
son énergie de progression dont la variation est plus lente.
M. LvxcKvix ne pense pas qii On ()Misse ajouter iiiie vitesse
constante aux termes périodiques auxcpnds condinl >om calcul,
parce que cette vitesse constante ajouterai! daii> la iiioveime son
carré à ceux des aiilres termes el (pToii ui' iroin crail plii^ I ('ipii-
pai-til ion.
M. l'.ixsri.iN. — Lès écpialions diné'renlielle> iit'-gligen! le>
48 I,A THi:oi$IK DL UAVO.\.\K.ME\T ET LES QLANT.A.
ternies j;ràce auxquels 1 énergie moyenne de progression de
Télectron (indépendante des champs de rayonnement instantanés)
peut éprouver des modifie, liions. Il s'ensuit matliémaliquemeul
qu'il reste dans l'expression de v une constante additive indé-
terminée. A mon avis, et sur ce terrain, ni les considérations
de M. Langevin, ni celles de M. IManck ne résolvent la ipiostion.
M. WiK_\. — {"^st-il possiljle de lrou\ei- un système de vibra-
tions propres qui ne satisfassent pas aux équations de Hamilton
et dans lesquelles, cependant, il ne devrait v avoir aucun change-
ment discontinu? Jusqu'à jjrésent, les systèmes de vibrations
j)ropres (modèles proposés pour les lignes spectrales) satisfont
aux équations de ITamilton (').
(^ ' ) 11 faut aussi remarquer que le ihéorème de Liouville sur lequel est basée
la démonstration de la loi d'équipartition est plus général que les équations tin
Ilan)ilton. et qu'il semble possible ainsi que des systèmes ne satisfaisant pas aux
é(|uations de Hamilton puissent néanmoins conduire à la loi d'équiparliti(jn.
{.\ote de M. U'ien. )
LETTRE DE LORD RAYLEIGH.
Chf.k Profi-:ssei k Nerast.
Ayant eu I lionneiir d (Hrc lUNilt'- à faire partie de la Conférence
de Bruxelles, le moins que je puisse faire est de communiquer
mon opinion, bien que je craigne de ne pouvoir ajouter que peu
de chose à ce qui a déjà ét('; dit sur le sujet.
Je voudrais insister sur la difticullé signalée dans mon Alémoirc
de 1900 [P/iil. J/ag., t, XLIX, p. 1 18; Se. Papevs^ t. I\ , p. 450
au sujet de l'emploi des coordonnées généralisées. La possibilité de
re|)résenter l'état d 1111 cmps par 1111 nomlire lini de semitlables
coordonnées (inférieur en tout cas au nombre lolal des molécules),
repose sur l'iivpothése que le corps peut être considéré comme
rigide ou incompressible, ou simplifié de tout autre manière, i^a
justification, suffisante dans beaucoup de cas, de cette Jijpotbèse
est qu'un écart à j)artir de Tétat simple admis correspondrait à un
changement dénergie potentielle trop grand pour pouvoir être
produit sous laclion des forces en jeu. Mais la loi d"é(piipartitii)n
affirme que chaque degré île liberlé iloit a\oir sa part dénergie
cinétique. Si nous considérons d abord un corps élastique à peu
près rigide, les vibrations corres[)ondanles uni leur pari coiuplèii'
et celle-ci ne peut pas être diminuée par un accroissement de l.i
rigidité. A ce point de vue, la simplification échoue, ce qui revient
à dire (jue la méthode des coordonnées généralisées ne peut pas
s'appliquer. Le raisonnement devient, en fait, contradictoire.
On pourrait peut-être in\oquer cet é<liec comme argument en
faveur de l'opinion de fMancU et son école, «pic les lois de la Dyna-
mique (sous leur forme habitiiflle) ne peuvenl pasêlre ap|)li(pircs
aux dernières particules des corps. Mais je dois avouer que je
n'aime pas cette solution de la difficulté. Je ne \ ois naturcllemciU
aucun inconvénient à ce qu'on cherche \\. siii\r(î les conséquences
I>. ET DE 15. '\
3o LA ÏIlKOIUi; 1)1 lt\VONMiMi:.\T KT I.KS QLANTA.
de la théorie des éléments d'énergie : celte méthode a déjà conduit
à des const'quences intéressantes, grâce à 1 hahileté de ceux qui
l'ont apphquée. Mais il m'est difficile de la considérer comme
donnant une image de la réalité.
Nous ferons hien. je pense, de porter notre attention sui- la
molécule gazeuse diatomique. Sous l'action dés collisions, celte
molécule acquiert facilement et rapidement un mou\ement de
rotation. Pourquoi n"enlre-l-elle pas aussi en \ihration le long de
la ligne qui joint les den\ atomes? Si je la comprends bien, la
ré])onse de Planck est qu en raison de la rigidité du lieu qui unit
les atomes, la quant iti^ d Cuergie qui devrait être acquise à chaque
collision tombe au-dessous du minimum possible et que, par con-
séquent, rien n'est absorbé, raisonnement qui semble réellement
l^aradoxal.
D un autre coté. IJolizinann et Jeans considèrent qu il s agit
seidemenl là dune question de temps et C[ue les vibrations néces-
saires pour l'équilibre statistique com))let pourraient ne s'établir
(pi après des milliers d'années. Les calculs de .Jeans semblent
niontrer (pi'une telle opinion n'a rien d'arbitraire. Je voudrais
savoir si elle est contredite par des faits expérimentaux précis.
Autant que je puis savoir, les expériences ordinaires de labora-
toire n'apportent rien de décisif à ce sujet.
Je suis sincèrement volic
IvAYLKîr.n.
i
DISCUSSION DE LA LETTRE DE LORD RAYLEIGH.
M. Nernst remarque que jusqu'ici on u"a jamais observé de
telles valeurs constamment croissantes dans la mesure des cha-
leurs spécifiques; pas davantage avec les gaz qui n'obéissent pas
aux lois de l'équipartition, et pour lesquels les mesures faites
par la méthode de l'explosion sont maintenant très exactes; dans
cette méthode, le temps nécessaire à la variation de température
n'est que de quelques millièmes de seconde, et Ion trouve la même
valeur qu'avec la méthode de Regnault. où Téchange de chaleur
dure plusieurs minutes au moins.
La considération suivante est encore plus frappante. D'après la
Tliermodvnamique, la température de fusion comme la tension de
vapeur serait considérablement modifiée si la chaleur spécifique
et, par suite, le contenu d'énergie se modifiait avec le temps; mais
on n'a jamais remarqué une différence de température de fusion
entre les minéraux naturels et les composés synthétiques. Il faut
supposer que l état d'écpiilibre demande^ par la loi de l'équipar-
tition n'aurait pas encore lieu après foo millions d années,
tandis qu'une autre partie de l'énergie se met immédiatement en
équilibre; c'est bien peu probable.
Vvec les nombreuses combinaisons organiques qui ont toutes
une chaleur atomique trop petite, on n'a jamais trouvé non plus
une variation du point de fusion <|iii pouirait suggérer 1 idée dune
variation ultérieure de 1 énergie.
On pourrait soutenir 1 opinion qu une |)ailie de I énergie est
absorbée dans des temps si longs que cela deviendrait sans
intérêt pour l'expérimentateur. Pour l'autre j)artie qui serait la
seule intéressante, la théorie classique de l'équipartition ne suf-
firait pas ; il faudrait admettre une autre théorie comme, par
exemple, celle des qnanla.
M"'*' Curie. — Une liaison rigide peut-elle exister d'une façon
absolue ? Il ne paraît pas possible, au point de vue de la théorie
cinétique ordinaire, d'admellie (pic. dune part, les molécules sont
52 LA TlIKORIi: I)L: n.WONNKMKNT i:T I.KS Ml WTA.
absoliiiiu'iil riiildes dans les gaz diatomi<|ues el <|iie, d'autre part,
cette rigidité dis|>araîl progressivcmnil lors du passage aux états
|)lns condensés.
^I. R\MERLi>&H Oiv-XES. — La (|ueslion des liaisons rigides
entre aussi dans l'étude de l'équation d'étal. ^ an der Waals a
tenu compte de la conipressibilité des niolécides et a déduit de la
théorie du inouvenient cvclique réf|uation d étal de la molécule,
<pii, dans le cas des molécules conipressibles. doit rem[)lacer la
grandeur h dans sa formule bien connue, déduite de la conception
des molécules incompressibles. Le nombre de degrés de liberté,
d'après cette conception, étant le même dans Tétat liquide et l'état
gazeux, il est déterminé par la chaleur spécifique dans l'étal
gazeux. Dans une molécule incompressible, pour un ceriain
domaine de température, la manière dont les atomes sont liés
doit donc avoir, quant à la rigidité, le même effet pour la chaleui-
spécifique que la manière dont les parties d un même atonie
sont liées entre elles. Cette particularité se traduira par linter-
médiaire de léquation d'état de la molécule dans léquation
d'état du corps, qui donne les propriétés du liquide : celles-ci
se distingueront de celles d'un liquide constitué par des molé-
cules, qui d'après la chaleur spécifique dans l'état gazeux sont
à considérer comme compressibles {voir Ivamekli.ncxH Oaaes et
CiioArAiEi,T-\, La loi des étals correspondants applirniée à
Variion. Coniuiunicatii)n n" 1^21 du Laboialoirc de Phvsique de
Levde). Malheureusement, dans la grande uiajdrité des cas, il
sera difficile (siuon im|)ossiblct de d('(luir(' I iucompressibiliti-
des molécules (et à plus lorte raisou. la l'igidilé de quelques-
unes des liaisons dans une molécule) en partant de l'équation
d état lliciiui(pie seule. D abord, lorsqu il se forme par asso-
ciation MU certain uombre de molécules doubles conqiressibles.
rdlcl di' I Micomprcssihililt' de tontes les molécules individuelles
perdra de sa netteté. El lorscpie Ion couqtarc l'équation d'état d'un
corps a\ec celle d un autre, la dillt-reuce dont nous parlons peut
être tout à iail cachée par des ddlV-rcuc i'> d une autre origine
^^ formes diliércnlcs des moh-cules, etc. ).
LA THÉORIE CINÉTIQUE
DK LA
r.HVLElR SPÉCIFIQUE
D APRES MAXWELL ET BOLTZMANN;
l'Ait M. .l.-II. JEANS.
1. Considérons une substance quelconque contenant N par-
ticules semblables par unité de masse, ces particules pouvant être
des molécules, des atomes ou [)eat-étre des électrons, et soit ni la
masse de chaque particule. .Si E représente 1 énergie moACnne
d une particule quand la substance est à une température T, la
chaleur spécifique C est donnée par
I dE
.1 /n a 1
où J est léquivalent mécanique de la calorie. Dn néglige, pour
obtenir cette formule, la dilatation theruiique de la substance, de
sorte que C doit être considéré comme représentant la chaleur
spécifique sous volume cunstant. On sujjpose aussi que les xaleurs
de N et de m ne changent pas avec la température, de sorte que
la formule s'applique seulement à des substances pour lesquelles
les phénomènes chimiques de dissociation, etc. n'existent pas ou
sont négligeables.
L'expérience donne pour ces sid)stances une loi approchée
d'après laquelle C est indéjjendant de la température dans de
larges limites de variation de cille-ci. l'.ir ^iiilc. dans ces mêmes
f/E
limites, -j=; doit être indéjjcndanl de la l<ni[)« i alure. donnant une
valeur constante |)Our —■> si E est uiesiué à partir lIuhc origine
particidière.
54 LA THÉORIE DU RAYONNE.MKNT ET LES QUANTA.
Si cette valeur constante est posée égale à -R5, où R est la cons-
tante des gaz parfaits, les formules deviennent
(•2) C= -r— s,
(3) E='hT.9.
•2
r>
Dans la formule (^). C, J et — sont connus exactement, de sorte
^ ' m
que nous savons déterminer la \aleur de s pour diverses snl)-
stances.
Dans l'intervalle de température pour lequel C est constant, on
trouve que les valeurs de s, pour un grand nombre de gaz, sont très
voisines de nombres entiers, et que, pour presque tous les corps
simples à Tétat solide, elles sont sensiblement égales à 6. De plus,
il y a des régularités remarquables dans la distribution des valeurs
de s; pour les gaz, dans lesquels ce sont les molécules qui repré-
sentent nos particules, tous les gaz monoalomupies (y=i t^ )
donnent environ .ç := 3; beaucoup de gaz diatomiques (y= i i)>
s = j; aucun gaz ne donne ,v = i ; pour les solides, dans lesquels
l'atome constitue notre particule, on a 5 = (i environ.
La constance approximative de .v |)our les solides fait l'objet
de la loi de Dulong et Petit, la \aleur 5 = () correspondant à
la chaleiir atomique 5,9.').
LE THÉORÈME D'ÉQUIPARTITION.
2. Maxwell et Boitzmann ont donné re\()licalion de ces régu-
larités en démontrant leur théorème de léquipartition de l'énergie.
Sous sa forme la {dus concise, leur explication est la suivante : la
valeur de E donnée j)ar la lormule ( 3) correspond à une contri-
bution -RT pour cluupie tc)-inc carre efficace dans l'énergie d'une
particule, de sorte que s, mesurant le noml)re de ces termes carrés
est nécessairement un nond)re entier. Le lliéorème d'cquiparlition
sur lequel est basée celle (^\|)li( ation affirme que chaque terme
LA THKOHIK <:IM:TIQLE DE LA CHALELU SPÉCIFIQUE. 55
tarré efficace doil fouiiiir à rénergie moyenne E une contribution
exactemeul é"ale à -PiT.
Comme pour beauc()U|) d'autres théorèmes, les dilTieultt-s s'in-
troduisent moins dans la démonstration elle-même, ({ue dans les
conditions qui doivent être imposées pour (|ue la démonstration
soit légitime. Ici, en particulier, elles sont relati\es surtout à la
signification exacte qu'on doit donner à lexpression terme carrr
efficace^ qui n'a pas encore été définie.
Les démonstrations données par Maxwell et LJoItzmann sont dis-
cutées dans l'Appendice. Celle cpii suit est mise sous la forme la
plus simple, sans aucun souci de conserver les raisonnements faits
initialement par ceux qui ont découvert le théorème.
Etant donné un système dynamique, reprc'sentons par'j, Ji., 0,^
un système de coordonnées de Eagrange et les jHun)enls corres-
pondants, ou des multiples de ces cjuantités.
L'état du système à un instant quelconque peut iHre représente'-
par un point dans un espace à n tlimensions où 'i,, ^o '^« ^^onl
pris comme coordonnées rectangulaires. La succession des «'-tats
que traverse le système par suite de son mouvement est représentée
par une courbe que dé'crit le point précédent. Si la totalili' de
l'espace à // dimensions est supposée remplie par de semblables
points, nous avons une représentation qui permet d'('tudier simul-
tanément tous les mouvements possibles du système considén'-.
D'après le théorème de Liouville ('), la densité d'un petii
groupe de points de cet espace ne change pas quand ces points se
déplacent de manière à suiyre le mouvement spontané du système,
mouvement déteruiiné par les é(pialioas de Lagrange ou le |)rincq)c
de moindre action. Il est, par suite, commode de supposer une den-
sité'' initiale uniforme aux points mobiles dans tout l'espace à //
dimensions; cette densité restera uniforme dans loul le cours du
temps.
3. Pour une classe nombreuse de systèmes, l'énergie totale peut
être mise sous la forme
{\) W = a,(if^a,0|-^...^x„0^^...,
(') BoLTZMANX, Vorlesungen ilber Gastlieorie, t. II, p. Qfi-Çt-j- — Jkans, Dyna-
mical Theory of Gasex, p. 6?.
'',6 LA Tiiiiolui- 1)1 hayoxnkmknt i:t i.f.s qi ama.
où a,. a.>, ..., a„ sont des constantes. Puisque les coordonnées fj,,
0., ... ne sont déterminées qu'à des facteurs constants près, on peut
toujours choisir ceux-ci de manière à rendre tous les a égaux à
l'unité. J.es coordonnées se trouvent ainsi complètement déter-
minées, et l'énergie totale du système est donnée par
(■-,) W-Of-0|-|-...^0^^-...
de sorte que l'énergie est mesurée par le carré de la distance du
point représentatif à lorigine des coordonnées dans l'espace à //
dimensions.
La démonstration du théorème déquipartilion peut être mise
sous diverses formes, mais il est nécessaire, dans toutes, que les
conditions suivantes soient satisfaites pour un inlerxalle de temps
déterminé /o •
1° Si le système n'est pas absolument conservatif, la perte
d'énergie pendant le temps /q doit être petite par rapport à l'énergie
totale;
2" Chacun des termes 0";, h'i. ... dont se compose l'expression
de l'énergie doit appartenir à lune ou l'autre de deux classes
opposées :
a. La première est telle que le temps nécessaire pour un chan-
gement appréciable de H- eai petit par rapport à /„ ;
^j. La seconde est telle tpie le temps nécessaire pour un chan-
gement appréciable de H- est grand par rapport à /o-
Les termes (|ui appartiennent à la classe a sont les lei^mes
carrés efficaces dont il a été question : les termes de la classe ^j
seront désignés comme non efficaces.
fl n'j a aucune raison pour que, dans un système réel, les termes
se partagent ainsi en deux classes opposées; c'est le contraire qui
parait probable a priori. Mais le théorème d'équipartition est
limit('' à des svstèmes pour lesquels cette séparation existe et
ceci montre comme on est quelquefois tenté de l'oublier, cpio le
théorème n'a qu'un champ d'application lio liniili' i ' .
(') Pour un système idéal paifailcment conservatif, on peut naturclletnent
prendre /„ = x, auquel cas tous les termes doivent être efficaces, excepté ceux qui
coriespondent à des coordonnées qu'un temps infini ne suffit pas à modifier: telle
est. par exemple, la coorilonnéc qui mesure la rotation diine molécule alisolumenl
L\ TlIKOIUi: lINKTIQIi: DIC LA CIlALEUll SPKCIKIQU:. Sj
Sapposon> cependiml ([iie. pour le sYstème considère, les dif-
It-rents termes se partagent elleotivement entre ces deux classes
opposées, ^^ se composera de m termes efficaces h\, 0":;, ..., f);„
d'énergie totale W^ et de [n — m) termes non efficaces dénergie
lotale (W— AN e~>-
En raison île ce qui a été supposé, \\ et ( W — VV^ ) changent
seulement très peu pendant le temps /„ de sorte qu'il en doit être
(le même pour \A ,.. Ainsi le mouvement d'un point représentatif
dans l'espace à n dimensions est tel que, au moins pendant un
lemps de l'ordre de /„. les coordonnées non efficaces restent
approximativement constantes, tandis que les coordonnées efficaces
\ arient rapidement, le point décrivant une trajectoire sur la sphère :
i. L'hypothèse la plus simple est de supposer (' ) qu'une
mesure de chaleur >|)écifique donne toujours le même résidlat
quand elle est faite dans les mêmes conditions. Il résulte de là rpie
la répartition de l'énergie dans le svstème doit être enlièremcnt
déterminée par les conditions extérieures (température, etc.).
Ceci ne signifie pas que le mouvemeui des points dans l'espace
généralisé est toujiuir^ dirig<- vers les régions dans lesquelles existe
une répartition spéciale de l'énergie, l'uniformité gc'nérale de
densité s'y oppose ; mais que la répartition ohservée de l'énergie est
vraie jîour 1 es[»ace entier excepté peut-être pour des régions assez
lisse autour d'un axe piiiicipal de rotation qui soit en uièuie temps un axe de
révolution pour la surface de la molécule. Maxwell dans sa dénionslralion {Col-
lected Works, l. II, p. ii4) prend ts^= ^- en admettant que le système est abso-
lument conservatif et en excluant tous les termes non et'licaces par son hypotlièso
de la continuité des trajectoires d'après laquelle le système abandonné à lui-
même doit passer tôt ou tard par tout état compatible avec la conservation de
l'énergie.
Mallieureusement la simplification introduite en prenant /„= ce ne semble pas
légitime pour les systèmes naturels cjui interviennent dans les phénonicnes d<'
chaleur spécifique. Même si elle fêtait il resterait robjcction évidenle que l'éial
final prédit par le théorème ne serait alleint ipiau IhmiI (fini temps inliiii. Holl/-
mann, à diverses reprises, a souligné rinlhience imporiante du temps, mais ne
parait pas l'avoir analysée en détail. La nécessité de faire intervenir les diitérentes
échelles de variations dans le temps devient évidente dès (|u'on essaie (fcvalucr
numériquement les divers lemps qui interviennent (voir 5; (S).
(') Ceci peut être déiiHinlré par des considérations dynamiques générales (§6).
5S i.A TiiKduiK m l^\^<)^.M•:.Ml:M i:t i.iis qlanta.
petites pour échapper à ]'obser\ation. comme, par exemple, la r('-
j^ion qui représente des systèmes j)Our lesquels toute l'énergie se
ti'ouverait dans le mouvement d'une seule molécule, les autres
restant au repos.
Cette distribution d'énergie commune à tout l'espace se dé--
termine aisément. Prendre au hasard un point sur la sphère (6 ).
revient à choisir au hasard un sAstème de valeurs 0, , O2. .... ^w telles
que la somme de leurs carrés soit égale à \A g. On sait, d'autre pari,
([ue de telles séries de valeurs sont distribuées autour de leur valeu?-
moyenne zéro suivant la loi des probabilités, le nombre des cooi-
données comprises entre 0 et ^ — dH étant
(7) ,„*/i^^-2Ae'f/o,
où // est une constante déterminée par le fait (|ue la somme ^{es
\aleurs de H- distribuée suivant la loi (-) est —r et doit être aussi
égale à W^.
Si l'on prend un grand nombre/^ de termes parmi les m termes
et si on les suit pendant le cours du temps, la somme des/? valeurs
de H- sera constamment é^ale à 4-t ôl' différera de cette \aleur par
une quantité qui s'annule à la limite quand y;» est très grand. Ainsi
la contribution de ces p termes à l'énergie totale sera — W». Si
IN particules fournissent chacune s termes dans l'énergie efficace ^^ ,.
la somme de ces N5 termes est —7- ou encore '— W^. En supposant
qu'une partie du système est un thermoiuètre à gaz, nous obtenons,
comme d'ordinaire (' ), une raison pour remplacer— par RT. el
I énergie des N particules est ainsi trou\ée égale à -N5RT, con-
duisant |)ar suite à la formule () ). Toute la théorie des (•haleur-<
spécifiques en résulte immédiatement.
THERMODYNAMIQUE ET ENTROPIE.
o. Vvant ^Vcn finir avec la ([iiestion de réquij)artition de
1 énergie, il est nécessaire (rinilitpicr un<' conception nou\ellc.
introduite par Bt)ltzmann.
( ' ) Voir % 6.
LA ÏHÉOHIE CINKTIQUE Dli LA CHALEIR SPÉCIFIQUE. ')()
Soienl, comme précédemment, f),, Bo 0„ les coordonnées;
imaginons un espace à /i dimensions ayant 0,, ..., H,i pour coordon-
nées orthogonales. L'énergie totale W du système, dans une confi-
guration quelconque, est une fonction de hf, Oo, B«, mais nous
supposerons (|u"on |)eut lui donner la forme particulière
où w ,, Wo, ... sont des fonctions d<'s h, mais de telle manière
cjue chacune contienne un groupe particulier de coordonnées;
par exemple, W, peut être fonction de 0,,Bo, ...,')/,, ^^ j de^^-,^,.
O^.j.o, ..., ^p+(/, ^^' 3 de O^^y^i, ..., et ainsi de suite.
Le \olume qui, dans l'espace généralisé, est tel que
W, est compris entre ^^ i et W, -h dW j.
W o est compris entre ^^ o et ^^ j -h d\\ o
et ainsi de suite, est évidemment de la forme
' 8 1 /, ( W, )/, ( ^^'o )/, ( \\3 }... dWi d\\. dw-, . . .
ou fVAV.rAVo.AV;, où
(.9) P=/.nv,)/,(w,)/3rw,)....
Pour une énergie totale donnée W, nous aurons diverses répai-
tilions possibles, obtenues en assignant divers systèmes de valeurs
à W,, Wo, ^^ :î, ... soumis à la seule condition
uo) W, — Wo— W3-^...= \\,
Ces diverses répartitions de l'énergie donneront di\ erses valeurs
à P dans la formule (() ) et parmi ces valeurs, une doit être maxiniuin .
La distribution pour laquelle P est un maximum possède la pro-
priété de correspondre à une plus grande partie de l'espace
généralisé que toute autre distribution. Si donc, comme nous le
supposons (vo//- § 4), la totalité de l'espace généralisé, à l'ex-
ception de portions négligeables, correspond à une distribution
particulière de l'énergie, celle-ci doit correspondre au maximum
de P.
Par dilïerentiation des équations (g) et(io), il vient :
--^ dW 1 ^ — ^ d\V^ -^ . . . = f/ ( loo P ),
d\\ i i) W 2
d\\,^d\\.^...^d\\.
(io I.A rilKORIF. 1)1 IIAVOXXEMENT ICT LES QUANTA.
L;t distribution qui correspond au maximum de 1* sous la rondilion
que W ait une valeur déterminée est donnée par
^)Io£rP OkjiiP
0W\ rj\\,
6. Supposons maintenant que ^^ i ait la forme particulière
introduite au parai;raplie 3 :
W-,^0^ + 0i-...-02.
I>e volume de la partie de iespace i;énéralisé pour laquelle \\ , est
compris entre W, et ^^ , -i- (5^W, est facilement trouvé égal à
- p --^ ^ \\\ " ' d\\\ f f f... M,,^, dd,,^, ....
D après la formule ( 8 ). cette portion d espace a aussi la valeur
/( W] ) clWi f I f- (^'>,'-i ^''/'-2 • • • -
(1 où. [lai" comparaison,
/•
^1-2) f(w\)=-p ^vf .
11 en résulte que
pour/> très ij;rand.
Dans riijpothèse particulière où W, est l'énergie de X molé-
cules d'un gaz monoatomique à la température T. on a p = ^IX et
^^ ) := -X R.T où K est la constante îles "az pour une seule molécule.
•', - ^
de sorte que
>. W i RT
et ceci doit représcnirr la \aleiir «le chaciiii des meinl)res de / 1 i )
En posant ■
S = RloirP.
I.A TIIKORIK CINETIQVE DE LA CHALELU SPECIFIQUE. (il
j1 \l(Mll
c)S _ I âS I
Comme la montré Boitzmann. il résulte de là que S doit être
identifiée avec l'entropie, et les équations (i 4 ) expriment le ser^iid
|)rincipe de la Tliermodvnamique.
Lanalvse précédente obtient donc ce second princi[)e comme
une conséquence des principes dvnamicjues au lieu d'en faire une
loi empiricjue.
Lentropie S vient d'être lrou\ée égale à R lo^l^ et P peut être
considéré, d'après Boitzmann. comme la probabilité pour cpi une
configuration du svstème, clioisieau hasard dans 1 espace généralisé,
corresponde à la distribution d énergie A\ i ,^^ j. La distribution
rpii veiu] V maximum apparaît maintenant comme étant sim-
plement la distril)uti(jn d entropie maximum. En calculant P au
moyen de l'équation (12), on trouve aisément cjue cette distri-
bution est non seulement la plus probable pour une configuration
choisie au hasard, mais encore cju'elle est infiniment plus probable
que tonte autre répartition, ou même que tontes les autres répar-
titions prises ensemble. Par suite. rhA'|)otlièse faite au para-
graphe i, que la totalité de l'espace généialisé. exception faite de
portions négligeables, doit correspondre à une même distribution
d'énergie, doit aussi être considérée comme justifiée à partir Ac^^
principes de la Dynamicjue. On doit la con>id(''rer <omme d('-
montrée et non plus comme introduite >im|)lement |)Our dé-
raisons empii-npies.
7. Supjjosons maintenant que ^^ ■_, -oit de hi forme
on déduit de (10) et (i:i)
de sorte que W^ ;= -y HT. Si les y leinies carrés dans \\ ■_, cor-
respondent à \ particules dont cliacnne foninil s termes, et si
E est l'énergie movenne de elia(pie |),iif leule. on a ^^ 2 = N l>,
Cy>. LA THKORIE DU RAYOXXEMENT ET LES QIANTA.
^ = N5 et la relation devient
(i5) i: = -5KT,
■>
qui nous ramène encore à 1 t'-qnalion (3).
La répartition de l'énergie peut ainsi être étudiée de deux,
manières différentes qui conduisent finalement toutes deux au
même l'ésultat. La seconde méthode (Boltzmann i montre que dans
létat d'entropie maximum on doit avoir l'équipartition absolue de
l'énergie: la première méthode (Maxwell) nous a montré comment
cet état final théorique peut être impossible à atteindre dans un
système qui n'est pas parfaitement conservatif pour l'énergie.
TERMES EFFICACES ET NON EFFICACES.
Gaz.
8. La durée du libre parcours dans un gaz, sous les conditions
normales, est de l'ordre lo"'" seconde. Puisque l'énergie totale du
gaz reste sensiblement constante pendant des périodes longues par
rapport à cette durée, il est clair que les coordonnées qui varient
d une partie importante de leur valeur à chaque collision doixent
correspondre à des termes efficaces dans l'expression de l'énergie.
Telles sont les coordonnées qui re|)résentent les mouvements de
translation des molécules d'un gaz, et celles qui représentent le
mouvement de rotation, excepté pour la rotation autour d'un
axe de révolution (s'il en existe) de la forme extérieure des molé-
cules. Le mouvement de translation fournit .) unités dans s; la
rotation en fournit o, 2 ou 3 sui\ant la forme de la molécule, mais
jamais i. Ainsi la thé'orie de ^Lixuell-lîoltzmann est confirmée
dune manière remarquable par les valeurs expérimentales des
chaleurs spécifiques des gaz.
Les vibrations internes des molécules d Un gaz qui sont mises
en évidence par les raies du spectre visible ont été considérées
comme constituant une difficulté pour la théorie. On peut montrer,
cependant, que ces vibrations ne curresjiondenl qu à des termes
non efficaces dans l'expression de 1 énergie, carie temps nécessaire;
pour (pie ces \ibriitions s ('•l;iliii>sfnl de manière ajipréciable par
LA THÉORIE CIXÉTIQUE DE LA CHALEUR SPÉCIFIQUE. 63
suite des collisions entre molécules se mesure probablement par
siècles au moins ( ' ). Les choses ne sont pas aussi simples pour les
xihrations de fréquence moindre qui correspondent aux ])andes
d'absorption dans linfra-rouge, et il est peu probable (pie le cas
de ces vibrations puisse être traité par la théorie de Maxwell-
Bollzmann sous sa forme actuelle.
Solides.
9. L'étude de l'énergie des solides est plus difficile. Nous ne
pouvons pas affirmer a priori que le mou\ ement de translation
des atonies correspond à des termes efficaces dans l'énergie; mais
s'il en est ainsi. leur nombre doit être 6 pour chaque atome, 3
pour l'énergie cinéticpie et 5 pour l'énergie potentielle. Si ces
termes sont bien efficaces, on doit prcsc|ue cerlainemenl leur en
ajouter 6 autres (3 cinétitpies et .> ])0tentiels) pour la rotation
de l'atome, car les atomes sont aisément mis en rotation quand on
fait tourner un solide dans son ensemlde, et ceci montre cjue leur
rotation est produite rapidement par les actions qu'exercent les
atomes voisins. Ceci donnerait |)Our s un total égal à ly, tro[)
grand pour être d accord avec lexpérience.
Le mouvement des électrons libres dans un solide doit certai-
nement correspondre à des termes efficaces de Ténergie du solide,
car leurs vitesses sont fortement changées à chacjue collision.
L'énergie de ces électrons a été directement mesurée par Richardson
et Brown ( - ) et a été trouvée égale à celle de la molécule d'un gaz
monoatomique (5 = 3). S'il y a q électrons libres pour chaque
atome d'un solide, ces électrons à eux seuls doivent ap|)orter la
contribution Zq à la valeur de s.
L'expérience montre cjue s est sensiblement égal à b, de sorte
que q ne peut en aucun cas être supérieur à 2, Les meilleures
déterminations de q donnent des valeurs qui sont souvent re-
marquablement voisines de 2 et qin", si elles s'en écartent, sont en
général au-dessus pltit('it f[n";iu-dessous de cette \aleur(').
(') Phil. M(tg.. août iÇ)o3, p. :>7().
(•-) Pldl. Masr.. t. XVI, p. 333.
(■) Voir .l.-\\. \[ciioi.sox. Pldl. Mag., août i(|ii, p. 243,. où l'on trouve
indication d'autres lra\iui\.
f, j l.A TIlÉOltlE nr nAYONN'KMKNT KT LKS QUANTA.
Jl semble iialiirel et simple de supposer que la xaleiir lotale de s
( s = (')) provient eiilièrenienl de la coiitrihulion Aq due aux élee-
trons lil)i-es, ^y étant égal à 2. Ceci exigeiail (jue les mouvements
de translation et de rotation des atomes corres|)ondent à des termes
non efficaces de l'énergie, livpothèse qui s'accorderait bien avec
ce qu'on peut savoir sur les mouvements internes des solides.
On pourrait aussi, incidemment, déduire de ce (|ui jDrécède la
conséquence suixante : (Mi doit s'attendre à ce que le nombre des
électrons libres diminue à mesure que la lempéralure s'abaisse, de
sorte (lu'il n'v en a probablement plus au zéro absolu. I.e nombre r/
doit aussi varier avec la lem|)érature, jiarlant de zéro pour T = o
et augmentant asymptotiquement vers rj = o,. Celte bypotbèse aurait
pour conséquence que la clialeur spécidcpie des solides s'annulerait
au zéro de température, conformément au\ résultats obtenus j)ar
Nernst et ses collaborateurs. Malgré cette concordance générale
avec les faits représentés par la formule de Nernst et Lindemann,
il est j)rol)able (pie l'Iivpotlièse actuelle ne donnerait rien de com-
parable à l'accord quantitatif obtenu par celle formule. De plus,
rabscnce d'électrons libres au zéro absolu serait difficile à concilier
avec les coud iirlil)ili tés énormes indiquées pour cette tenqx'ralure
par les expériences de Ramerlingh Onnes, Dewar, etc.
L'ÉTHER ET LE RAYONNEMENT.
10. Le tliéorème d'équi|)artilion |)rend un aspecl dilïereni ([uaml
on essaie de lapplicpier aiix degrés de libcric d'un milieu continu :
il en est ainsi lorsqu'il s'agit de l'énergi»^ de létber.
L'énergie dun milieu continu qui peut élre le siège de vibraliou>
de faible amplitude s'exprime par une somme de carrés, à ralsou
de deux termes pour chaque mode indépendant de vibration du
milieu. Toute vibration libre a une |)ériode déterminée et corri'>-
pond. si le milieu est liomogène, à une longueur d'onde définie.
L énergie d une perturbation (pielconque peut ('tre décomposée
en parties ccjrrespondantes à des séries d'ondc'^ ou d'oscillations de
diverses longueurs d'onde.
De simj)les considérations de dimension-< uidulrenl t|iie le
nombre^ de \ibrations bbic^ de longueurs d'iiiidi' ( onqirises entre
LA THÉORIE CINÉTIQUE DE LA CHALEUR SPÉCIFIQUE. Ci
A et A + if/., dans un milieu quelcoïKjue. doit être de la forme
(16) c>.-f/À,
par unité de soliime, c étant une constante. Le calcnl exact montre
que c est égal à 87: pour Tétlier; pour un milieu gazeux transmet-
tant des ondes sonores, la valeur de c est égale à 4~- Chaque
vibration libre correspond à deux termes dans l'expression de
l'énergie, et dans l'état d'entropie maximum l'ensemble de ces
deux termes représente une cjuantité d'énergie égale en moA^enne
à RT. La ([uantité totale d'énergie par unité de volume, dans l'état
d'équilibre tliermodvnamique avec la matière doit être, à la tem-
péi'ature T.
(17) cfl\l}->dl.
On volt lacileinent, sur la représentation graphique de cette
intégrale, que l'énergie se concentre sur les vibrations de longueur
d'onde infiniment petite. Ou bien, si les vibrations de longueur
d'onde inliniment petite ne peuvent pas exister à cause d'une struc-
ture du milieu, la majeure j)artie de l'énergie se concentre dans les
radiations de courte longueur d onde. Le théorème d'équipartilion
se réduit ainsi à une expressuin molh(''mati([ue pour la tendance
générale de l'énergie d'un milieu continu à se dégrader sous
forme de perturbations irrégulières.
Cette signilication particulière du lli*''Orème peut être illustrée
par la considération de l'énergie des ondes sonores dans un réci-
pient clos contenant de l'air. Supposons les parois complètement
imperméables à l'énergie, de manière que l'air forme un système
conservatif, et admettons qu'initialement un système quelconque
d'ondes sonores ait été créé dans le récipient, celui-ci étant ensuite
fermé et abandonné à lui-même. Les ondes seront, dans le langage
<le ranclenne Physique, dissipées graduellement par la viscosité du
milieu, jusqu'à ce que l'énergie soit transformée en chahuir distri-
l)uée uniformément dans l'intérieur du réci|)ient. Dans le langage
delà Physique moléculaire, nous pouvons dire (pie la it'gularité du
mouvement d'ensemble de l'air est troublée par les collisions entre
molécules et se trouve finalement dégradée dans le mouvement
thermique irrégulier. L'état (iiial. de cpielque manière que nous le
supposions atteint, est tel (pie les molécules se meuvent avec des
L. ET m: r». 5
66 h\ THÉORIE DU RAYONNEMENT ET LES QUANTA.
vitesses distribuées au hasard, conformément à la loi de Maxwell.
Ce mouvement irrégulier peut être, comme tout autre, décom-
posé au moyen de l'analyse de Fourier, en une série de trains
d'ondes réguliers. En effectuant les calculs, on trouve (') que
l'énergie du mouvement désordonné, décomposée en énergies de
trains d'ondes, a par unité de volume une valeur
^^■f
RTX-if/)..
au moins tant que la longueur donde reste supérieure aux dis-
tances moléculaires. Ceci reproduit exactement la distribution
d'énergie exigée par le théorème d'équipartition (i-) ; les deux
manières de l'obtenir se complètent et s éclairent mutuellement.
De la même manière, si le théorème d'équipartition était appli-
cable à l'éther, nous pi'évoirions un état final dans lequel l'énergie
par unité de volume dans l'éther serait
(i8) 8- fRTl'*dl.
On peut dire que c'est là la distribution d'énergie (jui donne la
valeur complète 5 = 2 pour chaque vibration, quelle que puisse
être sa longueur d'onde.
La distribution précédente est, en fait, celle qui a été observée
expérimentalement pour les grandes longueui^s d'onde, mais elle
cesse d'être exacte pour les courtes longueurs d'onde. En passant
des unes aux autres, la valeur de i' diminue progressivement
depuis 2, valeur qui correspond aux termes efficaces, jusqu'à zéro,
\aleur correspondante aux termes non efficaces. Nous verrons
facilement, en considérant l'ordre de grandeur des temps qui inter-
viennent, que nous devons a priori prévoir des termes efficaces
|)our les très grandes longueurs d'onde et des termes non efficaces
pour les très courtes ; pour les ondes intermédiaires seules, il est
nécessaire d'examiner les choses plus en détail.
Le lait que les valeurs de s varient de manière continue
depuis zéro jusqu'à 2 montre que, en toute rigueur, le théorème
d'équipartition ne peut pas du tout s'appliquer ici : les termes
(') Pliil.. Mag., t. WII, p. j'16.
I.A IlIKOnjE CINÉTIOl E DK LA CHALEUR SPÉCU'IQLE. 67
carrés ne se partagent pas en deux classes opposées, comme on l'a
admis au paragraphe 1. 11 serait intéressant, non pas tant d'expli-
quer pourquoi le théorème d'équipartition ne s'applique pas, que
de trouver une forme plus générale du théorème qui comprenne
aussi le cas actuel, laissé complètement de coté par la théorie
classique de Maxwell et de Boltzmatin, et dans lequel il v a une
transition continue entre les termes efficaces et non efficaces.
11. Le sujet est tel qu'une analyse exacte complique plus quelle
n'éclaire la véritable difficulté. Une analogie hydrostatique repré-
sentci'a les choses peut-être plus clairement qu'une discussion
mathématique approfondie.
Représentons les diverses capacités d Un svstème dynamique
pour l'énergie par une série de réservoirs reliés entre eux par des
tuyaux. La surface de chaque réservoir sera supposée proportion-
nelle au nombre total de termes carrés dans la partie correspon-
dante de l'énergie du systèiue et la liauleur de l'eau représentera
la yaleur moyenne de H- pour ces mêmes termes, de sorte que la
quantité d'eau contenue dans un réservoir représente l'énergie
totale de la partie correspondante du système.
Si le système est absolument conservatif, le théorème d équipar-
tition affirme que, après un temjis suffisant, 1 eau prendra la même
hauteur dans tous les réservoirs. La seule exception correspond à
l'absence de communication entre un ou plusieurs réservoirs elles
autres, de sorte que la continuité de trajectoire de Maxwell n'esl
pas satisfaite.
Une faible dissipation d'énergie sera repré-sentée par des fuites
dans certains réservoirs, La section des tuyaux qui réunissent les
réservoirs prend maintenant de l'imporlance. ()uelques réservoirs
peuvent communiquer assez largemeut pour que l'égalité de niveau
s'établisse entre eux avant que les fuites aient produit aucun ellèl
appréciable ; à ces réservoirs correspondent les termes efficaces.
D autres peuvent communiquer avec le système principal des
réservoirs par des tubes capillaires ; ils correspondent aux coor-
données non efficaces. Dans les applications physiques, les fuites
de ces derniers réservoirs sont, en général, beaucoup j)lus rapides
que la vitesse d'arrivée de l'eau, de sorte que leau y gardera un
niveau uniformément nul.
G8 LA THKORIE DU HAVONNEMENT ET LES QIANTA.
On pr-ul iniaiiiner des réservoirs ayant des caractères intermé-
diaires entre les précédents, et qui correspondront à des coordon-
nées qui ne sont ni complètement efficaces, ni complètement inef-
ficaces. Aucun théorème simple ne nous permet de déterminer le
niveau de l'eau dans ces réservoirs : il est défini par la condition
([ue la vitesse d'arrivée de l'eau dans chaque réservoir soit égale au
débit de sortie, et cette condition fait intervenir les débits à traveis
tous les tuyaux de connection. Dans le résultat final, l'eau peut
iivoir dans un tel réserxoir une hauteur (juelronque intermédiaire
entre zéro et celle qui corres|iond aux coordonnées complètement
efficaces.
La comparaison qui \ient d'être faite montre dans c|uelle direc-
tion il serait possible de généraliser la théorie de Maxwell-
Holtzmann ; mais avant d'entrer dans cette voie, il est nécesssaire
d'introduire une hypothèse pour préciser le mécanisme des
(•changes d'énergie entre la matière et l'éther. La seule hvpothèse
(pii ait conduit jusqu'ici à des résultats est celle c[ui attribue
l'émission et l'absorption du ravonnement à des électrons libres en
mouvement à travers les interstices de la matière solide.
Si la distribution d'énergie dans le rayonnement correspondant
à l'équilibre entre l'émission et l'absorption est donnée par
I Fj^cIa, la vitesse d absorption de 1 énergie par le mouvement des
électrons libres est
/
4~c>, E>, f/À,
par unité de temps et par unité de vrdiime: c> est la conducti\ itf
du milieu pour des perturbations de fréipience - • Il y a certaine-
ment aussi absorption parles électrons liés, niais la présence de
ceux-ci en |)lus ou moins grand nombre ne doit j)as modifier la
distribution d équilibre, (|ui est la même pour tous les corps cl
((ue nous obtenons ici en considérant une substance contenant
seulement des électrons libres.
Sup[)osons que le ravonnement émis par les électrons libres par
iinil»' de \oliiine et j)ar unité de temps, analvsé par application du
théorème de h'ourier, se présente sous la forme
f
0> dl
LA THKORIi: ( INKTIQLE DK l.A CHAI. KIR SPKCIFIQLE. 6<(
T/état permanent. (It(<'rminé par la condition que 1 émission
compense l'absorption, est donné par
(19) E-,
I ~ f).
Si nous supposons que les chocs sul)i> pur les électrons sont instan-
tanés, ce qui correspond à l'émission dune grande quantité d'é-
nerg;ie raA'onnantc de courte lon;L;iiei(!- d onde, on peut montrer
que(')
C20) Q).= 3-.>-2RT>.-^c>,
d'où
(21) E>.= 8-irr/. •.
C'est précisément la valeur à laquelle le lliéorème déquipartition
conduit pour E>. [formule (18)]. En fait, les hvpotlièses sur les-
quelles sont jjasés les calculs précédente Impliquent que chacjue
mode de vibration de 1 étlier correspond à deux termes carrés effi-
caces dans lénergie, de sorte que léquation (21) en résulte néces-
sairement.
Si, comme cela doit se passer dans la réalité, on suppose que
les chocs ne sont pas instantanés et que. jiar suite, la quantité
d'énergie rayonnante li lire de courte longueur d'onde dans l'éther
est négligeable, on trou\e que la valeur de <2)- c^'^i^ée par (20) doit
être multipliée i)ai' un facteur t\e la forme /(r-) on r est tel que
— TT est de l'ordre île \,i durée du choc. \ re|)résentai)t la vitesse de
2-V '
la lumière. Si les collisions sont toutes de mt-me duiée. on |)eiit mon-
trer que, pour y. très petit, ce fadeur tend ^ ers zéro comme e '■(-).
Au lieu de la formule (i^i). nous obtenons
( 22 ) E> dl = 8 - RT l-\f (!' ) dl.
En faisant rhvpotlièsc particulière (pie le mouvement de (liacpie
(') H.-V. Lori:ntz. Tlieory of Electrom, p. >-'-. — J.-H. Jkans. Phil. Mag
juin et août 1909. — II. -A. WiLSox, Phil. Mag., t. \X, !<|i<>. p. i^>j.
(-) J.-H. Jeans, Dynamical Tlieory of Goses, |>. îoî.
70 I,A TIIÉOUII': Di: nAVONXEMENT ET I.ES (JUANTA.
électron consiste dans une succession de chocs et de libres parcours
reclilignes. et que tous les électrons se meuvent avec la même
vitesse, Sir J.-J. Thomson (*) a obtenu la formule
( -23 ) E>. dl = 8- RTa - e~ > dh.
«|ui est, naturellement, un cas particulier du type général de la
formule (22). On peut remarquer aussi que la formule de Planck,
considérée comme traduisant les faits expérimentaux relatifs au
rayonnement, rentre aussi dans le type général (2:-»).
Il s'introduit cependant des difficultés :
1° Pour que la formule (22 ) soit d'accord avec la loi de \'\ len,
il est nécessaire que la valeur de c et, par suite, la durée dun choc
soit exactement pi'oportionnelle à rp? condition qu'il n est pas
facile de concilier avec une conception raisonnable du mouvement
des électrons libres;
2° La valeur numérique de c peut être déterminée par compa-
raison de la formule (22) avec la loi de Planck. On trouve ainsi
qu'à la température ordinaire, la durée d'un choc devrait être de
Tordre 10'' seconde, c'est-à-dire beaucoup troj) grande pour
concorder a\ec ce que nous savons sur les dimensions molé-
culaires ;
3" La valeur de r et la durée du cboc de\ raient être exactement
les mêmes pour toutes les substances, ce qu'il est presque impos-
sible d'imaginer;
4" Les expériences de Richardson et Brown montrent que les
vitesses des électrons libres sont distribuées suivant la loi tie Max-
well, de sorte que les valeurs de c doivent être dillerentes [)our les
divers chocs et, en intégrant pour toutes les \itesses. on obtient pour
/(- j une toime limite qui varie non pas ((tniiue c '■ mais comme
e ^ '■, résultat contraire à l'observation.
Il ne seudjie doue pas douteux ipi aucune extension de la théorie
de AJaxAvell-Bollzmann flans le sens qui vient d'être indiqué ne
r ) Phil. Ma^.. l. \IV. p. «aS.
LA THÉORIE CINÉTIQUE DE LA CHALEUR SPÉCIFIQUE. 7I
pourra rendre compte des phénomènes de rayonnemeul. Le déve-
loppement de cette théorie ne de\iendra possible que lorsqu'on
aura iuiaginé quelque autre niécanisnie pour la radiation. Mais il est
peu probable que la théorie classique de Boltzmann et de ^Maxwell,
combinée a\ec une hypothèse quelconque sur le mécanisme de
radiation dans laquelle les équations canoniques seraient conservées,
puisse jamais conduire à des formules représentant aussi bien les
laits que celles de Planck. Nernst et Einstein.
APPENDICE.
DÉMONSTRATIONS DU THÉORÈME DÉQL IPARTITKlN.
Le théorème déquipartition, sous sa forme la plus simple,
semble avoir été découvert, quoique sans démonstration précise,
par W aterston. Dans un Mémoire présenté à la Société Royale de
Londres en i<S4>. il énonça le théorème sous la forme suivante :
Dans les mélanges^ la vitesse moléculaire quadratique est
inversement proportionnelle à la masse spécifique de la molé-
cule. Ceci est la loi d'équilibre de la force vive.
Les démonslralions dun yrand nombre des théorèmes énoncés
dans le Mémoire étaient inexactes, de sorte que celui-ci ne fui j)as
publié, mais déposé dans les archives de la Société. En iSq:^, il
fut publié dans les Pliilosopliical Transactions en raison de
l'intérêt historique acquis par lui comme énonçant pour la pre-
mière fois beaucoup des théorèmes de la théorie cinétique des gaz.
[Jans une ?S^)te relative à ce que Waterslon appelle la loi d'équi-
libre de la force vive. Lord Rayleigh rcmarcpie : « Ceci est le
premier énoncé dun théorème très important, i^a démonstration,
cependant, esta peine défendable ».
Dans l'intervalle, les travaux de Clausius (') avaient montré la
nécessité d'une élude de la distribution de l'énergie dans les gaz.
(') Ueber die Art der I}e\veij;itng ive/c/w wir ]l arme iiennen {l^ogg. Ann.
t. C, p. 3")3) et Méiimiies iillcrieui's.
72 LA THEOBIE III RAVONNEMKNT KT LES OIANTA.
et Maxwell retroma le lliéorème dans un Mémoire lu devant la
British Association en i85(). 11 donne renoncé suivant :
Deux systèmes de molécules sont en mouvement dans un
même récipient : montrer que la force viie moyenne d'une
particule deviendra la même pour les deux systèmes (').
La démonstration de Alaxwell nest pas correcte; elle i-epose sur
rhvpotlièse non justifiée que la distribution d'une composante d<'
la vitesse u entre les molécules est indépendante de la distribution
des autres composantes r, (v.
Boltzmann a publié un Mémoire sur ce sujet, en 1861, qu'on
retrouve sous une forme plus complète et plus moderne dans ses
Vorlesungen iiber Gastheorie (-). Il étudie la distribution des
diverses sortes d'énergie dans un système de molécules en mouve-
ment. Cette démonstration de Boltzmann a été lobjet de beaucoup
de discussions et de critiques à cause de lliypothèse, essentielle
pour la démonstration, que la distribution des molécules est ce que
Boltzmann appelle ungeordnet. Nous n'avons ])as ici la place de
la discuter (^), mais je crois exact de dire (pie cette hypothèse
ainsi que celle faite j>rimitivement par Maxwell sont vraies et
peuvent être démontrées telles, mais qii \\ f>i |)liis facile de
démontrer ah initia tout le théorème que df justifier l'une ou
l'autre d'entre elles.
Maxwell publia en 18-9 ( '' ) un exposé très général et très
complet de cette question, en étudiant la distribution de l'énergie
entre toutes les coordonnées d'un système dynamique, sans intro-
duction des molécules en mouvement admises par ses devan-
ciers.
Toutes les difficultés (pii concernent cette (pieslion ressortirent
du théorème énoncé |)ar Maxwell. Il \it Im-mèine clairement celles
qui s introduisaient dès cpion apj)li(piait le lliéorème au système
de létlier et delà matière. Lord KeKin \il ces difficultés si clai-
(') lUustralioas of Uie dj nainical Tlieory 0/ Cases {l'itil. Mcig., janvier et
juillet iSGo). — Max\vell, Scientijic Popers. t. I. p. c>--.
{-) Tome II, Chap. III et I\ .
(') On trouvera celte discussion (hms The dyiHimical T/ieoi\- 0/ Cases, Cliap. IV
et V, de Ji'.AXS.
(') .Maxwell, Collecled Works, t. II, p. -i'^.
I.V THÈORIK CINKTIQllv ItK I.A CHALKl K SPÉCIFIQUE. /S
irinenl qu il demeura loujmirs un adversaire convaincu, non seule-
ment des applications, mais du théorème lui-même.
La supposition que 1 état d écpiiparti tion de I éneriiie jjonrrait
être un état final, atteint seulement au hout d un temps très loni;.
a été introduite, je crois, par Hoitzmann ]>our la première lois.
DISCUSSION DU RAPPORT DE M. JEANS.
M. LoiiEisTz insiste de nouveau sur le cas d une plaque d'argent
enfermée dans nne enceinte parfaitement réfléchissante, et remplie
de rayonnement noir, en se bornant à la lumière jaune et à la tem-
pérature de o° C. On est d'accord sur ce point que, d'api'ès les
théories classiques, l'état indiqué par la formule de Rajleigh. s'il
existait, serait un état d'équilibre. La densité de l'énergie dans
cet état serait à peu près la cinquième partie de ce qu'elle est à la
température de i20o"C.. donc au moins la cinquième partie du
rayonnement noir J qu'on observe à cette dernière temj)éralure.
Or, comme l'équilibre résulte de ce que l'émission et l'absorption
de la ])laque d'argent se balancent, il faut que lémission de la
plaque soil égale à4 J. iinilliplié par le coefficient d'absorption A
de la plaque, ^lais \= — , donc il faudrait que l'émission de
l'argent eut la valeur y^J. et la ])laque devrait être visible dans
l'obscurité, si l'on admet que 1 émission est toujours la même à
une température déterminée, que des ravons tombent ou non sur
la j)laque. Si M. Jeans trouve une émission beaucoup plus faible,
cela doit tenir à ce qu'il n'a pas imaginé le vrai mécanisme.
M. Jea>"s. — Il n'est pas possible de supposer que l'émission soit
indépendante de la distribution de l'énergie dans l'éther. Dans la
théorie actuelle, l'émission par électron est „,. • La force électriciue
sur l'électron peut être regardée comme composée de Lj pro\cnant
des forces électrostatiques exercées par la matière sur l'électron en
mouvement et de E^ due à la radiation.
A ou s avons
de sorte que
en négligeant un terme '>E,E. qui disparaît dans la moyenne
DISCUSSION DU RAPPORT DE M. JEANS. jj
étendue à tous les électrons. Lorsque la radiation de l'éther corres-
pond à la formule de Rayleigh, Ei; étant 4~ fois l'énergie radiante
par unité de ^olume est infinie. Mais si nous supposons que
l'énergie des |)etites longueurs d'onde s'est éciiappée jusqu'à ce
que l'énergie de l'éther ait pris la valeur correspondant à l'obser-
vation, on [leut négliger Ei; devant E;'. En prenant
nous obtenons le> formules du paragraphe il de mon iiapporl.
M. RuïHERFORo. — Il semble qu'on puisse diviser l'atome en
deux parties, une partie extérieure et tme j^artie intérieure; peul-
élre est-ce dans cette dernière que s introduisent les coordonnées
de la dernière classe de AE Jeans.
M. Langevix. — • Il serait nécessaire d'expliquer pourquoi les
écarts entre l'état final et l'état normal sont les mêmes cpielle (pie
soil la matière présente dans lenceinte.
i^E Jeaks. — Oui. c'est une des difficultés presque insurmon-
tables auxquelles on se heurte dès qu'on s'écarte de riiypothèse
d'équilibre thermodynamique. Ainsi que je l'ai dit dans mon
Rapport (§ 11). cette difficidtc' seiuble être fatale à l'hypothèse
particulière cpii considère la i-adiation comme due aux accéléraliiuis
des électrons ])endanl les chocs.
11 est peut-être permis d'espérer, de manière générale. (|ue les
conditions de léhii linid ijr p>cu(lo-(''(piilibre puissent s'ex|)rimer au
moven de conslantes coniininK'^ à toute espèce de matière,
comme e. ni. r. /, . en dehors dc> éléiucnls caractéristiques de la
substance |>;iiticulièie considérée.
Il e>l iilll' de iciiiai(picr cpic -i la loi (\r \'r\,i\ final doit
dépendre x-ulenient des constantes (pii \iennenl d èlre indi(pié<'s
et des \arial)les c et T, il résulte des dimensions physiques de ce>
quantités que la loi de railialiou doil ('Ire uécessairemcnl tic la
forme
-G LA THKORIE DU RAYONNEMENT ET LES QIANTA.
OÙ C esl une ronsfaulc et A un iiiulli|»le de—, c est-à-flire une
(jnantilé avant les mêmes dimensions quiine action ( ' ).
On doit admettre, toutefois, que 1 espoir est bien faible de
trouxer (buis cette direction une solution de la (blïieulté.
M. LiNDEMANN. — i" Si. dans le cas de léfjuibbre stable, toute
lénergie se trome dans 1 étber sans tju \\ \ en ait (bins la matière,
comment peut-on expliquer le fait (pic la matière puisse être
écbaufTée par une radiation?
2" Le professeur Jeans suggère que les cbaleurs spécifiques
peinent être due> aux électrons libres. Il semble difficile de
mettre cela en accord avec le fait que des métalloïdes, tels que le
soufre, l'iode, etc. et des sels, tels (pie RCl, AgCl ont des cbaleurs
spécific[ues ibi même ordre (pie celles des métaux à des tempéra-
tures correspondantes.
M. Jeans. — i" La ibéorie que lauteur a tenté de développer
n'exclut en aucune fac^on l'absorption de l'énergie radiante par la
matière, et ne semble pas (Hre incompatible avec une élévation
de température de la matière.
l'.n fait, la théorie est entièrement fondée sui- la Dvnamique
classique daprès la(pielle un électron ])lacé dans un rayon de
lumière aI)sorbe l'énergie du raAon. Cette énergie absorbée appa-
raît d'abord comme énergie (•inéti(pie de l'électron et ultérieure-
ment comme chaleur.
a" Ceci paraît certainement être une objection de nature à
rendre moins probable la théorie suggérée par l'auteur, mais l'au-
teur \oudrait insister encore pour dire (piil ne tient à d(''fendie ni
cette tbéoi^e en particulier, ni aucune autre ; il a simplenienl
essavé d examiner si 1 on ne |)0iirrait ])as baser une théorie consis-
tante sur les idées de ^Lixwell et de lîolt/.iiianu. v
M. WiEN. — i" Autant (|ue je le \ois d a|uès \olre formule,
le rayonnement n'est pas eu ('(piilibre. Mais la loi de KircbolV
exige ])our les rayons visibles une grande ra|)i(lité de mise en é(pii-
libre. Cette loi ne serait donc pas vraie dans votre llu'orie: elle est
(' ) Voii- à ce sujet la discussion du Kap|»ort tlo !\I. F^lanck.
DISCUSSION 1)1 UMM'OnT DE M. JKANS. 77
rependiinl iiiic consi'ciiiciici' du ^ccoud pi-incipc de hi Tliermod\-
uainic(iie ol elle a pour coii-^iMpicncc un (■lai -lalioiiiiairc du ^a^on-
nouieut.
•A° Je \oiidiais viMi-< d<'iiiaiidei' coiiimcul \olr(; assertion du
parayrajdie li <pie, à hasse température, les (dectrons lil)res dispa-
raisentpeut ••lie iiil-r ru ,(<corda\ec les obserxations de M. K.amer-
liniili Onnes. (pu iiioiilrcuL (|ifà très basse température la eondue-
libilité du mercuie desieut extrêmement grande.
M. .Ieaa's. — I" .le ci-ois (pie la loi de Kircldioil peul être
démonlrée par des cou.^idci allons |)urement ('ledromagnétiques,
sans se préoeeuper de sa\oir s il v a ou non é(piilibre lliermo-
dynamique ( ' ).
2" Je reconnais la dillictillé. Mais liien cjue. d'après celle con-
ception, le nombre des électrons décroisse aux basses tempé-
ratures, il faul se souvenir que le jjouvoir conducteur de chacun
d'eux augmentera. La conductibilité de la substance est ainsi
proportionnelle au ])rotluit de deux quantités, dont liine décroit
et l'autre croit vers les basses température>. de sorte c[u on ne
|jeut pas dire a priori dans quel sens se produira la variation.
M. PoiNCAKÉ. — • 11 est clair qu en donnant de? dimensions con-
venables aux tuvaux de communication entre ses réservoirs et des
valeurs convenables aux fuites, M. Jeans pourra rendre c(uiiplc de
a importe quelle constatation ex|)érimentale. Mais ce n est pas là
le rôle des théories physiques. Elles ne doivent pas introduire
autant de constantes arbitraires qu'il v a de |)li('noinènes à ex|)li-
<pier: elles d(H\cnl ('•lahlii une < nnncMon cnlrc !•'> divers tail--
expérimentaux d >iiilout pcrnicitrc la pr(''\i>ion.
(') Phil. Mag.. >' série. 1. \\ 11, iç/ofj. p. 781.
VÉRIFICATION lîX PERIMENT ALE
LA FORMULE DE PLAXCK
LE IIAYOXNEMENT DU CORPS NOIR:
Pau m. E. WARBURG.
1. Les reclierclics (Ir MM. Linnmercl Prinfi;.sheim (i 8e)()-i90o) [^ i
ont moiitr»' que la formule pi-oposée par M. W. ^^ ien (-) eu
I 8g(3 ne s'appliquait que jxjnr les valeurs de A T inférieures à en-
viron 3ooo, ). étant mesurée en microns. MM. Rubens et Kurlbaum
réussirent en 1900 (•') à proioniicr les mesures juscju à des valeuis
de AÏ plus grandes que celles où MM. Lummer el Pringsheim s"('--
taient arrêtés et trouvèrent, par suite, un désaccord encore plus
grand avec la formule de W ien. Ces faits conduisirent M. Planck à
donner sa nouvelle loi de distribution de l'énergie dans le spectre
(u)oo) (''). M. Rubens s'occupera dans son Rapport des recherches
relatives aux grandes valeurs de aT et je me limiterai au domaine
([ui est bien représenté par la foriuule de W ien.
;2. Remarquons tout d abord que c est ce douiaine qui pi-ésente
la plus grande imj>ortance au ])oint de vue de la théorie des quanta
(') Verh. deutsch. phys. Ges., 1899, P- '"^ ^^ '9'"') P- '''3.
( = ) Wied Ann., t. LVIII, 1896, p. 66j.
(') Ann. der Phys., 4° série, t. IV, 1901, p. (i'ij).
( ' ) l'erh. deutsch. phys. Ges., 1900, p. 202-237; ^""« der Phys.. V série, l. IV,
1901. p. vys.
VKRIFIC.VTION KXI'KUIMENTALE DE LA FORMULE DE PLANCK. 79
car le qiiotionl ,— (]iii intervient dans la formule de Planck (')
e'-' — I
n'est autre eliose que ia grandeur
t = ,-
j r-
qui figure dans la formule d'Einslein jiour la chaleur atomique et
qui est égale au quotient du quantum d'énergie Av par les | de
l'énergie cinéti([ue moyenne de translation dune molécule gazeuse
à la température T.
Plus o est grand et, |)ar conséquent, [)lus XT est petit, plus sont
grands les écarts entre la théorie des quanla et la théorie de l'équi-
partition. Les recherches de jNI. Nernst sur les chaleurs atomiques
aux basses températures correspondent aux (;as des grandes
valeurs de o. La vérification de la théorie des quanta par la for-
mule du rayonnement a l'avantage ipiaucun doute n'y peut exister
sur la \aleur de l;i fréquence v.
3. La vérification de la loi du ravonnemeni de Planck s'(d)tient
en cherchant si la constante c déterminée par le rapport entre deux
intensités E) f et E). p. se montre e(Tecti\ement indépendante de A
et T. Dans ce hut, on laisse soit A, soit T constant et Ion ohlient
ainsi les deux méthodes des isocliromes et des isothermes.
i. Isochromes dans le spectre visible. — Pour les tenqx'-ralures
utilisées dans ce domaine, la formule de Planck se confond avec
celle de Wien
F. — S_p~T^
et, par suite,
logE),= a— —
(1) \\d\ repicsente. dans ce rapport, l'énergie mesurée eu ergs ilu rayonne-
ment naturel présent dans une enceinte en équilibre de température et traver-
sant d'un côté vers l'autre une surface de i«">-, pour des longueurs d'onde com-
prises entre 7^ et \-\- d\.
8o i.A THKonih; lU" iîavonne.ment et i.ks quanta.
et
*" " lo-é- T,— T, '
avec;
K).T, .
loy E (luil donc èU'c une foncliou liur;iiri' de -. •
^ oici le résultat de deux séries étendues de reelierelies dan>
lesquelles </o.( a été déteruinn- par le sitedropliolouiélrc :
Vuleurs. a en ;j.. T. a T. c(moyenne). -f.
n. Wanner ('). o.4i) — 0.6') 1000 — 1600 190 — [oJ6 14."8() 29 à i.
Luinmer
et Priniisheiiii (-). o,J — o,()4 i<>'>9 — iSjC) 'l'iu — 1400 14380 -27 à 1
Donnons de suite jjour comparaison les résultais nhlcnirs par la
méthode i\c> isollierines :
A T. c. s.
— liOOO —
— 14o0(» —
Les valeurs obtenues pour c ne montrent dans les deu\ séries de
rcelierehes isoehromes aucune \arialion avec la teni|)érature et
ciimnic la \aleiii' (picllr- (Iniiiicnl pour c concorde ;i\ec celle
(pion détiuitdes isollicruies. il seuible a" avoir ici une conlormation
remarquable de la formule du rayonnement, c cst-à-dire de la
théorie des quanta, jusqu à C5 ^ stg.
o. .Mallieiireuscmiui. Ut couliaiicc dans ces ri'sullats s est trouvée
notablement diminuée par des mesures ulté-rieures. En répétant
les mêmes mesures en 190J, MM. Holborn et \ alentiner (^), dans
l'intei'valle de température io-3" à i -23° mesuré en emploAant la
même écdielle que les auteurs précédents, ont obtenu pour r îles
valeur- (pu douneni bn'ii la moyenne 14600, mais »pii aui;iuentent
;i\(i la tem|)érature d environ 1 j 200 à loooo. La cause île cette
(li\(ii;ence se trouve dans ré-chelle des tempi-ratiires em|)lov(''e.
(') Aiin. lier l'Iiys., !^' strie, t. II, 1900. p. i'|i.
(-) Verli. deiitsch. phys. Ges.. 1901. p. ,iG.
(^) Anii. dcr Phys., '\' série, l. ?\\II, 190-. p. i.
Au Leurs.
A en a.
T.
Luninier
et Pringsheirn. .
<4,")3
Cri ( -
- 1646
F. Paschen
<9,i
373-
- 720
VliniFICATlOX EXPERIMENTALE DE LA FORMULE DE l'LANCK. 8l
lldllidiu Cl I)ay (') avaieuL comparé ri-lcment Pt-Pt rliodié au
(licniioiiirlip à azote .Jms(hi à i loo" C. et avaient représenté la force
électroniolrice de cet élénienl par une fonction quadratique de la
le ni pt' rature du ihernioinètre à azote. \\ anner, puis Lunimcr et
l'rin<;>lu'iui ont extrapolé cette formule au delà de iioo^C. Des
mesures ultérieures, faites au moyen du thermomètre à gaz par
Holborn et Valentiner (-), puis par Day et Sosman (■^) ont montré
cjue cette extrapolation n'est pas légitime. Holborn et Valentiner
ont tron\(' tpic la température obtenue par cette extrapolation est
à ï= 1 600' trop basse de iH" ; Day et Sosman trouvent un désaccord
moindre, mais cependant encore <l en\iron 20° à la même tempé-
rature. Holborn et Valentiner, en utilisant leur nouvelle échelle
de température entre looo*^ et i5oo"C., ont trouvé des valeurs de c
elFectivemenr indépendantes de la température, mais la valeur
obtenue 1 4 200 ne concorde pas avec celle d'environ 14600 que
fournit la méthode des isotherm«^s. Il faut encore ajouter qu une
erreur relative donn<''e sur c conduit sui- lintensité E à une erreur
plus grande dans le raj)[)ort '^ = — r-
On ne peut donc ])as dire ipi^une conlirmation complète de la
formule soit donnée par les résultats indiqués.
6. Des recherches analogues ont ('-té faites dans le domaine de
l'infra-rouge par Paschen ( ' ) (|ui a tracé les isochromes depuis
ï = 420" jusqu'à T = i(3o(y' pour des longueuis donde de i^-'à yV-
et a vérifié la formule de Planck pour c = i4 joo. Il faut dire quil
a aussi employé rexlra[)olati(jn de l'échelle de Molboi-n et Day; de
plus, les valeurs de 'i ne dépassent 8 (pie dans un petit nombre de
cas, de sorte que ces recherches correspondent moins (|ue les précé-
dentes au domaine qui nous intéresse; leur but principal était, en
réalité, la comparaison des formules de Planck et de Wien avec
l'expérience.
7. Récemment, M. Baisch (-*) chez M. \\ . Wien a étendu le>
(') Ann. der Pliys., 4' série, t. If, ifjoo, p. jo5.
(-) Ann. der Pliys., 4" série, t. XXII, 1907, p. i.
{^) Sill. Journ., 4° série, t. XXIX, 1910, p. g3-i6i.
{'') Ann. der l'hys., 4° série, t. IV, 1901, p. 277.
{'•>) Ann. der Pliys., 4° série, t. XXXV. 191 1, p. 543.
L. ET DE B. 6
S2 r.A TiiKouii; Di i«AV().\.NK\ii;.\r et les qiama.
rfclirrrlies jus(}iie d;iiis I iiltr,i-\ lolel. 1 iiilciiNit»' du rayonnement
étant déterminée pai- le noireissenicnl d Une plaque pliotogra-
pliiqne. On déterminait linlensité i' d une soiiree lumineuse de
eomparaison qui, pour la même Ion<4ueur d Onde et la même durée
d'exposition, produisait le même noireisscuimt (pie le rayonnement
r étudié, d'où x^=^y. La même eouipaiaison laite |)Oui* une autre
température à laquelle le rayonnement noir a l'intensité .r' donnait
x' z= y , d où^-='— ; ce dernier rapport ('-lait déterminée pliotomé-
I iiipieuient. I^oiir des lonj^ueurs d'onde ). couipiises entre oi-', 3(> et
oi-'j/JQ et des températures T entre 1200" et 1 joo". c'est-à-dire pour
des valeurs de )>T entre 5oo et G5o, la valeur moyenne de c a été
obtenue égale à i5o(jo. Ces recherches sont intéressantes au point
de \ ue de la méthode emplov('e uiais ne permettent pas de con-
clure au sujet de la constance de c.
(S. Isothermes dans l'infrarouge. — l.a Innnide <\(' IMaucU donne
''I. / 'lit \ '^
C ' — r
où E). et E), sont les intensités du raAonuement noir pour), et ).,„.
cette dernière étant la longueur d'onde d'i'mission maxima.
Ea relation ci-dessus permet de calculer /,„; et par >uite
c r= i.gtiji >.,„T
à partir des valeurs de -7-^ mesurées holométiupiement cl de )..
■'A//;
i^a valeur de c doil iHrr indi'pendaiih^' de /. li (''gale à ce qu'on
déduit des mesures isocliromaliques.
Dans les recherches de Coblent/. (^ ' ) À,„ a été déduit a\ec des
r('sii|tats concordants de mesures portant sur des longueurs d'ondes
supérieures à A„i et comprises entre •>.'•'■, -a^ et (')'■',(') |)oui- des temj)é-
ratures comprises entre -00" et i "{oo" C. -i est comj)ris entre 1..')
et 'i,.).
c a été lrou\é en mo\eiinc égal à i 'jtioo en ((Uieordanee a\ec la
\aleur déduite par Wanner. Liimmer et i'ring>heim de l'étude des
C) Pliys. //cr., t. \.\\I, 1910, p. 01-.
Vi;iUFICAT[OX EXPÉRIMENTALE DE LA FORMULE DE PLAXCK. 83
isocliiomes. l'our les raisons indiquées au paragraphe o, on ne
peut pas attacher à celte coïncidence une signification décisive.
9. Nous nous occu|)ons, à la Reichsanstalt, de la loi du rayon-
nement depuis plusieurs années. Nous nous sommes proposé : i" de
mesurer des températures élevées par la loi de Slefan-Boltzinann
(émission totale proportionnelle àT' )et par la loi du déplacement
de Wien (E)^^ proportionnel à T-*), en partant de la tem|)érature
jjicn connue de la fusion de lor, et, par suite, 2" de déterminer c par
la formule de Planck appliquée aux isochromes et aux isothermes.
Les recherches sont en ce moment trouhlées par une circon-
stance imprévue. En désaccord avec Lummer et Pringsheim, nous
trouvons une température plus élevée par la loi de Stefan-Boltz-
mann que par la loi de ^\ien. Nous nous occupons en ce moment
de trouver la cause de cette différence, mais nous ne sommes pas
encore arrivés à des résultats certains.
10. L n moven indirect pour la V(''rification de la formule de
i'Ianck consiste à com|)arei- la valeur (pi elle donne pour le nomiji-e
de Loschmidt et, par suite, pour la quantité élémentaire d électri-
tricité e avec les autres déterminations de ces grandeurs.
La relation de e avec les constantes de la formule du rayonnemeul
noir a étc- découverte par Planck inais ne dépend pas de la ihéorie
des quanta. En effet, pour les grandes valeurs de T la formule de
Planck se confond avec celle de liavleigh
CT
E), = -^T •
CK*
Dans la lliéorie de Planck on a
G = 2-/jV-2
et
V étant la vitesse de la lumière; d où
— = 2 - A \ .
C
L'élément d'action h disparaît ici. coiiiuie on dexail s y allendic,
puisque la formule de Puivl<'i::li lr:Hliiil la loi d'cMpiiparl il 1011. Si
8/, LA THÉORIE DU RAYONNEMENT ET LES QUANTA.
l'on pouvait mesurer avec précision l'intensité E), dans le domaine
où s'applique la formule de Rajleigh, on en déduirait la constante k
et, par suite, comme on a
/.
où R est la constante des gaz, on en déduirait le nombre N des
molécules clans une molécule-gramme en s'appuyant sur la loi
d'éc[uipartition de 1 énergie. M. Lorentz est parvenu aussi à cette
conclusion. La voie indi(|uée n'a pas été suivie jusqu'ici à cause
des difficultés expérimentales. Elle a été remplacée par une autre
indiquée par M. Planck dans laquelle ou utilise les données expéri-
juentales relatives au rayonnement total. Comme toutes les valeurs
de AT interviennent ici, les calculs font intervenir la théorie des
quanta par l'intermédiaire de la formule de Planck. On a d'après
celle-ci
r°" c
/ Ex (^X = 6,4938 — T* = c;T*,
où T représente la constante de la loi de Stefan-Boltzmann déter-
minée expérimentalement. Il en résulte
C <7C^
c 6,4908
R- c , 00 i^v ^ 9G54 ....
— =: 2t: X o,49j» - — -■> e = Jc^ unUes électrostatiques.
Les diverses méthodes employées pour la détermination tie c ont
conduit aux valeurs suivantes :
1° Par la formule du rayonnement avec l c = 14600 4 6q. 10-"^
la valeur de Kurlbaum pour a et | c= 14200 4 32. jq-'"^
o r> I 1 . i„ Il .1 \ Rutheifoitl et Geiser. 4,65 »
2 iar la charge et Je nombre des particules a \ » h>
( Regener 4,79 »
3" Par la vitesse de chute 'de particules 1
,,,..,, , ., • MiUikan {80 »
electnsees dans un cliamp électrique / < j .'
4" Par le mouvement bro\vnicn d';iprés Perrin 4 aS »
Les valeurs ainsi obtenues par des méthodes très différentes pour
la charge élémentaire e montrent déjà une concordance remar-
(piable. Des reclierches ultérieures auront à montrer quelle est
l'origine des divergences (pii subsistent. Au sujet de la j)remière
VKUIFICATION i:\PKRIMEXTAI.E DK LA FOUMULK DE PLANCK. 85
iiictliode. je ferai la remarque suivante : la valeur donnée par
l'ianek, 4, '>})• i o"'", est obtenue en admettant c = i^6oo et le
nombre de Kurlbaum pour a- : e est proportionnelle à tc'. Si la
valeur i^ Goo est un peu trop grande pour r. ce qui est vraisem-
blable, la valeur de e serait un peu trop i^rande aussi. D'un autre
côté, il est ])robable que le nombre de Kurlbaum est trop petit de
quelques pour cent. Les mesures ont été faites en faisant tomber le
rayonnement noir en sortant d'une enceinte à loo" C. sur un bolo-
mètre couvert de noir de platine et maintenu à la température
ambiante. On a admis que le bolomètre était complètement absor-
bant tandis que des mesures ultérieures de Kurlbaum (') ont montré
que le pouvoir absorbant du noir de platine en couche épaisse est
seulement de 97 pour 100. Cette circonstance aurait pour eftet
de rendre un peu trop petite la valeur de e donnée par Planck.
11. En résumé, je crois pou\oir dire que les rechercbes effec-
tuées jusqu'ici ne sont pas en désaccord avec la formule de Planck
mais qu'elles n'en ont pas fourni non plus une vérification complète
puisque les valeurs de c obtenues par diverses méthodes varient
encore entre 14200 el i4tJoo.
11 est important, au point de vue de la théorie des quanta^ de
mesurer l'intensité du rayonnement pour de petites valeurs de AT.
Comme pour des valeurs données de aT l'intensité est propor-
tionnelle à — > il est i)référable d'utiliser de courtes longueurs
d'ondes et des températures élevées.
(') Wiedemann's Annalen, t. LWII, 18^9, p. 8|<).
DISCUSSION DU RAPPORT DE M. WARBURG.
M. PoiNCAiiÉ. — Il y a de petites divergences avec la formule
de M. Planck. Ces divergences seraient-elles atténuées en prenant
la dernière formule de M. Planck?
M. PjLXNCK. — 11 n'y a aucune ditïérence entre les résultais
expérimentaux prévus par les deux formules.
M. WiEJN. — A propos du travail de M. Baiscli, je voudrais
remarquer que j'ai piovo([ué ce travail pour mettre à l'épreuve la
loi du rayonnement pour les petites \aleurs de IT. Il s'agissait
d'abord de perfectionner la méthode photographique pour déduire
l'intensité du degré de noircissement; l'exactitude de la méthode
est certainement susceptible de beaucoup de perfectionnements,
car les expériences ont été faites avec un spectrographe relati-
vement peu lumineux.
M. Kamerlijvgh Oin'>'ks. — On peut aussi diminuer Àï en
prenant T petit. Abstraction faite du rayonnement noir, il semble
qu'il serait intéressant de faire dillérentes mesures démission et
d'absorption à basse température (\oir Zitf. Vers/, d. Non.
Akad. V. ll'etrnscli. Amsterdam, juin njii. p. i^ij; Leiden
Communie, n" 123, p. -).
Mais une de celles-ci ne pourrait-elle pas être aussi de mettre
à l'épreuve la théorie des quanta en employant une enceinte à
la température de l'hydrogène licpiide rayonnant sur un couple
thermo-électrique à la température de riu-lunu li([uide?
M. \\ AUBur.G. — Pour une valeur déterminée de aT, ta densité
du rayonnement est proportionnelle à T-', de sorte qu'aux très
basses températures les mesures deviendraient impossibles à cause
de l'extrême faiblesse du ravonnement.
VÉRIFICATION DK LA FORMULE
R A Y 0 N \ E M E N T I ) E P L A N ( ; K
DOMAINE DES GUANDES LONGUEURS D'ONDE:
Pau m. II. liLBENS.
La Aérificatioii expérimentale rencontre dans le domaine des
grandes longueurs d'onde des difficultés nouvelles. S'il est vrai
que les résidtats sont beaucoup moins influencés que pour les
courtes longueurs d onde par des erreurs sur la mesure des tempé-
ratures, il est beaucoup plus difficile, en revanche, d'obtenir des
sources de rayonnement, et plus encore des appareils récepteurs,
qui puissent être considérés comme suffisamment noirs pour les
grandes longueurs d'onde. De plus, l'absorption par les substances
f[ui constituent les prismes devient importante et introduit une
cause d'erreur difficile à éUminer. Au delà de '20^, il devient
impossible d'appliquer la méthode du spectro-bolomètre à cause
de l'opacité des prismes. On doit attribuer à ces circonstances
le fait que, sur les quatre recherches expérimentales, dans
lesquelles on s'est proposé de vérifier la loi du ravonneiiiciit poul-
ies grandes longueurs d'onde, trois (inl porté seulement sur le
tracé des courbes isochromatiques dans lecpiel les causes d'erreur
indiquées interviennent |)eu et une seule a tenté de s'adresser aux
isothermes.
I^e plus ancien de ces travaux est (iTi à M. II. LJeckmann
{Dissertation, Tiibingen, i<S()(S). Il a étudié les isochromes des
rayons restants de la lluoriiK.' (À, =: ^^/i^^^o ; A^ = 3 il^, (i) tians linler-
88 LA TIlKOUir. 1)1, rtAVONMi.MENT ET I.ES QIANTA.
valle de tenipt'rature de iç) >" à 87')" alxsolus. La courbe s"esl mon-
trée presque rectiligne el n'a pu être reprt-senlée par la formule
de Wien, qui était alors considérée comme représentant les faits,
qu'en donnant à la constante c la valeur ^Jiooo, tandis que les
mesures de M. Paschen, dans le domaine des courtes longueurs
d'onde, avaient donn('- la \aleiir r==i|5oo. Les résultats de
Beckmann montraient donc que la formule de \^ ien ne s'appli-
quait pas au cas fies grandes longueurs d onde. H. Ruljens el
F. Kurlbaum onl montiM- idtérieurement ( 1 90 1 ) c[ue ces résultats
étaient, au contraire, représentés dans la limite des erreurs
dexpérience par la formule de Planck.
Par une série de travaux très étendus. MM. Lummer et
Pringsheim (1899, 1900) étaient parvenus, indépendamment de
M. Beckmann, à la conclusion que la formule de Wien qu'ils
avaient eu pour but de vérifier par leurs recliercbes ne s appli-
quait pas dans le domaine des grandes longueurs d'onde et des
températures élevées. Pour représenter apj)roximativement leurs
isocbromes par Téquation de ^^ ien
E = const. e ' ' .
il était nécessaire de donner à c une grandeu'.- \ariable a\ec la
longueur d'onde :
/ 2<j. 3 i-i- i ;ji. 5 ;/.
c i4>o() lôodo iJ.|<'o 16400
Pour de plus grandes longueurs d onde, d l'-lail nnpossible
doblenir une représentation même approximative des courbes
isocbromes par une exponentielle sinq)le dans l'intervalle de tem-
pérature emploA'é. Par exemjjlc, la courbe isocbrome pour
A = 12!*,.'^) exigeait une \aleur de c ([ni angnienlail a\ec la tenij)é-
rature de «4200 à 9.4000. Comme la grandeur c est une constante
absolue dans la formule de ^^ ien. les résultats précédents
montrent que cette formide ne convient |)as pour la représentation
des faits relatifs aux grandes longueurs d'onde. Au contraire, les
isocbromes de Lummer et Pringsbeim. dans le domaine des
grandes longueurs d onde, sont en bon accord avec la formule
de Pbmck. comme M. Planck la monlr»'- Ini-nn'-me lorsipi'il a
publié sa formule en i()0o. Il en est de même yiouv les isotliermes
VKftlFIf ATION DE I.A FOUMILIC Dl RAYONNEMENT DE PLANCK. 89
du speclre inlia-rouge cxlrèine, bien qu'ici, comme on la déjà
indiqué, les causes d'eri^eur soient beaucoup plus importantes.
Les recherches de Lummer et Pringsheim se sont étendues
jus([u"à A = i8t* et T=i-6o" correspondant ainsi à une valeur
3v c
maximum de aT^32 000 qui correspond -a '^^= ^ =z — ^ o,45.
Dans le but d'atteindre des valeurs aussi grandes que possible
pour le produit AT et de soumettre ainsi la loi de Wien à une
\érilication aussi précise que possible, dans le domaine pour
lequel les travaux antérieurs conduisaient à des désaccords.
H. Rubens et F. Kurlbaum ont entrepris, en 1900, une étude
approfondie des courbes isocbromes pour les rayons restants du
cpiartz (8^^,85), de la iluorine ( 24"'. o et 3il^, 6) et du sel gemme
(01^.2) jusqu'aux températures les plus élevées possible
(T = 1-40" absolus). Ces recherches s'étendaient par conséquent
jusqu'à ).T = ()00oo, c'est-à-dire jusqu à '^=^ = 0,16. Fort
heureusement, on pouvait opérer ici, sans compromettre la pré-
cision, a', ec des rayonnements lelativement peu homogènes, car
a forme des isochromes change très peu dans ce domaine avec la
longueur d'onde.
Ces recherches ont conduit, pour les rayons restants du sel
gemme et de la fluorine, à des courbes isochromes presque
exactement rectilignes, ne présentant pas la moindre ressemblance
avec les courbes à asymptote horizontale qu'exigerait la formule
de V\ ien.
La nouvelle formule proposée p;ir M. Planck, en partie pour
rendre compte des résultats fpii lui avaient été communiqués,
montre la concordance la plus complète avec l'expérience. Dans
tout l'intervalle de temj)érature de T = 85" à T= i -4<>" absolus,
le désaccord entre les valeurs obser\ées et les valeurs déduites de
la formule de Planck reste constamment au-dessous des erreurs
d'expérience. La formule de ilavleigh et Jeans, qui donne une
intensité de rayonnement proportionnelle à la température absolue
pour toutes les longueurs d'onde, ne représente les iso('bromes
expérimentales qu'aux températures élevées et conduit à de
grands écarts aux basses tempéiatures. Dans les deux Tableaux
sui\ants se trouvent indiqués les résultats obtenus par l\ul»ens et
Kurlbaum pour quelques températures du corps noir en employant
une [)ile thermo-électrique maintenue à 20° C.
go LA THÉORIE Dl nAVdXMiMt.M ET LES <Jl ANTA.
On a placé en regard les valeurs calculées |)ar les formules de
Planck. de Wien et de Rajleigh-Jeans. dont les constantes ont
été déterminées de manière à ol)tenir la coïncidence a\ec les
valeurs observées pour iooo°C.
Bayons /estants de la Jluorine "a =04",, o et 36H-.
Tempe
rature.
E.
Calculé
Calcul',
(
alciilc
Centigrade.
Absolue.
Observ
',.
l'Ianck.
\^
ien.
Rayle
gh-.)eans.
- 188
85
— I î
5
— i5,o
—
41
- 28,3
-:- 20
293
0
0
0
0
-î- 5oo
773
fi4,
3
62, >
88
9
G4.7
-^ 1000
1273
l32
l32
l32
i3>
H- i5oo
.773
201
j
202
i55
'99:''
Tempe
rature.
E.
Calculé
Ca
culé
Ca
Iculé
Centigrade.
Absolue.
Ob
serve.
Planck.
\\
ien.
Hay
lei^
■Il Jeans
— 188
85
—
20 . G
— ";9
—
107,5
—
28,3
-T- 20
293
0
0
0
0
-f- 5oo
773
64 ,5
63,8
96
'■'4,7
-r- 1000
1275
l32
l32
l32
l32
-T- I )00
,773
196,8
200
1,-7.5
"99:6
On voit que la formule de \\ ien est ici complètement en
désaccord avec l'expérience el t|ue la formule de Rayleigh-Jeans
présente, à la température de lair liquide, pour les ravons
restants du sel gemme, des différences six fois plus grandes que
la formule de Planck. Pour les rayons restants do la lluorine. les
(■caris de la formule de Rajleigh-.leans deviennent \ingt-six fois
plus grands c[ue ceux de la formule de Planck.
Le fait que, pour les rayons restants du quartz, laccord est
moins bon entre la formule de Planck et l'expérience s'explique
facilement par Pabsence d liomoi^éné-it»' des ravons restants (pii
joue déjà un rôle plus imj)orlant que pour les ravons de plus
grande longueur d'onde. De plus, les difftrcnces observées
peuvent très bien tenir aussi à ce que le (piarl/. daprès les
rechercbes récentes de M. (>oblenlz, j)Ossède encore pour A^ i 9.1*,5
un domaine de faible réflexion métallique qui doit exercer une
VKIJIFICATION DE I.A FORMULE Dl RAYONNEMENT DE PLANCK. QI
iniluence a[)prt'cial)le sur la coniposilion spectrale des rayons
restants. A cùt«'' du rayonnement de 8^^.85 il existe ainsi proba-
blement des rayons de l'aible intensité de longueur d'onde i 2'^, 5
dont la présence peut expliquer, au moins en partie, les faibles
écarts entre la formule de Planck et l'expérience.
Il nous reste encore à indiquer les recherches de M. F. l'aschen
entreprises en 1901 pour vérifier la loi du rayonnement dans le
domaine de i^^ à ij^. Ces recherches, qui ont été limitées au
tracé des isochromes et se sont étendues jusqu'à des valeurs
âT^i5ooo. cest-à-dire 'j = i . ont i(p|)orté une confirmation
très nette à la formule de Planck, tandis que les résultats ne
peuvent pas plus se concilier avec la formule de Wien quavcc
celle de Rayleigh-Jeans. On voit, daprès ce qui précède, (pie
tous les observateurs ont été conduits à ce résultat que la foi-mule
de Planck s'applique, au degré de précision des expériences, dans
le domaine des grandes longueurs donde.
On ne peut cependant pas tirer de là, comme l'a fait rcmanjuer'
M. ^^arburg^ dans son Piapport, des conclusions aussi favorables
à la théorie des quanta que de l'accord entre la formule de \\ leii
et l'expérience pour les petites \aleurs de aT. En eflel, pour les
grandes valeurs de aT, la formule de Planck tend vers celle de
Piayleigh-Jeans, dont la déduction est tout à fait indépendante de
l'hypothèse des quanta. Il n'en est pas inoins vrai (pie les
recherches dont il vient d'être question sur les grandes loiii^iicuis
donde ne peuvent pas être représentées par la formule de
Rayleigh-Jeans dans le domaine des basses températures.
DISCUSSION DU RAPPORT DE M RUBENS.
M. l>i!iLLOiii>. — Ce (|ii il V il cl iiii|)orl;int. c e>l le domaine où
;i|)|);iraissenl les diflerences enlre les formules tli(''Oriqiies et Texpé-
rieuce.
M. Ri lîKjNs. ^- 11 11 V a aucune différence appréciable entre ces
expériences et la formule de M. Planck. La formule de M. Wien
est absolument en défaut dans la région des températures élevées;
la formule de Lord Rayleigh. pour les températures liasses.
M. Lijvdemanx. — ^ a-t-il une grande différence entre les
résultats expérimentaux et la formule de Reinganum ?
M. lluBKjNS. — i\L Reinganum lui-même a reconnu que sa for-
mule nélail pas complètement en accord avec l'expérience. C'est
que cette équation
8-V2RT
llv =
se transforme, pour des ondes extrêmement courtes, en une for-
mule
que Lord Rayleigh a autrefois proposée et dont MAL Lummer
et l^ringslieim ont démontré le désaccord avec l'exjiérience. Pour
les grandes longueurs donde. la formule de AL R^einganum se
prête assez hicn à la rejuTsentation des expériences.
LA
LOI DU RAYONNEMENT NOIR
ET
L'HYPOTHÈSE DES QUANTITÉS ÉLÉMENTAIRES D ACTION ;
Par m. Mav PLANCK.
1. Les principes de la Mécanique classique, élaii;is et féconcN's
par le développement de rElectrodynamique, et en particulier de
la théorie des électrons, se sont vérifiés de manière si remaïquable
dans tous les domaines de la Physique où il s'agit de phénomènes
accessibles à la mesure sous tous leurs aspects, que la tendance
constante vers l'unification des théories physiques a fait espérer
un succès comparable dans l'application de ces mêmes princij)es
aux phénomènes physiques plus délicats dont les lois ne peuvent
s'obtenir qu'indirectement par application des raisonnements sla-
tistiques. Et, en fait, cette espérance a semblé pendant longteinps
recevoir une justification éclatante dans le développement de la
théorie cinétique des gaz, dont de nombreux résultats ont été
pleinement confirmés par l'expérience dans des domaines variés
et qui, par l'introduction de conceptions audacieuses, mais
simples, a permis d'étendre jusqu'à Tordre de grandeur des alom(\s
et des électrons nos inovens de mesure et de calcul. Les difficull('s
qui restaient encore semblaient être surmontables par le> nom-
breuses hypothèses compatibles avec la dynamique classique.
Nous devons reconnaître aujourd'hui que cette espérance iiélail
pas justifiée et que le cadre de la Dynamique classique, même en
tenant compte de l'extension apportée par le principe de relali\il«';
de Lorentz-Einstein, est trop étroit pour contenir les phénomènes
physiques non directement accessibles à nos moyens grossieis de
()| L\ THÉORIE DU RAYONNEMENT liT LKS QUANTA.
|)Ci'ce|)ti()n. La première démonstration, à peine (li?culab]e
aujourdlmi, de ce fait est fournie par la contradiction éclatante
entre l'expérience et la tliéorie classique dans le domaine des lois
i;énérales du rajonnement noir. Cette contradiction va si loin que,
pour les basses températures ou les courtes longueurs d'onde, le
ravonnenient mesuré est d un tout autre ordre de grandeur.
incomj)araljlement |)lus faible, que celui prévu par la lliéorie clas-
sique. Celle-ci conduit effectivement à une formule donnée d'abord
par Lord Rajleigb ( ' ), puis démontrée par H. -A. Lorentz ( -) pour
les grandes longueurs donde. et par J.-H. Jeans (') pour toutes
les longueurs d'onde. Cette formule donne, pour la densité de
l'énergie du rajonnement noir entre les longueurs d'onde A et
A ^ d\,
CT ,
(i) u; a/~ = ^^ Cl/..
Les mesures de F. Paschen (■*), O. Lummer et E. Prings-
lieim ( •). H. Rubens et F. Kurlbaum C), etc., sont au contraire
représentées le mieux par la formule
(2) ir,d/. = yg —p-
e^—i
Celte formule. ?i elle n est pas absolument exacte, possède
cependant une validité suffisante pour nous donner pour la pre-
mière fois une expression commode des faits. Pour les grandes
valeurs du produit aT, les expressions (i) et (a) deviennent iden-
tiques; au contraire, pour les petites valeurs, une discordance
complète se manifeste. La question se pose de savoir comment la
ihéone peut être ramenée daccord avec les faits. Et c'est ))rinci-
palemenl à celle question que le présent Piapport doit être
consacré, .le mefiorcerai de discuter ici brièvement les diverses
recherches effectuées dans cette direction, dans la mesure de
(') LuRo l'.AYLEiGn, P/iil. Mag.. t. \LI\. 1900, p. 53c).
(-) 11. -A. Lorentz, Proc. Ahad. v. Met. Amsterdam, igoS, p. 6t)6.
(') J.-Il. Je.\ns, Pliil. Mag., février, 1909, p. 229.
(') Paschkx. Ann. der Pliys.. t. IV, 1901, p. 278.
{'") LiMMER et PiuNGSHEiM, Ann. der Phys., t. VI, 190:, p. 210.
(*^) UuBENS et Ki-ULBALM, Ann. der P/ns., t. IV, 1901, p. (1^9.
I.V I.OI 1)1 RAVONNKMKNT ^OIR. 95
leur (It'Neloppemeiil actuel, et \c chercherai à les placer, d'après
leur contenu, dans Tordre le meilleur pour la clarté du sujet.
Le point de vue historique se trouvera ainsi quelque peu laissé
dans lonibre.
Dans ce sens, il est nécessaire d'exposer d'abord la théorie
de Jeans. J.-H. Jeans (') cherche à lever la contradiction entre
les formules (i) et (r>). en n'admettant pas que la grandeur
nu'surée (2) corresponde au ravonnement noir noi^mal. D'après
Jeans, l'énergie ravonnanle (|ui sort par une petite ouverture j)ra-
ticpiée dans une enceinte à teuipt'rature uniforme ne correspond
pas au ravonnement en t'-([uilihre dans une cavité complètement
isolée de l'extérieur, car, dans ce dernier cas, la densité du
ravonnement devrait, d'après la loiinule (1), augmenter indéfi-
niuient (piand la longueui- d t>\u\r ). diminue. Dans cette con-
ception, il ne peut être cpiestion d une répartition spectrale déter-
miiiéc dune quantité finie d'énergie rayonnante en ('-(pi i libre.
]iuis(jue l'intégrale de (1) étendue à toutes les longueurs d'onde
est infinie. On doit admettre (|ue le j)hénomène observé correspond
à une transformation continue dans lacjuelle l'énergie rayonnante
intérieure à la ca\ité passe constamment des grandes longueurs
d'onde vers les petites, et, si lentement, que les rayonnements
nou\ellemenl formés ont toujours le temps de sortir à travers
les |)arois de la cavité, de sorte c|u'il s'établit une sorte d'état sta-
tionuaire de transformation dont les caractères sont variabir-. d un
cas à l'autre. Vurun fait expérimental ne justifie une telle
conception: beaucoup, au contraire, s'y opposent, parmi lesquels
je citerai seulement l'opacité pratiquement absolue, pour les
rayonnements de très courtes longueurs d'onde, des parois
employées dans les mesures, et aussi l'indépendance complète
du ravonnement observé de la nature des substances ipii se
Irouvent à rintérieur de la ca\it<'' ou qui en coiisli tuent les parois.
Pour ces raisons, l'hypothèse de Jeans n'a pas trouvé auprès
des physiciens un accueil très favorable. [*resque toutes les
recherches sur la théorie du rayonnement sont basées sur la sup-
position, introduite par KirchhofT et Boltzmann et vérifiée par
Wien et Lummer. d'un \«-ritable état d'é(piilibre au sens thermo-
(') J.-H. Jeans, P/hV. .l/al,^, juillel looy, p. 209.
g6 LA THÉORIE DU RAYONNEMENT ET LES QUANTA.
dynamique, à l'intérieur d'une enceinte à température uniforme.
Nous nous placerons constamment ici à ce point de vue.
Une confirmation particulièrement importante est fournie par
la vérification expérimentale de toutes les conséquences obtenues
par l'application à cet équilibre des lois thermodynamiques et
électrodynamiques. Certaines de ces conséquences sont particu-
lièrement remarquables et fécondes : entre autres, en dehors de
la loi de KircldiolT sur la proportionnalité des pouvoirs émissifs
et absorbants, la loi du rayonnement total de Stefan-Bol tzmann,
(3) f ir,,dA = CT^,
et la loi du déplacement de AA ien,
(4) ni(/l = X^F(-/,T)dl.
Cette dernière est compatible avec (i) aussi bien qu'avec (2),
tandis que la loi de Stefan - Bollzmann est en contradiction
avec (i).
L'application des principes généraux de la Thermodynamique
et de l'Électrodynamique ne conduit pas plus loin qu'à la loi du
déplacement de Wien ; la forme de la fonction F ne peut être
déterminée que par une analyse plus détailb'-e du mécanisme
moléculaire de l'émission et de l'absorption du rayonnement; par
exemple, Lorentz (' ) a calculé, pour une substance métallique
conductrice, le pouvoir émissd à partir des accélérations des
électrons, et le pouvoir absorbant en considérant la conductibilité
électrique comme duc au mouvement de ces mêmes élecU'ons.
En divisant l'une par l'autre les grandeurs ainsi calculées, Lorentz
a obtenu le pouvoir émissif du corps noir.
Toutefois, on peut prévoir, à peu près sûrement, (|uc toutes les
méthodes analogues à la jirécédente doivent aboutir à la loi du
rayonnement de .lcan>. du moins lanl (jut- les mouvements et les
forces exercées entre les molécules et les électrons sont calculés
par application de la Djnamitjue et de l'EIcctrodvnamique clas-
siques. Cette remarque s'applique selon moi, aussi, à la déduction
(') H. -A. Lorentz, loc. cit.
I.\ LOI KL liAVO.N.MÎ.MKNT NOI». 97
tic lii loi (lu i;i\ (iiuK'iiiciil (lonuéf |);u- .).-.). J lioiiison (') dans
liH|iicll(' ('Si I iil iddiiile 1 liv|)ollièse partic'ulière d une répulsion des
('■If'cirons |);ii- les luolérules en raison inverse du cube de la
ili>l,iiicc. Jlllc s'apjdique aussi à la théorie des potentiels retardés
i\c \\\[z (-) dans la mesure uù celte tlx-orie est compatible a\ec la
dviiaiUHpie cInssKpic. H ré-sulte iïr ce (|ui précède que. pour
('•clia|)pcr à hi loi du ravonuemenl (i), d est indispensable de l'aire
-ubir une ukkI ilicaliou loudanicnlalc à la ilu-orie (dassique, et Ion
reconnaît tacdement (pia\anl tout il c>t nécessaire d'introduire
une conception toute nouvelle de la signification dynamique de la
température. En ell'el. d'après (i ). Téneri^ie du rayonnenieni est,
pour toute longueur d'onde, piopnil Kumelle à la teuipéral iire.
tandis que, d'après (2), (piand la température devient intiniiiicul
petite du premier ordre, li-nergie du ravonneinenl est inliuiiiK ni
|)etite d'ordre infini.
La relation géinuale l'iilic lénergie cl la tem|)<''rature ne |)cut
élre obtenue que par des considéiation^ de /)/ol/aùifi/c. Sup-
posons (|ue deux systèmes |)livsi([ues, d(uit lé-tat est déleriniiu' par
un Iles grand nombre de variables indépendantes, piiisxnl
('■changer de l'énergie. Ils seront en équilibre stalisti(pie lorscpiun
nouvel échange d'énergie ne correspondra plus à aucun accroisse-
ment de la probabilité. Si ^\ , :=y'(E,) est la probabilit(- | 1 ipic
le |)rcmier système |)0ssède l'énergie E, et Wo = '-^(Eo ) la pro-
babilité pour (pie le second système |)ossè(le l'énergie \L-2- 1^ proba-
bilité jiour que les deux systèmes possèdent respecti\ ement les
énergies E, et l'^o t'st \\, ^^ o, et la condilion i\\\ inaxinnnn <l(*
celte grandeur s ('-crit
./( W, \V., ) = ,>
sous la ((jiidition
Il en ré-^iillc. comme condition i;('m'Talc Ac l'équilibre -^lati;
tupic.
! d\\, 1 ^W.,
W, dKi Wo d\i-.
(') J,-J. Thomsox, P/iil. Mag., l. XX, 1910, p. 2.38.
(') W. RiTZ, PhysiL. Zeitsclir., t. I\, 1908, p. 90.3.
L. ET DE B.
g8 i.A TiiKouii: 1)1 uaio.n>hmi:m i:t i.ks oiama.
Si nous itlonlifions celle eoiiflilioii sliilislif[U(' de If-qnilihir a\ ec
\,\ eondillon theniioilx n;iiiii([iie diipirs l;i(|ii('llf lc> di-iix >ystèines
(ioi\ent avoir la même leinptMiiliiii'. d xicril. |H)iir l;i rlrji inlion
générale do la lemfiéralui c .
(5) ^ = ''-d^'
où la eonslaiile universelle /. dt-pi-nd seidenieul de? iinilés
d'énergie el de température. •
La recherche des lois du rayonnement non- est ainsi ramenée au
calcul de la prohahilité W pour que l'énergie flu ravonnement ait
une valeur délerminée E, et nous nous trouvons ainsi amenés à la
«piestion fondamentale dont dé|)enfl la solution de tout le prohième.
!2. La prohahdité |)oui' une \aleur délrrininée d une grandeui-
continûment \arial)le s'obtient quand on peut définir des rfo/«rt//je.v
élémentaires indépendants d'égale probabilité. La j)rol)ahilllé
pour qu'un système physique déterminé par un grand nombre de
variables possède une énergie E est alors représentée |)ar le nombre
des répartitions (complexions) compatibles avec l'énergie E, des
variables indépendantes du système entre lesdi\ers domaines élé-
mentaires d'égale probabilité.
Dans la dynamique classique, pour" déterminer ces domaines
él(''mentaires, on utilise le théorème (jue deux «Hats d'un système
qui se succèdent nécessairement, en vertu des lois du mou\emenl,
ont des probabilités égales. Si nous désignons par y liine des coor-
données indépendantes dont déj^end l'état d'un svstème. et par p
l'impulsion correspondante i moment), le théorème de Liou\ille
(Il I (pic le do ma nie / / dqdp pris pour (pichpKMaleiir (h'-lcrmiiicc du
temps, reste in\arianl. ne \arie |)as a\ec le leuips. m les \ariation>
des q et des p sont déterminées par les écpiations d'Hamilton.
D'autre part, à un uioment donné, q vV p peu\ent prendre, iudé-
pciidaiiiiiiciil I un de raiilrc. toutes Ic^ \aleiirs possible.,. || en
(•('•siiilc (pie le domaine ('lémeulaire de pi-oliahilih- c>l iiilinimciil
petit et d extension
(6) chjdp.
Si Ion calcule, en |)ailant de là. la prohabililt' \\ pour (pie l.t
f,\ LOI 1)1 HAVONNKMIM NOIU. 99
<lt'iisil(' (I ('■ii('ri;i(' (laii> le lavoniicmcal iioii'. xnl u; poiii' la lon-
i;ii(Mir (I (iikIc /,. on alxiiilll. pai- application de la iclation (5). à la
loi (In laNonncniciil de .Icin^.
l'onr ('Niler oc r(''siillal ci oliicnir la forniule (2). il \\\ a pas
<l anlrc inoven cpio de clicnlicr à inodilier l'expression (6) an
inojen dune In potlicse plivsi(pic con\ enable. Pour savoir comment
atteindre nue telle li\pollic>c. il laiil examiner de plus jnès ce <|ni
se passe pour les liasses températures on les courtes loni;ncui>
d onde, puLN(pic le d(''saccord entre les deux formules s y manih'slc
le plus nettement, rexprcssion (i) devenant li-ès grande pai-
rapport à l'expression (.2).
l^our des lonj;ueurs d'onde inliniment petites, u; devuMit,
d'après (i ), infiniment grand du quatrième ordre et. d'après (2),
au contraire, infiniment |^etit d ordre mlini. Ceci déri\e du fait
<|ue, pour les longueurs d Ondes décroissantes, c est-à-dire poul-
ies fréquences croissantes, le nombre des \arial)les indépendantes
ou des degrés de liberté qui correspondent à mv inler\alle dt'-ter-
ininé de longueur d'onde cD. augmente au delà de toute limite.
La nouvelle livpotbèse doit donc être clioisie de manière à
inti-oduire certaines limitations dans les systèmes de valeur-> pos-
sibles des variables ry et p. >oil qii on su|)pose pour ces grandeurs
<les \ariations discontinues ou bien qu'on les su|»posc en |)artie
liées l'une à l'autre. De tontes manières, on est conduit à diminncr
le nombre des domaines indi'pendanls d'égale pidbal)ilit('- : cm \
arri\e en augmentant l'extension de chacun de ces domaines.
L hypothèse des (jitdutitP.^ éléinentfiircs fraclion {■('•alise ce
changement sons une forme pr('-cise en inlrodiiisanl . an lien de
domaines (''hMiicnlaii-es inliininenl petits. t\r> (loiiiaincs (mis
d'extension
(7) 7 / <''i<'r =-'>■
La grandeur h. la (piantitc' d'action <M("inenlaire. est une conslanle
universelle de la dimension (rniic ('•iieruie ni;:llipli(''e par 1111
temps. Si Ton utilise, pour le cajcnl de la pioliainli h' \\ d une
densité d'énergie //>. au lien de la v.deiir inlininienl |>etite (()i. la
\aleiir finie ( - i. on ohllenl. en .siii\,inl exactement la luciue \oie cl
par ap[ili(.ilion des relations (') ) cl (il. la loininle (••>.) au lieu de
loo i.A TiiKoKii; 1)1 |{a\().\m;>ii;.\t et li:s oianta.
la formulf ( i ). \'J la loi théorique du rayoniienif ni se lrou\r ainsi
remise en concordance avec le résultat des mesures.
On pourrait se contenter de poser ce piincijx- f|ue le domaine
élémentaire de probahililé a une «'xtension lime h et laisser de
cùlé toute recherche ultérieure -nr la --ijinilli almu plivsirjue de
cette constante remaïquahle.
Si je ne me trompe. .1. Larmor ( ' ) s'est placé, ou à peu près, à
ce |)oint de vue phénoménoloi^icjue : P. iJebve (-) a pris aussi une
pareille altitude. 11 est certain cpTon introduit ainsi le contenu
essentiel de l'hvpothèse des quanta : mais il me semble qu'on ne
•<aniail en rester là sans rompromettie le d(''\ elo|)pement ultérieur
<le la théorie, et (pi'il est de la plus haute importance de chercher
les relations <pii peinent exister entre le rfuantuni d'action A et
d'autres (-(nistanles phvsitpies, ;'i |;i |(ii>- pour fixer et élargir sa
signilioation.
3. Cherchons donc à examinei-dc plu>prèsla nature phvsiquede
la constante h. Il se pose tout d'abord une question de principe:
Cet élément d a<li(in possèdc-l-il une signification phvsique pour
la propagation de 1 énergie ravonnanle dans le \ide. ou bien n in-
tcr\ient-il par sa nature même (pie dans les phénomènes de pro-
duction f'I de doliiiclioii (le rénergie ravonnanle. dans l'émission
cl dans I absorption ? Selon la réponse donnée à cette question
préliminaire, le développement ultérieur de la théorie devra suivre
des \oies complètement dill'érentes.
Le premier |)(»iiit de vue a été adopt('' par \. I{!in>lein (-'j dans
son hvpothèse des quanla de lumière, el .1. Slark (*) l'a sui\i.
lJ'a|)rès celte liv|)otlièse. l'cMiergie (^1111 raxoii lumineux de fré-
(pieuee V 11 (>st pa-< (li->l 1 ibuc'c de manière continue dans l'espace.
mais se pr(i|)ai;e en ligne droite par quanta d('-terminés de gran-
deur Av (le la iiK'iiie manière (|ue le> pailicules lumineuses dans la
iheoiie (le I (''mi^Mdn tie Newton. ( )n imoipie. comme une confir-
mation importante de cette Inpollièse. le lail (iiie la \ilesse des
lavons cathodiques -econdaires produits par les ravons de
Roentgen est indépeiidaule de l'inlensité de ces rayons.
(') ,1. F.AitMoii. Pvoc. Roy. Soc. A., l. t^WMII, 1909, p. 82.
(■-) V. Debve. Ann. der P/iys., l. XWIIt, 1910, l'i^T-
( ■• ) A. KiNSTi;i\, Pliysilc. Zeitsclir.. t. \, 1909, p. i.v') el S17.
(') J. Stauk. Ptiysit,. Zeitsclir.. t. M, 1910, p. >.').
i.A \j>\ i»i hav(i.\.m:mknt noir. ioi
J.-.l. I li()in->()ri (') sot trouvé C(jncluit ù nue ((iiicL'plicju ;iu;i-
logiie |)iii' I ('liide des phénomènes pliuto-éleclriques ; il a cru ne
j)oiiv()ii- e\|)li(|iier le petit nombre des électrons émis et Tindépen-
dancc entre leur \ilesse et Fintensité de la liimièi-e incidente qu'en
admelt.mt, au litii dniie répai'lition uniforme de Ténergie dans le
Iront des ondes lumineuses, des accnniulations locales de cette
énergie. Il \a sans dire que de telles livpothèses sont inconciliajjles
a\ec les équations de Maxwell eta\ec toutes les théories électro-
magnétiques de la lumière proposées jiis(ju'ici. J'outes supposent,
en efîet, que la moindre perturbation lumineuse se propage dans
tout l'espace, sinon avec la même intensité dans toutes les
directions, du moins a\ec nue disti'ibulion continue sur des sphères
concentriques dont le tavon augmente avec la vitesse de la
lumière. Quand on songe à la conlirmation expérimentale com-
plète (|u'a reçue lélecti-od ynamicpic de Maxwell |)ai' les phéno-
mènes d interféreiu-e les |)lus délicat>. quand nii ^ongc aux dil'll-
cultés extraordinaires que son abandon entrainciait |)onr toute la
théorie des phénomènes électriqn<'s et magnéti(pic>. on éproiac
<|uelque réj)Ugnance à en ruiner de piime abord les ("ondements.
r^our cette raison, nous laisserons de cot(''. dan> ce (|n! \a >ni\ic.
1 hypothèse des quanta de lumière, d autant pln^ (|iir -,011 ih'xc-
lop|)ement reste encore assez primitil.
Nous admettrons <pie tous les phénomènes dont le \ ide est le
siège sont exactement régis par les équations de Maxwell, (pii
nont de connexion d'aucune sorte a\ec la constante A. Xous nous
trouvons par là nécessairement conduits aux conclusions .sui-
vantes :
Le rayonnement thermi([ue enfermé dans une enceinte \idc à
parois parfaitement r(''tléchissantes <loit conserver iiid(''(iniinent sa
réj)aitil ion initiale d*<''nergie dans le spccdc. ( )ii ne priil pas
admettre que (tIIc distriljiition <-\oliic lentement \ers celle i\u
rayonnement noir, l ne dillerence fondamentale se manifeste ici
entre la théorie du rayonnement et la ihéoi-ie cinéticpie des gaz.
Pour un gaz enfermé dans une enceinte, une distribution initiale
arbitraire des vitesses se transforme avec le temps dans la distri-
(') J.-J. 'I'homsox, Elerlrivily and Elher {Mainhesler Ciiisersily Lectures,
n° 8, 190!^, p. iG).
lov, I.A niKOniK l)f RAYONNK.MKNT KT I.ES C»l ANTA.
billion la |)liis prohaljlc dôtPi'ininéc |)ar la hn de Maxwell. Celle
(lillV-rencc lieiil à co <|iic les molécules du gaz se elioquent tandis
(|ue les raA onnenients se Iraversenl. Le résultai t\c> cliocs ne |)eut
se calculer (|ue par des mélliodes de prohahilit»'", tandis que ces
méthodes ne peuvent s'aj^pliquer au ravonnement dans le vide,
puis(]ue chaque faisceau de lavons consei'\e toujours son énergie
[)rimitive. (]etle énergie lui e-^l donnée une fois pour loules au
moment de rémission el ne |)eut i-tie modifiée que par absorption
el par une émission nomelie. Si une dislribiilion quelconque de
l'énergie se consei"ve iudélinimeiil dans le vide absolu, au con-
traire, l'introduction de la |)liis pelile (piantité d'une Mibslance
capable d'absorber et d ('■meiire. >uflil pour modilier progres>i-
vemenl la composition du ravonnemeiil et pour le transtormer
dans le ravonnement noir indéliniment stable. V ce point de vue,
il n'est pas possible d"é\aluer la probabilité de lénergie ravonnanle
sans remonter au phénomène de rémission lui-même, et nous
sommes ainsi obligés à un examen détaillé du mécanisme de
l'émission el de l'absorption de la chaleur rayonnante.
Comme, d'après Kircliholf, lintensité du ravonnemenl noir
enfermé dans une enceinte est indé-pendante de la substance qui
l'émet el qui l'absorbe, on doit penser que tout mécanisme com-
patible avec les principes de la thermodynamique et de Télectro-
dynamique doit fournir une expression correcte pour la compo-
sition du rayonnement noir. Le système ravonnant le plus simple
est un oscillateur linéaire de période propre déterminée. .Son
énergie est de la forme
où q est le monicnl ('Iccli icpie de roscillalciir. K et L des
constantes posilixes.
La frétpience des oscillations esl lournie par
Ceci. J<»inl à Técpiation ('-). permet de < alculer la grandeur île
1 énergie z qui correspond à un domaine élémentaire <le probabi-
lilé, c'est-à-dire à la grandeur de l'i-lément d'aclion // . On a. en
eHVt.
Coiiiiiie
il \ icnl
i.A LOI DU rav().\m;\ii:nt noim.
/i = I d<i il[).
d(/
' dt
K = -Kr/^— - p-:
■}. X L
I inU'i;r;ile (luiil)le qui exprime // re|»résente la surface cojn|jrise
dans le plan des qp entre lellipse E = consl. et Fellipse
K -f- î = eotisl. Ceci donne
(,o) A=..^/^. = j.
Pduiiiii iiscilliileur de fréquence propre délerminée v. il exisie
donc <\q< ('■léiiicuts dc'lerinint's d'éneri^ie
£ = h 7.
dans ce sens (pie la |)roljal)ililé d une \ alciii- délcnii inée de I éneriiie
ne déjieiid ([iie du noinl)ie d éléments d'énergie (pi elle contient.
r.a question se pose maintenant de sa\oir comment on doit inler-
[)r«''ter physiquement les éléments d'énergie ou, en d'autres
termes, (juelle loi dynamique il faut mettre à la base des yibrations
de l'oscillateur pour ietroii\er la loi statistique (|u"on \ient
d'énoncei*. (^e qu'on peut supposer de plus simple, c'est (pie
l'énergie de l'oscillaleur est i<mi|()iiis un iiiiilli|)le entiei' de
l'élément d énergie /r/. Il dcNienl alors relativement simple de
calculer la probalnliti- pour (ju un sysl(''me composé d'un giaïul
nombre N d'oscillateurs identifjues poss("'de une énergie déler-
min(''e E,^. Si
(.0 P=!!ï = ^
t lii
représente le nombre i\i'> ('•b-mcnls d'énergie contenus dans
l'énergie totale E;,;, la probabilité cliercliée W csl mesurée par le
nombre de manières (complcxions) dont on peut répailir les
oscilliiteurs ciilic les domaines d'i'iK rgic corres|)on(lanl aux
I(>4 LA TIIKOIUE DU nAYONNEMEN T KT l.liS OLWTA.
miilliplos enliers de £ ( M el ce nombre esl égal à relui des répai-
lilions de V éléments d'énergie enlre N oscillaleurs. si l'on lient
comple seulement du nomlire et pas de rindividualilé des éléments
dénergie que reçoit un oscillal^ur dans cliaque dislrihulion consi-
dérée. Il en lésulte ( -)
^^. (N-i-P)l (N^Pi^^P
el. par a|)pli(ali()U (les équations ( .")) et (i i).
(.3) '-N=-Â^;
Le calcul pt'ul se l'aire de bien d'aiilics manières qui, en prin-
cipe, ne dillèrenl pas de la précédente. On peut représenter
chaque complexion du système d'oscillateurs par un point de
l'extension en phase à :il\ dimensions de Gibbs. La probabilité W
est représentée par l'étendue de la surface que (h-termine dans cet
espace la condition
Le calcid est notablement sanplilif^ si Ton imagine dans lexlension
en phase une distribution canonique des systèmes d'oscillateui\s
avec l'énergie moyenne E^ ; car on peut confondre sans erreur sen-
sible le nombre des systèmes qui possèdent l'énergie moAcnne l\v
avec le nombre total des systèmes de la distribution canonique, et
le module de cette distribution est. sekm un résultat général, le
produit /rT. On obtient de cette nianière. pour l'énergie du
système d'oscillateurs considéré.
K.N =
f
Ee ''f ch
e " dz
(h = dijx dpi dq-2 dpi. . .dq\ d/)y
(') Ce (Calcul lie prèle à aucune amljiguïlé et ne l'cnfermc en particuticr plus
rien de l'iudéterinination doni !.. N.ilansoii a récemment parlé dan? le P/iys.
Zeitachr.. t. XII, ign. p. 6^9.
('■) M.vx Pi.ANCiv, l'er/i. d. dciitsc/icii pliys. Ces., l. II, lyoo, p. 'i-.
LA 1,01 Dl n.WONNKMKM ^OIR. I o5
1 iiil(''j;iiiliou (loil être étendue k toute rextcnsion en pliase à
2^i (liiiiensious. et lénergie E doit être introduite eu fouetion des
variables q^ p . . . . Si Ion introduit maintenant l'Iiypotlièse que E
ne peut être (piun multiple entier de z=:hy, les intégrales se
Iransforuient en soniuies et Ion obtient (inalement (')
Es^^^^^
,^c '-'^c '■■'h-...
e esl-à-dire la formule (i.) ).
L n troisième moven pour calculer la probabilité ^^ s'écarte du
premier en sens opposé par rapport à celui de Gibbs. En eflet,
dans la répartilimi canonicpie. on inlrodml non seulement les
complexions compatibles avec 1 énergie donnée E>i. mais encore
toutes les complexions relatives à des énergies comprises entre
E = o et E = x. tandis que. d'après Boltzmaun, la probabilité
cliercbée W est déterminée par le nombre d'une |)artie seulement
des complexions compatibles avec l'énergie E;^, celle qui corres-
pond à la distribution la plus pvobahh' de cette énergie entre les
divei-s oscillateurs. Celte dernière définition conduit à la même
expression de \'\ que les deux précéflentes j)arce (pie, comparées
à la distribution la plus probable, les autres distributions prises
toutes ensemble ne correspondent qii à un nombre négligeable de
complexions.
Soient N„, N|, .^o. ... les nombres d oscillateurs du sAsièmc
([ui, pour une distribution quelconque de la quantité d'énergie 1\>;,
possèdent les énergies o, £, 2î, ... : la probal)ilil('' de colle dislri-
bution est. d'après IJollzmaiin.
La condition pour que W soil maximum donne, vw Icnaiil
compte de l'expression ( i i ) pour E;^, les valeurs suivantes pour la
distribution la plus probable :
( 1 4 ) No = N2 — î— , .\ , = N2 ^ ^. ^' . . ^ . N, = N^
(\^-V',)2 ■- (\-^P)^
(') \. KiNsTMN. Aun. lier riiys.. t. WII. 1907. p. 180.
io() i,A TiiÉonii: uv bayonnemknt et les quanta.
et ces valeurs, inlroduiles dans l'expression de W . conduisent
encore à la formule (12) (' ).
Un (lualriènie moyen |)(Uii- oljlcuir la lornude ( i > 1, moins eor-
recl mais d'une signilicalion physique plus concn-te. a été proposé
par M. Nernst (-). Cet auteur a clierclK- la (lislril>ution d'énergie
dans un système d'oscillateurs en \ibratiou ciicidaire soumis aux
chocs des molécules d'un gaz idéal et en équilibre statistique a\ec
celui-ci. r>'hvpothèse c[ue l'énergie d'un oscillalcur est nécessaire-
ment un iiiuhiple entier du quantum î est introduite, et l'on sup-
pose de |)lus ipie, dans la distiihulion slationnaire. la j)lus |>ro-
bable, le noud)re des oscillateurs qui possèdent l'énei-gie /it est
égal au nomb)-e des oscillateurs dont rénergie serait comprise,
pour la même teuq)éiatiire. enti-e /i t cl (n -\- i)t. si la loi ordi-
naire de distribution de Maxwell s'apj)liquait. ('eei donne. |)Our
les nombres i^o, N,. N-^, ete., des oscillateurs (pii possèdent
o, !,:>,,... éléments d'énergie, les valeurs
'•"'"), \,= n(« '''-e '■■'•)•
^^=^(«"'•'_^ ATj
L énergie totale du svslème d oscillateurs
Ry = M,, X O -+- N , £ -f- Xî . ■;>. £ — . . .
prend la forme donnée par l'écpuition < 1.) ).
Comme le montrent les résultats concordaiils i\c> di\C)-s pro-
cé'dés de calcul, les relations (12) et (i)) résulleiil iK-eessairement
<le I hvpollièse que 1 énei'gie d'un o^eilhilciir c-i i(iii|()iiis un iniil-
liple entier de l'élément d'énergie z.
Pour passer de la relation (1 >') enire r<''iu'igie de> ()S(ilhilcui>
el la leiiip('T;iliii-e. à une loi île ra vonneiiienl >useeplil)le de vi'iifi-
calu)n e\p<'niiieiilale. il huit encore connaître la relation enIre
I ('•nei'iiie movenne d un oseillaleiir 4t- = li et la denslh'- //,,. (itii
eoi'respond à sa période pour le ra v<uînenient pre^enl dans l cs-
(') H.-A. Louent/,, Phys. Zeitsc/ir., t. \I, 1910, p. i3.').').
(^) W. NniiNST, Zeilschr. fiiv /:/er/roc/temie, I. WII, i.|m. p. >(i5.
i-A i.oi Di r.\von.\emi;nt NoiK. 107
[lacc. L'élcclrod viKiniicjiic de Maxwell ((iiuliiit ;"i ]\''(jualion (')
( I 5 ) ■ II-, <h = ^^ K ch :
|uir ('ixiibiiiaixtii a\<'c r(''(Hialioii f 1 •^) ), on ohliciil. coniiiK' loi ilu
ra\ouneiU('ul noir,
-S-Av- ih >^tJi\ (il
( \b) II-, (h — ir, ak — — -^ — — r^ = — c— — i-r- '
cxacLonienl de niciuc iornic (|iic la loi cxpérinicnLalc (2), qui Ira-
(liiitle résultai des mesures laites jusqu'ici.
Si l'on utilise pour le calcul des deii\ conslantes /. el // le
nombre (l<> LuMimer-l'rini;slieiiii
A|ii.,^ T = <),>.i)4 ciii.dei!;.,
el le nombre de kiirlbauiu
cm-, sec.
où S; l'eprt'senlc I <''nfii;ie totale ravonnée par seconde, et par
ecnlimèlre carré d un corps noir à la température / degrés, on
obtient (-)
, , , , er.ns
degn-s
et
// = (1,34^ 'X 10-' erg. seconde.
La urandeiir /■. citinim' il ré^iille de I apjtlical 1011 de I iMpialion (.))
à I é(piilibre statistique des mob'-cides d un ya/. idt'-al, est égale à la
constante des i(az rapportée, non pas à une iiiob'-eule-gramme,
mais à une \érilable molécule isolée. Il en ri'-sulta. par cc^iisé-
<pient, une méthode pour le calcul du noiiibre de> molécules
dont la précision dépassait de beaucoup celle de toutes les
mé'lliodes employées juscju'alors. Comme vc^ autre-- méthodes ont
été d'aillenrs nolablemenl |jerte<iionnées récemiiieiil. I accord de
h'iir ri'sultat a\ec le nôtre, susceptible lui aussi de perlectionne-
(') M. 1*lam;k, Sitz. ber. d. preuss. Akad., </. Il Vn.s., iS mai if^o't. p. 'i<Ji,
équation (3'|); Pkysih. Zeitschr., t. JI, i()Oo-ii)0i, ji. â!!.
(-) M. Planck, Veili. d. deutacken phys. Ces., l. II, 1900, p. •'ù)-\\\.
Io8 I.A THÉORIE Dl RAYONNEMENT ET LES Ob'ANTA.
menls, esL une confirmalion remarquable des considéralion> qui
viennent d'être dé^ eloppées.
Malgré son succès apparent, la théorie actuelle du rayonnement
noir ne peut en aucune manière être considérée couime salistai-
sante. parce que les hypothèses à partir desquelles l'équation (i3)
dun coté et léquation (i5) de laulie ont étc' ohtennes se contre-
disent mutuellement.
Pour obtenir la première, on a su()|)osé (pu- I t'-iiei;;!*' d un oscil-
lateur était un multiple entier de Av. tandis que les raisonnements
qui conduisent à la seconde supposent cette énergie continûment
\ariable. Il n'est pas possible de se décider pour l'une de ces alter-
natives sans que. au moins à première vue, léquation basée sur
lautre alternative ne devienne illusoire.
De la même contradiction intérieure souflrent tous les modèles
proposés jusqu'ici pour représenter les propriétés d'un oscillateur
capable d'émettre et d'absorber l'énergie ravonuante, conformé-
ment à la ihéoiie des qiianla.
A.-E. Haas ( ' L par exemple, prend comme oM-dlaleur la s[)lière
uniforme de .!.-.!. Tlioinson, ù riniérieiir de laipielle un électron
peut osciller autour du cenlic. Le maximum d'énergie pour cette
oscillation, qui est atteint quand ramplltude devient égale au
ravon de la sphère, doit être égal au quantum d'énergie s ^ //v ;
pour des amplitudes supérieures, l'oscillation périodique est
impossible parce que réiectroii (piitte définilix ement la sphère:
pour des amplitudes inférieures, l'oscillation est périodique et son
énergie est continuement varial)l('.
I^es bases sur lesquelles s'appuie la démonstration de la rela-
tion (i3) manquent dans ces conditions, et celle ('(piation n'est
plus applicable. Ceci est particulièrement é\ident si l'on en\isage
les oscillations d'un svstème (roscillateurs de Haas dan^ un cliam|»
stationnairc de rayonnement d'énergie assez faible pour que
rénergle uion enne d un oscillateur soit petite par rapport au
(piaiitiiui £ : chaque oscdiateur, dans l'état staln)nnaire, vibre a\ec
une petite amplitude, comme un dipôle régi par les lois de lélec-
trodynamique de Maxwell émet et absorbe de l'énergie ravonuante
(') A.-!-:. IIa.vs, Wien. Sitz. lier. math, natiirw. Klasse. lîd. (AtX. M. t. Il a,
fehr. 11)111.
I. \ I.OI 1)1 RAVONNKMKNT Ndlli. lOQ
(le iiiauirrc (onliuue : auciiii de ces oeillaleiirs n'alleiul l'énergie £,
la yrandeui- du ravoii de la sphère devient indifférente et les élé-
iiieiils d'énergie ne jouent plus aucun rôle. I/existence des fluctua-
lions du ravonncnienl libre causées par les interférences ne peut
rien changera cette conclusion, car ces fluctuations sont beaucoup
Ir-oj) faibles pour expliquer la distribution ( )4 ) d'énergie entre les
o>cillatcnrs correspondant à la loi \('')'itable de rayonnement. Les
mêmes difficultés se retrouvent dans la modification de l'oscilla-
teur de Haas introduite par A. Schidlof (').
Î-. Pour moi. les modèles de Scliidlof ou dr Haas conduisent
nécessairement à la formule de .Jeans, pour cette simple raison
que ces modèles admettent lexaclitude de toutes les lois de la
dynamique classique. Pour (pi un oscillateui- puisse loiirnir un
rayonnement conforme à lécpialion (2), il est nécessaire d'intro-
duire dans les lois de son fonctionnement, on la déjà dit au début
de ce Ra|)port, une hypothèse physique particulière qui soit, sur
un point fondamental, en contradiction a\ec la Mécanique clas-
sique, explicitement ou tacitement.
Le modèle d oscillateur projiosé par M. lleinganum (^-) se rap-
proche davantage de cette condition : un électron v est supposé
absolument immobile jusqu'à ce qu il v ait eu absorption d un
(juantum entier d énergie. Ceci rendrait au moins possible l'hypo-
thèse que l'énergie d'un oscillateur soit toujours un multiple entier
de t.
Dans ce cas cependant, comme dans tous les cas où 1 énergie
d'un oscillateur isolé est supposée \arier de manière discontinue,
il est impossible de comprendre d où vient I (''iiergie absorbée par
un oscillateur lorsque, comme cela devrait -<■ produire souvent
aux basses températures, son énergie augmente brusquement de o
à Av. Le rayonnement thermique présent dans 1 espace sous la
longueur d'onde correspondante possède aux basses températures
une intensité beaucou]) trop faible pour apporter l'énergie néces-
saire. D'après les lois de l'électrodynainiquc de Maxwell, le temps
nécessaire pour (pi ni) oscillateur placé dans un champ de rayon-
(') A. SciiiDi.or, Ami. d. /'/tjs., i. \\\\. njn, p. 90.
(-) .M. lÎEiXGANUM, PliysiL. Zeilschr.. l. X, 190;), p. 35i.
IIO I.A THÉORIE DU RAVONNEMKNT ET I.E> QIANTA.
iiement prenne rthieigie î = /<v à la portion de ce rayonnement
qui correspond à sa fréquence est
/ =
où c7 est le décréiuenl moyen îles oscillations.
Celte valeur du temps augmente si rapidement lorsque T
diminue (jue, pour des tcmpcratui-es relativement basses, on
ne saurait parler de l'absorption brusfjiie d'un élément d'énergie.
Celte difficulU' devient plus gra\e encore quand on suppose
que Toscillateur est soumis à l'action d'un rav(uinement non sla-
tionnaire. On n'a dans ce cas. en effet, aucune possibilité de savoir
si l'oscillateur peut même commencer d'absorber, puisqu'on ne
sait pas si le rayonnemeut durera suffisamment pour que l'oscMlla-
teur puisse en extraire un quantuui entier.
[jMivpotlièse que l'énergie absorbée ne vient pas du rayonne-
ment libre, mais par eveuqile tl électrons rcnconti'és, ne peut être
ici d aucun secours. Si. eu ellét, le rayouuemenl libre n'est |)as
absorbé, en vertu des lois de l'état stationnairc, il ne peut pas
non plus être émis, et l'Iiypotlicse fondamentale d un écliange
d'énergie entre les oscillateuis et le rayonnement libre ne peut
plus être conservée.
5. I3e\anl ces difficultés, il me paraît iiié\ itablc de renoncer à
la supposition que I énergie d un oscillateur soit m'-cessairement
un multiple entier de 1 éb-menl d énergie i = //v. et d admettre au
vnnKvdàre m\e\e phénomène d'absoi-ption du rayonnenient libre
est essentiellenienl eonliiiu. V ce point de \ ue, on peut conserver
! idée fondamentale de Ibypotlièse ties qiiaiila. en siqiposanl de
|)lus que rémission de chaleur rayonnante par un oscillateur de
fréquence V est discontinue et se j)roduil p;ir niulhple> entiers de
l'élément d'énergie £ = Av.
Ou peut, en effet, dans ces c(uiiliti()n>. Incii tjui' lénergu'
<l un oscillateur soil conlinùiuenl variable, définir encore les
domaines (''b'menlaires d'(''gale pr()b,d)ilile par le (piaiiliiiu fini
d'action /t.
Si l'on écrit 1 énergie \'\ d'un osciljateiii xius la loniie
i.A i.di 1)1 rav()NNi:mi:.\t xoir. iii
de soilf ([lit- luscilhilcur possède n quanla enliers t el iiu reste
p ■< 3. le nombre eiitiec ii est seul soimiis aux lois du li;is;ird,
tandis que p, qui prend naUirelteuienl des valeurs différentes
pour des oseillaleurs dillérenls, dans un eliamp de rayonnement
stalionnaire. augmente continûment et uniformément en fonction
du leuips. La pioltahilité de Téneri^ie E ne dépend pas de la gran-
deur p, continûment \aiiable de manière régulière et connue,
mais seulement du nombre entier n seul soumis aii\ lois du
hasard. Si /? = o et E << i. l'oscillateur n'émet rien et son énergie
augmente constamment par absorption, jusqu'à ce que le premiei-
quantum d'f'nergie soit atteint, après qiK)i l'émission se produit
tôt ou tard.
Cette liy|)otlièse des (jininln dc-mission (') conduit anssi. pour
le rayonnement, à la formule (iti), mais la relation entre l'énergie
moyenne ^W\\\ oscillateur et la température n'est plus donnée
par(i.)). mais pai' I écpiation sui\antc :
//■/
^-^ ' _ ,
\ux très jjasses temjx'raiures, \\ est par suite égal a — ? c est-a-
dire que les oscillateurs possèdent presque tous seulement l'éner-
gie p qu'ds ne peuvent pas pei'dre et dont la \aleur moyenne est
i x
Cette conséquence, que lénergie d un oscillateur ne tend pas
\ ers zéro qiuind la température s'abaisse indéfinimenl . mais i('>te
simplement plus |)etite que s. send)le a[)port('r une solution
satisfaisante de la difliculté signab'e plus liant et (|ui a condiiil
J.-.l. Tbomson, Einstein et Stark. à riivpollièse dune slnntnre
discontinue du ravonnenicnl libic.
(') .M. t'LANfiK. Verh. d. clculsclicii phys. Ges.. i. Mit. i<)ii. — Silz. lU-i
d. Berliiier Akad . d. Miss., i.i jiiillcl i(|ii.
(-) L"équalioii (i)) c>l alors rciiipiacce |iar la siiivaiile:
?,.r/, =:: ^' r/v (v. — -^
112 L\ riIKOlUi; 1)1 UAVON.NE.MEXT ET LES QUANTA.
Si, en eftet. des ondes hiniineuses ou des rayons de Rœntgen
tombent sur un métal et libèrent des électrons, il n'est pas néces-
saire que le rayonnement fournisse, dans rhypothèse des quanta
d'éiTiission, la totalité de l'énergie mise en jeu. Le rayonnement
n'aurait qu'à compléter l'énergie o d'un oscillateur jusqu à un
(juantum entier î pour que l'émission d un électron devienne pos-
sible. Plus l'intensité du rayonnement extérieur sera faible, plus
petit sera le nombre des oscillateurs dont l'énergie pourra être
ainsi complétée, et par conséquent plus petit sera le nombre des
électrons émis. On comprend facilement, d'autre part, que la
\itesse de ces électrons dépende seulement de la fréquence de la
lumière ou de la dureté des rayons de Rœntgen, si l'on suppose
que l'émission d électrons, comme celle de rayonnement, se pro-
duit par quanta d énergie dont la grandeur dépend seulement des
oscillateurs qui émetteut et, par conséquent, de la nature du
ravonneiuenl absorlx' par ces oscillateurs.
0. On obtient une nouvelle vérilicaliou de la tliéorie des quanta
eu dérivant, par rapporta la température, les équations (i3) ou (i8)
<jui expriment l'énergie des oscillateuis en fonction de la tempé-
rature. On obtient, dans les deux cas, pour la chaleur spécifique
des oscillateurs,.
//■/•
^''' \' Ff
A. Einstein (') a déduit de là une formule donnant la \ariation
avec la température de la chaleur spécifique des solides, en iden-
lifianl ceux-ci avec des systèmes d oscillalcurs capables d osciller
avec une même fréquence suivant trois directions d'axes, et cette
formule concorde au moins en gros avec le résultat des mesures.
Les écarts qui subsistent peuvent très bien tenir à ce (|ue les
hypothèses simples admises par Einstein ne correspondent pas
exactement aux faits. Puisque les lois du rayonnement noir sont
complètement indépendantes du type d'oscillateur employé, il est
probable que les oscillateurs simples, commodes |)our établir la
(') A. lîiNSTKiN, AiDi. (fer P/iysiÂ, l. XXII, 1908, p. 180.
I.A LOI DU UAYONNEMENT NOIR. Il3
loi du rayonnement, diffèrent notablement des types plus com-
plexes présents dans la nature et qui déterminent sa chaleur spé-
ci(i(jue.
7. Du reste, il faut ajouter quune tliéorie complètement satis-
faisante du rayonnement devra nécessairement interpréter aussi
les phénomènes non stationnaires dont Tintroduclion dépasserait
les limites de ce Rapport. J'ajouterai seulement quelques remarques
d'ordre généial.
Avant tout, il est nécessaire d'insister surce fait que l'hypothèse
des quanta n est [las à proprement parler une hypothèse cV énergie,
mais pourrait plutôt s'appeler une hypothèse d'action. La con-
ception fondamentale est, en elTet. celle d'un domaine élémentaire
de probabilité d'extension h. Le quantum d'énergie ou de rayon-
nement Av s'en déduit et n'a de signification que pour les phéno-
mènes périodiques |)ossédant une fréquence déterminée v. 11 n y a
aucun doute que. dans la mesure où 1 hypothèse des quanta pos-
sède un sens profond, lélément d action h doit avoir une impor-
tance fondamentale aussi pour les phénomènes n(jn périodiques et
non stationnaires. Sommerfeld (') l'a déjà montré directement
dans quelques cas particuliers. Peut-être sera-l-il possible, grâce
à lintroduction de cet élément d'action A, de déduire les lois du
rayonnement noir pour toutes les longueurs d'ondes à partir de
phénomènes non périodiques, comme la fait H.-A. Lorcntz
pour les grandes longueuis d onde à [)arlir des chocs d'élec-
trons.
L extension de la théorie des (juanta aux j)hénoniènes de la
Mécanique ordinaire soulève une question d'importance fonda-
mentale. Les quanta ne jouent-ils aucun rôle dans ces phéno-
mènes parce que l'accélération est trop petite ou parce que la
théorie des quanta ne peut pas s'apj)liquer? En d'autres termes, la
dilTérence entre les lois des phénomènes mécaniques et électriques
ordinaires et celles de lémission dans l'oscillateur optique est-elle
fondamentale ou seulement (piauli talive ?
Je suis actuellement disposé à penclier pour la première aller-
native et, par suite, à admettre une différence essentielle entre les
(') A. SoMMEnFELR, Silz. Ber. d. bayr. Akad. d. Wiss., 7 janvier nui.
L. ET DE 15. 8
ii4 ï-A TiiKORiE M HAY0^^^:.ME^T et i es quanta.
pliénomènes qui se prodiiisenl par quanta d'aclion et ceux qui
évoluent de manière continue, conforme aux équations de la
dynamique classique, et je suis tenté de voir la séparation là où se
diflérencient les phénomènes physiques et chimiques. Des molé-
cides entières, des atomes et peut-être aussi des électrons lihres,
se mouvraient d'après les lois de la dvnamifpie classifjue; des
atomes t»u des électrons soumis au lien moléculaire ohéiraient aux
lois de la théorie des quanta. J.es forces phvsiques, gravitation,
attractions ou répulsions électriques et magnétirjues. cohésion,
s'exerceraient de manière continue ; les forces chimiques, au con-
traire, par quanta. Cette loi serait connexe de celle (pii permet aux
masses en Physique d'agir mutuellement en quantités quelconques,
tandis qu'en Chimie elles ne peuvent agir qu'en proportions net-
tement définies et \ariahles de manière discontinue.
Une compn'diension complète de la signification physique de
l'élément d'action // ne pourra s obtenir que par 1 intermédiaire
du principe de moindre action, cpii semble régir tous les phéno-
mènes fondamentaux et dont l'importance s'est affirmée dans la
théorie de la relativité. La théorie des cjJtanta doit, selon moi,
s'harmoniser avec le principe de moindre action. Il sera nécessaire
seulement de donner à ce principe une forme plus générale qui le
rende applicable aux phénomènes discontinus.
Si l'on considère le résultat général des efiorts tentés jusqu'ici
pour interpréter théoriquement les lois du rayonnement, on ne
peut, en aucune façon, le considérer comme satisfaisant. On ne peut
pas en être surpris, car on s'accorde à reconnaître que la solution
du problème posé ne peut èire obtenue que par l'introduction
d'une hypothèse entièrement nouvelle et en contradiction directe
avec les conceptions admises jusqu ici. Il est cependant hors de
doute qu on parviendra, en continuant l'elVort, à constituer une
hypothèse exempte de contradictions et c[ui conservera de manière
définitive un certain nombre des idées introduites jusqu'ici.
DISCUSSION DU RAPPORT DE M. PLANCK.
M. E[>'STEiN. — Il parait im peu choquant d'appliquer Téqua-
tinn (le Boltzmann comme M. Planck le \ eut. en introduisant une
probabilité W sans en donner une définition physique. Si Ton agit
ainsi, l'équation de Boltzmann n'a pas de contenu phvsique. Le
fait que ^\ est pris égal au nombre des configurations ne change
rien à ceci, parce qu'on n'explique pas comment deux configura-
tions seront reconnues comme également probables. Même si Ion
réussissait à définir la probabdité de manière que lentropie déduite
de léquation de Boltzmann concorde a\ec la définition expéri-
mentale, il me semble que la façon dont M. Planck introduit le
principe de Boltzmann ne permettrait pas de conclure à l'exacti-
tude de la théorie en se basant sur sa concordance avec les [)ro-
priétés thermodynamiques expérimentales.
M. LoREVTz demande s'il ne serait pas préférable de com-
mencer par une définition de la probabilité. On peut se figurer,
par exemple, cjue le système parcourt tous les états qui sont com-
patibles avec une valeur donnée de lénergie totale : le temps pen-
dant lequel un certain état existe serait alors la mesure de la pro-
bal)ilité de cet état.
M. Plaxck. — Il serait sans doute désirable (pi'on puisse
donner de la probabilité thermodvnamique une définition phv-
sique valable dans tous les cas, mais il n est cfl"ecti\ement |)as
possible d'en trouver une dans l'état actuel de nos connaissances.
En particulier, je ne crois pas cju'on puisse de manière tout
à fait générale définir la probabilité tiiermodyiiamiipu^ |iar les
fluctuations de l'énergie dans l'espace ou dans le temj)s. En edel,
cette définition ne s'appliquerait pas au cas du rayonnement noir,
du moins si l'on admet, comme il est démontré dans mon Rapport,
que l'entropie de ce rayonnement se calcidc à partir des lois de
l'émission et de l'absorption et non à partir des ductiiations de
l'énergie dans le rayonnement.
Il6 LA THÉORIE DU RAYONNEMENT ET LES QLANTA.
La difficulté ne semble cependant pas insurmontable, car les
choses se présentent de la manière suivante : il paraît tout d'abord
certain qu'une modification doit être introduite dans les équations
de la Mécanique classique pour les mettre en accord avec les lois
expérimentales du rayonnement; on doit reconnaître ensuite que
la direction dans laquelle cette modification doit être faite, ou.
pour parler de manière plus précise, cjue le choix entre les équa-
tions à conserver dans la nouvelle théorie et celles à modifier est
pour le moment indéterminé et ne peut être justifié que par le
résultat. Si, par conséquent, l'on veut conserver la relation de
Boltzmann entre Tentropie et la probabilité, celle-ci étant calculée
par un procédé convenable de dénombrement des complexions. il
est nécessaire de laisser, pour le moment, indéterminée une défi-
nition pbvsique générale de la probabilité.
Eu résumé, le problème se pose ainsi : quel est le mode de
calcul de la probabilité qui, par application de la relation de Boltz-
mann, conduit à une entropie du ravonnement conforme à l'expé-
rience? Une fois la solution générale obtenue, on aura trouvé une
définition pbvsique générale de la probabilité.
M. HasenTuiul. — On voit souvent la dififérence entre le |)(»int
de vue de Boltzmann et celui de M. Planck dans le fait que Boltz-
mann prend son élément d'extension en phase infiniment petit,
tandis que M. Planck lui donne une valeur finie: cependant, la
définition de la probabilité donnée par Boltzmann a seulement un
sens, elle aussi, cjuand on donne à l'élément d'extension une valeur
finie, mais aussi petite qu'on le voudra.
Au point de vue mathématique, si loii intr-uluit une fonction de
distribution continue/", le passage de 7 /log/à / <"/co/"logy revient
à l'introduction dune constante sans importance. Mais si le
nombre des molécules est fini, / ^/to/log/nest plus égal à la pro-
babilité.
M. PoiNCARÉ demande à ^f. Planck. ([uelques explications sur
les éléments d"aclii)n. Lélément doit r[vc sans doute représenté
par / / (/jj (/(/, s il u V a (|u un seul degré de liberté, et par
DISCUSSION DU «APPORT DE M. PLANCK. II7
quand il y en a n ('). On est ainsi conduit, dans le cas d'un seul
degré de liberté par exemple, à déconijioser le plan des pq en
éléments de surface dont Taire est h : mais cette décomposition
peut se faire de bien des manières, par exemjile en carrés ou en
tout autres figures ; le mode de décomposition a-t-il une iniluence
sur le résultat?
M. Pla?«ck. — L'hypothèse des quanta, appliquée à un oscilla-
teur susceptible de vibrations périodiques, est introduite dans le
but dévaluer la probabilité d'une énergie donnée de l'oscillateur,
il en résulte que la forme des éléments dans lesquels on doit
décomposer le plan des (/>, q') est déterminée : ils doivent être
limités par des lignes d'énergie constante, c'est-à-dire par des
ellipses concentriques, semblables et semblablement placées.
M. PoiAc.vr.K. — On comprend les atomes de matière, ou les
atomes d'électricité, parce qu'il y a conservation de la matière et
de l'électricité-, on comprendrait de même les atomes d'énergie,
parce qu'il v a conser\ation de l'énergie; mais dans quelle mesure
peut-on dire ([u il v a conservation de 1 action?
M. LoREMz. — La manière dont M. Planck introduit main-
tenant la constante h est très intéressante ; mais il faut remarquei'
qu au j)oint de vue historique, l'élément d'énergie a la priorité sur
l'élément d'action. En etlèt, M. Planck a commencé par introduire
pour chaque vibrateur un élément d'énergie déterminé, qu'il ;i
ensuite supposé être proportionnel à la fréquence v pour se con-
former à la loi de ^^ ien.
Je me permets aussi cette question : quelle est la relation entre la
méthode de>L Planck et celle de Gibbs? H s'agit de l'extension (yO,^).
(') L'extension en phase de Gibbs sérail l'intégrale a/i''-
/ ^Uh (^1l '^fP'l '^^'/•J- • • ^U^i^^'In^
mais elle n'aurait plus les mêmes dimensions que It, c'est-à-dire celles d'une
énergie multipliée par un temps. L'intégrale double considérée ici jouit de la
même propriété que l'extension en phase, c'est-à-dire qu'elle demeure invariante
dans le cas des équations de Hamiiton. {Note de M. Poincaré.)
H8 LA THÉORIE DU BAYOXXEMENT ET LES QUANTA.
La pi'obabililé est-elle considérée comme égale pour différents
domaines ayant chacun la grandeur h (' »?
M. Plaxck. — La différence essentielle entre la méthode de
Gibbs et la mienne consiste en ceci que les éléments d'extension
en phase de Gibbs sont infiniment petits tandis que je les suppose
finis. Il en résulte naturellement qu'on ne peut plus attribuer aux
équations de Hamilton une validité illimitée.
J'admets du reste, comme Gibbs, que des éléments égaux dex-
tension en phase correspondent à des probabilités égales.
M. Jeans. — La théorie n'exige-t-elle pas l'existence d un
élément d'action pour l'éther aussi bien que pour la matière?
Si E| et E2 sont les énergies de la matière et de l'éther, et E
l'énergie totale,
E= E,- E,,
W = W, X Wo
où W, signifie seulement une fonction des coordonnées de la
matière et \^ o une fonction des coordonnées de l'éther seul. La con-
dition pour avoir W maximum pour une valeur déterminée de Ej
1 ... ^iooW, </IoçWo
est, comme dans votre théorie. 77; = ir. — =•
Selon votre théorie aussi, la première fraction est égale à -rTr;»
de sorte que f^o est donné par
f/logW, _ _i_
1^. "" rt"
Ceci conduit directement à la formule de Piavleigh pour la répar-
tition de l'énergie dans l'éther, à moins que nous n'introduisions
un élément d'action pour l'éther.
M. Langevin. — En n admettant [)as qu on puisse apphquer
les considérations de probabilité à l'éther seul. M. Planck ne doit
(') On peut reinarciiier que ce sérail s'exprimer de manière équivoque et im-
propre que de dire que la probabilité est constante dans l'intérieur de chaque
domaine d'extension li. En réalité, d'après l'usage que M. PJanck fait de ses hypo-
thèses, la probabilité est nulle partout, sauf en certains points isolés; elle est
la même en ces divers points isolés et il y a un seul point dans chaque domaine.
( Note de M. Poiiicaié. )
DISCUSSION DU RAPPORT DE M. PLAXCK. II9
pas acceplcr le mode de raisonnement employé par M. Debye
dans son travail de irjio. où railleur cherche à éviter les difficultés
relatives aux échanges entre la matière et l'éther en appliquant à
l'éther seul un raisonnement de probabilité.
M. Pla_\ck. — Si V existence cV un quantum cVaction pour
l'éther siiinifie qu'un élément fini d'action joue un rôle dans la
propagation des perturbations électromagnétiques dans léther, la
question de cette existence doit être résolue par la négative. Mais
si elle signifie que cet élément d'action intervient dans les lois de
l'absorption ou de l'émission du rayonnement électromagnétique
j)ar la matière, on doit répondre affirmativement.
Ce dernier fait implique l'existence d'une probabilité pour le
rayonnement liljre. taudis qu'en vertu du premier cette probabilité
ne peut [)as se calculer en considérant les ])}n''nomènes (jui se
passent dans léther seul.
M. Lvxr.Evi.N. — De la même manière, dans la démonstration
générale que M. Lorentz donne dans son Rapport pour la formule
de Piayleigli-Jeans, on fait intervenir les degrés de bl)cil(''(|c 1 étiier
dans les raisonnements statistiques. Il faudrait admettre, et cela
caractériserait la distinction entre la matière et l'éther, qu on ne
peut appliquer à ce dernier les considérations de probabilité que
s il y a en même temps de la matière présente. Gela traduirait le
fait que dans l éther seul la comjjosition spectrale du rayonnement
se conserxe.
M. LoRKATZ. — On jjeiit toujours admellrc des traces de
matière.
M. EixsTEiA. — On a sou\ent |)i<>test('' contie I apj)licalion des
méthodes statistiques au ravonnemeni; je ne \ois pas bien pourquoi
ces méthodes ne |)ourraient pas sapplupiei*. (loir le lva|)port de
H. -A. Lorentz. )
M. \\ ii;\. — - V propos de la question du la légitiiiiit '• d employer
des méthodes statistiques [jour léther, je \oudr"ais remarquer
qu'un rayon de lumière venant d un corps noir, même après sa
séparation de sa source, a iiuc température et une entropie
définies, et que cette entropie est donnée j)ar les lois de proba-
bilité.
I20 LA TUliortIi: Dl RAYO.\M:.MKN'r KT LES OIANTA.
11 manque an résonnaleiir de l^lanek une propiiiHé importante
des molécules réelles, qui est de transformer les longueurs d onde
quelles reçoivent, sans (juoi il n"j aurait pas déquilibre de rayon-
nement.
Des résonnateurs accouplés, de périodes dilTérentes, peuvent au
contraire, changer la longueur d'onde du ravonnement. De tels
résonnateurs ne sont pas introduits dans les calculs de M. Planck
et il n'est pas certain que. si on le faisait, on retrouverait encore
relation fondamentale entre rémission et la densité d'énergie.
M. Po[N( AiiK revient sur la question qu'il a déjà une fois posée.
M. Planck a décomposé le plan par des ellipses, parce que cela lui
était plus commode jtour le calcul de l'énergie, mais une autre
déconq)Osition aurait-elle donné le même résultat?
M. Planck. — La décomposition par ellipses n est pas arbi-
bitraire, mais est exigée par le calcul de la probabilité dune
ênerLiie donnée de l'oscillateur. S'il s'agissait de la probabilité
pour qu'une autre grandeur ail une \aleur donnée, il faudrait natu-
rellement introduire une autre décomposition.
M. PoiNCARK. — Et s'il j avait plusieurs degrés de liberté? Ima-
ginons un résonnateur pouvant vibrer dans tous les sens, de façon
à avoir trois degrés de liberté, mais isotro|)e, de façon que la
période soit la même suivant les trois axes. Si l'on décompose sui-
vant les trois axes, on (le\ra a\oir pour le mouvement jjaiallèle à
l'axe des 37 une énergie a// v, 7. étant entier; et suivant les axes
des y et des z des énergies |j/r/ et --//v, ^^ et *' étant entiers. Chan-
geons maintenant d'axes : on devrait avoir, suixant les trois nou-
veaux axes, des énergies a7r/, fi'/r/, -'7/v: a', j', -'' étant entiers,
et cela quels que soient les nouveaux axes; cela est impossible.
M. Plaxck. — Lue hypothèse ilcï> (/mm la pour plusieurs degrés
de liberté n'a |)as encore été formulée, mais je ne crois nullement
impossible d a |)ar\enir.
M. Louent/ remanpic (pi ou peut en fait concevoir des sys-
tèmes j)our lesquels la seconde loi de la thermodynamique ne
serait j)as vraie. Considérons, j^ar exemple, un système S composé
de matière et d'électrons, et un second système S' semblable, et
ItlSCLSSION Dt: RAPPORT DE M. PLANCK. 121
tlaiis lequel Ions les électrons ont des charges qui sont un certain
nombre de l'ois plus grandes que les charges des électrons corres-
pondiiiits dan> le premier système. Alors le principe de Garnot,
tout CI) restant a|)plicable à chacun des systèmes considérés sépa-
rément, ne serait plus vrai s ils existaient à la fois dans de telles
conditions cpi ds [)nssent agir 1 un sur l'autre (').
La nécessité de prendre l élément d énergie proportionnel à la
fréquence (dans la théorie de M. Planck sous sa première forme),
montre de nouveau ([ue nous pijuNOus imaginer des systèmes qui
ne sont pas soumis à la seconde loi de la thermodynamique. Si
M. Planck n avait pas posé t = //v, il se serait mis en contra-
diction avec la loi de W ien, et, par conséquent, avec le principe
de Garnot.
Dans le nouvel énoncé de M. Planck, la relation t = /iv est
obtenue (Tune manière tout à fait ditférente. Pent-on indiquer,
dans la nouvelle théorie, pourquoi cette relation est la seule qui
nous assure 1 accord avec la seconde loi de la thermodynamique.
M. L\\r.F.vi_\. — l^a raison de ceci ne serait-elle pas que nous
devons, d'après le théorème de Lion ville, considérer comme éga-
lement probables des domaines dégale extension en phase? Le
principe qu'énonce M. Planck consiste à imposer que les domaines
d'égale proJjaljilité doivent être finis, mais il est nécessaire qu'on
les suppose égaux entre eux. de même extension A, pour donner
une détinition correcte des probabilités et rester d accord avec la
thermodynamique.
AI. j^oi'.KXT/.. — San> \fiuloir attacher trop d im|)ortance au
modèle inventé par M. Haas ou à la modification que M. Scliidlof
y a apportée, je crois pouyoir dire que ce modèle mérite un peu
mieux que le jugement prononcé par M. Planck. Il ne me semble
pas que les idées de M. Haas doivent nécessairement nous conduire
à la formule de Piavleigh ; en ell'et, si l'on admet ces idées, il faudra
imaginer des actions qui ne rentrent pas dans le cadre de la Méca-
nique et il se j)eut don<- fort bien que les é(pialioiis de Hamiltou
(' ) l'oir Loi!i:m/,. 77ic tln-ory of radiation and (lie second hiw of thermody-
naniivs {Amsterdam l'roc , iqoo-kjoi, p. '|36).
122 LA THÉORIE DU RAYON.NKMF.X T ET LES QUANTA.
ne soient pas applicables et que, par conséquent, le tliéorème (Je
l'équipartition de l'énergie soit en défaut.
Je reviendrai immédiatement sur cette question, mais je me
permets de rappeler d'abord que des hypothèses bien plausibles
nous conduisent au modèle Haas d une manière assez naturelle.
On connaît la belle hypothèse de M. Lenard sur la nature de la
phosphorescence; ce phénomène serait dû aux vibrations autour
de sa position d'équilibre d'un électron qui rentre dans un atome
après en avoir été éloigné par l'action de la lumière incidente.
D'un autre côté, le modèle d'atome proposé par Sir J.-J. Thomson,
sphère d'électricité positive dans hK|uelle se trouvent des électrons
mobiles, a des avantages qu'on ne saurait méconnaître. On est
donc amené à penser que, dans tous les cas, l'émission se fait ])ar
des électrons qui rentrent dans une sphère positive après en avoir
été retirés d'une manière ou d une autre. Cela serait bien une
émission par des quantités finies d'énergie, l'électron ne venant en
repos que lorsqu'il a rayonné toute l'énergie qu'il possédait au
moment où il rentra dans la sphère. Cela posé, on conçoit facile-
ment le mécanisme de l'absorption comme l'inverse de celui de
l'émission. ()uand une sphère de Thomson est exposée à un
faisceau lumineux, un électron (jui se trouve à son intérieur est
mis en vibration, mais tant que ce mouvement reste limité à l'inté-
rieur de la sphère et que par conséquent, il est tout à fait régulier,
aucune absorption vraie ne se produira: il n'y aura que l'éparpille-
nient des rayons qui est un phénomène bien diflérent. L'absorption
n'aura lieu cjue lorsque l'électron (juitte la sphère; alors il ]tciit
devenir la proie, pour ainsi dire, du mouvement calorihqut^ ivvr-
gulier existant dans le corps.
Cependant, si l'on y regarde de plus près, on voit facilement
qu'il faut encore admettre autre chose. Si un corj)s est fra|)pé
continuellement par un faisceau luiiiineux. le nombre des électrons
libres ne peut pas aller en croissant indéfiniment. Il s'établira un
état stationnaire dans lequel le nombre des électrons qui rentrent
dans leurs sphères est égal au noml)re de ceux cjui en sortent. Or,
ce retour doit luiiinlenanl avoir lieu sans vibrations, parce que
autrement il produirait une émission exactement égale à laljsorp-
tion que nous venons d'expliquer, de sorte que, en lin de compte,
il n'y aurait aucune absorption \érital)lr.
DISCUSSION DU RAPPOaT DE M. PLANCK. 120
Lne remarque semblable s'applique à rémission. Ici, sans être
mis en vibrations régulières, les électrons doivent quitter leurs
spbères sous l'inlluence du mouvement calorifique, pour y rentrer
ensuite en vibrant autour de leurs positions d'équilibre. On voit
donc que les mou\ements d'un électron vers l'intérieur et vers
l'extérieur dune splière devraient pouvoir se faire tous les deux
de deux manières différentes, cn'ec ou saiHs vibrations. Les mou-
vements non vibratoires vers 1 intérieur de la sphère ne peuvent
guère être compris si Ton tient aux règles de la Mécanique^ ils
pourraient donc constituer la partie des phénomènes à laquelle les
équations de Hamilton ne s'appliquent pas.
Du reste, il va sans dire qu'il reste toujours des difficultés très
sérieuses. Pourquoi l'élément d'énergie serait-il proportionnel à
la fréquence? Cela exigerait de nouvelles hypothèses, bien arti-
ficielles probablement, sur la structure des atomes. On jieut
remarc[uer cependant que toute hypothèse qui est d'accord avec la
seconde loi de la thermodynamique doit nécessairement conduire
à la relation t = Av. En effet, comme je l'ai déjà dit dans cette
discussion, cette relation est exigée par le principe de Carnot.
.Te me permettrai encore une remarque sur 1 oliieclion (jue
M. Planck a faite au modèle de Haas; M. Plaiick trouve une diffi-
culté dans la circonstance que les vibrations à l'intérieur de la
sphère positive pourraient avoir une énergie aussi petite qu on veut.
11 me semble que, tant que les trajectoires des électi'ons ne dépassent
pas la surface de la sphère, il n'y aurait pas d'absorption du tout.
Le corps serait diathermane et, dans un tel corps, les vibrations
pourraient très bien avoir des amplitudes beaucoup plus petites
que celle qui correspond à l'élément d'énergie.
M. Brillolix indique un modèle dans lequel les discontinuités
d'énergie sont obtenues par une distribution discontinue de
charges électriques, en faisant appel seulement aux conxeniions
auxquelles nous sommes habitués, celles de distributions de
forme invariable, (juoique pénétrables. Le modèle est lormé de
couches doubles sphériques dont le feuillet positif a le plus petit
rayon; si la charge de chaque feuillet de la couche double est
proportionnelle au cube du rayon, la |)ério(le du mouvement d un
électron mobile sur une sphère, entre les deux {eiiillel» d une
124 LA THÉORIE DU RAYONNEMENT ET LES QUANTA.
quelcoii(|iio des couches doubles, est la même; l'ensemble de ces
couches doubles, avec un seul électron mobile à volonté dans
Tépaisseur de l'une quelconque des couches doubles, constitue un
résonnateur à une seule période propre. Le champ est nul à lin-
térieui- du feuillet le plus petit, entre chaque feuillet et le suivant,
et au dehors du plus grand feuillet. Si les ravons moyens des
feuillets sont i, y/2, \/3, \//\, ..., l'énergie potentielle et l'énergie
cinélique de l'électrtjn dans l'espace étroit compris entre les deux
couches du feuillet augmentent d'une même quantité en passant
d'un feuillet au suivant. Enlin, si les rayons sont proportionnels à
la racine carrée de la période T, les sauts d'énergie sont propor-
tionnels à la fréquence ( <?« = ±: Al /-rp- ' R«=Hy/rrj- Ce modèle
n'a d autre intéi^ét que de ramener les discontinuités d énergie,
qui ne nous sont pas familières, à des discontinuités de structure
qui nous sont familières, sans être plus compréhensibles. Le
modèle de Haas ou le nouveau modèle discontinu, ne peuvent
accumuler «prune quanlité finie d'énergie. Physiquement, il n'est
pas luiaginable qu'un seul résonnateur puisse posséder même une
petite fraction de l'énergie solaire. Lors donc que la quantité
d'énergie à répartir est énorme, un très grand nombre de confi-
gurations doivent être exclues du calcul des probabilités comme
rigoureusement irréalisables; il en résulte une évaluation de pro-
babilité où intervient l'énergie maximum que puisse posséder un
résonnateur unique. La discussion de cette expression nouvelle
éloigneiait troj) du sujet actuellement débattu pour trouxer place
ici.
M. SojniEUFELD. — A propos de l'hvpothèse de JNL Haas, je
voudrais remarquer que la connexion quantitative entre h et les
dimensions des molécules résulte aussi de l'hjpothèse des éléments
d'action qui est beaucoup plus générale que ce modèle |)arliculier
(voi/- § I\ de mon Rapport). Seulement, dans cette hypothèse, la
connexion se limite à un domaine d'oscillations ultraviolettes, et
n'apparaît donc pas comme un fait fondamental. Ouant à moi, je
pré'lère une hypothèse générale sur h à des modèles particuliers
d'atomes.
INI. LouENTz. — M. Sommerfeld ne nie pas qu'il \ ait une
DISCUSSION DV RAPPORT DE M. PLANCK. 125
relation entre la grandeur de la constante h et le? dimensions des
atomes (^sphères positives de Tliomson). On peut exprimer cela de
deux manières : la constante h est déterminée par ces dimensions
(Haas), ou bien les dimensions qu'on attribue aux atomes dépendent
de la grandeur de //. Je n'y vois pas de grande différence.
M. Laisgevix. — Le modèle de M. Haas présenterait 1 incon-
vénient de conduire à une absorption variable avec linlensilé du
rayonnement. Aux faibles intensités, il semble que les électrons
oscilleraient avec une faible amplitude autour du centre de Tatome,
sans qu'aucun puisse sortir, et cela ne conduirait à aucune
absorption quand le régime permanent serait établi.
M. LoREXTZ. — M. Langevin a parfaitement raison ; non seu-
lement le coefficient daljsorplion. mais même lindice de réfraction
dépendrait de l'intensité des ravons. C est là une difficulté très
grave, que jaurais du signaler.
M. Langevix. — L'argument qu'invoque actuellement M. I*lan( k
contre le modèle de M. Haas est précisément celui cpi'il a lui-jnéme
cherché à éviter en admettant la continuité de l'absoiption. S'il
n'est pas nécessaire que le résonnateur renferme toujours un
nombre entier d'éléments d'énergie, le modèle de M. Haas échappe
à l'argument qu invoque ^L Planck..
La discontinuité qui se produit au moment où l'électron sort
d'un atome pour devenir libre et entrer dans la sphère d'action
d'un autre suffirait peut-être pour rendre inapplicables les équa-
tions de Hamilton.
M. Planck. — Je ne crois pas. La force attractive d'une sphère
positive uniforme sur un électron est une fonction continue de la
distance au centre (proportionnelle à cette distance |)Our l'intérieur
de la sphère et en raison Inverse du carré pour l'extérieur i, et dans
ce cas, les équations de Hamillon sont pleinement applicables.
^L Laxgevix. — Je suis d'accord c[u"uiie semblable discon-
tinuité ne doit pas suffire pour modifier les équations de Hamillon.
M. Nerxst. — 11 me semble qu'il serait important au point de
vue théorique de faire intervenir, en dehors du modèle de réson-
nateur de M. Planck, l'Iix polhè>(' d'une particule électriséc assu-
iu6 LA TIIKORIE Df RAYONNEMENT ET LES QUANTA.
jetlie à rester à distance constante d'un point fixe, ou à se mouvoir
sur la surface d'une sphère. Tandis que le cas du résonnateur de
Planck semble réalisé dans les éléments monoalomiques solides, le
nôtre interviendrait, par exemple, conformément à la théorie
cinétique des gaz. dans la molécule d'acide iodliydrique aux tem-
pératures peu élevées. Les lois du mou\ement devraient ici aussi
être indépendantes de la charge électrique de la particule.
M. Hasexohrl. — Avec le modèle d'oscillateur de M. rSernst,
la période n'est pas indépendante de l'énergie; si les éléments
d'extension en phase sont égaux, les éléments d'énergie ne sont
])lus égaux et vice versa. Laquelle de ces deux alternatives
M. ZSernst veut-il choisir, des éléments d'action égaux ou des
éléments d'énergie égaux? Le |)remier choix me semble être la
réalisation la plus naturelle des idées de AL Planck.
M. A^EUNST. — Les lois du mouvement de ce modèle d'oscil-
lateur sont déterminées, selon moi, par la condition de ne conduire
à aucune contradiction avec les lois expérimentales du ravon-
nement thermique. La théorie cinétique actuelle des gaz polj-
atomiques conduit naturellement aussi à la loi de Rayleigh et doit
par conséquent être modifiée.
Al. ^^ lEN. — La difficulté de la première théorie de Planck
consiste dans le temps considérable d'accumulation qui serait
nécessaire pour qu'un oscillateur puisse recevoir un élément
d'énergie entier dans le cas des radiations faibles; mais, si grandes
que soient les difficultés, on ne peut pas dire que le dévelop-
pement de cette théorie soit impossible, et peut-être pourrait-il
être facilité par l'introduction de résonnateurs accouplés?
iNL Pla-nck. — Je ne pense pas qu'il soit possible d'éviter la
difficulté de l'absorption d'un quantum d'énergie tout entier en
considérant un assemblage de plusieurs oscillateurs élémentaires,
si l'on suppose que l'échange de l'énergie entre les oscillateurs se
fait par l'avonnement; car à des basses températures, le rayon-
nement est si faible que, dans le cas d'un assemblage d'oscillateurs,
aussi bien que dans celui d'un oscillateur unique, il faudrait pour
l'absorption d'un quantum, un temps beaucouj) trop grand pour
être compatible avec une absorption instantanée, et, cependant.
DiscissioN DU nAr-ponT de m. PL.vxrK. 127
011 doit regarder comme 1res pi-obaljle que les échanges d'énergie
peuvent se faire |)ar rayonnement seul, même à de basses tempé-
ratures. Du reste, le rayonnemeut noir est tout à fait indépendant
de hi constitution des oscillateurs situés dans le champ de rayon-
nement, c'est-à-dire qu'il serait le même avec des oscillateurs
isolés ou réunis en assemblage.
M. Poi-\cARi';. — S il n V a\ait (|ue des résonnaleurs fixes, de
façon que le principe de Doppler ne put interveuii', et léther, il
ne pourrait v avoir échange dénergie entre des radiations de
période différente. La distribution de l'énergie dans le spectre ne
serait pas altérée, et ne pouriait tendre vers une loi déterminée.
]l faut donc admettre des échanges entre des résonnateurs de
période difîerente par un autre mécanisme. Si cet échange se fait
sans intermédiaire entre deux résonnateurs de fréquences v et v,,
la quantité d'énergie cédée [)ar 1 un à 1 autre devrait être à la fois
multi])le de //v et de Avi, ce qui en général est impossible; s'il y a
un intermédiaire, qui serait par exemple les atomes de la matière
ordinaire, il faudrait, pour éciiapper à la même difficulté, que
l'énergie de cet intermédiaire put varier d une façon quelcoïKpie.
M. Pla-xck. — Les intermédiaires pourraient être les électrons.
M. LvxcEvix. — L'hypothèse que l'énergie du résonnateur
peut varier seulement par degrés discontinus n'est peut-être pas
nécessairement liée à l'application du principe sous la forme où
1 énonce M. Planck. Peut-être ne faiil-il j)as trop se préoccuj)er
des difficultés qui résultent de cette hypothèse particulière.
M. PoiivcARÉ. — Dans la nouvelle théorie de M. Planck, où
l'absorption est continue, où l'émission seule est discontinue, et
où l'énergie d'un résonnateur est représentée par
;?/iv -^ p,
M. Planck représente la probabilité pour cpie I énergie ait cette
yaleur. par N„p, et il montre que ce nombre est indépendant de p.
[^our cela, il s'a|)puie sur ce fait (|ue, par l'eflet de l'absorption,
cette énergie entre /i//v et (/' -i- i)Av varie proportionnellement
au temps. Mais il est nécessaire d'admettre d'autres causes de la
variation de l'énergie, par échange entre deux résonnateurs de
128 LA THÉORIE DV RAYONNEMENT ET LES QUANTA.
période différente, soit directement, soit par l'intermédiaire des
électrons ou des atomes pondérables. Il n'y a aucune raison de
croire que dans ces conditions, l'énergie variera encore proportion-
nellemenl au temps?
M. Plakck. — Tant <|u"un oscillateur ne fait qu absorber de
l'énergie rayonnante, son énergie augmente proportionnellement
au temps. Quand il échange de l'énergie par un choc avec un
atome ou un électron, nous ne savons actuellement rien de plus
précis sur les lois qui régissent ces échanges. Je ne doute cependant
pas qu'il soit possible de développer la théorie de manière à en
tenir compte et à montrer cju'il n'en résulte aucun changement
dans la valeur de Tentropie d'un système d'oscillateurs.
M""' Curie. — M. Planck suppose-t-il que l'émission d'un
élément d'énergie se fait de manière instantanée? Il paraît im-
possible dans ce cas de conserver les équations de Maxwell même
pour le vide.
M. LoRENTZ. — ■ L'émission peut avoir lieu pendant un grand
nombre de \ibrations.
M'"" Curie. — On peut alors chercher à imaginer des méca-
nismes qui permettraient d'interrompre celle émission. 11 est
probable d'ailleurs que ces mécanismes ne seraient pas à notre
échelle et seraient comparables aux démons de Maxwell : ils per-
mettraient d'obtenir des écarts à partir des lois du ravounement
prévues par la statistique comme les démons de Maxwell permettent
d'obtenir des écarts à partir des conséquences du principe de
Carnot.
M. PoiNcARÉ cite 1 exemple de la décharge d'un oscillateur
de Hertz qui se déclanche instantanément, mais dure un certain
temps.
M. Planck. — Quand l'émission d'un oscillateur se produit
par quanta, les équations de Maxwell conservent leur valitlité pour
l'espace environnant à distance suffisante de roscillalcur. mais
elles doivent èlrc modifiées pour l'intérieur de l'oscillateur et pour
son voisinage immédiat (on peut supposer, par exemple, que la
vilesse de propagation à l'intérieur de l'oscillateur est beaucoup
DISCISSION DU UAI'l'OI\T IIK .M. l'l.\N(k. 1 2<)
plus petite ([iic diiiis le vide), l/livpullièse des quanla ne dit rien
sur la iocalisaliou du (juaulnni d'énergie dans Tespace : il |)eiit
s'étendre sur un grand nondjre de longueurs d'onde. Seul doit èlre
luen défini l'inslanl où le (|iiaiiluiii d"('nergie eonmienee à èlre
ravonné par roscillaleur.
-M. lii>srKK\. — Si (in oscillateur émet d'une façon dilTérente
de celle qui correspond à la première théorie de M. l'ianek. il
s'ensuit l'abandon des équations de Maxwell au voisinage de l'oscil-
lateur; car en ap|)li(piaiil les éfpialions de Maxwell au champ ([uasi
statique du dipole oscillant, on arrive nécessairemenl à r('ini-i-;ion
lie l'énergie sous forme d'ondes sphériques.
M. Ni:i;>sT. — La nouvelle hv|)otlièse de \l. IManck ne rendrait-
elle pas nécessaire que les atomes soient encore en mouvement au
zéro absolu et, par conséquent, ([ue les corps solides doivent avoir
encore à ce moment une tension de vapeur?
M. Plaxck. — La tension de vapeur devrait èlre nulle au zéro
absolu, même si les atomes conservent de rénergie. parce (pie
l'émission d'énergie ne peut avoir lieu ipie par(piantaet (pi aucun
(piantum entier n'est présent.
M. Sovivri;iîKi:LO. — Je crois qu'on doit consi(l(''rcr Ihvpolhrse
des quanta d émission ainsi ([ue 1 livpothèse initiale des qaanla.
d énergie, plut(U comme une forme d ex|)lication (pie comme une
réalité phvsK[ue.
Je crois, en |)arliculier, avoir pu trouver une contradiction {voir
la fin de mon lla|)port) entre la nouvelle hypothèse de AL Planck
et les données expérimentales sur les ravons de Puintgen.
AL Kavieklix(;u Ojnmîs. — Il me semble que le (('sultal de
M. Planck peut s exprimer comme il suit : si I on ciilciilc la iciii-
pérature à laquelle l'énergie cinétique d une molécule gazeuse est
égale à l'énergie moyenne d un vibrateui-, ce vihraleur ne pourra
pas, ])our ainsi dire, abaisser sa température iul(''rieure au-dessous
d'une certaine valeur. Pour des périodes comme celles de 1 argent,
par exemple, où — = -/r[jv et |iiv ^ aoo" Kelvin, cette température
intérieure serait d'environ io(»" Kelvin. Pour l(\s chaleurs spé-
cifi(jues (h'i l'on ne s'occupe (pie de l'augmentation (r('-nergic, la
h. i;t de tï. 9
l3() I. \ TIIKOIUF. Dl UVVON.Nr.MKN T KT Li:S (Jl ANTA.
valeur de celle lein|)érriliiie conslanle a iiilervienl pas, mais il v a
d'aulres phénomènes, par exemple la conduclivilé électrique, qui
conduiraient à imaginer des \ibrateurs dont la lempéralure
sabaisserail jusqu'à zéro, avant que la teMq)éialure moyenne n eut
elle-même cette valeui-. On a utilisé celle conce|jti()n pour prédirr
que la résistance du mercure deviendrait à peu |)rès nulle un peu
au-dessous de 4" (degrés Kelvin) et qu'elle resterai l nulle à des
températures encore plus basses. Le phénomène serait difficile à
expliquer avec la nou\elle formule.
M. Loi'.ENTZ prie M. l'ianck d indi(juer la manière dont il veul
modifier les é([uations fondamentales de la théorie des électrons.
M. Pj.ANk. — .le ne |)uis a|)porler une théorie précise. S il faut
cependant dire quelque mots sur la direction dans laquelle je crois
qu'il est possible dinlroduirc la modification nécessaire pour
mettre les équations de réleclrodvnainique en accord avec la
théorie des quanta, j'émettrai rhy|)Olhèse suivante : les équations
ordinaires du champ électromagnétique srmt exactes en dehors de
l'oscillateur linéaire, mais entre deux émissions, les vibrations de
Toscillateur lui-même sont régies en fonction du temps par
l'équation simple
f/2.7-
dt-
M. La n<;kvi>'. — H faut remarquer (pi en renonçant dans
l'équation du moii\emcnl de l'électron au terme donnant la
réaction de ravonnemenl, on perd le bém'lice d une concordance
remarquable signalée j)ar M. Lorenlz entre lainortissement traduit
par ce terme et la limite ex|)érimenlale des interférences. Il serait
difficile d admettre que ce terme doit intervenir quand l'électron
émet, et disparaître quand lélectron absorbe.
M. Wii:\. — Dans Ihvpothèse d un très petit amortissemenl.
on rclrouxe cette difliciillé d'a\oir affaire à un très grand temps
d'accumulation: \\\\ amortissement particulièrement petit devrait
alors être rc^gardé comme une circonstance statislupiement très
rare; tandis que d oi-Jinaire 1 amortissement, |»etit |iar lui-même,
serait beaucou|) aiigineni • par les chocs des molécules avec les
électrons, suivant la concept nm de Lorenlz. L'amortissement par
mSCISSION 1)1 KAI'PORT IIE M. l'I.AXCK. l3t
liivoiinemeiU dispiirail si roscilhileiir ne peut éineltre (iiie des
(|iiiiuta ({"(''iieii^ie.
M. So.uuF.iiFKLi). — Le terme iraïuorlissement en '—^ dépend
moins de ce qui se passe à Fintérieiir de Télectron que, par exemple,
le terme d'inertie en ^, car le premier est indépendant de la
grandeur de l'électron. On devrait alors se délier du terme d'inertie
|)lu[('»t (pie du terme d'amorlissemenl.
M. \\iE\. — Si l'on suppose que le terme d'émission pour
roscillation d'un électron disparaît et qu'on doive mettre à sa place
le quantum d'émission, il faudrait admettre que même dans le cas
où un électron est en xihratioa sous une force extérieure connue,
1 émission dont il est le centre se fait par quanta. Cela nous mettrait
en contradiction a\ec les équations de Maxwell, même si l'on
convient de ne les appliquer qu'à l'extérieur de l'électron. Il
faudrait donc abandonner les équations de Maxuell, pour l'iii-
tt'rieur de l'atome.
M. LoiŒXTZ. — Il me semhle (pi'on ne doit pas attacher trop
d'importance à la circonstance que la constante// a les dimensions
d'une action. Klle a aussi les dimensions de la i;randeur — » >i l'on
entend par e une ciiart^e élec'tnque mesurée en unili'-> éleclro-
slatKjues. (_)n pouirail donc, dans lalormuledu ra voniiemcnl mur.
remplacer A |)ar cette expression r^r • Si I cipintioii nous a\ail ('h-
présentée sous la forme qu elle prend alors, nous aurions ('h'- ptjrlés
à penser que l'élément universel que nous cliercliions devrait être,
non pas une certaine action, mais une certaine cliar<;e électrique.
Du reste, je reconnais xolonliers (jue le succès de la lli(''oiie
parle en faveur dune con>lanle qui rcpré>enle imc aciion.
M. I*L\X(.K. — Je ne puis, en princq:>c, c[u être d accord sur ce
point. J'ai été' conduit surtout à considérer la i^randeur h comme
une constante universelle indépendante par le rôle qu elle j<'iic
dans l'expression de la prohabilité. Il est parfaitement jiossible, a
mon avis, qu'une connaissance plus précise des lois élémentaires
de la dvnamique conduise' à relier h à c et \ ou inversement e à //
et V.
l3>. LA TlIKORIE Dr RA VONNKMliNT KT LES ULANÏA.
M. Lor.E:\Tz. — Peut-on tirer une lii^ne de démarcation entre
les actions physiques et cliimiques? iN\ a-t-il pas. au contraire,
une transition continue d'un domaine à l'autre?
M. jNerivst. — ( )n j)ourrait |)eul-ètre dire (pie les forces chi-
jniques sont d'un autre ordre de grandeur que les forces ordinaires
de cohésion. Par exemple, dans l'eau, on doit penser que la force
avec laquelle les atomes sont réunis dans nne molécule est heau-
coup plus grande que celle (pii correspond à la chaleur de com-
bustion de rindrogène.
M. I\ \ \ri.u].i.\GU ()i\.\KS. — Il me semble pourtant (piil v a un
passage continu des lorces cliimicjues aux forces |)hvsi(|ues. On
peut, dans cet ordre d'idées. rap[)eler (pie la force de cohésion
de Van der Waais |)eut être conçue comme le résultat des forces
qui s'exercent quand deux molécules se rencontrent dans un
li(piide, puis considérer cpie dans le cas d'une solution d'ammo-
niac dans l'eau, la théorie de \ an der AA aals relative aux mé-
langes (cpioique a\ec un grand «^ (jui |ieut-ètre est à diviser en
deux parties) peut être appliquée. iJe la même manière, l'ordre
de grandeur est le même pour la chaleur latente de vaporisation
et poiii' la clialeur de lt)rmalion de l'eau.
LA
T H É 0 K I i: C I N É T I Q TJ E
l'ROPRlKTKS KXI'KIIIMI-NTALKS DES GAZ PARFAITS:
l'.vR .M. MvuriN KMDSKN.
I. — HYPOTHÈSES FONDAMENTALES
[ 11 gaz |)iir se conipose de molécules ca iuoiin eiiu'ul cl loiiLodc
même masse m.
Il s'exeiTe dc^ aclions noialilcs entre deux iii()l('cnl(-< >culcnienl
lorsque leur dislanee esl de\enii(\ par suile dii mou\emcnL. infé-
l'ieui^e à une certaine limite (|ui. [xHir les i;az parfaits, est a('',i;li-
ji;eal)le par l'apporl aux paicours (pi etTectueut les moli'culcs
pendant qu'elles sont soumises à i\Q.> action- inscnNihles.
II. — MASSE ET VITESSE DES MOLÉCULES.
]^a loi dAvogadro donne les \aleui'- rdalixc- (pic doil ;i\()ir hi
masse /« pour les din'érents gaz. Si cliaipic iiiiit('' de xoluinc d un
gaz contient en moyenne N niol('ciile>. la (lcnsit('' Au gaz c>t
0 =^ y\in : d a|)r("'s la loi d A\()"a(lii), N et nar suite — a la uK'me
valeur pour tous les gaz sous la ni('nie |)ression cl à la nK'uu; tem-
pérature, de sorte que /n doil (-trc supposée propoilionnellc à la
masse d'une molécule-gramme.
Si la pression du gaz est />. lc-< li\ pollu-ses fondamentales con-
duisent, par applicjilioii des lois générales du clioc à la relation
p = -pc^
i:J4 I-A TllKORIE 1)1 nAVONNEMK.NT IC T LES QUANTA.
pour lin i;az en repos, où c- est la \aleiir niovenne des carrés des
vitesses des nicdéciiles. Par comparaison avec rëqualicjn d «'lai
empirique
? = /'?" -Y-'
où T est la température absolue et po la densité du gaz pour une
pression de une dyne par centimètre carré et à la température
de 2-.)" absolus, on obtient
Celte équalion (hUcnnine enlièreiiicul. pour un yaz parlait, la
valcMii- de r-, siii' l;i(piclle nous n"a\ons l'ail aucune hypothèse. On
nf'w peut rien conclure sur les valeurs particulières de c puistpie
l'équation précédente est exacte quelle que soit la loi de réparti-
tion des vitesses.
D'après les diverses déductions théoriques de la loi de répartition
de Maxwell, on doit considérer celle-ci comme la seule possible,
et par consécpient la seule à faire intervenir dans les calculs pour
un gaz en repos et en équilibre de t('m|)érature.
(^)uand c- est déterminé pai' une mesure de tem|)érature. on
peut donc considérer aussi c comme connu puisqu on sait quelle
fraction du nombre total des moh'cides possède une vitesse com-
prise dans un domaine déterminé.
Comme la loi de Dalton se déduit immédiatement des hypothèses
fondamentales, on \ oit que la théorie peut être étendue aux mélanges
si les hypothèses sont vérifiées pour chacun des constituants.
On voit ])ai- ce (jui précède que I équation d'état, la loi dA\o-
gadro, la loi de Dalton. la loi de réparlilion de Maxwell peuvent
conduire ;"i une déterminalion |)r(''cise des (juanlil<s londamenlales
de la théorie cinétique, en parlieulier des masses relatixes des
molécules et de leuis \itesses, iiiai> (pi Une \éritication de l'exac-
titude de la théorie doit être cheiclit'e dans d'autres propriétés des
III. - CHALEURS SPÉCIFIQUES.
Par suite des hvpothèses londamenlales. I énergie de translation
des molécules contenues dans \'^ du yaz doit èlre - r-. Si celle
1,A TlIKOBli: ClNKTIOLt:. i3;
forme trénergie est la seule présente qui puisse être iiiodiliée par
un changement de tein|)ér;ilure. la chaleur spécifique à volume
constant doit être
c,. =
et comme
on doit avoir
Cette conséquence de la lliéoiie s est trouvée \('ii(iée expéri-
mentalement pour les gaz monoatomiques : on a donc obtenu ainsi
une conlirmadon de 1 exactitude de la théorie. Poujles autres gaz.
— est intérieur à - - d où I on conclu! que. les nioli'-culcs |)olvato-
miques possèdent une énergie interne dont une partie au moins
varie avec la température, et que le rapport entre celte partie et
1 ('•nergie de translation est indépendant de la température, au
moins dans de larges limites.
On remarquera que la valeur théorique de la chaleur -péciliqne
a été obtenue sans introduction d'aucune hypothèse sur les aciions
mutuelles des molécules du gaz. Nous allons examiner maintenant
tout d abord une série de pro[)iiélés dont la théorie peut se déve-
lopper sans exiger non plus d hypothèses particulières sur les
actions mutuelles, après quoi nous passerons rapidement sur celles
qui, comme la \iscosit('', la dillusion et la conductil)ilité' calorilicpie,
fcjnt au contraire inler\enir la lui d'action.
IV. — L'EFFUSION MOLECULAIRE.
Une des conséquences les phi.-^ -impies îles h vpolhèses londa-
mentales est que la masse (■ d un gaz qui sort pendant le temps t,
en régime permanent, à tia\crs une ou\erture de surface A, d n\\
espace où la pression est// vers un es|)ace où la pression est />",
est, quand on peut négliger les actions iniil ncllcs de- moh'cules et
en employant les unités absolues.
(')
I 36 L.V THÉORIE DU RA VON.NDxMKM' KT LES (Jl \>TA.
La mosiiie de l'écouleinenl par une ouverture de surface
A = 5,21 X lo "cm- a donné, sous de faibles pressions, le raj)-
G observé , i . i, ni- o r
nort r~ eyal a (i,q~<S pour I livnroiiene, o.goi pour I oxv-
' G calculé "^ ■ :y y i . o ,/ i
i;ène eL o,()'Î7 pour le gaz earl)oni([ue. Une autre série avec
A = 66 X io~'' cm- a donné pour ce même rapport i.oa.i avec
riivdrogène et i.ooq avec ToArgène. Les écarts de ces nombres
à partir de l'uni lé s'expliquent par les erreurs expérimentales sur
la uiesure de \ et sur la mesure des pressions par la jauge de
M. Lcod.
1> autre part, une série de mesures de l'effusion moléculaire de
la vajjeur de mercure, pour des températures comprises entre o"
et 46", a conduit à une variation de la tension maxima de vaj)eur du
mercure conforme à celle cpii a été observée antérieurement par
daulres métliodes pour des températures plus élevées. Si Ton
\oulait soumettre la loi deflusion moléculaire et par suite la loi de
ré|iartilion de Maxwell à une vérilicaliun plus précise, il serait
utile d'ell'ectuer les mesures de pression au moven du manomètre
à fil cliaullé.
V. - PRESSION MOLÉCULAIRE THERMIQUE
ET COURANT MOLÉCULAIRE THERMIQUE.
Si Ion |)eul négliger les chocs mutuels entre molécules, la théorie
montre que la condition d'équilibre entre deux récipients con-
tenant un même gaz à des températures absolues ï' el T" cl com-
inuni(|uant par nne ouverture |)ercée dans une plaque mince est
Si les pressions ne vérifient [)as cette relaliou. il se produit un
courant de gaz à tra\ers l'ouverture jusiju'à ce (pie la condition
d'écpiilibre soit remplie. Pour déduire cette conséquence de I 1
théorie, il n'est pas nécessaire d'admettre la loi de répartition de
Maxwell pour un gaz en repos.
La condition d'équilil)re n'a pas été vérifiée expérimentalement
dans le cas indicpié, mais l'expérience montre (prelle est exacte
lorsqu'il v a variation continue de température le long d'un tube
LA TlIKOlUi; CIXKTIQIK- ' >7
OU à travers une sul)stauce poreuse placée entre les deux récipients.
I*ar exemple, la mesure faite a\ec une substance poreuse a donné
^ = 1 , 3'>() alors que 1 / ,-777, a ('té uiesurée éi;aleuient à 1 ,3>c). Une
P ' \ l
série de mesures laites avec des tubes de verre a donné la mêuie
concordance entre les valeurs tbéoriques et expérimentales.
VI. — LE MANOMÈTRE ABSOLU.
Toujours quand on |)eut néj^lii;er- les chocs mutuels, la théorie
montre cpie deux plaques éi;ales de surface A et de températures
peu différentes T' et T", placées lune en face de l'autre, doivent
se repousser a\ec une force F déterminée en fonction de la
pression du i;az pai-
ïj'ex[)érience a montré que cette expression de la foi^-e ladiomé'-
trique est exacte pour lli vdroi^ène, Toxyiiène, le gaz (-arbonique et
la vapeur de mercure ; il en est ainsi probablement aussi pour les
autres gaz et vapeurs.
VIL — COURANT MOLÉCULAIRE DANS LES TUBES.
Dans les mêmes conditions, la théorie donne pour la masse (j
d'un gaz (pii passe pendant le temps t ;'i travers un lubc eylin-
<lrique de longueur L et de ravon II d'un r<'cipicnl où la pression
est p' dans un autre on la pression est/)",
(3) o = A. v/p,;^/^l|^ (//--/.",.
où A" est une constante niimé'rKpic dont la \alciir ih''|t('nd de la loi
de répartition des vitesses el de la manière dont les moh'cules du
gaz se réiléchissent sur la paroi du lidic (Jii obtn'ul un acconl
complet entre la théorie et l'expérience en admettant la loi de
répartition de Maxwell et une <li(}'usion complète des molécules du
gaz par la |)aroi du lube (la loi de l.amherl). Dans uiir expérieuc»'
l38 LA TlIKORIE DU UAYONNEMENT ET LES (JIANTA.
,. . -, . ' I *^ observé , , .
pai'liciiluTeinent soignée, on ii trouve le rapport — ; — p^ fi;î>l ;«
' • ' ' (i calcule ^
r , oo() pour llivclrogène.
On peut donc considérer la loi de réflexion di // Use comme
démontrée par i expérience.
Duns une autre série de recherches, on a fait varier Oq, R, L. p'
dp" et vérilié I c^actitude de la formule (o) dans des conditions
très diverses.
VIII. — LA CONDUCTION THERMIQUE MOLÉCULAIRE.
Dans les conditions où les chocs entre molécules sont a>scz
rares pour ne jouer aucun rôle, la théorie montre que la quantité
de chaleur, mesurée en ergs, qui est transportée par les molécules
en T secondes entre deux plaques parallèles de surface A et de
tempi'raluix's absolues T, et T^ est
(4) Q = .\T(T,-T,)yjE.
iJans Ihypothése d'un échange parfait d'énergie au moment des
chocs des molécules du gaz contre les plaques (absolument
dépolies), la théorie donne |)0urla conductibilité thermique molé-
cidaire z
' — 1 4 /_jL_ ^'' '^ ^"
4 V '.iTû-poT Cp — Ci,
L'ex|)érience montre que la ([uantité de chaleur réellement
échangée, ()'. est éyale à /, ( ) où k est une constante pour un i;az
et pour des jdaques données, mais varie a\ec le degré de poli des
plaques el diflère d'un gaz à l'autre pour des jilaques incomplète-
ment d(''[)olies.
J^a constance de A constitue une vérification de lexactitude de
la théorie et les écarts de /.■ à partir de l'unité montrent que les
échanges d'énergie entre les molécules d'un gaz et une paroi solide
sont généralement iuqjarfails pour un choc unique. Il résulte de
ces expériences «pie, si c- représente I énergie movennc des molé-
cules pour le gaz en équilibre thermique avec la paroi solide, c'^
pour les molécules qui viennent Irappei' cette paroi et ci pour
l.\ TIIi:OIUK CINKTIOIK. 1^9
ccllc-^ (|m s"('loigncnl de l;i paiMii jiprrs clutc, on a
ci - P'î ^ ^^
c- — c']
i)ù a est une constanle, le coeflicient d'accommodation, caracléris-
llquc des échanges d'énergie entre un gaz et un corps solide
donnés. On trouve par exemple que, pour riivdrogène et le verre
ou le |)latine ordinaires, on a a = o,'^() tandis (|ue Ihvdrogène et
le platine fortement |)latiné donnent a = 0,71 • Pour Toxygène et
le platine fortement platiné, a = o,()(3; pour l'oxygène et le verre,
rt = o, 72.
Si l'on suppose que pour les molécules polvatomiques le coel-
ficient d'accommodation est le même pour l'énergie de translation et
pour l'énergie interne de la molécule, on peut déduire le rapport
des chaleurs spécifiques de la mesure de s, ce qui, d'après les
recherches de Nernst, peut être particulièrement intéressant aux
hasses températures et aux faihles pressions.
IX. — PRESSION MOLÉCULAIRE SUR UN CORPS EN MOUVEMENT.
lui 1 absence de chocs entre molécules, la résistance K qui
s oppose au mouvement d'une plaque en mouvement dans le gaz
:i\ec une iaihlc \ilese r est donnée par la théorie comme égale à
( 5 ) l\ -- /.
\/'^-^PV'?"^--
Si la normale à la plaque fait avec la direction du iiioiivenieiil
I angle ./), le coefficient numérique /." prend la \aleui'
l^our établir cette loi'iuule, il est nécessaire (rinirodiiiri' un
coefficient d accommodation c/, pour I énergie de Ir.mslalion. Si
.r, = o. il vient
/, = ' ' " ~ ''■ " ■
( )ii \oil (pie I (iiidf lin moiaenn'iil d une phupie ilaiis |;i diiec-
l4<> LV THKORIE DU UAVON.XEMK.NT 1£T I.KS OlANTA.
tlon normale à son plan donne le moven de déterininei- expéri-
mentalement le coeflicient d'accommodation a, pour i'éner<;ie de
translation seide. et qu'on peut espérer obtenir ainsi une comj)a-
raison entre rt) et le coefficient ylobal daccommodalion a.
Pour une splière de ravon Pv, K prend la valeur
' .^, t5 — f^i /'>.7î / —
(7) K = S y l-n^- ^_ 'i/ ^p /p„ V.
L ne série de mesures faites sui- des sphères de verre avec
R = <)"",v^8r) a donné r^f, = o,6(S dans l'air, tandis que le coeffi-
cient global d'accommodation a a ('té trouvé, par des mesures de
conductibilité thermique, éii;al pour l'oxygène à 0,-2. Ceci rend
probable légalité de a et de r/, sans cependant (juon puisse en
retirer une certitude.
X. - ÉCARTS A PARTIR DES FORMULES PRÉCÉDENTES.
L'ellusion moh'culairc e>l le seul des phéncunènes étudiés qui,
par sa nature même, nous ail fourni une vérification quanlitali\e
de la théorie sous sa forme la plus simple, caractérisée par la
\aTiation des vitesses moléculaires avec la tem|)érature et leur
répartition suivant la loi de Maxwell. Les recherches indiquées
dans les paragraphes VI à iX ont montré que les formules données
ne sont exactes que dans un domaine limiti' et doivent être consi-
dérées comme correspondant à des lois limites; pour des dimen-
sions données de l'appareil de mesure sous une pression donnée,
les écarts à partir de la loi limite représentent une fraction déter-
minée de la grandeur mesurée.
Ces écarts s'expliquent immédialemeiil |)arle tait que le nombr*;
des molécules par unité de volume augmente avec la pression sous
température constante, et que les changements de vitesse des
molécides dus aux chocs mutuels cessent d'être négligeables |)ar
rapport aux changemenis dus aux chocs contre les parois.
f^ exj)érience montre par exemple que, si l'on augmente le rap-
port entre le diamètre de louverture et le chemin moven <le^
molécules. l'elTiision moléculaire se transforme |)rogressivement
dans le |)h(''nomène connu depuis longtemps de l ellusiou onli-
naire.
i.A iiiiioBii'; ciNiiriQiK. i4i
La |)ie>si(»n lliciiiu(|ii(' iiioléculaiie dans le Uihc (lis|)ai'aît aussi
progressiveiiK'ul l()rs(|iie le rappoil — enlre le rayon du lube et le
chemin moyen augmenle. Pour do peliles \aleurs de ce rapport,
on trouve, dans lélat d'équilibre, la relation sui\anle entre les
prebsions et les l('ui|)(''ratures en deux points (i ) et (2) d un tube
cylindrique
p. V T,
(^)uantl — aui;tn('nlc, cette relation se translorinc pioj^ressive-
Micnl dans la suivante
(8) p'i-pl^c
où la grandeur c dé|)end du rayon Pi, de laMscosité rj,, à la tempé-
rature du zéro centij^rade, de la masse moléculaire du gaz ou de
la densité Oo et de la constante (1 de Sulherland de la manière
suivante :
(J
/7-4
o„ K-
•^T
(k'ite relation à été conlirméc |)ar des expériences faites sur
riiydroiiène el roxTiiènc.
Si un tube étroit el un lulie large forment un cii-cuit fermé, unc^
tiiilerence de température enlre les deux points (b- raccordemenl
produit un courant permanent de gaz dans le circuil (pu \a dans
le tul>e étroit de rexlrémiu- froide vers l'extrémité ciiaude. inver-
sement, si l'on en\oie un courant de gaz à tra\ers un tube étroit ou
une substance poreuse, il peut se produire une chute de tempé-
rature. Dans un lube de verre empli de colon de verre, on a
observé les chutes de lempéraluie A/^ suivantes, dans le l'c'gimc
permaneni ol)tenu i^w mainlenanl aux exlr«''milés les pressions
constantes />, cl j),. :
< l'i i.\ TiiKoitii; Dt u\v(».\m:mi;.\t lir i.i:s oianta.
Il
y(
lro<i;ène.
1 iiiin ÏÏg!"
Air.
/?, en mm
II-.
P-:
en
A^
eu degrés.
Pr
/':•
\t.
•a. G
<i.()6
0,07
•1.
. )
0 . 0 1
0,0 3
5,6
o,ii
0, 1 1
S.
rO
0 . 07
0,06
83, ;
',j
o,G5
9?
|5
1 . 1 0
0.18
121
3.0
0,73
' ">y :
) 1
'-4,3 i
0, 10
.54
i,^
0,7.4
'7'
M , ( >
0 , 62
320
ai , o
0, IV
A la .sortie du tampon de eolon, le i;az repierul la tenipéraliifc
<|iril avait à rentrée, de sorte qu'aucun edet Joule-Tlioinsou
appréciable ne se jHoduit. Les mesures précédentes nont d'ailleurs
qu'une signification relative parce que les échanges de chaleur
avec l'extérieur se faisaient dans des conditions mal définies. On
voit cependant que TefTet est i)eaucoup plus grand dans Thydio-
gène que dans l'air, et que |)Our ces deux gaz, il passe par un
maximum pour une certaine pression.
La formule {'X) pour le courant moléculaire montre que le
débit de gaz ne dépend pas de la pression moyenne - — — ^ = I'-
Si le ra|)port entre le ravondu lubc et le chemin moven augmente,
la pression moyenne p et la viscosité rj prennent progressivement
de rinfluence. L'expérience a montré que pour toutes les valeurs
de ce rapport, le débit G de gaz est bien représenté par la formule
(9)
^■ = 1
> =
I — Cip
ou
~ 0(1 R*
" = 8 r 17
073
.,= .,oo^^/^R, .,= ..47^^/^R.
Pour une valeur constante de// — /?", et des valeiiis croissanles
de/>(et par conséquent du rapport entre le raxon du tube et le
chemin moyeu), G illminuc d'abord, |)asse par nu luinimum. puis
augmente. Le domaine dans le{[uel G diminue (puind la pression
augmente présente peut-être un intérêt particulier comme pouvant
fournir des renseignements sur les actions mutuelles des molécules
i.v TiiKouiK (:i.ni:tk>i L'. li'^
|)arc()in|)arai,sou (^le rt'X|H'ricii(H' cl de la théorie. T^a loi de rétlexioii
des molécules gazeuses au mouient des chocs contre la paroi doit
être considérée comme connue et il reste à tenir compte des chocs
mutuels dans le cas ou leur nombre est petit mais pas évanouissant
par rapport à celui des chocs contre les parois du tube.
Pour les grandes valeurs de />, l'expression ([)) de\ienl iden-
tique à la formule de Poiseuille avec un terme correclif pour le
glissement à la paroi.
Les expériences penncllanl la détermination du coeificient
d'accommodation «, |)our l'énergie de translation des molécules
d'après l'équation (5 ) ont été étendues juscprà la |)ression atmo-
sphérique. On a obtenu la forniide empirique sui\anle pour la
rc'sistance K que subit une sphère de raAon Iv (piand elle se déplace
a\ec la vitesse c dans un gaz de viscosité r,
(lo) K = G-r. R (• ( I — A - ) ,
1!
— I .Si - , .
où \ ^ o, 68 + o, 3.")e '■ , ), (chemin moven) l'Iant dédiin par la
relation
A = 1 / -= l /
On voit ipie la (juanlitc; A de la formule de ('.unniagliam lo) ne
doit pas être considérée comme constante, mais comme fonction
de la pression et du rayon de la sphère, l^es recherches de
L.-^^ . Me Keehan seml)lent confirmer ce résultat.
XI. - FROTTEMENT INTÉRIEUR. DIFFUSION
ET CONDUCTIBILITÉ THERMIQUE.
Si Ion veut prévoir par la tlu'oiie cinétique les lois de variation
lies coelhcients caractéristiques de ces phénomènes (^viscosité y,.
coefficient de diffusion I), conductibilité calori(i(pie K ), les açtion>
mutuelles entre les molécules prennent une impoiiance essentielle.
On a fait sur la nature de ces actions diverses liy|)olhèses (jui con-
duisent à lexplication des pln-nomènes en cpiestion et de linva-
riabiiité de r, et de Iv avec la pression. Il en résulte des preuves
(|iiantitatives de I exactitmle de la lli(''Oiie.
li4 I.A TIlKOlilE 1)1 UWONXE.MK.NT KT LES QIAXTA.
l'oLir déduire des informations précises sur les actions mutuelles
entre molécules à partir des valeurs expérimentales obtenues pour
ces coefficients dans différents gaz à diUérentes températures, on
fail généralement une hypothèse sur la loi de ces actions et l'on en
com|jare les conséquences avec les résultats expérimentaux. Quelle
(pie soit riivpotlièse, elle doit faire intei'\enir une grandeur indé-
icrminée. cliemin moyen, (iiamrti'e iiioif-cuiaire ou dislance a
laciuelle s exerce une action mutuelle donnée, selon la nature de
l'hypothèse. Cette grandeur se détermine ensuite par comparaison
avec l'expérience, généi'alement par l'intermédiaire de rj parce que
celte grandeur peut être mesurée avec plus de précision que D ou
K; a|)rès quoi la \aleur trouvée peut être utilisée pour calculer ces
derniers coefficients. On cherche aussi souvent à éliminer cette
grandeur Indélerminée entre /, . D et R.
Le lésullal de ces recherclies peul se résumer ainsi : Thypothèse
(luc les molécules se comportent comme des sphères élastiques
n'agissant entre elles (ju au contact a donn('- (.Jeans) -— = i . 3 i et
(O.-E Mever) = i.<i alors (lue lexpérieuce donne — !- = i . j i
K
et — =',:•
L'accord serait ilonc suffisant si celle h\j)0thèse ne donnait
pour- r, une \ aiiatiou avec la température qui. pour tous les ga/.
est en désaccord avec lexpérience.
L'hvpothèse de Maxwell qui considère les molécules comme des
centres de force se repoussant en raison inverse de la cintpiième
|)iiissance de la distance donne pour y. une variation avec la tem-
pérature C(^nl()rme à l'expérience pour les gaz dont la molécule
contient beaucoup d'atomes. Pour les molécules mono- et diato-
iiiiciues. il y a désaccord et, de |)lus. la valeiii pn'x ne |i(iiir le iap|»(n-t
— esl une lois et demie plus iiiande (iiie la valeur expérimenlale.
La manière dont les gaz, quand la lempéiatuie et la pression
cessent d'être convenables, s'écartent de r(''tat parfait, a conduit
à supposer que la sphère d'action des molécules se compose de
deux paitie>, une intérieui-e, siège d a<tions répulsi\es, et une
extérieure, siège d'actions attractives. La formule de Sutherland
pour la variation de la viscosité avec la température a été obtenue
dans l'hypothèse d'actions attractives et donne une bonne représen-
I.A TIIKORIP; CINKTIQUE. l|j
talion (les ftiils quand les yaz ou \apeurs ne sont pas trop près de
lélat salure. Les \aleurs trouvées expérinienlalenient pour la
conslanle C de Sullieilantl. el par suite les actions attractives, sont
dinérentes p(»ur diHérents gaz, et semblent même j)Our quelques-
uns (argon, liélium, hydrogène) diminuer a\ec la lempérature et
tendre vers zéro à la température de 1 air- lifjuide, ce qui est en
désaccord axcc I li vpdllièsc de (Ic'part.
Il semble (pif |usqu ici micune livpolhè>e sur l<s lois tlactiou
mutuelle enti'C les moh^cidcs ii aiL conduit à des résultais sati>fai-
sants et (|ue celle question très importante attende encore sa
solution.
Il me paiail naliirel d admettre que les actions moléculaires qui
déterminent les \arialions de la \iscositc a\ec la lempérature sont
les mêmes (pii. |)our les pressions plus i'l(\ées, détermiueiil les
écarts à [)artir de la loi des gaz j)arfaits, el qu ou pria trous er de
ce côté des données expérimentales noml)reuse> pour la solution
du problème. Ces données laissent cependant encore à désirer, et,
en deliors des dillicull(''s tliéoriques de la solution, il est regrettable
en particulier que la conductibilité calorifique (\e> gaz ne soit
encore connue qu'avec une très faible précision.
XII. QUESTIONS A RÉSOUDRE.
Nous venons de constaler de si nombreuses \(''rili(iilions expé-
l'imentales de la lliéorie cinéli(pie qii il ne saurait être question de
cherchera la remplacer par une autre. Il est seulement nécessaire
de la compléter de manièi-e à connaître exactement, dans tous les
cas, les actions iniiliM'Ile^ ciilie les molécnlt-. -.l'iiiMdMfs ou non.
ainsi qu entre ([e< corps lupiides on M»lid('< cl lc> iiioli''(iilc> de
leur vapeur ou daulres gaz.
Alors (judii peut consKh'rer comme coniiii rr (pu coiurnic l,i
direction de réflexion des molécules gazeuse.> pai- les parois. iioii>
ne possédons que des indications peu précises >ur l.i \ile>>c de
réflexion, "race aux mesures du coelfieient d accommoilaliou.
Pour obtenir ('•gaiement des renseignemeiil^ plii> précis sur les
actions imiliielles des molécules gazeuse>, il me -emble m'-eessaire
déludier (faboid les propriétésdes gaz piir-<; ;i\;inl loiil. le Irolle-
menl intérieur el \,\ ( dikIncIiIuIi l('- cilorihcpie.
L. i:t i>i; 1>. io
j46 la TlIKOfUE Dl UAVOXXEMF.XT ET I.KS QIANTA.
Les résiillals expéiimenlaux sur le frottement intérieur sont
extrêmement nombreux, mais assez discordants. 11 serait par suite
désirable d'instituer une recherche d'ensemble portant sur les
divers gaz et sur une série de vapeurs convenablenient choisies,
dans tout l'intervalle de température actuellement réalisable.
Les données concernant la conductibilité calorifique sont beau-
coup plus rares et encore plus discordantes, et il me semlde néces-
saire de les compléter et de les améliorer par un examen systé-
matique des divers gaz. pour diverses températures et sous diverses
pressions el par une comparaison minutieuse des diverses
méthodes.
Cette lâche me paraît trop importante et trop difficile yiour être
menée à bien par des travaux effectués en ddïérents laboratoires
par des procédés différents et il serait peut-être désirable den
charger un des instituts où des recherches de ce genre pourraient
être exécutées, ou de créer un nouvel institut pour la solution de
cette question et d'autres dont s'occupe notre Conseil scientifique.
DISCUSSION DU RAPPORT DE M. KNUDSEN.
M. jN'eujvst. — M. Nernst fail remarquer, à propos de la loi de
répartition de -Maxwell, que la loi des chocs doit être modifiée,
même pour les gaz monoatomiques, en conséquence de la théorie
des quanta, parce quen ne le faisant pas, il en résulterait un
rayonnement inadmissible, si les molécules du gaz sont cliargées;
peut-être le résultat de Knudsen, d"a])rès lequel, quand une molé-
cule frappe une paroi solide, toutes les directions de réllexion ont
une égale probabilité, nous en donne-t-il une idée. On pourrait
se figurer que, quand deux molécules se choquent dans un gaz.
elles tournent Tune autour de l'autre en cercles et se séparent
après; il faudrait voir si, dans ces conditions, le calcid donnerail
exactement la forme lrou\ée par Maxwell pour la loi de répartition
des vitesses ou seulement une forme analogue.
\I. EixsTEiis. — S'il paraît certain que notre mé(ani(|ue ne
s applique pas aux mouvements calorifiques oscillatoires de 1 atome,
il est difficile de mettre en doute la validité de la loi de partage de
Maxwell pour le mouvement de progression des molécules gazeuses,
pour des libres parcours suffisamment grands : car la démonstra-
tion de la loi de Maxwell ne fait intervenir que les théorèmes de
la quantité de mouvement et de l'énergie pour les chocs élémen-
taires, et ceux-ci resteraient bien vrais, même si notre mécanique
ne restait pas valable pendant la durée du choc éh-nienlaire.
Cependant la loi de Maxwell ne s applicjue proijablemeni piis
quand, à une température donnée, les libres parcouis sont trop
petits, car dans ce cas la molécule décrit une ligne en zig-zag. ce
qui est une sorte de inoiivemeni oscdlaloirc. nions mienl <pii
n'obéil pas à la loi d érpiipaiiition.
M. Wakbuuc;. — Kuiidl et Warburg ont examiné les |)ro-
priétés dune couche gazeuse dont une dimension linéaire est très
petite par rap[)ort au chemin moyen [U'ied. .i/i/i., l. CL\ , i8jj,
l48 I.A THÉORIE DU lU VOWEM KXT ET LES QUANTA.
p. 352, ï; X). Ln cas analogue se liome rt-alisé quand, dans un
espace gazeux indéfini, se Irouve un corps solide on liquide dont
les dimensions linéaires sont très petites par raj^porl au chemin
moyen, et dans ce cas les chocs mutuels des molécules gazeuses
entre elles ne jouent plus aucun rcMe dans I action sur le corps.
Le cas étudié par M. Knudsen de la conductibilité calorifique à la
surface d'un cylindre très mince renfermé lui-même dans un
espace cylindrique concentrique très i;rand revient au même, car
le diamètre de l'enceinte n'intervient plus. Il en est de même du
cas de la chute d'une petite sphère dans un gaz raréfié, dont
M. Knudsen vient de parler, toujours en supposant, que les rayons
du cvlindrc intérieur et de la sphère soient infiniment petits par
rapport au chemin moyen. .le jne permets de remarquer que ce
dernier cas a de rinlérèt [)()ur la Météoiologie. Après l'éruption
du Kr;d\iil(»;i, on \il des nuages à une hauteur <le ao*"'" à 80''"'. Les
nuages quon appelle nuages irisés se tiennent à des hauteurs
encore plus grandes : 100'"" à 1. )(>'''". A fo'^'" de hauteur, la pres-
sion de I air atmos|diérique est de i""".^. L'air, à cette hauteur,
se compose encore essentiellement d'oxygène et d'azote, d'où
résulte un chemin moyen d'à peu près .^x), i o~'' cm. Par conséquent,
une sphère de 10^'' cm de ravon devrait tomber beaucoup plus
ia])idcii)cnt (pie ne ! indique la Idi (h- Stokes (').
M. Pkriua demande si l'on a tenu compte de la non-rigidité
des gouttes splièriques; d doit a prendre naissance une circulation
intei'ne (jui fail intervenir la viscosité du lupude de la goutte.
M. Rmosea ne j)ense pas (pie cela ail une grande influence.
Dans les expériences doni j ai parli'. nous a\ons employ('-
seidemeni des sphères rigides de \erre.
(') V jnopn.s lie la remarque de .M. W arburg relalivc aux poussicies de l'al-
iiiosphére supérieure, je voudrais indiquer que M. i'"lelclier (Ph^^$. lîeview, 1911),
a pu étudier le mouvement brownien de petites gouttes d'Iniile suspendues élec-
lri(|uement dans un gaz à pression assez basse.
.["ai, de mon côté, pu observer des fumées, se mainleiiaiil d'elles-mêmes, dans
l'air à la pression de 1""" ou 2'"'" de mercure ; les mouvements browniens semblent
un peu plus vifs qu'a la pression ordinaire : mais le fait le plus intéressant est,
peut-être, la persistance même de ces suspensions dans un £;az rarélié ( Comptes
rendus, t. 154, i<)i2, p. 112). (Noie de M. de Broglie.)
DISCUSSION Dl RAPPORT I)K M. KM DSEN. l4t)
M. RLTHEHFOr.n appelle liitlenlioii sur le l'ait (|ue rappliciitioii
(le la loi de Stokes pour la cliule des sphères a conduit à de,s
valeurs relaliveinent élevées |)our la charge élémentaire c. Bien
que des correclions aient ('té proposées par Cunningham et
d autres auteurs, il seinhie cpiil v a là une autre cause d'erreui-
dont on n a pas encore tenu compte.
M. I*i;r, i!i>. — M. -Millikan a observé que ses résultais concor-
daient avec une des hypothèses permises par la l'ormule de
M. Cunningham : mais il n a pas eu l)esoin d'utiliser celte théorie,
el il s esl borné à admettre fjue hi vitesse réelle s obtient en mul-
tipliant j)ar ( ' H" ^ H^j ''* vitesse (pii serait fournie ])ar la h)i de
Stokes: il a ainsi trouvé (|ue la \aleur de 0,8 mise à la |)lace de A
donne un nombre constant [tour e, quelle que soit la goutte uti-
lisée; M. I^errin ajoute que les expériences de M. Millikan,
reprises dans son laboratoire par M. Roux, sur des s|)hérules
solides de soufre surfondu, ont donné un nombre brul plus faible
que celui de .M. Millikan.
M. Hrilloli^'. — l'^ii fait, il ^ agit de déterminer la po>ition
d'une asymptote à laide dune partie de la courbe. Tant que la
partie connue reste un peu loin de la limite, le prolongement esl
assez incertain et laisse une marge d'indétermination qui ne pcuir-
rait être levée que par une théorie exacte.
M. RNcnsr:x. — Les exp(''riences exécutées dans mon labo-
ratoire ont donn*' |)Our A dans la foiimih- de Cunninghani iiiir
... ... '- ^r
valeur <|ui n est pas constante, mais (nu \ane avec yp- Nous axons
Il I j
_ ■ !i
trouvé V =z o, (38 ^- ( ),.).) /? ' el )e puis a|outer(|u il me xiiibic
que les expériences de Me. keelian conlirmcnl ces résultats
M. Warbliu;. — \ii\ hautes pressions dont il s agit dans les
expériences de M. Millikan il tloit suffire d introduire un coeffi-
cient de glissement inversement pro{)ortionnel à ta pression et de
le déterminer |)ar des variations modérées de la |)ression (M.
M. Hiwi.LOMN. — Peiil-élre les gouttes licpiides sont-elles assez
CJ Voir Wied. Ann.. l. CLV, iS^j, p. .Vi^,
I30 i.A riiKORii: Dr rvvo.n.nkmem i;t lics oianta.
(lélorniées, ii ciKKjiie clioc moléculaire, pour que la résistance
moyenne qu elles éprouvent soit diftérenle de celle de la sphère
moyenne, et ressemble plus à celle qu'éprouverait un corps dont
la forme changerait notablement et fréquemment.
M. Ei_\ST£iiv. — Une déformation des petites goullcs de Tordre
de grandeur considéré, qui serait causée par les chocs dus à lagi-
tation thermique, est impossible à cause de la grandeur des forces
capillaires ; il n'y a pas de déviation de l'équilibre thermodyna-
inifple dépassant la giandeur moyenne de celle qui correspondrait
RT
à 1 énergie mécannine -^r •. \aleur éiiale au tiers de I énergie ciné-
li(pie ninvciine d une molécule gazeuse monoatomi([uc.
M. Pj.A.\(.K. — Xe serait-d pas possible (jue la constante de la
loi lie Slokes soil un peu diirérenlc pour les coi'ps chargés et pour
les corps neutres, car, bien que les molécules gazeuses n'aient j)as
de charge totale, elles contiennent quand même des particules
positives et négatives ; il serait possible que, dans un choc dune
molécule gazeuse contre un corps chargé, cette action put jouer
un rôle.
M. RiBEXS. — 11 me sendjle d(''siral)h' de répéter les mesures de
Millikan dans un gaz monoalomique (argon, hélium), pour lequel
la théorie cinéti([ue du frottement est plus simple. Il serait aussi
intéressant de refaire les mêmes recherclies sur des gaz dont les
molécules doixent être considérées comme polarisées électrique-
ment, à en juger d après leurs propri(''lés optiques, comme par
exemple HCl. Les |)articules chargées électriquement, ilonl le
mouvement est observ»', éprouveraient alors, outre le frottement
mécanique, une s(ute de frottement «'leclricjiie île la part des
molécules gazeuses.
M. Lan(;evia. — .le pense (pion pourrait tenir compte de la
charge électrique de la goulle et de son action sur les molécules
du gaz par un calcul analogue ;"i celui que j ai fait pour la mobilité
des ions. 11 me semble (pion pourrai!, dans le cas des petites
gouttes dont le rayon seruit faible j)ar ra|)|)ort au eliemin moyen,
obtenir un changement ap|)réelal)le dans la formule.
-M""' CuKiE. — Ceci augmenterai! pliiti'it la \aleiir de e.
DISdSSION m It.M'POUT oi; m. KNI DSKN. IJl
M. \\ii\. - Il ^criiil |)(Mil-(Mr(' |»()sslble de i(îsoudre expéri-
iiKuliilcinonl la qiieslion <le savoir si le moiivenienl d'une parli-
ciile cliari;ée coiiespond à un autre coefficient de trollenient que
(■(•lui d une |)arUcide non cliargée. Dans les expériences de Milli-
kan, de petites gouttes dliuile pi-ennent brusquement une charge
dans un gaz ionisé; en 1 absence de champ électrique, on devrait
constater une variation bruscpie de la vitesse de chute cpiand une
|iarlicule fixe un ion.
M. BiuLLOui^'. — M. Knudsen a eu I idée excellente d entre-
prendre 1 élude exp(*rinientale approfondie des phénomènes dans
les(|uels les rencontres des iiiolécules gazeuses ne jouent presque
aucun rôle. Ce sont alors les rencoutres avec les molécules des
parois qui sont les plus importantes et. pour en aborder la théorie
il tant cesser de se représenter la paroi comme une surface lisse : il
faut considérer les chocs des molécules gazeuses contre cette sorte
de pavage bosselé (pie forment les molécules de la |)aroi solide.
Dans cette théorie interviendra la somme des rayons des iiu^lé-
cules des gaz et de la |)aroi, si Ton se contente de rassiinilalion
des molécules à des boules solides; si l'on pénètre plus loin dans
les considérations dvnainiques, la théorie de ces rencontres fera
intervenir la constante C|.i de Sutherland pour les molécules
des deux tvpes. On sait coml)ien sont difficiles, dès qu'on sécarte
de la température ambiante, les expériences dediflusion qui seules
feraient connaître cette constante pour deux molécules de gaz.
Pour un gaz et un solide, des ex|)ériences du genre de celles d<^
M. Knudsen, exécutées dans des limites étendues de température,
feront facilement connaître cette constante, qui a tant dimpor-
lance pour la recherche des lois d action entre molécules.
M. LoKENTz. — M. Knudsen a-t-il calcuh- les diil'érences de
température dont \ï |)arle au paragraphe t)?
M. K.Nunsi-.iv. — Mes expériences sur les dilférences de tempé-
rature qui s étahlissent dans les parois poreuses par suite du
passage d'un gaz n'étaient pas établies de manière à donner des
\aleurs absolues. Pour cette raison, je n'ai pas cherché à |)ré\oir
t li(''oriquement la grandeur de ces différences de feinp('rature.
M. LiNOEMAiNJN remarque (piOu [xnii lail peut-('lre, eu mesurant
iVi LA THÉORIi: m RAVOXXESIEXT ET LES (JLANTA.
le coefficieni daccominodalion d'un gaz sur des substances variées
el à diirérentes températures, décider entre la première et la
deuxième hypothèse de M. Planck. D'après la première hypothèse,
le coefficient d'accommodation d un gaz avec une substance de
grande fréquence devrait être très petit à des basses températures,
et. d'après la nouvelle hypothèse, il en devrait être autrement.
LES PHKIVES
i)i: i.A
RÉALITÉ MOLÉCULAIRE
(KTL'DE SPÉCIALE DES É.MULSIONS);
I'ak m. Jean l'LllIil^.
I. ^ PRÉLIMINAIRES.
\. Les molécules. — L liy|)ollit''se iiioléculaiiM- a plus de vini;l
siècles d e.xistciu.c : mais les pliilosopiies i;recs. qui déjà supposaient
la matière faile de grains indesLruclibles en mouvement inces-
sant, ne nous ont pas lait savoir comment cette livpolhèse s'est
présent(''e à leur esprit. Elle est |)eut-ètre le plus directement
sugj;érée par les propriétés additives des mélanges: nous recon-
naissons iinuK-diatemenl, par exemple, à sa couleur et à son odeur.
1 iode en solution dans le clilorolOnnc. Cela se com|)ren(lraii si
cette solution |)ouvait se comparer a un nu'dange grossier de Heur
de soufre et (le liiuaille de ^ev. où Ton reeoiiuait ais(''inent le fer,
même de loin, si iOn approche un ainiaiil. Scinhiahlenienl. la
persistance des propriétés de liode cl du clilorolornic dans la
solution s'expliquera, si dans cette solulioii. homogène seulement
en apparence, se trouvent réellement mêlées, iu\iap()>(''e>, di'
|)elites particules qui à elles toutes seules lormeraient de ! iode. <•!
d'autres particules (pii, prises de même seules ensemble, f'onue-
raienl du ehidrororme. (^es parlicuies (•h'-inentaires. ces molécules
se retrouveraient dans loii< les mélanges où l'on reconnaît l'iode
ou le (dilorolorine. et hiii extrême petitesse nous empêclierail
seule de les |)erce\oir in<lividuellemcnt.
De plus, les moh'cules d'un corps [)ur comme I eau. ,s7 elles
1 J4 1-^ TIIÉORIK 1)1 RAYONNEMENT ET LES QUANTA.
exislent, doiveut être idcnti/ues, sans quoi elles ne réagiraient
pas de nirnic aux di\ers fraclionnenieuts (ébullition, congéla-
tion, etc.), et les fractions successivement séparées ne seraient
pas identiques, alors qu'en (ait elles le sont (Dalton).
Toujours si les molécules existent, nous devf)ns, pour com-
[)rendre les dissolutions ou le-; diffusions, admettre qu'elles
s'agitent sans cesse (du moins dans l'état Ihiide). Quand nous
aurons constaté (Berthollet) que du gaz carbonique nris au contact
d'hvdrogène ou d'oxygène, ou de tout autre gaz^ y pénètre par
ditlusion, il nous semblera bien probable que, mis au contact de
gaz carbonique, il y diffuse également, bien qu'alors nous ne
puissions le constater, et cela re\ient à dire que les uiolécules du
gaz carbonique sont en mouvement incessant.
Cette agitation explique aussitôt la pression qu'exercent les
lluides sur les parois des iécq)ients tpii les enferment, pression
(pii sera due aux chocs des molécules sur ces parois. Si le fluide
est assez dilué, on voit aisément (BernouUi, ijSS) que la pression
ainsi produite doit être proportionnelle à la densité du fluide :
c'est la loi de Boyle, applicable aux gaz. luilin, l'agitation molé-
culaire doit grandir avec la température, puisque la pressi(tn d'un
gaz augmente ([uand on ('cliauffe ee i;az à volume constant.
!2. Les atomes. Rapports des poids moléculaires et atomiques.
— Toujours si 1 on admet cpiil v a des molécules, on est conduit,
jjour expliquer l'indestructibilité des corps simples (qui par suite
subsistent dans les combinaisons qu'ils forment), et pour expliquer
les lois de discontinuité de la Chimie (loi des proportions définies,
loi des nombi'es proportionnels"), a adiucllrc I e\isleiu-e d'éléments
chimiquement insécables, qui sont les atomes des divers corps
simples (Dalton. i<So8). Dès lors, eu effet, on comprend qu'on
puisse toujours rassembler les éléments de même sorte (qui u ont
pas cessé d'exister), et l on comprend que la composition d'une
molécule varie nécessairement par bonds discontinus, correspon-
dant à l'entrée (ou à la sortie ) de i atome au uioins.
Il est im|iorIant d observer ( ' ) (ju'en beaucoiq) de cas, la iliscus-
(') Comme l'a fait particulièrement, en Kiance. L.-J. Simon. Il faut cependant
iccoiinaiire que la théorie des substitutions s'est développée seulement après qu'on
avait atteint (par Ihypothèse d'Avogailro) les formules moléculaires. Et l'on ne
penl être certain qu'elle aurait suffi à suggérer ou à imposer ces formules. Au
moins leur donne-t-elle un appui important.
KES PUKLVF.S DE LA HKAl.Ui; MOl.KCl I.AIRE. I3j
siou (les substituLions chimiques doniie avec rigueur les rapports
(les masses de molécules eld'alomes. Par exemple, du failque l'hv-
drogène du méthane peut être remplacé par quarts, il résulte que
la molécule de méthane contient \ atomes dhvdroi^ène ; or cette
molécule, comme toute masse de méthane, pèse \ fois autant (]ue
I hvdrogène cprelle contient: la molécule de méthane pèse donc
i() lois autant (jue l atome d'hvdrogène. On trouverait, par une
méthode semblable, que la molécule de benzène pèse y8 fois |)lus
que latonie d'hydrogène. Les masses moléculaires du méthane et
du benzène sont donc dans le rapport de i() à -8. D'autre part
(encore comme pour toute masse de méthant^i. le carbone de la
molécule de méthane pèse 3 fois plus que Ihydrogène quelle
contient, donc 12 fois plus que l'atome dhjdrogène, et ce carbone
forme probablement un setd atome, car aucun corps ne d(jnne un
rapport |)lus failde. i>e carbone de la molécule de benzène, qui
j)èse -2 fois autant (pic l'atome d'hydrogène, forme donc 6 atomes,
^jous avons ainsi les formules moléculaires CH' etC'^H" du for-
mène et du benzène (dont les nioléciiles-giainnies seront rcspei'-
tlvement 10^ et 78^).
On complétera aisément ces indications liés condensées. ( hi
ile\ra remarquer que toutes les déterminations concordeii I cl
(|ue, par exemple, on peut compter par centaines les cor|>s dont
l'étude chimique conduirait à dire (pie l'atome de carbone est
12 fois plu> lourd (pie l'atome d'hydrogène. H y a dans ces concor-
dances un argument bien fort en faveur de la théorie atomique.
On yient de voir f|ue les molécules du méthane et du benzène
sont entre elles comme 16 et 78. Deux masses de ces corps cpii
sont dans ce rap|)ort de i() à jH, et en particulier deux molécules-
grammes de ces corps, contiennent donc autant de moh'cules
lune que l'autre. Nous désignerons par ^i le nombre de molécules
contenues dans une molécule-gramme quelcompie. et nous I appel-
lerons nombre d'Avogadro ou constante d' A^ogadi o. (>e
nombre N est aussi le nombre d'atomes contenus dans un atome-
gramme ([uelcontpie. Pour le comprendre, il siillil de peu>er (pie
si, par exemple, un atome-gramme de carbone est contenu dans
une molécule-gramme, il est égaleinenl paiiag(' enire les \ molé-
cules de celte inob'-cule-gramme.
3. La loi dAvogadro. — On sait (pie i\e\\\ masses de gaz dille-
l56 LA THÉORIE Dl RAYO.NNEMKXT ET lES QUANTA.
renls, qui occupent des volumes égaux à une niènie terupéralure
et sous une niênie pression, se contractent ou se dilatent de la
même façon quand on change cette température commune et cette
pression commune. Les nombres de molécules contenus dans des
volumes égaux de deux gaz diflerenls. à la même température et à
la même pression, sont donc dans un rapport fpii ne dépend pas
de cette température couimune et de cette pression commune. En
fait, ce rapport fixe est toujours égal à l'unité. Par exemple, des
mesures de densité montreront que les masses de benzène et de
méthane, qui dans létat gazeux occupent le même volume à la
même température et sous la même pression, sont entre elles
sensiblement comme -8 et i(), et |)ar suite doivent contenir autant
de molécules. C'est la loi d" Avogadro (présentée comme hypo-
thèse tant qu'on n'axait pas Irouxé dans les substitutions un
inoven de connaître les rapports moléculaires i. qu'on peut énoncer
ainsi :
Dans l'état f^azeux, des nombres égaux de molécules de
substances dij/'é renies, enfermes dans des volumes égaux à la
même température, y développent des pressions égales.
Lne fois établie, cette loi servira pour atteindre des rajiporls
de poids moléculaires (ou atomiques) encore non atteints par
voie chimique ( '). On se trouve alors en mesure d'établir les lois
de Raoult, qui à leur tour permettent de nouvelles déterminations
de rapports moléculaires. Bref, lensemble de ces rapports se
trouvent déterminés a\ec précisiou. et tous les poids des molé-
cules et des atomes seraient connus, si un seul était connu.
.le crois de\oir encore insister, dans ce Mémoire, qui a pour but
de rassembler les preuves de la réalité moléculaire, Mir la concor-
dance pai^faile de toutes ces déleiiuinaliou^. oljtenues par plu-
sieurs méthodes dillerentes, et, pour chaque méthode, par des
centaines ou des milliers de façons. .le dois aussi faire au moins
allusion aux argumeul> (ju ou doit tirer ilii prodigieux dévelop-
pement iU'^ formules si ructurales ( -'). qui, sui\ant la disposition
(') C'est ainsi qu'on établira, p.ir exemple, que lliydiogciie est une combinaison
diatomique, de formule H^.
(-) 200000. me dit-on. dans ta dernière édiliun de iîeilslein.
LES l'RKl VKS 1)K I.A «KM-ITH .MOI.KCL I, \1 It K. 1)7
cl les liaisons (|u"elles imposent aux atomes d'tme molécule,
résument ou font prévoir les pro[)riélés chimiques des corps, le
nombre exacl des isomères (piils peu\ent donner par substilution,
ou même leurs propriétés [)livsiques, telles (pic le pousoir rota-
loire. Bref, on comprend que de|iuis longtenq)s la presque tota-
lité des chimistes se soient ralliés à la théorie (pii >c montrait pour
eux d'une si n)crveilleuse fécttudiU'. l'ourlant ljeau((iu|) dentrc
eux n V Novaient cpiun outil commode et faisaient des réserves, à
\rai dire (pielquefois purement scrhales. sur le fond de la ques-
tion. Même si celle prudence parait excessive, on ne |)eul nier
que noire connaissance de la structure granidaire attribuée aux
corps homogènes est bien imparfaite et que la réalité; moléculaire
semble bien lointaine, tant (pTon se borne à déterminer les rap-
ports d'éléments que leur petitesse pourrait uicllrc (^olossaiemenl
au delà de ce (jue nous pouvons espérer atteindre.
La théorie cinétique des gaz a eu précisément pour but prin-
cij^al de rendre plus concrète celle réalité lointaine, en détermi-
nant les valeurs absolues fies grandeurs cpic lin pothèsc moh'cu-
laire conduit à considérer.
II. — THÉORIE CINÉTIQUE.
i. Vitesses moléculaires. — D'abord on a pu montrer ( .foule.
Clausius, Maxwell i que la connaissance de la pression /> exercée
dans le \olume <• par n molécides (en régime permanent d'agita-
tion), fixe la \aleur moxcnne w de l'énergie cin(''ti(pi(' iiiob'-culairc
de translation, de soite qu'on ail
■>.
/'C = "T " 'C.
i
Si la masse gazeuse est wwc molccule-gramme, // (ic\icn[ ('gai
à N el pv à RT, T étant la tempcrat tue absolue et 1» la conslanlc
des gaz (8,'),>. . i o'- C. (1. S.). i/(''(piali(Mi pr('C(''dcnlc s'i'-crii alors
u'= - - r.
•>. ,\
Si N a mém<> valeur pour tous les coips. I éner:;ic moh'cidairc te
a pour tous les gaz une même valeur al. pro|>ortionnelle à la
l5S I.A THbORlK DU KAVONMiMENT V.T LKS QIANTA.
lenipcriihire absolue, avec
_ 3 R _ 3
"^ ~ •! IN "~ I '
i>
(en appelant /le quotient -, qui inteivieut souvent dans les
calculs).
Si m est la masse d'une molécule, M celle de la molécule-
i^ramme, et si U- désigne le carré moyen de la vitesse moléculaire,
on pourra remplacer 2Ni'P par .MU-, el déterminer le carré moyen
de la vitesse par l'équation
MU2= 3 UT.
On trouve ainsi que l est de l'ordre de (pielques centaines de
mètres par seconde (435'" à o" pour loivgène ).
Quant aux vitesses moléculaires indixiduelles, elles sont forcé-
ment variables et inégales par suite des chocs incessants subis par
les molécules; mais le régime d'agitation doit être tel que la pro-
portion des molécules qui ont une vitesse déterminée reste fixe.
En admettant que la probabilité d'une composante x est indépen-
dante des valeurs y et :;, Maxwell a, le premier, donné la loi de
distriltution des vitesses moléculaires ; suivant cette loi. la proba-
l)ilité pour qu'une molécule possède, selon Ox, une composante
comprise entre x el x -]- dx, a pour valeur
Celle loi de distribution des vitesses permet de calculer la
vitesse moyenne Q, inférieure d environ y^:^ à l , el donnée |)ar la
formule
"-■\/^-
Si une molécule animée d un telle vitesse émet une radiation
déterminée, la radiation paraîtra déplacée vers le violet si la molé-
cule s'approche de Tobservateur, vers le rouge si elle s'en éloigne.
Le gaz ne donnera donc pas de lumière rigoureusement mono-
chrouialique ; 1 ('•lalcment de la radiation, calcul»'' par Uayleigh, a
été, en edet, mesuré par Michelson. puis par i"'al)ry el Buisson,
pour divers gaz, et a exactcmenl la grandeur prévue. En particu-
LKS 1>RKI"VKS DK I. \ RÉAMTK MOLKCl I.\l KK. I j<)
lier, aux très basses lein|)éraLures, les raies spectrales deviennent
(le plus en plus fines. Il v a là une vérification très intéressante
lies valeurs de vitesses moléculaires prévues par la théoi'ie.
Lue fois établie cette concordance si remarquable, il sera légi-
tiuic de l'étendre aux cas où Ton ignore soit la niasse moléculaire,
soit la température et de déterminer par là cette quantité inconnue.
C'est ainsi que Buisson et Fabrv ont prouvé que, dans un tube i
hvdro^ène, le centre lumineux est latome d Indrogène et non la
molécule (M-
5. Libre parcours moyen. — Si deux couclies gazeuses [)aral-
lèles "lissent 1 une sur laulre avec des vitesses différentes, le
bombardement incessant des molécules ([ue cbacune des deux
couches envoie sur l'autre agit dans le sens dune égalisation des
vitesses. Par là s'explique le frottement intérieur, ou viscosité.
En analvsant cette idée, Maxwell a trouvé que le coefficient t^ de
\iscosité (force langentielle ])ar centimètre carré poui- un gradient
de vitesse égal à i) doit être à j)en |)rès égal au tiers du produit
des trois quantités suixantes : densité o dn gaz, vitesse movenne Q
des molécules et libre jiarcours moyen L d'une mob'-cule entre
deux chocs. Plus exactement, après retouches (lîollzmann.
Mever, etc.), on a f)btenu l'éipialion a|)prochée
Comme le libre parcours L varie presque évidemment en raison
inverse de la densité, on lit sur cette équation que la viscosité ne
dépend pas de la pression, fait surprenant dont la \éri(ication fut
le premier grand succès de la tliéorie cinétique (i866). On \oil,
de plus, que cette équation permet d'atteindre la valeur du libre
parcours moyen. Par exenijile. pour l'oxygène ou l'azote (condi-
tions ordinaires), il est de -^^ de micron; il devient de plusieurs
centimètres aux basses pressions des tubes de Crookes.
(') Les mêmes pliysiciens espèrent ainsi délerminer la température des nébu-
leuses par lélalemenl de raies provenant d'atomes connus, tels que Ihéliuiii.
puis alors déterminer la masse du « nebulium » qui dans ces nébuleuses émet des
raies que ne donne aucun élément terrestre connu. ( Voir Conférence de Fabr\ ,
Jotirn. de Physique, 191!, l- II. P- 'iV'-)
I<)0 LA TilKORlK OU HAVONNEMEXT ET LES QIAMA.
(). Calcul des grandeurs moléculaires- — JJaiilie pari, on
conçoit que le libre parcours uioyen doit èUe dantanl plus petit
(uie les molécules sont plus rappi-oclices et quelles sont plus
i;rosscs. Clausius a développé cette idée (i8.jî<S). Faute de rien
savoir sur la forme des molécides, il a pensé qu'on ne ferait pas
d'erreurs énormes en les assimilant à des sphères dont le dia-
mètre D serait égal à la distance mojenne des centres de deux
molécides qui se heurtent. Cette hypothèse peut au lesle être
exacte pour les molécules monoatomiques (argon, mercure, etc.).
I^e calcul de Clausius, amélioré par Maxwell, donne alors la sn?'-
Jace des IN moh-cules d une molécule-gramme |)iii- I équation
-ND'- =
L /•?.
où L désigne ce qu'est le libre parcours (|uand le \olume <le la
molécule-gramme gazeuse est i\
Puisque nous savons calculer L, une relation de plus entre N
et D donnerait le diamètre uioléculaire D et la constante \ d A\o-
gadro. Van der Waals a obtenu cette relation en étendant la
théorie cinétique à des lluides assez condensés pour ([u"on ne
puisse plus, comme dans les gaz, négliger le rapport du xolumc
\ rai des molécules au volume total où elles se meuvent, non plus
(jue leurs attractions réciproques. L'équation des gaz se com[)li(|ue
alors et devient
('■quation célèbre où a exprime 1 inlluence de la c(diésion, et où ù
représente le quadruple du i>olumc vrai des molécules dune
molécule-gramme, en sorte (jue
Les mesures de compressibilité des lluides, vc'riliant ap|M'oximali-
vement Téquation de van der Waals, nous donnent une valeur
approchée de b. Nous avons donc le volume et la surface des N
molécules d'une molécidc-gramme, donc, par un calcul immédiat,
le diamètre moléculaire et le nombre d"A\ogadro (i8j3).
( )n fait ordinairement ce calcul pour l'oxvgène ou Tazole, ce qui
LES l'HErVKS I)K LA KKALITi; MOl.ÉclI.AlHE. 1 (i I
donne pour i\ une \aleurà peu près éyale à /\3.io'-'- (40.10-- pour
I azote, 45- lo-- pour l'oxyde de carbone CO, 5o.io-- pour 1 oxy-
gène). Mais ce choix n'est pas le meilleur^ puisquil force à passer
par le diamètre moléculaire de molécules sûrement non sphé-
riques. A plus forte raison, ne peut-on songer à utiliser des corps
comme le chloroforme (qui donnerait 200.10--) ou Téther (qui
(h)nnerail ioo. 10--). En réalité, des corps jusqu'ici éludiés, l'argon,
seul monoatctmique, peut seul conduire à un bon résultat. On
trouye, pour sa molécule, un diamètre D égal à 2,85. lo**, avec
Il est très intéressant que cette valeur se place comme il con-
vient par rapport à la valeur assignée comme limite inférieure à JN
par le raisonnement suivant :
Le diamètre D, défini par les chocs, semijle devoir être un peu
plus petit que la distance D', à laquelle s'approchent les centres
des molécules quand le corps est liquide et Jioid. De ])lus, dans
ce liquide, les molécules ne j)euvent èlie plus serrées que les
boulets d'une pile de boulets. On a donc
en appelant '^ le \olume (ju occupe à l'état bquide la niulécule-
gramme du corps considéré. \ii ceci donne, pour le mercure {i\\\i
est monoalomique) :
N^i5.io22.
La valeur 62.10-- satisfait bien à celte condition (').
Si l'on songe que, d'après les ('quations en JND- et ND' (pii
donnent X, une erreur de ;"> pour 100 sur L 1 laigemcul adnnssible
[)Ourla théorie de Maxwell) entrai'nerail 1.) pour lood erreur sur iN;
si l'on songe de même que l'erreur possible sur h entraine une
erreur double sur N, on accordera sansdoulc qu'on peul bien a\oir
(') Une fois N connu avec précision, nous aurons séparément IV (en ailmel-
tant les molécules serrées comme dans une pile de boulets) et D (par l'équation
de Clausius). Je trouve ainsi, pour le niereure, -r- égal à 1,1. C'est sur le par-
cours D'— 1) (environ o,-.>.i()^) qu'un atome de mercure, lancé à la vitesse de
3oo m : sec. devra s'arrêter s'il lieurte un antre atome.
L. ET DE P.. ' '
l62 I.A THKORIE 01 IUYO.\NK>f ENT ET LES Ql'ANTA.
une incertitude de 3o pour loo sur la \alenr (vji.io-- obtenue
pour N ( ' ).
Les masses absolues des aloines et des diverses niob'cules s'en-
suivent dès lors au même degré de précision. On trouvera, par
exenn)le, — — gramme pour la masse ^de la molécule d'oxygène.
La tliéorie de Clausius, Maxwell, \an der ^^ aals a excité
une juste admiration. Llle ne peut suffire à entraîner une convic-
tion complète, en raison des liypotlièses multiples qu elle implique.
Cette convicliou naîtra sans doute, si des cliemins entièrement
différents nous conduisent à assigner les mêmes \aleurs aux gran-
deurs moléculaires.
m. — LES ÉMULSIONS.
7. Caractères généraux. — Nous avons vu que le.-- pbéno-
niènes de diffusion forcent à supposer que les molécules s'agitent.
Mais cette agitation nous écliappe. comme le mouvement des
vagues de la mer à un observateur trop éloigné. Cependant, si
quelque bateau se trouve alors en vue, le même observateur
pouria voir un balancement qui lui révélera 1 agitation qu'il ne
soupçonnait pas. iNe peut-on de même espérer, si des particules
(') Toujours en utilisant IVquation qui donne \t)-. on peut tirer un ordre de
grandeur pour N de la théorie des diélectriques de Clausius et Mossoti. Dans cette
théorie, le pouvoir diélectrique tient à ce que la molécule se polarise par influence.
Soit D, le diamètre de la matière ainsi inlluençable (diamètre de la sphère conduc-
trice qui jouerait le même rôle qu'une nuilécule, ou diamètre de l'orbite d'un
électron périphérique); on tiouve dans les deux cas (Lani;evin). si K est le
pouvoir diélectri(|ue.
I ., K — I
cel.i donnerait, dans le cas de l'argon, en supposant \\= 1> (égalité qui me
semble a priori douteuse).
N = 3o5. lo-'-,
valeur dont on pouvait se contenter jadis, à présent inadmissible. Aussi, à mon
i>,
avis, ce qui est intéressant dans ce calcul, c est (|n il donjie le rapport — (sen-
siblement égal à 1,22).
L'électron périphérique graviterait sur une orbite dont le diamètre serait seu-
lernent les ^' de la distance à laquelle s'approchent, dans un choc, les centres
de a molécules {et les l de la distance de ces centres dans l'état vitreux froid).
LES PREUVES DE I.A RÉALITÉ MOLÉCILAIRE. 1 63
microscopiques se tromenl dans un fluide, que ces particules,
encore assez grosses pour être suivies sous le microsco))e, soient
déjà assez petites pour être notablement agitées par les chocs
moléculaires?
Cette question aurait |)u conduire à la découverte du phéno-
mène merveilleux qui fut signalé, en 182-, par le botaniste anglais
Brovvn, phénomène déjà entres u par Butlon et Spallanzani , mais
regardé par eux connue lié à hi vie, et rpii nous donne une \ ue
profonde sur les propriétés de l'état fluide ( ' ).
A l'échelle ordinaire de nos obser\alions, toutes les parties
d'un fluide en équilibre nous semblent immobiles. Si Ion |)lace
dans ce fluide un olijet quelconque |)lus dense, cet objet tombe,
bien verticalemeut s'il est sphérique. Jl ne remonte jamais spon-
tanément (principe deCarnot). .^ - .
Au contraire, si I on examine au microscope de petites particules
placées dans l'eau, on voit que chacune d'elles, au lieu de tomber
régulièrement, est animée d un mouvement parfaitement irrégulier.
Elle va et vient en tournoyant, monte, descend, remonte encore,
sans tendre aucunement vers le re|)os. C est là le momcnient
broiviil'en .
L'indépendance complète des mouvements de particules voi-
sines (Brown, Wiener, Gouy), leur persistance indé/inir
(Wiener, Cantoni, Gouy), lindifTérence aux précautions que
l'on prend pour assurer I équilibre mécanicpie et thermupie du
fluide étudié ( ^^ iener, Exner, (louy), prouvent que le phéno-
mène n'a rien à voir ■a\cc les courants de con\ection que peuvent
causer les trépidations, l'évaporation ou les diflérences de tem-
pérature, courants d'ensemble qu'on reconnaît sans hésitation
quand ils se superposent au |)h('-nomène. La nature on rinicnsitc-
de la lumière n'influent pas davantage (Gouy). non plus <pie la
(') On peut consulter particiiliércincnt. en ce qui rcî;;irde les c;iractcies géné-
raux du mouvement Ijrownien :
Hrown, Phil. Mag., I. IV, i8;!8, p. 101; t. VI, iSi.,, p. iii,: i. VIII, i.S.îo, p. ',1.—
Ch. Wiener, Ann. d. Pliys., t. CWIII, iS63, p. 7(1. — Kamsay, Geological
Society, 1876. — Delsaulx cl Cahiîonselle, Diverses iNotes dans lu Hevue des
questions scientifiques, 1877 à 1880. — Gouy, Jourii. de Phys., t. VU, 1888,
p, ")(ii ; Comptes rendus, t. CIX, 1889. p. 102, et Raiie générale des Sciences,
1S9J. — ZsiGMOXDY, Ziir Erkenntniss der Kolloide, Jena, içioj. — Smoluciiowski,
Bulletin de l'Acad. des Se. de Cracovie, 190(1, p. ')77.
l64 LV THÉOUIK 1)1 RAVONNKMKNT KT LES QUANTA.
nature ou l;i densité des paiticiiles (.lésons, Ranisay, Gouy), dont
la grandeur seule importe, le mouvement devenant plus actif quand
la particule est plus petite (Brown, Wiener). Bref, on est forcé de
conclure avec Wiener (i863) que \'ogitation n'a pas son ori-
iii/ic dans les patticules, ni dans une cause extérieure au
li<Hnde. mais doit être attribuée à des nwinenients internes,
cai'actérisliques de V état /J uide.
(^ette agitation se retrouve dans tous les lluides, et, à la même
température, la nature du lluide nintervient que par sa viscosité.
En particulier, l'addition d'impuretés (acides, hases, etc.) n'a
aucune influence sur le phénomène (Svedherg, Smoluchowski).
Mais, (|iiiiii(l la viscosité décioît, l'agitation s'accentue. Difficile-
ment perceplihie dans hi glycérine, elle est au contraire extrème-
menl vive dans les gaz ( Bodoszew ski, Zsiginoiidv ).
.l'ai pu l'ohserv er pour «les parlicides su|)porlées par les « taches
noires » des huiles de sav(ui, c'est-à-dire pour des particules /j/o/?-
gées et) même temps dans deux fluides: sur ces lames minces.
dont l'épaisseur (6!^!^) est faihle |)ar rapport au diamètre des glo-
hules suspendus (qui va au moins jiisqu à oooo!^"), le inouvemenl.
négligeahle dans la direction |)er|)endirulaire à la pellicule, est très
\if dans le plan de cette pellicule, et comparahle à ce qu'il serait
dans un gaz ( ' ).
8. Le mouvement brownien et le principe de Carnot. — \ oici
donc une agitation rpii se poursuit indéfiniment sans cause exté-
rieure. Il est clair que cette agitation n'est pas en contradiction
avec le principe de la conser\atiou de l'énergie. 11 suffit que tout
accroissement de \itesse d'un grain s'accompagne d'un refroidis-
sement du lluide en son \oisinage iinnuMlial, et de même que toute
diminution de vitesse s^iccompagne d'un échaullement local. A'ous
apercevons simplement que l! é(juilibre therniiijue nest, lui aussi,
qu un éipiitibre statistique. Mais on doit ohserxer, et celle idée
très impoilante est due à M. (louy (^i888), (pie le mouvement
hrownien n'est pas conciliahle a\ec les énoncés tranchants qu'on
donne trop souvent au principe de Carnot. I^ar exemple, il
suffit de suivre des yeux, dans de l'eau en étjuilihre lhcniii(pic.
(') .le comiile revenir sur ce cas singulier.
I.KS IMîEtVliS Ui; I.V KKALITK MOLKCl I.AIKK. l6'>
mw parlicule plus dense que l'eau, pour la voir à certains instants
s'élever sponlanénienl, transformant ainsi en tra\ail une partie <le
la chaleur du milieu ambiant. Il ne faut donc plus dire (|ue le
mouvement perpétuel de seconde espèce est impossible, mais il
faut dire : A l échelle de grandeur qui nous intéresse pratique-
ment, le mouvement perpétuel de seconde espèce est en général
tellement insignifiant qu'il serait déraisonnable d'en tenir
compte. Au sur|)lus. de telles restrictions ont été posées depuis
longtemps : Clausius, Maxwell, lîoilzmann. ("libbs ont insisté sur
la signification statistique du priu(i|)e de Carnot, et l'on se rap-
pelle ce démon imaginé par Maxwell, qui, assez délié pour saisir
individuellement les molécules, ferait à \oloiité passer, sans travail,
de ta chaleur d'une région froide à une région chaude. Mais, tant
<(u'on se bornait à faire intervenir des molécules invisibles, il
demeurait possible, en niant leur existence, de croire à la rigueur
parfaite du principe de Carnot. Cela ne sérail plus raisonnable à
présent (|ue cette rigueur se trouve en opposition avec une réalité
sensible. L'importance pratique de ce princi|te n'est d'ailleurs pas
atteinte, et sans doute il est peu utile dobserxer (pi'il serait
imprudent de compter sur le mouvement brownien puni élever
les pierres destinées à construire une maison.
9. L'origine du mouvement brownien. — Les recherches et les
conclusions de \\ iener auraient pu exercer une action (considé-
rable sur la théorie mécanique de la chaleur, alors en formation ;
mais, embarrassées de considérations confuses sui- les actions
mutuelles des atomes matériels et des u atomes d'éther », elles res-
lèrentpeu connues. SirW. Ilamsav (1876 ), puis les Pl\ Helsaulx,
Carbonnelle et Thirion (1 (S77 i. comprirent plus claiirnicnt « l'ori-
gine thermodynamique des mow^emenls bro^vniens y> . .Suivant
ces derniers. « les inouxements inleslins (pii constitiienl l'élat calo-
rifique des lluides » suffisent à expliquer les faits. Et, de façon plus
<létaillée : « Dans le cas d'une grande surface, les chocs molécu-
laires, cause de la pression, ne produiront aucun «'•branlement du
corps suspendu, parce que leur ensemble sollicilc cgaleinent ce
corps dans toutes les directions. Mais, si la surface est inlérieiire
à l'étendue capable d'assurer la compensation des irrégularités, il
aut reconnaître des pressions inégales et conlinuellement varia-
iGG LA THÉORIE DU RAYONNEMENT ET LES QLANTA.
bies de place en place, cpie la loi des grands nombres ne ramène
pins à riiniformilé. et dont la résultante ne sera plus nulle, mais
ebaugera eontinuellemenl dintensilé et de direction.... »
Cette conception de l'origine du monvement brownien fut de
nouvean formulée par M. Gouv. fjui l'exposa avec éclat (i88S),
puis par M. Siedentopf, puis enfin [)ar M. Einstein (igoo) et
M. Smolucliowski (1906) qui réussirent à faire la théorie quanti-
tative du phénomène, théorie dont j aurai l>ientôt à parler. J'ai
pour ma part tenté (') de soumettre cette hvpothèse au contrôle
expérimental précis que je vais expliquer.
Si l'agitation moléculaire est bien la cause du mouvement
brownien, si ce phénomène forme un intermédiaire accessible
entre nos dimensions et celles des molécules, on sent qu'il doit y
avoir là quelque moyen d'atteindre ces dernières.
C'est bien ce qui a lieu, et de plusieurs façons. .le vais exposer
d'abord celle cjui me parait la plus intuitive.
10. Extension des lois des gaz aux émulsions diluées. — On
sait comment les lois des gaz ont été étendues par \ ant'Hofl'aux
solutions diluées. Il faut, bien entendu, considérer alors, non la
pression totale exercée sur les parois, mais seulement la part de
cette pression qui est due aux chocs des molécules dissoutes, ([u'on
appelle pression osmotique (et qu'on peut mesurer quand on
sait réaliser une paroi scini-pcrinrablc <pii arrête les molécules
du cor|)s dissous et n'arrête pas celles du solvant). Les lois des gaz.
ainsi élargies, deviennent alors :
Dans L'élat dilué, gazeux ou dissous, des nombres égaux de
molécules quelconques, enfermées dans des volumes égaux à
la même température, y produisent la même pression. Cette
pression varie en raison inverse du volume occupé; elle est
proportionnelle à la température absolue.
Ces lois sont indilleremment a|)plicables à toutes les molécules,
grosses ou petites ; cela résulte, soit des mesures directes de pres-
(') Comptes rendus, t. CXLVI. 1908, p. 967 et t. CXLVIl. p. \-ô, 53o et âg') :
Ann. de Cli. et de Phys., sept. 1909, p. 1-114. Ce dernier travail a été traduit
en allemand {Die Brownsche Bewegung: Steinkopff, Drcsden) et en anglais
{Brownien Moveinent; Taylor and Francis, London).
I.i;s PRKIVES l)K I.A ItKAI.ITK: MOLECl LAIRK. 167
sloiis t)sii)oti(|iies. soit philTil de hi xérification des lois de Kaoïill
(lois (ju'on |)eiil déduire des lois de Van f Hoff). La lourde
iiKtléeule de siiere. (|ui conlient déjà ^ij alomes, celle de sulfate
de ({uinine, qui en conlient plus de loo, ne comptent ni plus ni
moins (|ue Jai^de molécule d'hydrogène.
i\'est-il pas alors supposable qii il n'y ail aucune limite de
grosseur pour l'assemblage rP atomes qui vérifie ces lois?
N'est-il pas supposable cjue même des particules déjà visibles
les vérifient encore exactement, en sorte quAin granule agité
par le mouvement broivnien ne compte ni plus ni moins qu'une
molécule d' hydrogène en ce qui regarde l'action de ses chocs
sur une paroi qui l'arrête? S'il en était ainsi, les lois des gaz-
parfaits s'étendraient aux émulskjivs, qui sont faites de giains
risibles.
.l'ai ( lierclié dans cv, sens une expérience cruciale (|ui. permet-
tant d'atteindre les grandeurs moléculaires, pùl donner une base
expérimentale solide poui- attatjuer ou dé-lendre les théories ciné-
tiques.
Voici celle qui ma paru la plus simple :
I I . La répartition d'équilibre dans une colonne verticale de
matière diluée. — On sait que I air est j)lus rar('-lié ^u^ les uion-
tagnes qn au niveau de la mer. et (|ue, de façon générale, une
colonne de gaz s'écrase sous son propre poids. La loi de raréfac-
tion, énoncée par Laplace (pour tirer l'altitude des indications
barométriques), s'obtient en considérant une tranche cylindrique
horizontale de section i et de hauteur dh. sur les deux faces de
la(|uelle s'exercent les pressions p^-dp cl p. Kien ne serait
changé dans l'état de cette tranche si elle ('-tait emprisonnée entre
deux pistons maintenus par ces pressions, il faut donc cpie dp soii
égal à la force gdm, due à la pesanteur, qui sollicite vers le bas la
masse dm de la tranche. Or. cette masse dm est à la molécule-
gramme M comme le volume dh de la tranche est au volume c de
la molécule-gramme sous la pression />, en sorte que
dp = A' — (l/i,
iti.S LA THÉORIE DL" RAVONNKMKNT ET LES QIA.NTA.
et comme />{' est égal à RT
,lp _ M - fil,
~y ~ RT '
qui tle\ienl par une intégration évidente
, /j.i iM ich , . , ...
loij — = — 7T=- ( lo^antlimes nepenen?).
^ p \t \ ■- ■
KT
en appelant/?,, la j)ression au niveau inférieur et /> la pression au
ni\eau supérieur, pour une difTérence de niveau égale à li.
Ainsi, en langage ordinaire, chaque fois qu'on s'élève dune
l'is. ■•
Hp 0,
luèuie hauteur ('). la densité est divisée |)ar un uiéme uonibre.
<)n. plus brièvement, des bonds verlicauj égaux s'accompa-
gnent de raréfactions égales. Par exem[)le. dans de l'oxygène
(supposé à o"), la densité baisse de uioilié |)our chaque élévation
de .")''"'. Mais, dans l'hvdrogène. il faudrait s'<''le\er i() fois plus
|)our obtenir la même raréfaction, parce que la molécule-gramme
dhvdrogène est 16 fois plus légère que celle d'oxygène.
(') On peut sonp;er aux iiiai'ches successives d'un escalier.
LES l'RKlVF.S l)K LA UKVI.lTli MOLIJCL LAIUK. l6<)
La ligure ci-conlre donne idée de l'influence de la naiiire du
ga/ sur la raréfaction.
.lai détadlé le raisonnement, malgré sa simplicité, pour qu'on
voie comment il s'étend aux émulsions, si celles-ci vérifient les
lois des gaz. Les grains de l'émulsion devront être identiques,
comme sont les molécules dun gaz. f^es pistons (|ui inter\ieiinenl
dans le raisonnement seront semi-perméables, arrêtant les grains,
laissant passer l'eau. La force due à la pesanteur ne sera plus le
|)oids des grains, luais leur poids efficace., cest-à-dire leur poid>
diminué de la poussée due au liquide environnant. La molécule-
gramme de grains sera ^m. X étant la constante d Avogadro et m
la niass(> d un grain. Le rapporl — pourra se lemplacer par le
rapport — des noml»res de crains contenus dans un inr-nic \oluiiie
(richesses en grain) en l)as el eu haut de la coloiiiie étudiée.
Bref, si g est la densité de la subtance du grain et A celle du
liquide intei'granulairc. r«'-(|Malion deviendra
«0 _ N
77 "~ KT
10^' — = -777^ m\ I — - ) A'/'.
Une fois atteint l'état d équilibre, par antagonisme entre la
jiesanteur tpii sollicite les grains vers le bas et le mouvement
brownieu qui les éparpille sans cesse, des élévations égales devroni
s'accompagner de raréfactions égales. Mais, s'il faut s'élever seu-
lement de :rjj de millimètre, (-'est-à-dire loo millions de fois moins
(pie dans l'oxvgène, pour que la richesse en grains devienne deux
fois plus faible, on devra |)enser que le poids cllicace de cha([iie
grain est loo millions de fois plus grand que celui de la inolécuh-
d'oxygène, (y'esf ce poids du granule, encore mesurable, qui
va faire l' intermédiaire, le relais indispensable entre les
masses à notre échelle et les masses moléculaires.
\^1. Réalisation d'une émulsion convenable. — 1 ai lail san>
résultat quelques essais sur les solutions colloïdales ordinairemenl
étudiées (sulfure d'arsenic, hydrowde ferricpie, etc.). \in revanche,
j'ai pu utiliser les émulsions (pie donnent deux lésines, la
goinme-gulle et le niaslic.
La gomme-gutte (^(jiii pro\ieiit de la dessiccation d'un latex
\-0 \.\ TIIKORIK 1)L rrWONNE.MKNT ET LES QUANTA.
végétal), irullée à la main dans leau (comme on ferait avec un
morceau de savon), se dissout peu à peu en donnant une belle
émulsion d un jaune vit. où le microscope révèle un fourmilleuienl
de grains spliériques de diverses tailles. On peut aussi, au lieu
d'employer ces grains naturels, traiter la gomme-gutte par l'alcool,
qui dissout entièrement la matière jaune ( j en poids de la matière
hrute). Cette solution alcoolique, semblable d'asjiect à une solu-
tion de bichromate, se cliange brusquement, si on l'étend de beau-
coup d eau, en émulsion jaune formée de spiiérules qui semblent
identiques aux sphérules naturels. Ce sont des sphérules de verre,
et non des gouttes liquides ou pâteuses, car on peut < par écrase-
ment) les briser en fragments de forme irrégulière, comme on le
voit sur la fioure ci-dessous.
Cette précipitation par l'eau dune solution alcoolique se produit
pour toutes les résines, mais souvent les grains produits sont faits
de pâle \isqueuse et se collent progressivement les uns aux autres.
Sur dix autres résines essayées, le mastic seul ma semblé utili-
sable. Cette résine (qui ne donne pas de grains naturels), traitée
piir 1 alcool, donne une solution tpii se transforme, par addition
d'eau, en émulsion blanche comme du lait, où fourmillent des
sphérules faits d'un verre incolore transparent.
Une fois I émiil>iou produite, on commence par hi punliti- par
une centrifugation énergique (comme on sépare les globules
rouges et le sérum du sang). Les sphérules se rassemblent en
formant une boue épaisse au-dessus de laipielle est un liquide
impur quoii (h'-canle. On th'Iaie celte boue dans de ICaii ilislilh-e.
LES puEtvi;s ni-: i.a RKAi.iri: MOLKCtLAiRE. 171
ce (jiii reinel les grains eu suspension, et 1 on reconinienee ji'squ à
ee (|tie le liquide intei^granulaire soit de Teaii |)ratifjuenient pure.
13. La centrifugation fractionnée. — ■ Mais réinul>ion ainsi
purifiée contient des i;raiii> de lailles très diverses, et d lant pré-
parer une émulsion uniforme (à grains égaux). Le procédé que
jai employé peut se coin|)arei- à la distillation fractionnée. De
même ([ue. pendant nnc distillation, les parties d abord évaporées
son! j)lus riches en con-l il iiaiil> \(il;ilil>. de même, pendant la
centrifugation dune émul>lou pure (grains de même nature), les
conciles, d abord sédimeiilccs, xtiit plus riches en gros grains, et
il V a là un moAcn de sé|)arer les grains selon leur taille. \ oui
des indications, fort abrégées, sur la technifpie (|ue je crois la
meilleure.
On emplit une éprouxelte à centrifuger jusqu à une hauleur II
a\ec l'émulsiou mère; on met la machine en marche en notant
minute par minute sa vitesse angulaire (2300 tours par miiiule
donnent à 1 5*^'" de l'axe une force centrifuge qui \aut en\iron
1000 fois la pesanteur). On cesse d'actionner la machine après
un temps qui dé|)end de la grosseur des grains (pi on \enl l'as-
sembler ( ' ).
Soit « le ravon cpie doil aNoiiiiii i:i<iiii. >itué à la siiilace au
(h'-but de 1 opération, pour airi\ cr au fond ju.-te (piand la centri-
fugation cesse. Tout grain plus i;ros. toinbanl p-liis \ile et généra-
lement de moins haut, est alors d fortiori arriv»'- dans le sédi-
ment S,. Mais celui-ci contient en outre beaucoup de i;iain> plus
petits (|ui se trouvaient an débul sntlisainiiicnl prè> du loiid.
On d('-cante le licpiidc 1,, (pii le ^iiiiiionlc. cl on le \ci'-^c ( en le
ddiiaiil si! \ ;i lleii) d.iiis iiiic on |iliisi('ur> éproii\ dlo. di' laçon
(|u'il v arrive à la hauteur (H — h). ( )n délaie (laii> de l'eau le
sédiment S, de manière à refaire dans l.i prciiiière ('proiivettt?
une émulsion de hauteur H. et Ion refait >iiiiullanémenl pour le
tout une centrilugation éfjuiidleiile à la pniiiière (-).
(') Des Uibles, préparées d'avance, me (lonnaienl (en adineUanl la loi de
Slokes), ininule par minute, pour chaque température et chaque vitesse de rota-
tion, la hauteur dont descendait un grain de rayon a. J'arrêtais de façon que la
somme de ces hauteurs fût égale à II.
(^) Imposant même hauleur H de 1 hule aux grains de rayon a.
172 LA THEORIE DU KAVONNKMENT ET LES OLA.NTA.
Si (rt — î) est le rayon c|ue doit a\oir un giaiii pour tomber
pendant ce temps de la hauteur (H — /i), le sédiment S2 des
secondes éprouvettes ne contient que des grains de rayonna et
contient tous ceux de ces éprouvettes qui ont un ravon^ (a — s).
Mais il en contient de plus petits. On décante et Ton metde côlé le
liquide Lo q"i le surmonte, et qui, ne contenant que des grains de
rayon^(« — £), ne peut jilus être utilisé pour li-midsion cherchée.
On verse le liquide L, de la première éprouvette dans le>
secondes, el l'on a' délaie le sédiment So en imposant la hauteur
(H — h). On délaie dans de l'eau jusqu'à la hauteur H le sédiment
a|)pauvri S, de la première éprouvette et l'on recommence comme
précédemment. Il est clair qu'en poursuivant indéfiniment, tous
les grains dont le rayon es! compris entre (a — s) et a se rassem-
bleront dans le sédiment S^ et que tous les grains plus petits s'en
iront a\ ec les portions \^-2i 'e> gros grains restant tous dans S, . Bref,
le sédiment S2 donnei'a une émulsion pratiquement uniforme, où
presque tous les grains auront un rayon compris entre a et
(« — i I. Il V restera toujours (pielques grains trop |)etits. mais en
proportion aussi faible qu'on \oudra.
J'ai traité dans mon fractionnement le |)lus soigné 1 200'^ de
gomme-gutte, pour arriver, après quelques mois, à une fraction
contenant quelques décigrammes d'une émulsion suffisamment
uniforme, où le rayon des crains s'est trouvé sensiblement éiial
à celui que j'avais désiré oblenii'.
li. Densité de la matière qui forme les grains. — .l'ai déterminé
cette densité A de //-ois façons ditiérentes :
a. Par la UK-tliode du llaf'f>n. conime pour une poinU'c insoluble
ordinaire : on mesure les masses d eau et d émulsion qui enq)li>-
sent un même llacon, |Miis, par dessiccation à i'étuve. la masse de
résine suspendue dans (('■uuilsion. Cette dessiccation à 1 10" donne
un résulu très \is(|ueu\, qui ne j)erd plus de poids dans I'étuve et
qui se solidifie à la tempéi'ature ordinaire en un verre Iransparenl
jaune ;
ù. En mesurant la densité de (-e verre, probablement iilciitique
à celui qui forme les grains. On y arrive le plus aisément en en
mettant quelques fragments dans de l'eau, à laquelle on ajoute
progressivement assez de bromure de p(.ta.>«siuiii pour ([ue ces
I,I-:S PREIVES DE I,.\ RÉALITÉ MOLÉCl I.AIRE. I jS
Iriiginenls restent suspendus, sans s'élever ni s'abaisser dans la
solution, dont il suffit alors de mesurer la densité (procédé de
lietgers);
c. En ajoutant du bromure de potassium à l'émulsion elle-
même jusqu'à ce que la centrifui;ation ne fasse ni monter, ni des-
tcndre les grains, et en mesurant la densité du licpiide ainsi obtenu.
On ne m'a pas fait de critique pouvant s adresser à Venseinble
de ces trois procédés si leurs résultats concordent. Cette concor-
dance est montrée par le Tableau suivant qui donne, des trois
manières, la densité A :
iNature des grains. (a). (6). (c).
Grains de mastic (précipités de laicool j 0,06 > 0,064 »
» de gomme gutte ( naturels) '^/^oj o,j.o") »
» de gomme gutte (précipités de l'alcool I. . . o,ir)4.i 0,19^ o,i<p
lo. Détermination de la masse des grains. — Ici. plus encore
que pour la densité, on ne peut a\oir confiance dans la précision
des résultats que s'ils sont obtenus de plusieurs façons diflérentes.
Jai employé trois procédés :
A. Mesure directe du rayon à la chambre claire. — La
mesure des grains isolés comporterait de fortes erreurs (élargis-
sement par ditlVaclion des images de |)etits objets). Cette cause
d'erreur est très diminuée si Ton peut mesurer l;i liMi-ueiir d une
rangée de grains en nombre connu, l'oiir cela, je laissais é\aporer
sur le porte-olqet du microscope une goutteleLle d émulsidn tiès
diluée non recouverte de couvre-objet. ()uand lévaporation est
presque terminée, on \oit, par suite d actions capillaires, les grains
courir et se rassembler par endroits, sur une seule épaisseur, en
rangées assez régulières, comme des l)oulets sont rangés dans une
Iranclie liori/.ontale d une pile de boulets. ( )u peut alors, ou bien
compter combien il y a de grains dans une rangée de longueur
mesurée, ou bien combien il y a de grains serrés les uns contre les
autres dans une surface régulièrement couverte (' ).
Du même coup, on a une vérification d'ensemble de I uni-
formité des grains triés par centrifugalion. I^e procédé donne
(') Avec mon émulsion la meilleure, j'ai liouvé comme rayon oi*, 073 de la pre-
mière façon (par 5o rangées de G à 7 grains) elu;^, oGgde la seconde (par environ
2000 grains couvrant io~' <■'!'•).
174 lA THEORIK DU UWONNEMENT ET LES QIAXJA.
peuL-ètre des nombres un peu trop forts (les l'angées ne sont pas
parfaites ), mais il est tellement direct qu'il ne peut com|>ortcr de
erosses erreurs.
I). Pesée directe des grains. — Au cours d'aulres recherches,
j'ai observé que, en milieu faiblement acide (-j— ^, normal), les
grains se collent aux parois de verre sans s'agglutiner encore entre
eux. A distance nolal)le des j)arois, le mou\enient biowuicn n'est
pas modifié. Mais sitôt cjue les hasards de ce mouvement amènent
un grain contre une paroi, ce grain s'immobilise, et, après quel-
ques heures, tous les grains d'une préparation microscopique
cré|)aisseur connue (distance du porte-objet au couvre-objet ) sont
fixes. On peut alors compter à loisir tous ceux qui se trouvent
sur les bases d'un cvlindre droit arbitraire (bases dont la surface
est mesurée à la cIkiiuImc claiic i. ()u rt'-pèle cette numération
pour diverses régions de la préparation. ( hiaud on a ainsi compté
plusieurs milliers de grains, on connaît la richesse en grains de la
gouttelette prélevée, aussit(U après agitation, dans une émulsion
LES l'RElVKS 1)K LA RfclALlTÉ MOLÉCULAIRE. I jS
donnée. Si cette éinulsion est titrée (dessiccation à léliive ), on a
par une simple proportion la niasse d'nn i^raln.
C. Application dr la loi de Slokes. — Sn|)|)osons qn'on
abandonne à elle-même, à lempératnre constante, une longue
colonne verticale de l'émulsion uniforme étudiée. On sera telle-
ment loin de la répartition d'équilibre que les grains des couches
supérieures tomlieronl comme les gouttelettes iliiu nuage sans
qu'on ail pratiquement à se |)réoccuper du reflux dû à laccumu-
lation des grains dans les couclies inférieures. Le liquide se clari-
fiera donc progressivement dans sa partie supérieure. C'est ce que
Ion constate aisément sur lémulsion contenue dans un lube
capillaire vertical maintenu dans un thermostat. Le ni\cau du
lîuage qui tombe n'est jamais très net. car en raison des hasards
de leur agitation, les grains ne peuvent tomber tous de la même
hauteur; pourtant, en pointant le milieu de la zone de passage,
on peut évaluer 1x4-^ près la ^aleur moyenne de cette hauteur de
chute (ordre de grandeur : quelques millimètres [)ar jour), et par
suite la vitesse moyenne de cette chute.
D'autre part, Slokes a établi que la force de frottement (pii
s'oppose, dans un fluide de viscosih' ^, au mouvement d'une
sphère de ra^on a qui possède la vitesse r, est ()-^^aK-. Par >uite,
quand la sj)hère tombe d iin mniiNf-menl uni forme sous la seule
action de la pesanteur, on a
^-Zav = ±T.a^(\ — r,)g.
Si l'on applique cette équation à la vitesse de chute du nuage
que forment les grains d'une émulslon. on a encore un moyen
d'obtenir le rayon de ces grains (avec une [)récision double de
celle (|u"()n a pour la \itesse de chute).
Les trois méthodes concordent, comme le montre le Tableau
suivant, ovi les noml)res d une même ligne désignent, en microns,
les valeurs (ju in(li(|iifiit ces méthodes pour les grains d'une mt"'me
émulsiou :
.MigiieinniUs. Pesée. Vitesse de cliule.
I o, 3o 0:4î>
II o,4() 0,46 0,4 J
m o/ÎJ! 0.3G67 0,3673
IV o.x\? o,-.?i3
\ . 0,14 O , I j
I-G I.A TIIKORII': 1)1 HWONNK.MKNT KT LES ol \NTA.
Ainsi Taccoid se vérifie jusqu'au seuil des •grandeurs ullraml-
croscopiques. J^es mesures portant sur les éniulsions III et IV,
particulièrement soignées, ne donnent pas décait qui atteigne
I pour loo. Chacun des rayons o,36()^ et o,-:iii a été obtenu par
dénombrement d'environ loooo grains.
[(). Extension de la loi de Stokes. — Incidemment, ces expé-
riences lèvenl les doutes qu'on avail très justement exprimés
( .1. Duclanx ) sur l'extension de la loi de Stokes à la vitesse de
chute d'un nuage. La loi de Stokes tait intervenir la vitesse vraie
d'une sphère par rapport au lluide, et ici on l'applique à une
vitesse moyenne sans rapport a\ec les vitesses vraies des grains
(lui sont incomparablement plus grandes et qui varient sans cesse.
On ne peut cependant plus douter, d'après les concordances
précédentes qu<', malgré le mouvement brownien, cette extension
soit légitime ('). Mais ces expériences ne valent que pour les
liquides. Dans les gaz, comme j'aurai à le dire plus loin, la loi de
Stokes cesse de s'appliquer, non pas à cause de l'agitation des
granules, mais parce que ces granules deviennent comparables au
libre parcours moyen des molécules du lluide.
17. Mise en observation d'une émulsion. — ■ Ce n'est pas sur une
hauteur de quelques ceulimètrcs ou même de quelques mdli-
mètres, mais sur des hauteui-s inférieures au dixième de mdlimètre
(ui'on peut étudier utilement les ('inulsions que j'ai employées.
J'ai donc lait cette étude au microscope. Une gouttelette d'émul-
sion est déposée dans une cuve plate (par exemple une cellule
Zeiss profonde de -j^ de millimètre pour numération de globules du
sang) et aplatie par un cotivre-oljjet (|ui ferme la cuve (couvre-
objet dont les bords sont noyés dans de la paraffine pour éviter
l'évaporation).
On peut placer la préparation \ erticalenieut, le corps du micro-
scope étant horizontal : on peut a\oir ainsi d un seul coup une vue
d'ensemble sur la répartition en hauteur de l'émulsion. J'ai fait de
cette façon rpielcpies observations, mais jusqu'ici aucune mesure.
On peut aussi placer la préparation horizontalement, le corps
(') La loi de Stokes et le mouvement brownien {Comptes rendus de l'Aca-
démie des Sciences, t, CXLVII, 1908, p. '17')).
LES PREUVES DE LA REALITE AfOLECl LAIRE.
177
(lu uiicroscope étant vertical. Lobjectif employé, de très lort
grossissement, a une faible profondeur de cliamp et l'on ne voit
nettement, à un même instant, que les grains dune tranche hori-
zontale très mince dont Tépaisseur est de Tordre du micron. Si
Objectif
microscopique
Porte objet
Couvre objet
Emulsion
Fig. 4-
<:
Ion élève ou abaisse le microscope, on voit les grains d une autre
Tranche.
De Tune ou de l'autre manière, on constate que la répartition
des grains, à peu près uniforme après l'agitation qui accompagne
forcément la mise en place, cesse rapidement de l'être, que les
couches inférieures deviennent plus riches en grains que les
couches supérieures, mais que cet enrichissement se ralentit sans
cesse, et que Taspect de l'émulsion finit par ne j)Ius changer. Il se
réalise donc bien un état de régime permanent dans lequel la con-
centration décroît avec la hauteur. On a une idée de cette décrois-
sance par la figure suivante, obtenue en plaçant l'un au-dessus de
l'autre les dessins qui reproduisent la distrdjution des grains, à un
instant donné, en cinq niveaux équidistants dans une certaine
emulsion. Pveste à faire des mesures précises, cpii devront, si la
théorie est bonne, vérifier l'équation de raréfaction (11\ qu'on
peut écrire, en désignant par \ le volume 4"«' de chaque grain,
RTlog— = -\V(A-Ô)^/i.
^ Il
Nous avons déjà le volume V et la densité apparente (A — Z),
différence entre la densité A du gTain et celle 0 (aisément connue)
L. ET DE B. I-
17» LA THEORII:: DU RVYONNKMENT ET LES QUANTA.
du liquide intergranulaire. La distance verlicale // des deux
tranches horizonlales successivement mises au point par le micro-
scope s'obtient en multipliant le déplacement //' du microscope
par l'indice de réfraction relatif des milieux que sépare le cou\re-
Fi^.."..
objet. Si, par exemple, on opère avec un objectif à sec, et si le
liquide intergranulaire est l'eau, /i est égal à -A'. Quant au dépla-
cement /i', il se lit directement sur le tambour «radué de la vis
du microscope Zeiss employé.
II ne reste plus (pià savoir déterminer le raj)port " des richesses
çn gri
nj
n
rains à deux nneaux dilléreuts.
LES PREUVRS DE LA RÉALITÉ MOLÉCULAIRE. IJÇ)
18. Dénombrement des grains. — Ce rapport — est évidemment
égal au rapport moyen des nombres de grains qu on voit au
microscope, aux deux niveaux étudiés. Mais, au premier abord, ce
dénombrement semble difficile : il ne s'agit pas d'objets fixes, et
quand on aperçoit quelques centaines de grains qui s'agitent en
tous sens, disparaissant d ailleurs sans cesse en même temps qu il
en apparaît de nouveaux, on n arri\e pas à évaluer leur nombre,
même grossièrement.
Le plus simple est certainement, quand on le peut, de faire des
photographies instantanées de la tranche étudiée, puis de relever
à loisir sur les clichés le nombre des images nettes de grains.
Mais, en raison du grossissement nécessaire et du faible temps de
pose, il faut beaucoup de lumière, et, pour les grains de diamètre
inférieur à oS^, 5, je nai jamais pu avoir de bonnes images.
Dans ce cas, je réduisais le champ visuel en plaçant dans le plan
focal de l'oculaire une rondelle opaque de clinquant percée par
une aiguille d'un très petit trou rond. Dans ce champ très restreint,
l'œil peut saisir d'un coup le nombre exact des grains perçus à un
instant donné. Il suffit pour cela que le nombre reste inférieur à 5
ou 6. Plaçant alors un obturateur sur le trajet des rayons qui
éclairent la préparation, on démasquera ces rayons à intervalles
réguliers, notant successivement le nombre de grains aperçus qui
seront par exemple :
3, 2, o, 3, 2, 2, J, 3, 1, 2
Piecommençant à un autre ni\eau, on notera de même une suite
de nombres tels que :
2, I, o. o, I , I , 3, I, o, o
On comprend, en raison de l'irrégularité du mouvement brow-
nien que, par exemple. 200 lectures de ce genre remplacent une
photographie instantanée qui embrasserait un champ 200 fois plus
étendu ( ' ).
(') Dans l'iiiie ou latiUe méthode, il y a incertitude pour quelques jjrains, (|ui
ne sont plus au point et qui se laissent pourtant deviner. Mais celle incertitude
modifie dans le même rapport «„ et /?. I^ar exemple, deux observateurs dilTércnls
notant — par pointés en champ visuel ré<luil, ont trouve les valeurs 10.04 cl 10, iG.
l8o LA THÉORIE DU RAYONNEMENT ET LES QLANTA.
19. Equilibre statistique d'une colonne d'émulsion. — 11 est dès
lors facile de vérifier avec précision f[ue la reparution des grains
finit par atteindre un régime permanent. 11 suffit de prendre, par
exemple, d'heure en heure le rapport — des concentrations en
deux niveaux déterminés. Ce rapport, d'abord voisin de i, grandit
et tend vers une limite. Pour une hauteur de -—^ de millimètre, et
quand le liquide intergranulaire était de Teau. la répartition limite
était pratiquement atteinte après une heure (j'ai en particulier
trouvé les mêmes rapports — après 3 heures et après i5 jours) (').
La répartition limite est une répartition d' équilibre ré^ersible^
car si on la dépasse, le système y revient de lui-même. Ln moyen
de la dépasser (de faire accumuler trop de grains dans les couches
inférieures) est de refroidir Témulsion, ce qui provoque un enri-
chissementdes couches inférieures (j'insisterai tout à l'heure sur ce
])hétiomène). puis de lui rendre sa température jirimitive : la dis-
tribution redevient alors ce qu'elle était.
!20. Décroissance exponentielle de la concentration. — J'ai
cherché si cette distribution, comme celle dune atmosphère
pesante, est telle que les élévations égales entraînent des raréfac-
tions égales.
Dans une première série (précision faible; grains presque
ultramicroscopiques à diamètre voisin de oi^-, 3) les concentrations
des grains furent mesurées en cinq niveaux équidistants de 261*
en 2.55^ (cuve de 1 10!^). Les nombres trouvés sont proportion-
nels à
100, 85, 73, 58, 5o,
peu dillérents des nombres
100, 84, 71, 59, 5o,
qui sont en progression géométrique.
Mais la chute de concentration (du simple au doul)le sur 100!^)
est ici trop faible jjour que la décroissance exponentielle soit bien
(') D'après ud calcul qu'a fait à colle occasion M. Langeviu, la durée d'cla-
blissement du régime permanenl est proportionnelle à -• . en désignant par D le
coefficient de dillusion des crains.
LES PREIVKS DE LA REALITE MOLÉCULAIRE. l8l
évidente (une décroissance linéaire donnerait : loo; 8-, 5; -5;
62.5: et 5o, c'est-à-dire presque les mêmes nombres). J'ai donc
éludié, avec des grains plus gros, une raréfaction plus rapide.
Une série très soignée a été faite avec des grains de gomme-
gutte ayant pour rayon o^-,2i'2 (méthode du champ visuel réduit).
Des lectures croisées ont été faites dans une cuve profonde de loo!^,
en quatre plans horizontaux équidistants traversant la cuve aux
niveaux
5\>-, 35!J-, 65"-, 95SJ-.
Ces lectures ont donné pour ces niveaux^ par numération
de i3ooo grains, des concentrations proportionnelles aux nombres
100, 475 •?..2,G, i>,
peu différents des nombres
I oo , 48- ■< î • 11.1.
qui sont en progression géométri([ue. Ici. la concentration \ariait
de I à 8 (une chute linéaire donnerait loo, -i. 4^ et i.3); le carac-
tère exponentiel est Itien marqué.
J'ai retrouvé la même loi, avec des raréfactions de même impor-
tance, par numération sur clichés photographiques, pour des grains
plus gros, donnant l'abaissement à la concentration moitié respec-
tivement pour des élévations de lo!^- (gutte impure j)lus dense que
la gomme pure, a = oV-, ■?.()); ()!^-, i (gutte pure, a = oî-^, 36-);
C}^ (mastic, a = o''-,^^) el i^", 5 (gutte, rt = o!^,6, mesures gros-
sières). Par exemple pour lémulsion de mastic, i photographies
prises à G^ d intervalle montraient respectivement
i88o. 94o, 53o et 3o5,
images de grains, nombres peu dillérents de
i88o, ()9"), j'iS et "^So,
qui décroissent en progression géoinétri([ue.
Dans ce dernier cas, la concentration à une hauteur de i)G^
serait 60000 fois plus faible qu'au fond. Aussi, en régime perma-
nent, on n'aperçoit presque jamais de grains dans les couches
supérieures de telles préparations.
l82 LA THKOniE DU RAYONNEMENT ET LES QUANTA.
Bref, la répartition exponentielle est certaine et le quotient
RT
gh V(A-o/
qui dans notre théorie doit être égal à N, a pour chaque émulsion
une valeur bien déterminée. 11 faut voir si toutes les émulsions
donnent la même valeur, et si cette valeur s accorde avec les
prévisions.
21. Épreuve décisive. — Dix séries d expériences répondent
à la question cjui vient d'être posée. On a fait varier dans ces expé-
riences toutes les grandeurs qui figurent dans l'expression proposée
pour N, c'est-à-dire (puisque -T-log— est constant pour chaque
émulsion ) on a fait varier le volume ^ du grain, sa densité appa-
rente {\ — o) et la température. On a également fait varier la nature
du grain et du liquide intergranulaire.
Les séries I, II, 111, 1\ , W ont été faites avec des crains de
gomme gutte, les autres séries aACC des grains précipités par l'eau
de solutions alcooliques (probablement mieux définis chimique-
ment ce qui n'est d'ailleurs |)as indispensable). La série I (préli-
minaire) a été seule faite à l'ultramicroscope; la précision en est
médiocre, parce que la densité des grains, mal purifiés, est restée
incertaine, .l'ai fait la série V (mastic) en collaboration avec
M. Dabrowski; la série VJII (glycérine à 12 pour 100 d'eau) en
collaboration avec M. INiels Bjerrum. Enfin les séries IX et X
(variations de la température) ont été faites sur ma demande par
W. Bruhat. Pour les séries A , ^ 1. \ 11. \ 111. la numération des
grains s'est faite sur clichés; elle a été directe ( méthode du champ
visuel réduit) pour les autres séries. On a généralement compté
.3ooo ou 4<»oo grains; on en a compté i3ooo dans la série \ I,
et i-ooo dans la série A W; à tous ésards. ces deux séries sont les
plus précises.
Le Tableau placé à la j)age sui\anle résume ces expériences et
leurs résultats.
Comme on voit, les valeurs extrêmes des volumes des gjains
éprousés sont dans le ra])port de i à /jS, les valeurs extrêmes des
LES PREUVES DE I.A REALITE MOLECl I.AIRE.
iS3
7r= KT^^
) srii-
TKMPKRATLRE
el
viscosité.
NATURE
do
rénui'.sion.
V. 10'
I. Gotiiinc i^ijtle ( \;iri('té
( Série pri-liiniiiaire. i
II. Gi'aiiis luiUiiels analogues.
III. Grains naturels moins;
denses. i
Température
ordinaire
(•20 à 24")
et
viscosité voisine IV. Grains anali;i;;ues 1
de celle
(0,01 )
de leau à 20".
\ . Alastic préci]iité de l'alcool.
3-0
à ceux de la série III. \ '
\I. Grains naturels ( gutte).
o,'20 ao, ) )
G 10
\o
\\\ . Gutte précipitée de /
l'alcool. \
■>.(j()
().0()3
O.I<)<î
70,5
68/
\\\\\. (iraïus analogues, dans/ \ — o,oii4 /
!: = i-2j.o,oi l , . . ,. > •>.4'- i, . • m' 7
/ ulvcerinc i i> |). 100 d eau ). \ ^( négative )\
/= — (1 i IX. Grains analogues. ;
w = 2.0,01 ( dans eau Mirtdiidin'. \
JH-^
= - • o . ri I /
2 ■ ,
X . Mêmes grains,
dans eau chaude.
o . i <)6
l84 LA TIIKORIE Kl ItAYONNEMENT ET I.ES QLANTA.
viscosités dans le rapport de i à 25o. celles des densités apparentes
dans le rapport de ( -\- loi à ( — i ), celles enfin des températures
absolues dans le raii|)orl de i à i,25. Pourtant (et quelle que soit la
nature des granules ou du liciuide inter^ranuiaire). I»' quotient — -
reste sensiblement constant, et voisin de jo.
Même si l'on n'avait aucun autre renseiinnenient sur les gran-
deurs moléculaires, celte constance justifierait les hypothèses
si intuitives qui nous ont guidés, et l'on accepterait sans doute
comme bien vraisemblables les valeurs (ju'elle assigne aux masses
des molécules et des atomes.
Mais, de plus, le nombre trouvé concorde avec celui qu'avait
donné la théorie cinétique pour rendre compte de la viscosité des
gaz. Celte concordance décisive ne peut laisser aucun doute sur
l'origine du niouvemenl hroivnien. Pour comprendre à quel
point elle est frappante, il faut songer rpi'avant l'expérience on
n'eut certainement pas osé affirmer que la cliute de concentration
ne serait pas négligeable sur la faible hauteur de quelques microns,
ce (lui eut donne iiour — - une valeur ininiiment petite, et ciue.
1 1 [,,22 J 1
j)ai- contre, on n'eiU pas osé affirmer da\antage C[ue tous les grains
ne finiraient pas par se rassembler dans le voisinage immédiat du
fond, ce qui eût indicjué pour — j:, une valeur infiniment grande.
Personne ne pensera que, dans l'immense intervalle a priori
possible, on ait ])u obtenir p.ir hasard des nombres si voisins du
nombre prévu, cela pour cliaque émulsion, dans les conditions
d'expérience les plus variées. Il devient donc dijfficile de nier la
réalité objective des molécules. En même temps, le mouvement
moléculaire nous est rendu ^isible. Le mouvement brownien en
est l'image fidèle, ou mieux, il est déjà un mouvement moléculaire,
au même titre que l'infrarouge est déjà de la lumière. Il n'v a
aucun abîme entre les molécules d oxvgène et les uioh'-cules visi-
bles que réalisent les grains d une émulsion ( ' ), pour lestpiels la
molécule- gramme devient de l'ordre de looooo tonnes.
(') Bien entendu, ce ne sont pas des molécules vlnrni(jues où tous les liens
seraient de la nature de ceux qui relient dans le méthane l'atome de carbone à
ceux d'hydrogène. Mais la nature des liens (cohésion ou force chimique) qui
unissent les morceaux d'une molécule ii'imporle pas à la définition physique de
celle molécule.
LES PREUVES DE LA UKALITE MOLECULAIRE. lOJ
Hret , iiiusi que nous Pavions pensé, use émilsioa est u>e
AT\rosi'ni:KE pesaate en mimatire, ou plutôt, c'est une atmo-
s[)hère à molécules colossales, déjà visibles, où la raréfaction
est colossalement rapide, mais encore perceptible. A ce point
de vue, la hauteur des Vlpes est représentée par quelques mi-
crons, mais les uiolécules individuelles sont aussi hautes que des
collines.
L'ue attention parliculière peut être apportée à la série ^ III, où
laction de la pesanteur, changée de signe, accumulait les grains
dans les couches supérieures. Le liquide intergranulaire était de
la glvcérine à i:>. pour i oo deau, très visqueuse, où le mouve-
ment brownien, très auioindri, restait pourtant perceptible; quel-
ques jours étaient nécessaires pour l'établissement du régime
permanent. Jai tenté de refaire ces mesures dans de la glycérine
à - pour loo d'eau seulement, encore deux fois plus visqueuse.
Mais la répartition de régime jiermanent ne put être atteinte,
parce que, dans ce milieu, les grains se collent aux parois de
verre, .lai plus tard fait utiliser cette circonstance même poui-
étendre, jiar une autre voie (diffusion), le domaine des \ériri-
calions (^ n" 37).
122. L'influence de la température. — .le tiens à discuter spécia-
lement la façon dont les variations de tem|)érature influent sur \^
répartition d'équilibre. \ous avons vu que l'équilibre d'une colonne
d'émulsion (comme celui d'une colonne gazeuse ) résulte de l'anta-
gonisme entre la pesanteur (qui sollicite tous les grains dans le
même sens) et l'agitation moléculaire (qui les éparpille sans cesse).
Plus cette agitation sera faible, c'est-cà-dire plus la tempéi'ature
ser.i basse, et plus l'aft'aissement de la colonne sous son propre
poids sera mar([ué. C'est l»len ce ({uc montre l'équatioti de répar-
tition
m ' io«^ =_\V(A-o)-.
V,' affaissement, quand la tenqn'rature s'aliaisse, ou \ expansion,
quand elle s'élève, peuvent se vérifier avec précision, même sans
beaucoup faire varier la température. Cela tient à ce que cette
\érification n'exige pas la détermination exacte, toujours difficde,
du rayon des grains de l'émulsion. Il suffit d'opérer sur la uu'nie
i8G LA théorih: du rayonnement et les quanta.
('•mulsion à une autre température T'. Écrivant l'équation de
répartition pour cette température T', et divisant membre à
membre par Téquation analogue en T, on trouve (')
l fin
// ^ n' TA
I /«o T A — 0
h " n
Un étudiant de mon laboratoire, M. Brubal, a bien voulu, sur
ma demande, se charger de réaliser le montage nécessaire à la
vérification et s'en est acquitté de façon très habile.
La gouttelette d émulsion est plac(''e sur la face supérieure d'une
cuve transparente mince dans laquelle un courant liquide (eau
chaude ou alcool refroidi ) maintient une température fixe t" (me-
surée par une pince thermo-électrique j. D'autre part, le couvre-
objet forme le fond d'une boite pleine de liquide (eau chaude ou
solution incongelable de même indice que l'huile de cèdre) où
plonge 1 objectif à immersion eiii|)lové (objectif à eau, ou objectif
à huile de cèdre). On amène ce licjuide à la température t'^
(vérifiée par une deuxième pince thermo-électrique) grâce à un
tube de cuivre c[ui le traverse, et où passe une dérivation du
courant liquide régulateur. La préparation, ainsi emprisonnée,
prend forcément la température l".
Les numérations aux divers niveaux ont été faites en chauip
visuel réduit (n" 18); les hauteurs ont ('té mesurées en tenant
compte des indices de réfraction [n" 17). On trouve ainsi que,
pour une même élévation de i6^, la concentration des grains est
divisée par 7,08 à 58" et jiar g.of) à — <)". On voit combien est
manifeste l'affaissement causé par cet abaissement de ^ij" dans la
température. Au point de vue quantitatif, l'équation à xérilier
devient :
Iog7,o8_ 1-3 — 9 1,1912 — o,984.>-
loS95 3<J ~ -^-yS-i-SS i,i9i' — 0,9984
Le premier membre est égal à 0,8(37, le deuxième à o,856. On
comprend à quel point cette vérification est satisfaisante, si I on
{') IZa i>éi;ligeatit la dilalalioii du veirc qui furine le grain.
LES PREUVES DE LA RÉALITÉ MOLECULAIRE. I 87
observe que les rapports de concentrations 7 au lieu de 7; 08 et
(). - au lieu de (),5G rendraient l'égalité rigoureuse.
On voit avec quelle perfection toutes les lois des gaz s'appli-
quent aux éinulsions. ( C est la loi de Gay-Lussac qui se trouve
ici vérifiée.)
23. La détermination précise de la constante d'Avogadro. —
Nous avons dit que la théorie des gaz, appliquée à leur viscosité,
donnait les grandeurs moléculaires avec une approximation de
3o pour 100 peut-être. Les perfectionnements des mesures rela-
tives aux gaz ne diminuent pas cette incertitude, qui tient aux
hypothèses simj)lihcatrices introduites dans les raisonnements. Il
n'en est plus de même dans le cas des éinulsions. où les résultats
ont exactement la précision des expériences.
Une série déjà soignée (*) m'avait donné pour — j:, la valeur ■- 1 ,
abaissée à ~o,3 après vérification des calculs (série \I du Tableau
précédent). Mais l'uniformité de lémulsion laissait encore à
désirer, et jai cru devoir reprendre les mesures (série \TÏ).
J'ai dissous dans l'alcool i''§ environ de la résine jaune qui forme
les I de la gomme gutte,etj"ai précipité la solu tion par addition d eau.
Après avoir laissé l'émulsion déposer les grains les plus gros, j ai
rassemblé, en quelques centrifugations préliminaires, environ i5o^
de grains ayant un diamètre compris entre o!^, 5 et 2^. Ces grains,
délayés dans quelques litres d'eau, ont été alors soumis à une
centrifugation fractionnée qui, poursuivie pendant 4 niois. m a
donné quelques décigrammes de grains, suffisamment égaux, les
opérations ayant été conduites de façon à obtenir un diamètre
voisin de | de micron, correspondant à un \olume en\li()n j fois
plus grand que celui des grains de la série \ 1.
La densité du verre qui forme ces grains, mesurées (sur des
fractions voisines) par les j)rocédés que jai indiqués ( n" 1 il. était
de 1,1942, ce qui donne o.igG; pour la densité apparente d un
grain (la densité de l'eau à la tempt-rature aS" des expériences
étant de 0,9970).
Le rayon des grains a été obtenu par les procédés indcpen-
danls décrits j)lus haut (n" lo). savoir :
(') Comptes rendus de l'Académie des Sciences, t. CXLVIl. kjoS, p. .>y|.
l88 LA THÉORIE Dl' RAYONNEMENT ET LES QUANTA.
A. Par mesure directe à la chanil^re claire, de deux façons;
5o rans^ées de 6 à j grains, et 2000 grains couvrant io~^ cm-,
m'ont donné comme résultat moyen le rayon o^^oyi (probable-
ment un peu fort).
B. Par numération des grains conleuus dans un volume connu
d'émulsion titrée. J'ai compté i i 000 grains en diverses prépara-
lions, et trouvé un ravon de 0^.066-.
C. Par application de la loi de Stokes. Ceci ma donné le rayon
0^3676(1=0,01).
Le rayon 0^^.3670 a été admis dans les calcids. Ceci fait, la
répartition en hauteur des grains a été étudiée sous le microscope.
La concentration en divers niveaux a été notée par photographie
instantanée (lumière solaire filtrée par vme cuve d'eau ).
.lai compté 17000 grains sur 70 clichés, et obtenu ainsi pour la
constante N la valeur
68.2.1022
avec une précision quej évalue à 3 pour 100. On pourra avoir une
précision notablement plus grande, atteignant peut-être le mil-
lième, à condition de perfectionner les machines à centrifuger.
'24. Masses moléculaires absolues. Électron. — Les masses
absobies des molécules et des atomes se trouxent donc atteintes
avec précision. La masse ^ de la molécule d oxvgène est 47 • io~-'',
celle ' ' de l'atome dhvdrogène est 1.47.10"-''. et ainsi de
suite.
On aura les diamètres des molécules monoatomiques en portant
la valeur trouvée pour \ dans 1 éipialion de Clausius (TtND- égal
à — —\ ce qui économise les incertitudes relatives à 1 équation
de \ an der ^^ aals. On trouve ainsi que le diamètre est i,-.io~**
pour 1 hélium, 2,7.10"** pour 1 argon, 2,8.10* pour le mercure.
Parmi les grandeurs élémentaires atteintes avec précision, il en
est une qui mérite une mention particulière. C'est la charge indi-
visible ( Helmhoitz) que transporte dans l'électiolvse un ion mono-
valent, l^uisqu un ion-gramme transporte C)()55o coulombs, c est-
LES PRELVKS DE LA RÉALITÉ MOLÉCULAIRE. I 89
à-dire 29. i o''' unités électrostatiques C. G. S., la cliariie élémentaire t?
ou électron, vautlra -^A— — de ces unités électrostatiques, et Ton
aura
e = 4.25.io-'o (U. E. C. G. S.),
qui n'est guère que le cent millième des charges directement
décelables par un bon électromèlre.
IV. — LES LOIS DU MOUVEMENT BROWNIEN.
25. Le déplacement en un temps donné. — G est grâce au mou-
vement brownien que s'établit la répartition déquilibre dune
émulsion, daiitant |)lus rapidement que ce mouvement est plus
actif. Mais cette plus ou moins grande activité n'influe en rien sur
la distribution finale, toujours la même pour les grains de même
taille et de même densité apparente. Aussi avons-nous pu nous
borner à étudier l'état de régime permanent, sans nous inquiéter
du mécanisme par lequel il se réalise.
L'analyse détaillée de ce mécanisme a été faite j)ar M. Einstein,
en d'admirables travaux théoriques, qui ont amené la découverte
de lois importantes ('). D'autre part, et bien que la publication
en soit postérieure, il est certainement juste de citer, en raison
de la différence des raisonnements, l'analyse seulement approchée,
mais très suggestive, f[ue M. Snioluchowski a donnée dans le
même but (-).
Einstein et Snioluchowski ont lait choix du même paramétre
pour caractériser l'activité du mouvement brownien. Jusqu'alors
on s'était efforcé de définir une « vitesse moyenne d'agitation »
en suivant aussi exactement que possible le trajet d'un grain. Les
évaluations ainsi obtenues (^^ iener, F. Exner, etc.) sont toujours
de quelques microns |)ar seconde [)Our des grains tie l'ordre du
micron (■' ).
(') A/m. de Phys., t. XVII, igoS, p. 549 et U XIX, 190G, p. 3-i.
(-) Bulletin de l'Acad. des Se. de Cracovie, juillet 1906, p. 077.
(') Ce qui, incidemment, assignerait aux grains une énergie cinétique 100000 fois
3 li
plus faible que l'énergie moléculaire mo3cnnc — ;^ T ( n" i).
igO LA THÉORIE DU RAYONNEMENT ET LES Ql'ANTA.
Mais de telles évaluations sont grossièrement fausses. Les
enchevêtrements de Ja trajectoire sont si nombreux et si rapides,
qu il est impossible de les suivre et que la trajectoire notée est
infiniment plus simple et plus courte que la trajectoire réelle. De
même, la vitesse moyenne apparente dun grain pendant un temps
donné varie follement en grandeur et en direction sans tendre
vers une limite quand le temps de l'observation décroit, comme
on le voit de façon simple, en notant les positions d'un grain à la
chambre claire de minute en minute, puis, par exemple, de 5 en
5 secondes, et mieux encore en les photographiant de vingtième
en vingtième de seconde, comme la fait \ ictor Henri pour
cinématograpliier le mou\ement. On ne peut non plus fixer une
tangente, même de façon approchée, en aucun point de la trajec-
toire, et c'est un cas où il est naturel de penser aux fonctions sans
dérivée, qu on regarderait à tort comme de simples curiosités
mathématiques, puisque la nature les sug-gère aussi bien que les
fonctions à dérivée.
Laissant donc de côté la vitesse vraie, qui n'est pas mesurable,
et sans nous embarrasser du trajet infiniment enchevêtré que
décrit un grain pendant un temps donné, nous prendrons comme
paramètre caractéristique de 1 agitation le segment rectiligne qui
joint le point de départ au point d arrivée. Ce segment sera le
déplacement du grain pendant le temps considéré.
Supposons, provisoirement, que les grains ont la densité du
liquide intergranulaire ; alors leur mouvement est parfaitement
irrégulier, non seulement à angle droit de la \erticale (^comme dans
les conditions ordinaires^ mais en tous sens.
En raison de cette irrégularité parfaite, les raisonnements (jua
faits Maxwell sur les vitesses moléculaires (n" ï) s'appliqueront
sans retouche aux déplacements, pendant un même temps, de
grains identiques. Si f (^x) dx désigne la probabilité pour qu'un
déplacement ait suivant Ox une composante comprise entre x et
x-i-dx, on aura donc d'abord (puisque toute conq>osante est
comprise entre — x et -^^)
I f(x)dx = \.
J
Mais, de plus, on aura, si E- désigne le carré moven du dépla-
LES l'RELVFS HE I.A HÉVUTÉ MOLÉCL LAIRE. IQI
cornent
AT" — - il
f{x) dx = {/ —^ -p t' - '^'' dx,
(ju'ou peut écrire
. , 1 I — —T. ,
j{x ) dx = ^^= , e 2;- <yj-^
eii désignant par ;- le carré moyen, égal 'a —■, de la composante
dii déplacement suivant un axe quelconque. Enfin, le déplacement
moyen co, un peu différent de E, sera donné par
Supposons maintenant que, les grains étant spliériques, ds
soient sollicités par une force constante en grandeur et en direc-
tion comme est la pesanteur. Leur mouvement, modifié dans la
direction de cette force, ne sera pas changé à angle droit de cette
direction. L'expression précédente restera donc applicable, en ce
qui regarde la projection des déplacements sur un axe horizontal,
pour des grains spliériques de densité quelconque.
•20. L'activité du mouvement brownien. — L'irrégularité du
mouvement d'un granvde (sphérique ou non) a cette conséquence
que le carré moven du déplacement de ce granule pendant
une durée donnée doit être proportionnel à cette durée. Soit en
elfet ç- le carré moven d'une composante pour une durée t extrê-
mement petite, mais pourtant assez grande {)our que le inou\e-
ment reste encore irrégulier, c'est-à-dire pour cjue deux déplace-
ments successifs de durée -: soient absoUimeiil indépendants l'un
de l'autre. Considérons une durée -:' égale à pz, p étant un entier
quelconque. Pendant cette durée, la composante x subit les
accroissements successifs :c,, x> ./y, (chacun de durée t), la
composante totale x' est donc {^x^-^ x-^. . . — x p) et son carré x'-
est
Si nous considérons «équations analogues correspondant toujours
à la durée -z', et si nous les ajoutons membre à membre, nous
192 LA THÉORIE DU RAYO.NNEMENT ET LES yUANTA.
aurons, après division par n. si n est grand
2
= n -- — — S^.
Le premier membre est le carré moyen ç'- relatif à la durée t'. le
second terme du second membre s'annule s'il y a indépendance
des déplacements successifs, et l'on trouve bien, puisque p est
égal à ^
-7- = — = const.
On peut caractériser par cette constante Vactivitc du mouve-
ment brownien pour le granule considéré.
Bref, quand on multiplie la durée par 100, on multqjlie seule-
ment par 10 le déplacement. Cest un caractère important du
mouvement irrégulier, vérifié sous la seule réserve que la durée
des déplacements considérés soit supérieure à la durée minimum
pendant laquelle on est assuré de l'irrégularité (').
27. Temps minimum d'irrégularité. — Il est au reste facile,
comme l'a montré Einstein, de fixer l'ordre de grandeur de cette
durée minimum à la fin de laquelle un grain ne se souvient plus de
la vitesse Tq quil avait au début. Elle doit être comparable au temps
que mettrait le grain à sarrèter. par frottement dans le liquide, si
l'inégale compensation des chocs moléculaires ne lui rendait à
chaque inst;int de la vitesse. En ce cas on aurait, de façon appro-
chée (' ), si t^ est la viscosité et m la masse ^ -«^ A du grain.
ou. par intégration évidente
(') Bien que le résultat ne parût guère douteux, je l'ai f;iit soumettre à une
vérification quantitative. Un grand nombre de pointés ont en cirel prouvé que
le carré mojen du déplacement d'un grain est quatre fois plus grand pour
2 minutes que pour une demi-minute (M"" Boinat et Courlin : Ecole de Sèvres).
(') Pourvu qu'on applique la loi de Stokes (daprès laquelle la force de frot-
tement est G-ÎIat), non plus à une vitesse moyenne, ce qui a été expérimen-
talement justKié ( n" IG) mais à la vitesse vraie à chaque instant.
G-r«f
= -
dv
— m -r-}
dt
mte
)<S
(,T.aX,t
V= f(
m
1
LKS PREl Vi:s DE LA HKALITi: MOI.KCl LAIIU:. igî
l;i vilessc sci;i doue n»''i;lii;cable anirs iiu Icmns h [c\ (luc ' soil
' ' ' //i
par exemple siipirieiir à lo. Ce temps iniiiiiuuin sera ptmr des
i;raiiis de Tordre du uuerou, dans Teau, iult'rleui' au cent-millième
de seconde. Il deviendrait loo l'ois plus long pour des i^rains lo lois
plus i;ros.
Le ipiolienl ^^ lise [jour toute durée ])lu> i;i-ande. earaclérise
ractivilé du mou\ émeut brownien. sui\anl la démonstration que
jai donnée au parai^raplie précédent; nous allons soir (juil a une
autre signiliiatioii plivsKpie simple.
^8. La diffusion des grains d'une émulsion. • — (lousidérons un
cvlindrc horizontal, [)lein d une émulsion de grains identiques.
La concentration /i des grains, pour l'abscisse x et le temps l. est
une fonction cp(x, ^) d(''terminée par les conditions initiales. Au
temps /, les grains de la tranche (.r,,.z', ^-t/j,-,) sont donc au
nombre de '-^{x,. / u/j:,. Ceux de ces grains (|ui. au temps / -h t.
seront parvenus dans la tranche (x,x^-(/x), c est-à-dire cpii
auront subi le (h'placemeut [x — x, ), seront au nombre de
ç(.ri, t) (Lfifi r — • .r, I dx\
/"étant la lonction de probabilité dont la (orme a v\v rappelée au
n" !2o. \L\\ intégrant cette ex[)ression [)ar rap|)ort à x^ de — vj
à -|-x, on aura le nombre total de grains |n'é,sents au temps ( /-t-t)
dans la tranche (.r, x -h clx). En d'autres termes
dx o ( X, ^ — T ) = (■/./■ / '^ ( Xi, t }/( X — xi) dxi,
é(nialion (|iii peut s'écrire, en appelaiil \ l;i dillérence ( .r — x,),
■f{x,t-\--)=l '^{x — \, ()J'(\)d\.
ou bien, en utilisant le d(''\eIo|»|)ement de Tavlor, et nous rappe-
lant (n" ;2o) que / /{\)d\ e>l ('gai à I,
-'i'i{x, n-^...^ — ^'^{x,t)l \ fi\)d\ --...
I , r^*
L. ET DK l>.
Ig4 I.A THÉORIE I»L HAVONNEME.NT KT LES OtANTA.
Dans le second niemljre, tous les lernies de la |)reniière ligne sont
nuls, parle fail (|iie /Y\) et /'( — X) ont la inènie valeur. Les
inléyrales de la seconde ligne se calculent ( ' ) en explicilanl /'( X),
et Ton trouve ainsi, ç- étant toujours le carré moyen du déplacement
licndanl la durée t :
équatu)u ([iii de\ienl pour des leuips 1res [lelils (^néanmoins supé-
rieurs au Icnip- iniminiiiu d irrégulaiiti'- )
le rapport — étant d ailleurs égal, nous 1 avons vu (n"" l26), à celui
qu on pourrait mesurer pour des temps beaucoup plus grands
(une minute par exemple). En appelant 2D ce rapport invariable
(fixé par le choix des grains et du lupilde inlergranulaire). Téqua-
tion s'écrit
On reconnaît 1 é([ualH)ii londamentale de la diffusion.
L ne éniulsion dijfasr donc comme une solution^ et le coejji-
cient de diffusion est donne par V équation d' Einstein :
(I) r»;=:^^-
!:2i). Calcul des grandeurs moléculaires d'après l'activité du
mouvement brownien. — I.iustein a réussi, d autre part, à donner
au coefficient de diffusion une ex|irPssion dans laquelle ligure la
constante d Avo^adro.
Considérons un cjlindre d éinulsion de grains égaux 1 ravon a),
où ces grains sont sollicités par une force [)arallèle au cylindre,
avant même valeur F pour tous ceux d'une même section droite,
force cjui pourra être (mais qui n est pas nécessairement) la pesan-
teur. Lne fois le régime permanent établi, le nombre des grains
(pu traversent la section de ui\eau // sous I iniluente de la force V
doit être égal au nombre de ceux (|ui l;i Iraxeisenl en sens inverse
piir diffusion.
(') La [ireinicie est égale à ;-. la sccoiule à 3;'. ûlc.
LES IMtKl VKS DE I. \ UKAI.ITK MOI.ECL I.AIUK. H-yi
Soit r la \ liesse moyenne que la force V iinpilnie à un grain
dans le liquide, nous savons (n'* 16 ) que si ^ est la viscosité, on a
le droit décrire
F = fi-^«c.
Si n est la concentralioii des grains au niveau li. le nombre de
ceux (jiii traversent la section |)ar action de la force pendant le
lenips clt esl iikcIi . c'est-à-dire
Le nombre de ceuv qui passent eu sens inverse pai- dilfusion est
, dn ,
et I existence du régime permanent exige
i\rZ,a dh
Comme on peut tout au>si bien considérer (jue la tranche de
grains ( //. h -~- dh) est maintenue en équilibre par la difl'érence — dp
des pressions osnnttiques sur ces deux faces, on a
n F dh = — dp .
Si enfin [comme nous l'avons fait m" 10 i en étendanl aux ('-mul-
sious les résultats de \ an 1 llotl]. un admet que. à concenlralion
égale, des grains ou des molécules produisent la uu-me |)ression.
en sorte que /? soit égal à — PiT. et [)ar suite dp à d/f -^^ l^'cpialion
qu exige le régime |iermanent devieul
— d/i — — -— = - I ) (f/i .
RT I
« 2 ) D =
-N t'>-(i:
Dans 1 eau. à la Icmpérature ordinaire, si \ a la valeur précé-
demment trouvée, le coefficient de dillusion serait donc .î.-.io"'-*
unités C. G. S. j)our des grains avant l '^ de diamctre. cest-ù-dire
1000 fois plus faible que celui du sucre.
196 I-A niliORlE DU nWOXNEMENT ET LES QUANTA.
11 siillil maintenant tlV-crire que les deux expressions du coeffi-
cient (le (lillusinn sont ('-gales pour oljlenir a\ee Einstein 1 équa-
tion
i' RT I
(j ,1
.\ i-al
ipii donne un nioven nouveau d alteindic la e<inslanle d A\o-
gadro (').
30. Théorie plus générale. Mouvement brownien de rotation.
— i'^n rt-alité. le raisonnement préct'-dent dillere un peu de celui
dEinstein. .lai regardé comme intuitixc l'existence dune pression
osmotique pour les émulsions, et j ai introduit, sans démonstra-
tion, comme liypothcse naturellement suggérée par les résultats
de Van t" Hoft. I exteuMon des lois des gaz aux éiuulsions (n" 10).
l'Einstein, au contraire, avant admis certaines hypothèses pour
caractéiiser la conception moléculaire de létat ttuidci seflorce de
développer avec rigueui' huit le contenu de ces hypothèses et
cherche à en déduire toute piopriété observable. Développant la
méthode inauguri-e par lîollzmann et ( libhs. il a c(nnmencé par
caicider \ m I rojiie de Icinulsion. giàce à i\t'> considérations de
probabilité (-), et c'est de 1 expression Iiouncc pour 1 entropie
<pi il a déduit et lexistence et la grandeur de la pression osmo-
ti(pie I ' ).
Bienl(')t. d aillcur-. en un nousel ellort ( ' 1, il a laissé de côté,
connue un inteiinédiaire inutile, cette [)ression osmotique, en
même temps (|u'il (dargissait la portée de ses pré\isions. .Je dois
au moins dire (pudcpies mol>de cette généralisation, (pu s applique
tout ensemble au iiKuixcmeni brownien de translation, au jnoin'e-
incnl brownien de rotdlion. et sans doute à bien d'autres j)héno-
mènes.
.S(ut un païamclie a relalil à un système m (''(piilibre liu'rmKpie,
(') t)aiis <a lliéorie approchée, .'^iiiuliicliow sl^i tlumie |iiiiii- — la moiiio cxpres-
<i(in, iiuillinlit'c par —
2-;
{'- ) Ann. cler J^liysik. I. \I, 1900, p. 170.
( ') Ann. (1er l'hysiL, l. WIL, 1905, p. 5'|(|,
( '; Ann. der Pliysil.. I. \I\. r()c6, p. 071.
i.i:s i'iu:i;vKs di-: r.\ iti;\i.iri': moi.kci i.akii:. 197
paramètre (|ui, par siiilc de 1 agitation tlierini(|ue, prend avec la
même piohahilité loiiles les valeurs possibles, lanL cpi'une certaine
action exltricurc 11 luIciNiml pas. ( ('/était le cas pour chacune des
coordonnions du cenirc d un «^rain soustrait à laction de la pesan-
teur: c est (''gaiement le cas j)our ! angle dont tourne autour d un
diamt'tre un grain s{)li<''ri(pie sur lequel nagit aucun couple, et/-. 1
Soit A- le carré moven de la Nariation spontanée du paramètre a.
en un tem|)s t. Si n désigne la concentration des systèmes pour
lesquels a tombe entre a et a -^ r/a, on conçoit que le nombre des
systèmes qni. selon nn mécanisme rappelant hi (lil^u■^ion, j)asse
par la valeur a. ])endant le tein[i- dl. par des valeurs croissantes,
sera
. du , I A- lin ,
— D — - (// = (II.
il'j. M - (h.
cette égalité se df'inonhiinl de façon toute seiuMiiMc ;i cflK' (pu
nous a réussi dans le cas tlu déplacement des grains.
Supposons maintenant qu'on laisse intervenir une action exté-
rieure dérivant du potentiel ^{'j) (pesanteur. couj)le orien-
tant, etc. ). [ n régime |)ermanent s'établira bientôt, avec accu-
mulation des systèmes an voisinage de la \alenr a,, correspondant
à l'équilibre stable. Dans cet état stationnaiie. |hiiii' cIkkjuc
valeur a, il passe autant de systèmes vers 7.0 sous 1 action des
forces extérieures qu'il en passe dans le sens inverse par dillusion.
(^r chaque système considéré isolément, soumis ;'i l'action <I>' ir)
... . . ., (I7. ■ 1 1
lui obéit avec une Nih^sse nioveniie unitorine -;- 1 pronorlKUincllc
dt ^ '
à celte action, et telle (pie
K — = <!' ( 7. ),
dl
équation «pii est la généralisation de la loi de Sloko. Pour une
sphère pesante sollicit(''e par son poids. Iv est ('-gai à (\-(( ^/, pour
une sphi'i-c toiirnnnt sous l'arlion il un cniijilc, K rsL éunl à
«S-rt-'!:^, etc.
L'existence du régime ^tatioiinaire e\igc donc
1 A- dn , Il , , ,.
—(lt=— <\' I -/ 1 dt.
•>. - d'j. Iv
Enliii. nous admettrons que si // et ii^ sont, en r.'gime penna-
igS i-v ïiiKORiE DU rayonm:mi:.nt kt les qvanta.
nenl, les concenli'ations relatives aux valeurs a et an. on a
W (lésignanl le lra\ail nécessaire pour amener un des systèmes
(le li-tat y-o à Tétat y.. Cette loi de répartition contient comme cas
particulier la loi de répartilion d'une colonne verticale pesante; je
ne lui donnerai pas ici d'autre justification et signalerai seulement
(piEinstein l'obtient par des évaluations de probabilité.
Dès lors qu on ladmet, on a, en (bUércaliant
ilii = — 7-777 " 'A\ = — — 77; /' 'l' I 'J- ) </3f,
W { Il I
relation (jiii impose elle-même à la relation en ^^ ((pion venait
d'obtenir ) la loriuc
T " T~ K
<jui est la forme générale de l'équation dliinstein.
Dans le cas du mouvenieiiL brownien de rotation. A- désignera
le carré moyen de la composante de l'angle de rotation autour
«lim axe ( on devra se limiter à des rotations ne déjiassant pas
(|uel<pies degrés) et 1 on aura
(.» ^ " ■
Telle est dans ses grandes lignes la belle lliéone ([u on doit
à Einstein. Elle se prête à un contrôle expérimental précis, dès
(jiîon sait pr(''parer des L;rains de rayon mesurable. Je me
SUIS donc trouve en état de tenter ce contrôle, b)rs(pie. grâce à
M. Langevin, jai eu connaissance de cette théorie.
Comme on va voir, les expériences (pie j'ai laites ou dirigées en
démontrent la compb'te exact 1 1 inlc.
V. — CONTROLE EXPÉRIMENTAL DE LA THÉORIE D EINSTEIN.
31. Vérification quantitative de la loi de Gauss-Laplace. — Nous
avons admis au seul aspect du iiioux eiiicnt brownien (|u il est par-
faitement irrégulier (à angle droil dr la direction de la pesanteur).
LES lMli:rVKS DE LA IIKVLLIE MOLECLLAIRK. I99
On a un moyen |)r(''(is de conslaler oelle irrégularité en notant, à
la clianihre claire, les déplacenienls successifs d un même grain,
nendaiil des duré'cs ('gales. ()n voit par e^em|)le sur la figure
ci-joinle, à un grossissement tel que i() divisions représentant 5o^-,
trois dessins obtenus en traçant les projections horizontales des
» . •^^ \^ "^ ' * - 1
^^ Sp^' ^ c \ ^^
i- 4 -^^y ij^^-^±
-^^ 3^ i
%^ \ ^5 zjz
\ ^ 7
^f t^
4 j
7 ^^tlw
71^ ^WL
W A
\ ^-^-^ ^ZT
V ^ -î^^
\ s
^^-i -yw
^ ^5^^^ 7^
^^2 5^ t
\^ Jï ^ ^r r
^1/ -^
/ ;ii^ A,^.
1 /l^^^k^ 1 Vi ^
"^ ^^ ^^ l^i i
/^ /^ ' î
iMg. (i.
segments (pii joignent les positions coii-cciil i\ c- d un im^iuf gi-aiu
de mastic de rayon ('gai à o'-",.').). |)oml(' de mi cm lo -secondes i ' ).
On voit sur la humuc ligur(^ (ju On a sans (hllicidl('' les pro-
(') fiien cntenilu. nue lellc (igure donne une idtie lr(is allaiblic du prodigieii\
cnctiev<iti'ement de la trajectoire réelle ; >i l'on avait fait des pointes de seconde
en seconde, cliaque segment eût élé remplaci- par une ligne lirisée de 3o rotes
relativement aussi compli(|uce que le dessin 'total, et ainsi de suite. J'ai à peine
besoin d'observer ([Ui', sur de lels dessins, il sera facile de vt'rilier la constance
<ln rapport — < n° "20 ).
'200 l.V TIIKOIUE DU UAYONNKMKNT KT LKS OIVNTA.
jeclions de ces segineiils sur un axe liorizonlal (jiicl(<in(|ue. Si le
mouvement est réellement irrégulier, ces projections doivent se
répartir autour (\c leur moyenne zéro suivant la loi du hasard^
c'est-à-dire cpic. sur Jb seguients considérés, il y en aura
qui aui-ont une projeclion comprise entre J"i et .r^, le carré moyen
ç- étant mesuré, soit en prenant la moyenne des carrés des |)ro-
jections sur l'axe, soit (|)lus sûrement sans doute) en prenant la
moitié de la moyenne p- des carrés des projections sur un plan
liorizonlal Mlircctcmeul données par le pointage à la chambre
claire).
M. Cliaudcï.aigiics a (ail ce calcid pour i\e<< déplacements subis
en 3o secondes par des grains «le gomme gutte [a = 0,212) dont
j'avais ('■ludié la ré|)artition en hauteur (série \ I. n" 21). Les
nombres 11 de déj)lacements ayant leur projection comprise entre
deux limites données multiples de i!^,-j (qui correspondait à 5'"°'
du (piadiilhige). sont iudicpu'-s dans le Tableau suixant :
Seconde séi'ie
// trouvé. // calculé.
t'injections
( e n a )
i'iemiùie
séri
ie
comprises
entre
n trouvé.
n ca
ilculé
0 et
1.7...
38
4 S
1,7 et
■;,',...
il
13
■\,\ et
5,1...
. 33
.\o
), r et
0,8...
33
3o
0,8 et
.S, 5...
') ")
•i\
S. j et
\o.>.. . .
r 1
lO
10, '2 et
11,9...
14
1 1
11,9 et
\\,{\...
0
6
ij.C. et
1 5 . 0 . . .
■)
I ") . 3 et
17,0...
').
•>.
48
44
38
40
3(i
35
29
28
iC)
■>.i
1 j
ij
S
10
7
5
4
4
i
9.
Une autre vérdicalKui, plus irappante encore, dont je tlois lidé-e
à Langevin, consiste à transporter parallèlement à eux-mêmes les
déplacements horizontaux observés, de façon à leur donner uue
origine commune. Les extrémités des vecteurs ainsi obtenus doi-
vent se répartir autour de cette origine comme les balles tirées sur
une cible se répartissent autour du hiil. C'est ce qu'on voit sur la
figure ci-contre où sont ré[)arties 5oo observations que j ai faites
m;s l'iuaviis m; \.\ iu;\i.itk aioi-kcilairi:. ■->.() i
sur des grains de l'avou égal à o"',3G~. [)Oialés de h) en .)0
secondes. I^e carré nioven z de ces déplacements était fii.O.ro"'*
•
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i- .• /.
(ce qui donne o égal à j;-''.84). f-es cercles tracés sur- la liguie ont.
pour rayons successifs
nz y z
-1 I
Ici encore le contrôle est (piautilalif. On voit aisé-iiienl (pie la
loi de liasard impose l'expression
'-rf/r
pour la prohahilité duu di-placcuieul lioi-izontal compris entre r
el r-\-dr^ expression qui s't'ciii, iruiplacaiit », ;'- par lecarri' moven
p- du déplacement horizontal
e r-' /• ch
LA THEORIE 1)1 nWONXEMEXT ET LES QIANTV.
dont linlégrale est ( — <' P' )' en sorte que le nninljrc des dépla-
cements compris entre deux \aleurs de /• se calcule immédiate-
ment.
On lit dans le Tableau suivant, ;i colé de la probabilité 'J.' pour
(pie l'extrémité d'un déplacemeni tombe dans liin des anneanx de
la liiiure, les nombres // calculés et ti'ou\és |)Our les ."Joo déplace-
ments observés.
df.pi,aci:ment
(■(impiis Piitrc
o et '-
4
0 G
7 et ■). ^
I I
•> "7 Cl ! ^
A -\
3 V et ( 7
1 4
0 0
4-7 et ) 7
I 4
- ^ .2
) 7 et G ^
4 (
I ' I
G -, 'j
7 - et 8 ^
i 4
8 4 et :c
4
f).()(V]
o, i('>7
(),V>. I 1
(», 100
(),o34
o,o.>8
/« CALCULÉ.
W TIÎOLVE.
3 A
1
3 i
83
-s
107
loC)
io5
|(j3
~'i
7 )
5o
4<.)
•27
io
14
17
7
;»
l ne troisième vérilicatioii se Irouxc cnlin tlans laccord des
valeurs calculées et trouvées pour le quotient - du d(''|)la('emenl
horizontal moyen par la racine carrée p du carrt- movcu de d('[)la-
cement. De façon toute semblable à celle (pii donne la \itesse
molécuhure movenne Ù à pailir ^\\\ earré- uioxeii L - de la \ilesse
( n" ï et l^o), on peu I monlrer i ' i cpi ou doit a\ oir. si le mouvement
(') .). l^KiîUi.N. Annales île Chimie et de l'Iiysitjue. iiiny, [i. S5.
LES pnEivns ni: i.a ukai.hk Moi.iicrr.AiRK. 2o3
est irrt''i;iilier,
(lo (It'placeinenI iiioveii clant <Ionc sensiblement les | de z). l'oiir
.)()() (l(''|)laeeiii('nls de i^iaïus a\ant un ravon de ()!^-,.")3 iai troiivr -
' • • - j P
(''i;al à ().8S() au lien de o,S()f |)rrvii.
Bref, rirréi;iilarit('' du moux einent hiow nien est quantitativement
rigoureuse et e'esl là sans doute une des plus Ijelles applications
de la loi du hasard.
\Vi. Épreuve expérimentale de la théorie d'Einstein (déplace-
ments). — \a\ iiiènic temps (jn il piil)li:iil ses ioiniiiles. l'Einstein
obser\ait (|U(^ I ordre de grandeur du mouvement brownien sem-
blait tout à (ail correspondi'e aux pré\isions de la lliéoric ciiK'-
ti(|ue. Smolucliowski. de son C(Ué. arn\ail à la iiKMue concdiision
dans une discussion approfondie des données alors utilisables
(^indilféreiiee de la nature et de la densilc des grains, ol)ser\ allons
(jualitati\es sur raccroissement dagilalion quand la tem|)ératur<î
s'élève ou quand le rayon diminue, ('val nation grossière des dépla-
cements pour des grains de Tordre du micron).
< )n pou\ait dès lors sans iloulc iiKliiiicr (pie le mouvement
brownien n est sTirement pas jjliis (pic .) fols plus \if, cl sûre-
ment pas monis (pie 5 (ois moins \i( (pie ragllalion préxnc.
Cette concordance appro\imiili\e dans ("ordre de i;iandeur et dans
les |)ropriétés tpialilatix es donnail loiil de suite une i;rande (oice
à la lliéorie cin(''tl(|ue du pliénomène.
Il ne (ni piiblu', piscju Cn i()oS. aiiciiiie V('ti (ieal ion, ou leiitali\e
de véridcation (jiii ajoute le moindre renseignement à ces iemai(pies
d'Einstein et Smoluchowski ( ' i. A ers ce moment se place une
(') Il est irnpossijjlc de fuire (^xcej)li(Jii pour ciliii ries tfiivyu\ de Svedlierg
(par ailleurs si inlcressaiils ) (Hii sr rapporte au iii()(i\ eiiiciit l)ro\vnien (Z. J'iir
Electrocheinie, t. \I!. runi;. p. s.').; el i)im|: .^o^Y^ Acla Iîcl;. Soc. Se. Lîpsala njo-;).
En cd'et :
i" I^es longueurs doiiinîes comme iléplacemenls soiil de <> à 7 t'ois trop fortes,
ee (|ui, en les supposant correclemenL délinies, ne marqiiciail auriin jjroi^rè-s. spijcia-
lemenl sur la discussion duc à SmolucliowsKi ;
i" I<;i ceci est hcanroup plus grave, Svedberg a cru (lue le mouvement brounien
devenait oscillatoire pour les grains ultramicroscopiques. C'est la longiniir
2o4 i-A TiiKorut: Dr ravonnk.\ii:\t i;t i.ks uiama.
intéressante vérificalioii partielle due à SetJ(Jig('). Cet auteur a
comparé, à di\ erses températures entre 5" et çjo", les déplacements
subis de dixième eu dixième de seconde |)ar des grains ultrami-
croscopiques de cinajjre jugés égaux. Si la formule d Einstein est
exacte, les déplacements moveiis z' et £ aux: tempi'-ratures T et T
(viscosités^ et ^' ) auroni piuir r;i]ipnrl
7 = v/ï\'
ce qui, pour l'intervalle ij'-çjo". qui a été le plus étudié ( 2.")<» lec-
tures pour chaque température) ferait |)révoir :
i /.*7'> — >t<) / o.oi 1
c est-à-dire y. oK l/expérience donne ■>,2. L'écart paraît bienmlé-
rieur aux erreurs possiljles de l'expérience. Incidemment, ces
mesures de Seddig |)rou\ent l'inHuence de la viscosité plus que
celle de la teuqHM-atiue (- fois plus faible dans l exemple donné,
et qu'il sera diflicile de rendre très notable).
Vjant des grains de rayon exactement mesurable, je me suis
trouvé en état \ ers la même époque de faire des mesures absolues
et de soumettre à un conli-ole précis et conq)let la théorie
d Einstein (-), eu recherchant si le quotient
- UT
est bien indi'prndant de I ('■imilsKin et a la valeur déjii tn)u\('-e
pour N (=^ I.
d'onde {''. ) fie ce moiiveinenl qu'il assimile au (Ic'plaremcnl dLinslciu. 11 est
évideninient impossible de vérifier une théorie eu se foudaut sur un pliéuoméivc
qui, supposé exact, aérai I en contrcidiclion absolue a\ec cette théorie elle-
nièine. .('ajoule que. à aucune échelle, le niouvemeiU luownieri ne présente de
caractère oscillaloire.
(') PhysiL. Zeilschr.. (. I\, i(,oS. p. ^(i.').
(-) Comptes rendus de l'Acad., l. CALVII, lyoS. p. iO|( : liui. de Chimie
et Phys., sept, iqof), p. 76-90; Comptes rendus, l. CLII, n(ii, p- jSSu.
(') Cela élait alors douleux {voir Cotton. Revue du mois, h)oS), car un enre-
gislrenient cinématographique tenté par ^ . Henri avait paru très défavorable à la
théorie d'Kinstein ( Comptes rendus, 190^). J'ai été alors Irts frappé de la facilité
avec laquelle beaucoup de ]iliysiciens, des plus altachcs à la lliéoric cinétique,
I.KS PIIKIVKS DK I.A RKAl.ITK MOI.ÉCl LAIRK. 205
33. Constante d'Avogadro. tirée du mouvement bro"wnien. —
.lai (ait ou dirigé dans ce hiit srpl scries de mesures, en ehangeant
aiilaul <|iie I ai j)u les ((md 1 1 k uis de l expérience, pai'tieiilièrenient
la \ iseosilé el la taille des grains. Ces grains étaient |)ointés à la
clianil)re claire ('). le microscope étant Aertical. ce (|ui donne les
déplacements liorizonlaiix (par comparaison a\e<'un micromètre
objectif), [^es pointages ont été généralement faits de 3o en
3o secondes, à laisonde <|uatre pour chaque grain.
J'ai mis en train la méthode (série F) avec l'aide de M. Chaude-
saigues, qui a bien voulu se charger ( séiirs 11 et 111) (\es mesures
relati\es à des grains i^a := o^\ 1 1 2) dont la répartition en hauteur
m'a\ait donné une bonne détermination de >i. lia utilisé un objec-
tif à sec (dispositif d ultramicroscopieV Les séries suivantes ont
('■té faites a\ec loljjectif à immersion, qui |)ermel de mieux con-
naître la température de léinulsion (dont les \ariation> iin|)orlenl,
à cause des variations de viscosité quelles entrahient ). J ai fait la
série IV ('mastic) en collaboration avec M. Ualiiowski. la série ^ I
(^liquide très visqueux, où ; était de l'ordre de s!-"- par .^ minutes)
en collaboration a\ec M. Bjeriiim. La série \ se rapporte à deux
grains très gros de mastic 1 oblemis comme nous verrons bientôt)
de diamètre directement mesuré à la chambre claire, et en sus-
pension dans une solution d urée de même densité que le mastic.
Le Tableau suivant, où ou lit, jiour clia(|ue série, la \aleiir
movenne de la \iscosité ^, le lavon a des grains, leur masse m et
le nombre a|)[)roxim;ilif des dé|)laeements u'.ilisés, résume ces
expériences.
lurenl jironipls à adinellre (jue le calrul (rjvinslein devail oonlciiir des li} putliéses
injusliliées. Cela m'a prouvé combien isL au fond limité le crédit que nous accor-
dons aux tiiéoiies, qui >onl des iiiiUtiiiieuls de découviile (ilnlùi (]uc de \érilaldes
démonstrations.
(') Une difficulté réelle e-t de ne pas jierdr.' de vue le grain, i|ui monte et
descend sans cesse.
2o6
LA TUKORIK Dl HAVO.NN KMKXT KT I.KS (HANTA.
Ï2 RT I
100 :.
NATURE DK l'kMULSION.
RAYON
(les
MASSE
DÉPLA-
CEMENTS
Utilisé:-.
N
1 1)--
1
I. (irains de iroinnie-gutte. .
o. )0
Goo
ICO
So
I
II. Cirains analogue?
0 , 9. I -i
48
()00
()9,3
i i ' '
III. Mêmes grains dans eau
sucrée ( 35 pour loo )
(température mal connue).
o , 2 I 7
48
4oo
')5
I
IV. Grains de mastic
O, Vi
6i)o
lOOO
7-2, j
1-2 J
^. Grains énormes (niasticj
dans solution d'urée
( ).~ pou r 1 oo 1
5,;u.
JJOOOO
lOO
7«
\ I. Grains de gomme i;iitte
dans glycérine ( lo par-
ties d'eau |)Our loo).. .
\
> o,385
•>9o
ICO
6'.
I
VII. Grains de gomme gutte
bien égaux
; 0,36;
•i46
1 JOO
68,8
Comme on voit, les valeurs extrêmes des masses soiil (Unis un
rapport supérieur à laoooet les valeuis extrêmes des viscosités
dans le rapport de i à i >.'). Poiirlanl. et quelle que fut la. nature
du liiiiiide inter::ranulaire ou des grains le (luotient - — est resté
\()isiu de -o eomuie dans le ras de la ré|)arliti()u en hauteur ( ' ).
(') On peut adjoindre à ces résultats des mesures postérieures de Zangger
(Ziiricli, 1911) faites sur les déplacements latéraux de gouttelettes de mercure
i.Ks i>ki:lvi;.s m-: la nKAt.iTi': molkculvire. 207
(.itilc reiiiar(|u;ible cuacordaiicc prouve l'exaclilude rigonrcîiise de
la fonmile dEinsteiu el coiifiniie de façon é(datanle la tliéorie
moléculaire.
3i. Valeur précise de la constante d Avogadro. — Les mesures
les |)lus précises ('série A 11) se rapportent aux grains les plus
égaux c|ue j'ai préparés. La préparation et robjectlf (à immersion)
étaient novés dans Teau. ce qui permet la mesure exacte de la
température (et par suite de la xiscosité). Les ravons éclairants,
assez faibles, étaient filtrés par une cuve deau. L'i'niulsion ('tait
très diluée. Le microscope était mis au point sur le niveau ((i!^- au-
dessus du fond) dont la hauteur h est telle ({u'un grain de la taille
considérée a même prohaitililt' |)0ur se trouver au-dessus ou au-
dessous <le ce niveau. Pour ne pas ètj-e tenté de choisir des grains
par hasard un peu plus visibles (c'est-à-dire un peu plus gros c{ue
la moyenne;, ce (|ui élè\erait un peu ^, je suivais le premier grain
qui se présentait dans le centre du cliamp. Puis je déplaçais laté-
ralement de I oo"- la préparation, |e >ui\ai< de nouveau le premier
grain (jui ^e présentai t dans le centre du clianq:), à la hauteur//,
et ainsi de suite. La valeur obtenue 6.S,8 concorde à Trnj />/''•">'
a^ec celle que nia donnée la répartition en hauteur.
J admettrai donc, pour la ronatante d'Avogadro, la valeur
68.5. 10-2,
d où résulte :
Pour ! électron, la \aleur
4.2.10-'":
Piiiir la constante /' (égale à — ), la valnii-
Pour la masse de 1 atome dhvdrogène, en grammes.
1 . 17. 10 -*
tombant dans l"eaii. Ces tnesures ont ceci d'intcrcssant qu'on peut les faire porter
sur une seule goutte, dont le rayon s'obtient d'apn-s la vitesse moyenne de cliute.
Mais cette application de la loi de Slokes à une spliùre liquide ne va pas sans
une incertitude ((ui allectc le résultat trouvé [)our ^^r. ( 'J ' <i 7!)).
2o8 I.A THEORIE DU nAVONNEMENT ET LES Ol A>TA.
êl, pour la niasse, i84<) fois plus pelite, de liiii des corpuscules
qui charrient l'électricilé négative des rayons cathodiques ou
des rayons 3,
o.So. lo
35. Mesures du mouvement brownien de rotation. — Nous
avons vu (n" 30) que la théorie généralisée dl'^inslein s applique
au mouvement brownien de rotation, la formule s'écri\anl alors
A 2 HT
où A- désigne le tiers du ( airé moyen de Tiingle de rotation pen-
dant le temps -:.
En vérifiant celte lormule, ouNérifie du même coup les évalua-
tions de probabilité qui figurent dans sa démonstration et qu'on
retrouve quand on veut éld\A\vVé(juipai tilion de T énergie, cesl-
à-dire, dans le cas actuel, légalité moyenne des énergies de rota-
tion et de translation. Les difficullé-s mêmes que nous avons vu
récemment s'élever au sujet de cette équipartition augmentent
Futilité d'une vérification.
Mais cette formule indicpie une lotation juoyenne d'environ 8"
par cenlirinc de seconde, pour des sphères de i!^- de diamètre,
rotation bien rapide pour être perçue (d'autant (ju'on ne dis-
tingue |ias de points de repère sur des sphérules si petits), et qui
à plus forte raison échappe à la mesure. Et, en efiét, celte rotation
n'a\ait fait l'objet d'aucune étude expérimentale, même qualita-
tive.
,)'ai tourné la difficulté en préparant de très gros sphérules de
gomme gutle ou de mastic. J'y suis arrné, après ipieUpies tâton-
nements, en précipitant la résine de sa solution alcoolique, non
plus, comme d'habitude, par addition brusque d'un grand excès
d'eau (ce qni donne des grains de diamètre généralement inférieur
au nncrou), mais en rendant très progressixe la pénétration de
l'eau |)r(''cipitante. C'est ce qui se passe quand on fait arriver très
lentement de l'eau pure, au moyen d'un entonnoir à pointe effilée,
sous une solution i ('tendue) de résine dans l'alcool. I^'eau diiruse
alors lentement dans l'alcool et les grains qui se forment dans la
zone de passage ont couramment un diamètre d'une douzaine de
microns.
LES PREUVES DE LA RÉALITÉ MOLÉCULAIRE. 209
Ces grains semblent des billes de verre transparent (qu'on
brise facilement en fragments irréguliers ) fréquemment sans dé-
faut, mais fréquemment aussi contenant à leur intérieur des inclu-
sions visibles (' ), points de repère grâce auxquels on perçoit
facilement^ cette fois, le mouvement brownien de rotation.
Mais le poids énorme de tels grains les maintient sans cesse au
voisinage immédiat du fond, où leur mouvement brownien (trans-
lation et rotation) peut être altéré par des pliénomènes d'adhésion.
J'ai donc cherché, par dissobition de substances convenables, à
donner au liquide inlergranulaire la densité des grains. A la dose
nécessaire pour amener ainsi les grains à flotter au sein du liquide,
toutes ces substances ont coagulé mes grains (les accolant eu
grappes de raisin ), et par là se sont uiontrées inutilisables, sauf
une seule, Y urée.
Dans de 1 eau à 2- pour luo durée, j ai pu suivre l'agitation des
grains (série \ du Tableau précédent ). J'ai de même, assez gros-
sièrement, pu mesurer leui- rotation. Pour cela, je pointais à inter-
valles de temps égaux la position de certains défauts, ce qui per-
met ensuite, à loisir, de retrouver l'orientation de la sphère à
chacun de ces instants, et de calculer a|)proximativenient sa rota-
tion d'un instant à l'autre. Les calculs numériques, appliqués à
environ 200 mesures d'angle faites sur des sphères ayant i?iV- de.
diamètre, mont donné pour \, par application de la formule
d'Einstein, la valeur 65.io-- alors que la valeur probablement
exacte est 69.10--. En d'autres termes, si l'on part de cette
dernière valeur de N, on prévoit, en degrés, pour y V", pJU' minute,
la valeur
I i"
et l'on trouve expérimentalement
i4",j.
r^'écart se trouve être bien iiifcrictir aiiv cncurs permises par
(') Ces inclusioQS ne modilient pas appréciablement la densité du grain : dans
une solution aqueuse d'urée, des grains de mastic se suspendent pour la même
teneur en urée, qu'ils contiennent ou ne contiennent pas d'inclus'ons. J'ai discuté
ailleurs la nature de ces inclusions {Aiin.de Cliini. et Pliys. sept. 1909, p. 88),
faites probablement d'une pâte viscjueuse renfermant encore une trace d'alcooi.
L. ET DE B. 14
•2IO LA THEORIE DU RAYONNEilENT ET LES QUANTA.
I approxinialioli médiocre des mesures et des calculs. Cette concor-
dance est d'autant plus frappante qu'on ignorait a priori même
Tordre de grandeur du ')liénomène. La masse des gi'ains observés
est -oooo fois plus grande f|ue celle des plus petits grains étudiés
))Our la répartition en hauteur.
Des mesures plus précises seront faites, mais on ne peut douter,
dès à présent, de la validité de la loi.
36. La diffusion des grosses molécules. — l^our aciiever d'éta-
blir les diverses lois prévues par Einstein, il ne nous reste plus
<|u à attaquer expérimentalement le problème de la diffusion des
('•mulsions, ce qui nous donnei'a N |)ar 1 équation
T. _ RT .
la v(''riflcation devant consister en ceci (pi on trou\erait même
FiT
%aleiir du quotient- ;rr pour toute ('luulsion cette valeur étant
A G-a^lJ '
voisine de -o. i o--.
II convient de citerd'abord, en ce sens, l'aj^plication qu'Einstein
lui-même a faite de cette équation dans le cas de la diffusion du
sucre dans l'eau. Cette extension suppose : i" qu'on peut regarder
les molécules de sucre comme à peu près sphériques, et 2'' que la
loi de Stokcs s'applique à ces molécules. (On ne pourrait donc
être surpris si l'on ne retrouvait qu'assez grossièrement l'ordre de
grandeur attendu.)
L'équation en question, appliquée au sucre à 18" donne, 0,0 io5
étant à cette température la viscosité de l'eau jnire intergranu-
laire (et non pas de l'eau sucrée).
«N
RT j_
D 6-r
<S.>,2. 10''. -il)!
86400
(j-.o,oio5
«N = 3..>..ioi«.
Pieste à trouNCi- une autre relation entre a et JN.
Einstein en obtient une en calculanl le xoltime vrai N.^"'/'. à
. .-)
|)arlii' de la viscositi' de l'eau siu^rée. l*oui- v arri\ ci-, d numlrait,
LES PREUVES DE LA REALITE .MOLECUL-VIRE. 211
on conséquence de? lois du frottement intérieur (' ), que la visco-
.sit('' i^' d'une émulsion (étendue) formée de sphérules doit être
^ étant la viscosité du licjuide intergranulaire et es le volume vrai
total des sphérules présents dans un volume ç d'émulsion.
Appliquant au sucre, il trouvait le volume vrai (^— Nrt-M des
molécules d'une molécule-gramme de sucre dissoute dans un
volume V. Il obtenait ainsi (igoS) la valeur 4o.io-- pour N(2).
Quelques années plus tard, M. Bancelin, qui travaillait dans mon
laboratoire, désira vérifier la formule en ^ (vérification facile pour
des émulsions de gomme-gutte ou de mastic). Il vit aussitôt que
l'écart des viscosités était certainement plus grand que l'écart
indiqué.
Averti de ce désaccord, M. Einstein découvrit qu'une erreur de
calcul s'était glissée dans sa théorie et que la formule exacte devait
être ( ■')
— •2,3 —
cette fois d'accord avec les mesures de M. IJancelin (^) cjui
(') Ann. der Pliysik, 1900.
(-) On peut rapprochlir de ce résultat une vérification postérieure de la for-
mule de difTusion, par Svedberg (Z. fiir phys. Cheni., t. L.WII, 1909, p. io5),
pour des solutions colloïdales d'or, à grains amicroscopiques Le diamètre des
grains, évalué, d'après Zsygmondy, à o,5.io~' (à 100 pour 100 prés) et le coeffi-
cient de dilFusion (égal aux | de celui du sucre) donneraient pour N environ
66.10". La grande incertitude dans la mesure (et même dans ia définition), du
ra5"on de ces granules invisibles (qui sont probablement des éponges irrégulières
de tailles très variées) rend en somme ces résultats moins probants que ceux
qu'Einstein avait tirés de la diffusion tic molécules à peine moins grosses, et du
moins identiques entre elles.
On accordera plus d'intérêt aux mesures relatives où Svedberg compare
la diffusion de deux solutions colloïdales d'or, les grains de l'une étant (en
moyenne) 10 fois plus petits que les grains de l'autre : il a tiré de mesures
colorimétriques cette conclusion qu'au travers de membranes identiques il passe
10 fois plus de ces petits grains que des gros. C'est bien ce qui doit arriver, par
application de la formule (si toutefois les pores du parchemin sont assez gros).
(') Einstein, Ann. der P/iysi/c, ign.
(*) Bancelin, Comptes rendus., lyii.
2 12 LA THÉORIE DC RAYONNEMENT ET LES QUANTA.
donnent à peu près
La valeur qui s'ensuit pour X est alors
65. IO--,
valeur remarquablement approchée. Ceci nous force à croire que
les molécules de sucre ont une forme assez ramassée, sinon sphé-
rique, et, de plus, que la loi de Slokes est encore assez bien appli-
cable (dans l'eau) ])Our des molécules sans doute relativement
grosses, mais enfin dont le diamètre n'atteint pas le millième de
micron.
37. Dernière épreuve expérimentale. La diffusion de granules
visibles. — D'après sa démonstration même, lèquation
D "T '
N 6-rtÇ
qui ne peutquétre approchée pour des molécules, a chance d'être
rigoureusement vérifiée pour les sphérules des émulsions que j'ai
étudiées. En fait, puisque cette équation est la conséquence néces-
saire de la loi de Stokes et de la loi de répartition en hau-
teur (29), elle peut être regardée comme vérifiée dans le même
domaine que ces deux lois.
Il est cependant d'un intérêt certain de faire des mesures
directes de diffusion, mais cet intérêt sera plus grand si l'on fait ces
mesures de manière à étendre encore le domaine oii 1 on aura vu
se vérifier, pour les émulsions. les lois des gaz parfaits.
Aussi, quand M. Léon Brillouin me fit part de son désir de
compléter le contrôle expérimental de la théorie d'Einstein en
étudiant la diffusion des émulsions, je lui conseillai la méthode
suivante, qui utilise la particularité même qui m'avait enq)êché
d'étudier un régime permanent dans la glycérine pure, où les grains
se collent à la paroi de verre quand par hasard ils la rencontrent (21).
Bien entendu, la même technique s appliquerait à la diffusion
plus rapide des granules dans leau acidulée (où ils se collent
aussi au verre).
Considérons une paroi verticale de verre (|ui limite \n\e émul-
LES PREUVES DE LA RÉALITÉ MOLÉCULAIRE. 21 3
sion, d abord à répartition uniforme, de grains de gomme-gutte
dans la glycérine, le nombre de grains par unité de volume étant n.
Cette paroi, qui fonctionne comme parfaitement absorbante, cap-
ture tous les grains que le hasard du mouvement brownien amène
à son contact, en sorte que l'émulsion s'appauvrit progressivement
par diffusion vers la paroi, en même temps que le nombre X de
grains collés par unité de surface va en croissant. La variation de X
en fonction du temps déterminera le coefficient de diffusion.
La paroi absorbante observée sera la face postérieure du covivre-
objet qui limite une préparation maintenue verticalement à tem-
pérature bien constante.
La distance du porte-objet sera assez grande (o""",5 à i™"*)
pour que. pendant les quelques jours d'observation, l'absorption
par le couvre-objet soit ce quelle serait si l'émulsion s'étendait à
rinfini (* ).
Le raisonnement ap[)roché qui suit permet de tirer des mesures
le coefficient D de diffusion.
Soit toujours ç^ le carré moyen (égal à 2 Dt), du déplacement
pendant le temps t qui s'est écoulé depuis la mise en expérience.
J'admets qu'on ne fera pas de grandes erreurs en raisonnant
comme si chaque grain avait subi, soit vers le mur absorbant soit
en sens inverse, le déplacement ç. Le nombre X des grains arrêtés
par l'unité de surface de la paroi pendant le temps t est alors
évidemment
=)î:^ =
I »
par 1
,2Dt.
Tw^
i^ "'
= D —
~
•2
- .X,2
D =
- — — j
■> n -
ou encore
équation qui donne le coefficient de diffusion ( -).
(') Les grains, un peu plus légers que la glycérine, monteront lentement (en-
viron i™"" en 2 semaines à la température des expériences). Cela n"a aucune
influence sur DXs si la préparation est assez haute pour que la surface étudiée
reste au-dessus des couches inférieures privées par cette ascension de leurs
grains.
(-) Il faudra perfectionner ce raisonnement, mais je pense que le résultat ne
21 4 I-A THÉORIE DU RAYOXXi:ME\T ET LES yUANTA.
M. Léon Brlllouin a monté les expériences et fait les mesures
avec beaucoup de soin. Des grains égaux de gomme-gutte (o^^, 02 de
rajon), débarrassés par dessiccation de l'eau intergranulaire, ont
été longuement délayés dans la glycérine de manière à réaliser
une émulsion diluée à répartition uniforme contenant 7,9, 10* grains
par centimètre cube (en sorte que le volume des grains n'atteint
pas les Y^ de celui de l'émulsion). La diffusion s'est produite dans
un thermostat à la température constante de 38°, '7, pour laquelle
la viscosité de la glycérine employée était i65 fois celle de leau
à 20". Deux fois par jour, on photographiait une même portion de
la paroi où se fixaient les grains, et l'on comptait ces grains sur
les clichés. Six préparations ont été suivies, chacune pendant plu-
sieurs jours (*).
L'examen des clichés successifs a montré que le nombre des
grains fixés est bien proportionnel à la racine carrée du temps, en
sorte que, dans un diagramme où l'on porte yr en abscisse et Ob en
changera pas. Il est en effet bien semblable au raisonnement suivant, donné par
Einstein (Z. fier EleAtrochiniie, 190S), pour établir presque sans calculs l'éga-
lité de ç^ à 2Dt, et dont le résultat est exact :
Soient, dans un cylindre horizontal, n' et n" les concentrations des grains en
deux sections S' et S" séparées par la distance ^. La chute de concentration pour la
section médiane S sera ; — - et cette section S se laissera traverser vers S",
pendant le temps -, par le nombre de grains D
T- D'autre part, en ad-
mettant que les résultats seraient les mêmes si chaque grain subissait pendant
le temps i, soit vers la droite, soit vers la gauche, le déplacement \, on trouve
que -n'I traversent S vers S" et -«"? vers S', ce qui fait vers S" le llux total
d'où résulte
ou bien
-in'— n") l,
■{n'—n") l = D —
2-= 2Dt
qui est précisément l'équation donnée par le raisonnement rigoureux du n° "28.
(') De façon qualitative, M. L. Brillouin a aussi examiné des préparations à o",
température à laquelle la viscosité de la glycérine devient plus que 0000 fois
celle de l'eau. Le mouvement brownien, déjà difficilement perceptible pour la
viscosité précédente, semble alors absolument arrêté. Il subsiste pourtant, et des
photographies successives montrent que les grains diffusent lentement vers la
paroi, le nombre des grains qui viennent sy coller croissant avec le temps de
façon raisonnable, sans que l'on ait pu attendre assez longtemps pour tirer do là
une nouvelle mesure précise de .\.
LES l'REUVKS DE LA REALITE MOLECt LA IRE . 21 J
ordonnée, les points qui représentent les mesures se placent sen-
siblement sur une droite passant par l'origine, comme on le voit
sur la fioure ci-après. Le coefiicient D. é:;al à — - - — , s'ensuit aus-
\ X ^heures )
H
10
9
8
7
6
5
W \
3
1
1
Je
0 100 200 300 ifOO 500 600 N
Fi g. S.
sitôt. 11 s'est tiou\é égal a 2,3. lo"'' pour les grains employés, ce
qui correspond à une dillusion i4oooo lois plus lente que celle du
sucre dans l'eau à 20" I
Pour vérifier la formule de dillusion d'Einstein, il ne reste
plus qu'à voir si le nombre N défini par léqualiou
RT 1
est voisin de 70. 10--. M. L. Brillouin a trouvé, après fi-xation de
plusieurs milliers de grains, à ±3 pour 100 près,
(k). 10-'-.
38. Résumé. — On voit que les lois des gaz parfaits s'aj)|)li(|ucnf
dans tous leurs détails aux émulsions, ce qui donne une base expé-
rimentale solide aux ibéories mob'-culaires. Le domaine de \érili-
cation paraîtra sans doute assez considé-rablc si I on ii'Ib'cliit :
5lG LA THÉORIE DU HAVONNEMENT ET LES QLANTA.
i" Que la nature des «crains a varié (gomme-gutte, mastic):
'i"" Que la nature du liquide intergraniilaire a varie (eau, solu-
tion aqueuse à 2- pour 100 d'urée ou à 35 pour 100 de sucre,
gh'cérine à 12 pour 100 d eau, glycérine pure);
3" Que la température a varié (de — 9" à + 58"):
'\' Que la densité apparente des grains a \arié (de
, ^ 3o \
100 /•'
5" ( hie la xiscosih' du liipiide inlergianulaire a \arié (dans le
rapport de 1 à 33o):
()" Que la masse des grains a varié (dans le rapport énorme
de I à ^0000) ainsi que leur volume (dans le rapport de 1 à 90000).
Cette étude des émulsions a donn*' pour ?s . 10^-- les valeurs :
68,2 par répartition en hauteur des grains;
68,8 par leurs déplaceuienls de translation:
65 par leurs rotations ;
6p par leur diffusion.
Il me reste maintenant à résuuier hrièxement et à discuter
d autres phénomènes où la structure moléculaire s'impose à notre
esprit, et qui récemment ont permis, comme le mouvement
brownien, d'atteindre les éléments de cette structure.
VI. — LES FLUCTUATIONS.
39. Fluctuations locales dans la composition d'une matière
diluée. — L'agitation moléculaire, directement révélée par le mou-
vement brownien, peut se ti'aduire par d'autres conséquences
tout à fait compai'ables, qui consistent également en un rc<:imr
permanent cV inégalité variable dans les propriétés de portions
niicroseopiques d' une matière en équilibre. On pourrait appeler
phénomène brownien tout phénomène avant ce caractère.
Nous avons déjà indiqué un de ces phénomènes (sans en pou-
voir donner de \érification directe), en parlant des inégalités ther-
miques certaines, mais très faibles (M. qui se produisent sponta-
( ' ) En appliquant la formule donnée par M. Finstcin dans son rapporl : î- = AcT"
on trouve, à la température ordinaire, une tlucluation quadratique moyenne de
w^y de degré pour t micron cube.
LES PKELVKS I)K LA RKALlTt MOLECL LAIUE. 217
m-nienl et continuellement dans des esjîaces de Tordre du
micron cul)e, et qui sont, en définiti\e. un deuxième asj)ect du
mouvement brownien lui-même (n" 8).
De même que la température ou l'agitation, la densité dun
tluide en équilibre doit varier continuellement de place en place.
( n micron cube, par exemple, contiendra tantôt plus et tantôt
moins de molécules. Smolucbowski a attiré l'attention sur ces
inégalités spontanées (^'), et a su calculer pour un volume cp qui
contient /y«/- hasard n uujJécules alors qu'il en contiendrait /?„ si
la concentration était rigoureusement unibuine. la condensation
• , , ,. . , . n — lin
accidentelle '', e^ale a
Il a d'abord montré par un raisonnement statistique simple que,
pour un gaz ou une solution étendue ( autpiel cas la présence d une
molécule dans le volume 'z n'inilue jtas sur la probabilité de la
présence d'une autre molécule dans le même volume), la proba-
bilité d'une condensation accidentelle comprise entre y et y -f- <:/*'
est (pour /?o grand)
/ — "" "■'
\\ ( V ) f/y = t/ -I e ' d-;.
ce qui donne, comme valeur absolue movenne de la condensation :
/' Hk
Si la densité du gaz est la densité dite normah\ cet écart moyen,
pour C2 égal à i*^""' (n^ égal à 3. lo'"), est seulement \ .\. io~'".
Il devient de l'ordre du millième pour les plus petits cubes réso-
lubles au microscope. (Quelle que soit la densité du gaz, cet écart
mojen sera d environ i |M)ur i oo dans un volume contenant
6000'""'.
Quand /?,, devient assez petit pDur (piOn ue |»ui-^se plus remplacer
par \/nnT.{—\ le produit \.^>.\...n (tormule i\v Stiiling), la
prol)abilité pour que // molécules soient présentes dans le vo-
lume c devient
I . » . ) ... n
(') lioltzmann-Festsclirift. iQo'i, p. 6>G.
21 8 LA THÉORIE DU RAYONNEMENT ET LES QUANTA.
Comme nous l'avons antéi'ieureinent montré (n" 31) pour
d'autres conséquences équivalentes du mouvement désordonné
des molécules ('), de telles formules, encore non vérifiées pour
des solutions proprement dites (-), deviennent accessibles au
contrôle expérimental pour des émulsions (^), sans d'ailleurs
pouvoir renseigner sur les valeurs absolues des grandeurs molé-
culaires.
iO. Opalescence critique. — Ln peu plus tard, dans un Mémoire
tout a fait remarquable ('), Smoluchowski a réussi à calculer la
condensation accidentelle, pour un iluide de densité quelconque,
et a prouvé que près An point critique elle devient notable dans des
espaces microscopiques. 11 a réussi à expliquer ainsi un phéno-
mène jusqu'alors énigmatique, Vopalescence que présentent
toujours les fluides au voisinage de leur point critique.
Cette opalescence, absoluilient stable, traduit un régime perma-
nent de fine hétérogénéité dans le fluide. Elle se rattache à la
valeur élevée de la compressibilité. qui au point critique est infinie,
en sorte que des régions contiguës, de densités notablement diffé-
rentes, sont presque en équilibre lune avec l'autre. Dès lors, grâce
ù l'agitation moléculaire, il se forme facilement de place en place
des essaims denses de molécules, à contour diffus, qui ne se
désagrégeront que lentement tandis rpiil s'en formera d'autres,
essaims qui produiront lopalescence en dillVactant latéralement
la lumière.
(') Ann. de Chim. et de Pliys., 1909, p. Si-85.
(^) Après examen attentif, il parait impossible de voir une vérification dans le
travail, au premier abord si séduisant, où M. Svcdberg (Zeitschr. fur physik.
Chein.^ t. LXXIV, 1910, p. 788), étudiant les «scintillations» produites par une
solution radioactive, a cru pouvoir démêler l'influence du liasard de Tagitation
moléculaire, en admettant la théorie de Sclnveidler quant au tiasard de la destruc-
tion radioactive. Contrairement à la théorie de M. Svedberg, au point de vue du
calcul des probabilités, il m'a été signalé par M. Niels Bjerrum, puis il a été établi
en toute rigueur par M. Langevin et M. Schweidier lui-même, que la solution de
polonium éludiée (beaucoup trop riche encore en polonium) doit se comporter
sensiblement comme un corps solide de même richesse en polonium. Les écarts
observés ne pourraient que rentrer dans les erreurs d'expérience, sans être impu-
tables à l'agitation moléculaire.
(') M. Svedberg a fait récemment ce contrôle intéressant pour diverses émul-
sions {Zeitschr. fiir j)/iysi/c. C/iem., t. LXXIV, 1910, p. 788).
(^) Acad. des Se. de Cracovie, décembre 1907, et Ann, der Pliys.. t. X\V,
1908, p. 205.
LÉS PREUVES DE LA RÉALITÉ MOLÉCULAIRE. 219
La théorie quantitative se fait en appliquant ce principe de
Tliermodvnamiqne statistique (déjà sli;nalé au n" 30), d après
lequel le louaritliiiie du iapj)ort des frécjuences de deux états d'un
... ,. . RT
système, a température constante, s obtient en divisant par -^
a différence d'énergie utilisable de ces deux états (Boltzmann-
Gibbs-Einstein). On voit à ce propos qu'un état aura une fréquence
négligeable par rapport à l'état moven, si leur difl'érence d'énergie
utilisable est beaucoup plus grande que lénergie moléculaire
/ • H • , , < 3 RT\ ,
( puisque celle-ci est égale a ;^ 1 en sorte que le (juotient en
question sera négligeable.
Pour un tluide en équilibre thermodvnamique, dont la inolécule-
gramme est M, et où la répartition uniforme imposerait le volume
spécifique t'o sous la pression /?«, la proljabilité que le volume spé-
cifique soit ç, sous une pression p, dans l'élément de volume qui
contient /«o molécules, s'exprimera donc par
\\{v)clv^ke -''■" dv
Or (développement de Taylor)
* 0 '0 * 0
( i> Vq)- Op ( l- C,,')' ô-p ( r (■„.)* O-' /)
■2 dco 2.3 Oi'l 2.'j.\ (h--^ '
de plus le volume spécifique c correspond à la condensation y
égale a , donc :
qui se réduira, pour de faildes condensations, à
W ( Y ) d- ^ /ce '^^^ ^ ■ ' d-r = K c ^ 'r d-;,
— A étant e"al a — r— = — ou, ce (lui rcMcnl au même, a
^ 2 n 1 Oi\ '
o N dp
Trt ''"■^*
220 I.A THEOniE DU RAYOXNEMEXT ET LES QIAXTA.
On délermine k par la condition qiif / W('y)<7*' soit égale à i,
ce qui donne pour /■ la valeur — ^ ■ Bref, on a
qui contient comme cas particulier la formule déjà donnée pour
lin gaz.
Le carré moyen de la condensation, que nous aurons bientôt
besoin de connaître, est donc :
RT I
. '_ ' \ - ' 2A ^
dp
On peut également calculer la \aleur absolue moyenne de la
condensation, ciui se trouve é^ale à •
On \oit sur Tune ou lautre de ces expressions que les fluctua-
tions sont d'autant plus importantes que A est plus petit, c'est-
à-dire d'autant plus que la compressibilité est plus grande.
Au [)oint critique. — et — 4- deviennent nuls, la probabilité
dune condensation -' devient
W- {-;) d-; = /c e-^V dy
avec
~ HT 2.3.1 Ih^'
Si, pour calculer—^ on admet l'éciuation de \ an der Waals. on
trouve B égal à ,^«o ce qui entraîne, comme movenne des valeurs
absolues de la condensation, l'expression
indépendante du fluide. L'écart moven sera d'environ i pour loo
<lans un cube contenant loo millions de molécules. Pour la plu-
part des fluides dans l'état critique, le côté d'un tel cube est du
même ordre que les longueurs d'onde des lumières visibles. On
LES PREUVES DE LA REALITE JIOLECULAIRE. 221
\o\l (jiie rhétérogéut'itt- spontanée, beaucoup plus forte que dans
un gaz, peut rendre compte de l'opalescence observée.
41. Extension et contrôle expérimental de la théorie de l'opa-
lescence. — La théorie de Suiolucliowski, complétée par Keesom,
s'est trouvée d'accord avec les résultats auxquels BLamerlingh
Onnes et Keesom étaient antérieurement arrivés dans leur travail
expérimental ( ' ) sur la lumière émise latéralement par opales-
cence. L'intensité de celte lumière peut en effet se calculer
(Keesom) en utilisant les travaux où Ravleigh et Lorenz (-) ont
séparément trouvé quelle cpiantité de lumne-re doit être émise laté-
ralement quand on ilhimine un \obime '^ dont 1 indice de réfrac-
tion 'X diffère de 1 indice jj-q du milieu environnant.
Si l'intensité de la lumière incidente est i. l'intensité de la
lumière émise à angle droit de la lumière incidente, pour une
longueur d'onde ),„ supposée grande par rapport au ^ohlme z, est
donnée, suivant ces travaux, par l'expression
-. ^_ . ■ '•^-'^ \'
A. intensité incidente comparable, les faibles longueurs d'onde
sont donc très favorisées dans la diffusion : pour une lumière inci-
dente blanche, la lumière diffusée latéralement sera bleue. C'est
bien la couleur de l'opalescence, sauf au voisinage tout à fait immé-
diat du point critique, où elle devient blanchâtre, les espaces où
se font des condensations notables cessant d'être petits par rap-
port à la longueur d'onde.
Si nous nous nous rappelons (loi de réfringence de Lorentz) que,
si p est la densité.
I 'j.- — I
- ^— = const.,
(') Kamep.lingii Onnes cl Kkesom, Coinm. fr. tlie phys. Lab. of Leiden, 190S,
p. 1046. — Keesom, Ann. der Physik, t. XXXV, 1911, p. 5r)i. — Le travail de
Keesom m'a élé signalé en séance par M. Einstein, auquel j'attribuais tout le
progrès fait depuis Smoluchowski.
(-) Rayleigh. Phil. Maq., t. Xlt, 1S81, p. 80. — Lor.ENZ. Œinres. t. 1,
p. 496.
222 LA THÉORII- DU BAYONXEMELXT ET LES QUANTA.
nous trouverons, par une différenciation facile, que
[i — [Jg _ Cii-r, — i) (h^o + ?-) p — po .
P "~ ^^'' , égal à ^' ~ "" , est ce que nous avons appelé la condensa-
//o// -', et il vient, comme intensité de la lumière diffusée latérale-
ment par le volume cp,
Bref, si y- désigne le carré moyen de la condensation, et ). la
longueur d'onde dans le vide, égale à [JLo^^o, de la lumière consi-
dérée, l'intensité de la lumière diffusée par le centimètre cube de
fluide sera probablement
' = -T^ ( !^o — i^' ( i-^o -1- 2)- Y- 'f ,
1 o A* t
ce qui donne, en remplaçant y- par sa valeur, calculée au para-
graphe précédent à partir de l'équation de Smoluchowski,
Les mesures nécessaires au contrôle expérimental de la théorie
aiysi développée se trouvaient faites dans le cas de l'éthjlène.
La température critique absolue était 2-3-hii^, i8; la lumière
d'opalescence était déjà franchement bleue à 1 1",93. A cette tem-
pérature le rapport des intensités d'opalescence pour une même
intensité incidente, dans le bleu et le jaune (raies F et D) était 1,9
peu différent du rapport 2,1 3 des quatrièmes puissances des
fréquences.
Toujours à cette même température, les mesures spectrophoto-
métriques (lumière jaune) donnèrent par centimètre cube ilkiminé.
et pour une lumière incidente dinlensité i, une intensité d opa-
lescence comprise entre 0,000- et 0,0008. La compressibilité
était connue par les mesures de Verschan'elt. L'application de la
formule de Keesom donne dès lors, pour la constante ^i d'A'vogadro,
LES PREUVES DE LX RÉALITÉ MOLÉCULAIRE. 223
une valeur voisine de
~'> . IO--
avec une approximation de i5 pour i oo peut-être, en très bonne
concordance avec les valeurs déjà obtenues.
Peu de temps après Keesom, dont il ne connaissait pas alors le
beau travail, Einstein a calculé l'intensité de la lumière opalescente
par une théorie électromagnétique plus complète encore ('). Il a traité
le cas où la lumière incidente est polarisée, de façon que le vecteur
électrique fasse un ani;le a avec le plan perpendiculaire à la direc-
tion de l'observation, et a trouvé, ])0ur l'intensité de la lumière
d'opalescence envovée dans cette direction par chaque centimètre
cube illuminé par une quantité de lumière égale à ',
t:- It'l' ('OS- ■/.
i = — p- -^ i :-^u- — u'- ( [j-'d -*- ■^'ï-
On voit qu il u'v a pas de lumière émise dans la direction paral-
lèle au \ecteur électrique. ( Uiand la lumière excitatrice est natu-
relle et par suite décomposable en deux faisceaux polarisés à
angle droit (pour l'un desquels cos a pourra être choisi nul) on
retrouve la formule de Keesom.
Des considérations analogues s'appliqueront à Vopalescence
toujours présentée par les mélanges liquides (eau-acide phénique,
|)ar exemple) au voisinage immédiat du point critique de misci-
bilité complète: la notion de travail de séparation des constituants
remplacera pour ces mélanges la notion de travail de compression.
Mais, cette fois, au lieu d'inégalités dans la densité, nous verrons
se manifester un régime permanent d'inégalités de composition
chimique entre portions contiguës du fluide en équilibre.
La théorie électromagnétique d'Einstein s'applique encore et
conduit, pour un tel mélange, supposé incompressible, à la
formule
2 A+ A o loi; /'
Ok
les conditions étant celles qu'on a précédemuieut définies, et en
(') Ann. lier P/irsik, t. \VI, ii)io. p. 127.5.
224 LA THÉORIE DU RAYONNEMENT ET LES QUANTA.
désignant par r le volume du mélange qui contient lunilé de
masse du premier composant, par k la masse du second composant
mélangée à limité de masse du premier, par //' la pression partielle
du second composant dans la \apeur de mélange, par M" la molé-
cule-gramme du même composant à Tétat gazeux (').
Cette formule d'Einstein, qui donnerait un nouveau moyen
d'atteindre N, n"a pas encore été soumise à un contrôle expéri-
mental.
4-2. Le bleu du ciel. — Nous avons appliqué, dans le voisinage
du point critique, les formules de Smolucliouski, Keesom ou
Einstein. Nous pouvons aussi bien les appliquer au cas dune
substance gazeuse. Ce gaz sera supposé pur, ou du moins, si c'est
un mélange, les composants seront supposés avoir même pouvoir
réfringent (comme il arrixe sensiblement pour l'air), en sorte que
les variations accidentelles de composition auront une influence
négligeable par rapport aux variations de densité. Le produit
(-''"^)
devenant alors égal à /? et ([j.^ -i- 2) devenant sensiblement égal à 3,
la formule de Keesom devient
2A* A /» ' "
cette intensité de la lumière émise latéralement par i""'de gaz, est
extrêmement petite, en raison de la petitesse de ( 'j.^^ — i). Mais la
somme des éclairements produits par un très grand volume de gaz
peut devenir notable, et par là peut s'explic|uer (Einstein) la
lumière bleue qui nous vient du ciel pendant le jour. On retrouve
par celte voie un résultat obtenu par Lord Rayleigh (-), antérieu-
rement aux théories plus générales que je viens de résumer.
(') Bien entendu, comme le remarque Einstein, peu importe celui des deux
composants qu'on appelle premier composant, comme il résulte de la relation
connue
A dp I d/>' _
(-) Phil. Mag., t. \LI. 1871, p. 107 et t. \LVII. 1899. p. 375,
LKS PRELVKS HE LA UKALITK :MOI,b;Cl LAIUE. 2'23
On sail (|ii lin rajon de liiniiùre a une trajectoire \isil)le quand
il traverse un milieu chargé de poussicres. C'est cette difïYision
latéiale qui rend généralement visible un rayon de soleil dans
l'air. Le phénomène subsiste (juand les poussières deviennent de
plus en plus Unes (et c'est ce (pii permet l'observation i/ltr/inii-
croscopi(jue). mais la lumicre opalescente diffraclée \ire ad bleu,
la lumière îi courte longueur d onde subissant donc une dillraction
plus forte. De plus, elle est polarisée dans le plan (pii jiasse par
le rayon incident et l'o-il de 1 observateur.
Lord Ptajleigh a supposé (jue même les molécules agissent
comme les poussières encore perceptibles au microscope et que
c'est là l'origine de la coloration bleue du ciel. L^ii accord avec
cette hypothèse, la lumière bleue du ciel, observée dans une direc-
tion perpendiculaire aux rayons solaires, est fortement jjolarisée.
Il est au reste dillîcile d admettre (pi il s agil là d une diliraction
par des poussières proprement dites, car le b/e/i du ciel n'est
guère aflaibli quand on s'élève à 2000'" ou .îooo'" dans l'atmo-
sphère la plus pure, bien au-dessus de la plu|KHrt tles poussières
qui souillent lair au voisinage immédiat du sol. On coii(«;ii (pi'il
y ait là un moyen de compter les molécules diflractantes (pu nous
rendiMit visible une région donnée du ciel, et par suite un moyen
«l'obtenir i\.
Sans se borner à cette conception cpialitati\e. Lord Piayleigh,
développant la théorie élasticpie de la lumière, a calculé \v. ia()-
port qui doit exister, dans son hypothèse, entre l'intensitt- du
rayonnement solaire direct et celle de la lumière dill'usé'c pai- le
ciel. De façon précise, supposons qu on observe le ciel dans uik;
direction dont la distance zénithale est a, et (pu fait un angle ^
avec les rayons solaires; les éclairements c et E obtenus au foyer
d'un objectif successivement pointé vers cette région du cieJ el
vers le Soleil doivent être, pour chaque longueur d'onde /., dans le
lapporl
I, ^ ,. ,,. M R 13^^ f^^V^ -^^
(1) désignant le demi-diaiiièlre apparent du Soleil, p et g l.i pres-^iou
atmosphérique et l'accébralion Ai- la pesanteur au lieu de l'obser-
vation. M la luolécule-gramme d'air (2<S-,<S), '—^ — le pouvoir
!.. Kï Di: \\. '•"'
■riC) i.A Tm;ouri: Di uavonxemkm i:t i.hs qlanïa.
rélringent de lair ( Lriicntz ), et N la constante trAvogadro. Lan-
gevin ( ' ) a retrouvé la même équation (ut- remplacé par la con-
stante diélectrique K) eu développant une théorie électroniagné-
lique très élégante.
Dans Tune ou laulre lliéorie. la toiiuulr précédente s'obtient en
ajoutant les intensités (!<■ la lumière dillractée par les molécules
individuelles (sapposérs ^listrflniécs de f aion parfaitement irré-
iiulière).
C'est précisé-inenl celte même formule qu'on retrouve ( pour
[b = 90°) après intégration, en appliquant la formule de K.eesom,
<(tnime le fit observer Einstein.
On voit que l'extrême violet du spectre doit être i(i fois plus
diflracl(' que l'extrême rouge, et cela correspond bien, qualitati-
\ement, à la couleur ilii ciel (qu'aucune autre liypollièse n'a réussi
à e\pli(pier ).
La formide pré-cédenlc ne lient pas compte de la lumière réflé-
chie par le sol. L'é-clal du ciel serait doublé par un sol parfaite-
ment rélléchissanl ( ce qui équivaudrait à illuminer l'air par un
second soleil). Avec un sol couvert de neige ou de nuages, le
poiiNoir 1 1'|]( riii-sanl ( albedo) sera peu éloigné de o,^ et l'éclat ilu
ciel sera de i . - fois celui qui serait dû au Soleil seul.
Le contrê)|e expérimental doit êlie réalisé à une hauteur
suffisante pour iviler les perturbations k\\\v> aux poussières
(fumées, goutteleiies. etc.). De plus, d doit être spectrophotomé-
Irifpie.
' La piciiiièie imlu ation d'un tel contrê)le a ("té tirée par lord
K.elvin d anciennt'> t'Xjti'-riences de Sella <pii. y\\\ sommet du mont
Rose, couqîarant au mê-me instant Ti-c lat y\\\ Soleil pour la bau-
teur 4o" et l'éclat du ciel au Z('-nitli. a trouvé ini rapport égal à
5 milli(»ns. Cela douui-, poui- \.io~--(en tenant compir de l'indi'--
lermination sur les longueurs d'onde), une valeur com|)rise entre
.)() et i5o. fj'ordif de grandeur ('tait grossièrement retrou\»''.
\LM. lîauei- ei M(udHi (-) ont fait con^lriiirc \\\\ appareil per-
mettant la compai'aison speclroplmloiin'l ri(|iii' cl oui fait (pirlcpics
mesures prc'dinuuairr-, au mont lîlanc. par nu ciel iiiallieureuse-
(') Coins (lu Cnllège de franco,
(-) Comptes lencliiA. nji.).
l.r.S PREL\ES DE LA RÉALITÉ MOLÉCl LAHtK. i-iy
lucul pt'ii fiiviiraLlc ('). Les comparaisons (pour le verl ) donnent,
pour \. lo --. (les nombres compris entre 45 et -5.
Une longue série de mesures vient enlin d'être faite au mont
Rose, avec le même appareil, par M. Léon Brillouin, mais le
dépouillement de ces mesures (étalonnage de plaques absorbantes
et comparaison des clichés) n a pu être encore terminé. Sans pou-
voir préjuger la précision atteinte en ces mesures, il n'est dès à
présent pas douteux que la théorie de Lord Ravleigh se vérifie et
(pie la coloialion bleue du ciel, qui nous est si familière, soit un
des phénomènes par lesquels se traduit à notre échelle la structure
discontinue th's lliiides en équilibre.
i3. Fluctuations spontanées de rorientation, dans un liquide
cristallisé. — l)ans \e même groupe de phi'nomènes que le mouve-
ment brownien, ou les fluctuations de densité ou de composition,
et particulièrement comparable à ropalescence critique, vient natu-
rellement se ranger un phénomène remaïquable découvert par
Mauguin au oours de ses belles études sur les liquides cristal-
lisés.
On sait, dejiuis les célèbres travaux de Lehmann. qu'il existe
des liquides qui présentent au point de vue optique, quand ils
sont en équilihi'C. la svinétrie des cristaux uniaxes, en sorte
qu'une lame de l'un de ces liquides, ol)servée au microscope entre
un polariseur et un analyseur à l'extinction, rétablit généralement
la lumière, excej>tion faite pour le cas où le liquide cristallisé a
son axe parallèle à la lumière qui traverse le microscope. Cepen-
dant, quand celte lumière est très intense, on s'aperçoit que l'ex-
tinction n'est pas rigoureuse et qu'une incessante scintillation. \\\\
fourmillement lumineux, se manifeste en tous les points du chaïup,
donnant une faible luuiièrequi varie rapideuient de place en jilace
et d'instant m instant (-). M. Alauguin a aussitôt rap|)rocli('' ce
|)hénomène du mouvement brownien, et il parait, en elfel, diHi( de
(' ) La présence de guuUelelLes fait liouvcr pour .N une valeur trop faible, el
d'autant plus que la longueur d'onde de comparaison sera plus grande.
(-) Cette apparence est facile à observer sur le paraazoxyanisol. coulé en lame
mince entre deux lames de verre bien propres (qui imposent alors à l'axe cris-
tallin la direction perpendiculaire aux surfaces des lames) et maintenu ;■ une
température comprise entre i38" et i65° (au delà de ces températures, il y a
cliansenieut d'élat i.
9.28 I.A THÉORIE DL RAVOXMiMENT HT LES gi'ANTA.
(le rcxpliqiier autrement que par ragitation moléculaire, qui écarte
sans cesse, de façon irrégulière, les axes des molécules de la direc-
tion d'équilibre. Tjn phénomène analogue doit intervenir dans
V aimant aiion des corps lerjomagn('"liqiies, et sans doute la théorie
du ferromagnétisme (P. ^^ eiss) et celle des liquides cristallisés se
ré'duiront 1 une à Tautre, ou du luoins s éclaireront 1 une par
r au Ire.
Nous avons \u jusqu'ici comment la discontinuilt- de la uiaticic
se trahissait au travers des propriétés des fluides en équilibre ;
nous allons maintenant retrouver cette disconliniiitc' soit dans la
structure de rélectricité. soit dans la genèse <iu la destruction des
corps simples, soit dans l'émission ou l'absorption de la lumière.
cl. par chacun de ces phénomènes si dillerents, alteindi-e encoi<-
les gi'andeurs molécidaires.
VII. — CHARGE DE POUSSIÈRES MICROSCOPIQUES.
ii. Les atomes d'électricité. L'équation de Townsend. — .1 ni
déjà rappelé (!24) comment Helmholtz, en rélléchissant aux lois
de l'électrolvse, avait conchi de ces lois à l'existence d'une charge
électrique indivisible, nécessaii^ement portée un nombre entiei-
, ,. . I . I 2»). If)'-'' . , ,,
de iO)s par chaque ion, et valant ^^^^ — • unîtes <'lectrostali(pies
C.G.S.
Townsend prouva le premier (') (piécette charge élémentaire
dclînie par lélectroljse est aussi celle des ions produits dans les
ga/, par les diverses radiations ionisantes. Soit, en elTet. <?'la charge
y\i' l'un de ces ions, situé dans un gaz de viscosité X^. Sous l'action
il 1111 ( liiimp H. cet ion prendra une \ilesse u telle (pi'on aurii
II e'^ .\//,
le coefficient \ na\anl d'ailleni- pidhiiblcmcnl plus la \ideiii
(i-^ï^ qu il prend ]>our un spheiulc rel,ili\ cnK^iit ^los. luai^ cl;uil
constant, ce (pii nous suffit.
C) Phil. Trans. of the lioyal Soc. i9i)">,
lliior-Villars.
I 'c) l'i /ons. t. H. p. 9 '!>. (•iiii-
I.LS l>lli:i Vi:S l)K I.A ItKU.lTK MOLKCLLAIRi:. 3.79
Dès lors, relaisaiil le laisoiincincul (riuiisleln (29), ou Iroii-
\ crail pour \alcm' I) du cocfliricnl ilr (liHiision tirs ions de la sorle
(•onsidrrtM'
Ia. imill ipliaiil mciiiliic ù iiicml)ft'. ou obticut Féquatlou >iii\aule
((|in' Idwuscud ohtiiiil au icsic de facou toute dilTéreute^
Il siiflîsail doue, pour couuaître Ne, de connaître la mobilité 7-:
des ions dans les gaz (déjà mesurée par Rutherford) et leur coef-
licient de dillusion (mesure que Townsend lui-même a réussi à
faire). I^e résultat, tout à fait remarquable, fut que, pour les divers
gaz el les diverses radiations ionisantes, la valeur du produit Xc'
est voisine de la valeur •>.(). 10''' fixée par 1 électrohse pour le pro-
duit NV. La cbarge e' est done, bien probablement, égale à la charge
indivisible e de l'électrolyse (').
Une vérification plus précise, relative au cas très intéressant des
ions dans les llammes. se tire des expériences de Moreau ( Comptes
rendus, t. CXL\ III, 1 909) sur la mobilité et la diffusion de ces ions.
LUe conduit pour Ne à la \aleur 30,5.10'^. égale à 5 pour- 100 |)rè>
à la \aleur donnée j)ar l'électrolvse.
Si, d autre [)arl, on se raj)pelle que, en raison de ririt-gularité
du mouvement moléculaire, le coefficient de dillusion est toujours
é'gal à la moitié du quotient — qui caractérise l'agitation (-8),
ou pourra écrire l'écpiatiou de Townsend sous la forme
([ui, sans intérêt pour les ions invisibles sur lesquels a expérimenté
Townsend, devient au contraire la forme intéressante dans le cas
de gros ions (poussièi-es chargées), si l'on peut mesurer leurs
déplacements.
(') Une petite proportion de cliiirges diU'ércnles (polyvalentes par exemple)
liourrait avoir échappé à l'observation, l'incertitude dos mesures paraissant être
largement de 10 pour 100.
î3o L\ THKORIi: DC RAVONXK.MKNT ET LliS Ot ANTA.
C'est précisément celte extension qui a i-lr i<'a]is<''e dans les
expériences que M. de Broglie a faites sur lair diargé de fumée
de tabac ('). Dans son dispositif, l'air est insiifllc dans une petite
caisse maintenue à température constante, où <<»nvergent des
rayons lumineux émanés d'une source puissante. A anj^le droit de
ces rayons se trouve le microscope qui permet de \oii- les i;lobules
(jui forment la fumée sous forme de points Ijrillanls qu'ai^ite un
très vif mouvement brownien. Si alors on fait agir un champ élec-
tri(pie à anj^le droit du microscope, on distin_i;u<- aussitôt trois
groupes de grains. Les uns paitent dans le sens du champ et sont
donc chargés positivement, d'autres partent dans le sens inverse
et sont donc négatifs; enfin ceux du troisième groupe, qui conti-
nuent à s'agiter sur place, sont neutres. Ainsi étaient rendus
\isibles, pour la première fois, les gros ions des gaz.
AI. de Broglie a fait un grand nombre de mesurés de ç et de //
pour des globules ultramicroscopifjues à peu près de même éclat
(et par suite à peu près de même taille). Les mo\ennes faites
d'après ces lectures donnent ]>our Ne' la valeur de 3i.5.io'-',
c'est-à-dire, avec la même précision que dans les expériences de
ïownsend, la valeur du produit Ne défini par lélectrolNse.
Plus récemment, M. Weiss (Prag) a retroiivé la même valeur
de Ne' pour les charges portées par les parcelles ultiauiicrosco-
piques cpii se forment dans l'étincelle entre électrodes métal-
liques (-). Mais, au lieu de faire des moyennes entre des lectures
isolées relatives à des graius dillerenls, il a fait, pour chaque grain,
assez de lectures pour a\oir une valeur approchée de ^e' d'après
ces seules lectures. Il n'avait donc aucun besoin de comparer des
grains de même taille ou de même forme. 11 a pu distinguer trois
groupes de grains (monoxalents, divalents et tri\alents), donnant
respectivement pour Ne'.io"'-' les valeurs 3i, 58 et {)2 (au lieu de
29, 58 et 8;).
Nous verrons bientôt (14) comment Fletcher a auguienlé encore
la précision de ces vérifications.
Ces divers faits élargissent singulièremcnl la |)n)icc de la notion
introduite par Helmlioltz. De plus, tandis ipic les |)li('nouiènes
('j Conijiles rendus, t. CXLVI, ii)<iS, p. loioet Le Jtadiuiii, l. \ 1. i^ioq.
(- ) Physik. Zeilschrift, t. XII. 191 1, p. 63o.
LKS l'IU'.lVKS DK LA HKAI.ITK \li il.l.il I. \IHi:. 2bl
tréleclrolyse u oui )ii>(|ir;i |)i('sriii sui;^cit' aucun moven de
lucsnrei- (liicctrment la charge absolue e d'un ion nionovalenl,
nous allons voir ([uon |»eiil mesurer celte même charge quand elle
est |)orlée |)ar un granule microscopique dans un gaz. Par là nous
obtiendrons, |)uis([ue Ne est connu, une nouvelle détermination
de N et des grandeurs moléculaires.
4o. Charge des ions dans les gaz. Équation de H. -A. Wilson
— On conçoit ({ue, si un ion présent daus un gaz est amené par
l'agitation moléculaire au \oisinage d'une poussière, il sera attiré
par intluence vers le milieu de pouvoir diélectrique le plus élevé
et par suite se collera sur cette poussière, en la chargeanl. L'ar-
rivée d'un second ion du même signe, gênée par la répulsion due
à cette charge, sera d'autant moins probable (jue la poussière sera
plus petite ('). L'arrivée d'un ion du signe opposé sera, au con-
traire* facilitée. L ne partie des poussières resteront donc ou rede-
viendront neutres, et un régime permanent se réalisera si la
radiation ionisante continue à agir. C'est, en eiïet, ce qui a été
constaté sur dix erses fumées, d'abord neutres, quand on ionise le
gaz qui les contient [de Broglie i (- ).
Ln autre cas Intéressant, en fait le premier signalé, est celui
d'un gaz ionisé, débarrassé de |joussières, mais saturé de vapeur
d'eau. Les expériences de C. -T. -R. Wilson, (^1897) prouvent qu<;
ces ions servent de centres de condensation aux gouttelettes du
nuage qui se forme quand on refroidit le gaz par une détente
adiabatique suftisante.
Enfin un gaz peut se charger de gouttelettes électrisées par
simple barbotage (impliquant le déchirement de p(dli(uiles liquides)
au travers d'un licpiide. A cette cause se rattache |)rol)ableiiient la
formation de nuages électrisés dans les gaz pr(''j)an''S par éleclro-
lyse, formation signalée par Townsend.
Dans l'un quelconque de ces cas, si 1 «m peut mesurer la charge
prise par la goutte ou la poussière chargée, on aura la charge
(') De façon plus précise, il arrive rarement que lagitalion moléculaire donne
à un ion une vitesse assez grande pour qu'il puisse atteindre la région on l'at-
traction diélectrique de cette poussière l'emporte sur la répulsion. I-a théorie
des images électriques permet un calcul précis.
(^) Comptes rendus, 1907 à i<i"9-
532 LA TIIEOlîli; 1)1 RAVO.NNEMEM ET LES (JLAMA.
élémentaire. On doit à 1 ownsend et à J.-J. Thomson les premières
déterminations de cette charge ('). Townsend a opéré sur les
nuages qu'entraînent les gaz de l'éleclrolyse, et .l.-J. Thomson,
sur les nuages formés dans la condensation jiar détente d'air
luimide ionisé. Ils déterminaient la charge ¥. jirésente sous forme
d^ions dans le nuage (-tiKlié. le poids P de ce nuage et enfin sa
vitesse t' de chute. Cette dernière mesure donnait le rayon des
gouttes (en applifjuant la loi de Stokes), donc le poids /» de cha-
cune. Divisant P par />. on avait le nombre /^ des gouttes, donc
le nombre fi dions. JMilin le quotient de E par /* donnait la
charge e. Les nombres obtenus dans les expériences de Townsend,
manifestement peu précises, ont varié entre i . io~'" et i>. io~'*> ;
ceux de .T. -.T. Thomson ont varié entre 6,8.10"'" (ions négatifs
émis j)ar le zinc éclair»- |)ar la lumière ultraviolette) et 3,'î.io~'^
(ions produits dans un gaz par les rayons X ou les rayons du
radium ). (les nombres étaient bien de l'ordre de grandeur voulu,
et, bien que la concordance fiît encore assez grossière, elle a eu
alors beaucoup d'importance.
La méthode ainsi employée comportait de grandes incertitudes.
Il était supposé, en jiarticulier. que chaque ion est fixé sur une
goutte et que chaque goutte n'en porte qu'un.
Toujours au laboratoire de .l.-J. Thomson, Harold A. Wilson
amélioia beaucoup la méthode en faisant agir sur le nuage chargé,
j>endant sa chute, un cliam]) «'lectrifiMe o})posé à la ])esanleur (-)•
Soient f et c' les vitesses de chute dune gouttelette de charge e'
et de poids m^'-, avant et après l'application de ce champ H. Sous
la seule hypothèse que ces vitesses constantes sont proportion-
nelles aux forces motrices, on aura (^équation de H.-\. Wilson").
incmc si la loi fie Sfo/:rs est inexacte.
W c' — 111 ir (•'
c'est-à-dire
Si de {)lus on j>eul appliquer la loi de Stokes i coinmc lavaient
C) Townsend, /'/i/V. Mng.. 1. \LV. iS,,S, p. 12.'). - J.-J. Thomson, Pldl.
Mai,'., t. XLVr, 189S, p. 5''S ; t. \LVIII, 1809. p. .')',7 cl t. V, if,o3. p. :;',6.
(') P/iil. Mcif^.. t. V, if|0.;, p. ^ .(,.
i.r;s i'iu;i \ i;- di; i,a kkalitk moi.éci laiiu;. -23 >
liiit lowiiscnd cl .l.-.l. I lidinsoii ). m sera obleim |»iir I ((jualnui
l'ii sorte (|u on pourra calculer la cliai-i;e e' .
L'expérience nioiilra (|uc. >(iii- I iniluence ilii eliam|t. le nuage
chargé obtenu par détente dans de 1 air (fortement ionisé), se
sul)di\ise en 2 ou même 3 nuages de vitesses dill'érentes. L'appli-
cation des équations précédentes au mouvement de ces nuages
( considérés comme formés de gouttelettes identi([ues) donna pour
les charges e' des valeurs grossièrement proportionnelles à 1. ■>.
et 3. Ceci prouvait l'existence de gouttes polyvalentes, au moins
dans le cas de forte ionisation. La valeur trouvée pour la charge c
relative au nuage le moins chargé, oscilla entre y.-.io"'" et
1,4.10"'*'. la \aleur moyenne étant de .).i.io~'".
L'imprécision était donc encore grande. l)e nouvelles expé-
riences furent faites suivant le même dis[)Osilif par Przil)ram
\ gouttelettes rV alcool { Phys. Ztschr., if^oj)]. cjui trouva
.'),8.io~'" ; par Millikan et Begeman (/^Ay^.. Reiieiv. i(>o8), qui
trouvèrent 4,6. 1 o"'» ; par Tabor Lattey [nuage électrisé entraîné
par de l'oxygène d'électrolyse {Phil. Mag., 1909)], qui trouva
^,;j.io~"': enfin de nouveau |)ar Begeman {Phys. Re^iew. 1910 ),
qui trouva \.-.\o~^^. On \o\\ ((ue ces nombres ont été sans cesse
en croissant. Mais il est inutile de les discuter longuement, la pré-
cision possible étant devenue beaucoup plus grande par létude
individuelle des particules chargées.
if). Constatation directe de la structure atomique de 1 électri-
cité. Expériences de Millikan. — Le raisonnemenl de llarold
A. Wilson se rapporte à une |iarticule unique. Or, dans les exp»'--
liences qui |)récèdent, on rap|)lique à un nuage, admettant en
particulier que les gouttelettes v sont identiques, ce (pii est cer-
tainement inexact. On se débarrasserait de toute incertitude de
ce genre en se plaçant précisément dans le cas théoriquement
traité, c'est-à-dire en observant un sphérule unique, infiniment
•'•loigné de tout autre sphérule ou de toute paroi.
Cette observation individuelle des grains chargés, avec a|)pli-
cation tout à fait correcte de la uH-lhode imaginé-e par FL-\. ^^ il-
234 l-V THliORlE DL RAYONNEMENT LT l.KS ul ANTA.
son, a été réalisée indépendaminenl par Millikan (') el par
Ehrenhaft (-).
Elirenhaft, opérant sur des poussières (obtenues par étincelle
entre métaux), s'est cru forcé, à sa grande surprise, de ne laisser
à l'électron qu'une signification stalisti(pie. 11 trouve, en eft'et,
toutes les charges possibles de|niis i.io"'"', sans que même cette
valeur paraisse définir une limite (' )•
Mais une grande incertitude porte sur la sUiicture des pous-
sières quEhrenliaft assimile sans preuse suffisante à des sphères
pleines et homogènes. Je pense cjue ce sont plutôt des éponges à
structure infiniment déchiquetée, de densité moyenne très faible,
frottant bien plus que des sphères contre le gaz, et pour lesquelles
l'application de la loi de Stokes peut conduire à des erreurs
énormes. Jen ai tiré la preuve ( ' ) de ce fait, signalé ])ar Ehrenhaft
lui-même, que beaucoup de ces poussières, pourtant idtramicros-
copiques, nont pas de mouvement brownien appréciable. Poui-
des sphères pleines, ce fait, auquel on n'a pas pris garde, serait
au moins aussi surprenant que la subdivision de l'électron. On ne
peut admettre volontiers deux anomalies de cette importance,
quand une objection immédiate les fait disparaîti'e en même
temps. Et, en effet, les récentes expériences de A\eiss (Prag)
plus haut signalées (n" -i2) enlèvent toute valeur à l'interprétation
de Ehrenhaft ( '). Des poussières qui, il'après le calcul de ce phy-
sicien, porteraient des charges comprises entre i . lo "* et 2. lo"^'*',
avaient des déplacements qui, par application de la formule de
Townsend (tout à fait sure, nous l'avons vu), conduisent en réalité
à des valeurs de Ne voisines de 129. lo'-', donc loiU à fait nor-
males. Ces poussières portaient donc des charges Noisines tic
4,5.10-'".
Milikan, avant opéré sur des gouttelettes sûrement massives
(obtenues jiar j^ulvérisation d'un liquide», a fait des ex|)ériences
(') Phys. liev.i décembre 11)09 ^^ PInl. Mai;., l. \IX, 1910, p. 209.
(-) Wiener Akad . Berichte, 1909 et 1910.
(•*) Przibram, en opérant sur diverses fumées, par la même mélliode. a indé-
pendamment trouvé des résultats semblables, sans se rallier pourtant à l'expli-
cation de Ehrenliaft.
(') Congrès de liadiologie de IJnixelles, 1910.
(^) Ces expériences m'ont été sii;nalées par M. Kinstein.
I.ES PHLTNKS Di: |. A HKAMIli MOLKCL I.Al riK. ï)'»
(|ul sont à laLi'i de rohjecUon piN-cédeiite. Ces goullclctles sont
amenées par un courant dair au voisinage (11111 Intu d aiguille
|)ercé dans l'armature supérieure d'un condensateur plan hori-
zontal. Quelques-unes passent par ce trou, et, une fois enti-e les
armatures, se trouvent illuminées latéralement et peuvent être
sui\ies au moyen d'un viseur (comme dans le dispositif de M. de
iîrogiie), où elles apparaissent comme des étoiles brillantes sur un
fond noir. Le champ électrique, de l'ordre de j^ooo \ohs j)ai'
centimètre, agissait en sens inverse de la [pesanteur, el générale-
ment l'emportait sur celle-ci. On peut dès lors facilement balancer,
pendant /plusieurs heures, une même gouttelette sans la |)erdre
de vue, la faisant remonter sous l'action du champ, la laissant
redescendre en su|)primant ce champ, et ainsi de suite (').
Comme la gouttelette, faite d'un cor|)s non volalil, reste iden-
tique à elle-même, sa vitesse de chute reprend toujours la même
valeur constante r. De même, le mouvement d'ascension se fait
avec une vitesse constante c'. Mais au cours d obser\ations pro-
longées, il arrive toujours <|ue, à un certain instant, cette vitesse
d'ascension saute brusquement, de foeon fliseo/i/i/iue. de la
valeur v' à une autre \aleur v'^. plus grande ou ])lus petite. La
charge de la gouttelette a donc [)assé, de façon diseonlinue, de
la valeur e' à une autre valeur e\. Cette \ariation discontinue
devient plus fréquente si l'on soumet à une radiation ionisante le
gaz où se meut la gouttelette. 11 est donc naturel d'atlriliuer le
changement de charge au fait qu'un ion, voisin de la poussière,
se trouve capturé par attraction diélectrique, de la façon que nous
avons expliquée plus haut.
Ces belles observations de .Millikan ont une im[)orlance capitale,
parce quelles ont donné, de façon tout à fait rigoureuse et directe,
la démonstration de la structure atomique admise pour l'électri-
cité. Ecrivons, en eil'et, Téquation de liarohl A. \\ ilson avant et
après le changement discontinu, et divisons membre; à membre les
deux équations ainsi (-crites, nous aurons, comme rapport des
deux charges e' et e', ,
( ' ) Pour tous détails relatifs aux travaux de Millikan, \ oir l'Iirs. Rev . , l. XWII.
191 1, p. 349-397.
■.>3G i.A tiikorip: ni uavonnkmknt kt i.f.s ql \m.\.
ou l)ien
en sorbe que les charges successives de la goutte seront des mul-
tiples entiers d'une même charge élémentaire e, si les valeurs
successivement prises par les sommes (c + *''), (c + v^, ), elc,
sont proportionnelles à des nombres entiers, les sautes se faisant
g('néralement par i unité seulement, correspondant à l'arrivée de
1 charge élémentaire (l'arrivée dun ion polyvalent pouvant cepen-
dant se produire quelquefois).
C'est bien ce qu'on peut vérifier sur les nombres donnés par
Millikan ( ' ). Par exemple, pour une certaine goutte d'huile, les
\aleurs successives de (v-\-v') ont été enlre elles comme les
nombres
2.00; 4;Oi: l.oi; ^jOo: i,o<i; 1.99; ""-,9^; 1.00:
(;'est-à-dire. à moins de 1 pour 100 près, comme les nombres
entiers
Pour une autre goutte, les charges successivement indiquées par
les vitesses sont de même, enlre elles, couiiue les entiers
j , 6 , 7 , 8 , ~ , (') , j , 4 ) >: 6 , >, 4 • ' ' ' * • -i
avec des écarts de l'ordre du trois-centième, c'est-à-dire avec loule
la précision que comporte la mesure des vitesses.
(jomme le fait justement observer Alillikan. cette précision est
comparable à celle dont se contentent le plus souvent les chimistes
dans la vérification de l'application des lois de discontinuité (|ui
résultent de la slructui^e atomi([ue de la matière.
Les exemples numériques qu'on vient de donner montrent
qu'on saura bien vite reconnaître à quels moments une gouttelette
donnée porte une seule charge élémentaire. Si alors on mesure
(') En réalité Millilvan présente ses résultats de façon dilTércnte. et donne
de suite les valeurs absolues des charges obtenues en combinant la loi de Slokes
avec l'équation de 11. -A. ^^'ilson. Je pense <|u'il vaut mieux mettre d'abord en évi-
dence ce qui serait inattacjuabic. (|uand même la lui de Stokes serait grossière-
ment fausse.
I,ES l'RKLVKS l)K LA RKAI.ITK MOLKCULAIRE. 287
(coniino de Br<)i;lio ou W'eiss'i riiclixiU' — de son mouvemcnl
hrownien, on pourra lirer le produit iS e de léqnalion de Town-
send (i2), écrite sous la foime
C'est ce (pi a tail llctcher (') au lahoraloire de Millikan :
I joo déterminations, réparties sur () gouttes, lui ont donné pour
ce produit la valeur
■'.8,8.io'3
qui concorde à un deux-centième près avec la \aleur donnée par
l'électrolyse.
Bref, les expériences de Millikan démontrent de façon décisi\e
l'existence de Tatome d'électricité, égal à la charge que porte un
atome d'hvdrogène dans 1 éleclroljse.
47. Valeur de la charge élémentaire. Discussion. — Alais ces
belles expériences ne me paraissent pas encore donner de façon
tout à fait sûre la vaieuf de cette charge élémentaire qu'elles ont
rendue manifeste. Pour obtenir cette valeur, il faut bien, en etïel,
adjoindre une seconde «'quation à r<'(piation de fïarold \. ^^ iUon
r\ jiisquà présent on na rien trouvt' de mieux (pie d a|)pli(piei' la
loi lie Slokes
/ng^ = C}-a Zi'
en s'ellorçant, à vrai dire, de la corriger convenablement, mai■^
sans peut-être y avoir complètement réussi.
Il n'est pas douteux, en ellet, (pie le produit de Cy-tt'l'i- ne [x-iil
exprimer exactement la force de frottement appliquée, jxuir la
vitesse ç. à un sphérule microscojiique en mouvement dans un
gaz. Cette expression ('-tait valable |)our les liipiides (16). mais
dans ce cas le ravon a du sphérule ('lail lie-; grand par rapport au
libre parcours moven L des molécules du lliiide. laiidi- (pu' (lan'>
i'j P/ns. /.Vi-., 1. \\\1II, M,.i, [>• ^^11'...
238 i.A riiKoniK m; ravo.nxkmknt et les (jianta.
les gaz. il devient du inèiiie ordre de grandeur. Le frolleinent s'en
trouve diminué, ce que Ton comprend bien en songeant que si L
de^enai^ très grand, c est-à-dire s il n'\ avait plus de gaz, il n'y
aurait plus de frottement du tout. Lue théorie quantitative, déve-
loppée par Cunningham ( ' ), conduit alors à prendre comme valeur
de la force de frottement, non plus (i-a^c. mais
ÙTzalv / I -H I ,6j —
y étant le rapport du nombre des chocs de molécules suivis de
réflexion régulière (chocs élastiques) au nombre total des chocs
subis par le s|)li(''rule.
Alillikan s'est borné à admettre que la force de frottement
(levait être de la forme
6-aZi- I
^)
hjpo.thèse en accord avec de récentes expériences de Knudsen (^).
Il a cherché alors à déterminer A par la condition que ses résul-
tats puissent être représentés par une telle formule. La valeur
ainsi trouvée pour A concorde |)resque exactement (du moins
dans le cas de sphérules d'huile i avec la valeur 0.81 prévue par
la théorie de Cunningham dans le cas de y nul (sphérule parfai-
tement rugueux en ce qui concerne les chocs moléculaii'es).
Les valeurs de e.\o^° alors données par les différentes gouttes
oscillent irrégulièrement entre 4-^^^ et 4:92 pour des rayons a
compris entre iH- et 5i^-. Millikan conclut pour e à la valeur
movenne 4i9-io~"', c esl-à-dire j)our X à la valeur
59.1022,
la précision n étant liniilc'e. suivant lui. que pai- notre connais-
sance sur la viscosité de 1 air. en sorte que Icrieur possible ne
serait probablement pas de i pour 100.
C) Proc. lioy. Soc, t. LWMII. k,io. [,. Aj- .
(-) Knudseii a mesuré l'amortissement d'un pendule de torsion dont le llcau se
termine par deux splières de l'ordre du centimètre, dans un gaz si raréfié que L
est aussi de l'ordre du centimètre. Il a ainsi trouvé pour A l'expression
( - 1 85 -\
\o.68 -h 0.35e ^J.
LES PREUVES DE LV RÉAMIK MOLKCL I.AIRE. 289
Celle conclusion, qui iiii|)o>er;iil à N une valeur inférieure
d'environ li pour loo à celle que jai tirée de l'observation du
mouvement brownien, ne me parait pas à l'abri de toute objection.
D'abord, corrigée ou non, la loi de Stokes a été établie pour
une splif'-re solide, et a priori \\ n'est pas sûr qu'on puisse l'appli-
quer sans retouclie à une goutte liquide. Considérons celte goulle
(piand, par exemple, elle descend : le frottement de bas en baut
qu'elle subit fait certainement remonter les couches périphériques,
qui redescendent par l'intérieur, dessinant grossièrement des tores.
La goutte est donc le siège d'une circulation incessante, les par-
ticules axiales descendant plus vile et les particules é(|iialoriales
moins vite que le centre de gravité, ce qui doit faire intervenir la
viscosité du liquide. Mais je dois dire que M. Hadamard, à qui
j'avais signalé cette difficulté, a repris la théorie de Stokes et
montré que l'écart restait faible pour un liquide cpii tombe dans
un gaz [Comptes rendus. 191 i).
Ensuite, et surtout, je doute qu'on puisse enlrainer la convic-
tion tant qu'on enq^loiera un seul moven < loi de Stokes corrigée
de façon encore discutable) pour déterminer des masses aussi
petites (' ).
De nouvelles expériences semblent doue nécessaires. Lu tra-
vailleur de mon laboratoire, AI. Roux, a bien voulu les entre-
prendre. Il a repris le dispositif de Millikan, mais avec des gouttes
obtenues par pulvérisation de soufre liquide. Ces gouttes ne cris-
tallisent pas en général et. restant sphériques, sont cependant
pratiquement solides à la température ordinaire; examinées au
microscope, elles ressemblent à des billes de verre jaune. Les
observations sont faciles, et Ion peut, comme dans les expériences
de Millikan, suivre plusieurs heures au microscope une même
sphère, qui descend sous rnrtion de la pesanteur, remonte sous
l'action du champ électrif|nc cl. parfois, sous l'œil de I oltserva-
teur. gagne ou perd brusquement un ('lectron.
Reste à corriger la loi de Stokes. M. Roux a d abord admis la
formule de Cunningham. Ses déterminations (-) (à vrai dire encore
(') Je rap[)elle que le rayon des spliéinles éliulics dans l'eau a été déleruiinc
de trois ou quatre manières.
('-) Comptes rendus, t. CLII, 1911, p. 1168.
2.|0 LA TIIKOBIK DU HAVUWK.MEM ET LES QUANTA.
peu noMibreuses) lui donnaient alors pour e-io"'** la \aleur 4- '7
ou la valeur 4- U selon (juil atlnbiiait an coefficient / la valeui- i
ou la valeur o. Cela donnait |)oiii' X environ
(17 , '). 10--,
soit à peu de chose près le noinlire que ni a donné le mouvement
l)ro\\nien. Ces mesures sont actuellement continuées, et M. Roux
s eftorce maintenant d oljtenir la masse du grain en obser\alion
par un procédé direct rpii est, j espère, à l'abri de toute critique,
consistant à laisser tomber dans un liquide (où la loi de Stokes
est applicable, ce qui permet la mesure certaine du rayon) le même
grain dont on a observé la vitesse de chute dans l'air. Les premiers
résultats, en accord avec ceux (pi a donnés le mouvement brow-
nien, imposeraient à / la valeur 1 , donc à X la valeur ôfj.io--.
Pro\ isoirement, prenant la movenne entre ce résultat et ceux de
Millikan. j'admettrai (pie la iiK'tlKtde donne ()'j.io--.
VIII. - GENÈSE ET DESTRUCTION D'ATOMES.
i<S. Dénombrement des atomes d'hélium qui apparaissent dans
une transmutation donnée. — Les admirables travaux de Iluther-
ford ont prouvé que certains au moins des atomes dont nous
savons à pn'-sent mesurer les masses, ne sont ])as éternels, mais
disparaissent de façon exj)losi\e en donnant de nouveaux atonies.
(■Iia([iie atome ainsi apparu conservant au reste des propriétés
immuables jusqu au moment où il explose à son tour en atonies
plus légers.
Piulhertord a prouvé, en j)ai'ticiilier. <pie les ra\oiis a émis par
les substances radioactives sont formés d'hélium chargé positive-
ment, et lancé avec une vitesse énorme. La monatomicité *\i'
I hélium force à croire (pie les masses d'hélium ainsi projetées
sont des atomes. Or on >ail. depuis (Irookes. que la phosphores-
cence excitée par les ravons a sur h'-^ substances tpii les arrêtent
se résout à la loupe en scintiUiiliiuis. j)oiiits lumineux qui appa-
raissent et disparaissent aussitôt après aux divers points de l'écran
soumis aux rayons, et Crookes a supposé que chaque scintillation
marquait le point d*arriv('c de l'un de ces atomes d'hélium qui
i.ES i'iu;ivi:s ni-; la rkalitk: molécilaire. 241
lieurteiit lécrau avec une vitesse de plusieurs milliers de kilonirlres
|»ar seconde.
Ptegeiier a inonlré le prcinici' (|n il v avait là un iiioven de déter-
iniuer les diverses grandeuts moléculaires ( ' ). Il complait les
sciiitillalions produites par une préparation donnée de polonium
dans un angle donné, et en déduisait le nombre total de projec-
ides a émis en une seconde par cette préparation (en fait 18001.
Il mesurait ensuite le courant de saturation (0.1 36 unité électro-
staticpie ) du aux ions produits dans 1 air p;ir les ravons a de la
même préparation. Comme Ilutherford avait, daulre pari. élaMi
<pie le courant de saturation dû aux ravons a du polonium vaut
()4ooo fois la charge positive portée par ces lavons. cela donnait
— ; pour la change de cluuiue projectile, soit en\ iron 8. 1 o~'".
L'atome dhclium [ii(i|el('' jiorle donc 2 fois la charge élémentaire,
et du même coup on a par là un nouveau moAcn d ohtenir cette
charge, pour laquelle Kegener trous ait ainsi la valeur 4-io ""*, en
bon accord avec les autres déterminations.
Malgré cette concordance, on pou\ail encon^ hésiter à admettre
(pie les scintillations fussent en nombre juste égal à celui des
projectiles émis. Pvutherford et Geiger ont étendu et coin[)lété le
beau ti^avail de Regener en trouvant un second moven. extraor-
dinairemenl ingénieux, pour compter ces projectiles ( -).
Dans leur dispositif, les rayons a provenant d "une couche mince
radioacti\e de surface donnée (radium G), et filtrés par un dia-
phragme de mica (également assez mince pour ([uils le traversent
tous), passent dans y\n gaz à faihle pression entre deux armatures
à potentiels ditlérenls, dont lune est reliée à un élcctromètre sen-
sible. Gha(|ue projectile |)roduit dans le gaz une traînée dions (pu
^e meuvent suivant leur signe vers lune ou laiilre de ces élec-
trodes. Si la jiression est assez hasse ou la dillcrence de |)otentiel
assez grande, chacun de ces ions peut acquérir entre deux cimes
moléculaires une vitesse assez grande pour briser le> molécules
qu'il rencontii' en ions (pii deviennent à leur tour ionisants (•').
(') IIegeneu, ]'er/i . d . dcutscli. pins. Ges., t. X. 190S. p. 78.
(■-) Proc. Ro^ . Soc, l. lAWI, l9o^^. p. \'\i et iG-: Radium, l. \, i[)f>S!,
I ') Pliénonu'ne de Townsend : Phil. Mai:;., t. \"l. if)')3, p. J9S.
L. ET Di- K. lO
2|2 I.A TlIlioitlE DU RAVONXRMKNT KT LK:S (Jl ANTA.
ce qui imilliplie l'acileiaenl par looo la décharge ([iii serait due
aux seuls ions directement formés sur le passade du projectile, et
la rend assez forte pour être décelée par une flé\iation notable de
raiguille électrométrique. Dans ces conditions, en éloignant suffi-
samment la source radioactive et en limitant |)ar une petite ouver-
ture le rayonnement a qu'elle peut envoyer entre les deux arma-
tures, on arrive facilement à voir l'action sur l'électromètre se
lésoudrc en iiii|nilsions complètement distinctes^ irrégulièrement
• listribuées dans le temps (par exemple de 2 à 5 par minute), ce
qui prouve de façon évidente la structure granulaire du ravon-
nement.
La numération se fait avec une précision plutôt meilleure que
celle des scintillations. Les nombres obtenus parles deux métliodcs
sont égaux, dans la limite des erreurs d'expérience. Rapportant
ces nombres au f;ramme de radium, Piutberford trouve (pie 1^
de radium en état de régime constant (a\ec ses produits de désin-
tégration) émet par seconde i3. fi. 10'" atomes dbélium, ce qui
lait pour le radium seul 3,4- 10'" projectiles.
Cette numération des projectiles a jiermet, au moins de (piatrc
manières, datleindre aux grandeurs moléculaires.
i9. Charge d'un projectile a. — Les projectiles a sont positifs.
Si donc on reçoit dans un cylindre de Faraday (') les |)rojectilcs
en noudjre n (désoriiiais connu) qui émanent d'une couche mince
radioactive (les projectiles négatifs fi facilement déviables par
laimant étant écartés par un champ magnétique intense), et si
l'on mesure la charge positive (} entrée dans le cvlindre. le quo-
tient — donnera la charge moyenne du projectile.
L'expérience faite par Rutherford et Geiger sur I échantillon
même qui avait servi aux numérations (ce (pii dispense de tout
étalonnage) donna une charge 9, 3. i o~"*, correspondant à deux
électrons, la charge éléjnenlaire étant alors 'î,()5. 1 o"'". ce qui
fait pour la constante d'Avogadro
1)7 . 1 O--,
(') Comme j'ai f;iit JHilis dans l'expérience qui a lixc la nature ilos lavons ca-
lliodiques {Comptes rendus^ dcceaibre if^95).
LES PUEUVES DE LA BKALIIK MOLÉCLLAIRE. 2.') 3
IV'ri-eiir iiiaxiiniini ne poiiNaiil proljableineut pas alteindic
I o pour I «»<).
Plus rc'reiTimenl ( I 90()), RegeiK r a repris ses mesures en per-
fertionnanl la numération des scintillarions, qu'il a observées avec
un bon mieroscope sur xine lame bien liomogène de diamant, il
mesurait, au cylindre de Faraday, la charge positive rayonnée
par la préparation active (polonium), et faisait le (piotient de celte
charge par le nombre de |)rojectdes émis. Mais sa mesure de la
charge me parait incertaine.
Je ferai observer, en ellet, que dans cette méthode on admet
implicite ment que toute bt charge accusée par le récepteur est
portée par les projectiles a. Or cela n'est pas sur, et voici, en
particulier, une cause d'erreur : l'explosion qui lance dans un sens
un projectile a, lance en sens inverse le i^esle a' de l'atome radio-
actif, qui entraîne probablement aussi avec lui une charge posi-
tive (fait vérifié par !Mako\ver dans le recul du radium A). Ces
rayons a , peu pénétrants, ne pou\aient agir avec le dispositif de
Pvutherford et Geiger, où un mince diaphragme sépare le corps
actif et le récepteur. Mais ils onl (\\\ agir dans le dispositif d<'
Regener (vide extrême et |)as de diaphragme), car toute chance
d'arrêt des rayons a' y semble siq)primée. Le soin apporté par
Regener à la numération des scincillations permet du moins d'al-
fîrmer, à ce qu'il me semble, que la charge de l'électron doit être in-
férieure à la valeur l\^'ïS.\o~^^ (c'est- à-dire ^i supérieur à (3o.io--).
que R^egener donne comme exacte à '» |)our i oo jîrès ( ').
o(). Numération des projectiles qui engendrent un volume
connu d'hélium. — Puisque nous saxons maintenant compter les
projectiles a émis en i seconde ])ar une substance radioa(;li\c.
nous savons combien il v a d'atomes dans la masse d'hélium
engendrée pendant le même tem|)s. Si nous pouvons déterminer-
cette masse, nous aurons de façon dirccle la masse de laloiiic
d'hélium, et par suite les autres giandeurs moléculaires.
Or, la masse (riiéliuui dégagé peut se mesurer', en mesurant le
(') Si les projectiles a' du ()oloniiiin porlciiL en 11103'cmie une cliarge positive,
et si I.) pour loi) de ces projectiles l'ntieiU diins le cylindre de Faraduy (le resic
pouvant èti-e arrêté dans le dépôt radinaclif liii-mèine) la valeur de liegcncr
s'abaisse à 4. io~".
•i4 i 1'^ THÉORIE DU n.\Y().\Mi.\Ii:M KT LES QIAMA.
volume qu'elle oecupe à une température et une pression fixées.
Le difficile est de recueillir tout lliélium et de ne pas y laisser
dauti'cs gaz.
Les premières mesures soignées, faites par Sir J. Dewar ('j,
conduisent (après comparaison de son échantillon de radium avec
celui sur lequel Rutherford a fait ses numérations de projectiles)
à admettre un dégagement de i(34'"'"' par an pour un i^ de radium
en équilibre radioactif, ce qui ferait N.io~-- égal à 60.
Bolt\^ood et Rutherford ( - I ont repris ces mesures tout récem-
ment, sur un échantillon contenant 0^.2 de radium auquel on
laissa dégager à deux reprises. |iendant plusieurs mois, quelque>
millimètres cubes dhélium. Ces deux déterminations indiquent.
pour le volume annuel dégagé par gramme, 1 5 /i"'"^ et 1 58""" .
c'est-à-dire, pour A. 10--, les \aleurs ()2,4 et 64-
Enfin M""' Curie vient de faire connaître les |)remiers résultal>
d une détermination particulièrement directe qu'elle vient d effec-
tuer sur l'hélium dégagé j)ar le polonium (■').
Ce choix est avantageux, d'abord parce que les plu-nomènes
sont moins complexes, le polonium élaut le terine de sa série
radioactive (en sorte qu'une seule transmutation intervient), et
surtout parce que, vu l'absence d'émanation gazeuse dans Tespace
qui surmonte la matière radioactive (espace où les ravons a ne
sont guère arrêtés que par les parois), le nombre des jirojetiles a
qui entrent dans le verre est négligeable: on évite donc la diffi-
culté (et l'incertitude) de faire sortir l'hélium occlus dans cette
paroi de verre.
La numération des projectiles a été faite, comme dans la célèbre
M-v'ie de Rutherford et Geiger, et d'après les scintillations, cl
d'après les impulsions électrométriques individuellement causées
par ces projectiles. Mais la numération à réleclroinètre a été faite
par un enregistrement phot(»graphH[iie extraordiuairemenl soigné,
où les impulsions sont largemenl espacées ( i par minute euMion).
et dont la discussion ne paraît conqiorter aucune incertitude.
l*^n\iron .')Oo<> impulsions ont été comjitées dans une |)remière
(') Trans. Bu)-. Soc. l. I.WMII. ujoS, p. 280 et LXWV. içno, ji. '|io.
('-) ALad . d. Wiss. ]\'ien ^ mars njii.
(') Apivs avoir antérieurement établi ( Coni/'tes re/idus, u)io) qu'en ciïct les
rayons a <Iu polnnium sonl i)icn de l'hélium, comme ceux du radium.
LIÎS PUKUVKS DK LA UKAI.HK MOI.KCL I. AllŒ. >-) )
série crexpériences. La mesure du volume d'hélium (o"""', 58), après
absorption de tout gaz étranger, a été faite par M. Debierne.
Cette première série donne pour la constaiite d'Avogadro
\ = 63. lo"--
susceptible d être un |)eii changée quand on aura compté |)lus
tTimpulsions el laissé dégager un plus granil voluuie d hélium.
51. Numération des atonies de radium qui forment une fraction
connue d'atome-gramme. — Le nombre des projectiles émis donne
probablement aussi bien le nombre des atomes générateurs dis-
parus que celui des atomes d hélium apparus. Si donc on a un
moyen de savoir quelle fraction datome-gramme du corps géné-
rateur a disparu, on aura immédiatement la niasse de ralome de
ce corps, donc les autres grandeurs moléculaires.
(3n a tous les éléments du calcul dans le cas du radium, pour
lequel nous connaissons ratome-gramme L'af)^,,') (M""' Ciirie) et
le débit 3,4 .lo'" en |)rojectiles a par gramme (Rutherlord). Cet
atome-gramme émet donc par seconde a?/), 5 . 3, 4 • ' o'" projec-
llies a. ^«ous savons, d'autre part, d'après Boltwood ( ' ). (pic la
période du radium est environ :i0oo ans, en sorte (pie la fraction
d'atome-gramme disparu par seconde doit être :\ . i , 09. i o~' ' , et
cela donne ?S par l'équation
7,26 , 5 . j , 4 - 1 0 ' " = N . 1 . ()() . 10",
d où résulte, dans 1 état actuel des mesures,
\ = ^r . lo--.
o^. Énergie cinétique d'un projectile a. — Si enfin (»n peut
mesurer l'énergie cinéti([ne et la vitesse des projectiles a qu on
sait dénombrer, on aura, encore d une façon nouvelle, la jnasse
de l'atome d'hélium et les grandeurs moléculaires. Or. on a ces
données, du moins de façon approximative. L'énergie cinétique,
à quelques centièmes près (relatifs aux rayons pénétrants ^ el *'),
se confond avec la chaleur sans cesse dégagée par le radium
(Curie). Soient //,. ;/o, i(,t. it ■, les vitesses initiales ( (h'tenninées
(') Boltwood, Amer. Joiirn. Se, looS.
■l\{\ LA THÉOUIK Dt HAVONXKMEM ET LES QUANTA.
par Rullierford à partir des déviations électrostatiques et éiier-
i;étiques) pour les 4 séries de projectiles a émis par le radium en
équilibre radioactif. On aura sensiblement, puisque le radium
dégage 118'^''^ par gramme et par heure, et que la masse de 1^'
d hélium est :^>
- ^ .,4. .o>« [n, -^ ul - «5 - «U = J^,
d'où résulterait pour \ la valeur 62 (approximative).
IX. — GRANDEURS MOLÉCULAIRES ET SPECTRE DU CORPS NOIR.
Pour établir la structure granulaire de la matière, nous avons
jusquïci observé cette matière même. Grâce à lintuilion péné-
trante de M. Planck, nous j)Ouvons aussi maintenant déterminer
b'S éléments moléculaires, sans faire directement intervenir la
matière, en étudiant la répartition de l'énergie dans le spectre
d un rayonnement isotherme.
53. On sait en eflet que, en appliquant à Ihvpothèse des quanta
les principes de la tiiermodynami(fue statistique, Planck obtient,
|)Our ex|)rimer la part d'énergie »L'(â,T) .'/"a (pii, dans chaque centi-
mètre cube de radiation en équilibre, correspond à la bande
(^)., A + f/).), l'équation suivante, expérimentalement vérifiée:
C ( A, T > (I'l = :r^ —--. d'h.
tpi'on peut écrire, remplaçant les constantes iinixersellcs Cet C
par les formes S-ch et c- sous lesquelles elles s'introduisent dans
le calcul de Planck,
o(A,T,=-^^ ^- ,
1(11 (■ désigne la vitesse de la lumière. /• la constante uni\er-
selle T^7 et h une nouvelle conslanle universelle (dont le produit
LES PREUVES DE LA REALU É JKlLÉCLLAlUK. 247
par la fréquence représenle, pour cette fréquence, l'élément indi-
\ isiblo (le l'éneryie émise ou absorbée par la matière), i^'étude de
la r(''partition d'énergie dans le spectre, donnant c et r'. per-
mettra donc de calculer la constante N d" Avogadro ( ' ). l'ianck
fait le calcul comuie suit :
Soit A,„ la longueur d onde correspondant au maximum deC, en
>orte que /,,„T est indépendant de la température (Wien). Pour
celte valeur, la (b'rivée de C doit être nulle, ce qui donne, en
, ,. . Il c
appelant x 1 expression - r^>
e^( X — 5 ) -!- 5 = o
rcsulue par .r = i.t)(J"). cesl-à-dire |)Our
Il .\ . ç)C)5 -
/• c
D'autre part, l'énergie totale par centimètre cube, égale a
/ c ( ).,T k//,, est aussi égale à i/T'. d'après la I(»l de Stefan,
• 0
ce ([iii donne, en introduisant la variable j;,
r* 8- f .7-3 dx
ou bien, remplaçant I intégrale par sa valeur .) (calculable)
Cela fait deux équations douuanl h et r. si l'on a /.-;; 1 cl u.
En particulier on trouve par une élimination évidente, et en
h
c —
oltservant que ).,„T est égal à ; — ■— ou -; — — d après (i)
(') Quand ou ne détaille pas le raisonnement, il peut sembler paradoxal que
la structure de la matière intervienne (par l'intermédiaire de -N ) en l'absence de
toute matière, dans l'état d'équilibre de la radiation. Cela tient au fait que l'en-
tropie, dans la therniodynainique statistique, se présente comme proportionnelle
au logarithme de la probabilité d'un étal. Le coeflicient de proportionnalité, qui
doit être indépendant du système, est en particulier le même que pour un gaz.
et par là s'introduit N.
■248 I.A THKORIi: DU RVYÛNNEMKM Kl LICS OLWTA.
A étanl une constante (connue), [^lanck trou\ail ainsi (1901 ) à
partir des données alors les plus sures, une valeur de /• telle cpi<;
N = Gi ,G.io22.
L erreur probable est la somme de Terreur probable sur la cons-
tante Il de la loi de Stefan, eldu triple de Terreur probable surC.
Après les mesures de Kurlbauni contrôlées par Bauer et Moulin (').
Terreur sur u n'atteint probablement pas 2 |)Our 100; je croyais,
d autre part, C fixé à mieux que 1 pour 100 près, et je ne savais
comment expliquer Técart entre la valeur ainsi obtenue pour ]N
et celle que j'avais trouvée.
J'ai eu le ])laisir de trouver Texplication dans le rapport de
M. ^^ ai'burg, où j'ai appris que dans les premières mesures, jugées
à tort très précises, l'erreur sur la température avait pu atteindre
."jo" à I (3oo", et que les mesures actuelles (-) permettent d'attri-
buer à C aussi bien la \aleur i4'>- que la valeur 146, ce qui fait
plus c|ue 8 pour 100 diticerlitude dans la valeur qui en résulte
|)our \.
X. — LA CONVERGENCE DES DÉTERMINATIONS.
54. Vale\ir probable de X. — .lai discuté, en cours de route,
chacune des valeurs obtenues pour N. Peut-être on trouvera que
cette discussion permet de penser que la \aleur exacte ne s écarte
pas beaucoup de la valeur 68,.5.io-- obtenue de façon concor-
dante parla répartition et par Tagitalion des yrains des émulsions.
Je supjiose (pi on pourrait raisonnablement admettre
\ ^ 67.I022
à peu près égale à la moyenne brute des déterminations tpii
peuvent prétendre à de la précision, et qui entraine
e = 4,3.10-'"
la précision pouvant être de 3 pour 100.
(') A vrai dire récemment remises en cause par I-'éry.
(-) tloi-BORN et Valextixeu. Ann. d. Phjs.. t. WII. uyi-, p. 1. — Coblext/..
Pliys. Bev., l. XXXI, igio, p. .H7.
I.ES l'Ria VES 1)K LA IlliAI.ITK MOI.K{ I 1. A I lU.. .l.\[}
oo. Réalité des molécules. — - Parvenus au leruie aciuel de
cette étude, si nous jetons un couj) d o'il sur les divers |)héno-
mènes qui nous ont livré les i;randeurs moléculaires, nous serons
conduits à former le Tableau sui\ant:
r-UKNOVKNES OUSKRVKS.
Viscosité des "az
MouvemeiU ijrownieii
\ (Volume (In li(|iiiilej
/ Equation fie ^ an (1er \\aiil
Répartition des grains . . . .
Agitation de translation. . .
Agitation de rotation
Diiïusion . . .
Répartition irrégulière \ 0|ialescence cr iii<|iii
des molécules / Bleu du ciel. .......
Charge de spliérules (dans un gaz)
[ Charge des projectile» y. .
\ .Masse d'hélium engendre.
Masse du radium dispaiii
Radioactiviti
l'.neririe ra\onnee
Spectre du corps m
Î5)
Cn
()8,3
68,8
<ij
<■".)
75
Go ( ?j
(M
62,5
<3i
71
()0
(il
On est saisi d'admiration devant le miracle de concordances
aussi précises à partii' de jiliénouu'nes si différents. Ou'on retrouxe
la même grandeur, d'abord à l'intérieur île cliacune des méthodes,
en variant autant que possible les conditions de l'expérience, et
que les nombres ainsi définis sans ambiguïté par tant de méthodes
coïncident, cela donne à la réalité moléculaire autant de certitude
(juen peuNcnt a\oir les j)rincipes de la Thermodynamique.
Pourtant, et si fortement que s'impose Texistence des molécules
ou des atomes, nous devons toujours é-lie en ('-tat d ex|)rimer la
réalité visible sans faire appel à des éléments encore invisibles.
Et cela est en efi'et très facile. Il suffit d'éliminer l'invariant N
entre les p équations qui nous ont ser\i à le détei-mlner. pcnir
obtenir (/> — i) relations où ne figurent que des jjropriétés sen-
sibles, et qui expi^iment des connexions |)rofondes entre des phé-
nomènes de prime abord aussi com[)lètement indépendants (pie la
'25o I.A TlllioUli: 1)1 UAVOXMi.MENT ET LES 01 VMA.
viscosité des gaz, le momemenl Inownien, le bleu du ciel, le
spectre du corps noir, ou la radioactivité.
Par exemple, eu éliniiiiaut les élénienls moléculaires entre
Féquation du rajoiinement noir et léquatioa de dilTusion des
granules d'une émulsion, on trouvera
, X-r/i 1
I) étant le coellicieiit de ddlusion de sj^liéitdes de ravdii (/,
dans un lliiide de viscosité ^ et de tem|)érature h. lin sorte qu'on
l^eut contrôler, par des mesures spectrophotométriques. des pointés
relatifs aux émulsions !
Miiis, sous prétexte de rigueur, nous n'aurons pas la nialadresse
de chasser ainsi de nos équations les grandeurs élémentaires qui
lions ont permis de les obtenir. Ce ne serait pas enle\er des
('•cbafaudagcs devenus inutiles à l'édifice terminé, ce serait masquer
les piliers (jui en font lossalure et la beauté.
DISCUSSION DU RAPPORT DE M. PERRIN.
M. Ll:^nK^IA^-\ deniaiiJf 51 M. l'ernii a en\isagé, comme cause
d'erreur possible de ses résultais, la pression de radiation due à
1 éclairage : car, avec des dimensions aussi petites que celles des
particules considérées, la pression de radiation pourrait avoir des
valeurs assez grandes comparativement à la pesanteur.
M. Perri^. — La pression de radiation doit être négligeable :
1" parce que léclairage étant instantané ne peut modifier la ré|)ar-
lition; 2" parce que le résultat ne paraît ])as dé[)endre de 1 intensité
de la lumière.
M. LoREîVTZ. — 11 est curieux ( ' ) de remarquer que lliypo-
tlièse de J.-J. Thomson, relative à la nature des atomes f sphères
d électricité positive), conduit exactement à la même valeur de K.
(pie riiypothèse des sphères parfaitement conductrices.
M. EiNSTEix. — Je \oudrais fau'e remarquer que M. A\ eiss, de
Prague, a pu montrer pourquoi Ehrenhaft a trouvé des valeurs telle-
ment petites poui- r. M. ^^ eiss a déduit la charge des particules
d'argent dans l'air en combinant les mesures de leur mouNcment
Ijrownien et de leur mobilité dans le champ électrique, et a obtenu
pour r des valeurs concordantes avec celles fournies j)ar les autres
inétliodes. Il a montré que, pour ces particules, aucune relation
simple n'existe entre la vitesse de chute sous l'action de la jiesan-
teur et la mobilité, d'où il résidte que ces particules doivent avoir
nue forme très irréirulière. Les résultats de ^L Ehrenhaft sont
donc illusoires, puisqu'on ne peut pas déduire la masse de telles
particules de l'obsei'vation de leur \itesse de chu le.
(') lîapport de M. FcniD.. p. i<).»., note.
232 LA Jlli:OIUl-: DU HAVOXXK.MIi.NT Kl U.S ylANTA.
M. r^ANGEvix. — Le procédé ein|)l(i\é [);n M. \\ eiss pour arriver
à la cliarge des particules est tout à fait voisin de celui de M. Town-
send. qui compare la mobilité au coefficient de diOnsion; l'obser-
\ation du mouvement brownien remplacerait ici la mesure du
coefficient de diffusion aucpiel il est lié et serait applicable lorsque
le coefficient de diffusion scrail extrèniemonl faible ou difficib-
à observer directejnent.
M. Pf.urits. — C'est ce que j'ai dit à M. Einstein il v a uninstani
quand il m'a informé en particulier des mesures si intéressantes
de M. ^^ eiss.
^r. HASKisiiuiiL. — .le tiens à conslaler (pie M. l^zibram ne sesl
jamais joint à lopinion de AI. Ebrenbaft. Il n a jamais conclu que
ses expériences soient incompatibles avec Texistence d'une quan-
tité élémentaire d'électricité.
M""Cui(in:. — La concordance entre les résultats de M. Pu'i;ener
et ceux de AL Rutberford pour la valeur de e jiourrait s"explif[uer
en admettant que le résidu d un atome de polonium, après émis-
sion d'une particule a (atome de plomb? i, est émis sans cliarge.
Si toutes ces particules étaient émises avec la cliarge élémentaire,
le nombre de M. Regener devrait être une fois et demie celui d<'
AL Rutberford, en admettant qu'on a çonq)té comme scintillations
seulement celles qui correspondent aux p;trticules a.
M. Perrin. — Avant qu'on eût étudié la production de ravons a',
j'avais supposé (Congrès de Radiologie, if)io) que cette produc-
tion faussait le résultat de j\L Regener. Depuis, la cliarge posi-
tive a été trouvée, en particulier pour le radium A. .le regarde
comme vraisemblable qu'elle se produit aussi pour le plomb,
qu'on suppose projeté par le polonium, et, plus généralement,
pour tout atome lancé avec une grande vitesse, qui s'ioniserait
lui-même, s'il n'était déjà chargé, au moment de son premier choc
contre une molécule quelcon(|ue.
La charge des projectiles a! étani admise, il n'en résulte pas
nécessairement pour la charge reçue inie (''léxalidn aussi forte que
celle dont parle M"'^ Curie. En effet, tous les projectiles a' ne tia-
versent pas forcément la couche active du polonium (pii peui
DiscissioN 1)1 UAi'iMun i)i: m. pekhin. 253
ne pas avoir une épaisseur eouslanlc; si la matière v est disposée
par j^etits amas irrégiiliers. les projectiles a' formés dans Tinté-
rieiir de ces amas n eu pourront pas sortir faule d un pouvoir
pénétrant suffisant. Léeart des nombres 4-2 à ^1,8 supposerait
(pie lo pour loo seulemcul des projectiles a' formés ont pénétré
dans le cylindre de Faradav.
APPLICATION
THÉORIE DES QUANTA
A I)Ivi;rs
PROBLÈMES PHYSICO-Clll.MinLES:
Par m. \V. NERXST.
A\ant d'entrer dans le sujet particulier de ce Rapport, nous
donnerons une exposition de la théorie des quanta qui, jjieu
fHi'elle repose sur des considérations moins générales que les
démonstrations plus abstraites de Planck et d'Einstein, montre
par là même plus clairement les hypothèses nouvelles et peut ainsi
paraître plus démonstrative au point de \ ue physique.
I. — INTRODUCTION DE L'HYPOTHÈSE DES QUANTA.
(Considérons un corps solide quelconfpie ( substance cristallisée
ou amorphe, c est-à-dire liquide surtondu ) et suj^posons fpie le^
atomes y sont maintenus, par leurs actions mutuelles d'attraction
et de répulsion, à des distances les uns des autres qui. au zéro
aijsolu. sont grandes par rapport à raniplilude des oscillations
([u cUt'Ctuent ces atomes à des températures plus élevées, bien
que notablement inférieures au point île fusion ou de ramollisse-
ment. Pour plus de simplicité, nous limiterons nos consirlérations
au cas d un corps simple dont les atomes sont les particules cons-
tituti\es dn corps solide (élément monoatomique "i ( ' i.
(') 1^11 plupart (les corps simples semblent se comporter ainsi, et, fuit rcmar-
(|iiablc, même le diamant auquel pour d'aulres raisons ou a cru ilevoir attribuer
un poids moléculaire très élevé ; peut-être cette simplicité avec laquelle se coni-
APPI.ICATIOX ])i: I.V TIIKOIUI-: Di:S OlANTA. 9.)')
Qiiaiiil un lel alome est éloigne de sa posiliou (réquilihre, mais
assez \)vu pour icsler suffisamaient distant des atomes Noisins, la
force qui tend à le ramener vei-s cette position d^Mpiilihrc doil
être proportionnelle à l'écart.
Dans ce> conditions, la caj)aeité calorifiqne / C,.dT doit
correspondre à l'énergie d'oscillation des atomes autour de leurs
positions d'équilibre ; cette énergie comprend, outre Tf-nergie
cinéliqne, l'énei-gie polentielie des actions qui tendent à ramener
les atomes vers leurs positions d'écpiilibre. Si, pour simplifier,
nous supposons ici et dans tout ce cjui suit la substance isotrope,
nous pouvons évidemment représenter le mouvement d'un atome
en projetant sa trajectoire sur trois plans per|)endiculaires et
obtenir ainsi, en moyenne, trois cercles (Voscillcttions.
Si p est le rayon d'un de ces cercles parcouiu a\ec la \itesse //
et si m est la masse de l'atome, Tt-galité de la force centrifuge et
de la réaction élastique donne
(0 —:— = Ap,
où -V est le coellicient de projxu'lionnalité de celte réacticjn élas-
ticpie à la dislance p où l'atome se trouve de sa position d'équi-
libre. L'énergie potentielle correspondante est
/ A 0 (h. = —
<|ui est égale. d"a|)rès réfjuation (T). à l'f'nergie cini'lii[ue - •
I^es énergies potentielle et cinétique son! ('-gales.
Supposons notre corps à basse tenqjéralure et en\ ironu('' |)ar un
gaz. 11 est naturel de penser qu à cause des clioo miiiuels. I é(pii-
libre de température entre le corps solide et le gaz correspond à
légalité des énergies cinéti([ues movennes. Le contenu d'f'nergie
cinéticpie du solide sera égal, ])ar alonie-giamme, à -Li. et. jtar
suite de légalité des énergies potentielle et cinéti(pie. la capacité
porte le diamant doit-elle être attribuée au fait que, dans sa molécule, tous les
atomes sont liés de la même manière. Au contraire, le soufre et le grapliite se
comportent comme neltcincnt pol yalomii|ues.
256 i.\ riiioRii: in uavoxnkmknt i:r les qianta.
oalori(i(|uc iloll «Mre t'i;al(' à .iPiT: la chaleur sptkiflque atomique
se l'a (Idiic
3 R = j,;)5j.
Boltzinaiiii avait déjà reiiiar(|ii('' qu on olttieiit ainsi une expli-
cation de la loi de Duloni; et Petit, et, par une extension facile,
de la loi de Kopp-Xeumann. Les considérations qui précèdent
reçoi\ent par là une iniporlaiite ronliriiialioii.
Mais il se IrouNc rpi;iii\ très basses températures, pour
lesquelles la tliéorie (le\rail tire le mieux xérifiée, puisque les
raisonnements employés dois eut être particulièrement corrects
pour de petites oscillations, 1 expérience donne pour un grand
nombre délémenls et de combinaisons une diminution très rapide
de la chaleur spécifique moléculaire, et, mes expériences ont
montré qu il saiiit ici. sans aucun doute, d une propriété tout
à fait générale.
Ici, comme (lan> d autres cas analogues, le corps solide se
comporte donc comme complètement rigide, tandis que, d'après
les lois de la mécanique statisticpie, chaque atome de\rait prendre
une énergie d'agitation corres|>ondante au nombre de ses degrés
de liberté. Lord Ravleigh a déjà insisté sur ce point dans le
numéro de |ai)virr i()0() du l'/iilosupliicai Magazine .
\ ne expli(;ili(iii >alisiaisante a et»' donnée par Planck tout
dabord et ((mijjlélce par Einstein: n(»us pouvons formuler delà
manière suivante la iioiiNelIc liypotlièse. qui résout, semble-t-il,
de manière coiiq)lrl(\ le désaccord de la théorie a\ec rexpérience.
Considérons I un des trois cercles d'oscillation qui nous servent
à représenter le mouvement d'un atome autour de sa position
d équilibre, et supposons cpiau momciil où cette oscillation est
excitée, par exemj)le simplement grâce au choc d'une molécule
gazeuse, 1 énergie ne puisse être prise que par multiples entiers
d'un ipiantum proportionnel à la fréquence des oscillations. Pour
une molécule gazeuse qui se meut librement, cette fréquence est
nulle et, par conséquent, l'énergie cinétique peut varier de manière
continue : en d'autres termes, rien n'est changé à la théorie ciné-
tique des gaz. Au contraire, nous aboutissons à des résultats tout
à fait nouveaux, comme Einstein l'a montré, lorsque nous exami-
nons le cas des corps solides. lors(pie nous évaluons, dans la
nouvelle li \ jioilièse. | ('nergie d atomes liés à des positions il équi-
APPLICATION DE LA THÉORIE DES QUANTA. 2^7
libre. De plus, nous nous trouvons aussi conduits à de nouveaul
points de vue si nous appliquons au cas des mouvements de rota-
tion des molécules la théorie des quanta d'énergie. Nous revien-
drons plus loin brièvement sur ce point.
Retournons à notre corps solide : les molécules du gaz envi-
ronnant doivent se trouver, à cause des chocs, en équilibre
statistique avec les oscillations des atomes. Les énergies cinétiques
de ces atomes doivent être distribuées selon la loi de répartition
de Maxwell autour de la \aleur moyenne qui correspond à la
température du système. Si nous faisons tout d abord abstraction
de la théorie des quanta et si nous supposons que l'énergie ciné-
tique des oscillations circulaires obtenues par projection sur un
plan est en équilibre statistique avec l'énergie cinétique du mou-
vement des molécules gazeuses projeté sur ce même plan, nous
devons conclure que la même loi de répartition existe dans les
deux cas. Cette conception semble d'ailleurs particulièrement
plausible, si nous lénoiicons de la manière suivante : les énergies
cinétiques des oscillations circulaires d'atomes de dillérentes
natures et leur répartition autour d une valeur moyenne sont, à
une température donnée, indépendantes de leur ravon. Dans un
s:az, ces oscillations circulaires ont un ravon infiniment 2,rand,
puisque nous pouvons considérer une trajectoire rectiligne comme
une portion d'un cercle de rayon infini.
Désignons par Nq le nombre des atomes contenus dans latome-
gramme, et soit
l'énergie moyenne de 1 oscillation circulaire d un atome isolé
obtenue par projection sur un plan quelconque: la loi de répar-
tition de Maxwell donne l'énergie E du JN"""^ atonie, si nous
supposons les atomes rangés par ordre d'énergie décroissante à
un moment donné
(2) E=Eolog^-^ ou .^^^^-e"-^).
La courbe représentée par la figure ci-après donne la répartition
de l'énergie entre les divers atomes; la surface comprise entre la
courbe, l'axe des abscisses et l'ordonnée de droite a évidemment
L. ET DE B. 17
258 LA THKORIE DU RAVONXEJIEXT ET LES QUANTA.
poui" valeur
X„Eo=RT.
Une semblable réparlilion nexiste que dans lliypothèse où
l'énergie d'un atome peut varier de manière continue. Introduisons
maintenant 1 liypotlièse qu'une seule molécule gazeuse, au moment
3Eo
/_)
2E„
Eo
^^^
>^ 1
i
du choc contre un atome oscdlanl autour de sa position d équi-
libre avec la fréquence v, ne peut lui céder ou lui enlever qu'une
énergie multiple entier du quantum
la courbe de répartition doit alors être renq^lacée par la ligne en
escalier indiquée sur la figure. Tous les atomes qui, d'après la loi de
répartition de Maxwcdl, devraient posséder une énergie inférieure
à z. resteront absolument au repos ; puis viendra une série
d'atomes qui posséderont tous une énergie égale au quantum s;
leur nombre est déterminé par la difl'érence d'abscisses des deux
points de la courbe, qui ont pour ordonnées 3 s et t. Si nous
désignons par N,, No, Nj, ... les abscisses correspondant aux
énergies e, 2t, 3î . . . , la surface située au-dessous de la ligne en
escalier, c'est-à-dire la caj)acité calorique d'un atome-gramme du
solide, a pour valeur
£(N,-.\,)^-2£(N3-N2)-t-3£(N4-N3)-4-...,
ou, en remplaçant les valeurs de JN par les expressions déduites
APPI.ICATIOX DE LA THÉORIE DES QUANTA. 25f>
de la formule (2),
Si nous éliminons Eq et si nous multiplions par .) pour obtenir la
capacité calorifique totale par atome-gramme, il vient
'■'..,
(3) W = 3 3^'^ =3R -gf— •
En diflférentiant par rapport à T, on obtient la cbaleur atomique
T
( 4 ) -pF = J '^
^vV^
dT /' 3v
I
C'est la formule donnée par Einstein.
On obtient ainsi une explication de la diminution aux basses
températures, jusqu'à des valeurs tendant vers zéro, de la chaleur
spécifique atomique des solides. Les écarts, à partir de la loi de
Dulong et Petit, se produisent d'autant plus vite, d'après cette
formule, quand la température s'abaisse, que la fréquence v est
plus grande pour les oscillations des atomes considérés.
Si nous pouvons déterminer, par d'autres procédés, cette fré-
quence V, nous serons à même de pré\oir, d'après la théorie
précédente^ à quelles températures les écarts, à partir de la loi de
Dulong et Petit, commenceront à devenir nolables. JNous \errons
plus loin les di\ers inovens qui conduisent à 1 évaluation de v :
nous nous occuperons tout d'abord des procédés oplicpies par
lesquels on obtient la confirmation la plus précise de la liiéorie.
II. — COMPARAISON AVEC L'EXPÉRIENCE.
Mes élèves et moi avons mesuré, depuis (juelqucs années, les
chaleurs spécifiques vraies d'un grand nombre de substances
26o LA THÉORIE DU RAYONNEMENT ET LES QLANTA.
jusqu'aux très basses températures. D'autre part^ Piubens et
Hollnagel ont mesuré les longeurs d'onde d'absorption maximum
pour le chlorure de sodium, le chlorure de potassium et le bro-
mure de potassium, et ont trouvé dans chacun de ces trois cas
deu:x bandes d'absorption étroites. Comme il est vraisemblable
d'après ce qui précède, ce résultat important signifie que, dans les
cristaux solides, des ions sont présents dont le mouvement ther-
mique doit fournir des bandes démission correspondant aux
bandes d'absorption observées.
La comparaison de ces résultats expérimentaux avec la formule
obtenue plus haut a donné tout d'abord ce résultat qualitatif
que la diminution de chaleur spécifique prévue aux basses tempé-
ratures par la théorie d'Einstein se produit effectivement, et en
particulier dans le cas du |)lomb, pour lequel cependant Dewar
(1905) avait cru obtenir une chaleur atomique sensiblement con-
stante jusqu'aux plus basses températures.
Cependant la concordance n'est pas quantitative, comme le
montrent les Tableaux suivants :
Cuivre pv = 240.
T.
CHALEUR
oliseiTce.
ATOMIQUE
calcuk'e.
88
3,38
o,J38
0,22 )
3.3i
0,234
0,023
33,4
2'Jt . 5
Pour le chlorure de sodium et les autres sels, dont les fréquences
atomiques sont déterminées optiquement, la fornmie d'Einstein
ne donne encore que l'alUire générale de la courbe :
APPLICATION I»i: LA THEORIE DES Qt AXTA.
KCI; ^v = 2iS (d'après Riibens et Hollnagelj.
U.61
T.
8(). .
5>.,8
3o, I
■'■2,8
CHAI.F.f H
nbsérvcc.
\TOMI0L"E
lalcuirc.
4.ÎG
3, j4
•2 , 80
1,70
0,98
0,23 )
o,)8
0,089
L'explication la |)lus immédiate de ce désaccord (jiianlitatif est
évidemment fournie |)ar i iiv[)othèse que les atomes du solide ne
sont pas tous liés de la même manière et qu'on ne peut pas parler
d'une frécjuence déterminée, mais d'une Ijande très étalée.
[Jn examen plus complet montre que cette hypothèse ne saurait
être sufiisante, pour les raisons suixantes :
i" Les courbes des chaleurs atomiques pour Pb, Ag-, Zn, Cu.
Al, Hg, I et le diamant, et pour les composés RGl, NaCl, KBr,
forment un faisceau concordant, c est-à-dire que, par un choix
l'onvenable d'échelle pour les températures, toutes ces courbes
peuvent être superposées. 11 faudrait supposer, ce qui paraît peu
vraisemblable, que pour toutes ces substances les bandes d'absorp-
tion sont étalées de la mèuie manière. De plus, les courbes
ci-après montrent que. pour les métaux d'une part et pour les
halogènes d'autre pari, létalejnent se fait de manière très diffé-
rente.
Tout au plus, dans le cas des substances amorphes, pouvons-
nous prévoir des oscillations atomiques de fréquence variable
d'un atome à l'autre ; ceci correspond bien au fait que la clialeur
atomique moyenne du quartz amorphe diiniuiie beaucoup plii-^
lentement avec la température que celle du quartz cristallisé
(voir plus loin). La grande conductibililc calorifique observée par
Eucken (') dans les substances cristallisées j)ar rapport aux
(') Elcken. An/i. der J'Iiysik, ]" série, t. XWIV. ic»ii. p- iSô.
•^62 LA TIIÉORIK DU BAYONNE.MENT ET LES QUANTA.
substances amorphes aux basses températures, montre que dans
le premier cas nous avons à faire à une fréquence bien définie (et
par conséquent à une bonne résonance qui facibte le passage
d'énergie d'un atome aux voisins), et dans le second cas, au
contraire, à une bande étalée.
2" Rubens et Hollnagel (') donnent les courbes ci-dessus
{Jii!- ^t) pour les bandes d'absorption de quelques sels à la tempé-
V\ii. 10.
m
C.
'
9
l
8
7
Va.
fi
\
1
5
\
V
l
1
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i
S
,r
jr
,
i
/
\1
/
/(
/,
/ V
^
60^1, 70^
70^ 80tu 90^1.
rature ordinaire. Nous devons nous attendre à ce que, aux basses
températures, par suite de la diminvition d'amplitude des oscilla-
lions, les oscillations atomiques deviennent de plus en plus pures,
comme on la observé pour les bandes d'absorption du nitrate de
didyme et pour d'autres corps analogues (-). La figure 10 montre
d'ailleurs que, déjà dans les conditions d'observation, on obtient
des maxima d'absorption nettement marqués. Bien que, par la
nature même des méthodes de mesure employées, les courbes de
la figure 10 ne donnent pas une image fidèle de la variation
d'absorption avec la longueur d'onde, le fait que. pour K.C1, par
exemple, on obser\e une séparation absolument certaine de
deux maxima dont les longueurs d'onde diffèrent seulement de
(') SitzungsOer. cl. preuss. AAad., 1910, n" ÎG.
(-) Jean Becquerel, Le Radium, t. IV, n° 9, 11)07, P- ^~^- — Jean Becquerel
et Kamerlingii Onnes, Coininiinicalion du Laboratoire de Physique de l'Uni-
versité de Leiden, n° 103, 1908.
APPI-ICAIION DE LA TIIKORIE DES (JIAXTA. '263
lo pour lou, montre qu il ne saurait être question dune bande
unique étalée ou d'un amortissement considérable.
Il ne faut pas oublier, d'ailleurs, qu'au sens des considérations
introduites dans le paragraphe 1, on ne saurait logiquement intro-
duire riiypotlièse d'un amortissement qui correspondrait à une
dissipation continue de l'énergie des oscillations. Aux basses
tenqjératures, en eflet, les atomes sont en repos absolu ou oscillent
avec un seul quantum d'énergie; un nombre extrêmement petit
d'atomes possèdent plusieurs quanta. On ne peut donc imaginer
une variation continue d'amplitude.
Lne certaine variabilité de la fréquence ne j)0urrait se com-
prendre que si l'on supposait, dans le chlorure de potassium, par
exemple, les difïérents atomes de potassium inégalement liés à
leurs positions d é([uilibre par suite de tensions intérieures, de
traces d im|)uretés, etc. Il est du reste très simple, dans cette
hvpothèse, en partant des courbes expérimentales de Piubens,
d'évaluer i'inlluence de 1 étalement des bandes sur la chaleur
spécifique, et l'on se convainc facilement qu'il est impossible
d'expliquer ainsi les écarts considérables entre lexpérience et la
ihéorie.
L'examen de la figure lo conduit encore à faire une remarque
présentant un certain intérêt : il est surprenant que les fréquences
des éléments purs ne s'éloignent pas en général autant de celles
de leurs composés qu'on aurait pu s y attendre. Ce fait est au fond
identique au résultat trouvé par Kopp, que les écarts présentés
par des éléments à partir de la loi de Dulong et Petit se retrouvent
dans leurs composés. Par exemple, la formule de Lindeinann
(voir plus loin) donne pour les éléments suivants les longueurs
d ondes propres :
Na. K. Cl. Hr.
A = 17 » 1)2 I i I 17) y.
et conduit à rapporter les maxima de la ligure 10 aux élénienls
indiqués. Cette supposition est confirmée par la position et le
déplacement de ces inaxima dans les difterents sels, et aussi par le
fait que les métaux, d'une part, et les métalloïdes, d'autre part,
montrent des allures nettement différentes dans les bandes
d'absorption qui leur corres()ondent.
264
LA TllKORIK DL' RAVONXIÎMENT ET LES QUANTA.
m. - ÉTABLISSEMENT ET VÉRIFICATION
D'UNE NOUVELLE FORMULE.
Puisqiron peut admettre que la tliéorie des quanta sous sa forme
primitive est, de manière certaine, .impuissante à représenter
lallure |>arliculière des chaleurs spécifiques des solides, M. Linde-
mann et moi avons cherché comment il convient de la modifier.
Nous avons trouvé em[)iriquement que la formule (')
(3)
C,:
satisfait à toutes les conditions; non seulement elle représente
complètement la variation des chaleurs spécifiques, mais encore les
fréquences que les mesures thermiques obligent à a introduire
coïncident avec celles qu'ont données les mesures optiques dans le
cas où elles ont pu être faites.
Remarquons de phis que cette formule nest pas inférieure à la
formule primitive d'Einstein en ce sens qu'elle exige aussi lin-
Irodnction dune seule constante v. et ceci a une grosse importance
au point de vue de sa vérification et de son utilité pratique.
Comme cette formule donne la chaleur atomique à a olume cons-
tant, il est nécessaire, pour une vérification expérimentale précise,
d'en déduire la chaleur atomique à pression constante, ce que
permet de faire, comme on le sait, le second principe de la Ther-
modAnamique. Si l'on introduit de plus une relation trouvée par
Grûneisen [voir plus loin) d'apiès laquelle le coefficient de dila-
tation est proportionnel à la chaleur atomique, on obtient (-)
C„=C
C^TA.
où :V est une constante caractéristique de chaque substance qui
peut être déduite des mesures de compressibilité et de dilatation
faites à une même température.
(') Sitzungsber, d . preuss. Ahad . d. IIV^*., ii)ii, p. Z'\-.
(') Nernst et I.iNDKMANN, Zcilucliv. f. Elcklrocke lu . , içiii, p. 8iS.
APPLICATION l)i: LA IlllioUIK DUS QUAXTA. 2G5
( )n a, en vertu du second principe de la Thermodynamique,
C„=C„
KCJ'
comme (voi/' plus loin) a, le coefficient de dilatation, est propor-
tionnel à C;,; comme, dautre part, le volume ^ et le coefficient de
compressibdité R varient peu avec la température et très sensi-
hlement en fonction linéaire de celle-ci, on peut écrire avec une
précision suflisante, j)uisqu'il s'agit d'un terme de correction,
où d'ailleurs la quantité A est, pour beaucoup de substances,
inversement proportionnelle à la température de fusion.
Etant donnée la manière complète dont la nouvelle formule se
vérifie pour laluminium, le cuivre, l'argent, le plomb, le mercure,
le zinc, l'iode, le diamant, il me seml)le difficile d'admettre qu'il
s'agit uniquement d'une heureuse formule empirique. Je donnerai
comme exemple le Tableau relatif à l'argent, parce que ce métal
peut facilement s'obtenir particulièrement pur et que les mesures
présentent par suite un haut degré de sécurité.
ArçenI [iv=22[; A = ■>. ï. lo -■'.
T.
C^ CALCCLi:.
C CALCULE.
C MESURÉ.
EXl'KRIMENTATEUH.
3> ,o
1 , j<)
«,'^9
I . J8
Neriist.
39,1
I : 9'^
1,92
1,9"
»
1^9
2 , 22
2 , 22
2 , 26
»
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2,43
'-^,44
2 , 4 7
»
> 1 . 4
2, Si
2,82
2,81
»
V3,s
'^:97
2,98
2 , 90
»
77.0
4,07
4,11
4 -07
»
100
4,7'>
4,77
4.8C)
Ko réf.
200
5 ,60
) , 77
:J . 78
»
273
J , 77
f) .02
G , 00
Koref, Scliimpir.
)ji
5,82
6.12
() . 0 1
■
Bartoli, Slrac-
ciali elScliimplT.
JS".
J î 9*^
6,45
G. 46
Magnus.
5 89
5,92
6,57
G.G4
»
266 LA THÉORIE DU RAYONNEMENT ET LES QUANTA.
La concordance est encore plus frappante dans le cas des sels
étudiés par Rubens, où l'on peut calculer les chaleurs atomiques à
partir des fréquences mesurées optiquement, sans faire intervenir
aucune mesure thermique.
Abstraction faite d'une erreur accidentelle probable qui a dû
s'introduire dans les mesures de chaleur spécifique du chlorure
de potassium à 3o", i et -JS",-, laccord est si remarquable qu'on
ne peut douter de lidentité complète des fréquences thermiques
et optiques.
K Cl ; 3v = 232,4 et ^o3,2 (Holinagel, Thèse, Berlin, 1910).
A = 2,0. 10-^.
T.
C^ CALCULÉ.
C CALCULK.
C , OBSERVK.
EXPÉRIMENTATEUR .
22,8
0 , () I
o,Gt
o,58
ISernst.
2(^:9
0,70
0,70
0,76
»
3o, 1
1,23
1.23
0.98
»
33,7
1 ,53
1,53
I ,25
»
39,0
1,98
•,9-^
1,83
»
48,3
2,66
2,66
2,85
»
52,8
2:96
2,97
2,80
»
07.6
3,25
3,26
3,06
»
63.2
3,57
3,59
3,36
»
70
3,85
3,87
3-79
»
76,6
4,10
4,i3
4,n
»
86,0
4,4'^
4,43
4,36
»
i37
5 , 26
5,33
5,25
Koref.
235
5,70
5,86
5,89
)i
33i
5, s 3
6,06
6,16
Magnus.
416
5,87
6,21
6,26
')
55o
'^9'
6,36
6,54
))
APPLICATIOX DK LA THKORIE DES QUANTA.
Na Cl ; ^v = 265.2 et 309,3 (HoIInagel) ; A — 2,7. 10-
2G7
T.
(1^ CALCULÉ.
C^ CALCUL]';.
C OESERVi:.
EXPÉRIMENTATEUR.
78:7
4,67
4,70
4-74
Nernsl.
82,5
4,77
4,80
4.7f">
»
85,4
4,82
4,8)
4,82
))
89,2
4:91
4,94
') , o3
»
137
5,47
5 , 36
■J.42
Korel".
234
'j,79
6,02
6.10
»
Dans les trois cas précédents, les bandes qui correspondent aux
deux espèces d'ions sont si voisines, qu on aurait pu introduire
partout dans les calculs la ^ aleur moyenne au lieu des fré(piences
correspondant aux deux niaxima; c est seulement pour les très
basses températures que les deux juodes de calcul donneraient des
résultats différents.
Il en est autrement dans les cas où, comme pour le chlorure de
mercure, par exemple, les deux atomes possèdent des IVéquences
très différentes. Dans le Tableau suivant, le coeflîcient A qui per-
met de passer de d^ à C^, a été déduit des chaleurs atomiques
mesurées aux températures élevées, parce (jue les données expf--
•^68 LA THÉORIK DU R.VVONNEMENT ET LES QUANTA.
linientales manquaient pour obtenir ce coefficient d'autre manière;
dans Ja colonne G^calc 1 se trouvent les valeurs auxquelles con-
duit l'hypothèse [iJv = 209, et dans la colonne C^calcâ on a intro-
duit les deux fréquences j^v = g3 et 3i5, d'après lesquelles l'ion
Hg oscille à peu près comme l'atome de plomb et l'ion Cl à peu
près comme l'atome de cuivre. Seul, le second procédé donne un
résultat satisfaisant. Il faut cependant remarquer que l'analyse
thermique des fréquences est bien éloii;née d'être aussi précise
que les mesures optiques, bien qu'elle nous fournisse approxima-
tivement la position des maxima d'absorption.
Hg Cl (mesuré et calculé d'api-ès Pollitzcr).
22,9
9.3,7
•29 , o
34, i
7^
<S3
8G
89
198
observe.
i,.56
^74
2,18
2,53
4,19
4,39
4,4»)
4,52
^,69
6, 12
G, 24
c.
DIFKE-
c,,
calcul 1.
RENCK.
calcul 2.
0,69
-H 0,87
1 ,58
0,94
-4- 0,80
1,82
I , 23
-4- 0,95
2.09
1,73
-^ 0.80
2,47
4,19
0
4,->4
4,45
— 0,06
4,43
4,53
— 0,09
4,53
4 ;f'3
— 0,11
4,60
5,76
— 0,07
5 , 7 I
6, 1 5
— o,o3
G , 1 3
G, 16
-+-0,08
G,i3
UIFFÉ-
EKPÉRIMKX-
IIEXCF,.
T.\TEUn.
— 0,02
Pol
liuer.
— 0,08
»
-- 0.09
»
-;- 0.06
»
— o,o5
j>
— o,oG
»
— 0,07
»
— 0,08
»
— 0.02
»
— 0,01
Reg
nault.
-1- 0,11
Ma
gnus.
Pour répondre au désir exprimé par certains membres du Con-
seil, je donne ici quelques Tableaux numériques complémentaires.
Pour les substances de composition chimique complexe ou pour
celles qui, comme le quartz, sont certainement polvmérisées, les
formules employées pour le calcul doivent être considérées seule-
ment comme des formules d interpolation, et Ion ne doit pas cher-
cher de signilication physique immédiate aux fréquences qui y
figurent.
Pour certaines substances, il est nécessaire d'introduire plu-
sieurs frécjuences; les exemples en sont fournis, pour les corps
APPLICATION DE LA THÉORIE DES QLAXTA. 269
simples, par le soufre et le graphite, et pour les composés, par le
quartz, le chlorure de |)lomb, le chlorure d'argent, liodure
d'argent, la benzine, etc., tous cas dans lesquels on pouvait
s'attendre avec plus ou moins de vraisemblance à ce qu'il en soit
ainsi.
.i lu minium i-.
,0).
T.
C„ CALCULÉ
C CALCILK.
C OBSERVÉ.
EXPÉRIMENTATEUR.
32,4
0,23
i>.>.\
0,25
INernsl.
35, I
o,3i
o,3i
0,33
))
83, 0
2,42
2,43
2,41
»
8(),o
2,52
2,53
2,52
»
88,3
2,61
2,62
2 , 62
))
ij-
3,99
4,0 5
;5,97
Ko réf.
235
5,i5
5 , 3o
J,32
Koref, Scliim|)ff.
33i
5,52
5,70
5,82
Magnus, Scliim|)(r.
433
5 , 70
0,0(1
G, 10
iMagnus.
555
5,80
G , 3o
G, 48
»
Cuivre Sv = 321 .
T.
C^, CALCL'LÉ.
C CALCULÉ.
C, OBSERVÉ.
EXPÉRIMENTATEUR.
23,5
0,1 5
0,1")
0 , 22
Nernst.
^7,7
o,3t
0,3 I
0, 32
»
33,4
0,59
f , J9
0,54
))
87.0
3,35
3 , 37
3.33
))
88.0
3,37
3,39
3,38
'>
137
4 , t)o
4,65
4,57
Koref.
234
5,42
5 , 52
5 , ") 9
Koref, Schim|iir.
•290
5 , 60
5,75
j'79
Gnede.
323
5.G6
5,81
5,90
Bartoli et Stracciali,
ScliimpIV.
45o
5,8[
G,o3
0,09(1
Magnus.
LA THEORIE DU BAVOXXEMEXT ET LES QUANT.V.
Plomb [jv = 95.
T.
C^. CALCULK.
C CALCULÉ.
C OBSERVÉ.
EXPÉRIMENTATEUR.
'zJ,o
■2,95
2,96
■2; 96
ïNernst.
•'.S, 3
3,63
3,64
3,92
»
36, 8
4,35
4,37
4,40
»
38,1
4,43
4.43
4,45
»
85,5
5,60
5,68
5,65
»
90,2
5 , 62
5,70
5,71
»
200
5.90
6, 12
6,i3
Koref.
273
5,92
6,24
6,3i
Koref, Gaede.
■aqo
5,92
6,26
6,33
Gaede.
33-2
3,93
6.3i
6,41
Magnus, Scliimpff.
1^9
5,94
6,40
6,61
Magnus.
T.
C OBSERVÉ.
C^ CALCULÉ.
EXPÉRLMENT.\TEUR.
28 . 3
3,78
3,57
Nenist.
33,5
3,97
4,o5
»
36,5
4,1:
4,'i7
»
77,0
5,38
5,56
»
186
5,9^
6,12
Koref.
235
6,36
6,26
»
29S
6,64
6,44
1)
APPLICATION DE LA THÉORIE DES QUANTA.
Graphite.
C., at . = — F (' 35o ) ^ -^ F (i S jo ) ( I K
lO lo '
271
T.
C^ OnSERVÉ.
C^ CALCULÉ.
28,7
0,06
o,o3
38,1
0,07
0,07
44,1
0, 10
0, 10
58,8
0,14
0,17
85,0
o.3o5
0. 3o
'37
0,688
0.59
o.3>.
I , 496
i ,42
•28/,
ï,92
1,91
334
■2,39
2,35
412
3,04
2,98
622
4,00
4,17
1095
5,4-3
5,2 )
I2JO
5,60
• 5,40
EXPERIMENTATEUR.
Neinst.
»
»
»
»
Koref.
»
Weber.
Soufre rhombique.
Cl, al. = y F(7',)-r- ^F(5io).
T.
C^. OBSERVÉ.
C^, CALCULÉ.
EXPÉRIMENTATEUR.
22,7
0,96
",94
Nernst.
25 , 9
0,99
I ,o3
»
■>- 5
1 ,o4
1.08
»
28,3
.,oS
I , to
»
29,9
i,i4
I ,\\
»
57.0
2,06
1 , 92
»
(19,0
2 , 29
2 , 2()
»
83
2,70
2 , 69
»
93
2,93
2,95
»
i38
3,63
3,88
Koref.
198
4 -, 72
4,7'»
»
235
4,93
5,04
»
297
5,47
5,25
»
(') F désigne l;i fonclion de |iv qui est déterminée par la fonmilc (5).
LA THEORIE DU RAYONNEMENT ET LES QUANTA.
locluie d'ai'gent.
3
Cl, mol. = F (70) -1- F (220) -\- 10. 10^5 T 2.
T.
C^, OBSERVÉ.
C^ CALCUL!;.
EXPÉRIMENTATEUR.
29,9
5,85
5,88
Nernst.
75,5
9,70
9,î^7
»
79,8
10,17
11,10
))
137
11,38
1 1 , 4 1
Koref.
187
1 2 , 20
• 1,98
Dewar.
234
12,3?,
12,35
Koref.
33o
i3,82(>)
12,97
Magnus.
(') Voisinage du point de transformation, d'où la montée rapide. C'est en
outre un fuit général qu'à de hautes températures, lapproclie du point de
fusion s'annonre par une élévation rapidement croissante de la chaleur spéci-
fique, fait dont noire formule ne rend pas compte.
Chlorure d'argent.
3
C(, mol. = F(iio) -r- F (25o) -+- 22. lo--^ T 2.
T.
C^ OBSERVÉ.
('._, CALCULÉ.
EXPÉRI.MENTATEUR .
23,5
2,9'^
3 ,00
Nernst.
26,4
3,44
3,55
»
32,8
4,79
4,77
»
45,6
7,25
6,63
»
87,0
9.74
9,77
»
116
10,34
10,74
Eucken.
207,5
11,81
12,24
..
33o
1 3 , 0 1
1 3 , 02
INIagnus.
4o5
1 3 , 60
1 3 , 5 5
»
43o
1 3 , 72
13.75
»
APPLICATION DE i\ niKDItli: DES (,)U.\M\.
2-3
Ch/orurc de ploinh .
( ;,. mnl . - I" ( 8 ') I -^ •> F ( -x-o I -^ I H . 1 o ■• T '
T.
C^, oiisKmi;.
C.^. r,ALi;rLi':.
KXl'iaiIMKNTAÏKlR.
ij,6
>,iC,
■2,1 ;
Neinst.
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SX. Kristallisier
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C OBSKllVK.
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L'exemple du diamant est intéiessanl non seiilcmcnl à cause de
l'accord remarquable entre notre foiinule et rexpérience dans un
très grand intervalle de température, mais aussi |)arce (pi on y
constate cpie, loni;tem|)s avant d'atteindre le zéro absolu, la clialeur
spécifique et, par conséquent aussi, le contenu d ('iieri^ie tlier-
mic[ue sont devenus tout à l'ait négligeables; en d'aiilrcs leiines,
la notion de température disjiarait prali(pienienl pour le dianiani
au-dessous de 4o" absolus.
On peut tirer encore de ce tpii précède une ((incbision reniar-
cpiable. 11 n'apparaît nulle part aucune ditlV'iencc (•arart<''risti(pie
entre les capacités calorilicpies des substances métallicpies et non
métalliques. JJ ailleurs, un examen atlenllf des donnt'es e\p<''ri-
mentales anciennes aurait déjà permis (r(''\itcr toute erreur à ce
sujet. C'est un écliec pour la tiu'oiic (•icclroiiupie des métatix.
telle qu'on l'a développi'-e jiiscpiici. au moins dans la mesure oii
elle se trouve en contradiction avec- ces faits d'expi-rience. .Autre-
ment dit, on doit, ou bien remmcer à traiter les t'Iectrons libres
•ayfi 1 \ THlidRlK DU RWONNKMENT KT LES ylANTA.
comme des molécules gazeuses, ou bien considérer leur nombre
comme très petit par rapport à celui des molécules du métal.
IV. — SIGNIFICATION DE LA NOUVELLE FORMULE.
.lai (l(''jii iiiontii' <|ii il parait miilde, dans létal actuel de no5
connaissances, de chercher à interpréter la nouvelle torniule en
supposant quil s agit de \ibrations amorties ou de {Vc(|uences mal
définies. Du |)oint de vue de la théorie de Planck-Kinstein. on
aboutit à notre formule en supposant que la moitié des atomes
sont deux fois plus rigidement liés que l'autre moitié. Celte liApo-
tbèse semble peu acceptable, et son invraiseml)lance est encore
aiigiiuMitée si ion réfh-chit quelle obligerait à admettre, dans le
cas du chlorure de potassium, par exemple, poui- rester d'accord
avec les mesures de Rubens et Hollnagel, que la moitié des atomes
de chlore et de potassium, ceux qui vibrent deux fois plus lente-
ment que les autres, ne sont pas chargés puisque aucun phénomène
optique ne correspond à ces périodes doubles.
On peut trou\er aisément une autre explitalion. La ca|)acit('-
calorifique se présente, par intégration de la formule ( j ), sous la
forme
(G) W = - R
cl se compose de deux parties (pii deviennent égales aux tempéra-
tures élevées. Lancienne théorie suppose (pie lénergie lhermi([ue
des solides est par moitié cinétique et par mnilié |)otentielIe. Dans
ces conditions, rhvpolhèse s'introduit delle-mème qu'aux basses
températures les deux foinns (rcnergie ne sont plus présentes en
quantités égales et correspondent aux deux termes des équa-
tions (5) et ((3). Aux températui-es (dcNées, les deux termes
deviennent égaux, d accord avec le fait f|ue. pour ces tempéra-
tures, la théorie (.\e> (piaula ne -c disliui^iic plus de I ancienne
théorie.
De plus, il résu liera il de celle en ne < 'pi khi ipie l,i m m \ elle formule
n obhi;f'rait à introduire aiieiin eliaiii:emenl daii'^ la loi {\i\ ra\on-
M>i'i.ii:\Tiii\ m: i..\ tiikiikii; uns oi ama. ■>-;-;
iiL'iiK'iiL ili' IMauck, |)m5tnic le ra\ oiineiucul iic |)eul cUc émis (jiie
par des pailKules éleclrisées en mouvement et que la partie |)uten-
licllcdf I t'-ner^^ie iiapporte à ce point de vue aucune conlriluilinu.
Cependant il reste beaucoup de difficultés (|uand on \eul lor-
muler de manière précise l'inpothèse précédente ou seulement la
rendre \ rai^niiMaMe. il laiidraiL >up|)oser que la loi de répartition
de Maxwell doit s a|)pli(juer de maïuère indépendante aux énergies
potentielle et cinéticpie. On aurait ainsi, jiour al)Outir aux équa-
tions (.')) et (6). à reprendre pour cliacune de ces deux formes
d'énergie les considérations développées au paragraphe l. On trou-
verait ainsi, pour lénergie potentielle, la quantité
W,
et [)our l fiiergie cinetKpie
par addition on obtient la formule (6) et une difierenlialion donne
«■nsuite la formule (5). Dans ces conditions, on devrait admettre
qu'aux très basses températures les atomes dun corps solide
n ont aucun mou\enient d'oscillation mais subissent simplement
une déviation à partir de leur position d équilibre. L'énergie
nécessaire à ces déviations serait échangée par demi-quanta. Lin-
li'oduction des n^ciMalimi- ciiciilaircs rend celle lonccjil nin rela-
tivement plausible puiscpie les énergies cinétique et |)otenIie|le \
interviennent séparément. C'est seulement aux températures
élevées (|ue l'énergie cinétique commencerait d être échangée de
manière notable et par quanta entiers. A des tenqx ralures |)lu>
élevées encore, pour le scpi elles cluupie atome possédera il en g é m- rai
plusieurs quanta d énergie cinétupie cl potenlielle, 1 état du
svstème correspouiliail aux r(''^iillal- de la inciani(|ne stati>ti«pie
ordinaire, c est-à-dire que les énergies potentielle et cinétique
deviendraient égales et (|ue la loi de Diilong et Petit se trou\erait
satisfaite. \a\ plus grande ditlicuhe que rencontre actuellement
cette conception s'inlnidnll de inailière pail icnlièremeni iKîtIe
•2-8 LA THÉORIE DU RAYON.Mi: SI KNT ET I.ES QLAXTA.
lorsqu'on cherche à se représenter le mécanisme de la conducli-
hilité thermique dans les corps solides. Si l'on admet, comme
nous l'avons déjà fait, que le transfert d'énergie d'un atome à l'autre
s'efTectue par rayonnement, la conductibilité thermique aux très
basses températures doit devenir très petite en raison de l'énorme
diminution de Tintensilé du ravonnement.
L'expérience donne exactement le contraire comme l'a trouxé
Kuckeu ( ') qui pour le diamant, aux températures pour lesquelles
la chaleur spécifique est déjà devenue négligeable, a obser\é une
conductibilité thermique comparable à celle du cuivre.
Comment peut-on se représenter qu'un transfert d'énergie d'un
atome à l'autre se produise a\ec une si extraordinaire facilité dans
des conditions de température pour lesquelles aucun choc ne peut
se produire à cause de la très faible amplitude des oscillations
autour de la position d'équilibre? Naturellement la difficulté est
encore augmentée si i on suppose qu'aux très basses températures
les atomes n'oscillent pour ainsi dire pas et possèdent seulement
de l'énergie potentielle.
Tant que nous ne posséderons j)as une théorie de la conducti-
bilité calorifique applicable à ce cas nous ne pourrons pas nous
représenter comment s étabbl la loi de it'partition de Alaxwell.
même en laissant de coté la modification exigée par la théorie des
(juanla. Je pense que le point essentiel dans la compréhension de
ce phénomène et en même temps de la théorie des cpianta est
d'obtenir une représentation précise des actions mutuelles entre les
atomes d'un corps solide. D ailleurs la même représentation doit
être valable pour les liaisons entre les atomes d'une même molécule
dans les gaz ou dans les iicpiides. Tant (pic nous serons complète-
ineiit ignorants sur ce point il semble inutile de pousser j)lus loin
la discussion actuelle. Nous considérerons donc les formules (5)
et (()), (jui sont complètement justifiées au point de vue expéri-
mental, uniquement comme empiriques. Du reste il en est de même
au fond pour la théorie des quanta sous sa forme primitive et il
n'est pas plus clair de dire, avec Planck et Einstein, que l'énergie
est échangée par quanta où les énergies cinétique et poleulielle se
(') Anii. lier PhysiL, 'f série, t. \\\IV. p. iS') ( oi dans un travail ultérieii
qui paraîtra procliainement ).
.M'I'I.ICVTION DK LA IIIKOIUK DES QUANTA. 279
lioiivciU loiijours en cjiumlités égales, que de dire comme nous le
faisons, (|uo l'énergie esr absorbée de telle manière que les alomes
s'écarlenl d abord slinpiciiienl de leur position d"é(|nilibre et
décrivent ensuite des circonlerences autour de cette position a\ec
ties quanta qui, dans le second cas, sont doubles de ce qu'ils étaient
dans le premier, lùant donnée la grande inqiorlance de cette
question nous allons, encore une fois, résuuier rapidement la
manière dont elle se pose.
Si l'on suppose que les atomes lii-s à une |)osition d'équilibre,
soit dans les solides, soil dans les gaz. écliangent de l'énergie ciné-
licjue par (piaula
et de l'énergie j)otentielle, c'est-à-dire du travail ellectué contre
les forces (|ui tendent à ramener l'atome dans sa position d'é(jui-
libre, par quanta moitié moindres; et si Ton apjilicjue les principes
de la mécanique statisti(pie en tenant compte de l'Inpotbèse des
quanta ainsi délinis ou obtient, |)our la capacité calorifique par
atome-gramme,
Cette formule donne, ce (pie n a lait jusqii ici aucune autic, en
même temps :
i" La possibilité d une déduction simple de la lormulcdu ra\on-
nement de Planclv ;
2" L ne concordance reinar(|uable a\ ec la variation exjiérinien-
tale delà cbaleur atomique des corps simples et composés;
3" La possibilil('' de calculer n prfoii les chaleurs spécili((ues
des solides et des gaz ('j quand ou eonnaîl, par des mesures
optifjues, les frécpiences d'oscillation; il faut admettre naturelle-
ment que les inarticulés oscillantes sont toutes (''lecliis(''es, jiar
exemple dans les sels ;
i" La concordance avec la variation expérimentale de la dila-
lalion lliermique des cor|)S solides.
(') IJjKisiiiM, Zeitsckr. f. ElcIUroch.. \.. \\ II. i.|ii, p. -.'u.
28o LA THKORIE DU RAVONXEMEXT ET LES QLAXTA.
Si nous voulons obtenir une représentallon dr celte formule
nous pouNons introduire la conception suivante :
Les atomes, (jui sont liés dans les corps solides à une position
déqnilibre déterminée, ne peuvent s'éloigner de celle-ci qu'en
utilisant un nombre entier de quanta déterminés d énergie. Ils
exercent entre eux des actions telles que, si aux très basses tempé-
ratures nous écartons de leurs positions d"équilii)re un certain
nombre d'atomes, en fournissant au solide un grand nombre de
quanta, il s'établit sjiontanc'inent et très vite un équilibre, déter-
miné par la loi de Maxwell, dans lequel les déplacements se distri-
l)uent entre les difl'érents atomes suivant la loi des probabilités.
11 vient ensuite s'ajouter l'énergie cinétique du mou\emenl ther-
mique, appréciable seulement à des températures plus élevées, et
que les atomes absorijeni |)ar qiiaiiia doubles des précédents. Cette
énergie einéli(pie (b'-termine rémission et 1 absorjttioii de rayonne-
ments, qui naturellement en vertu des lois ordinaires de l'électrody-
nan)ique se |)roduisent seulement s il s agit d atomes électrisés.
11 est vraisemblable que, dans les conditions qui viennent d'être
indiquées, les énergies potentielle et cinétique se lrou\ent en équi-
libre mutuel. Il est probable également que des lois analogues
s'appliquent aux électrons dont les conceptions nou\ elles font
admettre la présence dans les atomes. Il est probal)lc et même
certain que cette conception est seulement provisoire: cependant,
autant que je puis voir, elle est la seule (pu conduise aux lois
établies expérimentalement.
I^es atomes liés les uns aux autres dans les molécules d un gaz
doivent évidemment se comporter de la même manière que les
atomes liés à une |)Osilion d'équilibre dans un corps solide, il
s'ajoute seulement, dans le calcul delà capacité calorifique des gaz,
les énergies cinétiques de translation et de rotation : la théorie des
quanta peut s'appliquer à cette dernière. Il est en eiVet remar-
quable que riiydrogène. dont les molécules possèdent la plus
grande vitesse de rotation, possède déjà à la température ordinaire
une chaleur spécifique sensiblement |)lus faible qu'il n'est pré\u
jKir la théorie de Boltzmann. Sans entrer dans plus de détails, je
renverrai seulement au Mémoire déjà cité de Bjerrum et je donnerai
un Tableau des chaleurs moléculaires d'un certain nombre de gaz
d après des mesures faites piincipalcnienl par mes élèves et jnoi :
APPM( ATIOX I)i: l,\ TlIKORIE DKS 01 ANTA.
GAZ.
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Certaines conséquences auxquelles conduit la théorie des quanta
|tour les chaleurs spécifiques des gaz se trouvent dé\eloppées dans
Zeifsch. f. Elektroclicniie^ t. \.^ IL 191 i. p. ^7 '•
V. - PRÉVISION THÉORIQUE DES FRÉQUENCES DES CORPS SOLIDES.
1 ous les procédés qui permettent de j)ré\oir les fréquences des
corps solides fournissent naturellement des relations entre les
données expérimentales utilisé-es pour cette préxisionel les |)ro-
priétés optiques dune |jart. les propriétés calorifiques dautn*
part. 11 en résulte que de la mesure optique des fréquences et de
la connai>sance rlu poids atomique ou peut dé'diiire ihui ■^eIll^■lll^ll^
la capacité (;aloritique mais encore d'autres jiropriétés tlicriiiKpies
ou élasticpie^. .le u insisterai pas ici sur la ichifiou entre la li(''-
quence projire et la c()iii|3ressil)ilil(' doiil M.iilclim^. .^iillirrl.iinl
et Einstein se sont occu|)és. l ne foiinule étahlu- piii' l.iudc-
mann <') se trnuxe particulièrement bien \érifiée. I^llc a j)our
point de dépail llnpothèse que le point <le fusion est atteint
lorsque ramplitude des oscillations des atomes devient sensihle-
ment éi;ale à leur distance.
(') Physih. ZrilMltr., l. \l. M,i". i>. ''
iSt. i.a iiik(»rie Dr «avo.nnemka r et lhs qianta.
Soil /•„ le ravon du cercle doscillalion à la leiiip»'-i'aliire de
fusion ïs el de |)lu.s d'après ce qui précède
u = ■>.-/•(, 7
la vitesse de lalonie; il en r('sull<' |)Our Ifhieriiie moyenne de
l'atoiiie
niii-= \—'-)nr}^')-\
d autre j^arl, la lorniule (.'» ) donne pour cette même grandeur
:> R 3v
inu-=^ — — — r-^ •
Admettons (pià la tempéralure de fusion la loi de Dulong el
Petit soit assez exactement vérifiée pour que ^ puisse être consi-
déi'c comme petit par rappoi-t à Funité : la formule précédente
prend la forme plus simple
el par suite
par conséquent v doit varier |)rop(»rtionnellemcnl à
Si nous adinellons enfin «pie le \oluine aloniupie \ des corps
solides est proportionnel au cube de la dislance jnoyenne I'q des
atomes, v se montre finaleinement [)ropoitionnel à
T. s
V3
Le laljleau suivant donne la ((tniiiaraison des fr('<picn«es cal-
culées par la formule de Liudeniann
T,
V = •2,.S. lo'^
avec les fré([uenccs déduites de la formule (j )
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11 nest pas sans inléièl de faire reniar(|uer qu'on peuL lirer de là,
sans intervention d'aucune mesure opticpie, une vérification de
riiypotlièse des quanta uniquement basée sur des mesures de clia-
leurs spécifiques, de poids atomiques, de volumes atomiques et de
teuq)ératures de fusion.
Il n est pas douteux que les méthodes optiques de détermination
<les fréquences soient de beaucoup les plus précises et qu'il soit
très désirable de les |)erfecti(»nner encore et de les appliquer au
plus grand nombre de cas possibles. Cependant ces méthodes ne
peuvent s'appliquer lorsque nous avons à faire, comme dans le cas
du diamant par exemple, à des atomes non électrisés.
VI. - SUR UNE LOI GENERALE RELATIVE AUX PROPRIETES
DES CORPS SOLIDES AUX BASSES TEMPÉRATURES.
il résulte, sans aucune espèce de doute, des mesures «le chaleurs
spécifiques citées plus haut, (pie, conformément aux résultats de
la théorie des quanta, il v a pour tout corps solide, an \oisinage
du zéro absolu, un domaine de température dans lequel la notion
même de tem|)(''ralure <lisparaît pralnpieinenl . Dans ce «luiuame
toutes les [propriétés, le volume par exemple, doivent devenir
indépendantes de la température. On doit donc avoir
lim
T :== o:
28( l..\ TlIKORIi: DU RAVOWKMKM El I.KS Ol AMA.
la tliéorie des f|iianta exigerait tnrnie
,. d"\
(|uelle que soit la valeur de /?. Kn fait cette dernirre condition peut
à peine être considérée comme remplie.
Nous pouvons aller encore pins loin et a|)pliquer au corps solide
des considérations analogues à celles qui sont \érifiées diine ma-
nière si générale pour les solutions étendues.
Les changements de toutes les propriétés dune solution étendue
j)ar addition dune petite quantité de la substance dissoute peuvent
être consid(''rés comme pr()|)orti«innels aux changements de concen-
tration. Il existe un domaine de température dans lequel le«i
atomes d un corps solide sont presque tous en repos absolu.
Un petit nombre seulement d'atomes possède un quantum dénergle
et le nombre de ceux qui ont reçu plusieurs quanta est complète-
ment négligeable. \ous pouvons donc considérer, au moins sous
<ertains rapports, un corps solide comme une solution très étendue
d atomes |iourvus d'un quantum, dans les atomes beaucoup plus
nombreux qui restent en repos et la concentration de cette solu-
tion est proportionnelle au contenu d'énergie. Il est évidemment
indiilérent à ce point de vue que les quanta d'énergie passent
d un atome à nn autre. On se trouve déjà dans ce domaine (\e
température, avec une approximation très suffisante, (piand le
corps est refroifli jusqu'à In température
cest-à-dire dan-< des conditions faciles en général à ri'-aliser expé-
rimentalement.
Dilatation tlierniiqiic . — On déduii immédlalement de ce
qui précède qu'on |>eut poser aux basses lempt-ratiires
\ = V„- ai:.
]^e coefficient de dilatation dcNicut
d\ _ dV. _
^T -"" dV ~ "
et se moulrc |)ro|)oi'lK»nnel. aux basses températures, à la chaleur
AI'PLUATKlN m; l..\ TIIKdlUK DKS (Il \M-\.
a8-
s|)(''(Mll<|ue. Ce résullat se proloiii^c, ('oiiiinc I ,i iiionlié (u'iin-
eisen (' ). ;iii\ lcmj)('T;il mes |)liis élevées, sons l;i Torine
dT
a C„
(;uix basses tein|)éraliires C,, el Cp se conrondenl pialiqueinenri.
I.a relation précédente peut s'élahlir par voie tiiermodynaaiique,
«laprès Griineiseii, de la iiianiért; suivante :
Kerivons, sons la Tonne de Planck. le lliéoi-éme luliodiiit |)ar
moi
et posons, d apiès les lésnllats anténeiii's (-),
il \ ient
<ip \ 1 ) T dp
et par suite
— = _ / 1 '!—Ii ,/T -^ i —
' '-' '"'"./T.
K)T
Kn stip|)<>sant v et — indé-pcndants de la tciiipf'ratiirc on obtient
o\ 1 (h
<y\:
dp
(.„='JA.„
Ce résultai, (|ui suppose d ailleurs l'éi^alité de toules les fré-
quences dans le solide, est \(''ri(ié par l'expérience de nianiére
remarquable, lui particulier M. Cliarb-s Liiideiuaim ( ■' i a ni(inlr(*
tout récemment, en descendant |usqu à la leinpératiiif <le I livdio-
fiène li([uide, (|ue non seulement la dilatation est liés laiblc aux
basses tem|Ȏratures mais cpi elle est assez exactcmcnl pro|)orlioii-
(') Verhandl. d. deutschen jihysih. <ics.. t. XIII, ii)ii. p. '|*'J-
(-) Cela n'est é\icieinnieiU vrai ligouieuseinenl que pour C,,, mais un peul au
moins l'adincllre avec une grande approximalion pour C .
(■') P/ijsi/:. Zei/sc/ii-., I. Xll. p. loii, p. 1197.
286 LA TIIKOUIK 1)1 H\\(>N\EMtM ET LKs OLANTA.
nelle à la chaleur atomique. Il intersient tlonc. pour représenter
la dilatation, non pas la formule primitive d'Einstein, mais la
modification proposée par M. Lindemann et moi. Bien que ce
résultat puisse être prévu par la Tliermodvnauiique, il n'en con-
stitue pas moins une importante vérification expérimentale.
CoDipressibilité. — La compressibilitt' doit aussi, aux très
basses températures, devenir constante; ceci a été récemment
vérifit' de manière complète par M. Griineisen ( ' ).
Les fondions ikermodyniiniiqiies. — Ecrivons la deuxième
loi de la Tliermodvnami({ue sous la foruie connue
11 est clair pour la l'onclion L quelle doit, aux basses tem|)t'--
ratures, devenir indépendante de la température. 11 en doit être
ainsi également pour la fonction A parce cjue les échanges infini-
ment faibles d'énergie que montre lexpérience ne peuvent corres-
pondre qu'à des modifications infiniment j^etitesde l'énergie libre.
Il en résulte
,. dk .. dl
Il m -Tp = lun -p=r = o pour i = o.
Ceci nest autre cliose que le théorème énoncé par moi il \ a
déjà six ans. et qui a|»parait ici comme un cas particulier d une loi
plus générale dérixant de la théorie des quanta i - i.
^ous arrivons maintenant à une série de propriétés [)Our
lesrpielles nous ne pouvons pas obtenir une représentation aussi
concrète que dans les cas précédents tout en aboutissant, sous
certaines réserves, à des conclusions d'une grande vraisemblance.
Conductibilité calorifique. — Pour le moment, comme on la
vu, toute théorie précise nous man([ue à ce sujet. Contre toute
attente, on peut bien le dire, les recherches d'Eucken [■^} ont
( ' ) Voir le Mémoire cilé.
(^) Comparer aussi aux considéraliuns publiée* par I". Ji ttnku. Zcilsclir. f.
Elektrocli., t. XVII, 191I; p. log, et par Sackch, Ann. il. J'/i\ siA. \' série, l. \\\I\ .
191 1, p. /|/|5.
(2) Verliandt . d. (leulsclt. physik. Geselhchaft. 191 1. p. S29.
.\i>iM.i(;\ I i(i.\ lie i.\ riii:i)fiii: ui:s oiama. 287
nionlié (|iit^ la condiiclihililé cal(irlli(jiic des isolaul-> (Ic\ienl extra-
ordinairt'iueul grande aux Ijasses températures. Pour le diamant,
conformément à la loi indiquée plus liaut, on atteint un domaine
de tempi'-ralnr-e dans lequel la ('oii(l(irtil)ilit('' llicniil(}iie demeure
constante.
Condiictihililr électrique. — En opposition avec la théorie
électronique primitive, mais d'accord avec la théorie des quanta,
Kamerlingli Onnes a ti-ouvé, aux très hasses ternpératures, un
domaine dans lequel la résistance du platine ne \aric |)lus. Cet
auteur et moi-même avons trouvé simultanément <[ue la tempéra-
ture à laquelle la courhe de résistance s"incur\e junir devenir
parallèJ*' à Taxe des tenq)ératures est d'aulanl plus éle\ée cpie la
IVéquence du métal est plus haute. Jai |)u obser\er |)our l'alumi-
nium I ' j, dont la fréquence j)ropre est beaucoup plus élevée que
celle du platine, que la résistance est déjà constante à la tempéra-
ture de l'hydrogène bouillant. Le plomb, dont la fréquence est très
basse, a une résistance encore rapidement variable à la tempéra-
ture de l'hydrogène liquide. Xous pouvons donc déduire la fré-
quence des oscillations atomiques d'un métal de l'examen des
variations de sa résistance aux basses températures, il y a là une
connexion é\ idente avec la théorie des quanta, mais dont le carac-
tère est pour le moment tout à fait empirique. Dans une certaine
mesure M. Lindemann (-) a pu interpréter cette connexion en
admettant que la résistance d'un métal est déterminée par le
nombre des atomes en oscillation circulaire.
Nous [)()Uvons résumer de la inanière suisante les relalious cpii
viennent détre signalées :
Le coefficient de température de la résistance électri(|ue des
métaux a une variation analogue, mais avec des difterences, à
celle de la chaleur spécifique. Dans le domaine de température
pour lequel la chaleur atomique est constante et égale à (i, la
résistance varie sensiblement comme la température absolue.
Force t lienrtD-élcclriqui' cl e (fct Pcllier. — < )ii (luil >'altendre
aussi à ce que la différence de potentiel entre deux m('tau\ cesse
(') PhrsiL. Zeilscluift, t. Xlf, 191 1, p. 97'*,
(■) Sitzitrii^sbei. d. preuss. Akad. d. W'iss.. i|)ii, |). îaf)-
■>.f>8 I.A TIIKOHIK 1)1 ItA^oNMJMKNT I.T MIS UlA.MA.
(le \aner avec la leinpéraliire quand on s a|)pro<lie sutTisauimenl
(lu zéro absolu. Dans ces conditions, lellet Peltier. comme la force
«Heclromotrice des couples thermo-électriques, doit s'annuler.
JNous ne possédons pas encore des données certaines pour la véri-
fication de cette conséquence; il y a cependant une tendance
indiscutable de la force tliermo-électiicpic à diminuer aux basses
températures ( ').
Tension de ixipeur. — La cjueslion des tensions de \apeur des
solides est une des plus importantes mais aussi des plus difficiles
à traiter au point de \ue théorique, l ne liiéorie moléculaire de
cette propriété contiendrait aussi Tinterprétation des phénomènes
chimiques. Jai pu montrer, il y a six ans, par application de mon
lliéorème thermodynamique aux équilibres chimiques, que les
constanles rliuniijues qui. jointes aux chaleurs de réaction,
permettent de calculer les conditions d équilibre des systèmes
renfermant une phase gazeuse, peu\ent se déduire le |)lus simple-
ment de la conuaissance des tensions de vapeui-.
On peut essayer d'introduire Ihypollièse suivante : la concen-
tration c de la vapeur sera supposée proportionnelle au nombre
des atomes qui possèdent un quantum d'énergie. Les atomes qui
restent en repos ne peuvent évidemment apporter aucune contri-
bution à la tension de vapeur et notre hypothèse, qui constitue
une application de la loi de partage, apparaît ainsi comme la plus
vraisemblable. 11 en résulte, pour les très basses températures,
oiî Ci est \\\\ coeflicient de proportionnalité. V.w introduisant la
relation
il \ lent
loir/? = — -^ H- logT — Co.
On sait que la seconde loi de la Therm(Klvnaini(pie donne |)0ur
(') A. Bernoiiilli a (;ssay(; de (Jouner, des pliénomènes ci-dessu<. nue liiéorie
parlirulièie basée sur la tliéorie des quanta {Zeitachr. f. Electiovli., t. \VII, i<)i i,
p. 689).
APPLICATION Di: LA THÉORIE DES QUANTA. .^-89
la tension de vapeur d'une substance monoatomique, quand on
sup))ose négligeable la clialeur spécifique de la substance con-
densée :
log/j =— -j^ -^2,". logT + Co.
Il est remarquable que les deux formules onl^ au moins, des
formes analogues, I^e fait que le facteur ■>.,;") manque dans la pre-
mière peut provenir de ce que nous avons négligé dans notre
hypothèse l'inlluence de la température sur le gaz et n'avons intro-
duit que son influence sur le solide, alors que l'énergie cinétique
des atomes du gaz varie beaucoiip avec la tenqjérature.
Il y a aussi une diflerence considérable entre les coefficients |jv
et r- (chaleur latente de va[)orisation au zéro absolu); ce dernier
coefficient est pour le j)lomb, par exemple, au moins loo fois plus
grand que le premier. On pourrait cependant rétablir l'accord en
supposant qu'un atome, pour passer d.'ins la vapeur, doit posséder
un grand nombre de quanta d'énergie (').
Enfin ces considérations ne laissent pas reconnaître que la
\aleur de Cq est indépendante de l'état du corps solide et ne dépend
que de la nature de la vapeur. Aussi je ne \eux pas insister sur
les considérations précédentes, mais je voudrais du moins attirer
1 attention sur le fait qu'il y a ici un problème fondamental.
Indiquons enfin la possibilité de quelques applications de la
théorie des quanta aux phénomènes chimiques :
i" Nous avons déjà indiqué cette loi que, pour les solides, le
potentiel chimique ou l'énergie libre, peu différents Tun de l'autre
aux pressions pas trop fortes, satisfont à l'équation
lim -T— =0 nour 1 =0:
« 1
2" Avant que des molécules diatomi(|ues commencent à se dis-
socier appréciablement, le lien moléculaire rigide doit évidemment
commencer à se relâcher, cest-à-dire que les molécules donenl
(') Aux très basses tempeiaUiics, le nuifihre des alorncs qui possèdcnl «quanla
est proportionnel à e ^ .
L. ET DE B. >9
ago LA THKORIE DU RAVONNEMHM' ET LES QUANTA.
absorber des quanta d'énergie correspondant à celte liaison. Ceci
doit correspondre à un accroissement de la chaleur moléculaire
au delà de la valeur exigée par des molécules rigides. L'expé-
rience semble bien confirmer cette conclusion.
3° Pour d'autres applications aux phénomènes chimiques ou
photochimiques, je renverrai aux travaux de J. Stark, dont les
calculs sont cependant basés sur des hypothèses encore discu-
tables (').
( ') Voir aussi Zeitsc/irift f. Elektroc/te/»., m^i r, p. '|;!0, où se trouve une biblio-
graphie plus complète.
DISCUSSION DU RAPPORT DE M. NERNST.
I.
!\1. K\MERLiNGH (3>^ES. — Il iTic seuiblc qu'oii doit attribuer
un volume fini aux molécules ou atomes des corps solides. Ceci
est nécessaire si l'on veut regarder l'état liquide et l'état solide du
même point de vue. On opère ainsi quand on réunit les trois
états d'agrégation dans une équation fondamentale de Gibbs,
même si ces trois états sont seulement représentés approximati-
vement par une surlace schématique de Gibbs. 11 serait précieux
de pouvoir conserver la belle conception générale ainsi obtenue.
L'extension en volume des atomes (par exemple, de largon) à
l'état liquide, est rendue probable par la loi des volumes atomiques
deKoppetest déterminée parle covolume b de Van der Waals.
L'extension en volume des atomes intervient aussi au point de vue
de la répartition des forces que les atomes d'un liquide exercent
les uns sur les autres. Ces forces semblent venir de la surface
d'une façon qui rappelle la conception des parties sensibles de
Boltzmann, ce qui du reste n'exclut pas (pi une certaine action
peut avoir son origine à l'intérieur de l'atome.
Les atomes semblent être, pour un temps plus ou moins long,
enchaînés les uns aux autres parles points sensibles; dans l'élal
solide, cela peut donner lieu à des systèmes qui jouent un r(Me
pour la dilatation et la compressibilité. Les forces en question
sont peut-être les mêmes que celles dont le viriel mojcn, d'après
la loi de répartition de Bollziuann, donne l'expression du viricl
des forces de cohésion dans l'état fluide.
Ces conceptions sont examinées de plus près dans larlicle de
M. Keesom et de moi, sur l'Equation d'état, (jui paraîtra prochai-
nement dans V Encyclopédie des Sciences mat lié ma ligues.
Les écarts de la loi des états correspondants peuvent se com-
prendre également par la conception d'atomes ayant un volume
appréciable et agissant les uns sur les autres par des forces super-
ficielles.
■i.g-2 LA THÉORIE DU RAYONNEMENT ET LES QUANTA.
Pour les substances normales ordonnées d'après leurs tempé-
ratures critiques, il existe une variation progressive de la forme
de la surface par laquelle on peut représenter Féquation déiat,
quand on, va des substances à liaute température \ ers celles à basse
température critique; la ligne de séparation des nappes corres-
pondant au liquide et à la \apeur siihh ainsi une variation
systématique, de laquelle on peut déduire les écarts connus de la
loi des états correspondants, que présentent la tension de la
vapeur, la chaleur latente, le diamètre.
Les propriétés des molécules qui se traduisent, d'après la
conception énoncée plus haut, par des diflerences de formes et
des diflerences de répartition des forces sur la surface, se perdent
dans les valeurs movennesà de plus hautes températures (qui doivent
être aussi des températures éle\ées après (|u*elles sont réduites,
si les propriétés particulières des molécules sont tellement déve-
loppées qu'elles entraînent une polymérisation). La loi de la simi-
litude mécanique devient alors valide, comme il est montré dans
l'article cité plus haut, et la loi des états correspondants s'ensuit.
A de basses températures, les propriétés des molécules entraînent
les conditions qui sont gousernées par le théorème de Nemst et
qui mènent à des écarts considérables de celte loi.
^L LoRENTz émet des doutes au sujet de la décomposition d'une
vibration en trois vibrations circulaires. La décomposition suivant
trois axes perpendiculaires entre eux se présente immédiatement,
mais on n'en peut pas dire autant de la décomposition emplovée
par M. -\ernst.
Bien entendu, on ne peut rien objecter, s'il ne s'agit que d'une
représentation générale et pour ainsi dire svmbolique, du mou-
vement. Mais il pourrait y avoir des difficultés si l'on voulait
attacher à ces vibrations circulaires une certaine importance.
M. Planck. — Je voudrais remarquer qu'à mon avis, chaque
oscillation elliptique dans laquelle des secteurs égaux sont par-
courus dans des temps égaux, peut être décomposée en trois
mouvements circulaires uniformes dans trois plans rectangulaires
avec la même période, car nous disposons des 6 |>arainèlres néces-
saires.
AL LoRENTz. — M. Planck a parfaitement raison, mais la
DISCISSIOX nu RAPPORT DE M. XERXST. '^gS
décomposition en mouvements circulaires n'eu reste pas moins
un peu artificielle ( *) .
M. lù^STEi^. — lia été plusieurs fois objecté que l'application
lie l hypothèse des quanta à des systèmes ayant plus d'un degré de
liberté, se heurte à des difficultés de forme, soit (ju'on regarde
les quanta comme des quantités d'énergie ou comme des domaines
indivisibles d'extension en phase; si l'on modifie l'expression
fournie par la mécanique statistique pour l'énergie moyenne E
d un oscillateur à trois dimensions
. >
^e f^ dE
/'
E^e /'f/E
de façon à remplacer 1" / par un - dans lequel Eprend les \aleurs
successives o./îv, a/iv, .... on n'arrive pas au triple de l'énergie
d'un oscillateur linéaire de l*lanck.
La théorie des quanta, dans son état actuel, conduit ainsi à une
conlr.adiction, dès qu'on cherche à l'appliquer à des systèmes
ayant plusieurs degrés de liberté.
M. LA>'r;Evi.N. — (hiand on suppose, en effet, un électron assu-
jetti à se mouvoir suivant une droite, les conditions sont très
différentes de ce qu'elles sont pour un électron libre ; en parti-
culier, il n'v a plus de résistance proportionnelle à la vitesse;
sous l'action d'un ravonnement complètement ditfusé, le terme
d'amortissement de M. Einstein disparaît.
M. Lu\nEMAN> remarque que la formule d'Einstein a été déve-
loppée pour un oscillateur linéaire. M. Eucken a dévelop|>é la
formule pour la chaleur atomique d'un oscillateur à trois dimen-
sions, mais il trouve que celle-ci ne s'accorde pas mieux a\ec
l'expérience que celle d'Einstein.
(') En effet, une vibration elliptique donnée peut être décomposée en trois
vibrations circulaires qui ont lieu dans des plans perpendiculaires entre eux et
pour lesquelles on prescrit arbitrairement la direction du mouvement. Seulement
l'énergie de la vibration donnée n'est pas égale à la somme des énergies des trois
composantes.
294 LA THEORIE DU RAYONNEMENT ET LES QUANTA.
II.
M. RuBENs. — Si l'on veut calculer ramortissement des vibra-
tions moléculaires à partir de la répartition de l'énergie des rayons
restants, il faut se souvenir qu'en employant n plaques réfléchis-
santes, l'intensité Oj dans le spectre des rayons restants est égale
à(D)^.p", où C5) est l'intensité dans le spectre de la source de
lumière qu'on emploie, et p le coefficient de réflexion des plaques
pour la longueur d'onde A. La courbe qui représente le coefficient
de réflexion en fonction de la longueur d'onde doit donc montrer
un maximum moins prononcé que celui qui représente la distri-
bution d'énergie des rayons restants. On doit ajouter que le coef-
ficient de réflexion est lié au coefficient de réfraction n et au
coefficient d'extinction g par la formule
(/H-l)2+^2
Une variation observée de p entraîne une variation relativement
plus petite de «', qui est le vrai coefficient d"amortissemen,t. On
peut tout de même affirmer avec certitude que la formule que
Nernst et Lindemann emploient pour représenter les chaleurs
spécifiques ne peut pas être expliquée, comme le propose
M. Einstein, par une seule bande fortement amortie. Il faudrait
un amortissement beaucoup plus fort que celui qu'on a observé.
Dans la figure lo (Mémoire de M. Nernst), Tallure du coefficient
de réflexion du iNaCl (sel gemme) est représentée en fonction de
la longueur d'onde ; la courbe est dessinée d'après les expériences
faites jusqu'ici avec les rayons restants de NaCl,CaF- (fluorine),
KCl (sylvine), KBr, et avec des longueurs d'onde très grandes
isolées, à l'aide de lentilles de quartz, du rayonnement d'un
manchon Aiier. On voit que la réflexion métallique s'étend assez
loin : de 4o^ '-'^ 70!^.
La grande valeur trouvée pour le coefficient de réflexion pour
les longueurs d'onde encore plus grandes est due presque tota-
lement à la grande valeur de l'indice de réfraction correspondant
aux ondes situées de ce côté de la bande d'absorption. Pour
/. = io8t^, le sel gemme est déjà assez transparent sous une
DISCUSSION DU RAPPORT DE M. NERNST. >.Q^i
épaisseur de i"'™, et l'indice de réfraction nesl que très peu
din'érent de Ja valeur limite pour les ondes'infiniinent longues. La
valeur du pouvoir réflecteur p = 2?. pour 100, qui correspond à
celte valeur limite n = 2,4, est atteinte asymptotiquement par la
courbe.
En tout cas, la ligure 10 montre qu'on ne peut ni s'attendre à
une seconde bande d'absorption métallique dans le sel gemme pour
A= io4''', ni admettre une bande tellement large que son centre
de gravité soit également loin de 32^- et de io4^. Dans la sylvine,
le domaine de la réflexion métallique est encore beaucoup plus
limité que dans le sel gemme; l'amortissement des oscillations est
alors certainement encore beaucouj) plus petit que dans l'exemple
précédent.
Pour répondre à la (juesiion de savoir si les régions de rétlexion
métallique pourraient éprouver des cbangements notables de
largeur ou de position à basse température, j'ai entre|)ris des
expériences avec M. G. Hertz. 11 en est résulté que l'allure et la
grandeur du pouvoir réflecteur dans la double bande A| = 8!^, 85,
Ao = c)l-^,o5 du quartz nest pres(|ue pas altérée si l'on refroidit le
miroir de quartz à la tcmp«'rature de l'air liquide et même de
l'hydrogène liquide (T = 2i")(').
Cependant, ces expériences ne peuvent naturellement apporter
aucun renseignement sur les variations de période et d'amortis-
sement des particules neutres aux basses températures.
M. Ei>STEi>. — On pourrait s'attendre, d'après la Mécani(]ue
ordinaire, à voir l'amortissement des oscillations des ions, opti-
quement observables, se montrer indépendant de la température.
Si l'on suppose les atomes reliés par des forces élastiques dans les
corps solides, les écjuations du mouvement sont, d'après la Méca-
nique, des équations diflérenlielles linéaires et homogènes, de
sorte qu'on obtiendrait une autre solution en multi[)lianl les
déplacements par une constante, sans être oblig(' de changer leur
(') Des expériences nouvelles que M. Il< riz il moi avons faites pour déteiminei,'
l'absorption de la fluorine, du sel gemme et de la sylvine à différentes tempéra-
tures, ont montré que dans la région des plus grandes longueurs d'onde, la lar-
geur des bandes d'absorption croît fortement avec la température {.Sil::un^sbe-
richle der Konigl. Preuss. Akad. d. Wissenscli., 1912, p. 256).
296 l.A TliKOUIK Dl' UWDNXEMK.M ET LKS (JLAMA.
expression en fonction du teiiip^. Il .s en»mt f[ue la grandeur de
J écart avec le monocliroinatisme des |>arlicules \il)ranles est
indépendant de la température ; il est singulier que cette cons»'--
(^uence de la Mécanique semble être exacte, tandis cjue la conduc-
lil>ilit<'' calorifique parait impossible à interpréter [)ar la mécanique.
M. l*oi>cARK. — Gomment expliquer que les bandes dabsorption
<les cristaux de\iennenl plus fines aux basses températures, comme
le prouvent les expériences de M. Jean Becquerel?
Les équations du mouvement des électrons ne sont-elles pas
linéaires, comme celles des atomes?
M. LvNGEviN. — On considère cependant, en général, que les
phénomènes optiques intérieurs à 1 atome sont Indépendants de
la température, et qu'au contraire celle-ci intervient dans les
plu'-nomènes où sont intéressées [tlusieurs molécules. 11 est assez
paradoxal que le contraire se produise ici : les \ibrations des
ravons restants, dues aux actions mutuelles entre molécules,
seraient indépendantes de la tenqx'-ralure. tandis rjue les spectres
d'absorption des terres rares, liés à des actions intérieures à la
molécule, changent avec la température.
M. HASExoniu,. — La fréquence d'un oscillateur élémentaire ne
peut pas être exactement constante. Si l'énergie surpasse une
certaine limite, la fréquence sera \ariable avec 1 énergie. 11 est
difficile d'introduire ce raisonnement dans la théorie des quanta.
Ne serait-il pas possible -que cette varial)ilité de la fréquence ait
autant d influence qu'un amortissement sur les phénomènes
ol)servés?
M. PvUTHKHFoivn. — Y a-l-d d aulro manières d interj>réter
I allure de courl)es représentant les chaleurs spécifiques à basse
température; ne pourrait-on [)as yarri\er par des considérations
de polvmérisation?
M. iNernst. — Je ne crois pas que des actions clumiipK'S soient
probables à des températures si basses et je ne vols pas comment
les courbes pourraient être expliquées par une polvmérisation.
AL E[xsïK[N. — [>'explication de I ai)aisseinent des chaleurs
spécifiques aux basses températures, par l'hvpothèse des liaisons
DISCUSSION DV UAI'I-OUT DE M. NERNST. ?97
rij;iiios entre les atomes (ce ((tii diminue le nombre des degrés de
liberté), est inadmissible, |)arce (|ue les corps solides devraient
perdre leur déforniabilité ; la conipressibilité devrait disparaître
|)oiir r = o, et les périodes propres infrarouges devraient devenir
de moins en moins observables optiquement en approcbant du
zéro absolu, ee qui est contraire à l'expérience (').
III.
iM. l*o[^c.\RÉ. — i'our le quaitz, ou avait une formule à coeffi-
cients fractionnaires; j)ourqjioi les coefficients sont-ils fraction-
naires ?
M. Neuxsï. — Ces coefficients fractionnaires s'expliquent dans
1 bypotlièse que la molécule n'est pas SiO-, mais (SiO-)". par
exemple avec n=). Ine forte polvmérisation est d'ailleurs
probable pour d'autres raisons dans le cas du quartz.
M. LoKE^Tz. — Les dilTérents termes, dans la formule de la
clialeur spécifique, doivent, à ce qu'il me semble, être considérés
comme appartenant cbacun à un groupe de molécules caractérisé
par une fréquence spéciale.
M. ['oKNCAUÉ. — ]3ans la foiniule
comment V est-il déterminé; e>l-il ('nq)iri(pie'.'
M. Nernst. — La quantité V j)eul se calculer théoriquement,
comme Lindemann et moi l'avons montré {Zeitsch. fiir Elektro-
cliemi<\ 191 I, p. B20); ou trouvera aussi dans ce même travail
des formules plus exactes.
M""' Curie. — Les courbes ont l'allure de celles qu'on obtient
en combinant au moins (\ç.yi\ termes exponentiels de la forme
(') Le pouvoir inducteur spécifique devrait tendre vers l'unité quand la tem-
pérature se rapproche du zéro absolu. Dans la même hypothèse les périodes
propres ultraviolettes ne devraient exercer à la température ordinaire aucune
influence sur l'indice de réfraction, ni sur le pouvoir inducteur spécifique. {Aolc
de M. Einstein. )
298 LA THÉORIE DU RAYONNEMENT ET LES QUANTA.
Ce~^'^, On peut remarquer qu'il y a une grande analogie entre les
courbes expérimentales de M. Nernst et certaines courbes qu'on
obtient en radioactivité et qui peuvent être représentées en retran-
chant d'une constante la différence de deux termes exponentiels
de la forme indiquée.
M. Nernst. — Quand on emploie une autre formule que celle
proposée par Lindemann et moi, Taccord avec les rayons restants
(pour KCl, NaCl, etc.) disparaît. Nous voyons là le principal
avantage de notre formule.
IV.
M. WiEN, — Je voudrais insister sur une difficulté qu'entraîne
rhypothèse d'une différence entre les énergies potentielle et ciné-
tique. On peut sans doute faire une telle supposition pour des
phénomènes qui ne sont pas en accord avec les équations de
Hamilton, mais pour la déduction de la formule du rayonnement,
il est nécessaire de baser la relation entre l'énergie émise et l'éner-
gie de l'oscillateur sur les équations de la mécanique; et il en
résulte que, pour les oscillations simples, les énergies potentielle
et cinétique sont à peu près égales si l'amortissement est petit.
M. Rameklingh Onnes. — La formule de Nernst et Lindemann
peut être expliquée par la présence de deux sortes d'oscillations,
en supposant que les molécules ou les atomes dans les métaux
monoatomiques peuvent vibrer sous l'influence d'au moins deux
liaisons moléculaires ditlerentes. Dans un assemblage d'un assez
grand nombre de molécules, deux sortes d'oscillations sont pos-
sibles, l'une longitudinale et l'autre transversale. H. Rubens a
insisté sur ce que les oscillations que nous considérons ici existent
dans les assemblages de molécules. Si l'on suppose que les molé-
cules ou les atomes ont une extension en volume, et qu'ils sont
retenus à leur surface par des actions qui déterminent l'élasticité et
la dilatation calorifique, on peut envisager dans les cas simples la
possibilité de deux sortes d'oscillations dans un assemblage d'un
petit nombre de molécules. H ne semble alors pas nécessaire que
les oscillations dans lesquelles M. Einstein décompose les oscilla-
tions des atomes, doivent être de même nature et de même fré-
DISCUSSION DU RAPPORT DE M. NERNST. 299
quence; on pourrait, par exemple, supposer que deux decesoscil-
lalious soient de la nature des vibrations transversales, et la
troisième de celle des vibrations longitudinales.
Le rapport des fréquences serait à peu près y/5 (peut-être moins,
mais pas beaucoup); c'est le nombre qu'on trouve si l'on calcule
les fréquences des molécules par la méthode de Madelung, avec la
constante de Poisson égale à o, 3 5, et en eftectuant le calcul succes-
sivement sur les oscillations transversales et longitudinales.
Je voudrais faire remarquer tout de suite que je n'ai pas trouvé
un accord quantitatif avec cette idée émise à titre d'essai, quil
reste à expliquer pourquoi les oscillations lentes sont dues à des
atomes neutres, et qu'il j a bien plus de difficultés pour expliquer
la résistance galvanique qu'en supposant une seule fréquence qui
serait la moitié de celles correspondant aux chaleurs spécifiques;
j'ai simplement voulu signaler l'idf^e (juil pourrait y avoir deux
sortes d'oscillations pour la molécule.
M. EiASTEi^'. — La formule de Nernst el Lindemann est sans
doute un grand progrès, mais je suis d'avis qu'on ne devrait pas la
regarder comme autre chose qu'une formule empirique ; il est bien
évident a priori que les atomes des corps solides ne peu\ent pas
se conduire exactement comme des résonateurs infiniment peu
amortis; je regarde la cause de l'écart entre l'expérience el la
théorie comme fournie par le fait (jue les oscillations des atomes n<'
sont pas tout à fait monocliromatiques. Une recherche plus exacte
pourrait montrer, si l'on peut maintenir cette manière de \oir.
M. Li^DEMAXiv remarque que la formule de Nernst el Lindemann
est toujours en accord avec l'expérience, si la substance consi-
dérée cristallise dans le svsième régulier; il en est autrement si la
substance cristallise dans un autre système; il insiste sur la possi-
bilité de supposer que la présence de deux termes d'Einslein a\ec
des fréquences diflerentes d'une octave pourrait avoir une cause
géométrique. Cela aurait lieu, par exemple^ si l'on supposait que
les forces qui s'exercent entre les atomes sont des forces dirigées;
dans ce cas, on pourrait, avec une disposition en carré, supposer
que l'atome peut osciller dans la direclion diagonale ou parallèle-
ment aux côtés du carré.
L'oscillation dans une de ces deux directions n'aurait aucun
300 LA THKORIE 1)1 RAYONNEMENT ET LES QUANTA.
ellcl optique si, dans celte direction, les ions étaient alternati\e-
nicnt positifs et négatifs.
Il j a sans doute de grandes difficultés a\ec cette hypothèse,
j)Our arriver à des oscillations pendulaires et à l'égalité des éner-
gies cinétique et potentielle; cependant, la supjiosition qui est
contenue implicitement dans la formule d'Einstein, qu'un oscilla-
teur ne peut effectuer d'échange entre l'énergie qu'il possède dans
sa vibration relative à un axe et l'énergie qu'il possède dans sa
Mi)ration relative à d'autres axes pourrait se concilier avec les con-
sidérations précédentes.
M. Einstein. — Si les forces qui déterminent l'oscillation sont
proportionnelles à l'écart à partir de la position d'équilibre, il
résulte des conditions de symétrie du système cubique qu'un point
matériel ne peut pas posséder deux fréquences, en vertu des lois
de la mécanique.
M. PoiNCARÉ. — \ a-t-il, pour les gaz, des expériences assez
])récises à basse température?
M. Nernst. — Pour la chaleur moléculaire de l'air à la tempé-
rature ordinaire, on a trouvé la valeur théorique de Boltzmann; à
basse température, on a trouvé une valeur (pii ne s'en écarte pas
beaucoup.
M. PoiNCARÉ. — Nernst prévoit (pi'à température encore plus
basse il y aurait un écart, la chaleur spécifi(|ue de l'air tendrait
vers celle des gaz monoatomicjues ( ' ).
Quel serait le v correspondant?
M. INernst. — La fréquence variable v est déterminée par lé-
ncrgie de rotation et les dimensions de la molécule. Les difficultés
que rencontre l'application de la th('"orie des cpianta à ce cas sont
effectivement grandes.
(') iielte supposition a été confirmée depuis par les recherches de M, Eucken,
qui a trouvé pour l'hydrogène, aux températures de So" à Go* absolus, la chaleur
o
spécifique -R qui correspond aux gaz monoalomiques, au lieu de - R comme à
la température ordinaire. La diminution de chaleur spécifique se produit d'ail-
leurs plus rapidement que ne le prévoit la théorie. {Aoie de M. .\ernst, février
irjio.)
DISCISSIO.N DU RAPPORT DE M. NERNST. 3() 1
M. RuTHERFORT) demande si les chaleurs s()écifiques des i:az
ont été mesurées à chacun des états gazeux, liquide et solide; ces
mesures éclairciraient le mécanisme atomique.
M. Kamerlinoh ()-\>'i:s. — A propos de cette remarque de
M. \ernst sur l'importance des mesures des chaleurs spécifiques de
l hydrogène à l'état liquide et à l'état gazeux, je voudrais remar-
quer que M. Keesom et moi sommes en train de faire des mesures
depuis longtemps pour l'hydrogène liquide. Nous avons déjà
publié nos résultats sur les mesures des chaleurs latentes de vapo-
risation de l'hydrogène qui font partie de la même série de
recherches (iVatuur. en Geneesk-Congres, Groningen, 191 1 1.
Comme nous avions calcidé que, d'a|)rès la belle théorie des clia- -
leurs spécifiques des gaz de M. Xernst, la chaleur spécificpie de
l'iiydrogène devrait avoir des écarts considérables dans le sens des
gaz monoaloiiiiques à i4" Kelvin, la détermination de ce nombie a
été entreprise aussi; une application de la détente adiabati(jue n'a
pas tranché la question de savoir si l'écart calculé était observable,
mais avec un appareil pour l'application de la méthode de Kundt,
les résultats déjà obtenus donnent les meilleures espérances.
M. EiNSTKiiN'. — Les recherches sur les caractères oj)tiqucs des
gaz à molécules diatomicpies possédant un moment éleclricpic,
seraient du plus grand intérêt parce cju'on pourrait trouver ainsi la
loi statistique des rotations en considérant les relations entre les
coefficients d'émission et la fréquence, ou à fréquence donnée la
relation entre le coefficient d'émission et la température. (Cepen-
dant, il faudrait appliquer les lois de l'électrodynamique.)
M. Lajvcevin. — Je voudrais faire remarquer (|ue la présence,
dans les molécules d'un gaz, de dipôles ayant une longueur com-
parable aux dimensions moléculaires conduirait à un pouvoir
inducteur spécifique très élevé dû à l'orientation de ces dipôles
dans le champ électrique. Au moins pour les éléments gazeux, il
ne doit rien intervenir de ce genre, puisqu'on rend complète-
ment compte des propriétés diélectriques de ces gaz en leur suppo-
sant avec Glausius des molécules conductrices sans |)olarisati()n
préalable, et que, comme on l'a déjà dit hier, toutes les hypothèses
faites sur la structure des molécules polarisables, sans moment
électrostatique permanent, conduisent au même résultat.
LA THEORIE DU R\^Y(»NNEMENT ET LES QUANTA.
M. LiNDEMAN^- expose les résultats de M. Koref, qui a appliqué
la formule v =Cl/ — ^ à une série de combinaisons dont il a
T.
mesuré les chaleurs atomiques moyennes. Comme dans la plupart
des cas on peut regarder les volumes des atomes comme additifs.
on peut calculer la fréquence d'un élément dans une combinaison,
daprès la formule v, = Vjl/7|^, si vo est la fréquence connue
soit à l'état élémentaire, soit dans une autre combinaison. Il est
intéressant de noter que la fréquence du silicium dans le carbure
de silicium est beaucoup plus grande que dans l'état élémentaire,
puisque la température de fusion est beaucoup plus haute. Il s'en-
suit qu'à des températures inférieures à 80", la chaleur moléculaire
(lu Sic doit être plus petite que la chaleur atomique du silicium,
et c'est en effet ce que Russell a trouvé.
On a trouvé une confirmation également frappante avec beau-
coup d'autres combinaisons.
VI.
M. EiNSTEiîv. — Je voudrais remarquer qu'à mon avis, on ne
peut pas déduire le théorème de Nernst du fait que les chaleurs
spéciliques disparaissent près du zéro absolu; cependant, sa légiti-
mité en devient plus probable; la question est de savoir si, suffi-
samment près du zéro absolu, un système peut passer de l'état A à
l'état B d'une façon réversible et isotherme sans échanse de cha-
leur ; cela ne peut se déduire de la faiblesse de l'agitation molé-
culaire, car le passage de A à B ne pourrait s'efl'ectuer qu'en
utilisant le peu qu'il reste d'agitation thermique, et pourrait cor-
respondre à un échange de chaleur avec l'extérieur considérable
par rapport à l'énergie d'agitation présente; dans ce cas, le passage
du système de l'état A à l'état B serait absolument impossible au zéro
absolu. Le théorème de INernst revient à énoncer l'hvi^othèse,
d'ailleurs l)ien plausible, qu'un changement de A à B est toujours
possible dune manière purement stati({uc. au point de vue de la
mécanique moléculaire.
DISCUSSION DU RAPPORT DE M. \ERNST. 3o3
M. LouENTZ. — J'ai cru autrefois qu'on pouvait démontrer le
théorème thermodynamique de M. IVernst en se basant sur le
décroissement rapide, que la théorie de M. Einstein indique pour
l'énergie ciuétique contenue dans un corps au voisinage du zéro
absolu. La remarque que M. ['Einstein vient de faire me fait voir
maintenant que, dans cette démonstration, il s'est glissé une hypo-
thèse accessoire qui pourrait ne pas être vraie, à savoir que l'in-
fluence de l'énergie cinétique sur l'équilibre entre deux phases est
d'un ordre de grandeur comparable à celui de cette énergie même.
Si l'on admet qu'en vertu de sa concentration en éléments finis,
l'énergie cinétique peut avoir une influence d'un ordre de grandeur
très supérieur à sa valeur, la démonstration dont il s'agit me
semble être en défaut.
M. Nernst répond qu'il ne peut comprendre pourquoi on met
en doute la possibilité d'appliquer la théorie habituelle de l'éner-
gie potentielle dans le cas des très basses températures où, d'après
la théorie des quanta, le nombre des atomes en mouvement est
extraordinaircment petit par ra[)port à celui des atomes en repos.
M. EiNSTEr.\. — La grande conductibilité calorifique des isolants
n'est explicable ni dans la théorie mécanique ordinaire, ni avec
l'hypothèse des (juanta d'énergie. D'après chacune de ces concep-
tions, l'énergie d'oscillation d'un atome ne devrait pas se propager
au delà des atomes immédiatement voisins pendant le temps dune
demi-oscillation, et il faudrait considérer deux transferts succes-
sifs d'énergie de ce genre comme des événements indépendants.
On est conduit, dans celte manière de voir, à des valeurs beaucoup
trop petites pour la conductibilité, et il semble donc que, à basse
température", l'agitation thermique ne possède pas le caractère
d'incoordination complète.
SUR LES
RÉSISTANCES ÉLECTRIQUES;
Par m. KAMERLINGH ONNES.
Je crois devoir attribuer la valeur limite Irouvée par M. Nernsl
pour la résistance électrique de raluminium à des impuretés de ce
métal. J'ai observé des influences de ce genre pour le platine et
Tor en opérant jusqu'à la température de l'hélium liquide ('). Jl
résulte des recherches que j'ai entreprises autrefois avec la colla-
boration de M. Clay à la température de l'hydrogène liquide que
la résistance limite sera d'autant plus petite que le métal est
plus pur. Le mercuie peut être obtenu plus facilement que les
autres métaux dans 1 état d'extrême pureté. On peut aller si loin
dans cette direction qu'il ne se manifeste plus aucune résistance
atlribuable à des impuretés. La résistance du mercure extrême-
ment pur devient pratiquement nulle et il en serait probablement
de même pour du platine ou de l'or parfaitemeul purs.
Je voudrais à ce sujet donner quelques indications au sujet de
mes recherches sur la résistance du mercure aux températures
extrêmement basses.
Ces recherches font partie d'une série de travaux entrepris
depuis longtemps sur les particularités qui apparaissent dans un
grand nombre de phénomènes aux températures voisines du point
de fusion de l'hydrogène et au-dessous de ce point. J'ai attribué
d'une manière générale ces particularités à une sorte de congéla-
tion des électrons sur les atomes. L'observation de la résistance
du mercure peut peut-être fournir des indications plus précises
(') Voir Communie, fr. Ihe physical Laboratory at Leideii, iv 119, 120, l'23.
SIH Li:S RESISTANCES ÉLECTRIQl ES. 3o5
à ce sujcl. l'roljahlciueiit, on devra envisager celle congélaliun des
<'leeti-()ns siii- les alonies comme correspondanl à l'arrêt de certains
oscillateuis de Planck.
I.a figure i i représenle les variations, avec la température, de la
l"ig. II.
résistance du platine, de lor et du mercure au-dessous de — i oo"C.
On a porté en ordonnées le rapport de la résistance W , |>oui' la
température T à la résistance du même (il A\ j;o à la lempt'-ralme
de o" C.
Pour le mercure solitle, on a admis comme résistance à o"C. la
\aleur obtenue par extrapolation des résultats expérimentaux
au-dessus de — loo".
La figure contient d'abord les résidlats obleuus aulérieurcmeiil
par M. Clav et moi juscpi'à la température de l'hydrogène liquide
inclusivement; les points correspondants >onl iiiarcpiés I. I.a
courbe relative au mercure n'alleint pas encore à la leuipératiire
de l'hydrogène liquide, le point trinllcxioii (pii se trouve sui' les
autres et (pii semble traduire pour les métaux I existence d étals
<orrespondants. Les couibes relatives aux deux autres métaux
montrent déjà dans riiydrogène liquide une incurvation très nette
pour s'approcher de la direction de l'axe des abscisses et qui aurait
dû, d'après mes sues antérieures conformes à celles de Kelvin et
L. ET DK i>. iO
3o6 LA THÉORIE DU RAYONNEMENT ET I.KS QUANTA.
développées d une autre manière par Kœnigsberger, rire suivie
d'un relèvement aux températures encore plus basses. La figure
est complétée par les r('sultats de mes recherches, manpiés II, à la
Icin|)(''ralure de Ihéliuin litpiide. Quand j'ai lait lexpérience sur
le |)hitiue, à la température de I hélium li(piide, j'avais bien pensé
(pi au lieu de montrer le relèvement prévu, la résistance pourrait,
(piand la température s'approche du zéro absolu, tendre vers une
valeur limite ou même vers zéro. Ma surprise a cependant été Iih-s
grande en constatant quau voisinage de la température de l'hélium
liquide, la résistance du fd de platine Pt H sur la figure, devenait
indépendante de la température, comme cela est montré par la
ligure 12 (dont l'échelle est 5 fois plus grande); d'autant plus qiie.
Fia. 12.
de l'iidluence des impuretés manifest('e par les courbes relatives à
divers échantillons dor, on doit conclure que la résistance des
métaux purs (comprenant dans la figure les courbes pour For avec
di\erses quantités d'impureté et la coiirlte |)()intill(''e acceptée pour
l'or pur) serait déjà pratitpieinent (c'est-à-dire jusqu'à des valeurs
<pii sont attribuables à des impuretés inévitables) nulle à des tem-
pératures supérieures au zéro absolu (voir la figure i3 dans laquelle
l'échelle des résistances est 20 fois plus grande).
SUR LES IlESISTANCES KMCCTRCQUES. J07
Ces nouveaux rûsullats ne permettent plus de supposer ([ue les
«'•leclrons libres se coai^èlenl sur les atomes, mais semblent indiquer
<pie lo iib-«l.ulcs ail mouveuicut des électrons dis|)araissent.
Le fait ipie celle disparition se produit avant le zéro alisolu sug-
géra une application de la théorie des cpianta analogue à celle faite
Fis:, i.i.
/
1/
i /
1/
/
II
A-
/
pr6_,--^
-
". ' : \ — v^
V
/ 1 >MV
/ 1 .^-^^^^u,'
^ 1
par Einstein et Aernsl |)Our e\pli([urr la dispanlioii de la cliaiciii-
spécifique. Il suffit d'admettre que les obstacles au mouvement (!»'>
électrons dans les métauv|)urs proviennent de l'agitation des oscil-
lateurs de Planck. En se plaçant à ce point de \ue. on pouvait prér
voir la variation approximative de la résistance en fonction de la
température en inlroduisanl les considérations de Planck dans la
théorie de Riecke-J3rude-Lorentz. E'inlluence des obstacles doit
aussi être considérée comme proportionnelle à la \ilesse ou a
3o8 LA THÉORIE DU RAYONNEMENT ET LES olANTA.
lainpIitiKle du mouvement des oscillateurs, par conséquent pro-
porlionnelle à \^ li où E est Ir-nergie défim^ par la loi-mule de
IManck.
Il en résulte
^^2T3 vTvIVl
(vClte repn'-sentalion coucorflc a\cc les tails |»our des hr-quences v
<[ui ne s <'"loignent pas trop de celles quon calcule par les
données de 1 élaslicité et qui con\ iennent pour le calcul des cha-
leurs spécifiques, el ce fait augmenle la pi-ohahililt- pour (pie la
théorie des quanta soit applicable ici.
On pouvait ainsi prévoir conmieni de\ait ><e comporter la résis-
tance du mercure.
D'aprèsles calculs à 4"; a.") absolus, point d él)ullition de I liédium.
la résistance du mercure pur devait être encore appré-ciable et
devaitétre praticpiemenl nulle à ')" 'absolus. On pou\ail attendre
aussi que le mercure puisse être obleiiu assez jnir pour |iermetlre
une vérification. Le résultai a confirmé cette prévision.
r^e mercure a été putilié aussi parlaiteinent que jjussible par
dislillalion daiiï. 1 aii' liquide. Après congélation dans un tube de
verre ca|)illaire, le fil de mercure ainsi obtenu a été mis en commu-
nication à cliaqiie extrémité- avec deux fils de mercure obtenus
par le même |)rocédé et qui servaient, l'un à en\over du courant
dans la résistance, el I autre à mesurer la chute de potentiel, l^es
ri'sultats sont repiéseiiif's >iii- la figure i». On voit que la résistance
à .)" absolus est |»lii> j)elile que le , ,,0 ô „ „ „ de sa valeur à o" C.
D a|)rès de nou\elles recherches, celte limite peut être encore
abaissée. Pour un abaissement de la température juscpià 2" absolus
la résistance reste inférieure à celte limite. Malgré celte confirma-
lion, je considère la formule donnée comme repré'sentanl une ten-
tative grossière pour appli(pi<M' la iIu'oim- des quanta. Ou ne |)eiit
donc non plus allirmer que les oscillateurs considérés sont les
mêmes qui correspondent au\ longueurs doude extrêmement
grandes observées par Rubens dans le rayonnement de lare au
SIR LES RKSISTAXCES KLKCTRIQIKS. JOÇ)
nicrciu'o. ( )n prul seulemenl rcniar<|iiri- (|ii il> ne sont pas Irrs
(lllïérenls.
Daprcs les |)lu.s récentes roclierclies sur la nianirre donl dlspa-
raîl la résislance, certains caiaclères se sont montres qui ne
rentrent pas dans I explication proposée et dont je nai pas encore
bien analysé lorigine.
Je ne puis encore complètement m'expliqiier sur ce point. Il
semble cependant certain qne. comme le montre la figure i4 cons-
l-i^. II.
0,0015
O.B005
0,000
r^
^^
\H3
<io-*
4;?o
4:50
truite à une échelle 200 fois plus grande que la figure i 1 . la résis-
lance du mercure subit, un peu au-dessous du point d'ébullilioii de
I lu'lium. une diiiiiniitiou trc^ lapide et presque une di'^coiitmuitc''
qui produit la dis|)aiil ion de la l'ésistancc aii-d(-<->iiN dr la lenqx'-
rature f)our laquelle la formule donnée plus li.uit |)iévoil cette
(lisparition.
Je voudrais prc'-senter encore quelcpies (d)>('i\atu)ns :
1" La formule intéressante qu'a donnée M. Lindeinann en même
temps que je publiais la mienne ne permet, comme rindic[ue son
auteur, de conclusions quantitatives que si Ion remplace le calcul
théorique des constantes par une (h'-teruiination empii upie. l'.ncore,
il y est introduit une résistance résidiiellc Si Inn tient compte
3lO t.A THEORIE DU RAYONNEMENT ET LES QUANTA.
(lu l'ail que la résislance limite des métaux purs est pratiquement
nulle, la formule de M. Lindemann se transforme dans la loi em|)i-
rique proposée par Xernst lorsque, pour la rendre apjilicable aux
métaux purs, on a annulé dans celle-ci la résistance résiduelle. Les
résistances limites tpii peuvent subsister dans le cas des métaux
purs sont probablement d'un ordre de grandeur beaucoup plus
petit que les résistances limites qui ligurent dans la formule empi-
rique de Nernst et qui doivent être attribu(''es aux impuretés.
2" On peut remarquer que la manière, non encore expliquée, il
fsi \rai, (ioal se comportent les alliages pou\ail laire |jré\oir lin-
variabilité aux très basses teiiip( ratures de la résislance jésiduelle
altribuable aux impuretés.
4
DISCUSSION DU RAPPORT DE M. KAMERLINGH ONNES.
M. LvNGEviA. — Je \oiidrais demander à M. Kamerliiigh Onnes
si la \aiialioii très rapide qui se produit au \oisinaj;e de |" absolus
dans la couductivité du mercure ne corres|)ond pas à i\n cliange-
menl d état saccompagnant par exemple d une variation l)ru>(pie
de \olume. G est un fait constant que les \ariations de \olume qui
se pi'oduisent pendant la fusion, par exemple, s'acconi])agnent
d'une variation énorme de conductihilité. probablement |)ar suite
d un chaniiemenl dans le nombre des électrons libres. Toute con-
traction correspond à un accroissement de ce nombre, et il y a
lieu de se demander si Taugmentation énorme de conducti\ité
observée par M. ( )nnes nCsl pas la consécpience d une telle con-
iraction. I^a discontinuité dans la variation de la r(''sistance peut
résulter d'une discontinuité dans la variation du noml)re des <''lec-
irons libres, ou, comme le suppose M. Onnes. d Une \ariati()n
rapide, déterminée |)ar la formule de M. l'Ianck. dans ragilalion
de ces électrons.
M. Kameuliagh O.xiXES. — J'aurais liien désiré avoir [)u mesurer
déjà à ces basses températures la conductibilité calorificpie, la
chaleur spécilique, la densité, la dilatation et rtdaslicil('' du mer-
cure. Ces mesures étaient réclamées tout d'abord pai' la lliéorie
dont je m'étais servi [voir Commimication n" 119 du i^aboialoii'e
de Physique de Leyde), théorie (pie, du reste, je ne considère (pie
comme une esquisse de la manière donl on peni faire enli(;r les
vibratenrs de Planck dans la d('-diiclion de ta conduclil)ilit(- dan> la
théorie des électrons. Mais je ne me suis pas encore a\ancé si loin.
Je ne puis donc pas r('-|)ondre encore à la ipiestionde .M. Langevin.
Il est possible qu'il s'agit dnii cliangement de volume appn'-
ciable, qui donnerait comme résultat secondaire une augmenlalion
de conductibilité. Cette augmentation devrait être alors beamoni)
plus grande (pie dans des cas analogues. Il est p()>sil)le aussi (pie
la modification con-iisle |)riii(ipaleinent dans le changemciil de la
Sri LA ïHiioRiE Dr kavonxh:.ment et les quanta.
période des vibraleurs dont je viens de parler. Lors(jiie leur ïrr-
quence changerait par exemple du simple au double, la conducli-
bilitf- sérail déjà bien augmentée d'après la formule acceptée.
En tout cas, le nouvel état du mercure se distingue de celui
au-dessus de ^"^'aK. par une conduclibilité tout à fait extraor-
dinaire.
AIM'LICMION
THÉORIE DE L'ÉLÉMENT D'ACTION
PHK.NOMÈNKS MOLÉCULAIRES NON PÉRIODIQUES,
Pau m. \. SOMMEIUEM).
I - ÉLÉMENTS D ÉNERGIE ET ÉLÉMENT D'ACTION.
On pourrait construire une inécanique'qui s occuperait unique-
ment des inouvements circulaires périodiques. Elle suffirait pour
les besoins les plu< grossiers de lAstronomie et pour beaurouj) de
([ueslions de technupie industrielle, mais elle ne nous donnerait
(ju'une image trcs incomplète des lois de la Mécanicpie. Les actions
dinerlie ny inter\ iendraient que par la force centrifuge cl la
masse y serait définie seulement comme quotient de la force cen-
trifuge par l'accélération centrale. Dans 1 énergie de ce> uiounc-
ments. il ne figui-erait (pie le produit Pw. R étant le ra\on <le la
Irii jecloiii' ci rcidaiic cl v le iKiinhrc df loiir^ |»;ir mille (\c Iciiip-.
Noire théorie actuelle des ('•l(''niciit> d ciieigie me parait corres-
pondre à une simplilicatioii analogue à celle de celle iiu-canicpie.
N'envisageant que les pliénoiiM-ncs péri()di(pic>, cWi' |>cul ■^lllfire
aux besoins de la tlu-orie du rayonnement el dv.s princi|>au\ jiro-
Idèiiies de la théorie des chaleurs spccifi(pie>. Lllc se trouve arrêtée
devant les questions posées |)ai- h ^ pluMiomcncs physitpies où
inlerxiennenl les acli<)n> moh-cidaires de manière plus indivi-
duelle. De |)lii-. elle contient dc> liy|)othèses assez >iiigulièies el
Sl/i LA THÉORIE DU HAYOXNEMKNT ET LES OUANTA.
(liriicileinenl. cunciliahles avec Jes londeiiieuls relallvcmenL très
sTirs de la théorie électromagnt'licjue. Il en i-ésulte la nécessité de
cliercher coinine en M(''cani([iie un poini de \ ne plus général d'où
a[)|)araîlraienl plus clairement les lois reiatixes aux pli(''nomènes
péii()di(|iies.
(]e point de vue plus g(';néral me semble déjà être indicjué avec
toute la clarti- désirable dans les dimensions et dans la dénomina-
tion donnée par IManck à Télément d'action. La constante univer-
selle qui sest intioduite dans les recherches théoriques et expéri-
mentales sur le ravonnement nés! |)as un éh'menl d'éneri^ie. mais
un (piantum d'acMion
// = Gj o X ii>~'-' erg-secoiido
de la dnuen>i(tn d une ('ueri^ie multqjjiée par un t(Mnps.
Nous ferons, par suite, l'hvpothèse suivante. I^es j)ropriétés
gén('rales de toutes les molécules ou atomes (pu déterminent les
phénomènes de rayonnement ne consistent pas dans 1 intervention
d éléments j)articidiei's d'énergie, mais en ceci, ([ue la manière
dont se produisent les échanges d'énergie dans un temps plus ou
moins long est dominée par une loi universelle, il semble ni'ces-
saire d'admettre (|ue le temps nécessaire à la matière pour prendre
ou céder une certaine ipuuitité d'énergie est d autant plus court
(pie cette énergie est plus grande, de telle sorte que le produit de
l'énergie par le temps ou plut(')t, d a|)rès la définition |)lus précise
(pie nous allons donner, tpie I intégrale de lénergie j)ar rap[)ort
an temps est déterminée par la grandeur //. \ oiei deu\ exemples
sur les(pu'ls n(»us reviendrons |)lus loin :
a. AlfSorjUidii (V énergie. — Les rav<tns calhodi(fnes de grande
vitesse donnent ({ç.-^ ravons de lliintgen durs cl les taxons catlio-
dicjues de laible \itesse donnent des rayons mous. La j)lus ou
moins granile dureté des rayons de luintgen correspond d ailleurs
à I épaisseur pins ou moins petite de la pulsation éleclromagné-
ti([ue correspondante, ou, ce qui rexienl au même, à la durée
plus ou moins courte de larrèt des [»aiiiciile> calliodupies. Donc
des rayons cathodiques de grande énergie seront arrêtés dans le
temps le plus court, les rayons cathodiques de plus laible énergie
dans le temps le plus long. Ce lait, (pii nous est t'onrni directe-
ment par rexj)érience, n en est pas moins tr«'s singulier. Il est en
APPLICATION DE I.A THKORIK DE LELEMEM' 1) ACTION. JlJ
opposlliou ;i\t*r tonlf" ;inaloi;ie tirée des pKénoinrnes haiistiqnes
et seinhlc n adniellre aucune explication fondée sur des considé-
rations d"(''neri^élique ordinaire (' ). On doit, au contraire, le pré-
\oir du |)oint de \ne de rcdéinent d action et il justifie au moins
<|ualitati\enieul l liv|)(illirse ipie dans les |)liénomènes molécu-
laires individuels c'est le |)roduil de Téner^ie échangée par le
temps nécessaire à cet échange c|ni joue un rôle important. Nous
verrons plus loin que cette conception se xérifie aussi ([uantitali-
vement et nous répondrons à l'objection d'après laquelle il n'est
pas légitime île considérer les raAons de llontgen comme consis-
tant seulement dans le rayonnement produit par l'arrêt des parli-
cnles calhodi(|ues.
b. Emission >C ('nert^ie. — Les rayons [îi durs son! accompagnés
de rayons-' durs et les rayons j moins durs de ravons ■' plus mous.
i3ien que ce résultat semble être contredit actuellement dans cer-
tains cas particuliers, il n'en correspond pas moins au plus grand
nombre des laits. La dureté des ravons |j augmente avec leur
énergie. La dureté des ra\ons -' diminue c[uand lépaisseur des
[)uIsations électromagnéti(|ues (|ui les composent augmente ou,
ce (|ui revient au même, (|uand augmente le temps mis par la par-
ticule 3 à ac(pi( rir sa \ilesse. IN'ous devons donc considérer comme
\alable aussi en radioacti\ ité cette règle très |)articulière ; de
grandes (juanlit(''S d'énergie sont émises dans le temps le plus
court et de peliles rpiantités d énergie dans le temps le plus long.
Cette règle ne peut se comprendre sans une modilication profonde
de notre représentation des échanges d'i-nergle. inodilicalion
([u'introduit la théorie de Pélément d acInMi.
Nous obtenons \\\\ énoncé [dus précis de I liy potlièNC né'ce>saire
en partant de la dénomination, cxtrémeinent heureuse. ( hoisie par
l'Ianck des élrinenls (['(tel ion. Celh'-ci nous reporte à l'intégrale
<le temps qui intervieni daii-^ le princi|)r dilaïudltui,
où T est l'c'nergie ciii(''li(pie et L l'(''nergie |)olenlielle du système
(') Cf. p. :;::. n.,ir.
3l(') LA THÉORIE DU RVVOXXEMEXT ET LES QLANTA.
mécanique considéré. Dans les cas où la distinction entre l'énergie
cinétique et lénergic potentielle n'est jdIus possihle, PJanck écrit
cette intégrale :
0
K dt
et appelle .5C, d'après Helmlioltz, le potentiel cinétique. Si l'on envi-
sage avec Helmlioltz et Planck le principe d'action comme le fon-
dement le plus profond de la Mécanique et de la Physique, on sera
conduit à relier la constante universelle du rayonnement 1i avec
lartion / ."tCr/Mpiia les nièmcs dimensions. Nous aboutissons
ainsi à riiypothrse fondamentale siii\ante pour la signification
générale de A :
Dans Loui phénomène moléculaire pui\ V atome prend ou
perd une quantité d'action déterminée de manière universelle
et de grandeur
r
A<. (Il = — ;
T est la durée de l'action et .1C sera d'ordinaire considéré simple-
ment comme une abréviation pour ( T — U).
Nous verrons, à propos des phénomènes photo-électriques,
jxinrquoi le facteur 2 t: a été introduit dans le second membre.
L expression, à pi'emière vue mal définie, i\e phénomène molé-
r//A///v' /^///- désignera, dans ce qui suit, l'action mutuelle entre
un atome et un électron. Nous laisserons provisoirement ouverte
la cjuestion de savoir si notre hypothèse fondamentale doit être
étendue à l'action mutuelle entre deux atomes ou fragments
d'atome ( ' ).
Des considérations de relativité semblent conduire nécessaire-
ment à un énoncé analogue au moins pour le cas [)articulier et peu
iin|)orlant pour nous d'un point matériel isolé. Considérons celui-
ci dans un sxstème de référence déterminé; deux positions infi-
niment voisines sont définies par les deux systèmes de coor-
données
a^, j'. -z, / = ici
(') Cf. le commencement et la lin de la discussion et une remarque du para-
raplie li de ce liapport sur les rayons a cl les rayons de (ioldslein.
AIM'LICATKtX DK LA TIIKORIE 1)K L l-LEMENT D ACTIOX. JlJ
et
X -+- dx, y -+- dy, z -r- dz, l -^ dl = ici -^ ic dt
où c rt'pi'ésctile ht \ ilessc de la lumière.
Taudis (jue les \alcurs individuelles des coordonnées varient
avec le sjstèine de référence, confonnémeut à la translorniation de
Lorentz, il u'v a (|ii'une fouctiou de ces coordonnées qui reste
iii\ariaute. c esl I clcincni de ligne d' univers ( Wel tlinieii-Kle-
nient)
ds = ^'dx'-— dy'-T- dz'--+- dl-,
C'.el clément représente la distance, dans l'espace à (juatrc dimen-
sions ou univei's de Minkowski. des points correspondant
aux deux positions successives de notre point uiatériel et difl'ère
seulement par le facteur ^'c de l'élément du temps propre (Ei^en-
zeit) de iMinko\v>^ki. En employanl les notations ordinaires
, /dx\^ /dyy- /dzy ^ r
on peut écrire t-ncore pour 1 ('■lémenl de lii^nc d'univers
ds = ic dt y I
Pour obtenir une tpiantilé rétdle et de la dimension du |)roduit
d'une énergie par un temps, multiplions cette ex|)ression par
— icniQ où /«o est la masse au repos de notre point matériel et par
conséquent est une grandeur in\ariante pour ions les changements
[)urement mécanujues. Le produit ol)lenu
— i<'in„ ds = c- /^ft V • — r'" '^'^ ^ '"'^ '^^^
est naturellement aussi un invariant pour les Iraiisformalioiis de
Loreniz et, par suite, comme ou la déjà signalé, le seul invanaul
faisant intervenir les deux |)osil ions inliniment \oisines de notre
point matériel. La nolalion ^i dt où -"K; = r- //^o\ ' — J^' est justi-
fiée par ce fait cpie les équations du mouvemeni dans la mécanique
du princi|)e de relati\ité se déduisent de la mrnie manière à partir
de celte grandeur JC (pic les écpiations ordinaires de Lagrange à
partir de la grandeur
.K =T— U.
8 LA THKOIUE DU RAYONNEMENT ET LES ni ANTA.
Xaliirelleaieiit, rintt'L;r;ile de lem|)s
f
jC (1/ = — icntu Si'
esl aussi iiKlcjiendanle du svstcine de rcféreiic*'. jjiiis(|u elleesl pro-
j)orlionnelle à la longueur s, 2 de la ligne d'univers entre les points 1
et 2 de cette ligne qui correspondent aux temps zéro et-:. A ce point
fie vue, on peut remarquer que le principe de moindre action
sous la forme où il a ('-lé énoncé tout d alifud par l^lanck pour la
mécanique du piincipe de relativité peut encore, cl après ce qui
précède, s'appeler />/7/ic//>e de plus courte liQue dhinwcrs
0 f'ch=.
La force extérieure qui agit sur le point matériel n intervient
d après cela, que dans une condition auxiliaire de liaison : la ligne
d'unis ers. comme la variation de cette ligne, doivent être normales
au vecteur à quatre dimensions qui correspond à la force.
D'après le principe de relati\ité, toutes les lois de la Physique
doivent être indépendantes du système particulier de référence
employé. Vjn. énoncé général relatif à l'énergie cinétique ou à
I intégrale de temps de cette énergie ne |)eiit donc a\oir aucun
sens, pas plus que, j)ar exemple, en Mécanique ordinaire, une loi
d'attraction qui ferait intervenir la composante de l'accélération
dans la direction des x sans qu'on ait fixé à 1 avance le système
de coordonnées. L'énergie ou lintégrale de temps de l'énergie n'a
aucune signification physique absolue, il en est autrement pour
l'action (jui nous fournil le seul moyen de relier la mécanique du
j)oiiil matériel à une constante universelle. La formule donnée
précédemment pour exprimer notre hvpothèse fondamentale est la
traduction analytique de cette possibilité et n'est arbitraire que
par le facteur numérique i~ introduit dans le second membre.
Le fait que ce facteur numérique doit être positif résulte d ail-
leurs de 1 existence d'un sens déterminé de j)arcours sur l'axe drs
temps ou sur une ligne d'uni\ers quelcouipie.
Dans le travail de IManck sur la dvnamupie des svstèmes en
mouvement (^M, on trouve, comme dernière et plu-- importante
(') Silziingsberiflde der preussisclien A/,ademie, l'jo-. p. j'ii.
A1>1>HCAI'10.N DE LA IllhdUli; l)i: I, I.I.K.MKNT DACTKl.N. ',H}
couséqiit'uce de sa llicnnod viianiiqiic du principe de relati\ ili'-.
r(''ii(tnc('' : .1 c/iof/nr (/■(///s/f>////(ft/o// naturelle correspon'l un
nombre déterminé cl élémentsd' action indépendant du système
de référence employé (c'osL-à-dire iiii multiple déterminé de //).
La déduction de ce théorème est beaucoup plus générale dans le
lra\ail de Planck cpiici, [)uisque Planck considère un système ther-
modynamique queiconcjue. En nous limitant au cas dune particule
ou d un point matériel isolé, uous a\ons pu donner à notre énoncé
un caractère (1 é\ idence iiiiiiK'dial par I latiodiiclion ilr I élf-nient
lie ligue d univers.
Admettons que ces ciui?i(lér.il!Oii> pi>lilieut 1 intrudticlion de
notre h\[)ollièse (oiidainentale. même dans les cas où les rai-
sonnements de Planck. ni les nôtres, ne la présentent comme
nécessaire. Considérons, j)ar exemple, l'échange dénergie entre
un point matériel ( électron) et un atome. Supposons latome
en rej)OS, c est-à-dire. choisissons comme axe des tem[)s la
ligne d univers de 1 atome et des axes correspondants [)our
l'espace. Dans ce svstème de référence, la vitesse, l'énergie ciné-
tique et aussi le temps de I ('•lectioii entre deu\ positions ont
une signification physicjue [)récise. ÏNous ne pouvons th)nc plus
dire que l'action seule ail un sens phvsique. De manière plus
générale encore, si nous ne voulons pas considérer latome comme
iiumohiU;, nous pouvons nous ^(•^\ ir Au centre de gravité de l'atome
et de rélectron, et de la ligne d univers cju il décrit, pour fixer
le système de référence. Dans ce svstème aussi, dont le choix est
permis par le principe de relativité. 1 action calculée pour notre
électron ne jouerait |)lus le même rêde particulier (jue dans la
mécanique du point matériel isolé. Si nous ^oulons malgré cela
appliquer notre hvpotlièse fondamentale au cas de l'atome et de
I électron ( en conserv ant [)our -— le --igne H-, (|ui est le seul |)os■^ll)le
dans le cas du [joint inal(''riel isolé] en nous appuv ant >ur le carac-
tère invariant de 1 action, nous ferons une liv|)olliè>(; comparable à
celle qu on introduit dans le problème de 1 attraction île plusieurs
points matériels, si 1 on considère les forces comme fondions des
distances de ces points matériels deux à deux. Tandis que, |)our
deux points matériels, leur distance est la seule grandeur indépen-
dante du svstème d'axes qui (h'terininr iiim|)lètemcnl la position
320 LA THÉORIE I)t RAYONNEMENT ET LES QUANTA.
relallve des deux j)oinls et, par conséquent, leur allraclion, nous
pourrions, dans le cas de trois poiuts matériels, faire intervenir,
pour déterminer l'attraction, non seulement les distances mutuelles
des points, mais aussi, par exein|)le, la surface du triangle qu'ils
déterminent. En nous bornant aux distances, nons mtroduisons
une nouvelle hypothèse, celle des forces centrales de Newton, très
|)lausible, il est vrai, mais nullement exigée par des considérations
d'invariance. De la même manière, notre hypothèse fondamentale
qui s'impose par l'invariance dans le cas d'un point matériel isolé
ne peut plus être considérée comme nécessaire au même litre dans
le cas de l'atome et de l'électron.
Gomme conclusion de cette introduction générale, je dois
signaler expressément que je considère ce qui va suivre comme
hypothétique et incomplet sur beaucoup de points. JNotamment il y
aura une lacune tant que le problème fondamental du rayonnement
n'aura pas été traité en partantdune hypothèse d'élément d'action.
Les essais <pie j'ai tentés dans ce sens se sont heurtés juscju'à
pn-seiit à des difficultés essentielles.
iJe plus, le facteur numérique 2 r: introduit dans notre hvpo-
ihèse fondamentale est hypothétique et a été choisi dans le but de
rendre compte des phénomènes photo-électriques. Je dois signaler
que certaines considérations qui m'ont été communiquées par
M. Einstein conduiraient au contraire à le remplacer par le fac-
teur numérique 4, conciliable aussi avec les phénomènes photo-
électriques. Sont hvpothéticpies également certaines conséquences
[H'évues par la théorie des rayons de llcintgen, tant qu elles n'auront
pas été vérifiées directement. C)uant aux rayons cathodiques secon-
daires, on peut admettre que leur explication se confondra avec
celle de l'effet photo-électrique que je crois avoir traité d'une
manière satisfaisante au paragraphe i, bien qu'ici encore il puisse
y avoir des difficultés tpiantitatives considérables.
La concordance numérique de nos calculs a\ec la valeur de II
est en général surprenante, mais cependant pas complètement satis-
faisante. J'aurais préféré pouvoir laisser mùiir davantage mes
idées à ce sujet, si la réunion actuelle n'a\ait provoqué leur publi-
cation prématurée en me fournissant la possibilité de les sou-
mettre à la critique des hommes les |)lus compétents. Je sens
d'autant plus l'obligation de reconnaître à l'avance le peu de
APPLICATION DE LA THi:OUIE DE LÉLKMENT DACTIOX. 3'2I
sûreté (le mes raisonnoiiiciils que je n'ai, peut-èlre, pas InLrodiiil
Miiiloiil les resiriciions iiéeessaii^es. En ce qui concerne la compa-
rai-^on générale, par laquelle j'ai commencé ce paragraphe, entre le;5
éléments (iénergie cl réléiiient {l'action, je ne \eiix opposer que
sons toutes réserves ma conception à celle d autres savants qui se
sont occupt'S l)eaucou|) plus longtenq)s et plus profondément de
ces questions cl (pu ont ol)lenn des résultats m imporlants en
se plaçant unitpiement au point de vue des éléments d'énergie.
II. — THÉORIE DES RAYONS DE RÔNTGEN.
Aussitôt après la découverte de Piontgen, Scliuster et Stokes
en Angleterre et A\iechert en Allemagne ont développé la théorie
d'après laquelle ces rayons seraient constitués par les pulsations
électromagnétiques provoquées par l'arrêt des particules catho-
diques. Cette théorie a trouvé récemment toute une série de con-
(irmations remarquable^:- mais, en même temps, elle a subi une
restriction non moins importante. Elle ne peut rendre compte
que de la partie polarisée des rayons de Rontgen à laquelle se su-
perpose une seconde partie non polarisée, la plus importante dans
le cas des métaux denses, et que nous pouvons considérer comme
un ravonnement propre ou une lluorescence de la substance qui
constitue 1 anticathode. On sait que la polarisation des rajons de
Ptiintgen a été découverte par Barkla, aux importants travaux de
qui nous devons aussi la connaissance du ravonnement propre et
de ses propriétés caractéristiques dépendant de la matière qui
1 émet. Les propriétés du rayonnement propre, qui ont été décou-
vertes d'abord par Barkla pour les rayons de Rontgen secondaires,
ont été étendues par J. Stark {' ' ) aux rayons [)rimaire5.
Nous pouvons, d'après cela, nous représenter de la manière sui-
vante les phénomènes dont est le siège Tanticathode dun tube de
Crookes. Les particules cathodiques incidentes sont arrêtées par
la substance de 1 anticathode en un temps fini. Le rayonnement
électromagnétique correspondant se propage dans toutes les direc-
tions, mais avec une intensité variable d'une direction à l'autre. 11
est complètement polarisé dans le plan qui passe par la direction
('j l'hysiLal. Zeitsclir., t. X, 1909, p. 079.
t.. ET DE B. 21
3X2 LA TIIKORIE DU UAVONXEMENÏ ET LES QUANTA.
considérée et celle des rajons cathodiques. Le champ magnétique
est perpendiculaire à ce plan et le champ électrique y est contenu.
Pour nous conformer à la définition optique du plan de polarisa-
tion, nous devrions dire : « Le plan de polarisation des rayons de
Piontgen est perpendiculaire au plan qui passe par la direction des
rayons cathodiques. ».
Nous continuerons cependant, dans le paragraphe suivant relatif
aux rayons y, comme dans celui-ci, à nous exprimer comme nous
venons de le faire.
Le choc des pai-ticules cathodiques excite, en même temps, les
vibrations propres des électrons présents dans les atomes, avec des
fréquences caractéristiques de ceux-ci. Ces vibrations propres
n'ont aucune direction privilégiée : les ondes qui en résultent ne
sont pas polarisées et se propagent avec la même intensité dans
toutes les directions. Elles sont moins pénétrantes que les rayons
polarisés.
L'énergie des rayons cathodiques n'est d'ailleurs pas épuisée
par l'émission des ondes polarisées et du rayonnement propre ;
la partie de beaucoup la plus importante de leur énergie se trans-
forme en chaleur. Tandis que le mécanisme du rayonnement propre
nous est inconnu et correspond à des phénomènes intra-atomiques,
nous pouvons développer par la théorie électromagnétique le mé-
canisme d'émission des ondes polarisées. C est de la considération
de ces dernières (jue nous pouvons donc attendre «les indications
essentielles sur le phénomène de l'arrètdes électrons et sur sa durée.
On pourrait être tenté d'admetlre que la polarisation inc-omplète
des rayons de Rontgen tient à ce que les particules cathodiques,
ne conservent pas, pendant l'arrêt, leur trajectoire rectiligne,
mais se meuvent en zigzag. Nous croyons pouvoir rejeter cette
hypothèse. En efïet, la partie non polarisée semble bien être d'une
autre nature que la partie polarisée (dureté moindre, propriétés
déterminées par la substance de l'anticatbode ) et, daulre j)arl,
le rapport de l'énergie des ravons de Rontgen à celle des rayons
cathodiques nous conduira à conclure fpie l'arrêt des particules
cathodiques se fait sur un parcours moindre que les dimensions
d'un atome et qu'il se produit d'un seul coup. Ceci semble justi-
fier l'hypothèse que nous introduirons dans nos calculs d'une
trajectoire rectiligne pendant larrêt.
AIM'LICATIOX DE LV TIIKORIE DE LÉLKMENT DACTIOX. 3'23
Les coulirnuilions qu'a trouvées la théorie des pulsations élcclro-
magnétiques reposent sur les faits suivants :
i" Comme le prévoit la tliéorie, le plan de polarisation des
rayons de Rimtgen passe ellectivement par la direction des rayons
cathodiques.
2" Les variations d'intensité de la partie polarisée avec la direc-
tion correspondent bien aux prévisions de la théorie. D'après
celle-ci, la partie polarisée doit avoir une intensité nulle dans le
prolongement de la direction des rayons cathodiques (c3 =0) et
dans la direction opposée ('^ = 7:), et, par suite, l'intensité totale
doit avoir dans ces directions un minimum qu'on peut considérer
comme représentant l'intensité du rayonnement propre.
Le maximum de l'intensité polarisée, et j)ar conséquent aussi de
l'intensité totale, se trouve dans une direction qui lait, avec celle
du prolongement des ravons cathodiques, un angle o inférieur à — •
3" La dureté des rayons de Runtgen présente aussi une varia-
tion caractéristique en fonction de l'angle es : elle diminue quand
cp augmente. La théorie conduit à attribuer cette dureté variable
ù la partie polarisée, tandis que l'origine indiquée pour la partie
non polarisée correspond, pour celle-ci, à une dureté et une in-
tensité indépendantes de la direction. Les variations observées
dans la durée de la partie polarisée se déduisent immédiatement
de la lîg. i5, tirée d un travail publié antérieurement par moi sur
ce sujet ('). O, et Oo représentent le commenceuient et la fin du
parcours d arrêt. La pulsation électromagnétique émise pendant
l'arrêt se trouve à l'instant t entre deux sphères, l'une de centre O,
et de^ rayon r, = c/, l'autre de centre O^ et de rayon /^ = c (t — t),
où X représente la durée de l'arrêt et ^ = o correspond au début
de celui-ci. La pyilsation comprise entre ces deux splières a une
épaisseur \ariable d'un point à l'autre ; ré[)aisseur moyenne
(l) Àm=CT
correspond à l'émission dans la direction normale (normale à la
direction des rayons cathodiques et non au plan de l'anticatliode);
(') Phys. Zeitsc/ir., t. X, icjoi), p. y-G. — W . Wieii avait déjà faii remarquer
(Ann. d. Phys., t. XVtll, 190'), p 999) que même dans ie cas »ii les ra)()us
calhodi(jues sont liomogènes, les rayo.is de liontgen ne peuvent pas l'être.
324
LA THEORIE DU RAYONNEMENT ET LES QUANTA.
les épaisseurs minimum et maximum se trouvent dans les directions
o = o et C5 = -. Comme la dureté des ravons de Picintgen doit être
considérée comme variant en sens inverse de l'épaisseur de la
pulsation, elle doit, conformément à l'expérience, augmenter
quand '^ diminue. Ce fait a été observé par M. Friedrich (') dans
un travail récent exécuté sous la direction du professeur Piontgen
et basé sur la mesure de l'ionisation produite par les rayons.
J. Stark avait été conduit antérieurement à la même conclusion
par la méthode photographique. Friedrich Irouve, par exemple,
pour les azimuts o = 'jo°, io3", i33" comme coefficients d'absorp-
tion dans le verre, respectivement, 5,6, 6,2, 6,54 cm~'.
On doit, selon moi, considérer comme une preuve remarquable
de la fécondité de la théorie des pulsations le fait c[u'elle rend
compte des variations de dureté au moyen d'une figure si simple.
Du travail de Friedrich, on peut déduire, pour le rapport du
rayonnement total dans la direction de ':; = - au ravonnement ob-
-' ' 9. ■
tenu par extrapolation pour la direction 'j = o, la \aleur apjiroxi-
mative
2 roc 2 3o
Sn "-G Sa '■0
Puisque nous devons considérer S,, comme linlensilé du rayonne
(') Dhs. Miinchcn, 191:
APPLICATION HK LA TIIKORIE DE L'ÉLÉMENT DACTION. 3>"»
iiiciil iKJM |)()l;iris('; cL S- — So coriiine liiitensité du rayonnement
polarisé émis dans la direction z^ = —, on obtient
' ' 2
(2)
•^lum pol.
Un |)asse tacilement de 1 intensité S (énergie du ravoiineinent
par unité de surface dans une direction déterminée et à la distance /•
de ranticatliode) à Ténergie totale E des rajonnemenis polarisé
et non polarisé. Pour la partie non polarisée nous avons, puisque
son intensité est la même dans toutes les directions,
( i ' '^^non pol ^^ 4 "'■ ^non pol.-
i*our la partie polarisée, il faut tenir compte de la \arialion ;ivec
l'angle 'i. On obtient ainsi ( ' ) •'
(l) t.pol. =
où e représente la charge dune particule cathodique, c sa vitesse,
[ii = -» r laccéléralion négati\e de larrét, supposée constante au
sens de la théorie de relativité. D'autre part, on a, pour la direc-
tion C5 = - ( -),
7. ' ^
(■y) Spoi. = /l"., .. f ri-s2)^r/3
ib--c- r- . ',
'■> v
D'où, par comparaison de (4) et (5),
(6) EpoL = I 4-/-'- S„oi. (^-s.^^^io^^,..y
de sorte que l'on obtient, à cause de l'éffuation (3), et en utilisant
(') Dayr. Ahadcinic, njii, p. i : Ucber die Slriiktur iler •;-Strahlen, équa-
tion (kî ).
(-) Loc. cit., éq. (ii), où (\ représente l'accélération désignée ici par v.
3^6 LA THÉORIE DU RAYONNEMENT ET LES QUANTA.
la relation (2), dans le cas où p = 0,4
Epoi. 'J- Spoi.
r^non pol. J 5non pol.
X 1,18.
Si E,- = Epoi 4- E„on po, représente l'énergie totale des rayons de
Pttintgen. on a sensiblement
/r.\ ^'-POl- _ I
Nous aurons besoin d'un second rapport : celui de l'énergie E,-
des rayons Rrmtgen à l'énergie E>i des rayons cathodiques dont ils
dérivent. Miss Edna Carter ('), en poursuivant l'application d'une
méthode imaginée par M. Wien (-), a obtenu, pour les rayons
cathodiques produits par une chute de potentiel de 09000 volts,
— - = I .<)- X 10-*.
Comme ce rapport, selon le même auteur, varie sensiblement
comme la tension, on obtient, pour la chute de potentiel de
40000 volts qui correspond à ,3 = o,4 et qui est sensiblement celle
utilisée par Friedrich, environ
(8) Y^ = ho-^
11 résulte de (7) et (8) :
/ X Epol. I ,
Nous sommes en mesure maintenant de v«'-rifier notre lnpolliès<'
fondamentale en l'appliquant à l'arrêt des particules cathodiques.
Nous admeltrons que l'énergie potentielle (affinité) de l'électron
pour l'atome qu'il rencontre est négligeable par rapport à son
énergie cinétique et nous aurons :
(loj U = o, Xz^T,
(') Diss. M'urzbtirs'. igo'î.
(-) An/ialen der Pliysil.. t. \^ III, 190"). |i. 9i)r.
APPLICATION DE LA THKORIE DE LÉLÉMENT DACTION. 827
iloù, en \erlu de noire Iiypollièse,
.[
't<ù=.±.
^sou^ admettons une diniiiuition uniforme de la \ilesse
ch-
-^ = V' = const.
df
pendant la iliirée t de l'arrêt, au sens ordinaire et non au sens du
principe de relativité. Il en résulte :
/ , , 'A'' " .3c
(11) ai = —> -. = -, 1' = ^— ,
1' r T
où V est la vitesse Initiale des partl('ules cathodiques et v' leur vi-
tesse à un instant quelconque de l'arrêt, ^otre lujjotlièse donne,
en tenant compte de J == — i -,
/■>,.= 5 /■•;...
T m ., V II
j 'l V' 1 ~
Si
1 '' 11' 1 n > ""^
I nous remplaçons r par la durée t de I arrêt, et • par
léneij^ie initiale E;; de la particule cathodique (la mesure calori-
métrique de E;^ donne en fait l'énergie cinétique seule et non
l'énergie potentielle électrostatique que conser\e lélectron après
l'arrêt), il vient :
ivi) 'V.- = — •
Dans notre conception, cette (*quatlon délernn'ne la durée t de
l'arrêt et par suite, d'après l'équation (i), la dureté moyenne des
rayons de Rontgen polarisés, t est d'autant plus petit, et par suite
la dureté d'autant plus grandt-. que la vitesse et l'énergie ciné-
tique des rayons cathodiques sont plus grandes. Jai déjà indùpié
au paragraphe 1 le caractère pai-ado\al de ce résultat.
La quantité d'énergie émise sous forme de pulsation pola-
risée dépend aussi du temps d "arrêt t. I) aprè-s (4) et (i i), on a
JV>8 LA TlIliOlUE DU K.WO.NNEMEM ET LES Ql AMA.
el en tenanl compte de Icquation (i^) :
(i3)
■-i>ni.
P^
9''c /i
Cdnijjarons celte vaieiii- déduite de iiolic iivpollièse avec la
\aleiir expérimentale (()). ( )n ohtient j)our
h = G . j j X !o -
V' i- t.
o. ,
[les formules (4) <?l (^3) étant écrites en unités rationnelles de
J.orentz] à partir de l^'ipiation (i3~) :
(i4)
en assez bonne concordance a\ec la valeur expérimentale i .- Xio~'',
déduite de l'équation d)).
Nous pouvons encore mettre cette vérilicitlon de notre liApo-
ihèse sous une autre forme en sidjstituant dans (i->) la valeur
expérimentale pour le rapport de> énergies et en calculant la va-
leur (pii en résulte pour la constante // :
// =
X G X lo-'
9C V' I — 13^
Poni" j = o. i cl poiii' la v;il(Mir iiidi(pi('(' de e. il vient
( i5) h = lo.G X lo ■-'.
On doit considérer celte xalciir comme en hou accord a\ec la
valeur de Planck, // = 6,55 x iC-', étant dunné que notre calcul
comporte de nombreuses incertitudes, dont les sui\antes :
i" Les recherches de Miss Carter el de M . Friedrich ne sont
|)as immédiatement comparables, avant été eflectuées au moven de
tubes différents et sous 1 influence de tensions différentes. J)ans
un travail antérieur présenté à l'Académie de Munich et cité déjà,
j ai utilisé, au lieu du nombre de Miss Carter, les valeurs plus
élexées données par ^^ ien pour r^ el au lieu du ninnbre de Fried-
rich la \aleur plus petite calculée d"aj)rès liassler (' ") j)Our -^|^-
\
(') Aiinali-n (1er Pliysil,. t. WVIII, niog, p. SoS.
APPLICATION DE LA THLORIE DE L ELKMEM D ACTIdX. o2Ç)
,1e rvo\> plus certain le réMihal de !• riedricli parce qu'il a été ob-
Itiiti plus (lireclcment (jue celui de Bassler. J^es hypothèses faites
dans mon jireinier travail s écartaient aussi de celles admises ici :
au lieu de lintéyrale de temps de l'énerfjie cinétique, j'emplovais
le produit de Ky; j)ar t et je le posais éi^al à h au lieu de — ^ comme
dans léquation ( \ a ). .1 ai déjà si^^nalé' au ])arai;raplie 1 1 incertitude
sur le facteur numérique. On peut remarquer que raccord numé-
rique entre les valeurs calculées et observées pour le rapport des
énergies devient meilleur si Ion remplace dans notre hypothèse
fondamentale — par—- D un autre coté, la concordance numérique
'~ 4
peut aussi être obtenue en faisant l'iiypothèse, très plausible, que
la ^ itesse des rayons cathodiques au moment de leur absorption et
de la production des rayons de Rontyen est plus faible que leur
vitesse initiale calculée à j)artir de la diUérencc de potentiel sous
laquelle ils sont [U'oduits.
•>." Nous avons introduit dans le calcul riiyj)othèse dune dimi-
nution uniforme de la vitesse pendant 1 arrêt et obtenu ainsi le fac-
teur numérique 3 dans l'équation (i •>). Si nous avions remplacé
cette hypothèse par celle d'une diminution uniforme de la force
vive, ce facteur aurait été remplacé par ?.. Si nous posons
— - — T- nt -_I
dt '^ ~ ~ " " t '
li vient
't..
'1 ouïes les hypothèses de ce genre sont naturellement aussi arbi-
traires les unes que les autres : j'ai adopté celle d'une diminution uni-
forme de la vitesse parce qu'elle conduit à la formule simj)le (4)
pour l'énergie de la pulsation.
Ilfaut signaleraussi la distinction suivante : dans les équations (4)
et {?>") le ralentissement v est rapporté a un système d'axes par
rapport auquel la vitesse instantanée de l'électron est nulle ; au
contraire, dans les équations (i i ) et (la), il fst rapporté à un sys-
tème lié àTatome rencontré. Celte; distinction, (pii est liée à la va-
riation de la masse avec la vitesse, est sans imj)ortance pour les
valeurs de ,S inférieures à -. de même que la distinction entre
33o LA THEORIE DL RAYONNEMENT ET LES QUANTA.
l'énergie cinétique T^ /?h'- que nous avons introduite et
lexpression exacte fournie par la théorie de la relativité
T = nioC-
3'^ Il semble légitime de néirlisrer, comme nous l'avons f;iil.
l'énergie potentielle U par rapport à l'énergie cinétique T. L'éner-
gie potentielle, que nous pouvons considérer comme lénergie
d'attraction de l'électi'on par l'atome, correspond vraisemblablc-
menl à une différence de potentiel de quelques volts [voir § V)
négligeable devant les ^oooo \olts qui correspondent à l'énergie
cinétique.
On pourrait aussi se demander pourquoi nous n introduisons
pas ])0ur ."iC la Aaleur
à laquelle conduit, d'aj>rès le paragraphe I, la mécanique de relati-
vité pour le point matériel isolé. Une telle hypothèse ne rendrait
pas compte des faits et ne conduirait pas à la loi qualitative d'après
laquelle la dureté des rayons de Riintgen augmente avec la vitesse
des raAons cathodiques. Si 1 on désigne par JCq la valeur du poten-
tiel cinétique qui correspond au repos et parOCg la valeur qui cor-
respond à la vitesse |j, la dilTérence
se confond sensiblemeul. aux Mlesses considérées, avec notre
énergie cinétique T ^= — - i-, de sorte (pu- l'introduction de crtle
différence à la place de 5C dans noire énoncé fondamental condui-
rait aux mêmes conséquences que notre calcul. Le fait qu on de-
\rait introduire cette difft'rence et non la valeur totale de JCp doit
tenir à ce fait que l'électron conserve après l'arrêt l'énergie /»„<-
(jui correspond à sa masse //?i, et «pii est. pour la plus gramlc
partie, son énergie électrostatique.
La vérification de notre hvpothèse fondamentale j)ar rinhiin»'-
diaire du rapport des éner:;ies -|^ est relati\ement indirecte cl
lient à ce fait (jue, d'après la ihéorie des pulsations, le raj)porl des
énergies varie avec la durée de l'arriM. T>a vérihcalion serait Ixmu-
APPLICATION DE t.A THEORIE DE L ELEMENT I) ACTION. 331
coup plus directe si Ion j)oiivail atteindre la durée z elle-même,
ou, ce qui revient au même, d'après l'équation (i), l'épaisseur A
de la pulsation par des mesures de diffraction et comparer la valeur
ainsi obtenue avec celle c[ui résulte de l'équation (12). On devrait
avoir ainsi, d'après notre hypothèse,
(iG) . X = c
•3.-K/
Pour ^=:o,4' ceci donne pour l'épaisseur de pulsation des
rayons de lloiitj;en polarisés
A = 1 , 5 X 10-
La longueur / du parcours d'arrêt, c'est-à-dire la distance 0| O-^
de la figure i5, se déduit du temps t. dans l'hypothèse du ralen-
tissement uniforme, par la formule
/ = .i = 3î: = ^^
et, par conséquent, pour 3 = o. /i et A ^ i .5. lo"'-*,
/ = 3. 10-10.
Ce parcours est inférieur aux dimensions moléculaires (lo"**).
Sa valeur n'est donc pas en contradiction avec l'hypothèse qui
considère l'arrêt d'une particule cathodique comme résultant d'un
seul choc moléculaire. Les considérations sui\antes semblent jus-
tifier cette hypothèse. Supposons que l'énergie Ea- de la particule
cathodique soit dissipée, au lieu d'un seul choc, par parties égales
dans n chocs successifs et cherchons la durée de chacun de ceux-ci
en appliquant notre hypothèse de l'élément d'action. Il résulte
de l'allongement du temps d'arrêt et, par suite, du ralentissement
moins rapide, une diminution de l'énergie rayonnée dans le rap-
port — environ. Ce faible ravunnement ne serait pas conciliablc
^ n- ■ '
avec les mesures deW ien-Caiter.
Notre théorie des éléments d'action conduit à c[uelques consé-
quences remarquables qui méritent une coiifirmalion cxpi-ninen-
tale. D'après l'équation (16), la dureté des rayons de Rtinlgen
polarisés doit être indépendante de la substance de l'anticalhode
et déterminée de manière (inivcrselle par la vitesse des rayons
àJ-2 LA THEOKIE DU RAVOXNEMENT KT LES QLANTA.
calliodiques. Il en est de même, d'après (i3). pour l'énergie des
rayons polarisés. En fait, pour le charbon, l'émission totale est
faible et la polarisation relativement forte, tandis que, pour le pla-
tine, rémission totale est intense et la polarisation relativement
fcublc. Ce fait s'accorde qualitativement avec notre conséquence
théorique de l'égalité des énergies rayonnées par h' platine et le
charbon sous forme de rayons polarisés. La théorie ne pourra
cependant être considérée comme satisfaisante que si ses consé-
quences sont vérifiées aussi quantitativement. Des recherches à ce
sujet sont en préparation dans uion laboratoire.
Se donnerai enfin quelques remarques historiques pour montrer
plus claireuient l'opposition entre les points de \ ue des éléments
d énergie et de l'élément d'action. M. ^^ . Wien (') a entrepris
E .
en 1900 ses mesures du rap|)ort -r^ dans le but d'en tirer des
indications sur l'épaisseur a des pulsations en s'appuyant sur la
théorie électromagnétique. En 1907, il tenta (-), en même temps
que .1. Stark(^ j, de prévoir cette épaisseur par des considérations
toutes différentes tirées de la théorie du rayonnement. On consi-
dère l'énergie E/; des rayons catliodiques (primaires ou secon-
daires) comme un quantum d'énergie s et l'on applique la relation
de Planck, : = //v ; on considère la fréquence v ainsi déterminée
coiume correspondant aux ravons de Piuntgen. Comme v = -
et £ = E/;. il vient
ch
Il n v a donc aucune relation entre les deux procédés employés
successivement par M. ^^ ien pour calculer A : ils semblent s'exclure
mutuellement, au contraire. On a pu voir, dans ce qui précède,
qu'on peut les unir par la sidjstitution des éléments d'action
aux éléments d'énergie. Nous avons utilisé une formule purement
électromagnétique pour calculer l'énergie des rayons de Rontgen
polari>és. Il intervient dans celte formule (4) une grandeur indé-
terminée, le ralentissement è ou la durée t de l'arrêt. La théorie
(') Ann. der P/iys., t. X, ifjo), p. ((91.
(-) Gôttinger A'achr., 1907.
(") P/irs. Zeitschrift, l. VIII. n,');. p. 881
APPLICATIOX Ï)K LA TIIKORIK D1-: L KI.EMKNT D ACTION. 5M
t'icctromagnétique ne peut rien nous apprenrlre sur ce point cpii
lait inler\enir i;i molécule rencontrée. Ici intervient la théorie du
rayonnement |)ar lintermédiaire des éléments d'action. Elle nous
permet de déterminer T au moyen de l'équation (l>.) et d'aboutir
pour À à l'expression (i(3 i, qui ne diffère de (17 ) que par un l'ac-
teur numérique sans importance. La théorie électromai^nétique
des rayons de Pvontgen se trouve ainsi complètement [)récisée,
pour la première fois, grâce à l'intervention de la théorie du
rayonnement. Par exemple, on obtient ainsi l'énergie des ravons
de Ronlgeu polarisés comme fonction délinie du rapport ^ de la
vitesse des rayons cathodiques à celle de la lumière : d'après l'équa-
tion (i3 ), puisque E^- est proportionnel à p-, l'énergie rayonnée se
trouve proportionnelle à la quatrième puissance de ^3, tandis que
la formule (4); basée uniquement sur la théorie électromagnétique^
laisse indéterminée la fonction de p, à cause de la présence de
l'accélération è. La théorie du rayonnement et la théorie électro-
magnétique se complètent ainsi au lieu de s'exclure mutuellement.
Jl n'est nullement nécessaire de renoncer à la théorie des pulsations
électromagnéiiques pour apjiliquer la notion des éléments d'action
au phénomène d'arrêt des rayons cathodiques. Il semble difficile
d'ailleurs de renoncer à la théorie des pulsations si Ion \c\\[
rendre compte des variations de dureté et d intensité des rayons
de Rontgen.
Il en est autrement quand on se jdace au point de yue des élé-
ments d'énergie. On considérera que le (juantum d énergie z = E^
se transforme en rayons de Rontgen de fréquence v = -^ ou de
longueur d'onde - sans rien pou\oir dire sur la distribution de
cette énergie dans l'espace. Il semble difficile aussi de ne pas suj)-
poser que le quantum indivisible se retrouve entièrement sous
forme de rayons de Rontgen. Ceci est en opposition formelle avec
les expériences de Wien-Carter. L'énergie totale des rayons de
Rontgen ne représenie d'après (8) que la ^^ partie environ de
l'énergie des rayons cathodiques et les rayons polarisés n'en
représentent que la -^r^ partie. L'émission des rayons de Rcintgen
ne se fait donc certainement pas par quanta d'énergie; l'absorption
d'énergie des i^ayons cathodiques semble bien, au contraire, se
faire par éléments d action.
334 LA THÉORIE DU RAYONNEMENT ET LES QUANTA.
III. - THEORIE DES RAYONS 7.
I.e développement des théories de la radioactivité a rendu très
vraisemblable que la même relation existe entre les rayons ^ et y
qu'entre les rayons cathodiques et les rayons de Rcint^en pola-
risés. La diflerence consiste seulement en ceci que. dans le cas de
rémission des rayons |j, il s'agit d une accélération de l'électron
et d'un ralentissement, au contraire, dans le cas de l'arrêt des
rayons cathodiques: de plus, la très grande vitesse des rayons ^i
oblige à introduire de manière plus précise la variabilité de la
masse et la théorie de relativité. Les résultats essentiels de la théo-
rie des pulsations et les formules principales du paragraphe pré-
cédent restent applicables. Remarquons que les rayons y doivent
être considéi'és comuie polarisés dans le plan qui passe par la direc-
tion du rayonnement et la direction démission de la particule ^
correspondante, du moins si l'on suppose que l'émission des
rayons fj ne s'accompagne d'aucun raAonnemeut propre appré-
ciable. On doit naturellement considérer que cette polarisation ne
peut se manifester expérimentalement, puisque les particules [3
sont émises indifféremment dans toutes les directions.
D'après l'équation (4) du paragraphe précédent, nous avons,
pour l'énergie d'une pulsation v (abstraction faite dun rayonne-
ment propre possible),
(I) E,=
^ e,-c^
V I
Cette théorie électromagnétique des rayons v a trouvé tout
récemment une confirmation remarquable dans l'élude des fluc-
tuations du courant d'ionisation produit par les rayons y. Egon
von Schweidler ( '), à qui est due la découverte des fluctuations
radioactives, avait fait remarquer que la uiesure de ces fluctuations
pouvait permettre de trancher entre la théorie corpusculaire et
la théorie électromagnétique des rayons y. Edgar Mever (-), après
avoir effectué ces mesures, conclut que, pour la distribution de
(') Pliysikalisclie Zeitschrifl, L. XI, 1910, p. 22Ô.
{-)Sitzungsber. d. Berliner AAademie, l. XX\II, ipio, p. 647.
APPLICATION I)K LA THEORIE DE L ELEMENT D ACTION.
>35
leur énergie, les rayons y se comportaient à peu près comme le
NOulait la théorie corpusculaire. A ce moment, en examinant de
plus près la théorie <lii ravonncment électromagnétique qui accom-
pa^^ne lémission de rayons [il très rapides ('), j'ai trouvé que ce
rayonnement est limité à un cône de petite ouverture autour de la
direction des ravons |j, de telle sorte qu'une très petite fraction
seulement de l'énergie est rajonnée à l'extérieur de ce cône. Si
l'on porte dans chaque direction une longueur proportionnelle à
l'énergie du rayonnement correspondant, on obtient une surface
de révolution piriforme qui entoure la direction du rayon [j
(//o. i6); il résulte de la nature transversale du r.iyonnement
Fis. i6.
qu'aucune énergie n'est émise dans la direction des rayons S eux-
mêmes ni dans la direction opposée. Le corps de révolution est
par conséquent creux. Il est d'autant ])lus iiiloni^é que la vitesse
de la particule 3 est plus grande, comme l'indique la ligure faite
pour 3 = — et 3 = — • Pour les g-randes vitesses de l'électron
' ' lO ' lOO ^
qui émet, le rayonnement électromagnétique prend par conséquent
(-) Sitzuns^sber. d. Miinc/iener Ahademie. 1911. p- 1
336 L.\ THÉORIE DU RAVONNEMKNT ET LES QUANTA.
le caractère d'un projectile lumineux de Newton, d'autant plus
([ue Ja vitesse de la particule [i est plus voisine de celle de
la lumière.
Des mesures plus précises cpi'il a entreprises récemment sur les
fluctuations, Edgar Meyer a conclu que les rayons y ont proba-
blement ce caractère de rayonnement pirif'orme d'ou\erlure angu-
laire finie, mais petite. Le travail de Meyer paraîtra prochainement
dans les Annalen der Physik, mais je lui suis très reconnaissant
de m'avoir autorisé à utiliser ici ses résultats. Le dispositif expé-
rimental est le suivant : Deux condensateurs à plateaux de mêmes
dimensions sont placés à côté l'un de l'autre et soumis à l'action
ionisante des rayons y émis par un échantillon de radium. Les
condensateurs sont reliés à un électromètre de manière que les
courants qui les traversent puissent tantôt s'ajouter et tantôt se
retrancher. Désignons par t_i^^ et £_,._ les fluctuations correspon-
dantes. Si les causes qui produisent l'ionisation dans les deux con-
densateurs sont complètement indépendantes (émission purement
corpusculaire), on doit avoir h:_j.^ = z^_ et par suite = i. Si
ces causes étaient au contraire complètement connexes (rayonne-
ment uniforme dans toutes les directions), on aurait £_,._=: o et
par suite ^^^ i= ce. Si enfin le rayonnement a le caractère j)iri-
forme indiqué, il y a des rayons y qui traversent un seul des
deux condensateurs, et d'autres qui agissent dans les deux simulta-
nément. Il n'y a donc qu'une connexité partielle entre les deux
courants d'ionisation, et l'on doit avoir tj^_ <C c+-(- ou
<^.
Meyer trouve pour ce quotient par exemple la valeur 2,3, lorsque
l'un des condensateurs est vu du point où se trouve le radium
sous un angle égal en\iron à arc lang - ^ 26". ()n peut évidem-
ment déduire l'ouverture angulaire de la surface piriforme de
rayonnement à partir de la connaissance de cet angle et du
rapport "-^^ ■
Le grand avantage de la méthode des llmMualions est quelle
permet de conclure à la connexité causale plus ou moins grande
AIMM-ICATION I)i; L\ tlIKORIE DE LKLKMKNT d'acTIOX. 337
lie lieux phéiKMiièiii's sans ijuil soit nécessaire de ronnaitie la
nature du lajonnement ni le mécanisme de l'ionisation. La conne-
\ilé pailielle ohlenue par Meyer ne semble laisser place à aucune
autre livpotlii'sc que celle ilun ra^onnemenl produit par l'émis-
sion (ou ral)Sor|)lion?) de particules |j de très i;rande vitesse.
La structure doul d vieni <1 être cpiestiou poiii' les rayons •' est
en réalité indépendante de toute livpothèse sur la manière dont
varie la vitesse de la particule ^j pendant l'émission, et n'inter-
vient par conséipient pas de uianicre essentielle dans notre sujel.
il était cependant nécessaire d'insister un peu sur la structure des
rayons "' pour aui^menter la confiance dans l'exactitude de la
théorie électromai;néti(pie et rétutei' les ubjeclions toujonrs renou-
\elées contre elles, en parliculicr par un plivsicien aussi bien
informé i[ue M. Hraj;<4.
Alors que la structure des ravons ". c e>l-à-diic la distiibution
de leur ('nergie entre les diverses directions, dépend essentielle-
ment de la vitesse atteinte par la particule j3 pendant lenr émis-
sion, leur intensité, c'est-à-dire la ([iiantité totab^ d^'-ncii^ie qu ils
représentent, fait intervenir raceélérati(jn de la particule 3, c'est-
à-dire la durée du phénomène d (•mission.
Ij'apres ré(|ualion (4) ^1" paragraj)lie précédent, nous avons,
pour l'énergie dune pulsation •' (abstraction faite d'un rayonne-
ment propre possible de lalome ) :
^>-C- y 1 — p
L'énergie de la |)articule 3 corres|)oii(la!ile >(d)lM'al par I ex-
pression que donne la théorie de rrlati vih' pour I énergie ciiitiiqnc
(Tune particule
nïnC'
(a) lui = " ( I - A^^ ) = en - /»o)c^
où ///,, est la masse initiale et /)i = ' " la masse trans\ersale de
l'électron pour la vitesse j'ic. C'est cetle énergie qui se lrou\e
transformée, sur le jjarcours de la particule j, en éneigie d'ionisa-
tion ou en chaleur, et ipii est mesurée comme énergie des rayons 'j.
Elle est plus petite ([ue l'énergie totale de la parlicule 3 ('■mise par
L. K r I.E l;. 2.2
'Îj8 I.A THKORIt: Dr RAYONNEMENT ET LES QIANTA.
latome de radium et en ditl'ère |tar l'éueigle de la j)artl<-ule an
lepos, égale, daprès la théorie de rehitivité, à Eo = /;?o<^"-
Eo est léiiergie que eonserve réleclron (juand d ;i perdu sa
vitesse à la suite des chocs : elle se compose de l'énergie éleclro-
slatique et de l'énergie |)olentielle des pressions de Poinran'-.
L'énergie totale de la particule |j est donc
( :> ) E = Ep — l^o = ///(•-' = "
V I —
On dé(Uiit de (i) et de(ii'),
E,. ri- 3
(î)
E'^ 6-c'm„ , _ ^/, _ 32
Cette formule contient tout ce que [)cut donner la tliéiHic électro-
magnétique au sujet du rapjiort des énergies émises sous forme de
ravons |j et *'. L accélération qm v ligure est inconnue, aussi bien
comme valeur numérique ([ue comme fonction de [i.
Pour combler cette lacune, nous allons exprimer c en fonction
delà durée d'émission -. Gomme au paragraphe précédent, c repré-
sente l'accélération mesurée dans un système de référence par
rapport auquel l'électron a une vitesse nulle à linslant considéré
(accélération propre i et su[)posée constante.
La force agissante est par suite /)1^^v, et son intégiale de lem])s
pendant l'émission a pour \aleur /??y CT. Cette intégrale est égale
d ailleurs à 1 impulsion
/i — 3-i
3c
V^
Donc
(5)
D'où, en tenant com|)te de (4),
E.. ei 'ii
(0) — = - , — '
'■-? (. - m 0 r-' - ^/ , _ 0-, , , _ ^/ , _ 32 )
Pour aller plus loin dans le développement de cette formule, il
faut introduire l'hypothèse des d'éléments d'action. L'émission de
la particule 3 tl*!!! correspondre a une actio/i — -• Pour calculer
AIM'LKATIOX Dl-: L\ TIIKORIK DE LKLKMKNT d'aCTION. 33t_)
celle aelion, nous poserons cotiune dans le [)arai;raj)lie précédent
,"Ki = Ep: nous supposerons par là que l'énergie polenlielle (affi-
nité) de lalome par rapport à l'électron est négligeable et que
l'énergie cinétique est égale à E3. il vient donc
,,, ^/- ,,,.,. „,..(j-_^_.)
dl \ h_
2 TT
Pour le calcul de celle intégrale, nous de\ons tenir couq^le de la
relation entre |ïi et t qui résnlle de l'hvpotlièse dune accélération
propre constante. La force agissante a j^oiir valeui-, dans le sys-
tème iuîmol»ile par rap|)ort à l électron.
et dans le svslcnie hé à 1 atouic de riidium
d où
dt o., t (ff
Donc
r ' dl c r '> d't r l r^ , I -- 3 \
ou, en tenant (■()ui|)te de (5) et de ( -),
(8; / L^ dl = - * ^^ log ~ - 2
r /Huc^- / v/i — 'i-' I - i
= - H- H ^ -17^ l"g '77 -
Cette dernière ex|>ression s obtient (M1 utdisaul I é(pialion (2').
L'action est donc égale principalement au demi-produil du
temps T démission par l'énergie E^s. le second icnuc ('tant négli-
geable par rapport au premier pour les \aleur> Av 'i Noisines de
l'unité. 11 rt^ulte de {-) et de (8)
M)) LqT= — - avec h — \ -^ — \- r-^l">? r— ' •
^ -h r.'i \ ■>. o I — i /
Il résulte de là que. jdus l énergie émise E^ est grande, jdiis la
34() I.\ TlIKOllIi: Itl HAVONNKMKM- KT LKS QIAXTA.
durée -7 de l'émission est courte; plus les rajons '^ sont duis et
pénétrants, plus sont durs les ravons " qui les accompagnent, .rai
signalé dans l'Introduction l'aspect paradoxal de ces résultats.
F,u introduisant dans I é(|ualion (i <)) du paragraphe pn'-céflent
la \aleur de - définie par (()), on ol)lient
(10)
ii'i (1(7? I — i-i
Le rapp(jrt des énergies se trouse ainsi délerniiné de manière
complète au point de%ue de sa valeur numérique et de sa \ariation
avec ^j. Pour les petites valeurs de ^i, |)Oiir lesquelles on a h^ -»
l'équation ( I o) se confond naturellement a\ec r<''(piaLi()n (i)) du
paragraphe précédent .
Nous allons calculer cette valeur pour |jr=u. jS et [j = o.()2 cpii
correspondent aux ravons 3, malheureusement peu homogènes
du radium E et de 1 uranium \. Avec e = y^4~- 4? ~ X ' <^ '" <^1
Il = ().55 X 10^-', il \ieut :
Pour
S = (),7.S( Bah:
o
0,9 H Ul-\ ).
On possède, pour ces mêmes substances, des données expéri-
mentales d'où l'on peut déduire le ra|)port des énergies des rayons
V et ^. Je m'appuierai sur des mesures de H. W . Sclimidt qui a
bien \oiilu m en communupier |)ar lettre les résultais avec de pré-
cieuses explications. S(hmiilt ('1 obtient pour les rapports des
pouvoirs ionisants Iv^- et E,. des ravons " et 3 mesurés dans la
luéme chambre d louisalion :
Pour P.ai:.
l rX,
— -^ = I j() X 10-
IV.'
Si l'épaisseur de la «haiiibre d louisalion e>l petite par rapport
(' ) l'Iiys. Zt'itxchr., t. Mil, rijo-;, p. 3(ii.
Al'I'MCATION l)K LA TllKORI K DIC Llîf-KMKNT DACTION. »4 t
au j)ar('oiirs des rav<tus >' cl .j, les éi)eri^ies absorbérs pour rioni-
saliou soul pidportioniiolles à l']y et K^ de la manière siil\ aille :
E... = /. ■/,. !■;.. Ivv= A-^r. lio
r^e eo('Hicieiil A" ilcpcnd de I a[)|)areil d iouisalion, Vy cl vg sonl les
ooeflicienls d'absorption des lavons par le i;az ionisé. 11 vienl
Pour PiaE, on a. daprès Sclimidt ( ' ) — = 5o cl pour L rX, d'après
'•"3
SoddA' (-), environ -^ = loo. I)
ou
PonrRaE.
[tour l rX,
^3 lo
En i'oni|)ai'anl ees \aleurs à (•elle> (pu oui ('lé piéviies par la
théorie, on ne peut guère conclure à une concordance numérique;
on doit cependant reconnaître que notre lijpollièse des éléments
d'action reud comj)te de l'ordre de grandeur et du sens de la varia-
lion avec laxilesse des deux rapports d'énergie. Sous une autre
l'orme, les \aleurs déduites pour /i de 1 équation (lo), en v inti-o-
duisanl les valeurs obser\<'-es du rapporl -r^ , bien que n élaiil pas
satislaisanles, sonl cependant de l'ttrtlre de grandeur \oiilu. On
trouve :
Pour luiE. avec ■—- ^= — r?
t. 3 lua
pour Lia. avec rr- = ^ — ^
A = o,(). lo -'
(') Ann. (1er Pliys., l. XXItl, i()o-, p. (i;.
(■-) Soi-DY (pL I'.csski.l). Phil. Mag.. t. Wlll, n,n(|. p. i; !.>.
3.Î-2 I.A THKORIK DC RAYONNEMENT ET LES QVANTA.
Comme on la remarque'" au paiagraphe précédent, la vérifica-
tion de notre hypothèse par l'intermédiaire du rapport des éner-
gies — est très indirecte. Ce rap|)ort intervient pour remplacer la
durée démission 7 ;i lacpielle il est lié par la relation (<)). Il
serait beaucoup plus direct de déterminer l'épaisseur a=xct des
pulsations et par suite la durée t de Témission au moyen d'expé-
riences de didraction qui, malheureusement, ne paraissent pas
réalisables actuellement. La théorie fournil d a|)rès l'é(|uation (p ) :
À=-.>,.io~'" poui- l!;il>. À = 6. 10 " pour- l rX.
Les mêmes remarcpirs (piaii parai;raphe précétient peuvent être
faites sur l'incertitude de nos calculs :
1" Les données expérimentales sont peu précises, spécialement
en raison de l'inhomooénéité des ravons 3- J'ai du renoocer à faire
intervenir les ravons trop hétérogènes du RaC. S'il existe à côté
des ravons y comparables aux ravons de Rontgen polarisés, un
rayonnement propre, le fait <}ue nous l'avons négligé doit égale-
ment fausser nos résultats. De plus, la vitesse initiale des rayons |j
que nous cle\ ons introduire dans notre formule, peut être plus
grande que la vitesse mesurée [i = o, -<S ou |j =: 0,92 après dimi-
nution possible par suite de l'ionisation produite. S'il en est ainsi,
les rapports d'énergies que nous avons calculés doivent être trop
faibles.
2" Nous avons admis, ce qui. naturellement, est arbitraire, une
accélération constante (dans le sens du principe de relativité)
pendant lémission de la particule p. Pour d'autres hypothèses,
par exemple celle d'un accroissement uniforme de l'énergie ciné-
tique, nous obtiendrions des coefficients numéricpies dillerents.
3" L'incertitude la plus importante tient à la forme sous
laquelle nous a\ons ajtplupu' l'hvpollièse fondamentale daii>
laquelle (abstraction faite de la faible énergie potentielle ielali\e
de latome de radium et de l'électron) nous a\ons posé .K = E^.
énergie cinétique de la particule Jj. Dans mon premier travail sur
cette question, j'avais pris au contraire 3t égal à lénergie totale E
de l'équation (3) qui représente l'énergie emportée de l'atome par
la particule [3, et qui contient l'énergie Eq de la partictdeau repos
en outre de l'énergie cinétique Eg. J3ans ce cas. la diiré-e démis-
AI'PLrcATION DE LA TIIKORIK DK LKLKMEXT d'ACTÎOX. '^0
sion T Cl I (■•paisseur coiTcspumliiiilc c- de la pulsaliou de\iennent
plus faibles el Ton obtient pour // à partir des valeurs expérimen-
tab^s (bi lappdil des ('■neri^ies. au uioyeu (Tune équation analogue
à (lo).
/l =z \A, \0~'-' |)OUr llaE. A =:::= I , J . lO""" jioiir [ rX.
Ces \aleurs s"('(artent à |>eu près autant de la valeur réelle de //
(pie celles ealeulées précédeunnent. de sorte que nous ne pouvons
déduire de là aucune raison de préférer Tune ou l'autre des deux
manières d aj)pliquer notre bvpotbèse.
Une (pieslion intéressante a été posée jiar ^V. \\ ien. concer-
nant l'application de notre bvpotbèse au [)b(''nomène d'émission
des ravons a. Il n'est pas douteux, au jioint de vue tbéijiirpie. que
l'émission des ravons y. doil s'accompagner de ])ulsations électro-
magnétiques analogues au\ layons -'. mais leur dureté et leur
inlensilé sont inconnues tant (pie nous ne savons rien sur le méca-
nisme d'émission des ])articules a. Si nous appliquons ici encore
notre byj)otbèse, la dureté de ces ravons v est déterminée par
l'équation analogue à (^(j)
/ I- ^''
î.a (piaiililc /> lie 1 ('(pialion [(j i e>l ici ('gale à - parce (pie la \itesse
(les |»arlicules y. csl petite par rapport à c. r/intensit('' des ravons
est donnée par l'i-qualioii analogue à (lo)
(lua)
avec 6 = -, 't- 1res petit par ra|)porl à l'iiiiité et 2 ^ an lieu de c à
cause de la double cbarge des particule> a.
Il en résulte (jue ce ravonnemenl ■" devrait être (îxtraordinaire-
menl pénétrant | ('(luation ( f)a )] et univenneinent intense [é(pia-
tion (10 « )].
Il im|)or(e de remarquera ce su)el fpie. -«i 1 on considère (dmiiie
b''gitime l'application de notre livp()lbèse à 1 ('■mission et à 1 absorp-
tion d électrons, il n en résulte pas m'ccssairemenl (pi on puisse
l'appliqmu" à l'émission de matière poiub-rable. comme on vient de
le tenter pour les rayons a, ou à rabsoi|»tion d atomes matériels
comme dans le cas de l arr(''l des rayons (Je (îoldstein.
344 i.v TiiKORii: 1)1 ii.\yo.\m;mi:m' kt i.ics oianta.
Ajoiiloiis iuissi la rciiiai'nue sm\aiile. en relation avec la nou-
velle hypothèse des quanta démission de Plaack. Si nous assimi-
lons les lavons "à un phénomène de r;jvonnemenl périodique, on
doit V considérer la durc'-e d'émission x comme remplaçant l;i
période et répaisseur /. = r T de la |»ulsalion comme jouant le
rôle de la huigueur d"onde : la fréfpience sera donnc'C |)ar l'inverse
de la dur('i' d't'inission. v :=: - • Dapirs I liv[)Ollir.se des quanta
d ('inission. on diut pri'voir la relation
E,.= Av.
d où
(II) !•:,.-=://.
L ('(piahon 19) donne au contraire
' ~h
l)'aj)rès les mesures i el au^--i il après nos calculs), Ey est une |)elite
iraclion de V.Q, ( — à ■ — ) el h ne (liU'ère pas notahlement de
' \ 1 0 1 00 / '
I unité.
Par cons(''(pient. les «'(pialions l 1 1) et (1 i a ) se conlredisent net-
tement. Les l'avons *' ne j)eu\enl pas être émis par (pianta d énergie
[écpiation ( 1 1 )] >i I émission des rayons '^ correspond à l'hypo-
thèse des (pianta d'action [équation (1 1 a)]. Comme celte dernière
hypothèse conduit à des valeurs de l'ordre de grandeur \oulu pour
l'énergie des ravons ". l'application des ([uanta d'énergie au.v
ravons *' conduit à des \aleurs inexactes pour celte énergie (^en\i-
lon cent fois trop grandes 1.
IV. - LEFFET PHOTO-ÉLECTRIQUE.
Les grandes concentrations d énergie qui se manifestent dans
les phénomènes photo-électriques el |)lus encore dans lémission
des rayons cathodupies secondaires produite par les ravon> «le
Rontgen constituent ceilainemenl une des plus grandes difficultés
|)Our 1 ('IcctrodynamHjiie ordinaire. Ces difticiiltés semldenl, au
contraire, disparaître quand on considère la libération d'un élec-
tron hors des liaisons moléculaires comme S(uimise à une loi d ('-h'-
APi'LicATioN i)i: LA TiiKoiiii-; iii; i/ki.i':\ii..\i d'actiox. 345
monts (ractioii cl (ju 011 lui ii|)|)li(|iic nolic li vpollK'se foudamen-
lalc. Mou ami I'. I)('l)\c cl moi nous xuiimcs |)lacés à ce poinl de
\ ne dans un liaxail (|iii >cia piiMir procliaiiifiiienl .
I^oiir donner une |>irmicre idée de noire conee|)lion. nous lui
opposerons les i\ru\ mécanismes proposée jusqu'ici poiu' TcApli-
calion de I ellel pliolo-élecliKpie : I livpolliè>e d un |)ii(''nomène
de l'ésonanee (pu Idxreiail un ('leclron sous l'action du l'ajonne-
inent incidenl ( Lenard 1 (_ ' ) el llix pollièse des fpianta de lumière
d'après laquelle réneri;ie de réieclion pro\ient du ravonnement
incidenl ( l^inslem ) ( -).
Comme dans la prennère livpollièse. nous faisons inler\enir un
phénomène de lésouance dans lequel I éjeciron est mis en mouve-
ment sous I a<lion du ia\ oiinemenl ineideiil , dans les mêmes con-
ditions simples (pu se >onl lidiixee^ jii>l ilic-es par le succès de la
théorie de la dispersion. NOiis imat;inon> I ('leclron lié à latome
par des actutiis (piasi-(''lasli(pies el supposons la lorce <pii s'oppose
au déplacemeni propoilioniielle à celui-ei. Aous néi;lii;eoiis
I iniluence peiitirhalnce des aulre> ('leclidns |)i'ésents dans la
molécule. Mous (h'ierminons la diiiv'cdii phénomène de résonance,
le lcm[)S (raceumiilal 1(111 ou Iciiip^ d ai Ikmi 7 par la loi des (piaula
d action lellc ipic non:- ) a\ ons formulée dans noire li\ pothèsc fonda-
mentale. Il en ré.Millc pour le tt' m ps d accu m niai ion une valeur d'à u-
laiil plus "grande que I inleu>lle du ia\ iinnemenl incident est plus
faible. Ceci |teini(l racciimiilalidii d une (pianli h- d'énei'gie déter-
minée, indépendante de I iutensil('' (\ii ravonnement et se confond
comme ordre de grandeur a\ee l énergie maxima (d)servée poin-
tes particules pholo-éleclrirpies. Nous n a\oiis donc pas hcsoin de
chercher la source d"(''nei'gie daii> I aloiiic cl nous la li(Hi\(ins dans
le rav(»niienient pninaire.
A ie point de \ ne nous noii-> iappr( mIk >ii> de la seconde hvp(»-
ihèse rappelée pins hanl sans a\oirà iien admcUre de pai'liciilier
sur la structure du 1 a\ onnemenl. L) ailleurs nos r(''sullats con-
cordent avec ceux de riivpolhèse des quanta de lumière : rénergie
maximum de-» |iarlicules pliolo-('lcclri(pies est lrou\éc iiid(''peii-
(') Aiin. cl. Pliysih, l. MH, i()<i>. p. \\\\. Lenyr(i a récemment a(imis aussi
que l'éneriiie plioto-élecUiqiie viciol du layodncineiU incident i Cf. C. lîAMsvrii;.
J'/iys. Zeilscltr.. l. Ml. i()i(, f>. ftii;.
C) Ann. (I. l'Iiysih, t. Wll. i.|o'). \^. i.;-.
34(i I.A TUKORIE DU RAVONNKMEM KT LES OIANTA.
Hanle de riiilensilé du rayonnement, et variable avec la fré-
quence de ce ravonnenient, conlorinémenl à la loi dEinsteiii
(1) T = Av.
(Dans r<'-noncé de cette loi, nous ne tenons [)as compte du tra-
vail nécessaire pour faire sortir l'électron de la surface du métal,
ce travail nnitervient pas tians le mécanisme moléculaire indi\i-
duel de rémission i. Cependant noli'c liv|)OtlicM' tondamenlale ne
nous donnera pas cette loi d'Einstein comme générale; nous 1 ol)-
liendrons seulement dans le cas d'une lumière monochromatique et
d'une résonance complète entre la fréquence v de la lumière iuci-
«lente et la fréquence |)ropre vo de latome émettant. Pour une
r('-sonance incomplète, notre lln^oiie laisse prévoir une action sélec-
tive de la substance ( non >eulemenl sur la f[uantité, mais aussi sur
la distribution des vitesses entre les électrons émis). Si I on tient
compte de la composition réelle, non monochromatique, de la
bimicre incidente, il s introduit encore une sorte de dispersion
di;s vitesses autour de la valeur movenne correspondante à la
lumière monochromatique, dilFusion (|ui dépend tle la distribution
inconnue de la lumière incidente entre ses diverses périodes.
Nous ne donnerons ici que la marche générale de notre raisonne-
ment dans le cas le plus simple : lumière monochronialnpie, élec-
tron non amorti, de manière à pouvoir négliger le rayonnement
émis pendant l'accumidation d'énergie.
L'électron est supposf' In- à sa poMiKui d ('(pidd^rc par une
force quasi-élastique — Jx d sollicité par une force extérieure
e F= e Ecos /it due à l'onde incidente don! la force électrique est
supposée dirigée suivant l'axe des .x: //=-2~y est la pulsation.
V la iréquence ilc l;i liiniicrc. L ('(pKil n m du iiioiix cnicnl de I l'Iec-
Iron s écrit
(2) ?nx" -^/x = eP = eli cosnt.
Ses énergies ciiK'lKpic ci pulcnlicllc ont |;)onr \.ileui's
1 = — .r -. L = —X-.
x 1
lJ'a|)rès notre hypothèse, un ('-lecti-on doil dcxcnir libre (piand
APPLICATION IlK LA TIIKORIE DK l'kLKMKXT nACTION. 347
I inléiiiale d aciion
(3) \V.= f (T-\:)dt
• 0
I . , , //
esl devenue ciialc a
Nous j)Ou\()iis transfoiiticr \\ eu inlé^i-aul |)ar [)arlies et lui
donner la forme
( i ) W = I ( — X - — •— X- ] Cl/ ^ — XX / x(inx -^ fx)al,
ou, en tenant (Miuipte de IVqiialion du mouvement (2),
(5) W = ^ ■/'■'•'— - f xV dt.
Le premier tenue du second membre correspond à l'instant
final T puisqu'il esl nul pour / = o ( .r = ^'=: oV Nous allons
montrer que ce terme est égal à l'énergie cinétique de l'éleclron à
l'instant t divisé par la pulsation propre /?,,. Le second terme
dépend de la manière dont se produit le mouvement. Il contient
l'intégrale de temps du viriel de la force extérieure.
Pour vérifier ce que nous \enons de dire sur le premier terme^
suivons la variation de W en fonction du temps. A^ esl comme x
et j:"' une fonction à oscillation r.q)ide et d'amplitude ieutement
varial)lc. Lorsque W atteindra pour la pii-mirre fois la \aleur — ^ »
ce ne pourra être qu au voisinage d un ina\imuiii. parce qu autre-
ment cette valeur aurait été atteinte dans loscillation précédente.
Nous a\ons donc, pour le temps d'accumulation / = ",
ït-à-di
— — = (1 ou I = LJ,
(It
X - ^ ^—x-,
mais 4/— représente la pulsation pro|)re //„ de loscillation liltre
de l'électron. On a donc, pour / = ~.
m , \ III T
(G) :2- = n,,x, —XX == — —■>'-= —'
comme ou la indique.
348 L.V THÉORIE DU BAVOXXKMIiM ET LES QfAXTA.
En portant celte valeur dans i ;") ). il vient
= / :rV cil.
>. - n., 2 . '
oii.cn iiuilli[)liaiit par /?„ ^= '^""''ti-
(7) T = //v,.^^ f'.rVr/,.
Donc, à rinslant où \\ prend pour la première fois la valeur ^^ ?
T prend la valeur donm-e par 1 cqnation ( - ). Conune nous sup|)0-
sons qu'à ce moment Faccunudation prend lin et que l'électron est
ld)éré. T reprrsente jrneroie cnu-lirpic avec laquelle rélectron est
émis.
La \aleur ( j i de T montre déjà une analogie remar(|ualjle avec
celle fpie fournit la loi d'Eii-.stein, analogie qui se transforme en
identité dans le cas de la résonance complète. Montrons que pour
V ^ Vy, n = /?„, notre rùicl de temps sannule.
L équation du mou\emenl lui peut s écrire dans ce cas,
avec •— ==/?■; = /?-,
m "
e I-:
X -H // - .r =: — - cos « / ;
m
son intégrale est, en tenant compte de la condition .r = .r'=o
poUI' / = o,
e E
(b I :r = t^\nnf.
i. m n
Ceci nous permet de calculer de la manière suivante notre viriel
de temps
/" ' „ , l'K- /'' . , ''1/- / siii»/iT\
/ X V fit = / / Slll /*/ i.i; />./<// = ( — -.COi-ill-^ )•
Comme on l'a indiqué plus haut, les énergies cinétique et
potentielle deviennent égales à 1 instant / = ■:. Ceci a lieu j^nir la
phase '-i^'-j', on a donc
■H
. , 1
(<)) cos-2«-: = o, •sin'>nT = i. siir-«-: = -:
•2
APPLICATION DI-; LA IIIKOIUE DK LICLKMENT DACTIO.N. 349
|t;ii' ^iiUe
/ x V dl =
(le iV'suhal, porlé dans l'équalioti ( - I, nous donne comme second
lernie dans l'expression de T
(,o) S = ^ f\rPdf =
Ce tenne est négliyeahle dcvanl I dont nous pouvons cal(''idei-
d .iprrs ( (S I la valeur pour / ^ t. I^Cipiiil mn i (n donne
r = — n-.r-.
d'oii. en tenant com|)le de (8). puis de (9),
(xoa) T = -— (Tsin«T)-== —
8 m i()//i
Il i<''sulle «le ( I o) el ( 10 « )
^ _ I _ I
T ~ j.inz)- ~ -jA-kt:'/- )-
VT représente le nombre des oscillations eilectuées pendant le
liMiips total d'accunudalion t; ce nombre se cliilTre toujours au
moins par millions. Par conséquent, dans le cas de la r('sonance
complète, S est complèlemenl néglii^eable |>ar rapport à 1 et {-)
donne exactement la loi d'Einstein
{i\) T — /r/„= Av.
L'énergie d'émission des parlicules pholo-éleclriqucs est
indépendanle de l' intensité du rayonnement incident et est
déterminée de manière universelle par sa J rr^pienee.
Nous n'avons pas besoin de (connaître dans ce cas la durt'-e d ac-
cumidalion T i)Our déterminer T ; on [>cul la (h'-duire de ( 1 o r? 1 el
de (III
elle est donc, comme on pouvait le prévoir, d'autant |)lu- longue
f|ue l'intensité incidente, mesurée par 1^, est plus peliti'.
35o i.A THÉORIE nu havo.\m;mi;.m li i.i;s gi ama.
Evaluons encore la niandeiir de 1 écart x an imuMcnl de 1 «-nus-
sion de rélection. A cause de T = L et de
L = — .r- =; - — m X-
m/i-.r-^
il vlenl
<i3)
V
La grandeur de cet écart >'st donc aussi dcterininée de
manière unn'er selle par la frécjiience et est indépendante de
V intensité.
ÎNon> arrivons niaintenanl an cas j^éin r.il de la résonance incom-
plète. Le terme coin|)lt'-nienlaire de lécuialion i - ) que nous avons
désigné par S ne sannule plus et T n esl plus égal à h v„. L ('-fiMa-
jion du moiivemenl ( >. i peut s'écrire
X -^ /l^X = — cos///.
€t le résultat d intégration est, en ler)anl coin[)lc des conditions
initiales x = x' = o pour / =: o.
(i4) x-
11 vient donc pour S
e E (•<>?■ nf — cos/iat
n„r
r./ ■'•'■
dt
no( eE)-
■jLini n- — ni »
/ coi-nf lit — I
"0 '0
cos n( ciis//u / (//
On a
f -, F " / sin2/?T\
/ cos- nt d( =^ ~ { i
puisque, comme plus haut, a /i- est égal à 4 ~ fois le nomI»re de.-,
oscillations effectuées pendant laccuinidatlon, et est par suite un
très grand nombre. De plus,
f , , -rPsinf/t — «u)~ sin(/< -i- /Iq )" 1 Tsinz
/ coi ni Qo^ Hat dt =^ -\ "J— -^ 1 '^-— = >
Al'l'LICATlOX DE I. A IHKORIK DE LELKMENT DACTIOX. 3)1
[)iiis(Hie ( // -i- //o ) " *'^l aussi iiii lirs i^raïul uonihic: on a j)0.si'' pour
SIIII|)llH<'l'
(,i5) £ = ('/« — «„;-..
Il \ H'iil donc |)oiii' S
o /itt(r\'ly'-. l sin :\
;xm{n--— ni \ \
Eli iiiii!ti[iliaiil le cl<''iioiiiinal<'iir par li- — n\ ri le iitiiurrateur
par
{n — //„ I ( n — /«„ ) = •> «0 '_ 5
à cause de ( i5) et dans I liypotlirse seule inlëressanle pour nous
que n diffère relativenienl peu de /*„. nous pouvons écrire
> = ; ( -- — Slll 3 ).
> im n- — H{, )-
L'équalion ( - l donne enfin
(i6) T = Av„ ^Ziiliiil_r,_sinE).
•1 m In- — A/,-| i-
Celle équation ne [>eul pas iioii> servir direcleinenl pour Ja
délerininatiou de T, parce que la (pianlilé t conlienl la durée
inconnue t de l'acciimulalion et nous devons chercher unCs
deuxième relation entre T et t.
Les considérations suivantes nous perniettronl de l(d)lcuir.
Pour l = ■: nous avons déjà vu que T= U et aussi
T = r,
où u représente la valeur inojenne de réneri;ie polcnlicllc pen-
dant la dernière oscillation en"ecluée f)ar réleclron. Par consé-
quent.
™ f — >» ^ —
T = ^.r^= —nlx-,
•i. •>.
OU, en tenant coinj)te de (i4),
1 = COS-/</ -I- COS^//»/ — 2 COS/Ji COS7/u/ |.
'iin{ n- — /l'I )■"
35.;. LV IllÉdRIE Dl RAVn.NNEMENT ET LES OLANTA.
Les valeuis movennes qui (ii;ureiil dans la parenllièse onl res-
jtectiveiiipul |hhii' \aleii]'s
1 1 ro>£
-> et
\ (1.
\ leiil (Htnc
('7)
r = r^ 7-;['- co>£ .
■uni 11- — n', )-
J^a comparaison de i i (j ) el de ( i ~ ) permel de délermiiier z el par
conséfpienl t par réqiialion
(i8)
I — cos î H- £ — S m E = -.?./;?•/
L "oeh J
^'O)
l'ai' inu]li|ili( ,il ion de ( i - i et ( i <S i on en driliiil la valeur de T
T
La discussion de ces it-sultals s'ohlienl au iiio\en des lîiiures \-
i-'ig. .7.
'\-cosE-^Z-sinc
et 18. La (igure 1- représente, en (onelion de t, le preiniei' membre
de l'équation ( 18 j.
Si nous menons une |)arallèle à l'axe des abscisses à une distance
égale au second nienibie de (^18), l'abscisse du premier point din-
terscclion nous donne t el par suite le temps t = — - — au bout
\l'l>[,H:\T|o.\ DE LA TIIKDRIE DE L ELEMENT I) ACTION.
■65')
«liii|ii<'l I MciKiii (IcNifiii. |)(»iir hi |)i<'mièr<' fois, égale à — -• Les
|>aili<'.s <le la coiiiix- (|iii ne correspondent pas à celle eondition
sont i-e|)résenlées en poinlillé. Si // >> //||. on trouve toujours un
point (1 intersection el, par conséquent, la pos>.il)ililé dune ('■Mii>-
sion pliot()-('l((ln(|ue de l'électron.
Si // <C/'ii. on ir()l)lient en i;énéral aucun polnl d'inteiscclion et
l-'i;;. iS.
par conséquent aucun plu-noiuènc photo-électrique. Ces résultais
correspondent à la loi énoncée par Stokes pour les phénomènes de
fluorescence. Notre figure montre cependant un certain désac-
cord avec la loi de Stokes. Si la paiallèle à Taxe des abscisses
coupe notre courbe en un point de la portion comprise entre î = o
et î = — — 1 la \alciir ainsi déleriuinée |)Our z coiuluil i'i niic \aleiii
acceptable pour la durée d'accumulation - cl par suilc à une ('niis-
sion d'électrons pour une valeur négati\e de /i — />„. Le j)lus grand
écart à partir de la loi de Stokes (correspond, (ra|)rès noire ligure, à
£ ^ — -, c'est-à-dire à /;=/?„ — , on
n — fi»
4'/-.
V cause de la grandeur du noiubie V7 ( nombre des oscillations pen-
(lanl le tejups total d'accumulation) la plus grande différence entre
L. ET Dl I!. 23
3J4 LA THÉORIE DU RAVONNEMENT ET LES QL VNTA.
la longueur d'onde propre A„ du résonateur et la plus grande
longueur d onde )v capable dexciter leftet photo-électrique est
extraordinairement petite par rap])ort à la longueur d'onde. Nous
pouvons considérer cette extraordinaire petitesse comme corres-
pondant à une démonstration complète de la loi de Stokes,
Dans la figure 4 ci^ ^ porté en abscisses les \aleurs de e et en
ordonnées l'énergie cinétique T fournie par l'équation (19).
Pour $ = 0 (résonance complète n=znif) l'écjuation (19) donne
immédiatement T = Avo d'accord avec les résultats précédents.
Notre courbe coupe donc Taxe des ordonnées en ce j)oint /<>/„. Ce
n'est cependant ])as là le uiaximum de Téneigie photo-électrique,
i^a courbe monte pour les valeurs négatives de î jusqu'au point
de £ = — - pour lequel
1 — sin î t:
— 1 ,
I COSÎ ».
et par suite
T = Avq — = 2 , 3 A V|,.
L'écart à partir de la loi de Stokes correspond donc, bien cpi il
soit insensible au point de vue des longueurs donde, à un écart
considérable à partir de la loi d'Einstein.
Pour les valeurs positives de £ ( n > rio) l'énergie des |)articules
photo-électriques diminue rapidement avec de faibles oscillations.
La courbe n'a, d'ailleurs, pas de signification phvsique dans toute
son étendue, car elle ne correspond pas partout à des temps pour
lesquels le quantum d action est atteint pour la première fois. Les
parties inutiles de la courbe sont tracées en pointillé. 11 est impor-
tant de remarquer que nos courbes ij et 18 seraient extrêmement
réduites dans la direction des abscisses, si au lieu de s = (/? — /i„)-:
nous portions la fréquence elle-même en abscisse. La partie inté-
ressante de la couibe en T serait par coiiséfpient très étroite et
correspondrait à peu près exclusivement à l'abscisse /?o.
L'introduction d'un amortissement diminuerait les oscillations
dans la courbe en T ainsi que la hauteur du maximum. L'amortis-
sement électromagnétique normal par rayonnement iloit être déjà
considéré ici comme un grand amortissement. La formule qui
donne cet amortissement n'est applicable, en toute 1 igueui-, (|u"au
cas d'un électron isolé. Dans le cas de plusieurs électrons dont les
APPLICATION DE I,A THEOKIE Iii; L ELEMENT D ACTION. O rj
tavonucincnts se conipciisful mulnellemeiil. il peut airi\cr qu à
rinlérieur des atomes on ail un amortissement inférieur à cette
normale. Nous devons admettre quelque chose de ce genre, |)0ur
que des énergies photo-électriques de Tordre de grandeur /<Vo
puissent être accumulées.
Si Ton tient compte de la complexité du rayonnemeni, on trouve
une sorte de diflusion de 1 énergie photo-éleclrique autour des
Aaleurs qui viennent d'èlre calculées pour un rayonnement inono-
■chromaticpie : le maximum de noire courbe en T se trouve relevé
«t élargi.
Contrairemenl .i la ihéorie des éléments d'énergie et à la loi
d'Einstein qui en résulte, notre conception conduità une influence
sélective très marquée de la substance photo-électrique. Tandis
•cjue l'énergie des particules ne dépend, d'après la loi d'Einstein,
que de la fréquence de la lumière incidente, notre conception la
fait dépendre en même temps de la fréquence propre de la subs-
tance. Tandis (pie d'après Einstein celle énergie, en (onction de v
•comme abscisse, serait leprésentée j)ar une ligne droile. elle jjrésen-
terail, d'après nous, un maximum très marqué poui' cliacpie fré-
<pience propre de l'atome.
Voyons maintenant dans (piellc mesure l'expérience ^érifie la
loi d'Einstein. Je crois de\oir allribuer à ce [Ktint de \ue une
importance particulière aux expériences de W righl ( ' |. (ïel auteur
il déterminé le potenliel positif maximum auquel l'aluminium est
porté sous l'inlluence d'un éclairemenl 1res intense et très prolongé
par la lumière ultraviolette de longueur d'onde variable, l^oiir la
longueur d'onde A = 2166 A. on obtient un maximum très marqué
•de plus de \\ volls. Comparons l'énergie correspondante à celle
que fournil la loi d'Einstein. Pour). = 2i06.io~* on a
V = - ^ I . ^ . lo'-'' et T = // V = <) 1 . K)-'-.
La diflérence de potentiel corresj>ondante s'oblieut en unités élec-
trostatiques en divisant par (" = 4i7- 1 o'" et l'on trouve 1,93. lo"'-,
ce qui correspond à
(10) "i.S >olis.
(') P/iys. Zfilsclir., t. \I1. 1911, p. 338.
350 LA THÉORIE DL RA^ONNKMENT ET LES (JLANTA.
Celle \alein- esl 2,44 ^ois plus pelile que le luaxiniuiu obser\é
par Wrighi. La diflerence de potenliel maximum j)révue par la loi
d'Einslein se Irouve donc en fa il considérablemenl déjîassée dans
un rapporl 2, 41 *l"'i ceilainement, ne concorde (pie par hasard
a\ec la valeur j)rt'vue par notre théorie
•>
-, - = -^34.
En çS^k'X^ \\ right considère loul d'abord comme probable f|ue le
polenliel maximum observé aurait encore augmenlé si l'on avait
|)rolongé laclion et, de plus, il faudrait ajouter à la valeur observée la
dilférence de potentiel correspondant à la sortie du métal, pour
obtenir réiiergie photo-(''lfClrique elle-même. Kniin, noire valeur
llii'oricpie doit être modiliée par le fait que la lumicie emplovée
n ('tait pa>; exaclemcnt monochromatique. Jl semble d'ailleurs,
d'après les résultats récents de von Bieyer, qu'on ne doive pas
considérer comme exactes les valeurs absolues de lénergie photo-
électrique, dont les mesures sont fortement influencées par diverses
cii'conslances.
Il me semble cej^endaul qu'on peut tirer avec certitude des
mesures de W right les conclusions sui\anles :
1" <Uie lénergie |)hot()-élecln(pie maximum ne varie pas même
approximativement de manière linéaire avec la fréquence;
A*^ (^ue I ellet photo-éleclrique esl nettement sélectif et mani-
feste une influence des fr(''quences pro|)res de l'atome.
Sur ces Açn^ poiiils noire conception rend iiiieux tomple de>
iails que la théorie des rpianta d'Einstein.
[^'existence d'une aclion sélective du métal me parait con-
firmé par les recherches de Pohl el i^ringsheiiu (^ ' 1 sur les pro-
priétés pliolo-éleclriques des métaux alcalins et du barvum. Ces
auteurs ont mesuré, non pas I t'iiergie niaxmium des électrons,
mais le courant pholo-électrique, mais il esl vraisemblable que
les actions sélectives mahifeslées par le courant doivent intervenir
aussi dans la dislribiiiion des vitesses. Les considérations suivantes
peuvent être invorpiées dans ce sens : 1"'.- A. Ijudemann (^")a
(') Berliner )>hys. Gesellsrhafl. t. \tll. içiii. j). '\-\.
(') Ihiil.. I. Mil, u,ii. p. '|S'.
AI'l'LICAIION DK LA TIIEORIK DK LKLKMKM UACIIoN. ) )7
(loiuir iiiie lonmile i('iiiai(|iial>lt' (|iii |ii('-\(iil «'Xiuiniiciil les iiiaxinia
srlrclifs (le l'olil cl l*tiiii;sli('ifii. l'^llc se (l(''(l(iil' ilc la rpprcsentalion
suivante (roir aussi à ce sujet la reniai'(|iie de M. Lindeiiianii dans
la disetission de ce l»a|iporl ).
Un éleelroii eiicnlaiil aiiloiir de latome esL attiré par eclm-ci
.ivee la force de (loiiloinb — , où n est la valence de l'atome, rie
ravoii de l'orbite circulaire, e la charge élémentaire. La lorce
«•eiitrifuge de léleclron est nu- [ ■j.--/\-. où v est le nombre de
tours par seconde ou la tréciuence de l éleclroti. Par conséfiuent
(21)
\
iie-
1)1 /■
r.indeniann pose /'égal à la deini-distance des atomes et déduit
eelle-ci du poids atomique A, de la densité D et du nombre N des
moléctdes dans une molécule-gramme par la formule
\ M.
c. _
Le facteur i,i2.) = y 'jî. résulte fie llnpotlièse de rempilcment
létraédrique des atomes, dans lequel < luupie atome est entouré de
<louze voisins.
Les formules de Lindemann (ai) et (•2ia) donnent non
seulement les maxima de courant observé-s par Pold et Prinsgbeim
pour Kl), K, Xa, Ba, mais aussi le maximum d énergie obtenu |)ar
W'riglit |)our laluminium, du moins si pour la valence de ce métal
on ne prend |)as 3 mais i, ce qui ne jne semble pas particulière-
ment difficile à admettre ( ' ). Le fait ([ue cette même formule
donne Ji la fois les maxima sélectifs de courant et les maxima
sédectifs d'énergie, me lait considérer comme probable que ce>
maxima sont connexes. Il serait intéressant de diMci'inmer par
l'expérience le maximum sélectif de courant pour raliiminrnni cl
Ics maxima sélectifs d'énergie pour les métaux alcalins.
Le calcul de la fréquence propre de l'aluminium donne, avec
A = 07,
D = .>..(•),
\ = (i.i . 10-^.
( ') Il est possilile que les vateiii's de r calculées a\ec n = '. el « = i corres-
pondenL à d'aulres maxima sélectifs silut'S dans ruIliavioleL au dcb'i du douiaiin
éludié par- Wrislil.
3J8 LA THÉORIE DU RAYONNEMENT ET l.ES QLANTA.
(Tapirs ('il a)
2/- = ■>. .8S. IQ-*
et avec
11 = 1. /// = 0,9. M) -", e = 1,7. 10'*',
(Taprès (21)
V =: 1 , 4 '1 . t o' ' , À = -2 . 1 . 1 c "> .
rn accord complet avec la valeur observée A= 2166 A.
Ajoutons enfin quelques remarques générales qui nous donne-
ront l'occasion de discuter quelqnes difficultés de notre théorie :
1" Examinons dabord ce qui concerne le facteur 27: introduit
dans notre hypothèse fondamentale. 11 a été choisi de manière à
donner la loi d'Einstein dans le cas de la résonance. On pourrait
chercher à retrouver la loi dEinstein dans le cas de plus facile
émission, c'est-à-dire de plus courte durée' d'accumulation. Test
donné par l'équation (18). ISous supposons n variable pour une
valeur donnée de //q et nous obtenons par difîerenliation de (18) :
, • , 4«(«^— "0 ) j
rt£ ( sin E -^ I — ces £ ) = 2 m vo /' — ■ ttt; — "'*•
Pour le maximum cherché ((;/■: = o) on a
th =1(7* — /i^ ) d- -h - (lu = -. (///,
d'où, après multiplication par /i — iiq,
>.n [Il — /'j ) ( n- — //,] )
£ ( si n î H- 1 — eus £ ) = i m v,, h
{n^elif
Le second membre est, si l'on remplace .m par n-riH, égal au
double du second mend)re de (i<S 1. D'où l'iVpialion suivante pour
déterminer t
£(sin £ — I — eus £ I = >. ( I — cos£ -:- £ — <in £)
ou
Cette équation est satisfaite pour
APPLICATION DE I. \ TMKDRIE DE L ELEMENT 1) ACTIDX. OJf)
■>
l.a Niileur coriespondanle de - est ~ lois plus pclilc (^ ' ) que
la \alenr relative à la résonance et déterminée par (12). Léqua-
tion(iQ) donne pour \aleiir de T correspondante à t= -
■>
T = - /iVo.
Si nous remplaçons dans noire livpotlièse fondamentale -^
par - ) c'est-à-dire // par /i - , nous obtenons la \aleur dEinstein hv^
dans le cas du temps minimum. Cette \aleur se confond pratique-
ment a\ec //v. La \aleur maximiiiii de T pour t^ — - devient
alors
T = A •/„ ;iii lieu lie //■/,, ^•
- j.
Je n ai vu jusqu ici aucune raison précise de préférer lune à
Tautre des deux formes de notre hvpothcse
/ .IC dt — — ..11 / .fC dl = -'
^n '^~ -0 '
'2" La durée T d accumulalion (pu précède 1 émission d un élec-
tron est prévue très longue par notre théorie, comme on pouvait
(') De léquatioii (i^>j il résiille. poiii- t =—■,
- [ n- — n\ \-
donc
\/ ',mv,
'\mwji
n^e E = ri- — n';, = 2»,, ( n — >i^ ).
/ - <E
n~n„=i/ -,
On 9 d'il il leurs, pniir î = ^ ,
\ '\~rn/li
■'- ( /( — // ) I' V.
tandis i|ue la relation 1 1 ' i n<iLi* a doiuu-
„ _ si i^ Itl- '^0 ^'■
')6() LA TJIliORIE Dr KA>()NNK.MENT ET LE<^ ULANTA.
s'y alleudre. élanl donnée la i;iandetii- de l'énergie accnniuK'e. Des
li\ polhèses convenables siii' lintensih' du ravonnenienl incident,
jointes à la supposition (|ue toute l'intensité correspond à une
seule fV(''(pience v, permettent de calculer pour le cas de la réso-
nance, d'après (i:ï ), une dnic'c de lo'" à lo'' périodes. Cet inter-
valle dépasse de beaucoup celui qui correspond à la limite ex|)é-
ri mentale moyenne des différences de marche sui\ ies d'interférences
(lo** périodes). H. A. Lorentz (') a déjà indi(|ué cette dil'liculté
comme i'(''sullant de son calcul sur le temps nécessaii'e à l'accumu-
lation dun quantum d'énergie par un oscillateur en résonance.
Il laut ajouter (jue, d'après notre lli('orie. lors(|ue l'électron est
libéré avec l'énergie cinéli(|ue T. il doit posséder une énergie totale
double T -j- ^ z= '>JrK j^iiisque la condition de jnaximum pour
l'intégrale d action corresjiond à légalité des énergies potentielle
et cinélicjue.
La diflii ult('' disparaît cependant (piand. dans 1 hypothèse d'un
anidrlissement infiniment petit de l'électron, au lieu d'un Iraiu
(Tondes monochromatKjue liunté, on considère une ligne ou une
baiidf élrf^)ite dans le spectre (l'une lumière naturelle de durée
ind('linie. Si Ion dévelop])e la pertnrbalion incidente en série de
b'ourier. on obtient des trains d'ondes réguliers de très longue
dui'ée, dont les amplitudes et les phases varient de manière quel-
conque avec la fréquence, l n examen statistique est nécessaire
pour montrer comment, malgré l'influence mutuelle des fréquences
voisines, les choses se passent en gros comme pour une radiation
monochroinatique de la fré([uence la plus voisine de la fréquence
propre de notre électron. La perturbation due à la présence des
fréquences \oisines se fait sentir dans la diffusion déjà indiquée
pour une radiation non exactement monochromatique. La durée
d'accumulation sous l'action de cette lumi^'re naturelle se trouvera
évidemment très augmentée, parce (pie la lumière des fréquences
actives aura une intensité beaucoup plus fail)le que si la radiation
était monocliromatique. i^a grande durée d'accumulation ne cor-
respond ])lusà ce point de \ue à aucune difficulté puisque la durée
de colu-rence de la lumière n'est plus en question. Seule la durée
(') Aile uinl neuc Fragen dcr PliwtiL { l'IiysiLal . /eitsclirift. t. \I, i.
p. I!.11).
M'I'I.K.ATION 1)K l.V TIIKOHIE I)K LÉLÉMENT D. ACTION. 36 1
lot:il«' lit' I illmiiiiKilKiii (loil rlic |)lii> i;raiide i|ii(' la durée <1 acrii-
imilalioii (|iii correspond à rintensllé partielle des eomposanle>
aeli\('s du développeinetil de Foiirier pour la lumière naturelle.
( )ii ptMil iniaLjiner des cas où celle condilion n est pas remplie
pour des dluiuinalions lad)lc> el de courte durée et IKu peut
espérer d ('Ire ainsi conduit à une vérification expérimentale de
notre conception ilnue accumulation des excitations périodi(|ues
<lucs à la lumière incidente.
3" l*olil et Prinij;\slieiiu. dans leurs Iravaux, distinguent un effet
photo-électrique norm;il el un cllcl s('leclif superposé. Les deux
(^IVls se dilliMencicnt en ce (|ue le dernier intervient seulement
(piand le plan de p(»lai'i,-al kmi de la luniirrc esl per|)endiculaire au
])lan din<idciice, c est-à-dire ipiand le cliam|) élecUrifpie de I onde
incidente a une composante perpendiculaire à la surface du métal.
Si I (III Iransporle celle di-.l inction du couraiil j)li()to-(''lecli'iqiie
pour Ie(|uel elle a ('lé ol)Ser\ée, à léneri^ie pliolo-cdeelricpie, ce qui
ne semhie pas trop a\entureux. on doit admcllre (pie nos consi-
dérations sapjtlnpienl seulemenl à la paiiie sélecli\e du phéno-
mène. Ceci résulte non seulement du caracU-re sélectif de notre
théorie, mais encore de la direction rpi elle fait prévoir pour
rémission photo-cleclriipie. Comme Télectron, d'après celle tlu-orie,
doit osciller dans la direclion du cliam|» éleclri(|ue de Tonde, il esl.
lancé dans cette direction au moment de sa libération. Ln accrois-
sement du courant photo-électrique (du nombre des électrons émis
par la surface ) par le mécanisme (jue nous avons développé ne
doil. par suite, cire prévu que ( conforuK'ment à ce cpi'onl
observé Pohl el l'rinysheim pour le courant sélectif) lorsque le
champ électrique de la lumi('re exiutalrice a une composante
normale à la surface du métal.
De toute manière, cette limitation de notre lliéorie au cas de la
partie sélective du phéiiom('ii(^ laisse sans explication, au point de
vue éleclidniai;n('ii(pie. la produclion de rellct |)hoU»-éleclriC|ue
normal.
4" L livpolh("'se (piasi élaslique apparaîtrait comme IW'S dou-
teuse, si notre théorie faisait intervenir pour l^declrmi i\es oscil-
lations (I amplitude nolablenienl sup(''rieur(; aux dimensions moh'--
culaires. Notre formule (i.) ), pour le cas de la résonance, nous
permet dexaminer ce point. I*>lle nous donne, pour l'instant
362 LA THÉORIE DU RAYONNEMENT ET LES QIANTA.
d'émission de l'éieclron,
/ mn —
Si nous admellons, pour la pulsation /i, la valeur correspondanle
à la vibration propre ultraviolette de raluniiniiun ;? = 8, 5. lo'"^,
il vient
./• = 1 ,6. lo *,
et j)Our lécart inasiinum qui cori'espond à T =: o et à L double
de ce qu'il est lorsque T = U :
X = 2,3. IO~*.
Nous vovons. par suite, que les limites de la spbère d'action de
l'atome pendant l'accumulation de IVnergie photo-électrique sont
atteintes, mais ne sont pas notablement dépassées. [Pour la lumière
infra-rouge, x. d'après l'équation ( 1 3 ), devrait dépasser nota-
blement les dimensions moléculaires ordinaires; on peut suggérer,
à cet égard, que l'efFet photo-électrique rouge est seulement
observé dans le cas des métaux alcalins, qui ont un volume atomique
exlraordinairement grand.] Il est liés remarquable que lécart
maximum, comme on la déjà indicpié à propos rie I équa-
tion ( i3), est indépendant de l'intensité incidente et est déterminé
de manière universelle en fonction de la fréquence. Il n'est pas
moins digne d'attention que celte grandeur soit si exactement de
l'ordre des dimensious moléculaires. Ce fait constitue une con-
nexion nouvelle entie l'élément d'action // et les grandeurs molé-
culaires analogue à celle dt'jà signalée par V.. Haas ( ' ).
Je ne crois cependant pas devoir chercher, comme Haas et aussi
r^orentz semblent disposés à le faire, I origine de la constiinte //
dans une connexion de ce genre. On pourrait supposer que, dans
le j)hénomène photo-électrique, l'électron est libéré de l'atome
quand il peut sortir de la sphère d'action, par suite de l'amplitude
croissante de ses oscillations. Comme le montre le calcul précé-
dent, ce postulat conduirail. pour I ('•nergie pholo-élecliiqiie. au
même ordre de grandeur (pie notre hv[>othèse des éléments d'action .
En dehors de I incertitude, dans notre connaissance des dimen-
(') Phys. Zcilsrlir.. m|iii. [j. .'>.'>-.
APPLICATION DE 1. \ rilKOllIt: DE I.ÉLKMENT DACTION. >63
sioiis iiioh'-oiilaires. Il me scniltlc (|ii"()n ne peut comprendre à ee
point de vue la slynilicalioii universelle de la constante h.
Il nie semble prétérahle de se placer au point de vue opposé, en
cherchant, non pas à déduire li des dimensions moléculaires, mais
en considérant l'existence des molécules comme une conséquence
(le l'existence d'un élément d'action. Une explication électro-
maynéti(|ue ou mécanique de l'existence des éléments d'action me
semble aussi peu probable que l'explication mécanique deséquations
de Maxwell. 11 me semble beaucoup plus utile de dé\elopper les
multiples conséquences de l'Inpollièse des éléments d'action et de
l'aiipliquer à d'autres j)hénomènes. Puisqu'il n'est pas douteux que
notre Physique exige un nouveau principe tout à fait indépendant
«le la représentation électromagnétique, il me semble qu'on doit
s'adresser tout d'abord dans ce sens à l'hypothèse des éléments
d a<lion.
S' Pour justifier enfin l'é-noncé particulier (pu^ nous a\ons
«lonné de notre |jrincipe. nous nous reporterons à la iranstorma-
lion fondamentale de l'étpiation (i) au moyen d'une intégration
|)ar parties. Cette transformation est rendue possible parce qu il
figure dans JC la différence des énergies cinétique et potentielle.
Si nous avions introduit, au contraire, l'énergie cinétique T ou
l'énergie totale T + L , notre transformation, qui s'appuie sur I in-
troduction de l'équation du mouvement, dis|)araîtrait et axec elle
notre explication du phénomène photo-électrique. Cette même
circonstance exige l'introduction de (T — L' ) dans l'énonci' du
principe d'Hamilton en Mécanique et permet d'obtenir les équa-
tions du mouvement, à partir du principe de moindre action. .le
vois dans cette analogie, avec les principes de la Mécanique, une
raison très sérieuse pour croire à la nécessité d'énoncer le principe
des éléments d'action comme nous l'avons lait.
V. — INDICATION DUNE THÉORIE DU POTENTIEL D'IONISATION.
11 V a beaucoup d'analogie entre le phénomène d ionisation des
gazet l'effet photo-électrique. Jl s'agit, dans les deux cas, delà libé-
ration d'un électron à partir du lien atomique par des actions
électro-magnétiques : dans un cas, ces actions sont dues aux cham|)s
périodiques de la lumière incidente el, dans l'autre, aux champs
3(')| I.A THÉORIE Dl RAVONNK.MKM El LES QIAMA.
non |»crio(li(|ues produils p;ir le |)ass;ii;c cl iiii ion ou d iiii rleclron.
Il t'iuidrait êtr€ possil)le d'obtenir lit condition de celte deinière
libération, c'est-à-dire le |iolrnliel dionisation, par a|)plic;ition de
notre principe, en suivant une marche analogue à celle du para-
graphe |)récédent. .le n'ai ce|)endant jias réussi, juscpi'à présent,
à développer ces considérations. .1 iiidi([iierai ici une antre mélhode,
d'ailleurs peu satisfaisante, \pplicpions notre principe, non plus
à r(''lectron, qui doit être lib('T<'. mais à celui fpii \ient frap[)er
lalftme. (Nous supposerons (piil > ai;il ici du chocd un électron et
non (In choc d un ion.) L"(''nei'i;ic cincli(|iie de cet électron
1 = - /n l'-
est li'iinMiiisc ;'i latonie à ioniser, à mesure que I «'-lectron e^i
arrêté, ilc la manière (pie nous supposons unilorme. F. a dun'-e
de cet arrêt sera /r tenijis de clior -.. iNous supposerons cpic
la m(dccnlc na |)as d allinitc pour 1 électron et nous |)Oserons, par
suite. L=o. Celle hypothèse doit èlre appi'oximativement admise
pour les gaz inertes, comme I hélium. Notre hypothèse conduit
alors à une ('qnrilinn analoi;iic à ( i / ) Au paragraphe II :
Nous délerminerons mainlenanl la (lui(''c t du choc par le [)ar-
i'ours / pendant I arrêt et la vitesse iiiilialc c p;ir
r.) , = ^,
V
et nous allons chercher la |)lns grande valeur possible p(uii- ce
temps. Nous lobliendrons, en posant /= 27. c est-à-dire égale au
diamètre de la sphère d'action moléculaire. Par suite
(3) T = ^.
i'
A la \alciir maximum de t concspiuid l;i \ alciir minimum de I
qui puisse, d après notre hvpothcx-. permettre I ionisation. I)e
(i) et de (3) on déduit pour la \ ilesse minimum correspondante
(4) ,m-. = 4^.
I •-
AIM'I.ICA I ION Dt: I.A IIIÉORIK DE LÉLKMENT D ACIION.
'](]>
i'rcnons pdiir 7 l;i xalciii' 10 •"*( lu'-] 111111) |)(»iii- hi iiiiisse de rricciroii
//^ = o.().l() -'. A -i (). .V). i()^-'. il eu i'(''siillc
el |);ii- Mille
où. e\|)riiii(' en \ (il|>;.
r = I ,S. i(>s
l = V- = I , ) . 10 "
C esl loul il l:iil I oïdie de i;r;iiiileiir (|iie rownsend a ohleuii dans
ses reclierelies siii' 1 ionisai ion |)ai- clincs. Les nonilxes de I Own-
send sont (^' 1.
Ile. H Cl. A ll-O. C0-. Air II-, A/,-.
V 1 4 • ' i('.> '7i> ''',4 ■J'.j.J ■l't.o ■>() '^7-^
Le fait (|iie la xaleiir cal(iil(''e esl inlérieure à Ions ces noinhres
peut èlre dû à ec (juc nous a\ons néi;lii;é ] éneri;ie polentielle.
Noire nombre ()..'» esl la linnle inférieure jxuir une molécule sans
aflînilépour Jc'-leclron. Si ]"on\eul introduire l'énergie polenlielle U,
il i'aiil reiii|)lae(M' réqiiation ( i ) par la suivante :
en adnieltanl (pie U puisse èl le eoiisid('"ré comme constant pendant
la dur(''e du < lioc. \in iilili>anl ( •> 1 el(.)) ou ohlieni, au lieu de ( "î ),
<:5)
••'(-^H^
On \oit lacihinenl par Jà «pie r el par suile \ aui;iii(Mile axer l et
(jue nous avons oliteuu, en négligeant l . une \aleur Irop pelile
pour le potentiel d ionisation. Si noirs prenons pour T el c les
valeurs lournies par les expériences de Townsend ( -) el pcuir t
les valeurs indiquées par ce inêiiie auteur, nous pomoiis de (5)
({('■(luire laflînité l pour rideclron. Il vi(Mil en \olls :
lie A. Il Cl. II. irO. Cl»-. Az".
1,0 > , ! ) , ) i . ) > , 1 1,1 *>• ^
') Jhe tlieory of iaiùxatioii of gascs hy co/fisioii , l.uiiclon. p. .>'| à >•
' ) Loc. cit. p. on.
:]66 LA IIIÉORIE 01 RAYONNEMENT ET LES ylANTA.
LJiéliuin seiitiu d'ajjn's cela, celui de tons les gaz dont lafiinité
pour les électrons serait la plus petite, ce qui coriespond à un
grand nombre de faits expérimentaux. Après lliélium. vient 1 argon.
Cette série (abstraction faite de lazote, qui se lapprnclie beaucoup
plus des gaz inertes ) concorde assez bien avec la série des affinités
pour les électrons que Frank el Wood {Verhandl. d. deutschcn
physik. GeselL, t. Xlil, 1911, p. ""8) ont déduite des modilica-
tions dans le spectre de fluorescence de lava|)eiir diode, produites
par 1 addition de gaz ; celte série est :
He, A, Hi, 02. Air, Az^ CO^ ihlier, CP.
Le lait que Tordre de succession des gaz n est pas le mèine dans
ce Tableau que dans le précédeni lient à la varialion de -rd un gaz
à lautre.
Nous avons suivi, pour oljtenir le potentiel d ionisation, la
même marclie <pie dans la tbéorie des ravons de Pionlgen. Nous
nous sommes posé la question suivante : 1 énergie cinétique totale
de l'électron incident peut-elle être transmise à l'atome, pendant
le temps disponible dans la traversée de latome, la réponse
étanl fournie par notre liA'potlièse des éléments d'action. Il
résulle de là que notre calcul nous donne la limite inférieur*-
pour la Altesse des raAons cathodiques qui peuvent émetlie des
rayons de Kontgen ( ra\ons extrêmement mous ) en |)erdant toiile
leur énergie ( ' ).
Pour une représentation générale du phénomène d ionisation,
il est nécessaire de trancher la cpiestion suivante : j^our les poten-
tiels d'ionisation calculés plus haut, l'énergie cinétique totale de
l'électron est transmise à l'atome. Dans l'hypothèse que l'ioni-
sation est le seul effet de ce transfert d'énergie, on conclut que le
travail d lonisalioii doil être égal à cette énergie cinétique. Si
l'électron arrive avec une vitesse plus grande, une partie seulement
de son énergie est utilisée pour l'ionisation. On peut supposer, ou
bien que l'électron incident conserve, après le choc, une partie de
son énergie initiale, ou bien que l'électron émis prend l'énergie en
excès. Si. au contraire, la vitesse de l'électron incident est plus
(') -M. Deinber a montré rcceinmcnl que des rayons cathodiques ëiiiis sous
25o volts jieuvent encore produire des rayons de Riintgen.
AIM'LK MIiiN DK I.A IIIÉORIE DE l'ÉLÉMENT D'A( lld.N. 3()7
petite que celle (jiii eoriesixmd au jjoleiitiel d'ionisation, le phéno-
mène ile\ient impossilde. J>e temps disponible, par suite des
dimensions de la molécule, est insuffisant pour assurer le transfert
d'énergie et Fénergie cinétique disponible est ill■^u^lisanle pour
produire l'ionisation. Il e>t difficile de dire ce qui ad\iendra dans
ce cas de l'électron incident. [1 ne peut, en tous cas, pas être arrêté.
Est-il réfléchi ou tra\erse-t-il l'atome sans changement de vitesse?
>ii l'un ni l'autre ne paraît très \ raisemhiable. Comme je l'ai déjà
dit, je tiens les raisonnements qui précèdent pour très incertains :
Tintroduction. de manière si grossière, des dimensions de la molé-
cule, ne correspond pas à notre conception d'après lacptelle la
connaissance des propriétés moléculaires devrait être remplacée
par l'hypothèse des éléments d'action.
VI. — COMPARAISON AVEC LES HYPOTHÈSES DES QUANTA D ÉNERGIE
ET DES QUANTA DÉMISSION DE PLANCK.
Nous avons indiqué, à plusieurs reprises, lopposition entre
notre méthode de 1 élément d'actitui et la méthode des éléments
d'énergie de l'ianck. Toutes deux sont en dehors de l'Eleclrodvna-
mique classi((ue, mais tandis que notre conception peut être conci-
liée avec TElectrodynamique, celle de Planck, sous sa forme primi-
tive, est en contradiction évidente avec elle. Dans la théorie des
ravons de Rontgen. nous axons déterniini- la durée de l'arrêt par
l'hypothèse des éléments d'action. Mais nous avonsobtenu l'éneigie
et la structure des ravons de Rontgen émis en utilisant l'J-^lectro-
dvnamique classique. Ea durée de l'arrêt est un |)aramètrequi inter-
vient dans la théorie électromagnétique du phénomène et sans la
connaissance duquel celui-ci reste indéterminé. L'Electrodyna-
mique ne peut pas, à elle seule, déterminer ce paramètre, qui
dépend évidemment des actions moléculaires, sur le>(pielles nous
n'avons aucune indication, mais que nous supposons lit'-es à la
constante du quantum d action. Il en est de même pour les phé-
nomènes photo-électriques : nous avons calculé l ellet d'accumu-
lation produit par une radiatirui inonochromatique ou par un
faisceau de lumière naturelle, sur le résonateur photo-électrique,
en nous servant des lois ordinaires de l'Electromagnétisme et de la
'508 LA niKORlK Dl HA^ONMi.ME.M ET l,i:s ULAMA.
Mécanique, complétées |)ar les eonsidi râlions slalisliqiies né'ces-
saires. Noire lixpolhèse des éléments (Taclion est intervenue seu-
lement, pour déterminer le monienl où léleclron est libéré. Ici
encore, cette hypothèse supplée à notre ignorance des phéno-
mènes moléculaires, et complète l'Electrodynami(|ii(' sur un |)(»inl
entièrement extérieur à sou douiaine.
Il en est autrement dans Ihypotlièse des éléments d éners;ie. ï.a
condition (pi un oscillateur de l'Iauek possède toujours une
('■nerf:;ie égale à un multiple entier de t, est en contradiction a\ec
Ihypotlièse que le layonnement agit sur l'oscillation, suivant les
lois ordinaires de rÉlectromagnétisine, et se trouxe en équilibre
avec lui. Ces deux hypothèses contradictoires, sont cependant les
fondements essentiels île la théorie du rayonnement de Planck ; la
première tlonne l'énergie moyenne de loscdlatiou en fonction de
r et de V sous une forme qui semble coniirmée par lexpérience,
cl la seconde donne la relation entre I énergie tie l'oscillateur et
la densité du rayonnement. Ceci est bien connu et incontestable.
Jl est également certain, <pie l'hypothèse des quanta de lumière
d'Einstein, si elle la conduit à une théorie lemarquable du phé-
nomène photo-électrique, est (•r|)eu(lant en contradiction a\ec
l'J'^lectro magnétisme ordinaire.
Une autre difterence entre les deux conceptions, est d ordre
plus pratique. La iiK'thode des (pianta d énergie, (|ui [)rocède par
énuméralion, est toujours dune application relati\ement facile,
sans (|u"on ait trop à entrer dans le détail des phénomènes, ce qui
ne [)eut se iaire sans introduction d hypothèses. Les nouyelles
théories des chaleurs spécifiques, de la conductibilité électrique,
et bien d autres, sont autant de preuves de sa remarijuable fécon-
dité, dont nous pouvons, sans aucun tloute, espérer encore beau-
coup |)our l'a\enir. La mise en œuvre de notre méthode de l'élé-
ment daetion est, au contraire, beaucoup plus difficile et exige
l'introduction d'un plus grand nombre d hvpothèses particulières
et arbitraires (par exemple dans l'arrêt des particules cathodiques,
l'hypothèse du ralentissement uniforme ou toute autre analogue,
dans la théorie du phénomène photo-électrique, Ihypotlièse de la
liaison f|uasi-élastique ). Il en résulte (|ue notre conception ne peut
être introduite tpie dans un |)rtil nombre de cas relativement
simples, ^olre méthode ne pourrait s appliquer de manière gêné-
APPLICATION DE LA THÉORIE DE l'ÉLÉMENT d'aCTION. 369
raie, que si l'on réussissail, au nioyeii de ralsoiineinenls sLatis-
llqiies, ([iii pernietleiil (rignorer le détail des phénomènes, à mon-
trer (|ue la métliode des éléments d'énergie, est la forme parti-
culière au cas des phénomènes périodiques, de la méthode des
éléments d'action.
Une autre dillerence entre la théorie des quanta d'énergie et
notre conception consiste en ceci : que la première s'occupe prin-
cipalement de l'énergie électromagnétique ou, comme dans le cas
des chaleurs spécifiques, de l'énergie mécanique désordonnée,
tandis que notre méthode, jusqu'ici du moins, ne s'est appliquée
qu'aux phénomènes élémentaires convectifs (rayons cathodicpies,
ravons |j, émission catliodupie photo-électrique). Nous ne devons
pas nous dissimuler que la notion de ([uantum est beaucoup plus
immédiate et facile à suivre dans le cas de ces derniers phénomènes
que dans celui des phénomènes électromagnétiques et mécaniques
désordonnés. L'électron, dont Témissionou l'absorption intervient
dans les phi'nomènes convectifs, fournit un point de concentration
de l'énergie, un support pour le quantum, (^uoi qu'il en soit, il
me semble remarquable que notre théorie des phénomènes photo-
électriques nous a donné une explication simple de 1 accumulation
d'un quantum Av, emprunté à rénergie du rayonnement continu
incident. 11 est curieux aussi que, dans noire manière de voir, la
quantité d'énergie prise au rayonnement peut être supérieure ou
inférieure au cpianlum Av, selon le rapport — de la fréquence
incidente à la fréquence propre du résonateur.
11 est immédiat de chercher à relier à notre théorie de l'ellel
photo-électrique, le rôle des quanta dans la théorie du rayonne-
ment noir. On [pourrait considérer l'émission photo-électrique
comme jouant un rôle essentiel dans l'établissement d'un équilibre
de rayonnement, en faisant intervenir des (pianta d'énergie Av.
Ceux-ci seraient transportés par des particules ciilluMlnpies pholo-
éleclriques, pour être ensuite absorbés cl translormés éven-
tuellement en énergie rayonnée. Lu nombre égal de quanta
d'énergie resterait, d'après notre principe, sous forme d'énergie
potentielle dans les oscillateurs (molécules) qui auraient émis
des électrons. Ceci correspondrait à l'accumulation de (juanla
<rénergie dans les oscillateurs. A coté de cette émission plioto-
L. ET DE B. 24
370 LA THÉORIE DV RAYONNEMENT ET LES QUANTA.
électrique, on devrait envisager aussi les absorptions d'électrons
par les oscillateurs, comme il semble s'en produire dans les
phénomènes de phosphorescence. L'équilibre moyen des quanta
d'énergie pour une fréquence donnée, résulterait d'une super-
position de ces deux processus d'émission et d'aljsorption.
L'équilibre entre les diverses fréquences résulterait de la condi-
tion statistique pour l'uniformité de la température. Je n'introduis
ces considérations que pour jusliiior, dans une certaine mesure,
la possibilité de baser la méthode des quanta d'énergie sur celle
des quanta d'action, sans vouloir affirmer que le développement
de cette idée soit possible. Les difficultés y apparaissent comme
très grandes : le rayonnement noir semble n'avoir rien de
commun avec l'émission ou labsorption d'électrons, spécia-
lement pour les basses températures et les faibles fréquences,
dans le domaine desquelles les effets photo-électriques sont
inconnus. De plus, nos quanta d'énergie photo-électrique ne
sont pas exactement égaux à A,v, mais plus grands ou plus petits,
selon les fréquences propres Vq- Ces dernières devraient être,
comme les fréquences des oscillateurs de Planck, distribuées dans
toute l'étendue du sj^ectre.
Nous devons comparer nos résultats, non seulement avec l'hypo-
thèse primitive des quanta d'énergie de Planck, mais aussi avec la
nouvelle hypothèse des quanta démission du même auteur.
Il me semble c[ue celle-ci ne concorde pas avec nos résultats
quantitatifs déduits du principe des éléments d'action. Celte hypo-
thèse de Planck peut se formuler ainsi : l'énergie électroma-
gnétique de fréquence v est émise par quanta de grandeur /<v et
est absorbée de manière continue. Comparons à ceci les quelques
cas que nous avons traités. Dans le phénomène photo-électrique,
nous avons seulement émission d'éleclrons dont l'hypothèse de
Planck, sous la forme qui vient d'être indiquée, ne lient aucun
compie. Dans la théorie des rayons y, nous avons considéré
l'émission d'énergie de convexion sous forme de rayons [i et
d'énergie de rayonnement sous forme de rayons y. L'hypothèse
de Planck ne peut s'appliquer tpi'à cette dernière émission, cl ici
même il y a une difficulté : c'est qu'on ne peut guère attribuer aux
rayons y un caractère périodique, étant donné qu'ils sont émis au
moment de l'émission individuelle de particules [i. Si nous laissons
APPLICATION DE LA THÉORIE DE LKLÉMENT D'ACTION. Syi
de côté cette difficulté et si nous assimilons la durée t d'émission à
la fréquence, nous nous heurtons encore à une contradiction avec
l'hypothèse des quanta d'émission, comme on l'a remarqué déjà à
la lin du paragraphe IV : l'énergie électromagnétique émise sous
forme de ravons y est beaucoup plus petite que /^v.
Enfin, dans le cas de l'émission des rayons de Rontgen, nous
avons à la fois absorption de l'énergie des électrons caihodiques,
émission de rayonnement polarisé et de rayonnement propre non
polarisé. L'application de l'hypothèse de Planck à la pulsation non
périodique est difficile à admettre, comme on vient de l'observer
pour les rayons v. On peut considérer, au contraire, le rayonne-
meut propre comme un phénomène périodique provoqué par le
choc d'une particule cathodique, et l'on peut chercher à lui appli-
quer l'hypothèse de Planck. Son énergie doit donc être Avo^ où Vq
représente la fréquence du rayonnement propre. Nous pouvons,
sans erreur sensible, remplacer Vq par la fréquence v du rayonne-
ment polarisé un peu plus pénétrant, en définissant cette dernière
par l'inverse - de la durée d'arrêt. L'hvpothèse de Planck des
quanta d'émission exigerait
ovi E représente l'énergie d'un rayonnement propre de fréquence
voisine de-- Au contraire, notre principe nous à conduits à
l'équation (12) du paragraphe II,
P 3 A
où Ea- est l'énergie de la particule cathodique incidente. Si les
deux hypothèses sont conciliables, E et E/;- doivent être du même
ordre de grandeur. Les résultats de Wien-Carler ne permettent
pas d'admettre quoi que ce soit de ce genre, puisque E est seule-
ment une fraction de l'énergie totale E^ des rayons de Rontgen, et
que -rr- est de l'ordre 10'^,
t'A-
Si les concordances numériques obtenues en partant de notre
principe ne sont pas entièrement dues au hazard, le rayonnement
propre doit représenter seulement environ ^^Tiô ^^ lélément
d'énergie Avq qi^ii correspond à sa fréquence.
372 LA THÉORIE DU RAYONNEMENT ET LES QUANTA.
On peut naturellement tirer de ce désaccord aussi bien une
objection contre l'application des quanta d'aclion à la ihéorie des
rayons de Rontgen, qu'une objection contre Ihypothèse des (juanta
d'émission de Planck.
Les nouvelles recherches de Planck présentent en tout cas un
très grand intérêt parce qu'elles montrent que la loi du rayonne-
ment peut se déduire d'hypothèses très différentes de celle des
quanta d'énergie sous sa forme primitive, et parce qu'elles justi-
fient l'espoir d'arriver un jour à édifier la théorie du rayonnement
sous une forme exempte de contradictions en prenant comme
point de départ le principe d'un quantum universel d'action.
DISCUSSION DU RAPPORT DE M. SOMMERFELD.
§ •■
M. EixsTEi^f. — Il me semble que rinlerpn'-ialion de Soiumer-
feld pour la signification physique de la conslante h de Planck,
présente une difficulté parce que la fonction T — L ne peut être
supposée «'-gale à o pour une particule en mouvement libre; de
sorte que l'existence d'une [)articule libre se partage pour ainsi
dire en parties correspondantes à des éléments d'action, et ceci
d'une manière qui dépend de la vitesse du système de coor-
données.
M.Poi^cARÉ. — M. Poincaié voudrait poser à M. Sommerfeld
les questions suivantes :
i" La fonction U n'est déterminée qu'à une constante près dont
le choix reste arbitraire. Comment ce choix doit-il être fait?
2" S'il y a plusieurs degrés de liberté, la fonction U peut
dépendre d'une manière quelconque des coordonnées des diverses
molécules qui réagissent l'une sur l'autre. Si, dans le calcul de
l'élément d'action, on considère chaque molécule séparément,
coniment déterminera-t-on la partie de L qui devra appartenir à
l'une ou à l'autre de ces molécules?
?)" Comment le nouveau principe se concilie-t-il avec le prin-
cipe de l'égalité de l'action et de la réaction; si l'on a deux molé-
cules m et m' réagissant lune sur l'autre, on aura
d'où
si alors
on aura
/;((• = m P
i)n-z = //i r -" =
m ,
de sorte que, si le canon et le boulet étaient réduits à une seule
374 LA THÉORIE DU RAYONNEMENT ET LES QUANTA.
molécule, le canon mettrait plus de temps à reculer que le boulet
à prendre sa vitesse. Le principe de réaction ne serait donc plus
vrai qu'au point de vue statistique; la même difficulté se retrou-
verait avec la conception de M. Planck.
M. ^\'IEjv. — Le principe de Tégalité de l'action et de la réac-
tion serait sauvegardé en tenant compte des quantités de mou\e-
ment électromagnétiques, si l'on admettait, en même temps que
l'hvpothèse des éléments d'action, la validité des équations électro-
magnétiques.
M. SoMMEHFELD. — A propos dcs qucstious de M. Poincaré, je
désire faire les remarques générales suivantes. Je suis très éloigné
de vouloir énoncer un principe applicable dans tous les cas.
Jusqu'ici, mon intention a été plutôt de procéder par tâtonnements
et de modifier les hypothèses à mesure que cela serait nécessaire.
L'objection d'Einstein que le principe devrait s'appliquer au cas
d'un point matériel libre se laisse peut-être écarter de cette ma-
nière. J'ai déjà modifié une fois l'énoncé du principe en passant
du cas de l'émission des rayons de Rontgen à celui de l'effet photo-
électrique. Pour les rayons de Rontgen, j'ai utilisé d'abord la
relation : Energie x Temps = /^, et pour l'effet photo-électrique j'ai
remplacé ceci par la relation : Intégrale d'action = — ^qui con-
serve l'essentiel de la relation précédente.
De manière plus précise, j'ajouterai ceci :
i" Je pose U = o pour la position d'équilibre de l'électron dans
1 atome et L = f — quand l'électron s'écarte de x k partir de sa
position d'équilibre, tout en restant intérieur à l'atome. Quand
l'électron est sorti de l'atome, je considère U comme égal à une
constante, l'affinité de l'atome pour l'électron;
2" Je n'ai considéré jusqu'ici que le cas d'un seul degré de
liberté pour le système atome-électron. Dans l'énoncé du principe,
j'ai exprimé ceci de manière un peu vague en disant que j'en limi-
tais l'application au cas des phénomènes moléculaires purs ;
3° Je dois laisser provisoirement ouverte la question de savoir si
notre principe peut s'appliquer aux actions mutuelles de masses
pondérables, atomes ou restes d'atomes, et de quelle manière celte
extension pourrait être faite.
DISCUSSION DU RAPPORT DE M. SOMMERFELD. ^yS
M, LoRK.NTz. — Al. Lorcnlz remarcjue qu'on renconlretait
des difficullés si l'on voulait appliquer l'idée fondanienlale de
M. Somnierfeld d'une manière générale. Dans les cas où le phé-
nomène qu'on étudie se produit par l'action mutuelle de deux
particules, on pourrait le considérer comme déterminé, soit par
l'action calculée pour la première particule, soit par celle qui esl
propre à la seconde. Or, ces deux grandeurs ne sont pas du toul
égales entre elles. Il convient aussi de remarquer qu'on ne peut
pas dire qu'une certaine quantité d'action soit transmise d'une par-
ticule ou d'un système à un autre.
M. Brillouijv. — La difficulté que soulève M. Poincaré pour
l'énergie potentielle paraît exister même pour l'énergie cinétique ;
par rapport à quels axes doit-elle être évaluée? par rapport à des
axes en repos absolu? ou par rapport à des axes mobiles, et asso-
ciés à quelle ])artie du système?
M. SoMMERFEhD. — Daus le cas du système atome-électron, on
doit introduire le système d'axes par rapport auquel l'atome est en
repos, ou mieux (voir § I de mon Rapport) le système d'axes lié
au centre de gravité de Tensemble.
M. Langevix. — Si l'énoncé de M. Sommerleld est généi'al, il
doit être possible de le raccorder avec celui de M. Planck qui
introduit les éléments h d'extention en phase.
Jusqu'ici, les deux énoncés ont été appliqués par leurs auteurs
à des cas profondément différents; celui de M. Planck à des phéno-
mènes périodiques comme ceux qui se ]>assenl dans ses résonna-
teurs, celui de M. Sominerfeld à des phénomènes non pério-
diques d'arrêt ou d'émission des particules. Seul, le cas des
phénomènes photo-électriques semble conduire, quand on le
traite par la méthode de M. Sommerleld, à des résultats conformes
à l'hypothèse des éléments d'énergie; mais nous ne savons pas
ce que donnerait dans ce cas la notion des éléments d'extension ou
phase de M. Planck.
Il m'apparaît comme difficile <pi'on puisse ramener l'un àl autre
les deux énoncés, démontrer leur équivalence. L'un, celui de
M. Planck, est un énoncé- slatisliquc II alfinnc (pie, dans l'éva-
luation du nondjre des com[)le\ions correspondantes à une
énergie donnée d'un système, on ne doit pas considérer oomFnc
3-G LA THÉORIE DU RAVOXXEMENT ET LES QUANTA.
difTérentes deux complexions pour losquelles les valeurs des [)ara-
inctres /? el 7 diffèrent trop peu. Il laui que les points représen-
tatifs des deux états du système se trouvent dans deux éléments finis
différents d'extension en phase, pour qu'on doive considérer ces
états comme différents; deux états qui ne diffèrent pas de manière
finie ne doivent pas correspondre à des complexions différentes.
Voilà le contenu qualitatif de l'énoncé de M. Planck; il est essen-
tiellement statistique.
L'énoiTcé de M. Sommerfeld, au contraire, est purement dyna-
mique. On pourra peut-être en démontrer l'écpiivalence avec celui
de M. Planck. ou montrer qu'ils dérivent tous deux d'un énoncé
plus général, mais je ne vois pas par quel moyen.
En résumé, l'énoncé de M. Sommerfeld introduit un élément
fini d'action, celui de M. Planck un élément fini (Vexlension en
phase, et les deux choses me semhlent profondément différentes ;
l'une est dynamique et l'autre statistique.
M. Sommerfeld. — Je suis complètement d'accord a\ec
M. Langevin sur la difficulté qu'il y a à accorder mon hypothèse
avec celle de M. Planck. Tout ce que je puis dire à ce sujet se
trouve au paragraphe A I de mon Rapport, où je suppose que le
rayonnement noir peut devoir sa composition conforme à la théorie
des quanta, au fait qu'il peut être lié à une activité photo-électrique
continuelle des atomes. Mais cette supposition est très vague et
ne suffirait pas, même si elle était exacte, à démontrer l'équiva-
lence des deux principes dont Af . Lange\in demande avec raison
la justification.
M. LoREXTz. — Je crois me rappeler que, d'après une théorie
hien connue de Hertz, la durée du choc de deux sphères élastiques
diminue à mesure que la vitesse de rencontre augmente ( ').
M. Langevix. — Dans le cas où un projectile vient frapper un
ressort qui se difforme proportionnellement à la force exercée sur
lui. la durée du choc est indépendante de la vitesse initiale du
projectile. Selon que la réaction élastique augmentera plus vite ou
( ') Kn cITet, pour des sphères égales, la durée du clioc est inversement pro-
portionnelle à la racine sixième de la vitesse relative. {Xote de M. I.orentz.)
DISCr.SSIO.\ Dl UAI'l'OrsT DD m. SO.MMCRFELI). .377
|ilii-< l(Milomenl que la défonnallon, la durée du clioc diminuera ou
au^iueulera avec la viles^e iuiliale ( ').
M. Imui.louiiv. — Dans rénone*'- général, il est ([uestion diin
ou plusieurs quanta d'aclion A. Dans rapplication, M. Sonimerf'eld
admet que 1 arrêt de réleelron correspond à un seul élément // ;
y a-l-il une raison (autre ([ue la simplicité ) de penser que l'arrêt
met en jeu 1 //, plutôt (|ue r>. //. ou loA, ou 100 A ?
M. PttiTHEUFORD. — QucUc cst la limite intérieure des diffé-
rences de potentiel sous lesquelles on a pu jusquici produire des
rayons de Piontgen par l'intermédiaire des ravons cathodiques?
M. SoMMEUFicLD. — M. Dcmijcr [ J)eut.sclte pkysik. Gescflsc/i.,
1.) juillet 191 1) a |)u obsei'ver des ravons de Rontgen très mous
produits par larrèt de rayons cathodiques émis sous aoo volts.
.le croirais \olontiers (voir î^ ^ de mon Rapport ) (|ue la
(') Je voudrais niontrei' par roxeiiiple suivant roiiiiiicnt notre principe des
cléments d'action « est en opposition avec les analoi:ies tirées des pliénomenes
balisti([ues » (page jij de mon Happort ) : un projectile pénétre évidemment
dans un milieu résistant d'autant plus profondément que sa vitesse est
plus f;rande. I^'inverse devrait avoir lieu d'après lliypotlièse des éléments
d'action. Le chemin I sur lequel se fait l'arrêt est donné dans le cas d'un
ralentissement uniforme par / = — f r, et devrait par suite, comme -z on vertu
du principe est inversement proportionnel à l'énergie, être lui-même inverse-
ment jn-oporlionnel à la vitesse. Une particule catliodique de i;rande vitesse
devrait ainsi pénétrer moins profondément dans l'atome qu'un électron de
moindre vitesse.
I)ans le cas étudié par Herlz du clioc parfaitement élastique entre deux
sphères égales, la grandeur de l'aplatissement se comporte, (|ualitativcment.
comme la pénétration dans le cas précédent et en opposition avec ce qui corres-
pondrait au principe des éléments d'action. Hertz donne pour l'aplatissement la
formule /= -vt {Gesammcllr M'crhc. I, p. 171): / augmente ainsi avec la
:. 1
vitesse comme v^ puisque -z diminue comme f ''.
Nos expressions pour la durée ~ du choc des particules cathodicines poui-raient
être confirmées expérimentalement si Ion réussissait à déduire quantitativement
la longueur d'onde (ou l'épaisseur de la pulsation) au moxen des images de
dill'raction obtenues pour diverses valeurs de la tension sous Ia(]uclle les rayons
cathodiques sont émis. {l\ole de M. Sornincrfeld.)
)7S LA THÉORIE DL RAYONNEMENT ET LES QIANTA.
limite inférieure en question est déterminée par le potentiel d'io-
nisation.
M. lluTHERFORD demande si Ton peut supposer que larrêl d'une
particule cathodique est produit par un seul atome?
Ai""' Curie. — Les recherches relatives aux rayons cathodiques
ont montré que le passage de ces rayons à travers un écran s'ac-
compagne d'une diffusion d'autant plus considérable que la vitesse
initiale est plus faible» Pour uu faisceau incident homogène, il sort
de 1 écran, aux vitesses initiales faibles, une houppe diffuse tandis
que pour les rayons rapides, il y a un faisceau émergent qui pro-
longe nettement le faisceau incident. La déviation par un champ
magnétique montre que, pour une vitesse bien définie des rajons
incidents, on trouve dans les rayons émergents, après la traversée
d'une lame d'aluminium, des vitesses inférieures de lo à 5o
pouriooàla vitesse initiale et aucune vitesse supérieure. Pour
des vitesses initiales d'environ 5 x lO**, on observe, à la sortie de
la lame, une diffusion très forte et le fuseau émergent s'étale dans
le champ magnétique, manifestant des vitesses toutes inférieures à
celle du faisceau incident.
Il ne semble donc pas douteux que les rayons cathodiques
subissent un ralentissement progressif en traversant la matière.
D'autre part, il n'est pas douteux que l'écran retient un certain
nombre de particules (dites absorbées). La vitesse de celles-ci,
après le phénomène d'absorption, est vraisemblablement, en
moyenne, celle qui correspond à l'agitation thermique. Pour ces
particules, deux hypothèses sont possibles :
i" La particule a pu éprouver un arrêt brusque dans un seul
choc de nature particulière. A cause du ralentissement progressif
du faisceau, cet arrêt brusque pourra se produire pour des
vitesses initiales très différentes. Ce phénomène pourra corres-
pondre à une émission de layons de Rontgen hétérogènes;
2° La particule peut a\oir éprouvé une déviation importante ou
une série de déviations qui allongent beaucoup son trajet dans la
matière, de sorte que la diminution de sa vitesse a pu être pro-
gressive.
1^'étude de la diffusion et des rayons cathodiques secondaires
DISCUSSION DU RAPPORT DE M. SO.MMERFELD. 379
prouve (|iie le second elVet se pioduit certainement ; nous n a\ons
pas de certitude expérimentale au sujet du j)remier.
M. WiEN. — Je tiens à allirei" l'attention sur une autre méthode
pour calculer la longueur d'onde des rayons de Runtgen, qui
conduit à des résultats semblables à ceux de la théorie de Som-
merfeld.
S'appuyant sur la théorie des électrons, M. Lorentz a trouvé
qu'on arrive à la loi de Ravleigh si Ion calcule l'émission due à
l'écart entre les trajectoires des électrons libres et des lignes
droites. Maintenant, il faut abandonner la théorie des électrons
libres parce qu'on sait que le mouvement libre des électrons
conduit généralement à la loi de Rajleigh et la formule du
rayonnement ne permet pas d'ajouter à la loi générale du rayon-
nement un terme de la forme de la loi de Rajleigh. Ainsi, je crois
que les électrons sont libres seulement pendant un temps très
court, quand ils passent d'un atome à un autre elles rayons catho-
diques nous montrent un exemple de tels électrons libres.
Si l'on suppose que les rayons cathodiques produisent, en ren-
contrant l'anticathode, des rayons Rontgen qui dépendent seule-
ment de leur vitesse, on peut calculer la longueur d'onde des
rayons Rontgen par la loi du déplacement de A„o en admettant
que les rayons cathodiques ont une température qui correspond à
la force vive des particules cathodiques. La légitimité de l'appli-
cation de la conception de température peut être justifiée de la
manière suivante : s'il se trouve du rayonnement noir dans un
métal, il libère des électrons par l'eflet photo-électrique ; il faut
supposer que ces électrons décrivent des trajectoires de faible
courbure en passant d'un atome à un autre : s'il y avait un grand
écart entre ces trajectoires et des lignes droites, un rayonnement
aurait lieu qui suivrait la loi de Jeans, si les déviations de la ligue
droite suivaient les lois de Hamilton. Si l'on accepte la loi d'Eins-
tein pour la libération des électrons du uiétal
H'-
hc
= // V =
■1
^lll
la longueur d'onde du rayonnement qui libère les électrons sera,
pour la plupart d'entre eux, la longueur d'onde d'énergie maxi-
■>8»> LA THÉORIE DU RAYONNEMENT ET LES QUANTA.
iniiin donnée par la loi du déplacenienl
hc
\a\ éliiiMUiint A„, entre les deux équations, il vient
On voit que, d'après cela, la force vive moyenne de l'électron
est jiroportionnelle à AT. comme le demande la théorie des élec-
trons libres.
Si 1 on ne peut pas supposer que les électrons ont de vrais degrés
de liberté, au sens de l'ancienne théorie des électrons, parce qu'on
arriverait ainsi à la formule du ra\ounement de Jeans, il résulte
cependant, d'après ce qui précède, que la force vive moAcnne des
électrons due à l'effet photo -électrique est encore proportionnelle
à AT.
Si l'on désire que
2 1
il faut poser pour l'etlet photo-électritjue
niv- „ ,
=^ o , o // V .
Si l'on applique cette équation à la formation des ravons Riint-
gen, on arrive à une équation peu diJl'érente de celle de Som-
merfcld.
M. \\ ARBURG. — Quand on introduit la température des rayons
cathodiques, il faut considérer l'aniile de divergence du fais-
M. LoRENTz. — _M. Lorenlz appelle 1 attention sur la part que
les changements de vitesse des électrons libres peuvent avoir sur
le rayonnement d'un corps. Même si ces électrons n'étaient libres
que pour un instant, comme il en serait d'après les idées que
M. Wien vient d'exposer, ils donneraient lieu à une émission pour
l.iquelle on trou\erait la loi dcRayleigh si l'onappliquail aux élec-
trons les équations ordinaires de l'électromagnétisme. Il faut donc
DISCUSSION DU RAPPORT DE M. SOMMERFELD. 38 1
(aire inler\cnir dans la tiu'orie du mou\ement des éleclrons cl de
leur rayonnement, (jiielque chose comme rélément d'énergie ou
réiément d'action, l^eu importe que le nombre des électrons liljres
soit peut-être excessivement petit; il n"est pas permis d'admettre
que, par exemple, la millionième partie du rayonnement soit
conforme à la formule de Havleiyii.
Al. \\iEX, — J'ai ridée que le mou\ement libre des électrons
est parfaitement rectiligne et qu'une déviation se produit seule-
ment au voisinage immédiat des atomes, qui mène alors, en tout
cas, à ce résultat, que lélectron disparaîtrait dans lintérieur de
l'atome. Par conséquent, lélectron n'émet pendant son mouve-
ment libre aucune radiation et il n'v a ainsi aucune radiation qui
corresponde à la loi tle Piavleigli. La radiation serait émise seule-
ment quand l'électron est dans 1 atome, où je suppose que les
équations de Maxwell ne sont pas justes.
M. Ei.NSTEix. — Le résultat important de Sommerfeld, c'est-
à-dire le calcul des quantités d'énergie émises sous la forme de
rayons Rnntgen quand un électron rencontre un obstacle, peut
être obtenu par une autre méthode. Je tiens à le faire remarquer
pour qu'on ne croie pas trouver directement dans l'accord avec
l'expérience une justification de l'hvpothèsesur laquelle la théorie
est basée
h
f'
T — U I dt
Par un choc subit, un électron émet un rayonnement tel f[ue
1 énergie comprise dans 1 intervalle ch soit
— (•- ai
(e^ charge mesurée électi^ostatiquement, c = vitesse de la lumière,
V = vitesse de l'électron). On suppose que l'électron est au repos
après le choc. Pour a\oir l'énergie totale émise, il faudrait int<''-
grer entre r =: o et ^' = ûo, ce qui donnerait une émission inlini-
ment grande. Mais si l'on suppose que l'électron ne peut pas
émettre d'énergie avec une fréquence v plus grande que celle (pu
correspond à son énergie cinétique T, d'après la conception i\c>
quanta, la limite supérieure de la fréquence du rayonnement émis
382 LA THEORIE DL" RAYONNEMENT ET LES QUANTA.
est donnée par l'équation T= Av. et l'intégration précédente
donne alors
I e-
-i t 1 ,
en accord suffisant avec le résultat de Somnierfcld.
M. LoRENTz. — M. Einstein a décomposé un mouvement quel-
conque d'une particule dans une série de Fourier dont chaque
terme correspond à une fréquence v déterminée. Ai-je bien com-
pris que, d'après sa manière de voir, il y aurait une radiation cor-
respondant à un de ces termes, si la valeur /^v de l'élément d'éner-
gie qui lui est propre, était inférieure à la quantité totale de
l'énergie disponible?
M. EiNSTEi?f. — Cette objection touche à un point faible de la
conception. D après la théorie des quanta sous une forme primi-
tive, telle quelle est appliquée dans ce que je viens de dire, on
<loit se représenter que, dans un choc, il ne pourra être émis
qu'un seul quantum de fréquence déterminée, de telle façon que
le résultat de notre intégration ne serait exact que comme valeur
moyenne pour un grand nombre de chocs. Cette manière de voir
est cependant artificielle et la discussion montre un côté incontes-
tablement faible de l'hypothèse caractérisée par des quanta d'éner-
gie monochromatiques.
D'après la conception de Sommerfeld, les fréquences pour
T
lesquelles on a v >> y- ne pourront être émises par le choc de
l'électron, parce que le choc n'est pas instantané. D'après cette
manière de voir, les termes élevés de la série de Fourier ne
se présentent pas dans le champ d'émission, parce qu'ils ne
figurent pas déjà dans la série de Fourier qui exprime les accélé-
rations existant pendant le choc ( ' ).
(') Les idées développées par MM. ^^ ien el Einstein sont particulièremeut
intéressantes pour moi comme montrant que mes résultats sur l'énergie et la
dureté des rayons de Rôntgen pourraient encore rester exacts, même si mon
tij'pottièse fondamentale ne se vérifiait pas de manière générale. Je ne crois
cependant pas que la voie indiquée par MM. ^^■ien el Einstein soit plus facile à
suivre que la mienne.
M. Wien admet qu'une particule cathodique dont l'énergie, à un coefficient
numérique près, est posée égale à AT émet au moment d"un choc une longueur
DISCUSSION DU RAPPORT DE M. SOMMERFELD. 383
r.c point de vue de M. Sommerfeld a le grand avanlage de per-
mettre de conserver les équations de iVIaxwell, dans le calcul du
champ émis ; mallieureusement, celte conception apporte aussi
avec elle une grande difficulté qui ne doit pas être passée sous si-
lence. Si un gaz avec des atomes chargés se trouve dans un cham|)
de rayonnement, les atomes émettent et absorbent l'énergie du
rayonnement par leurs chocs ; il devrait être possible de déduire
la formule du rayonnement par la considération statistique d'un
tel système. L'on arrive ainsi à la formule de Rayleigh si Ion se
base sur la mécanique classique et l'éleclrodynamique de Maxwell
(ceci peut être considéré comme prouvé). Pour se mettre en ac-
cord avec l'expérience, il faut changer les bases théoriques, de
, . coefficient d'émission ,
sorte que le quotient p-r-^ rr—. -. — devienne tre^ petit pour
'■ ^ coetlicient il absorplion ' '
de grandes valeurs de v pour vine température donnée du gaz. Il
faut donc que le coefficient d'émission devienne très petit vis-à-vis
du coefficient d'absorption pour les grandes valeurs de v.
La loi de choc de Sommerfeld conduit-elle à ce résultat? Cette
loi revient à ce que, dans la série de Fourier donnant les accélé-
rations des particules chargées pendant le choc, il manque les
termes élevés. Il s'ensuit immédiatement que les termes corres-
pondants dans l'émission manquent aussi ; mais il semble que leur
absence rende également impossible une absorption de ces fré-
quences, et le quotient en question semble ne pas être beaucoup
modifié par l'hypothèse de Sommerfeld.
M. Plaxck. — Cela est certainement nécessaire si l'on veut con-
server le parallélisme complet de l'émission et de l'absorption,
mais non si l'on su[)pose l'émission discontinue et l'absorption
continue.
d'onde liée à la tempéralure T par la loi tlii déplacement. La signilication élec-
tromagnétique de ceci n'est pas claire. Au contraire, dans ma conception le
raj'^onnement est déterminé complètemeni au point de vue électromagnétique
dès qu'on accepte l'hypothèse fondamentale sur la durée du choc.
Pour M. Einstein, qui décompose l'accélération en termes harmoniques, te
rayonnement est bien défini par la loi du mouvement de la particule, mais la
suppression de tous les termes de fiéquence élevée par application de la loi des
quanta nous laisse pleinement en face de l'énigme.
Celte disparition des fréquences élevées se comprend au contraire quand au
lieu de supposer le choc instantané on le suppose régi par mon hypollièse,
comme le remarque M. liinstein lui-mèinc. { j\ote de M. Sommerfeld.)
384 LA THÉORIE DU RAYONNEMENT ET LES QUANTA.
M. Planck. — Une difficulté de l'hypothèse des quanta d'émis-
sion que j'ai proposée consiste dans le fait (jue les énergies mesurées
des rajons y ou de Runtgen sont beaucoup plus petites, dans un
grand nombre de cas, que le quantum d'énergie qu'on obtient en
multipliant h par l'inverse - de la durée de l'impulsion ; on peut
peut-être l'éviter si l'on considère que l'hypothèse d'émission s'ap-
plique : i" à l'émission des vraies ondes sans intervention d'émis-
sion ou d'absorption par des électrons, et 2" à l'émission de
rayonnement monochromatique ; tandis que les rayons y et de
Ronlgen ne sont probablement pas monochromatiques, bien
qu'ils montrent, dans beaucoup de cas, un caractère sélectif pro-
noncé.
M. Einstein. — Il semble difficile de maintenir l'hypothèse
(|u"un rayonnement de fréquence déterminée ne puisse être émis
par des oscillateurs monocliromatiques que sous la seule forme de
quanta de grandeur /iv, tandis qu'il serait émis en portions aussi
petites qu'on le veut pendant le choc de deux électrons.
§ III.
M'"'^ Curie. — En ce qui concerne l'émission des rayons j3, il y
a beaucoup de raisons qui portent à admettre que la vitesse existe
déjà pour l'électron avant sa sortie de l'édifice atomique.
M. SoMMEiïFELD. — J'ai fait les calculs [Munch. Ahad.^ loc.
cit., p. 47) en supposant une vitesse initiale intra-atomique égale
à la moitié de la vitesse de la lumière, et j'ai trouvé qu'il n'en ré-
sulte qu'une différence insignifiante au point de vue de l'émission
des rayons y avec le cas où la vitesse initiale de l'électron serait
très faible, à condition que la vitesse finale soit voisine de la
vitesse de la lumière.
M'"'' CuuiE. — La réponse de M. Sommerfeld ne correspond
pas exactement à ce que j'ai voulu dire. Mon intention était de
signaler une manière de voir cjui s'est présentée en radioactivité et
d'après laquelle les électrons émis sous forme de rayons jB sont en
rotation à l'intérieur de l'atome et sont émis sans changement de
vitesse. C'est à cette conception que se rattache le modèle d'atome
DISCUSSION DU RAPPORT DE M. SOMMERFKLD. >03
radicniclil" donné par Sir .I.-.I. Thomson; on imagine diverses com-
binaisons d'électrons circulant à l'intérieur d'une sphère positive,
le système étant stable tant <jue la vitesse des électrons est supé-
rieure à une certaine limite : si elle descend au-dessous, un réar-
rangement devient nécessaire au cours duquel des électrons
peuvent être projetés au dehors. Cette hypothèse correspond à un
\ieillissement des atomes et nest pas compatible, en toute rigueui-,
avec la loi exponentielle de destruction. Dans l'hypothèse où hi
destruction de l'atome set\ait due à l'intervention d'une cause exté-
rieure,agissant à la manière d'un déclanchement, on peut, semble-
t-il, admettre soit que les vitesses d'émission préexistent, soit
qu'elles sont produites au moment de rex|)losion.
De toute manière, si lémission des particules 3 avait lieu sans
changement de vitesse, elle ne s'accompagnerait pas de lémission
de rayons "'. Il est vrai que l'expérience n"a guère indiqué jusqu à
présent de connexion très étroite enirc les rayons [îi et v, par
exemple en ce qui concerne rintensit('' relative. Cependanl.
l'idée dune telle connexion est très séduisante et ne doit certaine-
ment pas être aljandonnée sans nécessité. On doit, au contraire, la
développer au j)oinl de vue ihéorique et la soumettre au conlrtMe
de l'expérience.
T. es liaisons extrêmement remar(|ual)le> ([ui ont élé mises en
évidence dans les discussions du Conseil ejitre les di\ers plu'--
nomènes moléculaires (thermiques, optiques, élastiques, jnagnc'-
tiques, etc.), montrent clairement que tous ces phénomènes dé-
pendent des mêmes éléments constitutifs de l'alome, éléments (pu
apparaissent comme {périphériques et qui intersiennenl dans les
relations de l'atome avec l'extérieui-. Les j)hénomènes radioaclils
forment un monde à ))art, sans aucune relation avec les précédents.
11 semble dou(" que ces phénomènes radioactifs ont leur point de
départ dans une région plus profonde de l'atome, région inacces-
sible à nos moyens d'action et probablement aussi à nos moyens
d'observation, sauf au moment des explosions atomiques.
M. Poi>cAHi':. — Si les électrons sont animés d'un mouvcincnl
circulaire avant di'tre expuls(''S. poui'f|uoi ne produisent-ils pas de
radiation '.'
M""' CuuiE. — Les électrons dont nous |)ailoiis ont des liaisons
1>. i:t de li. -t-f
)86 LA THÉORIE DU RAYONNEMENT ET LES QUANTA.
(11111 tout au Ire ordre que les électrons de la couche extérieure de
l'atome ; ils peuvent être masqués par ces derniers au j)oint de vue
des radiations qu'ils devraient émettre.
En ce qui concerne le passage des rayons |j à travers la matière,
la diminution de vitesse des rayons 3 avant l'arrêt final semble
(■Ire moins im|)orlante (pie pour les ravons cathodiques. Pour des
rayons [j très rapides, de vitesse supérieure à •->.'j5 X lo'" (coef-
ficient d'absorption, 12 à i4 ). on observe un coefficient d'absorp-
lion à peu près constant jusqu'à réduction de l'intensité au cen-
tième de sa valeur. Cette absorption est toujours accompagnée
d'une diftusion, d'autant [)lus importante que les rayons sont
moins rapides. Pour concilier cette diffusion avec la loi exponen-
tielle simple, M. Schmidt a a(^lmis (pic la dillusion est complète
après la traversée d'une épaisseur relativement faible et se main-
lient ensuite dans le reste du parcours : on retrouve ainsi la loi
exponentielle à condition d'admettre que la vitesse de chaque par-
ticule est peu modifiée jusqu'aux derniers cliocs.
M. Schmidt a montré qu'après une réduction de l'intensité au-
dessous du centième |)ar absorption, on commence à observer un
accroissement du coefficient d'absorption, c est-à-dire une dimi-
nution de vitesse.
M. W. Wilson a observé, par la méthode de dé\iation magné-
lique, un changement de vitesse pendant le passage des rayons |j
(lu radium E à travers la matière.
il y aurait ainsi le long du parcours des rayons fj rapides une
faible variation de vitesse, qui devient plus importante à mesure
(pie la vitesse diminue.
Un autre argument dans le sens d'un faible changement de vi-
tesse est aj)porté par les expériences de JNI. MakoAver qui a mesuré
labsorption des ravons ^i de denx manières : par la diminution de
I ionisation produite et |)ar la diminution de la charge transportée.
Par les deux méthodes, ou trouve la même courbe: ceci montre
(pie l'absorption correspond récllenientà un arrêt complet des par-
ticules.
On peut donc penser que cet arrêt a lieu en un seul cliocexcep-
lioniiel, mais on ])eut aussi imaginer qu'il se produit progressive-
ment le long (l un cliemin de forme compli(|uée à lintérieur de
I écran.
DISCUSSION DU RAPPORT DE M. SOMMERFELD. 087
L ahsoipliond une particule rapide dans un écran mince pourra
tHre déleraiinée, soil par une série de déviations avec ralentisse-
ment progressif ramenant la particule |^ à l'état de particule catho-
dique, soit par un choc exceptionnel analogue à ceux que
considère M. Sommerfeld.
Il ne semble pas jusqu'ici établi expérimentalement avec une
certitude suffisante que l'arrêt des particules [i s'accompagne
d'émission de ravons *'.
M. IliTHKUFORD. — La question de savoir si une particule catho-
dique ou une particule |3 perd graduellement sa vitesse à la suite
d'un grand nombre de collisions ou la voit très notablement
réduite par un choc particulièrement violent, est d'une grande
importance vis-à-vis de toute théorie de la production des
rayons v. Comme M""' Curie l'a remarqué, les particules [i éprou-
vent certainement une diminution graduelle de vitesse en traver-
sant la matière.
En même temps, les résultats généraux trouvés pour l'absorption
des rayons ,3 par la matière conduisent à penser que les parti-
cules |j peuvent, dans certains cas, rencontrer à l'intérieur des
atomes qu'elles ti'aversent, un champ si puissant qu'elles perdent
une grande partie de leur énergie par radiation et éprouvent une
réduction de vitesse considérable ( ' ).
(') F.a question discutée par AI"" Curie et M. Ilutherford: un électron perd-il
son énergie cinétique progressivement (par une série d'ionisations) ou d'un seul
coup, est si importante pour ma conception des ra3'oii5 de llontgen, que je vou-
drais insister de manière plus précise sur les faits correspondants. Il nie semble
que ma manière de voir (la particule cathodique source des rayons de lîiintgen
possédant encore au moment de son absorption sensiblement sa vitesse initiale)
n'est pas en contradiction avec les faits cités par M™" Curie ( une particule p pro-
duisant avant son absorption un grand nombre d'ions et devant avoir par suite
sa vitesse notablement diminuée).
Dans sa thèse, qui va paraître aux ^««a/e« der Physik, M. liossel déduit des
niesui-es de Lenard sur le coefficient d'absorption des rayons cathodiques {Ann.
cl. Phys., t. XII, igoS; t. XV, 1904) et des mesures de Durack {Pliil. Mag.,
t. IV, 7902, p. ag) Glasson {Phil. Mag., t. XXII, igii, p. 647), sur la proportion
des rayons secondaires aux rayons cathodiques primaires qui les produisent, qu'un
électron lancé sous 3oooo volts produit en moyenne 80 ionisations avant d'être
absorbé, et qu'un électron lancé sous 4000 volts en produit environ o. Eve
(Phil. Mag., t. XXII, 1911, p. b'n) trouve qu'une particule ,3 dt radium C
produit au total le long de sa trajectoire environ 12 000 ionisations.
Admettons par ionisation [)rodiiite une [icrle d'énergie d'cnviioii 10 volts;
!88 LA THÉORIE DL RAYOXNE.MENT ET LES QUANTA.
Une telle iulerprétalion du décrnissemenl du nomljre des parti-
cules ^j après leur passage à travers la jnalière conduit à penser
que les ravons v excités par les rayons j |)rennenl naissance dans
ces chocs parliculièremeut violents.
Af. WiEN. — Dans le pliénoniène de l'excitation des rajons "'
par les rayons Jj, ramoiudrissenieni api^aienl de la vitesse des
ravons ^3 traversant la nialicre j^ourrail peut-être s'expliquer par
la production des ravons secondaires.
-M. lÎLTHEKFORD attire 1 attention sur la complexité des rayons |j
émis par les substances iadioacli\es. Les expériences de von
Baejer, Ilahn et M"'' Meilner, ont montré qu'un yrand nombre de
faisceaux distincts de rayons [5, caractérisés chacun par une vitesse
déterminée, sont émis par une substance radioactive isolée. Celte
grande complexité de la radiation ^ a été bien mise en évidence
j)ar les résultats récents de iJanvsz. <\u\ a observé au moins 3o fais-
ceaux distincts de rayons |j émis par les deux sid)stances radium lî
et C réunis. Il paraît certain que les jthénomènes intérieurs à
l'atome d où résulte l'expulsion des particules ^ sont très com-
plexes. Voici des photographies (pii ont été obtenues par \ou
Baeyer, Hahn et M"*^ Meitner, et m ont été communiquées pai-
eux. L'action du champ magnétique sur les ravons 3 donne un
l'cleclron de ]ooo volLs en aura perdu .'iu ou moins de i pour loo, celui de Soooo
en aura perdu Noo ou moins de 3 pour loo ; au contraire la particule p aura
perdu l'énergie correspondanie à 120 ooo volts. Si l'on suppose à celte particuif
la vitesse initiale relaLÎveinent élevée |i = o,().5 elle possède en vertu de la théorie de
relativité une énergie correspondante à i 100 000 volts dont elle perd ainsi
11 pour 100, et peut-être davantage, car la vitesse [i = 0,9.5 semble rtre une limite
supérieure des vitesses observées pour les particules ,3 du RaC.
Il semble donc qu'on peut, sans erreur sensible, calculer l'émission des rayons
fie Rôiitgen comme si la particule cathodique possédait encore au moment dt-
l'ai-rèt la totalité de sa vitesse initiale. Dans Tabsorption des rayons p, on doit
prévoir au contraire l'émission de rayons -; notablement plus mous et plus faibles
qu'il ne correspondrait à la vitesse initiale des particules Ji. On doit tenir
compte de ce fait quand on cherche à mettre en évidence les rayons y rcsultuni
lie l'arrêt des rayons |i et ceci peut expliquer le résultat négatif de semblables
recherches.
I>ans les évaluations qui précèdent, on a étendu de manière hypothétique au
cas des particules de grande vitesse et à l'absorption par les solides la valeur do
10 volts (Lenard admet 11 volts) qui correspond au travail d'ionisation par les
élrclrons de laiblc vitesse dans les gaz. {.\o(e de M. Soinmerfeld.)
DISCUSSION nu «APPORT DE M. SOMMERFELD . 889
v('rilal)lo spectre dans lequel à cluujiie faisceau de rayons corres-
pond une hande noire bien nelte sur la plaque pholograpiiiquo.
W. AVilson a montré par la méthode d'ionisation f[ue les
rayons |3 diminuent de vitesse en traversant la matièi^e. Voici une
photographie obtenue par v. Baeyer qui montre ceci très nette-
ment. La diminution de vitesse par passage à travers la matière
est manifestée par une déviation magnétique plus grande des
rayons qui ont traversé une lame d'aluminium. L'aspect de la
photographie semble montrer que les ra\ons restent sensiblement
homogènes après avoir traverse'' une certaine épaisseur de matière,
mais il est difficile de conclure sur simple examen d'une plaque
photographique.
M'"*^ Curie. — Les photographies de M. Rutherford se rappor-
tent à des rayons |j du ihoriuin X, très lents pour des rayons |j,
mais beaucoup plus rapides encore que des rayons cathodiques.
Pour ces rayons, on observe un changement de vitesse très net
mais pas très grand, sans diffusion trop marquée.
M. RuTHEr.FORD remarcjuc que la comparaison avec la théorie
semble avoir fourni des résultats raisonnables pour l'énergie
relative des ravons ^i et •' de l'uranium X et du radium E. ^Llis tel
n'a pas été le cas pour les radiations du radium et du thorium. On
a de fortes raisons de penser que l'énergie des rayons -' de ces
substances est à peu près du même ordre de grandeur que l'éner-
gie des rayons ,3. Pour faire cadrer ces résultats avec la théorie
de Sommerfeld, il serait nécessaire de supposer que les rayons |j
de ces substances auraient été initialement expulsés avec une
\itesse extrêmement voisine de celle de la lumière. Cela n'est pas
impossilile si l'on suppose que les particules |j ont perdu une
grande partie de leur énergie en émettant la radiation -' et en
traversant le champ atomique. Il y a là une question digne
d'attention.
A propos de l'avis exprimé par M'"® Curie, qu'on n'a pas encore
observé avec certitude la production des rayons *' par les rayons |3,
M. Rutherford attire l'attention sur les recherches toutes récentes
de Gray, qui a netlenienl montré que des rayons ^ étaient produits
par les rayons -j du radium E. Cette dernière substance est parli-
culièremenl propre à cette exj)érience, parce que sa radiation y
3yO LA THÉORIE DU RAYONNEMENT ET LES QLANTA.
primaire cslextrèmciiicnl failjle |)ar r;i]»j)orl à celle de toute autre
substance.
M. RcTHEUFouD ajoutc c(ue Gray a montré que les rayons *' pro-
duits par les rayons ^j ont une tendance à se propager dans la
direction de ces derniers.
M""^ Gci'.iE. — Dans les expériences de M. Gray. la distinction
entre rayons ^3 et rayons v a-t-elle été faite en utilisant l'action du
champ magnétique?
M"^ GuitiE. — l.e passage des rayons a dans la matière a pu
être suivi d'assez près par la méthode des scintillations.
On j)eut dire, avec une grande approximation, que toutes les
particules d un faisceau traversent un écran très mince normal à
la direction du faisceau.
Le parcours d'une particule a dans la matière est limité, et à
peu près le même pour toutes les particules ; le long du parcours
la vitesse décroît de plus en plus rapidement. On a aussi mesuré
Fangle moyen de déviation : celui-ci est une fonction de la vitesse
et croit, d'abord lentement, puis très rapidement à la fin du par-
cours. En plus de ces phénomènes réguliers, on observe un très
petit nombre de déviations exceptionnellement grandes, mises en
évidence par les scintillations.
On peut dire, en comparant les rayons a et ^j, que pour les
rayons ,3 le changement progressif de vitesse est beaucoup moins
visible, tandis que la diffusion ou changement de direction l'est
beaucoup plus que pour les l'avons a. Malgré cette différence, on
peut penser que l'absorption se produit suivant des mécanismes
analogues.
S IV.
M. Einstein. — D'après la théorie de l'effet photo-électrique de
Sommerfeld, on n'aurait une proportionnalité entre le nombre
des électrons libérés par seconde et l'intensité de la lumière,
qu'en se refusant totalement à admettre l'existence d'un amortis-
sement.
M. Planck. — Peut-être la relation entre l'énergie d'oscillation
DISCUSSION DU RAPPORT DE M. SOMMERFELD. J() l
et le (jiiauluin {i'éneri;ie h'* dont on a besoin pour la déduction dt-
la formule du rayonnement, pourrait-elle se trouver plus directe-
ment, en ajoutant au terme — dans la loi d action de M. Sommer-
l'eld, \\\\ coefficient entier.
M. LoRENTz. — l/actiuu \\ représentée par la formule (5^
change de signe continuellement et peut donc prendre la valeur
— — aussi bien que la valeur — ^. M. Sommerfeld veiit-il dire que
l'électron sera mis en liberté à un moment où W est positif, et
est-ce pour cela que. dans la première des <''qualions (6), le
double signe a été omis?
M. So.MMERFfXD. — Lc fait quc jc prciids le signe positif
W=^^dans l'énoncé du principe, correspond en eflTet à cetti*
hvpothèse. J'ai cherché à justifier ce fait dans le paragraphe I de
mon Rapport, par l'analogie avec le cas du point matériel isolé.
Le fait (jue dans léquation ( (3 ) je n ai utilisé que le signe -^ a
une autre origine. Si je choisis pour léquation ( 6) j?'=: — n^x^
le temps nécessaire pour que la condition ^^ ^ — y^ soit réalisée
est toujours plus grand que si Ion choisit x ^=-r- i^qX. Le signe —
n'intervient pas dans léquation (6) lorsque la condition ^^ = ^
est réalisée pour la première fois.
M. LoREKTz. — On peut remarquer f|ue lorsque x' et x ont le
même signe, l'électron s'éloigne de sa position déquilibre, ce qui
pourrait favoriser sa mise en liberté : cela plaide en faveur du
choix du signe positif pour ^^ .
Ai-je eu raison de comprendre que les résultats trouvés plus
tard pour les cas /« >> /?o et /i << /'o dépendent en partie de ce
choix du signe algébrique de l'action ?
M. SoMMERFELi). — Oui \ si jc posais \\ = — -^' j obtiendrais
un résultat de sens opposé à celui qui est exprimé par la loi de
Stokes.
M. LixDEMAMv remarque que la formule
_ I / ne-
;i9i LA THÉORIE DU RAYONNEMENT ET LES QUANTA.
j)f lit èlre déduite aussi du modèle d'atome de Thomson. Si l'on
identifie la sphère positive avec le volume atomique, la force élas-
lique est — n et la fréquence
I / ne-
■}.~\' inr-
/
Si l'on pose /•' = a\J-i^ ce qui représente l'arrangement le plus
dense des atomes, et si l'on introduit les valeurs usuelles pour
c, e et — j il s ensuit
' m
À = 6 J.7 ya.
La démonstration donnée primitivement a été préférée, parce
<|u'il est prouvé que les forces d'attraction de Coulomb existent,
tandis que le modèle d'atome de Thomson est encore lijpothé-
lique.
§ V.
M. Nernst. — Les lois proposées par M. Sommerfeld pour le
("hoc de l'électron contre l'atome peuvent-elles être appliquées
aussi au choc de deux atomes entre eux? Dans ce cas aussi les
anciennes conceptions ont besoin d'être modifiées.
M. Sommerfeld. — Je suis jusqu'à présent dans le doute à ce
sujet. Je ne pourrais donner une répon>e définie, que s'il était
établi que des rayons Rontgen sont produits par l'arrêt de ravons
de Goldstein ou de ravons a. Si ces ravons de Rontgen ont le
degré de dureté et 1 intensité prévus par mon hvpotlièse, je devrai
répondre affirmalivement. Je considère d'ailleurs comme parfai-
tement possible [voir mon Rapport, p. 343) que des rayons de
Rontgen ne soient pas produits dans ces conditions. Dans ce
cas, je devrai dire que mon hypothèse s'applique seulement au
système atome-électron.
LA
THÉORIE CINÉTIQUE DU MAGNÉTISME
ET LES MACxNÉTOiSS,
Par m. V. L ANGEVIN.
La théorie cinétique du para- et du ferro-magnétisme permet
de calculer, à partir des données expérimentales, les moments
magnétiques moléculaires.
Le cas le plus simple est celui des substances paramagnétiques
diluées : gaz paramagnétiques comme l'oxygène ou solutions éten-
dues de sels paramagnétiques. Pour ces substances l'expérience
donne une susceptibilité y inversement proportionnelle à la tem-
pérature absolue. Au lieu de la susceptibilité, ou coefficient
d'aimantation par unité de \olume, il nous sera commode de
faire intervenir le coefficient dainiantation moléculaire •/,„, coef-
ficient de proportionnalité au champ magnétisant H du moment
magnétique I pris sous Faction de ce champ par une molécule-
i^ramme de la substance considérée. Sa loi de variation avec la
température donne
'/»l rp }
C,n étant la constante de Curie rapportée à'une molécule-gramme.
La théorie suppose que chaque molécule possède, à cause des
courants particulaires dont elle est le siège, un moment magné-
tique ;j. que nous supposerons assez grand, quand il n'est pas nul
(^auquel cas la substance esl diamagnétique), |)0ur qu'on puisse
Sg.'t LA THÉORIE DU RAYONNKMKNT liT LES QUANTA.
nrcliiier ses variations sous rinlliieiice du champ H, ^ai^ations qui
correspondraient d'ailleurs à un dianiajinétisme superposé au
paramagnétisme résultant de l'existence du moment nioh'culairejj..
Si toutes ks molécules d'une molécule-gramme, en nombre
égal à la constante d'Avogadro M, étaient orientées parallèlement
les unes aux autres, il en résulterait pour la molécule-gramme un
jnoment magnétique :
(i) Io= :j^m,
correspondant à la saturation absolue.
L'agitation thermique s'oppose à ce parallélisme. J3ans le cas
des substances diluées où les actions directrices mutuelles des
aimants moléculaires sont négligeables, il n'y a, en Tabsence de
champ extérieur, aucune orientation |)rivilégiée et le moment
magnétique résultant I est nul.
En présence d'un champ extérieur II, il y a prédominance de
l'orientation pour laquelle l'axe magnétique de la molécule est
parallèle à ce champ extérieur, mais on conçoit que cette prédo-
minance puisse être d'autant moins marquée que l'agitation ther-
mique est plus intense. Si nous admettons qu'on puisse appliquer
à ce cas les résultats généraux de la mécanique statistique, nous
pouvons calculer le moment magnétique résultant I pour une molé-
cule-gramme.
Si l'axe magnétique d'une molécule de moment u. fait l'angle a
avec la direction du champ extérieur H, l'énergie potentielle
relative de la molécule et du champ est — |jLHcosaet la loi de
répartition de Boltzmann montre que le nombre des molécules
dont les axes magnétiques ont des directions comprises dans un
angle solide d(ù autour d'une direction caractérisée par l'angle a
est
clM = C e ^■'' dui = C e '*' doy.
La constante C relative à une molécule-gramme est déterminée
par la condition que le nombre total des molécules soit égal à iM,
c'est-à-dire en posant
fnll
(a) "^RT'
(3)
LA THEORIE CINETIQUE DL MAGNKTISME ET LES MAGNÉTONS. U)')
La contribulioii d'une molécule de direction a au moment
inagnéli(jue résultant I est u. cosa, d'où
(4) . I = 2-C|i./ e'"-"** cosa sin a f/a = >-( ! u / xe"^dx.
•^0 • — 1
Par comparaison de { >) et (4), en tenant compte de (i), il vient
... I 'I ph(/ I
Les moments magnétiques moléculaires, déterminés par compa-
raison de cette théorie avec l'expérience, sont tels que Iq atteint
i*areraent la valeur 3x lo', de sorte qu'à la température ordinaire
la quantité a est au plus de Tordre ,io~" H. et comme les champs
que nous savons produire ne déjjassent pas ooooo gauss, a reste
toujours petit par rapport à l'unité lorsque le champ extérieur H
agit seul sur les molécules pour tendre à les orienter, comme c est
le cas pour les substances diluées.
Le second membre de (5) développé en série suivant les puis-
sances croissantes de a donne pour premiers termes
ch a i a «*
sha a 0 |5
et l'on peut, quand a est petit devant lunité, remplacer la rela-
tion (ô) par
I _ a
I =
3RT
C'est la loi du paramagnétisme avecun coefficient d'aimantation
moléculaire
/•'" - 3 HT
conforme à la loi de Curie, et une constante de Curie
(• -il.
SgC LA THÉORIE DU RAYONNEMENT ET LES QUANTA.
Celle relation permel de ealculer le inomenl moléculaire salure In
à partir de la constante de Curie, obtenue expérimentalement,
par la relation
(6) lo= V 3R<-/«.
J'ai appliqué cette formule à l'oxvgène pour lequel Curie avait
montré qu'il suit, à Tétai gazeux, la loi de variaticju du coefficient
d'aimantation en raison inverse de la température absolue. On
obtient ainsi pour lo, c'est-à-dire pour le moment niagnéti(|ue
que prendrait une molécule-gramme si tous les aimants élémen-
taires étaient orientés parallèlement, un nombre de même ordre
que les aimantations obtenues expérimentalement pour le fer
saturé.
La même formule a été utilisée par M. Weiss, pour calculer les
moments magnétiques moléculaires dun ::rand nombre de sels,
à partir du coefficient d'aimantation de leur solution étendue, qui
varie avec la température conformément à la loi de Curie. Ce
procédé lui a fourni la plus grande partie des données expéri-
mentales sur lesquelles s'appuie son hypothèse des magnélons.
II.
Les autres données correspondent au cas des substances ferro-
magnétiques, et sont déduites de la théorie du champ moléculaire.
Cette théorie fait inlervenir les actions mutuelles enire molé-
cules que j'avais laissées de côté dans les raisonnements qui
précèdent. M. Weiss admet que l'action directrice exercée sur
une molécule, par la substance aimantée qui l'entoure, équivaut
à la superposition au champ magnétique de Maxwell H, d'un
champ moléculaire proportionnel à l'intensité d'aimantation de la
substance, avec un coefficient N dépendant de la nature de celle-
ci. Il semble en effet assez naturel d'admettre cpie l'action direc-
trice exercée par les molécules sur l'une d'entre elles soit déter-
minée par le degré de parallélisme réalisé. L'ordre de grandeur du
coefficient N, déduit par M. Weiss de sa tln'^orie, et la vaiiation
de ce coefficient, dans le cas des alliages, avec leur conqjosilion,
ne paraissent pas compatibles avec l'hypothèse que les actions
mutuelles d'orientation soient d'origine magnétique. Elles sont
LA THÉORIE CINKTIQUK Dl MAGNliTISME ET LES MAGNÉTONS. 897
probablement tle même nature que les actions directrices qui
maintiennent une molécule d'un cristal orientée dans son réseau.
L'iiypothèse du ciiamp moléculaire conserve le résultat exprimé
par l'équation (5) à condition d'v donner à la quantité a la valeur-
(7.)
a= j^(H-i-M,.
L'introduction du terme AI permet à « de prendre des valeurs
beaucoup plus i^iandes. pour le même cliam|) Tl, qu'en l'absence
d'actions mutuelles, et, par conséquent, au second membre de
l'équation (5), de s'approcher de la valeur i, qui correspond aux
grandes \aleurs de rt, c'est-à-dire à 1 de s'approcher de lo qui
correspond à la saturation aljsolue. La forme que |:)rend mainte-
nant l'équation (.5) est telle cpie l'aimantation I, prise par la
substance, figure à la fois dans les deux membres. Le moyen le
plus simple, pour oblenii" la solution de cette équation pour L est
d'employer la méthode graphique suivante :
Les relations (^5) et ( -~) fournissent deux équations enti'C les
inconnues a et -, et leur soliilinn est fournie par l'intersection îles
courbes <pii leur coi-respondenl dans le système de coordonnées «
F
et-.
La courbe (jui corre>pond a iCcpialion ( .") ) j)arl de l'origine,
avec une lan<;ente de coeflicieul annulaire ('gai à - > et tend \ers
^ " ■ j
l'asymptote - = i, pourrt = x. L"(M[ualion ( j) représente une
'o
:>98 LA THÉORIE DU RAYONNEAIENT ET LES QUANTA.
droite et peut être mise sous la forme
r/aljscisse à Torigine (/^ est la valeur de a qui correspond au
clianip extérieur H et, comuie on Ta remarqué plus liaul, reste
toujours très petite par rapport à l'unité, pour les champs réali-
sables, tie sorte que la droite passe toujours très près de l'origine,
à réchelle de la figure.
RT
Le coefficient angulaire de cette droite -r-p est proportionnel à
la température absolue, de sorte que le point d'intersection A qui
fournit la valeur cherchée de -pj correspond à une saturation d'au-
to
tant plus couiplète que la température est plus basse.
Au voisinage du zéro absolu, la saturation Iq doit être sensible-
ment réalisée, et c'est de mesures faites dans ces conditions que
MM. Kamerlingh Oames et Weiss ont déduit les moments
magnétiques moléculaires du fer, du nickel et du cobalt.
Supposons que le champ magnétisant H varie à température
constante, et celle-ci assez basse pour que le coefficient angulaire
RT . , , . ., . ,1
^r-pr soit notatdement mieriour a -•
\ai droite se déplace alors parallèlement à elle-même et très
peu, d'après la remar(|ue précédente; l'intensité d'aimantation 1
change également très peu. Elle correspond à la saturation pour
la température considérée. 11 i-ésulte d'ailleurs de la manière
dont se coupent la droite et la courbe que l'état ainsi l'éalisé est
stable. Quand le champ magnétisant est nul, un second point
d'intersection se trouve à l'origine, et il est facile de voir qu'il
correspond à un état instable, dans le cas supposé où la
droite OA est au-dessous de la tangente à l'origine. La substance
doit ainsi s aimanter spontanément en l'absence de champ exté-
rieui-. et sous la seule action mutuelle de ses molécules.
(.(•ci est compatible avec les faits expérimentaux, puisque les
sidjslances ferromagnétiques sont constituées par l'agglomération
d'un grand nombre de cristaux. Chacun de ceux-ci s'aimanteia
spnnianément dans une direction déterminée à la fois par l'orien-
tilioii (le son réseau cristallin et par les accidents de sa foi'mc
I..\ TUKOBIE CINKTIULE DL MAGNÉTISME Eï LES MAGNKTOXS. 099
extérieure. Cette direction d'aimantation variera d'un cristal à
Fautre, et si les cristaux sont suffisamment j)etits. l'aimantation
moyenne sera nulle, saut pour des substances comme la magnétite
dans lesquelles les plages de réseau uniforme peuvent être d'éten-
due beaucou|) plus grande que dans le cas des métaux. La néces-
sité d'un champ magnétisant, pour obtenir expérimentalement la
saturation, correspond à la nécessité de rendre parallèles les
aimantations des divers crislaux.
Cette existence d une aimantation spontanée de la substance
est la caractéristique la plus précise de la propriété ferromagné-
tique. Elle exige (pie la droite OA soit au-dessous de la tangente
à l'origine, c'est-à-dire qu'on ait
RT I
La température 0 définie par 0 = -^-j^ correspondà la'disparitiou
du ferromagnétisme quand la température croit. C'est le point de
transformation observé par Curie.
Au-dessus de celte température, en l'absence de champ magné-
tisant, la droite ne rencontre plus la courbe qu'à l'origine, et de
telle manière que l'étal correspondant est stable. La substance
ne s'aimantera pas s[)ontanément. Sous l'action d un champ
magnétisant, il est facile de voir sur la figure que l'aimantation
prise est telle que le champ moléculaire NI est de même ordre
que H, a sera donc toujours très petit, et l'on peut utiliser la
relation (5 i sous la forme
d'où, par combinaison avec (-^),
d'où, en désignant toujours par C„i la constante de Curie -^j
KT — 01 = C„, II.
joo I.A THÉORIK DU RAYONXE.MIÎNT ET LES QUANTA.
Comme dans le cas du paramagiK'lisine précédemment étudié, on
doit a\()ir proportionnalité de l'aimantation au champ, le coefficient
moléculaire correspondant y,„ ('tant donné par ''"' » Au lieu de
varier en laison inverse de la teni])érature absolue comme en
l'absence d'actions mutuelles, il varie en raison inverse de l'excès
de cette température sur celle du point de transformation, et
n'existe que si cet excès est positif.
La détermination expérimentale de y ,„ permet de calculer la
constante de Curie C,„^y,„(T — B) et d en déduire le momeul
moléculaire lo = \/oHC„j.
Cette méthode a été appliquée |)ar M. Weiss et ses élèves à un
i;rand nombre de substances, en particulier à la magnétite, aux
métaux ferromagnétiques et à leurs alliages.
III.
J.e cas de la magnétite traite pai- <'ette méthode est un des
premieis (pu ait mis M. \\ ciss sur la voie de son hypothèse des
uiagnétons. Les déterminations de la constante de Curie, faites
pour la magnétite au-dessus de son point de transformation,
conduisent à des valeurs constantes dans des intervalles déter-
minés de température, mais brusquement variables quand on
passe d'un de ces intervalles à un autre, montrant cju'au passage
la substance subit un changement d'état qui modifie son moment
magnétique moléculaire. Les \aleiiis prises successivement par
celle quantité sont entre elles comme les nombres entiers .\, 5, (>,
8 et lo (exactement 4- i-88, 6,o5, 7,9*3, et io,oG).
Le moment moléculaire de la magnc'tite augmente avec la tem-
pérature, mais de manière (lisconliiiiic et par iiuilliple-i entiers
(l'une même quantité.
Une relation simple du même genre existe entre les moments
magnéli(|ues moléculaires du fer et du nickel, déduits, couime nou>
lavons \u, de I aimantation à saturalion au voisinage du zéi'ti
absolu.
Les nombres obtenus, 12^10 pour le fer et 338 1 pour le nickel,
sont entre eux exactement comme i 1 et 3, c'est-à-dire iiuilli|)l<'s
entiers d un iMai;uéloii-i;raniine v'^;[\ à ; 1 :>.,), 5.
LA TIIKORIE CINKTIOIE Dl MAGNÉTISME ET LES MACXÉTOXS. 4oi
L'a|>|)liciUioii (le la fonnulo (6) à un grand nombre de sels
paraniagnétiques a été jendue possible par les déterminations de
M. Pascal sur les solutions de ces sels, l.e coeflicient d'aimantation
de la subtance dissoute est obtenu par l'additivité des propriétés
magnétiques de celle substance et du dissolvant, diamagnétique
dans le cas de l'eau. Les valeurs absolues sont obtenues en admet-
tant pour l'eau la susceptibilité diamagnétique — o, j5x lo"*"' qui
l'ii
Au;<. basses températures \ :
Ni
X
Weiss et Kamer/ingfi Onnes x Weiss etBIoch
:
;^ çp ! F> ! ; M
;
; Aux températures aux dessus de 0
; .. .,. 'rWeiss etFoëx,)i.Wei55et Bloch
■ X X Fcp, Fep, Co i ; : fe, :
: Pascal, sels de fer \ \
;
; I
. :
;
1 :
i ;
i 2j : 'i
— 8 9 °e i '
r
i
°|
Pas cal.au t
pes corps
iR^r
; : Ciio:
l+l
16 i
; V.
: 1 i ib ■ : MM' 12 13
: ' • 1 M : M ' ; : ! : i 1
10 \l H 16 18 20 II
Nombres de magnétons
24- 2B 28 30 32
1. FeriicNanui'e c!e tv et amiii. — "2. 1^\ luptiosphate de fer et d'aminoiiinni. —
3. Citrate de fer et d'aminoiiiuiii. — i. l'erripyropliospliate de sodium. — .">. |>r-
rimétaphosphate de sodium. — G. Clilorure (errique. — 7. Sulfate ferriquc. —
8. l-"erroméLaphospliate de potassium. — '.). Ferrooxalale de sodium. — 10. l'"er-
ropyrophosphale de sodium. — 11. Sulfate ferreux. — 12. Cliloruie de cobalt.
— 13. Sulfate de manganèse. — 15. Permanganate de potassium. — 1"). Sulfate
de cuivre. — 16. Sulfate de cuivre ammoniacal. — 17. Sulfate uraiieu\.
représente les moyennes des \aleurs oblentio jnscpi ici |)ar les
divers expérimentateurs. Les i-ésultats calculés, en admcttani pour
le magnéton la valeur 1128, 5, sont représentés siii- b- Tableau
ci-dessus. Ils mettent en évidence une régularité certaine dans
la tlistribution des cocflicienls d'aimantation moléculaire.
Des mesures ])lus récentes de M"'" Fcytis sur des sels .solides
ont fourni des concordauces du uicmc ordre que les précédentes.
Enfin, l'étude des uiétaux lerroniagnétiques au-dessus du point
!.. ET DE B. 26
4oi L\ THÉORIE Dl RAYONNEMENT ET LES QUANTA.
«le Curie, par a|)[)licali()ii de la foiiiuile
a dollar des résultais égalenient eonforincs. en général, à l liv[)0-
llièse de M. Weiss. I.e nickel pur donne Iq = 9018, qui corres-
pond à 8,o3 niagnétons, en admetlanl toujours pour le magnéton-
gramme le nombre 11 28, 5 déduit des mesures de saturation
magnétique aux basses températures.
Les alliages de fer et de nickel, quand on y fait décroître pro-
gressivement la teneur en fer, donnent pour !« la limite ioi4o
qui correspond à g, 00 magnétons. Si l'on remarque que la satu-
ration magnétique du nickel aux basses températui-es correspond
à o magnélons, que d'autre part les sels de nickel en solution ont
un coefficient d'aimantation paramagnétique qui correspond à
1 1) magnétons. on constate une variation de l'aimantation molé-
culaire avec l'c-tat physique ou chimique de la substance, compa-
rable à celle présentée par la magnétite au-dessus du point de
Curie, la variation se faisant toujours par nombres entiers de
magnétons.
Le fer, étudié au-dessus du point de Curie, donne, comme la
magnétite, trois valeurs successives pour la constante dans les
intervalles de température : 774"- 828", 920°, 1)90°.
• Les valeurs obtenues pour lo, en admettant pour la particule
magnétique ou molécule, la formule Fe, ne rentrent pas dans la
loi générale, mais s'y conforment avec des nombres de magnétons
respectivement égaux à 12,08, 10, o4 cl 19,86 si l'on admet,
comme le rendent probable les phénomènes thermiques accon»-
j)agnant les changements brusques du coefficient d'aimantation,
une dépiil \ iiM risatujn progressive de la molécule magnétique,
celle-ci étant composée, lespectivement, de 3"', 2'" et 1^' de fer,
dans les trois intervalles de température indiqués.
Des recherches plus étendues sont en cours d'exécution pour
soumettre l'hypothèse à un contrôle expérimental (pii deviendra
d'autant plus rigoureux que le noml)?'c dos données utilisées sera
plus grand.
I\ .
11 exisLe une rclaliun rcuuaquablc entre I liypollic>e des magne-
I,.\ niKORlE CINKTIyl li 1)1' MAGNKTIS.Mi: ET I.KS MACJNKTONS. 4^3
litiis Cl celle lies (■Icmeuls daclion, sous la forme c|iic lui a donnée
M. Sdiuiiicricitl. Supposons que le moment magnétique molécu-
lau'e soil dû à la circulation dun électron de charge e et de masse/»
autour d'un centre d'attraction, agissant, par exemple, en raison
inverse de la /«"^^'"" puissance de la dislance. Si r est le ravon de
lorbite et to la vitesse angulaire de rotation, le moment magné-
licpie éqnivalent est, dans le système électromagnétique,
•2
Si la force atlraclix e est égale à _^'^_^^> l'énergie potentielle est de la
forme
/i r"
en supposant l'origine placée à l'inlini. L égalité de la force attrac-
tive et de la force centrifuge donne
A
D'où
D'autre [)art, l'énergie cinétique a pour valeur
Nous appliquerons llnpotlirse de M. Sommerfeld sous la forme
suivante : L aclu)n correspondaul à une |)éiio*lc t = — de révo-
liilion de l'électron doit être égale à -, .M. Sommerfeld ayant uti-
lisé indilîéremment les deux \aleurï. - et
L éfpiation
,(■
I ■'
I
• lonne
ou
/i :>. n
8 - fi -^ 1
4oi LA TIli:ORlE DU RAYONNEMENT ET LES QUANTA.
Mais //!(<)/- esl proporlionnel ;iii inoinenl niagnélir|iK' Û\l. «1 <jù
A /i
;^\L = -
/// s - //
et pour le inomenl inagnélicjiie crime moléciile-giamme
l,.= r^
Me 8- n -^ j.
Si raelion pour une ré\<tliHion. au lieu de conespondre à un
(■h'-nienl d'aetion h, en faisait iuler\enir ua noiTihre entier, Iq serait
un multiple de la quantité précédente.
On ohtient ainsi, par application de la théorie de M. Sonimer-
feld, une connexion reniarrpiahle entie la théorie des magnétons
et celle des éléments d'action.
Une remarque analogue à la précédente a «'té indiquée par
M. Gans à la Naturforscherversammlung de lyi i à Rarisruhe, en
introduisant uniquement Ténergie cinétique de lélectron au lieu
de l'action.
La relation (jue nous venons d obtenir permet de calculer le
moment !„ à partir de la constante /i de M. Planck. quand on choisit
une valeur particulière pour l'exposant /> . Si l'on suppose une
attraction en raison inverse du carré de la distance, c est-à-dire
n := \ . si Ton l'ait // = 6, 5. i o -', M = 7. t o■■^•^ — = i ,77. i "•\ on
I rou ve
II, = 1080.
C'est là une concordance numérique remarquable a\ec la
valeur expérimentale 1 12.3,5 déduite par M. Weiss de la satura-
tion Au nickel et du fer à basse température et <le Tétude des
solutions para magne- ti(pi es.
DISCUSSION DU RAPPORT DE M. LANGEVIN.
M. WiKiN. — Lu sii[)|)()saiil (|ii il \ .1 i\f- (■■|(■(■l|■()a^ i;i'a\ ilaiit
mi loin- (rua alomc il me seiulilr plu- -ini|)le d'adopter, au lieu dt;
rinterpn'-tatioii de SomineileM. relie des éléments dénernie de
J^lauck. |tuisc{u"il ? ai;it diiii phénomène périodique. Celte concej)-
Ima diiil d iidi('ur> coaduiic au niéuie résultat.
M. L\-\Gi:vi.\. — Dan> 1 li\ [jutliéx- des élémeuLs di'-aeriiie , il
taudrail faire intervenir la somme fies énergies polcntiellc et
rinétique au lieu de leui- ddlV'rence. et le terme - interviendrait
avec le signe op|)Osé dans la formule qui donne le magnf'ton. !.<■
taeteur f, qui intervient dans Ténoneé de M. Souimerfeld. di>pa-
raîtrait, et cela changerait l'ordre de grandeur du résvdtat. De plus
l'hypothèse de ^1. l'Ianck a été ialroduite seulement dans le cas
des actions proj)ortionueIles à la dislance, pour lesquelles la
période et le quantum dénei^gie sont indépendants de la configu-
ration et de lénergie totale du svstème.
M. Ek\stei>. — Il serait inlé-ressanl <1 applapier le calcul précé-
<lenl au cas d un électron seul dans le cliam|) magnéticpie.
M. L\.\f;i:vi> . — J3es électrons lihres dans le cliaiup luagné--
tique senroulent autour des lignes de force dans nu sens tel (pie
le champ magnéti(jue produit par eux est de sens in\crs(^ au cliauip
extérieur; leur |)résence correspi»nd à un diamagnétisme de la
substance qui les contient. (Tesl ainsi (pie >"e\pli<pieiit prol)a-
hlement les diamagnétisnies parliciilici-. dn Ki-mnlli -nlidc et (\e>
llamines. Les jdiénomènes diamagné'tKpies ne senihlenl donner
expérimentalement aucune indication coniparahle àl existence des
magnétons dans les corps paramaguétirpirs. Il semhlc hica néces-
saire, |)Our expliquer les propriétés de ces corps, de supposer à la
molécule un moment niapaétique permanent, antérieur à la
création du champ.
M. Hase.xohrl. — Dans la fcuiuult- <le M. Lau^cviii, on introduit
4(j() LA THKOniE DL RAYONNEMENT ET LES (JLANTA.
la mécanique statistique ; en inlroduisant rélémcnl (Faction, ne
f"ant-il pas retoucher la formule?
.M. Langevin. — En introduisant, dans la théorie des gaz, la
notion de l'élément lîni d'action de iNI. l^lanck, on obtient une dis-
tribution des \itesses linéaires ou angulaires qui, dans les condi-
tions ordinaires, se confond avec la distribution de Maxwell. 11 ne
semble pas que l'introduction de ces éléments doive rien modifier
à la théorie du paramagnétisme.
M. PoiNCAKÉ. — I /orientation des molécules ne varie que len-
tement; ces variations correspondent donc à une petite \aleur
de V, ce qui permet d aj)pliquer la méthode de Boltzmann.
M. WiEN demande si ces théories s'appliquent au diama-
gnétisme.
iM. Lan<;evin. — Le diamagnélisme est dû à 1 action sur les
électrons du champ électrique produit pendant la période d'éta-
blissement du champ magnétique : les vitesses de circulation des
('•Icctrons sur leurs orbites sont modifiées dans le sens qui corres-
|)ond à une polarisation diamagnétique. Cet elTet se produit seul
si les molécules ont un moment magnétique résultant nui. Dans le
cas contraire, les molécules s'orientent partiellement, d'autant
plus que la température est plus basse, et il se superpose au
(liamagnétisme initial qui se produit toujours, et qui est connexe
du phénomène de Zeeman. un paramagnétisme généralement très
grand par rapport à lui.
1/IÏTAT ACTLIîL
PROBLÈME DES CHALEURS SPÉCIFIQUES
Pak m. a. KINSTELX.
I RELATION ENTRE LES CHALEURS SPÉCIFIQUES ET LA FORMULE
DU RAYONNEMENT.
La lliéorie cinétique de la chaleur a oluenu une de ses pre-
mières et de ses plus belles confirmations dans le domaine des
clialrurs spéciii(pies, en réussissant à déduire cxacteuient la cha-
leur spécifîcpie d un '^àz monoatomique à partir de son érpiation
d'état. C'est précisément dans ce même domaiue des chaleurs spé-
cifiques que se manifeste aujourd luii linsuffisance de la méca-
ni(pic moléculaire. l)"a|)rrs cette nnîcanitpie, réner>;ie cinélicpie
moyenne d'un alome. cpii nCst pas rii^idement lié à d auli-es. est
I . > K 1 - I > ' ) I ' I ' I
touiours ei;ale a - -;r— .ou h reiircseiile la tonshinle des i;az, I la
' ■>. > ' '
température absolue et -\ le nombre des m()l('•cule^ dans une moit'-
cule-i^ramme. Il en résulte imuK'iJiattMueiil (|ue la rhalcur >p<''(i-
fi(pie à volume constant d un i;az |tarfait monoiiloniupie. ra|i|)()rltM'
à une molécule-gramme, est égale à - Lv ou à -''-;|)7 ('alono pai-
molécule-gramme-degré, ce (pii concorde lrr> bien a\ei- I cxp»'--
rience.
Si latome. au lieu d'être mobile libicmenl. est \'\r à une posi-
tion d'équilibre, il lui coriespond, non seidemeni l'énergie ciné-
ticjue moyenne indiquée, mais encore une énergie potentielle, (l est
là ce que nous devons admettre dans le cas des corps solides.
î<>8 LA THÉORIE DU RAYONNEMENT ET LE? OIANTA.
Si l'équilibre des atomes est stable, tout déplacement d'un
atome correspond à une énergie potentielle positive et, comme
lécail nioven. .1 pailii de la position d équilibre, doit augmenter
a\ec I agitation llierini(|ue, c est-à-dire avec la tem|)érature, il doit
toujours correspondre à cette énergie potentielle un terme positif
dans la chaleur spéciri(|ue. La chaleur atomique dun solide devrait
donc être, d'après notre mécanique moléculaire, toujours plus
grande que 2,97. On sait que si les forces qui lient un atonie à sa
position d'éffuilibre sont proportionnelles à l'écart, la théorie
pré\oit |Miiii- la cbalciir aloini(nic la \aleur 2 x 2, 97 = 5, 94- Oii
sait en tait, depuis longtemps, (|ue la chaleur atomique des élé-
ments solides à la tenqjérature ordinaire a, pour la plupart d'entre
eux, des valeurs (|ui ne s'écartent pas notablement de 6 (loi de
Du long et Petit ).
Mais on sait aussi, depuis longtem|)s, que certains éléments ont
une chaleur atomique plus faible: par exemple. H. F. \Vebera\ail
IroiiM-, drs iH-j, (|uc la clialeur- aloiiiique du diamant à — .")o"
était environ o. -(), c'esl-à-dire beauco(i|) plus petite que la \aleur
])révue par la mécanique moléculaire. Ce résultat suffit pour mon-
trer que la mécanique moléculaiie ne suffit pas pour prévoir
correclemenl la chaleur spécifique des solides, du moins aux
liasses températures. De plus, les lois de la dispersion ont permis
d'établir qii un atome ne peut pas être considéré comme un simple
point matériel. iiiai> (|iiil contient de^^ particules électrisées,
mobiles par lajiport au lesle de 1 atome, et celles-ci, en contra-
diction a\ec la juécanique statistique, n'apportent aucune contri-
l)ulion à la chaleur spécifi(|ue.
Il V a encore quelques années, nous n'avions aucune possibilité
dr relier celte insuffisance de la théorie à d'autres propriétés phy-
siques de la matière : les recherches de Planck ( ' ï sur le ravonne-
iiient llieniii(|ue. >()iil \eaues jeter une lumière imprévue sur ce
))0int. Si nous n en sommes pas encore à pouvoir remplacer la
mécanique classique par une autre qui donne des résultats exacts,
même pour les rapides mouvements lhermi(pies, du moins pou-
\ons-nous prévoir sui\ant quelle loi se produisent les écarts à
partir de la loi de Dulong et Petit, et relier (piantitativement ces
(') -M. Pi.ANCK, loi/, liber d. Théorie der \Varinei<lrahlung. § io'(-ii;i''.
l'état ACTi El, ui pr()Bm:.\ie dks ciiALEi rs si'KcirioLES. 4o9
éc.iris il (I iiiilit'» |)i()|)iu'-li'-; pli vsujiies de la subslauce considérée.
i'oiii' nioiilicr cl.iircfnenl Icui- comiexion a\ ec noire problème.
je \ais d abord ia|)|)cl('i- rapidement la marche des idées dans les
reclu'j'cbe-^ tic l'Iaiick.
I*(uir obtenir lbéori(|uemenl la loi du ravonnemcnt en (équi-
libre dans une enceinte à lem|)('iatiiic donnée (loi du rayonnement
noir), il suffit de cbcrelier |)(»iii- quelle densité et quelle compo-
■^ilion spectrale ce ra\ onneiiifiil est en écjuilibre statislic{ue avec
lin i;az parbiit. à condition toutefois d avoir un mécanisme qui
permette I ('•cbange d éneri;ie entre le rayonnement et le i;az. Un
Ici mt''caiii>iiie est fourni jiar nue paiiiciile <'-leclrisée, lii'-e à un
point |jar des forces pro|)ortionnelles à lécart (oscillateur). On
sup|»osera que des oscillateurs de ce genre, des molécules dun gaz
parfait et du rayonnement lliermique, sont enfermés dans un
espace limité par des parois parfaitement rétb-cliissantes. Les
oscillateurs doivent. ;i cause de leurs charges électriques, émettre
du rayonnement cl subir des impulsions de la part du rayonne-
ment j)résent dans lenceinte. D"aiiiic paît. I;i pari k nie électrisée
de chaque oscillateur subit des chocs de la part des molécules et
•'■change ainsi de lénergie avec le gaz. Ces oscillateurs permettent
donc un échange d'énergie entre le gaz et le raviuinement. et la
répartition de lénergie dans le système en ('"(piilibif' statistique
doit être entièrement déterminée par l'énergie totale, quand ou
suppose présents des oscillateurs de toutes les fréquences. Dans un
travail, basé sur léleclromagiu'tique de Maxwell et sur les équa-
tions de la mécanique pour les mouvements de la particule élec-
trisée de Toscillateur. Planck a montré, qu'en l'absence du gaz. il
doit exister enti'e lénergie cinétique moACiinr 1,., d un oscilla-
teur (') de fréquence V et la densité correspondante //., (\{i rayon-
nement la relation
Dautre part, il résulte de la iiit'canMpir >lali^li(pie cpie. si le gaz
et les oscillateurs (non électrisés i sont -eiils présents dans len-
ceinte. il existe entre la tem|)('ralui'e T et l^'iiergie moyenne Iv;
( ' J tt s'agil ici (l'un oscilialeur à trois demies de lilicrtc.
JIO LA THEORin: DU RAYONNEMENT ET LES QIANTA.
(lun oscillal(Mir l;i rolalion
-- 5 RT
Si mainlenanl les oscillalciirs se Iroinenl simultanément en équi-
libre avec le rayonnement et avec le j^az, comme nous devons le
supposer dans notre raisonnement, les équations (i) et (2) doivent
èlre simultanément vérifiées dans la mesure où elles restent appli-
cables au nouveau svslème. En efïet, si l'une d'elles n'était pas
satisfaite, il en résulterait, en moyenne, un transport d'énergie soit
"entre les oscillateurs el le ravonnement, soit entre le gaz et les
oscillateurs. Par ébmi nation de Ev entre ces deux équations, on
obtient coinuH' condition d écpulibic entre le ravonnement et le
gaz
Sr R
c'est la seide loi du ravonnement qui soit d'accord, simultanément,
avec la mécanique et lélec^trodynamique, et cependant on admet
généralement cpie cette équation ne représente pas les faits. Alors
qu'elle donne, pour le ravonnement global, une densité
/■
/^; ihi
et conduit |)ar conséquent à l'impossibilité d un é<|uilibre entre le
rayonnement et la matière, pour un contenu lliermique difterent
de zéro de celle-ci, 1 expérience, au contraire, nous montre avec
certitude (|u un écpiilihrc statistique existe réellement pour une
densité finie du rayonnement.
En face de ce désaccord entre la lli<'(»ric et les laits. Phinck
propose la solution suivante : il al)andonne I équation (^2 ) et, par
conséquent, les fondements de la mécanique, mais conserve l'équa-
tion (i), bien que la mécanique intervienne pour l'établir, et ol)tienl
sa tbéorie du ravonnement en remplaçant (2) par une lelalioii
([u'il étal>lit en introduisant, pour la première fois, llnpollièse de>
quanta.
Pour ce qui suit, nous n aurons besoin m de I é(piation ( 2 l. ni
d'aucune relation cpii la remplace, mais seulement de l'équationi^i ).
Celle-ci exprime ce que doit être l'énergie moyenne d'un oscilla-
teur pour (pi il ('mette, dans l'ensemble, autant de rayonnement
l'kTAT actuel du PROBLlhlK DES CHALEURS SPÉCIFIQI ES. 4''
(|ti il en ahsorho. Si nous abandonnons Téqualion (2 ), nousde\ons
cependant admettre ([ue léqualion ( i) est exacte, non senlemenl
(|iiand roscillateur est soumis uniiiueinent à laction iln rayonne-
ment, mais encore quand il subit, en même temps, les cliocs des
molécules de gaz à la même température ; s'il en était autrement,
il y aurait dans l'ensemble |)lus de rayonnement émis qu'absorbé
par les oscillateurs ou inversement.
i^'é(|uation (i) est encore yalable (|uan(l les diangements
d énergie des oscillateurs sont |)roduits surtoiil par ('cliange avec
les molécules du gaz; elle doil môme subsister quand l^'change
avec le rayonnement a disparu, si, par exemple, les oscillateurs ne
contiennent pas de charges électriques. Elle se conserve encore
lorsque la substance, avec laquelle l'oscillateur est en écpiilibre,
au lieu d être un gaz |)ar(ail. es! un coipsde juoprK'-lés (juelcouques
et à condition seulement que lOsc illateur \ibre de manière à peu
pi"cs monocliromatique.
Si nous lutroduisous dans léqualion ( n, pour la densité de
rayonnement //v, la fonction de v et de T, (jui reprcscnle le mieux
les ex])ériences faites sur le rayonnement noii'. nous obtenons
rénergie thermique moyenne d'un oscillateur à peu près iiumo-
chromatique, en fonction de v et de 1.
Si nous acceptons la formule de Planck comme celle (pil repré-
sente les faits avec la meilleure approximation, r(''qiiation (1)
donne :
OÙ /,• = Y*"' ^^ '^''^ ''* seconde constante de In formule île IMumk
(A r= (), 55.10"-' ).
Si nous admettons (priiii atome gramme il un corps simple à
l'état solide renferme N semblal)les oscillaleurs appro\imali\ emeiil
monochromatiques, nous obtenons la chaleur alomique en dilli'-
rentiant par ra|.)p(^rl à T et en multipliant par \ :
on a pose .j = y
4''i LA THÉORin DU RAVONNE.MI-NT KT LES QLANTA.
[.a lii;iiie ci-joinle, exlraite (11111 travail de >»ernsL montre dans
(|iielJe mesure celle formule représenlo la chaleur spécifique des
éléments solides aux basses températures ('). Les courbes expéri-
mentales sont en gros traits, les courbes théoriques en traits fins
et à coté de chacune de celles-ci est inscrite la valeur correspon-
dant<' de [iiv.
BienfpiM existedes écarts sjslémaliqiies entre les courbes lliéori-
IQ VO 60
Températures
ques et expérimentales, l'accord est cependant tout à fait remar-
(piable. si Ton songe que chaque courbe théorique correspond à un
seul j)aramètre v. fréquence j)ropre des atomes de ri-lé-ment consi-
déré. Le maintien de réquation(i) qui, d'après ce (pii précède, n'est
pas complètement justifié au point de vue théorique, reçoit donc
une justification expérimentale complète.
Il est néressaiie d'insister sur ((îcique. fie la coMlirmation exp»'-
(') Zeilschr. f. Elehtrocliemie. l. \MI, 191 1, p. .■;',.
LlÎTAT ACTl KL Ul l'KOBF^KM lî DKS Cil VLEl RS SI'KC[FIOUES. 4<3
iimoiiliilc de la ioiiiiiile ( i), on ne |)eiil rieii conclure c[iianl à
lexaelilude de rhy|jollièse des (|uaiila. Kn général, la eonlirination
lie (i) ne peiil conduire à d"aulre> conclusions concernaul la
iiH'canique que celles qui dé'coulenl de la loi du ravonnenient
combinée avec l'équalion (2).
D'où viennent les écarts sjstémali(|iies entre les courbes tliéo-
ri<|ues et expérimentales? Pourquoi la clialeur spécifique diniinue-
l-elle moins vite aux basses teinpéiatures. que la tbéorie ne le
prévoit? Pour trouvei- à cette question une réponse, à mon avis
satisfaisante, il est nécessaire d'examiner de plu> prés le uK-ca-
nisme des oscillations thermiques des atomes.
Madelung (M, puis, indépendamment de lui. Sutlieiland ( - )
ont découvert la relation siiixante. Si pour les sels l)inaires. K Cl
par exemple, on calcule, à partir des constantes élastiques, la iré-
(pience des vibrations élastiques dont la longueur d'onde est de
même ordre (pie la distance des molécules, on la trouve tout à fait
Noisme île la iréquence jiroprc nifra-iouge du même iorp>. telle
(pie la iournit Tt-lude des rayons restants. Ce fait reniarijuable
conduit tout naturellement à supposer que les mêmes actions
mutuelles entre les atomes dont résultent les fréquences propres
mira-rouges, ou plus généralement les oscillations des atomes
autour de leurs positions d'équilibre, sont aussi celles qui s"o|)po-
sent à la déformation du solide. En partant de là, Madelung (^) et
moi ( ' ), nous nous sommes j)ro|)Osé de calculer ces fréquences
propres à partir des constantes élastiques. Siexeking avant en \ue
les fréquences optiques des composes les plus sim|)les et moi les
fréquences propres dont dépend la variation (\c> cbalcurs sp(''ci-
liques.
Le modèle le plu-; sim|)le ilont on peut partir, pour (\v^ caltiils
de ce genre, est le suivant. En supposant les atomes |)lac('-s aux
nœuds d'un réseau cubique, on tiou\e(|ue chaque atome a '>.()\oi-
sins immédiats qui en sont situés tous approximativement à une
même distance d. A tout changement A de cette distance.
(') K. .Madei.uxg. .\achrk-liteit d. Lgl. Gex. d. W. z. Gollingen t Mal. l'/ns.
Al., l. X\, 1909, p. III.
(■-) W. SuTHERLAMi, /'////. Mai(.. If série, t. W, i>)i'i. p. •>57-
(•') li. MaDki.ung. J'/tJ^- Xeitsclir., t. \[. 1910, p. SijS.
C) lîiNSTKiN, ,1/;//. d. J'Iiys., t. \\\1\, 1911. p. 120.
4l4 LA THIJORIE DU RAYONNEMENT ET LES QIANTA.
s'o|)po.se une foice a A; le coefficient constant a détermine la rigi-
dité du solide. On peut évaluer en fonction de a la eonipressi-
i)ilité A" du solide dime part, et, d'autre part, la fréquence propre
des oscillations d'un atome autour de sa position d'équilibre. On
obtient cette fréquence en supposant cjue l'atome considéré est
écarté de sa position d'équilibre, tandis que ses 2(j voisins conser-
vent la leur.
En éliminant la variable auxiliaire a entre les deux relations
ainsi obtenues, on aboutit à la relation suivante entre v et k :
c J I '
(4) - = A = I ,08 X 10' X AP ç.'' /.- ,
où c est la vitesse de la lumière dans le \ide. A la longueur d onde
([ui correspond dans le vide à la fréquence v, M la niasse molé-
culaire et p la deusité de la substance considérée.
C.ette formule ma donné pour l'argent ÀX 10' = -3, tandis que
Nernst a déduit de ses mesures de chaleurs spécifiques A X i o' ==90.
Cette concordance remarquable ne peut pas être due au hasard et
l'on en peut conclure que les mêmes actions déterminent les pro-
priétés élastiques et la fréquence propre thermique. Il est naturel
qu'une formule comme la précédente ne donne la fréquence
(lu'avec une approximation assez grossière, puisqu'on n'y a fait
intervenir aucune des propriétés particulières de la substance
considérée, par exemple son svstème cristallin.
L'exactitude avec laquelle la foiniule (4) correspond aux faits
dépend de la mesure dans laquelle la distance des atomes voisins,
la masse d'un atome et le coefficient de compressibilité suffisent à
caractériser la substance étudiée. S'il en est ainsi, ou peut rem-
j)lacer la compressibilité de la substance [)ar une autre |)ropriété
fondamentale et obtenir une expression de la fréquence propre
par des considérations de dimensions. J.indemann ( ' 1 a choisi la
teMip«'rahiic de fusion ï« et obtenu la formule
V = 2 , 1 '2 X I o ' - * / j
où le coefficient numérique est déterminé empiriquement. Dans
('j Physik. Zeitschr.. t. \I. 1910; p. 609.
LKTAT ACTUEL 1)1 l'KOBUÎ.MK DES CII.VLELRS SPÉCIIIOUES. \l')
celle loniiiile 1^ esl la tciiipéraUire de fiisioii, r le volume d iiuc
molécule-^raiume et ^J la masse moléculaire.
L exactitude avec lai|iicllc celle Idniinle a été, jusquici, vérifiée
pat- les faits esl heaucouj) plus i^iaiide tpion n'aurait pu le prévoii-.
.1 ein|)ruiite le tableau sui\anl à un travail déjà cité de Nernsl.
V déchiil V déduit
de la de la
l'"lérnciil. clialciir spécifique. foiiiuilede l.iiidematin.
l'I) I , i4- •">'- 1.4- l'^''-
V i; ) . 5 '5.3
/il 3 .(■> 3 , !
<ài 4,9^ », I
A! 5.()r« 5,8
I I : "> I , I
Re\enons à 1 explicaliou <le la ditlcrcnce entre les xarialious
liiéori([ue et ex[)érimenlale de la chaleur spécidque a\ec la tempé-
rature. Selon moi, celle ddlV-rence lient à ce ([ue les oscillations
thermiques des atomes sont très éloignées dèlre monochroma-
tiques, de sorte (jue ces oscillations possèdent, non pas une fré-
quence déterminée, mais toul un duinaine de fréquences (' ). Nous
avons \u plus haut comuient on peut calculer v à partir des actions
élastiques ; mais dans cette déduction, nous avons su|)posé, pour
simplifier, cpie les alomes voisins de I atome (X)nsidéré reslaienl
immoljiles. En réalité, ils oscillent au.>si et modilienl |)ar là le
mouvement du premier atome, .le n essaierai pas d examiner de
plus près quelle sera, dans ces conditions, la nature exacte du
mouvement, mais je me bornerai à montrer, pour un cas |)arliculier
évident, qu il ne saurait être question d une fréquence délerminée.
Imaginons deux atomes voisins, oscillant dans la direction tle la
ligne qni les joint, tous les autres restant en repos. Les deux
alomes doivent évidemment osciller avec une fré(juence plus élevée
()uand leurs phases sont opposées (c'est-à-dire quand leurs élon-
gations ont. à chaque insfanl, des signes opposés) que lorsqu'ils
oscillent en concordance de [)hase. Dans le jn-emicr cas, en eircl,
1 action élastique entre eux inlervienl. tandis qu elle disparaît dans
(') Les opinions sont loin d'ctre concordaiiles à ce sujcl. l'ar exemple Nerusl,
qui a beaucoup t'ait poui' présenter ces questions sous une forme concrète, ne
partage pas mon sentiment. (Cf. Sitzungsbericlite d. Bert. Akad., 191 1).
4l<) LA THÉOR[E DU RWONNKMEM" KT LES OUANTA.
le seoonfl, piiis(|ue la dislancc enlrc les dciix alomos reste con-
stante.
On doit donc supposer (jue Je corps se compoiie coniine un
mélanine doscillateurs tie di\ erses fréquences.
Nernst et Lindeniann ont trouvé que les expériences faites
jusqu'ici sont représentées dune manière complète quand on
admet que la substance se comporte comme un mélange d'oscil-
lateurs dont une moitié possède la fréquence v et lautre moitié la
fréquence- . X cette hypothèse, coriespond la formule :
(>)
&v
ï^ *m
.. >'
:Ç_,y (
'.iv
IJ après ce qui \ient dètre dit. je ne crois pas qu'il s agisse là
(l'une formule ayant une signification théorique. 11 ne pourrait en
être autrement que pour une formule où iulerviendraient. pai-
sommation, une inlinilé de \aleurs de v. Il n'en est pas moins \rai
(jue ^Jernst et Lindemann ont introduit un perfectionnement
important en i^lonnant cette formule, «jui re|:)résente beaucoup
mieux les faits que la mienne, sans introduire de nou\elle con-
stante caractéristique de la substance considérée (').
Les formules (3) ou (3'^) nous donnent naturellement la possibi-
lité de représenter aussi les chaleurs spécifiques des composés à
létat solide. Il suffit d'admettre, pour chaque espèce d'atome, une
expression de la forme [S") et d'ajouter. Les composi'-s possèdent,
en général, des fréquences propres dans l'infra-rouge, qui se
manifestent par des bandes d'absorption et par des domaines coitcs-
pondants de réflexion métallique. Ces fréquences propres dans
l'infra-rouge correspondent, comme l'a montré Drude, à des
oscillations d'atomes électrisés. Ce sont donc des oscillations de
même nature, produites sous l'action des mêmes forces. (|ue celles
précédemment étudiées. La seule dillérence est que les forces qui
mettent les atomes en mou\ement sous l'action du rayonnement.
(') L'élude précise tics cluilcurs spéciliqucs à l'étal solide pour les composés
i)inaires formés d'un atome très lourd et d'un atome très léger pourrait être
intéressante, parce que l'atome le plus léser devrait eiïectuer des oscillations
>cnsiblenient monochro ma tiques.
l'ktat actuel du problkme des c;nALEiRS spKciFiQiES. 417
contrairement à ce qui se |)asse dans le cas de lagilation thermique,
présentent une certaine coordination- dans l'espace, de sorte qu'on
ne peut pas considérer comme indépendantes les unes des autres
les phases des oscillations d'atomes voisins. Il en résulte (jiion ne
peut pas admettre, sans précautions, l'identité des irécpienccs
optiques el thermiques, bien que ces fréquences ne puissent
certiiinenu'ut pas être très difterentes.
Ces prévisions, relatives aux composés, sont vérifiées par les
faits. J3'après Nernst, les chaleurs spécifiques de RCl et ^JaCI
peuvent être représentées de manière satisfaisante si Ion admet
dans chacune de ces substances la même fréquence pour l'atome
métallique et pour l'atome halogène. Comme le montre le Tableau
suivant, euiprunté au Mémoire de Nernst, il y a concordance entre
la fréquence propre, déduite des mesures thermiques, el la fré-
quence moyenne de la bande d'absorption infra-rougc.
,3v déduit ,^v obtenu
des par les
clialeurs spécifiques. rayons leslanls.
■Ï.i2 'o3
•265 009
Le développement théorique et expérimental de cette relation
entre les propriétés thermiques et optiques des substances isolantes
fournira certainement encore des résultats importants. Il est à
espérer que nous en tirerons des indications sur le mécanisme de
l'absorption : il semble que nous ne sommes pas éloignés de la
solution de ce problème, du coté opticjue comme du coté ther-
mique, dans le domaine de rinfra-rouge. Hn particulier, il serait
très important de sa\oir comment \arie le pouvoir absorbant a\cc
la température.
Les résultats remarquables ([ui \iennent d'être rappcb's ne
doivent pas nous faire oublier que nous ne savons rien sur les loi-^
véritables du mouvement périodique des atomes, principalement
dans le cas où des vitesses relativement faibles s'accomj^agnent de
grandes accélérations. Cette ionorance se manifeste nettement
quand nous cherchons à étendre à d'autres mécanismes les raison-
nements qui donnent la variation avec la température de l'énergie
moyenne de systèmes à oscillations périodiques simples. Ces nou-
L. ET DE lî. 27
4l8 LA THÉORIE DU RAYONNEMENT ET LES QUANTA.
veaux problèmes conduisent toujours à chercher l'énergie moyenne
|)rise dans un champ de rayonnement noir par un système portant
des charges électric[ues. Et nous pouvons résoudre ce prohlème
sans faire appel à la Mécanique dont l'insuffisance est établie de
manière incontestable. Nous devons considérer, dans l'état actuel
de la question, comme un hasard heureux que l'équation (i), à
laquelle conduisent ou semblent conduire les considérations de
IManck, soit exacte comme le montre la théorie des chaleurs spéci-
fiques. En fait, des considérations analogues conduisent dans
d'autres cas à des résultats faux :
Considérons mx ïésonateur; par exemple une molécule aïonoato-
inique avec une fréquence propre ultraviolette, librement mobile
dans un champ de rayonnement. Nous pouvons, en étudiant les
actions exercées par le ravonnement sur le résonateur, calculer
l'énergie cinétique moyenne du mouvement d'ensemble que prend
celui-ci ('). On doitdansces conditions trouver pour cette énergie
cinétique la valeur prévue par la théorie cinétique des gaz pour une
molécule. Les considérations indiquées donnent au contraire, en
partant des lois empiriques du rayonnement, exprimées par la
formule de Planck, des valeurs beaucoup trop petites pour l'énergie
cinétique du mouvement d'ensemble. 11 est donc nécessaire de
n'accepter qu'avec défiance toute application nouvelle de la méthode
([ui consiste à déduire les propriétés thermiques de la matière de
la formule du rayonnement, puisque dans toute application de ce
genre on doit s'appuyer sur la Mécanique, dont la validité n'est
sûrement pas générale, et sur rÉlectrodynamique qui devra proba-
Idement être abandonnée aussi.
Malgré ces difficultés de principe, il s'impose de chercher ce
(|ue donne la méthode en question. dans le cas des mouvements de
rotation d'une molécule diatomique rigide autour d'un axe perpen-
diculaire à la ligne de jonction des atomes.
Il est nécessaire de supposer aux deux atomes des charges élec-
triques opposéeset de se limiter au cas de la rotation autour d'un
axe fixe. J'ai essayé de résoudre ce problème, je n'y suis pas par-
venu à cause des difficultés d'ordre mathématique. La solution
(') A. Einstein el ï^. Hopr. A/in. d. Pliys., .^ série, t. \\\11I, lyio, p. noj.
LKTAT ACTIEI. Dl l'UOBLÈME DKS CHALEURS SPECIFrQLES. 4 '9
indiquerait au-dessous de c|uelle température on doit s'attendre à
trouver un rapport desclialeurs spécifi([iies (' i inférieur à '-•
II. - CONSIDÉRATIONS THÉORIQUES SUR L'HYPOTHÈSE DES QUANTA.
Nous arrivons maintenant à celte question dimporlance capitale,
mais mallieureusement non résolue encore dans ses points essen-
tiels : comment doit-on modifier la Mécanique pour la mettre
d'accord avec la loi du rayonnement et avec les propriétés ther-
miques delà matière?
Ce que nous savons de plus net à ce sujet est déjà contenu dans
le ti^avail fondamental de Planck (-) sur la loi du rayonnement : on
aboutit à une loi conforme à lexpérience pour la \ariation
d'énergie cinétique d un oscillateur en fonction de la température
en supposant que l'oscillateur ne peut prendre d'énergie que par
multiples entiers d'un quantum Ji v.
D'après la mécanique statistique, la |)robal)ilité </VV, pour que
l'énergie d'un oscillateur linéaire soit comprise entre E et E-i-<r/E
à la température ï, est donnée par
D'après l'iivpotlièse des quanta, ce résultat devait être remplacé
par la formule
E
\V = Ce
/. r
applicable seulement aux valeurs de E qui sont multiples entiers
de /tv, tandis que pour toutes les auties %alcurs on devrait poser
W=o.
On en déduit pour l'énergie moyenne d'un oscillateur
E =
0 //V _ ij2.
SEW o r" ^^ /,v e" '•■'■-^ •>/(«; r '■' -^ .
^W -JL -'il
(') Nernst a cherché d'une aulre manière la solulictn de celle question
Zeitschr. f. Elehtroch., 1911, n°7. p. .?7o). Nous y revieiulions au paragraplie IV.
(') M. Pl.\nck, Ann. d. Physd,, l. I, 1900, p. (I9.
420 LA THKORIE DL RAYONNEMENT ET LES QUANTA.
cette expression se confond avec la formule donnée par Planck
qui d'après sa théorie doit remplacer la formule (2) et qui. jointe à
Icquation (i) conduit à la formule du ravoiinement de Planck. Si
simple que soit cette hypothèse, si simplement (juCll»' permette
d'obtenir la formule de Planck, elle n'en paraît pas moins singu-
lière et déconcertante quand on l'examine de plus près.
Considérons un atome de diamant à la température de ■^3"
absolus; que nous indique la formule de Planck pour l'état d'oscil-
lation de cet atome? Posons, avecNernst, v = 2-, 3. i o'-, la formule
de l'énergie moyenne donne ( ' )
J^ _ .,-18,0
L'énergie moyenne de l'oscillateur devient ainsi une fraction
extrêmement petite, environ 10"^, du quantum d'énergie Av. A
chaque "instant il ne doit donc osciller qu'un seul atome sur 10".
tandis que les autres sont en repos absolu. Quelque convaincu
(pie l'on soit de l'invalidité de notre mécanique pour de tels phé-
nomènes, un résultat de ce genre paraît extrêmement singulier.
Je voudrais ajouter encore une remarque. D'après une commu-
nication personnelle de Eucken et Nernst. le diamant conduit la
chaleur aux basses températures à peu près comme le cuivre, et la
variation de la conductibilité avec la température nesl pas très
rapide. Cherchons à nous représenter ce fait au point de vue de la
théorie des quanta. Nous devons nous faire une image de la
manière dont circulent les éléments d'énergie. Puisqu'ils sont si
éloignés les uns des autres aux basses températures ils doivent
circuler de manière tout à fait indépendante. De plus, un quantum,
si l'on veut pouvoir parler d'une oscillation périodique simple des
atomes, doit rester lié au même atome pendant au moins la durée
d'une demi-oscillation. S'il passe ensuite à un autre atome, ce ne
peut être qu'à un voisin du premier et naturellement selon les lois
du hasard. Je ne donnerai pas le calcul simple qui traduit ces
hypothèses, je remarquerai seulement que le llux de ciialeiir doit
être proportionnel au gradient de distribution des quanta dans
(') Pour permetlre une interprétation théorique plus simple, j'emploie ici l<i
foi'mule tliéorique primitive et non la forme proposée par Nernst. Cela est permis
car il ne s'agit ici que d'une évaluation grossière.
1. KTAÏ ACTL'EL Dl PROBLEME DES CHALEURS SPECIFIQIE>. 4^1
l'espace. I*ar conséquenU aux basses températures, le tlu\ de cha-
I . .■ I ■ (^ l -— \ • ' I- ' I — ^T
leur est i)rii|)i)iiionnel a — -;—(<? at , c est-a-dire a — -=r,e ai-— et
' ' ax \ 1 - ox
la conducliljilitt' thermique doit être proportionnelle à — e~/;r;elle
devrait par conséquent, en opposition avec le résultat d'Eucken,
tendre exponentiellement vers zéro aux basses températures ( ').
Pour échapper à cette conclusion, on devrait faire sur le dépla-
cement des quanta des hypothèses tout à l'ait in\raiseniblal)l<'S. On
voit (jue la théorie des quanta, sous sa forme la plus simple,
pourra tlifficilement s'adapter aux faits d'une manière satisfai-
sante.
Dans ces conditions, il est naturel de chercher à tirer des pro-
priétés thermiques de la matière, données expérimentalement, des
conclusions relatives aux lois statistiques des phénomènes ther-
miques. Pour cela nous nous appuierons sur le théorème général
de Boltzmaiin (jul relie la prol)abilité statistique à l'entropie d'un
état donné
S = k logW -r- const.
Ce théorème donne immédiatement la probabilité statistique
d'un état déterminé pris par un système isolé quand l'entropie
correspondante S est connue.
Appliquons ce théorème à un corps solide de chaleur spécifique C
en contact thermi(|ue avec un réservoir de capacité calorifique
infinie et de température T. Ce corps possède, dans l'état d'équi-
libre thermique, une énergie moTenneE,son énergie àunmoment
donné s'écartera de E dune quantité ^ en général très petite et
nous pouvons désigner par T + t sa température à ce même instant.
Ces fluctuations de l'énergie et de la température résultent néces-
sairement de la décoordination du mouvement tliermique. L en-
tropie qui correspond à une valeur déterminée de t ou de t s obtient
par 1 équation
C) Ea effectuant le calcul indiqué je trouve comme limite supérieure pour la
conductibilité thermique
—, v~ ■'' N"^ vc,
1.1
cette formule conduit à des résultats beaucoup trop faibles. On peut d'ailleurs
l'obtenir sans avoir recours à l'hypothèse des quanta.
4^2 LA THÉORIE DU RAYONNEMENT ET LES QUANTA.
En choisissaut convenablement la constanle d'intégration et eu
négligeant les puissances de t supérieures à la deuxième, il vient
2T^ 2CT-
et le théorème de Boltzmann donne
Le carré moyen t- des écarts de lénergie à partir de la valeur
moyenne E est donc
P= AGT2.
Celte équalion ost tout à fait générale. Appliquons-la au cas
d'un corps simple à l'état solide de fréquence v et contenant
n atomes-grammes. \ous devons poser
G = 3«R
m
h
(e"-r)
Introduisons ceci dans l'équation précédente et éliminons T au
moA'en de la relation
E = 3nN
/iv
nous obtenons la relation simple
/tV I I I
E j ,N n 'L,j Lf
m-
, • r E
en désignant par Z,/= ^ le nombre des quanta de Planck présents en
moyenne dans le corps et par Z/ = 3 « i\ le nombre total des degrés
de liberté de tous les atomes du svstème. On voit, d'après cette
équation, que les fluctuations relatives de l'énergie du système dues
au mouvement thermique irrégulier sont dues à deux causes com-
plètement distinctes qui correspondent aux deux termes du second
membre. La fluctualion relative qui correspond au second terme
l'état actuel du problème des chaleurs spécifiques. 42'j
est celle qui, daprrs la mécanique ordinaire, devraitexister seule (' )
et tient à ce que le nombre des degrés de liberté du système est
fini; elle traduit l'existence des atomes et est indépendante de
l'énergie contenue dans le système, l.a fluctuation relative qui
correspond au premier terme ne dépend en aucune manière du
nombre de degrés de liberté, mais seulement de la fréquence
propre et de la quantité d'énergie présente en moyenne et s'annule
quand celte énergie devient très grande. D'après sa forme,
cette fluctuation correspond exactement à 1 hypothèse d'après
laquelle Fénergie est composée de quanta de grandeur /iv qui
sont échangés indépendamment les uns des autres.
On peut, en efTet, en négligeant le second terme, écrire l'équa-
tion sous la forme
e) v^z/
mais nous avons vu que celte conception est ilillicde à mettre en
harmonie avec les données expérimentales sur la conductibilité
thermique.
On voit, d'après cette formule, que la fluctuation correspondant
à ce terme ne dépend en aucune manière de la grandeur des atomes.
Cette fluctuation pourrait provenir de ce que, quels que soient les
porteurs de l'énergie, le nombre des distributions possibles de cette
énergie diminue avec elle. Pour une faible éncgie totale le mou-
vement moléculaire doit être coordonné de la même manière que
si le nombre des degrés de liberté était petit. Ce qu'il y a d'inexact
dans la forme actuelle de la théorie des (piaula tient peut-être à
ce qu'on y a considéré celte limitation du nombre des états pos-
sibles comme une propriété des degrés de liberté pris individuel-
lement. Mais l'essentiel de la théorie des quanta |)araît subsister :
Si E devient de l'ordre de Av, la lluctuation relative devient
de l'ordre de l'unité, c'est-à-dire que la fluctuation d'énergie est
de l'ordre de grandeur de l'énergie elle-même ou encore 1 énergie
(') Ceci se déduit facilement de l'équation
_E _
d W =Ce /• » rf E, f/ Iv,. . . . , (/ E,,,„
où les indices cori-espondcnt aux dilTérents degrés de liberté.
4?4 LA THÉORIE DU RAYONNEMENT ET LES QUANTA.
totale es! alterualivement présente (ni aljsente et se comporte par
coQséqueiil comme n étant pas indéfiniment divisible. Mais il
nest pas indispensable d'admettre l'existence d'éléments distincts
tlénergie de grandeur déterminée.
On peut se demander si l'équation qui vient d'être obtenue
pour les fluctuations épuise le contenu thermodynamique de la
formule du rayonnement de Planck ou de la formule (2") qui
tlonnc l'énergie moyenne d'un oscillateur. On voit facilement
(|u"il en est hiea ainsi.
Si, en effet, dans Téqualion des lluctuations nous rem|)laçons £-
par notre résultat déduit du théorème de Bollzmann
£^= AcT- = AT2 -— ,
al
nous obtenons, par intégration, l'équation (2"); une mécanique
compatible avec Téquation obtenue pour la fluctuation d'énergie
d'un corps solide idéal doit donc nécessairement conduire à la
formule de Planck pour l'énergie d Un oscillateur.
Demandons-nous maintenant dans quelle mesure il est nécessaire
d attribuer aussi au rayonnement une structure discontinue au
sens le plus large du mot. J'ai examiné ce problème de bien des
manières et suis toujours parvenu à des résultats concordants.
Considérons un corps R de chaleur spécifique c, entouré d'une
enceinte L, de chaleur s|)éclfique infinie, à la température T et en
équilibre permanent de température avec elle. A cause de 1 irré-
iiularité des phénomènes thermiques élémentaires, l'énergie de K
subit des fluctuations autour de sa valeur moyenne E, de sorte
qu'elle s'écarte en général de celle-ci d'une quantité variable t. Il
résulte du principe de Boltzmann que la movenne quadratique de
cette fluctuation est donnée par
V^=AcT\
Supposons maintenant que l'échange de chaleur entre U et K se
fasse exclusivement par raAonnement. La surface de K sera supposée
parfaitement réfléchissante, excepté dans la petite portion / qui
sera supposée complètement absorbante dans le ilomaine de fré-
quence c?v et complètement réfléchissante pour le reste du spectre.
La surface f reçoit continuellement du raAonnement de U et lui
LKTAT ACTUEL DU PROBLÈME DES CHALEURS SPÉCIFIQUES. 4'-5
en envoie. L'énergie ravonnanle émise par /'en un temps donné
est plus iirande ou plus petite que l'énergie absorbée, suivant que
la température de Iv est plus haute ou plus J)asse que T. 11 en
résulte que la température de K tend à s'a])procher de la valeur T.
Les iluclua lions de température et d'énergie de K, déterminées
par le principe de Boltzmann, sont dues aux fluctuations irrégu-
lières des phénomènes de rayonnement. Celles-ci doivent être
telles qu'il en résulte les fluctuations connues dans la température
de R et sont par conséquent calculables.
Une propriété iu)|)ortante des fluctuations du ravonnemenl émis
et absorbé par y' s'obtient sans calcul. Les fluctuations de l'émis-
sion et de l'absorption doivent être égales en moyenne. 11 eu est
ainsi eu eflet de manière évidente dans le cas particulier où la sur-
face /"est à très petite distance d'une surface égale/*' de l'enceinte.
Dans ces conditions, le rayonnement émis par y subit les mêmes
fluctuations que le rayonnement émis par /', et le rayonnement
émis par /' est identi(pie avec le rayonnement absorbé par _/*. Si
la position par rapport à l'enceinte est changée, la fluctuation de
l'énergie absorbée par / reste la même que |)récédemment, car le
rayonnement émis par / est in(lé|)endant de sa position par rap-
port à 1 enceinte et l'eflet global des deux fluctuations d'émission
et d'absorption, c'est-à-dire la fluctuation d'énergie de K, est
indépendant aussi de la position par rapport à l'enceinte. La pro-
priété indiquée est par conséquent établie.
On démontrerait de la même manière que les fluctuations du
rayonnement ([ui traverse une sui-face quelconque tracée dans un
champ de rayonnement sont égales aux fluctuations d'émission
d'une surface égale limitant un corps noir.
Désignons par S l'énergie rayonnante c[ue la surface /* émet ou
absorbe en moyenne pendant l'interyalle de temps ^ à la tempé-
rature T ; S est une fonction de la tenqM'rature liée à u., |)ar
l'équation
S = \Lu.Jt ch,
4
où L représente la vitesse de la lumière dans le vide.
Les énergies émises et absorbées dans un interv;ille de tenq)s
déterminé t s'écarteront respectivement de t^ et de t„ à partir de
iiC) L\ THliORIE DU RAYONNEMENT ET LES QUANTA.
la uîoy.enne; t^ et t^ prendront des valeurs ])ositives et négatives
avec la même probabilité.
Le temps t sera choisi assez grand pour que o-^ et t^ soient petit >
par rapport à S, mais cependant assez petit pour que l'écart Tdela
température du corps K à partir de sa moyenne ne se modifie
pendant le temps t que d'une (juantilé relativement petite.
Soit t l'écart à un moment donné de l'énergie du corps K. à par-
tir de sa valeur moyenne E.
Pendant l'intervalle de temps /qui suit, t change : i" par absorp-
tion de la quantité d'énergie Sy -f- t„ : 2" par émission de l'éner-
ffie — /S . + ;
On a d'ailleurs, avec une approximation suffisante,
T+= ' c dï
L'écart £ de l'énergie à la fin du temps t est donc devenu
t àS
c ôV
Comme la valeur quadratique moyenne de t doit être constante
on doit avoir
Si l'on tient compte que
dT/ &'
est négligeable comme proportionnel à t-. que
et aussi
a„ar^= o.
et si l'on pose, d'après ce qui a été démontré,
on obtient
L ETAT ACTIEL Dl PROBLEME DES CHALEURS SPECIFIQIES. .427
et en remplaçant î- par sa valeur déduite du théorème de Holtz-
mann
Les lluctuations du rayonnemeul thermique se présentent donc,
ainsi qu'on devait s'y attendre, comme indépendantes de la capa-
cité calorifique du corps K. Si l'on exprime S en fonction de u par
\a relation donnée plus haut, et si l'on tire u de la formule du
rayonnement de Planck, on obtient par dillérentialion et élimina-
lion de T
Cette équation donne la fluctuation relative moyenne de l'énergie
qui passe dans un sens à travers la surface /" pendant le temps <,
aussi bien, comme nous l'avons vu, dans le cas où f se trouve au
voisinage immédiat dune paroi noire que dans le cas où f se
trouve dans l'espace à grande distance des parois. Ici aussi, le
carré moyen de la fluctuation relative se compose de deux termes
qui correspondent à deux causes indépendantes de fluctuation. Le
second terme a une signification immédiate et peut se retrouver
exactement par la théorie des ondulations. La fluctuation corres-
pondant à ce terme de lénergie rayonnante qui ttaverse une sur-
face y pendant le temps ^, tient à ce que parmi les faisceaux infi-
niment nombreux dont se compose le rayonnement qui traverse
la surface, ceux qui ont des directions, des fréquences et des états
de polarisation voisins, donnent lieu à des interférences, c'est-
à-dire que selon leurs diflérences de phase dans la région consi-
dérée ils peuvent se renforcer ou s'aft'aiblir mutuellement.
Comme les phases des difl'érents faisceaux doivent être complè-
tement indépendantes les unes des autres quand la paroi est suffi-
samment éloignée, des considérations de probabilité permettent
de retrouver exactement la valeur moyenne de celte fluctuation et
le calcul ma montré que le résultat concorde avec le second
terme de notre formule. On peut d'ailleurs se rendre compte sans
calcul que cette fluctuation relative due aux interférences doit être
indépendante de l'intensité du rayonnement c'est-à-dire de S,
qu'elle doit être d'autant plus petite que la longueur d'onde est
i
4'28 LA THÉORIE DU RAYONNEMENT ET LKS QUANTA.
plus courte, c'est-à-dire v plus grand et d'autant plus petite aussi
que la quantité d'énergie S correspond à une surface / et à un
temps t et à un intervalle de fréquence d^i plus grands.
Le premier terme dans notre valeur de la iluctuation ne peut
pas être expliqué par ropti({ue ondulatoire. 11 correspond dans la
distribution de l'énergie rajonnante à une irrégularité d'autant
plus grande que la quantité d'énergie S est plus petite. La concep-
tion que l'énergie ravonnante est constitviée par des quanta loca-
lisés de grandeur hv conduit à cette fluctaation; mais cette
manière de voir semble tout à fait inconciliable avec les pbéno-
mènes de diffraction et d'interférence. Nous nous heurtons ici à
une énigme comme nous l'avons fait à propos des mouxements
tbermiques dans les solides.
De toute manière, il semble résulter de ces considérations que
notre électro-magnétique ne peut, pas plus que noire mécanique,
être mise en accoi'd avec les faits.
Ce résultat peu satisfaisant nous conduit à soumettre à un exa-
men critique les bases du raisonnement qui précède. L'issue la
plus immédiate s'obtient en sup[)0sant que le théorème de Boltz-
mann doit être modifié et que la formule pour la fluctuation
movenne de l'énergie t- n'est pas justifiée, mais une semblable
modification ne pourrait pas nous tirer d'affaire car notre théorie
donne, pour les petites valeurs de v, des fluctuations i- conformes à
la théorie des ondulations, et cette concordance disparaîtrait si l'on
voulait modifier la formule qui donne t^ . On pourrait aussi penser
que £- dépend du mécanisme par lequel se fait l'échange de cha-
leur entre le corps K et l'enveloppe. S il en était ainsi la concep-
tion de Boltzmann sur la nature des phénomènes irréversibles serait
fausse dans son principe, parce que la probabilité d'un état du
système dépendrait alors d'éléments dont l'expérience montre que
l'entropie ne dépend pas (mode d'échanges theiiuiques entre K et
l'enceinte).
On pourrait encore supposer que la chaleur empruntée jiar K.
au l'ayonnement n'est pas exactement égale à l'énergie ravonnante
([ui tombe sur R, de sorte que les fluctuations de la chaleur piise
parK ne seraient pas égales aux fluctuations du rayonnement qui
tombe sur la surface /sous la longueur d'onde qu'elle peut absor-
L KTAT ACTUEL DU PROBLÈME DES CHALEURS SPECIFIQUES. '\>X)
hev. Une telle livpothèse iiexige pas nëcessairenieiil un désaccord
avec la conservation de l'énergie pnis'qn'ona toujours la possibilité
d'admettre une accumulation de la difVérence entre les deux
énergies incidente et absorbée. Cependant il faudrait se former
une image du mécanisme d'une telle accumulation aussi ce qui.
probablement, ne serait pas moins difficile cpie de se représenter
une irrégularité considérable dans la distribution de l'énergie
rayonnante.
Si Ton rejette celte iivpothèse de laccumulalion on doit se
résoudre à abandonner la loi de la conservation de l'énergie sous sa
forme actuelle, par exemple en lui attribuant seulement une validité
d'ordre statistique, comme on le fait déjà pour le second piùncipe
de la thermodynamique ( ' ). (hii aurait le courage de prendre une
décision de ce genre ?
Je n'ai eu d'autre objectif ici (jue de montrer combien sont
fondamentales les difficultés dans lesquelles la formule du rayon-
nement nous entraîne, même si nous la considérons comme une
simple donnée d'expérience.
III. — APPLICATION DE L'HYPOTHÈSE DES QUANTA A DES FAITS
GÉNÉRAUX.
Le résultat du paragra))he précédent peut se résumer ainsi :
quand un corps échange de l'énergie par un mécanisme quasi-
périodique de fréfjuence v, les propriétés statistiques du phéno-
mène sont les mêmes que si l'énergie se déplaçait par quanta entiers
de grandeur /n.
Bien que nous ne \ojions pas par quel mécanisme peut être
expliquée cette propriété nous devons admettre en tout cas (jue la
disparition de l'énergie périodique doit se faire par quanta de
(') J'ajouterai aux considérations précédentes qu'on peut appliquer la forum le
pour les fluctuations d"énergie s- à un champ de rayonnement limité par des
parois diffusantes mais non absorbantes et avec lequel un corps peut échanger
du rayonnement, dans le domaine de fréquence ch; on retombe naturellement sur
une expression de même forme pour les fluctuations. Dans ce cas je ne vois pas
qu'on puisse introduire l'hypothèse d'une accumulation et Ton ne peut choisir
qu'entre la structure du rayonnement et la négation d'une validité absolue de la
loi de la conservation de l'énersie.
43o LA THÉORIE DU RAYONNEMENT ET LES QUANTA.
grandeur //v, et aussi que de l'énergie doit être disponible par
quanta semblables pour que les phénomènes périodiques de fré-
quence V puissent se produire. En particulier, le rayonnement du
domaine de fréquence Av qui peut produire une action déter-
minée, par exemple une certaine réaction photo-électrique pour
une certaine densité de l'énergie rayonnante, doit encore pouvoir
produire la même action pour une densité de rayonnement aussi
faible qu'on le voudra.
Ces conséquences semblent être complètement \érlfiées par les
fails et il est essentiel de remarquer qu'on s'attendrait à tout autre
chose dans les conceptions théorifjues ordinaires. On devrait j^enser
qu'une certaine densité ininima de l'énergie électromagnétique est
nécessaire, par exemple, pour provoquer la rupture dune molécule
par voie pholochimique et que l'ébranlement électromagnélique
produit par un rayonnement de faible densité devrait être insuf-
fisant pour proyoquer cette dissociation.
JDautie part, dans ces mêmes conceptions, on ne voit pas pour-
quoi les rayonnements de liante fréquence peuyent produire des
phénomènes élémentaires de plus grande énergie que les rayonne-
ments de fréquence moindre. Nous ne comprenons pas plus l'ac-
tion spécifique de la fréquence que l'absence d'action de l'inten-
sité. Ue plus, on a souvent fait remarquer qu'il est impossible de
comprendre, dans nos conceptions théoriques ordinaires, pourquoi
la lumière et, à un plus haut degré, les rayons de Rontgen et les
rayons -' peuvent-, même avec les plus faibles intensités, provoquer
l'émission d'électrons avec l'énergie considérable qui se mariifeste
expérimentalement.
En particulier, dansl'elfet plioto-électrique, 1 ordre de grandeur
de l'énergie cinétique des électrons émis concorde avec le pro-
duit Av propre aux rayons incidents et l'on constate que, dans la
région où ne se produisent pas d'actions de résonance, cette énergie
augmente avec v à peu près comme /iv.
Devant ces fait-» et en particulier devant les grandes fluctuations
dans la conductibilité de l'air traversé par les rayons "', nous pou-
vons difficilement échapper à la conclusion que, pendant l'absorp-
tion du rayonnement, l'énergie est apportée par quanta de grandeur
considérable et que l'emprunt d'énergie des rayons secondaires ne
peut pas se faire d'une manière continue dans l'espace et dans le
l'kT.VT ACTIEL DU PROBLEME DES CHALEURS SPÉCIFIQUES. 43 I
lemps. Ces discontinuités qui rendent la théorie de Planck si difficile
à accepter semblent vraiment exister dans la nature.
Les difficultés que rencontre une théorie satisfaisante de ces
phénomènes fondamentaux |)araissent actuellement insurmonta-
bles. Pourquoi un électron prend-il dans un métal frappé par les
ravons de Rontgen, la grande éneri^ie cinétique observée pour les
rajons cathodiques secondaires ? Tout le métal se trouve dans le
champ des rayons de Ronigen; pourquoi seulement une petite par-
tie des électrons prennent-ils cette vitesse de rayons cathodiques ?
D'où vient-il que l'énergie n'est absorbée qu'en des points extra-
ordinairemenl peu nombreux ? En quoi ces points diffèrent-ils
des autres ?
Nous restons sans réponse devant ces questions et devant beau-
coup d'autres.
C'est un point intéressant de savoir si l'absorption possède un
caractère irrégulier également au point de vue du ravonnement
qui s'absorbe, c'est-à-dire si deux faisceaux cohérents restent com-
plètement cohérents lorscjue chacun d'eux a été ramené par
absorption à une même fraction de son Intensité. On suppose
d'ordinaire que la cohérence serait conservée, mais il serait bon de
le vérifier expérimentalement.
Une autre question sur laquelle il est désirable d'être fixé expé-
rimentalement est la suivante : on suppose généralement que les
grandes vitesses avec lesquelles les électrons quittent les corps
frappés parla lumière ultraviolette ou les rajons de Rilntgen sont
produites par ime seule action élémentaire, mais nous n'avons
aucune démonstration de ce lait. On pourrait imaginer que ces
électrons acquièrent progressivement leur grande \itesse par un
grand nombre de chocs avec des molécules soumises au rayonne-
ment. 8i cela était, nous devrions observer une diminution de la
\itesse d'émission quand 1 ('paisseur de la lame soumise au rayon-
nement diminue. Egalement dans ce cas, et en particulier sous
l'action des rayons de Rcintgen faibles, un temps mesurable pour-
rait s'-'couler entre l'arrivée du rayonnement et l'émission des
premiers rayons secondaires. Par des expériences de ce genre, si
elles donnent un résultat positif, il serait prouvé indiscutablement
que les grandes vitesses des électrons ne peuvent pas être attribuées
à une distribution de l'énergie rayonnante par quanta distincts.
432 LA THÉORIE Df RAYONNEMENT ET LES QUANTA.
Enfin, il serait de la plus grande importance d'examiner avec
loiile la précision possible si le phénomène secondaire qui accom-
pagne l'absorption de rayonnement est réellement indépendant
de l'intensité du rayonnement primaire. En elïet, il ne faut pas
perdre de vue que la température d'un rayon de faible intensité et
de grande fréquence varie peu avec l'intensité. Si c'était donc la
température du faisceau (avec ou sans influence de l'angle solide
du faisceau) qui déterminait la distribution de vitesse des électrons
dans l'effet photo-électrique, il devrait se produire une variation
faillie, quoique mesurable, de cette distribution avec l'intensité de
lajunnement.
IV. - ROTATION DES MOLÉCULES GAZEUSES. HYPOTHÈSE
DE SOMMERFELD t ' ).
Deux autres tentatives importantes ont été laites pour relier la
constante // dePlanck aux propriétés mécaniques des atomes ou des
électrons.
Tout d'abord, Nernst, par des raisonnements approchés, a
essayé de prévoir la variaiion avec la température de l'énergie de
rotation des molécules. Puis, Sommerfeld a calcidé le rayonne-
ment électromagnétique émis au moment de l'arrêt des corpus-
cides cathodiques ou de l'émission des particules |B, en s'appuvant
sur l'hypothèse Lt = A; dans cette relation, L est l'énergie ciné-
tique d'une particule, t la durée du choc et h la constante de
Planck.
iSous allons voir dans quelle mesure les résultats ainsi obtenus
peuvent se déduire de la formule du rayonnement sans introduire
d'hypothèses particulières. Xous devrons, dans ce qui va suivre,
nous contenter d'approximations grossières.
Supposons avec Nernst. {)our simplifier, que toutes les molé-
cules du gaz diatomi(|ue considéré ont une fréquence de rotation
déterminée v, la même pour toutes les molécules; alors la relation
entre l'énergie de rotation E, la fréquence et la tem])éraiure ne
différera j)robablement pas sensiblement de celle qui existe dans
(') A. So.MMKiiiELD, Uber die Siruklur cler •;-Strahlen, Sitz. Ber. d. ki^l .
bayerischea Akad. d. TfYss. Phys. Klasse 191 1.
L ÉTAT ACTUEL DU PROBLÈME DES CHALEURS SPÉCIFIQUES. î3j
le cas de roscillaleur linéaire. On aura donc approximalivenienL
K
lri_
Désignons par l le moment d'inerlie de la iiioléculc par rapport
à un axe passant par le centre de gravité et perpendiculaire à la
ligne de jonction des deux atomes: on doit poser, d'après la Méca-
nique,
E = - I( 27:v )-.
1
Ces deux équations donnent la relation cherch(''e entre E et T j)ar
élimination de la fréquence v ( ' ).
Nernst et Lindemann ont d('jà indi([ué (-)le grand intérêt qu'il y
aurait à étudier laljsorption dans linlra-rouge des gaz diatomiques
qui, comme H Cl, possèdent probablement un moment électrique
moléculaire. D i coellîcient d'absorption on pourrait, par applica-
tion de la loi de KircliholT, déduire le pou\oir émissif pour les
diverses fréquences et obtenir ainsi la distribution des vitesses de
rotation entre les molécules, la loi statistique des mouvements de
rotation. On de\rait, d'ailleurs, attribuer une partie de l'absorp-
tion aux oscillations des deux atomes dans la molécule.
Examinons maintenant riivpotlièse de Sommerfeld sur les (diocs
élémentaires.
La théorie cinétique des gaz monoatomiques est la seule partie
de la mécanique moléculaire qui n'est pas atteinte par nos diffi-
cultés, parce que le mécanisme des chocs mutuels n'y joue aucun
rôle. ?sous pouvons cependant tirer de la foiinule du rayouiK^-
ment des indications sur ce mécanisme en suivant une marche
analogue à celle qui a permis de traiter le cas de l'oscillateur,
tout en devant mallienreusement, ici aussi, renoncer à édifier une
théorie comjilète.
Imaginons, comme au paragraphe 1, un chanq) de ra^onnemeiil
noir dans lequel se trouve un gaz monoatomique en équilibre ther-
mique. La possibilité d un échange dénergic ihei'mKpie entre le
(') rVernsL a lemplacé lu seci^nde de ces rehiLiims par [s/ = o\'l'. Ceci exigerait
que la clialeiir spécilique soit indépendanle de la Icmpérauire.
(-) Zeitsc/ir. fur Ele/,troc/ieniie, ign, p. îi^6.
L. ET UL n. aS
43i L\ THKORIE DU RAYONNEMENT ET LES QUANTA.
f^az et le rayonnement sera introduite en supposant que les molé-
cules du ^az sont électrisées. Ceci leur permet d'absorber du
rayonnement et d'en émettre, principalement au moment de leurs
chocs entre elles et contre la paroi.
Supposons les chocs assez rares pour que chacun d eux puisse
être considéré comme un phénomène isolé. La théorie de Maxwell
donne aisément le rayonnement émis au moment d'un choc si la
vitesse de l'atome qui émet est donnée en fonclion du temps.
D'après la loi de KirchholT,
bT: £v
c ay
où £v est le pouvoir émissif, y../ le coefficient d'absorption d'un
milieu. Pour une valeur donnée de v. iiy est pratiquement nul au-
dessous d'une certaine température et augmente ensuite rapide-
ment. Comme y.y reste fini, ce qui vient d'être dit de «v s'applique
aussi à £v.
D'après les formules de Planck ou de Wien, la condition poui-
que «V s'écarte appréciablement de zéro est
où Z est un nomijre de Tordre de grandeur de l'unité.
Comme AT, à un facteur sans importance près, représente
l'énergie de translation moyenne E de la molécule, on peut é-crire
cette condition sous la forme
Av<ZE.
Des molécules chargées d'un gaz doivent donc, si E est l'éner-
gie de leur translation, se choquer de manière qu'il n'en résuite-
aucune fréquence qui ne satisfasse à cette inégalité.
Si les chocs étaient brusques, les équations de Maxwell se trou-
veraient en défaut, puisqu'elles exigeraient aussi la présence de>
■fréquences les plus élevées dans le rayonnement produit par le
choc. Il ne doit donc pas y avoir de chocs brusques : les chocs
doivent se produire assez lentement pour que des fréquences plus
grandes que v ne soient pas émises. Il est facile de montrer que la
durée Tdu choc qui satisfait à cette condition est de l'ordre degran-
l'état actuel Di: problème des chaleurs spécifiques. 435
(leur; Du pcul donc t-crire aussi la relation précédente :
h = ErZ,
Z étant un nombre de l'ordre de l'unité.
C'est riijpollièse de Sonimerfeld, qui permet de retrouver au
moins l'ordre de grandeur du rapport de l'énergie des rayons de
Ronlgen à l'énergie des rayons cathodiques doni ils dérivent.
Il suffit donc d'ydmeltre que la théorie des électrons est exacte
en ce qui concerne l'émission de rayonnement pour pouvoir dé-
duire Ihypothèse de Sommerfeld de l'équation du rayonnement.
Si cette manière de voir correspond bien aux faits, une particule
électrisée, un électron par exemple, ne rayonne au moment d'un
choc qu'une très petite partie de son énergie cinétique, au moins
s'il s'agit des vitesses qui se présentent dans l'etlet photo-électrique
(sans résonance) ou dans le cas des rayons cathodiques pas trop
rapides.
Si l'on envisage 1 émission d'électrons sous 1 action du ravonne-
ment comme le phénomène inverse du précédent, on est conduit
à penser cjue la vitesse de ces électrons est une vitesse acquise pro-
gressivement par un grand nombre de degrés. Dans ces conditions,
on devrait, comme il a déjà été dit, s'attendre à ce que, dans l'effet
photo-électrique ordinaire par exemple, les électrons émis par des
lames minces aient, toutes choses étant égales d'ailleurs, une
vitesse plus faible que dans le cas des lames plus épaisses.
DISCUSSION DU RAPPORT DE M. EINSTEIN.
M. EiJVSTEiJV. — Nous sommes tous d'accord que la théorie des
quanta^ sous sa forme actuelle, peut être d'un emploi utile, mais ne
constitue pas véritablement une théorie au sens ordinaire du mot,
en tout cas pas une théorie qui puisse être, dès maintenant, déve-
loppée de manière cohérente. D'autre part, il est Ijien établi
aussi que la dynamique classique, traduite par les équations de
Lagrange et de Hamilton, ne peut plus être considérée comme
fournissant un schéma suffisant pour la représentation théorique
de tous les phénomènes physiques (î'o/;", en particulier, le Rapport
de M. LoTcntz).
La question se pose de savoir quels sont les principes généraux
de la Physique sur lesquels nous pouvons compter pour la solution
des questions qui nous occupent. En premier lieu, nous serons
d'iiccord pour conserver le principe de l'énergie.
il doit en être de même, selon moi, pour le principe de Boltz-
mann sur la définition de lentropie par la probidiilité : nous
devons en admettre sans réserves la validité. Nous devons
à ce principe les clartés bien faibles encore que nous pou-
vons avoir aujourd'hui sur les états d'équilibre statistique dans
lesquels interviennent des phénomènes périodiques. Les opinions
diffèrent encore beaucoup sur le contenu véritable et sur le
domaine de validité de ce principe. Pour cette raison, j'essaierai
tout d'abord d'exposer brièvement ma manière de voir à ce
sujet.
Considérons un système isolé d'énergie donnée. Il peut prendre
une série d'états caractérisés chacun par des valeurs déterminées
de grandeurs mesurables (volumes, concentrations, énergies de
diverses parties du système, etc.). Soient Z,, Zo, .,., Z/, ces
divers états compatibles avec l'énergie donnée du svstème. Si l'on
amène le système initialement dans un de ces étals (Z«), il va,
DISCUSSION nu RAPPORT DE M. EINSTEIN. 4 >7
d'après la iheriuodvuaniiqiie, t'voliier de manière dc-terminée en
lra\ei"saiil des étais successifs Z^^, Z^, .... vers un élat final d'è([ui-
libre Z^r dans le(|uel \\ restera ensuite indéfinimenl. Nous savons
ce|)endant, d'après la théorie statistique de la (dialeur d'une part,
et les faits ex|)érimentaux du mouvement brownien d'autre part,
<pie la conception thermodynamique correspond à une description
plus ou moins grossière de la manière dont le système secoiuporte
e/> moyenne. Les ' j)hénomènes ne possèdent qu'en apparence le
caiaetère d'irréversil)ilité que leur attribue la conception tliermo-
(i\naini(pie : en réalité, le système n est pas fixé dans la configu-
ration d'équilibre thermodynamique: il parcourt, au contraire,
indéfiniment dans la suite des temps tous les états, sans exception,
Z,, . . ., Z/, compatibles avec son énergieinterne.
Le fait qu il y a, en appaience. une succession bien déterminée
d'états à partir de l'état initial Z^ et une fixation finale dans un
état Z„ d'équilibre thermodynamique tient, selon Boltzmann, à ce
c[ue, dans l'immense majorité des cas, il succède à l'état Z^ un
état 'Lb de plus grande probabilité. De tous les états Z^, Z^-, Z^",
dans lesquels La peut se transformer pendant un temps donné très
court T, ce sera l'état Z/, qui se produira jiratiquement toujours,
parce qu'il a une probabilité immensément |)lus grande que l'état
initial Z^ et que les autres, Z^-, Z^', etc. La succession bien
définie en apparence des divers états est. en réalité, un enchaîne-
ments de probabilités constamment croissantes.
Lue telle conception ne |)eut s'imposer à l'esprit que si l'on voit
clairement ce qu'il faut entendre par \si probabilité d'une con-
figuration. Si le système abandonné à lui-même traverse une série
infinie d'états, Z|, . . ., Z/ dans un ordre quelconque, il correspond
à chaque état une certaine fréquence d apparition. Sur un temps
donné très long T. il y aura une partie T| pendant laquelle le
système se trouvera dans létat Z,. Si ^- tend vers une limite
lorsque T augmente indéfiniment, cette limite mesurera la proba-
bilité de l'état Z,, etc. La probabilité W duii état est ainsi définie
par sa frécjuence relative lorsque le système est indéfiniment aban-
donné à lui-même. A ce point de vue, il est remarquable que dans
l'immense majorité des cas, il y a, quand on part d'un état initial
déterminé, un état voisin qui sera pris, le |>lus frécjuemment de
beaucoup, parle système abandonné indéfiniment à lui-même.
438 LA THÉORIE DU RAYONNEMENT ET LES QUANTA.
Si nous refusons, au contraire, de donner une semblable défini-
tion physique de la probabilité, l'affirmation que le système passe
dans 1 immense majorité des cas, dun état initial dans un autre de
probabilité plus grande, est sans aucune signification, ou, si Ton
choisit arbitrairement une définition mathématique de la probabi-
lité, c'est une affirmation arbitraire.
Si W est défini comme nous Tax ons fait, il résulte de cette défi-
nition même qu'un système isolé, abandonné à lui-même, doit
parcourir généralement des états successifs de probabilités cons-
tamment croissantes, de sorte qu'il en résulte entre cette probabi-
lité et l'entropie S du système la relation de Boltzmann :
S = k log W -;- const.
Ceci résulte du fait que A\ , dans la mesure où Ion admet que le
système évolue spontanément de manière déterminée, doit aug-
menter constamment en fonction du temps, et de ce qu'aucune
fonction indépendante de S ne peut avoir cette propriété en même
temps que l'entropie elle-même. La relation particulière que
donne le principe de Boltzmann à la relation entre W et S résulte
des propriétés de l'entropie et de la probabilité des systèmes com-
plexes définies par les équations
s,o,ai = 3:s, AV„„ai=nw.
Si l'on définit W par la fréquence, comme nous l'avons fait, la
relation de Boltzmann prend une signification phvsique précise.
Elle exprime une relation entre des grandeurs observables en
principe ; on peut en vérifier ou en infirmer l'exactitude. On
utilise généralement cette relation de Boltzmann de la manière
suivante : on part d'une théorie particulaire définie (par exemple,
de la mécanique moléculaire), on calcule théoriquement la
probabilité d'un état et l'on en déduit l'entropie de cet état par
application de la relation de Boltzmann, de manière à connaître
ensuite les propriétés thermodynamiques du système. On peut
aussi procéder en sens inverse : déterminer par des mesures ther-
miques efiecluées sur un système l'entropie correspondante à
chaque configuration et en déduire la |)robabilité par la relation
de Boltzmann.
L exemple suivant nous sers ira pour discuter ce mode dappli-
DISCUSSION DU RAPI'OKT DE M. EINSTEIN. 4 30
calion cl II principe de Boltzmann. Un vase cylindrique contient
un liquide dans lequel se trouve une particule en suspension dont
le poids surpasse de P celui du liquide déplacé. D'après la iher-
luodynamiquc, la particule devrait tomber au fond et v rester
indélîniment. D'après la théorie cinétique de la chaleur, au con-
traire, la hauteur de la particule au-dessus du fond changera cons-
tannnnir de inaiiière irrégulière, sans que jamais le repos soit
atteint, l'our soulever la particule de la hauteur z- au-dessus du
fond, il faut dépenser un travail Vz. Pour ne pas changer lénergie
du système, il laut lui soustraire une quantité de chaleur équiva-
lente, de sorte que la relation entre l'entropie du système et la
hauteur c est donnée par
ï> = con-l. —r •
D'ajirès la relation de J3oltzinann, il en résulte pour la prohahi-
lit(' que, quand la particule se trouve à la hauteur ;, la vaieui-
G est la loi d<' ré|)arlition (jue M. ^Perrin a vérifiée dans ses
expériences. 11 est clair que cette équation ne contient les faits
observés par Perrin (jue si l'on délinit la probabilité conime nous
1 avons fait.
Cet exemple simple conduit encoi'c à une intéressante illu-?li,i-
tion de la conception de Boltzmann pour les phénomènes irré\(r~
Pz
sibles. Si P n'est pas trop pdit. Texposant -p^ aura une valeur
notable pour des valeurs de c un peu grandes ; Wdevienl alors très
petit et diminue rapidement quand ; augmente. Si 1 on amène la
particule à une certaine hauteur au-dessus du fond et si on I aban-
donne à elle-même, elle va, dans l'immense majorité des cas. tomlx-r
suivant une ligne sensiblement verticale avec une vitesse sensible-
ment constante (processus irréversible au sens de la thermodyna-
mique). Nous savons cependant d'autre |)art ([ue la particule pciil
d'elle-même, quoique très rarement, monter :'i une haut(Mir cpul-
conque au-dessus du fond.
M. LoREjNTZ. — M. Eiiislein j)arle de la |)robabililé \\ d une
certaine hauteur :; de la particule. Ne faudrait-il pas. en toute
/j/jo LA TinioRiE nu u.v^onnlment kt les quanta.
rl-iiour, représenler par Wdz hi |.i<.l)al)ililc' poiii- fjuc lu liaiitoiir se
trouve entre z et c -f- r/; ? La disLiiirlion n'est pas sans nne rertaine
importance, car il y a une difficiillé. Vu lieu de z-, on penl aussi
bien prendre pour coordonnée une fonction quelconque de cette
variable, par exemple z,' = z.-. On de\iail alors introduire une
pi'obabililé W définie par
c"esl-à-dire par
7 :;
Cela nous conduirait à une valeur de Tenlropie S' :=klog- «•',
qui diffère de la valeui' S = /. /04' W d'une quantité variable
k log {9. z)^ ce cjui est ina(lniis>il»lc.
M. Ei.NSTEiis. — Kn réalité, on ne peut pas parler de la probabi-
lité pour que la particule (ou, plus exactement, son centre de gra-
vité) se trouve à une bauleur ;. mais de la probabilité pour
qu'elle se trouve entre z cl z + d z .
Mais il n'en résulte pas cjue la relation de lîoltzmann ':^ = lclog^
doive perdre sa validité. On voit en effet facilement qu'on peut
faire au sujet de lentropie une remarque analogue à celle f|ue
M. Lorentz vient de faire |)our la probabilité- : on ne peut |)as par-
ler de l'entropie dun état déterminé, mais seulement del'entropie
d'un domaine.
Pour montrer ceci sui- un exenq)le |)articulièrement simple,
imaginons un \ase cvbndrique qui. comme précédemment, con-
tient un licjuide et une particule en suspension, dont la bauteur
variable au-dessus du fond sera représentée par ;. Pour plus de
simplicité, je supposerai <pie le poids de la ])arlicule est exactement
com|>ensé par la poussée du liquide.
Nous allons chercher l'entropie de I état cai-actt'-iist' pnr cette
condition que le centre de gravité de la particule se Iiounc à une
hauteur déterminée ;. Pour obtenir celte ("valualion. il (^t jié(^cs-
saire de réaliser l'état du système |)ar voie réversible, ce qui est
possible de la manière suivante : su|)posons deux tamis imper-
méables à la particule et situés initialement, l'un au niveau r = o,
l'autre au niveau c = / et comprenant entre eux la particule. Ces
tamis peuvent être déplacés infiniment lentemeni l'un \ers l'autre
♦ DISCUSSION ur uAi'i'oni dk m. einsteix. 44'
jiis(|irim niveau ::=:;„. Ceci fait, la |)arUctile se Lrouve au nixcau
(le ; = :;„. INous devons. j)endant ce déplacement, fournir du tra-
vail |)our vaincre -la pression osmoticjue de la particule. Si nous
r.ipproclions les tamis jusqu'à la distance o l'un de lautre, ce
KT /
travail a j)oiir valeur —- log -• l'oiir amener la particule exacte-
iiienl au niveau ^q. il laut laire tendre o vers zéro et,. par consé-
quent, dé[ienser un travail infini. On déduit facilement de ce cjui
précède que l'entropie a la valeur qu'on obtient en divisant le
lra\ail par la lempéralure, de sorte cpie
c ^. >
b = consl.-r- — losio.
N ®
S augmente donc indéfiniment (juand o diminue. Pour 1 inter-
valle dz, on a donc rentropio
> = coii«t. - — log dz.
1) autre part on a. j)our ce même intervalle dz,
W = C.dz.
J-a relation de Hoitzmann
S = — loi; W -+- con-t.
est donc ici rem[)lie de manière indé|)endante du choix du do-
maine dz. 11 en résulte vraisemblablement que Téquationde Boltz-
mann reste toujours exacte, à condition que S et W soient relatifs
au même domaine.
M. PoiJvcARÉ. — Dans la définition de la j)robal)ililé, la dillV'-
rentielle à mettre en facteur n'est pas arbitraire ; celle qu'on doit
choisir, c'est 1 élément d'extension en phase.
M. LoRENïz. — M. Einstein ne suit pas la marche de ( libbs ; il
parle tout simplement de la probabilité d'une certaine \alcur de la
coordonnée z.
M. luNSTKix. — Ce point de vue est caraclt-risé par le (ail qu on
y introduit la probabilité (fréquence) d'un état défini de manière
|)hénoménologique. On a ainsi l'avantage de ne faire inter\enir
4 la LA THÉORIE DU RAYONNEMENT ET LES QUANTA.
aucune théorie parliculaire (par exemple, aucune mécanique sta-
lisli(p]e).
M. PoiNCARÉ. — Quelle que soit la théorie qu'on substitue à
la Mécanique actuelle, il faudra toujours choisir pour la différen-
tielle qui jouera le même rôle que l'extension en phase, un élé-
ment quj soit invariant.
M. WiEN. — A mon avis, on ne peut établir la relation entre
l'entropie et la probabilité, pour le rayonnement, (ju'en considé-
rant les atomes qui émettent.
M. EizvsTEiN. — Des considérations analogues à celles qui
viennent d'être indiquées dans le cas de la particule en suspension
peuvent être développées dans le cas du rayonnement intérieur à
une enceinte. Imaginons une caisse avec des parois parfaitement
réfléchissantes ou parfaitement blanches, de volume V et contenant
un rajonnement d'éner<;ie E sensiblement monochromatique et de
fréquence v. Supposons l'intérieur de la caisse partagé en deux
volumes V, et Vo par une paroi réfléchissante ou blanche, percée
d'une ouverture. D'ordinaire, le rayonnement se partagera entre les
deux volumes A , et Vo en deux parties E, et E2 proportionnelles à
ces volumes. Cependant, à cause des irrégularités dans les phéno-
mènes de rayonnement, on aura successivement toutes les distri-
butions compaliiiles avec l'énergie totale E. A chaque distribution
(E,, Eo), correspond une probabihté déterminée W et aussi une
«'utropie déterminée S. Ea relation de Boltzmann doit être satis-
faite entre W et S. On peut déterminer, par application des lois
du rayonnement, l'entropie correspondante à une répartition
donnée et déduire de l'équation de Boltzmann la probabilité de la
répartition considérée. Si le rayonnement est assez peu dense pour
rester dans le domaine de validité de la loi du rayonnement de
Wien, on trouve que la loi statistique de distribution est la même
(jue si le rayonnement était composé de parties ponctuelles dis-
tinctes possédant chacune l'énergie Av. En particulier, la probabi-
lité pour (pie l'énergie E soit entièrement localisée dans le volume
Vi il p(jiir \ aleiir :
<^)'
DISCfSSION DU RAPPORT DE M. EINSTEIX. 14 >
Ce iH'Sullal esl paillculic'rement inlcressant parce qu'il ne peut
pas être concilié avec la lliéorie ondulatoire du rayonnement.
C'est ce qu'on voit, du leste, sans calculs par les considérations
suivantes.
Supposons donnée une distribution de rayonnement correspon-
dant à une valeur déterminée E de l'énergie. Imaginons ([ue tous
les champs électriques et maguétiques, à l'intérieur de l'enceinte,
soient multipliés par une constante a ; il en résulte une nouvelle
distribution de rayonnement (pii satisfait en même temps que la
première aux équations île Maxwell et correspond au même
domaine de fréquences et est également désordonnée. Dans cette
seconde distribution, toutes les énergies sont a- fois plus grandes
que dans la première. 11 en résulte que la nouvelle distribution
lies énergies a- E,, a- Ej, doit a\oir exactement la même probal)i-
lité, se produire aussi fréquemment que la distribution initiale
E,, Eo. La théorie des ondulations, sous sa foi^me actuelle, exige
donc que la probabilité ou la fré([uence d'une distrilnition dans le
E . .
rapport — ^ soit indépendante de l'énergie totale E et dépende seu-
lement de ce rapport. Ceci est en contradiction avec le n-sultat
<[ue nous avons obtenu à partir de l'entropie du rayonnement et
de l'équation de Boltzmann.
L'hypothèse des quanta cherche, de manière |irovisoire, à
interpréter l'expression obtenue pour la ])robabilité statistique \\
du rayonnement. Si l'on imagine le ravonnement composé de
|)etits éléments d'énergie égaux à Av, on obtient immédiatement
une explication pour la loi de probabilité du rayonnement dilué.
J'insiste sur le caractère |)ro>isoire de celte conception qui ne
semble pas pouvoir se concilier avec les conséquences expérimen-
talement vérifiées de la théorie des ondulations. Mais comme d
résulte, selon moi, des considérations analogues à celle-ci, que les
localisations du rayonnement conformes à notre électromagnétique
actuelle ne correspondent pas à la réalité dans le cas du rayonne-
ment dilué, il nous faut introduire dune manière (pielconipu; une
hypothèse comme celle des quanta à cote'" des indis[)ensables écpia-
tions de Maxwell.
^L l*LAxcK. — Je crois aussi (|ue la rclalioii
S = /. loî W -i- consl.
4 II LA TIIKORIE DC RAYONNEMENT ET LES (JLANTV.
s'applique à tous les cas. car je pense que celte relation est l'ex-
pression générale du principe que la seconde loi de la thermodyna-
mique est, au fond, une loi de prohabilité. Ainsi. Tentropie d'un
état donne directement sa prohahilité. Mais je ne crois pas
qii il V ait une définitiiui absolument générale de la proba-
bilité dont on paisse se servir ainsi en dehors de la dynamique
classique, et qui ])ermette de calculer la probabilité dun état quel-
conque à partir des fluctuations autour de cet état dans le temps et
dans l'espace, sans considérer des domaines élémentaires indépen-
dants d'égale probabilité.
Spécialement au point de \ue de Ihypothèse des quanta, il
sendtle quil v ait des états dont le caractère est trop compliqué
pour permelLre de conserver la relation simple entre la probabilité
et les llucluations. telle que les domaines éléjuenlaires la four-
nissent. Dans le cas du rayonnement noir dans le vide, je suis
davis cpi'il n'est pas possible de calculer l'entropie (probabilité)
en ne considérant que les fluctuations d'énergie du rayonnement
libre: je pense, au contraire, qu'on ne peut y parvenir qu'en fai-
sant intervenir soit la substance par laquelle le ravonnement est
émis, soit une substance qui absorbe le rayonnement (voir mon
llapport, p. 1.5 et suivantes i. Autrement, il ne seraitpas possible de
reconnaître les étals élémentaires dégale probabilité derrière létal
complexe qui résulte de leur superposition.
M. LoREXTz. — Il me semble pourtant (juon j)eut toujours
parler delà probabilité pour que 1 énergie contenue dans lune des
moitiés du volume considéré ait une xaleur comprise entre H et
ç — dz. Elle pourrait «Hre mesurée par la partie d'un intervalle de
temps très long pendant laquelle celte distribution de l'énergie est
réalisée. Or. si Ton admet, d'une part, cju'une certaine dis-
tribution d'énergie, diflerente de la distribution uniforme, a une
j)robabilité déterminée, et, d'autre part, qu'elle donne lieu à une
valeur déterminée de l'entropie, je ne vois pas jiourquoi on n'ap-
pliquerait pas le théorème de lîoltzmann.
M. La.\(;evix. — Si l on peut déiinir j)our le ravonnement une
probabilité et une entropie, il paraît bien difficile de ne pas
admettre entre ces deux quantités la relation générale de Bollz-
mann. Si nous considérons un svstème composé de matière et
DISCUSSION DU RAPPORT DE M. EINSTEIN. 445
d'éllier, la j)robi»l)i!ité dune confiyuration est le produit des pro-
babilités relatives à la matière et à létlier pris séparément, leu-
tropie est la somme des entropies, et, par application du raison-
nement (pie donne M. Pianck dans son Piapport, on doit avoir
proportionnalité de l'entropie au loi;aritlime de la probabilité avec
le coefficient de Bollzraann, pour 1 étlier comme pour la matière.
M. PoiNCARÉ. — C'est, en réalité, la définition même de la pro-
babilité et de 1 entropie.
M. LouENTz. — En lait, le premier terme -rr dans la formule
de M.Einstein, semble être absolument incompatible avec les équa-
tions de Maxwell et les idées ordinaires des théories électromagné-
tiques. On le reconnaît de la manière que vient d indiquer
M. Einstein, et également par le raisonnement suivant : Soit P
une plaque diatliermane qui se trouve dans nn espace rempli du
rayonnement noir, et considérons l'énergie des rayons venant
de cette plaque dans une direction déterminée cl contenue à un
moment t dans un volume limité ç. Cette énergie E provient des
quantités d'énergie E, et Eo qui, à un moment antérieur i\
existaient à 1 intérieur de deux volumes c, et C2, tous les deux
égaux à V et situés, le premier du même coté de la pla(pie P
que le volume c, et le second du côté opposé. Désignons
par E„ la valeur moyenne commune de E, E,, E2, par a, a,,
a2 les écarts de cette valeur moyenne, et faisons abstraction
des écarts qui se produisent par linlerférence, dans le volume c,
des rayons (|ui y arrivent par réflexion et par transmission,
on aura a^ = ai; et Ion devrait trouver pour a- la même valeur.
Mais, si l'on désigne par ;• le coefficient de réflexion
E = /-E, — (i — /•)E2)
y. = r'Jii — (1 — f')y-2,
a- = [/-î-i- (i — ry-]7:j,
ce qui est inférieur à a^. Ce résultat est dû à ce ({uc nous avons
tacitement admis que. pour une fréquence et un angle d'incidence
donnés, c'est toujours la même fraction de l'énergie qui est
réfléchie.
M. Neunst. — iSe pourrait-on pas uiellre en é\idence les fluc-
440 LA THÉORIE DU RAYONNEMENT ET LES QUANTA.
t nations de température en mesurant les résistances électriques à
Irrs basse température?
M. WiEN. — On pourrait peut-être éviter les difficultés prove-
nant de ces lluctuations en supposant possible dans l'atome une
accumulation dénergie qui ne contribuerait pas immédiatement à
i t-lévalion de la température. Un tel pbénomène pourrait aussi se
présenter dans la conductibilité calorifique.
M. Einstein. — Cette hypothèse ne peut servir en rien à expli-
quer la loi de répartition du rayonnement entre deux espaces
communiquants, telle que nous l'avons déduite du principe de
Boltzmann. De plus, elle ne peut pas s'appliquer au cas des gaz
monoatomiques, et le corps désigné par K dans mon raisonne-
ment peut être composé de tels gaz sans changement essentiel.
M. Lakgevin. — Je crois, comme M. Planck, que les conditions
ne sont pas les mêmes fpiand le corps intérieur à l'enceinte est
très voisin de la paroi et quand il en est éloigné. Dans ce dernier
cas, les oscillations de l'émission et de l'absorption à la surface de
l'enceinte et à la surface du petit corps sont indépendantes ; la
probabilité de l'ensemble est le produit des probabilités. Quand,
au contraire, les surfaces sont voisines, le milieu ne pouvant
recevoir d'énergie, les oscillations ne sont plus indépendantes et
l'application des raisonnements statistiques ne peut plus se faire de
la même façon.
II.
M. Kamerlingh Onnes. — M. Einstein a calculé, d'après les
idées de Nernst, mais en suivant une auhc ^oie, que la cha-
leur moléculaire à pression constante de l'hydrogène à o" C.
devrait présenter des écarts de 4 pour loo par rapport à la
valeur qui convient aux gaz diatomiques : je voudrais revenir sur
une remarque que j'ai faite, à propos du rapportde M. Nernst. sur
la chaleur spécifique de l'hydrogène.
Le calcul montrait que l'hydrogène devrait présenter une varia-
tion sensible de chaleur spécifique et se rapprocher des gaz mono-
atomiques, dès la température de i/\" absolus; c'est ce qui décida
M. Keesom et moi à étudier la question expérimentalement. Je vou-
DISCUSSION DU RAPPORT DE M. EINSTEIN. /j ij
cliiiis iairc remarquer maintenant qu'une telle vérilicalion expéri-
mentale promettait de donner un résultat, parce que le calcul laisse
même prévoir un écart à o"C. fait qui semble confirmé par les résul-
tats de -M. Pier sur lesquels M. Nernst a appelé l'attention. Un
calcul plus précis, mais toujours basé sur la méthode de Nernst,
nous a (ouiiii un écart de 3 pour loo pour la chaleur moléculaire
à volume constant. Le résultat de Pier donne à peu prés j poui-
lOO.
jNI. L;)Ui:Nrz. — 11 \ a peiit-<Hrc quelque iiitértU à indupun' le
résultat auquel on est conduit, si Ion applique l'idée des éléments
d'énergie à une sphère rigide (pii peut tourner autour d'un dia-
mètre.
Si (' est le nombre de révolutions f)ar seconde, l'énergie peut
être représentée par ^/t^-, où q est vwxii constante. L'hypothèse que
cette énergie doit être un multiple de Av conduit aux foruiules
suivantes, dans lesquelles n est un nombre entier :
La sphère devrait donc ne pouvoii- tourner qu'avec des xitesses
déterminées qui forment une progression arithmétique, et les va-
leurs de rénergie qu'elle peut prendre seraient entre elles comme
les carrés des nombres naturels.
Du reste, cette remarcjue n'a guère d'importance. Dans l'appli-
cation de rhv|iothèse des éléments d'<'nergie, on peut se borner
à des systèmes pour lesquels il y a une fréquence déterminée (pii
dépend de leur nature, et qu'on peut indiquer d'avance.
M. PoiNCARÉ. — M. Nernst avait indiqué une formule où c est
[)roportionnelle à \/t.
M. El^sTEI-^. — C'est une contradiction avec le résultat final de
M. Nernst lui-mêtne et qu'il faudrait éviter.
M. PoiNCAuÉ. — A une température donnée, P' sera distribué
suivant une certaine loi; que deviendrait la chaleur spécifique si,
au lieu de v moyen, on tenait compte de toutes les valeurs de r et
de leurs probabilités respectives?
M. Hasenohul. — Le modèle d'oscillateur de M. Nernst. dans
448 LA THEORIE DC RAYONNEMENT ET LES (JUANTA.
lequel un atome léger ciixule à distance constante autour dun
atome beaucoup plus lourd {^Zeitsclir. fiir Elektrochemie^ '9' '5
p. Sao), n'a |)as de période propre déterminée. Mais si l'on calcule
l'énergie de loscillateur, en supposant des domaines élémentaires
définis dans l'espace généralisé, on trouve un terme de la forme (')
( ') Cette fnrniule s'obtient fycileinent. L'énergie, qui est entièrement cinéliqm-,
a pour valeur
( .j, es, sont les coordonnées spheriques: yOj = —7-, /J2= — r! '-^i et C sont des cons-
V ■ ô?s do
\
tantes 1 . En employant les notations de la moianique statistique de Gibbs, nous avons
^' - .- f^ / , 1 ,^
e '■>=r d-: I d-.ff dp,dp,e •=> ^ ' -"'^^ ^"^^ = A^ e,
d"où
Introduisons l'extension en phase
V = r rf-j Ç d^ f fdjh djK,
où p, et p., sont pris entre les limites o et G 1 «; H — : p'i ) ^ E.
\ sin'-Sf /
Un calcul simple montre que
V
_4^^
G
E.
1
E.
c
4~'
V,
t> =
■r
e
e
4 71-
dS =
G
0
D'après la théorie des quanta, il faudrait écrire, au lieu de l'intégrale, une
somme
ir a = « 1 c ,
. 0- V;..""ëT^''' /'
0=^/,^ ^^ ^-" =
1^ _»>_
D'où
(La quantité /t n'est pas la même que celle introduite par M. Planck; elle a Ic;
dimensions du carré d'une action). {Note de M. Hasenôlirl.)
niSCl SSION DU KAPPORT DE M. KI.NSTEIN. 1 t9
c el c' ne di-pendant que du inonienL d'inertie et pas de la fré-
quence V. Pour Aoir si celte forniide peut être mise en accord avec
la roiMiuIe de IManck. il faudrait considérer la lelation entre
I ('ueriiie du résonateur el Téneriiie du ravonneinent, ce qui serait
piobaljleuient beaucoup plus difficile à faire qu avec loscdlateur
de l*lancl\. Le calcul de (;elte relation semble comporter de très
grosses difficidtés uiatliémati(|ues.
M. La-\cevi_\. — L introduction des éléments d énergie me
semble ne pouvoir se faire, comme le montre le raisonnement de
M. Planck, à partir de son liypothèse des éléments d'extension en
phase, que dans le cas où le système possède une période déter-
minée, indépendante de l'énergie qui peut y être accumulée. Il en
est tout autrement dans la rotation, dont la période d»''pend essen-
tiellement de l'éuergie cinétique et d'où l'énergie potentielle est
absente. Il me semble donc tout à fait arbitraire de faire intervenii-
les quanta d'énergie dans les rotations moléculaires.
M. Li_\DEMAK^' dit qu à son point de \ue, on ne doit |)a> faire
rhvpotbèse quune molécule gazeuse diatomnpie en rotation avei-
la fréquence v ne peut prendre <[ue des quanta d'énergie de la
grandeur Av. S'il en était ainsi, en efTet, une molécule gazeuse qui
s'échauffe à partir du zéro absolu, de\ rait recevoir une fréquence v,
à son premier choc. Puisqu'elle ne peut prendre qu'un multiple
entier de Av,, sa fréquence après le second choc serait v,y'i -\- n ^ \
après le troisième choc, v,y/i + //, y i -h /?j, etc.
Il est très peu |)robal)le qu'une autre molécule rencontre celle qui
est considérée de manière que le moment de rotation soit exac-
tement égal et de direction opposée. Les \ilesscs de rotation
deviendraient ainsi tellement grandes qu'elles ne pourraient pas
s'échanger, c'est-à-dire (pie la chaleur atoiiiicpic serait - 1». L in-
troduction des quanta, loin d'être arbitraire, semble nécessaire, et
il faut bien admettre la formule -j;:-^ — — = (:>7:vV-l ou une for-
L^- - 1
mule semblable pour éviter une contradiction avec les lois du
C) Zeitschr. f. Elektrochemie, l. WIII, 191 1, p. 8 '5.
L. ET DE lî. 29
45o LA THÉORIE m RAYONNEMENT ET LES QUANTA.
rayonnement, mais on ne peut prol^alilcment pas la déduire de la
conception ordinaire des quanta.
^1. LoRENTZ se rappelle une conversation qu il eut avec M. Ein-
stein il j a déjà quelque temps, et dans laquelle il fut question
d'un pendule simple qu'on raccourcirait en tenant le fil entre
deux doigts, qu'on glisse vers le bas. Supposons qu'au commen-
cement le pendule ait exactement un élément d'énergie tel qu'il
correspond à la fréquence de ses oscillations, il semble alors qu'à
la (in de l'expérience son énergie sera moindre (jue l'élément qui
correspond à la nouvelle fréquence.
M. Einstein. — Si l'on modifie la longueur du pendule de
manière infiniment lente, l'énergie de l'oscillation reste égale
à /iv, si elle était primitivement égale à //v : elle varie propor-
tionnellement à la fréquence. Il en est de même pour un circuit
électrique oscillant. dépour\ u de résistance, et aussi pour le rayon-
nement libre.
M. LoHENTz. — Ce résultat est très curieux et fait disparaître la
difficulté. En général, l'hjpothèse des éléments d'énergie donne
lieu à des problèmes intéressants dans tous les cas où 1 on peut
changer à volonté la fréquence des vibrations.
iM. Warburg. — La fréquence d'un pendule filiforme en oscil-
lation peut être augmentée sans échange de travail, si. comme le
faisait Galilée, on fait buter un point du (il contre un arrêt, au
moment où il passe par sa position d'équilibre, et si l'on fixe
ce point pendant que le pendule continue son mouvement dans la
même direction.
CONCLUSIONS GÉNÉRALES.
M. PoiixcAKÉ. — Ce que les nouvelles reclierclies semljlent
mettre en question, ce ne sont pas seulement les principes fonda-
mentaux de la Mécanique, c'est quelque chose qui nous paraissait
jusqu'ici inséparable de la notion même de la loi naturelle. Pour-
rons-nous encore exprimer ces lois sous la forme déquations
différentielles !
D'autre part, ce qui m'a frappé dans les discussions que nous
venons d'entendre, c'est de voir une même théorie s appuver tantôt
sur les principes de l'ancienne mécanique et tantôt sur les nou-
\elles hypothèses qui en sont la négation; on ne doit pas oublier
qu'il n'est pas de proposition qu'on ne puisse aisément démontrer,
pour peu c|ue l on fasse entrer dans la «lémonslration deux pré-
misses contradictoires.
\L JjRiLLOuix. — .le \oudrais résumer l'impression que m'a
laissée la lecture des rapports d'aliord, et mieux encore l'ensemble
de nos discussions. Peut-être ma conclusion semblera-t-elle bien
timide aux plus jeunes d'entre nous ; mais, telle quelle, elle me
parait déjà très importante. Il semble désormais bien certain
quHl faudra introduire dans nos conceptions physiques et chi-
miques une discontinuité^ un élément variant par sauts, dont
nous n'avions aucune idée il y a quelques années. Comment
faudrait-il l'introduire? C'est ce que je vois moins bien. Sera-ce
sous la première forme proposée par M. Planck, malgré les diffi-
cultés qu'elle soulève, ou sous la seconde forme? Sera-ce sous la
forme de jNL Sommerfeld, ou sous quelque autre à chercher? ,1e
n'en sais rien encore ; chacune de ces fornies s'adapte bien à un
groupe de phénomènes, moins bien à d'autres. Faudra-t-il aller
beaucoup plus loin, et bouleverser les fondements mêmes de
l'électromagnétisme et de la mécanique classiques, au lieu de se
borner à adapter la discontinuité nouvelle à la \ieille m('cani(|ue ?
/,5i I.A THKORIE Dl RAYONNEMENT ET LES gUANTA.
J'endoiile iiii |ieu . et si iniporlanls (jue soient les pliénomènes
sur lesquels a porté notre allenlion. je ne puis oublier l'énornie
niasse des phénomènes physiques à hi coordination desquels la
mécanique et l'éiectromagnétisme classiques sont si hien adaptés :
c'est là un résultat acquis que je tiens à ne pas compromettre,
dussé-je paraître bien conservateur à quelques-uns de nos collègues.
L'incertitude même où nous restons sur \i\ forme et l'étendue de
la transformation à opérer, évolution ou refonte complète, est un
puissant stimulant; et il est sur ([iic ce souci nous poursuivra
pendant de longues semaines, et (|ue chacun de nous \a s attacher
passionnément à la solution des diflicultés dont nos discussions
ont montré le caractère inéluctable et l'importance dans tant de
domaines de la PliAsique et de la (lliimic.
\J. Lan<;k\in. — 11 me semble important de remarquer que,
malgré les diflicultés auxquelles nous nous heurtons, l'idée heu-
reuse de M. Planck a déjà j)ermis la tiécouverle de relations impré-
vues enti-e les laits, pai" exein|)lc la relation entre les chaleurs
spécifiques et les périodes 0|»li(|iic>. Il v ;i là un progrès considé-
rable n'-alisé tout l'écemment. et (|ui e>t dû à la ihéorie des (piaula,
malgré toute limprécision de sa bunie actuelle. C est le plus grand
service (pie puisse rendre une théorie que de conduire à de telles
découvertes, et celle-ci, quoique encore dans l'entance, s est déjà
montrée éminemment utile.
-M. Nkiinst. — Peul-ctre |)ourra-l-on nu jour remplacer le
|)rocédé de cah ul (pie nous a donne l;i lliéune des (pianla, si
féconde eu succès, par une autre conception, et revenir ainsi à la
noti(^n des ( hangements d'énergie, par voie eonlinur dans les
oscillations atomiques ; |)ar exemple, en modilîant la mécanique
pure pour les cas extrêmes ([ui se r('alise!il dans les mouvements
atomiques (fréquences de billions de tours par seconde).
J.es atomes semblent présenter des résistances surprenantes à
tous les mouvements à forte courbure et à petites vitesses ; au
moins cela me parait inili(pi<' par l'allure générale des phéno-
mènes.
Si l'on essavait de formuler ceci d une lacon provisoire, on
pourrait dire (pi'un point matt'-riel présentera, dans un mouvement
CONCLUSIONS GK.NÉUALES. 453
à trajectoire cDinhe. non |)lu5 la force centrifnjie
K=^
mais la force
K = 1)1
M:*i^)'
m masse, v vitesse, o ravou de courhure, ii constante naturelle.
Nous pourrions donc nous figurer c[ue son inertie a augmenté dans
la projDortiou
On peut arriver ainsi à la foiiiiiile de IManck en apjiiliuil ddh'"-
rentes autres hvpolhèses, mais on rencontre de très grandes diffi-
cultés en essayant de dé\clopper une nou\elle mécanique basée
sur de tels point de vue.
M. PoiNcvRÉ partage le même avis. A\anl d admettre ces discon-
tinuités, qui nous forceraient à abandonner lexpression habituelle
des lois naturelles sous forme déquations diflerentielles. il vaudra
mieux essayer de la voie proposée par M. Nerust ; cela revient eu
somme à supposer c|ue la masse, au lieu d'être constante, ou de
dépendre seulement de la \itesse, comme dans la théorie électro-
niagnétique. dépend également de laccéiération si celle-ci est très
grande ( ' ).
M. BiiiLLOLi_\. — ^ Je crois bien ([ue c'est réellement une discon-
tinuité nou\elle c[ui s'impose à nos réflexions. Quelque chose qui
«'tait traité jusqu'ici comme variant avec continuité, apparaît main-
(') J'ai, à mon retour à Paris, essayé des calculs dans celte direction: ils
m'ont conduit à un résultat négatif. L'hypothèse des quanta parait être la seuif
qui conduise à la loi expérimentale du rayonnement, si l'on admet la formule
habituellement adoptée pour la relation entre l'énergie des résonateurs et celle
de l'élher, et si Ion suppose que des échanges d'énergie puissent se faire entn'
les résonateurs par le choc mécanique des atomes ou des électrons. {\ote de
M. Poincaré.
434 LA THÉORIE DU RAYONNEMENT ET LES OLA><"TA.
lenant comme varianl clans certaines circonstances uniquement
par accroissements brusques. Quelle grandeur est-ce? Dans
quelles circonstances la variation cesse-t-elle d être continue ?
Nous ne lavons pas encore élucidé. J'ajoute qu'il n'est pas très
satisfaisant d'être réduit à connaître une discontinuité par des
phénomènes d'apparence continue ; de l'introduire à l'origine
d'une théorie pour la noyer ensuite, à l'aide de considérations
statistiques. Si Ion pouvait imaginer quelque expérience c[ui fît
saisir la discontinuité sur le vif, ce serait bien plus décisif et
instructif.
Un tel désir semble chimérique, mais il ne peut l'être plus que
ne leùt été, il y a quelques années, le désir, aujourd'hui si mer-
veilleusement satisfait, de compter un à un les atomes d'hélium
émis par le radium.
M. Langevin. — Dans la théorie électro-magnéti(jue. il inter-
vient déjà une variation de la masse analogue à celle que propose
M. Nernst. La masse n'est fonction de la vitesse seule que dans les
mouvements quasi-stationnaires, dans lesquels on peut supposer
([ue tout se passe comme si la vitesse actuelle avait toujours
existé.
Dans le cas général, il faut faire intervenir dans le phénomène
d'inertie toute Ihistoirc de l'électron et, par conséquent, non
seulement l'accélération, mais aussi les dc'-rivées d'ordre plus éle\é.
ALLOCUTIOX FINALE
DE
M. Ernest SOLVW.
le '\ novembre i<)i i .
Madame. Messieuus,
.le \ous remercie plus \i\einent encore ;iujoiiifl hiii que je ne
lai fait lundi à la séance douverlure du « Conseil ", iiiaintenanl([ue
je vous ai vus à l'œuvre et que jai ])u apprécier la somme énorme
de trasail que vous avez fournie sans trêve, ni repos, ni distraction,
Jen suis profondément ému, de même que je le suis d'avoir pu
constater la grande supériorité de la présidence de notre éminent
M. Lorentz,
Vous aurez fixé Tétat actuel de la Science plivsique, dans une
de ses directions fondamentales, en des assises qui occuperont dans
son histoire une place remarquable, je n'en doute aucunement.
Votre œuvre imprimée sera un monument que les siècles respec-
teront.
Mais malgré cela, Messieurs, et malgré les beaux résultats
obtenus parle « Conseil ». vous n'aurez pas tranclié les difficultt-s
générales de l'heure présente, ni surtout indiqué la voie franche et
nette qui conduit à la détermination exacte calcidée des ('h'menls
primordiaux très simples, en fonctionnement siiuple, que le philo-
sophe entrevoit comme constituant cet univers actif, également
simple en son intégralité, vers lequel est dirigée mon étude person-
nelle ; aussi mon devoir m'oblige-t-il :i \oiis dire (pie je garde
intactes les convictions que j'exprimais dans mon allocution d ou-
verture du « Conseil ».
Si rien n y met obstacle, conformément à un \œni général qui
existe, je j)ense, nous pourrons nous réunir à nouveiiu en i()i3 et
4J(i LA TIIKORIE DU RAYONNEMEM ET LES QUANTA.
je me ferai un plaisir de vous v inviter: et alors, Messieurs, j es-
père être nioi-inèuie en mesure de défendre devant vous ma thèse
oravito-malérialilique parallèlement à vos propres thèses, escomp-
tant qu'à ce moment mon étude aura acquis le degré d"achè\emenl
\oulu pour ce but: j'ai agi tout le temps pour (pi'elle ne put
inlliiencei' vos délibérations préalablement fixé-es, inais en même
temps pour quelle fût actée à loccasion de la réunion du « Conseil ».
En attendant, si je pouvais formuler un désir, ce serait de voir
donner suite aux expériences que jai en vue sur la recherche de
l'origine de l'énergie brownienne et de l'(''nergie de radioactivité,
dans la ferme pensée où je continue entièrement à être qu'elle
pro\ient du milieu extérieur et non du milieu brownien ou des
corps radioactifs eux-mêmes. \ ous pourriez facilement, je crois.
\ou.s, spécialistes, m aider à obtenir satisfaction sous ce rapport
en iésol\ant une bonne fois la question dans un sens ou dan>
l'autre sous mon contrôle. Je vous |)rie d'excuser ma ténacité à cet
égard; demandez-vous. Messieurs, si elle ne \aut pas ou même ne
prolonge pas les enlêtemenls industriels de ma jeunesse, que
j'aurais eu tort de ne pas a\oir, \ous ne 1 ignorez peul-èlre pas ;
plus encore au|uuririiiii <|ue j ai suivi vos discussions qu avant cela,
en ellel, je suis davis que les divers ^>eptunes infîmes de divers
ordres qu il \ous reste à découvrir pour aboutir à l'accord général
et à 1 harmonie totale, devront se calculer d abord à la façon de
Le Verrier |)lut(il (jue de s'obser\er à lultra-inicroscope d'abord.
Vous voudrez. Madame, Messieurs, je n en doute pas, me faire le
plaisir que je sollicite de votre bien\eillauce ; je vous y aiderai de
tonl iiidU |i(iii\oir.
Après l'allocution de M. Solvav. M. Loreiitz prend la parole et,
au nom des Membres du conseil scientifique, exprime de nouveau
à M. Solvav leur vive a|)préciatioii de sa généreuse initiative el de
I inlérèl (|u il a eiin>;tammeiil porté à leurs Ir.ivaiix.
J^e Président remercie ensuite MM. les Auteurs des rapports qui
ont servi de base aux discussions, ainsi que MM. les Secrétaires
qui ont eu à remplir et à mener à bien une tâche difficile; puis il
déclare la clôture des séances du (iOnsril.
FIN
TABLE DES MATIÈRES.
Allocution di: M. K. Solvvy....
DiscoLRs ni: M. U.-\. Ldrkxtz.
Disnocus i)i; M. W. \r:i(\sT....
Rai'port sur l'application au rayonnement du théorème de
l'équipartitiox de l'éneucie, f)ar .M. H. -A. Lorentz.
1. Iiidicalioii des difficullé? ;i rcsoiulre ij
"2. La loi de Kirchhoir el le lliéoiémc d'équipariition i.î
3. La formule de Ra3leigli-Jeans 1 1
4. Désaccord entre celte formule et l'expérience i5
.'). Les méthodes de la mécanique statistique 17
G. Les variables canoniques et le théorème de Liouville 19
7. Kxtension du principe d'Hamilton aux systèmes électroinagnéliijties. 19
8. Introduction des coordonnées -.'.j
'J. Expression des énergies potentielle et cinétique ji
10. Equations canoniques pour le système électromagnétique ■.>.">
11. Application du théorème d'équipartilioii '.6
12. Energie cinétique moyenne d'un cle( tron 2S
13. Elimination des petites longueurs d'onde 2;)
14. Examen de l'hypothèse de M. Jeans 3i
15. Les constantes de la loi du rayonnement 33
IG. Difficulté d'admettre une structure discontinue de l'énergie rayonnante. 3^
17. Energie cinétique prise par un corps dans le champ de rayonnement . . . 35
18. Cas particulier d'un électron libre 37
Discussion du Rapport de .1/. Lorentz 'jo
Lettre de Lord Rayleigh ^f>
Discussion de la lettre de Lord Rayleigh 5 1
458 TABLE DES MATIÈRES.
Rapport sur> la théorie cinétique de la chaleur spécifique,
d'après Maxwell et Boltzmann, par M. J.-H. Jeans.
Pages.
1. Valeurs expérimentales des chaleurs spécifiques 5.3
Z,e théorème d'équipartition .
2. Énoncé du théorème 54
3. Termes efficaces et non efficaces ')5
4. Application aux chaleurs spécifiques .37
Thermodynamique et entropie.
5. Probabilité d'une distribution donnée d'énergie 58
6. Entropie et probabilité Go
7. L'équipartition comme condition d'entropie maximum 'Ji
Termes efficaces et non efficaces.
S. Gaz 62
ij. Solides 63
L'éther et le rayonnement.
10. Application de l'équipartition à un milieu continu i'y\
! 1. Examen de diverses hypothèses 67
Appendice. — Démonstrations du théorème d'équipartition 72
Discussion du Rapport de M. Jeans 74
Rapport sur la vérification expérimentalf. de la formule de Planck
POUR le rayonnement du corps noir, par Af. E. Warburg.
Domaine des petites valeurs de \']l 78
Isochromes dans le spectre visible, dans linfra-rouge et dans l'ultraviolet... 79
Isothermes dans l'infra-rouge 82
Déterminations de la charge élémentaire S3
Discussion du Rapport de M. Warburg 8G
Rapport sur la vérification de la formule du r.-vyonnement de Pl.\nck
dans le domaine des grandes longueurs d'onde, par M. H. Rubens 87
Discussion du Rapport de M. Rubens i)2
Rapport sur la loi du rayonnement noir et l'hypothèse des quantités
élémentaires d'action, par M. Max Planck.
1. Difficultés de la théorie du rayonnement 93
2. Introduction des élémints d'action 98
3. Etablissement de la loi du ravonnemenl 100
TABLE DES MATIERES. 4d9
Pages.
'(. Difficultés (le l'absorption disconliuue log
5. Hypothèse des quanta d'émission , i lo
6. Formule d'Einstein pour les chaleurs spécifiques 112
7. Possibilités d'extension de riiypothése des quanta ii3
Discussion du Rapport de M. Planck i lô
Rapport sur la tiilorie cinétique et les propriétés expérimentales
DES GAZ parfaits, par M. M. Knudsen.
I. Hypothèses fondamentales i33
II. Masse et vitesse des molécules i33
III. Chaleurs spécifiques i34
I\. I^'cffusion moléculaire i35
V. Pression moléculaire thermique et courant moléculaire thermique... i36
\ I. Le manomètre absolu 137
\ II. Courant moléculaire dans les tubes 137
\ III . La conduction thermique moléculaire i38
I\. Pression moléculaire sur un corps en mou veinent 189
\. Écarts à partir des formules précédentes 1 '|0
XI. Frottement intérieur. Diffusion et conductibilité thermique i/)3
\II. Questions à résoudre i'|j
Discussion du Rapport de M . Knudsen 1^7
Rapport sur les preuves de la réalité .moléculaire {Étude spéciale
des éniulsions). par M. Jean Perrin.
Molécules et atomes. Loi d'.Vvogadro i53
Tliéorie cinétique.
\itesses moléculaires. Libre parcours et grandeurs moléculaires 1)7
Emulsions.
Mouvement brownien. lAtension des lois des gaz aii.x l'iiiuisions \(ri
Répartition d'équilibre dans une colonne verticale i<)7
Sphérules solides. Centrifugation fractionnée. .Masse des sphérules. l-^xten-
sion de la loi de Stokes i6t)
Equilibre statistique d'une colonne d'émnlsion. Influence de la température.
Détermination des grandeurs moh-culaires 179
Lois du nwic^enient brownien.
Théorie d'Einstein if^9
Contrôle expérimental et détermination des grandeurs moléculaires 19S
.Mouvement brownien de rotation. DilTusion des emulsions 20S
46o TABLE DES MATIÈRES.
Fluctuations.
J'açes.
Opalescence critique. Théories de Smoliichowski, lîayleigh et Ivee>orii.
Bleu du ciel. Fluctuations de l'orientation iifi
L'a tom (■ d 'élec t r ici te.
luuà des gaz. Preuve directe de la structure atomique de l'électricité. Valeurs
de la charge élémentaire i!28
Genèse et destruction d'atomes.
Dénombrement et ciiarge des atomes d'hélium apparus dans une transforma-
tion. Dénombrement de ceux qui forment un \ohime rnnnu d'hélium.... ?.\rt
Spectre du corps noir.
Dèterniination des grandeurs moléculaires ;i partir de l'hypothèse des
quanta a'i'i
Convergence des déterminations a'jS
Discussion du Rapport de M. Perrin j5 i
Rapport sur l'application de la théoril des quanta a divers problèmes
piiYsico-eiiiMiQUEs, par M. W. Nernst.
[. IntriiiluctiDn de l'hypothèse des cpianla 2'->\
II. Comparaison avec l'expérience im)
III. Etablissement et vérification d'une nouvelle formule 264
IV. Signification de la nouvelle formule 276
V. Prévision théorique des fréquences des corps solides 281
Vr . Sur une loi générale relative aux propriétés des corps solides aux
basses températures 285
Discussion du Rapport de M. .\ernst a«)i
Rapport sur les résistances électriques, par .M. Kamerliugh Onnes 3o'|
Discussion du Rapport de M. Kamerlingh Onnes 3i i
Rapport sur. l'application de la théorie de i/élkment inaction
AUX. PHÉNOMÈNES MOLÉCULAIRES NON PÉRIODIQUES, par M. A. Sommerfcld.
I. Éléments d'énergie et élément d'action Si.î
II. Théorie des rayons de Rontgen ."131
III. Théorie des rayons 7 3.î j
IV. L'elïet photo-électrique ?,\'y
V. Indication d'une théorie du potentiel d'ionisation "ili.î
VI . Comparaison avec les hypothèses des quanta d'énergie et des (|uanta
d'émission de Planck 867
Di.'icussion du Rapport de M . Sommerfcld 'r>~^
TARLK DES MATIÈRES. 46 I
UArror.T sun i.a ihhohie cinktique nu magnétisme et les magxétons,
par M. P. Langevin.
Pages.
I. I •clerminulion de raimantalinn moléculaire par le paraniagnétisme des
substances diluées 090
II. Détermination de l'aimantation moléculaire par Tainiantation à satura-
tion et par le paraniagnétisme des substances ferromagnétiques Sgô
III. Lhypothcse des magnétons de M. Weiss 4oo
IV. Relation entre le magaéton et l'élément d'action 4^2
Discussion du Rapport de M. Langevin !\oô
Rapport sur u'état actuel du problème des chaleurs spécifiques,
par M. A. Einstein.
I. Relation entre les chaleurs spécifiques et la formule du rayonnement.. 407
II. Considérations théoriques sur l'hypothèse des quanta 4i9
III. Application de l'hypothèse des quanta à des faits généraux '129
W. lîotation des molécules gazeuses. Hypothèse de Sommerfeld 4'^-
Discussion du Rapport de M. Einstein j36
Conclusions générales 4 J '
Allocution finale de M. I^knest Solvay '|5.5
Table des Matières 4^7
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